• A Los Angeles, le couvre-feu est levé mais la garde nationale reste déployée dans l’attente d’une décision de justice
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/18/a-los-angeles-le-couvre-feu-est-leve-dans-l-attente-d-une-decision-de-justic

    A Los Angeles, le couvre-feu est levé mais la garde nationale reste déployée dans l’attente d’une décision de justice
    Le calme est revenu dans la mégapole californienne, tandis que le gouverneur de Californie tente de reprendre le contrôle de la garde nationale envoyée par Donald Trump face aux manifestants contestant sa politique migratoire.
    Le Monde avec AFP
    Le couvre-feu instauré dans le centre-ville de Los Angeles aura duré une semaine. La maire de la mégapole californienne, Karen Bass, a décidé, mardi 17 juin, de lever cette mesure exceptionnelle lancée le 10 juin pour mettre fin aux violences et aux dégradations constatées lors de manifestations contre la politique de Donald Trump. L’indignation d’une partie de la population était née d’une vague d’interpellations musclées de sans-papiers par la police de l’immigration (ICE).
    Le président américain a alors accusé les autorités locales démocrates d’avoir perdu le contrôle de la ville, et a envoyé 4 000 soldats de la garde nationale de Californie, ainsi que 700 militaires des marines. Une décision largement dénoncée par les responsables locaux, qui ont accusé Donald Trump d’instrumentaliser la situation.
    Malgré des images spectaculaires de voitures de taxis sans chauffeur incendiés, des pillages et des heurts avec la police, les incidents se sont concentrés sur quelques rues du centre-ville. Le couvre-feu nocturne décidé par la maire démocrate couvrait à peine 13 km² de cette ville tentaculaire. Cette mesure « a largement contribué à protéger les magasins, les restaurants, les entreprises et les communautés résidentielles contre les malfaiteurs qui se moquent du sort de la communauté immigrée », a estimé la démocrate mardi, en annonçant sa levée.
    Depuis ce week-end, où la marche « No Kings » (« Pas de rois ») a vu des milliers de personnes protester dans le calme, la tension est largement retombée à Los Angeles. Mardi, le centre-ville était peuplé de passants circulant au milieu de nombreux commerces encore barricadés et parfois recouverts de graffitis. Mais la maire s’est dite prête « à réinstaurer » un couvre-feu si besoin.
    En intensifiant son offensive anti-immigration à Los Angeles, Donald Trump s’est attaqué à la Californie, Etat sanctuaire pour les sans-papiers, avec une importante population immigrée. Son déploiement de la garde nationale, sans le consentement du gouverneur de l’Etat – qui a aussi autorité sur ce corps militaire – est une première depuis 1965 aux Etats-Unis.
    Le gouverneur, Gavin Newsom, a dénoncé une manœuvre autoritaire et lancé une procédure judiciaire pour en récupérer le contrôle. La semaine dernière, un juge fédéral lui a donné raison, en estimant ce déploiement illégal et que la violence constatée, limitée à quelques quartiers, est « bien loin » de la « rébellion » invoquée par le gouvernement fédéral. Mais l’exécution de sa décision a immédiatement été repoussée, le temps qu’une cour d’appel de San Francisco puisse examiner l’appel du ministère de la justice.
    Une trentaine de personnes poursuivies
    Lors d’une audience devant la cour mardi, le représentant du ministère, Brett Shumate, a affirmé que les « membres de la garde nationale sont essentiels » à Los Angeles. Leur mission est de « protéger les bâtiments fédéraux contre de nouvelles violations et des émeutes violentes impliquant des feux d’artifice, des cocktails Molotov et des morceaux de béton lancés sur les agents » de la police de l’immigration, a-t-il insisté, en rappelant qu’ils n’ont « pas de mission de maintien de l’ordre ».
    De son côté, le représentant de la Californie, Samuel Harbourt, a déclaré que les forces de l’ordre locales « font leur travail » et gèrent la situation. La police de Los Angeles a effectué près de 600 arrestations depuis le début des manifestations et, mardi, le procureur local a annoncé des poursuites contre une trentaine de personnes.Dans ces conditions, le déploiement de la garde nationale est une « mesure extrême » et injustifiée, selon M. Harbourt. Elle risque « d’aggraver encore les tensions et le risque de violence dans la ville de Los Angeles ». Attendue dans les prochains jours, la décision de la cour d’appel sera scrutée de près. L’affaire aura des conséquences importantes sur le pouvoir d’un président américain pour utiliser l’armée sur le sol national, et pourrait remonter jusqu’à la Cour suprême, à majorité conservatrice. « Je suis convaincu que le bon sens prévaudra ici », a estimé, mardi, M. Newsom, dans un communiqué en marge de l’audience. « L’armée américaine a sa place sur le champ de bataille, pas dans les rues américaines », a ajouté le gouverneur démocrate.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#ICE#politiquemigratoire#immigration#droit#sante#californie

  • The Secret Gamble at the #FDA That Exposed Americans to Risky Drugs — ProPublica
    https://www.propublica.org/article/fda-drug-loophole-sun-pharma

    Reporting Highlights

    Risky Medications: The FDA has given more than 20 foreign factories a special pass to continue sending drugs to the U.S. even though they were made at plants that the agency had banned.

    Troubled Factories: The medications came mostly from plants in India where inspectors found contaminated drugs, filthy labs and falsified records.

    FDA Secrecy: The agency did not proactively inform the public when drugs were exempted from import bans, and it did not routinely test the medications to ensure they were safe.

    #états-unis #leadership

    • Iranian Ex-President Ahmadinejad survives Near-Fatal assassination attempt 2025-06-17

      https://news.az/news/-iranian-ex-president-ahmadinejad-survives-near-fatal-assassination-attempt

      Former Iranian President Mahmoud Ahmadinejad narrowly survived an assassination attempt after his vehicle was reportedly sabotaged, Iranian media reported Wednesday,

      News.Az informs via Newsweek.

      The plot was said to involve tampering with Ahmadinejad’s car, which his security team discovered just in time to prevent a potentially fatal outcome.

      On the evening of Monday, July 15, while traveling to Zanjan for the Muharram religious mourning ceremony, the ex-president’s chief security officer noticed that the air conditioner in his primary vehicle, a Toyota Land Cruiser, was malfunctioning, the London-based Iran International TV network reported. He then advised the former president to switch to another car.

      While in transit, the SUV spun out of control, collided with another vehicle in the convoy, and eventually stopped after hitting another car.

      The incident was reported to the authorities five days later.

      Ahmadinejad’s chief security officer discovered the ongoing A/C issue and requested that Ahmadinejad use a different vehicle, per the report. The Land Cruiser was instead used to transport Ahmadinejad’s associates and bodyguards when it spun out.

      Two days before the trip, his security team reportedly sent the Land Cruiser for repairs due to the broken A/C.

  • « Fière d’avoir la peau brune » : à Los Angeles, le sursaut de solidarité de la jeunesse latino
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/15/fiere-d-etre-brune-a-los-angeles-le-sursaut-de-solidarite-de-la-jeunesse-lat

    « Fière d’avoir la peau brune » : à Los Angeles, le sursaut de solidarité de la jeunesse latino
    Par Corine Lesnes (Los Angeles, envoyée spéciale)
    Les jeunes latinos ont montré samedi 14 juin à Los Angeles qu’ils n’avaient pas peur de descendre dans la rue pour défendre leur communauté. Donald Trump est prévenu. « Tu t’attaques à la mauvaise génération », lançait une pancarte brandie par une étudiante d’ascendance mexicaine, dans le rassemblement organisé dans la deuxième ville du pays.
    Dans tout le pays, la « No Kings day » (« la journée sans roi »), a dépassé les attentes. Le groupe 50501, l’un des organisateurs, a estimé le nombre des manifestants à 11 millions dans plus de 2000 localités. A Los Angeles, quelque 20 000 personnes se sont pressées dans Downtown, le centre-ville, entre la mairie et le Centre de détention fédéral où sont conduits les sans papiers arrêtés depuis le 6 juin. Une autre Amérique existe. Au premier rang, celle des jeunes issus de l’immigration.
    Les jeunes sont venus en force. En groupe, avec banderoles et drapeaux, dans une atmosphère pleine d’énergie et de klaxons. L’un porte le jersey de l’équipe mexicaine de foot. Un autre sa planche de surf, barrée d’une inscription réclamant le départ de la police de l’immigration du paysage de Los Angeles, et celui de Trump, de Washington.La génération L.A est dans la rue, par solidarité. Au nom des parents, des grands-parents, et de tous ceux qui n’ont pas, comme elle, la chance d’être protégés par leur passeport américain. « Les jeunes manifestent pour défendre les droits de leurs parents, explique un étudiant d’origine péruvienne. Pour nous, c’est très personnel. »
    Angie Larroque, une patissière de 34 ans, est « fière d’avoir été élevée par des immigrants ». Elle rend hommage à leur parcours. « Pour que ce qu’ils ont enduré ne soit pas oublié. » Hector explique qu’il essaie de « donner une voix » à ceux qui ne peuvent pas s’exprimer. Ceux que les raids de l’ICE, la police de l’immigration, ont contraint à se terrer chez eux, qui ne vont plus au travail et envoient les enfants faire les courses à leur place.
    Selon une étude de 2020 de l’Université de Californie du Sud, la ville compterait près de 900 000 immigrés sans papiers, dont beaucoup installés aux Etats-Unis depuis plus de dix ans. Près d’une personne sur cinq vit dans une famille dont un membre au moins est en situation irrégulière.
    Assis sur l’herbe, dans le Parc Gloria Molina, l’espace vert au pied de la mairie, nommé d’après la première latina conseillère municipale de la ville, trois filles et un garçon venus de la localité de Pomona, mettent la dernière touche de feutre à leurs pancartes. L’une s’inquiète de la détresse américaine. « Can we fix our nation’s broken heart ? » (« Pouvons-nous réparer le cœur brisé de notre nation ? »), titre d’une chanson de Stevie Wonder. « Il y a toujours eu des expulsions. Mais il faut que cela soit fait dans la dignité », plaide Derrick, 28 ans, en masters de sociologie.
    Nicole (qui n’a pas souhaité donner son nom de famille), 23 ans, explique pourquoi certains membres de sa famille sont toujours en situation irrégulière, après plus de vingt ans aux Etats-Unis. « Cela prend des années pour obtenir une régularisation. Il faut payer un avocat. » Ses parents ont investi d’abord dans leur maison et, elle leur en est « reconnaissante », dans son éducation. Régulièrement, les élus du Congrès promettent d’ouvrir « une voie vers la citoyenneté » aux plus de 11 millions de sans papiers mais la réforme n’a jamais été adoptée. On en est plus loin que jamais. « Les gens sont arrêtés alors qu’ils sont au palais de justice pour leur convocation », s’indigne Jessica, 23 ans.
    En s’en prenant aux migrants, Donald Trump s’attaque à une ville dont 36 % des habitants sont nés hors des Etats-Unis. Où « tous les pays du monde, tous sans exception » sont représentés, affirmait vendredi la maire, Karen Bass, en plaidant une nouvelle fois pour l’arrêt des raids indiscriminés menés par la police de l’immigration.
    Dans le comté de Los Angeles, plus de 2 millions d’habitants ont moins de 25 ans. Face à des discours qui les ostracisent, les jeunes latinos ne craignent pas de revendiquer leur identité. Ils sont Américains, la peur a changé de camp. Une fille affiche sur son T-shirt sa « fierté d’avoir la peau brune ». Une autre vante son « héritage mexicain ». Charlie Mejia, instructeur de boxe dans un club de fitness, porte haut son affiche en lettres majuscules : « Ça se prononce Los Angeles », une manière de rappeler où l’administration Trump est venue semer le chaos : dans une ville qui porte la mémoire mexicaine dans ses noms de rues, sa culture, et considère que les hommes n’ont jamais traversé une frontière. « C’est la frontière qui les a traversés », comme l’écrit le journaliste Enrique Acevedo, dans le Washington Post.
    Tous les drapeaux sont de sortie, à commencer par le mexicain, qui donne de l’urticaire aux républicains. Une bannière qui se veut le signe de la résistance à « l’effacement » souhaité par la droite et propagé par les généralisations venimeuses de Donald Trump – qui dès 2016 qualifiait les Mexicains de « violeurs ». « Non, à la stigmatisation de toute une population, s’indigne Mark Gonzalez, membre de l’assemblée de Californie. D’accord, nous sommes dans la construction, dans la restauration. Mais nous sommes aussi médecins, professeurs et élus politiques », disait-il au lendemain de l’humiliation infligée à Alex Padilla, le premier latino à représenter la Californie au Sénat, expulsé manu militari d’une conférence de presse tenue par Kristi Noem, la secrétaire à la sécurité intérieure.
    La surprise, c’est la présence en nombre de drapeaux américains. Il est vrai que ce 14 juin est dit « flag day », la célébration annuelle de la bannière étoilée et que les organisateurs en ont distribué à la foule. Il y a d’autres drapeaux, encore. Le Salvadorien, bleu et blanc, tout comme le Nicaraguayen. Un grand costaud porte même les bannières de Guam et de Samoa sur une perche. « On ne pouvait pas ne pas venir manifester », dit Jeremy le surfeur. C’est l’identité de Los Angeles qui est attaquée.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#californie#ICE#politiquemigratoire#expulsion#latino#sante

  • Les risques nucléaires augmentent avec l’émergence d’une nouvelle #course_aux_armements – Parution du nouveau « #SIPRI Yearbook »

    L’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) publie aujourd’hui son évaluation annuelle de l’état des armements, du désarmement et de la sécurité internationale. L’une des principales conclusions du « SIPRI Yearbook 2025 » fait état de l’émergence d’une nouvelle course aux armements nucléaires dangereuse, à un moment où les régimes de contrôle des armements sont gravement affaiblis.

    Les arsenaux nucléaires mondiaux s’agrandissent et se modernisent

    La quasi-totalité des neuf États dotés de l’#arme_nucléaire – États-Unis, Russie, Royaume-Uni, France, Chine, Inde, Pakistan, République populaire démocratique de Corée (Corée du Nord) et Israël – ont poursuivi en 2024 leurs programmes intensifs de modernisation nucléaire, avec une mise à niveau des #armes_nucléaires existantes, auxquelles s’ajoutent des versions plus récentes.

    Sur le total de l’inventaire mondial soit environ 12 241 ogives en janvier 2025, près de 9 614 étaient mises en stocks militaires en vue d’une potentielle utilisation (voir tableau ci-dessous). Environ 3 912 de ces #ogives ont été déployées avec des missiles et des avions et le reste a été stocké dans un entrepôt central. Environ 2 100 ogives déployées ont été maintenues en état d’alerte opérationnelle élevée sur des #missiles balistiques. Presque toutes ces ogives appartiennent à la Russie ou aux États-Unis, mais également à la Chine qui pourrait désormais conserver certaines ogives sur ses missiles en temps de paix.

    Depuis la fin de la guerre froide, le démantèlement progressif des ogives retirées du service par la Russie et les États-Unis a dépassé le déploiement de nouvelles ogives, ce qui a entraîné une diminution annuelle globale du stock mondial d’armes nucléaires. Cette tendance devrait s’inverser dans les années à venir, le rythme du démantèlement ralentissant tandis que le déploiement de nouvelles armes nucléaires s’accélère.

