• « Je suis fier d’avoir donné à manger » : un employé d’aéroport licencié pour avoir offert des sandwichs invendus à des SDF
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/bouches-du-rhone/marseille/je-suis-fier-d-avoir-donne-a-manger-un-employe-d-aeropo
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/image/ekAXiGRfHgEixXiJMTuCqV-THKQ/930x620/regions/2025/04/12/maxstockfr268791-67fa89f8849fb872251797.jpg
    Les sandwiches, bientôt périmés, étaient donnés à des SDF mais aussi à des femmes de ménages et des agents de sécurité. • © Patrick Lefevre / MAXPPP

    Terminal 1, Sabri était garçon de comptoir-limonadier. Pendant 30 ans, il remplissait un chariot avec des invendus alimentaires de Starbuck et Prêt-à-manger. Il allait ensuite à la rencontre des SDF de l’aéroport et leur offrait cette nourriture destinée à être jetée, les dates de péremption étant très proches.

    80 SDF dans tout l’aéroport

    "Je commençais par les SDF, on les connaît tous. Il y en a qui sont là depuis plus de 20 ans. Je connais une femme adorable, d’une grande dignité qui ne demande jamais rien, même pas un verre d’eau. Une autre lave son linge ici et puis l’étend". Ils sont des dizaines à Marseille-Provence, 80 dans tout l’aéroport selon Sabri.

    La distribution des invendus s’étend ensuite aux femmes de ménage et aux agents de sécurité. Sabri raconte que les femmes de ménage sont celles de l’aéroport, "elles nettoyaient chez nous en échange de nourriture". Il dit qu’il ne s’est jamais caché, que tout se passait dans la plus grande transparence, sous les caméras de vidéosurveillance. "Ma direction était au courant, le directeur opérationnel de l’aéroport aussi" affirme-t-il. "Il y avait une surproduction, mon supérieur me disait que c’était bien comme ça, de continuer. Sinon, il était obligé de sortir de l’enceinte de l’aéroport pour jeter dans des poubelles spéciales, ça a un coût".

  • https://blogs.mediapart.fr/collectif-chronik/blog/071224/notre-dame-de-paris-ou-l-evergetisme-des-riches-face-une-taxation-pl

    Dès les premiers jours qui ont suivi l’incendie de Notre-Dame de Paris, nous avons assisté à ce qu’il convient de nommer une débauche d’évergétisme de la part des grandes fortunes du pays. Cette terminologie, forgée par les historiens de la Rome ancienne et la Grèce hellénistique pour désigner les dons, ou bienfaits, ostentatoires des plus riches à la Cité, n’est pas sans conséquences. Ils se traduisaient par des constructions d’édifices publics (marché, salles de réunion, temples, …), de spectacles (jeux du cirques, représentations théâtrales), du pain à faible prix, et des fêtes en direction de populations fortement paupérisées, les sociétés méditerranéennes elles aussi puissamment inégalitaires. Au-delà du prestige qu’ils conféraient aux donateurs il s’agissait pour ces derniers de conforter leur position sociale au sein de la Cité.

  • Inoxtag : pourquoi le documentaire « Kaïzen » est-il déjà un phénomène ? Une sociologue décrypte
    https://www.sudouest.fr/culture/cinema/inoxtag-pourquoi-le-documentaire-kaizen-est-il-deja-un-phenomene-une-sociol

    Interview d’Anne Cordier

    Le jeune créateur de contenus Inoxtag atteint des sommets avec son documentaire « Kaïzen », diffusé au cinéma, sur Youtube et bientôt sur TF1, qui relate son ascension de l’Everest. Un engouement qui fait sauter les frontières générationnelles, mais ouvre aussi de nouveaux horizons au monde de l’influence. Décryptage

    C’est l’événement culturel du week-end. Avec plus de 20 millions de vues sur YouTube en 72 heures, 340 000 spectateurs lors d’une séance unique au cinéma et une diffusion prévue sur TF1, rien n’arrête l’ascension du documentaire relatant la montée du YouTubeur Inoxtag au sommet de l’Everest.

    Mis en ligne samedi à la mi-journée sur Youtube, le film « Kaïzen » bat des records d’audience et génère des centaines de milliers de commentaires, provenant notamment d’internautes bien loin du public habituel du jeune vidéaste de 22 ans.

    Comment expliquer cet engouement ? Pourquoi fédère-t-il autant et que dit-il des nouveaux codes de l’influence ? Anne Cordier, professeure en sciences de l’information et de la communication à l’Université de Lorraine, a accepté d’analyser le phénomène.
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    L’alpiniste et cameraman Louis Jammes nous a raconté son aventure avec Inoxtag. Le documentaire sort ce vendredi au cinéma

    Le film d’Inoxtag a bénéficié d’une sortie dans les salles de cinéma partout en France et de plus de 20 millions de vues sur Youtube en seulement trois jours. Selon vous, à quoi est dû un tel succès ?

    Je pense, à un véritable et profond besoin de socialiser, d’être ensemble, et de se sentir appartenir à une communauté, à un tout. Symboliquement, c’est ça que ça nous renvoie comme signal : une jeunesse qui se fédère autour d’une personne et de ce qu’elle représente, aussi bien dans ses valeurs que dans son ambition. Une jeunesse qui, contrairement à ce qu’on dit, ne se coupe pas du monde, mais au contraire, refait société à travers cet événement. Parce que concrètement, les jeunes se sont retrouvés, se sont déplacés pour aller voir un événement dont ils savaient qu’il serait disponible gratuitement en ligne. Symboliquement, c’est très fort.

    Et puis, je n’ai pas d’éléments tangibles pour documenter ça, donc il s’agit uniquement d’une hypothèse, mais je me demande aussi dans quelle mesure le contexte et la morosité actuelle ne sont pas un facteur de réussite et d’adhésion du public. Parce que bon, il n’y a plus les JO, et c’est quand même plus que morose, voire très sombre comme période, et est-ce que ce n’est pas aussi « parlons d’évasion, de découverte, de choses positives, on en discute ensemble autour de quelqu’un qui est plutôt consensuel, et on se fait plaisir ».

    Enfin, ce qui est remarquable aussi, c’est que ça a fédéré au-delà du public habituel de ce créateur de contenu, et c’est ce que mes étudiants m’ont dit ce matin : « On en a parlé à d’autres et on a entraîné nos parents, nos grands frères ». Donc oui, il y a vraiment une façon de refaire société. Et je trouve ça très chouette…

    Ce partage intergénérationnel, c’est ce qu’on appelle une rétro-socialisation en sociologie. Cela signifie que ce sont les enfants qui apprennent aux adultes et non l’inverse. C’est quelque chose de très positif et d’assez exceptionnel

    Ce partage générationnel, c’est un phénomène nouveau dans le monde de l’influence ou des réseaux sociaux ?

    Nouveau, je ne sais pas, mais c’est quelque chose que les enfants et les adolescents appellent de leurs vœux. Dans les échanges et entretiens que j’ai pu mener sur le sujet, beaucoup regrettent d’être méprisés, par leurs proches ou « dans les médias », comme ils disent. Les adultes, notamment les politiques, leur renvoient souvent cette image d’une jeunesse un peu abrutie, aliénée par des contenus pas intéressants… Ce partage intergénérationnel, c’est ce qu’on appelle une rétro-socialisation en sociologie. Cela signifie que ce sont les enfants qui apprennent aux adultes et non l’inverse. C’est quelque chose de très positif et d’assez exceptionnel. Jusqu’ici, sur les gros événements des créateurs de Youtube, comme le GP de Squeezie, très clairement, on ne le voyait pas. Les parents n’étaient pas mobilisés, au contraire, on voyait souvent des parents qui disaient « je ne sais même pas ce que c’est »… là, Inoxtag change la donne.

    L’engouement médiatique autour de « Kaïzen » semble aussi trancher avec la manière dont le monde des créateurs de contenu ou de l’influence était généralement présenté au grand public jusqu’ici. Comment expliquez-vous cette bascule ?

    Effectivement, il y a quelque chose de nouveau autour de ce documentaire. Moi j’aimerais que ce soit beaucoup plus général et que ça contamine le reste. Je pense qu’il y a quand même une stratégie de communication de la part d’Inoxtag qui est exceptionnelle, extrêmement bien faite et qui explique en partie cet engouement. Et puis, justement, ce qu’il propose, ça fait écho à des rêves d’adultes. Les rassemblements organisés par Squeezie, à côté, ça reste associé à un « truc de jeunes ». Alors que là, l’aventure elle-même est fédératrice. Ça fascine aussi les adultes, ça fait appel à l’esprit aventurier ou découvreur de toutes les générations, et je pense que c’est sur ça, en fait, que ça rassemble. Le rapport à l’exploit, à la nature, à une forme d’exploration exceptionnelle… Ça renvoie une image plutôt sérieuse, d’où le fait qu’il y ait une adhésion plus importante, y compris de générations plus âgées.
    Anne Cordier salue « un coup de maître » en termes de communication. « Inoxtag a réussi à allier une stratégie de communication à un processus éducatif sur le temps long et une sensibilisation du public. »
    Anne Cordier salue « un coup de maître » en termes de communication. « Inoxtag a réussi à allier une stratégie de communication à un processus éducatif sur le temps long et une sensibilisation du public. »
    JOEL SAGET / AFP

    Alors qu’il a basé sa carrière sur les réseaux sociaux et l’influence, Inoxtag passe dans ce film un appel à la déconnexion et au recentrage sur des valeurs simples. Que pensez-vous de ce paradoxe ?

    C’est malin, car avec ça, il surfe sur les grands discours des adultes à propos des pratiques numériques des jeunes. Et l’adhésion de ces adultes à ces propos d’Inoxtag est aussi très paradoxale : ils adhèrent beaucoup à cet événement, qui est un pur produit d’internet, mais en même temps, ça les conforte dans leur obsession des pratiques connectées juvéniles. Et donc, « arrêtez les écrans », ça tombe bien que ce soit Inoxtag qui le dise. Comme pour beaucoup de choses, on repose sur un paradoxe, parce que est-ce qu’il y a une si grande compréhension que ça de ce que sont les pratiques connectées ? Quand, justement, on fait un film pour appeler à ne plus se connecter, c’est un peu ambigu… Mais de toute façon, on a un rapport au numérique très ambigu dans notre société.

    Le succès du film et ses retombées médiatiques sont retentissants. Le résultat d’une stratégie de communication particulière ?

    Ce qui est intéressant, c’est quand même tout l’effet teasing, « je vous inclus dans la préparation du projet », parce qu’il a raconté cette préparation et l’a mise en scène pendant des mois. Mais son storytelling est conçu de façon qu’on soit sur « je ne vous en dirai pas plus, vous saurez à la fin » ; il a maintenu une sorte de suspense, et ça, pour le coup, ça permet une montée en puissance de l’intrigue, et c’est très fort, il faut le reconnaître.

    C’est très marquant, parce qu’on est habitués à ce que les créateurs de contenu fassent ce genre de storytelling, mais sur un temps court, pas sur une année complète. Évidemment, le caractère grandiose de l’entreprise, gravir l’Everest, conduit à ce temps long, et à toute cette partie de préparation, qui elle-même instruit les utilisateurs. J’ai trouvé que c’était intéressant, parce qu’il a réussi à allier une stratégie de communication à un processus éducatif sur le temps long et une sensibilisation du public. C’est un coup de maître, en termes de communication, franchement.

    « TF1, ça veut dire un public qui potentiellement est plus âgé, donc par exemple des grands-parents, avec qui on va pouvoir en parler. »

    Un film projeté au cinéma, un budget colossal, une réalisation impeccable et un succès fou : qu’est-ce que ce film dit du monde de l’influence aujourd’hui ?

    Ça nous dit qu’il y a beaucoup de porosité avec le cinéma, la télé ou le divertissement traditionnels, bien plus qu’avant. Et pour le coup, on n’a jamais eu une expérience à si grande échelle. Donc ça nous signifie vraiment qu’on est dans un monde où toutes ces sphères sont poreuses. Et en même temps, ça signifie aussi que c’est ça, le vrai monde. On a toujours eu tendance à dire « il y a la vraie vie d’un côté, et la fausse vie de l’autre, sur internet », et puis « on ne sait plus trop : virtuel, pas virtuel »… Un événement comme « Kaïzen », ça nous montre bien que tout participe d’un seul et unique monde, qui là, en plus, se rassemble.

    La chaîne TF1 a annoncé qu’elle allait diffuser le film. Quel est son intérêt alors qu’il est en accès libre sur internet ?

    Ce n’est pas la même expérience. Les personnes qui ont déjà vu le film l’ont vu avec une expérience singulière : soit en salle, mais pas avec les mêmes personnes que celles avec lesquelles elles vont regarder quand ça va passer sur TF1 ; soit en ligne, gratuitement, mais là aussi, pas dans les mêmes conditions ni avec les mêmes personnes. En fait, c’est une diversification des propositions d’expérience. Et au final, le contenu importe peu : l’expérience sensible prime sur le contenu. TF1, ça veut dire un public qui potentiellement est plus âgé, donc par exemple des grands-parents, avec qui on va pouvoir en parler. Le lien grands-parents/enfants est très important, notamment par rapport au numérique. De façon très surprenante peut-être, c’est un lien très fort parce que c’est un lien vraiment de compréhension : les grands-parents ont beaucoup moins d’action d’interdiction au quotidien sur les jeunes, donc le rapport qu’ils tissent avec eux n’est pas le même. Là, il va y avoir ce plaisir de partager ensemble. « D’habitude c’est « Échappées belles » que mes grands-parents regardent, eh bien cette fois, moi aussi j’ai un truc à leur montrer, c’est Inoxtag, voilà ce que c’est, et voilà ce que je fais quand je suis avec mon téléphone ». Ça veut dire tout ça, derrière.

    Que ce soit sur le fond (l’ascension de l’Everest) ou la forme (un documentaire ambitieux et coûteux), ce film illustre aussi une forme de course au gigantisme. Quelles en seraient les éventuelles dérives, selon vous ?

    Il ne faut pas se mentir, ce film est rendu possible dans un modèle économique qui repose sur le capitalisme de données. Il faut voir tout ça derrière aussi, et quand je parle de « coup de maître » en termes de communication, je ne suis pas en adoration devant le procédé.

    Cette ampleur-là, elle est aussi l’ampleur d’un modèle économique qui a priori a gagné et qui domine, celui de la capitalisation des données, celui des traces. Ce gigantisme, c’est aussi le règne du blockbuster. Alors comment faire poids, en face, quand on propose des contenus qui surfent peut-être un peu moins sur la vague ? Ça peut mettre en danger les créations d’auteurs ou de créateurs de contenu considérés comme plus intimistes, ou qui s’intéressent à des sujets moins vendeurs, pour lesquels les sponsors sont moins prêts à signer. Cela accentue forcément le modèle consumériste, même si le message du film laisse penser le contraire.

    #Anne_Cordier #Inoxtag #Everest #Convergence_des_médias

  • Voilà ce à quoi je me suis attelée ces derniers jours, la cartographie d’une exposition d’oeuvres d’art open air à #Giubiasco (ma ville de naissance) avec #OpenStreetMap (#OSM) :

    Cela m’a pris pas mal d’heures de travail (j’y ai travaillé presque deux jours entre travail de relevé sur le terrain et photos + travail à l’ordi pour saisir les données collectées), mais je suis fière d’avoir contribué (et appris à le faire) parallèlement à OpenStreetMap et à #WikimediaCommons, en y ajoutant les #sculptures de l’exposition.

    Sculptures qui ne sont recensées nulle part sur le site web de la municipalité ou ailleurs (en tout cas, moi je n’ai pas trouvé...).

