• Les Néandertaliens marchaient comme les humains d’aujourd’hui (et d’hier).

    Les Néandertaliens sont souvent décrits comme ayant des colonnes vertébrales droites et une mauvaise posture. Cependant, ces humains préhistoriques nous ressemblaient plus que beaucoup qu’on ne le supposent. Des chercheurs de l’Université de Zurich ont montré que les Néandertaliens marchaient debout, à la manière des hommes modernes - grâce à une reconstruction virtuelle du bassin et de la colonne vertébrale d’un squelette de Néandertal très bien conservé découvert en France.

    Une posture droite et bien équilibrée est l’une des caractéristiques déterminantes de l’Homo sapiens. En revanche, les premières reconstitutions de Néandertaliens effectuées au début du XXe siècle les décrivaient comme ne marchant que partiellement debout. Ces reconstitutions étaient basées sur le squelette en grande partie préservé d’un homme âgé, l’homme de Neandertal, découvert à La Chapelle-aux-Saints, en France.

    Changer de perspective

    Depuis les années 1950, les scientifiques ont su que l’image du Néandertalien comme un homme des cavernes n’était pas exacte. Leurs similitudes avec nous-mêmes, tant du point de vue de l’évolution que du comportement, sont également connues de longue date, mais le pendule a basculé ces dernières années dans la direction opposée. « Se concentrer sur les différences est de nouveau à la mode », déclare Martin Haeusler, spécialiste de la médecine de l’évolution à l’UZH. Par exemple, des études récentes ont utilisé quelques vertèbres isolées pour conclure que les Néandertaliens ne possédaient pas encore de colonne vertébrale bien formée en forme de S.

    Cependant, une reconstruction virtuelle du squelette de La Chapelle-aux-Saints a maintenant apporté la preuve du contraire. Ce modèle anatomique généré par ordinateur a été créé par le groupe de recherche dirigé par Martin Haeusler de l’Université de Zurich et comprenait Erik Trinkaus de l’Université de Washington à Saint-Louis. Les chercheurs ont pu montrer que l’individu en question ainsi que les Néandertaliens en général avaient une région lombaire et un cou incurvés, tout comme les humains d’aujourd’hui.

    Sacrum, vertèbres et signes d’usure comme preuve

    Lors de la reconstruction du bassin, les chercheurs ont découvert que le sacrum était positionné de la même manière que chez l’homme moderne. Cela les a amenés à conclure que les Néandertaliens possédaient une région lombaire avec une courbure bien développée. En assemblant les vertèbres lombaires et cervicales individuelles, ils ont pu discerner que la courbure de la colonne vertébrale était encore plus prononcée. Le contact très étroit entre les apophyses épineuses - les saillies osseuses au dos de chaque vertèbre - est devenu évident, de même que les marques d’usure saillantes causées en partie par la courbure de la colonne vertébrale.

    Reconnaître les similitudes

    Des marques d’usure sur l’articulation de la hanche du squelette de La Chapelle-aux-Saints indiquaient également que les Néandertaliens avaient une posture droite semblable à celle de l’homme moderne. « La pression exercée sur l’articulation de la hanche et la position du bassin ne diffère en rien de la nôtre », a déclaré Haeusler. Cette découverte est également corroborée par les analyses d’autres squelettes de Néandertal ayant suffisamment de restes de vertèbres et d’os pelviens. « Dans l’ensemble, il n’y a pratiquement aucune preuve qui indiquerait que les Néandertaliens aient eu une anatomie fondamentalement différente », explique Haeusler. "Le moment est venu de reconnaître les similitudes fondamentales entre les hommes de Néandertal et les humains modernes et de se concentrer sur les subtils changements biologiques et com

    portementaux survenus chez les humains à la fin du Pléistocène."

    #Préhistoire #Paléolithique #Evolution #colonne vertébrale #Néandertal #47000BP

    UZH - Neanderthals Walked Upright just like the Humans of Today
    https://www.media.uzh.ch/en/Press-Releases/2019/Neanderthals.html

    Haeusler M, Trinkaus E, Fornai C, Müller J, Bonneau N, Boeni T, Frater NT (in press). Morphology, Pathology and the Vertebral Posture of the La Chapelle-aux-Saints Neandertal. Proceedings of the National Academy of Sciences, 25 February 2019. DOI : 10.1073/pnas.1820745116

  • Le nombre de #femmes qui vivent à plus de 45 min d’une #maternité a doublé en 20 ans
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/03/21/le-nombre-de-femmes-qui-vivent-a-plus-de-45-mn-d-une-maternite-a-double-en-v

    La mobilisation des élus et d’une partie de la population n’y a rien changé. Après Die (Drôme), Creil (Oise), Saint-Claude (Jura), Le Blanc (Indre), la maternité de Bernay (Eure) a à son tour dû définitivement fermer ses portes, lundi 11 mars, obligeant les femmes enceintes qui devaient y accoucher à se rendre à Lisieux (Calvados), à trente minutes de route, ou à Evreux (Eure) à cinquante minutes.En un peu plus de vingt ans, entre le 1er janvier 1997 et le 11 mars 2019, la France a perdu 338 maternités (413 fermetures et 73 ouvertures) sur 835. A l’issue de cette colossale refonte de la carte sanitaire, le nombre de femmes en âge de procréer se trouvant à plus de quarante-cinq minutes d’une maternité a plus que doublé, passant de 290 000 à 716 000, soit 430 000 de plus. Le nombre de celles se trouvant à plus de trente minutes a, lui, augmenté de près de deux millions, passant de 1,9 million en 1997 à 3,7 millions en 2019.

    • MATERNITÉS AGNÈS BUZYN MET LES SAGES-FEMMES EN PREMIÈRE LIGNE, Sylvie Ducatteau
      https://www.humanite.fr/maternites-agnes-buzyn-met-les-sages-femmes-en-premiere-ligne-669747

      La ministre de la Santé a assuré vouloir « trouver une solution pour qu’il n’y ait plus cette angoisse d’accoucher loin d’une maternité »,
      Interrogée jeudi sur BFMTV et RTL, la ministre de la Santé a assuré vouloir « trouver une solution pour qu’il n’y ait plus cette angoisse d’accoucher loin d’une maternité », alors que 35 de ces établissements ont été fermés récemment ou sont menacés de disparaître au prétexte de pénurie de pédiatres et d’obstétriciens. Agnès Buzyn a promis qu’il y aura « en permanence une sage-femme pour accompagner les femmes enceintes » et les « sécuriser ». Des taxis et des chambres d’hôtel seront également mis à disposition des femmes dont les accouchements sont programmés. Une déclaration qui intervient alors qu’au Blanc (Indre), où se déroulent jusqu’à dimanche des états généraux « des maternités en colère », un nourrisson est né au domicile de ses parents dans la nuit de mardi à mercredi, après que la maternité de la ville a été fermée. La mère de famille n’a pas pu rejoindre le site où elle devait accoucher, distant de 70 kilomètres. S. D.

      suite de : Le nombre de #femmes qui vivent à plus de 45 min d’une #maternité a doublé en 20 ans et compléments (Le Monde)

      Ces chiffres inédits, issus d’une étude réalisée pour Le Monde par le géographe de la santé Emmanuel Vigneron, et qui diffèrent des données produites par la Drees, le service statistiques du ministère de la santé, ne manqueront pas d’alimenter le débat autour des hôpitaux de proximité, l’une des mesures-phares de la loi santé dont l’examen a débuté dans l’Hémicycle le 18 mars. Ces établissements – au nombre de 500 à 600 – ne compteront ni chirurgie ni maternité. Couplée à une réforme des activités de soins et d’équipements lourds, la loi devrait donc à terme entraîner de nouvelles fermetures ces prochaines années.

