• La nouvelle diaspora russe en Europe, bien intégrée et partie pour rester
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/06/11/la-nouvelle-diaspora-russe-en-europe-bien-integree-et-partie-pour-rester_623

    La nouvelle diaspora russe en Europe, bien intégrée et partie pour rester
    Par Benoît Vitkine
    Combien sont-ils, ces Russes qui ont quitté leur pays dans les jours ou les mois suivant l’invasion de l’Ukraine, en février 2022 ? 700 000 ? Un million ? L’estimation est hasardeuse, et certains ont fini par rentrer au pays, après la fuite initiale. Reste que l’apparition d’une nouvelle diaspora russe, après plusieurs vagues successives au XXe siècle, est l’un des faits majeurs du conflit ukrainien, s’agissant du devenir de la Russie, mais aussi, dans une moindre mesure, de celui de l’Europe.
    Pour la première fois, une enquête sociologique d’ampleur s’intéresse à cette autre Russie. Celle-ci a d’ailleurs le mérite de placer cette émigration dans le temps plus long, en comparant cette dernière vague à celles arrivées dans les années 2000, mais aussi après 2014, véritable début du conflit ukrainien. Commandée par l’Institut français des relations internationales (IFRI) au Center for Analysis and Strategies in Europe (CASE), le nouveau think tank créé par des chercheurs russes en exil, l’étude est basée sur un sondage conduit par l’université de Nicosie. Trois mille deux cent trente-sept personnes installées en Allemagne, en France, en Pologne et à Chypre ont été sondées, en ligne ou en face à face. L’étude, dévoilée mardi 11 juin, est signée par deux économistes, Vladislav Inozemtsev et Dmitri Nekrasov, associés à l’ancien député de la Douma Dmitri Goudkov, tous aujourd’hui en exil.
    Les « relokanty » de l’après-2022 (littéralement les « relocalisés », le néologisme qui s’est imposé en Russie pour qualifier ces exilés) représentent 44 % du panel étudié (contre 35 % pour ceux partis entre 2014 et 2022). Sans surprise, ils sont majoritairement jeunes, masculins, éduqués et occupaient (ou occupent) des emplois qualifiés. Les auteurs mettent en garde sur l’attention excessive accordée ces dernières années aux opposants pourchassés par le régime de Vladimir Poutine, qui ne représentent qu’une poignée – quatre à cinq mille personnes seulement, selon leurs estimations. La masse des nouveaux exilés est plutôt constituée d’individus qui ne courent pas un danger immédiat (hormis pour ceux fuyant la menace d’une mobilisation dans l’armée), mais dont la vie, ou les perspectives d’avenir, ont été rendues impossibles dans une Russie tout entière livrée à l’autoritarisme et à sa confrontation avec l’Occident.
    Parmi les derniers arrivés, 65 % citent tout de même le « conflit russo-ukrainien » comme raison de leur départ de Russie, 44 % évoquant « d’autres raisons politiques », 33 % des motivations économiques et 8 % leur orientation sexuelle (plusieurs réponses étaient possibles). Sur l’ensemble du panel, 56 % des répondants disent « soutenir davantage l’Ukraine » dans la guerre lancée par le Kremlin, 11 % « davantage la Russie », et 17 % évoquent une « situation complexe dans laquelle les deux parties sont à blâmer ». Plus généralement, seulement 12 % des sondés disent « approuver » ou « plutôt approuver » les politiques du président Vladimir Poutine, quand 64 % les « désapprouvent totalement ».
    L’opposition au régime est inversement proportionnelle à l’ancienneté du départ. Autrement dit, les représentants des vagues d’émigrations antérieures à 2013 (21 % de l’échantillon total) sont plus enclins à soutenir le Kremlin. Toutes les générations d’exilés se retrouvent en revanche pour rejeter le concept de « responsabilité collective » des Russes dans les actions de leur pays.
    L’un des constats les plus frappants est que cette immigration récente s’inscrit probablement dans la durée. Seulement 11 % des sondés disent avoir l’intention de rentrer en Russie ; 37 % pourraient rentrer « si la situation change » ; et 34 % n’ont pas ce désir. Soixante-quinze pour cent ont d’ailleurs la volonté d’obtenir la nationalité du pays d’accueil, quand 20 % l’ont d’ores et déjà. L’adhésion aux valeurs démocratiques et libérales est aussi plébiscitée.
    L’intégration est également économique. Soixante-dix-neuf pour cent des sondés tirent leurs revenus de l’activité qu’ils exercent dans leur pays d’accueil. Et pour 62 % des sondés, ces revenus sont supérieurs à 3 000 euros mensuels. Le secteur des technologies de l’information domine largement, en employant 28,1 % du panel (chiffre qui tombe à 10,9 % en France). Cette intégration n’empêche pas le maintien d’un lien fort avec le pays d’origine : une grande partie des sondés continuent à s’engager dans la vie politique russe, par le biais de discussions sur ces sujets avec leurs proches restés en Russie (44 %), par des publications sur les réseaux sociaux (23 %), en participant à des rassemblements et manifestations (21 %) ou en participant à des associations (7 %). Les auteurs évoquent ainsi une « dualité » dans les attitudes et les identités multiples des émigrés, qui, contrairement à ceux des vagues d’émigration du XXe siècle, « ne se sentent pas exclus de la Russie ».
    Parmi ceux qui évoquent un possible retour, les « changements » attendus sont avant tout d’ordre politique : changement de régime en Russie (20 %), reprise des relations entre la Russie et les pays européens (20 %), fin des opérations militaires en Ukraine (18 %), absence de menace de persécutions politiques (13 %), absence de menace d’enrôlement dans l’armée (11 %)…
    Ceux installés en France sont les moins enclins à rester, sur les quatre pays étudiés. Dix-neuf pour cent excluent l’idée d’un retour en Russie, contre 38 % en Allemagne. Cette donnée rejoint une autre particularité française : les exilés russes y sont un peu moins éduqués et à l’aise que l’ensemble de l’échantillon, et surtout un peu moins politisés et attachés aux valeurs démocratiques. Le soutien affiché à l’Ukraine est de 46 % parmi les Russes installés en France contre 59 % en Allemagne ou 64 % à Chypre. Ces nuances se retrouvent également s’agissant de « l’approbation des politiques de Vladimir Poutine », légèrement plus élevée en France (18 %, contre 51 % de « désapprobation complète »).
    Cette enquête sociologique inédite sert de point de départ aux auteurs pour plaider en faveur d’une ouverture plus grande des pays européens à ces exilés, dont la plupart résident actuellement hors de l’Union européenne, et qui font face à de nombreux obstacles, administratifs en particulier. « Les “relokanty” pourraient être utilisés à la fois comme une ressource économique et sociale importante pour les pays européens, écrivent-ils en conclusion, mais aussi comme un instrument efficace pour affaiblir une Russie agressive. » En clair, la nouvelle diaspora russe, jeune, éduquée, professionnellement intégrée et qui partage les valeurs démocratiques des sociétés européennes ne présente pas un danger pour celles-ci. Son accueil plus massif constituerait au contraire une arme « aux effets comparables à ceux des sanctions prises contre Moscou » – politiquement mais surtout économiquement, à l’heure où le Kremlin lui-même reconnaît un déficit de main-d’œuvre qualifiée.

    #Covid-19#migrant#migration#russie#france#diaspora#exil#migrationqualifiee#economie#sante

  • La #Retirada, l’#exil républicain espagnol

    Les réfugiés de la guerre d’Espagne dans les #archives du ministère de l’Intérieur (1939-1940)

    Description du projet

    Entre 1936 et 1939, pendant la #guerre_civile en #Espagne, des centaines de milliers de réfugiés fuyant les combats et les bombardements traversent les #Pyrénées et viennent chercher l’asile en #France. En février 1939, lors de la défaite du camp républicain, près d’un demi-million d’Espagnols viennent trouver refuge dans l’hexagone et en Algérie. A leur arrivée, ils sont d’abord concentrés dans des camps d’internement dans le Sud-Ouest de la France avant d’être progressivement répartis sur le territoire.

    Le ministère de l’Intérieur est alors responsable du dénombrement et de l’encadrement de ces très nombreux réfugiés espagnols. Pour ce faire, les préfets ont la charge de faire appliquer trois textes réglementaires dans tous les départements :

    - La circulaire du ministre de l’Intérieur en date du 6 février 1939 ordonnant aux préfets de recenser précisément, à l’aide de listes nominatives et de notices individuelles, les réfugiés espagnols présents dans leur département.
    - La circulaire du ministre de l’Intérieur en date du 10 août 1939 autorisant l’emploi dans l’agriculture ou l’industrie des réfugiés espagnols détenus dans des camps d’internement. Pour chaque réfugié ayant obtenu un contrat de travail, les préfets doivent établir une notice individuelle.
    - Le décret-loi du 12 avril 1939 prévoyant l’utilisation militaire des étrangers apatrides et des étrangers bénéficiaires du droit d’asile. Les étrangers relevant de ces catégories sont ensuite présentés à une commission de révision qui décide de leur affectation afin qu’ils effectuent un temps de prestation au service de l’armée française au sein d’une compagnie de travailleurs étrangers (CTE).

    Ces trois textes ont pour conséquence le fichage, dans tous les départements français, des réfugiés de la guerre d’Espagne, parmi lesquels d’anciens membres des Brigades internationales. Des notices individuelles de réfugiés et d’étrangers apatrides provenant d’autres pays (Pologne, Autriche, Sarre…) se trouvent aussi mélangées aux notices individuelles des réfugiés venus d’Espagne.

    Le projet d’#indexation de ces notices individuelles sur la plateforme Girophares se déroulera en trois temps. Elles seront successivement proposées à l’indexation dans l’ordre suivant :

    1. Les notices individuelles de membres des compagnies de travailleurs étrangers (environ 1300 vues)
    2. Les notices individuelles de réfugiés embauchés dans l’agriculture ou l’industrie (environ 5700 vues)
    3. Les notices individuelles de recensement des réfugiés espagnols dans les départements en février 1939 (environ 15 000 vues)

    Il est à noter que les notices proposées ici à l’indexation ne constituent pas un ensemble exhaustif. Il s’agit des notices conservées par les Archives nationales, qui ne conservent pas une collection complète de ces documents. Des notices individuelles complémentaires sont conservées dans d’autres services d’archives (archives départementales et municipales, Service historique de la Défense, archives de la Préfecture de police de Paris…).

    Enfin, vous remarquerez peut-être, lors de l’indexation, la présence de documents en cyrillique. Ces archives à l’histoire particulière font partie de ce que l’on appelle communément les « #fonds_de_Moscou ». Après la défaite de la France en 1940, les documents courants et les archives de plusieurs personnalités et administrations françaises, parmi lesquelles des archives du ministère de l’Intérieur, furent saisies par les Allemands. En 1945, à la faveur de leur avancée, les Soviétiques mirent la main sur ces archives et les conservèrent à Moscou où elles furent traitées et inventoriées aux Archives spéciales centrales d’État. Elles furent restituées à la France seulement après la chute de l’Union soviétique, et pour la partie relevant du ministère de l’Intérieur, intégrèrent les fonds des Archives nationales en 1994 et en 2001. Pour aller plus loin au sujet du fonds de Moscou, voir Sophie Cœuré, La mémoire spoliée. Les archives des Français, butin de guerre nazi puis soviétique, éditions Payot & Rivages, Paris, 2007.

    https://girophares.archives-nationales.culture.gouv.fr/la-retirada-lexil-republicain-espagnol

  • Royaume-Uni : le projet de loi d’expulsion des migrants clandestins vers le Rwanda de nouveau devant le Parlement
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/04/16/royaume-uni-le-projet-de-loi-d-expulsion-des-migrants-clandestins-vers-le-rw

    Royaume-Uni : le projet de loi d’expulsion des migrants clandestins vers le Rwanda de nouveau devant le Parlement
    Le premier ministre britannique, Rishi Sunak, espère obtenir un vote final sur ce texte concernant les demandeurs d’asile après des mois d’un débat parlementaire tendu.
    Le Monde avec AFP
    Le projet de loi controversé du gouvernement conservateur britannique visant à expulser des demandeurs d’asile au Rwanda est revenu lundi 15 avril devant le Parlement, le premier ministre, Rishi Sunak, espérant désormais obtenir un vote final sur ce texte après des mois d’un débat parlementaire tendu. L’enjeu est de taille pour Rishi Sunak, qui a fait de cette loi le symbole de sa politique migratoire. Son ambition est d’affréter les premiers avions à destination du Rwanda au printemps, à quelques mois de législatives pour lesquelles les tories sont donnés perdants. Les conservateurs espèrent ainsi décourager les migrants clandestins d’arriver illégalement dans le pays en traversant la Manche sur des embarcations de fortune. Le projet de loi, d’abord voté par la chambre basse du Parlement, a été ensuite adouci par la Chambre des lords, très critique sur le texte, entraînant une phase dite de « ping-pong » entre les deux chambres, qui doivent désormais se mettre d’accord. Les débats interrompus pendant la pause pascale ont repris lundi en fin de journée à la Chambre des communes, où les conservateurs sont largement majoritaires et ont rejeté les amendements proposés par les Lords.
    Le nombre de personnes ayant traversé clandestinement la Manche à bord de petites embarcations a augmenté de 41,7 % au premier trimestre 2024 par rapport au premier trimestre 2023, atteignant un niveau record. Au total, 6 203 personnes ont effectué la traversée depuis le début de janvier selon un décompte de l’Agence France-Presse à partir des chiffres officiels, dont 534 pour la seule journée de dimanche, un record depuis le début de l’année. Initialement conclu sous Boris Johnson il y a près de deux ans, le projet d’expulser des migrants vers le Rwanda n’a jamais été mis en œuvre. Le texte en cours d’examen au Parlement vise à répondre aux conclusions de la Cour suprême, qui a jugé le projet illégal. Il définit notamment le Rwanda comme un pays tiers sûr. Le Rwanda se présente comme l’un des pays les plus stables du continent africain, mais le président, Paul Kagame, est accusé de gouverner dans un climat de peur, étouffant la dissidence et la liberté d’expression.

    #Covid-19#migrant#migration#royaumeuni#rwanda#payssur#exil#refugie#sante#droit#manche#traversee#politiquemigratoire

  • David Yambio, le « survivant » sud-soudanais qui alerte sur le sort des migrants en Libye
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/04/18/david-yambio-le-survivant-sud-soudanais-qui-alerte-sur-le-sort-des-migrants-

    David Yambio, le « survivant » sud-soudanais qui alerte sur le sort des migrants en Libye
    Par Nissim Gasteli (Modène, Italie, envoyé spécial)
    Le soleil illumine les rues de Rome en ce jour de juin 2023. David Yambio, élégamment vêtu d’un costume et d’une cravate, se présente devant le palais Montecitorio, siège de la Chambre des députés, où il est convié par des parlementaires pour témoigner des souffrances des exilés coincés en Libye. Devant l’auditoire, le Sud-Soudanais de 26 ans, devenu le porte-parole de ceux restés de l’autre côté de la Méditerranée, décrit « les conditions cauchemardesques, l’esclavage, les traitements inhumains et la torture » pratiqués dans les centres de détention pour migrants. Une conséquence, dit-il, d’un « mécanisme créé par les autorités européennes et par le gouvernement italien », en référence aux formations, financements et dons d’équipements octroyés par Bruxelles et Rome aux autorités de Tripoli.
    L’Union européenne (UE) a ainsi consacré près de 700 millions d’euros, entre 2015 et 2022, pour lutter contre les migrations en provenance de Libye. La première ministre italienne Giorgia Meloni a pour sa part effectué, mercredi 17 avril, son quatrième voyage en Tunisie en moins d’un an, centré une fois de plus sur la lutte contre l’immigration clandestine. La valeur du témoignage de David Yambio est d’autant plus grande qu’il a lui-même connu l’expérience libyenne, dont il se décrit comme « un survivant ». En quatre années dans ce pays, il a été fait prisonnier dix-sept fois et intercepté quatre fois en mer par les groupes armés qui jouent le rôle de garde-côte. Il en connait les centres de détention officiels et officieux, les différentes milices impliquées dans les violences contre les candidats à la migration et les noms de certains bourreaux.
    Réfugié en Italie depuis juin 2022, le militant, cofondateur à Tripoli de Refugees in Libya – l’une des premières organisations communautaires de défense des droits des réfugiés –, s’est donné pour mission de dénoncer le soutien européen aux autorités libyennes et d’alerter sur les conséquences de l’externalisation des frontières, processus par lequel Bruxelles délègue aux Etats d’Afrique du Nord le contrôle migratoire en échange d’une aide économique. David Yambio interpelle régulièrement les figures du pouvoir, comme Antonio Tajani, le ministre italien des affaires étrangères, interrogé dans les rues de Rome sur les conséquences du renouvellement de l’accord migratoire italo-libyen en février 2023. Il participe par ailleurs à des conférences ou des actions devant les lieux comme le Parlement européen, à Bruxelles, ou le siège d’institutions des Nations unies, à Genève. Son engagement lui a valu d’être reçu au Vatican par le pape François, sensible à la condition des migrants.
    David Yambio est de toutes les batailles. Pour le rencontrer, il a fallu aller jusque dans sa commune en périphérie de Modène, dans le nord de l’Italie, où il est installé. Lundi 18 mars, drapé d’un caban noir, il nous accueille dans un café du centre-ville, où il commande un jus d’orange avec l’aisance d’un habitué. Où qu’il soit, chez lui comme en voyage, il maintient un lien permanent avec la Libye. Il est en contact régulier avec ses « camarades » de Refugees in Libya restés sur place, qui le tiennent informé de l’évolution de la situation. Son numéro circule aussi auprès d’inconnus qui souhaitent alerter sur les violences qu’ils subissent. Parfois, il reçoit des appels directement depuis des centres de détention, ravivant des souvenirs douloureux.
    « Le seul souhait que j’avais lorsque j’étais détenu, c’était d’entendre la voix de quelqu’un de l’extérieur, se remémore-t-il. Pas forcément pour aider immédiatement, mais pour que quelqu’un sache. » Lorsqu’elles ne sont pas compromettantes pour ses sources, il partage les informations qu’il a collectées sur les réseaux sociaux et renseigne volontiers militants, journalistes et chercheurs.
    Les raisons de son engagement pourraient se trouver dans son enfance passée dans des camps de réfugiés en République démocratique du Congo (RDC) et en Centrafrique, dans un deuxième exil, après son retour dans son pays natal, le Soudan du Sud, pour échapper à la conscription en 2016 ou peut-être dans les sévices qu’il a subis en Libye à partir de 2018. (...)
    Ses premières actions ont lieu dans le quartier de Gargaresh, dans l’ouest de Tripoli, où il parvient à tisser quelques liens de solidarité avec ses voisins libyens. Mais la nuit du 1er octobre 2021, un raid brutal des forces de l’ordre sur des habitations de migrants fait au moins un mort et quinze blessés, selon le bilan d’Amnesty International, et balaye cet équilibre précaire. Des centaines de survivants fuient et affluent devant le siège local du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) dans l’espoir d’obtenir un peu d’aide.« Le lendemain, le HCR a commencé à distribuer des kits d’urgence aux gens et aux enfants, mais cela ne suffisait pas et le personnel ne voulait pas que nous restions là, se souvient David Yambio. C’est à ce moment-là que j’ai compris que nous devions faire quelque chose. »
    Les jours suivants, de plus en plus de personnes convergent devant le HCR. Le groupe s’agrandit et s’organise. Un comité est chargé de défendre le campement contre les milices, un autre s’occupe de la médiation entre les onze nationalités présentes. Des assemblées générales sont organisées et le jeune militant, polyglotte, se révèle alors comme l’un des leaders de la communauté. Bientôt, le mouvement émet des revendications et les diffuse sur les réseaux sociaux. L’organisation Refugees in Libya est née.
    Ses succès sont multiples : dans les semaines qui suivent, ses représentants sont reçus par les dirigeants du HCR, puis par le directeur de l’autorité libyenne anti-immigration, Mohammed Al-Khoja. Ils obtiennent la libération de plusieurs prisonniers des centres de détention et la reprise du programme d’évacuation des réfugiés et demandeurs d’asile les plus vulnérables vers des pays tiers. Le mouvement de protestation durera plus de cent jours et rassemblera plus de 4 000 participants, d’après les organisateurs.
    Si David Yambio a fini par rejoindre l’Italie, de nombreux protestataires sont encore en Libye, soumis au bon vouloir des différentes autorités locales. Pour les soutenir, il a décidé de continuer son combat car, dit-il, « tant qu’il y aura de la violence, il y aura ce fort besoin de solidarité ».

    #Covid-19#migrant#migration#italie#libye#soudan#exil#refugie#HCR#sante#RDCvulnerabilite#politiquemigratoire

  • L’Egypte, une voie sans issue pour les exilés soudanais
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/04/15/l-egypte-une-voie-sans-issue-pour-les-exiles-soudanais_6228011_3212.html

