• #radiation #chomage #formation #exploitation
    Sur un compte fermé de l’oiseau bleu, donc, je mets pas le lien.

    un des motifs de radiation actuels est : projet de formation depuis plus de 6 mois sans trouver.
    LA FILSDEPUTERIE EST TOTALE
    ils te forcent à envisager une formation
    si tu trouves pas de taf c’est qu’il doit te manquer des trucs
    et après DEMERDE TOI

    le problème c’est que chéri la formation CA SE PAIE !
    ya pas de CPF pour un chômeur, soit il reste 100 balles dessus d’y’a dix ans soit ya rien parce que comme moi à la DEMATERIALISATION du truc les droits ont été perdus.

    déjà on nous a pas prévenus qu’il y avait un truc à faire, ensuite même ceux qui savaient c’était pas toujours possible de récupérer le cpf par exemple moi mon dernier employeur il a COULE. keskejypeu ? il existe plus le mec jpeux pas lui demander un papelard.

    la case « 0 droit cpf » existe PAS
    les PE cochent donc la case « REFUSE DE MOBILISER CPF »
    ha mais !
    c’est pareil ? cocher que JE REFUSE alors que j’ai RIEN c’est kifkif ?

    et attends parce que du coup une fois que t’es RABATTU sur la formation « gratuite »
    t’es pas tiré des ronces du tout.
    ya QUE les REGIONS qui paient cette « gratuité ». pas à tout le monde, en places limitées, et ya un CATALOGUE de formations.

    attention ça n’ouvre pas droit à rémunération AUTOMATIQUE du tout. et c’est pas parce que ta région a un catalogue de formation quelles sont accessibles/près de chez toi. NON PLUS. et on fait pas pousser des bus. ni des trains. et on n’indemnise PAS les déplacements.

    alors comme tu vois moi j’ai attendu qu’ils sortent une offre distancielle. ça a été le cas en 2020 seulement. et ça ne concerne pas bcp de choses. ce n’est PAS accessible à quelqu’un qui n’a pas au moins un niveau 5 ou 5 d’entrée. et on ne t’équipe PAS en informatique non plus.

    du coup ce qui se passe pour les gens qu’on force à faire un projet de formation alors que y’a PAS, c’est LOI, faut le bac qu’ils ont pas, c’est cher, ils ont pas de cpf....
    c’est
    l’action de FORMATION préalable au RECRUTEMENT
    AFPR pour les intimes.

    c’est là que c’est super vicieux. imaginons t’as dit OUI à une FORMATION dans un SECTEUR EN TENSION t’es brave tu veux bosser et si ya de la demande et que tu sais pas faire tu veux bien apprendre bien sûr.
    bah il et pas question de te foutre en école hôtelière chéri.
    nope.

    nan ta « formation » ce sera jusqu’à DEUX MOIS à bosser GRATYUITEMENT pour « apprendre ».
    en poste.
    temps plein.
    sans une thune. c’est de la formation officiellement donc PE maintiendra ton indemnisation (ass/are résiduelle) ET CEST TOUT.

    et c’est ça qui devient le motif de radiation pour projet de formation SANS CONCRETISATION plus de 6 mois.
    « formation » ?
    il faut que tu ailles à tes frais avec la bagnole que t’as pas bosser gratuitement pendant jusqu’à 2 mois pour « être formé ».
    si tu le fais pas t’es EN TORT.

    tu piges ?
    ça marche pour tous les secteurs « en tension » ils ont tous droit de recourir à l’AFPR et toi t’es obligé d’accepter si t’es dans la liste de pas schindler du tout avec un beau paragraphe formation recommandée dans ton ppae.

    sur les « secteurs en tension » santé, hôtellerie restauration, transport, ça donne que tu peux devoir aller trimer gratuit en tant que :
    agent hospitalier, faisant fonction d’aide soignant, femme de chambre, serveur, aide cuisinier, livreur, chauffeur de minibus (permis b)...

    tu comprends le piège ayé ?
    voilà. alors ça c’est la version chômeur qui n’a PAS d’expé ni de qualif dans ces secteurs. celui qui a un jour été serveur en 1997 se voir gratifié de seulement UN mois gratuit pour S’Y REMETTRE. et on va le juger encore plus employable que l’autre.

    il y a eu et il y a encore de nombreux abus des PATRONS des AFPR.
    ha bin c’est facile : tu t’engages à utiliser le chômeurs « formé » pendant deux mois gratuit au moins 6 mois ensuite. ET PUIS FINALEMENT au jour 60 : houlala il est trop nul je le garde pas donnez m’en UN AUTRE.

    c’est pas d’hier
    exemple devenu légendaire de l’abus en question
    https://www.lexpress.fr/economie/emploi/leclerc-abuserait-des-financements-de-pole-emploi-pour-ouvrir-des-magasins_
    Leclerc qui profiterait de Pôle emploi : une enquête ouverte pour escroquerie
    D’après Le Monde, plusieurs franchises du groupe recruteraient des chômeurs pour travailler à l’ouverture d’enseignes, le temps d’une formation payée par Pôle emploi. La moitié d’entre eux seraient...

    alors bien sûr si un mastodonte comme leclerc peut abuser peinard tu te doutes que ça veut dire qu’on a des PME des tréfonds qui s’éclatent
    https://www.ladepeche.fr/article/2012/02/15/1285084-villeneuve-sur-lot-elle-se-bat-pour-faire-reconnaitre-ses-droits.h
    Villeneuve-sur-Lot. Elle se bat pour faire reconnaître ses droits
    Suite à son refus de signer un CDD et après avoir débuté sous un contrat AFPR, cette demandeuse d’emploi voit son dossier d’indemnisation bloqué. Difficile de trouver un emploi en temps de crise. Et...

    attention va aps croire que c’est réservé aux sous qualifiés
    voici un jugement concernant : un INGENIEUR, poste à 45k
    https://www.doctrine.fr/d/CA/Aix-en-Provence/2017/CB320D3885656048FA388
    Cour d’appel d’Aix-en-Provence, 9e chambre b, 3 mars 2017, n° 14/15991 | Doctrine
    COUR D’APPEL D’AIX EN PROVENCE 9e Chambre B ARRÊT AU FOND DU 03 MARS 2017 N°2017/ Rôle N° 14/15991 Z X C/ SA KN SYSTEMES Grosse délivrée le : à : Me Yann ARNOUX-POLLAK, avocat au barreau de MARSEILLE...

    ces « subtilités » que tu ignores sont la raison pour laquelle je me marre et te traite de CON car tu l’es quand tu me parles de travail gratuit des RSAstes.
    tu es loin du compte mon con.

  • La préservation du poivre sauvage tsiperifery, un défi pour Madagascar
    https://www.rfi.fr/fr/afrique/20221226-la-pr%C3%A9servation-du-poivre-sauvage-tsiperifery-un-d%C3%A9fi-pour-ma


    Toujours la même histoire…
    #pillage #ressources #profit #exploitation

    Les cueilleurs, premiers acteurs de la filière, sont mal rémunérés par rapport au prix final de vente parce qu’il y a beaucoup d’intermédiaires jusqu’à l’exportation. Ils vendent leur poivre aux alentours de 3 000 ariary le kilo, soit moins d’un euro. Ils ne peuvent pas conserver le poivre frais une fois cueilli. Donc il faut le vendre à n’importe quel prix. Ils sont mal rémunérés mais cela constitue quand même une source d’argent, surtout que la période de fructification du poivrier sauvage coïncide avec les périodes de soudure en milieu rural. Dans nos projets, nous avons donné des formations et des équipements aux populations pour leur permettre de sécher le poivre à leur niveau et donc de le conserver plus longtemps et d’améliorer leur pouvoir de négociation.

  • Die Sklavin
    https://www.berliner-zeitung.de/kultur-vergnuegen/die-sklavin-li.300678

    25.22.2022 von Hanna Lakomy - Eigentlich wollte ich dieses Jahr keine Kolumne mehr schreiben. Eigentlich wollte ich den Kopf abschalten, aussteigen aus der Tretmühle des Denkens. Mein Projekt, als fille publique zur öffentlichen Intellektuellen zu werden, auf winterliches Eis legen. Champagnerkühler-Eis. Nur noch Escort sein den Rest des Jahres. Ich habe dieses Jahr genug gesagt. Ich will bloß nicht zu viel sagen und mich ständig zu allem äußern, sonst komme ich noch auf den fatalen Gedanken, relevant zu sein. Oder, noch schlimmer, ich werde relevant. Denn dieser Kelch ist bisher an mir vorübergegangen.

    In der Ruhe meiner beständigen Verworfenheit war ich zu einem Escort-Date für eine Nacht in den Sperrbezirk München gereist, und alles war ganz und gar wundervoll. Am Morgen danach hatte ich Zeit, mein Zug ging erst gegen vier, und so entschied ich mich, die freien Stunden im luxuriösen Wellnessbereich dieses 5-Sterne-Palastes zu verbringen, der, wie alle 5-Sterne-Hotels, mehr als mein heimischer Schreibtisch, mein Arbeitsplatz ist. Sperrbezirk hin oder her.

    Denn für die anderen, die auch arbeiten in so einem Palast, sehe ich aus wie ein ganz normaler Hotelgast, eine Geschäftsreisende (Oh, durchaus!), die Gattin eines reichen Geschäftsreisenden oder viel mehr die heimliche Geliebte eines solchen – denn wie eine dieser blonden, großen Trophy Wives sehe ich nicht aus. Das sollte ein geübter Concierge erkennen. Ich sehe auch nicht aus, wie man sich landläufig ein High Class Escort vorstellt (außer man nimmt gerade die bekannteste Prostituierte Deutschlands als Vorbild). Kein noch so geübter Blick eines Concierge könnte das erkennen. Nur ich erkenne immer die anderen Escorts. Wir erkennen unseresgleichen. Aber wir verraten uns nicht.

    Dass ich kein Gast bin, sondern auf der anderen Seite stehe, bei den Service-Dienstleistern hier, vergesse ich nie. Meine Solidarität gilt dem Personal. In keinem Hotel, keinem Restaurant kann ich das vergessen. Ich sehe mit Befremden, wenn die Gäste das Personal behandeln wie ihre persönlichen Diener, wie ihr Eigentum. Auf der Toilette meines Lieblingsrestaurants Nobelhart & Schmutzig hängt eine Kaligrafie mit der Warnung: A man who is nice to you, but not nice to the waiter, is not a nice man. Weise Worte.

    Dasselbe gilt natürlich auch für weibliche Gäste. Als ich an der Spa-Rezeption stand, um mir einen Schrankschlüssel im Umkleideraum geben zu lassen, gewahrte ich zwei distinguierte Münchenerinnen – Gattinnen, ohne Zweifel, um diese vormittägliche Stunde – die ihrem Ärger Luft machten, dass die Spa-Rezeption nicht besetzt sei. Personalmangel, nicht selten seit der Pandemie!, mischte ich mich ein (und ahmte ihren Dialekt nach, um mich zu tarnen). Mag sein, nörgelte die eine, aber trotzdem darf so etwas nicht passieren. Nicht an so einem Ort!

    An so einem Ort, ja, da haben die Menschen ihre Ansprüche. Und ich genoss diesen Ort der Anspruchsvollen, der aller Anspruchsvollsten, für die das Beste gerade gut genug ist. Ich warf den üppigen, flauschigen Bademantel auf eine der mit edlem Leinen gepolsterten Poolliegen, spazierte über Marmorboden und tauchte in das unverschämt warme Wasser, das dem eisigen Wintertag draußen keine Zugeständnisse machte. Ich badete meinen Luxuskörper, auch dies so ein Ding für die Anspruchsvollen, die aller Anspruchsvollsten, diesen mit Champagner begossenen Teufelsbraten von einem Körper, und wusch meine Sünden im Chlorwasser – nicht ab.

    Der Junge

    Da im Wasser schwamm etwas – es war Kinderspielzeug. Suchend sah ich mich nach dem dazugehörigen Kind um. Es ließ nicht lange auf sich warten. Dort, von den Duschen, kam tänzelnd und laut juchzend ein Junge, an der Hand einer Frau. Er war vielleicht acht Jahre alt, vielleicht auch älter. Es war schwer zu sagen. Sein Betragen passte eher zu dem eines Kleinkindes. Er quietsche laut vor Vergnügen.

    Die Frau – seine Nanny – erblickte mich, und nahm dankbar das Spielzeug entgegen. Dankbar umso mehr, als ich es ihr hochreichte, sodass sie sich nicht zum Boden bücken musste. Die Nanny, unzweifelhaft, denn sie sah anders aus als er. Sie war Asiatin, der Junge hingegen sah arabisch aus. Sie sprach englisch mit ihm. Er plapperte in einem kehligen Kauderwelsch, das nur sie verstand.

    Wir befinden uns am Pool eines Luxushotels. Eins der teuersten Hotels Deutschlands. Und weil dieses Land so ein wichtiges Land ist, wo mächtige Menschen wichtige Angelegenheiten zu erledigen haben, muss es solche Hotels geben, um ihnen ein standesgemäßes Obdach zu bieten. Und ihrer Entourage.

    Die Nanny wusste genau, was der Junge wollte. Sie spielte mit ihm, tat alles, um ihn zu zerstreuen. Freilich musste sie dabei ein Gleichgewicht finden, um den Jungen nicht zu sehr in Begeisterung zu versetzen, denn er äußerte sie lautstark. Wenn er zu sehr schrie, spritzte, in die Hände klatschte, nahm sie ihn beiseite, legte den Finger auf die Lippen und sah sich besorgt um. Zumindest beschwerte sich niemand. Die anderen Poolgäste – die zwei Münchener Damen und dann noch eine vollbusige, etwas ordinäre Schönheit, die auf einer Liege döste, sowie eine Mutter mit ihrer halbwüchsigen Tochter – hatten es längst bemerkt: Der Junge war offensichtlich geistig behindert. Ein Unglück, vor dem kein Reichtum dieser Welt bewahrt. Aber zumindest abschieben kann man es ja, an die Nanny.

    Ich fühlte mit ihr, wenn der Junge wieder einen seiner Schrei-Anfälle hatte. Wenn er ihr entwischte, um das Becken herum rannte. Fast hätte er eben eines der schweren Poolhandtücher von einer Liege gezerrt, um es ins Wasser zu versenken. Eigentlich egal – hier bekam jeder so viele frische Handtücher, wie er nur wollte. Die Nanny erhob nie die Stimme, nie war sie streng zu dem Jungen. Sie flehte ihn an, bat ihn. Bettelte, er möge nicht die anderen Leute hier stören, diese feinen Leute, die Anspruch hatten auf die von softem Entspannungssounddesign angetönte Stille eines Wellnessbereichs, in den sie, die Nanny, ich merkte es deutlich, nicht hingehörte.

    Alles an ihr drückte dieses Gefühl der Unzugehörigkeit aus. Ihre geduckte Haltung, ihr devoter Blick. Die Tatsache, dass sie nicht mit dem Jungen gemeinsam ins Wasser ging, sondern stattdessen am Rand stehen blieb. Sie trug auch gar keine Badekleidung, sondern ein verwaschenes T-Shirt, eine Leggins und abgetretene Badelatschen. Ziemlich billige Sachen dem Anschein nach.

    Kinder in Luxushotels erwecken bei mir stets eine seltsame Beklemmung. Auch wenn es keine behinderten Kinder sind, sondern verständige kleine Menschen. Ich sehe sie beim Frühstück, wenn sie brav mit ihren Tellern zum Buffet gehen, ohne zu rennen. Ohne sich die Teller zu voll zu laden. Ich sehe sie in ihren Kleidchen und Schuhen, die ohne Zweifel viel zu teuer sind, als dass ein Normalsterblicher sie erstehen würde für ein paar Dutzend Monate, für herauswachsende Kinderkörper. Und diese Kinder, sie wissen doch gar nicht, was sie da tragen dürfen. Wo sie sein dürfen.

    Sie wachsen auf in einer Normalität, die sie für immer von den meisten Menschen auf dieser Welt und in ihren Vaterländern trennt. Es ist die Unschuld dieser Kinder in dieser Welt der Bösen und Reichen. Dieses Du-sollst-nicht-Merken der Erwachsenen, die alles dafür tun, dass auch diese Kinder so reich und böse werden wie sie, Gewinner unserer ungerechten Gesellschaft. Weil sie ihre Kinder lieben. Ihre Kinder aus Liebe zur Bosheit erziehen oder zumindest zur Blindheit. Diese parfümierte, samtbrokatene, giftige Allgegenwart ihrer Klasse, die ihnen wortlos beibringt, dass sie mehr wert sind als diese Hotelangestellten, die sie bedienen. Die ihnen Pancakes servieren, und die Kinder, gelehrige Wesen, sehen dem Personal nicht in die Augen.

    Aber dafür sehen diese Kinder manchmal mich an, fangen meine aufmunternden Blicke auf – ohne zu begreifen, was ich bin. Wenn ihre Mütter es wüssten, sie würden ihre verwöhnten Bälger wegreißen, sie noch bestrafen dafür, dass es mich gibt in ihrer Welt. Der Junge am Pool hat also das erste Mal im Leben Bekanntschaft mit einer Hure gemacht, weil sie ihm sein Badespielzeug reichte. Er wird es niemals wissen. Er wird, wahrscheinlich, Huren verachten lernen. Und später vielleicht welche bezahlen. Falls er bezahlt.

    Cecile

    Die Nanny hatte schon mehrmals Blicke mit mir gewechselt. Sie hatte dankbar mein ermutigendes Lächeln erwidert, und wenn der Junge erneut laut gewesen war, hatte ich, ich allein von allen Gästen hier, eine beschwichtigende Geste gemacht, alles gut, nicht so schlimm! Ich hatte nicht anders gekonnt. Was die anderen Gäste betraf, die Distanz wahrten, sie diskret ignorierten: Ich mache ihnen keine Vorwürfe. Sie sahen nicht, was ich sah. Ahnten nicht, was ich ahnte. Sie warteten nur stumm darauf, dass dieses subalterne Subjekt mit dem Jungen den Poolbereich wieder verließ.

    Ich hingegen musste unbedingt mit ihr sprechen, bevor das geschah. Und es war schon so weit, aber etwas hielt sie zurück, und zwar das auf den Grund des Pools gesunkene nämliche Spielzeug, das sie nicht erreichen konnte in ihrer Kleidung, und der Junge verstand sich nicht darauf, danach zu tauchen. Schließlich fasste sie sich ein Herz und bat mich, mit einer stummen Geste, um Hilfe. Ich angelte es mit den Zehen und reichte es ihr. Dann stieg ich aus dem Wasser, warf mir den Bademantel über und kauerte mich neben sie an den Beckenrand.

    You are doing a very good job, begann ich. Sie sah mich scheu an. I am only taking care of this boy. It’s not mine … Sie kam von den Philippinen. Die Eltern des Jungen aber kamen aus Qatar. Ich fragte – ich wagte es tatsächlich zu fragen: I hope they pay you well enough for the hard job you are doin’? Sie starrte auf den Boden. I can not say, sagte sie – und sagte schon genug für mich. I just wish I could work somewhere else.

    Und zum ersten Mal war ich dankbar dafür, dass man mich in jeder Talkshow damit konfrontiert hat, was ich dazu sage, dass es auch Zwangsprostitution beziehungsweise Menschenhandel gibt, Menschenhandel, moderne Sklaverei.

    Diplomats, erriet ich. Sie nickte. Ich starrte jetzt ebenfalls auf den Boden. Auf ihre Schuhe. Wahrscheinlich waren diese schäbigen Kunststofflatschen noch dieselben, die sie getragen hatte am Flughafen von Manila.

    Frau Lakomy, was sagen Sie denn zu den Opfern von Menschenhandel, was sagen Sie denen?

    Ich fragte sie nach ihrem Namen. Cecile. Ich sah Cecile in die Augen und erklärte ihr fast streng, dass ich ihr etwas geben wolle. Eine Adresse, eine Website. Ob sie ein eigenes Handy hätte. Sie hatte eines – wenn auch sicher nur zu dem Zweck, dass der Vater des Jungen, der Diplomat aus Qatar, sie jederzeit erreichen konnte. Der Besitzer dieser Sklavin.