      « On continue à fermer et à concentrer, on a l’impression que ça ne finira jamais », déplore Rosine Leverrier, la vice-présidente des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité, à la veille des états généraux des maternités de proximité qui se tiendront les 22 et 23 mars au Blanc.

      Les autorités sanitaires, elles, mettent en avant la sécurité des femmes pour justifier ces fermetures, invoquant un manque de médecins spécialistes et des « trous » dans les listes de garde. Une position qui a récemment reçu le soutien d’une vingtaine de syndicats de médecins et de collèges professionnels. « La proximité n’est pas gage de sécurité », avaient-ils fait valoir lundi 25 février, jugeant que la fermeture de certaines maternités est une « nécessité pour préserver la qualité et la sécurité des soins ».

      Article réservé à nos abonnés Lire aussi
      Au Blanc, dans l’Indre, maternité en sursis
      « Il y a quelques endroits où l’éloignement devient trop grand pour être supportable, ce qui condamne les territoires à des morts lentes », juge Emmanuel Vigneron. Pour le géographe, « il faudrait définir une architecture d’ensemble et fixer dans la loi vingt ou trente exceptions territoriales sur la base de critères objectifs, de manière à rendre les fermetures plus acceptables ».
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      Note méthodologique

      Avec 716 000 femmes en âge de procréer habitant à plus de 45 minutes de la maternité la plus proche, le géographe Emmanuel Vigneron donne un résultat différent de celui de la direction des études statistiques du ministère de la santé (Drees), qui nous indique un effectif de 326 000. Le rapport 2016 de l’enquête nationale périnatale, cosigné de l’Inserm et de la Drees, indique pour sa part que 7,2 % des femmes ayant participé à l’enquête ont mis 45 minutes ou plus, ce qui correspondrait à un million de femmes. A l’appui de ses calculs, M. Vigneron a utilisé les données de l’Insee, en prenant compte des maternités fermées jusqu’au 11 mars 2019 et des modifications communales survenues entre 1997 et aujourd’hui.

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      Au Blanc, dans l’Indre, maternité en sursis , Frédéric Potet, 30 juin 2018
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/06/30/au-blanc-dans-l-indre-maternite-en-sursis_5323586_3232.html

      Dans sa chronique, notre journaliste Frédéric Potet revient sur l’obligation faite à la maternité de la ville du Blanc, dans l’Indre, de fermer l’été, obligeant les parturientes à aller accoucher à plus d’une heure de chez elles.

      Chronique. Le glas a sonné, mercredi 27 juin, à 18 heures précises, au clocher de l’église Saint-Génitour, au Blanc, dans l’Indre. Au même moment, la sirène de la mairie retentissait à l’unisson, cependant que les compagnies d’ambulance jouaient du klaxon de leur côté. Pareil tintamarre n’est pas habituel dans cette petite cité de 6 500 habitants, située loin de tout centre urbain. Mais il fallait cela pour protester devant l’obligation, pour le moins insolite, faite à la maternité de la ville : suspendre toute activité pendant juillet et août.
      Un peu plus tôt dans la journée, un enfant naissait au Blanc : Ryan, 3,570 kg. La population redoute que celui-ci soit le dernier à voir le jour en ville ; que la maternité, en clair, ne rouvre jamais. A 18 h 30, une chaîne et un cadenas étaient posés par la direction de l’hôpital sur la porte de la salle d’accouchement. La photo de ce verrouillage symboliquement mis en scène n’allait pas tarder à enflammer les réseaux sociaux.


      À 18 h 30, mercredi 27 juin 2018, une chaîne et un cadenas étaient posés sur la porte de la salle d’accouchement par la direction de l’hôpital du Blanc (Indre), en raison de la suspension de toute activité de la maternité pendant juillet et août.

      Si elle n’est pas une première en France, cette fermeture estivale est l’ultime épisode d’un feuilleton qui agite, depuis sept ans, ce coin reculé du Berry. La décision a été prise par l’hôpital de Châteauroux – qui gère celui du Blanc depuis la fusion des deux établissements en 2017 –, au regard des plannings des praticiens. Une modification du système de gardes a fait apparaître des trous dans les tableaux du personnel, composé en partie d’intérimaires. Estimant que la sécurité n’était pas suffisamment assurée, la direction a décrété une suspension temporaire, en accord avec l’Agence régionale de santé (ARS).

      Si l’inquiétude est grande, parmi les habitants, de voir l’interruption se prolonger après l’été, toute aussi vive est la colère provoquée par la méthode mise en œuvre : « Une stratégie fallacieuse de démolition, dénonce la maire de la commune, Annick Gombert (PS). Les autorités de tutelle ne cessent de laisser entendre, depuis des années, que la maternité va fermer. Comment voulez-vous que des praticiens viennent s’installer durablement chez nous face à une telle menace ? »

      Les premières « attaques » remontent à 2011. L’ARS avait alors voulu supprimer l’activité de chirurgie de l’hôpital pour des raisons budgétaires, ce qui aurait entraîné de facto la fermeture de la maternité. Un moratoire avait alors été obtenu par les élus auprès du ministère de la santé, à la suite d’une forte mobilisation de la population.

      « Tous les arguments possibles ont été avancés, au fil des années, pour justifier une fermeture : les finances au début, le nombre insuffisant d’accouchements par la suite – environ 270 par an –, aujourd’hui la sécurité. Il est difficile de ne pas y voir une forme d’acharnement », estime l’ancien maire et député Jean-Paul Chanteguet (PS), partie prenante d’un comité de défense au côté d’un ex-adversaire politique de droite, Jean-Michel Mols.

      L’ARS a beau insister sur le caractère « temporaire » de la suspension, précisant qu’un nouveau point sur les plannings sera effectué en août, le doute s’est installé : « Cette fermeture pendant l’été est un moyen de nous préparer psychologiquement à une fermeture définitive », est persuadée Annick Gombert.