    Les #photographies sont à voir ici (elles ne sont pas, elles, des oeuvres d’art, mais le but était surtout de faire une sorte de recensement public) :


    https://commons.wikimedia.org/w/index.php?search=giubiasco+scultura&title=Special:MediaSearch&go=

    Et la belle surprise, un message reçu par un utilisateur OSM :
    Since you’ve added images and their link, the artworks now show up nicely on dedicated web maps, for example mapcomplete/artworks : https://mapcomplete.org/artwork?z=18.4&lat=46.17221265391086&lon=9.011433464468382

    Je ne savais pas l’existence de #mapcomplete, et ça donne ça (c’est wow) :

    #cartographie #cartographie_participative

  • Google and Microsoft consume more energy than some countries due to AI advances | Windows Central
    https://www.windowscentral.com/microsoft/microsoft-and-googles-electricity-consumption-surpasses-the-power-us

    What you need to know

    Google and Microsoft each consumed 24 TWh of electricity in 2023.
    They are among the top tech firms championing renewable energy as a plausible alternative power source for their sophisticated advances.
    Both companies have data centers that consume power to keep their cloud services running, including their AI efforts.

    #everything_is_fine

  • [L’Oeil Carnivore] Les coulisses du cinéma d’animation avec #cédric_nicolas !
    https://www.radiopanik.org/emissions/l-oeil-carnivore/le-coulisses-du-cinema-danimation-avec-cedric-nicolas

    A l’occasion de l’émission 102 de L’oeil carnivore, je reçois Cédric Nicolas illustrateur et directeur technique en animation #3d. Vous pouvez voir son travail en suivant ces liens : https://www.cedriclefox.com https://player.vimeo.com/video/311405835?h=f4bf7d7aee On vous parle aussi des #intelligences_artificielles et comment elles changent le travail des artistes. Cédric a un point de vue interressant sur le sujet. A l’occasion des Oscars, on reviendra enfin sur les films #everything_everywhere_all_at_once et #rrr. Retrouvez la diffusion de cette émission à cette adresse : https://www.twitch.tv/oeilcarnivore

    #art #illustration #oeil_carnivore #unreal_engine #amination #ia #cédric_lefox #oscars. #art,illustration,oeil_carnivore,unreal_engine,cédric_nicolas,intelligences_artificielles,3d,amination,ia,cédric_lefox,oscars.,rrr,everything_everywhere_all_at_once
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/l-oeil-carnivore/le-coulisses-du-cinema-danimation-avec-cedric-nicolas_15516__1.mp3

  • L’historien Paul Veyne, spécialiste de l’Antiquité grecque et romaine, est mort

    Professeur à l’université de Provence et à l’Ecole pratique des hautes études, chercheur original et libre, il a détenu la chaire Histoire de Rome au Collège de France. Il est mort, jeudi, à l’âge de 92 ans.

    Franc-tireur aussi profond que dilettante, l’historien Paul Veyne, spécialiste de l’Antiquité grecque et romaine, est mort, jeudi 29 septembre, à l’âge de 92 ans, à Bédoin, village du Vaucluse où il avait élu domicile, a appris Le Monde auprès de la maison d’édition Albin Michel.
    S’il laisse l’impression d’une telle singularité dans le monde des historiens, c’est que son rapport à la discipline a d’emblée été singulier. Quand il naît, le 13 juin 1930, à Aix-en-Provence, au sein d’une famille liée à la vigne – des grands-parents viticulteurs, un père employé de banque devenu courtier en vins –, le prestige de la famille tient à la pérennité et à la transmission immuable des valeurs et des biens.

    Pour l’enfant, le déclic est tout autre. Une promenade sur les hauteurs de Cavaillon, à 8 ans, où, arpentant un site celtique, il trébuche sur un fragment d’amphore qui lui fait l’« effet d’un aérolithe ». Un choc avant tout romanesque, proche d’une expérience de science-fiction. Rien à voir avec une conscience historique encore. Il faut dire qu’il n’y a quasiment pas de livres chez lui, où ils sont jugés « insolites » et « inutiles », rares et dispendieux, et la fréquentation des librairies inconnue. Nouvelle rencontre intrigante avec le passé lorsqu’il découvre, élève de 6e au lycée Mignet, un hymne homérique à la louange de Déméter qui le charme et lui semble d’une étrangeté absolue. Il y découvre « un autre langage, un autre temps ».

    Des rencontres décisives

    C’est ce qui est décisif pour Paul Veyne. La trace, l’indice, le fragment qui interpelle et oblige à réfléchir. Pas de goût de la certitude, mais celui du vertige devant l’inconnu. Ce qui assure d’emblée son rapport essentiel à la littérature, à l’expression artistique et à ce monde qui s’enfuit en ne laissant que des vestiges dont la compréhension pleine échappe. De fait, pendant l’Occupation, l’adolescent hante les salles du Musée archéologique de Nîmes, où il déchiffre les inscriptions par goût des énigmes plus que par souci d’érudition. Une façon d’être en marge d’une famille pétainiste dont il exorcisera plus tard le souvenir, en 1952, en adhérant – fugitivement – au Parti communiste, qu’il quitte cependant, trop indépendant pour être un bon militant, au terme d’un compagnonnage qu’il analysera comme un passage éphémère dans une « secte » quand l’URSS mettra Budapest au pas en novembre 1956.

    Comme l’enfant semble peu armé pour suivre la lignée familiale – ni le commerce, ni le négoce, ni même l’administration ne semblent faits pour celui qui s’ouvre au monde au hasard des virées dans la nature et des lectures scolaires –, un notaire ami de la famille suggère la voie de l’Ecole normale. Bac en poche, Paul fréquente Paris et l’hypokhâgne d’Henri-IV, puis la khâgne du lycée Thiers, à Marseille, avant de retrouver la capitale, et l’Ecole normale supérieure (1951-1955) où il croise quelques aînés décisifs : Jacques Le Goff (1924-2014), Louis Althusser (1918-1990), jeune agrégé préparateur, Michel Foucault (1926-1984) surtout.

    En 1955, il est reçu 2e à l’agrégation de grammaire derrière Georges Ville (1929-1967), avec lequel il se lie d’une amitié essentielle – lorsque le jeune conservateur au département des antiquités grecques et romaines du Louvre trouve la mort sur une route d’Espagne, à 37 ans, Paul Veyne fait tout pour que ses travaux, notamment sa thèse sur La Gladiature en Occident des origines à la mort de Domitien, soient publiés (chose faite en 1981 pour la thèse, rééditée avec une courte préface inédite de Veyne en 2014, à l’Ecole française de Rome).

    Des références diverses

    Paul Veyne part pour l’Ecole française de Rome dès 1955. L’institution, qui n’a pas à proprement parler de programme, convient bien au jeune homme. Il travaille sérieusement l’épigraphie et se forme à l’archéologie grâce à de nombreux voyages d’études, tant dans la Péninsule (Latium, Campanie) qu’à ses abords méditerranéens (Utique, près de Carthage). Si, loin des sujets institutionnels ou militaires, ce sont les domaines démographiques ou agraires qui le retiennent, à l’instar des chantiers prônés par l’école des Annales, pourtant peu représentée dans le monde des antiquisants, il s’y attelle en franc-tireur, sans modèle ni credo. Et, de son passage au Maghreb, il retient surtout la violence insoutenable des rapports entre colons et indigènes, qui l’ébahit. Il en revient très remonté, et quand la suspicion de l’usage de la torture par les militaires français dans le conflit algérien se précise, Veyne condamne publiquement ce recours, ce qui lui vaut une surveillance policière serrée.

    De retour en France, il retrouve en 1957 et pour cinq ans le chemin de l’Ecole pratique des hautes études (EPHE), qu’il avait fréquentée entre 1951 et 1954, tout en étant assistant à la faculté des lettres de Paris (1957-1961), et précise son projet de thèse sur « Le système des dons dans la vie municipale romaine ». Sous la conduite de William Seston (1900-1983), Veyne instruit en épigraphiste sourcilleux le dossier de l’évergétisme dans une optique qui dépasse les usages historiens pour emprunter à l’ethnologie, à l’anthropologie et à la sociologie, dans le sillage de Marcel Mauss (1872-1950) et de son fondateur Essai sur le don (1923). Tous deux également sociologues, le philosophe Georg Simmel (1858-1918) et l’économiste Max Weber (1864-1920) sont ses autres références, ce dont l’historien Fernand Braudel s’offusque. Qu’importe ! Veyne trace lui-même sa voie.

    Historien désormais, maître de conférences à la faculté des lettres d’Aix dès 1961, où il finit professeur, Paul Veyne, tout en achevant sa thèse, qu’il soutient en 1974, signe un décapant essai d’épistémologie, initialement conçu comme une introduction à son grand œuvre, Comment on écrit l’histoire (Seuil, 1971) – il le complète en 1978 en y adjoignant sa révérence à son ami Michel Foucault, Foucault révolutionne l’histoire –, qui séduit Raymond Aron (1905-1983). Et quand le philosophe cherche un agrégé normalien comme successeur apte à gérer son œuvre après sa disparition – Pierre Bourdieu (1930-2002), dauphin pressenti, s’étant récusé –, il pense logiquement à Veyne et favorise son entrée au Collège de France dès 1975. Une promotion qui n’éloignera pas Veyne de l’université de Provence, où il continuera parallèlement son enseignement. Mais entre les deux intellectuels, la rupture est fulgurante puisque dès sa leçon inaugurale, « L’inventaire des différences », Paul Veyne, alors qu’il salue Philippe Ariès, Louis Robert ou Ronald Syme, « oublie » de mentionner Raymond Aron. Une faute que le philosophe ne lui pardonne pas.

    Goût de l’audace et du défi

    La chaire intitulée prudemment « Histoire de Rome » ne contraint Veyne à aucun assagissement. Alors que les éditions du Seuil accueille une version « grand public » de sa thèse – Le Pain et le cirque. Sociologie historique d’un pluralisme politique (1976) – qu’il juge très vite trop « aronienne », ni « contestataire » ni « déstabilisatrice » comme il le souhaitait, Paul Veyne, fort de son rapprochement avec Michel Foucault, propose un réexamen critique de la nature et du pouvoir des mythes, interrogeant du côté de la réception ce dont Marcel Detienne (1935-2019) et Luc Brisson étudiaient par ailleurs la spécificité. Inaugurant la collection « Des travaux » au Seuil, Veyne poursuit son investigation (Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ? Essai sur l’imagination constituante, 1983).

    Fondamentalement libre, Veyne joue sur tous les registres qui l’attirent. S’il réunit en recueil nombre de ses travaux (L’Empire gréco-romain, Seuil, 2005) ou interroge certains moments-clés de l’Antiquité tardive dans une relecture ébouriffante (Quand notre monde est devenu chrétien. 312-394, Albin Michel, 2007), fou de littérature, en quête de sagesse, il traite d’une manière aussi personnelle de L’Elégie érotique romaine (Seuil, 1983), que de René Char (Gallimard, 1990), Sénèque (Tallandier, 2007) ou Foucault (Albin Michel, 2008), et célèbre l’art dont il s’est nourri, du musée de Nîmes aux établissements italiens (Mon musée imaginaire, Albin Michel, 2010 ; La Villa des mystères à Pompéi, Gallimard, 2016). Avec un seul bémol, son Palmyre, rédigé un peu vite sous la pression de l’actualité et parfois un peu hâtif (Albin Michel, 2015).

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    « Les montagnes forment un monde à part ou plutôt un chaos » - Extrait de « Et dans l’éternité je ne m’ennuierai pas » (Albin Michel, 2014), de Paul Veyne :

    « La haute montagne est un monde démesuré qui, à la différence de la pampa ou du désert, possède à la fois l’immensité et la monumentalité. Ce monde n’est plus le nôtre et son échelle des grandeurs n’est plus la nôtre. La verticalité y a plus d’importance que les deux autres dimensions. Les mots n’ont plus le même sens : les pentes, les montées ne sont plus des horizontales imparfaites, mais des verticales adoucies. Il n’y a plus d’odeurs, plus de couleurs, le marron du rocher et le blanc de la neige dévitalisent notre palette. La voluminosité du silence amortit les fracas les plus retentissants. L’énormité de ce nouveau monde s’impose bientôt comme normale au regard, car la montagne nous transforme. Elle ne prête pas à des effusions sentimentales. Oserai-je ajouter que l’alpiniste n’est plus un être sexué ? Il (elle) a mieux à faire.
    Les hautes montagnes n’appartiennent pas à notre terre avec ses collines, ses arbres, ses autos et ses maisons. Comme ces autres mondes que sont les nuages ou la mer, elles forment un monde à part ou plutôt un chaos ; elles sont restées figées dans l’accident originel qui les a soulevées et fracassées. Cette uniformité dans l’informe nie l’existence de la vie ; on s’y réfugie quand les plaines se révèlent normales et limitées. »
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    Chantre de l’amitié à la façon des Anciens, mû par le goût de l’audace, du défi, que manifeste son amour immodéré de la montagne, terrain de jeu et d’absolu où il manqua perdre la vie sur l’Aiguille verte, dans le massif du Mont-Banc, Paul Veyne incarne une voix atypique dont même l’expression autocritique et autobiographique (Le Quotidien et l’Intéressant, Les Belles Lettres, 1995 ; Et dans l’éternité je ne m’ennuierai pas, Albin Michel, 2014, récompensé par le Prix Femina) dit la profonde originalité. Soucieux de surprendre, de se démarquer toujours, Paul Veyne, dont l’écriture a évolué vers plus de limpidité, n’a jamais cessé d’être stimulant. Tout sauf académique.

    Paul Veyne en quelques dates
    13 juin 1930 Naissance à Aix-en-Provence
    1955 Agrégé de grammaire
    1971 « Comment on écrit l’histoire »
    1975 Chaire d’histoire de Rome au Collège de France
    1983 « Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ? »
    2007 « Quand notre monde est devenu chrétien (312-394) »
    2014 Prix Femina pour « Et dans l’éternité je ne m’ennuierai pas »
    29 septembre 2022 Mort à Bédoin (Vaucluse)

    https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2022/09/29/l-historien-paul-veyne-specialiste-de-l-antiquite-grecque-et-romaine-est-mor

    « La question des origines chrétiennes de la France est un faux débat », Paul Veyne
    https://www.lemonde.fr/le-monde-des-religions/article/2022/09/29/paul-veyne-la-question-des-origines-chretiennes-de-la-france-est-un-faux-deb


    Photo : Paul Veyne le 16 février 2016 à Paris JOEL SAGET / AFP

    Pour l’historien Paul Veyne, qui s’est éteint jeudi 29 septembre 2022, la religion n’est qu’un des éléments d’une civilisation, et non sa matrice, comme il l’expliquait en 2016 dans un entretien au « Monde des religions ».

    Historien aussi génial que hors norme, tant dans son parcours que dans sa personnalité, Paul Veyne était l’un des meilleurs spécialistes du monde antique. Si son domaine de prédilection restait la Rome païenne, le professeur émérite au Collège de France a également publié de passionnants travaux sur le processus qui a conduit l’Occident à devenir chrétien. Dans un entretien publié en décembre 2016 dans « Le Monde des religions », il revisitait les héritages culturels qui ont façonné l’Europe.

    Dans votre livre Quand notre monde est devenu chrétien (Albin Michel, 2007), vous notez qu’au début du IVe siècle, l’Empire romain compte à peine 10 % de chrétiens. Deux siècles plus tard, c’est le paganisme qui est résiduel. Comment expliquer ce formidable succès du christianisme ?

    Deux éléments peuvent expliquer ce succès : non seulement, à partir du règne de Constantin, les empereurs – exception faite de Julien l’Apostat (361-363) – soutiennent le christianisme et le financent fortement ; mais le christianisme a aussi une caractéristique exceptionnelle qui lui est propre : il est organisé comme une armée, avec un chef, des sous-chefs et des chefs locaux (archevêques, évêques, prêtres). De fait, cette organisation a permis de mettre en place un encadrement militaro-spirituel, si j’ose dire, de la population. J’ignore d’où est venue cette organisation si particulière de la religion chrétienne, qui mériterait d’être étudiée.

    A l’inverse, comment expliquer que le paganisme soit aussi rapidement passé aux oubliettes ?