    « L’ère de la réduction du nombre d’armes nucléaires dans le monde, en cours depuis la fin de la guerre froide, touche à sa fin », souligne Hans M. Kristensen, chercheur principal associé au programme Armes de destruction massive du SIPRI et directeur du Nuclear Information Project à la Federation Of American Scientists (FAS). « Au lieu de cela, nous observons une nette tendance à l’augmentation des arsenaux nucléaires, à l’exacerbation de la rhétorique nucléaire et à l’abandon des accords de contrôle des armements. »

    La Russie et les États-Unis possèdent à eux seuls près de 90 % des armes nucléaires mondiales. La taille de leurs arsenaux militaires respectifs (c’est-à-dire les ogives utilisables) semble être restée relativement stable en 2024, mais les deux États mettent en œuvre d’importants programmes de modernisation susceptibles d’accroître la taille et la diversité de leurs arsenaux à l’avenir. En l’absence d’un nouvel accord visant à plafonner leurs arsenaux, le nombre d’ogives déployées sur leurs missiles stratégiques devrait augmenter après l’expiration, en février 2026, du Traité de 2010 sur les mesures visant à réduire et à limiter davantage les armements stratégiques offensifs (New START).

    Le vaste programme de #modernisation_nucléaire des États-Unis progresse, mais en 2024, il a été confronté à des difficultés de planification et de financement qui pourraient le retarder et augmenter considérablement le coût du nouvel arsenal stratégique. De plus, l’ajout de nouvelles armes nucléaires non stratégiques à l’arsenal américain accentuera la pression sur le programme de modernisation.

    Le programme de modernisation nucléaire de la Russie connaît également des difficultés, avec notamment en 2024 : l’échec d’un essai, un retard pris pour le lancement du nouveau missile balistique intercontinental (ICBM) #Sarmat et une modernisation plus lente que prévu d’autres systèmes. Par ailleurs, l’augmentation du nombre d’ogives nucléaires non stratégiques russes, prévue par les États-Unis en 2020, ne s’est pas encore concrétisée.

    Néanmoins, il est probable que le déploiement d’armes nucléaires russes et américaines sera plus important dans les années à venir. L’augmentation russe résulterait principalement de la modernisation des forces stratégiques restantes, permettant d’emporter davantage d’ogives sur chaque missile, et du rechargement de certains silos précédemment vidés. L’augmentation américaine, quant à elle, pourrait résulter du déploiement d’ogives supplémentaires sur les lanceurs existants, de la réactivation de lanceurs vides et de l’ajout de nouvelles armes nucléaires non stratégiques à l’arsenal. Les partisans du nucléaire aux États-Unis préconisent ces mesures en réaction aux nouveaux déploiements nucléaires chinois.

    Selon les estimations du SIPRI, la Chine possède désormais au moins 600 ogives nucléaires. Son arsenal nucléaire croît plus rapidement que celui de tout autre pays, d’environ 100 nouvelles ogives par an depuis 2023. En janvier 2025, la Chine a achevé, ou était sur le point de le faire, la construction d’environ 350 nouveaux silos d’ICBM dans trois vastes zones désertiques du nord du pays et trois zones montagneuses de l’est. Selon la manière dont elle décidera de structurer ses forces, la Chine pourrait potentiellement posséder au moins autant d’ICBM que la Russie ou les États-Unis d’ici la fin de la décennie. Pourtant, même si la Chine atteint le nombre maximal prévu de 1 500 ogives d’ici 2035, cela ne représentera toujours qu’environ un tiers des stocks nucléaires actuels de la Russie et des États-Unis.

    Bien que le Royaume-Uni ne semble pas avoir augmenté son arsenal d’armes nucléaires en 2024, son stock d’ogives devrait augmenter à l’avenir, après que l’Integrated Review Refresh de 2023 a confirmé les plans antérieurs de relèvement du plafond du nombre d’ogives. Lors de la campagne électorale, le gouvernement travailliste élu en juillet 2024 s’est engagé à poursuivre la construction de quatre nouveaux sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), à maintenir la dissuasion nucléaire continue en mer du Royaume-Uni et à moderniser l’arsenal nucléaire britannique à l’avenir. Cependant, le gouvernement est aujourd’hui confronté à d’importants défis opérationnels et financiers.

    En 2024, la France a poursuivi ses programmes de développement d’un SNLE de troisième génération et d’un nouveau missile de croisière à lanceur aérien, ainsi que la rénovation et la modernisation des systèmes existants, notamment un missile balistique amélioré doté d’une nouvelle ogive modifiée.

    L’Inde aurait une fois de plus légèrement élargi son arsenal nucléaire en 2024 et continué à développer de nouveaux types de vecteurs nucléaires. Ses nouveaux conteneurs de missiles, transportables avec des ogives associées, pourraient être capables d’emporter des ogives nucléaires en temps de paix, voire plusieurs ogives par missile, une fois ceux-ci opérationnels.

    En 2024, le Pakistan a également poursuivi le développement de nouveaux vecteurs et a accumulé de la matière fissile, ce qui laisse penser que son arsenal nucléaire pourrait s’accroître au cours de la prochaine décennie.

    Début 2025, les tensions entre l’Inde et le Pakistan ont brièvement dégénéré en conflit armé.

    « La combinaison frappes contre des infrastructures militaires nucléaires et désinformation aurait pu transformer ce qui relevait d’un conflit conventionnel en une crise nucléaire », précise Matt Korda, chercheur principal associé au programme Armes de destruction massive du SIPRI et directeur associé au Nuclear Information Project à la Federation Of American Scientists (FAS). « Cela devrait servir d’avertissement sévère aux États qui cherchent à accroître leur dépendance aux armes nucléaires. »

    La Corée du Nord continue de donner la priorité à son programme nucléaire militaire, élément central de sa stratégie de sécurité nationale. Le SIPRI estime que le pays a désormais assemblé une cinquantaine d’ogives, qu’il possède suffisamment de matière fissile pour en produire encore jusqu’à 40 supplémentaires et qu’il accélère encore la production de matière fissile. En juillet 2024, des responsables sud-coréens ont averti que la Corée du Nord était dans les « phases finales » du développement d’une « arme nucléaire tactique ». En novembre 2024, le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, a appelé à une expansion « sans limite » du programme nucléaire du pays.

    Israël, qui ne reconnaît pas publiquement posséder l’arme nucléaire, modernise son arsenal nucléaire. En 2024, il a procédé à l’essai d’un système de propulsion de missiles qui pourrait être adapté aux missiles balistiques à capacité nucléaire Jericho. Israël poursuit également la mise à niveau de son site de production de plutonium à Dimona.
    Le contrôle des armements en crise dans un contexte de nouvelle course aux armements

    Dans son introduction au SIPRI Yearbook 2025, le directeur du SIPRI, Dan Smith, met en garde contre les défis auxquels est confronté le contrôle des armes nucléaires et les perspectives d’une nouvelle course aux armements nucléaires.

    Dan Smith observe que « le contrôle bilatéral des armements nucléaires entre la Russie et les États-Unis est entré en crise il y a quelques années et est désormais quasi caduque ». Bien que le traité New START – le dernier traité de contrôle des armements nucléaires limitant les forces nucléaires stratégiques russes et américaines – reste en vigueur jusqu’à début 2026, rien n’indique qu’il y ait des négociations pour le renouveler ou le remplacer, ni que l’une ou l’autre des parties souhaite le faire. Le président américain Donald J. Trump a insisté pendant son premier mandat et répète aujourd’hui encore que tout futur accord devrait également inclure des limites à l’arsenal nucléaire chinois, ce qui ajouterait une nouvelle complexité à des négociations déjà difficiles.

    Dan Smith lance également une mise en garde sévère contre les risques d’une nouvelle course aux armements nucléaires : « Les signes indiquent qu’une nouvelle course aux armements se prépare, comportant bien plus de risques et d’incertitudes que la précédente. » Le développement et l’application rapides d’un éventail de technologies – par exemple dans les domaines de l’intelligence artificielle (IA), des cybercapacités, des ressources spatiales, de la défense antimissile et de la technologie quantique – redéfinissent radicalement la doctrine de défense et de dissuasion nucléaires, créant ainsi des sources potentielles d’instabilité. Les progrès de la défense antimissile et le déploiement océanique de la technologie quantique pourraient à terme avoir un impact sur la vulnérabilité d’éléments clés des arsenaux nucléaires des États.

    De plus, l’IA et d’autres technologies accélérant la prise de décision en cas de crise, le risque d’éclatement d’un conflit nucléaire suite à une mauvaise communication, un malentendu ou un accident technique est accru.

    Dan Smith soutient qu’avec toutes ces nouvelles technologies et variables en jeu, « cerner qui est en tête dans la course aux armements sera encore plus difficile et intangible qu’il ne l’était autrefois. Dans ce contexte, les anciennes formules de contrôle des armements, essentiellement numériques, ne suffiront plus ».
    De plus en plus d’États envisagent de développer ou d’héberger des armes nucléaires

    La relance des débats nationaux en Asie de l’Est, en Europe et au Moyen-Orient sur le statut et la stratégie nucléaires laisse penser qu’un plus grand nombre d’États pourraient développer leurs propres armes nucléaires.

    Par ailleurs, les accords de partage nucléaire suscitent un regain d’intérêt. En 2024, la Biélorussie et la Russie ont réitéré leurs allégations selon lesquelles la Russie aurait déployé des armes nucléaires sur le territoire biélorusse, tandis que plusieurs membres européens de l’OTAN ont manifesté leur volonté d’accueillir des armes nucléaires américaines sur leur sol, et le président français Emmanuel Macron a répété que la dissuasion nucléaire française devrait avoir une « dimension européenne ».

    « Il est essentiel de rappeler que les armes nucléaires ne garantissent pas la sécurité », souligne Matt Korda. « Comme l’a amplement démontré la récente flambée des hostilités en Inde et au Pakistan, les armes nucléaires n’empêchent pas les conflits. Elles comportent également d’immenses risques d’escalade et d’erreurs de calcul catastrophiques - en particulier lorsque la désinformation est omniprésente - qui peuvent finir par aggraver la sécurité des populations, et non la renforcer. »
    Un péril grandissant pour la sécurité et la stabilité mondiales

    La 56e édition du SIPRI Yearbook révèle la détérioration continue de la sécurité mondiale au cours de l’année écoulée. Les guerres en Ukraine, à Gaza et ailleurs se sont poursuivies, exacerbant les divisions géopolitiques, en plus des terribles conséquences humaines. De plus, l’élection de Donald Trump a créé une incertitude supplémentaire – en Europe mais aussi au-delà – quant à l’orientation future de la politique étrangère américaine et à la fiabilité des États-Unis en tant qu’allié, donateur ou partenaire économique.

    Outre les analyses détaillées habituelles sur les questions de maîtrise des armements nucléaires, de désarmement et de non-prolifération, l’annuaire du SIPRI présente des données et des analyses sur l’évolution des dépenses militaires mondiales, des transferts internationaux d’armes, de la production d’armes, des opérations de paix multilatérales, des conflits armés, des cybermenaces et des menaces numériques, de la gouvernance de la sécurité spatiale, et plus encore.

    https://www.obsarm.info/spip.php?article699
    #rapport #armes #armement #chiffres #statistiques #Russie #USA #Etats-Unis

    • By Fernando Esteche – Jun 10, 2025

      Various layers of conflict in the protests of Los Angeles.

      The militarization of Los Angeles

      Los Angeles is bleeding. In the streets of a city that for decades stood as a symbol of the American dream, today the cries of resistance of those who built its greatness from the shadows resonate. The massive raids by Immigration and Customs Enforcement Enforcement (ICE), have unleashed a spiral of urban violence that reflects an uncomfortable truth: as in Europe, the metropolis has war within its own borders.

      Since January 20, 2025, when Donald Trump took office promising to carry out the largest mass deportations in American history, Los Angeles has become the epicenter of a confrontation that transcends immigration. In his first month in office, 37,660 people were deported nationwide, but it is in this Californian metropolis where the resistance has taken its most visceral and organized form.

      Los Angeles is a fundamentally Latino city. With a population of nearly 4 million, 48% of its residents are of Hispanic origin, forming the economic and cultural backbone of the city. This is not a demographic coincidence, but the result of centuries of displacement, exploitation, and resistance.

      California, the nation’s most populous state, has a demographic reality that terrifies white supremacists: Latinos now outnumber the white population. Since 2014, Hispanic Californians have begun to surpass white Californians, reaching nearly 15 million people. This demographic transformation is not just statistical; it’s historic.

      The recent raids have unleashed a fury that has been pent up for generations. On June 6, 2025, federal authorities detained at least 50 migrants in coordinated operations that sparked immediate demonstrations. The clashes erupted near a Home Depot in Paramount, a predominantly Latino city south of Los Angeles, where the migrant community gathers in search of daily work.

      The escalating violence has forced Trump to take an unprecedented step: deploying 2,000 National Guard troops to Los Angeles. This measure, taken just five months after taking office, exposes the fragility of the established order when faced with organized and massive resistance.

      The conflict has generated an institutional crisis between the federal and state governments. California Governor Gavin Newsom has staunchly opposed the military deployment, creating a constitutional tension reminiscent of the darkest moments in American history. California, with its sanctuary laws, has become a bastion of institutional resistance, while local sheriffs find themselves caught between federal deportation orders and state protection laws.

      Flags of Dignity: The Symbolism of Resistance
      In demonstrations that have blocked freeways like the 110, protesters have displayed the flags of Mexico, El Salvador, Guatemala, Honduras, and other Central American countries. These national symbols are not mere nostalgia, but profound political statements. Every Mexican flag waving in the streets of Los Angeles is a reminder that this land was forcibly seized in 1848.

      Central American flags tell stories of countries bled dry by civil wars financed and orchestrated from Washington. Each Salvadoran flag bears witness to the 75,000 dead from the 1980s civil war; each Guatemalan flag commemorates the genocide of 200,000 indigenous people; each Honduran flag speaks of the 2009 coup d’état that plunged the country into chaos.

      Conservative white supremacist media outlets talk about an “invasion” to describe Latin American migration, but the historical reality is exactly the opposite. Los Angeles was founded in 1781 as “The Town of Our Lady Queen of the Angels” by Mexican settlers. This city, like all of California, was Mexican territory until the United States annexed it by force after the Mexican-American War.

      The real invader was the Anglo-Saxon conquistador who arrived with a Puritan Bible in one hand and a rifle in the other. Los Angeles was built on the systematic dispossession of Mexican lands, the exploitation of Chinese labor on the railroads, and the plundering of the entire region’s natural resources. The wealth of this metropolis is not a product of American entrepreneurial genius, but of the organized plundering of half a continent.

      During the 20th century, Los Angeles became the heart of the global entertainment industry, but its prosperity always depended on the invisible labor of Latin American migrants. Latino farmers, mostly undocumented, represent 96% of California’s agricultural workforce. Without their hands, American supermarkets would be empty, restaurants would be closed, and gardens would be withered.

      Organized Resistance: Beyond Survival
      What’s happening in Los Angeles goes beyond spontaneous protests. It’s an organized resistance that has learned from decades of repression, coordinated by organizations that have spent decades building power from the most vulnerable bases of society.

      CHIRLA (Coalition for Humane Immigrant Rights) has become the most visible voice of the resistance. Angélica Salas, CHIRLA’s executive director, has reported that the raids took place in at least seven locations, including Home Depot parking lots and a donut shop. The organization estimated at least 45 arrests and denounced the “terror” sown in Latino communities. CHIRLA, with nearly 40 years of experience, represents the institutionalization of immigration resistance in California.