      Les parturientes, en attendant, font grise mine devant les temps de trajet nécessaires pour rejoindre les maternités les plus proches, à Châtellerault (52 km) dans la Vienne, Châteauroux (59 km) et Poitiers (61 km). Toutes étaient situées, « jusque-là », à plus ou moins une heure de route… Elles seront encore un peu plus distantes avec la nouvelle limitation de vitesse à 80 km/h, effective à partir du dimanche 1er juillet.

      Une heure de transport imposée

      Si le code de la santé publique se garde bien de fixer un temps légal maximal pour accéder à une maternité, les professionnels évaluent généralement à quarante-cinq minutes la limite à ne pas dépasser. Cette heure de transport imposée aux habitantes du Blanc passe mal : « C’est une violence faite aux femmes », dénonce la maire de la ville, pour qui l’ARS aurait dû trouver des praticiens remplaçants au lieu de mettre les patientes devant le fait accompli.

      Un malheur n’arrivant jamais seul, la ville doit faire face, en parallèle, à une autre menace de fermeture : celle d’une classe de primaire. Tout comme pour la maternité, une mesure « suspensive » a été prise à l’encontre de l’école Jules-Ferry qui devra, à la rentrée prochaine, s’assurer de compter 175 élèves dans ses effectifs. En deçà, une des sept classes de l’établissement sera condamnée. La commune paierait alors le prix d’une démographie en baisse régulière, et aurait une occasion supplémentaire de fustiger la déliquescence des services publics en milieu rural.

      Une lettre a même été adressée à Brigitte Macron au motif qu’elle a été « plusieurs fois maman et mamie »
      Le Blanc en connaît long sur le sujet depuis 1953, année qui vit sa gare accueillir son dernier train de voyageurs. Ces deux dernières décennies ont été particulièrement douloureuses avec l’arrêt d’une section électrotechnique au lycée de la ville et la fermeture de l’antenne locale de Pôle Emploi. L’hôtel des impôts a, lui, diminué drastiquement ses horaires d’ouverture, alors que la sous-préfecture ne compte plus qu’une poignée de salariés.

      Une cessation de la maternité porterait un coup violent à ce bassin de population classé parmi les plus pauvres de la région Centre-Val-de-Loire. Elle entraînerait dans son sillage la disparition de l’institut de formation en soins infirmiers, la seule formation post-bac de la ville, redoutent les élus et les collectifs de défense.

      Ceux-ci font assaut d’initiatives pour mobiliser l’opinion : dépôt d’une requête en référé au tribunal administratif de Limoges, « appel citoyen » (le 18 juin) devant la sous-préfecture sur l’air de La Marseillaise, mise en scène d’un faux accouchement sur le pont qui enjambe la Creuse, envoi d’une pétition signée par 43 maires au premier ministre… Une lettre a même été adressée à Brigitte Macron au motif qu’elle a été « plusieurs fois maman et mamie ». Elle est signée d’un « groupe de femmes en colère » ayant accouché au Blanc. Ou qui espéraient le faire.

      A Saint-Claude, dans le Jura, un premier hiver sans la maternité, François Béguin, 12 février 2019

      https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/02/12/a-saint-claude-dans-le-jura-un-premier-hiver-sans-la-maternite_5422296_82344

      « Quand l’Etat s’en va » 2/5. La maternité de Saint-Claude, dans le Jura, a fermé en avril 2018, à cause de la désaffection des patients et les difficultés de recrutement.

      Sur la route entre le centre hospitalier de Saint-Claude et celui de Lons-le-Saunier (Jura), distants de 60 km, le 30 janvier.
      Sur la route entre le centre hospitalier de Saint-Claude et celui de Lons-le-Saunier (Jura), distants de 60 km, le 30 janvier. RAPHAEL HELLE / SIGNATURES POUR

      [Alors que, à l’écart des grandes métropoles, monte chez les Français un sentiment d’abandon fortement mis en avant dans le cadre du grand débat, Le Monde propose une série sur ces lieux qui souffrent de la fermeture des services publics, transports, écoles, perceptions ou hôpitaux.]

      La neige est tombée drue la nuit précédente sur le Haut-Jura. Installée dans un café à l’entrée de Saint-Claude, Doriane Gardel, 37 ans, le ventre arrondi par cinq mois de grossesse, fait défiler sur l’écran de son portable les photos de la petite route en lacets sur laquelle elle a dû rouler « au pas » quelques heures plus tôt pour se rendre au travail.

      A cause du vent qui a « soufflé » la neige sur la chaussée, les quelques kilomètres qui séparent Septmoncel – la commune de 700 habitants où elle vit – de Saint-Claude lui ont pris cinquante minutes, soit plus du double du temps habituel. Si elle avait dû ensuite rejoindre la maternité d’Oyonnax (Ain), où elle doit accoucher début juin, cela lui aurait demandé dans ces conditions une heure de plus.

      Elle a beau savoir que les routes seront dégagées le jour « J », au printemps, elle n’est pas sereine depuis la fermeture, en avril 2018, de la maternité de l’hôpital Louis-Jaillon, à Saint-Claude. C’est là qu’elle est née en 1981 et c’est là qu’elle a eu son premier enfant en 2014. « J’en ai eu des contractions de stress, je n’arrêtais pas de penser que je pouvais accoucher au bord de la route, explique-t-elle. Après l’annonce de la fermeture, je me suis même posé la question d’un deuxième enfant. Je me suis demandé jusqu’à quand je pouvais le concevoir pour être sûre qu’il n’arrive pas en hiver. »
      Ce raisonnement, Doriane Gardel n’est pas la seule à le faire dans cette région vallonnée, où les temps de transport (quarante minutes de route pour Oyonnax), peuvent très vite s’allonger l’hiver. « On avait convenu avec mon mari que si je n’étais pas tombée enceinte en novembre-décembre, on arrêtait tout », assure Estelle Villaldea Martin, 39 ans, qui vit dans un petit village à côté de Saint-Laurent-Grand-Vaux, à quarante-cinq minutes de la maternité de Lons-le-Saunier, « quand les routes sont bonnes ». Le terme de sa sixième grossesse est prévu en juillet. « Partir à la maternité sur une route enneigée, ce serait un stress énorme », dit-elle.
      A Lavans-lès-Saint-Claude (Jura), au 9ème des 60 km qui séparent le centre hospitalier Louis Jallon de saint-Claude de celui de Lons-le-Saunier, le 30 janvier.


      A Lavans-lès-Saint-Claude (Jura), au 9ème des 60 km qui séparent le centre hospitalier Louis Jallon de saint-Claude de celui de Lons-le-Saunier, le 30 janvier. RAPHAEL HELLE / SIGNATURES POUR "LE MONDE"

      « Mépris » du gouvernement

      Dans cette région enclavée du Jura, où l’on vit de l’industrie, du tourisme et de la proximité avec la Suisse, la décision prise à l’été 2018 par l’agence régionale de santé (ARS) de fermer la maternité, la pédiatrie et la chirurgie conventionnelle (nécessitant une hospitalisation) pour des raisons de sécurité ne passe toujours pas.