    L’Egypte, une voie sans issue pour les exilés soudanais
    Par Eliott Brachet (Le Caire, correspondance)
    Des milliers d’étrangers s’engouffrent dans l’imposant bâtiment du département général des passeports, de l’immigration et de la nationalité du quartier d’El-Abbassiya, au Caire. Chaque jour, dès 8 heures du matin, les entrailles de l’immigration égyptienne, véritable labyrinthe administratif sous la tutelle du ministère de l’intérieur, s’ouvrent : à l’entrée, de longues rangées de chaises sont alignées sous un préau, dans la section réservée aux Soudanais.
    Devant les Syriens, les Yéménites et les Libyens, ils forment désormais la plus grande communauté d’exilés en Egypte. Depuis le déclenchement de la guerre au Soudan, le 15 avril 2023, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), plus de 460 000 personnes ont trouvé refuge dans le pays voisin où étaient déjà installés de longue date 4 millions de leurs compatriotes.
    Dans le centre d’El-Abbassiya, officiers de police et agents de renseignement les orientent sans ménagement vers les guichets. « Depuis des semaines, je reviens tous les deux jours pour obtenir mon permis de résidence. Chaque fois ça bloque, il faut sans cesse fournir des papiers supplémentaires. C’est une humiliation », s’indigne Hamza (tous les prénoms ont été changés pour des raisons de sécurité), un banquier de 40 ans, qui a quitté Khartoum, la capitale du Soudan, en août, après avoir été passé à tabac pendant cinq jours dans une geôle tenue par des miliciens des Forces de soutien rapide (FSR).
    Dans le dédale de l’administration égyptienne, les délais d’obtention d’une autorisation de séjour sont extrêmement longs et, la plupart du temps, les précieux sésames sont délivrés pour de courtes périodes. « Ils sont valides six mois. Mais les gens les reçoivent souvent au bout de quatre mois, ce qui ne leur laisse plus que deux mois pour être là de façon légale avant de déposer une nouvelle demande. C’est un parcours du combattant », déplore Sheima Taj El-Sir, une avocate soudanaise.
    Dans le sillage de la guerre au Soudan mitoyen, avec ses 1 300 kilomètres de frontière commune, l’Egypte a durci les conditions d’entrée sur son territoire. En juin 2023, les autorités ont mis fin à l’exemption de visa dont bénéficiaient auparavant les femmes, les enfants de moins de 16 ans et les hommes de plus de 50 ans, suspendant de facto les accords bilatéraux, The Four Freedoms Agreement, signés en 2004 et censés faciliter la circulation des personnes.Puis, au mois d’août, Le Caire a instauré des règles plus sévères pour l’obtention d’un permis de résidence, exigeant un dépôt en dollars à la banque et imposant aux migrants arrivés illégalement une taxe de 1 000 dollars (940 euros) pour se régulariser. « Des mesures qui ne font qu’accroître l’illégalité », poursuit Sheima Taj El-Sir.
    De plus en plus de Soudanais optent pour les routes clandestines pour entrer en Egypte. (...) Moyennant 300 dollars par personne, ils ont franchi illégalement la frontière entre le Soudan et son voisin du Nord. Un trajet périlleux de deux jours à travers le désert de Nubie, avec pour seuls vivres une bouteille d’eau et quelques dattes. Le périple ne s’est pas arrêté là. Ceux qui pénètrent illégalement sur le sol égyptien doivent parcourir près de 1 000 kilomètres depuis la frontière pour s’enregistrer dans les deux seuls bureaux dont dispose le HCR en Egypte, le premier dans la banlieue du Caire, et le second à Alexandrie.
    Sans carte de demandeur d’asile délivrée par l’agence onusienne, les exilés se trouvent sous la menace permanente d’une arrestation. « Sur la route entre Assouan et Le Caire, il y a de nombreux contrôles, la police fouille les véhicules », poursuit Ahmed.Les coups de filet se sont multipliés depuis le mois de décembre, notamment après l’afflux de Soudanais fuyant la prise de la ville de Wad Madani (centre est du pays) par les FSR. Selon l’ONG Refugees Platform in Egypt, de nombreux migrants soudanais arrêtés par les gardes-frontières sont emprisonnés arbitrairement dans des centres de détention informels. Coupés du monde extérieur, ils se voient refuser toute assistance juridique et sont empêchés de déposer une demande d’asile via le HCR.
    Si ces abus sont difficiles à quantifier, le nombre de détentions arbitraires et d’expulsions forcées atteindrait plusieurs milliers depuis le mois de janvier, selon les informations du Monde. Pour sortir de détention, certains sont forcés de signer des déclarations de « retour volontaire » et doivent payer eux-mêmes les frais de rapatriement. « Ces arrestations, détentions et expulsions sont illégales au regard du droit international et constituent une violation de la convention de Genève et des traités internationaux dont le pays hôte est signataire. Il existe une clause de non-refoulement vers un pays en guerre », détaille Amira Ahmed, professeure à l’université américaine du Caire.
    Selon cette chercheuse sur les questions migratoires, l’accord signé en mars avec la Commission européenne, qui a versé aux autorités égyptiennes plus de 7 milliards d’euros en échange d’une plus grande surveillance des frontières, risque de donner lieu à une politique migratoire encore plus répressive, aggravant le sort des migrants et des réfugiés en Egypte.Aux barrières juridiques et administratives s’ajoute une rhétorique xénophobe de plus en plus virulente. Sur les plateaux télé et les réseaux sociaux, les campagnes de dénigrement se multiplient envers les Soudanais, devenus les boucs émissaires de la grave crise économique que traverse leur pays d’accueil. A travers la capitale égyptienne, les contrôles au faciès et les descentes de police sont de plus en plus fréquents.
    Dans immense ville du Six-Octobre sortie du désert à l’ouest du Caire, trente-trois familles soudanaises ont été expulsées manu militari de leur appartement, fin mars, au prétexte qu’elles ne pouvaient pas présenter de contrat de location en bonne et due forme. « Ils étaient déjà venus deux mois plus tôt. En pleine nuit, ils avaient défoncé la porte à coups de pied. On paie pourtant bien le loyer ! C’est de l’intimidation », s’indigne Nour, qui étudiait le droit à Khartoum avant que sa maison soit bombardée par un drone.
    Depuis, des familles entières sont contraintes de vivre dans la rue. Des femmes allaitent leurs enfants assises sur un canapé à même le trottoir. Des sacs de vêtements sont entassés ici et là sur un bout de tapis. « Il y a une seule latrine pour plus de soixante-dix personnes. Nous n’avons même pas une tente pour nous abriter. Nous sommes fauchés », poursuit la jeune femme de 27 ans, déplorant que les enfants ne puissent pas aller à l’école à cause du coût exorbitant de l’éducation pour les non-Egyptiens. « Ils font tout pour nous rendre la vie insupportable ici, tout pour qu’on rebrousse chemin », déplore Mohammed, un avocat soudanais de 28 ans, qui vit désormais sur le trottoir. Arrivé clandestinement le 9 janvier, il a tenté de s’enregistrer au HCR. « On a attendu deux jours sans résultat. Puis, au téléphone, ils nous ont donné un rendez-vous dans huit mois », se désole-t-il. En attendant, il vit dans cette impasse, courant le risque d’être arrêté, voire déporté à tout moment. « Nous n’avons pas d’avenir ici. Nous voulons tous rentrer chez nous. Mais au-delà des combats au Soudan, ce qui nous attend de l’autre côté de la frontière c’est la faim », conclut-il.

    #Covid-19#migrant#migration#egypte#soudan#libye#syrie#refugie#hcr#yemen#exil#frontiere#politiquemigratoire#sante

  • Ces Françaises et Français de confession musulmane « bien installés » qui songent de plus en plus à émigrer
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/04/18/francais-de-confession-musulmane-la-tentation-du-depart_6228469_3224.html

    A leurs yeux, 2015 marque le début de la suspicion permanente « de la part des pouvoirs publics, au travail, dans certains cercles amicaux », décrit Ismail ; des injonctions à « s’exprimer contre, être contre », raconte Hanan Ben Rhouma, de Saphirnews ; « condamner dans la seconde haut et fort les attentats, les messages de haine sur les réseaux, le voile, l’Iran, le Hamas ou que sais-je encore », énumère Haroun, le banquier de Bordeaux ; et des justifications incessantes. Samir n’en revient pas : « J’ai été contraint de montrer à des gens des photos de ma femme en maillot de bain à la plage et de ma fille en train de faire de la gymnastique pour prouver que je n’étais pas un intégriste. Vous n’imaginez pas ce que c’est humiliant. »

    « Il y a une accélération des départs depuis 2015 avec une montée du sentiment de stigmatisation post-attentats, confirme le sociologue Julien Talpin. De nombreuses personnes avec qui nous avons échangé, plus de 70 %, évoquent des expériences de discriminations directes mais beaucoup parlent d’une atmosphère, d’une ambiance dégradée qui fait peser sur eux une pression permanente qui les pousse à faire attention à tout ce qu’ils font, ce qu’ils disent… »

    #musulmans #Arabes #racisme #exil #émigration

    • Samir a 39 ans, un master de sociologie en poche et quinze années de bons et loyaux services dans la fonction publique territoriale, dans le Nord. « J’y croyais à la réussite républicaine, martèle-t-il. J’avais tort, quoi que je fasse, ça n’est jamais assez. Mon nom est sorti dans la presse dans une affaire absurde de soupçons d’“entrisme communautaire” : quand on vit dans les banlieues, les gens pensent qu’on ne fait que foutre le bordel, et quand on en sort, on est suspecté de vouloir “infiltrer” la République. »

  • Maroc : parmi les mineurs qui débarquent en Espagne, « beaucoup d’enfants en errance » - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/55686/maroc--parmi-les-mineurs-qui-debarquent-en-espagne-beaucoup-denfants-e

    Maroc : parmi les mineurs qui débarquent en Espagne, « beaucoup d’enfants en errance »
    Par Marlène Panara Publié le : 08/03/2024
    Ces dernières semaines, les départs d’exilés marocains pour l’Espagne se sont faits plus réguliers, et ont été rendus visibles par les images publiées dans la presse espagnole de dangereuses traversées à la nage vers Ceuta. Nombre de ces migrants ont moins de 18 ans. Pourquoi sont-ils si nombreux ? Interview.
    Les images sont impressionnantes. Ces dernières semaines, la presse espagnole a publié des vidéos de jeunes Marocains ballotés par les vagues et les courants au large de l’enclave espagnole de Ceuta. Certains sont jetés malgré eux sur les rochers, nombreux à cet endroit. À leur arrivée sur la plage à genoux, épuisés, beaucoup s’effondrent.
    Sur la soixantaine d’exilés arrivés fin février de cette manière, plus de vingt avaient moins de 18 ans. Quinze jours plus tôt, 57 mineurs avaient emprunté le même chemin.Depuis le début de l’année, 144 au total ont atteint Ceuta par la mer. Environ 230 sont actuellement hébergés par l’Etat dans le centre de séjour temporaire pour immigrés (CETI) de l’enclave, « La Esperanza ».
    Chaque année, des milliers de jeunes marocains comme eux partent seuls sur les routes migratoires qui mènent à l’Espagne, direction Ceuta ou le sud de la péninsule ibérique. Qu’est-ce qui poussent ces mineurs, parfois encore des enfants, à tout quitter et à s’engager sur ces chemins périlleux ? Sont-ils de plus en plus nombreux ? Mehdi Alioua, sociologue et professeur à l’université internationale de Rabat, répond à InfoMigrants.
    InfoMigrants : Ces dernières semaines, des dizaines de jeunes marocains ont débarqué sur la plage de Benzu, à Ceuta. Peut-on dire que les arrivées sont en augmentation par rapport à ces derniers mois ?
    Mehdi Alioua : Il y a eu un léger pic d’arrivées en février, mais les tentatives de passages à cet endroit n’ont en fait jamais baissé. Dans cette région du Maroc, il y a toujours des mineurs qui s’entraînent à nager dans la mer pour un jour, partir. Au sud de Ceuta, à Nador, des enfants qui courent derrière les camions pour ensuite prendre les ferries vers l’Espagne, c’est tous les jours. Et ce, depuis 20 ans. Cette enclave a toujours été un lieu de circulation intense entre le Maroc et l’Espagne.Mais la militarisation de la frontière a rendu les choses bien plus compliquées. Les Marocains sont contraints de trouver d’autres solutions, plus dangereuses, pour passer. Les jeunes sont, en plus, très influencés aujourd’hui par les réseaux sociaux. Quand on voit un ami, un cousin, poster une photo de lui en Espagne tout sourire, on se dit que c’est possible.
    IM : Début février, Baker, 17 ans, s’est noyé en tentant d’atteindre l’enclave. Un autre adolescent, Hazim, est toujours porté disparu depuis début décembre. Ces drames réguliers entament-ils la détermination des candidats à l’exil ?
    M.A. : L’attrait de l’Espagne reste plus fort. Depuis les côtes marocaines, les jeunes voient les lumières de Ceuta la nuit. L’enclave leur paraît toute proche, accessible.La pression familiale peut être un facteur de plus. Les familles souhaitent envoyer les enfants en Espagne, rassurées par la forte communauté marocaine qui y réside. [Avec près de 800 000 ressortissants installés légalement, les Marocains représentent la première communauté étrangère d’Espagne, devant les Roumains et les Britanniques ndlr]. Certains jeunes souhaitent aussi rejoindre, parfois, un membre de la famille qui lui, est passé légalement à Ceuta.Mais parmi ces mineurs, il y a aussi beaucoup d’enfants en errance. Ces jeunes qui arrivent à Ceuta ou qui embarquent dans des bateaux dans le nord du Maroc ne sont pas forcément de la région. Ils viennent de tout le pays pour tenter la traversée.
    IM : Ces enfants sont-ils accompagnés d’un membre de la famille ou d’une connaissance ?
    M.A. : Ils sont complètement seuls, et se constituent en petits groupes lors de la traversée ou de l’arrivée en Europe. Au Maroc, on les appelle « Ouled El Haram », « les enfants du pêché ». Ils sont nés hors mariage, et sont donc considérés comme illégitimes. Les mères de ses enfants, de honte, les confient à une tante ou un oncle quand ils sont encore bébés. Et puis les années passant, ces enfants sont de plus en plus livrés à eux-mêmes, et finissent à la rue. C’est là qu’ils entendent parler d’une traversée pour l’Europe, où ils pourront gagner de l’argent. Et cela devient leur seul objectif.

    #Covid-19#migrant#migration#maroc#espagne#ceuta#nador#mineur#enfant#traversee#mediterranee#sante#mortalite#exil

  • Guerre Israël-Hamas : pays hôtes des réfugiés palestiniens, le Liban et la Jordanie s’inquiètent d’une suspension des services de l’UNRWA
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/03/03/guerre-israel-hamas-pays-hotes-des-refugies-palestiniens-le-liban-et-la-jord

    Guerre Israël-Hamas : pays hôtes des réfugiés palestiniens, le Liban et la Jordanie s’inquiètent d’une suspension des services de l’UNRWA
    Par Laure Stephan (Beyrouth, Amman, envoyée spéciale)
    Dans le camp de réfugiés palestiniens Al-Hussein, à Amman, des enfants marchent vers l’école, dans le froid matinal, le long de la rue principale où les commerces sont encore endormis. Des élèves restent emmitouflés dans leurs manteaux, dans les classes de l’établissement scolaire pour filles géré par l’UNRWA, l’agence des Nations unies chargée des réfugiés palestiniens. Les salles ne sont pas équipées de chauffage, et la peinture aux murs est vétuste – depuis des années, l’agence fait face à des coupes budgétaires –, mais cela semble désormais secondaire. Depuis que seize pays donateurs ont gelé leurs financements à la suite des accusations israéliennes d’implication dans l’attaque du Hamas du 7 octobre de douze de ses employés, sur les 13 000 à Gaza, c’est la poursuite même des opérations d’éducation et de santé de l’UNRWA qui est menacée.
    L’agence, tributaire de contributions volontaires et instables, dont les quartiers généraux sont basés à Amman, navigue à vue, et a alerté contre le risque d’une cessation prochaine de ses activités dans toute la région, en l’absence de nouvelles ressources.
    La Jordanie a très vite réagi à ces coupes. Le chef de la diplomatie, Ayman Safadi, a appelé les pays boycotteurs à revoir leur décision, qu’il a décrite comme une « punition collective » de l’UNRWA entreprise « sur la base d’allégations ». Le roi Abdallah II a pris la défense de la mission de l’organisation lors de déplacements officiels dans des pays occidentaux.
    Plus de 2 millions de réfugiés palestiniens vivent dans le royaume, dont la plupart ont obtenu la nationalité jordanienne. A Amman, moins d’un sur cinq habite l’un des dix camps de réfugiés palestiniens, qui ressemblent à des quartiers populaires, intégrés à la ville et sont administrés par les autorités. « Certains y restent par attachement sentimental ou volonté de rester près de leurs familles et amis. D’autres le font car la vie y est moins chère », décrit Imad, un habitant du camp Al-Wehdat, à Amman.
    Ces camps sont « déjà considérés comme des poches de pauvreté. Si l’UNRWA cesse ses services, la situation se détériorera davantage », prédit l’avocate Samar Muhareb, à la tête de l’ONG Arab Renaissance for Democracy and Development, qui fournit une aide juridique à des réfugiés de diverses origines et travaille sur la question palestinienne. Elle ajoute : « Dans l’éventualité où ses opérations seraient transférées à d’autres agences des Nations unies, celles-ci auraient besoin de temps pour être opérationnelles. Ce scénario paraît absurde, alors que l’UNRWA existe comme agence spécialisée. Et si l’éducation ou la santé devenaient du ressort de la Jordanie, cela serait un poids supplémentaire pour le pays », qui dépend également de l’aide internationale, et accueille par ailleurs de nombreux réfugiés syriens. Les classes des écoles publiques sont surchargées, et la qualité du système éducatif s’est dégradée. L’enseignement des établissements de l’UNRWA est réputé meilleur : des élèves du camp Al-Hussein rapportent ainsi que leurs familles ont préféré les y scolariser, quand bien même elles vivent hors du camp.
    Les risques d’une détérioration sociale, attisant des troubles, sont également pris au sérieux au Liban, pays d’accueil d’environ 250 000 réfugiés palestiniens. Depuis l’exode forcé de leur terre en 1948, lors de la création d’Israël, les générations y ont fait l’expérience de fortes discriminations, avec l’interdiction d’exercer certains métiers, comme médecin, avocat ou journaliste. L’UNRWA négociait avec Beyrouth sur un assouplissement des restrictions à l’emploi et une amélioration des infrastructures des camps. Mais l’effondrement économique du pays, depuis 2019, a mis fin à ces espoirs.
    Avec le chômage et l’hyperinflation, la crise a davantage paupérisé les habitants des camps. « Les réfugiés palestiniens sont devenus totalement dépendants des services de l’UNRWA », constate Dorothee Klaus, directrice de l’agence au Liban. « Une suspension des services de l’UNRWA aurait des conséquences sociales dramatiques, et poserait des défis sécuritaires », estime Bassel Al-Hassan, directeur du comité de dialogue libano-palestinien, un bureau qui dépend du premier ministre. Les autorités craignent une déstabilisation des camps. « Nous demandons aux bailleurs de dissocier la situation au Liban de celle d’autres pays, en raison de la crise économique », plaide-t-il.

    #Covid-19#migrant#migration#gaza#israel#conflit#liban#jordanie#refugie#UNRWA#sante#pauvrete#camp#crise#exil#discrimination

  • #Lina_Soualem et #Hiam_Abbass : « Faire exister l’humanité du peuple palestinien »

    Après Leur Algérie, explorant la branche familiale paternelle, la réalisatrice Lina Soualem poursuit l’introspection du double exil qu’elle porte : l’Algérie mais aussi la Palestine. Bye bye Tibériade, son second documentaire, sort en salles mercredi 21 février. Bouleversant de tristesse mais aussi de joie, il raconte comment la lignée de femmes de sa famille maternelle, dont sa mère l’actrice Hiam Abbass, a été percutée par les violences de l’histoire.

    À travers elles, c’est l’histoire du peuple palestinien qui se déploie sur plusieurs décennies, un peuple qui subit une injustice historique et qui est revenu au cœur de l’actualité de la plus sanglante des manières. La sortie de Bye Bye Tibériade survient en pleine guerre à Gaza, où Israël mène, depuis le 7 octobre 2023 et les massacres du Hamas qui ont fait 1 160 morts, une riposte militaire. Celle-ci a tué plus de 29 000 personnes, dont 70 % sont des femmes et des enfants, dans l’enclave palestinienne.

    En explorant les douleurs de la mémoire familiale et collective à travers le prisme des femmes, Lina Soualem questionne aussi admirablement l’universel qui nous percute et nous rassemble : l’amour, l’exil, la famille, la terre, les racines.

    https://www.youtube.com/watch?v=9vsnwCDc1Ww

    #film #Palestine #cinéma #documentaire #film_documentaire #dépossession #héroïsme #arrachement #exil #identité #droit_à_la_complexité #culture #nakba #intimité #négation #histoire_familiale #parcours_de_vie #silence #art #récits_de_vie #mémoire_collective #peur_de_la_perte #maison #douleurs_du_passé #transmission #force_féminine #vie #humour #liberté #rupture #exil_forcé #patriarcat #poésie

  • Les chibanis et le mythe du retour au pays

    « Chibani : en arabe, celui qui a les cheveux blanc. Un terme qui a fini par désigner, en France, l’ensemble des vieux travailleurs immigrés venus d’Afrique du Nord après la Seconde Guerre mondiale. Affectés le plus souvent aux tâches les plus précaires et dangereuses, ils ont aussi été les premiers à être renvoyés lorsque les usines ont commencé à fermer. Voici dix ans, une mission parlementaire estimait à 850 000 le nombre d’immigrés âgés de plus de 55 ans vivant en France sans pouvoir accéder aux droits que leur réservait pourtant leur âge. Depuis, leur statut s’est quelque peu amélioré, mais la situation des chibanis reste celle d’un exil sans cesse prolongé. La journaliste franco-tunisienne Maya Elboudrari est allée à la rencontre de certains d’entre elles et eux dans le XXe arrondissement de Paris, au Café social animé par l’association Ayyem Zamen. Dans cet article, paru initialement dans la revue New Lines Magazine, que nous traduisons, elle revient sur leur histoire. »

    https://www.revue-ballast.fr/les-chibanis-et-le-mythe-du-retour-au-pays

    #immigration #exil

  • Avant les #JO, un « nettoyage social » à Paris ? Un nouveau campement évacué, une partie des migrants transférés en régions
    https://www.sudouest.fr/france/avant-les-jo-un-nettoyage-social-a-paris-un-nouveau-campement-evacue-une-pa

    Une centaine de migrants ont été évacués d’un camp de fortune dans le 12e arrondissement de #Paris, ce mardi matin. Certains ont été transférés vers des villes de province. Les associations dénoncent un « #nettoyage_social » de la capitale avant les Jeux olympiques, cet été
    Un #campement informel sous un pont de Paris, où vivaient plus de cent #migrants, a été démantelé mardi 6 février et une cinquantaine d’#exilés ont été transférés en province, a-t-on appris auprès des autorités et de plusieurs organisations humanitaires.

  • « (...) Dragana et moi, deux bêtes qui se regardent dans les yeux, nous, qui devrions être ennemies mortelles, parce que Dragana est une Serbe bosniaque, ou bien une Bosniaque serbe ?, et que je fais partie de la minorité hongroise de Serbie (la folie qui continue à tourner dans ma tête, dans toutes les têtes), il est absurde et absolument possible que l’un de mes cousins déserte parce qu’il ne veut pas, en tant que Hongrois, se battre dans les rangs de l’armée populaire yougoslave, il se peut que l’un des cousins de Dragana l’abatte, parce qu’il se bat dans les rangs de l’armée populaire yougoslave et que les déserteurs on les abat ; mais il se peut également que l’un des cousins de Dragana déserte parce qu’il se sent bosniaque, et qu’en tant que Serbe bosniaque, il ne veut pas se battre dans les rangs e l’armée populaire yougoslave, il se peut que ce soit alors mon cousin qui abatte le cousin de Dragana, parce que mon cousin n’a pas déserté et se bat dans les rangs de l’armée populaire yougoslave, peut-être pour sauver sa propre vie ; mais il se peut aussi qu’ils soient abattus tous deux, par un musulman, un Croate, déchiquetés par une bombe qui n’a pas explosé, par une mine, en un lieu inconnu, dans le no man’s land, au moment où nous tartinons ensemble des tranches de pain dans notre cuisine. »
    #guerre #nationalisme #yougoslavoe #minoritéethnique #exil

    p. 119-120 Pigeon vole

  • « ’(...) j’espère que tout est resté comme avant parce que, quand je retourne sur les lieux de ma petite enfance, je ne redoute rien tant que le changement : retrouver toujours les mêmes objets, cela me protège contre la peur de me sentir étrangère dans ce monde, d’être exclue de la vie de Mamika, je dois regagner aussi vite que possible la cour intérieure pour poursuivre mon examen inquiet : tout est à sa place ? (...) »
    #exil #enfance #yougoslavie #voïvodine #nostalgie #souvenir #yougonostalgie

    Pigeon vole p. 10-11

  • Loi sur l’immigration : « Le marchandage portant sur l’aide médicale d’Etat est surréaliste, pour ne pas dire obscène »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/10/loi-sur-l-immigration-le-marchandage-portant-sur-l-aide-medicale-d-etat-est-