    Il faut savoir que le paganisme était en crise depuis six ou sept siècles. Aux yeux des lettrés, il comportait trop de fables et de naïvetés, si bien que le païen lettré ne savait plus ce qu’il devait ou pouvait croire. De plus, l’argent et la puissance hiérarchique avaient changé de bord. Cela dit, le paganisme n’a pas totalement disparu : des régions entières sont restées longtemps païennes sans le dire. Ainsi, les fermiers, métayers et ouvriers agricoles qui travaillaient dans les grands domaines des seigneurs romains en Sardaigne étaient encore largement païens vers l’an 500. Mais on ne le disait pas trop : cela ne se faisait plus.

    Notons que l’on demandait à Dieu les mêmes choses qu’aux divinités païennes – de bonnes récoltes, par exemple. Les ex-voto chrétiens sont parfaitement comparables aux ex-voto païens. Néanmoins, pour les lettrés, la religion chrétienne avait une supériorité intellectuelle et spirituelle incomparable avec le paganisme, à tous points de vue. Amour et miséricorde infinie d’un Dieu profondément charismatique, moralisme qui pénètre tous les aspects de la vie du croyant et projet divin de la Création qui donne un sens à l’humanité : autant d’éléments qui ne pouvaient qu’attirer les élites.

    Alors que Nietzsche voyait dans le christianisme une « religion d’esclaves », vous voyez une « religion d’élite », un « chef-d’œuvre ». Pourquoi ?

    Le christianisme est à mon sens la religion la plus géniale du monde – je le dis d’autant plus aisément que je ne suis pas croyant. La théologie, la spiritualité, l’inventivité de cette religion sont extraordinaires. Si Nietzsche y voit une « religion d’esclaves », c’est sans doute parce qu’un croyant est soumis à Dieu, à ses commandements, et est en quelque sorte l’esclave de Dieu.

    Pour ma part, je suis en admiration devant l’incroyable édifice intellectuel et spirituel élaboré par les penseurs chrétiens. Je dis dans un de mes livres que le christianisme est un best-seller qui appartient au genre du thriller. En effet, sa promesse du Paradis se conjugue avec la terreur qu’inspire l’idée de l’Enfer… Les hommes passent leur temps à se demander de quel côté ils vont basculer. Un tel récit ne peut que « prendre aux tripes » ses lecteurs.

    La question des origines chrétiennes de la France continue d’agiter le débat public. Quelle est votre opinion sur la question ?

    C’est le type même de la fausse question. Comme je l’ai écrit dans mon ouvrage Quand notre monde est devenu chrétien, « ce n’est pas le christianisme qui est à la racine de l’Europe, c’est l’Europe actuelle qui inspire le christianisme ou certaines de ses versions ». La religion est une des composantes d’une civilisation, et non la matrice – sinon, tous les pays de culture chrétienne se ressembleraient, ce qui est loin d’être le cas ; et ces sociétés resteraient figées dans le temps, ce qui n’est pas davantage le cas. Certes, le christianisme a pu contribuer à préparer le terrain à certaines valeurs. Mais, de fait, il n’a cessé, au fil des siècles, de changer et de s’adapter.

    Voyez par exemple le courant des catholiques sociaux de gauche : ce christianisme charitable qui œuvre pour le bien-être du prolétariat découle directement du mouvement ouvrier socialiste du XIXe siècle. De même, il existe des courants du christianisme qui se revendiquent féministes et laïques. Mais auraient-ils existé s’il n’y avait eu, auparavant, la révolution féministe ? Et la laïcité, ce ne sont pas les chrétiens qui l’ont inventée : ils s’y sont opposés en 1905 ! En réalité, le christianisme se transforme en fonction de ce que devient la culture française, et s’y adapte.

    Vous allez jusqu’à contester l’idée même de « racines ».

    Aucune société, aucune culture n’est fondée sur une doctrine unique. Comme toutes les civilisations, l’Europe s’est faite par étapes, aucune de ses composantes n’étant plus originelle qu’une autre. Tout évolue, tout change, sans arrêt.

    *Vous relayez également l’interrogation du sociologue (pourtant croyant) Gabriel Le Bras, « la France a-t-elle été jamais christianisée ? », tant la pratique religieuse a, de tout temps, été défaillante.

    Absolument. Si, pour certains croyants, qui ne constituent qu’une toute petite élite, le christianisme correspond à une réalité vécue, force est de constater que pour l’immense majorité des autres, la religion n’est qu’un vaste conformisme, auquel ils adhèrent sans réellement s’y astreindre. C’est exactement la même chose que la notion de patrie avant 1914 : l’idée de « patrie française » tenait chaud au cœur.

    Néanmoins, on ne peut nier l’apport réel du christianisme à notre culture.

    Bien sûr que cet apport est immense. Autour de nous, le christianisme est partout : les cathédrales, les églises jusque dans les plus petits villages, une bonne partie de notre littérature (Blaise Pascal) et de notre musique (Bach). Mais pour la majorité d’entre nous, il s’agit là d’un héritage, d’un patrimoine qui appartient au passé, à l’instar de Versailles ou de la pensée de Descartes. Moi-même, je suis ému quand j’entre dans une église et je fais le signe de croix. Le déclin du christianisme, le fait qu’il soit sorti de notre culture, de nos croyances et de nos pratiques, a réellement commencé à toucher l’ensemble de la population au XIXe siècle.

    Vous écrivez que notre culture est aux antipodes des valeurs chrétiennes. Pourquoi ?

    L’Europe actuelle est démocrate, laïque, partisane de la liberté religieuse, des droits de l’homme, de la liberté de pensée, de la liberté sexuelle, du féminisme et du socialisme. Toutes choses qui sont étrangères, voire opposées, au catholicisme d’hier et d’aujourd’hui. La morale chrétienne prêchait l’ascétisme et l’obéissance. L’individualisme de notre époque, par exemple, est aux antipodes de la soumission, de la piété et de l’obéissance chrétiennes.

    Plus que Jésus ou Paul, quels sont, selon vous, les penseurs aux sources de notre culture ?

    A l’évidence, cela me semble être l’époque des Lumières et la Révolution. Depuis la Révolution, songez qu’il n’existe plus de roi de droit divin : il s’agit désormais de monarchies constitutionnelles, comme en Angleterre. S’il fallait absolument nous trouver des pères spirituels, on pourrait nommer Kant ou Spinoza.

    Quid de l’apport immense de la culture antique sur nos mentalités ?

    Les Grecs ont inventé la philosophie, le théâtre, et tant d’autres choses. Les Romains les ont répandus, ils ont hellénisé le monde en langue latine. Le christianisme lui-même a hérité de cette culture antique, à une différence énorme près : la notion d’un Dieu tout-puissant et éternel, créateur du monde, n’a rien de commun avec les dieux antiques. Ces derniers étaient exactement comme nous, mais immortels ; ils avaient les mêmes vices, les mêmes vertus, et n’étaient pas tout-puissants.

    Le Dieu des juifs et des chrétiens est un apport culturel gigantesque que le paganisme n’a jamais été en mesure d’apporter. Mais si l’héritage chrétien apparaît de façon plus évidente à l’esprit de nos concitoyens, bien que déchristianisés, que l’immense patrimoine antique dont nous sommes aussi les héritiers, c’est que, chez nous, la religion chrétienne est présente visuellement partout.

    Comment interprétez-vous le fait que le thème de nos racines religieuses revienne si souvent sur le tapis depuis quelques décennies, malgré la sécularisation de la société ?

    Les raisons sont purement politiques. Parler de racines religieuses permet de se montrer vertueux, attaché à certaines valeurs comme la charité. C’est une manière de se faire bien voir. Je ne crois pas du tout au « retour du religieux » dont on parle en ce moment : les chiffres disent le contraire pour toute l’Europe, et plus encore pour la France. La moitié des Français ne sont plus baptisés.

    Dans votre livre Et dans l’éternité je ne m’ennuierai pas (Albin Michel, 2014), vous écrivez : « Le Moyen Age n’a rien de romanesque ; il est chrétien et fait donc partie de notre monde ennuyeux. » Voilà un jugement paradoxal au vu de ce que vous dites être le génie du christianisme !

    Quand j’étais petit, c’était mon sentiment. Je m’ennuyais à la messe ; par conséquent, à mes yeux, le Moyen Age chrétien n’avait rien d’exaltant. Le paganisme, au contraire, était un monde totalement autre. J’aurais pu tout aussi bien m’intéresser au Japon, qui est également un monde radicalement autre. La société païenne antique est atroce, cruelle, effrayante. Si les supplices et les massacres ne m’attirent nullement, cette civilisation m’a fasciné.

    Sur le plan religieux, cependant, les sociétés païennes étaient plus pragmatiques, pour la simple raison que tous les dieux étaient considérés comme vrais : lorsqu’un Romain ou un Grec, en voyage à l’étranger, apprenait qu’on y vénérait tel ou tel dieu, il se disait qu’il serait peut-être utile de l’importer, de la même manière qu’on importait des plantes ou des denrées des pays étrangers. Il ne s’agissait pas de tolérance, mais d’une conception différente de la vérité.

    L’islam, qui a pris la mauvaise habitude d’être aussi intolérant que le christianisme, ferait bien de s’en inspirer. Car ni l’islam ni le christianisme ne disent que les dieux des autres peuples sont aussi vrais que le leur. Non, c’est leur Dieu qui est le vrai, et le seul.

    Que vous inspirent les polémiques actuelles sur l’islam ?

    Je pense qu’en vertu de la laïcité, de la tolérance et du fait qu’il existe des gens pour qui la religion est importante, il faut intégralement leur ficher la paix dans ce domaine. On a le droit d’avoir une religion. C’est quelque chose de très intime, une sorte de besoin ou de penchant naturel qu’il faut respecter. Pour ma part, comme il ne me reste plus beaucoup de temps à vivre, j’aimerais me convertir tout à coup : hélas, je n’y arrive pas (rires). Pour autant, il faut évidemment combattre les dérives religieuses, car malheureusement, certains abusent.

    Vous qui avez tant étudié l’histoire, comment jugez-vous notre époque ?

    Depuis qu’il n’y a plus de guerre mondiale en Occident, l’évolution est très positive. Certes, il y aura toujours des esprits chagrins pour dire que « c’était mieux avant ». Comme cette rengaine éculée est banale ! Rome a été fondée en 753 avant notre ère, et l’idée de la décadence a commencé dès 552… Cela fait 2 000 ans qu’on nous parle de décadence ! Pour ce qui nous concerne, je ne crois pas du tout à la décadence, au contraire. Il ne se passe pas une journée sans que l’on apprenne une bonne nouvelle. Ces cinquante dernières années, les progrès – en matière sociale ou de mœurs, notamment – ont été immenses. Je ne peux que m’en réjouir.

    Cet entretien a initialement été publié dans « Le Monde des religions » n° 81, novembre-décembre 2016.

    #Paul_Veyne #histoire #histoire_ancienne #évergetisme #don #État #christianisme #sexualité

    • L’inventaire des différences, leçon inaugurale au Collège de France, Paul Veyne
      https://fdocuments.fr/document/paul-veyne-linventaire-des-differences.html?page=1

      (...) vous me voyez tout à fait persuadé que l’histoire existe, ou du moins l’histoire sociologique, celle qui ne se borne pas à raconter, ni même à comprendre, mais qui structure sa matière en recourant à la conceptualisation des sciences appelées aussi sciences morales et politiques. Vous me voyez non moins persuadé que les Romains ont existé réellement ; c’est-à-dire qu’ils ont existé d’une manière aussi exotique et aussi quotidienne à la fois que les Thibétains, par exemple, ou les Nambikwara, ni plus, ni moins ; si bien qu’il devient impossible de les considérer plus longtemps comme une sorte de peuple-valeur. Mais alors, si l’histoire existe et les Romains aussi, existe-t-il une histoire romaine ? L’histoire consiste-t-elle à raconter des histoires selon l’ordre du temps ? La réponse, pour le dire tout de suite, sera non, formellement, et oui, matériellement. Oui, car il existe des événements historiques ; non, car il n’existe pas d’ explication historique. Comme mainte autre science, l’histoire informe ses matériaux en recourant à une autre science, la sociologie. De la même manière, il existe bien des phénomènes astronomiques, mais, si je ne m’abuse, il n’existe pas d’explication astronomique : l’explication des faits astronomiques est physique. Il demeure qu’un cours d’astronomie n’est pas un cours de physique.
      Quand vous avez confié cette chaire d’histoire romaine à un inconnu qui avait pour lieu de naissance le séminaire de sociologie historique, vous avez voulu, mes chers collègues, respecter, j’imagine, une de vos traditions. Car l’intérêt pour les sciences humaines est traditionnel dans la chaire que j’occupe. Aussi votre serviteur, qui est avide de se présenter à vous sous son meilleur jour, se recommandera t-il de ce qu’on peut appeler le deuxième moment de la philosophie aronienne de l’histoire. Le premier moment de cette philosophie fut la critique de la notion de fait historique ; « les faits n’existent pas », c’est à dire qu’ils n’existent pas à l’état séparé, sauf par abstraction ; concrètement, ils n’existent que sous un concept qui les informe. Ou, si l’on préfère, l’histoire n’existe que par rapport aux questions que nous lui posons.
      Matériellement, l’histoire s’écrit avec des faits ; formellement, avec une problématique et des concepts.
      Mais alors, quelles questions faut-il lui poser ? Et d’où viennent les concepts qui la structurent ? Tout historien est implicitement un philosophe, puisqu’il décide de ce qu’il tiendra pour anthropologiquement intéressant. Il doit décider s’il attachera de l’importance aux timbres-poste à travers l’histoire, ou bien aux classe s sociales, aux nations, aux sexes et à leurs relations politiques, matérielles et imaginaires (au sens de l’imago des psychanalystes). Comme on voit, quand François Chatelet trouvait un peu court le criticissme néo-kantien et réclamait au nom de Hegel une conception moins formaliste et plus substantielle de l’objectivité historique, il ne pouvait prévoir que ses vœux seraient si rapidement comblés.
      Et puisque les faits ne sont que la matière de l’histoire, un historien, pour les informer, doit recourir à la théorie politique et sociale. Aron écrivait en 1971 ces lignes qui seront mon programme : « L’ambition de l’historien comme tel demeure bien le récit de l’aventure vécue par les hommes. Mais ce récit exige toutes les ressources des sciences sociales, y compris les ressources souhaitables, mais non disponibles. Comment narrer le devenir d’un secteur partiel, diplomatie ou idéologie, ou d’une entité globale, nation ou empire, sans une théorie du secteur ou de l’entité ? Pour être autre chose qu’un économiste ou un sociologue, l’historien n’en doit pas moins être capable de discuter avec eux sur un pied d’égalité. Je me demande même si l’historien, au rebours de la vocation empirique qui lui est normalement attribuée, ne doit pas flirter avec la philosophie : qui ne cherche pas de sens à l’existence en trouvera pas dans la diversité des sociétés et des croyances. » Tel est le second moment de la philosophie de l’histoire ; il aboutit, comme on verra, au problème central de la pratique historique la détermination d’invariants, au-delà des modifications ; un physicien dirait : la détermination de la formule, au-delà des différents problèmes qu’elle permet de résoudre. C’est une question d’actualité : le Clausewitz d’Aron a pour vrai sujet de mettre l’invariant à la portée des historiens.
      En deux mots comme en cent, un historien doit décider de quoi il doit parler et savoir ce dont il parle. Il ne s’agit pas d’interdisciplinarité, mais de beaucoup plus. Les sciences morales et politiques (appelons-les conventionnellement « sociologie », pour faire bref) ne sont pas le territoire du voisin, avec lequel on établirait des points de contact ou sur lequel on irait razzier des objets utiles. Elles n’apportent rien à l’histoire, car elles font bien davantage : elles l ’informent, la constituent. Sinon, il faudrait supposer que, seuls de leur espèce, les historiens auraient le droit de parler de certaines choses, à savoir de paix, de guerres, de nations, d’administrations ou de coutumes, sans savoir ce que sont ces choses et sans commencer par l’apprendre en étudiant les sciences qui en traitent.
      Les historiens voudraient-ils être positivistes, qu’ils n’y parviendraient pas ; même s’ils ne veulent pas le savoir, ils ont une sociologie, puisqu’ils ne peuvent ouvrir la bouche sans prononcer les mots de guerre ou de cité et sans se fonder, à défaut d’une théorie digne de ce nom, sur la sagesse des nations ou sur de faux concepts, tels que « féodalité » ou « redistribution ». Ainsi donc l’érudition, le sérieux du métier historique, n’est que la moitié de la tâche ; et, de nos jours, la formation d’un historien est double : elle est érudite et, de plus, elle est sociologique . Ce qui nous fait deux fois plus de travail ; car la science progresse et le monde se déniaise furieusement tous les jours.

      edit on lit dans L’Émonde (ci-dessus) et Ration que Veyne, oublieux (comme il l’a déclaré ensuite) ou décidément culotté ne cita pas Aron lors de cette leçon inaugurale

      Jeune enseignant à Aix-en-Provence, Paul Veyne est repéré au début des années 70 par Raymond Aron. C’est lui, l’intellectuel libéral, qui le fera entrer au Collège de France en 1975. Dans sa leçon inaugurale, le spécialiste de l’Antiquité oubliera de citer le nom de l’ancien condisciple de Sartre. « J’étais dans la lune », s’excusera l’intéressé. Aron, lui, ne lui pardonnera pas… (Ration)

      or ce n’est pas le cas du texte publié.