      « Au ministère de la santé, à Paris, ils ont une réflexion d’urbain, ils n’arrivent pas à se rendre compte de ce que c’est ici après une chute de neige, avec l’hélicoptère qui ne peut pas venir à cause de la tempête, c’est cette France qu’on oublie », lance Jean-Louis Millet, le maire (divers droite) de Saint-Claude, en conduisant sa voiture sur le plateau enneigé des Rousses, au milieu des forêts et des pistes de ski de fond, quasi désertes à cette saison.

      Depuis deux ans, l’élu ne ménage pas sa peine pour empêcher la fermeture de l’établissement où 342 enfants étaient nés en 2016. Trois recours ont été déposés devant la justice administrative. « J’en suis à quatre-vingts courriers à Buzyn, Hulot, Schiappa, Le Maire… Pas un ne m’a répondu sur le fond », déplore M. Millet.

      Pour protester contre ce « mépris » du gouvernement, il a décidé de boycotter le grand débat national. Une « mascarade », selon lui. Au second tour de l’élection présidentielle, en 2017, M. Millet, qui se présente comme un « villiériste de la première heure », avait publiquement demandé : « Faut-il voter [Marine] Le Pen pour sauver l’hôpital ? », après avoir constaté qu’en réponse à ses courriers, seule la candidate du Front national s’était prononcée en faveur du maintien de la maternité.

      « Ras-le-bol de cette médecine à deux [combien ?! ndc] vitesses »

      Une interrogation qui n’a pas empêché sur ce dossier l’union sacrée des élus municipaux. Dès les premières menaces, M. Millet a reçu le soutien de son opposant historique, l’ancien maire communiste Francis Lahaut qui s’était battu en 1995 pour le maintien des urgences. « Sur cette terre de résistance, il y a une unité absolue autour de la maternité », assure l’hôtelier André Jannet, le président du comité de défense de l’hôpital.

      En lieu et place du grand débat, le comité a organisé, les 26 et 27 janvier, un « référendum d’initiative populaire » dans trente et une communes du Haut-Jura. Plus de 6 000 personnes se sont déplacées pour dire leur attachement à leur hôpital, soit davantage encore que les 5 000 qui avaient manifesté dans les rues de Saint-Claude en mai 2017 à l’appel du comité. « On craignait qu’il y ait une usure mais le soutien de la population ne se dément pas », se félicite M. Millet.

      Dans des « cahiers de doléances et de propositions citoyennes » installés à côté des urnes, des dizaines d’habitants ont couché leur inquiétude et leur colère sur les inégalités d’accès aux soins. « Est-ce que notre santé vaut moins que celle des citadins ? », interroge une femme. « Ras-le-bol de cette médecine à deux vitesses, nous voulons pouvoir bénéficier de soins sans nous poser la question de savoir comment nous rendre dans un hôpital », écrit une autre.

      A Saint-Claude, on sait qu’à travers l’hôpital, c’est une part de l’attractivité de la sous-préfecture du Jura qui se joue. En 2017, les quarante principaux employeurs industriels du bassin, représentant 2 800 emplois, avaient tous signé un texte pour dire leur « inquiétude » et s’opposer aux fermetures.

      « On joue notre survie économique »

      « Quelle absurdité de dégrader ce qui existe », se désole Olivier Jeantet depuis les locaux de son usine de pièces de caoutchouc installée dans le centre-ville depuis plus d’un siècle. « On joue notre survie économique en permanence, on se bat pour ne pas délocaliser nos productions et pendant ce temps, l’Etat détricote les services publics. Si on veut sinistrer la région, continuons comme ça », lance-t-il.

      A en croire le maire, après avoir subi de plein fouet la crise de 2008, l’industrie locale (fonderie, plasturgie) tournerait aujourd’hui à plein régime. « Les carnets de commandes sont pleins et les entreprises ont de gros soucis de recrutement, assure M. Millet. Cet été, certaines ont dû refuser des commandes parce qu’elles n’avaient pas suffisamment de main-d’œuvre. » Sous couvert d’anonymat, un responsable d’usine estime pour sa part qu’« il y a plein de choses qui font que les gens ne veulent pas venir à Saint-Claude : le centre-ville pas animé, la difficulté pour trouver un logement… Alors l’hôpital qui ferme, ça en rajoute une couche… »

      A la direction de l’hôpital, un vaste bâtiment posé en fond de vallée de cette ville construite sur plusieurs étages, on rappelle les raisons qui ont poussé à la fermeture. En octobre 2017, l’ARS Bourgogne-Franche-Comté soulignait une « perte de confiance » de la population dans cet établissement et d’« importants taux de fuite » vers d’autres sites, plus de 40 % des jeunes mères du bassin de vie couvert par le centre hospitalier ayant choisi, en 2016, d’accoucher ailleurs. « Comme il y avait un fort turnover de remplaçants, les femmes se sont lassées de ne pas avoir d’interlocuteur fixe, et la rumeur de la fermeture a fait fuir beaucoup de monde », décrypte un ancien salarié de l’hôpital.

      C’est donc pour des raisons de sécurité liée à la démographie médicale que la maternité s’est vue retirer son autorisation. « Nous avions un problème sanitaire, nous n’avions plus les praticiens nécessaires, explique Guillaume Ducolomb qui dirige les hôpitaux de Saint-Claude et de Lons-le-Saunier depuis mai 2018. On a fonctionné avec un gynécologue à temps plein alors qu’il en fallait six, idem pour les anesthésistes. A la fin, on tournait à 100 % avec des intérimaires. Comment fait-on pour recruter des médecins ? Nous n’avons aucun moyen de contraintes. Quand vous n’avez pas de candidat, vous n’avez pas de candidat. »


      Le centre hospitalier Louis Jallon de Saint-Claude (Jura), dont la maternité s’est vue retirer son autorisation, le 30 janvier.
      Le centre hospitalier Louis Jallon de Saint-Claude (Jura), dont la maternité s’est vue retirer son autorisation, le 30 janvier. RAPHAEL HELLE / SIGNATURES POUR "LE MONDE"

      « On est dans la phase d’après »

      Aujourd’hui, M. Ducolomb assure avoir « tourné la page » de la maternité. « On est dans la phase d’après », dit-il, alors qu’une IRM devrait être installée d’ici à quelques mois à l’hôpital et qu’un projet de traitements de pathologies cancéreuses par chimiothérapie est en discussion pour la fin 2019-2020. « Je ne suis pas là pour fermer l’hôpital mais pour le faire évoluer », assure-t-il.