      NDLON (National Day Laborer Organizing Network), based in Los Angeles, coordinates the resistance at the national level. NDLON is a national network of more than 50 member organizations across the country working to unify and strengthen its members to develop leadership, mobilize, and organize day laborers. Founded in 2001 in Northridge, California, NDLON operates as a direct democracy where day laborers in member organizations directly vote on policies at NDLON’s biannual assemblies.

      These organizations are not simply pressure groups, but grassroots power structures that have transformed the most vulnerable workers into an organized political force. They have called for demonstrations outside the immigration jail in downtown Los Angeles, coordinating a resistance that combines legal action with street mobilization.

      Human rights organizations have built protection networks, clandestine shelters, and communication systems that allow communities to resist raids. CHIRLA has led important mobilizations, such as marches for immigration reform and protests against the criminalization of immigrants, with an inclusive approach that seeks to unite different sectors of society.

      Protesters have succeeded in blocking major highways, blocking federal buildings, and creating a state of civil resistance that forces federal power to reveal its true face: that of the military occupation of their own cities. Every National Guard soldier deployed in Los Angeles is a confession that the system has lost legitimacy among millions of its residents.

      The Los Angeles crisis is not an isolated incident, but rather the prelude to a historic transformation. Latinos are no longer a minority pleading for rights, but a demographic majority demanding historic justice. The current resistance does not simply seek to halt deportations, but rather to challenge the very right of the U.S. state to exist in territories that were stolen.

      The flags waved at the demonstrations are not symbols of nostalgia, but of vindication. They speak not of the past, but of the future. A future where the descendants of the dispossessed recover what always belonged to them: not just the land, but the dignity to decide their own destiny.

      Los Angeles is burning, but it’s not burning out. It’s transforming. Like a phoenix rising from its own ashes, the city is giving birth to a new reality where yesterday’s barbarians are tomorrow’s builders, and where the real invasion was the one that arrived under the Star-Spangled Banner.

      The Los Angeles resistance is not just a fight for survival; it’s a war for historical memory and intergenerational justice. It’s a moment when the ghosts of the past take their revenge, and the children of those who were plundered reclaim their inheritance on the streets of the city their grandparents built with blood and sweat.

      The Federalization of Force: When Washington Invades California
      The Los Angeles crisis has exposed a constitutional fracture that defines the current American political moment. The federal government has seized control of the California National Guard, an extraordinary measure that demonstrates the extent to which Trump is willing to subvert federalism to impose his supremacist agenda.

      The National Guard, traditionally under the command of state governors, can be federalized by the president in situations of national emergency. This decision puts Gavin Newsom, the Democratic governor of California, in an impossible position: he must watch as federal troops occupy his state against his express will. Newsom called the measure “deliberately inflammatory” and warned that it “will only escalate tensions.”

      This isn’t the first time the immigration issue has sparked a clash between the federal government and a state. In 2024, Republican Texas Governor Greg Abbott seized control of the border by installing barbed wire and arresting migrants in Eagle Pass, directly challenging Joe Biden ‘s policies.

      Abbott invoked his state’s “constitutional authority to defend itself,” creating a dangerous precedent of state disobedience that Trump is now using in reverse. What in Texas was a conservative rebellion against a Democratic president is in California a Republican federal occupation against a Democratic governor. The difference reveals the nature of Trump ‘s exercise of power.

    • Washington has said it was not involved in the strikes, but vowed to protect American and Israeli forces from potential retaliation US officials react to Israel’s attack on Iran

      Several top US officials have warned Tehran against targeting American forces following Israeli air strikes that killed the country’s top general and nuclear scientists and multiple explosions at key elements of Iran’s nuclear enrichment program.

      In an interview with Fox News on Thursday, US President Donald Trump confirmed that he had prior knowledge of Israel’s military action, known as Operation Rising Lion, which targeted nuclear facilities and missile infrastructure.

      Trump reiterated the US position that Iran must not acquire nuclear weapons, adding that he hopes Tehran will return to talks over a nuclear deal and that the US military in the Middle East is on high alert.

      House Armed Services Committee Chairman Mike Rogers denounced Iran as the “aggressor,” saying “its pursuit of a nuclear weapon is an existential threat that will not be tolerated.”

      “The US was not involved in the strikes, but our forces stand ready to defend themselves and our ally Israel. Any Iranian attack on US forces would be a grave miscalculation,” he warned.

      Iran has repeatedly denied that it has plans to develop nuclear weapons and insists that its nuclear program is for peaceful purposes only.

      US House Speaker Mike Johnson affirmed Israel’s right to self-defense, saying, “Israel IS right – and has a right – to defend itself!”

      Secretary of State Marco Rubio confirmed that the US was not involved in the Israeli strikes. “Our top priority is protecting American forces in the region… Let me be clear: Iran should not target US interests or personnel.”

      Iran’s Foreign Ministry said Tehran has a “legal and legitimate” right to respond to Israeli attacks, adding that they “cannot have been carried out without the coordination and authorization of the United States.”

      It went on to warn that “the United States government, as the main supporter of this regime, will also be responsible for the dangerous effects and consequences of the Zionist regime’s adventure.”

    • Israel has launched an extensive series of airstrikes on Iran.

      The western media are of course unquestioningly regurgitating the Israeli government’s evidence-free claim that these strikes were “preemptive”.

      The Trump regime is attempting to spin this as a completely unilateral Israeli attack which had nothing to do with the United States — a claim you could be forgiven for believing if you were born yesterday.

      Here’s a list of future headlines we can expect from The New York Times:

      – Iranian strikes rock Israel in unprovoked attack.

      – Israeli families take shelter amid antisemitic terror bombing.

      – Israeli defense minister: U.S. campus protesters somehow knew about Iranian strikes in advance, indicating Tehran coordination.

      – Trump privately voices frustration with #Netanyahu over Iran conflict the U.S. is just passively, innocently witnessing.

      – American Jews feeling anxious, unsupported amid spiraling wars in the #MiddleEast.

      – Opinion: I feared for my life during airstrikes on Tel Aviv. Nobody in the world can possibly understand what this is like.

      – Opinion: Is the U.S. at risk of being drawn into another Middle Eastern war?

      – Opinion: Is the U.S. stumbling into another Middle Eastern war?

      – Opinion: Is the U.S. accidentally oopsie poopsie bungling into another Middle Eastern war?

      – Opinion: Is the U.S. being dragged kicking and screaming into a war in the Middle East, something it historically tries to avoid at all cost?

      – US launches strikes on Iran in preemptive attack.

      – Opinion: Is the U.S. being sucked into a third world war?

      – Opinion: Is the U.S. tumbling headlong into a nuclear exchange with Russia and China?

      – Opinion: The sky is darkening as nuclear radiation creeps across our land, so we must all come together and condemn Hamas.

      – Opinion: The earth is a barren wasteland. Nothing remains. Check on your Jewish friends.

  • #Kosovo Agrees to Shelter up to 50 US Deportees

    Kosovo has agreed to host up to 50 immigrants deported from the US – one of the few countries to respond positively to a US request for its allies to take in deportees.

    Kosovo on Wednesday offered to shelter up to 50 people deported from the US as President Donald Trump’s crackdown on illegal or unauthorised immigrants steps up.

    “Individuals who are subject to this decision, during the time of their stay in Kosovo, will act in line with the legislation in force and enjoy rights designated according to the law,” the Kosovo government said.

    Albin Kurti, the Acting Prime Minister, said the decision followed a US request for its allies to admit citizens from third countries.

    “Our country will accept and shelter up to 50 individuals for a one-year period with the aim to facilitate their safe return to their countries of origin. Selection of these individual will be done from a proposed list as long as they fulfill the designated criteria regarding rule of law and public order,” Kurti said.

    “The United States remain our unwavering partner and the Republic of Kosovo will always be their trusted partner,” he added.

    Last week, Bloomberg reported that Trump’s administration is pushing Serbia and other Balkan nations to take in migrants deported from the US. Serbia’s authorities have not commented on the proposal.

    The Trump administration, which claims to have deported 17,000 people in April, is currently facing protests across the country opposing federal immigration raids and the deployment of Marines.


    https://balkaninsight.com/2025/06/11/kosovo-agrees-to-shelter-up-to-50-us-deportees
    #expulsions #externalisation #migrations #réfugiés #sans-papiers #USA #Etats-Unis #accord

    • [...]

      Hegseth said that the policy of the previous US administration has driven Russia and China closer together.

      He also claimed that #Beijing would “prefer a prolonged conflict” between Russia and Ukraine that would keep the US
      “tied down.”

      Cette déclaration en dit certainement plus sur le souhait de #Washington sous #Trump, après toutes ces années de campagnes de désinformation haineuses et bellicistes sous l’administration Biden, de réussir à diviser à nouveau l’étroite coopération russo-chinoise (#BRICS+) qu’il n’est réaliste d’espérer dans un avenir prévisible.

      Le monde multipolaire s’est irrévocablement constitué et l’Europe s’est laissée manœuvrer idéologiquement et économiquement contre ses propres intérêts vers l’insignifiance en soutenant dès le début la guerre en #Ukraine initiée par les #Anglo-Américains, coordonnée par tous les moyens manipulateurs de la #guerre_psychologique et de #désinformation (formellement par l’#OTAN).

      Non seulement elle a accepté pas à pas les exigences économiques et militaires de #Kiev sans les questionner, mais l’#Europe s’est en même temps laissée entraîner dans des sanctions antirusses qui ont eu et continuent d’avoir des conséquences suicidaires de grande portée pour les économies européennes et qui cimentent la dépendance énergétique vis-à-vis des États-Unis en termes de prix et de #géopolitique.

      #Russie
      #États_unis & #Royaume_uni
      #hégémonie_occidentale

  • Manifestation à New York contre la politique migratoire de Trump
    https://www.dakaractu.com/Manifestation-a-New-York-contre-la-politique-migratoire-de-Trump_a262249.

    Manifestation à New York contre la politique migratoire de Trump
    « Pas de haine, pas de peur, les immigrants sont les bienvenus ». Quelques milliers de personnes ont marché mardi en début de soirée dans les rues de New York pour protester contre la politique migratoire de Donald Trump, selon une équipe de l’AFP sur place.
    Les manifestants, incluant de nombreux jeunes, se sont réunis au Foley Square, une place près de tribunaux d’où des migrants ont été arrêtés vendredi dernier par les forces de l’ordre, pour marcher dans le sud de Manhattan. « ICE, hors de New York », pouvait-on lire sur de nombreuses affiches en référence à la police fédérale de l’immigration qui multiplie les arrestations de migrants ou demandeurs d’asile ces dernières semaines aux Etats-Unis, prélude par ailleurs à des heurts musclés à Los Angeles.
    « Je suis ici pour défendre ceux qui ne peuvent pas faire entendre leur voix ici », a expliqué à l’AFP une femme dans la vingtaine née aux Etats-Unis d’une mère mexicaine sans statut officiel. « Franchement, ce pays ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui sans les immigrés. Je suis ici pour eux », a-t-elle ajouté en requérant l’anonymat.
    « La peur est là au quotidien, dès le premier jour où ils sont venus ici et ont traversé la frontière. Chaque jour, quand ils vont travailler, ils ont peur d’être arrêtés et que la moindre petite chose puisse entraîner leur expulsion », a-t-elle poursuivi.
    Plusieurs manifestants avaient le visage couvert afin de ne pas être identifiés et subir de possibles représailles, tandis que d’autres affichaient des drapeaux palestiniens. « Je suis ici pour défendre l’immigration, m’opposer au ICE et soutenir la Palestine libre. Toutes ces luttes sont liées entre elles », a dit à ce propos Cara, 23 ans.
    « J’ai peur pour les miens. Je ne veux pas vivre dans une société où j’ai peur pour la santé de ma famille ou d’autres familles », a raconté Jacqueline, une Américaine de 23 ans d’origine mexicaine.
    La situation dans la première ville américaine est jusqu’à présent plus calme qu’à Los Angeles où ont lieu depuis vendredi des affrontements entre forces de l’ordre et des manifestants opposés aux expulsions musclées de sans-papiers.
    Le président américain Donald Trump a déployé à Los Angeles des milliers de soldats, dont 700 Marines, des militaires d’active, contre l’avis des autorités californiennes qui estiment que la situation est sous contrôle. « New York sera toujours un lieu de manifestation pacifique, mais nous n’allons pas tolérer la violence et l’anarchie », a déclaré mardi le maire de la ville, Eric Adams qui a dit compter non pas sur l’armée mais la police locale, le NYPD, qui est « parée à toute éventualité ».

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#politiquemigratoire#newyork#expulsion#droit#sante#ICE

  • A Los Angeles, les habitants sans papiers terrifiés par les rafles : « Je pensais qu’ils cherchaient les criminels »
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/11/a-los-angeles-la-peur-des-rafles-je-pensais-qu-ils-cherchaient-les-criminels