    Loi sur l’immigration : « Le marchandage portant sur l’aide médicale d’Etat est surréaliste, pour ne pas dire obscène »
    Tribune Smaïn Laacher Sociologue
    Marie Rose Moro Pédopsychiatre
    La nouvelle loi « pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration » n’est pas un texte « fasciste » ou « raciste » comme cela a été dit ici et là. Elle est cependant indéniablement restrictive au sens où elle complique, rend aléatoires, voire supprime des droits fondamentaux.Bien entendu, si on la compare avec l’arsenal juridique en matière d’immigration et d’asile d’un certain nombre de pays de l’Union européenne (UE), il ne sera pas difficile de trouver « pire » que la France. C’est la Hongrie qui a construit une clôture de près de 4 mètres de haut à sa frontière avec la Serbie pour s’opposer au passage des migrants dans les Balkans.
    Alors que l’Assemblée nationale votait la loi relative à l’immigration le 19 décembre 2023, les représentants des vingt-sept Etats membres de l’UE parvenaient, le lendemain, à un accord sur le futur pacte migratoire.
    Mais ce qui apparaît à la limite de la caricature de la part de nos politiques et de nos législateurs, c’est le marchandage quasi surréaliste, pour ne pas dire obscène, portant sur l’aide médicale d’Etat (AME). Pourquoi considérer l’AME comme un « cavalier législatif » [un amendement dépourvu de lien, même indirect, avec le texte de loi examiné] ? Pourquoi les enjeux de santé des migrants sont-ils détachés des enjeux de santé liés aux conditions d’existence des fractions les plus précaires des classes populaires ?
    L’Organisation mondiale de la santé affirme que les questions de santé ne se caractérisent pas nécessairement par l’absence de maladie ou d’infirmité. Pour cette institution, la santé représente « l’un des droits fondamentaux de tout être humain, quelles que soient sa race, sa religion, ses opinions politiques, sa condition économique ou sociale ». On peut parler de la « santé des migrants ». Mais si l’on veut être un tant soit peu rigoureux, nous devrions parler d’inégalités dans les domaines de la santé publique et de la santé au travail. Il suffit de prendre un seul exemple souvent cité lors de la pandémie de Covid-19 : celui des « livreurs ».
    De grandes villes comme Paris, en 2021, et Bordeaux, en février 2023, ont mis à la disposition de ces travailleurs ultra-précaires des plates-formes de livraison des lieux d’accompagnement appelés « Maisons des livreurs ». Médecins du monde et la Maison des livreurs à Bordeaux ont alerté sur « les morts brutales, la souffrance physique et psychique des livreurs ».
    Combien sont-ils à perdre la vie au « travail » ? Combien se blessent en chutant de leur moyen de locomotion ? Personne ne le sait. Et pour cause, ce ne sont pas des salariés, mais des « indépendants » non couverts par la branche accidents du travail et maladies professionnelles, qui disparaissent des statistiques. Ils ont généralement moins de 30 ans et sont le plus souvent sans titre de séjour. Des « clandestins » qui livrent députés, élus, hauts fonctionnaires, familles, etc.
    Comment cette inégalité de soins se traduit-elle concrètement ? De la manière suivante : si les livreurs ne se rendent pas chez un médecin, c’est parce qu’ils passent parfois quinze heures par jour sur leur vélo, six jours sur sept, par tous les temps. Se rendre chez le médecin parce qu’on est saisi de troubles musculo-squelettiques ou même d’une pathologie infectieuse, c’est ne plus rouler, et donc perdre une somme vitale pour survivre. Ce constat est établi par tous les professionnels de santé.Les Républicains et le Rassemblement national ont exigé d’une même voix la suppression de l’AME pour les sans-papiers. Quelle hypocrisie ! La droite estime que l’AME est trop généreuse par rapport aux dispositifs en vigueur dans l’UE et qu’elle constitue, argument central, un « appel d’air » pour tous les immigrés de la terre. Cette notion d’appel d’air est, n’ayons pas peur des mots, une escroquerie intellectuelle. Les enquêtes statistiques de l’Organisation de coopération et de développement économiques montrent que, plusieurs années après leur arrivée, de nombreux immigrés (entre 30 % et 50 %) sont partis ailleurs. Dans le Calaisis [Pas-de-Calais et Nord], les étrangers en situation irrégulière, dans leur écrasante majorité, n’ont qu’un seul désir : partir au Royaume-Uni.
    L’appel d’air n’est donc pas un fait avéré. Ce qui est démontré, c’est que l’aide médicale d’urgence, qui remplacera probablement l’AME, lorsqu’elle sera votée, provoquera inexorablement « une augmentation du recours aux soins hospitaliers urgents, plus complexes et plus coûteux ». Ce sont des professionnels, dotés d’une solide et longue expérience, qui l’affirment dans un texte commun signé notamment par de nombreuses sociétés savantes médicales et par le syndicat SAMU-Urgences de France.
    Dans le total des dépenses de l’AME, l’hôpital tend à diminuer au profit de la médecine de ville : il représentait environ 62 % des dépenses en 2020, contre environ 69 % en 2010. Dans ces dépenses hospitalières, la psychiatrie et les soins de suite représentent respectivement 14 % et 12 %, selon un rapport de l’ancien ministre Claude Evin et du haut fonctionnaire Patrick Stefanini. Il n’est pas difficile de percevoir l’enjeu fondamental : il y a un accès très inégal à la médecine non seulement d’urgence, mais dans le soin portant sur les conséquences somatiques et psychiques de ce que les migrants ont vécu dans leur pays d’origine et, particulièrement pour les femmes et les enfants, sur le chemin de l’exil.
    Nous pensons qu’il est infondé de réduire les migrants à des êtres « vulnérables » en quête de soins. Cette vision du migrant vulnérable n’a rien à voir avec l’intégration. Il ne s’agit pas, socialement et politiquement, de la question de la fragilité individuelle des migrants, mais, bien plus largement et fondamentalement, de la capacité d’une société à insérer socialement les plus fragilisés à cause de ce qu’ils ont vécu, à cause de ce qu’ils vivent. Autrement dit, il s’agit de les aider à construire, individuellement et collectivement, du lien social. Si l’on privilégie la faiblesse personnelle, alors le danger est grand de faire porter à l’individu seul la défaillance de nos systèmes d’intégration sociale.

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#AME#loiimmigration#santepublique#santementale#exil#integration

    • Raniero Panzieri, Mario Tronti, Gaspare De Caro, Toni Negri (Turin, 1962)

      Conférence de Potere operaio à l’Université de Bologne en 1970.

      Manifestation de Potere operaio à Milan en 1972.

      Negri lors de son procès après la rafle du 7 avril 1979

      #Toni_Negri
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Toni_Negri

      Lénine au-delà de Lénine, Toni Negri (extrait de 33 Leçons sur Lénine), 1972-1973
      http://revueperiode.net/lenine-au-dela-de-lenine

      Domination et sabotage - Sur la méthode marxiste de transformation sociale, Antonio Negri (pdf), 1977
      https://entremonde.net/IMG/pdf/a6-03dominationsabotage-0-livre-high.pdf

      L’Anomalie sauvage d’Antonio Negri, Alexandre Matheron, 1983
      https://books.openedition.org/enseditions/29155?lang=fr

      Sur Mille Plateaux, Toni Negri, Revue Chimères n° 17, 1992
      https://www.persee.fr/doc/chime_0986-6035_1992_num_17_1_1846

      Les coordinations : une proposition de communisme, Toni Negri, 1994
      https://www.multitudes.net/les-coordinations-une-proposition

      Le contre-empire attaque, entretien avec Toni Negri, 2000
      https://vacarme.org/article28.html

      [#travail #multitude_de_singularités à 18mn] : Toni Negri, 2014
      https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-chemins-de-la-philosophie/actualite-philosophique-toni-negri-5100168

      à l’occasion de la parution du Hors-Série de Philosophie Magazine sur le thème, les philosophes et le #communisme.

      Socialisme = soviets + électricité, Toni Negri, 2017
      http://revueperiode.net/les-mots-dordre-de-lenine

      L’appropriation du capital fixe : une métaphore ?
      Antonio Negri, Multitudes 2018/1 (n° 70)
      https://www.cairn.info/revue-multitudes-2018-1-page-92.htm

      Domination et sabotage - Entretien avec Antonio Negri, 2019
      https://vacarme.org/article3253.html

    • Les nécros de Ration et de L’imMonde ont par convention une tonalité vaguement élogieuse mais elles sont parfaitement vides. Celle de l’Huma parait plus documentée mais elle est sous paywall...

      edit L’Huma c’est encore et toujours la vilaine bêtise stalinienne :

      Figure de prou de "l’opéraïsme" dans les années 1960, arrêté durant les années de plomb en Italie, penseur de la "multitude" dans les années 2000, le théoricien politique, spécialiste de la philosophie du droit et de Hegel, est mort à Paris à l’âge de 90 ans.
      Pierre Chaillan

      (...) Figure intellectuelle et politique, il a traversé tous les soubresauts de l’histoire de l’Italie moderne et restera une grande énigme au sein du mouvement communiste et ouvrier international . Né le 1er août 1933 dans l’Italie mussolinienne, d’un père communiste disparu à la suite de violences infligées par une brigade fasciste, Antonio Negri est d’abord militant de l’Action catholique avant d’adhérer en 1956 au Parti socialiste italien, qu’il quittera rapidement.

      Le théoricien, animateurs de “l’opéraïsme”

    • Un journaliste du Monde « Gauchologue et fafologue / Enseigne @sciencespo » diffuse sur X des extraits de l’abject "Camarade P38" du para-policier Fabrizio Calvi en prétendant que cette bouse « résume les critiques ».
      Mieux vaut se référer à EMPIRE ET SES PIÈGES - Toni Negri et la déconcertante trajectoire de l’opéraïsme italien, de Claudio Albertani https://infokiosques.net/spip.php?article541

    • #opéraïsme

      http://www.zones-subversives.com/l-op%C3%A9ra%C3%AFsme-dans-l-italie-des-ann%C3%A9es-1960

      Avant l’effervescence de l’Autonomie italienne, l’opéraïsme tente de renouveler la pensée marxiste pour réfléchir sur les luttes ouvrières. Ce mouvement politique et intellectuel se développe en Italie dans les années 1960. Il débouche vers une radicalisation du conflit social en 1968, et surtout en 1969 avec une grève ouvrière sauvage. Si le post-opéraïsme semble relativement connu en France, à travers la figure de Toni Negri et la revue Multitudes, l’opéraïsme historique demeure largement méconnu.

      Mario Tronti revient sur l’aventure de l’opéraïsme, à laquelle il a activement participé. Son livre articule exigence théorique et témoignage vivant. Il décrit ce mouvement comme une « expérience de pensée - d’un cercle de personnes liées entre elles indissolublement par un lien particulier d’amitié politique ». La conflictualité sociale et la radicalisation des luttes ouvrières doit alors permettre d’abattre le capitalisme.

    • IL SECOLO BREVE DI TONI NEGRI, Ago 17, 2023,
      di ROBERTO CICCARELLI.

      http://www.euronomade.info/?p=15660

      Toni Negri hai compiuto novant’anni. Come vivi oggi il tuo tempo?

      Mi ricordo Gilles Deleuze che soffriva di un malanno simile al mio. Allora non c’erano l’assistenza e la tecnologia di cui possiamo godere noi oggi. L’ultima volta che l’ho visto girava con un carrellino con le bombole di ossigeno. Era veramente dura. Lo è anche per me oggi. Penso che ogni giorno che passa a questa età sia un giorno di meno. Non hai la forza di farlo diventare un giorno magico. È come quando mangi un buon frutto e ti lascia in bocca un gusto meraviglioso. Questo frutto è la vita, probabilmente. È una delle sue grandi virtù.

      Novant’anni sono un secolo breve.

      Di secoli brevi ce ne possono essere diversi. C’è il classico periodo definito da Hobsbawm che va dal 1917 al 1989. C’è stato il secolo americano che però è stato molto più breve. È durato dagli accordi monetari e dalla definizione di una governance mondiale a Bretton Woods, agli attentati alle Torri Gemelle nel settembre 2001. Per quanto mi riguarda il mio lungo secolo è iniziato con la vittoria bolscevica, poco prima che nascessi, ed è continuato con le lotte operaie, e con tutti i conflitti politici e sociali ai quali ho partecipato.

      Questo secolo breve è terminato con una sconfitta colossale.

      È vero. Ma hanno pensato che fosse finita la storia e fosse iniziata l’epoca di una globalizzazione pacificata. Nulla di più falso, come vediamo ogni giorno da più di trent’anni. Siamo in un’età di transizione, ma in realtà lo siamo sempre stati. Anche se sottotraccia, ci troviamo in un nuovo tempo segnato da una ripresa globale delle lotte contro le quali c’è una risposta dura. Le lotte operaie hanno iniziato a intersecarsi sempre di più con quelle femministe, antirazziste, a difesa dei migranti e per la libertà di movimento, o ecologiste.

      Filosofo, arrivi giovanissimo in cattedra a Padova. Partecipi a Quaderni Rossi, la rivista dell’operaismo italiano. Fai inchiesta, fai un lavoro di base nelle fabbriche, a cominciare dal Petrolchimico di Marghera. Fai parte di Potere Operaio prima, di Autonomia Operaia poi. Vivi il lungo Sessantotto italiano, a cominciare dall’impetuoso Sessantanove operaio a Corso Traiano a Torino. Qual è stato il momento politico culminante di questa storia?

      Gli anni Settanta, quando il capitalismo ha anticipato con forza una strategia per il suo futuro. Attraverso la globalizzazione, ha precarizzato il lavoro industriale insieme all’intero processo di accumulazione del valore. In questa transizione, sono stati accesi nuovi poli produttivi: il lavoro intellettuale, quello affettivo, il lavoro sociale che costruisce la cooperazione. Alla base della nuova accumulazione del valore, ci sono ovviamente anche l’aria, l’acqua, il vivente e tutti i beni comuni che il capitale ha continuato a sfruttare per contrastare l’abbassamento del tasso di profitto che aveva conosciuto a partire dagli anni Sessanta.

      Perché, dalla metà degli anni Settanta, la strategia capitalista ha vinto?

      Perché è mancata una risposta di sinistra. Anzi, per un tempo lungo, c’è stata una totale ignoranza di questi processi. A partire dalla fine degli anni Settanta, c’è stata la soppressione di ogni potenza intellettuale o politica, puntuale o di movimento, che tentasse di mostrare l’importanza di questa trasformazione, e che puntasse alla riorganizzazione del movimento operaio attorno a nuove forme di socializzazione e di organizzazione politica e culturale. È stata una tragedia. Qui che appare la continuità del secolo breve nel tempo che stiamo vivendo ora. C’è stata una volontà della sinistra di bloccare il quadro politico su quello che possedeva.

      E che cosa possedeva quella sinistra?

      Un’immagine potente ma già allora inadeguata. Ha mitizzato la figura dell’operaio industriale senza comprendere che egli desiderava ben altro. Non voleva accomodarsi nella fabbrica di Agnelli, ma distruggere la sua organizzazione; voleva costruire automobili per offrirle agli altri senza schiavizzare nessuno. A Marghera non avrebbe voluto morire di cancro né distruggere il pianeta. In fondo è quello che ha scritto Marx nella Critica del programma di Gotha: contro l’emancipazione attraverso il lavoro mercificato della socialdemocrazia e per la liberazione della forza lavoro dal lavoro mercificato. Sono convinto che la direzione presa dall’Internazionale comunista – in maniera evidente e tragica con lo stalinismo, e poi in maniera sempre più contraddittoria e irruente -, abbia distrutto il desiderio che aveva mobilitato masse gigantesche. Per tutta la storia del movimento comunista è stata quella la battaglia.

      Cosa si scontrava su quel campo di battaglia?

      Da un lato, c’era l’idea della liberazione. In Italia è stata illuminata dalla resistenza contro il nazi-fascismo. L’idea di liberazione si è proiettata nella stessa Costituzione così come noi ragazzi la interpretammo allora. E in questa vicenda non sottovaluterei l’evoluzione sociale della Chiesa Cattolica che culminò con il Secondo Concilio Vaticano. Dall’altra parte, c’era il realismo ereditato dal partito comunista italiano dalla socialdemocrazia, quello degli Amendola e dei togliattiani di varia origine. Tutto è iniziato a precipitare negli anni Settanta, mentre invece c’era la possibilità di inventare una nuova forma di vita, un nuovo modo di essere comunisti.

      Continui a definirti un comunista. Cosa significa oggi?

      Quello che per me ha significato da giovane: conoscere un futuro nel quale avremmo conquistato il potere di essere liberi, di lavorare meno, di volerci bene. Eravamo convinti che concetti della borghesia quali libertà, uguaglianza e fraternità avrebbero potuto realizzarsi nelle parole d’ordine della cooperazione, della solidarietà, della democrazia radicale e dell’amore. Lo pensavamo e lo abbiamo agito, ed era quello che pensava la maggioranza che votava la sinistra e la faceva esistere. Ma il mondo era ed è insopportabile, ha un rapporto contraddittorio con le virtù essenziali del vivere insieme. Eppure queste virtù non si perdono, si acquisiscono con la pratica collettiva e sono accompagnate dalla trasformazione dell’idea di produttività che non significa produrre più merci in meno tempo, né fare guerre sempre più devastanti. Al contrario serve a dare da mangiare a tutti, modernizzare, rendere felici. Comunismo è una passione collettiva gioiosa, etica e politica che combatte contro la trinità della proprietà, dei confini e del capitale.

      L’arresto avvenuto il 7 aprile 1979, primo momento della repressione del movimento dell’autonomia operaia, è stato uno spartiacque. Per ragioni diverse, a mio avviso, lo è stato anche per la storia del «manifesto» grazie a una vibrante campagna garantista durata anni, un caso giornalistico unico condotto con i militanti dei movimenti, un gruppo di coraggiosi intellettuali, il partito radicale. Otto anni dopo, il 9 giugno 1987, quando fu demolito il castello di accuse cangianti, e infondate, Rossana Rossanda scrisse che fu una «tardiva, parziale riparazione di molto irreparabile». Cosa significa oggi per te tutto questo?

      È stato innanzitutto il segno di un’amicizia mai smentita. Rossana per noi è stata una persona di una generosità incredibile. Anche se, a un certo punto, si è fermata anche lei: non riusciva a imputare al Pci quello che il Pci era diventato.

      Che cosa era diventato?

      Un oppressore. Ha massacrato quelli che denunciavano il pasticcio in cui si era andato a ficcare. In quegli anni siamo stati in molti a dirglielo. Esisteva un’altra strada, che passava dall’ascolto della classe operaia, del movimento studentesco, delle donne, di tutte le nuove forme nelle quali le passioni sociali, politiche e democratiche si stavano organizzando. Noi abbiamo proposto un’alternativa in maniera onesta, pulita e di massa. Facevamo parte di un enorme movimento che investiva le grandi fabbriche, le scuole, le generazioni. La chiusura da parte del Pci ha determinato la nascita di estremizzazioni terroristiche: questo è fuori dubbio. Noi abbiamo pagato tutto e pesantemente. Solo io ho fatto complessivamente quattordici anni di esilio e undici e mezzo di prigione. Il Manifesto ha sempre difeso la nostra innocenza. Era completamente idiota che io o altri dell’Autonomia fossimo considerati i rapitori di Aldo Moro o gli uccisori di compagni. Tuttavia, nella campagna innocentista che è stata coraggiosa e importante è stato però lasciato sul fondo un aspetto sostanziale.

      Quale?
      Eravamo politicamente responsabili di un movimento molto più ampio contro il compromesso storico tra il Pci e la Dc. Contro di noi c’è stata una risposta poliziesca della destra, e questo si capisce. Quello che non si vuol capire è stata invece la copertura che il Pci ha dato a questa risposta. In fondo, avevano paura che cambiasse l’orizzonte politico di classe. Se non si comprende questo nodo storico, come ci si può lamentare dell’inesistenza di una sinistra oggi in Italia?

      Il sette aprile, e il cosiddetto «teorema Calogero», sono stati considerati un passo verso la conversione di una parte non piccola della sinistra al giustizialismo e alla delega politica alla magistratura. Come è stato possibile lasciarsi incastrare in una simile trappola?

      Quando il Pci sostituì la centralità della lotta morale a quella economica e politica, e lo fece attraverso giudici che gravitavano attorno alla sua area, ha finito il suo percorso. Questi davvero credevano di usare il giustizialismo per costruire il socialismo? Il giustizialismo è una delle cose più care alla borghesia. È un’illusione devastante e tragica che impedisce di vedere l’uso di classe del diritto, del carcere o della polizia contro i subalterni. In quegli anni cambiarono anche i giovani magistrati. Prima erano molto diversi. Li chiamavano «pretori di assalto». Ricordo i primi numeri della rivista Democrazia e Diritto ai quali ho lavorato anch’io. Mi riempivano di gioia perché parlavamo di giustizia di massa. Poi l’idea di giustizia è stata declinata molto diversamente, riportata ai concetti di legalità e di legittimità. E nella magistratura non c’è più stata una presa di parola politica, ma solo schieramenti tra correnti. Oggi, poi abbiamo una Costituzione ridotta a un pacchetto di norme che non corrispondono neanche più alla realtà del paese.

      In carcere avete continuato la battaglia politica. Nel 1983 scriveste un documento in carcere, pubblicato da Il Manifesto, intitolato «Do You remember revolution». Si parlava dell’originalità del 68 italiano, dei movimenti degli anni Settanta non riducibili agli «anni di piombo». Come hai vissuto quegli anni?

      Quel documento diceva cose importanti con qualche timidezza. Credo dica più o meno le cose che ho appena ricordato. Era un periodo duro. Noi eravamo dentro, dovevamo uscire in qualche maniera. Ti confesso che in quell’immane sofferenza per me era meglio studiare Spinoza che pensare all’assurda cupezza in cui eravamo stati rinchiusi. Ho scritto su Spinoza un grosso libro ed è stato una specie di atto eroico. Non potevo avere più di cinque libri in cella. E cambiavo carcere speciale in continuazione: Rebibbia, Palmi, Trani, Fossombrone, Rovigo. Ogni volta in una cella nuova con gente nuova. Aspettare giorni e ricominciare. L’unico libro che portavo con me era l’Etica di Spinoza. La fortuna è stata finire il mio testo prima della rivolta a Trani nel 1981 quando i corpi speciali hanno distrutto tutto. Sono felice che abbia prodotto uno scossone nella storia della filosofia.

      Nel 1983 sei stato eletto in parlamento e uscisti per qualche mese dal carcere. Cosa pensi del momento in cui votarono per farti tornare in carcere e tu decidesti di andare in esilio in Francia?

      Ne soffro ancora molto. Se devo dare un giudizio storico e distaccato penso di avere fatto bene ad andarmene. In Francia sono stato utile per stabilire rapporti tra generazioni e ho studiato. Ho avuto la possibilità di lavorare con Félix Guattari e sono riuscito a inserirmi nel dibattito del tempo. Mi ha aiutato moltissimo a comprendere la vita dei Sans Papiers. Lo sono stato anch’io, ho insegnato pur non avendo una carta di identità. Mi hanno aiutato i compagni dell’università di Parigi 8. Ma per altri versi mi dico che ho sbagliato. Mi scuote profondamente il fatto di avere lasciato i compagni in carcere, quelli con cui ho vissuto i migliori anni della mia vita e le rivolte in quattro anni di carcerazione preventiva. Averli lasciati mi fa ancora male. Quella galera ha devastato la vita di compagni carissimi, e spesso delle loro famiglie. Ho novant’anni e mi sono salvato. Non mi rende più sereno di fronte a quel dramma.

      Anche Rossanda ti criticò…

      Sì, mi ha chiesto di comportarmi come Socrate. Io le risposi che rischiavo proprio di finire come il filosofo. Per i rapporti che c’erano in galera avrei potuto morire. Pannella mi ha materialmente portato fuori dalla galera e poi mi ha rovesciato tutte le colpe del mondo perché non volevo tornarci. Sono stati in molti a imbrogliarmi. Rossana mi aveva messo in guardia già allora, e forse aveva ragione.

      C’è stata un’altra volta che lo ha fatto?

      Sì, quando mi disse di non rientrare da Parigi in Italia nel 1997 dopo 14 anni di esilio. La vidi l’ultima volta prima di partire in un café dalle parti del Museo di Cluny, il museo nazionale del Medioevo. Mi disse che avrebbe voluto legami con una catena per impedirmi di prendere quell’aereo.

      Perché allora hai deciso di tornare in Italia?

      Ero convinto di fare una battaglia sull’amnistia per tutti i compagni degli anni Settanta. Allora c’era la Bicamerale, sembrava possibile. Mi sono fatto sei anni di galera fino al 2003. Forse Rossana aveva ragione.

      Che ricordo oggi hai di lei?

      Ricordo l’ultima volta che l’ho vista a Parigi. Una dolcissima amica, che si preoccupava dei miei viaggi in Cina, temeva che mi facessi male. È stata una persona meravigliosa, allora e sempre.

      Anna Negri, tua figlia, ha scritto «Con un piede impigliato nella storia» (DeriveApprodi) che racconta questa storia dal punto di vista dei vostri affetti, e di un’altra generazione.

      Ho tre figli splendidi Anna, Francesco e Nina che hanno sofferto in maniera indicibile quello che è successo. Ho guardato la serie di Bellocchio su Moro e continuo ad essere stupefatto di essere stato accusato di quella incredibile tragedia. Penso ai miei due primi figli, che andavano a scuola. Qualcuno li vedeva come i figli di un mostro. Questi ragazzi, in una maniera o nell’altra, hanno sopportato eventi enormi. Sono andati via dall’Italia e ci sono tornati, hanno attraversato quel lungo inverno in primissima persona. Il minimo che possono avere è una certa collera nei confronti dei genitori che li hanno messi in questa situazione. E io ho una certa responsabilità in questa storia. Siamo tornati ad essere amici. Questo per me è un regalo di una immensa bellezza.

      Alla fine degli anni Novanta, in coincidenza con i nuovi movimenti globali, e poi contro la guerra, hai acquisito una forte posizione di riconoscibilità insieme a Michael Hardt a cominciare da «Impero». Come definiresti oggi, in un momento di ritorno allo specialismo e di idee reazionarie e elitarie, il rapporto tra filosofia e militanza?