      Dans la région, tout le monde scrute avec attention comment se passe ce premier hiver sans maternité. Deux accouchements ont eu lieu en catastrophe ces derniers mois, l’un aux urgences, l’autre dans le véhicule du SAMU, sur le bord de la route, le 24 septembre. « Il y a des accouchements inopinés au cœur de Paris », fait remarquer M. Ducolomb, qui vient d’installer une chambre à la maternité de Lons-le-Saunier pour garder les parturientes dont le travail a commencé.
      Céline Champagne, 41 ans, une ex-sage-femme de la maternité de Saint-Claude, installée depuis novembre 2016 en libérale sur le plateau entre Septmoncel et Lamoura, était à la manœuvre le 24 septembre. Elle-même pompier volontaire, elle a formé depuis un an les pompiers « d’une bonne dizaine de casernes » aux accouchements inopinés. « Il faut arrêter d’entretenir cette phobie autour de la fermeture des petites structures », juge-t-elle, appelant à « une réorganisation complète de la répartition des médecins en milieu rural ».
      A la mairie, M. Millet ne désespère pas d’un revirement de l’ARS ou d’une décision favorable du tribunal administratif. Prudemment, il a tout de même mis un « deuxième fer au feu ». Après avoir démarché plusieurs cliniques privées, il espère que l’une d’elles fasse des propositions concrètes sur la chirurgie et l’obstétrique à l’ARS d’ici à la fin du mois.

      #WeDoNotCare

  • L’évolution de l’alphabet
    http://www.laboiteverte.fr/levolution-de-lalphabet

    Ce diagramme et cette vidéo qui en explique le fonctionnement sont l’œuvre de Matt Baker de Useful Charts, site dans lequel il réalise des infographies très détaillées sur des points historiques pour les remettre en perspective, entre autres sujets.

    Ici il détaille dans ce poster 3800 ans d’évolution de l’alphabet depuis les hieroglyphes égyptiens en -1750 avant notre ère en passant par les phéniciens, grecs, latins jusqu’aux formes modernes encore utilisées aujourd’hui.

    https://www.youtube.com/watch?v=4VNVCxi9TL8

    #alphabet #evolution

  • Global inequality: Do we really live in a one-hump world?

    There is a powerful infographic that has been circulating on social media for a couple of years now. It illustrates a dramatic transformation from a “two hump world” in 1975 to a “one hump world” today. It was created by Hans Rosling and Gapminder, and has been reproduced and circulated by Max Roser and Our World in Data. Take a look:

    It is an astonishing image. In his post on inequality, Roser uses this graph to conclude: “The poorer countries have caught up, and world income inequality has declined.” Hans Rosling went further, saying that thinking about the world in terms of North and South is no longer a useful lens, as the South has caught up to the North. Bill Gates has used the graph to claim that “the world is no longer separated between the West and the Rest.” Steven Pinker leveraged it for the same purpose in his book Enlightenment Now. And Duncan Green recently wrote that income inequality is no longer about a divide between nations or regions of the world, but rather between social groups within the global population as a whole.

    Indeed, the graph gives the impression that all of the world’s people are basically in the same income bubble: whether you’re in Europe, Asia or the Americas, we’re all in the same hump, with a smooth, normal distribution. Clearly globalization has abolished that old colonial divide between North and South, and has worked nicely in favour of the majority of the world’s population. Right?

    Well, not quite. In fact, this impression is exactly the opposite of what is actually happening in the world.

    There are a few things about this graph that we need to keep in mind:

    First of all, the x axis is laid out on a logarithmic scale. This has the effect of cramming the incomes of the rich into the same visual space as the incomes of the poor. If laid out on a linear scale, we would see that in reality the bulk of the world’s population is pressed way over to the left, while a long tail of rich people whips out to the right, with people in the global North capturing virtually all of the income above $30 per day. It’s a very different picture indeed.

    Second, the income figures are adjusted for PPP. Comparing the incomes of rich people and poor people in PPP terms is problematic because PPP is known to overstate the purchasing power of the poor vis-a-vis the rich (basically because the poor consume a range of goods that are under-represented in PPP calculations, as economists like Ha-Joon Chang and Sanjay Reddy have pointed out). This approach may work for measuring something like poverty, or access to consumption, but it doesn’t make sense to use it for assessing the distribution of income generated by the global economy each year. For this, we need to use constant dollars.

    Third, the countries in the graph are grouped by world region: Europe, Asia and the Pacific, North and South America, Africa. The problem with this grouping is that it tells us nothing about “North and South”. Global North countries like Australia, New Zealand and Japan are included in Asia and Pacific, while the Americas include the US and Canada right alongside Haiti and Belize. If we want to know whether the North-South divide still exists, we need a grouping that will actually serve that end.

    So what happens if we look at the data differently? Divide the world’s countries between global South and global North, use constant dollars instead of PPP, and set it out on a linear axis rather than a logarithmic one. Here’s what it looks like. The circle sizes represent population, and the x axis is average income (graphics developed by Huzaifa Zoomkawala; click through for more detail):

    Suddenly the story changes completely. We see that while per capita income has indeed increased in the global South, the global North has captured the vast majority of new income generated by global growth since 1960. As a result, the income gap between the average person in the North and the average person in the South has nearly quadrupled in size, going from $9,000 in 1960 to $35,000 today.

    In other words, there has been no “catch up”, no “convergence”. On the contrary, what’s happening is divergence, big time.

    This is not to say that Rosling and Roser’s hump graphs are wrong. They tell us important things about how world demographics have changed. But they certainly cannot be used to conclude that poor countries have “caught up”, or that the North-South divide no longer exists, or that income inequality between nations doesn’t matter anymore. Indeed, quite the opposite is true.

    Why is this happening? Because, as I explain in The Divide, the global economy has been organized to facilitate the North’s access to cheap labour, raw materials, and captive markets in the South - today just as during the colonial period. Sure, some important things have obviously changed. But the countries of the North still control a vastly disproportionate share of voting power in the World Bank and the IMF, the institutions that control the rules of the global economy. They control a disproportionate share of bargaining power in the World Trade Organization. They wield leverage over the economic policy of poorer countries through debt. They control the majority of the world’s secrecy jurisdictions, which enable multinational companies to extract untaxed profits out of the South. They retain the ability to topple foreign governments whose economic policies they don’t like, and occupy countries they consider to be strategic in terms of resources and geography.

    These geopolitical power imbalances sustain and reproduce a global class divide that has worsened since the end of colonialism. This injustice is conveniently elided by the one-hump graph, which offers a misleadingly rosy narrative about what has happened over the past half century.

    https://www.jasonhickel.org/blog/2019/3/17/two-hump-world

    #inégalités #monde #statistiques #visualisation #chiffres #évolution
    ping @reka

  • Il y a 2,1 milliards d’années, la vie bougeait déjà
    Jean-Baptiste Veyrieras, Le Journal du CNRS, le 11 février 2019
    https://lejournal.cnrs.fr/articles/il-y-a-21-milliards-dannees-la-vie-bougeait-deja

    Certes, ces organismes ont bien exploré la vase, aussi bien dans le sens vertical qu’horizontal, naviguant ainsi entre des tapis de bactéries. Mais ne pourraient-ils pas être fait justement d’un agrégat de bactéries, présentes sur Terre depuis plus de 3,5 milliards d’années ? « La forme, le mode de déplacement “horizontal et vertical”, le recoupement de lamines sédimentaires, la dimension de ces traces, tout cela écarte cette hypothèse », gage le chercheur.