    A Los Angeles, les habitants sans papiers terrifiés par les rafles : « Je pensais qu’ils cherchaient les criminels »
    Par Corine Lesnes (Los Angeles, envoyée spéciale)
    Elle est prostrée, sur un banc de Grand Park, à l’écart de la manifestation. Noemi Ciau est sans nouvelles de son mari depuis déjà plus de vingt-quatre heures. Jesus Cruz a été arrêté, dimanche 8 juin, à la station de lavage auto de Westchester, près de l’aéroport de Los Angeles, où il travaillait depuis dix ans. Elle n’a pas encore prévenu le dernier de leurs quatre enfants. Sur la pancarte que quelqu’un a donnée à la mère de famille, il est écrit que la police de l’immigration (ICE) n’est pas la bienvenue à Los Angeles, ville de près de 4 millions d’habitants, dont une moitié de Latino-Américains, et que « nul être humain n’est illégal ». Elle porte le panneau, à l’envers, mécaniquement, tête baissée. « Je voudrais juste savoir où ils l’ont emmené », murmure-t-elle.
    Jesus Cruz, 51 ans, vivait à Los Angeles depuis trente ans. Il était environ 15 heures, dimanche, quand un véhicule banalisé a déposé les agents de l’immigration à la station de lavage. Sept employés ont été emmenés. Noemi Ciau n’ignorait pas que le gouvernement de Donald Trump avait décidé de s’en prendre aux sans-papiers. Elle n’avait jamais vraiment eu de craintes pour son mari, malgré son absence de papiers en règle. Elle pensait que la police « cherchait les criminels ». Ce même dimanche, Arturo Vasquez, 48 ans, faisait laver sa voiture dans un autre car wash, à Culver City. Il n’y travaillait pas, il n’était qu’un client. Il a été arrêté devant ses enfants. Avant d’être menotté, il a demandé à l’un de ses fils, Brian, 16 ans, de lui promettre de s’occuper de son frère et de leur mère. Deux jours plus tard, la famille ne savait toujours pas où il était détenu.
    Au cinquième jour des raids de la police de l’immigration dans l’agglomération de Los Angeles, le scénario est devenu familier. Des habitants, établis de longue date dans une ville qui se fait une fierté de sa diversité, sont brusquement séparés de leur famille, victimes d’un système qui a toléré leur présence pendant des décennies sans parvenir à une régularisation de leur situation, faute de consensus des responsables politiques.
    Sans prévenir, l’ICE débarque à l’endroit ciblé, parfois dans des véhiculés banalisés, pour éviter que sa présence soit immédiatement relayée sur les réseaux sociaux. Ces derniers jours, elle s’est attaquée aux stations de lavage de voitures, confirme Flor Rodriguez, du Clean Car Wash Worker Center, une association qui lutte contre l’exploitation des quelque 10 000 carwasheros de Los Angeles.
    La police de l’immigration est aussi intervenue dans une bibliothèque à Whittier, dans le sud-est de la ville, et dans des entreprises. La chaîne de magasins de bricolage Home Depot est l’une de ses cibles. Les journaliers ont l’habitude de s’y regrouper pour trouver du travail. Selon The Wall Street Journal, c’est Stephen Miller, architecte de la politique d’expulsion de Donald Trump, qui leur a conseillé de viser cet établissement populaire parmi les ouvriers de la construction.
    La Coalition for Humane Immigrant Rights a recensé des opérations dans une maison de retraite, une boutique de donuts ou la fabrique de vêtements Ambiance. A l’école élémentaire Gratts Learning Academy, dans le quartier de Westlake du centre de Los Angeles, la rumeur a couru d’une rafle imminente, des véhicules de police ayant été aperçus sur un parking voisin. Les parents se sont dispersés, les enfants sont restés désemparés. La population est terrifiée, s’est désolée Karen Bass, la maire démocrate de Los Angeles : « Les gens ne savent pas s’ils doivent aller travailler, aller à l’école. » Le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, a dénoncé, lui aussi, la cruauté des rafles. « Ils ont arrêté des cuisiniers, des couturières, des laveurs de vaisselle. Ils traumatisent nos communautés, s’est-il indigné. Cela semble être [leur] but. »
    La maire de Los Angeles, Karen Bass, lors d’un rassemblement organisé contre les raids de la police de l’immigration à Grand Park, Los Angeles, le 10 juin 2025.
    La police a annoncé que 45 personnes avaient été arrêtées dans la journée de dimanche. Lundi, cinq raids ont eu lieu. Les ONG de défense des migrants estiment à une centaine le nombre d’interpellations depuis le 6 juin. Un bilan plutôt maigre, compte tenu des moyens déployés. Lundi, le Pentagone a chiffré à 134 millions de dollars (117 millions d’euros) le coût du déploiement des 700 marines dépêchés de la base de Twentynine Palms, dans le désert californien.
    La Californie a été le premier Etat à se déclarer en totalité « sanctuaire » pour les migrants, un terme correspondant à une politique de protection codifiée par la loi sur les valeurs californiennes de 2017. Elle limite la coopération entre forces locales et agences fédérales pour les expulsions, sauf pour crimes graves. Les migrants en situation irrégulière se sont habitués à une réelle impunité concernant leur situation administrative. Ils paient des impôts, leurs enfants sont, pour la plupart, américains.
    Les descentes de police ont créé un choc encore plus important qu’ailleurs, comme en témoigne l’ampleur de la mobilisation pour faire reculer la police. Lundi, la municipalité de Glendale, au nord de Los Angeles, a préféré résilier un contrat qui la liait depuis dix-huit ans avec l’ICE pour héberger des migrants en attente d’expulsion. Les responsables scolaires ont, eux, annoncé qu’ils allaient protéger les écoles à l’approche des cérémonies de fin d’année.
    Grâce aux réseaux sociaux, les images circulent ; choquantes, comme celle d’une future mère bousculée par un policier ; déchirantes, comme celles montrant des mères de famille refusant de toutes leurs forces de monter dans les véhicules policiers. A chaque fois, le contraste est saisissant entre les migrants, désarmés, en tee-shirt, robe, sandales, et les agents de l’ICE en tenue de combat. La mission a changé, a dénoncé Karen Bass. « Au début, il était question de criminels violents, de trafiquants de drogue. Je ne sais pas comment ça peut coller avec ces images que l’on voit maintenant de gens courant sur les parkings de Home Depot. »
    Au début de sa campagne d’expulsion, la Maison Blanche estimait avoir marqué des points dans l’opinion en montrant des « criminels » menottés par-delà leurs tatouages, accusés d’être membres de gangs vénézuéliens. Aujourd’hui, elle risque d’en perdre avec ses rafles organisées devant les établissements scolaires et les magasins de bricolage.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#politiquemigratoire#ICE#expulsion#californie#etatsanctuaire#doit#sante

  • A Los Angeles, les syndicats en première ligne pour défendre les migrants
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/10/a-los-angeles-les-syndicats-en-premiere-ligne-pour-defendre-les-migrants_661

    A Los Angeles, les syndicats en première ligne pour défendre les migrants
    Par Corine Lesnes (Los Angeles, envoyée spéciale)
    Dans le centre de Los Angeles, la mobilisation semble chaque jour monter davantage contre les raids de la police de l’immigration et le déploiement de la garde nationale. « C’est notre ville, ce sont nos rues, explique Elizabeth Strater, vice-présidente du syndicat des ouvriers agricoles United Farm Workers. On ne va pas laisser faire sans réagir. » Les syndicalistes manifestaient, lundi 9 juin, aux pieds de la mairie de Los Angeles, sous les jacarandas de Grand Park. Ils étaient plus d’un millier, aux couleurs de leurs organisations respectives. Violet pour les membres de l’Union internationale des employés des services (SEIU), le puissant syndicat des services. Jaune pour celui des travailleurs de l’alimentation et du commerce. Dans la foule, les panneaux hostiles au « dictateur qui kidnappe les papas et les mamans » ou à la United States Immigration and Customs Enforcement (ICE), la police de l’immigration. « Arrêtez les raids ! », « Nous sommes tous des migrants ».
    Principale revendication : obtenir la libération de David Huerta, le chef du SEIU pour la Californie, une figure importante de la scène californienne. Agé de 58 ans, ancien agent d’entretien, le syndicaliste a été arrêté, vendredi, devant l’entrepôt d’une entreprise de vêtements soupçonnée d’employer des immigrés en situation irrégulière, où la police était venue perquisitionner. La justice lui reproche d’avoir fait obstruction à l’opération. Une vidéo le montre poussé à terre par un agent. Il a été légèrement blessé.
    L’administration Trump ignorait-elle qui il était ? A-t-elle voulu montrer, une nouvelle fois, que « nul n’est au-dessus de la loi fédérale » ? L’incarcération de M. Huerta a contribué au déclenchement des protestations désormais quotidiennes devant le centre de détention, dans Downtown LA. Elle a aussi suscité l’émotion des élus nationaux. En même temps qu’à Los Angeles, des manifestations ont eu lieu, lundi, à Washington, à Boston et à San Francisco pour réclamer sa libération.
    En début d’après-midi, David Huerta a été remis en liberté sous caution, mais il reste poursuivi pour complot empêchant l’action de la police fédérale. Un agent en civil a affirmé l’avoir vu consulter son téléphone et envoyer des messages, alors que des manifestants essayaient de tourner en rond devant la grille pour perturber les entrées. Pour Elizabeth Strater, il n’est pas surprenant que la mobilisation soit importante. « En Californie, on ne s’attaque pas au mouvement ouvrier », dit-elle. Les syndicats sont un facteur important d’intégration pour les Latinos. Ils offrent des bourses d’études aux enfants, des aides judiciaires, voire des possibilités de régularisation aux sans-papiers. « Est-ce que Trump se rend compte que les membres de la garde nationale qu’il a mobilisés sont, eux aussi, les enfants d’agents d’entretien ou d’ouvriers agricoles ? », interroge la responsable.
    Le Golden State est aussi l’Etat qui compte le plus grand nombre de personnes en situation irrégulière, notamment dans la Vallée centrale, où plus de la moitié des travailleurs agricoles sont sans statut légal. Mme Strater se moque des propos des partisans du président, qui prétendent « libérer » la Californie de ses « criminels » sans papiers. « Un Américain sur trente-cinq habite dans le comté de Los Angeles, souligne-t-elle. Et ils veulent nous libérer ? Mais l’Amérique, c’est nous ! »

    #Covid-19#migration#migrant#etatsunis#californie#politiquemigratoire#travailleurmigrant#syndicat#sante#migrationirreguliere#integration

  • Après les opérations contre les migrants à Los Angeles, le Mexique s’inquiète du sort de ses ressortissants
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/10/politique-migratoire-de-donald-trump-le-mexique-s-inquiete-du-sort-de-ses-re

    Après les opérations contre les migrants à Los Angeles, le Mexique s’inquiète du sort de ses ressortissants
    Par Anne Vigna (Mexico, correspondante)
    Lundi 9 juin, la conférence de presse quotidienne de la présidente mexicaine a exceptionnellement commencé par la lecture d’un communiqué sur les « événements de Los Angeles », comme les a qualifiés Claudia Sheinbaum : « Les Mexicains qui vivent aux Etats-Unis sont des travailleurs honnêtes ; la majorité a la citoyenneté américaine ou une résidence légale. Nous lançons donc un appel respectueux mais très ferme aux autorités américaines pour qu’ils soient traités dignement. »
    Le ministre des affaires étrangères, Juan Ramon de la Fuente, a ensuite pris la parole pour donner des chiffres : 42 Mexicains ont été arrêtés depuis le 6 juin à Los Angeles. « Sur les 40 millions de Mexicains qui vivent aux Etats-Unis, seuls 4,9 millions sont illégaux et 95 % de ces clandestins vivent dans ce pays depuis plus de cinq ans. » En rappelant ces données, le gouvernement mexicain entend d’abord répondre au président américain, Donald Trump, qui évoque sans cesse « une invasion par des criminels venus de l’étranger ».
    Il cherche aussi à rassurer la population, inquiète face aux images violentes de Los Angeles, présentée au Mexique comme « la deuxième plus grande ville mexicaine au monde après Mexico » en raison de ses 3,8 millions de descendants. Tout le week-end, les photos des manifestants détenus et les opérations de la police migratoire américaine ont alimenté les commentaires sur le racisme dont font l’objet les Latinos aux Etats-Unis.
    Le Mexique avait préparé depuis février des installations à la frontière pour recevoir des migrants refoulés par les Etats-Unis, jusqu’à présent bien peu utilisées. Depuis les manifestations à Los Angeles, les Mexicains ont désormais le sentiment que les expulsions de masse vont commencer. « Nous sommes à un tournant, le plus difficile, le plus complexe, le plus violent. Pas à cause des manifestations mais de l’appareil d’Etat, qui (…) cherche à réaliser l’un des rêves de Trump : celui de la déportation massive », a déclaré Tonatiuh Guillén, ancien commissaire de l’Institut national de migration, au site Aristegui noticias. Comme de nombreux éditorialistes, ce sociologue de l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM) craint l’adoption du prochain budget aux Etats-Unis : « Donald Trump veut donner à la police migratoire les moyens d’intervenir partout : aller chercher les personnes chez elles, sur les lieux de travail, dans les écoles, les églises. Il n’y a pas de limite. »
    Si elles deviennent massives, ces expulsions auront des conséquences économiques quasi immédiates au Mexique : les « remesas », les envois de devises des migrants, ont atteint un nouveau record en 2024 : 64,5 milliards de dollars (56,5 milliards d’euros) en 2024, soit 4 % du produit intérieur brut, selon la Banque du Mexique. Cet argent est souvent indispensable pour les familles les plus démunies : les dix Etats les plus pauvres du pays en reçoivent plus de la moitié.Le gouvernement mexicain a condamné les violences des manifestations du week-end, mais le parti au pouvoir, Morena, avait organisé un rassemblement mardi, devant l’ambassade des Etats-Unis à Mexico. Dans la soirée de lundi, celle-ci a finalement été repoussée « à une date ultérieure ». Plus tôt dans la journée, des manifestants ont brûlé des drapeaux américains et une effigie de Donald Trump devant les grilles de l’ambassade. Le rassemblement avait été convoqué par le slogan « Personne n’est illégal sur une terre volée ». Une allusion au fait que la Californie faisait partie du territoire mexicain jusqu’en 1846 et que nombre de Mexicains la considèrent toujours comme leur terre.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#mexique#politiquemigratoiore#expulsion#californie#sante

  • Comment Donald Trump exploite les heurts à Los Angeles pour durcir sa politique migratoire
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/09/comment-donald-trump-exploite-les-tensions-a-los-angeles-pour-durcir-sa-poli