      Ce métier d’historien, Veyne le voyait comme une manière de « conceptualiser » à défaut de pouvoir découvrir, via l’archéologie. Le métier d’historien « consiste à dessiner, dans toutes ses vérités et sans poncifs, une certaine figure lointaine », expliquait-il ainsi en 2005 dans l’Express. « Pour cela, il faut inventer des idées, c’est-à-dire conceptualiser. Pour arriver à dire l’individualité, qui ne ressemble pas à nous et dont la ressemblance est fausse, vous devez utiliser des concepts. » Quid du terrain, des vieilles pierres, des ruines ? « Je ne suis pas hélas un homme de terrain, je n’y vois pas, je n’ai pas d’yeux », reconnaissait le savant en 2017 dans un entretien pour les Chroniques de la Bibliothèque nationale de France. Et d’ajouter : « Je suis archéologiquement nul. » (Ration)

      #concept avant que cela soit un terme de la langue pubarde et commune « inventer des concepts » c’était une stimulante et libératoire deleuzerie.

  • A Note About Today’s Wordle Game - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2022/05/09/crosswords/a-note-about-todays-wordle-game.html

    At New York Times Games, we take our role seriously as a place to entertain and escape, and we want Wordle to remain distinct from the news.

    Today’s New York Times Wordle Answer is Fetus
    https://gizmodo.com/new-york-times-apologizes-after-wordle-of-the-day-is-fe-1848898991

    Emotions are running high around the word “fetus” after last week’s news about the possible end to Roe V. Wade and women’s right to safe abortion.

    F-E-T-U-S is also a five-letter word, so some people were more than a little surprised when it ended up as one of the answers to Monday’s Wordle.

    NYT’s Wordle swap part of an ongoing gaming debate
    https://www.axios.com/2022/05/09/wordle-new-york-times-political-games

    The New York Times’ decision to change Monday’s Wordle answer is part of a long-running debate about how politically charged games should be.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #jeu_vidéo_wordle #the_new_york_times #the_new_york_times_games #actualité #politique #mots_croisés #débat #polémique #fœtus #vocabulaire #justice #législation #états-unis #everdeen_mason #naomi_clark #jeu_vidéo_far_cry_6 #jeu_vidéo_call_of_duty #ian_bogost #roe_v_wade

  • Encore un porte-conteneurs de 12 000 EVP échoué
    Un plan pour sortir l’« Ever Forward », enkysté au large de Baltimore Le Marin.Ouest.France
    https://lemarin.ouest-france.fr/secteurs-activites/shipping/42950-un-plan-pour-sortir-l-ever-forward-enkyste-au-large-de-ba

    #Evergreen, un an après l’accident à Suez de l’#Ever Given est confronté au difficile renflouement de l’#Ever Forward, un porte-conteneurs de taille moindre qui s’est échoué le 13 mars après son escale à Baltimore.


    Alors qu’il faisait route vers Norfolk, le porte-conteneurs de 12 000 EVP (contre 20 400 EVP pour l’Ever Given, avec lequel il a été hâtivement assimilé), sous pavillon de Hong Kong, s’est retrouvé coincé sur un haut fond de la célèbre baie de Chesapeake dans la soirée du 13 mars. Les premières opérations de sauvetage ont échoué.
    https://www.youtube.com/watch?v=HJmK9IUS9fA

    Les inspections sous-marines n’ont pas permis de constater de dégâts substantiels sur la coque, ni de pollution. Un plan plus complexe a été élaboré avec Donjon Smit, coentreprise entre Donjon marine et la filiale américaine du néerlandais Smit (qui avait déjà mené l’an passé le renflouement de l’Ever Given). Choisi par Evergreen et ses assureurs, le duo pourrait prendre une semaine avant d’aboutir, menant ses opérations sous la supervision des gardes-côtes américains. Ces derniers ont mis en place un périmètre de sécurité de 500 mètres autour du navire, qui ne fait pas obstacle à la navigation.

    L’objectif est de déballaster le navire et de draguer le sol vaseux de la baie autour du porte-conteneurs afin de laisser de l’espace entre l’hélice et le safran et le fond marin. Il conviendra ensuite d’attendre une pleine mer pour sortir le porte-conteneurs de 334 mètres de long en faisant de nouveau appel à tous les remorqueurs portuaires disponibles dans la zone.

    Les explications sur l’accident ne sont pas claires. Une tempête de fin d’hiver passée le 12 mars a pu modifier les niveaux des marées. Mais selon Sal Mercogliano, un historien maritime de l’université Campbell en Caroline du Nord, qui publie des vidéos sur l’accident, le navire allait trop vite et est sorti du chenal. Il s’est échoué par 7,50 mètres d’eau alors qu’il affichait un tirant d’eau de 13 mètres.

    L’Ever Forward est affecté à une des lignes Asie - côte-est des Etats-Unis via Panama de l’Ocean alliance (Evergreen, #CMA #CGM et #Cosco-OOCL ).

     #transport_maritime #pollution #transport #porte-conteneurs #transports #conteneurs #mondialisation #mer #container #environnement

    • Une start-up israélienne lève plus de 12 millions $ pour du poisson imprimé en 3D Ricky Ben-David
      https://fr.timesofisrael.com/une-start-up-israelienne-leve-plus-de-12-millions-pour-du-poisson-

      La société alimentaire israélienne Plantish, qui propose des filets de saumon à base de plantes imitant, selon elle, l’apparence, le goût et la texture du poisson, a levé plus de 12 millions de dollars, la plus importante du secteur des alternatives aux produits de la mer.


      Selon une information donnée par Plantish ce mercredi, les quelque 12,5 millions de dollars proviendraient du fonds d’investissement israélien State Of Mind Ventures, avec la participation de Pitango Health Tech, VC Unovis – de New York et spécialisé dans les protéines alternatives –, TechAviv Founder Partners, un fonds dédié aux créateurs israéliens qui a soutenu des entreprises telles que la société de logistique de drones Flytrex, la société de création Nas Academy et la société d’investissement israélienne OurCrowd.

      La start-up avait déjà levé 2 millions de dollars en financement de pré-amorçage en juin 2021 auprès de TechAviv Founder Partners et d’investisseurs providentiels, dont le célèbre chef hispano-américain José Andrés ou le célèbre créateur de contenu israélo-palestinien Nuseir Yassin, de Nas Daily.

      Basée à Rehovot, la start-up déclare avoir mis au point un filet de saumon entièrement végétalien, sans arêtes, de même valeur nutritive que le véritable poisson, riche en protéines, acides gras oméga 3 et oméga 6 et vitamines B, mais sans mercure, antibiotiques, hormones, microplastiques et toxines souvent présents dans les spécimens océaniques ou aquacoles.

      Le produit Plantish peut être cuit ou grillé de la même manière que le saumon traditionnel, précise l’entreprise.

      Plantish a dévoilé son prototype de saumon à base de plantes en janvier, annonçant développer une technologie de fabrication additive (le nom industriel de l’impression 3D) en instance de brevet. L’objectif est de fabriquer des alternatives au poisson à base de plantes, à faible coût et à grande échelle.


      La société a déclaré avoir opté pour une production entière plutôt que hachée, en dépit de la complexité de l’opération, afin de mieux répondre à la demande des clients.

      « Environ 80 % du poisson est consommé entier, sous forme de poisson entier ou de filets », explique Plantish.

      Plantish a été fondée à la mi-2021 par Ofek Ron, ex directeur général de l’organisation israélienne Vegan Friendly, qui en est le PDG. Hila Elimelech est docteure en chimie et experte en technologie de fabrication additive, responsable de la R&D, le docteur Ron Sicsic est directeur scientifique, Ariel Szklanny est docteur en bioingénierie et directeur de la technologie tandis qu’Eyal Briller est l’ex directeur « produits » de la société américaine de viande à base de plantes Impossible Foods.

      Les fonds serviront à renforcer l’équipe et poursuivre la R&D pour le développement de nouveaux produits, avec en projet de proposer ce saumon à base de plantes dans les restaurants, comme première étape, a expliqué Plantish.

      La start-up a déclaré que son « saumon » à base de plantes serait lancé dans quelques lieux éphémères d’ici la fin de 2022, le lancement officiel étant programmé pour 2024.

      « Nous avons déjà vu ce phénomène sur le marché de la viande, maintenant c’est au tour du poisson », a déclaré Ron dans un communiqué de l’entreprise.

      « En particulier le saumon, qui représente 50 millions de dollars sur le marché des produits de la mer valorisé à un demi-milliard de dollars. Jusqu’à présent, le problème venait de la difficulté à reproduire la texture et la saveur du poisson. »

      Ron a ajouté que la société offrait « une délicieuse alternative au saumon, à la fois plus sûre pour vous et meilleure pour la planète. Pas d’antibiotiques, pas d’hormones, pas de mercure, pas de captures accidentelles et pas de compromis ».

      L’objectif de l’entreprise, a-t-il précisé, est de devenir « la marque numéro 1 de produits de la mer au monde, le tout sans faire de mal à un seul poisson ».

      « Parvenir à produire des produits de la mer entiers est la prochaine grande étape dans notre quête d’excellence et de développement durable », a déclaré Merav Rotem Naaman, associée générale chez State Of Mind Ventures.

      « Lorsque nous avons rencontré l’excellente équipe de Plantish, nous savions qu’elle avait la passion, la vision et la capacité de mener à bien la tâche apparemment impossible de produire une véritable alternative au poisson. »

      Plantish est l’une des quelque 90 entreprises dans le monde qui évoluent dans le domaine de l’industrie des produits de la mer à base de plantes. Une dizaine d’autres développent des produits de la mer cultivés ou des poissons fabriqués à partir de cellules animales, selon un rapport du Good Food Institute de juin 2021.

      La société d’études de marché IMARC Group a indiqué que les entreprises spécialisées dans les alternatives au poisson et autres produits de la mer avaient connu une croissance de l’ordre de 30 % entre 2017 et 2020. Cette tendance devrait se poursuivre dans les années à venir, avec la montée des préoccupations concernant l’épuisement des ressources ou la surpêche et la maturation des entreprises du secteur, passant du stade du développement à celui de la commercialisation.

      Plantish fait partie de la quarantaine de startups israéliennes du secteur des protéines alternatives à avoir connu une croissance d’environ 450 % en 2021, selon le dernier rapport du Good Food Institute (GFI) publié cette semaine.

      Le secteur des protéines alternatives est un sous-segment de l’industrie de la technologie alimentaire, qui comprend également la nutrition, l’emballage, la sécurité alimentaire, les systèmes de transformation et les nouveaux ingrédients. Il comprend des substituts à base de plantes pour la viande, les produits laitiers et les œufs, les produits laitiers, viandes et produits de la mer cultivés, les protéines issues des insectes et les produits et procédés de fermentation.

      #lignées_cellulaires #matière_première #protéines #protéines_alternatives #startups #technologie_alimentaire #recherche_&_développement #impression_3d #imprimante_3d #imprimantes_3d #fabrication additive #soleil_vert

    • Une saison de sole « catastrophique » à Boulogne-sur-Mer Darianna MYSZKA
      https://lemarin.ouest-france.fr/secteurs-activites/peche/42944-une-saison-de-sole-catastrophique-boulogne-sur-mer

      Après une bonne saison 2021, la raréfaction de la sole se fait à nouveau ressentir en Manche-est.

      En février, les pêcheurs côtiers de Boulogne ont débarqué à la criée 5 055 kg de sole commune contre 38 753 kg en 2021. Cette baisse de 86 % inquiète les professionnels pour qui la situation est « catastrophique ». Sur toute l’année 2021, les fileyeurs boulonnais avaient capturé 156 tonnes de soles, soit une augmentation de 128 % par rapport à l’année précédente. Ces résultats faisaient pressentir aux pêcheurs un début de la régénération de la ressource, liée notamment à l’interdiction totale de la pêche électrique entrée en vigueur au 1er juillet 2021.


      Mais l’année 2022 démarre mal. Mathieu Pinto, patron boulonnais de l’Ophélie, pêche en ce moment entre 100 et 150 kg de sole par marée et son collègue calaisien Josse Martin, patron du fileyeur Mirlou, seulement 20 kg. « On devrait en avoir entre 500 et 600 », regrette Mathieu Pinto. Étrangement, en janvier (hors saison), les pêcheurs boulonnais travaillaient mieux que d’habitude, avec plus de 8 tonnes débarquées à la criée au lieu de 4 l’année précédente. « Beaucoup de raisons peuvent expliquer cette diminution », indique Raphaël Girardin, chercheur à l’Ifremer, précisant qu’il est trop tôt pour rendre des conclusions, l’institut travaillant avec un an de recul.

      Par ailleurs, afin de trouver le poisson, les fileyeurs s’éloignent davantage des côtes françaises, parfois jusqu’à 4 heures de route de Boulogne. L’augmentation du prix du gasoil rend leur activité encore plus difficile. Pour partir en mer, Mathieu Pinto dépense tous les quatre jours 1 500 euros. Les prix de la sole, eux, restent toujours les mêmes, environ 14 euros/kilo.

      #peche_electrique #ifremer #gasoil #pêche #sole #poisson #mer

    • La Suisse va importer davantage de beurre d’ici la fin de l’année Alors qu’elle peut le produire
      https://www.rts.ch/info/suisse/12959263-la-suisse-va-importer-davantage-de-beurre-dici-la-fin-de-lannee.html

      La Suisse ne manque pas de lait mais elle manque de beurre, et elle va en importer 2000 tonnes supplémentaires d’ici la fin de l’année. L’Office fédéral de l’agriculture augmente les contingents d’importation pour 2022.
      Il a pris cette décision à la demande de l’Interprofession du lait, a-t-il annoncé lundi. La demande en beurre est forte : les Suisses consomment en moyenne 40’000 tonnes de beurre par an. Une demande en hausse depuis 2020, en raison de la pandémie. Les mesures sanitaires poussent en effet les Suisses à cuisiner davantage à la maison. Elles limitent aussi le tourisme d’achat.


      Production insuffisante
      Le problème, c’est que la production nationale ne suffira pas, cette année encore, à satisfaire la demande. La Confédération augmente donc pour la deuxième fois en quelques mois le contingent d’importations du beurre en provenance de l’Union européenne.