    La flèche blanche indique la trajectoire sub-sinueuse qu’auraient pu suivre des organismes macroscopiques, signe de mobilité. Les flèches jaunes indiquent la présence de tapis bactériens. (Barre d’échelle = 1 cm).

    Article original :
    Organism motility in an oxygenated shallow-marine environment 2.1 billion years ago
    Abderrazak El Albani, M. Gabriela Mangano, Luis A. Buatois, Stefan Bengtson, Armelle Riboulleau, Andrey Bekker, Kurt Konhauser, Timothy Lyons, Claire Rollion-Bard, Olabode Bankole, Stellina Gwenaelle Lekele Baghekema, Alain Meunier, Alain Trentesaux, Arnaud Mazurier, Jeremie Aubineau, Claude Laforest, Claude Fontaine, Philippe Recourt, Ernest Chi Fru, Roberto Macchiarelli, Jean-Yves Reynaud, François Gauthier-Lafaye, Donald E. Canfield, PNAS, 11 February 2019
    https://www.pnas.org/content/early/2019/02/05/1815721116

    #archéologie #paléontologie #fossiles #évolution

  • Approximate Bayesian computation with deep learning supports a third archaic introgression in Asia and Oceania.

    The deep learning analysis has revealed that the extinct hominid is probably a descendant of the Neanderthal and Denisovan populations.

    https://www.nature.com/articles/s41467-018-08089-7

    #Préhistoire #Paléolithique #Evolution #Neandertal #Denisova

  • First systematic assessment of dental growth and development in an archaic hominin (genus, Homo) from East Asia

    Une nouvelle étude révèle qu’un Homo archaïque qui vivait dans le nord de la Chine il y a au moins 104 000 ans a montré des signes de croissance et de développement des dents très similaires aux humains d’oujourd’hui.


    http://advances.sciencemag.org/content/5/1/eaau0930.full

    #Préhistoire #Paléolithique #Evolution #Chine

  • #Gazochori : The History of a Neighbourhood (1857–1980)

    The Athens gasworks was established in 1857 by royal decree of King Otto, which granted French businessman François Théophile Feraldi the right to establish and operate the gasworks.

    It was the first gasworks in the city of Athens and all of Greece and it quickly became an integral part of life in the capital, as it made street illumination possible and transformed everyday life in the city; the new gas streetlights gave those who were out in the city at night an improved sense of security. However, the biggest change anticipated with the coming of gas lighting was European splendour, which appears to have been coveted by part of the population of Athens from the mid-19th century onwards (Newspaper Skrip/ Σκριπ 25 December 1895).

    Following the construction of the gasworks, which began in 1857 and continued for almost a century with the gradual addition of various annexes, unlicensed buildings began to spring up around it, forming the neighbourhood of Gazochori (Στογιαννίδης & Χατζηγώγας 2013: 53). As evidenced by its name—from the Greek gazi for gas and chorio for village—the settlement was formed after the gasworks began operations. In 19th and early 20th century sources, the neighbourhood is referred to sometimes as Gazochori and sometimes as the #Aeriofotos neighbourhood or simply #Fotaerio [1].


    https://www.athenssocialatlas.gr/en/article/gazochori
    #Athènes #cartographie #histoire #visualisation #quartier #femmes #évolution #Grèce

  • Les outils en pierre sculptée, également appelés noyaux Levallois, étaient utilisés en Asie de l’Est plus tôt que prévu (80 000 à 170 000 ans au lieude 30 000 ans) et vraisemblablement sans apport extérieur .

    Une étude réalisée par une équipe internationale de chercheurs, y compris de l’Université de Washington, a montré que les outils en pierre sculptée, également appelés noyaux Levallois, étaient utilisés en Asie il y a 80 000 à 170 000 ans. Développés en Afrique et en Europe occidentale il y a déjà 300 000 ans, les noyaux sont le signe d’une fabrication d’outils plus avancée - le "multi-outil" du monde préhistorique - mais, jusqu’à présent, ils n’auraient pas émergé en Asie de l’Est que vers 30 000 à 40 000 ans.

    Avec cette découverte - et l’absence de fossiles humains liant les outils aux populations migrantes - les chercheurs pensent que la technologie a été développée de manière indépendante par les Asiatiques, preuve de compétences similaires évoluant dans différentes parties du monde antique.

    "Autrefois, on pensait que les noyaux Levallois étaient arrivés en Chine avec des humains modernes", a déclaré Ben Marwick, professeur agrégé d’anthropologie à l’UW et l’un des auteurs correspondants du journal. "Notre travail révèle la complexité et l’adaptabilité des gens de là-bas, équivalentes à celles du reste du monde. Cela montre la diversité de l’expérience humaine."

    Les noyaux en forme de Levallois - le "couteau suisse des outils préhistoriques", a déclaré Marwick - sont efficaces et durables, indispensables pour une société de chasseurs-cueilleurs dans lesquels une pointe de lance cassée pourrait signifier une mort certaine aux griffes d’un prédateur. (...)

    Présentant une surface à facettes distincte, créée par une suite d’étapes, les flocons Levallois sont des « flans » polyvalents, utilisés pour lancer, trancher, gratter ou creuser. Le processus de taille représente une approche plus sophistiquée de la fabrication d’outils que les pierres simples et ovales des périodes antérieures.

    Les artefacts Levallois examinés dans cette étude ont été mis au jour dans la grotte de Guanyindong dans la province de Guizhou dans les années 1960 et 1970. Des recherches antérieures utilisant des datations en série d’uranium ont estimé une vaste tranche d’âge du site archéologique - entre 50 000 et 240 000 ans - mais cette technique antérieure était centrée sur les fossiles trouvés loin des artefacts en pierre, a déclaré Marwick. L’analyse des sédiments entourant les artefacts fournit des indices plus précis quant au moment où les artefacts auraient été utilisés.

    Marwick et d’autres membres de l’équipe, issus d’universités chinoises et australiennes, ont utilisé la luminescence stimulée optiquement (OSL) pour dater les artefacts. L’OSL peut déterminer l’âge en déterminant à quel moment un échantillon de sédiment, jusqu’à un grain de sable, a été exposé au soleil - et donc combien de temps un artefact a pu être enfoui dans des couches de sédiment.
    (...)
    Les chercheurs ont analysé plus de 2 200 artefacts trouvés dans la grotte de Guanyindong, ramenant à 45 le nombre de noyaux et de flocons de style Levallois. Parmi ceux qui auraient plus de 130 000 à 180 000 ans, l’équipe a également pu identifier l’environnement dans lequel les outils ont été utilisés : une forêt ouverte sur un paysage rocheux, dans "une zone de forêt pluviale réduite par rapport à aujourd’hui", notent les auteurs.