    Comment Donald Trump exploite les heurts à Los Angeles pour durcir sa politique migratoire
    Piotr Smolar
    Une surréaction calculée et préméditée, juridiquement contestable, aux conséquences imprévisibles : ainsi se résume le recours à la garde nationale par Donald Trump, dans la soirée du 7 juin, face à des scènes de violences urbaines très localisées, apparues dans deux villes de l’agglomération de Los Angeles (Californie). Cette décision controversée, qui permet au président de court-circuiter le gouverneur démocrate, Gavin Newsom, a entraîné, dès dimanche, le déploiement sur place de 300 premiers soldats pour protéger de façon préventive des bâtiments fédéraux.
    Plusieurs rassemblements, d’abord pacifiques, puis émaillés de quelques heurts, ont eu lieu en ville et sur l’autoroute 101 dans une atmosphère de tension accrue. Le récit recherché par la Maison Blanche était posé : l’ordre fédéral contre le chaos, la traque des clandestins étant contrariée par des élus démocrates laxistes et des émeutiers extrémistes. « Ils crachent, on frappe », a résumé Donald Trump. La formule lapidaire voulait marquer une sévérité. Elle disait aussi, en creux, à quel point la menace réelle était grossie, dans la chambre d’écho des réseaux sociaux, malgré les images spectaculaires de taxis Waymo sans chauffeur incendiés et couverts de graffitis.
    La veille, des affrontements avaient eu lieu dans deux villes situées en périphérie de Los Angeles, Paramount et Compton, en raison de la multiplication des opérations coup de poing menées par les policiers de l’ICE, l’agence chargée du contrôle des frontières et de l’immigration. Une loi de 1878, le Posse Comitatus Act, interdit, en principe, l’utilisation de soldats sur le plan intérieur, pour des missions dévolues à la police. Mais une exception antérieure existe, l’Insurrection Act (1807). Si la loi fédérale ne peut plus être appliquée dans la pratique, en raison d’un défi sécuritaire et politique grave lancé à l’autorité du gouvernement, alors l’intervention de l’armée peut se justifier. Or rien, dans les événements de ces derniers jours à Los Angeles, ne relève de ce cadre d’exception.
    Pour l’heure, Donald Trump s’est gardé d’invoquer ce texte de 1807. Mais il n’excluait pas de faire appel aux marines, dont un bataillon de 700 hommes était mobilisé lundi. Quelle serait la barre qualificative ? « La barre sera ce que j’en pense, a répondu le président. Si nous voyons un danger pour notre pays et nos citoyens, nous serons très, très forts en termes de loi et d’ordre. »
    La préméditation de Donald Trump et de ses conseillers ne fait aucun doute. Dès avril 2024, dans un entretien au magazine Time, le candidat républicain de l’époque justifiait la mobilisation de la garde nationale contre l’immigration illégale, aux frontières comme à l’intérieur du pays. Ce serait illégal en vertu du Posse Comitatus Act, rétorquaient les journalistes. « Eh bien, ce ne sont pas des civils, lâchait Donald Trump, au sujet des clandestins. Ce sont des gens qui ne sont pas légalement dans notre pays. Une invasion comme aucun pays n’en a probablement vu un jour. » Dimanche, le président ne disait pas autre chose du déploiement ordonné, dans un message sur Truth Social. L’objectif : « Libérer Los Angeles de l’invasion des migrants. »
    Le milliardaire n’a pas toujours manifesté le même entrain pour défendre l’intégrité du pays et ses institutions. Le 6 janvier 2021, alors que des milliers de manifestants donnaient l’assaut au bâtiment du Capitole pour empêcher la certification de l’élection présidentielle, Donald Trump, assis devant la télévision à la Maison Blanche, n’avait pas demandé l’intervention de la garde nationale. Il en avait ensuite tenu pour responsable la speaker démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, élue de Californie. En revanche, l’ancien secrétaire à la défense, Mark Esper, avait raconté dans ses mémoires que Donald Trump, en 2020, s’était enquis auprès de l’état-major s’il était possible de tirer dans les jambes des manifestants, lors des protestations ayant suivi la mort de George Floyd.
    Depuis des jours, à Los Angeles, la pression de la police fédérale ne cessait de monter, avec des interpellations de clandestins en plein jour. Paramount est une cité ouvrière essentiellement peuplée de migrants hispaniques, employés notamment dans l’industrie hôtelière et la restauration. Samedi matin, en face d’un magasin de bricolage Home Depot, des agents de l’ICE ont été signalés, provoquant assez vite un rassemblement. Les réseaux sociaux ont diffusé la nouvelle à grande vitesse, tandis que les incidents débutaient : grenades assourdissantes et gaz lacrymogène du côté de la police, jets de pierre et d’autres objets du côté des manifestants. Une voiture a été incendiée et du matériel urbain détérioré.
    Le décret présidentiel de Donald Trump prévoit le déploiement de 2 000 membres de la garde nationale de Californie pendant au moins soixante jours. Les juristes s’interrogent sur la marge de manœuvre des effectifs rassemblés à Los Angeles. Ont-ils le droit de répondre à des émeutiers ? De les interpeller ? Le message est clair : les autorités passent à une nouvelle phase dans la confrontation avec les villes dites « sanctuaires », gouvernées par des démocrates, accusées de faire obstruction aux interpellations fédérales. Fin avril, Donald Trump a demandé à son administration de préparer la liste des Etats ou des villes se mettant en travers de son chemin répressif. Renouant avec une très ancienne thématique de son premier mandat, il a promis que les fonds alloués à ces supposés « sanctuaires » – un terme ne correspondant à aucune réalité objective en droit – seraient coupés, ouvrant ainsi un nouveau front en justice.
    Publié ce week-end, un sondage CBS News/YouGov révélait que 54 % de la population américaine soutient la campagne d’expulsion menée par l’administration. Mais le périmètre de cette campagne n’est jamais clairement défini par les autorités. Il fut d’abord question des criminels clandestins endurcis, cible prioritaire. Mais il semble à présent ne plus y avoir de graduation, pour remplir l’objectif de 3 000 expulsés par jour, fixé par l’administration américaine. Dès lors, cette question est devenue particulièrement polarisée. Selon ce même sondage, 82 % des démocrates et 51 % des indépendants désapprouvent la ligne suivie, applaudie, en revanche, par 93 % des républicains.
    Dans un message sur son réseau Truth Social, dans la nuit de samedi à dimanche, Donald Trump félicitait déjà les soldats de la garde nationale pour leur intervention, alors même qu’ils n’étaient pas encore déployés. « Ces manifestations d’extrême gauche, par des instigateurs et des fauteurs de troubles souvent payés, ne seront pas tolérées, écrivait le président. Par ailleurs, à partir de maintenant, on ne sera plus autorisé à porter des masques lors de manifestations. »
    Cette escalade tombe particulièrement bien sur un plan politique pour Donald Trump, qui a subi l’onde de choc de sa séparation avec Elon Musk. Cette crise sécuritaire attisée permet aussi de mettre la pression sur les sénateurs républicains qui traînent les pieds, au sujet du « Big Beautiful Bill ». Ce train de dépenses essentiel pour la Maison Blanche, renforçant, entre autres, les moyens de la sécurité intérieure, a passé l’épreuve de la Chambre des représentants. Mais un nombre menaçant de sénateurs conservateurs pensent, comme Elon Musk, que ce projet de loi est bien trop dépensier. A la lumière des événements de Los Angeles, l’exécutif leur demandera de choisir : être du côté de l’ordre ou du côté des émeutiers. Du président ou des élus extrémistes et laxistes.
    L’appel à l’armée pour une mission de maintien de l’ordre n’a guère de sens, sauf si l’on tient compte de la logique choisie par l’administration Trump en matière migratoire, le cœur de cette crise. Cette logique repose sur une militarisation partielle de cette politique, pour organiser la plus vaste campagne d’expulsion de clandestins de l’histoire américaine, conformément à la promesse de campagne de Donald Trump, qui parle, sans justification, de 21 millions de clandestins dans le pays.
    Pour cela, la Maison Blanche a d’abord privilégié des symboles, comme l’utilisation très onéreuse d’appareils militaires pour mener des vols de reconduite. Elle a aussi annoncé l’utilisation – très limitée à ce jour – de la base de Guantanamo (Cuba), symbole funeste de la lutte antiterroriste sans fin, comme centre de rétention. Elle a également appuyé sa campagne sur un texte très poussiéreux, l’Alien Enemies Act (1798). Celui-ci donne au gouvernement le droit d’expulser, sans recours aucun, les ressortissants d’un pays en guerre avec les Etats-Unis ou fomentant une invasion dans ce pays. Sa dernière utilisation remonte à la seconde guerre mondiale, lorsque des dizaines de milliers de Japonais avaient été emprisonnés sans procès.
    La maire Karen Bass a promis que Los Angeles continuerait de se tenir aux côtés de tous ceux qui « appellent notre ville leur maison ». Elle a dénoncé une « escalade chaotique », décidée par la Maison Blanche, diffusant la « peur » au sein de la population. Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a, pour sa part, mis en cause la « fabrication d’une crise », en estimant que Donald Trump « espère plus de chaos pour pouvoir justifier plus de répression, plus de peur et plus de contrôle ». Le gouverneur a appelé les citoyens en colère à ne pas employer la violence et à s’exprimer pacifiquement.
    Mais l’administration Trump n’a pas fini d’exploiter ces événements, à la fois pour punir les élus démocrates et la Californie en général, et pour l’exemple. Dans le Wisconsin, la juge Hannah Dugan, du comté de Milwaukee, a été arrêtée et poursuivie pour avoir permis à un sans-papiers de se dérober à son interpellation par des agents de l’immigration, à l’intérieur même de l’enceinte du tribunal. Le 9 mai, c’est le maire de Newark (New Jersey), Ras Baraka, qui avait été interpellé devant le centre de rétention de Delaney Hall, alors qu’il demandait à connaître les conditions de détention de migrants arrêtés. Le piège est classique dans le trumpisme comme dans tout mouvement autoritaire. La contestation de la ligne suivie est, par définition, illégitime. Et répréhensible.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#politiquemigratoire#californie#detention#ICE#expulsion#droit#sante

  • A Porto Rico, « territoire sanctuaire » pour les immigrés, la politique répressive de Donald Trump met à mal la coexistence
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/09/a-porto-rico-territoire-sanctuaire-pour-les-immigres-la-politique-repressive

    A Porto Rico, « territoire sanctuaire » pour les immigrés, la politique répressive de Donald Trump met à mal la coexistence
    Par Jean-Michel Hauteville (San Juan (Porto Rico), envoyé spécial)
    Depuis le début du mandat de Donald Trump, plus de 500 migrants ont été arrêtés dans cette île des Caraïbes sous souveraineté américaine. Une situation inédite sur ce territoire hispanophone, traditionnellement bienveillant envers les sans-papiers venus d’Amérique latine.
    Malgré la quiétude apparente, les habitués ne s’y trompent pas : depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, la peur rôde autour de cette petite esplanade triangulaire, agrémentée d’arbres et de sculptures, située au cœur du Barrio Obrero (« quartier ouvrier ») de la capitale portoricaine. Ce secteur populaire du district de Santurce est emblématique de la longue tradition d’immigration en provenance des pays voisins des Caraïbes et d’Amérique latine sur cette île hispanophone. Peuplée de 3,2 millions d’habitants, cette dernière se trouve sous souveraineté américaine, avec le statut ambigu d’« Etat libre associé ». Et ici plus qu’ailleurs, sur ce territoire grand comme la Corse, le durcissement de la politique migratoire de Washington s’est brutalement fait ressentir.
    « La vie a changé ici. Il n’y a plus d’ambiance », grimace Filès, un demandeur d’asile haïtien de 40 ans, attablé avec son ami Eriel, 37 ans. Originaires de Jacmel, ville du sud d’Haïti, les deux hommes n’ont pas souhaité révéler leur identité complète. Arrivés à Porto Rico début 2024, au terme d’une périlleuse traversée d’une journée en yole depuis les rivages de la République dominicaine, où ils ont laissé leur compagne et leurs enfants, ils travaillent désormais sur les chantiers de San Juan, à l’instar d’un grand nombre d’immigrés. Eriel acquiesce en désignant les tables vides autour de lui. « Avant, il y avait beaucoup plus d’animation, des stands de nourriture, de la musique », se remémore le trentenaire.
    Moins d’une semaine après l’investiture de Donald Trump, et la signature, dans la foulée, par le président américain, d’un décret anti-immigration, les premières arrestations ont bouleversé le quotidien paisible du Barrio Obrero. Le 26 janvier, en pleine journée, des agents fédéraux américains en uniforme ont effectué une descente aux abords de la placita (« petite place ») Barcelo. « C’était choquant : ils sont venus près d’ici avec des véhicules militaires », témoigne José Rodriguez, résident bien connu dans le quartier et président du Comité dominicain des droits humains, une organisation de défense des droits des migrants à San Juan. « Ils ont défoncé les portes des appartements des familles d’immigrés dominicains. Sans mandat d’un juge », s’afflige l’athlétique militant de 62 ans, rencontré sur l’esplanade.
    Lors de cette première opération, quelque 47 personnes ont été arrêtées, selon un bilan des autorités fédérales américaines communiqué par les médias locaux. Ces immigrés, placés en détention à la prison fédérale de Guaynabo, en banlieue de San Juan, « n’avaient pas de statut migratoire [régularisé] sur le territoire des Etats-Unis » et « avaient commis des délits à Porto Rico », avait assuré le soir même, lors d’une interview télévisée, Rebecca
    Pourtant, les jours suivants, les sites d’information ont relayé plusieurs témoignages contredisant ces affirmations : deux frères haïtiens en situation régulière et sans histoires, libérés de prison au bout de trois jours de calvaire ; un quinquagénaire dominicain, titulaire d’un titre de résident permanent, arrêté avant d’avoir eu le temps de montrer ses papiers ; une mère de famille dominicaine en cours de naturalisation, dont les proches sont restés sans nouvelles pendant plusieurs semaines…« La majorité des personnes détenues n’ont pas de casier judiciaire, ni de procédure en cours devant les tribunaux », dénonce Alvaro Nuñez, avocat spécialiste des questions migratoires, venu saluer son ami José Rodriguez. Les autorités ont « agi de manière indiscriminée, avec des conséquences sur des personnes qui travaillent, qui ont toute leur vie ici », s’offusque l’avocat.
    Depuis janvier, les redadas (« coups de filet ») menées par les agences fédérales américaines à Porto Rico, dont celle chargée de la surveillance des frontières et de l’immigration (ICE), se sont multipliées sur l’île des Grandes Antilles. Quelque 552 personnes ont d’ores et déjà été arrêtées depuis le début de l’année, selon le décompte officiel arrêté au 5 juin, révélé par le média en ligne Centro de Periodismo Investigativo. C’est cinq fois plus que durant toute l’année 2024. Ces immigrés sont « majoritairement de nationalité dominicaine et haïtienne, mais aussi mexicaine et vénézuélienne », avait précisé Rebecca Gonzalez-Ramos fin mai. Le 30 mars, une intervention d’ICE dans la localité de Toa Baja a tourné au drame : un ressortissant dominicain de 52 ans est tombé du toit d’un immeuble où il s’était caché. Hospitalisé, le malheureux a fini par succomber à ses blessures, le 4 mai.
    Lors de la plus récente opération de grande envergure, le 8 mai, pas moins de 53 ouvriers, parmi lesquels sept femmes, tous de nationalité dominicaine, étaient arrêtés sur le chantier de l’hôtel La Concha Renaissance, établissement quatre étoiles situé aux abords de la célèbre plage de Condado. A cette date, les autorités fédérales américaines indiquaient avoir arrêté 67 immigrés accusés de délits « graves », soit moins de 20 % du total des sans-papiers détenus.
    La prison de Guaynabo étant désormais saturée, les services de lutte contre l’immigration « ont renvoyé en République dominicaine 28 ouvriers de La Concha. Il y en a vingt à Miami, d’autres à San Antonio, au Texas, et d’autres ont été relâchés », énumère José Rodriguez. « On les met où on trouve de la place. Du coup, il y a des familles qui ont été séparées », s’émeut le militant des droits des personnes immigrées. « La pratique habituelle du gouvernement des Etats-Unis, c’est de transférer hors de Porto Rico quasiment tous les migrants arrêtés », confirme Annette Martinez-Orabona, directrice exécutive de l’ACLU Porto Rico, la branche locale de l’Union américaine pour les libertés civiles, organisation non gouvernementale (ONG) de défense des droits humains. « Après leur arrestation, ils peuvent rester sur l’île entre vingt-quatre et soixante-dix-huit heures, puis sont transférés » sur le continent, poursuit cette avocate.
    Ce brusque tour de vis migratoire va à l’encontre de la tradition de bienveillance envers les immigrés clandestins – en particulier les hispanophones d’Amérique latine – qui a longtemps prévalu sur cette terre métissée, ancienne colonie espagnole annexée par les Etats-Unis en 1898. « Porto Rico était perçu comme un territoire sanctuaire », assure Fermin Arraiza Navas, le directeur juridique d’ACLU Porto Rico. « Notre politique, c’est de traiter [les étrangers] comme nos semblables, quelle que soit leur nationalité », poursuit l’affable avocat. « A plus forte raison quand on a un fort lien linguistique et culturel, comme avec nos frères de la République dominicaine. »
    Ainsi, le gouvernement portoricain a créé un permis de conduire spécial pour les étrangers en situation irrégulière. Ceux-ci seraient, selon l’ONG, « entre 150 000 et 200 000 sur toute l’île ». Au bout d’une année de présence sur le territoire, les sans-papiers peuvent faire la demande de cette précieuse licencia, qui leur permet d’acquérir un véhicule ou d’ouvrir un compte en banque. Mais ce dispositif généreux s’est retourné contre ses bénéficiaires. « Ça a permis de ficher les gens », déplore M. Arraiza : dans plusieurs cas, les agents fédéraux ont utilisé ces permis pour retrouver leurs détenteurs. Ce spécialiste des droits civiques fustige la passivité de la gouverneure de Porto Rico, Jenniffer Gonzalez Colon, arrivée au pouvoir début janvier et ouvertement favorable au nouveau président. « Elle fait tout ce que lui demande le gouvernement des Etats-Unis, ce que lui dit le président Trump, pour éviter de perdre des financements fédéraux, regrette M. Arraiza. Cela met en situation de grande précarité la communauté dominicaine et les personnes migrantes. »
    En effet, de nombreux sans-papiers, terrorisés, se cloîtrent chez eux, selon les organisations locales. L’absentéisme est monté en flèche dans les écoles, mais aussi au travail, dans les secteurs qui recourent à la main-d’œuvre immigrée. « Le bâtiment est l’un des secteurs les plus touchés, tout comme la restauration », constate Luis Pizarro Otero, le président de la chambre de commerce de Porto Rico, qui plaide auprès du gouvernement fédéral pour des « solutions migratoires pour les emplois saisonniers ». Face à cette vague de répression inédite, au Barrio Obrero, la solidarité s’organise. Comme chaque lundi midi, plusieurs dizaines de personnes défavorisées – portoricaines ou étrangères – reçoivent un repas gratuit au sous-sol, chaleureusement décoré, de l’église méthodiste Saint-Paul, tout près de la place Barcelo. Une enceinte diffuse des hymnes évangéliques enjoués. « Cette église est un lieu sûr, un sanctuaire, et le restera », dit, sur un air d’évidence, la pasteure Nilka Marrero Garcia, qui dénonce sans ambages les méthodes de « profilage racial » des agents fédéraux. « Lorsqu’il y a des descentes de la “migra”, on s’enferme, ici, avec dix, douze personnes, pendant des heures », confie la révérende de 72 ans. Son regard bleu gris s’emplit d’une infinie compassion. « On a de la nourriture, de l’eau. On éteint les lumières, et on attend. »
    Grâce à la participation d’une douzaine de bénévoles, la paroisse apporte un soutien précieux aux immigrés en détresse. « Dans le domaine de l’assistance juridique, on a suivi 48 dossiers depuis janvier », souligne la pasteure. La congrégation a également fourni « 350 sacs de courses et 2 500 repas chauds » aux personnes qui n’osent plus sortir.D’autres acteurs locaux ont mis l’accent sur l’information des habitants du quartier quant à leurs droits. « On a expliqué aux gens la différence entre les types de mandat : pour entrer chez vous, les agents de l’ICE doivent avoir un mandat bien précis », relate la journaliste et poétesse Ana Castillo Muñoz, dans un bar branché du district voisin de Rio Piedras. « Après la première descente, on a fait tout un travail de terrain », poursuit cette fille d’immigrés dominicains de 35 ans, originaire du Barrio Obrero, ses longs rajouts noués en un chignon à la mode.
    Aux yeux de l’autrice du recueil Corona de flores (EDP University, 2021, non traduit), la situation des migrants à Porto Rico n’est pas près de s’améliorer. « Je pense que les politiques migratoires de Trump resteront tout aussi agressives. Donc nous devons nous organiser, éduquer les gens, nous soutenir les uns les autres », exhorte Ana Castillo Muñoz, qui conclut avec défiance : « L’Etat ne fera rien pour préserver le “sanctuaire” à Porto Rico, étant donné notre statut colonial. Le sanctuaire portoricain, c’est au peuple de le défendre. »