      È difficile per me rispondere a questa domanda. Quando mi dicono che ho fatto un’opera, io rispondo: Lirica? Ma ti rendi conto? Mi scappa da ridere. Perché sono più un militante che un filosofo. Farà ridere qualcuno, ma io mi ci vedo, come Papageno…

      Non c’è dubbio però che tu abbia scritto molti libri…

      Ho avuto la fortuna di trovarmi a metà strada tra la filosofia e la militanza. Nei migliori periodi della mia vita sono passato in permanenza dall’una all’altra. Ciò mi ha permesso di coltivare un rapporto critico con la teoria capitalista del potere. Facendo perno su Marx, sono andato da Hobbes a Habermas, passando da Kant, Rousseau e Hegel. Gente abbastanza seria da dovere essere combattuta. Di contro la linea Machiavelli-Spinoza-Marx è stata un’alternativa vera. Ribadisco: la storia della filosofia per me non è una specie di testo sacro che ha impastato tutto il sapere occidentale, da Platone ad Heidegger, con la civiltà borghese e ha tramandato con ciò concetti funzionali al potere. La filosofia fa parte della nostra cultura, ma va usata per quello che serve, cioè a trasformare il mondo e farlo diventare più giusto. Deleuze parlava di Spinoza e riprendeva l’iconografia che lo rappresentava nei panni di Masaniello. Vorrei che fosse vero per me. Anche adesso che ho novant’anni continuo ad avere questo rapporto con la filosofia. Vivere la militanza è meno facile, eppure riesco a scrivere e ad ascoltare, in una situazione di esule.

      Esule, ancora, oggi?

      Un po’, sì. È un esilio diverso però. Dipende dal fatto che i due mondi in cui vivo, l’Italia e la Francia, hanno dinamiche di movimento molto diverse. In Francia, l’operaismo non ha avuto un seguito largo, anche se oggi viene riscoperto. La sinistra di movimento in Francia è sempre stata guidata dal trotzkismo o dall’anarchismo. Negli anni Novanta, con la rivista Futur antérieur, con l’amico e compagno Jean-Marie Vincent, avevamo trovato una mediazione tra gauchisme e operaismo: ha funzionato per una decina d’anni. Ma lo abbiamo fatto con molta prudenza. il giudizio sulla politica francese lo lasciavamo ai compagni francesi. L’unico editoriale importante scritto dagli italiani sulla rivista è stato quello sul grande sciopero dei ferrovieri del ’95, che assomigliava tanto alle lotte italiane.

      Perché l’operaismo conosce oggi una risonanza a livello globale?

      Perché risponde all’esigenza di una resistenza e di una ripresa delle lotte, come in altre culture critiche con le quali dialoga: il femminismo, l’ecologia politica, la critica postcoloniale ad esempio. E poi perché non è la costola di niente e di nessuno. Non lo è stato mai, e neanche è stato un capitolo della storia del Pci, come qualcuno s’illude. È invece un’idea precisa della lotta di classe e una critica della sovranità che coagula il potere attorno al polo padronale, proprietario e capitalista. Ma il potere è sempre scisso, ed è sempre aperto, anche quando non sembra esserci alternativa. Tutta la teoria del potere come estensione del dominio e dell’autorità fatta dalla Scuola di Francoforte e dalle sue recenti evoluzioni è falsa, anche se purtroppo rimane egemone. L’operaismo fa saltare questa lettura brutale. È uno stile di lavoro e di pensiero. Riprende la storia dal basso fatta da grandi masse che si muovono, cerca la singolarità in una dialettica aperta e produttiva.

      I tuoi costanti riferimenti a Francesco d’Assisi mi hanno sempre colpito. Da dove nasce questo interesse per il santo e perché lo hai preso ad esempio della tua gioia di essere comunista?

      Da quando ero giovane mi hanno deriso perché usavo la parola amore. Mi prendevano per un poeta o per un illuso. Di contro, ho sempre pensato che l’amore era una passione fondamentale che tiene in piedi il genere umano. Può diventare un’arma per vivere. Vengo da una famiglia che è stata miserabile durante la guerra e mi ha insegnato un affetto che mi fa vivere ancora oggi. Francesco è in fondo un borghese che vive in un periodo in cui coglie la possibilità di trasformare la borghesia stessa, e di fare un mondo in cui la gente si ama e ama il vivente. Il richiamo a lui, per me, è come il richiamo ai Ciompi di Machiavelli. Francesco è l’amore contro la proprietà: esattamente quello che avremmo potuto fare negli anni Settanta, rovesciando quello sviluppo e creando un nuovo modo di produrre. Non è mai stato ripreso a sufficienza Francesco, né è stato presa in debito conto l’importanza che ha avuto il francescanesimo nella storia italiana. Lo cito perché voglio che parole come amore e gioia entrino nel linguaggio politico.

      *

      Dall’infanzia negli anni della guerra all’apprendistato filosofico alla militanza comunista, dal ’68 alla strage di piazza Fontana, da Potere Operaio all’autonomia e al ’77, l’arresto, l’esilio. E di nuovo la galera per tornare libero. Toni Negri lo ha raccontato con Girolamo De Michele in tre volumi autobiografici Storia di un comunista, Galera e esilio, Da Genova a Domani (Ponte alle Grazie). Con Mi chael Hardt, professore di letteratura alla Duke University negli Stati Uniti, ha scritto, tra l’altro, opere discusse e di larga diffusione: Impero, Moltitudine, Comune (Rizzoli) e Assemblea (Ponte alle Grazie). Per l’editore anglo-americano Polity Books ha pubblicato, tra l’altro, sei volumi di scritti tra i quali The Common, Marx in Movement, Marx and Foucault.

      In Italia DeriveApprodi ha ripubblicato il classico «Spinoza». Per la stessa casa editrice: I libri del rogo, Pipe Line, Arte e multitudo (a cura di N. Martino), Settanta (con Raffaella Battaglini). Con Mimesis la nuova edizione di Lenta ginestra. Saggio sull’ontologia di Giacomo Leopardi. Con Ombre Corte, tra l’altro, Dall’operaio massa all’operaio sociale (a cura di P. Pozzi-R. Tomassini), Dentro/contro il diritto sovrano (con G. Allegri), Il lavoro nella costituzione (con A. Zanini).

      A partire dal prossimo ottobre Manifestolibri ripubblicherà i titoli in catalogo con una nuova prefazione: L’inchiesta metropolitana e altri scritti sociologici, a cura di Alberto De Nicola e Paolo Do; Marx oltre Marx (prefazione di Sandro Mezzadra); Trentatré Lezioni su Lenin (Giso Amendola); Potere Costituente (Tania Rispoli); Descartes politico (Marco Assennato); Kairos, Alma Venus, moltitudo (Judith Revel); Il lavoro di Dioniso, con Michael Hardt (Francesco Raparelli)

      #autonomie #prison #exil

    • Le philosophe italien Toni Negri est mort

      Inspirant les luttes politiques en Italie dans les années 1960 et 1970, son travail a également influencé le mouvement altermondialiste du début du XXIe siècle.


      Toni Negri, à Rome (Italie), en septembre 2010. STEFANO MONTESI - CORBIS / VIA GETTY IMAGES

      Il était né dans l’Italie fasciste. Il disparaît alors que l’extrême droite gouverne à nouveau son pays. Le philosophe Toni Negri, acteur et penseur majeur de plus d’un demi-siècle de luttes d’extrême gauche, est mort dans la nuit du 15 au 16 décembre à Paris, à l’âge de 90 ans, a annoncé son épouse, la philosophe française Judith Revel.

      « C’était un mauvais maître », a tout de suite réagi, selon le quotidien La Repubblica, le ministre de la culture italien, Gennaro Sangiuliano. « Tu resteras à jamais dans mon cœur et dans mon esprit, cher Maître, Père, Prophète », a écrit quant à lui, sur Facebook, l’activiste Luca Casarini, l’un des leaders du mouvement altermondialiste italien. Peut-être aurait-il vu dans la violence de ce contraste un hommage à la puissance de ses engagements, dont la radicalité ne s’est jamais affadie.

      Né le 1er août 1933 à Padoue, Antonio Negri, que tout le monde appelle Toni, et qui signera ainsi ses livres, commence très tôt une brillante carrière universitaire – il enseigne à l’université de Padoue dès ses 25 ans –, tout en voyageant, en particulier au Maghreb et au Moyen-Orient. C’est en partageant la vie d’un kibboutz israélien que le jeune homme, d’abord engagé au parti socialiste, dira être devenu communiste. Encore fallait-il savoir ce que ce mot pouvait recouvrir.

      Cette recherche d’une nouvelle formulation d’un idéal ancien, qu’il s’agissait de replacer au centre des mutations du monde, parcourt son œuvre philosophique, de Marx au-delà de Marx (Bourgois, 1979) à l’un de ses derniers livres, Inventer le commun des hommes (Bayard, 2010). Elle devient aussi l’axe de son engagement militant, qui va bientôt se confondre avec sa vie.

      Marxismes hétérodoxes

      L’Italie est alors, justement, le laboratoire des marxismes dits hétérodoxes, en rupture de ban avec le parti communiste, en particulier l’« opéraïsme » (de l’italien « operaio », « ouvrier »). Toni Negri le rejoint à la fin des années 1960, et s’en fait l’un des penseurs et activistes les plus emblématiques, toujours présent sur le terrain, dans les manifestations et surtout dans les usines, auprès des ouvriers. « Il s’agissait d’impliquer les ouvriers dans la construction du discours théorique sur l’exploitation », expliquera-t-il dans un entretien, en 2018, résumant la doctrine opéraïste, particulièrement celle des mouvements auxquels il appartient, Potere Operaio, puis Autonomia Operaia.

      Des armes circulent. Le terrorisme d’extrême droite et d’extrême gauche ravage le pays. Bien qu’il s’oppose à la violence contre les personnes, le philosophe est arrêté en 1979, soupçonné d’avoir participé à l’assassinat de l’homme politique Aldo Moro, accusation dont il est rapidement blanchi. Mais d’autres pèsent sur lui – « association subversive », et complicité « morale » dans un cambriolage – et il est condamné à douze ans de prison.
      Elu député du Parti radical en 1983, alors qu’il est encore prisonnier, il est libéré au titre de son immunité parlementaire. Quand celle-ci est levée [par un vote que le parti Radical a permis de rendre majoritaire, ndc], il s’exile en France. Rentré en Italie en 1997, il est incarcéré pendant deux ans, avant de bénéficier d’une mesure de semi-liberté. Il est définitivement libéré en 2003.

      Occupy Wall Street et les Indignés

      Il enseigne, durant son exil français, à l’Ecole normale supérieure, à l’université Paris-VIII ou encore au Collège international de philosophie. Ce sont aussi des années d’intense production intellectuelle, et, s’il porte témoignage en publiant son journal de l’année 1983 (Italie rouge et noire, Hachette, 1985), il développe surtout une pensée philosophique exigeante, novatrice, au croisement de l’ontologie et de la pensée politique. On peut citer, entre beaucoup d’autres, Les Nouveaux Espaces de liberté, écrit avec Félix Guattari (Dominique Bedou, 1985), Spinoza subversif. Variations (in)actuelles (Kimé, 1994), Le Pouvoir constituant. Essai sur les alternatives de la modernité (PUF, 1997) ou Kairos, Alma Venus, multitude. Neuf leçons en forme d’exercices (Calmann-Lévy, 2000).
      Ce sont cependant les livres qu’il coécrit avec l’Américain Michael Hardt qui le font connaître dans le monde entier, et d’abord Empire (Exils, 2000), où les deux philosophes s’efforcent de poser les fondements d’une nouvelle pensée de l’émancipation dans le contexte créé par la mondialisation. Celle-ci, « transition capitale dans l’histoire contemporaine », fait émerger selon les auteurs un capitalisme « supranational, mondial, total », sans autres appartenances que celles issues des rapports de domination économique. Cette somme, comme la suivante, Multitude. Guerre et démocratie à l’époque de l’Empire (La Découverte, 2004), sera une des principales sources d’inspiration du mouvement altermondialiste, d’Occupy Wall Street au mouvement des Indignés, en Espagne.

      C’est ainsi que Toni Negri, de l’ébullition italienne qui a marqué sa jeunesse et décidé de sa vie aux embrasements et aux espoirs du début du XXIe siècle, a traversé son temps : en ne lâchant jamais le fil d’une action qui était, pour lui, une forme de pensée, et d’une pensée qui tentait d’agir au cœur même du monde.
      Florent Georgesco
      https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2023/12/16/le-philosophe-italien-toni-negri-est-mort_6206182_3382.html

      (article corrigé trois fois en 9 heures, un bel effort ! il faut continuer !)

    • Pouvoir ouvrier, l’équivalent italien de la Gauche prolétarienne

      Chapeau le Diplo, voilà qui est informé !
      En 1998, le journal avait titré sur un mode médiatico-policier (« Ce que furent les “années de plomb” en Italie »). La réédition dans un Manière de voir de 2021 (long purgatoire) permis un choix plus digne qui annonçait correctement cet article fort utile : Entre « compromis historique » et terrorisme. Retour sur l’Italie des années 1970.
      Diplo encore, l’iconographie choisit d’ouvrir l’oeil... sur le rétroviseur. J’identifie pas le leader PCI (ou CGIL) qui est à la tribune mais c’est évidement le Mouvement ouvrier institué et son rôle (historiquement compromis) d’encadrement de la classe ouvrière qui est mis en avant.

      #média #gauche #Italie #Histoire #Potere_operaio #PCI #lutte_armée #compromis_historique #terrorisme

      edit

      [Rome] Luciano Lama, gli scontri alla Sapienza e il movimento del ’77
      https://www.corriere.it/foto-gallery/cultura/17_febbraio_16/scontri-sapienza-lama-foto-6ad864d0-f428-11e6-a5e5-e33402030d6b.shtml

      «Il segretario della Cgil Luciano Lama si è salvato a stento dall’assalto degli autonomi, mentre tentava di parlare agli studenti che da parecchi giorni occupano la città universitaria. Il camion, trasformato in palco, dal quale il sindacalista ha preso la parola, è stato letteralmente sfasciato e l’autista è uscito dagli incidenti con la testa spaccata e varie ferite». E’ la cronaca degli scontri alla Sapienza riportata da Corriere il 18 febbraio del 1977, un giorno dopo la “cacciata” del leader della CGIL Luciano Lama dall’ateneo dove stava tenendo un comizio. Una giornata di violenza che diventerà il simbolo della rottura tra la sinistra istituzionale, rappresentata dal Pci e dal sindacato, e la sinistra dei movimenti studenteschi. Nella foto il camion utilizzato come palco da Luciano Lama preso d’assalto dai contestatori alla Sapienza (Ansa)

    • ENTRE ENGAGEMENT RÉVOLUTIONNAIRE ET PHILOSOPHIE
      Toni Negri (1933-2023), histoire d’un communiste
      https://www.revolutionpermanente.fr/Toni-Negri-1933-2023-histoire-d-un-communiste

      Sans doute est-il compliqué de s’imaginer, pour les plus jeunes, ce qu’a pu représenter Toni Negri pour différentes générations de militant.es. Ce qu’il a pu symboliser, des deux côtés des Alpes et au-delà, à différents moments de l’histoire turbulente du dernier tiers du XXème siècle, marqué par la dernière poussée révolutionnaire contemporaine – ce « long mois de mai » qui aura duré plus de dix ans, en Italie – suivie d’un reflux face auquel, loin de déposer les armes, Negri a choisi de résister en tentant de penser un arsenal conceptuel correspondant aux défis posés par le capitalisme contemporain. Tout en restant, jusqu’au bout, communiste. C’est ainsi qu’il se définissait.

    • À Toni Negri, camarade et militant infatigable
      https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/181223/toni-negri-camarade-et-militant-infatigable

      Toni Negri nous a quittés. Pour certains d’entre nous, c’était un ami cher mais pour nous tous, il était le camarade qui s’était engagé dans le grand cycle des luttes politiques des années soixante et dans les mouvements révolutionnaires des années soixante-dix en Italie. Il fut l’un des fondateurs de l’opéraïsme et le penseur qui a donné une cohérence théorique aux luttes ouvrières et prolétariennes dans l’Occident capitaliste et aux transformations du Capital qui en ont résulté. C’est Toni qui a décrit la multitude comme une forme de subjectivité politique qui reflète la complexité et la diversité des nouvelles formes de travail et de résistance apparues dans la société post-industrielle. Sans la contribution théorique de Toni et de quelques autres théoriciens marxistes, aucune pratique n’aurait été adéquate pour le conflit de classes.
      Un Maître, ni bon ni mauvais : c’était notre tâche et notre privilège d’interpréter ou de réfuter ses analyses. C’était avant tout notre tâche, et nous l’avons assumée, de mettre en pratique la lutte dans notre sphère sociale, notre action dans le contexte politique de ces années-là. Nous n’étions ni ses disciples ni ses partisans et Toni n’aurait jamais voulu que nous le soyons. Nous étions des sujets politiques libres, qui décidaient de leur engagement politique, qui choisissaient leur voie militante et qui utilisaient également les outils critiques et théoriques fournis par Toni dans leur parcours.

    • Toni Negri, l’au-delà de Marx à l’épreuve de la politique, Yann Moulier Boutang
      https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/toni-negri-lau-dela-de-marx-a-lepreuve-de-la-politique-20231217_Z5QALRLO7

      Il n’est guère de concepts hérités du marxisme qu’il n’ait renouvelés de fond en comble. Contentons-nous ici de quelques notions clés. La clé de l’évolution du capitalisme, ne se lit correctement que dans celle de la composition du travail productif structuré dans la classe ouvrière et son mouvement, puis dans les diverses formes de salariat. Le Marx le plus intéressant pour nous est celui des Grundrisse (cette esquisse du Capital). C’est le refus du travail dans les usines, qui pousse sans cesse le capitalisme, par l’introduction du progrès technique, puis par la mondialisation, à contourner la « forteresse ouvrière ». Composition de classe, décomposition, recomposition permettent de déterminer le sens des luttes sociales. Negri ajoute à ce fond commun à tous les operaïstes deux innovations : la méthode de la réalisation de la tendance, qui suppose que l’évolution à peine perceptible est déjà pleinement déployée, pour mieux saisir à l’avance les moments et les points où la faire bifurquer. Deuxième innovation : après l’ouvrier qualifié communiste, et l’ouvrier-masse (l’OS du taylorisme), le capitalisme des années 1975-1990 (celui de la délocalisation à l’échelle mondiale de la chaîne de la valeur) produit et affronte l’ouvrier-social.

      C’est sur ce passage obligé que l’idée révolutionnaire se renouvelle. L’enquête ouvrière doit se déplacer sur ce terrain de la production sociale. La question de l’organisation, de la dispersion et de l’éclatement remplace la figure de la classe ouvrière et de ses allié.e.s. L’ouvrier social des années 1975 devient la multitude. Cela paraît un diagramme abstrait. Pourtant les formes de lutte comme les objectifs retenus, les collectifs des travailleuses du soin, de chômeurs ou d’intérimaires, les grèves des Ubereat témoignent de l’actualité de cette perspective. Mais aussi de ses limites, rencontrées au moment de s’incarner politiquement. (1)

      https://justpaste.it/3t9h9

      edit « optimisme de la raison, pessimisme de la volonté », T.N.
      Ration indique des notes qui ne sont pas publiées...

      Balibar offre une toute autre lecture des apports de T.N. que celle du très recentré YMB
      https://seenthis.net/messages/1032920

      #marxisme #mouvements_sociaux #théorie #compostion_de_classe #refus_du_travail #luttes_sociales #analyse_de_la tendance #ouvrier_masse #ouvrier_social #enquête_ouvrière #production_sociale #multitude #puissance #pouvoir

    • Décider en Essaim, Toni Negri , 2004
      https://www.youtube.com/watch?app=desktop&v=pqBZJD5oFJY

      Toni Negri : pour la multitude, Michael Löwy
      https://www.en-attendant-nadeau.fr/2023/12/18/toni-negri

      Avec la disparition d’Antonio Negri – Toni pour les amis – la cause communiste perd un grand penseur et un combattant infatigable. Persécuté pour ses idées révolutionnaires, incarcéré en Italie pendant de longues années, Toni est devenu célèbre grâce à ses ouvrages qui se proposent, par une approche philosophique inspirée de #Spinoza et de #Marx, de contribuer à l’émancipation de la multitude

      .

    • Un congedo silenzioso, Paolo Virno
      https://ilmanifesto.it/un-congedo-silenzioso


      Toni Negri - Tano D’Amico /Archivio Manifesto

      Due anni fa, credo, telefona Toni. Sarebbe passato per Roma, mi chiede di vederci. Un’ora insieme, con Judith, in una casa vuota nei pressi di Campo de’ Fiori (un covo abbandonato, avrebbe pensato una canaglia dell’antico Pci). Non parliamo di niente o quasi, soltanto frasi che offrono un pretesto per tacere di nuovo, senza disagio.

      Ebbe luogo, in quella casa romana, un congedo puro e semplice, non dissimulato da nenie cerimoniose. Dopo anni di insulti pantagruelici e di fervorose congratulazioni per ogni tentativo di trovare la porta stretta attraverso cui potesse irrompere la lotta contro il lavoro salariato nell’epoca di un capitalismo finalmente maturo, un po’ di silenzio sbigottito non guastava. Anzi, affratellava.

      Ricordo Toni, ospite della cella 7 del reparto di massima sicurezza del carcere di Rebibbia, che piange senza ritegno perché le guardie stanno portando via in piena notte, con un «trasferimento a strappo», i suoi compagni di degnissima sventura. E lo ricordo ironico e spinoziano nel cortile del penitenziario di Palmi, durante la requisitoria cui lo sottopose un capo brigatista da operetta, che minacciava di farlo accoppare da futuri «collaboratori di giustizia» allora ancora bellicosi e intransigenti.

      Toni era un carcerato goffo, ingenuo, ignaro dei trucchi (e del cinismo) che il ruolo richiede. Fu calunniato e detestato come pochi altri nel Novecento italiano. Calunniato e detestato, in quanto marxista e comunista, dalla sinistra tutta, da riformatori e progressisti di ogni sottospecie.

      Eletto in parlamento nel 1983, chiese ai suoi colleghi deputati, in un discorso toccante, di autorizzare la prosecuzione del processo contro di lui: non voleva sottrarsi, ma confutare le accuse che gli erano state mosse dai giudici berlingueriani. Chiese anche, però, di continuare il processo a piede libero, giacché iniqua e scandalosa era diventata la carcerazione preventiva con le leggi speciali adottate negli anni precedenti.

      Inutile dire che il parlamento, aizzato dalla sinistra riformatrice, votò per il ritorno in carcere dell’imputato Negri. C’è ancora qualcuno che ha voglia di rifondare quella sinistra?

      Toni non ha mai avuto paura di strafare. Né quando intraprese un corpo a corpo con la filosofia materialista, includendo in essa più cose di quelle che sembrano stare tra cielo e terra, dal condizionale controfattuale («se tu volessi fare questo, allora le cose andrebbero altrimenti») alla segreta alleanza tra gioia e malinconia. Né quando (a metà degli anni Settanta) ritenne che l’area dell’autonomia dovesse sbrigarsi a organizzare il lavoro postfordista, imperniato sul sapere e il linguaggio, caparbiamente intermittente e flessibile.

      Il mio amico matto che voleva cambiare il mondo
      Toni non è mai stato oculato né morigerato. È stato spesso stonato, questo sì: come capita a chi accelera all’impazzata il ritmo della canzone che ha intonato, ibridandolo per giunta con il ritmo di molte altre canzoni appena orecchiate. Il suo luogo abituale sembrava a molti, anche ai più vicini, fuori luogo; per lui, il «momento giusto» (il kairòs degli antichi greci), se non aveva qualcosa di imprevedibile e di sorprendente, non era mai davvero giusto.

      Non si creda, però, che Negri fosse un bohèmien delle idee, un improvvisatore di azioni e pensieri. Rigore e metodo campeggiano nelle sue opere e nei suoi giorni. Ma in questione è il rigore con cui va soppesata l’eccezione; in questione è il metodo che si addice a tutto quel che è ma potrebbe non essere, e viceversa, a tutto quello che non è ma potrebbe essere.

      Insopportabile Toni, amico caro, non ho condiviso granché del tuo cammino. Ma non riesco a concepire l’epoca nostra, la sua ontologia o essenza direbbe Foucault, senza quel cammino, senza le deviazioni e le retromarce che l’hanno scandito. Ora un po’ di silenzio benefico, esente da qualsiasi imbarazzo, come in quella casa romana in cui andò in scena un sobrio congedo.