    Die Adresse, die ich ihr gab, war die von Ban Ying e.V., deren Website in zahlreichen Sprachen übersetzt ist, auch in Filipino. Googeln Sie sie, liebe Leser dieser Kolumne, und wenn Sie Ihr weihnachtlich weiches Herz dazu drängt, dann spenden Sie doch bitte etwas an diese kleine Berliner Organisation für Opfer von Menschenhandel, die spezialisiert ist auf Hausangestellte von Diplomaten. Die mutig den Kampf aufgenommen hat gegen die mächtigsten Menschen auf der Welt, die glauben, sie dürften alles.

    Cecile verstand sofort. Sie machte Screenshots von der Website, die sie einer Freundin schicken wollte. Um die Domain wiederzufinden, falls sie das Browserfenster schließen und die Fotos wieder löschen musste. Sie war schlau und umsichtig. Sie hatte nur nicht gewusst, dass es so etwas gibt. Hilfe für sie. Und dass es Menschen gibt, die Menschen wie ihr helfen wollen. Und da, zwischen den Poolliegen, unbemerkt von den anderen Gästen, und vor den blöden Augen des Jungen, brach sie in Schluchzen aus.

    Ich umarmte sie. Vorsichtig, dachte ich. Vielleicht hat sie blaue Flecke. Und dann trennten wir uns hastig, die Hure und die Sklavin, und jede ging ihrer Wege unter demselben Dach des Luxushotels, das an diesem Tag unser Arbeitsplatz war. Aber ich habe sie gesehen. Und sie weiß es.

    –------------

    Ban Ying e.V. ist eine Koordinations- und Beratungsstelle gegen Menschenhandel. Als eines der ältesten Berliner Frauenprojekte in diesem Bereich setzt sich der Verein für die Rechte von Migrantinnen mit Gewalterfahrungen, gegen Ausbeutung und Menschenhandel ein. Spenden können Sie an:

    Ban Ying e.V.
    Postbank Berlin
    IBAN: DE22 1001 0010 0507 1791 09
    BIC: PBNKDEFF

    #prostitution #exploitation #esclavage #nantis #élites

  • Pour comprendre ce qui se passe, les articles de la Lutte de classe (#LO) qu’il fallait lire en 2022 :

    https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2021/12/12/le-capitalisme-en-crise-et-linterventionnisme-de-letat_19128
    Le capitalisme en crise et l’interventionnisme de l’État (janvier 2022) | Autoritarisme croissant de l’État, condition inévitable pour ses interventions dans le sauvetage de l’économie capitaliste

    L’#économie_capitaliste se sortira sans doute de la phase actuelle de sa crise. Comme elle s’est sortie des phases précédentes, notamment celle qui a failli faire exploser tout le système bancaire en 2008. Elle a une grande capacité d’adaptation. Mais, à la lumière de ce demi-siècle qui nous sépare du début de ce que nombre d’économistes de la bourgeoisie ont appelé la «  #crise_séculaire  », les soubresauts de plus en plus fréquents de l’économie (crises du pétrole, monétaire, de l’euro, du système bancaire, de l’immobilier  ; crises spécifiques dans telle ou telle région du monde…) sont la démonstration éclatante de l’incapacité du #capitalisme de continuer à administrer les forces productives qui le font craquer de toutes parts.

    https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2022/01/23/chine-etats-unis-une-concurrence-feroce-mais-inegale_196804.
    Chine-États-Unis : une concurrence féroce mais inégale (9 janvier 2022)

    Où en sont les relations entre les capitalistes chinois et leurs concurrents occidentaux ? La #Chine est-elle devenue un pays impérialiste qui menacerait l’hégémonie américaine ? Après la #guerre_commerciale, une véritable guerre est-elle à l’ordre du jour entre ces deux pays ?

    https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2022/02/20/linflation-une-forme-de-la-guerre-de-classe_213408.html
    L’inflation, une forme de la guerre de classe (15 février 2022)

    L’#inflation est une manifestation de la lutte entre les capitalistes pour se répartir la plus-value et, au bout du compte, puisqu’à la fin ce sont les classes populaires qui paient, de la lutte_des_classes entre les travailleurs et les capitalistes.

    #lutte_de_classe

    https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2022/02/20/meeting-du-12-fevrier-2022-intervention-de-jean-pierre-merci
    C’est une véritable guerre que nous mènent les capitalistes (Jean-Pierre_Mercier, 12 février 2022)

    La survie d’un capitaliste sur le marché international dépend de sa capacité à crever ses ouvriers au travail. C’est comme ça. Ce n’est pas nouveau, cela existe depuis le début du capitalisme, et c’est précisément pour cela que des générations de militants ouvriers communistes se sont battus, et que nous nous battons encore, contre un système qui ne peut être ni amélioré, ni humanisé, ni réformé, mais qui ne cessera de nuire que lorsqu’il aura été abattu, parce que l’aggravation permanente de l’exploitation fait partie de l’ADN du capitalisme  ; parce que le capitalisme, comme l’écrivait #Marx, est né en «  suant le sang et la boue par tous les pores de sa peau  » et que, tant qu’il régnera sur le monde, il en sera toujours ainsi.

    #communisme

    https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2022/02/20/meeting-du-12-fevrier-2022-intervention-de-nathalie-arthaud_
    Pas un programme électoral, mais un programme de lutte
    Il faut changer la société et cela changerait l’homme
    La question climatique et l’organisation communiste de la société #climat #réchauffement_climatique

    Dans une société débarrassée de l’#exploitation, des classes sociales et de toute cette hiérarchie qui condamne l’écrasante majorité à la soumission, le travail n’aurait plus rien à voir avec ce qu’il est aujourd’hui.

    Plus personne ne serait assigné à vie aux travaux ingrats et monotones. Ils deviendraient des tâches assumées collectivement. Toutes et tous pourraient participer aux choix économiques et sociaux, ainsi qu’à leur mise en œuvre, et selon leurs goûts, leurs curiosités, leurs compétences, ils pourraient étudier et apprendre tout au long de leur vie.

    Les préjugés racistes, xénophobes, nationalistes, comme les comportements individualistes, sexistes, misogynes, reculeraient, parce qu’ils ne seraient plus alimentés par les rapports de domination et d’oppression qui vont de pair avec l’exploitation. #racisme #homophobie #droits_des_femmes #féminisme #sexisme #individualisme #oppression #violence

    Les comportements individuels, souvent violents, qui naissent des frustrations, des humiliations, pourraient disparaître.

    Et on ne se définira plus par le pays dans lequel on est né, mais on aura conscience de faire partie d’une même humanité.

    https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2022/03/26/financiarisation-de-la-sante-le-cas-des-hopitaux_244640.html
    Financiarisation de la santé  : le cas des hôpitaux (23 mars 2022)
    – 40 % privé, 60 % public, ou 100 % semi-public  ? #service_hospitalier #hôpital
    – Une #privatisation accélérée
    – Contrôle de la #dette_publique et contrôle à l’acte en avant-première
    – 2003-2013  : la tarification à l’acte (T2A) et l’explosion des emprunts aux banques
    – Le grand marché du secteur privé
    – L’État aux commandes et au service du grand capital
    – La #Caisse_des_dépôts_et_consignations  : une vénérable institution financière

    Guerre en Ukraine :
    https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2022/03/26/la-societe-russe-et-la-guerre-fratricide-de-poutine_244638.h
    La société russe et la guerre fratricide de #Poutine
    https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2022/05/02/ukraine-une-guerre-russo-americaine-et-un-tournant_301279.ht
    Ukraine  : une guerre russo-américaine | Maintenir une perspective révolutionnaire et internationaliste
    https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2022/09/11/la-guerre-en-ukraine-accelere-la-militarisation_404295.html
    La guerre en #Ukraine accélère la #militarisation
    https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2022/12/10/crise-guerres-et-changements-des-rapports-de-force_450519.ht
    Crise, guerres et changements des rapports de force
    https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2022/06/26/les-revolutionnaires-face-la-guerre-en-ukraine_367113.html
    Les révolutionnaires face à la guerre en Ukraine #impérialisme

    - La bureaucratie russe confrontée aux rivalités impérialistes
    – Le #droit_des_peuples_à_l’autodétermination cache-sexe d’une politique d’alignement derrière la bourgeoisie
    – L’attitude des révolutionnaires face à la #guerre_impérialiste

    https://mensuel.lutte-ouvriere.org//2022/09/11/letat-chinois-et-la-resurgence-de-la-bourgeoisie-1978-2022_4
    L’État chinois et la résurgence de la bourgeoisie (1978-2022)

    L’État chinois est un État bourgeois qui a réussi à développer une économie et une bourgeoisie chinoises dans un environnement impérialiste. Une telle réussite ne se comprend que parce que l’État s’est mis au service de l’impérialisme, en lui offrant une partie de son marché et de ses travailleurs, et parce que l’État a lui-même dirigé l’économie à une époque où le capitalisme occidental était, et demeure, embourbé dans une crise sans fin et où les bas salaires chinois étaient une opportunité. Les tensions permanentes mais grandissantes entre la Chine et les États-Unis sont là pour rappeler les limites de ce que tolère l’impérialisme dans l’émergence d’une puissance concurrente.

  • Dans la campagne bretonne, 17 travailleurs #sans-papiers réduits en #esclavage

    https://www.streetpress.com/sujet/1671124203-bretagne-17-travailleurs-sans-papiers-reduits-esclavage-just

    Trois personnes et une entreprise sont condamnées pour avoir exploité et hébergé dans des logements indignes 17 #travailleurs sans-papiers dans le #Finistère. En charge de l’enquête, la #police_aux_frontières (Paf) a voulu enterrer l’affaire.

    #exploitation #exploitation_agricole

  • Les migrants forment la 3e économie mondiale. Et s’ils habitaient un pays, ce serait le 4e plus peuplé. (Les Échos)

    Ensemble, les #migrants formeraient aujourd’hui la 3e économie mondiale en générant environ 9.000 milliards de dollars de #production économique chaque année. C’est l’un des faits notables mis en lumière par le BCG Henderson Institute, le centre de réflexion du Boston Consulting Group, dans un rapport publié en collaboration avec les Nations unies.
    Ce chiffre, en outre, est sousestimé. Tous les impacts économiques des migrants en tant que consommateurs, entrepreneurs et innovateurs ne sont pas pris en compte. En plus, à l’avenir, il va probablement encore augmenter pour doubler et atteindre environ 20.000 milliards de dollars d’ici à 2050.

    Outre l’automatisation, la délocalisation et l’augmentation de la participation au marché du travail, les migrations seront essentielles pour remédier à la #pénurie de #main-d'oeuvre dans les sociétés vieillissantes.

    C’est la presse patronale qui le dit.
    #exploitation

  • Non à la grande régression ! #éditoLO du 12 décembre 2022
    https://www.lutte-ouvriere.org/editoriaux/non-la-grande-regression-451487.html

    La #guerre_en_Ukraine menace, à tout moment, de dégénérer en conflit plus large. L’envolée des prix, ahurissante pour l’énergie, force certaines entreprises à s’arrêter (#inflation). Le pays risque d’être plongé dans le noir et, pour l’éviter, le gouvernement prépare des coupures d’électricité. Et quelle est la préoccupation de Macron ? Reculer l’âge de départ à la retraite ! (#réforme_des_retraites)

    Dans la pire des situations, même dépassés par les évènements, ceux qui nous gouvernent utiliseront leur dernier souffle pour s’attaquer aux travailleurs . C’est dans leurs gènes politiques. Pour eux, gouverner, c’est servir les intérêts de la #bourgeoisie et donc imposer des sacrifices aux travailleurs. C’est d’autant plus vrai dans les périodes de crise où la guerre entre les capitalistes pour assurer leurs profits s’intensifie. (#lutte_de_classe)

    Alors oui, malgré les menaces qui pèsent sur la société et sur les classes populaires en particulier, #Macron en rajoute. Après avoir réduit les indemnités #chômage, il veut sabrer dans les droits à la retraite.

    Macron s’est encore donné quelques semaines pour préciser son projet de loi. Mais celui-ci sera présenté courant janvier. Il y aura ensuite quelques semaines de cinéma où l’opposition s’agitera à l’#Assemblée_nationale. Et si nécessaire, le coup de sifflet final sera donné par le #49.3. Tout cela pour une entrée en vigueur de la réforme à l’été 2023.

    Seule l’intervention des travailleurs peut empêcher cette attaque au pas de charge. Pour l’instant, l’opposition massive à ce recul n’est mesurée qu’au travers des sondages. Eh bien, il va falloir l’exprimer dans les entreprises et dans la rue au travers de #grèves et de #manifestations !

    Pour bien des travailleurs, la priorité est de réussir à se chauffer et se nourrir correctement malgré l’envolée des prix. Cela alimente, dans toutes les entreprises, un mécontentement sur les salaires. Il faut le faire entendre et le transformer en un coup de colère général contre la #politique_antiouvrière du #gouvernement_Borne et du #grand_patronat.

    La défense de notre #pouvoir_d’achat et de nos #retraites constitue un seul et même front de combat . C’est parce que les capitalistes n’augmentent pas les #salaires de base, et font, ici et là, diversion avec des primes, que les caisses de retraite ne se remplissent pas.

    Si les femmes étaient payées autant que les hommes, cela ferait rentrer des milliards dans les caisses de retraite. Et si les plus de 50 ans étaient salariés, plutôt qu’écartés par les entreprises, il n’y aurait pas de déficit.

    Rien n’oblige le gouvernement à reculer l’âge de la retraite à 65 ans. Le déficit annoncé des #caisses_de_retraite, 12 milliards en moyenne par an dans les prochaines années, serait facile à combler.

    12 milliards, ce sont les profits que #TotalEnergies a réalisés en six mois . Cela correspond à un petit dixième des profits réalisés par les entreprises du CAC 40 en 2022. Et c’est 6,5 % de la fortune de Bernard Arnault, estimée, cette semaine, à 185 milliards de dollars. Alors, la bourgeoisie a largement de quoi payer les retraites !

    Et ce serait la moindre des choses ! La classe capitaliste s’enrichit par l’#exploitation des travailleurs pendant toute leur vie : cela devrait être à elle de payer intégralement leurs retraites , et non à d’autres salariés, par leurs cotisations, comme c’est le cas aujourd’hui au travers du système par répartition.

    Nous pouvons sauver nos retraites, à condition de nous battre contre le gouvernement, dévoué corps et âme à la bourgeoisie, et contre l’ordre social capitaliste.

    Un pays comme la France n’a jamais eu autant de possibilités pour soigner, nourrir, éduquer, transporter la population, et nous voyons nos #conditions_de_vie reculer dans tous ces domaines.

    Oh, pour les plus riches, la vie est douce et prospère. Ils n’ont jamais de problème d’emploi, de salaire ou de retraite : sans rien faire de leurs dix doigts, ils touchent le pactole en jonglant avec leurs capitaux. Cela leur donne le pouvoir d’occuper tous les postes de commandement dans les entreprises comme dans les institutions.

    Où nous mène la domination de cette #grande_bourgeoisie ? À la régression générale pour l’écrasante majorité des travailleurs. Le plus grave est qu’en imposant son système de #concurrence et sa guerre économique permanente, elle nous conduit aussi à la guerre tout court.

    Alors, les travailleurs doivent affirmer leurs revendications et se battre avec la conviction d’avoir tout à gagner à contester cet ordre social.

    Nous ne sommes pas condamnés à la domination de la bourgeoisie et de ses politiciens. Toute la production de richesses dépend de nous, il dépend aussi de nous de changer la société pour mettre un coup d’arrêt à son évolution catastrophique et guerrière .

  • Le #capitalisme écocidaire
    https://laviedesidees.fr/Foster-Clark-Le-pillage-de-la-nature.html

    À propos de : John Bellamy Foster et Brett Clark, Le pillage de la #nature Éditions critiques. Karl Marx a souvent été considéré par les mouvements écologistes comme un productiviste, fasciné par le progrès technique et insensible à la nature. Pour J. B. Foster et B. Clark, il est au contraire urgent de réconcilier l’écologie politique avec sa critique du capitalisme.

    #Philosophie #écologie #marxisme #exploitation
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20221212_ecocide.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20221212_ecocide.docx

    • …. le capitalisme non seulement génère la contradiction identifiée par Marx entre les forces de productions et les rapports de productions à l’intérieur de la société, mais également mine ses propres conditions d’existence en détruisant les ressources naturelles, les espaces, les formes de vie dont il dépend …. Non seulement le matérialisme de Marx (dont les auteurs soulignent à juste titre l’héritage épicurien) voit dans l’homme une partie de la nature et dans toute société un métabolisme, un échange constant avec la nature médié par le travail, mais il théoriserait la rupture de ce métabolisme dans le capitalisme.

      #expropriation #longue_révolution_écologique #écologie_politique #écosocialisme #prolétariat_environnemental

    • #Marx écrivait dans #Le_Capital :

      « La société elle-même n’est pas propriétaire de la Terre. Il n’y a que des usufruitiers qui doivent l’administrer en bons pères de famille, afin de transmettre aux générations futures un bien amélioré ».

      #Engels, lui, écrivait à la fin du 19e siècle, dans Dialectique de la Nature :

      « Les faits nous rappellent à chaque pas que nous ne régnons nullement sur la nature comme un conquérant règne sur un peuple étranger, comme quelqu’un qui serait en dehors de la nature, mais que nous lui appartenons avec notre chair, notre sang, notre cerveau, que nous sommes dans son sein et que toute notre domination sur elle réside dans l’avantage que nous avons sur l’ensemble des autres créatures de connaître ses lois et de pouvoir nous en servir judicieusement ».

      Pour pouvoir nous servir judicieusement des lois de la nature, le préalable est donc de mettre un terme à l’organisation capitaliste de l’économie et de la réorganiser sur une base rationnelle et égalitaire. Plus nous tarderons à nous débarrasser la société de la #concurrence, de la course au profit et de la #propriété_privée_des_moyens_de_production, plus la catastrophe écologique risque d’être irrémédiable.

      #communisme

  • 7,9 millions d’euros : la rémunération annuelle moyenne des patrons du CAC 40, du jamais-vu depuis 15 ans latribune.fr
    https://www.latribune.fr/economie/france/7-9-millions-d-euros-la-remuneration-moyenne-et-record-des-patrons-du-cac-

    La rémunération totale moyenne des patrons de l’indice CAC 40 a atteint un plus haut depuis 15 ans. À 7,9 millions d’euros, c’est 52% de plus qu’en 2019 et plus de 100 fois la rémunération moyenne des salariés. Carlos Tavares, le directeur général de Stellantis, est en haut du podium avec une rémunération record de 66,7 millions d’euros - bien que les chiffres de l’entreprise font état de 19,15 millions. Cela faisait plus de 15 ans qu’une société n’avait pas dépassé les 50 millions d’euros.

    Le trio des dirigeants les mieux payés est composé de Carlos Tavares de Stellantis (66,7 millions d’euros), Bernard Charlès de Dassault Systèmes (44,1 millions d’euros dont 40,8 millions de rémunération actionnariale), et Daniel Julien de Teleperformance (19,6 millions d’euros). (Crédits : CHARLES PLATIAU)

    C’est un plus haut depuis 15 ans pour les patrons du CAC 40 : leur rémunération totale moyenne a atteint 7,9 millions d’euros en 2021, selon un rapport publié ce mardi 22 novembre par le cabinet Proxinvest. Soit une hausse de +52% par rapport à 2019 , avant la crise sanitaire (l’année 2020 est considérée comme non représentative étant donné qu’un certain nombre de dirigeants ont renoncé à une part de leur rémunération).

    Plus globalement, l’augmentation est aussi observée chez les patrons du SBF 120, les 120 plus grandes sociétés cotées en France. Leur rémunération moyenne totale atteint 4,5 millions d’euros en 2021 (+22% par rapport à 2019) . Il s’agit, là encore, d’un plus haut depuis 15 ans.

    Pour établir son classement, le rapport de Proxinvest prend en compte tous les éléments de rémunération : rémunération fixe, bonus annuel, rémunération pluriannuelle de long terme, attribution d’actions valorisées à leur date d’attribution, avantages en nature... Tous ces éléments ont explosé l’an dernier. La rémunération fixe moyenne est en hausse de 4,2% et le bonus annuel moyen de 33,6% au sein du CAC 40, alors que la valeur des attributions d’actions gratuites de performance atteint son plus haut historique dans le SBF 120 avec un bond de 39,6%.