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#portorico#politiquemigratoire#ICE#expulsion#caraibes#sante#droit

  • Manifestations anti-expulsions : Trump déploie les militaires à Los Angeles
    https://www.dakaractu.com/Manifestations-anti-expulsions-Trump-deploie-les-militaires-a-Los-Angeles

    Manifestations anti-expulsions : Trump déploie les militaires à Los Angeles
    Donald Trump a ordonné l’envoi des militaires de la Garde nationale à Los Angeles après deux jours de manifestations parfois violentes contre les expulsions d’immigrés, un déploiement rare, attendu dimanche contre l’avis du gouverneur démocrate de Californie.
    Le gouvernement de Washington dénonce « l’anarchie » à Los Angeles, tandis que les autorités locales parlent d’une décision « incendiaire » de Donald Trump. Elle intervient après deux jours de manifestations et d’incidents provoqués par des manifestants opposés aux expulsions de migrants, principalement latino-américains, dans cette ville où vit une forte population de même origine. « Nous devons défendre notre peuple » a déclaré à l’AFP une femme, refusant de donner son nom, dont les parents sont des immigrés.
    Un photographe de l’AFP a vu des incendies, des tirs de feux d’artifice lors d’affrontements, ou encore un manifestant tenant un drapeau mexicain devant une voiture calcinée sur laquelle avait été inscrit un slogan contre l’agence fédérale Immigration and Customs Enforcement (ICE). Samedi, le président américain républicain, dont un des principaux objectifs politiques est de réduire fortement l’importante immigration aux Etats-Unis, a décidé « le déploiement de 2.000 gardes nationaux pour remédier à l’anarchie qu’on a laissé prospérer », a annoncé la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt, traitant les dirigeants californiens démocrates d’"incapables".
    Le gouverneur régional Gavin Newsom, a pour sa part dénoncé une initiative « délibérément incendiaire » qui « ne fera qu’aggraver les tensions ».Le président Trump a salué dimanche sur Truth Social le « fantastique travail » de la Garde, même si le déploiement effectif de cette force de réserve n’a pas encore été constaté sur place par l’AFP.
    La maire de Los Angeles a par ailleurs dit sur X que la Garde n’était pas encore déployée."Tout le monde a le droit de manifester pacifiquement, mais soyons clairs : la violence et la destruction sont inacceptables, et les responsables devront rendre des comptes", a-t-elle par ailleurs prévenu sur X.
    Une telle décision de déploiement de la Garde nationale est très rare. Force armée de réserve, elle a été récemment principalement mobilisée lors de catastrophes naturelles, comme lors des mégafeux à Los Angeles début 2025. Elle est aussi occasionnellement déployée en cas de troubles civils, mais presque toujours avec l’accord des autorités locales. Sa dernière intervention en Californie pour des troubles civils remonte à 2020, à la suite des violentes émeutes provoquées par la mort de George Floyd, un Afro-Américain tué par un policier à Los Angeles.
    Donald Trump avait prévenu dès samedi que « si le gouverneur de Californie (...) et la maire de Los Angeles (...) ne peuvent pas faire leur travail, ce que tout le monde sait, alors le gouvernement fédéral interviendra et résoudra le problème », dont le foyer est le quartier de Paramount. Les raids de la police sont « une injustice », et les personnes arrêtées « des êtres humains comme des autres », a dénoncé auprès de l’AFP Fernando Delgado, 24 ans, un habitant.
    Les manifestations ont commencé après que des membres de l’ICE s’étaient rassemblés samedi près d’un grand magasin de bricolage, où des travailleurs viennent traditionnellement proposer leurs services pour la journée. Des manifestants ont jeté des objets sur les forces de l’ordre et tenté d’empêcher un autocar de quitter les lieux. Les agents les ont repoussés à l’aide de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes. Des manifestants s’en sont également pris à un car de l’US Marshals Service qui sortait d’une autoroute voisine, conduisant les autorités à fermer les bretelles d’accès.
    « Nous épluchons les vidéos pour identifier les auteurs. Vous amenez le chaos, on apporte les menottes », a répliqué sur X le directeur adjoint de la police fédérale (FBI), Dan Bongino. « L’administration Trump applique une politique de tolérance zéro à l’égard des comportements criminels et de la violence, en particulier lorsque cette violence vise des agents des forces de l’ordre qui tentent de faire leur travail », a également martelé Mme Leavitt. Le ministre de la Défense, Pete Hegseth, a menacé de faire aussi appel à l’armée régulière basée non loin. Si nécessaire, les « Marines de Camp Pendleton seront également mobilisés. Ils sont déjà en état d’alerte », a-t-il déclaré sur les médias sociaux.
    Une déclaration à portée symbolique, selon la professeure de droit Jessica Levinson, relevant que l’engagement de militaires américain à des fins domestiques est restreint légalement en absence d’insurrection. « Quant à la Garde nationale, elle ne pourra rien faire de plus que de fournir un soutien logistique et en personnel ».

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#politiquemigratoire#ICE#expulsion#gardenationale#losangeles#sante

  • A Los Angeles, de nouvelles manifestations émaillées de heurts après le déploiement de la garde nationale par Donald Trump
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/08/a-los-angeles-la-garde-nationale-arrive-au-troisieme-jour-de-manifestations-

    A Los Angeles, de nouvelles manifestations émaillées de heurts après le déploiement de la garde nationale par Donald Trump
    Le Monde avec AP et AFP
    Des affrontements ont opposé, dimanche 8 juin, à Los Angeles les forces de sécurité aux manifestants contre la politique migratoire de Donald Trump. Plusieurs dizaines de protestataires bloquaient, dimanche après-midi, une autoroute de la mégapole californienne dans un face-à-face tendu avec les forces de l’ordre, qui ont procédé à quelques arrestations et fait usage de gaz lacrymogènes, y compris contre des journalistes. Au moins trois voitures ont été incendiées et deux autres vandalisées.
    La garde nationale avait commencé, dimanche, à se déployer dans la deuxième plus grande ville américaine, après deux jours de manifestations contre les opérations menées par la police de l’immigration (ICE). Le président américain avait ordonné l’envoi de troupes fédérales, samedi, sans avoir été sollicité sur ce point par le gouverneur démocrate de l’Etat, Gavin Newsom – une initiative extrêmement rare.
    Dimanche en fin d’après-midi, l’essentiel de la manifestation était terminé, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse, mais des affrontements étaient encore en cours entre quelques dizaines de protestataires et les forces de sécurité. A l’exception de heurts au niveau d’un centre de détention entre protestataires et agents fédéraux du ministère de la sécurité intérieure, les affrontements ont tous impliqué les forces de l’ordre locales.
    La police de Los Angeles a annoncé, dans la nuit, que le centre-ville avait été déclaré zone de rassemblement interdit. Une zone du quartier d’affaires, Civic Center, a aussi été déclarée zone interdite de rassemblement. « Vous avez des gens violents et nous n’allons pas les laisser s’en sortir », a déclaré le président américain à des journalistes, dimanche. « Nous aurons un retour à l’ordre », a-t-il promis, disant, en outre, envisager l’envoi de troupes ailleurs. « Nous n’allons pas laisser ce genre de choses arriver à notre pays. » « Ç’a l’air d’aller vraiment mal à L. A. ENVOYEZ LA TROUPE !!! », a posté Donald Trump, lundi matin, sur son réseau, Truth Social, lançant aussi : « ARRETEZ LES GENS MASQUÉS, MAINTENANT. »
    Dénonçant la prétendue « anarchie » en cours à Los Angeles, Donald Trump avait ordonné, samedi, le déploiement de 2 000 membres de cette force armée de réserve, principalement mobilisée lors de catastrophes naturelles. Une décision qualifiée de « délibérément incendiaire » par M. Newsom, qui a prévenu qu’elle ne ferait « qu’aggraver les tensions ».
    Le gouverneur démocrate a annoncé, dimanche sur X, avoir « officiellement demandé à l’administration Trump d’annuler son déploiement illégal de troupes dans le comté de Los Angeles et de les remettre sous [son] commandement ». « Nous n’avions aucun problème avant l’intervention de Trump. Il s’agit d’une grave atteinte à la souveraineté de l’Etat […]. Annulez cet ordre. Restituez le contrôle à la Californie », a-t-il ajouté. Environ 300 gardes nationaux ont été positionnés dans la ville, a annoncé, dimanche matin, le commandement militaire.
    Ce déploiement survient après deux journées de manifestations marquées par des heurts et des violences dans la mégapole californienne, où réside une importante communauté hispanique, alors que des habitants tentaient de s’interposer face aux arrestations musclées de travailleurs immigrés menées par la police fédérale de l’immigration. Un important leader syndical, qui protestait contre les agissements de l’ICE, a été arrêté vendredi, et blessé lors de son interpellation, suscitant l’indignation.De son côté, la police de San Francisco a annoncé avoir interpellé, dimanche en fin de journée, une soixantaine de personnes lors de heurts avec des manifestants opposés à la politique américaine de lutte contre l’immigration.
    Trente-cinq ressortissants mexicains ont été arrêtés au cours des récentes opérations, a annoncé, dimanche, la présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, appelant les Etats-Unis à les traiter avec dignité. Ce sont « des hommes et des femmes honnêtes qui sont allés chercher une vie meilleure […] Ce ne sont pas des criminels », a-t-elle insisté, lors d’un discours public.E voquant une « invasion » des Etats-Unis par des « criminels venus de l’étranger », Donald Trump a érigé la lutte contre l’immigration clandestine en priorité absolue et communique abondamment sur les arrestations et les expulsions d’immigrés. Menées jusque dans des tribunaux du pays, ces dernières ont plongé dans la terreur des millions d’immigrés sans statut légal.
    A Los Angeles, d’importantes opérations, vendredi et samedi, des agents de l’ICE, parfois en civil, ont donné lieu à des heurts entre manifestants et forces de l’ordre. A Paramount, dans le sud de l’agglomération, les affrontements ont été violents, samedi. Selon le directeur adjoint de la police fédérale, Dan Bongino, plusieurs personnes ont été arrêtées, ainsi qu’à New York, lors de manifestations similaires.Interrogée, dimanche matin, par une télévision locale, la maire de Los Angeles, Karen Bass, a fait état d’« actes de vandalisme » dans la nuit, mais a assuré que la situation était sous contrôle. Tout en condamnant les violences, elle a regretté la décision de Donald Trump d’envoyer la garde nationale. « Pour moi, ce n’est que de la politique », a-t-elle fustigé.
    Les gouverneurs démocrates américains ont dénoncé, dimanche, le déploiement des soldats de la garde nationale à Los Angeles. « La décision du président Trump est un abus de pouvoir alarmant », ont-ils déclaré, dans un communiqué commun. « Il est important que nous respections l’autorité exécutive des gouverneurs de notre pays pour gérer leurs gardes nationaux », ont-ils ajouté, insistant sur leur soutien à Gavin Newsom.Le gouvernement fédéral est engagé dans un bras de fer avec la Californie, bastion de l’opposition progressiste et « Etat sanctuaire » protégeant les migrants. Ce mouvement consiste, notamment, à limiter les informations que les autorités locales partagent avec les autorités fédérales. Dans certains cas, les polices locales ont pour interdiction d’interpeller un immigré en situation irrégulière sur la seule base de son statut migratoire. Los Angeles a adopté ce statut en novembre 2024, dans la foulée de l’élection de Donald Trump, s’engageant à ne pas utiliser les ressources de la municipalité contre les personnes immigrées. Une politique dénoncée par l’administration Trump, qui souhaite priver de subventions fédérales les villes sanctuaires – décision invalidée en justice. Donald Trump « espère du chaos pour pouvoir justifier plus de répression, plus de peur, plus de contrôle », a accusé, dimanche sur X, Gavin Newsom, appelant au calme.