  • Israël force les Gazaouis à un nouvel exode vers Rafah : « Où veulent-ils qu’on aille ? »
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/07/israel-force-les-gazaouis-a-un-nouvel-exode-vers-rafah-ou-veulent-ils-qu-on-

    Israël force les Gazaouis à un nouvel exode vers Rafah : « Où veulent-ils qu’on aille ? »
    Des abris de fortune ont été érigés non loin de la frontière égyptienne. La majorité de ceux qui fuient ont déjà été déplacés plusieurs fois depuis le début de la guerre.
    Par Clothilde Mraffko(Jérusalem, correspondance)
    Une voix de synthèse masculine, au timbre métallique, égrène des numéros en arabe au bout du fil. Chacun correspond à une zone précise dans la bande de Gaza, désignée pour être évacuée. Ces derniers jours, plusieurs habitants ont reçu ces appels « d’avertissement de l’armée israélienne », écrit Afaf Ahmed, étudiante en littérature anglaise de 21 ans, en publiant sur Instagram une vidéo du coup de téléphone qui lui est parvenu le 2 décembre. La veille, juste après la fin de la trêve, des avions de chasse israéliens avaient largué des tracts munis d’un QR code. Ce dernier ouvrait l’accès à une carte de la bande de Gaza divisée en centaines de petits cantons, tous identifiés par des numéros.
    « Ils vous appellent tard le soir quand vous dormez et vous demandent de partir. Soit vous mourez à la maison sous les bombes, soit vous êtes tués en tentant d’échapper aux bombes, soit vous succombez de froid et de faim, dehors, avec vos proches. OÙ veulent-ils qu’on aille ! ? », ajoutait Afaf Ahmed. La jeune femme a fui sa maison dans la ville de Gaza au début de la guerre. Elle a quitté Khan Younès, la grande ville du sud où elle s’était réfugiée, après cet appel de l’armée. Contactée par Le Monde, elle s’excuse : elle n’a plus « l’énergie pour répondre à des interviews ».
    Selon l’Organisation des Nations unies, plus de 80 % des Gazaouis ont été déplacés de force depuis le début de la guerre, bloqués au sein de l’enclave assiégée par Israël. Certains ont fait des allers-retours dans leur quartier, au gré des bombardements. Dès le 13 octobre, l’armée israélienne a ordonné aux habitants du nord de l’enclave d’aller vers le centre et le sud, entraînant un exode sur fond de chaos humanitaire. Depuis début décembre, les militaires ont demandé une nouvelle évacuation de larges zones dans le centre et à Khan Younès – soit quelque 22 % du territoire. Des dizaines de milliers de Gazaouis ont alors repris la route, direction Rafah cette fois, à la frontière égyptienne. Des vidéos montraient de longues colonnes de familles à pied, avec des sacs à dos ou de petites valises, avançant, sous la pluie, le long d’une chaussée où circulaient aussi quelques charrettes surchargées de matelas et de rares voitures. L’exode devrait encore s’intensifier dans les prochains jours, alors que l’armée israélienne progresse à Khan Younès.
    Dans un message vocal envoyé sur WhatsApp, Rahaf Shamaly, une artiste de 20 ans, fait l’inventaire, la voix fatiguée. D’abord, elle a fui sa maison, à Al-Rimal, dans la ville de Gaza, pour se réfugier à l’hôpital. Ce dernier a été évacué et la famille a atterri dans le grenier d’amis, à Qarara, un quartier de Khan Younès. Début décembre, l’armée israélienne a ordonné l’évacuation de la zone. « Au début, je n’y ai pas cru. Puis nous avons vécu une nuit terrible de bombardements. Au petit matin, de 4 heures à 5 h 30, nous étions sous une ceinture de feu : des missiles, qui frappaient partout, les uns après les autres, en continu. » La famille prend ses affaires et s’en va dans la panique, sans savoir où. En chemin, les bombes pleuvent toujours. Elle débarque à Rafah et pendant deux nuits dort à même le sol, dans un abri de fortune. Rahaf a depuis réussi à dénicher un appartement « au loyer exorbitant ». « Où ira-t-on ensuite ? Hier, on plaisantait en famille et d’un coup, j’ai éclaté en sanglots. Je veux retrouver mon lit, mes draps. Ma vie me manque. »
    Ahmad Masri, professeur de français à l’université Al-Aqsa, s’est isolé dans sa voiture pour répondre au téléphone : dans l’école de Rafah où il s’est installé avec ses proches, « c’est très bruyant ». Femmes et enfants s’entassent à soixante dans les salles de classe, les hommes dorment dans la cour. L’air est saturé de fumée noire ; faute de gaz dans l’enclave sous siège, les déplacés cuisinent sur le feu qu’ils alimentent avec ce qu’ils trouvent, papier, Nylon… « Beaucoup de choses manquent, il n’y a ni sucre ni sel », note-t-il. L’aide, largement insuffisante, passe encore à Rafah. Mais elle atteint difficilement Khan Younès et le centre de l’enclave. Le nord est inaccessible depuis le 1er décembre. Environ 800 000 personnes y seraient toujours basées, selon le gouvernement du Hamas. Ahmad, dont l’appartement dans la ville de Gaza a été bombardé, a fui de Khan Younès juste après la fin de la trêve. « Les rues principales étaient ciblées, nous sommes passés par des axes secondaires. Je prends les menaces de l’armée israélienne très au sérieux. Si je restais, ils allaient me considérer comme une cible », explique-t-il. Ceux qui sont arrivés après lui s’installent dans la rue, faute de place dans l’école.
    Depuis son bureau à Rafah, Adnan Abou Hasna bascule en appel vidéo et montre l’alignement d’abris – des piliers de bois surmontés de bouts de Nylon – que les déplacés ont érigés à la hâte juste sous ses fenêtres. « Il commence à faire froid. C’est horrible. Je ne sais pas comment ils font avec la pluie », explique ce porte-parole de l’UNRWA. L’agence onusienne des réfugiés palestiniens qui a ouvert ses écoles et bâtiments à près de 1,2 million de déplacés ne peut absorber ce nouvel exode. Deux camps, érigés par les déplacés eux-mêmes, sont sortis de terre ces derniers jours le long de la frontière avec l’Egypte, sur des étendues de sable sans accès à l’eau potable, à la nourriture ou à des toilettes. Les images sont inédites à Gaza où avant la guerre, malgré un blocus israélien de seize ans, tout le monde avait un toit. Dans la psyché palestinienne, elles réveillent les souvenirs des camps érigés par le Comité international de la Croix-Rouge au moment de la Nakba, l’exode de plus de 700 000 Palestiniens à la création de l’Etat d’Israël en 1948.
    Israël prétend que ces évacuations sont humanitaires – son allié américain insiste sur la nécessité de protéger davantage les civils à Gaza. Le ministère de la santé local a recensé plus de 16 200 Gazaouis tués, à 70 % des femmes et des enfants – sans compter les milliers de corps encore sous les décombres. L’ONU et des ONG multiplient les alertes, alors que l’Etat hébreu détruit les institutions et infrastructures permettant la survie des habitants.L’armée israélienne a désigné une « zone sûre » à Al-Mawasi, à l’ouest de Khan Younès, où étaient installées des colonies avant le retrait de l’Etat hébreu de Gaza en 2005. La bande sablonneuse de 6,5 km2 ressemble à une décharge. « Vous ne pouvez pas déclarer une zone sûre sans consulter personne ! Les Nations unies ont été claires : elles s’y opposent », souligne Adnan Abu Hasna. Le bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU rappelle, de son côté, qu’en droit international « les civils qui choisissent de rester dans les zones désignées pour une évacuation ne perdent pas leur protection ».
    Beaucoup ne peuvent pas partir, insiste Azmi Keshawi. Son fils a été blessé dans le sud de la bande de Gaza qu’Israël avait pourtant désigné comme plus « sûr ». La famille a été déplacée quatre fois. « Depuis la fin de la trêve, Israël a commis tant de massacres, entraînant les habitants toujours plus au sud. Ils poussent vers une direction, puis ferment la route, poussent une autre zone, referment derrière…, analyse ce chercheur pour l’International Crisis Group. On ne comprend pas leur tactique. Les gens voient ça comme un moyen de réaliser ce dont personne ne veut : la déportation des Gazaouis en Egypte. » Le Caire a massé des tanks à la frontière et mis plusieurs fois en garde Israël contre un tel scénario. Les Gazaouis redoutent que tout exil soit sans retour, comme lors de la Nakba. « Beaucoup craignent qu’Israël frappe et ouvre des brèches dans le mur [à la frontière], poussant les gens hors de Gaza. Comment réagiraient alors les Egyptiens ? Personne ne sait ce qui peut se passer. Ce n’est pas entre les mains des Palestiniens. La communauté internationale doit être ferme sur le sujet. Elle voit ce qui se passe aujourd’hui, mais elle ne fait rien. »

    #Covid-19#migration#migrant#gaza#israel#guerre#crise#deportation#exil#egypte#nakba#deplacement#mortalite#frontiere

  • Avant la guerre, une filière d’émigration des Gazaouis vers l’Europe en plein essor
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/11/29/avant-la-guerre-une-filiere-d-emigration-des-gazaouis-vers-l-europe-en-plein

    Avant la guerre, une filière d’émigration des Gazaouis vers l’Europe en plein essor
    En 2023, les Palestiniens représentaient la population la plus importante parmi les nouveaux demandeurs d’asile sur les îles grecques. Ils passaient par la Turquie qui leur accordait des facilités pour obtenir un visa.
    Par Marina Rafenberg(Athènes, correspondance)
    Publié le 29 novembre 2023 à 14h00
    « La situation économique était dramatique. Je ne voyais plus d’autre solution que de partir pour l’Europe », raconte-t-il, une cigarette à la main. En seulement deux semaines et contre 220 dollars, il obtient son visa. Une seule agence de voyages à Gaza est autorisée à fournir ce précieux sésame. « Cette agence a un accord avec le consulat turc basé à Tel-Aviv et avec le Hamas. Nos empreintes digitales y sont prises », explique Gihad. D’autres documents sont requis pour bénéficier du visa : « Un certificat assurant que tu travailles à ton compte ou que tu es employé, un passeport à jour et un compte en banque avec au moins 1 000 dollars. » « Mais ces documents peuvent être falsifiés facilement par l’agence contre 100 dollars », avoue-t-il.
    Gihad montre sur son téléphone portable une photo de la foule qui attend devant l’agence. Elle est composée d’hommes qui n’ont pas plus de 30 ans et veulent échapper à une situation asphyxiante à Gaza, avant la guerre déclenchée par l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre. Début septembre, plusieurs médias palestiniens se sont fait l’écho de cette vague de départs. Le 19 septembre, la chaîne Palestine TV a diffusé une émission intitulée « L’émigration de Gaza. Ce dont personne ne parle ». Quelques jours auparavant, le 9 septembre, de violents affrontements entre de jeunes Palestiniens et des agents de sécurité avait eu lieu devant l’agence de voyages ayant le monopole des visas. Plusieurs personnes auraient été blessées, d’après les médias palestiniens, ce qui aurait obligé l’agence à fermer plusieurs jours. Le journal en ligne palestinien Al-Quds a rendu compte de l’incident et affirmé qu’en seulement quelques jours, avant cette altercation, plus de 18 000 jeunes Gazaouis avaient fait une demande de visa pour la Turquie.
    Hady, la vingtaine, se souvient de cette journée. « Le Hamas ne veut pas de mauvaise publicité, affirme-t-il. Dire que les jeunes partent en Europe pour un avenir meilleur, c’est évidemment le signe que des problèmes existent à Gaza. » Le jeune fermier qui élevait des poulets dans l’enclave est parti pour des « raisons économiques », mais aussi « pour vivre dans un pays qui respecte les droits de l’homme ».Après avoir obtenu leur visa, Hady et Gihad ont dû se rendre au Caire pour prendre l’avion. La première étape est le passage de la frontière, à Rafah. A partir de mai 2018, le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, a facilité l’accès au territoire égyptien pour les Gazaouis. Mais, dans les faits, les hommes de moins de 40 ans ne sont pas autorisés à quitter l’enclave, « sauf contre des bakchichs aux gardes-frontières égyptiens et aux membres du Hamas », précise Hady.
    Contre 400 dollars chacun, les deux acolytes ont pu franchir la frontière, puis se rendre à l’aéroport du Caire sous escorte policière. « A l’aéroport, une salle spéciale est conçue pour les Palestiniens voyageant hors de Gaza. Quand tu vas prendre ton billet d’avion, la police te suit et te surveille jusqu’à ce que tu montes dans l’avion », raconte Gihad, qui a encore dépensé 350 dollars pour son billet.
    Groupe le plus importantUne fois à Istanbul, les jeunes hommes entrent en contact avec un passeur arabe. Ils déboursent encore plus de 2 000 dollars chacun pour rejoindre une île grecque. Gihad est arrivé à Lesbos, dans un canot transportant vingt-trois personnes parmi lesquelles onze autres Palestiniens de Gaza. « Nous avons été chanceux, car nous n’avons pas été renvoyés en Turquie. De nombreuses personnes voyageant avec moi sur ce bateau avaient déjà tenté une fois de venir en Grèce et avaient été renvoyées de force vers les eaux turques », rapporte-t-il. Le gouvernement grec est accusé, depuis 2020, par les organisations non gouvernementales et des enquêtes journalistiques, d’avoir généralisé les refoulements illégaux de migrants aux frontières, ce qu’il nie.A Izmir, en Turquie, d’où il est parti pour Lesbos, Gihad assure qu’en septembre tous les hôtels étaient pleins de migrants, des Palestiniens plus particulièrement, voulant passer en Grèce. En 2023, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), les Palestiniens représentaient plus de 20 % des arrivées sur les îles grecques, le groupe le plus important parmi les nouveaux demandeurs d’asile. La hausse des arrivées de réfugiés palestiniens avait commencé en 2022, selon le HCR.
    Selon le ministère des migrations grec, « un peu moins de 3 000 demandeurs d’asile palestiniens se trouvent actuellement dans les camps [installés pour leur hébergement] ». « Il existait [avant l’attaque du 7 octobre] un petit flux de Palestiniens de Gaza qui passaient par Le Caire, puis par Istanbul, pour rejoindre certaines îles de l’est de la mer Egée, comme Cos, ajoute le porte-parole du ministère. Le désastre humanitaire à Gaza et le déplacement massif des Gazaouis du nord vers le sud de l’enclave nous inquiètent, mais il n’existe aujourd’hui ni réflexion ni projet pour l’accueil des réfugiés palestiniens dans le pays. » Gihad comme Hady n’ont maintenant qu’une idée en tête : que leurs familles puissent sortir de l’« enfer de la guerre » et les rejoignent en Europe.

    #Covid-19#migrant#migration#gaza#palestinien#exil#emigration#turquie#grece#egype#HCR#sante#deplacement#refugie#demandeurdasile

    • C’est hallucinant :

      « Le Hamas ne veut pas de mauvaise publicité, affirme-t-il. Dire que les jeunes partent en Europe pour un avenir meilleur, c’est évidemment le signe que des problèmes existent à Gaza. » Le jeune fermier qui élevait des poulets dans l’enclave est parti pour des « raisons économiques », mais aussi « pour vivre dans un pays qui respecte les droits de l’homme ».

      Hallucinant

      La seule fois où il est question de l’état sioniste :

      Gihad montre sur son téléphone portable une photo de la foule qui attend devant l’agence. Elle est composée d’hommes qui n’ont pas plus de 30 ans et veulent échapper à une situation asphyxiante à Gaza, avant la guerre déclenchée par l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre.

      Trop c’est trop

      #sans_vergogne #MSM

  • Le #village_sous_la_forêt, de #Heidi_GRUNEBAUM et #Mark_KAPLAN

    En #1948, #Lubya a été violemment détruit et vidé de ses habitants par les forces militaires israéliennes. 343 villages palestiniens ont subi le même sort. Aujourd’hui, de #Lubya, il ne reste plus que des vestiges, à peine visibles, recouverts d’une #forêt majestueuse nommée « Afrique du Sud ». Les vestiges ne restent pas silencieux pour autant.

    La chercheuse juive sud-africaine, #Heidi_Grunebaum se souvient qu’étant enfant elle versait de l’argent destiné officiellement à planter des arbres pour « reverdir le désert ».

    Elle interroge les acteurs et les victimes de cette tragédie, et révèle une politique d’effacement délibérée du #Fonds_national_Juif.

    « Le Fonds National Juif a planté 86 parcs et forêts de pins par-dessus les décombres des villages détruits. Beaucoup de ces forêts portent le nom des pays, ou des personnalités célèbres qui les ont financés. Ainsi il y a par exemple la Forêt Suisse, le Parc Canada, le Parc britannique, la Forêt d’Afrique du Sud et la Forêt Correta King ».

    https://www.villageunderforest.com

    Trailer :

    https://www.youtube.com/watch?v=ISmj31rJkGQ

    #israel #palestine #carte #Israël #afrique_du_sud #forêt #documentaire

    #film #documentaire #film_documentaire

    (copier-coller de ce post de 2014 : https://seenthis.net/messages/317236)

    • Documentary Space, Place, and Landscape

      In documentaries of the occupied West Bank, erasure is imaged in the wall that sunders families and communities, in the spaces filled with blackened tree stumps of former olive groves, now missing to ensure “security,” and in the cactus that still grows, demarcating cultivated land whose owners have been expelled.

      This materiality of the landscape becomes figural, such that Shehadeh writes, “[w]hen you are exiled from your land … you begin, like a pornographer, to think about it in symbols. You articulate your love for your land in its absence, and in the process transform it into something else.’’[x] The symbolization reifies and, in this process, something is lost, namely, a potential for thinking differently. But in these Palestinian films we encounter a documenting of the now of everyday living that unfixes such reification. This is a storytelling of vignettes, moments, digressions, stories within stories, and postponed endings. These are stories of interaction, of something happening, in a documenting of a being and doing now, while awaiting a future yet to be known, and at the same time asserting a past history to be remembered through these images and sounds. Through this there arises the accenting of these films, to draw on Hamid Naficy’s term, namely a specific tone of a past—the Nakba or catastrophe—as a continuing present, insofar as the conflict does not allow Palestinians to imagine themselves in a determinate future of place and landscape they can call their own, namely a state.[xi]

      In Hanna Musleh’s I’m a Little Angel (2000), we follow the children of families, both Muslim and Christian, in the area of Bethlehem affected by the 2000 Israeli armed forces attacks and occupation.[xii] One small boy, Nicola, suffered the loss of an arm when he was hit by a shell when walking to church with his mother. His kite, seen flying high in the sky, brings delighted shrieks from Nicola as he plays on the family terrace from which the town and its surrounding hills are visible in the distance. But the contrast between the freedom of the kite in this unlimited vista and his reduced capacity is palpable as he struggles to control it with his remaining hand. The containment of both Nicola and his community is figured in opposition to a possible freedom. What is also required of us is to think not of freedom from the constraints of disability, but of freedom with disability, in a future to be made after. The constraints introduced upon the landscape by the occupation, however, make the future of such living indeterminate and uncertain. Here is the “cinema of the lived,”[xiii] of multiple times of past and present, of possible and imagined future time, and the actualized present, each of which is encountered in the movement in a singular space of Nicola and his kite.


      http://mediafieldsjournal.squarespace.com/documentary-space-place-and-la/2011/7/18/documentary-space-place-and-landscape.html;jsessioni
      #cactus #paysage

    • Memory of the Cactus

      A 42 minute documentary film that combines the cactus and the memories it stands for. The film addresses the story of the destruction of the Palestinian villages of Latroun in the Occupied West Bank and the forcible transfer of their civilian population in 1967. Over 40 years later, the Israeli occupation continues, and villagers remain displaced. The film follows two separate but parallel journeys. Aisha Um Najeh takes us down the painful road that Palestinians have been forcefully pushed down, separating them in time and place from the land they nurtured; while Israelis walk freely through that land, enjoying its fruits. The stems of the cactus, however, take a few of them to discover the reality of the crime committed.

      https://www.youtube.com/watch?v=DQ_LjknRHVA

    • Aujourd’hui, j’ai re-regardé le film « Le village sous la forêt », car je vais le projeter à mes étudiant·es dans le cadre du cours de #géographie_culturelle la semaine prochaine.

      Voici donc quelques citations tirées du film :

      Sur une des boîtes de récolte d’argent pour planter des arbres en Palestine, c’est noté « make wilderness bloom » :

      Voici les panneaux de quelques parcs et forêts créés grâce aux fonds de la #diaspora_juive :

      Projet : « We will make it green, like a modern European country » (ce qui est en étroit lien avec un certaine idée de #développement, liée au #progrès).

      Témoignage d’une femme palestinienne :

      « Ils ont planté des arbres partout qui cachaient tout »

      Ilan Pappé, historien israëlien, Université d’Exter :

      « ça leur a pris entre 6 et 9 mois poru s’emparer de 80% de la Palestine, expulser la plupart des personnes qui y vivaient et reconstruire sur les villes et villages de ces personnes un nouvel Etat, une nouvelle #identité »

      https://socialsciences.exeter.ac.uk/iais/staff/pappe

      Témoignage d’un palestinien qui continue à retourner régulièrement à Lubya :

      « Si je n’aimais pas cet endroit, est-ce que je continuerais à revenir ici tout le temps sur mon tracteur ? Ils l’ont transformé en forêt afin d’affirmer qu’il n’y a pas eu de village ici. Mais on peut voir les #cactus qui prouvent que des arabes vivaient ici »

      Ilan Pappé :

      « Ces villages éaient arabes, tout comme le paysage alentour. C’était un message qui ne passait pas auprès du mouvement sioniste. Des personnes du mouvement ont écrit à ce propos, ils ont dit qu’ils n’aimaient vraiment pas, comme Ben Gurion l’a dit, que le pays ait toujours l’air arabe. (...) Même si les Arabes n’y vivent plus, ça a toujours l’air arabe. En ce qui concerne les zones rurales, il a été clair : les villages devaient être dévastés pour qu’il n’y ait pas de #souvenirs possibles. Ils ont commencé à les dévaster dès le mois d’août 1948. Ils ont rasé les maisons, la terre. Plus rien ne restait. Il y avait deux moyens pour eux d’en nier l’existence : le premier était de planter des forêts de pins européens sur les villages. Dans la plupart des cas, lorsque les villages étaient étendus et les terres assez vastes, on voit que les deux stratégies ont été mises en oeuvre : il y a un nouveau quartier juif et, juste à côté, une forêt. En effet, la deuxième méthode était de créer un quartier juif qui possédait presque le même nom que l’ancien village arabe, mais dans sa version en hébreu. L’objectif était double : il s’agissait d’abord de montrer que le lieu était originellement juif et revenait ainsi à son propriétaire. Ensuite, l’idée était de faire passer un message sinistre aux Palestiniens sur ce qui avait eu lieu ici. Le principal acteur de cette politique a été le FNJ. »

      #toponymie

      Heidi Grunebaum, la réalisatrice :

      « J’ai grandi au moment où le FNJ cultivait l’idée de créer une patrie juive grâce à la plantation d’arbres. Dans les 100 dernières années, 260 millions d’arbres ont été plantés. Je me rends compte à présent que la petite carte du grand Israël sur les boîtes bleues n’était pas juste un symbole. Etait ainsi affirmé que toutes ces terres étaient juives. Les #cartes ont été redessinées. Les noms arabes des lieux ont sombré dans l’oubli à cause du #Comité_de_Dénomination créé par le FNJ. 86 forêts du FNJ ont détruit des villages. Des villages comme Lubya ont cessé d’exister. Lubya est devenu Lavie. Une nouvelle histoire a été écrite, celle que j’ai apprise. »

      Le #Canada_park :

      Canada Park (Hebrew: פארק קנדה‎, Arabic: كندا حديقة‎, also Ayalon Park,) is an Israeli national park stretching over 7,000 dunams (700 hectares), and extending from No man’s land into the West Bank.
      The park is North of Highway 1 (Tel Aviv-Jerusalem), between the Latrun Interchange and Sha’ar HaGai, and contains a Hasmonean fort, Crusader fort, other archaeological remains and the ruins of 3 Palestinian villages razed by Israel in 1967 after their inhabitants were expelled. In addition it has picnic areas, springs and panoramic hilltop views, and is a popular Israeli tourist destination, drawing some 300,000 visitors annually.


      https://en.wikipedia.org/wiki/Canada_Park

      Heidi Grunebaum :

      « Chaque pièce de monnaie est devenue un arbre dans une forêt, chaque arbre, dont les racines étaient plantées dans la terre était pour nous, la diaspora. Les pièces changées en arbres devenaient des faits ancrés dans le sol. Le nouveau paysage arrangé par le FNJ à travers la plantation de forêts et les accords politiques est celui des #parcs_de_loisirs, des routes, des barrages et des infrastructures »

      Témoignage d’un Palestinien :

      « Celui qui ne possède de #pays_natal ne possède rien »

      Heidi Grunebaum :

      « Si personne ne demeure, la mémoire est oblitérée. Cependant, de génération en génération, le souvenir qu’ont les Palestiniens d’un endroit qui un jour fut le leur, persiste. »

      Témoignage d’un Palestinien :

      "Dès qu’on mange quelque chose chez nous, on dit qu’on mangeait ce plat à Lubya. Quelles que soient nos activités, on dit que nous avions les mêmes à Lubya. Lubya est constamment mentionnées, et avec un peu d’amertume.