      Pourtant la Suisse aurait les capacités laitières pour satisfaire la demande. Mais il est aujourd’hui plus avantageux financièrement de fabriquer du fromage. Or, quatre fromages sur dix produits dans le pays sont exportés, dont de nombreux pâtes mi-dure à faible valeur ajoutée. « Et leur quantité est en augmentation », déplore mardi la secrétaire syndicale d’Uniterre Berthe Darras dans La Matinale de la RTS.

      Système dénoncé
      Ce système est ainsi dénoncé par certains producteurs et syndicats agricoles. Pour eux, à défaut de pouvoir produire plus de lait, la Suisse doit revaloriser la filière du beurre, en rendant son prix plus attrayant. Et privilégier, quel que soit le produit laitier, le marché indigène, insiste Berthe Darras.

      Sujet radio : Valentin Emery

      Adaptation web : Jean-Philippe Rutz

      #Suisse #Lait #Beurre #exportation #mondialisation #transports

  • En 2017, ce n’est pas la parole des femmes qui s’est libérée, c’est nous qui avons commencé à écouter

    Les victimes d’Harvey Weinstein parlaient depuis des années. Pourquoi n’ont-elles pas été prises au sérieux ?

    https://www.buzzfeed.com/fr/mariekirschen/ce-nest-pas-la-parole-des-femmes-qui-sest-liberee-cest-nous

    « 2017, l’année qui a libéré la parole des femmes », « L’année où la parole des femmes s’est libérée », « Et la parole des femmes se libéra ». L’affaire Weinstein et ses suites, selon l’expression consacrée, ont provoqué un ouragan, à l’échelle mondiale. On sait déjà qu’il y aura un avant et un après Weinstein. Mais « l’année de la libération de la parole », vraiment ? A force de voir l’expression martelée en titre de journaux — y compris sur BuzzFeed – on finirait par croire qu’avant ce fameux article du New York Times révélant les accusations contre le producteur hollywoodien, les femmes préféraient se murer dans le silence.

    Pourtant, les femmes n’ont pas attendu ce mois d’octobre 2017 pour dénoncer les viols, le harcèlement sexuel au travail, ni pour tweeter sur le sujet. En France, on se souvient, entre autres exemples, des grandes mobilisations féministes contre le viol dans les années 1970 et 1980, des mobilisations au moment de l’affaire Dominique Strauss-Kahn puis de l’affaire Denis Baupin. Aux Etats-Unis, le témoignage d’Anita Hill avait secoué la société américaine et mis sur le devant de la scène la question du harcèlement sexuel au travail en 1991… soit il y a bientôt trente ans !
    Nous n’avons pas su écouter

    Plus récemment et sur internet, les hashtags #YesAllWomen, #EverydaySexism, #rapeculture ou encore #StopHDR avaient déjà vu passer leurs lots de tweets décrivant des agressions. Il suffit de jeter un rapide coup d’œil à des Tumblr comme Paye ta shnek, Paye ton taf ou Coupable de mon viol pour voir que la parole des femmes était bien libérée. Quant au désormais célèbre #MeToo, on s’est rapidement souvenu qu’il avait été lancé, non pas par Alyssa Milano cet automne, mais onze ans auparavant, par Tarana Burke, une militante afro-américaine qui travaille sur les violences sexuelles. Alors pourquoi un tel changement de perspective médiatique ? Qu’est-ce qui a fait la différence cette fois-ci ?

    Si #MeToo et #balancetonporc ont eu un tel impact, c’est surtout parce que l’écoute a changé. À plusieurs reprises aux cours de ces derniers mois, j’ai eu l’occasion de discuter avec des militantes féministes qui, bien qu’agréablement surprises par le traitement médiatique actuel, ne pouvaient s’empêcher d’être un peu étonnées : « On nous dit que les femmes "parlent enfin". Mais les femmes ont toujours parlé ».

    C’est nous qui n’avons pas su écouter.

    Cela fait des années que les victimes de Harvey Weinstein parlent : la mannequin italienne Ambra Battilana Gutierrez s’est rendue à la police. L’actrice Rose McGowan, a expliqué qu’elle avait confié au responsable des studios Amazon que Harvey Weinstein l’avait violée. « Je l’ai dit, encore et encore », a-t-elle tweeté. Mira Sorvino en a parlé à ses proches et notamment à son compagnon de l’époque, Quentin Tarantino, qui a continué à travailler avec Harvey Weinstein, et a reconnu de lui-même : « j’en savais assez pour faire plus que ce que j’ai fait ». Dans cette affaire – comme dans de nombreuses autres – si « tout le monde savait », c’est bien que des femmes l’avaient dit.

    Dans l’affaire Charlie Rose, une de ses anciennes assistantes, qui dit avoir été victime de harcèlement sexuel de la part du célèbre journaliste américain, a spécifié qu’elle en avait parlé à la productrice executive, qui lui a répondu « c’est juste Charlie qui fait du Charlie ». Quand le duo de comédienne Min Goodman et Julia Wolov ont raconté autour d’elles que Louis C.K. s’était masturbé devant elles sans leur consentement, le manager de ce dernier leur a fait passer le message d’arrêter.

    On retrouve des situations similaires de notre côté de l’Atlantique. Libération a récemment publié une enquête sur des accusations d’agressions sexuelles à l’encontre de Thierry Marchal-Beck, un ancien président du Mouvement des jeunes socialistes (qui s’est dit « sidéré » par ces accusations et a prévenu se « réserver le droit d’engager toute procédure »). Le journal évoque des « années d’omerta et de duplicité » au MJS : « Pendant des mois, les alertes vont sonner dans le vide ».

    Une plainte pour agression sexuelle a été déposée (puis classée sans suite pour cause de prescription) contre Éric Monnier, l’ex-ponte de France 2 aujourd’hui à LCI, qui nie les faits qui lui sont reprochés. Plusieurs journalistes ont raconté à BuzzFeed News que « tout le monde était au courant » de son comportement avec les femmes. Autre exemple : Astrid de Villaines, qui a récemment porté plainte contre le journaliste de La Chaîne parlementaire (LCP), Frédéric Haziza, en avait déjà à l’époque discuté avec sa rédaction, qui n’avait pourtant adressé qu’un simple « avertissement » à l’accusé.
    « Pour avoir parlé, j’étais soudainement devenue radioactive »

    Très souvent, les femmes parlent. Elles se confient à leurs proches, à un-e ami-e, à des collègues… Mais, fréquemment, leur parole n’est pas bien accueillie. Comme quand l’actrice Mira Sorvino prévient une employée de Miramax, l’entreprise cofondée par Harvey Weinstein, du comportement de celui-ci. « Sa réaction c’était comme si j’étais soudainement devenue radioactive pour avoir osé en parler, ce qui ne m’a pas vraiment encouragée ».

    Lors du rassemblement MeToo à Paris, le 29 octobre 2017.

    C’est parce que les femmes sont reçues par de l’embarras, de la suspicion, voire une franche hostilité, qu’elles vont arrêter de parler. Les victimes intègrent très rapidement que la société n’a pas envie de les écouter et qu’il sera moins coûteux pour elles, désormais, de se taire.

    Il serait extrêmement naïf de croire que, alors que nous avons grandi dans une société imprégnée par la culture du viol, nous savons bien réagir face à une personne qui nous confie avoir été victime d’une agression sexuelle. Personne ne nous apprend à le faire. Nous avons peut-être les meilleures intentions du monde, mais cela ne suffit pas.

    Il est très fréquent que, même malgré nous, on minimise. Qu’on se dise qu’il n’y a rien à faire – « de toute façon c’est connu qu’il est comme ça ». Qu’on rejette la responsabilité sur la victime – « quelle idée, aussi, d’aller aussi tard chez cet homme vu sa réputation ». Qu’on immisce le doute dans son esprit sur sa légitimité à parler – « franchement le mieux pour toi, c’est encore de passer à autre chose ». D’où l’importance, comme Sandrine Rousseau tentait de l’expliquer sur le plateau d’« On n’est pas couché » seulement six jours avant que l’affaire Weinstein éclate, de former des gens pour savoir « accueillir la parole ».

    Les manquements de la presse

    Dans ce refus d’accorder une écoute attentive aux victimes de violences sexuelles, les journalistes ont leur part de responsabilité. Ces dernières décennies, on ne peut pas vraiment dire que la presse française a brillé par sa volonté de couvrir le sujet des agressions sexistes, hormis les habituels papiers un peu paresseux tous les 25 novembre, lors de la Journée internationale pour l’éradication des violences contre les femmes. Les médias ont longtemps fait la sourde oreille. Ils ont peu enquêté. Et quand ils se sont intéressés au sujet, le résultat a parfois été catastrophique.

    Pour avoir une petite idée de ce que pouvait donner la couverture journalistique du harcèlement sexuel dans le milieu du cinéma il y a une quinzaine d’années, il suffit de regarder le traitement de l’affaire Brisseau. Aux débuts des années 2000, Noémie Kocher et Véronique H., qui ont fait des essais pour le film Choses secrètes, portent plainte pour harcèlement sexuel contre le réalisateur, Jean-Claude Brisseau. Elles sont rejointes dans leur plainte, dans un second temps, par deux autres comédiennes. En 2005, le réalisateur de Noce blanche est condamné pour harcèlement sexuel à l’égard de Noémie Kocher et de Véronique H., les deux autres femmes sont déboutées. L’une d’elles, qui lui reproche notamment de lui avoir mis un doigt dans le vagin, fait appel, et Jean-Claude Brisseau est condamné l’année suivante pour atteinte sexuelle.

    Lors de l’enquête, comme le rappelle L’Obs qui a eu la bonne idée de se repencher récemment sur l’affaire, plusieurs témoignages, comme ceux de Marion Cotillard ou de Hélène de Fougerolles, vont dans le sens des plaignantes. La mère de Vanessa Paradis aussi, qui mentionne « un incident » lors du tournage du film qui a fait connaître sa fille, Noce blanche.

    Pourtant, la presse se fait bien tendre avec Brisseau, et cruelle envers ses accusatrices, qui n’auraient rien compris à l’art délicat du « tournage cinématographique comme sanctuaire artistique ». Les Inrocks tacle « les différentes parties [qui] dissimulaient leur ignorance profonde de ce qu’est le cinéma ». Un journaliste de Libération, Louis Skorecki, se fend d’une tribune intitulée « Brisseau, le faux coupable », et se lamente : « On n’aurait jamais dû juger Brisseau. » À la sortie de son film suivant, le critique Antoine de Baecque s’indigne : « Je ne crois donc pas une seconde à la vérité des accusations dont il a fait l’objet quand je vois Les Anges exterminateurs [...] Il est pour moi, c’est mon intime conviction, aux antipodes d’un harceleur, d’un violeur, d’un homme agressant une femme. [...] Jean-Claude Brisseau a été sauvé et blanchi par son cinéma. »

    « A quelques rares exceptions, la presse a été terrible, commente Noémie Kocher dans "L’Obs". Je n’imaginais pas le tsunami qui en découlerait. Notre parole a été niée, décrédibilisée. C’était violent. Et ce que j’ai vécu, à ce moment-là, ça a été presque pire que le harcèlement en lui-même. Voilà pourquoi je redoute tellement de parler. »

    Un sujet imposé parole après parole, tweet après tweet

    On est très loin des reportages de 2017 sur le cinéma, désormais qualifié de « milieu très exposé au harcèlement sexuel ». Douze ans plus tard, plus de 80 femmes ont accusé le magnat hollywoodien Harvey Weinstein. Il a fallu qu’elles soient aussi nombreuses pour qu’on écoute. Le scoop venait des vénérables New York Times et New Yorker. Bien sûr, si le retentissement médiatique a été si considérable, c’est parce que d’autres affaires ont pavé la voie. DSK, Baupin en France. Le journaliste Bill O’Reilly, l’acteur Bill Cosby et le chanteur R-Kelly aux Etats-Unis.

    Désormais, les médias ont bien intégré que ces affaires font partie de la couverture qu’ils sont tenus d’avoir. Sites, télés, radios n’ont pas hésité à reprendre l’information du New York Times, puis à apporter leur propre grain de sable à la déferlante. L’affaire Weinstein montrait à tous qu’il existait des informations à sortir, des affaires à raconter. Que, pour raconter le monde dans sa globalité, les journalistes devaient se pencher sur la question des violences sexuelles, et qu’il fallait le faire avec autant de sérieux que pour une grande enquête politique ou économique.

    Devant cet intérêt soudain, des victimes qui avaient renoncé à parler ont pris de nouveau la parole. Cette fois, elles ont été entendues. Les réseaux sociaux écoutaient. Les médias écoutaient. Les lecteurs écoutaient. Les journalistes ont enquêté, vérifié, recoupé. Et les articles se sont multipliés.

    Il ne s’agit pas, ici, de nier le choc qu’ont constitué les hastags #metoo et #balancetonporc. En 2017, les femmes ont parlé avec force et chaque témoignage a permis à d’autres victimes de se sentir un peu plus légitimes pour dire « moi aussi ». Ces dernières années, grâce à leurs paroles, ce sont les femmes – et les associations féministes – qui ont imposé, petit à petit, tweet après tweet, ces sujets sur la place publique. Mais les médias ne devraient pas s’exempter d’une autocritique sur leur difficulté à s’emparer de ces questions, alors que le grand continent des violences sexuelles était juste sous leurs yeux. L’affaire Weinstein a fait bouger les lignes du traitement journalistique. Mais ce changement s’inscrira-t-il seulement dans la durée ?
    Des oreilles décidées à ne pas tout entendre

    Il ne faudrait pas idéaliser ce moment et sous-estimer les réticences. Certaines oreilles sont bien décidées à ne pas tout entendre. Comme ces commentateurs qui, plutôt que de parler des violences sexuelles, ont insisté sur la « violence » du terme « balancer ». Comme Raphaël Enthoven qui s’est permis de demander à celles qui tweetaient leurs agressions d’aller plutôt porter plainte – alors que l’on sait que les victime de viol sont souvent mal accueillies dans les commissariats. Ou encore comme ce député La République en marche qui s’est inquiété qu’on finisse par « émasculer tous les hommes ».

    Seulement quatre petits jours jours après le premier tweet sur #balancetonporc, on atteignait déjà le point Godwin en comparant ces victimes qui osaient décrire des délits et des crimes sur les réseaux sociaux aux monstres qui ont dénoncé des juifs pendant la seconde guerre mondiale.

    Jusqu’à cette séquence lunaire où, sur BFM-TV, le 26 novembre, la journaliste Anna Cabana a coupé Anne-Cécile Mailfert, la présidente de la Fondation des femmes, pour lui demander, visiblement inquiète : « Mais, aujourd’hui, vous pouvez nous dire : vous aimez les hommes ? » Quand une femme ose prendre la parole contre les violences sexistes, le soupçon de misandrie n’est jamais très loin. Curieuse inversion des rôles. A l’heure où se multiplient les révélations sur des hommes qui font acte de cruauté envers des femmes, on s’étonne pourtant de ne jamais avoir entendu la question inverse posée à ces derniers.

    L’article date de 2018 et ca n’a pas changé, c’est toujours la prétendue « libération de la parole des victimes » et cela permet de maintenir le système en place. Si c’est la première fois que vous en entendez parler alors on ne peu pas vous reprocher de n’avoir rien fait auparavant.

