La décision de la CIJ est loin d’être à la hauteur de la situation
Par Ilan Pappe – 29 janvier 2024 – The Palestine Chronicle – Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet
▻https://www.chroniquepalestine.com/decision-cij-est-loin-etre-hauteur-situation
Si les militants engagés avaient besoin de raisons supplémentaires pour attester que ce qu’ils font est essentiel et juste, alors la décision de la CIJ constitue un rappel glaçant de ce qui est en jeu ici.
La réponse, le vendredi 26 janvier 2024, de la Cour internationale de justice (CIJ) à la démarche morale et courageuse de l’Afrique du Sud qui espérait obtenir une décision qui mettrait fin au génocide des Palestiniens de Gaza, n’a pas été à la hauteur.
Je ne sous-estime pas l’importance de la décision de la Cour, car il est vrai que la Cour a confirmé le droit de l’Afrique du Sud de saisir la CIJ et a corroboré les faits qu’elle a présentés, y compris l’hypothèse selon laquelle les actions d’Israël pouvaient être définies comme un génocide au sens de la convention sur le génocide.
Historiquement, le langage et les définitions utilisés par la CIJ dans son premier arrêt constitueront une énorme victoire symbolique sur la voie de la libération de la Palestine.
Mais ce n’est pas pour cette raison que l’Afrique du Sud s’était adressée à la CIJ. L’Afrique du Sud voulait que la Cour mette fin au génocide. Par conséquent, d’un point de vue opérationnel, la CIJ a perdu une occasion d’arrêter le génocide, principalement parce qu’elle a continué à traiter Israël comme une démocratie et non comme un État voyou.
Cela fait longtemps que les actions symboliques n’impressionnent plus les Palestiniens, ni aucun de ceux qui soutiennent la lutte contre les crimes commis par les pays du Nord global. Les actions contre les États voyous n’ont de sens que si elles ont un aspect concret.
Les mesures concrètes énoncées par la CIJ se limitent essentiellement à demander à Israël de soumettre, dans un mois, un rapport sur les mesures prises pour prévenir le génocide à Gaza.
Il n’est pas étonnant que le gouvernement israélien ait déjà laissé entendre que cette consigne ne figurerait pas parmi ses priorités et, surtout, qu’elle n’aurait aucun impact sur ses politiques sur le terrain.
Même si la CIJ avait exigé, comme elle aurait dû le faire, un cessez-le-feu, il aurait fallu un certain temps pour le mettre en œuvre, compte tenu de l’intransigeance israélienne. Mais alors le message adressé à Israël aurait été clair et efficace. (...)