      Témoignage d’un Palestinien :

      Lubya est ma fille précieuse que j’abriterai toujours dans les profondeurs de mon âme. Par les histoires racontées par mon père, mon grand-père, mes oncles et ma grande-mère, j’ai le sentiment de connaître très bien Lubya.

      Avi Shlaim, Université de Oxford :

      « Le mur dans la partie Ouest ne relève pas d’une mesure de sécurité, comme il a été dit. C’est un outil de #ségrégation des deux communautés et un moyen de s’approprier de larges portions de terres palestiniennes. C’est un moyen de poursuivre la politique d’#expansion_territoriale et d’avoir le plus grand Etat juif possible avec le moins de population d’arabes à l’intérieur. »

      https://www.sant.ox.ac.uk/people/avi-shlaim

      Heidi Grunebaum :

      « Les petites pièces de la diaspora n’ont pas seulement planté des arbres juifs et déraciné des arbres palestiniens, elles ont aussi créé une forêt d’un autre type. Une vaste forêt bureaucratique où la force de la loi est une arme. La règlementation règne, les procédures, permis, actions commandées par les lois, tout régulé le moindre espace de la vie quotidienne des Palestiniens qui sont petit à petit étouffés, repoussés aux marges de leurs terres. Entassés dans des ghettos, sans autorisation de construire, les Palestiniens n’ont plus qu’à regarder leurs maisons démolies »

      #Lubya #paysage #ruines #architecture_forensique #Afrique_du_Sud #profanation #cactus #South_african_forest #Galilée #Jewish_national_fund (#fonds_national_juif) #arbres #Palestine #Organisation_des_femmes_sionistes #Keren_Kayemeth #apartheid #résistance #occupation #Armée_de_libération_arabe #Hagana #nakba #exil #réfugiés_palestiniens #expulsion #identité #present_absentees #IDPs #déplacés_internes #Caesarea #oubli #déni #historicisation #diaspora #murs #barrières_frontalières #dépossession #privatisation_des_terres #terres #mémoire #commémoration #poésie #Canada_park

    • The Carmel wildfire is burning all illusions in Israel

      “When I look out my window today and see a tree standing there, that tree gives me a greater sense of beauty and personal delight than all the vast forests I have seen in Switzerland or Scandinavia. Because every tree here was planted by us.”

      – David Ben Gurion, Memoirs

      “Why are there so many Arabs here? Why didn’t you chase them away?”

      – David Ben Gurion during a visit to Nazareth, July 1948


      https://electronicintifada.net/content/carmel-wildfire-burning-all-illusions-israel/9130

      signalé par @sinehebdo que je remercie

    • Vu dans ce rapport, signalé par @palestine___________ , que je remercie (https://seenthis.net/messages/723321) :

      A method of enforcing the eradication of unrecognized Palestinian villages is to ensure their misrepresentation on maps. As part of this policy, these villages do not appear at all on Israeli maps, with the exception of army and hiking maps. Likewise, they do not appear on first sight on Google Maps or at all on Israeli maps, with the exception of army and hiking maps. They are labelled on NGO maps designed to increase their visibility. On Google Maps, the Bedouin villages are marked – in contrast to cities and other villages – under their Bedouin tribe and clan names (Bimkom) rather than with their village names and are only visible when zooming in very closely, but otherwise appear to be non-existent. This means that when looking at Google Maps, these villages appear to be not there, only when zooming on to a very high degree, do they appear with their tribe or clan names. At first (and second and third) sight, therefore, these villages are simply not there. Despite their small size, Israeli villages are displayed even when zoomed-out, while unrecognized Palestinian Bedouin villages, regardless of their size are only visible when zooming in very closely.


      http://7amleh.org/2018/09/18/google-maps-endangering-palestinian-human-rights
      Pour télécharger le rapport :
      http://www.7amleh.org/ms/Mapping%20Segregation%20Cover_WEB.pdf

    • signalé par @kassem :
      https://seenthis.net/messages/317236#message784258

      Israel lifted its military rule over the state’s Arab community in 1966 only after ascertaining that its members could not return to the villages they had fled or been expelled from, according to newly declassified archival documents.

      The documents both reveal the considerations behind the creation of the military government 18 years earlier, and the reasons for dismantling it and revoking the severe restrictions it imposed on Arab citizens in the north, the Negev and the so-called Triangle of Locales in central Israel.

      These records were made public as a result of a campaign launched against the state archives by the Akevot Institute, which researches the Israeli-Palestinian conflict.

      After the War of Independence in 1948, the state imposed military rule over Arabs living around the country, which applied to an estimated 85 percent of that community at the time, say researchers at the NGO. The Arabs in question were subject to the authority of a military commander who could limit their freedom of movement, declare areas to be closed zones, or demand that the inhabitants leave and enter certain locales only with his written permission.

      The newly revealed documents describe the ways Israel prevented Arabs from returning to villages they had left in 1948, even after the restrictions on them had been lifted. The main method: dense planting of trees within and surrounding these towns.

      At a meeting held in November 1965 at the office of Shmuel Toledano, the prime minister’s adviser on Arab affairs, there was a discussion about villages that had been left behind and that Israel did not want to be repopulated, according to one document. To ensure that, the state had the Jewish National Fund plant trees around and in them.

      Among other things, the document states that “the lands belonging to the above-mentioned villages were given to the custodian for absentee properties” and that “most were leased for work (cultivation of field crops and olive groves) by Jewish households.” Some of the properties, it adds, were subleased.

      In the meeting in Toledano’s office, it was explained that these lands had been declared closed military zones, and that once the structures on them had been razed, and the land had been parceled out, forested and subject to proper supervision – their definition as closed military zones could be lifted.

      On April 3, 1966, another discussion was held on the same subject, this time at the office of the defense minister, Levi Eshkol, who was also the serving prime minister; the minutes of this meeting were classified as top secret. Its participants included: Toledano; Isser Harel, in his capacity as special adviser to the prime minister; the military advocate general – Meir Shamgar, who would later become president of the Supreme Court; and representatives of the Shin Bet security service and Israel Police.

      The newly publicized record of that meeting shows that the Shin Bet was already prepared at that point to lift the military rule over the Arabs and that the police and army could do so within a short time.

      Regarding northern Israel, it was agreed that “all the areas declared at the time to be closed [military] zones... other than Sha’ab [east of Acre] would be opened after the usual conditions were fulfilled – razing of the buildings in the abandoned villages, forestation, establishment of nature reserves, fencing and guarding.” The dates of the reopening these areas would be determined by Israel Defense Forces Maj. Gen. Shamir, the minutes said. Regarding Sha’ab, Harel and Toledano were to discuss that subject with Shamir.

      However, as to Arab locales in central Israel and the Negev, it was agreed that the closed military zones would remain in effect for the time being, with a few exceptions.

      Even after military rule was lifted, some top IDF officers, including Chief of Staff Tzvi Tzur and Shamgar, opposed the move. In March 1963, Shamgar, then military advocate general, wrote a pamphlet about the legal basis of the military administration; only 30 copies were printed. (He signed it using his previous, un-Hebraized name, Sternberg.) Its purpose was to explain why Israel was imposing its military might over hundreds of thousands of citizens.

      Among other things, Shamgar wrote in the pamphlet that Regulation 125, allowing certain areas to be closed off, is intended “to prevent the entry and settlement of minorities in border areas,” and that “border areas populated by minorities serve as a natural, convenient point of departure for hostile elements beyond the border.” The fact that citizens must have permits in order to travel about helps to thwart infiltration into the rest of Israel, he wrote.

      Regulation 124, he noted, states that “it is essential to enable nighttime ambushes in populated areas when necessary, against infiltrators.” Blockage of roads to traffic is explained as being crucial for the purposes of “training, tests or maneuvers.” Moreover, censorship is a “crucial means for counter-intelligence.”

      Despite Shamgar’s opinion, later that year, Prime Minister Levi Eshkol canceled the requirement for personal travel permits as a general obligation. Two weeks after that decision, in November 1963, Chief of Staff Tzur wrote a top-secret letter about implementation of the new policy to the officers heading the various IDF commands and other top brass, including the head of Military Intelligence. Tzur ordered them to carry it out in nearly all Arab villages, with a few exceptions – among them Barta’a and Muqeible, in northern Israel.

      In December 1965, Haim Israeli, an adviser to Defense Minister Eshkol, reported to Eshkol’s other aides, Isser Harel and Aviad Yaffeh, and to the head of the Shin Bet, that then-Chief of Staff Yitzhak Rabin opposed legislation that would cancel military rule over the Arab villages. Rabin explained his position in a discussion with Eshkol, at which an effort to “soften” the bill was discussed. Rabin was advised that Harel would be making his own recommendations on this matter.

      At a meeting held on February 27, 1966, Harel issued orders to the IDF, the Shin Bet and the police concerning the prime minister’s decision to cancel military rule. The minutes of the discussion were top secret, and began with: “The mechanism of the military regime will be canceled. The IDF will ensure the necessary conditions for establishment of military rule during times of national emergency and war.” However, it was decided that the regulations governing Israel’s defense in general would remain in force, and at the behest of the prime minister and with his input, the justice minister would look into amending the relevant statutes in Israeli law, or replacing them.

      The historical documents cited here have only made public after a two-year campaign by the Akevot institute against the national archives, which preferred that they remain confidential, Akevot director Lior Yavne told Haaretz. The documents contain no information of a sensitive nature vis-a-vis Israel’s security, Yavne added, and even though they are now in the public domain, the archives has yet to upload them to its website to enable widespread access.

      “Hundreds of thousands of files which are crucial to understanding the recent history of the state and society in Israel remain closed in the government archive,” he said. “Akevot continues to fight to expand public access to archival documents – documents that are property of the public.”

    • Israel is turning an ancient Palestinian village into a national park for settlers

      The unbelievable story of a village outside Jerusalem: from its destruction in 1948 to the ticket issued last week by a parks ranger to a descendent of its refugees, who had the gall to harvest the fruits of his labor on his own land.

      Thus read the ticket issued last Wednesday, during the Sukkot holiday, by ranger Dayan Somekh of the Israel Nature and Parks Authority – Investigations Division, 3 Am Ve’olamo Street, Jerusalem, to farmer Nidal Abed Rabo, a resident of the Jerusalem-area village of Walaja, who had gone to harvest olives on his private land: “In accordance with Section 228 of the criminal code, to: Nidal Abed Rabo. Description of the facts constituting the offense: ‘picking, chopping and destroying an olive tree.’ Suspect’s response: ‘I just came to pick olives. I pick them and put them in a bucket.’ Fine prescribed by law: 730 shekels [$207].” And an accompanying document that reads: “I hereby confirm that I apprehended from Nidal Abed Rabo the following things: 1. A black bucket; 2. A burlap sack. Name of the apprehending officer: Dayan Somekh.”

      Ostensibly, an amusing parody about the occupation. An inspector fines a person for harvesting the fruits of his own labor on his own private land and then fills out a report about confiscating a bucket, because order must be preserved, after all. But no one actually found this report amusing – not the inspector who apparently wrote it in utter seriousness, nor the farmer who must now pay the fine.

      Indeed, the story of Walaja, where this absurdity took place, contains everything – except humor: the flight from and evacuation of the village in 1948; refugee-hood and the establishment of a new village adjacent to the original one; the bisection of the village between annexed Jerusalem and the occupied territories in 1967; the authorities’ refusal to issue blue Israeli IDs to residents, even though their homes are in Jerusalem; the demolition of many structures built without a permit in a locale that has no master construction plan; the appropriation of much of its land to build the Gilo neighborhood and the Har Gilo settlement; the construction of the separation barrier that turned the village into an enclave enclosed on all sides; the decision to turn villagers’ remaining lands into a national park for the benefit of Gilo’s residents and others in the area; and all the way to the ridiculous fine issued by Inspector Somekh.

      This week, a number of villagers again snuck onto their lands to try to pick their olives, in what looks like it could be their final harvest. As it was a holiday, they hoped the Border Police and the parks authority inspectors would leave them alone. By next year, they probably won’t be able to reach their groves at all, as the checkpoint will have been moved even closer to their property.

      Then there was also this incident, on Monday, the Jewish holiday of Simhat Torah. Three adults, a teenager and a horse arrived at the neglected groves on the mountainside below their village of Walaja. They had to take a long and circuitous route; they say the horse walked 25 kilometers to reach the olive trees that are right under their noses, beneath their homes. A dense barbed-wire fence and the separation barrier stand between these people and their lands. When the national park is built here and the checkpoint is moved further south – so that only Jews will be able to dip undisturbed in Ein Hanya, as Nir Hasson reported (“Jerusalem reopens natural spring, but not to Palestinians,” Oct. 15) – it will mean the end of Walaja’s olive orchards, which are planted on terraced land.

      The remaining 1,200 dunams (300 acres) belonging to the village, after most of its property was lost over the years, will also be disconnected from their owners, who probably won’t be able to access them again. An ancient Palestinian village, which numbered 100 registered households in 1596, in a spectacular part of the country, will continue its slow death, until it finally expires for good.

      Steep slopes and a deep green valley lie between Jerusalem and Bethlehem, filled with oak and pine trees, along with largely abandoned olive groves. “New” Walaja overlooks this expanse from the south, the Gilo neighborhood from the northeast, and the Cremisan Monastery from the east. To the west is where the original village was situated, between the moshavim of Aminadav and Ora, both constructed after the villagers fled – frightened off by the massacre in nearby Deir Yassin and in fear of bombardment.

      Aviv Tatarsky, a longtime political activist on behalf of Walaja and a researcher for the Ir Amim nonprofit organization, says the designated national park is supposed to ensure territorial contiguity between the Etzion Bloc and Jerusalem. “Since we are in the territory of Jerusalem, and building another settler neighborhood could cause a stir, they are building a national park, which will serve the same purpose,” he says. “The national park will Judaize the area once and for all. Gilo is five minutes away. If you live there, you will have a park right next door and feel like it’s yours.”

      As Tatarsky describes the blows suffered by the village over the years, brothers Walid and Mohammed al-‘Araj stand on a ladder below in the valley, in the shade of the olive trees, engrossed in the harvest.

      Walid, 52, and Mohammed, 58, both live in Walaja. Walid may be there legally, but his brother is there illegally, on land bequeathed to them by their uncle – thanks to yet another absurdity courtesy of the occupation. In 1995, Walid married a woman from Shoafat in East Jerusalem, and thus was able to obtain a blue Israeli ID card, so perhaps he is entitled to be on his land. His brother, who lives next door, however, is an illegal resident on his land: He has an orange ID, as a resident of the territories.

      A sewage line that comes out of Beit Jala and is under the responsibility of Jerusalem’s Gihon water company overflows every winter and floods the men’s olive grove with industrial waste that has seriously damaged their crop. And that’s in addition, of course, to the fact that most of the family is unable to go work the land. The whole area looks quite derelict, overgrown with weeds and brambles that could easily catch fire. In previous years, the farmers would receive an entry permit allowing them to harvest the olives for a period of just a few days; this year, even that permit has not yet been forthcoming.

      The olives are black and small; it’s been a bad year for them and for their owners.

      “We come here like thieves to our own land,” says Mohammed, the older brother, explaining that three days beforehand, a Border Police jeep had showed up and chased them away. “I told him: It’s my land. They said okay and left. Then a few minutes later, another Border Police jeep came and the officer said: Today there’s a general closure because of the holiday. I told him: Okay, just let me take my equipment. I’m on my land. He said: Don’t take anything. I left. And today I came back.”

      You’re not afraid? “No, I’m not afraid. I’m on my land. It’s registered in my name. I can’t be afraid on my land.”

      Walid says that a month ago the Border Police arrived and told him he wasn’t allowed to drive on the road that leads to the grove, because it’s a “security road.” He was forced to turn around and go home, despite the fact that he has a blue ID and it is not a security road. Right next to it, there is a residential building where a Palestinian family still lives.

      Some of Walaja’s residents gave up on their olive orchards long ago and no longer attempt to reach their lands. When the checkpoint is moved southward, in order to block access by Palestinians to the Ein Hanya spring, the situation will be even worse: The checkpoint will be closer to the orchards, meaning that the Palestinians won’t be permitted to visit them.

      “This place will be a park for people to visit,” says Walid, up on his ladder. “That’s it; that will be the end of our land. But we won’t give up our land, no matter what.” Earlier this month, one local farmer was detained for several hours and 10 olive trees were uprooted, on the grounds that he was prohibited from being here.

      Meanwhile, Walid and Mohammed are collecting their meager crop in a plastic bucket printed with a Hebrew ad for a paint company. The olives from this area, near Beit Jala, are highly prized; during a good year the oil made from them can fetch a price of 100 shekels per liter.

      A few hundred meters to the east are a father, a son and a horse. Khaled al-‘Araj, 51, and his son, Abed, 19, a business student. They too are taking advantage of the Jewish holiday to sneak onto their land. They have another horse, an original Arabian named Fatma, but this horse is nameless. It stands in the shade of the olive tree, resting from the long trek here. If a Border Police force shows up, it could confiscate the horse, as has happened to them before.

      Father and son are both Walaja residents, but do not have blue IDs. The father works in Jerusalem with a permit, but it does not allow him to access his land.

      “On Sunday,” says Khaled, “I picked olives here with my son. A Border Police officer arrived and asked: What are you doing here? He took pictures of our IDs. He asked: Whose land is this? I said: Mine. Where are the papers? At home. I have papers from my grandfather’s time; everything is in order. But he said: No, go to DCO [the Israeli District Coordination Office] and get a permit. At first I didn’t know what he meant. I have a son and a horse and they’ll make problems for me. So I left.”

      He continues: “We used to plow the land. Now look at the state it’s in. We have apricot and almond trees here, too. But I’m an illegal person on my own land. That is our situation. Today is the last day of your holiday, that’s why I came here. Maybe there won’t be any Border Police.”

      “Kumi Ori, ki ba orekh,” says a makeshift monument in memory of Ori Ansbacher, a young woman murdered here in February by a man from Hebron. Qasem Abed Rabo, a brother of Nidal, who received the fine from the park ranger for harvesting his olives, asks activist Tatarsky if he can find out whether the house he owns is considered to be located in Jerusalem or in the territories. He still doesn’t know.

      “Welcome to Nahal Refaim National Park,” says a sign next to the current Walaja checkpoint. Its successor is already being built but work on it was stopped for unknown reasons. If and when it is completed, Ein Hanya will become a spring for Jews only and the groves on the mountainside below the village of Walaja will be cut off from their owners for good. Making this year’s harvest Walaja’s last.

      https://www.haaretz.com/israel-news/.premium-israel-is-turning-an-ancient-palestinian-village-into-a-national-p
      https://seenthis.net/messages/807722

    • Sans mémoire des lieux ni lieux de mémoire. La Palestine invisible sous les forêts israéliennes

      Depuis la création de l’État d’Israël en 1948, près de 240 millions d’arbres ont été plantés sur l’ensemble du territoire israélien. Dans l’objectif de « faire fleurir le désert », les acteurs de l’afforestation en Israël se situent au cœur de nombreux enjeux du territoire, non seulement environnementaux mais également identitaires et culturels. La forêt en Israël représente en effet un espace de concurrence mémorielle, incarnant à la fois l’enracinement de l’identité israélienne mais également le rappel de l’exil et de l’impossible retour du peuple palestinien. Tandis que 86 villages palestiniens détruits en 1948 sont aujourd’hui recouverts par une forêt, les circuits touristiques et historiques officiels proposés dans les forêts israéliennes ne font jamais mention de cette présence palestinienne passée. Comment l’afforestation en Israël a-t-elle contribué à l’effacement du paysage et de la mémoire palestiniens ? Quelles initiatives existent en Israël et en Palestine pour lutter contre cet effacement spatial et mémoriel ?

      https://journals.openedition.org/bagf/6779

    • Septembre 2021, un feu de forêt ravage Jérusalem et dévoile les terrassements agricoles que les Palestinien·nes avaient construit...
      Voici une image :

      « La nature a parlé » : un feu de forêt attise les rêves de retour des Palestiniens

      Un gigantesque incendie près de Jérusalem a détruit les #pins_européens plantés par les sionistes, exposant ainsi les anciennes terrasses palestiniennes qu’ils avaient tenté de dissimuler.

      Au cours de la deuxième semaine d’août, quelque 20 000 dounams (m²) de terre ont été engloutis par les flammes dans les #montagnes de Jérusalem.

      C’est une véritable catastrophe naturelle. Cependant, personne n’aurait pu s’attendre à la vision qui est apparue après l’extinction de ces incendies. Ou plutôt, personne n’avait imaginé que les incendies dévoileraient ce qui allait suivre.

      Une fois les flammes éteintes, le #paysage était terrible pour l’œil humain en général, et pour l’œil palestinien en particulier. Car les incendies ont révélé les #vestiges d’anciens villages et terrasses agricoles palestiniens ; des terrasses construites par leurs ancêtres, décédés il y a longtemps, pour cultiver la terre et planter des oliviers et des vignes sur les #pentes des montagnes.

      À travers ces montagnes, qui constituent l’environnement naturel à l’ouest de Jérusalem, passait la route Jaffa-Jérusalem, qui reliait le port historique à la ville sainte. Cette route ondulant à travers les montagnes était utilisée par les pèlerins d’Europe et d’Afrique du Nord pour visiter les lieux saints chrétiens. Ils n’avaient d’autre choix que d’emprunter la route Jaffa-Jérusalem, à travers les vallées et les ravins, jusqu’au sommet des montagnes. Au fil des siècles, elle sera foulée par des centaines de milliers de pèlerins, de soldats, d’envahisseurs et de touristes.

      Les terrasses agricoles – ou #plates-formes – que les agriculteurs palestiniens ont construites ont un avantage : leur durabilité. Selon les estimations des archéologues, elles auraient jusqu’à 600 ans. Je crois pour ma part qu’elles sont encore plus vieilles que cela.

      Travailler en harmonie avec la nature

      Le travail acharné du fermier palestinien est clairement visible à la surface de la terre. De nombreuses études ont prouvé que les agriculteurs palestiniens avaient toujours investi dans la terre quelle que soit sa forme ; y compris les terres montagneuses, très difficiles à cultiver.

      Des photographies prises avant la Nakba (« catastrophe ») de 1948, lorsque les Palestiniens ont été expulsés par les milices juives, et même pendant la seconde moitié du XIXe siècle montrent que les oliviers et les vignes étaient les deux types de plantation les plus courants dans ces régions.

      Ces végétaux maintiennent l’humidité du sol et assurent la subsistance des populations locales. Les #oliviers, en particulier, aident à prévenir l’érosion des sols. Les oliviers et les #vignes peuvent également créer une barrière naturelle contre le feu car ils constituent une végétation feuillue qui retient l’humidité et est peu gourmande en eau. Dans le sud de la France, certaines routes forestières sont bordées de vignes pour faire office de #coupe-feu.

      Les agriculteurs palestiniens qui les ont plantés savaient travailler en harmonie avec la nature, la traiter avec sensibilité et respect. Cette relation s’était formée au cours des siècles.

      Or qu’a fait l’occupation sioniste ? Après la Nakba et l’expulsion forcée d’une grande partie de la population – notamment le nettoyage ethnique de chaque village et ville se trouvant sur l’itinéraire de la route Jaffa-Jérusalem –, les sionistes ont commencé à planter des #pins_européens particulièrement inflammables sur de vastes portions de ces montagnes pour couvrir et effacer ce que les mains des agriculteurs palestiniens avaient créé.