  • Mount Everest Covid outbreak has infected 100 people at base camp, says guide | Mount Everest | The Guardian
    http://www.theguardian.com/world/2021/may/23/mount-everest-covid-outbreak-has-infected-100-people-at-base-camp-says-
    https://i.guim.co.uk/img/media/d9dc57f8afa34a3d99077a63c3c0d895bd155af1/0_108_3231_1939/master/3231.jpg?width=1200&height=630&quality=85&auto=format&fit=crop&overlay-ali

    Mount Everest Covid outbreak has infected 100 people at base camp, says guide. Austrian expedition leader Lukas Furtenbach says the real number could be 200, despite official Nepali denials. A coronavirus outbreak on Mount Everest has infected at least 100 climbers and support staff, a mountaineering guide said, giving the first comprehensive estimate amid official Nepalese denials that the disease has spread to the world’s highest peak. Lukas Furtenbach of Austria, who last week halted his Everest expedition due to virus fears, said on Saturday one of his foreign guides and six Nepali Sherpa guides had tested positive.
    “I think with all the confirmed cases we know now confirmed from (rescue) pilots, from insurance, from doctors, from expedition leaders, I have the positive tests so we can prove this,” Furtenbach said from Nepal’s capital, Kathmandu.“We have at least 100 people minimum positive for Covid in base camp, and then the numbers might be something like 150 or 200.”
    He said it was obvious there were many cases at the Everest base camp because he could visibly see people were sick, and could hear people coughing in their tents.A total of 408 foreign climbers were issued permits to climb Everest this season, aided by several hundred Sherpas and support staff who had been stationed at base camp since April.
    Nepalese mountaineering officials have denied there were any active cases this season among climbers and support staff at all base camps for the country’s Himalayan mountains. Mountaineering was closed last year due to the pandemic. Nepalese officials could not immediately be reached for comment Saturday. Other climbing teams have not announced any Covid-19 infections among their members or staff. Several climbers have reported testing positive after they were brought down from the Everest base camp.Furtenbach said most teams on the mountain were not carrying virus testing kits, and that before his team pulled out, they had helped conduct tests and had confirmed two cases. Most teams were still at base camp, hoping for clear weather next week so they can make a final push to the summit before the climbing season closes at the end of the month, Furtenbach said. In late April, a Norwegian climber became the first to test positive at the Everest base camp. He was flown by helicopter to Kathmandu, where he was treated and later returned home. Nepal is experiencing a virus surge, with record numbers of new infections and deaths. China last week canceled climbing from its side of Mount Everest due to fears the virus could be spread from the Nepalese side. Nepal reported 8,607 new infections and 177 deaths on Friday, bringing the nation’s totals since the pandemic began to more than 497,000 infections and 6,024 deaths.

    #Covid-19#migration#migrant#nepal#everrest#autriche#norvege#chine#contamination#frontiere#circulation#tourisme

  • Mai 2018 : scénographie d’une tentative de blocage du capitalisme...

    https://www.flickr.com/photos/valkphotos/49411725817

    Flickr

    ValK a publié une #photo

    #ZAD #NDDL : la double barricade du Limimbout
    Zone a Defendre de Notre-Dame-des-Landes, le 16 mai 2018.
    + plus d’infos : zad.nadir.org
    + plus de photos : https://www.flickr.com/photos/valkphotos/collections/72157715553408717
    .
    Côté photos : frama.link/valk
    Côté audios : frama.link/karacole
    Sous côté : liberapay.com/Valk

  • Suez Canal blockage – marine insurance claims | AGCS
    https://www.agcs.allianz.com/news-and-insights/expert-risk-articles/suez-canal-marine-insurance-claims.html

    The grounding of an ultra large container ship in the Suez Canal brought traffic on the central shipping route between Europe and Asia to a standstill for almost a week before it was freed. In this Q&A, AGCS Global Head of Marine Claims, Régis Broudin, looks at some of the potential implications that the incident could have for marine insurance claims.

    Le déblocage du canal de Suez tourne une page du feuilleton de l’#Ever_Given, place maintenant aux innombrables épisodes à venir pour la résolution du contentieux assurantiel…

    Le lien ci-dessus donne un petit aperçu par un spécialiste du risque industriel (du groupe Allianz).

    Le tout premier développement est : l’armateur va-t-il lancer la procédure d’#avarie_commune (#general_average) ? Procédure qui répartirait sur l’ensemble des propriétaires des marchandises transportées les coûts induits par l’incident. Rappel : le navire peut transporter jusqu’à 20 000 conteneurs…
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Avarie_commune

    Et dans les questions récurrentes, on peut même aller jusqu’à parler de running gag, celle de l’#assurabilité des porte-conteneurs.

    déjà quelques entrées ici, suivre les hashtags.

    • The Suez Canal Blockage Is Over. Time to Add Up the Damages – gCaptain
      https://gcaptain.com/blocked-suez-canal-cost-economy


      Stranded container ship Ever Given, one of the world’s largest container ships, is seen after it ran aground, in Suez Canal, Egypt March 26, 2021.
      REUTERS/Mohamed Abd El Ghany

      The Suez Canal may be open again, but the battle over damages from the waterway’s longest closure in almost half a century is just beginning.

      With cargoes delayed for weeks if not months, the blockage could unleash a flood of claims by everyone affected, from shipping lines to manufacturers and oil producers.

      The legal issues are so enormous,” said Alexis Cahalan, a partner at Norton White in Sydney, which specializes in transport law. “If you can imagine the variety of cargoes that are there — everything from oil, grain, consumer goods like refrigerators to perishable goods — that is where the enormity of the claims may not be known for a time.

      The giant Ever Given container ship was pried from the bank on Monday, and traffic through the canal — which connects the Mediterranean and the Red Sea — resumed soon after. The blockage began when the vessel slammed into the wall last Tuesday and was the canal’s longest since it was shut for eight years following the 1967 Six-Day War. The incident offered a reminder of the fragility of global trade infrastructure and threats to supply lines already stretched by the coronavirus pandemic.

      The Ever Given, which moved north from the southern part of the canal where it ran aground to the Great Bitter Lake, is being inspected for damage. Those checks will determine whether the vessel can resume its scheduled service and what happens to the cargo, Taiwan’s Evergreen Line, the ship’s charterer, said in a statement.

      Egyptian authorities were desperate to get traffic flowing again through the waterway that’s a conduit for about 12% of world trade and around 1 million barrels of oil a day.

      A backlog of hundreds of ships built up. There were 421 waiting to transit through the canal at 8:00 a.m. local time, according to Inchcape Shipping Services, a maritime services provider. The waterway usually handles around 50 a day, but will probably transit significantly more than that in the coming weeks.

      Coordinating the logistics of who gets to go through first and how that’s going to be sorted out, I think the Egyptians have quite a job on their hands,” John Wobensmith, chief executive officer of Genco Shipping & Trading Ltd., said Tuesday in an interview with Bloomberg Television.

      Leth Agencies, one of the main providers of Suez Canal crossing services, said 37 ships held up in the Great Bitter Lake exited the canal by 3:30 a.m. local time on Tuesday and 76 were scheduled to go over the rest of the day.

      South Korean shipper HMM Co. said the HMM Gdansk, one of the world’s largest container vessels and which can carry 24,000 20-foot boxes, was scheduled to transit through the waterway Tuesday after being held up since last week.

      It may take four days for traffic to return to normal, Suez Canal Authority Chairman Osama Rabie said at a Monday evening press conference. Earlier, a canal authority official said a week was more likely.

      Those assessments may be optimistic, according to Arthur Richier, an analyst at energy-intelligence firm Vortexa. Freight rates for the affected shipping routes are already rising due to the lower availability of tankers as some stay stuck and some take the longer route around the southern tip of Africa. Traveling via that route can add two weeks onto a vessel’s journey between Asia and Europe.

      It’s going to take them five or six days to clear up all the backlog of traffic,” Rustin Edwards, the head of fuel-oil procurement at shipping firm Euronav NV, said on a conference call on Tuesday. “You’re going to start seeing congestion at delivery ports when the ships that diverted and the ships that went through start arriving at the same destinations. It’s going to cause a bit of a headache for a lot of container companies for the next couple of weeks.

      The blockage will reduce global reinsurers’ earnings, which have already been hit by the pandemic, winter storms in the U.S. and flooding in Australia, according to Fitch Ratings. Prices for marine reinsurance will rise further as a consequence, it said. Fitch estimates losses may amount to hundreds of millions of euros.

      In a potential merry-go-round of legal action, owners of the goods on board the Ever Given and other ships could seek compensation for delays from their insurers. Those insurers for the cargo can in turn file claims against Ever Given’s owners, who will then look to their insurers for protection.

      Evergreen says Japan’s Shoei Kisen Kaisha Ltd. — the ship’s owner — is responsible for any losses. Shoei Kisen has taken some responsibility but says charterers need to deal with the cargo owners.

      Owner and Insurers of Ever Given Face Millions in Claims
      Evergreen’s legal adviser is Ince Gordon Dadds LLP, according to people familiar with the matter, who asked not to be identified because they aren’t authorized to speak to the media. London-based Ince Gordon Dadds and Evergreen declined to comment.

      An official at Shoei Kisen said the company hasn’t received any compensation claim yet. The firm is still examining what it is responsible for. The ship’s hull is insured through three Japanese companies.

      Responsibility for the giant ship’s grounding will be determined after an investigation, the Canal Authority’s Rabie said. He added that the canal authority isn’t at fault and that the ship’s captain — not the pilot — was responsible for the vessel.

  • Canal de Suez. 130 000 moutons bloqués sur 11 cargos roumains, bloqués derrière le #evergiven avec juste le fourrage pour la traversée, une ONG, Animals International, craint une « tragédie ». L’ONG a à plusieurs reprises dénoncé les conditions de transport du bétail par mer sur des « navires de la mort », citant des cas où des milliers de moutons ont succombé de soif ou ont littéralement cuit vivants durant le voyage en plein été.

    Bruxelles a par le passé demandé un audit sur les pratiques de la Roumanie, la menaçant d’une procédure d’infraction si des « violations systématiques » de la législation européenne sur le bien-être animal étaient constatées.

    Troisième éleveur d’ovins au sein de l’Union européenne, la Roumanie figure parmi les premiers exportateurs vers les pays arabes https://ouest-france.fr/sciences/animaux/canal-de-suez-130-000-moutons-bloques-sur-des-cargos-une-ong-craint-une
    #Elevage #Animaux #banliveexports

  • Un porte-conteneurs s’échoue et bloque le canal de Suez - Nice-Matin
    https://www.nicematin.com/faits-divers/un-porte-conteneurs-sechoue-et-bloque-le-canal-de-suez-661220

    Un porte-conteneurs géant s’est échoué dans le canal de Suez après avoir été déporté par une rafale de vent, a annoncé mercredi la compagnie maritime qui l’opère, et le trafic maritime s’est arrêté sur l’une des routes commerciales les plus fréquentées du monde.

    • analyse de la situation de l’Ever Given

      https://threadreaderapp.com/thread/1374470486801838086.html

      Je reprends ici mes différentes réponses à ce tweet :
      #1 - Causes :
      J’ai pas d’info, mais d’expérience, une erreur humaine est très peu probable (rien ne l’indique ici). L’environnement ne peut pas créer ça tout seul. Il ne reste qu’un problème mécanique.
      Ça impliquerait que le contrôle de la manœuvre du navire soit perdue : soit avarie de barre, soit perte totale de la propulsion, soit un moteur (principal ou prop d’étrave) qui s’emballe de façon incontrôlée - rare).
      #2 - Dégâts au navire
      Ces bateaux sont costauds, et le bulbe (à l’avant) peut être écrasé sans couler le bateau. Les berges du canal ne sont pas rocheuses, d’ailleurs. Donc la coque va sûrement « pas trop mal » dans le sens où le bateau n’est pas coulé sur place.

      Par contre il est bien monté sur la berge (cf l’assiette, visible à la ligne de flottaison). Donc il est possible que certains apparaux de coque à l’avant soient touchés (prises d’eaux, etc). Si la réfrigération est bouchée par exemple, c’est vite la galère pour les moteurs.
      Plus grave : à la poupe, si les hélices ou le gouvernail se sont trop rapprochés de la berge ou du fond, ça pue. Notamment si on voile une ligne d’arbre ou une mèche. Ça peut signifier un passage au bassin rapidement après déchargement.
      #3 - situation des autres navires
      Le canal est fait pour gérer des zones d’attentes aux deux extrémités et le long de ses berges internes. Les bateaux vont donc accoster ou mouiller (et l’autorité du canal va donc facturer un max). Rien de bien inquiétant techniquement.
      #4 - évolution probables
      Il faut éviter à tout pris le déchargement sur place. D’abord parce que l’idée d’alléger le bateau pourrait le faire chavirer, et que ce n’est pas nécessaire. Ensuite parce qu’il n’y a pas d’infrastructures pour le faire.
      Il faudrait commencer par couler du béton armé sur les berges, puis faire venir d’immenses grues, et 10000 camions pour décharger. Ou tout faire par l’eau. Rien de simple.
      Le mieux est donc de contrôler l’étanchéité de la coque (par plongeurs et/ou de l’intérieur), de dégager le bulbe (coucou le ptit tractopelle), puis de procéder au déséchouage.

      Ce qui sera sûrement choisi, c’est une manœuvre ou l’on remorquera par le cul du navire, en tirant dessus avec un gros remorqueur, pendant que deux remorqueurs (minimum) seront en pousseurs sur l’avant de chaque bord, et un dernier en remorque inverse côté cul, pour freiner.

      Une fois déséchoué, j’imagine que le navire sera remorqué (avec ou sans aide de sa propre propulsion) vers l’extrémité du canal (Port Saïd).
      Là, des réparations et vérifications seront entreprises. Si besoin, des containers seront déchargés (si besoin d’une immobilisation longue)

      C’est sûrement le moment où la Suez Canal Authority procèdera à une très généreuse facturation (déjà qu’en temps normal, ça douille …). Le Canal est l’une des principales ressources du pays (surtout en ces temps de disette touristique).

      #5 - Plus grave ?
      Oui, toujours possible, même si rien ne l’indique encore. C’est déjà assez grave (et rare), mais ne sera pas un phénomène majeur pour le commerce mondial.
      Si le canal devait être bloqué plus d’une semaine par exemple, chacun d’entre nous devrait ressentir rapidement notre dépendance au canal (pétrole du Golfe et produits chinois en tout genre : tout passe par là !).
      Voilà. N’hésitez pas si vous avez d’autres questions !
      Ah et si vous voulez de l’accident plus grave, et plus débile (= impardonnable erreur humaine selon moi), n’hésitez pas à retrouver mon thread sur le Helge Ingstad ici :

    • À noter, en milieu d’après-midi, Le Monde (et d’autres médias) présentaient l’affaire comme étant en voie de règlement. On en trouve la trace dans la formulation initiale de l’adresse de l’article… (Le canal de Suez bloqué [plusieurs heures] à cause d’un cargo échoué en travers)
      et dans la formulation hybride du chapeau (_s’était retrouvé
      , plus que parfait)

      Le canal de Suez bloqué à cause d’un cargo échoué en travers
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/03/24/le-canal-de-suez-bloque-plusieurs-heures-a-cause-d-un-cargo-echoue-en-traver

      Le porte-conteneurs «  Ever Given  » s’était retrouvé en travers du canal reliant la mer Rouge à la Méditerranée, bloquant toute circulation. Le retour à la normale n’était pas acquis en milieu de journée.

      L’article expliquait que le navire avait été amarré parallèlement à la berge.

    • Suez Canal Block: How to Dislodge a 200,000 Ton Ship From a Canal Wall - Bloomberg
      https://www.bloomberg.com/news/articles/2021-03-24/how-to-dislodge-a-200-000-ton-ship-from-a-canal-wall

      When you can’t shift a ship that’s stuck fast into the wall of a canal that’s vital to world trade, there’s only one thing to do: call the salvage guys.

      The Ever Given container ship — a 200,000-ton behemoth — has been blocking what is arguably the world’s most important waterway, the Suez Canal, since Tuesday morning.

      The struggle to dislodge it is now turning the world’s attention to the work of SMIT Salvage, a legendary Dutch firm whose employees parachute themselves from one ship wreckage to the next, saving vessels often during violent storms. The company is synonymous with some of the most daring naval salvages, including lifting a sunken Russian nuclear submarine in 2001, and removing fuel from inside the Costa Concordia cruise ship after it ran aground in Italy in 2012.

      SMIT, a unit of Royal Boskalis Westminster NV, is one of the companies appointed by Ever Given’s owner to help move the vessel. The first job will be to work out exactly how entrenched in the wall the ship is, said Boskalis spokesman Martijn Schuttevaer.