    #Covid-19#migration#migrant#etatsunis#ICE#politiquemigratoire#etatsancuaire#villesanctuaire#droit#sante

  • En Afrique, le « travel ban » à géométrie variable de Donald Trump
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/06/06/en-afrique-le-travel-ban-a-geometrie-variable-de-donald-trump_6610817_3212.h

    En Afrique, le « travel ban » à géométrie variable de Donald Trump
    Par Christophe Châtelot
    A Kinshasa et Brazzaville, les capitales des deux Congos qui se font face sur les rives opposées du fleuve éponyme, on doit se demander à partir de quels critères Donald Trump a établi sa liste de 12 pays – dont sept en Afrique – soumis à son nouveau travel ban, principe interdisant l’accès au territoire américain.
    La République démocratique du Congo (RDC) échappe à cette fermeture alors que son voisin, le Congo-Brazzaville, est frappé d’interdiction. A compter du 9 juin, plus aucun visa ne sera délivré aux ressortissants de ce pays, comme à ceux des autres Etats bannis : Afghanistan, Birmanie, Haïti, Iran, Yémen, Tchad, Guinée équatoriale, Erythrée, Libye, Somalie et Soudan. Le Burundi, la Sierra Leone et le Togo figurent sur une deuxième liste de « suspension partielle ».
    Dans un communiqué publié mercredi 4 juin, la Maison Blanche justifie sa décision en termes réglementaires. Elle se base sur la proportion de visa overstay, autrement dit les détenteurs de visas de type B1/B2 (affaires ou tourisme) ou F, M, J (études, échanges scolaires…) arrivés par avion ou bateau et qui sont demeurés sur le territoire américain après l’échéance du délai légal de leur séjour. Le Congo-Brazzaville affiche des taux de 29,63 % et de 35,14 %, respectivement, pour le premier et le deuxième groupe de visas. Des proportions « inacceptables » pour Washington.
    La RDC, quant à elle, échappe au couperet de l’administration américaine. Pourtant, plus d’un étudiant sur deux (les visas F, M, J) prolonge illégalement son séjour aux Etats-Unis, selon les données contenues dans le rapport daté du 5 août 2024 du Service des douanes et de la protection des frontières des Etats-Unis (CBP), chargé notamment de la lutte contre l’immigration illégale. La note « explicative » de la Maison Blanche ne précise pas, évidemment, si les négociations actuelles menées avec Kinshasa pour accéder aux minerais stratégiques rares dont le pays regorge expliquent cette mansuétude.
    La lecture du rapport des douanes, qui a servi de base de référence, montre que la décision américaine s’applique quasiment mécaniquement aux pays qui affichent le plus haut taux de visa overstay – sans tenir compte des valeurs absolues. Le Burundi se retrouve ainsi inscrit sur la deuxième liste à cause de 24 étudiants restés trop longtemps sur le sol américain après y être entrés légalement. Dans cette même situation, il y a 7 081 étudiants indiens, plus 12 882 touristes ou hommes d’affaires originaires du même pays. Mais compte tenu du nombre total d’Indiens entrés aux Etats-Unis, la proportion est moindre que pour le Burundi. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres.
    Ce travel ban n’est pas une surprise. Lorsqu’il a pris ses fonctions, le 20 janvier, Donald Trump a publié un décret demandant au département d’Etat d’identifier les pays pour lesquels « les informations relatives à l’examen et au filtrage sont si insuffisantes qu’elles justifient une suspension partielle ou totale de l’admission des ressortissants de ces pays ». Durant sa campagne, il avait également promis de « restaurer » le travel ban qu’il avait imposé à plusieurs pays – la plupart musulmans – durant son premier mandat (2017-2021).
    Le président américain estime que les cas de visa overstay constituent un « danger extrême ». Mais les chiffres contenus dans le rapport des douanes soulèvent des questions sur les cibles touchées. Les sept pays africains sanctionnés ne représentent ainsi que 0,5 % des quelque 314 110 cas enregistrés sur douze mois de mai 2023 à mai 2024. Sur une vidéo mise en ligne sur le réseau social X, Donald Trump a également évoqué l’attaque à Boulder (Colorado), survenue dimanche, pour justifier sa décision. Ce jour-là, un Egyptien entré légalement en 2022, mais dont le visa avait expiré depuis des mois, a lancé des engins incendiaires sur des participants à une marche hebdomadaire en soutien aux otages israéliens retenus depuis le 7 octobre 2023 par le Hamas dans la bande de Gaza. L’attentat a fait au moins 12 blessés.
    Quelque 2 700 Egyptiens sont en visa overstay. « Nous ne laisserons pas entrer dans notre pays les gens qui veulent nous faire du mal », a averti Donald Trump. L’Egypte échappe toutefois au travel ban, destiné également à « combattre le terrorisme par des normes de sécurité fondées sur le bon sens ». La Libye et la Somalie – ainsi que Cuba – sont en revanche épinglées comme des Etats soutenant le terrorisme.
    Amnesty International ne partage pas les mêmes valeurs normatives de « bon sens ». L’organisation de défense des droits humains juge que « la nouvelle interdiction de voyager est discriminatoire, raciste et carrément cruelle ». Tous les pays africains listés sont, à l’exception de la Sierra Leone, sous le joug de pouvoirs autoritaires, voire dictatoriaux. Certains sont ravagés, tel le Soudan, par la guerre. Mais ce n’est pas au nom de la défense des valeurs démocratiques ou humanistes que les Etats sont sanctionnés.
    En termes mesurés, l’Union africaine (UA) s’est dite « préoccupée par le possible impact négatif de telles mesures sur les relations interpersonnelles, les échanges éducatifs, les échanges commerciaux et plus largement les relations diplomatiques soigneusement entretenues depuis des décennies ».
    Parmi les pays « bannis », le Tchad, accusé de « mépris flagrant des lois américaines sur l’immigration », a été le plus prompt à réagir. Le président, Mahamat Idriss Deby, a averti sur sa page Facebook avoir « instruit le gouvernement à agir conformément aux principes de réciprocité et suspendre l’octroi de visas aux citoyens américains ». « Le Tchad n’a ni avion à offrir, ni des milliards de dollars à donner, mais le Tchad a sa dignité et sa fierté », a-t-il ajouté, en référence aux cadeaux donnés par certains Etats à Donald Trump pour le convaincre d’abaisser les nouveaux taux de douane exorbitants.
    Le président américain a quant à lui averti que « de nouveaux pays peuvent être ajoutés [à la liste des travel ban”] au fur et à mesure que des menaces émergent dans le monde ».

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#politiquemigratoire#travelban#visas#afrique#droit#sante

  • Kilmar Abrego Garcia, immigré salvadorien au cœur d’une bataille entre la justice fédérale et l’administration Trump, est rentré aux Etats-Unis
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/06/kilmar-abrego-garcia-immigre-salvadorien-au-c-ur-d-une-bataille-entre-la-jus

    Kilmar Abrego Garcia, immigré salvadorien au cœur d’une bataille entre la justice fédérale et l’administration Trump, est rentré aux Etats-Unis
    Le Monde avec AFP
    Un immigré salvadorien expulsé « par erreur », mais que l’administration Trump se disait dans l’incapacité de ramener, a été reconduit, vendredi 6 juin, du Salvador aux Etats-Unis, où il est désormais inculpé de trafic de migrants, a annoncé la ministre de la justice, Pam Bondi.
    Le cas de Kilmar Abrego Garcia, habitant de l’Etat du Maryland marié à une Américaine, cristallise depuis près de trois mois l’opposition entre la justice fédérale, dont la Cour suprême, et l’exécutif, accusé d’obstruction vis-à-vis des tribunaux qui contrarient sa politique d’expulsions massives.
    Il fait partie des plus de 250 hommes expulsés le 15 mars vers le Salvador, la plupart pour appartenance présumée au gang vénézuélien Tren de Aragua, déclaré « organisation terroriste » par Washington. Ils ont été incarcérés dans une prison de haute sécurité connue pour la dureté de ses conditions de détention.
    L’administration Trump a ensuite reconnu en justice une « erreur administrative » concernant Kilmar Abrego Garcia puisqu’un arrêté d’expulsion à son encontre vers le Salvador avait été définitivement annulé en 2019. Elle l’accuse cependant, malgré son absence de casier judiciaire, d’appartenir au gang salvadorien MS-13, également classé « terroriste » par les Etats-Unis en février.
    Mme Bondi a remercié le président salvadorien, Nayib Bukele. « Notre gouvernement a soumis au Salvador un mandat d’arrêt et ils ont accepté de le renvoyer dans notre pays », a-t-elle ajouté. S’il est reconnu coupable, Kilmar Abrego Garcia purgera sa peine aux Etats-Unis avant d’être expulsé vers le Salvador, a expliqué la ministre.
    Lors d’une rencontre à la Maison Blanche en avril, le président, Donald Trump, et son homologue salvadorien s’étaient pourtant déclarés dans l’incapacité de remédier à cette situation. M. Bukele a assuré vendredi sur X qu’il n’avait pas changé de position. « Mais nous travaillons avec l’administration Trump et s’ils demandent le retour d’un membre de gang pour faire face à la justice, bien sûr, nous n’allons pas refuser », a-t-il fait valoir.
    La Maison Blanche, après avoir juré depuis des mois que Kilmar Abrego Garcia ne remettrait jamais les pieds aux Etats-Unis, soutenait vendredi que son retour n’avait rien à voir avec son expulsion, niant qu’il se soit agi à l’origine d’une « erreur ».
    « Le gouvernement a fait disparaître Kilmar dans une prison étrangère en violation d’une décision de justice. Maintenant, après des mois de temporisation et de secret, il le ramène non pas pour corriger son erreur mais pour le poursuivre pénalement », a déploré lors d’une conférence de presse l’un de ses avocats, Simon Sandoval-Moshenberg. « Il se défendra vigoureusement des accusations portées contre lui », a déclaré l’avocat, disant vouloir rencontrer son client « dès que possible ».
    « Ce dossier concerne plus qu’un seul homme », a insisté Ama Frimpong, directrice juridique de l’organisation de défense des immigrés CASA. « Il s’agit de savoir si le gouvernement peut nous faire disparaître et nous réduire au silence, nous le peuple, braver des décisions de justice et utiliser des processus secrets pour ne pas avoir à rendre de comptes », a-t-elle expliqué.
    « Pendant des mois, l’administration Trump a bafoué l’autorité de la Cour suprême et notre Constitution », a pour sa part réagi dans un communiqué le sénateur démocrate Chris Van Hollen, qui avait pu rencontrer brièvement Kilmar Abrego Garcia en avril au Salvador. « Aujourd’hui, il semble qu’elle se soit enfin rendue à nos exigences de respecter les décisions de justice et les droits de se défendre accordés à quiconque aux Etats-Unis », s’est-il félicité. Donald Trump a érigé la lutte contre l’immigration clandestine en priorité absolue, évoquant une « invasion » des Etats-Unis par des « criminels venus de l’étranger » et communiquant abondamment sur les expulsions d’immigrés. Mais son programme d’expulsions massives a été contrecarré ou freiné par de multiples décisions de justice, notamment au motif que les personnes visées devaient pouvoir faire valoir leurs droits.

    #covid-19#migrant#migration#etatsunis#salvador#expulsion#politiquemigratoire#droit#sante

  • « Donald Trump a besoin d’#eau. Et il le sait. »

    Longtemps tenue pour acquise, l’eau pourrait se trouver au cœur des négociations à venir entre le #Canada et les États-Unis. La Maison-Blanche convoite à voix haute l’or bleu de son voisin du Nord et menace en privé de déchirer les accords qui encadrent depuis des décennies le partage de la ressource entre les deux pays. Portrait d’un Canada en eaux troubles depuis le retour aux affaires de #Donald_Trump.

    « [Les Américains] veulent nos ressources, ils veulent notre eau, ils veulent notre terre, ils veulent notre pays. » Plusieurs experts expriment aujourd’hui des craintes qui font écho à cet avertissement seriné tel un leitmotiv par le premier ministre Mark Carney au cours de la dernière campagne électorale.

    « Chez nos voisins du Sud, surtout au sein de l’allégeance républicaine, l’eau est une marchandise comme une autre, explique au Devoir Yan Cimon, professeur titulaire de stratégie à la Faculté des sciences de l’administration et vice-recteur adjoint aux affaires internationales et à la Francophonie de l’Université Laval. Je suis de ceux qui croient que l’eau sera un enjeu dans le renouvellement de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique. »

    Le président américain ne fait rien pour calmer cette croyance. Au moment où un brasier dévorait Los Angeles à l’automne 2024, le candidat Donald Trump évoquait tout haut le fantasme d’ouvrir un « immense robinet » sur le #fleuve_Columbia pour abreuver le Sud-Ouest états-unien.

    Revenu à la Maison-Blanche en janvier, il a aussitôt suspendu, dans le cadre d’une « vaste révision de ses engagements internationaux », des discussions entamées sept ans plus tôt pour renouveler le #traité qui régit le partage du cours d’eau entre les États-Unis et le Canada depuis 1964. Cette mise sur pause, ajoutée aux fanfaronnades sur le 51e État et sur la frontière « tracée à la règle » entre les deux pays, augure de bien mauvais jours pour l’eau canadienne.

    « Historiquement, la question de l’eau dans la relation canado-américaine était gérée de façon bilatérale, en toute bonne entente et par des gens qui n’étaient pas des élus, donc qui n’étaient pas politisés, explique Yan Cimon. Avec l’administration actuelle, la posture est très différente : elle essaie de tirer la couverture le plus possible de son côté. »

    L’or bleu canadien suscite la convoitise dans un monde confronté à une crise de l’eau sans précédent, où 4 milliards d’êtres humains manquent chroniquement d’eau et où la demande excédera de 40 % les capacités d’approvisionnement à l’horizon 2030, selon l’Organisation des Nations unies.

    Les États-Unis n’échappent pas à cette #sécheresse. Ses fleuves faiblissent, ses réservoirs s’assèchent : la superpuissance assoiffée lorgne du côté canadien, un territoire où se concentre 20 % de l’eau douce à la surface de la Terre, habité par à peine 0,4 % de la population mondiale.

    Dans ce contexte, les Canadiens ne doivent plus tenir leur eau pour acquise, croit la militante et autrice Maude Barlow, cofondatrice du Conseil des Canadiens et ancienne conseillère principale en matière d’eau auprès du président de l’Assemblée générale des Nations unies. D’autant plus que son abondance relève du mythe quand 60 % de cette eau court au nord de la baie d’Hudson et en Arctique, inaccessible à 80 % de la population.

    « Les États-Unis avaient de l’eau en abondance, mais ils l’ont gaspillée et ils ne montrent aucun signe de vouloir en prendre soin avec la guerre totale lancée contre la nature par cette administration, indique Mme Barlow. Le président regarde donc au Nord et croit faussement que le Canada en a à donner. Quand Donald Trump répète que son pays n’a pas besoin du Canada, il énumère les voitures, le bois, l’acier et l’aluminium canadiens, mais il ne mentionne jamais l’eau. Je suis convaincue que cette dernière sera une des monnaies d’échange exigées par Washington, parce que pour réaliser la renaissance industrielle qu’il a promise aux Américains, Donald Trump a besoin d’eau. Et il le sait. »

    « Le Canada a une cible dans le dos »

    Le Canada et les États-Unis se partagent 13 cours et étendues d’eau, dont les lacs Huron, Supérieur, Érié et Ontario qui concentrent, avec le lac Michigan, 84 % de l’eau douce de surface en Amérique du Nord. Trente millions de personnes vivent dans leur bassin, dont 30 % de la population canadienne. Plusieurs traités encadrent leur usage, notamment un pacte conclu en 2005 par l’Ontario, le Québec et les huit États américains limitrophes des Grands Lacs pour assurer leur gestion durable.

    L’entente paraît aujourd’hui en péril. Le New York Times rapportait en mars que Donald Trump a annoncé, au cours de sa dernière conversation avec l’ancien premier ministre Justin Trudeau, son intention de « déchirer les accords et les conventions » qui encadrent les #Grands_Lacs.