      Dans la région montagneuse de Jérusalem, en particulier, tout ce qui est palestinien – riche de 10 000 ans d’histoire – a été effacé au profit de tout ce qui évoque le #sionisme et la #judéité du lieu. Conformément à la mentalité coloniale européenne, le « milieu » européen a été transféré en Palestine, afin que les colons puissent se souvenir de ce qu’ils avaient laissé derrière eux.

      Le processus de dissimulation visait à nier l’existence des villages palestiniens. Et le processus d’effacement de leurs particularités visait à éliminer leur existence de l’histoire.

      Il convient de noter que les habitants des villages qui ont façonné la vie humaine dans les montagnes de Jérusalem, et qui ont été expulsés par l’armée israélienne, vivent désormais dans des camps et communautés proches de Jérusalem, comme les camps de réfugiés de Qalandiya et Shuafat.

      On trouve de telles forêts de pins ailleurs encore, dissimulant des villages et fermes palestiniens détruits par Israël en 1948. Des institutions internationales israéliennes et sionistes ont également planté des pins européens sur les terres des villages de #Maaloul, près de Nazareth, #Sohmata, près de la frontière palestino-libanaise, #Faridiya, #Kafr_Anan et #al-Samoui sur la route Akka-Safad, entre autres. Ils sont maintenant cachés et ne peuvent être vus à l’œil nu.

      Une importance considérable

      Même les #noms des villages n’ont pas été épargnés. Par exemple, le village de Suba est devenu « #Tsuba », tandis que #Beit_Mahsir est devenu « #Beit_Meir », #Kasla est devenu « #Ksalon », #Saris est devenu « #Shoresh », etc.

      Si les Palestiniens n’ont pas encore pu résoudre leur conflit avec l’occupant, la nature, elle, s’est désormais exprimée de la manière qu’elle jugeait opportune. Les incendies ont révélé un aspect flagrant des composantes bien planifiées et exécutées du projet sioniste.

      Pour les Palestiniens, la découverte de ces terrasses confirme leur version des faits : il y avait de la vie sur cette terre, le Palestinien était le plus actif dans cette vie, et l’Israélien l’a expulsé pour prendre sa place.

      Ne serait-ce que pour cette raison, ces terrasses revêtent une importance considérable. Elles affirment que la cause palestinienne n’est pas morte, que la terre attend le retour de ses enfants ; des personnes qui sauront la traiter correctement.

      https://www.middleeasteye.net/fr/opinion-fr/israel-jerusalem-incendies-villages-palestiniens-nakba-sionistes-reto

      –—

      An Israeli Forest to Erase the Ruins of Palestinian Agricultural Terraces

      “Our forest is growing over, well, over a ruined village,” A.B. Yehoshua wrote in his novella “Facing the Forests.” The massive wildfire in the Jerusalem Hills last week exposed the underpinning of the view through the trees. The agricultural terraces were revealed in their full glory, and also revealed a historic record that Israel has always sought to obscure and erase – traces of Palestinian life on this land.

      On my trips to the West Bank and the occupied territories, when I passed by the expansive areas of Palestinian farmland, I was always awed by the sight of the long chain of terraces, mustabat or mudrajat in Arabic. I thrilled at their grandeur and the precision of the work that attests to the connection between the Palestinian fellah and his land. I would wonder – Why doesn’t the same “phenomenon” exist in the hills of the Galilee?

      When I grew up, I learned a little in school about Israeli history. I didn’t learn that Israel erased Palestinian agriculture in the Galilee and that the Jewish National Fund buried it once and for all, but I did learn that “The Jews brought trees with them” and planted them in the Land of Israel. How sterile and green. Greta Thunberg would be proud of you.

      The Zionist movement knew that in the war for this land it was not enough to conquer the land and expel its inhabitants, you also had to build up a story and an ethos and a narrative, something that will fit with the myth of “a people without a land for a land without a people.” Therefore, after the conquest of the land and the expulsion, all trace of the people who once lived here had to be destroyed. This included trees that grew without human intervention and those that were planted by fellahin, who know this land as they do their children and as they do the terraces they built in the hills.

      This is how white foreigners who never in their lives were fellahin or worked the land for a living came up with the national forestation project on the ruins of Arab villages, which David Ben-Gurion decided to flatten, such as Ma’alul and Suhmata. The forestation project including the importation of cypress and pine trees that were alien to this land and belong to colder climes, so that the new inhabitants would feel more at home and less as if they were in somebody else’s home.

      The planting of combustible cypresses and pines, which are not suited to the weather in this land, is not just an act of national erasure of the Palestinian natives, but also an act of arrogance and patronage, characteristics typical of colonialist movements throughout the world. All because they did not understand the nature, in both senses of the word, of the countries they conquered.

      Forgive me, but a biblical-historical connection is not sufficient. Throughout the history of colonialism, the new settlers – whether they ultimately left or stayed – were unable to impose their imported identity on the new place and to completely erase the place’s native identity. It’s a little like the forests surrounding Jerusalem: When the fire comes and burns them, one small truth is revealed, after so much effort went into concealing it.

      https://www.haaretz.com/opinion/.premium-an-israeli-forest-to-erase-the-ruins-of-palestinian-agricultural-t

      et ici :
      https://seenthis.net/messages/928766

    • Planter un arbre en Israël : une forêt rédemptrice et mémorielle

      Tout au long du projet sioniste, le végétal a joué un rôle de médiateur entre la terre rêvée et la terre foulée, entre le texte biblique et la réalité. Le réinvestissement national s’est opéré à travers des plantes connues depuis la diaspora, réorganisées en scènes signifiantes pour la mémoire et l’histoire juive. Ce lien de filiation entre texte sacré et paysage débouche sur une pratique de plantation considérée comme un acte mystique de régénération du monde.

      https://journals.openedition.org/diasporas/258

  • Henry Laurens : « On est sur la voie d’un processus de destruction de masse » à Gaza, entretien avec Rachida El Azzouzi (19 novembre 2023).

    Pour l’historien, spécialiste de la Palestine, professeur au collège de France, « l’effondrement des conditions sanitaires et l’absence de ravitaillement à destination des populations concernées peuvent indiquer que l’on est sur la voie d’un processus de destruction de masse » dans la bande de Gaza.

    L’historien et universitaire Henry Laurens est l’un des plus grands spécialistes du #Moyen-Orient. Professeur au Collège de France où il est titulaire de la chaire d’histoire contemporaine du #monde_arabe, il a mis la question palestinienne au cœur de son travail. Il est l’auteur de très nombreux livres dont cinq tomes sans équivalent publiés entre 1999 et 2015, consacrés à La question de Palestine (Fayard).
    Dans un entretien à Mediapart, il éclaire de sa connaissance l’exceptionnalité du conflit israélo-palestinien et le « corps à corps que même l’émotion n’arrive pas à séparer » dans lesquels les deux peuples sont pris depuis des décennies. Il dit son pessimisme quant à la résolution du conflit qui peut durer « des siècles » : « Vous ne pouvez espérer de sortie possible que par une décolonisation, mais à horizon immédiat, cette décolonisation n’est pas faisable. Dans les années 1990, elle l’était. Il y avait 30 000 colons. Aujourd’hui, ils sont 500 000 dont quelques dizaines de milliers qui sont des colons ultrareligieux et armés. »

    Plus d’une vingtaine de rapporteurs de l’organisation des Nations unies (ONU) s’inquiètent d’« un génocide en cours » à Gaza. Est-ce que vous employez ce terme ?

    Il y a deux sens au terme de « génocide ». Il y a le #génocide tel que défini par l’avocat polonais Raphael Lemkin en 1948, la seule définition juridique existante, aujourd’hui intégrée au protocole de Rome créant la #CPI [Cour pénale internationale – ndlr]. Lemkin a été obligé, pour que ce soit voté par les Soviétiques et par le bloc de l’Est, d’éliminer les causes politiques du génocide – massacrer des gens dans le but de détruire une classe sociale –, parce qu’il aurait fallu reconnaître le massacre des koulaks par les Soviétiques.

    La définition de Lemkin implique que ceux qui commettent un génocide appartiennent à un autre peuple que celui des victimes. D’où le problème aussi qu’on a eu avec le #Cambodge, qu’on ne pouvait pas appeler un génocide parce que c’étaient des Cambodgiens qui avaient tué des Cambodgiens. Là, on est dans une définition étroite. C’était le prix à payer pour obtenir un accord entre les deux Blocs dans le contexte du début de la #guerre_froide.

    Vous avez ensuite une définition plus large du terme, celui d’une destruction massive et intentionnelle de populations quelles qu’en soient les motivations.

    Il existe donc deux choses distinctes : la première, ce sont les actes, et la seconde, c’est l’intention qui est derrière ces actes. Ainsi le tribunal international pour l’ex-Yougoslavie a posé la différence entre les nettoyages ethniques dont la motivation n’est pas génocidaire parce que l’#extermination n’était pas recherchée, même si le nombre de victimes était important, et les actes de génocide comme celui de Srebrenica, où l’intention était claire.

    On voit ainsi que le nombre de victimes est secondaire. Pour Srebrenica, il est de l’ordre de 8 000 personnes.

    L’inconvénient de cette #logique_judiciaire est de conduire à une casuistique de l’intentionnalité, ce qui ne change rien pour les victimes. 

    Au moment où nous parlons, le nombre de victimes dans la bande de #Gaza est supérieur à celui de Srebrenica. On a, semble-t-il, dépassé la proportion de 0,5 % de la population totale. Si on compare avec la France, cela donnerait 350 000 morts.

    Le discours israélien évoque des victimes collatérales et des boucliers humains. Mais de nombreux responsables israéliens tiennent des discours qui peuvent être qualifiés de génocidaires. L’effondrement des conditions sanitaires et l’absence même de ravitaillement à destination des populations concernées peuvent indiquer que l’on est sur la voie d’un processus de destruction de masse avec des controverses à n’en plus finir sur les intentionnalités. 

    La solution à deux États n’est plus possible.

    La crainte d’une seconde « #Nakba » (catastrophe), en référence à l’exil massif et forcé à l’issue de la guerre israélo-arabe de 1948, hante les #Palestiniens. Peut-on faire le parallèle avec cette période ?

    La Nakba peut être considérée comme un #nettoyage_ethnique, en particulier dans les régions autour de l’actuelle bande de Gaza où l’#intentionnalité d’expulsion est certaine. Des responsables israéliens appellent aujourd’hui à une #expulsion de masse. C’est d’ailleurs pour cela que l’Égypte et la Jordanie ont fermé leurs frontières.

    Dans l’affaire actuelle, les démons du passé hantent les acteurs. Les juifs voient dans le 7 octobre une réitération de la Shoah et les Palestiniens dans les événements suivants celle de la Nakba.

    Faut-il craindre une annexion de la bande de Gaza par Israël avec des militaires mais aussi des colons ?

    En fait, personne ne connaît la suite des événements. On ne voit personne de volontaire pour prendre la gestion de la bande de Gaza. Certains responsables israéliens parlent de « dénazification » et il y a une dimension de vengeance dans les actes israéliens actuels. Mais les vengeances n’engendrent que des cycles permanents de violence.

    Quelle est votre analyse des atrocités commises le 7 octobre 2023 par le Hamas ?

    Elles constituent un changement considérable, parce que la position de l’État d’Israël est profondément modifiée au moins sur deux plans : premièrement, le pays a subi une invasion pour quelques heures de son territoire, ce qui n’est pas arrivé depuis sa création ; deuxièmement, le 7 octobre marque l’échec du projet sioniste tel qu’il a été institué après la Seconde Guerre mondiale, un endroit dans le monde où les juifs seraient en position de sécurité. Aujourd’hui, non seulement l’État d’Israël est en danger, mais il met en danger les diasporas qui, dans le monde occidental, se trouvent menacées ou, en tout cas, éprouvent un sentiment de peur.

    Le dernier tome de votre série consacrée à « La question de Palestine » (Fayard) était intitulé « La paix impossible » et courait sur la période 1982-2001. Vous étiez déjà très pessimiste quant à la résolution de ce conflit, mais aussi concernant l’avenir de la région, comme si elle était condamnée à demeurer cette poudrière. Est-ce que vous êtes encore plus pessimiste aujourd’hui ? Ou est-ce que le #conflit_israélo-palestinien vous apparaît soluble, et si oui, quelle issue apercevez-vous ?

    La réelle solution théorique serait d’arriver à un système de gestion commune et équitable de l’ensemble du territoire. Mais un État unitaire est difficile à concevoir puisque les deux peuples ont maintenant plus d’un siècle d’affrontements.

    Qu’en est-il de la solution à deux États, dont le principe a été adopté en 1947 par l’ONU, après la fin du mandat britannique ? Est-elle possible ?

    La solution à deux États n’est plus possible dès lors que vous avez 500 000 colons, dont quelques dizaines de milliers qui sont des #colons ultrareligieux et armés. Vous avez une violence quotidienne en #Cisjordanie. La sécurité des colons ne peut se fonder que sur l’insécurité des Palestiniens. Et l’insécurité des Palestiniens provoque la violence qui engendre l’insécurité des colons.

    C’est un cercle vicieux et vous ne pouvez espérer de sortie possible que par une décolonisation, mais à horizon immédiat, cette #décolonisation n’est pas faisable. Dans les années 1990, elle l’était. Il y avait 30 000 colons. On pouvait, sans trop de dégâts, faire une décolonisation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. 

    Aujourd’hui, nous sommes dans une position de domination, et cette solution peut prendre des siècles parce qu’il y a l’exceptionnalité juive qui crée une exceptionnalité israélienne qui elle-même crée une exceptionnalité palestinienne. C’est-à-dire que sans être péjoratif, les Palestiniens deviennent des juifs bis.

    Qu’entendez-vous par là ?

    Nous sommes depuis le 7 octobre devant un grand nombre de victimes. Mais ces dernières années, nous en avons eu bien plus en Irak, en Syrie, au Soudan et en Éthiopie. Cela n’a pas provoqué l’émoi mondial que nous connaissons aujourd’hui. L’émotion a été suscitée parce que les victimes étaient juives, puis elle s’est déplacée sur les victimes palestiniennes. Les deux peuples sont dans un corps à corps que même l’émotion n’arrive pas à séparer.

    Les années 1990 ont été marquées par les accords d’Oslo en 1993. Relèvent-ils du mirage aujourd’hui ?
     
    Non, on pouvait gérer une décolonisation. Mais déjà à la fin des accords d’Oslo, il n’y a pas eu décolonisation mais doublement de la #colonisation sous le gouvernement socialiste et ensuite sous le premier gouvernement Nétanyahou. Ce sont l’occupation, la colonisation, qui ont amené l’échec des processus. Il n’existe pas d’occupation, de colonisation pacifique et démocratique.

    Aujourd’hui, c’est infiniment plus difficile à l’aune de la violence, des passions, des derniers événements, des chocs identitaires, de la #haine tout simplement. Qui plus est, depuis une trentaine d’années, vous avez une évolution commune vers une vision religieuse et extrémiste, aussi bien chez les juifs que chez les Palestiniens.

    La Palestine fonctionne en jeu à somme nulle, le progrès de l’un se fait au détriment de l’autre.

    Vous voulez dire que le conflit territorial est devenu un conflit religieux ?

    Il a toujours été religieux. Dès l’origine, le mouvement sioniste ne pouvait fonctionner qu’en utilisant des références religieuses, même si ses patrons étaient laïcs. La blague de l’époque disait que les sionistes ne croyaient pas en Dieu mais croyaient que Dieu leur avait promis la Terre promise.

    Le projet sioniste, même s’il se présentait comme un mouvement de sauvetage du peuple juif, ne pouvait fonctionner qu’en manipulant les affects. Il était de nature religieuse puisqu’il renvoyait à la Terre sainte. Vous avez une myriade d’endroits qui sont des #symboles_religieux, mais qui sont aussi des #symboles_nationaux, aussi bien pour les #juifs que pour les #musulmans : l’esplanade des Mosquées, le tombeau des Patriarches, le mur des Lamentations. Et puis il y a les gens qui se sentent mandatés par Dieu.

    De même, les musulmans ont cherché des alliés en jouant sur la solidarité islamique. Dès les années 1930, la défense de la mosquée Al-Aqsa est devenue un thème fédérateur.

    Pourquoi est-il devenu difficile d’invoquer une lecture coloniale du conflit depuis les massacres du Hamas du 7 octobre ?

    Le sionisme est à l’origine un corps étranger dans la région. Pour arriver à ses fins, il a eu besoin d’un soutien européen avant 1914, puis britannique et finalement américain. Israël s’est posé comme citadelle de l’#Occident dans la région et conserve le #discours_colonial de la supériorité civilisatrice et démocratique. Cet anachronisme est douloureusement ressenti par les autres parties prenantes.

    Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, les responsables sionistes n’hésitaient pas à se comparer à la colonisation britannique en Afrique noire avec la nécessité de mater les protestations indigènes. 

    La Palestine fonctionne en jeu à somme nulle, le progrès de l’un se fait au détriment de l’autre. La constitution de l’État juif impliquait un « transfert » de la population arabe à l’extérieur, terme poli pour « expulsion ». La #confiscation des #terres détenues par les Arabes en est le corollaire. Les régions où ont eu lieu les atrocités du 7 octobre étaient peuplées d’Arabes qui ont été expulsés en 1948-1950.

    Dire cela, c’est se faire accuser de trouver des excuses au terrorisme. Dès que vous essayez de donner des éléments de compréhension, vous vous confrontez à l’accusation : « Comprendre, c’est excuser. » Il faut bien admettre que le #Hamas dans la bande de Gaza recrute majoritairement chez les descendants des expulsés. Cela ne veut pas dire approuver ce qui s’est passé.

    Le slogan « From the river to the sea, Palestine will be free » (« De la rivière à la mer, la Palestine sera libre ») utilisé par les soutiens de la Palestine fait polémique. Est-ce vouloir rayer de la carte Israël ou une revendication légitime d’un État palestinien ?

    Il a été utilisé par les deux parties et dans le même sens. Les mouvements sionistes, en particulier la droite sioniste, ont toujours dit que cette terre devait être juive et israélienne au moins jusqu’au fleuve. Le parti de l’ancêtre du Likoud voulait même annexer l’ensemble de la Jordanie.

    Chez certains Palestiniens, on a une vision soft qui consiste à dire que « si nous réclamons un État palestinien réunissant la bande de Gaza et la Cisjordanie, nous considérons l’ensemble de la terre comme la Palestine historique, comme partie de notre histoire, mais nous ne la revendiquons pas dans sa totalité ».

    Israël depuis sa fondation n’a pas de #frontières définies internationalement. Il a toujours revendiqué la totalité de la Palestine mandataire, voire plus. Il a ainsi rejeté l’avis de la Cour internationale de justice qui faisait des lignes d’armistice de 1949 ses frontières permanentes.

    Cette indétermination se retrouve de l’autre côté. La libération de la Palestine renvoie à la totalité du territoire. D’autres exigeaient la carte du plan de partage de 1947. Pour l’Organisation de libération de la Palestine (#OLP), faire l’#État_palestinien sur les territoires occupés en 1968 était la concession ultime.

    Les Arabes en général ont reçu sans grand problème les réfugiés arméniens durant la Grande Guerre et les années suivantes. Ces Arméniens ont pu conserver l’essentiel de leur culture. Mais il n’y avait pas de question politique. Il n’était pas question de créer un État arménien au Levant.

    Dès le départ, les Arabes de Palestine ont vu dans le projet sioniste une menace de dépossession et d’expulsion. On ne peut pas dire qu’ils ont eu tort…

    Le mouvement islamiste palestinien, le Hamas, classé #terroriste par l’Union européenne et les États-Unis, est aujourd’hui le principal acteur de la guerre avec Israël…

    Définir l’ennemi comme terroriste, c’est le placer hors la loi. Bien des épisodes de décolonisation ont vu des « terroristes » devenir du jour au lendemain des interlocuteurs valables. 

    Bien sûr, il existe des actes terroristes et les atrocités du 7 octobre le sont. Mais c’est plus une méthodologie qu’une idéologie. C’est une forme de guerre qui s’en prend aux civils selon les définitions les plus courantes. Jamais un terroriste ne s’est défini comme tel. Il se voit comme un combattant légitime et généralement son but est d’être considéré comme tel. Avec l’État islamique et le 7 octobre, on se trouve clairement devant un usage volontaire de la cruauté.

    La rhétorique habituelle est de dire que l’on fait la guerre à un régime politique et non à un peuple. Mais si on n’offre pas une perspective politique à ce peuple, il a le sentiment que c’est lui que l’on a mis hors la loi. Il le voit bien quand on dit « les Israéliens ont le droit de se défendre », mais apparemment pas quand il s’agit de Palestiniens.

    D’aucuns expliquent qu’Israël a favorisé l’ascension du Hamas pour qu’un vrai État palestinien indépendant ne voie jamais le jour au détriment de l’#autorité_palestinienne qui n’administre aujourd’hui plus que la Cisjordanie. Est-ce que le Hamas est le meilleur ennemi des Palestiniens ? 

    Incontestablement, les Israéliens ont favorisé les #Frères_musulmans de la bande de Gaza dans les années 1970 et 1980 pour contrer les activités du #Fatah. De même, après 2007, ils voulaient faire du Hamas un #sous-traitant chargé de la bande de Gaza, comme l’Autorité palestinienne l’est pour la Cisjordanie. 

    Le meilleur moyen de contrer le Hamas est d’offrir aux Palestiniens une vraie perspective politique et non de bonnes paroles et quelques aides économiques qui sont des emplâtres sur des jambes de bois. 

    Quel peut être l’avenir de l’Autorité palestinienne, aujourd’hui déconsidérée ? Et du Fatah, le parti du président Mahmoud Abbas, pressé par la base de renouer avec la lutte armée et le Hamas ?

    Le seul acquis de l’Autorité palestinienne, ou plus précisément de l’OLP, c’est sa légitimité diplomatique. Sur le terrain, elle est perçue comme un sous-traitant de l’occupation israélienne incapable de contrer un régime d’occupation de plus en plus dur. Elle est dans l’incapacité de protéger ses administrés. Le risque majeur pour elle est tout simplement de s’effondrer.

    Le Hamas appelle les Palestiniens de Cisjordanie à se soulever. Un soulèvement généralisé des Palestiniens peut-il advenir ?

    En Cisjordanie, on a surtout de petits groupes de jeunes armés totalement désorganisés. Mais la violence et la répression sont devenues quotidiennes et les violences permanentes. À l’extérieur, l’Occident apparaît complice de l’occupation et de la répression israéliennes. L’Iran, la Chine et la Russie en profitent.

    Le premier tome de votre monumentale « Question de Palestine » s’ouvre sur 1799, lorsque l’armée de Napoléon Bonaparte entre en Palestine, il court jusqu’en 1922. Avec cette accroche : l’invention de la Terre sainte. En quoi cette année est-elle fondatrice ?

    En 1799, l’armée de Bonaparte parcourt le littoral palestinien jusqu’à Tyr. En Europe, certains y voient la possibilité de créer un État juif en Palestine. Mais l’ouverture de la Terre sainte aux Occidentaux est aussi l’occasion d’une lutte d’influences entre puissances chrétiennes. 

    Dans le tome 4, « Le rameau d’olivier et le fusil du combattant » (1967-1982), vous revenez sur ce qui a été un conflit israélo-arabe, puis un conflit israélo-palestinien. Est-ce que cela peut le redevenir ?

    Jusqu’en 1948, c’est un conflit israélo-palestinien avant tout. En 1948, cela devient un #conflit_israélo-arabe avec une dimension palestinienne. À partir de la fin des années 1970, la dimension palestinienne redevient essentielle.

    Ben Gourion disait que la victoire du sionisme était d’avoir transformé la question juive en problème arabe. Les derniers événements semblent montrer que le #problème_arabe est en train de redevenir une #question_juive.

    Le rôle des États-Unis a toujours été déterminant dans ce conflit. Que nous dit leur position aujourd’hui ? 

    La question de Palestine est en même temps une question intérieure pour les pays occidentaux du fait de l’histoire de la Shoah et de la colonisation. Il s’y ajoute aux États-Unis une dimension religieuse du fait du biblisme protestant et du « pionniérisme ». Les Palestiniens leur semblent être quelque part entre les Indiens et les Mexicains…

    La « République impériale » vient encore de montrer son impressionnante capacité de projection militaire dans la région, mais aussi son incapacité à obtenir un règlement politique satisfaisant.