    Plus de 100 fois la rémunération moyenne des salariés (ou 369 Smic)
    Proxinvest constate un « rebond post-crise sanitaire » avec « une forte hausse des rémunérations médianes et moyennes dans tous les indices (CAC 40 et SBF 120). On est bien sur des records historiques » , a déclaré Jehanne Leroix, directrice de la recherche ESG (critères environnementaux, sociaux et de gouvernance) du cabinet lors d’une visioconférence avec des médias.

    Autre point relevé par Proxinvest : c’est « la première fois en 8 ans que la rémunération moyenne des dirigeants du CAC 40 représente plus de 100 fois la rémunération moyenne des salariés », soit 369 fois le SMIC en base 39 heures, selon le rapport.

    Les patrons de Stellantis, Dassault et Teleperformance sur le podium
    Sur l’ensemble du classement de Proxinvest, c’est Carlos Tavarès, directeur général du constructeur automobile Stellantis, qui a enregistré la plus forte rémunération en 2021. Et d’ailleurs c’est la plus élevée jamais observée par le cabinet : 66,7 millions d’euros, bien qu’elle soit de 19,15 millions d’euros, selon l’entreprise.  « C’est la première fois depuis 15 ans qu’une société présente une rémunération totale supérieure à 50 millions d’euros », assure le rapport. La différence entre les chiffres du constructeur automobile et ceux de Proxinvest s’explique par le recours à des méthodes de calcul différentes, les sommes correspondant à la rémunération pluriannuelle étant lissées sur plusieurs années par Stellantis.

    On retrouve ensuite sur le podium, respectivement, à la deuxième et troisième place, Bernard Charlès, directeur général de Dassault Systèmes, avec une rémunération totale de 44,1 millions d’euros (+114%) et Daniel Julien, président directeur général de Teleperformance, leader mondial des centres d’appels entre autres, avec une rémunération totale de 19,6 millions d’euros (+15%). Ce dernier affiche la rémunération fixe la plus élevée du CAC 40, à 2,2 millions d’euros, ainsi que l’écart de rémunération avec les salariés le plus important du CAC 40.

    Le Top 5 se compose enfin de François-Henri Pinault, président directeur général de Kering avec 12 millions d’euros (5,7 millions selon la société), et Paul Hudson, directeur général de Sanofi avec 8,96 millions d’euros.

    #France #salaire #économie #chômage #inégalités #capitalisme #précarité #exploitation #pauvreté

  • Greece Using Other Migrants to Expel Asylum Seekers
    (un article qui date d’avril 2022)

    Stripped, Robbed, and Forced Back to Turkey; No Chance to Seek Asylum.

    Greek security forces are employing third country nationals, men who appear to be of Middle Eastern or South Asian origin, to push asylum seekers back at the Greece-Turkey land border, Human Rights Watch said in a report released today.

    The 29-page report “‘Their Faces Were Covered’: Greece’s Use of Migrants as Police Auxiliaries in Pushbacks,” found that Greek police are detaining asylum seekers at the Greece-Turkey land border at the Evros River, in many cases stripping them of most of their clothing and stealing their money, phones, and other possessions. They then turn the migrants over to masked men, who force them onto small boats, take them to the middle of the Evros River, and force them into the frigid water, making them wade to the riverbank on the Turkish side. None are apparently being properly registered in Greece or allowed to lodge asylum claims.

    “There can be no denying that the Greek government is responsible for the illegal pushbacks at its borders, and using proxies to carry out these illegal acts does not relieve it of any liability,” said Bill Frelick, refugee and migrant rights director at Human Rights Watch. “The European Commission should urgently open legal proceedings and hold the Greek government accountable for violating EU laws prohibiting collective expulsions.”

    Human Rights Watch interviewed 26 Afghan migrants and asylum seekers, 23 of whom were pushed back from Greece to Turkey across the Evros River between September 2021 and February 2022. The 23 men, 2 women, and a boy said they were detained by men they believed to be Greek authorities, usually for no more than 24 hours with little to no food or drinking water, and pushed back to Turkey. The men and boy provided firsthand victim or witness accounts of Greek police or men they believed to be Greek police beating or otherwise abusing them.
    Sixteen of those interviewed said the boats taking them back to Turkey were piloted by men who spoke Arabic or the South Asian languages common among migrants. They said most of these men wore black or commando-like uniforms and used balaclavas to cover their faces. Three people interviewed were able to talk with the men ferrying the boats. The boat pilots told them they were also migrants who were employed by the Greek police with promises of being provided with documents enabling them to travel onward.

    A 28-year-old former commander in the Afghan army who was pushed back to Turkey in late December, said he had a conversation in Pashto with the Pakistani man ferrying the boat that took him back to Turkey: “The boat driver said, ‘We are … here doing this work for three months and then they give us … a document. With this, we can move freely inside Greece and then we can get a ticket for … another country.’”

    An 18-year-old Afghan youth described his experience after the Greek police transported him from the detention center to the river: “At the border, there were other people waiting for us.… From their language, we could recognize they were Pakistanis and Arabs. These men took our money and beat us. They beat me with sticks. They dropped us in the middle of the river. The water was to my chest, and we waded the rest of the way [to Turkey].”

    Pushbacks violate multiple human rights norms, including the prohibition of collective expulsion under the European Convention on Human Rights, the right to due process in the International Covenant on Civil and Political Rights, the right to seek asylum under EU asylum law and the EU Charter of Fundamental Rights, and the principle of nonrefoulement under the 1951 Refugee Convention.

    The Greek government routinely denies involvement in pushbacks, labeling such claims “fake news” or “Turkish propaganda” and cracking down, including through the threat of criminal sanctions, against those reporting on such incidents. On March 29, Greece’s independent authority for transparency tasked by the government to investigate pushbacks “found no basis for reports that Greek authorities have illegally turned back asylum-seekers entering the country from Turkey.”

    Major General Dimitrios Mallios, chief of the Aliens & Border Protection Branch in Hellenic Police Headquarters, denied the Human Rights Watch allegations. He said that “police agencies and their staff will continue to operate in a continuous, professional, lawful and prompt way, taking all necessary measures to effectively manage the refugees/migration flows, in a manner that safeguards on the one hand the rights of the aliens and on the other hand the protection of citizens especially in the first line border regions.”

    Greece should immediately halt all pushbacks from Greek territory, and stop using third country nationals for collective expulsions, Human Rights Watch said. The European Commission, which provides financial support to the Greek government for migration control, should require Greece to end all summary returns and collective expulsions of asylum seekers to Turkey, press the authorities to establish an independent and effective border monitoring mechanism that would investigate allegations of violence at borders, and ensure that none of its funding contributes to violations of fundamental rights and EU laws. The European Commission should also open legal proceedings against Greece for violating EU laws prohibiting collective expulsions.

    Frontex, the European Border and Coast Guard Agency, which is under increased scrutiny for complicity in migrant pushbacks in Greece, should trigger article 46 of its regulation, under which the agency has a duty to suspend or terminate operations in case of serious abuses, if no concrete improvements are made by Greece to end these abuses within three months.

    On March 1, Greece’s migration minister, Notis Mitarachi, declared before the Hellenic Parliament that Ukrainians were the “real refugees,” implying that those on Greece’s border with Turkey are not.

    “At a time when Greece welcomes Ukrainians as ‘real refugees,’ it conducts cruel pushbacks on Afghans and others fleeing similar war and violence,” Frelick said. “The double standard makes a mockery of the purported shared European values of equality, rule of law, and human dignity.”

    https://www.hrw.org/news/2022/04/07/greece-using-other-migrants-expel-asylum-seekers

    #Grèce #asile #migrations #réfugiés #pushback_helpers #Evros #frontières

    • Pushback helpers: A new level of violence

      In October 2020, Salam*, together with 15 people from Syria and Afghanistan, crossed the Evros River from #Edirne, Turkey to Greece. They walked until the next morning through the forest on the Greek side of the border area. When they rested for a few hours, they were discovered by the Greek border police.

      “At 10 a.m., after two hours, I was very tired. When I slept, the ’commando’ [Greek border police] told us ’Wake-up! Wake-up!’ They had sticks. One of our group ran away and two ’commandos’ caught him and struck him again and again.”

      The Greek police officers threatened the group, beat them, and robbed them of all their belongings. After an hour all were brought to a prison. There the group was searched again and threatened with being killed if they hid any belongings. There were about 70 to 80 people in the prison none of the detainees was provided with water or food.

      “The prison was not a [real] prison. It was a waiting room. No Food, no water, no beds. There were only two toilets, which were not clean. We stayed there from 1 p.m. and waited until midnight.”

      At midnight, armed officers whom the respondent identified not as police but rather as a private army force, came to the prison. Using brutal violence, the people were forced to undress down to their underwear and all 70 to 80 were crammed into a van without windows. For an hour the group had to wait in the overloaded van until they were taken back to the river Evros.

      Back at the river, the group had to sit in a row, still stripped to their underwear and without shoes, and were not allowed to look up. The officers tortured people for at least one hour.

      „He [the ’commando’] told us: ’If you come back, another time to Greece, I will kill you! We will kill you!’ We were around 80 and there were two [officers] on each side of us. [They struck us] for one hour or two hours, I don’t remember about this.“

      They were then forced back onto a boat driven by two people who did not appear to be members of the Greek police:

      „Two people were talking in Arabic and Turkish languages. They were not from the ’commandos’ or the Greek police. They [drove] the boat across to the other side to Turkey. One took a rope from the trees on the Turkish side to the tree on the Greek side. He didn’t have to row, he could just pull the boat with the rope. […] When we got inside the boat, the ’commando’ struck us and when we were in the boat, this person struck us. Struck, struck, struck us. All the time they struck us. My eye was swollen, and my leg, and my hand all were bad from this. After we crossed the river, he went back to the ’commandos’.“

      Back on the Turkish side, Salam and others of the group were discovered by the Turkish police. The officers chased the group. Fortunately, Salam was able to escape.

      The Pushback Helper System

      Salam’s experience of a pushback by the Greek police assisted by migrants is not an isolated case. The exploitation of the so-called Pushback Helpers, migrants who are coerced to work for the Greek police at the Turkish-Greek border and illegally push back other migrants, has been known for a long time.

      Since 2020, the Border Violence Monitoring Network has been publishing testimonies from people on the move who have had similar experiences to Salam. In April 2022, Human Rights Watch published a report based on the experiences of 16 pushback survivors on the Evros River. They reported that the boats that brought them back to Turkey were steered by non-Greek men who spoke Arabic or South Asian languages common among migrants in this area. They all reported that Greek police were nearby when the men forced the migrants onto small boats. These non-Greek men were often described as wearing black or commando uniforms, as well as balaclavas to disguise their identities. An investigation by Der Spiegel published in June 2022 came to similar findings. The testimonies of six men who reported being forced to participate in pushbacks to Turkey were affirmed with the help of the reporter team.

      The numerous testimonies of pushback survivors and the published investigations on the topic reveal a very precise pattern. The system behind the so-called pushback helpers is as follows:

      When the Greek authorities arrest a group of people on the move who have just crossed the border into Greece from Turkey, they usually choose young men who speak English, but also Arabic or Turkish. They offer them money, reportedly around $200 per month, sometimes more, and a so-called “exit document” that allows them to stay in Greece or leave for another European country. In exchange, they have to help the Greek border police with illegal pushbacks for about three to six months. For many people on the move, the fear of another pushback to Turkey and the lack of prospects to get Asylum in Greece eventually leads them to cooperate with the Greek authorities. However, most have no choice but to accept, because if migrants refuse this offer, they are reportedly beaten up and deported back to Turkey. Also, not all people receive money for such “deals”, but are forced to work for the Greek border police without payment. There are reports that people cannot move freely because the Greek police is controlling them. Some people are detained by the Greek police almost all the time and were only released at night to carry out pushbacks.

      Their task is to push other migrants who have been caught by the Greek authorities and are detained in Greek security points or -centres back across the border. The pushback helpers drive the boats to cross the river Evros and bring the protection seekers back to Turkey. They are often forced to rob the helpless people and take their money, their mobile phones and their clothes or they get to keep the stolen things that the Greek authorities have taken beforehand. When the helpers are released after a few months, some get the promised papers and make their way to Europe. However, some migrants are reported to work for the Greek border police on a long-term basis. Gangs are formed to take care of the pushback of people on the move. They also serve as a deterrent for people who are still in Turkey and considering crossing the border.

      This is a cruel, but profitable business for the Greek border police. The Greek officers do not have to cross the river Evros themselves. Firstly, it is life-threatening to cross the wide river with a small boat, and secondly, they do not have to go near the Turkish border themselves, which would lead to conflicts with the Turkish military during the pushbacks. The two countries have been in a territorial conflict for a long time.

      Modern slavery of people on the move

      Forcing people seeking protection back over a border is not only inhumane but also illegal. Pushbacks violate numerous human rights norms, such as the prohibition of collective expulsion, the right to asylum, and the principle of non-refoulment. This practice has become a regular pattern of human rights violations against people on the move by the European border regime. Although it has been proven several times in Greece that pushbacks are regularly carried out by the Hellenic Coast Guard and the Greek Border Police, the Greek government categorically denies that pushbacks exist, calling such claims “fake news” or “Turkish propaganda”.

      The fact that people on the move themselves are forced to carry out pushbacks represents a new level of brutality in the Greek pushback campaign. Not only are migrants systematically denied human rights, but they are also forced to participate in these illegal practices. Those seeking protection are exploited by the Greek authorities to carry out illegal operations on other people seeking protection. The dimension of the deployment is unknown. What is clear is that the Greek authorities are using the fear of pushbacks to Turkey by people on the move and the repressive asylum system to force people seeking protection to do their dirty work. This practice is effectively modern slavery and the dreadful reality of migrants trying to seek safety in Europe.

      Since there are no safe and legal corridors into the EU and the asylum system in Greece is extremely restrictive, most people seeking protection have no choice but to try to cross the border between Turkey and Greece clandestinely. This lack of safe and legal corridors thus makes spaces for abuse of power and exploitation of people on the move possible in the first place. Those responsible for these human rights crimes must be held accountable immediately for these human rights crimes.

      *Name changed

      https://mare-liberum.org/en/pushback-helpers-a-new-level-of-violence

      #refoulement #push-backs #refoulements #exploitation

    • Engineered migration at the Greek–Turkish border: A spectacle of violence and humanitarian space

      In February 2020, Turkey announced that the country would no longer prevent refugees and migrants from crossing into the European Union. The announcement resulted in mass human mobility heading to the Turkish border city of Edirne. Relying on freshly collected data through interviews and field visits, this article argues that the 2020 events were part of a state-led execution of ‘engineered migration’ through a constellation of actors, technologies and practices. Turkey’s performative act of engineered migration created a spectacle in ways that differ from the spectacle’s usual materialization at the EU’s external borders. By breaking from its earlier role as a partner, the Turkish state engaged in a countermove fundamentally altering the dyadic process through which the spectacle routinely materializes at EU external borders around the hypervisibilization of migrant illegality. Reconceptualizing the spectacle through engineered migration, the article identifies two complementary acts by Turkish actors: the spectacularization of European (Greek) violence and the creation of a humanitarian space to showcase Turkey as the ‘benevolent’ actor. The article also discusses how the sort of hypervisibility achieved through the spectacle has displaced violence from its points of emergence and creation and becomes the routinized form of border security in Turkey.

      https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/09670106231194911
      #spectacle #violence #engineered_migration #ingénierie_migratoire #technologie #performativité #matérialisation #visibilité #hyper-visibilisation #espace_humanitaire

  • Le scandale des “cueilleurs de myrtilles” thaïlandais exploités en #Finlande

    Depuis plusieurs années, des milliers de Thaïlandais se rendent en Finlande pour travailler à la #cueillette des myrtilles. Ils sont attirés par des salaires qu’ils ne pourraient jamais gagner chez eux, mais, une fois sur place, les conditions sont loin d’être idylliques. Certains d’entre eux ont fait appel à la justice.

    L’expérience de Praisanti Jumangwa en Finlande remonte à presque dix ans, mais le récit que livre ce Thaïlandais au South China Morning Post (https://www.scmp.com/week-asia/people/article/3198442/thai-migrant-workers-demand-action-berry-picking-hardships-finland-go-unheard) reste riche en détails.

    “En 2013, un recruteur est arrivé dans notre village et a dit qu’on serait payés entre 2 600 et 5 220 euros pour cueillir des #myrtilles_sauvages en Finlande pendant deux mois.”

    Il s’agit d’un salaire mirobolant comparé à ce que peut gagner un agriculteur thaïlandais dans son pays, ce qui pousse Praisanti Jumangwa à accepter l’offre et à se rendre dans ce pays du nord de l’Europe, où il restera de juillet à octobre cette année-là.

    De toute évidence l’expérience n’a pas été à la hauteur de ses attentes puisque, “le mois dernier, Praisanti et plus d’une douzaine d’autres cueilleurs de myrtilles ont décidé de présenter une pétition (adressée notamment au Parlement et au ministère du Travail thaïlandais) pour demander d’accélérer les indemnisations et les poursuites judiciaires inhérentes à leur cas”, note le média de Hong Kong.

    Certains Thaïlandais ont donc fait appel à la #justice après leur expérience en Finlande, mais pourquoi ?

    Promesses salariales non tenues, horaires à rallonge, conditions de logement déplorables, un autre témoignage recueilli par le média anglophone, celui de Teerasak Pakdinopparat, permet d’y voir plus clair.

    “Je travaillais du lever au coucher de soleil, c’est-à-dire de 4 heures du matin à 11 heures du soir, raconte ce Thaïlandais de 44 ans qui, lui, était en Finlande cette année, de juillet à octobre. Dans notre campement, on était jusqu’à six personnes pour partager un espace de 3 fois 3 mètres, et il y avait seulement trois toilettes pour plus de 100 personnes.”

    “Il ne me restait plus que 247 euros”

    Quant à la question salariale, “après avoir cueilli 1 681 kilos de myrtilles et près de 700 kilos d’#airelles rouges [selon ses fiches de paie], Teerasak a gagné 2 772 euros”, nous apprend le South China Morning Post. Peu, très peu lorsque l’on calcule qu’après des dépenses comme “le loyer, la voiture, l’essence, les vêtements, une carte SIM et un prêt de l’entreprise, il ne lui restait que 247 euros”. En 2013, déjà, Praisanti Jumangwa avait été payé beaucoup moins que ce que lui avaient promis ses “recruteurs”.

    Pour le syndicaliste thaïlandais (établi en Finlande) Promma Phumipan, le recours à la #tromperie sur les salaires par les agences thaïlandaises qui recrutent ce personnel est une pratique récurrente, et celles-ci ne s’arrêtent pas là, puisqu’elles embaucheraient aussi des travailleurs avec des visas touristiques.

    Le PDG d’une entreprise finnoise emprisonné

    Des pratiques frauduleuses qui commencent à être dans le viseur de la justice finnoise, puisque, selon le quotidien de Hong Kong, “les plaintes de Teerasak et de son groupe ont eu pour conséquence l’emprisonnement du PDG d’une entreprise finnoise et d’un recruteur thaïlandais représentant trois entreprises finnoises qui avaient demandé à embaucher environ 800 travailleurs”.

    Presque une goutte d’eau dans l’océan car, selon le militant Junya Yimprasert, plus de 110 000 travailleurs se sont rendus en Finlande et en #Suède pour cueillir des myrtilles entre 2005 et 2022. Beaucoup d’entre eux ont été exploités, mais encore très peu de responsables de ces abus sont punis.

    https://www.courrierinternational.com/article/travail-le-scandale-des-cueilleurs-de-myrtilles-thailandais-e
    #travail #saisonniers #migrations #myrtilles #agriculture #exploitation #fruits_rouges #baies #petits_fruits

  • En Biélorussie, les sous-traitants d’Ikea profitent du système répressif de la dictature
    https://disclose.ngo/fr/article/bielorussie-sous-traitants-ikea-profitent-du-systeme-repressif-de-la-dicta

    Plusieurs entreprises biélorusses ayant travaillé pour Ikea ces dix dernières années ont recours au travail forcé dans des colonies pénales où sont détenus des prisonniers politiques, et dans lesquelles se pratiquent la torture et les privations. Lire l’article

  • Les grandes exploitations agricoles face aux concurrences foncières dans le district d’Abidjan
    https://metropolitiques.eu/Les-grandes-exploitations-agricoles-face-aux-concurrences-foncieres-

    À l’ouest d’Abidjan, les grandes exploitations agricoles, possédées par des multinationales et tournées vers l’exportation, se heurtent aujourd’hui à l’étalement urbain de la capitale et à la montée des revendications foncières des communautés autochtones spoliées de leurs droits coutumiers. La sous-préfecture de Songon est située à l’ouest de la métropole abidjanaise, à 23 km de la commune du Plateau. Elle s’étend sur une superficie de 627,71 km² (figure 1). Figure 1. Situation de la sous-préfecture de Songon #Terrains

    / #Côte_d'Ivoire, #Abidjan, #pays_du_Sud, #agriculture, #foncier, #accès_au_sol, #droit_coutumier, (...)