    En Afrique et en Europe, ces types d’outils en pierre se trouvent souvent sur des sites archéologiques datant de 300 000 à 200 000 ans. Il s’agit de la technologie Mode III, qui fait partie d’une vaste séquence évolutive précédée de la technologie de la hache à main (mode II) et de la technologie des outils à lame (mode IV). Les archéologues pensaient que les technologies de mode IV étaient arrivées en Chine par migration occidentale, mais ces nouvelles découvertes suggèrent qu’elles auraient pu être inventées localement. À l’époque, les gens fabriquaient des outils dans la grotte de Guanyindong et les Denisovans - contemporains relatifs des Néandertaliens ailleurs dans le monde - parcouraient l’Asie de l’Est. Mais alors que des centaines de fossiles d’humains archaïques et d’objets connexes, datant d’il y a plus de 3 millions d’années, ont été découverts en Afrique et en Europe, les archives archéologiques en Asie de l’Est sont plus rares.

    C’est en partie la raison pour laquelle il existe un stéréotype, à savoir que les peuples anciens de la région étaient en retard en termes de développement technologique, a déclaré Marwick.

    "Nos travaux montrent que les peuples anciens étaient tout aussi capables d’innovation que n’importe où ailleurs. Les innovations technologiques en Asie de l’Est peuvent être développées chez nous, et ne viennent pas toujours de l’Ouest", a-t-il déclaré.

    L’émergence indépendante de la technique Levallois à différents moments et endroits du monde n’est pas unique en termes d’innovations préhistoriques. La construction de pyramides, par exemple, est apparue dans au moins trois sociétés distinctes : les Égyptiens, les Aztèques et les Mayas. La construction de bateaux a débuté en fonction de la géographie et dépendait des matériaux disponibles dans la communauté. Et bien sûr, l’écriture s’est développée sous diverses formes avec des alphabets et des caractères distincts.

    Dans l’évolution des outils, les noyaux Levallois représentent une étape intermédiaire. Les processus de fabrication ultérieurs ont donné des lames plus raffinées constituées de roches et de minéraux plus résistants à la desquamation, ainsi que des composites associant par exemple une pointe de lance à des lames le long du bord. L’apparition ultérieure de lames indique une nouvelle augmentation de la complexité et du nombre d’étapes nécessaires à la fabrication des outils.

    "L’apparition de la stratégie Levallois représente une forte augmentation de la complexité de la technologie, car de nombreuses étapes doivent être remplies pour obtenir le produit final, par rapport aux technologies précédentes", a déclaré Marwick.

    #Préhistoire #technique #industrie_lithique #Levallois #Asie #Evolution

    Yue Hu, Ben Marwick, Jia-Fu Zhang, Xue Rui, Ya-Mei Hou, Jian-Ping Yue, Wen-Rong Chen, Wei-Wen Huang, Bo Li. Late Middle Pleistocene Levallois stone-tool technology in southwest China. Nature, 2018; DOI: 10.1038/s41586-018-0710-1

    The ‘Swiss Army knife of prehistoric tools’ found in Asia, independent of ancient African or European influence | UW News
    http://www.washington.edu/news/2018/11/19/the-swiss-army-knife-of-prehistoric-tools-found-in-asia-independent-of-a

    The map shows where Levallois artifacts have been found. The oldest, dating to 337,000 years ago, have been found in Europe and Africa. The star on the map marks the site of Guanyindong Cave, where new research published in the journal Nature shows that this technology was used 80,000 to 170,000 years ago in Asia, much earlier than previously thought.Marwick et al

  • L’endocast de StW 573 (« Little Foot ») et l’évolution du cerveau homininé.

    L’un des débats les plus cruciaux de la paléoneurologie humaine concerne le moment et le mode d’apparition des caractéristiques cérébrales dérivées dans les archives fossiles de l’homininé. Compte tenu de son degré exceptionnel de préservation et de son âge géologique (3,67 Ma), StW 573 (« Little Foot ») a le potentiel pour apporter un éclairage nouveau sur l’évolution du cerveau des homininés. [L’article présente] la première description comparative détaillée de la neuroanatomie externe de StW 573.

    L’endocaste a été pratiquement reconstruit et comparé à dix spécimens d’homininé d’Afrique australe provenant de Makapansgat, Malapa, Sterkfontein et Swartkrans, attribués à l’Australopithèque et au Paranthropus.

    [Les auteurs ont appliqué] une méthode automatique de détection des empreintes sulcal et vasculaire. La surface endocrânienne de StW 573 est concassée et déformée plastiquement à plusieurs endroits.

    (...)

    StW 573 offre une opportunité unique d’enquêter sur la neuroanatomie d’un spécimen d’australopithèque pliocène et offre de nouvelles preuves pour discuter du moment et du mode de l’évolution précoce du cerveau de l’homininé. (...)

    Conformément à son âge géologique, StW 573 présente une estimation de la capacité crânienne minimale (dans l’attente des résultats des travaux en cours sur la production d’un endocaste reconstruit) [de 408 cm3 pour les parcelles situées à l’extrémité inférieure de la variation de l’australopithèque]
    qui correspond presque à la limite inférieure de la variation observée de l’australopithèque et présente un schéma de repliement cortical global potentiellement moins dérivé hominines de l’Afrique australe du Pliocène supérieur / du Pléistocène inférieur(...).

    Comme prévu précédemment (Balzeau et al., 2012), l’endocast de StW 573 suggère que le pétale occipital gauche est déjà présent dans les homininés du Pliocène. (...).

    Comme le spécimen de 3,67 Ma StW 573 diffère des spécimens d’hominine d’Afrique australe au Pliocène supérieur / Pléistocène inférieur dans les zones cérébrales clés (par exemple, le gyrus frontal inférieur, le cortex visuel), nous pouvons supposer que les changements environnementaux et biologiques survenus pendant la transition plio-pléistocène étaient probablement des pressions sélectives sur la réorganisation corticale des hominines précoces. Plus spécifiquement, un changement environnemental important s’est produit pendant la transition plio-pléistocène, parallèlement au changement de la faune dans les communautés de mammifères (Vrba, 1992, Bobe et al., 2002, deMenocal, 2004, Robinson et al., 2017). En conséquence, cette transition peut avoir impliqué des changements substantiels dans les niches écologiques des primates (par exemple Elton, 2001) et la taille du groupe (par exemple, Bettridge et Dunbar, 2012), qui peuvent à leur tour être responsables d’une réorganisation critique du cerveau (par exemple, Aiello et Wheeler, 1995, Dunbar, 2009, Holloway et al., 2004b). La reconstruction virtuelle du crâne de StW 573 sera cruciale pour évaluer de manière comparative et quantitative la morphologie globale et locale de l’endocrâne de ce spécimen unique et pour identifier les éventuels changements morphologiques précoces au sein du clade d’homininé.

    http://www.wits.ac.za/news/latest-news/research-news/2018/2018-12/peering-into-little-foots-367-million-year-old-brain.html