      A digger clears the area around the bow of the stuck Ever Given container vessel in the Suez Canal on March 25.
      Source: Suez Canal Authority

      It will be critical to inspect the vessel and how deeply it is lodged in the embankment,” Schuttevaer said. “The question is how solidly she has been grounded.

      The answer to that question will dictate what comes next. The salvors could have to find a way to lighten the vessel’s enormous weight so that it can be pulled to a less obstructive position. At the moment, it’s blocking the path of more than 100 vessels.

      The canal handles something like 10% of seaborne trade, spanning everything from finished goods to oil, gas, and dry-bulk commodities. And those cargoes aren’t flowing while the Ever Given is stuck.

      The process of making the ship lighter means removing things like the ballast water, which helps keep ships steady when they’re at sea. Fuel will probably have to be unloaded too, Schuttavaer said.


      The stuck Ever Given container ship in the Suez Canal on March 25.
      Source: Suez Canal Authority

      In a worst-case scenario, it could be that some of the carrier’s containers — usually filled with everything from furniture to televisions — may have to be taken off. How long that process lasts would depend on how much equipment is around to do the heavy lifting. It can often involve flying in helicopters to remove the crates one by one.

      SMIT was due to fly an 8-person team in at dawn Thursday local time to board and inspect the vessel and the grounding. A big part of the initial underwater assessment is how much the banks slope at that point in the canal. Japan’s Nippon Salvage Co. has also been hired to assist in the re-floating, according to a person familiar with the matter.

      Such teams are usually led by a salvage master, often a former captain or someone with knowledge of the industry, but can also include divers, welders and crane operators, according to Joseph Farrell III, director of business development at Resolve Marine, another company that offers salvage services. He declined to comment specifically on the Ever Given.

      Stern Test
      Pictures now seen across the globe of the vessel spread fully across the canal, point to the first major hurdle. It ran aground both at the front and at the back, almost perpendicular to the canal walls. That’s leaving very little room to simply tow it away from either end, SMIT says.

      For now, the focus is on dredging around the vessel. The canal authority has dispatched two of its dredgers, the Mashor and the 10th of Ramadan, to remove sand from underwater before rescuers attempt to pull it. From the shore, excavators are also working around the vessel. Western shipping experts who analysed photos of the Ever Given calculated that her protruding bulb was as much as 5 meters buried into the canal wall.


      The container vessel MV Ever Given blocks the Suez Canal on March 24.
      Source: Planet Labs Inc. via AP Photo

      Not everything in the grounding has been bad news. One thing that’s likely to make the process easier is that the ship has gotten itself stuck in sand, rather than rock. More malleable material around the Ever Given should make for a slightly smoother escape.

      There are already tug boats around the ship working to help with its removal, but with such a giant vessel, bigger ones with more horsepower are usually needed. Crews are hoping that periods of higher tide over the next few days will be conducive to helping free the Ever Given.

      Until then, the world’s commodity and maritime markets — and the world trade they serve — will be left hanging, waiting on the professionals to help shift a 200,000-ton ship.

      There’s only a few companies in the world that do what we do,” said Farrell. “It’s a challenge, the container ships are always the biggest jobs.

    • Suez Canal could be blocked for weeks by ’beached whale’ ship | Reuters
      https://www.reuters.com/article/egypt-suezcanal-ship-int-idUSKBN2BH0BP

      A huge container ship blocking the Suez Canal like a “beached whale” may take weeks to free, the salvage company said, as officials stopped all ships entering the channel on Thursday in a new setback for global trade.

      The 400 metre Ever Given, almost as long as the Empire State Building is high, is blocking transit in both directions through one of the world’s busiest shipping channels for oil and refined fuels, grain and other trade linking Asia and Europe.

      Late on Thursday, dredgers were still working to remove thousands of tonnes of sand from around the ship’s bow.

      The Suez Canal Authority (SCA) said earlier that nine tugs were working to move the vessel, which got stuck diagonally across the single-lane southern stretch of the canal on Tuesday morning amid high winds and a dust storm.

      We can’t exclude it might take weeks, depending on the situation,” Peter Berdowski, CEO of Dutch company Boskalis, one of two rescue teams trying to free the ship, told the Dutch television programme “Nieuwsuur”.

      A total of 206 large container ships, tankers carrying oil and gas, and bulk vessels hauling grain have backed up at either end of the canal, according to tracking data, creating one of the worst shipping jams seen for years.

      The blockage comes on top of the disruption to world trade already caused in the past year by COVID-19, with trade volumes hit by high rates of ship cancellations, shortages of containers and slower handling speeds at ports.

      The world’s number one line A.P. Moller Maersk said it was considering diverting vessels around Africa’s Cape of Good Hope, adding five to six days to the journey between Asia and Europe. It said time-sensitive cargo could be sent on trains and airplanes, although no decisions had yet been made.

      “ENORMOUS WEIGHT”
      The SCA, which had allowed some vessels to enter the canal in the hope the blockage could be cleared, said it had temporarily suspended all traffic on Thursday. Maersk said in a customer advisory it had seven vessels affected.

      Berdowski said the ship’s bow and stern had been lifted up against either side of the canal.

      Explainer: How a giant container ship is blocking the Suez Canal
      It is like an enormous beached whale. It’s an enormous weight on the sand. We might have to work with a combination of reducing the weight by removing containers, oil and water from the ship, tug boats and dredging of sand.

      Dredging work to remove 15,000-20,000 cubic metres of sand surrounding the bow continued after dark on Thursday, in coordination with the team from Boskalis subsidiary Smit Salvage, the SCA said.

      The dredging work, which began on Wednesday evening and has involved two dredgers, aims to return the ship to a draft of 12-16 metres at which it could be refloated, the authority said.

      (Graphic: Suez blockade - )

      Japanese shipowner Shoei Kisen apologised for the incident and said work on freeing the ship, which was heading to Europe from China, “has been extremely difficult” and it was not clear when the vessel would float again.

      Another official with knowledge of the operation said that was likely to take days. “If you end up in the scenario that you have to remove cargo then you are looking at a time consuming exercise,” he said, declining to be named.

      A higher tide due on Sunday may help the rescue efforts.

      However, the Egyptian meteorological authority is also warning of a “disruption of marine navigation” due to an expected sea storm on Saturday and Sunday, with winds forecast to reach up to 80 kph (50 mph) and waves up to 6 metres high along the Red Sea and the Gulf of Suez.

      Roughly 30% of the world’s shipping container volume transits through the 193 km (120 mile) Suez Canal daily, and about 12% of total global trade of all goods.

      Slideshow ( 5 images )

      Every port in Western Europe is going to feel this,” Leon Willems, a spokesman for Rotterdam Port, Europe’s largest, said. “We hope for both companies and consumers that it will be resolved soon.

      CONTAINER CRUNCH
      Consultancy Wood Mackenzie said the biggest impact was on container shipping, but there were also a total of 16 laden crude and product oil tankers due to sail through the canal and now delayed.

      The tankers were carrying 870,000 tonnes of crude and 670,000 tonnes of clean oil products such as gasoline, naphtha and diesel, it said.

      Russia and Saudi Arabia are the top two exporters of oil through the canal, while India and China are the main importers, oil analytics firm Vortexa said. Consultancy Kpler said the canal accounted for only 4.4% of total oil flows but a prolonged disruption would complicate flows of Russian and Caspian oil to Asia and oil from the Middle East into Europe.

      The impact on oil prices has been limited so far as the destination of most oil tankers is Europe, where demand is currently weaker due to a new round of lockdowns. [O/R]

      The deputy managing director of Germany’s BDI industry association, Holger Loesch, expressed concern, saying earlier shipping holdups were already affecting output, especially in industries depending on raw materials or construction supplies.

      About 16% of Germany’s chemicals imports arrive by ship via the Suez canal and the chief economist for the association of German chemicals and pharmaceuticals producers VCI, Henrik Meincke, said they would be affected with every day of blockage.

      The owner and insurers face claims totalling millions of dollars even if the ship is refloated quickly, industry sources said on Wednesday. Shoei Kisen said the hull insurer of the group is MS&AD Insurance Group while the liability insurer is UK P&I Club.

    • Canal de Suez : le navire débloqué ce samedi soir ? - Monde - Le Télégramme
      https://www.letelegramme.fr/monde/canal-de-suez-le-navire-debloque-ce-samedi-soir-27-03-2021-12726032.php


      Le porte-conteneurs est bloqué depuis mardi dans le canal de Suez.
      Photo EPA

      Le navire qui empêche la navigation sur le canal de Suez depuis mardi pourrait être débloqué ce samedi soir, a déclaré son propriétaire.

      Yukito Higaki, le propriétaire du porte-conteneurs qui obstrue depuis mardi le canal de Suez, a dit avoir bon espoir que le navire soit débloqué dès ce samedi soir, alors que des jours voire des semaines étaient précédemment évoqués. « Nous sommes en train d’éliminer les sédiments, avec des outils de dragage supplémentaires », a déclaré vendredi Higaki, le président de la compagnie japonaise Shoei Kisen. Il a dit espérer un déblocage du Ever Given pour « demain (samedi) soir », c’est-à-dire dans la nuit de samedi à dimanche au Japon. « Le navire ne prend pas l’eau. Il n’y a aucun problème avec ses gouvernails et ses hélices. Une fois qu’il aura été renfloué, il devrait pouvoir fonctionner », a ajouté le dirigeant.

      10 % du commerce maritime international
      La société mandatée pour le « sauvetage » de l’Ever Given s’était auparavant montrée plus prudente, évoquant « des jours voire des semaines » pour assurer le déblocage du navire et la reprise du trafic sur le canal qui voit passer 10 % du commerce maritime international, selon des experts.

      Depuis mercredi, l’Autorité égyptienne du canal de Suez (SCA) tente de dégager ce navire de plus de 220 000 tonnes et d’une longueur équivalente à quatre terrains de football, coincé dans le sud du canal, à quelques kilomètres de la ville de Suez. Une opération menée vendredi par la SCA avec l’aide de remorqueurs « n’a pas réussi », a indiqué la Bernhard Schulte Shipmanagement (BSM), compagnie basée à Singapour qui assure la gestion technique du navire. « Deux remorqueurs (égyptiens) supplémentaires de 220 à 240 tonnes » doivent arriver d’ici dimanche pour une nouvelle tentative, selon cette société.

    • Mega-ship in Suez Canal moved ’80%’ in right direction
      https://news.yahoo.com/ever-given-ship-suez-canal-051538431.html

      The Ever Given was turned away from the bank of Suez Canal on Monday, raising hopes it could be soon be refloated

      la poupe a pu être dégagée, semble-t-il.
      il va falloir hâler fort en arrière pour dégager la proue (et le bulbe, bien planté…)

    • MV Ever Given Partially Refloated in Suez; Ship Still Blocking Canal – gCaptain
      https://gcaptain.com/mv-ever-given-partially-refloated-in-suez-ship-still-blocking-canal


      Screen shot shows the position of the MV Ever Given following reports that the ship had been refloated. Taken Mar 23, 04:17 UTC.
      Credit: VesselFinder.com

      The giant container ship blocking the Suez Canal has been at least partially refloated, the first step toward getting one of the world’s most important trade arteries moving again.

      The Ever Given was successfully refloated at about 4:30 a.m. local time in Egypt and the vessel is currently being secured, maritime services provider Inchcape Shipping Services said in an email. It followed a new attempt to dislodge the ship involving 10 tug boats, according to the Suez Canal Authority.

      There was no immediate clarity on the crucial question of when traffic in the canal will restart. The ship has a damaged hull and it’s not clear how soon it will be able to clear the way for other vessels to pass.

  • Bordering under the corona virus pandemic

    In our recent book Bordering (Yuval-Davis, Wemyss & Cassidy, 2019), we discuss the paradoxical phenomenon that, under neoliberal globalisation, borders did not disappear but rather proliferated off-and in-shore, from consulates across the globe to everyday spaces like railways and places of work. We described the functioning of bordering as processes rather than static boundary lines that, like computer firewalls, are invisible to some, impermeable to many others. We showed the ways these have crucially contributed to multi-scalar – from the global to the local – inequalities and precarities, forcing more and more people to be precariously stuck in limbo grey borderzones with no possibility of building regular lives with civil, political and social rights.

    It is important to examine the ways the pandemic has affected these processes of everyday bordering, both locally and globally. Of course, it is far too early to know, or even predict, the longer-term transformations in bordering that the pandemic will bring. However, it is safe to say that, as after earlier major crises, such as 9/11 and the AIDS crises – to mention just two major transformatory crises in recent decades – the ‘new normal’ is not going to go back to how things were, in several major ways. Everyday bordering, from the lockdown of individuals in their homes to the lockdown of regional and national borders, is at the heart of the technologies of control used to try to contain the pandemic and it is thus hard to believe that free movement would be restored any time soon.

    Except that, as we’ve shown in our book, free movement has never been free for most people. Border controls have been operating like computers’ firewalls, invisible to some, blocking many others, with money and required skills for the neoliberal economy being the main facilitators. We can see these firewalls continuing to operate today as well – at different ends of the scale, the super-rich flying in private jets able to travel without being subject to the usual restrictions and seasonal workers from Eastern Europe being flown into the UK by the farming industry to ensure that fruit is being picked. Two weeks into the lockdown, the Home Office published its guidance for post-Brexit immigration rules aimed at preventing low paid workers – the key workers on which healthcare services are depending – from working in the UK.

    These are just some of the paradoxes of ‘lockdown’ and ‘social distancing’ policies. On the one hand, a neo-liberal governmentality that puts the onus of responsibility on the individuals, where people are required to isolate themselves at home and keep away from others, while others are forced to carry on working – not only because they fulfil essential medical, social and economic roles, but also because many of them would not get any money to live on if they stop working.

    This is just one of the intersectional growing inequalities impacts of everyday bordering. Given their disproportionate presence in frontline health and public services, the percentage of BAME people who have died under the pandemic is still unknown but feared to be to very high. Of course, this is not just due to the kind of jobs they do, but also their poor and crowded living conditions, as well as a distrust of governmental and scientific authorities which have not helped them in the past.

    In addition to unequal class and racialised effects, the lockdown bordering has also had a major gendered effect, such as a sharp rise in domestic violence, as can be expected when nuclear family members are locked down together.

    In our book we discussed the ways everyday bordering as a top down technology of control has been reinforced by and reinforces the growth of bottom up nativist extreme right movements, which have brought to power authoritarian rulers in many countries in the globe and arguably Brexit in the UK. Blaming and scapegoating the ‘Others’ have been a major multi-scalar reaction to the pandemic, from Trump calling the corona virus ‘the Chinese virus’, to social media blaming George Soros in the traditional antisemitic blood conspiracy theories, to street hate crimes, including health workers reporting abuse from strangers for leaving their homes.

    One of the positive ‘side effects’ of the lockdown has been the development and reinforcement of mutual aid groups in local communities. Neighbours have got to know each other, help elderly and vulnerable people with their shopping etc. However, the other side of the strengthening of local bonds has been the rejection of ‘others’. Local media report people crossing county borders’ violating lockdowns – Kent Online reported ‘Lockdown louts from London have been fined after once again invading the county’ and being found by ‘enforcement officers from the council who were patrolling the area’. This is aided by regional bordering policies, which in some countries, such as Italy, has meant the official closure of regional borders for non-essential traffic, while in the UK, Sussex police, for example, praised ‘the amazing community spirit across Sussex’, whilst noting that ‘Unfortunately, a small number of people from outside of the county deemed it appropriate to visit the area’.

    The aim of this blog post is not to oppose bordering policies in the age of the pandemic, but rather to argue that using it as almost the only counter-pandemic measure is dangerous, both at present and for the future.

    At present, we have seen that when voluntary lockdown policies are used, without mass testing and sufficient protective equipment for those who are not in isolation, they cost many lives as well as create psychological, social and economic hardships. In comparison, other states, including Germany and South Korea, have used mass testing and contact tracing to slow down the rate of infection.