    #exploitation


    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met-koffi-didia.pdf

  • It’s time to make minimum wage laws apply to ALL workers (no, they don’t at present) - Food Politics by Marion Nestle
    https://www.foodpolitics.com/2022/11/its-time-to-make-minimum-wage-laws-apply-to-all-workers-no-they-dont-a

    For reasons of history—and, alas, racism—laws requiring minimum wages do not apply to restaurant workers, farm workers, and home employment workers, all mostly people of color.

    This report focuses on restaurant workers who depend on tips:

    Unique among pay inequities, the subminimum wage for tipped workers was an original pay gap created intentionally to deny Black women any wage at all, forcing them to live on tips. This original and intentional pay inequity has been compounded over the last 160 years since Emancipation by ongoing inequities in hiring by employers and tipping and harassment by customers — resulting in an unlivable situation for Black women. The fact that Black women persist in the restaurant industry is a testament to many of these workers’ pride in their work as hospitality professionals who deserve to be remunerated as such.

    #rapport #racisme #sexisme #exploitation #salaire_minimum #service

  • À lire : Lutte de Classe n°226 https://mensuel.lutte-ouvriere.org
    (septembre-octobre 2022)

    Au sommaire :

    🍂 Le chaos du #capitalisme en #crise

    🍂 D’une #crise_économique à l’autre

    🍂 La #guerre en #Ukraine accélère la #militarisation. #france #allemagne

    🍂 Une vague de grèves inédite en #Grande_Bretagne. #mouvement_ouvrier

    🍂 #Brésil  : le duel #Bolsonaro - #Lula

    🍂 L’État chinois et la résurgence de la bourgeoisie (1978-2022) #chine

    🍂 #Renault et les grandes manœuvres dans l’automobile #exploitation

    🍂 Les mémoires de #Georg_Scheuer

  • Le récit hallucinant d’une domestique infiltrée chez les supers #Riches
    https://www.blast-info.fr/emissions/2022/le-recit-hallucinant-dune-domestique-infiltree-chez-les-supers-riches-JjB

    « Cet ouvrage montre que le principal ressort de la mise au #Travail des domestiques est ce que j’appelle l’exploitation dorée. Le terme désigne la logique de surenchère qui consiste à acheter, au prix fort, l’investissement au travail illimité des…

    #Exploitation
    https://static.blast-info.fr/stories/2022/thumb_story_list-le-recit-hallucinant-dune-domestique-infiltree-ch

  • #Taïwan, #Ouïghours : les dérives nationalistes de la #Chine de #Xi_Jinping

    Xi Jinping se prépare à un troisième mandat de cinq ans et à une démonstration de force au cours du 20e #congrès_du_Parti_communiste_chinois. Alors que son nationalisme exacerbé se traduit à la fois à l’intérieur des frontières, avec la répression des Ouïghours, et dans son environnement proche, en #Mer_de_Chine_du_sud, avec une pression accrue sur Taïwan, nous analysons les enjeux de ce congrès avec nos invité·es, Laurence Defranoux, journaliste et autrice des Ouïghours, histoire d’un peuple sacrifié, Noé Hirsch, spécialiste de la Chine, Maya Kandel, historienne spécialiste des États-Unis, et Inès Cavalli, chercheuse en études chinoises.

    https://www.youtube.com/watch?v=U4wiIwCaSY8


    #nationalisme #constitution #révision_constitutionnelle #pensée_Xi_Jinping #paternalisme #colonialisme #Xinjiang #colonialisme_Han #déplacements_de_population #exploitation_économique #limitation_des_libertés #enfermement #rééducation_politique #emprisonnement #répression #Nouvelles_Routes_de_la_soie #ressources #ressources_naturelles #Tibet #surveillance #surveillance_de_masse #terreur #camps_de_rééducation #folklore #assimilation #folklorisation #ethnonationalisme #supériorité_de_la_race #Han #culture #camps_de_concentration #réforme_par_le_travail #réforme_par_la_culture #travail_forcé #peuples_autochtones #usines #industrie #industrie_textile #programmes_de_lutte_contre_la_pauvreté #exploitation #paramilitaires #endoctrinement #économie #économie_chinoise #crimes_contre_l'humanité #torture

  • #Helvécia : A Swiss Colonial History in Brazil

    The most “African” of the Brazilian villages in the south of Bahia bears a Swiss name: Helvécia. It was founded 200 years ago by Swiss and German colonists, and the coffee grown on its vast estates produced great wealth for them. This would not have been possible without exploitation: in the mid-nineteenth century, for 200 white colonists, there were 2,000 slaves of African origin. Black people still make up the majority of the population today; many do not know the origins of their community.

    With great sensitivity and in dialogue with the inhabitants, Swiss photographer Dom Smaz goes in search of traces of the past, capturing the lives of the local people. Smaz’s pictures and text
    contributions by internationally renowned post-colonialism-expert Shalini Randeria, among others, allow a new look at history and the origins of Switzerland’s wealth, revealing global histories of
    interconnectedness and power relations of the past that continue into the present.

    https://www.lars-mueller-publishers.com/helv%C3%A9cia-swiss-colonial-history-brazil

    #Brésil #colonialisme #Suisse #Suisse_coloniale #colonisation #café #plantation #exploitation #esclavage #histoire #livre

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    ajouté à la métaliste sur le colonialisme suisse :
    https://seenthis.net/messages/868109

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  • #capitalisme #domination #exploitation
    #anticapitalisme #anarchisme #émancipation #autogestion

    ★ QU’EST-CE QUE L’ANTICAPITALISME ?...

    " On retrouve souvent de nombreuses mésinterprétations de ce qu’est l’anticapitalisme. Certains l’entendent comme le fait d’être « contre les capitalistes », de dénoncer les riches, les patrons, les firmes multinationales, les grands pôles bancaires, les hautes instances de la finance, les grands think-tank, les syndicats patronaux comme le MEDEF. Bien entendu, ces organismes font partie du capitalisme, en constituent des acteurs importants ; cependant, ils ne constituent que la partie émergente d’un système bien plus profondément enraciné dans le fonctionnement de nos sociétés. Ainsi, pour comprendre en quoi consiste la critique anticapitaliste, il est nécessaire de comprendre ce qu’est le capitalisme, ce qui le structure, le constitue, fait sa dynamique. Par conséquent définir l’anticapitalisme suppose dans un premier temps de définir ce qu’est le capitalisme... "

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    ▶️▶️ https://www.socialisme-libertaire.fr/2021/07/qu-est-ce-que-l-anticapitalisme.html

  • #Assurance-chômage : #guerre_aux_chômeurs, paix au capital

    En résumé :

    L’enjeu est de faire accepter aux travailleurs les offres d’emploi dans les conditions satisfaisantes pour le capital. Autrement dit, c’est une réforme qui vient renforcer la position des employeurs dans un rapport de force qui menace de devenir favorable aux salariés.

    Et l’article complet

    Le gouvernement défend sa réforme accélérée de l’assurance-chômage au nom du #plein-emploi. Mais ce qui se joue ici n’est rien d’autre qu’un renforcement de la #répression des travailleurs pour satisfaire un #système_économique en crise.

    Faire le bonheur des travailleurs, malgré eux : ce pourrait être la doctrine affichée par le ministre du travail #Olivier_Dussopt et la première ministre #Elisabeth_Borne, qui ont décidé en cette rentrée d’accélérer sur leur nouvelle #réforme de l’assurance-chômage. L’ambition affichée de la réforme, c’est de parvenir au « plein-emploi », lequel est considéré, après cinq décennies de #chômage_de_masse, comme une forme de graal permettant de renverser une nouvelle corne d’abondance sur le pays.

    Ce concept est devenu, depuis quelques semaines, le mantra du gouvernement que tous les membres, ainsi même que le président de la République, ne cessent de marteler à chaque prise de parole. Ce plein-emploi serait « à portée de main », répète inlassablement Emmanuel Macron, mais il ne serait possible que si l’on en passe par cette réforme qui réduit singulièrement les #droits des #demandeurs_d’emploi.

    Si l’on devait résumer la vision gouvernementale (et patronale, car les #Rencontres_des entreprises_de_France fin août ont mis en lumière une parfaite identité de vue entre le #Medef et l’exécutif sur le sujet), on pourrait le dire ainsi : le système économique est capable de fournir un #emploi à tous, mais une partie de la #force_de_travail refuse cette opportunité.

    Ce faisant, ces inconscients refusent tous les délices du plein-emploi effectif : une augmentation des revenus, un rapport de force favorable aux salariés et une forme d’accomplissement individuel et social. Aux universités d’été de La France insoumise (LFI) fin août, la ministre déléguée Olivia Grégoire, par ailleurs économiste, a même pu se prévaloir de Marx pour défendre la réforme gouvernementale et assurer le plein-emploi. Il est donc urgent de contraindre ces brebis égarées par le faux bonheur de l’#oisiveté au bonheur qu’ils s’obstinent à refuser. Et pour cela, l’usage du bâton est indispensable.

    Dans cette vision angélique, l’#indemnité_chômage serait si généreuse qu’elle troublerait leur raison et les empêcherait d’accéder à ce bonheur qu’est le plein-emploi. Mais ce n’est là qu’une hypothèse et cette hypothèse même est une contradiction dans les termes. Le récit gouvernemental ne résiste guère à l’analyse. Dans un régime de plein-emploi, le rapport de force s’inverse en faveur des salariés. Si ce dernier était authentiquement atteignable, l’assurance-chômage ne saurait être trop élevée.

    Les salaires augmenteraient, les #conditions_de_travail s’amélioreraient pour rendre son pseudo-avantage compétitif caduc. Cela est d’autant plus vrai que, puisque 60 % des demandeurs d’emploi ne sont pas indemnisés, ces derniers devraient se jeter sur les offres disponibles, faire ainsi monter les salaires et rendre l’indemnisation moins intéressante. Pour peu évidemment que lesdits emplois soient attractifs et adaptés.

    En d’autres termes, si un véritable plein-emploi était à « portée de main », l’indemnisation chômage ne serait pas un problème. L’enjeu de cette nouvelle réforme de l’assurance-chômage n’est donc pas de parvenir au plein-emploi, mais bien plutôt de faire accepter aux demandeurs d’emploi les offres existantes, sans s’interroger sur leur contenu, les #conditions_de_travail et les #rémunérations.

    Les derniers chiffres de la Dares montrent que si les tensions sur le #marché_du_travail sont élevées, elles le sont en grande partie en raison de conditions de travail et de #déficit_de_formation que les entreprises refusent de prendre en charge. Bref, le nœud du problème, comme toujours en régime capitaliste, c’est bien le #coût.

    L’enjeu est de faire accepter aux travailleurs les offres d’emploi dans les conditions satisfaisantes pour le #capital. Autrement dit, c’est une réforme qui vient renforcer la position des employeurs dans un rapport de force qui menace de devenir favorable aux salariés. Loin de favoriser le plein-emploi, il s’agit surtout de contourner les vraies conséquences du plein-emploi pour le capital.

    Des emplois abondants et repoussants

    Le récit gouvernemental et patronal est donc un leurre qui s’appuie sur un plein-emploi fétichisé mais vidé de sa fonction. Il fait miroiter un pouvoir accru des salariés alors qu’il désarme précisément la capacité des salariés de choisir leur emploi. Réduire les droits des chômeurs indemnisés, conditionner d’une manière ou d’une autre l’accès au #RSA, c’est affaiblir la position des salariés face aux employeurs. C’est faire en sorte que, contraints par la nécessité, les demandeurs d’emploi acceptent non pas un travail adapté à leurs envies, à leurs formations et à leurs besoins, mais un emploi répondant à la nécessité de la #production_de_valeur. C’est bien pour cette raison qu’il refuse toute réflexion sur la qualité – au sens large allant du salaire à sa fonction sociale – des emplois proposés.

    Derrière ces réformes proposées avec un discours quasi humanitaire, il y a donc le renforcement de l’emprise la plus classique de la #domination_capitaliste. Le travail abstrait, quantifiable mais désincarné, vecteur de la loi de la valeur dont le capital a impérieusement besoin, impose sa loi au travail concret, fruit d’une activité humaine spécifique.

    Le travailleur doit, sous cette #pression, cesser d’exister en tant qu’individu, il n’est que le rouage de cette production de valeur. Il lui faut alors accepter n’importe quel travail pour pouvoir subsister. Dans ces conditions, tout emploi qui apparaît est bon, et tout ce qui est bon apparaît comme emploi. Le refus de l’emploi devient donc insupportable pour le système économique.

    Les #protections_salariales n’ont jamais fait disparaître totalement cette logique. Mais la situation actuelle des économies occidentales et de l’#économie française en particulier rend le renforcement de ce mode de #domination plus urgent et nécessaire que jamais pour le capital. Les emplois créés ne sont abondants que parce qu’ils sont peu productifs. L’embellie actuelle de l’emploi, alors même que la croissance reste faible, est l’illustration même de ce phénomène.

    Le problème, alors, est que ces emplois ne sont tenables que s’ils sont bon marché ou soumis à des conditions de travail dégradées, précisément parce qu’ils sont peu productifs. Créer de la valeur dans un régime de faible #productivité suppose mécaniquement une plus forte #exploitation du travail. Et c’est en saisissant cette réalité que l’on peut comprendre le paradoxe de l’époque : les emplois peuvent être à la fois abondants et repoussants et le plein-emploi peut avoir une fonction répressive pour le travail.

    Cette fonction se constate à longueur de page et d’émission dans les leçons de morale données aux travailleurs qui seraient trop exigeants ou trop oisifs. La récente polémique sur les #arrêts_maladie jugés trop fréquents des salariés est venue illustrer cette situation. Cette pression augmente avec l’approche du plein-emploi, car plus le travail est censé être abondant, plus il faut accepter ses conditions de travail dégradées, intensifier la production et allonger le temps de travail.

    C’est bien pour cette raison que ce plein-emploi peut être désormais fétichisé par le patronat : parce qu’il ne produit plus les effets négatifs pour le capital. À condition, bien sûr, que l’État assure la soumission du monde du travail par des contre-réformes. La réforme française, comme d’autres, n’est donc pas urgente parce qu’elle permettrait d’apporter le bonheur et l’abondance dans le pays, elle est urgente parce qu’elle est un passage obligé dans le mode de gestion d’un capitalisme de bas régime qui est le nôtre.

    Face à la faiblesse des gains de productivité, la réponse du capital est celle de chercher des assurances, ce que l’économiste anglo-roumaine #Daniela_Gabor appelle le « #de-risking », ou la #réduction_du_risque. Les recherches de cette dernière se sont concentrées sur la finance, mais ce mouvement semble beaucoup plus large. Les réformes du marché du travail et de l’assurance-chômage visent ainsi à maintenir une pression constante sur les travailleurs, quelle que soit la situation de l’emploi. La baisse vertigineuse actuelle des salaires réels dans les pays qui, comme le Royaume-Uni, l’Allemagne ou les États-Unis, sont officiellement en plein-emploi vient confirmer ce mouvement.

    Les déclarations de l’exécutif ne doivent donc pas tromper. La #répression_sociale comprise par ces réformes est la solution de facilité pour le système économique actuel. Tout renversement réel du rapport de force l’amènerait en effet face à des questions qu’il veut à tout prix éviter : que produit-il ? dans quel but ? dans quelles conditions ? Dès lors, le leurre d’un plein-emploi à portée de main et d’un discours moralisateur sur des chômeurs oisifs est la dernière ligne de défense de l’économie. Celle qui permet de renforcer son hégémonie au cœur même de sa crise.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/090922/assurance-chomage-guerre-aux-chomeurs-paix-au-capital
    #chômage #guerre_aux_pauvres #capitalisme #plein_emploi

  • #Colonia_per_maschi. Italiani in Africa Orientale: una storia di genere

    Quella degli italiani che combatterono o lavorarono nelle colonie africane del fascismo è una storia poco e mal conosciuta. Questo libro intende fornire un contributo di conoscenza sui comportamenti e i sentimenti di quanti, militari o civili, furono coinvolti nella colonizzazione dell’Etiopia (1935-41). Attraverso lo studio di memorie e diari inediti, ma anche della propaganda e della letteratura coloniale coeva, il volume indaga sul significato del colonialismo per gli italiani in termini di identità maschile, sia sul piano dell’esperienza vissuta che su quello dell’immaginario e della rappresentazione, pubblica e privata. Partendo dall’ipotesi della conquista coloniale come «terapia» per arginare la «degenerazione» del maschio e, in questa chiave, dal mito dell’Africa come luogo di frontiera e «paradiso dei sensi», il saggio intreccia l’analisi dei modelli maschili e delle politiche coloniali del fascismo con la ricostruzione delle esperienze quotidiane e delle percezioni di sé degli italiani. In particolare, sulla scia di molti studi coloniali stranieri focalizzati sulle variabili di genere e razza, l’analisi si sofferma sulla sfera dei complessi e multiformi contatti con gli uomini e le donne della società locale. Ne emerge un quadro articolato e contraddittorio, un complesso di relazioni tra colonizzatori e colonizzati sicuramente caratterizzato da gerarchie e razzismo, ma anche da rapporti amicali, erotici e omoerotici, paternalistici e, talora, paterni.
    Come scrive Luisa Passerini nella prefazione, questo libro è un «contributo originale [...] a un tema di grande rilevanza, che permette di comprendere meglio sia la complessità del passato recente della nazione sia le difficoltà di fare i conti con il suo retaggio coloniale».

    http://www.ombrecorte.it/vecchio/more.asp?id=129&tipo=documenta

    #colonialisme #colonisation #Italie_coloniale #colonialisme_italien #genre #femmes #livre #masculinité #identité_masculine

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    • La conquête de l’Éthiopie et le rêve d’une #sexualité sur ordonnance (1), par Marie-Anne Matard-Bonucci.

      PARTIE 1

      Le 9 mai 1936, à Rome, dans un discours retransmis par des milliers de haut-parleurs dans toute l’Italie, Mussolini annonce la conquête de l’Éthiopie. Du Palais de Venise où il est acclamé par une foule en liesse, le Duce prétend donner au monde une leçon de civilisation, célébrant le combat de l’Italie contre « l’arbitraire cruel », « l’esclavage millénaire » et la victoire de la justice sur la barbarie. La veille, dans un climat analogue, le Duce s’est adressé aux organisations féminines du régime, et a remercié les femmes d’avoir soutenu l’héroïsme de leurs frères, fils et maris en résistant aux sanctions décrétées par la Société des Nations1. Quelques mois plus tôt pour la journée de la « Foi », des cohortes de femmes avaient offert leur alliance, le don de l’anneau nuptial symbolisant l’engagement de toute la nation dans l’aventure coloniale.

      Cette communion des genres sur l’autel de l’impérialisme fasciste ne doit pas masquer que la guerre d’Éthiopie fut un pic d’exaltation de la virilité par un régime qui l’avait élevée à des sommets jamais atteints2. « Rappelez-vous que la passion des colonies est la plus masculine, la plus fière et la plus puissante qu’un Italien puisse nourrir ; aimez-les plus encore pour les sacrifices qu’elles nous ont coûtés et qu’elles nous coûteront que pour les richesses qu’elles pourront nous apporter. Préparez-vous à mesurer dans les colonies votre force de dominateur et votre pouvoir de condottiere » exhortait le maréchal Rodolfo Graziani, devenu vice-Roi d’Éthiopie en juin 19363. Guerre coloniale et fasciste, le conflit éthiopien fut pensé comme un temps fort dans la stratégie destinée à créer un « homme nouveau fasciste »4. Soldats et colons étaient invités par le Duce, le maréchal Graziani et les élites fascistes à se comporter en peuple dominateur et impitoyable. Tous les moyens furent bons pour écraser un adversaire aussi mal équipé que déterminé : emploi de gaz asphyxiants, bombardements, massacres de civils, anéantissement des élites5. L’Éthiopie fut le théâtre d’une violence extrême. Soldats et hiérarques expérimentèrent l’hubris guerrière, comme aux meilleurs temps du squadrisme, l’infériorité présumée des indigènes autorisant une cruauté particulière. Dans son journal, l’intellectuel et hiérarque fasciste Giuseppe Bottai déplorait des épisodes de barbarie dont s’étaient principalement rendus coupables des officiers et dirigeants : « Le mouton des classes moyennes devient un petit lion, confondant l’héroïsme et la cruauté »6. Starace, le secrétaire national du parti fasciste, n’avait pas hésité à donner l’exemple, se livrant à des exercices de tir sur des prisonniers tandis que des soldats prenaient la pose près de cadavres ou brandissaint des restes humains comme des trophées.