    #Préhistoire #Paléolithique #Little_foot #Afrique #Evolution #Cerveau #3.67MaBP
    https://doi.org/10.1016/j.jhevol.2018.11.009

    Amélie Beaudet, Ronald J. Clarke, Edwin J. de Jager, Laurent Bruxelles, Kristian J. Carlson, Robin Crompton, Frikkie de Beer, Jelle Dhaene, Jason L. Heaton, Kudakwashe Jakata, Tea Jashashvili, Kathleen Kuman, Juliet McClymont, Travis R. Pickering, Dominic Stratford. The endocast of StW 573 (“Little Foot”) and hominin brain evolution. Journal of Human Evolution, 2019 ; 126 : 112

  • Learn Functional Programming without all that Arcane Math Jargon Nonsense SpellCasting PhD Jive Talk
    https://hackernoon.com/learn-functional-programming-without-all-that-arcane-math-jargon-nonsens

    Learn Functional Programming without all that Arcane Math Jargon Nonsense Spell-Casting PhD Monad Jive TalkThe Principal stood there, puzzled.“Why do you have your ear to the book?” she asked the young boy.“Because Teacher told me that every letter makes a sound,” he replied.Take your ear off the page and listen to Scott Wlaschin.— Breathe —I know. Transitioning from OO to FP is difficult. I know it’s difficult. We can do this. We’ve done difficult things before.And if you’ve never programmed before?— Phew —You won’t have to be retrained.In fact, given that beginner developers don’t have to displace a long history of ingrained inert ideas, they’re actually becoming the world’s best developers seemingly overnight. See Thiel Foundation, Vitalik, et. al. Just wait till Zoologists get a hold of this. Then (...)

    #kotlin-beginners #clojure #functional-programming #evolutionary-biology #elixir

  • « Pour une ESS d’émancipation sociale : ESS et Société des Communs - Quelles évolutions du travail ?
    http://www.miroirsocial.com/membre/milesy/post/pour-une-ess-d-emancipation-sociale-ess-et-societe-des-communs-quelles

    Aujourd’hui dans la recherche d’une rupture nécessaire avec le capitalisme, le libéralisme, nous évoquons la perspective d’une « société des communs » qui pourrait représenter un dépassement de certains principes mêmes de l’ESS, tel que celui de la propriété collective.

    Alors que ce débat s’ouvre (de l’ouvrage de Benoît BORRITS, « Au-delà de la propriété », au Hors-série ESS de Politis à paraître en janvier 2019) il nous paraît nécessaire de poser la question du travail et de ses évolutions.

    #ess #communs #travail #évolution #futur_du_travail #société #économie

  • Algorithmic survival of the fittest
    https://hackernoon.com/algorithmic-survival-of-the-fittest-13393b81a300?source=rss----3a8144eab

    In Darwin’s evolutionary theory, the concept of survival of the fittest stands for the phenomenon that the traits of life forms that have the biggest reproductive success will, over time, become prevailing, while other traits disappear.I would like to adopt this framework for the age of algorithms. On the leading tech platforms such as Facebook, YouTube, Twitter, Instagram, LinkedIn and TikTok (gotta be inclusive here), algorithms play a key role in selecting what information people get to see, and who gets to be seen. Since these services’ business models are centered around advertising, their algorithms are optimized for making people spend as much time as possible on them.Thanks to the vast amounts of usage data generated by billions of daily users as well as the ever-improving (...)

    #social-media #evolution #artificial-intelligence

  • Ce film, diffusé en coopération avec le CHS du XXe siècle, retrace l’histoire, la mémoire et la légende d’un mouvement subversif… qui a fini par être patrimonialisé par la société qu’il voulait renverser

    https://sms.hypotheses.org/13472

    #film, #situationnisme, #debord, #spectacle, #marchandisation, #patrimoine, #évolution, #histoire, #mémoire, #subversion, #subvertir, #symbole, #1968, #mai, #IS, #internationale_situationniste, #postérité, #légitimation

  • Découverte du premier dessin ? Il a 73 000 ans.

    Le plus ancien dessin abstrait connu a été trouvé dans la grotte de Blombos, en Afrique du Sud, sur la face d’un éclat de roche siliceuse provenant de couches archéologiques datant de 73 000 ans avant le présent. L’œuvre est au moins 30 000 ans plus ancienne que les premiers dessins abstraits et figuratifs connus auparavant.

    Qu’est-ce qu’un symbole ? C’est une question difficile à résoudre lorsque vous devez analyser les premières productions graphiques. (...) Pendant longtemps, les archéologues ont été convaincus que les premiers symboles sont apparus lorsque Homo sapiens a colonisé des régions d’Europe il y a environ 40 000 ans. Cependant, des découvertes archéologiques récentes en Afrique, en Europe et en Asie suggèrent que la création et l’utilisation de symboles ont émergé beaucoup plus tôt.

    (...)

    Archéologie expérimentale.

    Un défi méthodologique majeur consistait à prouver que ces lignes avaient été délibérément dessinées par des humains. Il a été principalement abordé par les membres français de l’équipe, experts en la matière et spécialisés dans l’analyse chimique des pigments. Ils ont d’abord reproduit les mêmes lignes en utilisant différentes techniques : ils ont essayé des fragments d’ocre avec une pointe ou une arête et ont également appliqué différentes dilutions aqueuses de poudre d’ocre à l’aide de brosses. En utilisant des techniques d’analyse microscopique, chimique et tribologique (la science de la friction et de l’usure), ils ont ensuite comparé leurs dessins à l’ancien original. Leurs résultats confirment que les lignes ont été intentionnellement dessinées avec un outil ocre pointu sur une surface d’abord lissée par frottement. Le motif constitue ainsi le premier dessin connu, précédant d’au moins 30 000 ans les œuvres les plus anciennes découvertes précédemment.

    La strate archéologique dans laquelle la couche de silicium avait déjà produit de nombreux autres objets avec des marques symboliques (...). Ces découvertes démontrent que les premiers Homo sapiens dans cette région d’Afrique utilisaient différentes techniques pour produire des signes similaires sur différents matériaux, ce qui étaye l’hypothèse que ces marquages ​​remplissent une fonction symbolique.

    Cette découverte concernant Homo Sapiens est à rapprocher de celle-ci concernant Néandertal :
    – Un artefact de pierre gravé provenant de Crimée a pu aider à démontrer le symbolisme néandertalien
    https://seenthis.net/messages/691572 2018

    #Christopher_S._Henshilwood #Francesco_d’Errico #Karen_L._van_Niekerk #Laure_Dayet #Alain_Queffelec #Luca_Pollarolo
    #Préhistoire #Paléolithique #Afrique_du_Sud #Bomblos #Art #Dessin
    #CNRS

    DOI : 10.1038/s41586-018-0514-3

    Discovery of the earliest drawing - CNRS Web site - CNRS
    http://www2.cnrs.fr/en/3152.htm