    Moreover, these borderings, like the borderings we described in our book, are an intersection of political projects of governance and of belonging. Very few states, including Ireland and Portugal, have recognised all migrants to be full entitled members of society during the pandemic; only a few states have recognized the right of all members of societies for minimum income during the pandemic, and policies aimed at exclusion and deprivation of all those in national and global grey limbo zones endanger the lives of millions across the globe.

    Everyday bordering policies are evolving in which the surveillance of people is reaching sci-fi dimensions. Similar COVID-19 related technologies are being developed globally by authoritarian and liberal governments. While Israel has authorised counter-terrorism surveillance to track corona virus patients, compulsory colour-coded health apps determine whether individuals can travel in China, while Russia uses face recognition technologies to enforce self-isolation. In Hong Kong and Singapore, COVID 19 apps identify locations and contacts of individuals. European governments are copying these apps whilst also collecting telecom data and using drones to spot transgressors.

    Such developments combine with rumours and debates about national and global digital monitoring of vaccinations, adding force to Yuval Noah Harari’s speculations that the epidemic may normalise biometric surveillance with authorities becoming able to detect people’s emotions as well as their lifestyles and whereabouts. This would be the utmost paradox: a borderless world with the most tightly operated everyday bordering technology.


    https://acssmigration.wordpress.com/2020/04/20/bordering-under-the-corona-virus-pandemic-georgie-wemyss-and-nira-yuval-davis/amp/?__twitter_impression=true

    #frontières #coronavirus #covid-19 #bordering #frontiérisation #surveillance #frontières_mobiles #riches #pauvres #immobilité #hyper-mobilité #travailleurs_étrangers #confinement #responsabilité_individuelle #travail #inégalités #everyday_bordering #classes_sociales #inégalités_raciales #violence_domestique #altérité #solidarité #racisme #xénophobie #surveillance_biométrique #drones

    La conclusion autour d’un #paradoxe :

    This would be the utmost paradox: a borderless world with the most tightly operated everyday bordering technology.

    Pour @etraces :

    Everyday bordering policies are evolving in which the surveillance of people is reaching sci-fi dimensions. Similar COVID-19 related technologies are being developed globally by authoritarian and liberal governments. While Israel has authorised counter-terrorism surveillance to track corona virus patients, compulsory colour-coded health apps determine whether individuals can travel in China, while Russia uses face recognition technologies to enforce self-isolation. In Hong Kong and Singapore, COVID 19 apps identify locations and contacts of individuals. European governments are copying these apps whilst also collecting telecom data and using drones to spot transgressors.

    Pour @karine4 :

    Moreover, these borderings, like the borderings we described in our book, are an intersection of political projects of governance and of belonging. Very few states, including Ireland and Portugal, have recognised all migrants to be full entitled members of society during the pandemic; only a few states have recognized the right of all members of societies for minimum income during the pandemic, and policies aimed at exclusion and deprivation of all those in national and global grey limbo zones endanger the lives of millions across the globe.

    ping @isskein @mobileborders

  • #Eau, #tourisme et #montagne

    Emmanuel Reynard
    Tourisme de montagne et gestion de l’eau et de la neige en contexte de #changement_climatique
    Mountain Tourism and Water and Snow Management in Climate Change Context

    Martin Gerbaux, Pierre Spandre, Emmanuelle George et Samuel Morin
    Fiabilité de l’#enneigement et disponibilité des ressources en eau pour la production de neige dans les domaines skiables du Département de l’#Isère (#France), en conditions climatiques actuelles et futures
    Snow Reliability and Water Availability for Snowmaking in the Ski resorts of the Isère Département (French Alps), Under Current and Future Climate Conditions

    David Sauri et Joan Carles Llurdés
    Climate Change and Adaptation Strategies of Spanish Catalan Alpine Ski Resorts
    Changement climatiques et stratégies d’#adaptation dans les #stations_de_ski catalanes espagnoles

    Martin Calianno
    La méthode des analogues : reproduire le caractère saisonnier de la distribution d’#eau_potable dans les #stations_touristiques de montagne
    The Analogues Method : Reproducing the Seasonality of Drinking Water Distribution in Mountain Tourist Resorts

    Marie Faulon et Isabelle Sacareau
    Tourisme, gestion sociale de l’eau et changement climatique dans un territoire de haute altitude : le massif de l’#Everest au #Népal
    Tourism, Social Management of Water and Climate Change in an Area of High Altitude : the Everest Massif in Nepal

    https://journals.openedition.org/rga/6689
    #revue #neige #Espagne #Catalogne

  • Everyday racism : exhibition heading to Glasgow

    A NEW photography exhibition aims to shine a light on the every day experiences of racism faced by people of colour in Glasgow and foster conversations on how best to tackle discrimination.

    The exhibition, which opens at the Glasgow Museum of Modern Art (GOMA) this week, features 10 photographs by Karen Gordon, taken in collaboration with her subjects. It examines the common place racism experienced by the project’s participants that often went unnoticed by the white population around them.

    Participants, who all live in Glasgow, told Gordon about experiences of being stopped and searched at airports and taken aside for questioning by plain clothes police officers.
    Others had gone through their twenties being turned away from pubs and nightclubs by bouncers, although this did not happen to their white friends. One actor with Scottish Asian heritage said that being told he “did not have the right look” at castings was such a common experience that it was a “running joke” amongst BAME actors.

    One black man spoke about the “dirty looks” and “handbags clutched” if he was wearing a hoodie, while several others spoke of sensing racist judgments being made based on the colour of their skin. One black women recalled when a music tutor she had just met reached out unprompted to touch her hair.

    Gordon, who has worked as a photographer with Maryhill Integration Network – which supports refugee and migrant communities – for many years said she was inspired to start the project after realising that even though she had been involved in anti-racism work she was still not aware of the daily nature of racism directed at people of colour.

    She said: “As someone who has been trying to tackle racism all my life I realised there was still so much that I was unaware of. What are the insidious things that people don’t talk about? Glasgow can seem quite diverse and welcoming due to that, but when you start to go under the surface its more complicated.

    “The most important thing for me was that the participant was happy with the portrayal, so that was a huge part of the project and I worked very closely with people.

    “A lot of white people say they don’t see colour and that is only because they have never had to see it. It’s such a huge issue. I see the photographs as a way of starting a bigger conversation about this.”

    Nida Akif, a 21-year-old student, who both took part in and worked on the project, said that it had helped her to deepen her own understanding of the structural racism that she had sometimes struggled to name when she was younger.

    “For me what is often frustrating is that you experience something that is not outward racism but it’s more that it is an underlying thing,” she said.

    The photograph featuring Akif depicts an experience she had in an art gallery.

    She and a friend – both of Pakistani heritage and wearing headscarves – were told to stop taking photographs. The white people doing the same around them continued to do so unchecked.

    “It’s something that you can’t report because it’s treated as just being a suspicion,” she said. “When I started to speak to others about this I realised that as someone who is brown, who is Asian and wears a hijab I think about [how I am viewed] every day ... when I’m on the train and someone doesn’t sit next to me, when I go for job interviews.”

    THE increasing racist attitudes in Britain have also affected Akif and her friends, she claimed, with many of them deciding to remove their hijabs and headscarves because they felt it made them too visible.

    She said of the exhibition: “I hope that it will showcase the experiences people are having and will help tackle ignorance.”

    Concerns have been growing about the way that racist attitudes are being normalised by the racist and Islamophobic comments made by our most high-profile politicians.

    Last August Boris Johnston was widely condemned for saying Muslim women wearing burkas “look like letter boxes”, yet went on to become Prime Minister regardless. Meanwhile the “hostile environment” policies that led to the Windrush scandal have remained a cornerstone of Conservative government strategy.

    https://www.thenational.scot/news/18071789.everyday-racism-exhibition-heading-goma
    #racisme_ordinaire #racisme #xénophobie #Glasgow #photographie #peau #couleur_de_peau #Karen_Gordon

    Le site de la photographe :
    https://karengordonphotography.blog

    Et la présentation de son travail #Everyday_racism :
    https://karengordonphotography.blog/everyday-racism

    ... notamment avec cette photo qui clairement mentionne la question des #cheveux


    #cheveux_crépus

    ... ou celle-ci qui aborde la question de la #classe_sociale et du #travail :

    ping @albertocampiphoto @philippe_de_jonckheere

  • Le patriarcat chez nos ancêtres est une invention sexiste d’archéologues hommes - VICE
    https://www.vice.com/amp/fr/article/wjv8j4/le-patriarcat-chez-nos-ancetres-est-une-invention-sexiste-darcheologues-hommes

    Vous avez « fouillé » pendant 10 ans. Votre livre, lui, se base sur les fouilles archéologiques menées par vos confrères dans 1733 tombes champenoises, datées de - 600 à - 200. Vous avez trouvé quelque chose d’intéressant ?
    Grâce aux tests ADN, on sait désormais avec certitude que certains hommes ont été enterrés avec des objets de parure, par exemple. Durant une période, des femmes ont également été ensevelies sous de grands tumulus avec des chars [supposément destinés à la guerre, ndlr], des offrandes animales et des céramiques, ce qui suppose un investissement important de la communauté. Par ailleurs, le seul druide (personnage qui aurait détenu du savoir et donc du pouvoir) dont on aurait hypothétiquement retrouvé la tombe a été incinéré : il est donc impossible de connaître son sexe.

    Ces vestiges funéraires sont donc insuffisants pour connaître les rôles sociaux de chacun. Par exemple, les objets de parure sont associés à l’élégance et à la féminité alors qu’ils sont peut-être symboles de pouvoir, de rang social ou d’identité communautaire. Nous-mêmes portons bien des vêtements différents en fonction de notre genre, certes, mais aussi de notre âge, de notre classe sociale, de la quantité d’argent que l’on dépense dans le paraître. Scientifiquement, on ne sait pratiquement rien de l’organisation de ces sociétés et des rapports sociaux en fonction du genre des individus. Je suis persuadée que, sans textes d’époque, on ne pourra jamais vraiment répondre à ces interrogations.

    • Une archéologue préhistorienne de l’auditoire a profité de votre intervention à la BNF pour rappeler que son champ d’étude est également peu perméable aux questions de genre, notamment « parce que ce sont des abbés qui ont fait toutes les premières découvertes ». C’est donc une constante de l’archéologie ?

      La gender archeology est portée à 90 % par des femmes, on le constate à chaque colloque. La notion de « genre » (comme outil théorique et méthodologique) nous permet de questionner la différenciation des sexes qui semblait « normale » aux chercheurs depuis deux siècle. Penser que des femmes puissent avoir tenu des rôles divers dans les sociétés anciennes questionne l’ordre établi. C’est déjà subversif.

      D’une manière générale, l’archéologie est encore dominée par des hommes. Il se trouve que la plupart ne se posent pas les mêmes questions, ne regardent pas les choses de la même manière que les femmes. Ils considèrent que leur position est objective, comme doit l’être la science – bien que l’étude des vestiges celtes montrent que les archéologues portaient aussi une idéologie. Les études de genre, elles, peuvent être vues à tort comme « militantes » et « non-scientifiques ».

      Ajouter à la compilation #archéologie et #sexisme :
      https://seenthis.net/messages/633249

    • @mad_meg je me suis fait la même réflexion. Il y a à la fois plein de boulot à faire en archéologie et anthropologie pour avoir une meilleure vision des répartitions des activités dans les autres cultures, c’est sûr, mais ce n’est pas pour autant que tout d’un coup le patriarcat ne serait que dans l’époque moderne. En même temps c’est un titre de Vice hein… on allait pas voir « le patriarcat chez certains de nos ancêtres… » ou ce genre de subtilités :)

    • Dans le livre d’Eliane Viennot, elle met au jour un point intéressant, le fait que la laideur soit une appropriation masculine pour se démarquer de la « beauté » des femmes. Elle ajoute que la mode vestimentaire masculine actuelle est héritière de cette dichotomie des genres.
      Mais effectivement @mad_meg, retrouver perruque et dentelles dans la tombe d’un bourgeois de la cour de louis XIV ne fait pas de cette période un moment égalitaire :)
      Cependant, scientifiquement et grâce à l’ADN, l’archéologie est bien obligée de remettre en question ses biais de genre. Je pense à ces tombes vikings qui sont maintenant reconnues comme étant celles de femmes de pouvoir.
      https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/archeologie/des-guerrieres-vikings-ont-existe-la-preuve-par-la-genetique_116284

    • Le patriarcat chez nos ancêtres est une invention sexiste d’archéologues hommes

      Ce n’est pas une tournure très heureuse, mais partant du fait que le passé s’écrit au présent, je dirais que les archéologues ont voulu inscrire l’Histoire sous le biais de leur genre et de leur époque, c’est à dire en oblitérant le plus souvent l’existence ou le rôle des femmes. Tout archéologue véhicule sa propre histoire jusque dans ses découvertes. Les interprétations des découvertes archéologiques ont permis de maintenir une continuité dans l’idéologie dominante, de dessiner la courbe d’un soit disant progrès ou d’une organisation sociale ancienne qui aurait perduré, comme le patriarcat et la domination des femmes.
      Donnant ainsi des arguments pour poursuivre la domination des femmes et assurer leur asservissement jusqu’à aujourd’hui.
      Je compare cette situation avec « l’oubli » des pharaons noirs.

      Penser que des femmes puissent avoir tenu des rôles divers dans les sociétés anciennes questionne l’ordre établi. C’est déjà subversif.
      Chloé Belard

    • @cjldx ce qu’on essaye de documenter sur seenthis et que j’ai essayé de faire le plus poliment ici même, c’est l’infini du #mansplaining. Situation que tu sembles considérer de ton poste masculin comme une curiosité sémantique à analyser et que nous nous prenons en tant que femme et personnellement #every_day_dans_la_gueule. Tu parles de documentation, on parle de notre mort programmée par les hommes.

    • Je ne me méprends pas et je reconnais que ce qui se nomme « le point de vue » est bien l’endroit d’où l’on regarde. Et cela reste dans le sujet de cette discussion sur le biais genré des interprétations, en l’occurrence celui des dominants.

  • The Goldilocks Zone: How #everipedia Will Dominate the Future of #knowledge
    https://hackernoon.com/the-goldilocks-zone-how-everipedia-will-dominate-the-future-of-knowledge

    Goldilocks drinking the bowl of porridge that is “just right”In astronomy, the circumstellar habitable zone is defined as the range of orbits around a star in which a planet has the ability to support liquid water given sufficient atmospheric pressure. This habitable zone of a planet is determined by the distance it is from a star and the amount of radiant energy it receives from said star. The notion states that if a planet is in this zone and can support liquid water, then it has the capacity to support life.The habitable zone for life is better known to many as the “Goldilocks zone”, a metaphor taken from the classic children’s fairy tale Goldilocks and the Three Bears where a little girl chooses three items (such as soup), ignoring the ones that are extreme (too hot, too cold), and (...)

    #everipedia-partnership #wikipedia #content

  • Everipedia Culture Roundup #13 : Factual Coverage
    https://hackernoon.com/everipedia-culture-roundup-13-factual-coverage-db03d0db07c3?source=rss--

    Covering news, pop culture, and #media should be a straight-forward thing one should think, but today it’s hard to get a sense of what is true and false. On this week’s edition of Everipedia Culture Roundup, we recognize people that report the #facts. Hassan Bargathi was the founder of the popular culture staple Only Hip-Hop Facts. Christie Smythe is writing a book that is an expansion on the biggest story she ever reported, the arrest of Martin Shkreli. Armin van Bitcoin isn’t a journalist by any means, but he truthfully shares his opinion on cryptocurrency and trading to his tens of thousands of followers on Twitter. Marko Jukic is using the scientific method to improve #language-learning techniques in order to increase the success rate of fluency. And Muzmatch is the honest dating app (...)

    #dating-app #everipedia-partnership