    Pourquoi ce conflit déclenche-t-il autant de passions et clive-t-il autant dans le monde entier, où comme en France, le président appelle à « ne pas importer le conflit » ?

    C’est un conflit gorgé d’histoire. La Terre sainte est celle des trois religions monothéistes. Le conflit lui-même porte avec lui la mémoire de la Shoah et de la colonisation, d’où l’extraordinaire position d’exceptionnalité des acteurs.

    Vous avez écrit cinq tomes sur la question de Palestine. Après l’ultime « La Paix impossible », quel pourrait être le sixième ?
     
    Peut-être le retour de la question juive, mais c’est loin d’être une perspective encourageante.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/191123/henry-laurens-est-sur-la-voie-d-un-processus-de-destruction-de-masse-gaza

    #discours_génocidaire #religion (s) #sionisme

  • 230 ألف رحلوا منذ حرب غزة.. حملة واسعة تدعو الإسرائيليين للهجرة | سياسة | الجزيرة نت
    https://www.aljazeera.net/politics/2023/11/5/230-%d8%a3%d9%84%d9%81-%d8%b1%d8%ad%d9%84%d9%88%d8%a7-%d9%85%d9%86%d8%b0-

    « 230 000 sont partis depuis le début de la guerre de Gaza. Une importante campagne appele les Israélier à émigrer. »

    J’ai choisi de sélectionner tout ce long article car les infos sur les départs d’Israéliens quittant le pays ne sont pas fréquentes.

    كثّفت حملة “نغادر البلاد معا” الداعية إلى مغادرة إسرائيل نشاطها، ودعت عبر شبكات التواصل الاجتماعي العائلات الإسرائيلية إلى البحث عن وجهة حول العالم، للإقامة المؤقتة أو الاستقرار، مع توفير فرص عمل والاستثمار بمشروعات تجارية.

    ويأتي تكثيف نشاط هذه الحملة في ظل الحرب المستمرة على قطاع غزة، وتصاعد التوتر على الجبهة الشمالية مع لبنان، وفقدان الشعور بالأمن والأمان، علما أن الحملة أُطلقت تزامنا مع صعود اليمين المتطرف والأحزاب الدينية وتولي بنيامين نتنياهو رئاسة الحكومة، التي شرعت بالتعديلات على الجهاز القضائي الإسرائيلي.

    ووسّعت هذه المجموعة نشاطها مع تصاعد التوتر الأمني في البلاد، مع عدم وجود أفق لانتهاء الحرب، حيث أخذت تروج عبر منصات التواصل الاجتماعي إلى مغادرة إسرائيل، وعرضت مساعدتها على كل من يحمل الجواز الإسرائيلي، وليس على من يمتلك جنسية مزدوجة وبحوزته جواز سفر أجنبي فقط.
    آلية عمل سريعة

    تخالف حملة “نغادر البلاد معا” في آلية عملها أسلوب الشركات الخاصة ومكاتب المحامين الإسرائيليين التي تنشط وتعمل قبل الحرب على غزة، وتركز على استصدار جوازات سفر أجنبية، وتوفير فرص للمبادرات التجارية، والاستثمار خارج البلاد، لكن دون أن تدعو وتحث على مغادرة إسرائيل، وهو عكس ما تفعله الحملة.

    تضم مجموعة الحملة في تطبيق “واتساب” 676 مشاركا، غالبيتهم العظمى من الإسرائيليين، وبعضهم من اليهود الموجودين خارج البلاد، ويمكثون في دول مختلفة حول العالم، خاصة في أوروبا وكندا وأميركا.

    وتعدّ هذه المجموعة كأنها لجنة قبول الطلبات والاستفسارات من الإسرائيليين الراغبين بمغادرة البلاد، وتحوّل طلباتهم إلى الجهات ذات الاختصاص، التي توفر خدمات استصدار التأشيرة وتوفير المسكن وتسهيل فرص العمل والاستثمار والمغادرة إلى 48 دولة حول العالم.

    وحسب منشورات الحملة على منصات التواصل الاجتماعي، فإن تكثيف النشاط وتوسيعه يهدف إلى تنظيم مجموعة لمغادرة البلاد، على أن يضم الجزء الأول منها 10 آلاف شخص، وسيُوسّع مستقبلا عدد الأشخاص الذين سيُساعدون لمغادرة إسرائيل والاستقرار خارجها.

    ويدير ينيف غورليك، مجموعة تفاعل جماهيرية خاصة بالحملة على موقع فيسبوك، وانضم إليها نحو 5 آلاف شخص من إسرائيل، ومثلهم من المتفاعلين على حساب غورليك الشخصي على فيسبوك، وتتمحور استفساراتهم حول المغادرة والسفر للخارج، ولو بشكل مؤقت لحين انتهاء الحرب، ومنهم من يستفسر عن فرص استصدار تأشيرة عمل في الدول الأوروبية.

    وفي مرئي عبر صفحته على فيسبوك، أعلن متان سيفان من حيفا أنه حصل قبل أيام على “تأشيرة لاجئ” من السلطات البرتغالية، وهو ما يمكنه الاستقرار والعمل هناك، مشيرا إلى أن ذلك لا يستغرق وقتا طويلا، قائلا “خلال أقل من 48 ساعة يمكنك الحصول على هذا النوع من التأشيرة التي تضمن لك جميع الخدمات والحقوق في البرتغال”.

    وسرد سيفان، الذي يحمل الجنسية الإسرائيلية فقط، تجربته للحصول على “تأشيرة لاجئ” في البرتغال، حيث وصل إلى مطار لشبونة الدولي بعد أن غادر إسرائيل بسبب حرب غزة، قائلا “ما إن وصلت المطار حتى تمّت المباشرة بالمعاملات التي أنجزت في أقل من 48 ساعة، ومُنحت هذه التأشيرة لمدة شهرين على الأقل، وهي قابلة للتمديد”.
    سعي للهروب

    وفي تفاعلها على صفحة “نغادر البلاد معا”، كتبت أوريت ساعر “الوضع غير قابل للهضم، غير مفهوم، يجب أن نغادر لبعض الوقت بكل الألم والحزن، أمتلك جواز سفر إسرائيليا فقط، أفكر في براغ أو بودابست، نحن نقدر أي نصيحة أو أي توضيح”.

    وتساءلت ساعر شموئيل في تفاعلها على مجموعة الحملة “أين يمكن الهجرة دون تأشيرة وإلى مكان قريب، ليس لدي مشكلة مع الدخل، لدي مشكلة مع التأشيرة، هل من توصيات؟”.

    أما كريمن روسو فكتبت “أريد مغادرة البلاد، وكنت أفكر في الهجرة إما إلى السويد وإما النرويج، ولا أحمل الجنسية الأوروبية، ماذا علي أن أفعل؟”.

    وفي السياق ذاته كتبت آيه رعايا “بدأت أفكر في المغادرة لبضعة أشهر بسبب الوضع، نمتلك جوازات سفر إسرائيلية فقط ومدخرات قدرها 300 ألف، وطفلتي تبلغ من العمر 3 سنوات، وزوجي في قلق حقيقي، يقول إنها ستتحول لحرب عالمية، وعلينا الهروب لأطول فترة ممكنة”.

    “أوصي بشدة بفيتنام”، هكذا كتب أريك فكسلر، وأضاف “لقد عملت هناك لمدة عامين، من السهل جدا الحصول على وظيفة لتدريس اللغة الإنجليزية، وبعد ذلك تأشيرة لمدة عامين، يبدأ راتب المعلم من 20 دولارا في الساعة وأكثر، والعمل في المدارس سهل حقا، لقد عملت هناك لمدة عامين دون الحصول على درجة علمية، وأنا الآن أكمل درجة البكالوريوس لأعود إلى فيتنام، يمكنني تقديم المشورة والاتصال بصاحب العمل للراغبين الجادين”.
    تخويف حكومي

    وتفيد المعطيات الرسمية لدائرة الهجرة والسكان في وزارة الداخلية الإسرائيلية أن هناك أكثر من 230 ألف إسرائيلي غادروا منذ بدء “طوفان الأقصى” واحتدام القتال على جبهة غزة، وتضم المجموعات المغادرة عائلات إسرائيلية ورجال وسيدات أعمال من أصحاب الجنسية المزدوجة، ومن يملكون جوازات سفر أجنبية.

    وتتوقع السلطات الإسرائيلية أن ترتفع أعداد المغادرين في المستقبل القريب في حال استمرت الحرب على غزة وتوسعت إلى جبهات أخرى، ودعت الحكومة الإسرائيلية عبر مجلس الأمن القومي المواطنين الإسرائيليين إلى إعادة النظر بالسفر إلى خارج البلاد، وتجنب إبراز الرموز الإسرائيلية، والهوية الدينية اليهودية خلال مكوثهم في الخارج.

    وتأتي هذه الدعوة لحكومة نتنياهو لتظهر للإسرائيليين أنه لم يعُد في العالم مكان آمن، وأن إسرائيل ستبقى الأكثر أمنا رغم “طوفان الأقصى” وهجوم المقاومة المفاجئ على مستوطنات “غلاف غزة”.

    وسوّغ مجلس الأمن القومي الإسرائيلي هذه الدعوة والتحذير للإسرائيليين من السفر للخارج، بسبب ما عدّوه ارتفاع مظاهر معاداة السامية، وحوادث العنف ضد الإسرائيليين واليهود حول العالم، التي تأتي بسبب الحرب الإسرائيلية على غزة

  • Guerre Israël-Hamas : l’Egypte refuse un afflux de Palestiniens de Gaza vers le Sinaï
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/20/guerre-israel-hamas-l-egypte-refuse-un-afflux-de-palestiniens-de-gaza-vers-l

    Guerre Israël-Hamas : l’Egypte refuse un afflux de Palestiniens de Gaza vers le Sinaï
    Le Caire redoute une réédition de la « Nakba », l’exode forcé des Palestiniens, à la création d’Israël, en 1948. Le pouvoir égyptien craint aussi une déstabilisation du Sinaï par les groupes armés de Gaza.
    Par Service international
    « Même si cette terre est devenue un enfer, je suis prêt à y mourir », affirme, sans donner son nom, Abderrahim, un Gazaoui bloqué en Egypte après le siège total de l’enclave palestinienne imposé par Israël en réponse aux attaques du Hamas, le samedi 7 octobre.Ce père de trois enfants, de passage au Caire pour le travail, s’apprête à rejoindre la ville frontalière de Rafah pour retrouver coûte que coûte sa famille de l’autre côté. Ses proches ont dû abandonner leur maison, qui jouxtait l’hôpital Al-Ahli, dévasté mardi 17 octobre par une explosion qui a fait entre 100 et 300 morts, selon les renseignements américains, pour se diriger vers les campements de fortune, qui commencent à sortir de terre au sud de la bande de Gaza.
    Depuis le début des bombardements israéliens, prélude à une campagne terrestre annoncée par l’Etat hébreu, les injonctions se sont multipliées pour que l’Egypte ouvre ses portes à des centaines de milliers de réfugiés palestiniens via Rafah, l’unique poste-frontière qui n’est pas contrôlé par Israël. Dimanche 15 octobre, l’ancien vice-ministre israélien des affaires étrangères, Daniel Ayalon, incitait à nouveau les Palestiniens à « évacuer la zone temporairement » vers le Sinaï, « un espace presque infini », où il suggérait l’installation de « villes de tentes » pour les réfugiés.
    Mais l’exode n’aura pas lieu, veut croire Abderrahim. « Gaza ne se rendra pas. Personne n’a demandé aux Ukrainiens de partir face à l’invasion russe », s’insurge-t-il. Comme lui, des dizaines de Palestiniens en Egypte espèrent au contraire pouvoir retourner à Gaza.De l’autre côté de la frontière, quelques centaines de personnes attendent, elles, de pouvoir entrer en Egypte, pour la plupart des ressortissants étrangers et des binationaux se préparant à une éventuelle évacuation par leurs ambassades. « Aujourd’hui, il n’y a aucun signe d’un afflux imminent des habitants de Gaza vers l’Egypte. C’est un fantasme occidental, un narratif qui sert la stratégie israélienne, qui ne correspond ni à la réalité ni à l’état d’esprit des Gazaouis », assure Mohannad Sabry, un journaliste égyptien indépendant.
    Eviter le scénario de 2008
    Premiers pays concernés par un éventuel exode, l’Egypte et la Jordanie affichent un front uni contre l’idée d’un déplacement forcé de population en dehors des territoires palestiniens.« Si des centaines de milliers de Gazaouis fuient vers l’Egypte, il n’y aura plus de Gaza, plus de Palestine. Accepter un exode c’est trahir la cause palestinienne. Israël ne permettra jamais leur retour. C’est le plan sioniste et nous le refusons », s’indigne, sous couvert d’anonymat, Hossem, un docteur égyptien de 26 ans qui a participé, mercredi, à l’une des nombreuses manifestations qui ont éclaté en Egypte, au lendemain de l’explosion dans l’hôpital d’Al-Ahli.
    « Au total, 70 % des habitants de Gaza sont des réfugiés de la Nakba [« la catastrophe », en arabe]. Ils ne veulent pas en vivre une seconde. S’ils partent, ils savent pertinemment ce qui les attend : une vie indigne en exil, dans la pauvreté et la discrimination », estime Tahani Mustafa, experte de Palestine pour l’International Crisis Group. En 1948, à l’issue de la première guerre israélo-arabe, plusieurs centaines de milliers de Palestiniens sur les quelque 700 000 expulsés de leur terre, sont arrivés au Liban, en Syrie et en Jordanie. « Ils n’en sont jamais repartis », conclut la chercheuse.
    Les Etats-Unis, qui ont tenté de négocier l’ouverture de corridors pour les civils, se sont heurtés au refus catégorique de l’Egypte. Le Caire se dit favorable au passage de l’aide humanitaire à Gaza, mais se montre inflexible sur l’éventualité d’un exode des Palestiniens vers le Sinaï. « S’il y a une idée de déplacement, il y a le désert du Néguev, en Israël », a suggéré, mercredi 18 octobre, le président Abdel Fattah Al-Sissi.
    Le Caire ne veut pas laisser le scénario de 2008 se reproduire : des milliers de Palestiniens avaient alors fui la bande de Gaza vers le Sinaï, après que le Hamas eut ouvert des brèches dans la frontière. Outre la crainte d’un afflux de deux millions de réfugiés dans le pays arabe le plus peuplé de la région (110 millions d’habitants), la guerre entre le Hamas et Israël pose également un défi sécuritaire à l’Egypte.Les autorités craignent qu’en cas d’exode, le Sinaï se convertisse en base arrière pour des mouvements armés palestiniens, entraînant le pays dans la guerre avec Israël. De plus, depuis 2014, le nord de la péninsule, placé en état d’urgence par le régime, est le théâtre d’une insurrection djihadiste. L’armée y mène des opérations contre-terroristes face à une nébuleuse de groupes islamistes qui ont entretenu par le passé des liens avec le Hamas, notamment grâce à des tunnels clandestins reliant la ville égyptienne de Rafah à sa jumelle palestinienne.Réuni en urgence, jeudi 19 octobre, le Parlement égyptien a autorisé le président à prendre toutes les mesures appropriées pour protéger la sécurité du pays et soutenir la cause palestinienne. Après avoir déclaré que « des millions d’Egyptiens [étaient] prêts à manifester pour rejeter l’idée de déplacer les Palestiniens de la bande de Gaza », le président Abdel Fattah Al-Sissi a orchestré, vendredi 20 octobre, des manifestations massives à travers tout le pays, à l’issue de la prière du jour.
    Le conflit aux portes du pays est devenu explosif en Egypte. Des rassemblements spontanés ont été dispersés par la police. « Les autorités ouvrent une petite fenêtre pour ne pas apparaître comme des traîtres à la cause palestinienne, mais elles veulent maîtriser l’explosion de la colère », résumait un manifestant, soulignant l’hypocrisie d’un pouvoir qui a muselé les voix de la société civile et interdit toute manifestation depuis 2013.
    Conscient que la rue gronde en soutien à la cause palestinienne, Abdel Fattah Al-Sissi, en campagne pour sa réélection (la présidentielle est prévue du 10 au 12 décembre), espère en tirer un profit politique. En Egypte, tout d’abord, où sa popularité est en chute libre parmi une population excédée par la crise économique, mais aussi sur la scène internationale, alors que, depuis le 7 octobre, Le Caire est le théâtre d’un ballet diplomatique sans précédent ces dernières années. Samedi 21 octobre, la capitale doit accueillir un sommet sur l’avenir de la cause palestinienne auquel assisteront plus d’une dizaine de dirigeants. Une vitrine pour le président Sissi, qui entend s’imposer comme un acteur clé dans la résolution du conflit.

    #Covid-19#migrant#migration#gaza#israel#egypte#jordanie#guerre#frontiere#exil#nakba#pauvrete#violence#sinaï

  • Quatre ans après : retour sur notre expérience • La Cantine Syrienne
    https://cantinesyrienne.fr/ressources/culture-et-recettes/quatre-ans-de-cantine-syrienne-retour-sur-nos-tentatives

    La Cantine Syrienne est née il y a maintenant plus que quatre ans à partir de la rencontre entre exilé.e.s syrien.ne.s et militant.e.s montreuillois.e.s : lors de l’occupation des exilé.e.s à Paris 8 en 2018, d’autres mobilisations étudiantes en 2019 mais aussi ca le mouvement des Gilets Jaunes. De là, nous avons été quelques-un.e.s à décider de nous réunir pour réfléchir et puis bâtir ensemble ce qui deviendrait la Cantine Syrienne de Montreuil.

    Dans un moment de transition au sein de notre collectif, plutôt que de recommencer immédiatement une nouvelle phase de travail, nous avons décidé de prendre le temps de revenir sur les objectifs initiaux du projet afin de faire le bilan de ce qui a été atteint, de ce qui ne l’a pas été et des imprévus positifs comme négatifs qui sont survenus. Ce retour critique sur ces quatre années s’est déroulé sur environ six mois. Après réflexion, nous avons décidé de rendre public ce bilan ; dans un désir de transparence pour notre communauté mais aussi dans le souhait de partager les enseignements que nous avons pu tirer. 

    Nos intentions et nos débuts

    L’idée d’une cantine populaire inspirée par l’expérience de la Cantine des Pyrénées (ouverture sur le quartier, prix libre, soutien et participation aux luttes, etc.) nous est venue en cherchant un espace commun pouvant rassembler syrien.ne.s en exil, militant.e.s de différents nationalités et habitant.e.s de Montreuil. Notre objectif était alors de trouver des modalités concrètes pour faire vivre à Montreuil l’esprit populaire et auto-organisé de la révolution syrienne. Chacun avait la volonté de sortir de son propre entre-soi et d’ancrer son engagement politique dans une pratique sociale. De plus, en Syrie et comme partout dans le monde, la nourriture rassemble. Faire une cantine était aussi une manière de se libérer d’une compréhension de la politique centrée sur les slogans et les grands mots pour aller vers quelque chose de plus incarné dans la vie pratique et quotidienne.

    .... Faire écho depuis l’exil au mouvement populaire et auto-organisé qui constitue, selon nous, l’élément central du processus révolutionnaire en Syrie est toujours vital. Les récentes mobilisations, notamment dans la ville de Sweida, en sont la preuve. En suivant de près le parcours de la révolution syrienne, nous avons compris que nous ne pouvons pas réduire la révolution au fait de faire tomber Bachar. En osant dire non à un régime d’essence génocidaire, la révolution a eu des implications profondes sur l’ensemble de la société par le biais du refus de tout type de tyrannie.

    #exil #Cantine_Syrienne #syriens_en_exil #cantine #Montreuil #internationalisme #vie_quotidienne #pratique_sociale #travail_politique #auto-organisation (comme problème)

  • mayday : Naufrage de migrants dans la Manche en 2021 : comment la marine nationale a tenté d’interférer dans l’enquête judiciaire


    Le bâtiment du Cross de Gris-Nez (Pas-de-Calais), face aux côtes anglaises, le 3 avril 2022. JOHAN BEN AZZOUZ / PHOTOPQR / VOIX DU NORD / MAXPPP

    Des écoutes téléphoniques montrent que le ministère des armées a soutenu en coulisses les militaires mis en cause par la justice après la mort d’au moins vingt-sept personnes en novembre 2021. Une enquête est ouverte pour violation du secret de l’instruction.
    Par Abdelhak El Idrissi et Julia Pascual

    « Sincèrement les deux mecs… heu… j’aurais préféré qu’ils soient morts. » Ce 31 mai 2023, Marc Bonnafous se confie à un proche. Voilà un an et demi qu’une enquête a été ouverte sur le naufrage d’un bateau de migrants dans la Manche, en novembre 2021. Même s’il n’est plus directeur du centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) de Gris-Nez (Pas-de-Calais) depuis plusieurs mois déjà, Marc Bonnafous s’inquiète des développements de cette affaire qui menace les services de secours en mer.
    Une semaine auparavant, neuf de ses anciens subordonnés ont été placés en garde à vue par des gendarmes pour des soupçons de non-assistance à personne en danger. Dans les jours qui avaient suivi ce drame ayant coûté la vie à au moins vingt-sept personnes, les deux survivants qu’évoque Marc Bonnafous avaient notamment expliqué dans la presse avoir appelé les secours français et anglais à de nombreuses reprises pour prévenir que leur bateau était en train de couler. En vain. « Quand j’ai vu que les deux naufragés avaient commencé à dire à la police qu’il y avait eu des soucis sur l’opération[de secours] j’ai dit : “houla, ça pue” », raconte-t-il au téléphone. Il ne se doute pas qu’il est alors écouté par les enquêteurs.
    Au total, une dizaine de personnes, travaillant au Cross ou sur le patrouilleur de service public Flamant, en mer la nuit du naufrage, ont fait l’objet d’interceptions téléphoniques. Le contenu des enregistrements, dont Le Monde a pris connaissance, montre à quel point l’affaire embarrasse la hiérarchie militaire et révèle les manœuvres de la marine nationale pour suivre de près les évolutions de l’enquête afin de préparer les mis en cause, quitte à s’affranchir du secret de l’enquête.

    [...]

    Le 11 mai 2023, les personnels du Flamant ne savent pas encore qu’ils vont être convoqués à la fin du mois par les enquêteurs de la section de recherches de la gendarmerie maritime de Cherbourg (Manche). La marine nationale, elle, est déjà au courant. Et décide d’aviser ses troupes. Le rôle de messager est assuré par un très haut gradé, le vice-amiral d’escadre François-Xavier Blin, alors inspecteur de la marine nationale. « Il va y avoir huit personnes de votre équipage(…) qui vont être convoquées (…). Bon normalement la date n’est pas censée être connue », confie, prudent, le vice-amiral d’escadre Blin à Audrey M., la commandante du patrouilleur Flamant. Il détient cette information depuis la veille grâce, assure-t-il, au commandant Marc Woodcock, à l’époque numéro deux de la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord.

    [...] Toujours dans l’idée de se préparer aux auditions, François-Xavier Blin propose à Audrey M. de s’entretenir au téléphone, le 12 mai, avec Thomas Bride, un magistrat détaché auprès du ministère des armées où il dirige la division des affaires pénales militaires. Un fait « très rare », souligne le vice-amiral, de sorte que ce magistrat « aimerait qu’il n’y ait pas de publicité » sur l’échange car « il ne veut pas que quelqu’un puisse dire qu’il y a eu collusion (…), vous voyez ? Il est juge, quand même. »
    Interrogé sur son intervention, le magistrat Thomas Bride réfute catégoriquement toute transmission « d’éléments issus d’une procédure pénale ​​à qui que ce soit ». Il explique au Monde sa proposition d’un entretien à Audrey M., par la nécessité d’apporter aux militaires des explications sur le fonctionnement de la procédure pénale. « Aucun autre message que celui d’être le plus exhaustif possible, complet et sincère n’est porté dans ce type d’entretien », ajoute-t-il. C’est pourtant son service qui a reçu des éléments de l’enquête transmis par le parquet de Paris, comme le prévoit le code de procédure pénale, afin d’obtenir un avis consultatif du ministère des armées sur l’opportunité d’élargir l’enquête à des faits de non-assistance à personne en danger.

    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/10/11/naufrage-de-migrants-dans-la-manche-en-2021-comment-la-marine-nationale-a-te
    https://justpaste.it/ba264

    #exilés #migrants #Manche #naufrage #naufragés #CROSS #secours_en_mer #non-assistance_à_personne_en_danger #violation_du_secret_de_l’instruction