      En dépit de discours affichant un humanisme à l’italienne, les autorités fascistes ne réprimèrent pas ces pratiques barbares des combattants, jugeant plus important de modifier les comportements sur un autre terrain : celui de la sexualité. Quelques mois après le début des hostilités, les relations des Italiens avec les femmes éthiopiennes devinrent, aux yeux des élites fascistes, une véritable « question » politique et une bataille prioritaire du régime.

      Les Éthiopiennes, obscurs objets de désir

      Préparée par plusieurs décennies d’idéologie nationaliste, la conquête de l’Éthiopie avait suscité de nombreuses attentes au sein de la population italienne. Au désir des plus démunis d’accéder à la propriété foncière s’ajoutaient des motivations plus complexes où se mêlaient confusément, comme dans d’autres contextes coloniaux, exotisme et érotisme. La beauté légendaire des femmes de la région n’était pas pour rien dans l’attrait de cet Eldorado, l’espoir de les posséder apparaissant aussi légitime que la prétention à s’emparer des terres.
      Photographies d’Éthiopiennes forcément dénudées, comme dans la plupart des représentations des femmes africaines jusqu’aux années Trente, romans populaires publicités et chansons avaient aussi contribué, avant et pendant la conquête, à répandre le stéréotype de créatures à la sensualité exacerbée, offertes au plaisir de l’homme blanc7. Dans l’Italie puritaine qui n’autorisait la nudité que dans l’art, les poitrines des Éthiopiennes nourrissaient tous les fantasmes. « Les Italiens avaient hâte de partir. L’Abyssinie, à leurs yeux, apparaissait comme une forêt de superbes mamelles à portée de main » se souvient Léo Longanesi8. Pendant la guerre, de nombreux dessins humoristiques véhiculés par la presse ou des cartes postales opposaient l’image d’un peuple d’hommes arriérés et sauvages et de femmes séduisantes et avenantes9. Dans un registre qui se voulait humoristique, le dessinateur Enrico De Seta, sur une carte intitulée « Bureau de poste », montrait un soldat devant un guichet postal. Il s’apprêtait à expédier un curieux colis : une femme abyssine empaquetée dans une couverture, dont dépassaient la tête et les pieds10 !

      En 1935, la chanson Faccetta Nera, (Petite frimousse noire) avait accompagné les troupes en campagne. Composée d’abord en dialecte romain, la chanson était devenue très populaire dans sa version italienne11. Les paroles étaient à l’image des sentiments complexes des colonisateurs à l’égard des femmes africaines : volonté de possession et de domination, promesse de libération et de civilisation, désir et fascination. « Facetta Nera, Belle abyssine, attends et espère, l’heure est prochaine. Quand nous serons près de toi nous te donnerons une autre loi et un autre roi. Notre loi est esclavage d’amour, notre slogan est liberté et devoir etc. »12.

      L’imaginaire des romanciers ou chansonniers n’était pas sans rapport avec une certaine réalité des rapports hommes femmes en Éthiopie. Tandis qu’en Italie les interdits pesant sur la sexualité des femmes étaient encore très forts, l’Éthiopie offrait aux femmes, surtout aux Amharas, une liberté plus grande, les relations hors mariage n’étant pas frappées d’opprobre comme dans les sociétés catholiques européennes. Non seulement le concubinage était une pratique qui n’était pas réprouvée par l’entourage – le mariage dämòs permettait aux femmes une forme d’union contractuelle temporaire- mais il pouvait s’inscrire, comme l’ont révélé des travaux récents, du point de vue des Éthiopiennes, dans le cadre d’une stratégie d’élévation sociale, voire d’émancipation13. La pratique du madamismo était répandue, en Somalie et en Érythrée, y compris parmi les fonctionnaires et militaires de haut grade14. En Érythrée, le fonctionnaire Alberto Pollera, pour convaincu qu’il fût des bienfaits de la colonisation, et en dépit de ses responsabilités, n’en avaient pas moins six enfants de deux femmes érythréennes15. Comme l’écrit Giulia Barrera : « The madamato was a set of relationships grounded in the material basis of colonialism and shaped by colonial discourse but it was lived out by concrete individuals : by men who participated in very different ways in the colonial enterprise and by women who were note merely passive victims »16.

      Pour les 300 000 pionniers et soldats présents après la conquête, certains subirent, effectivement, le « doux esclavage » mentionné par la chanson. Même quand la fascination n’était pas au rendez-vous, le concubinage s’imposait presque par défaut, représentant « la véritable institution des rapports sexuels sous le colonialisme »17. En dépit de la propagande visant à les attirer, bien peu de femmes de métropole avaient accepté de s’installer sur place, craignant l’insécurité ou des conditions de vie précaire. Peu après la conquête, un navire de 2000 épouses et fiancées fut appareillé à destination de l’Empire18. En 1938, 10 000 Italiennes avaient accepté de participer à l’aventure coloniale, dont la moitié dans la capitale de l’Empire. Le régime avait également cherché à installer des prostituées blanches recrutées dans la péninsule mais, là encore, l’offre était restée largement inférieure à la demande19. Les hommes continuaient de fréquenter assidûment les sciarmute, les prostituées indigènes, que les autorités s’efforçaient contrôler. Parmi les 1500 femmes autorisées à faire le commerce du sexe à Addis Abeba, et contrôlées lors de visites médicales, les autorités distinguaient trois catégories, identifiables à la couleur d’un petit drapeau affiché sur leur tucul, l’habitation traditionnelle : jaune pour les officiers, verte pour les soldats et travailleurs, noir pour les troupes coloniales. Cette prostitution encadrée et hiérarchisée ne couvrait pas davantage les besoins et certains responsables militaires s’indignaient des longues files d’attente devant les bordels indigènes. Restaient enfin les prostituées occasionnelles ou clandestines, présentes sur l’ensemble du territoire.

      Entre l’exploitation sexuelle des indigènes et la chasteté existait toute une gradation de comportements. Le concubinage fut l’un d’entre-eux qui présentait, avant d’être placé hors la loi, de nombreux avantages pour les colons. Avant la conquête de l’Éthiopie, dans les colonies italiennes d’Afrique noire, Somalie et Érythrée, il était fréquent que des fonctionnaires de l’administration coloniale ou des militaires vivent avec des femmes africaines. Les compagnes des Italiens étaient nommées les madame et le concubinage le madamismo. Ces unions donnaient souvent lieu à la naissance d’enfants métis qui eurent la possibilité, à partir de 1933, en vertu de la « Loi organique pour l’Érythrée et la Somalie » d’obtenir la nationalité italienne20. En Érythrée, en 1935, on comptait 1000 métis sur une population de 3500 Italiens21. Pour les colons, la mise en ménage avec des Éthiopiennes, résultait de motivations diverses, parfois concomitantes, qui n’excluaient pas le sentiment amoureux : disposer d’une compagne pour partager le quotidien et les tâches ménagères, disposer d’une partenaire sexuelle stable et plus sûre que des prostituées. Le journaliste Indro Montanelli, enrôlé comme volontaire en Éthiopie à l’âge de 23 ans, fut nommé à la tête d’un bataillon d’indigènes Érythréens. Il dit avoir « acheté » à son père pour 500 lires, une jeune fille de douze ans. Pratique répréhensible en métropole mais diffusée dans les colonies, celle-ci était justifiée en ces termes : « mais à douze ans [en Afrique] les jeunes filles sont déjà des femmes ». À son départ, il revendit la jeune fille « petit animal docile » à un officier de haut rang, lequel disposait déjà d’un « petit harem »22 Selon son témoignage, la jeune fille était musulmane.

      Avant que le racisme ne devînt doctrine officielle du fascisme, les points de vue sur les unions mixtes étaient partagés. Lidio Cipriani s’alarmait du métissage alors que les démographes Corrado Gini ou Domenico Simonelli y voyait une opportunité de régénération des populations européennes et, pour le second, un facteur de peuplement pour les colonies23. Dans la presse coloniale, les unions mixtes n’étaient pas encore dénoncées24. En février 1936, dans l’Illustrazione coloniale, Lorenzo Ratto opposait l’attitude raciste des colonisateurs britanniques à la tradition « romaine » de fraternisation avec les populations vaincues. Réprouvant le métissage avec les « nègres », il admettait les unions mixtes avec les Éthiopiennes, racialement supérieures : « les plus belles filles de race sémitico-éthiopiennes, facilement sélectionnables sur les plateaux éthiopiens pourront être choisies par les pionniers du Génie militaire rural pour faire partie de nos colonies en tant qu’épouses légitimes (…) »25.

      Texte paru in D. Herzog, Brutality and desire. War and Sexuality in Europe’s Twentieth Century, Palgrave Macmillan, 2008.

      Pour aller plus loin :

      La guerre d’Éthiopie, un inconscient italien, par Olivier Favier. Sur le mausolée au maréchal Graziani à Affile (août 2012), la naissance d’une littérature italophone et postcoloniale et le documentaire de Luca Guadagnino, Inconscio italiano (2011). Voir aussi : L’Italie et ses crimes : un mausolée pour Graziani, par Olivier Favier.
      Mémoire littéraire, mémoire historique, entretien croisé avec Aldo Zargani et Marie-Anne Matard-Bonucci, par Olivier Favier.
      Le fascisme, Auschwitz et Berlusconi, par Marie-Anne Matard Bonucci, Le Monde, 11 février 2013. Marie-Anne Matard-Bonucci est professeure d’histoire contemporaine à Paris VIII, Institut Universitaire de France. Elle est également l’auteure de L’Italie fasciste et la persécution des juifs, Paris, Puf, 2012.

      « Éloge des femmes italiennes » discours prononcé le 8 mai 1936, in B. Mussolini, Édition définitive des œuvres de B. Mussolini, ed. Flammarion, vol. XI, 1938, p. 69-71. [↩]
      Voir G. L. Mosse, L’image de l’homme. L’invention de la virilité moderne, Pocket, Agora, p. 179-203. B., Spackman, Fascist Virilities : Rhetoric, Ideology, and Social Fantasy in Italy, University of Minnesota Press, 1996. [↩]
      Cité par F. Le Houérou, L’épopée des soldats de Mussolini en Abyssinie. 1936-1938. Les ensablés, L’Harmattan, 1994, p. 50. [↩]
      M.-A. Matard-Bonucci, P. Milza, L’Homme nouveau entre dictature et totalitarisme, Fayard, 2004. [↩]
      A. Sbacchi, Legacy of Bitterness. Ethiopia end fascist Italy, 1935-1941, The Read Sea Press, 1997. Voir en particulier le chapitre 3, “Poison gas and atrocities in the Italo-Ethiopian War, 1935-1936”, p. 55-85. A. Del Boca (dir.) , I gas di Mussolini. Il fascismo e la guerra d’Etiopia, Roma, Editori riuniti, 1996. G. Rochat, « L’attentato a Graziani e la repressione italiana in Etiopia 1936-1937 », in Italia contemporanea, 1975, n. 118, pp. 3-38. Plus généralement, voir l’œuvre considérable d’A. Del Boca, de R. Pankhurst. Voir aussi A. Mockler, Haile Selassie’s war : The Italian Ethiopian campaign, 1936-41, Oxford University Press, 1984, rééd. Grafton Books, 1987. [↩]
      G. Bottai, Diario 1935-1944, Ed . Bur, 2001, p. 102, note du 16 mai 1936. [↩]
      Sur la littérature coloniale : G. Tomasello, La letteratura coloniale italiana dalle avanguardie al fascismo, Palerme, Sellerio, 1984. R. Bonavita, « Lo sguardo dall’alto. Le forme della razzizzazione nei romanzi coloniali nella narrativa esotica », in La menzogna della razza. Documenti e immagini del razzismo e dell’antisemitismo fascista, Grafis, Bologne, 1994, p. 53-62. [↩]
      Cité par A. Petacco, Faccetta nera, Mondadori, ed. 2008, p. 191. [↩]
      Voir les vignettes reproduites dans le catalogue La Menzogna della Razza, p. 156-157. Sur l’iconographie coloniale : A. Mignemi., Immagine coordinata per un impero, GEF, 1984, Novara. G. Campassi, M.-Teresa Sega, « Uomo bianco, donna nera. L’immagine della donna nella fotografia coloniale » in Rivista di storia e teoria della fotografia, vol. 4, n° 5, 1983, p. 54-62. [↩]
      L. Goglia, « Le cartoline illustrate italiane della guerra etiopica 1935-1936 : il negro nemico selvaggio e il trionfo della civiltà di Rome » dans le catalogue de l’exposition La menzogna della Razza, cit. p. 27-40. L’image décrite est située dans le catalogue, à la p. 175. [↩]
      S. Pivato, Bella ciao. Canto e politica nella storia d’Italia, GLF, Editori Laterza, Bari-Laterza, 2007, p. 161-162. [↩]
      Le texte de la chanson est publié par A. Petacco, op. cit., p. 189-190. [↩]
      Après avoir été ignorée dans leur dimension raciste et sexiste, les relations hommes-femmes ont été analysées en privilégiant la clef de lecture de l’oppression coloniale puis du genre. Voir G. Campassi, « Il madamato in Africa orientale : relazioni tra italiani e indigene come forma di agressione coloniale » in Miscellanea di storia delle esplorazioni, Genova, 1987, p. 219-260. Giulia Barrera, dans une étude pionnière, se place du point de vue des femmes érythréennes livrant une vision plus complexe des rapports de genre dans ce contexte : G. Barrera, Dangerous Liaisons, Colonial Concubinage in Eritrea, 1890-1941, PAS Working Paper, Program of african Studies, Northwestern University, Evanston Illinois, USA, 1996. [↩]
      Carlo Rossetti « Razze e religioni nei territori dell’Impero », L’impero (A.O.I). Studi e documenti raccolti e ordinati da T. Sillani, Rome, La Rassegna italiana, XVI, p. 76. L’auteur était le chef du Bureau des études du Ministère de l’Afrique italienne. [↩]
      B. Sorgoni, Etnografia e colonialismo. L’Eritrea e l’Etiopia di Alberto Pollera 1873-1939, Torino, Bollato Boringhieri, 2001. [↩]
      G. Barrera, Ibid., p. 6. [↩]
      Voir A. Gauthier, “Femmes et colonialisme” in M. Ferro (dir.), Le livre noir du colonialisme. XVIe-XXIe siècle : de l’extermination à la repentance, Poche, Pluriel, Hachette, 2006, p. 759-811. La citation est à la p. 802. Voir également A.-L. Stoler, Carnal Knowledge and Imperial Power : Race and the Intimate in Colonial Rule, Berkeley : University of California press, 2002. [↩]
      Article de Carlo Rossetti, Capo dell’Ufficio studi del Ministero dell’Africa italiana, « Razze e religioni eni territori dell’Impero », in L’impero (A.O.I). Studi e documenti raccolti e ordinati da T. Sillani, La Rassegna italiana, XVI, p. 76. [↩]
      Sur la prostitution, A. Del Boca, La caduta cit. p. 244-245. Pankhurst, R. « The history of prostitution in Ethiopia », Journal of Ethiopian Studies, 12, n° 2, p. 159-178. [↩]
      À condition, disait le texte de loi, que les intéressés « se montrent dignes de la nationalité italienne par leur éducation, culture et niveau de vie ». Loi du 6 juillet 1933, n° 999. [↩]
      Chiffre cité par A. Del Boca, op. cit., p. 248. [↩]
      Le témoignage de I. Montanelli est cité par E. Biagi in 1935 e dintorni, Mondadori, 1982, 58-61. [↩]
      Sur C. Gini, M.-A. Matard-Bonucci, L’Italie fasciste op. cit., p. 74-75. D. Simonelli, La demografia dei meticci, 1929. [↩]
      Avant la guerre d’Éthiopie, on ne trouve pas de textes dénonçant les méfaits du métissage dans la presse coloniale. Voir le mémoire de maîtrise inédit de F. Marfoli, La vision des Éthiopiens sous le fascisme : étude de quatre revues coloniales italiennes, dir. O. Dumoulin, Université de Rouen, sept-oct 2001. [↩]
      Illustrazione coloniale, Fev. 1936, n.2, « Metodo romano per colonizzare l’Etiopia ». [↩]

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      PARTIE 2
      La conquête de l’Éthiopie et le rêve d’une sexualité sur ordonnance (2), par Marie-Anne Matard-Bonucci.

      Le spectre du #métissage

      La proclamation de l’Empire représenta un tournant dans l’histoire du racisme et de la doctrine fasciste. Jusque-là, la domination des Italiens sur les populations coloniales s’était traduite par un racisme colonial assez banal. En Libye, aucune législation sur le métissage n’avait été adoptée et les Arabes étaient autorisés à fréquenter les bordels des Européens. À une économie propre au racisme qui valorisait les populations arabes par rapport aux habitants d’Afrique noire s’ajoutaient des facteurs objectifs limitant les risques de procréation des couples mixtes : les femmes italiennes y étaient plus nombreuses et les mariages « à court terme » n’existaient pas1.

      Dans la radicalisation raciste de l’été 1936, il est difficile de savoir si la question sexuelle fit office de catalyseur ou servit de révélateur. Mussolini était ulcéré depuis longtemps par l’idée même des couples mixtes. En avril 1934, il avait exigé de retirer de la circulation le roman Amour noir : « Il s’agit des amours d’un Italien avec une négresse. Inadmissible de la part d’une nation qui veut créer un Empire »2. Deux jours après la proclamation de l’Empire, le chef du gouvernement ordonna à Badoglio et Graziani de n’autoriser aucun Italien civil ou militaire à rester plus de six mois sans femme en Éthiopie pour prévenir « les terribles et prévisibles effets du métissage »3. Échafaudant de grands projets d’expansion économique pour l’Empire, Mussolini avait expliqué, à la même époque, au baron Aloisi, chef de cabinet du Ministère des affaires étrangères, son intention d’y envoyer « beaucoup d’Italiens, mais avec l’obligation d’emmener leurs femmes, car il faut absolument éviter le danger d’une race de métis qui deviendraient nos pires ennemis »4. En juin 1936, Facetta Nera tomba en disgrâce peu après avoir subi les assauts du journaliste à succès, Paolo Monelli. Dans un article intitulé « Donne e buoi dei paesi tuoi », et peut-être écrit sur ordonnance, il mettait au défi l’auteur de la chanson de partager quelques jours de l’existence d’une « facetta nera », « une de ces abyssines crasseuses, à la puanteur ancestrale qui puent le beurre rance qui dégouline à petites gouttes dans le cou ; détruites dès l’âge de vingt ans par une tradition séculaire de servage amoureux et rendues froides et inertes dans les bras de l’homme ; pour une beauté au visage noble cent ont les yeux chassieux, les traits durs et masculins, la peau variolée »5. La plume haineuse vitupérait le romantisme à l’eau de rose de la chanson et dénonçait l’incitation à fréquenter les « petites négresses puantes », qui conduisait au métissage et au « délit contre la race ». En rupture avec le climat de badinage et de libertinage qui avait accompagné la conquête de l’Éthiopie, l’article était en phase avec l’évolution idéologique de l’époque. En novembre 1936, devant le Grand Conseil du fascisme Mussolini affirma la nécessité « d’affronter le problème racial et de l’introduire dans la littérature et la doctrine fascistes »6.