    « C’est là que réside la menace la plus sérieuse, estime Maude Barlow. Trump n’honore aucun #accord et il voit déjà l’eau des Grands Lacs comme la sienne. Il n’a qu’un décret à signer pour que le pacte de 2005 parte en fumée. Il pourrait aussi invoquer l’#état_d’urgence et déployer le corps des ingénieurs de l’armée — ou tout simplement pomper l’eau des Grands Lacs sans demander la permission. »

    Le Canada défendrait ses eaux en ordre dispersé en raison d’un complexe partage des compétences. Chaque province est propriétaire de l’eau sur son territoire en vertu de la loi constitutionnelle de 1867, mais la ressource tombe aussi sous la responsabilité des gouvernements autochtones et de « plus de 20 ministères et organismes » au fédéral.

    « Ça rend la tâche de combattre les menaces américaines très difficile, que ces menaces soient rhétoriques ou non », estime Tricia Stadnyk, spécialiste en modélisation hydrologique à l’École d’ingénierie Schulich de l’Université de Calgary.

    « Le Canada a une cible dans le dos, avertit la professeure dans un entretien publié en mai dans le magazine National, la revue de l’Association du Barreau canadien. Ce n’est pas une lutte équitable à l’heure actuelle. C’est plutôt un combat entre David et Goliath. »

    Se préparer au pire

    Même si le Canada interdit l’exportation de son eau, comment arrêter une administration américaine décidée à la puiser quand l’économie canadienne est à la merci de Washington ? s’interroge Maude Barlow.

    « Les lois et les accords peuvent ployer sous le poids de pressions politiques, rappelle-t-elle. Donald Trump peut arriver à la table des négociations et menacer d’imposer des tarifs de 100 % sur toutes les marchandises canadiennes, tant et aussi longtemps que nous ne lui livrons pas notre eau. Combien d’emplois serons-nous prêts à sacrifier pour lui tenir tête ? »

    Le Canada ne se défendrait pas seul, pense toutefois Yan Cimon. « Sur les enjeux canado-américains, il y a moins d’unanimité que nous le pensons chez les républicains. Dans les États limitrophes, les gens ont aussi l’habitude des relations bilatérales, ils comprennent la dynamique entre nos deux pays et ils savent que s’ils utilisent mal l’eau ou s’ils en abusent, ils font mal au Canada, mais aussi à eux-mêmes. »

    Face à une Maison-Blanche intempestive, le Canada devrait donc se préparer au pire tout en espérant le mieux, conclut le professeur de l’Université Laval. « Nous avons vu avec quelle rapidité Donald Trump peut procéder quand il décide de détruire un consensus. Le président peut se lever un matin, décider que l’eau est sa nouvelle priorité et se retirer des instances bilatérales qui encadrent son partage entre les deux pays. Ces instances n’étaient pas parfaites, mais elles offraient une façon de discuter des sujets qui fâchent. Malheureusement, conclut-il, nous ne sommes plus dans un univers qui nous permet d’espérer ça. »

    https://www.ledevoir.com/societe/888562/donald-trump-besoin-eau-il-sait
    #Etats-Unis #USA
    via @freakonometrics

  • A Harvard, les futurs étudiants étrangers privés de visas par Donald Trump
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/05/a-harvard-les-futurs-etudiants-etrangers-prives-de-visas-par-donald-trump_66

    A Harvard, les futurs étudiants étrangers privés de visas par Donald Trump
    Le Monde avec AFP
    Donald Trump poursuit son offensive contre les prestigieuses universités américaines. Mercredi 4 juin, il a annoncé interdire l’entrée aux Etats-Unis des étudiants étrangers devant intégrer Harvard. Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, le président républicain mène la charge contre des universités qu’il accuse de propager une idéologie « woke », terme utilisé de manière péjorative par les conservateurs pour dénoncer ce qu’ils perçoivent comme un excès de militantisme en faveur notamment des minorités.
    « Je suis arrivé à la conclusion qu’il est nécessaire de restreindre l’entrée aux ressortissants étrangers qui cherchent à venir aux Etats-Unis pour participer, exclusivement ou en grande partie, à un programme d’études de l’université Harvard », a déclaré Donald Trump dans un communiqué publié mercredi. Cette mesure, dont le gouvernement avait déjà menacé Harvard, s’applique immédiatement à l’encontre des « étrangers qui entrent ou tentent d’entrer aux Etats-Unis pour commencer à participer » à des programmes de l’université. Elle doit rester en vigueur pour six mois, sauf si elle est prolongée.
    Les étudiants étrangers actuellement inscrits à Harvard, l’université la plus ancienne des Etats-Unis et l’une des mieux classées au monde, feront, eux, l’objet d’un examen et pourraient voir leurs visas « révoqués », selon le texte. Un porte-parole de Harvard a dénoncé une « mesure de représailles illégale » prise « en violation » du premier amendement de la Constitution américaine, qui protège la liberté d’expression. « Harvard continuera à protéger ses étudiants étrangers », a-t-il ajouté.
    La plus ancienne université américaine s’est particulièrement attiré les foudres de l’administration Trump qui lui a retiré quelque 2,7 milliards de dollars en subventions fédérales, notamment pour la recherche en santé. Le gouvernement avait déjà menacé de retirer à Harvard sa certification SEVIS (Student and Exchange Visitor), le principal système par lequel les étudiants étrangers sont autorisés à étudier aux Etats-Unis.
    Cette mesure survient le même jour que la menace par le gouvernement de retirer à l’université Columbia son accréditation. Grand soutien d’Israël, Donald Trump accuse Columbia, comme Harvard, de ne pas avoir suffisamment protégé des étudiants juifs pendant les manifestations étudiantes contre la guerre dévastatrice d’Israël dans la bande de Gaza.
    Au cours des dernières semaines, la direction de Harvard avait assuré avoir pris des mesures pour s’assurer que ses étudiants et son personnel juifs ou israéliens ne se sentent ni exclus, ni intimidés sur le campus, tout en défendant le principe de la liberté académique et les droits des étudiants étrangers. Cette position a valu au président de l’université, Alan Garber, un concert d’applaudissements lors de la cérémonie de remise des diplômes la semaine dernière. A l’inverse, la présidente de Columbia avait été huée, lors d’une cérémonie similaire, par des étudiants qui lui reprochent de ne pas avoir agi pour empêcher l’arrestation de Mahmoud Khalil, figure du mouvement propalestinien arrêté dans une résidence de l’université et placé dans un centre de détention fédéral en Louisiane d’où il risque l’expulsion.

    #Covid-19#migration#migrant#etatsunis#politiquemigratoire#visas#etudiantetranger#droit#sante

  • Donald Trump, en difficulté sur son budget, renoue avec le « travel ban » et s’attaque à nouveau à Harvard
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/05/donald-trump-en-difficulte-sur-son-budget-renoue-avec-le-travel-ban-et-s-att

    Donald Trump, en difficulté sur son budget, renoue avec le « travel ban » et s’attaque à nouveau à Harvard
    Par Piotr Smolar (Washington, correspondant)
    La figure de l’étranger apparaît, plus que jamais, au cœur du second mandat de Donald Trump. Il est le repoussoir, la menace et la proie à traquer. Dans un décret attendu, publié mercredi 4 juin, le président américain renoue avec le « travel ban », l’interdiction d’entrée aux Etats-Unis, qu’il avait déjà pratiquée en janvier 2017. Cette fois, douze pays sont visés : l’Afghanistan, la Birmanie, le Tchad, le Congo-Brazzaville, la Guinée équatoriale, l’Erythrée, Haïti, l’Iran, la Libye, la Somalie, le Soudan et le Yémen. Sept autres sont concernés par des restrictions partielles : le Burundi, Cuba, le Laos, la Sierra Leone, le Togo, le Turkmenistan et le Venezuela. Ces interdictions et restrictions entreront en vigueur le 9 juin.
    « Nous ne laisserons pas ce qui s’est passé en Europe arriver en Amérique. » C’est ainsi que Donald Trump a justifié cette mesure, par une allusion méprisante aux alliés des Etats-Unis. Dans une brève allocution vidéo, il a expliqué qu’il avait demandé au département d’Etat, dès son retour à la Maison Blanche, de composer une liste des pays problématiques. Les critères retenus sont la présence massive de terroristes, une coopération insuffisante en matière de visas, une quantité importante de ressortissants dépassant le délai prévu de leur séjour aux Etats-Unis. « La liste est sujette à révision », a expliqué Donald Trump. Les pays consentant des efforts pourraient en être retirés, d’autres ajoutés.
    Une nouvelle fois, l’administration américaine entretient une confusion entre immigration légale et illégale, sans-papiers et criminels. Donald Trump et ses proches ne cessent de répéter un chiffre qu’aucune étude sérieuse ne confirme : la présence de 21 millions de sans-papiers aux Etats-Unis. Le décret présidentiel détaille les manquements attribués à chaque pays visé, par manque de coopération ou Etat central inefficace. Dans le cas d’Haïti, il est fait mention de l’arrivée de « centaines de milliers » de ressortissants pendant le mandat de Joe Biden. « Cet afflux porte atteinte aux communautés américaines en créant des risques aigus de taux en hausse de dépassement du séjour, d’établissement de réseaux criminels et d’autres menaces à la sécurité nationale », précise le texte.
    Selon le décret, ce « travel ban » répondrait à plusieurs objectifs : protéger les citoyens contre des terroristes prétendant s’infiltrer parmi eux ; viser ceux qui menacent la sécurité nationale, propagent une « idéologie de haine » ou cherchent à exploiter la législation migratoire. A sa troisième version, lors du premier mandat Trump, un texte similaire avait été validé par la Cour suprême, en juin 2018. A l’époque, la plupart des pays visés – cinq sur sept – étaient à majorité musulmane. Tandis qu’un chaos total avait été constaté dans les points d’entrée sur le territoire, notamment les aéroports, une féroce contestation politique et judiciaire s’était développée au fil des mois, dénonçant notamment les propos antimusulmans et xénophobes de Donald Trump. Mais le président de la Cour suprême, John Roberts, avait conclu, avec quatre autres juges, que la question migratoire se trouvait au cœur des prérogatives de l’exécutif. Devenu président, Joe Biden avait mis un terme au « travel ban ». Donald Trump reprend donc son initiative d’origine, en l’amplifiant.
    « Les dix-neuf pays concernés par ce nouveau ban représentent près de 475 millions de personnes », note, dans un communiqué, l’organisation American Immigration Council. « Ces interdictions de voyager ne font rien pour nous rendre plus sûrs ou plus prospères, note son directeur, Jeremy Robbins. Ils portent atteinte à notre économie et punissent de façon indiscriminée les immigrants qui, par ailleurs, satisfont les critères pour venir légalement aux Etats-Unis. » Selon ce responsable, les dégâts pour l’économie du pays pourraient se révéler importants. Du côté des démocrates, de nombreuses voix s’élevaient, mercredi soir, pour dénoncer une diversion de la Maison Blanche, qui mise sur un sujet identitaire confortant sa base et électrisant l’opinion publique.
    Cette nouvelle initiative intervient alors que l’administration est confrontée à deux difficultés majeures dans sa politique migratoire : financière et judiciaire. Elle attend avec impatience le passage définitif au Congrès de son train de dépenses appelé « Big Beautiful Bill » (BBB), très dispendieux sur le plan fiscal, qui accorde aussi des moyens considérables aux forces de la sécurité intérieure. Mais, après le vote à la Chambre des représentants, le sort du projet de loi au Sénat demeure incertain. Elon Musk, pourtant allié précieux de Donald Trump depuis la campagne, appelle publiquement les républicains à « tuer » le BBB. Il ouvre ainsi la voie à une montée de la contestation, chez les conservateurs trouvant ce texte trop coûteux.
    Sur le plan judiciaire, la bataille est féroce dans des dizaines de juridictions et jusqu’à la Cour suprême, pour débattre de la légalité des mesures expéditives prises par l’administration, méprisant le droit au recours des clandestins arrêtés. Mercredi, un juge du Colorado a suspendu l’expulsion vers l’Egypte de la famille d’un homme coupable d’une agression antisémite au cocktail Molotov, lors d’un rassemblement de soutien à Israël dans la ville de Boulder, blessant 15 personnes. « Arrêtez le coup d’Etat judiciaire », a réagi, sur le réseau X, le chef adjoint de l’administration présidentielle, Stephen Miller, chargé du dossier migratoire.
    Dans son message vidéo, Donald Trump a également mentionné cette attaque dans le Colorado, nouvelle étape de son affrontement avec les juges fédéraux. « La récente attaque terroriste à Boulder a mis en évidence les dangers extrêmes posés à notre pays par l’entrée d’étrangers qui ne sont pas correctement passés au crible, ainsi que par ceux qui entrent ici comme visiteurs temporaires et restent au-delà de leur visa, a dit le président américain. Nous ne voulons pas d’eux. » Pourtant, l’Egypte ne figure pas sur la liste des pays visés par le texte, alors que l’agresseur de Boulder est un ressortissant du pays. Le Caire bénéficie-t-il d’un traitement de faveur en raison de son rôle essentiel dans le dossier Gaza ? Ses services secrets demeurent, avec le Qatar, l’un des seuls interlocuteurs du Hamas dans le territoire palestinien.
    En cette même soirée, un autre décret présidentiel a une nouvelle fois pris pour cible l’université Harvard, symbole absolu pour Donald Trump de la reproduction d’élites libérales hostiles à sa personne. Il a décidé d’interdire l’entrée aux Etats-Unis aux étudiants et visiteurs désireux d’y travailler dans le cadre d’un programme spécifique de visas. Cette mesure est valable pour six mois, délai renouvelable. Il revient au secrétaire d’Etat, Marco Rubio, de statuer sur le sort des étudiants déjà présents sur le sol américain. En outre, des exceptions pourraient être accordées à des étudiants étrangers dont la venue correspondrait à « l’intérêt national » des Etats-Unis.
    Dans une confusion extraordinaire, le texte fait à la fois mention d’un risque d’espionnage industriel, de captation de secrets technologiques sous couvert de visas étudiants – en visant nommément la Chine –, de questions d’ordre public et enfin d’une discrimination à l’admission, pratiquée par Harvard. Sur le premier point, note le décret, Harvard aurait reçu, depuis dix ans, plus de 150 millions de dollars (plus de 131 millions d’euros) de fonds en provenance de Chine, dans le cadre de programmes de formation et de coopération qui profiteraient à la sécurité de ce rival.
    « Les taux de criminalité à l’université Harvard – dont ceux pour les actes violents – ont augmenté de façon drastique ces dernières années, note le décret. Harvard a échoué à répondre sur un plan disciplinaire à au moins certaines catégories de conduites illicites sur le campus. » Cette mesure punitive est une rétorsion pour un supposé manque de coopération, selon la Maison Blanche. L’université refuserait de communiquer au département de la sécurité intérieure les informations personnelles et les dossiers disciplinaires des étudiants impliqués dans des activités illégales. Selon le décret, Harvard aurait fourni des informations, très incomplètes, sur seulement trois étudiants. Ce refus de coopérer compromettrait « la sécurité nationale » des Etats-Unis.
    Enfin, le dernier reproche retenu concerne la composition des effectifs étudiants, qui ne représenteraient pas assez la diversité d’opinion. Invité d’une conférence à Washington mardi, le vice-président, J. D. Vance, a prétendu que, sans doute, 95 % des étudiants de Harvard avaient voté pour Kamala Harris. Il a comparé cela à un pays : la Corée du Nord.

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