      À cette date, la constitution d’un corpus de littérature et de propagande raciste était en bonne voie. Depuis plusieurs mois, le roman d’aventure de la conquête coloniale occupait les pages des journaux. À partir de mai 1936, s’insinua bientôt la figure d’épouvante du métis, en métropole comme dans les colonies, dans les feuilles fascistes comme dans la presse dite d’information7. Non seulement le métissage portait atteinte au prestige de la race mais le métis était présenté tantôt comme un délinquant en puissance, tantôt comme un malheureux. Un haut fonctionnaire du Ministère de l’Afrique italienne brossait un tableau assez sombre : « On a assez vu, en Érythrée et en Somalie, des officiers et fonctionnaires, parfois de grade élevé, vivre maritalement avec des femmes indigènes donnant naissance à une catégorie d’infortunés ; leur paternité italienne n’empêchait pas, une fois le père rentré en métropole, et si les missionnaires n’intervenaient pas, qu’il vive son adolescence dans le milieu de la race maternelle. Ces malheureux étaient évités par les Blancs et méprisés par les Indigènes8.

      Pour la bataille de la race on fit appel à des racistes patentés tels Lidio Cipriani, lequel agitaient depuis le début des années Trente l’épouvantail du métissage entre races supérieures et inférieures9. Ses multiples expéditions « du Cap au Caire » l’avaient imposé comme spécialiste des populations africaines, par des reportages dans des journaux grand public et dans l’Illustrazione italiana10. En 1937, il devint le directeur de l’Institut et du musée d’anthropologie de Florence, l’un des plus renommés d’Italie. Il s’imposa comme l’un des acteurs de premier plan de la croisade contre le métissage jouant un rôle important dans la principale revue du racisme militant, La Difesa della razza, lancée à l’été 193811. Il mit à la disposition de la revue ses collections de photographies des populations africaines12.

      La Difesa della Razza excella dans l’invention de procédés de photomontages destinée à matérialiser visuellement le métissage. Un quart des couvertures interpellait les lecteurs sur ce thème. L’une d’entre elles montrait l’addition d’un faciès de femme blanche et d’homme noir dont il résultait un masque grotesque. Une autre accolait une tête de blanche et d’Africain : de cet étrange Janus, surgissait une tête de mort édentée. Deux mains, l’une blanche, l’autre noire s’enlaçaient laissant choir une fleur fanée. Plus classique, la couverture de mai 1940, mettait en présence une Ève africaine offrant le fruit défendu à un « aryen ». Un cactus, au premier plan signalait, une fois encore, le danger de la fusion des races13.Le Parti fasciste suscita sa propre littérature sur le sujet. En 1939, parut Le problème des métis sous l’égide de l’institut fasciste de l’Afrique italiennes14. « Dieu a créé les blancs, le diable les mulâtres » pouvait-on lire en exergue15. En Afrique, le Parti fasciste fit campagne pour changer les mentalités. Guido Cortese, secrétaire du faisceau d’Addis Abeba, interprétait fidèlement le nouveau cours politique16 : « Le folklore, celui des nus, des pleines lunes, des longues caravanes et des couchers de soleil ardents, des amours folles avec l’indigène humble et fidèle, tout cela représente des choses dépassées, qui relèvent du roman de troisième ordre. Il serait temps de détruire tout de suite les romans, illustrations et chansonnettes de ce genre afin d’éviter qu’ils donnent naissance à une mentalité tout autre que fasciste ».

      Réformer les pratiques sexuelles des Italiens dans l’Empire

      Le 19 avril 1937, un décret-loi fut adopté pour sanctionner les rapports « de nature conjugale » entre citoyens italiens et sujets de l’Empire, passibles de un à cinq ans de prison17. La loi frappait les Italiens seuls et non les sujets de l’Empire – une situation qui serait bientôt considérée comme injuste par certains fascistes qui réclameraient un durcissement de la loi18. Avec les mesures pour la défense de la race qui installèrent l’antisémitisme d’État à l’automne 1938, la question était affrontée dans le cadre de la partition entre citoyens, ou non, de race italienne. Les juifs, comme les sujets de l’Empire, n’appartenaient pas à la race italienne. Dans ce cadre, les mariages entre individus de race différente étaient interdits : même si elle s’appliquait à l’Empire, la loi visait principalement les unions mixtes impliquant des juifs, très fréquentes, alors que celles-ci prolongeaient rarissimement une situation de madamismo.

      Dans l’Empire les troupes d’occupation et les colons pouvaient continuer à fréquenter les maisons closes et les très nombreuses prostituées africaines, les sciarmute19. En juin 1939, une nouvelle loi précisait et aggravait la précédente, la répression des couples mixtes et du métissage s’intégrant dans un texte plus large de défense du prestige de la race20. Tout délit, quel qu’il fût, était passible d’une peine plus lourde (un quart à un tiers) s’il y avait atteinte au prestige de la race italienne, ou lorsqu’il était commis en présence d’un indigène ou en complicité avec celui-ci. La loi reconduisait les dispositions de 1937 sanctionnant les relations de nature conjugale entre Italiens et sujets de l’Empire mais une disposition nouvelle marquait le franchissement d’un seuil dans la lutte contre le métissage. L’article 11, « Inchiesta relativa ai meticci » invitait les Procureurs à diligenter une enquête, en présence d’un enfant métis, probablement conçu après l’entrée en vigueur de la loi d’avril 1937. Le texte annonçait (art 20, Meticci) des dispositions à venir concernant la position des métis dans l’Empire. En mai 1940, de nouvelles dispositions assimilaient les métis à des sujets africains, interdisant aux pères italiens de les reconnaître. À l’instar des mesures antisémites, les lois coloniales ignoraient le statut de métis, par crainte sans doute que l’invention d’une catégorie juridique n’installe durablement le phénomène.

      La répression s’exerça de plusieurs façons. Plusieurs officiers furent rapatriés en métropole et parfois radiés des cadres de l’armée21. S’agissant des civils, il incombait à la police et à la justice de mettre un terme à des agissements qualifiés par le Duce de « scandaleux » et de « criminels ». Une « police » du madamismo était habilitée à distribuer des « billets jaunes » de mise en garde22.

      Plusieurs procès furent attentés à des Italiens pour réprimer le délit de madamismo23. Un premier jugement fut rendu en septembre 1937. Plusieurs dizaines d’autres procès suivirent devant les tribunaux d’Addis Abeba, Asmara, Gondar, Harar. Le nombre de procès peut sembler anecdotique en regard d’un phénomène qui concernait plusieurs milliers d’individus. Mais les textes des décisions de justice sont cependant riches d’enseignements quant à la façon dont les juges interprétaient la loi. La difficulté consistait dans l’établissement du délit, avec ce que cela supposait d’atteintes à la vie privée des individus. Confronté à un premier procès pour madamismo, en novembre 1938, le Tribunal de Gondar admettait la difficulté à juger en regard du caractère récent de la jurisprudence constituée. Il résumait efficacement la ligne de conduite suivie par les juges dans la plupart des procès : « Compte-tenu des jugements rendus par les autres Tribunaux de l’Empire, ce Tribunal entend diriger l’enquête vers la recherche des preuves matérielles telle que la vie commune menée pendant un certain temps et caractérisée par des rapports sexuels réitérés ; il s’agit aussi de déceler, sur le plan moral ou psychique, les éléments attestant d’un lien spirituel particulier qui ressemble d’une façon ou d’une autre à notre affectio maritalis24. À l’évidence, le fait d’avoir des relations sexuelles avec des Africaines n’était pas en cause. Plusieurs sentences laissaient transparaître la compréhension des juges à l’égard des « besoins sexuels » des expatriés, de la nécessité d’un « défoulement physiologique ». Les rapports sexuels occasionnels avec une domestique dès lors qu’elle ne vivait pas sous le même toit n’étaient pas condamnés25.

      Le sexe était toléré avec les indigènes pourvu qu’il fût dénué de tout affect. Dans une affaire de madamismo, les juges de Gondar estimaient que l’accusé -que son attachement manifeste à la femme accablait- n’aurait pas été coupable « s’il s’était servi de la femme seulement comme prostituée en lui payant le prix d’accouplements occasionnels puis en la congédiant après avoir satisfait ses besoins sexuels »26. En dépit de l’affichage d’un tel cynisme, certains juges prétendaient imposer une morale dans le commerce sexuel entre homme blancs et femmes noires, s’indignant parfois des pratiques de certains colons27. Deux Italiens furent ainsi condamnés pour atteinte au prestige de la race, pour avoir partagé une seule chambre à coucher avec deux Éthiopiennes. « Sans nul doute, l’acte sexuel accompli en présence de tiers offense la pudeur et dénote une pudeur inférieure à celle qui existe chez les peuples civilisés, et en particulier au sein du peuple italien du fait de la conjonction heureuse des principes du fascisme et des enseignements moraux du catholicisme. Cela est d’autant plus répréhensible si l’on tient compte de la réserve notoire des femmes indigènes en matière de sexualité. »28

      Comment statuer sur l’existence de rapports sexuels dès lors qu’ils n’étaient plus « de simples échanges destinés à assouvir une pulsion physique »29. Comment établir la réalité d’une relation de nature conjugale ? La cohabitation prolongée constituait donc une présomption importante qui ne fut pas toujours considérée comme suffisante pour l’établissement des faits. Le caractère passionnel de certaines relations était considéré comme preuve de culpabilité. Quelques procès avaient été motivés par des plaintes de femmes contre la violence dont elles avaient été victimes30. La violence contre les femmes n’intéressait pas les juges en tant que telle mais en ce qu’elle révélait une dépendance affective des accusés, en proie à la jalousie. Plusieurs affaires trahissaient le manque de confiance des Italiens à l’égard de leurs compagnes31. Les recommandations de fidélité sexuelle étaient prises pour l’aveu d’une affection coupable. Les cadeaux étaient considérés comme des indices à charge : le caractère utilitaire de certains présents pouvait être plaidé mais ceux qui n’étaient manifestement destinés qu’à faire plaisir, enfonçaient les accusés32. Tous les éléments « à charge » étaient réunis dans une affaire jugée en septembre 1939. Une Africaine avait été embauchée pour 150 lires par mois comme domestique par un homme dont elle partageait le couvert et la couche. L’homme était subjugué par cette femme au point de vanter ses qualités dans son entourage, de lui offrir des parfums. Il était allé la rechercher quand elle l’avait abandonné pour épouser un « homme de sa race ». Pour les juges, la culpabilité était flagrante : « Cohabitation, table commune, confiance et tendresse, jalousie réciproque, cadeaux de coquetterie et non utilitaires font de la petite servante une compagne de vie, ce qu’est justement l’épouse »33. Les marques de tendresse ou d’attention particulière à l’égard des indigènes étaient particulièrement suspectes : raccompagner une femme chez elle le soir, la désigner comme sa femme34, lui rendre visite lorsqu’elle était malade35.

      « L’affection », la passion qualifiée parfois « d’enivrement » étaient en revanche répréhensibles. Le mot « amour » n’était jamais employé, tant les juges considéraient cette éventualité comme improbable ou inconvenante. En janvier 1939, un homme fut condamné à un an et demi de prison pour madamismo. Facteur aggravant, l’homme avait avoué aimer la femme indigène36. Il avait admis lui avoir fait des cadeaux, à elle et à sa mère. Espérant fonder un foyer, il avait préparé une lettre au Roi pour demander à l’épouser. Les juges diagnostiquaient un cas « macroscopique d’ensablement »37, « car ici, le blanc ne désire pas simplement la Vénus noire en la tenant à ses côtés pour des raisons de tranquillité et pour bénéficier de rapports faciles et sûrs mais c’est l’âme de cet Italien qui est troublée ; il est entièrement dévoué à la jeune noire qu’il veut élever au rang de compagne de sa vie et qu’il associe à tous les évènements, y compris hors sexualité, de sa vie38. »

      La lutte contre le métissage inaugura bien, sur le plan juridique, la mise en œuvre d’un racisme biologique fondé sur le principe de la pureté du sang. En ce sens, elle marquait un changement radical dans les conceptions qui avaient prévalu jusque-là en matière de citoyenneté et d’identité, dans l’Empire comme en métropole. Toutefois, ces mesures furent adoptées pour répondre à une question de gouvernance coloniale locale : il n’était pas encore question d’une politique globale de la race -à aucun moment, des mesures analogues ne furent envisagées pour prévenir les métissages arabo-italiens en Libye, autre importante colonie de peuplement italienne- ni de mesures visant les juifs39.

      La partie qui se jouait en Éthiopie concernait autant l’Italie que la corne de l’Afrique. Le front pionnier de l’Empire ramenait sur le devant de la scène les projets de révolution anthropologique et de construction de l’homme nouveau et les difficultés à les mettre en œuvre.

      Sexe, race et totalitarisme fasciste.

      Une fois l’Empire proclamé, le rêve colonial et l’utopie fasciste de l’homme nouveau se trouvèrent en contradiction, non sur le terrain de la violence mais sur celui de la sexualité. Objets de désir, d’abord instrumentalisées par la propagande, les « Vénus noires » furent bientôt diabolisées, leur fréquentation n’étant autorisée que dans le cadre d’une relation proscrivant tout affect. En organisant la prostitution en terre coloniale, le fascisme heurtait la morale en usage dans la péninsule, suscitait la réprobation du Vatican, mais se comportait comme la plupart des puissances coloniales confrontées à la demande sexuelle des troupes en campagne40.

      En revanche, en menant la lutte contre le madamismo à un niveau d’État, le fascisme se singularisait par une démarche fusionnant racisme et totalitarisme, la doctrine de la race venant au secours du projet de révolution anthropologique du régime. D’un côté, en traquant le concubinage des Italiens et des Africaines, les responsables fascistes cherchaient à prévenir le métissage au nom de conceptions racistes qui n’étaient guère originales en contexte colonial41. Mais le régime pourchassait aussi d’autres démons, les défauts supposés d’un peuple que le Duce voulait transformer : le sentimentalisme, un certain humanisme et des comportements jugés aux antipodes de la virilité fasciste.

      Dans la métropole, la volonté d’orienter les comportements affectifs et sexuels était à l’œuvre depuis plusieurs années. La famille et la procréation devaient borner l’horizon amoureux des Italiens. Dans cette perspective, l’homosexualité -masculine seulement- fut réprimée par le code pénal de 1931. En décembre 1926 une taxe sur le célibat fut adoptée, les célibataires ne cessant par la suite d’être montrés du doigt et pénalisés, par exemple dans leur carrière lorsqu’ils étaient fonctionnaires. Paolo Orano intellectuel proche du pouvoir assimilait le célibat à une forme « de fuoruscitismo » civil et social42.

      S’agissant du couple, il n’était guère besoin de légiférer sur les rapports hommes femmes tant la domination des premiers allait de soi. Toutefois, certains fascistes rêvaient aussi de marquer les relations amoureuses au sceau du totalitarisme fasciste. Dès 1915, le nationaliste Giovanni Papini, l’une des sources d’inspiration du fascisme, recommandait dans Maschilità de se libérer de la famille, du romantisme et de l’amour, opposant les femmes et hommes, le miel et la pierre, et dénonçant l’amour comme un asservissement43. Pour un régime qui érigeait la famille en absolu et qui s’appuyait sur l’Église pour gouverner, il semblait difficile, après 1922, de souscrire à la totalité de ce programme. Paolo Orano proposait une voie de compromis étant entendu que sous le fascisme, « L’État entre avec méthode et énergie au cœur de la moralité individuelle et domestique, car il est le maître de la vie sociale ». Il convenait de se libérer de l’idée bourgeoise suivant laquelle l’amour devait précéder le mariage et en finir avec les illusions romantiques et égoïstes de l’amour comme fin en soi. Le couple devenait une forme d’association tendue vers la procréation dont l’amour était une conséquence et non un préalable44.

      Cette philosophie des rapports homme femme inspira la politique fasciste en Éthiopie. L’éloignement, de plus fortes contraintes pour les hommes dans un contexte de guerre puis d’occupation permettaient, en théorie, de contrôler plus efficacement les comportements amoureux. Dans l’économie licite des pratiques sexuelles deux solutions s’offraient aux soldats colons fascistes, célibataires par force : la chasteté, le colonisateur cédant la place à une forme de moine soldat, ou la pratique d’une sexualité déconnectée de tout sentiment.

      Ceux qui firent le premier choix furent une minorité. Certains hommes mariés mirent un point d’honneur à résister à la tentation du sexe qui « était au cœur de toutes les préoccupations »45. Brandissant l’étendard de la fidélité au mariage, ils justifiaient l’obligation de chasteté et la frustration sexuelle par la morale, les valeurs du catholicisme, la loi fasciste et une répulsion d’ordre raciste46. Laissant femme et enfants dans la péninsule, Nicola Gattari était venu en Éthiopie comme soldat et y était resté pour se faire une situation, comme patron de camion. Dans certaines lettres adressées à sa femme bien-aimée, il abordait ce sujet délicat47 « Je suis un homme jeune plein de désirs mais qui peut les satisfaire ? Ces femmes noires puantes auprès de qui des milliers d’hommes de tous les âges contractent des infections ? Non, ma chérie, ton Nicola reviendra comme il est parti, je te le jure (…) Pense à nos retrouvailles, comme notre étreinte sera belle ! » Répondant à son épouse qui lui avait demandé, sans trop y croire, s’il était tombé amoureux d’une petite noire, il réaffirmait sa constance : … « Oui, je passerai peut-être pour un imbécile par rapport à d’autres et je dois admettre que ma volonté de rester fidèle aux liens sacrés du mariage doit être le fait d’un résident sur mille en Afrique. Si je me suis amouraché d’une petite négresse ? Je pourrais te répondre que pour conquérir une de ces pouilleuses il n’y a pas besoin d’être amoureux car ce sont des filles faciles : 5 lires suffisent et l’affaire est conclue ».

      La prostitution constituait donc une porte de sortie. Celle-ci ne bloquait pas nécessairement l’appel du concubinage, le passage de la condition de sciarmutta à celle de madama étant fréquente chez les femmes éthiopiennes48. En allant inspecter les chambres à coucher, en suscitant les confessions intimes lors des procès, l’État avait, en effet, pénétré « au cœur de la moralité individuelle et domestique ». De trop nombreuses barrières rendaient l’entreprise difficile dans la métropole : elle fut tentée, au nom de la lutte contre le métissage, dans l’Empire. Par leurs recommandations concernant les échanges avec les indigènes, les juges inventaient un idéal-type, celui d’une sexualité émancipée de tout sentiment, ramenée en définitive, à la « masculinité » exaltée par Papini.

      Quel fut l’impact des procès et des condamnations qui en résultèrent ? Le traitement judiciaire de la question permit aux juges de montrer leur zèle fasciste. Les sentences des procès furent autant de leçons de racisme et de fascisme, infligées peut-être surtout pour l’exemple à des hommes de milieux modestes49. En infligeant une peine d’un an et demi de prison à un prévenu manifestement amoureux d’une Éthiopienne le juge prétendait lui « éclaircir les idées »50.La répression installa un climat de peur parmi certains colons, à en juger par les comportements des couples qui se cachaient et d’amants qui se réunissaient une fois la nuit tombée51.

      En janvier 1939, l’anthropologue raciste Lidio Cipriani, était modérément optimiste : « Malheureusement l’obscénité des rapports sexuels entre Blancs et indigènes continue, mais il semblerait que les mesures racistes aient conduit à une diminution sensible des cas de fécondation indésirables … Il est probable que le blanc commence désormais à se rendre compte de l’inconvénient qu’il y a à s’abandonner sans vergogne à une femme de couleur »52. Toutefois, la plupart des témoignages invitent à penser que la loi contre le madamismo ne fut guère respectée, y compris par ceux qui devaient imposer l’ordre fasciste, et notamment les carabiniers53. En Érythrée, on dénombrait 10 000 les femmes africaines vivant avec des Italiens en 1935 et 15 000 en 194054.

      La question du sexe et du métissage, comme d’autres mesures destinées à réformer les comportements en profondeur traçait les limites de l’emprise fasciste sur les esprits et de sa capacité à façonner les mœurs.

      Texte paru in D. Herzog, Brutality and desire. War and Sexuality in Europe’s Twentieth Century, Palgrave Macmillan, 2008.

      Pour aller plus loin :

      La guerre d’Éthiopie, un inconscient italien, par Olivier Favier. Sur le mausolée au maréchal Graziani à Affile (août 2012), la naissance d’une littérature italophone et postcoloniale et le documentaire de Luca Guadagnino, Inconscio italiano (2011). Voir aussi : L’Italie et ses crimes : un mausolée pour Graziani, par Olivier Favier.
      Mémoire littéraire, mémoire historique, entretien croisé avec Aldo Zargani et Marie-Anne Matard-Bonucci, par Olivier Favier.
      Le fascisme, Auschwitz et Berlusconi, par Marie-Anne Matard Bonucci, Le Monde, 11 février 2013. Marie-Anne Matard-Bonucci est professeure d’histoire contemporaine à Paris VIII, Institut Universitaire de France. Elle est également l’auteure deL’Italie fasciste et la persécution des juifs, Paris, Puf, 2012.

      C. Ipsen, Demografia totalitaria, Il Mulino, p. 256. [↩]
      Propos rapporté par le Baron Pompeo Aloisi, chef de cabinet du ministre des affaires étrangères à partir de juillet 1932 : Journal (25 juillet 1932-14 juin 1936), Plon, Paris, 1957, p. 185. [↩]
      Télégramme de Mussolini à Badoglio et Graziani, in La menzogna cit., p. 20. [↩]
      B Aloisi, Journal, cit., p. 382. La conversation est datée du 8 mai. [↩]
      L’article parut dans La Gazzetta del popolo de Turin, le 13 juin 1936. [↩]
      G. Bottai, Diario 1936-1943, op. cit., p. 115. 19 novembre 1936. Rien ne prouve qu’à cette date, Mussolini songeait aussi à l’antisémitisme. [↩]
      La presse coloniale fut particulièrement mobilisée : en janvier 1940, Africa italiana sortait un numéro spécial « Discipline et tutelle des races dans l’Empire ». Un mois plus tard, la même revue traitait du rôle de la femme italienne dans l’Empire. [↩]
      C. Rossetti, Ibid. [↩]
      L. Cipriani, Considerazioni sopra il passato e l’avvenire delle popolazioni africane, 1932. Sur le personnage, voir : R. Maiocchi, Scienza italiana e razzismo fascista, La Nuova Italia, Firenze, 1999, p. 161-163. [↩]
      In Africa, dal Capo al Cairo est le titre du livre publié en 1932, Florence, Bemporad. [↩]
      Sur le rôle de cette revue dans le dispositif propagandiste raciste, M. A. Bonucci, L’Italie fasciste et la persécution des juifs, Perrin, 2007. [↩]
      P. Chiozzi, “Autoritratto del razzismo : le fotografie di Lidio Cipriani in La menzogna della razza, cit., p. 91-94. [↩]
      Les couvertures évoquées sont respectivement celles des numéros : A. III, 14-20/05/40
      A. III, 11- 5/04/40 ; A. IV, 3-5/12/40 ; A. III, 8-20/02/1940. [↩]
      G. Masucci, Il problema dei meticci, Istituto Fascista dell’Africa italiana, 1939, XVII. [↩]
      Un compte-rendu figure dans Razza e Civiltà, A. I, n°1, 23 mars 1940, p. 107. [↩]
      G. Cortese, Problemi dell’Impero, Pinciana, Rome, 1937. Cité in F. Le Houerou, op. cit., p.95. [↩]
      Décret-Loi (RDL) du 19 avril 1937, n°880, « Sanzioni per i rapporti d’indole coniugale fra cittadini e sudditi » [↩]
      Voir la position de Giovanni Rosso, « Il reato di madamismo nei confronti dell’indigena che abbia una relazione di indole coniugale con un cittadino italiano » in Razza e Civiltà, An I, n°1, p. 131-139. [↩]
      Voir A. Del Boca, La caduta dell’Impero, op. cit., p. 243-245. [↩]
      RDL n°1004 du 29 juin 1939. [↩]
      A. Del Boca évoque plusieurs cas, in La caduta cit. , p. 246-247. [↩]
      F. Le Houerou, op. cit., p. 95. [↩]
      La Revue Razza e Civiltà, publiée à partir de mars 1940 : il s’agissait de l’organe du Conseil Supérieur et de la Direction générale pour la Démographie et la race. Dans le cadre de la rubrique « Giurisprudenza e legislazione razziale » a publié de nombreux extraits des décisions judiciaires. Les analyses présentées ci-dessus se fondent sur l’analyse de 28 cas présentés par la revue. La moitié conclut au délit de madamismo ou d’atteinte à la dignité raciale. [↩]
      Sentence du Tribunal de Gondar du 19 novembre 1938, Président Maistro, Accusé Spano. RC, An I, n.1 p. 128-131. [↩]
      Sentence du 7 février 1939, accusé Venturiello, Pres. Carnaroli, RC, A. I, n°5-6-7, p. 549. [↩]
      Sentence du Tribunal de Gondar du 19 novembre 1938, Accusé Spano, Président Maistro RC, An I, n.1 p. 1p. 130. [↩]
      Voir Sentence de la Cour d’Appel d’Addis Abeba, 4 avril 1939, accusé Isella, Pres Carnaroli, RC, A. I, n°5-6-7, p. 552. [↩]
      Sentence du 21 décembre 1939, Cour d’Appel d’Addis Abeba, accusés Lauria et Ciulla, Pres. Morando, RC, A. I, n°5-6-7, p.548. [↩]
      Sentence du 3 janvier 1939, Cour d’Appel d’Addis Abeba, Accusé Melchionne, Pres Carnaroli, RC, A. I, n°5-6-7, p.548. « I congressi carnali perdono il carattere d’incontro a mero sfogo fisiologico ». [↩]
      Ainsi, le procès contre G. Spano a été suscité par une plainte de sa concubine auprès des carabiniers. Sentence du tribunal de Gondar du 19 novembre 1938, RC, An I, n°1, p. 128. [↩]
      Cour d’Appel d’Addis Abeba, Sentences du 31 janvier 1939, Accusé Seneca, Pres Guerrazzi ; 3. janvier 1939 Accusé Marca, Pres. Guerrazzi, RC, A. I, n°5-6-7, p. 548 et 551. [↩]
      Des cadeaux sont mentionnés dans plusieurs affaires. [↩]
      Sentence du 5 septembre 1939, Cour d’Appel d’Addis Abeba, Procès contre Fagà, Pres Carnaroli, RC, A. I, n°5-6-7, p. 547. [↩]
      Sentence du 14 février 1939, Cour d’Appel d’Addis Abeba, Procès contre Autieri, Pres Carnaroli , RC, A. I, n°5-6-7, p. 549. [↩]
      Sentence du 3 janvier 1939, Cour d’Appel d’Addis Abeba, Procès contre Giuliano, Pres Carnaroli RC, A. I, n°5-6-7, p. 550. [↩]
      L’expression utilisée est « volerle bene ». [↩]
      On désignait comme insabbiati, « ensablés », les hommes restés vivre en Éthiopie, souvent aux côtés d’une Africaine. [↩]
      Sentence du 31 janvier 1939, Cour d’Appel d’Addis Abeba, Procès contre Seneca, Pres Guerrazzi , RC, A. I, n°5-6-7, p 548-549 [↩]
      Outre que le métissage semblait inspirer moins de crainte s’agissant des Arabes que des populations d’Afrique noire, des raisons tenant au contexte proprement libyen expliquent un tel choix : présence plus nombreuse de femmes italiennes en Libye ; statut différent du mariage dans ce pays par rapport à l’Éthiopie. Cf. C. Ipsen, op. cit, p. 256. [↩]
      Au demeurant, en métropole aussi, le fascisme avait une politique visant à contrôler la prostitution sans l’interdire définitivement. Sur la duplicité du gouvernement italien qui réprima la présence de prostituées dans la rue et mais la tolérait dans des bordels soumis à un contrôle policier et sanitaire : V. De Grazia, Le donne nel regime fascista, Tascabili Marsili, p. 73-74. [↩]
      V. Joly écrit : « Les amours exotiques doivent être éphémères. Les femmes indigènes ne sont que des substituts qu’imposent la solitude et l’éloignement de la promise qui attend en métropole, simple rêve parfois. Elles ne doivent pas plus être sentimentales tant est vive la crainte du « métissage » affaiblissement pour la race du vainqueur », in « Sexe, guerre et désir colonial » in F. Rouquet, F. Virgili, D. Voldman, Amours, guerres et sexualité 1914-1945, Gallimard, BDIC, 2007, 62-69. [↩]
      La formule est de Paolo Orano in « Famiglia, razza, potenza », Il fascismo, vol. II, Pinciana, Rome, XVIII, p. 391-429. Le fuoruscitismo désignait l’exil antifasciste. [↩]
      Maschilità, Firenze, Libreria della Voce, 1915. [↩]
      P. Orano, Ibid. [↩]
      A. Del Boca, Gli Italiani in Africa orientale, La caduta dell’Impero, Rome-Bari, Laterza, 1982, p. 243. [↩]
      A. Del Boca donne quelques exemples parmi lesquels celui du Résident de Bacco ou encore le témoignage d’un Consul de la Milice. Ibid. p. 250. [↩]
      Ces lettres ont été publiées par S. Luzzatto, La strada per Adis Abeba. Lettere di un camionista dall’Impero (1936-1941), Paravia. Scriptorium, 2000 : Les citations sont aux pages 85 et 144. [↩]
      G. Barrera, op. cit. p. 26. [↩]
      Les sentences des procès ne permettent pas toujours de connaître la profession des accusés. Reste que l’impression dominante est celle de procès attentés à des hommes de condition modeste, issus du prolétariat ou d’une basse classe moyenne. Sur la sociologie des colons éthiopiens, F. le Houérou, op. cit., p. 115-135. [↩]
      Sentence du 31 janvier 1939, Cour d’Appel d’Addis Abeba, accusé Seneca, Président Guerrazzi, RC, A. I, n°5-6-7, p. 548-549. [↩]
      Autant qu’on puisse en juger par les allusions contenues dans certaines sentences à la crainte de perquisitions de la police pendant la nuit pour constater le délit. [↩]
      Archivio Centrale dello Stato (Rome) MCP, Gab., b. 151, lettre du 18/01/1939. Dans une autre lettre de l’hiver 1939, à une époque où il propose, il est vrai, ses services comme « consulente razziale nell’Impero », Cipriani revient sur la question (Lettre de Cipriani à Landra du 31/01/39, in ACS, MCP, Gab., b. 151). [↩]
      F. Le Houérou a recueilli 35 témoignages dont la plupart émanent des « ensablés », les Italiens restés sur place souvent après avoir vécu avec une Madama. Par sa nature, la population interviewée amplifie peut-être la réalité du phénomène. Voir en particulier, op. cit. p. 97-105. [↩]
      Chiffres cités par G. Barrera, op. cit., p. 43. [↩]

      http://dormirajamais.org/conquete-2

      via @olivier_aubert à qui je dis #merci (@olivier_aubert —> j’ai déplacé la référence ici, car plus appropriée qu’ici : https://seenthis.net/messages/972185)

      #femmes #stéréotypes #caricature #dessin_de_presse #passion #condottiere #squadrisme #désir #Faccetta_Nera #imaginaire #Amharas #concubinage #mariage_dämòs #union_contractuelle_temporaire #madamismo #Somalie #Erythrée #Ethiopie #doux_esclavage #rapports_sexuels #sciarmute #prostitution #bordels #exploitation_sexuelle #Loi_organique_pour_l’Erythrée_et_la_Somalie #Indro_Montanelli #racisme #fascisme #unions_mixtes #Difesa_della_Razza #photographie

  • Uno sguardo decoloniale sullo studio delle migrazioni
    https://www.meltingpot.org/2022/08/uno-sguardo-decoloniale-sullo-studio-delle-migrazioni

    Il dominio coloniale e la sua storia di sfruttamento, oppressione e crudeltà non sono mai terminati. Dalle condizioni in cui sono costrette a lavorare le donne in India nell’industria tessile, oppure costrette a farsi togliere l’utero per essere più produttive nelle piantagioni di canna da zucchero, fino ai braccianti costretti a lavorare in condizioni disumane nei campi di pomodori: gli esempi sono tanti. Nonostante la decolonizzazione „formale“, ossia l’autonomia politica e in parte anche economica riconquistata a caro prezzo dai Paesi colonizzati, le strutture del colonialismo continuano a perpetuarsi, riproducendo pressoché le stesse, se non ancora più crudeli e spietate, (...)

  • 174 victimes de traite dʼêtres humains sur un quai du port d’Anvers, et le compteur tourne encore Dirk Tuypens - Solidaire
    https://www.solidaire.org/articles/174-victimes-de-traite-d-etres-humains-sur-un-quai-du-port-d-anvers-et-le

    Le géant de la chimie Borealis, une multinationale qui a réalisé un bénéfice de 1,4 milliard en 2021, est en train de construire une nouvelle usine de plastique à Kallo, dans le port d’Anvers. Fin juillet, on découvre 55 victimes potentielles de traite dʼêtres humains sur le chantier de Borealis. Ce nombre passe rapidement à 174. Des esclaves des temps modernes, dans une Europe prospère.

    Pour ce projet de nouvelle usine, Borealis peut compter sur une subvention de la Région flamande de six millions d’euros. Évidemment, Borealis ne construira pas l’usine elle-même. Pour cela, elle fait appel à un entrepreneur. Cet entrepreneur, c’est notamment la coentreprise franco-italienne Irem-Ponticelli. L’entreprise italienne Irem emploie des milliers de personnes en Europe, en Arabie Saoudite, en Afrique du Nord, en Amérique centrale et en Amérique du Sud. L’entreprise française Ponticelli Frères emploie environ 5 000 personnes à travers le monde, et a enregistré un chiffre d’affaires de 785 millions d’euros en 2021.


    Photo Belga - Anvers (Antwerpen)

    Cet été, le consul flamand des Philippines à Anvers, après avoir été alerté par plusieurs victimes, soulève la question dʼune exploitation dʼêtres humains auprès du bourgmestre De Wever et de Payoke, le centre qui accueille et accompagne les victimes de la traite des êtres humains.

    Il s’agit de personnes originaires du Bangladesh, des Philippines, d’Ukraine et de Turquie. Des ouvriers qui doivent travailler six jours sur sept pour un salaire de 500 à 650 euros, et qui sont en outre logés dans des conditions épouvantables. Certains d’entre eux ont un permis de travail expiré.

    Il s’agit de personnes qui sont recrutées par des agences internationales dans leur pays d’origine avec la promesse de gagner beaucoup d’argent en Europe, ce qui leur permettra d’offrir à leur famille une vie meilleure dans leur pays. Ils paient souvent une petite fortune pour la traversée et se retrouvent dans un circuit obscur qui les conduit d’un pays à l’autre, et leur procure tout sauf le revenu espéré.

    « Trois semaines après l’éclatement du scandale, 17 victimes semblent avoir été "oubliées" et se retrouvent sans aucun soutien", déclare Peter Mertens, conseiller communal PTB à Anvers. « Cʼest incroyable que les travailleurs qui ont bossé comme soudeurs et tuyauteurs dans le port, des victimes de la traite dʼêtres humains, ne puissent toujours pas compter sur un quelconque soutien des autorités. Certains d’entre eux n’ont pas eu de revenu pour vivre pendant des semaines. Ils subissent toujours une forte pression de la part des exploitants, qui viennent régulièrement les menacer. Depuis la semaine dernière, ils sont également menacés d’un avis d’expulsion par le bourgmestre De Wever. Ces travailleurs construisent nos usines, nos écoles et nos hôpitaux. Ils ont droit à un salaire égal pour un travail égal. Et aujourd’hui, tout d’abord, dʼun lieu sûr. »

    Sous le radar
    Les témoignages qui paraissent dans la presse sont hallucinants. Le 29 juillet, par exemple, le quotidien Gazet van Antwerpen a publié le récit d’une des victimes. « Nous avons été recrutés au Bangladesh par une agence ayant des bureaux au Portugal et en Belgique. Ils nous ont promis un salaire de 2 500 euros par mois. Pour les atteindre, il faudrait travailler 190 heures par mois. Pour pouvoir nous rendre en Belgique, nous devions d’abord nous rendre en Inde pour demander un visa à l’ambassade de Hongrie. Pour le billet d’avion pour l’Inde, nous avons payé à l’agence 1 000 euros par personne. Cela représente beaucoup d’argent au Bangladesh, mais nous espérions un bon salaire qui nous permettrait de rembourser rapidement tous ces frais. » Une fois le visa hongrois en règle, les ouvriers sont retournés au Bangladesh, où ils ont payé à l’agence entre 7 000 et 8 500 euros pour un billet vers la Hongrie.

    Là, ils ont dû survivre pendant trois mois avant d’être envoyés en Belgique pour travailler sur le chantier de Borealis. Ils avaient un salaire horaire de 6,5 euros.

    Plus tard, on a dit aux ouvriers qu’ils devaient aller en Grèce. Là-bas, ils devraient travailler six jours par semaine et dix heures par jour. S’ils n’acceptaient pas, ils seraient licenciés. Leur salaire en Belgique n’avait pas encore été versé, ils ne le recevraient qu’en Grèce.

    En juillet, ces travailleurs décident d’aller à la police.

    « Nous voyons cela tous les jours », a déclaré Klaus Vanhoutte, le directeur de Payoke, sur Radio 1, le 26 juillet. « Nous alertons depuis des années que l’exploitation économique est également très présente dans notre pays. » Pour Payoke, le nombre de victimes chez Borealis est inégalé, c’est du jamais vu. Cela pose d’ailleurs des problèmes majeurs à l’organisation, car il n’y a pas assez d’hébergements. Payoke et ses organisations sœurs à Bruxelles et en Wallonie ne disposent que de 70 places d’accueil. M. Vanhoutte souligne également que seul un petit pourcentage du problème est visible. De nombreuses victimes restent sous le radar. Ce n’est pas surprenant, si l’on sait qu’il n’y a que 39 inspecteurs qui travaillent sur la traite des êtres humains. Les investissements sont insuffisants pour lutter efficacement contre l’exploitation économique.

    Entendre, voir et se taire
    Le dumping social est symptomatique d’un système économique dans lequel les patrons sont constamment à la recherche de force de travail moins chère. Si le transport et la construction en particulier font la une des journaux, cette maladie touche également d’autres secteurs. Il suffit de penser au livreur de colis PostNL, qui a récemment été mis en cause pour traite d’êtres humains et dumping social.

    Le système de sous-traitance facilite grandement le dumping social. Les grands entrepreneurs sous-traitent l’ensemble ou une partie de leur travail à de plus petits entrepreneurs. Ces sous-traitants sont en concurrence les uns avec les autres et doivent essayer de travailler pour le meilleur prix possible. À leur tour, ils sous-traitent également à d’autres sous-traitants. Cela crée un enchevêtrement inextricable de sous-traitance. Au nom de la concurrence et de la soif de profits, les salaires et les conditions de travail sont entraînés dans un cercle vicieux.

    Les gros donneurs d’ordre, ceux qui profitent le plus de ce système, sont hors d’atteinte. En effet, le système leur fournit très facilement les protections nécessaires. Borealis, par exemple, dit immédiatement qu’elle ne sait rien et pointe du doigt Irem-Ponticelli. Elle rompt le contrat avec l’entrepreneur et exige une « totale transparence ». Peu de temps après, Irem-Ponticelli a également nié toute implication. Ainsi, elles se refilent mutuellement la faute.

    « Nous ne savons rien et nous sommes très indignés », entend-on. C’est très facile de dire ça, mais pas crédible. « On n’agit que lorsque les profits sont menacés », déclare l’expert en marketing Luk Warlop dans la Gazet van Antwerpen du 29 juillet. « Ces dernières années, les entreprises ont beaucoup parlé de pratiques commerciales éthiques, mais c’est souvent uniquement pour faire bonne figure face aux actionnaires. En fin de compte, il faut conclure que le réflexe éthique est absent, et qu’il n’y a personne pour dire que ce n’est pas bien. Cela n’arrive que lorsque tout est révélé au grand jour. Le but fondamental, c’est la chasse au profit. Et donc la réputation prime sur l’éthique. C’est comme ça. »

    Pour l’avocat et professeur de droit du travail Jan Buelens aussi, ce dédouanement n’est pas convaincant : « En tout cas, Borealis a eu toutes les possibilités d’être informée et de procéder à des vérifications, a-t-il déclaré à Radio 1. Apparemment, cela n’a pas été fait. Après coup, il est toujours facile d’exiger la transparence et de rompre le contrat avec le sous-traitant. »

    IREM n’est pas sans antécédents en la matière, chose que Borealis pouvait certainement savoir. La multinationale avait déjà été mise en cause en Suède en 2005, dans une affaire qui ressemble étrangement au scandale de Borealis. Pour l’installation d’une raffinerie de pétrole, l’entreprise avait également fait appel à l’époque à un grand nombre d’ouvriers étrangers : des Polonais, des Portugais et un groupe important de Thaïlandais. Eux aussi étaient mal logés et payés bien moins que ce qui leur avait été promis au départ. Le sous-traitant thaïlandais a tenté de faire pression sur les ouvriers et de les amener à déclarer par écrit qu’ils avaient été correctement payés. Quatre travailleurs ont refusé et ont été licenciés. 200 ouvriers thaïlandais se sont alors mis en grève. Ils ont reçu les salaires qui leur avaient été promis et personne n’a été licencié.

    Bien que l’exploitation massive chez Borealis n’ait été révélée que fin juillet, le problème était connu depuis longtemps. « Il y avait des signes dès le mois de mai », affirme Luk Warlop. Borealis en a également été informée à ce moment-là, mais elle n’a réagi que lorsque tout a été médiatisé.

    Un système en déroute
    Un autre point sensible dans cette histoire est la directive européenne sur le détachement des travailleurs. Celle-ci existe depuis 1997 et s’inscrit dans le principe européen de libre circulation des personnes, des services, des biens et des capitaux. Elle donne aux employeurs la possibilité d’envoyer des travailleurs dans d’autres pays européens. Ces derniers doivent bénéficier du salaire et des conditions de travail du pays où ils travaillent. Les cotisations sociales doivent, en principe, être payées dans le pays d’origine. Mais ce système défaille de plus en plus.

    « Il s’agit d’un processus de déconstruction », explique Marc Botenga, député PTB au Parlement européen, dans le Solidaire de janvier-février 2020. « D’une spirale infernale dans laquelle les salaires, les conditions de travail et ainsi de suite sont sous pression. Ce processus est initié par les employeurs. Au sein de l’Union européenne, il existe des différences en termes de salaires et de droits sociaux, et les employeurs les exploitent. Aujourd’hui, le dumping social se concentre principalement sur le salaire indirect, la partie brute du salaire, qui finance, entre autres, la sécurité sociale. Si une entreprise envoie un salarié dans un autre État membre de l’UE à titre temporaire, elle bénéficie du fait que le salaire brut en Roumanie, par exemple, est beaucoup plus bas que dans notre pays. Elle envoie donc un travailleur avec un contrat roumain en Belgique (en détachement) et elle ne doit payer les cotisations sociales qu’en Roumanie, où elles sont beaucoup plus basses. Pour les employeurs, c’est devenu un véritable modèle économique. Il faut que cela cesse. Nous pourrions obliger les entreprises à payer les cotisations sociales selon les taux en vigueur dans le pays où travaille l’employé. Mais il y a beaucoup de résistance à cela. »

    En mai 2014, l’Europe a donné aux États membres la possibilité de tenir les entreprises qui font appel à des sous-traitants conjointement et solidairement responsables du paiement des salaires et du respect des droits des travailleurs embauchés par le sous-traitant. Les États membres étaient libres de décider si cela devait s’appliquer à l’ensemble de la chaîne de sous-traitance et à quels secteurs. Le gouvernement Michel-De Wever n’a appliqué cette mesure qu’au secteur de la construction, et uniquement au sous-traitant direct du donneur d’ordre, et non aux autres niveaux de sous-traitance. C’est totalement insuffisant.

    Il faut fermer le robinet
    En Belgique, 23 000 personnes sont actuellement enregistrées comme victimes de la traite des êtres humains. Ce chiffre a donc décuplé en quelques années. Malgré toutes les belles déclarations sur les pratiques commerciales éthiques et la lutte contre la fraude, le problème ne fait que s’aggraver, non seulement dans notre pays, mais aussi dans toute l’Europe. Il est clair qu’une approche ferme et des réglementations plus strictes sont nécessaires.

    C’est pourquoi, le PTB dépose une proposition de loi visant à étendre la responsabilité des entreprises travaillant avec des sous-traitants. L’objectif est que le contractant principal soit toujours responsable du paiement intégral des salaires des travailleurs, quel que soit le nombre de sous-traitants et quel que soit le secteur. Les entreprises commanditaires doivent être responsables de l’ensemble de la chaîne de sous-traitants. Confier la responsabilité au donneur d’ordre aura un meilleur effet préventif.

    La proposition de loi comporte trois points principaux. Tout d’abord, nous devons nous assurer que la responsabilité ne couvre pas seulement la relation entre l’entrepreneur et le sous-traitant direct, mais qu’elle soit étendue à l’ensemble la chaîne de sous-traitance. Deuxièmement, le système de responsabilité conjointe et solidaire doit être étendu à tous les secteurs, comme le permet la directive européenne et comme le demandent également les syndicats. Troisièmement, le contractant principal doit être responsable du paiement de tous les salaires, et pas seulement des salaires futurs après qu’il a été établi qu’aucun salaire n’a été payé, comme c’est le cas actuellement.

    En outre, le PTB demande également que les services d’inspection soient enfin renforcés. Un doublement du nombre d’inspecteurs est nécessaire.

    Dans le cas spécifique de Borealis, le PTB souhaite une enquête approfondie. « Nous voulons savoir qui est responsable du fait que des esclaves travaillent au port d’Anvers », déclare le député PTB Thierry Warmoes. Selon le parti, Borealis était depuis longtemps au courant de l’exploitation d’au moins 170 travailleurs sur son chantier. L’entreprise en avait été informée, mais n’a pris aucune mesure à cet égard. Le parti demande donc aux ministres de débloquer tous les moyens nécessaires pour mener une enquête approfondie sur cette affaire, avec une task force composée d’experts de tous les services concernés travaillant spécifiquement sur le dossier.

    Les grands discours ne suffisent pas. On ne pourra obtenir de résultats qu’avec des réglementations claires, un contrôle ferme et des sanctions effectives. Tant que les grandes multinationales et leurs actionnaires détermineront l’organisation de notre économie, la traite des êtres humains et le dumping social réapparaîtront toujours.

    #esclavage institutionnel de l’#ue #union_européenne #europe #exploitation #Borealis #irem # Irem-Ponticelli #sous_traitance #cotisations sociales #Bangladesh #Philippines #Ukraine #Turquie # salaires #conditions_de_travail

  • Raoul Vaneigem : « Contre le capitalisme, une révolution maraîchère » Par Catherine Marin - Reporterre - Entretien — Séries d’été
    https://reporterre.net/Raoul-Vaneigem-Contre-le-capitalisme-une-revolution-maraichere

    Écrivain engagé, acteur essentiel de l’Internationale situationniste, avec Guy Debord, médiéviste, Raoul Vaneigem a publié une cinquantaine de livres https://wikimonde.com/article/Raoul_Vaneigem depuis son Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations, qui participa à l’embrasement des universités en Mai 68. Un passionnant livre d’entretiens avec Gérard Berréby, Rien n’est fini, tout commence , paru en 2014 aux éditions Allia https://www.editions-allia.com/fr/livre/695/rien-n-est-fini-tout-commence , permet de mieux comprendre sa trajectoire, des milieux ouvriers du Hainaut belge à la défense du socialisme autogestionnaire.
    Parmi ses dernières publications, Rien ne résiste à la joie de vivre (éd. Grevis, 2022) et Retour à la vie (éd. L’insomniaque, à paraître en octobre). Un essai, d’Adeline Baldacchino, lui a récemment été consacré : Raoul Vaneigem — Une politique de la joie (éd. Michalon, 2022).

    Reporterre — Le 10 mai dernier https://reporterre.net/Desertons-des-jeunes-ingenieurs-appellent-a-refuser-les-jobs-destructeur , des étudiants d’AgroParisTech dénonçaient publiquement l’enseignement reçu, complices à leurs yeux des « ravages sociaux et écologiques en cours ». Après d’autres, ils appelaient à bifurquer https://reporterre.net/Comment-la-desertion-gagne-la-France pour des « vies moins cyniques », notamment à la campagne. Sont-ce là les germes d’une rébellion que vous appelez depuis longtemps de vos vœux contre le capitalisme et son mépris de la vie ?

    Raoul Vaneigem  — Quitter les centres urbains pour reprendre contact avec la nature n’est plus comparable au repli champêtre qui motiva les hippies, dans la retombée du Mouvement des occupations de Mai 68. Aux rêveurs bucoliques, les pesticides auraient tôt fait de rappeler que le profit répand ses remugles en tous lieux. Le choix de la campagne va bien au-delà d’une réaction d’autodéfense de la vie en proie à la pollution urbaine.

    L’ironie de l’histoire nous remet ici en mémoire les luttes communalistes qui, aux XIIe et XIIIe siècles, voient les villes naissantes se soulever, en Catalogne, en Italie du Nord, en Allemagne, en France occitane et picarde, contre la tyrannie des seigneurs féodaux. L’importance croissante du libre-échange, qui inaugure la lutte du capitalisme contre un immobilisme agraire, cadenassé par l’aristocratie, est alors l’élément moteur d’une lutte dressant la bourgeoisie des villes contre la puissance oppressive des féodaux https://www.mollat.com/livres/660017/raoul-vaneigem-le-mouvement-du-libre-esprit-generalites-et-temoignages-sur-l . Cependant, ce projet d’émancipation révèle très vite son ambiguïté. Dans sa Complainte des tisserandes https://www.chants-de-lutte.com/la-complainte-des-tisserandes , Chrétien de Troyes se fera l’écho de la nouvelle oppression. Pour avoir nourri les luttes communalistes, le slogan « l’air des villes rend libre » servira de tremplin à l’idéologie d’un bonheur terrestre débarrassé des dieux et de leur tutelle.

    L’attrait de la campagne tient à ce qu’elle offre de nouvelles assises aux luttes qui s’esquissent aujourd’hui, inséparablement existentielles et sociales. Car, en dehors de l’obstination des Gilets jaunes, la stagnation des combats revendicatifs est atterrante. La révolte aspire à se frayer d’autres voies. La campagne offre à la perspective d’un bouleversement collectif et individuel ce que l’on pourrait qualifier de « champ de bataille démilitarisé » , un lieu des possibles, ouvert aux gageures de la poésie créative.

    Une évidence se fait jour : le mouvement d’émancipation universelle naîtra de petites entités fédérées, de microsociétés mues par la volonté de défendre et de développer le sens humain. C’en est fini de miser sur le grand nombre des protestataires, sur les foules trop aisément manipulables, sur les nations, les ensembles surpeuplés. Si la ville peut parer à l’étouffement du surnombre, c’est en ravivant ses anciennes structures villageoises, en recréant ces solidarités de quartiers qui ont toujours été propices aux émeutes et aux insurrections — Haussmann ne s’y trompait pas, qui les quadrilla et les éventra de grandes avenues.

    En 1967 https://www.babelio.com/livres/Vaneigem-Traite-de-savoir-vivre-a-lusage-des-jeunes-genera/15798 , votre « Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations » appelait à sortir des déterminismes sociaux pour « se créer en recréant la société ». Aujourd’hui, ces jeunes adultes déserteurs qui cherchent à se réancrer dans une existence matérielle https://reporterre.net/Lola-Keraron-A-24-ans-j-ai-deserte-AgroParisTech en lien avec le vivant (boulangerie, apiculture, etc.) répondent-ils à ce mouvement ?

    Du haut de leur bureaucratie politique et syndicale, où ils gèrent les impuissances de la subversion, les rhéteurs de l’anticapitalisme ont toujours traité avec mépris ceux qui souhaitaient atténuer par des réformes une inhumanité dont ils réprouvaient viscéralement la cruauté. Les réformistes n’étaient pas révolutionnaires. Les grandes idéologies prolétariennes ne l’étaient pas davantage, si l’on en juge par le démembrement de la conscience ouvrière, dont nous leur sommes redevables. À vrai dire, il ne faut pas se leurrer, la plupart des prétendues organisations à but humanitaire — du style Kouchner https://books.openedition.org/iheid/2943?lang=fr — sont une imposture. Elles relèvent de la philanthropie, du marché caritatif, bref des bonnes œuvres du capitalisme. Mais, là comme partout, c’est à nous de poser sans relâche la question « Cui prodest ? À qui cela profite-t-il ? » Il n’est pas d’autres moyens de départager, en les passant au crible, les entreprises délétères et les initiatives salutaires.

    Ce qu’il y a d’attractif dans le projet de « se créer en recréant le monde » découvre sa pratique par l’entremise de groupes solidaires dont l’autonomie individuelle est l’élément central. Tandis que l’État et ses commanditaires multiplient les zones à détruire, un nombre croissant de collectivités lui opposent le rachat, à titre privé, de terrains qu’ils dédient à la permaculture, à l’agriculture renaturée, au maraîchage, à l’artisanat, à la recherche d’énergies non polluantes ; tout en excluant l’écologie marchande. De telles initiatives favorisent des révoltes inattendues, comme celle d’ingénieurs agronomes refusant de collaborer davantage à l’empoisonnement agro-alimentaire, de chercheurs ne supportant plus les technologies de l’inhumain, de techniciens devenus hostiles aux industries de la pollution climatique qui les emploient. Imaginez, dans la foulée, un sabotage des taxes et des impôts par les fonctionnaires devenus malgré eux les collecteurs de l’injustice !

    « La planète entière frémit du même désir d’une vie libre. »

    Sous les couleurs de l’humour et de la bonne humeur, une « révolution maraîchère » s’emploie à récupérer une terre qui est la nôtre, il faut le rappeler. Les coups qui aboliront la tutelle des États et des intérêts privés jailliront de l’existentiel et de son tissu social. Il est de la plus haute importance qu’en ces lieux de fraternité retrouvée se redécouvrent la joie de vivre ensemble, l’efflorescence des passions, le désir sans fin. Que l’apiculteur se sente au sein de ses abeilles comme au sein d’un milieu naturel et de relations véritablement humaines, c’est toute la différence avec la même occupation exercée dans le monde marchand. Ce qui s’opère sous nos yeux est un basculement radical. La résurgence de l’entraide et de l’individu autonome annonce la fin du règne de l’individualiste, de l’esclave prédateur, du petit homme au calcul égoïste. C’est le déracinement de la servitude volontaire.

    Réduire ces solidarités nouvelles à un folklore associatif, c’est oublier qu’elles peuvent être le ferment de plus amples développements. Le rejet de la barbarie a donné naissance à des zones à défendre tels le Chiapas zapatiste https://reporterre.net/Declaration-pour-la-vie-les-zapatistes-annoncent-leur-venue-en-Europe et le Rojava. La France l’illustre avec une revendication galactique d’une spécificité insolite et insolente. Si la présence imperturbable des Gilets jaunes rayonne humblement de résonances poétiques qui troublent le monde entier, ce n’est ni hasard ni magie, mais parce que la planète entière frémit du même désir d’une vie libre. Parce que partout, du Chili au Sri Lanka, le rêve d’une société radicalement nouvelle se conjugue avec l’histoire et se concrétise.

    Ces gestes forts sont l’écho d’une conscience écologique qui s’affirme. Pensez-vous que l’écologie politique, avec ses luttes contre les grands projets inutiles https://reporterre.net/La-carte-des-luttes-contre-les-grands-projets-inutiles (routiers, aériens, etc.), sa dénonciation du productivisme et du travail contraint (chez les pionniers), sa défense du vivant, peut être une chance de renaissance politique ? Dans quelle mesure ?

    Si sympathiques qu’elles soient, les manifestations en faveur du climat servent d’exutoires au sentiment d’impuissance qu’éprouvent intimement les protestataires. Comment imaginer que des mesures pratiques et un tant soit peu conséquentes contre la pollution puissent être adoptées par des États et des monopoles qui en sont la cause et les bénéficiaires ? Ce n’est pas dans les capitales que la colère est requise, c’est aux côtés des zadistes en lutte contre la propagation des nuisances, des pesticides, des inutilités rentables — on n’a même pas obtenu l’interdiction des produits qui tuent les abeilles et nous empoisonnent https://reporterre.net/Neonicotinoides-tueurs-d-abeilles-le-passage-en-force-du-gouvernement !

    De quelles vertus voulez-vous créditer la politique et le parlementarisme ? Les marchandises électorales sont interchangeables. L’envers vaut l’endroit. Le populisme fascisant réclame la liberté de ne pas se faire vacciner et le populisme gauchiste appelle à la vaccination obligatoire. Avons-nous jamais connu une telle disette de l’intelligence sensible et du sens humain ? Pendant que les pitreries médiatiques captent l’attention, les lobbies du nucléaire, du pétrole, de la pharmacie, de la 5G, du gaz de schiste, des malversations bancaires, triomphent avec le soutien d’une corruption et d’un parasitisme étatiques exhibés sans scrupules. Ce beau monde s’en donnerait à cœur joie s’il en avait un. En l’occurrence, la « totale » assurance de poursuivre son entreprise de destruction lucrative lui suffit.

    Comment passer de la désertion individuelle à l’insurrection collective ?
    L’État et ses commanditaires auraient intérêt à nous entraîner dans une guerre civile, ou du moins dans sa parodie. Ils en tireraient un double avantage. Ils nous acculeraient sur un terrain qu’ils connaissent assez pour nous écraser. Plus déplorable encore, ils nous militariseraient, ils nous mécaniseraient, nous engageant à contresens de la conscience humaine pour laquelle nous luttons. Libre à qui le souhaite de recourir à une de ces guérillas sans armes, selon le principe « ne jamais détruire un être humain, mais détruire les machines qui nous déshumanisent » .

    Néanmoins, compte tenu de l’effondrement programmé par l’écart croissant entre l’économie réelle et l’économie spéculative, mieux vaut miser sur une insurrection pacifique comme celle qu’illustrent à leur façon les zapatistes, les Gilets jaunes et ces insurgés improbables qui surgissent de partout.

    Le peuple avait fini par s’aviser que ses exploiteurs étaient des malades. Il lui apparaît maintenant que le pouvoir n’est plus assumé par des égrotants mais qu’il est géré par la terreur épidémique et l’épidémie de terreur. Le capitalisme moribond érige la morbidité en mode de gouvernement. La peur de la maladie est l’instrument d’une oppression automatisée. Une fois mise en branle, la machine fonctionne seule, elle s’accommode de dirigeants décérébrés, de créatures acéphales trébuchant de sottises en incompétences. L’État et ses commanditaires sont déchargés de toute responsabilité. Et nous, de tout devoir envers eux ! L’autodéfense sanitaire devient pour chacune et chacun la substance d’une autodéfense généralisée. Sous cet angle, l’autogestion — autrement dit l’organisation du peuple par lui-même — n’a plus rien de subversif, c’est une cure de santé parfaitement légitime !

    #raoul_vaneigem #vaneigem #gilets_jaunes #capitalisme #autogestion #état #zad #coronavirus #mai68 #zapatistes #autodéfense #anarchisme #travail #capitalisme #oppression #exploitation #effondrement #des_grands_projets..._inutiles_

    l’Internationale situationniste
    https://www.youtube.com/watch?v=jc38K2JFLDA

  • Refroidir encore les eaux glacées du calcul égoïste

    Réforme du #travail : ce que prépare Macron | Les Echos
    https://www.lesechos.fr/economie-france/social/reforme-du-travail-ce-que-prepare-macron-1782116

    « Au retour de l’été, après discussions avec les partenaires sociaux, le gouvernement va soumettre un texte », a expliqué Emmanuel Macron, précisant : « C’est un tout, car il y a la réforme de l’assurance-chômage, la valorisation des acquis de l’expérience, la qualification ». Il a évoqué également la réforme du #lycée_professionnel et de l’#apprentissage, l’#emploi_des_seniors et la création de #France_Travail.

    Dans le gouvernement d’Elisabeth Borne a été créé un poste de ministre chargé de l’Enseignement et de la Formation professionnels sous double tutelle, celle des ministres du Travail et de l’Education nationale.
    C’est Carole Grandjean, macroniste de la première heure jusqu’ici députée LREM de Meurthe-et-Moselle, membre de la commission des Affaires sociales, et ex-responsable ressources humaines chez Elior, qui en a hérité.

    #entreprise_France #chômage #rsa #rua #économie #exploitation #retraites #winter_is_coming_once_again