• L’opération dans toute la France pour contrôler les sans-papiers, symbole de la « tolérance zéro » voulue par Bruno Retailleau
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/06/19/operation-nationale-contre-les-sans-papiers-bruno-retailleau-prone-la-tolera

    L’opération dans toute la France pour contrôler les sans-papiers, symbole de la « tolérance zéro » voulue par Bruno Retailleau
    Par Julia Pascual
    « Ne venez pas en France, nous n’accepterons rien, c’est la tolérance zéro. » Planté au-dessus des quais de la gare du Nord, à Paris, le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, martèle, jeudi 19 juin, un discours martial devant les micros des télés et radios conviées pour orchestrer la mise en scène d’une vaste opération nationale de contrôle d’identité. Etalée sur deux jours, les 18 et 19 juin, et intitulée de façon pléonastique « lutte contre l’immigration irrégulière et clandestine », elle aurait mobilisé pas moins de 4 000 policiers, gendarmes, douaniers et militaires de « Sentinelle » dans le but d’interpeller des « clandestins » aux abords des gares et dans les trains. A titre de comparaison, quelque 5 400 effectifs de forces de l’ordre avaient été requis à Paris en prévision de troubles éventuels, le 31 mai, lors de la finale de la Ligue des champions.
    S’il était encore trop tôt, jeudi en début de soirée, pour connaître les premiers résultats de ce déploiement d’envergure, le ministère de l’intérieur expliquait, dans son instruction aux préfets diffusée le 12 juin, et dont Le Monde a obtenu copie, qu’une première opération nationale de contrôle a eu lieu les 20 et 21 mai, cette fois dans les bus internationaux à bas coût. Selon la Place Beauvau, alors que près de 900 bus ont été contrôlés, 759 étrangers en situation irrégulière ont été interpellés. Des « résultats significatifs », souligne Bruno Retailleau, dans son instruction. Interrogés sur les suites des interpellations, les services du ministère de l’intérieur précisent que 245 obligations de quitter le territoire ont été prononcées, ainsi que 34 placements en rétention, et 72 réadmissions.
    « C’est de l’esbroufe et de l’intimidation », dénonce Vincent Souty, avocat au barreau de Rouen et membre du Syndicat des avocats de France, qui souligne le fait que les centres de rétention administrative sont réservés en priorité aux personnes qui troublent l’ordre public. « Ça fait du chiffre de manière stupide », s’indigne l’avocate Cécile Madeline. Un de ses clients, un Algérien, a été arrêté mercredi alors qu’il rentrait chez lui. « Il n’a rien à faire dans un centre de rétention. Il est vendeur sur les marchés. Il a un appartement, une femme, trois enfants scolarisés et ne présente aucune menace pour l’ordre public. »
    L’opération décidée par le ministre est inédite dans sa forme. « Depuis vingt-cinq ans que je fais du droit des étrangers, je n’avais jamais vu ça, témoigne Henri Braun, avocat parisien et membre du Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti). Pour moi, c’est un appel à une grande rafle pour mettre sur pied un climat de terreur. » « Attention ! Risque de rafle de personnes sans papiers (…) Prenez les transports le moins possible », mettaient en garde des petites affiches collées aux abords de la gare du Nord, dès mardi 17 juin, traduites en plusieurs langues. Un contexte qui n’est pas sans faire écho aux opérations d’arrestations massives menées aux Etats-Unis par l’administration de Donald Trump contre des immigrés sans papiers.Quatre organisations , dont le Syndicat des avocats de France, le Gisti et le Syndicat de la magistrature, ont déposé, mercredi 18 juin, devant le Conseil d’Etat, un recours en urgence demandant la suspension de l’instruction de Bruno Retailleau. La requête a été rejetée dans la soirée de jeudi pour défaut d’urgence, étant donné que l’opération avait touché à sa fin. Une requête au fond devait également être déposée dans les prochains jours, alors que le ministre explique dans son instruction vouloir que ces opérations « soient régulièrement organisées ». « C’est illégal, affirme Vincent Souty. Le déploiement de contrôles systématisés et généralisés pendant deux jours porte atteinte à la liberté fondamentale d’aller et venir et à la liberté personnelle. En outre, on demande aux policiers de contrôler les étrangers, mais sur quoi vont-ils se fonder pour cela ? Il s’agit de contrôles au faciès généralisés. C’est discriminatoire. »
    Au ministère de l’intérieur, on explique que les contrôles ont été déployés soit en s’appuyant sur des réquisitions judiciaires de parquets, soit sur une base administrative dans les zones frontalières – dont les gares avec des destinations internationales font partie.Dans son instruction, Bruno Retailleau défend le caractère « dissuasif » de sa manœuvre, dans un contexte où, écrit-il, « les tentatives de départ vers le Royaume-Uni depuis les côtes françaises sont en forte progression depuis le début de l’année ».
    Plus de 16 000 personnes ont réussi à rejoindre les côtes britanniques, en traversant la Manche à bord de canots pneumatiques de piètre facture depuis le début de l’année. Cela représente 4 000 traversées de plus qu’en 2024 à la même époque, soit un niveau record. Reste que la grande majorité des personnes qui parviennent au Royaume-Uni demandent et obtiennent l’asile. Mais le ministre français, sous la pression des autorités britanniques et qui martèle depuis son arrivée au gouvernement qu’il veut réduire l’immigration, le répète : « Les clandestins ne sont pas les bienvenus en France. » Interrogé, mercredi, sur Europe 1, il s’enorgueillissait du fait que 47 000 étrangers sans papiers avaient été interpellés depuis le début de l’année. Un chiffre qui ne dit rien des expulsions qui ont ensuite été menées à leur terme.

    #Covid-19#migrant#migration#france#immigration#migrationirreguliere#politiquemigratoire#droit#OQTF#expulsion#retention#sante

  • « Fière d’avoir la peau brune » : à Los Angeles, le sursaut de solidarité de la jeunesse latino
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/15/fiere-d-etre-brune-a-los-angeles-le-sursaut-de-solidarite-de-la-jeunesse-lat

    « Fière d’avoir la peau brune » : à Los Angeles, le sursaut de solidarité de la jeunesse latino
    Par Corine Lesnes (Los Angeles, envoyée spéciale)
    Les jeunes latinos ont montré samedi 14 juin à Los Angeles qu’ils n’avaient pas peur de descendre dans la rue pour défendre leur communauté. Donald Trump est prévenu. « Tu t’attaques à la mauvaise génération », lançait une pancarte brandie par une étudiante d’ascendance mexicaine, dans le rassemblement organisé dans la deuxième ville du pays.
    Dans tout le pays, la « No Kings day » (« la journée sans roi »), a dépassé les attentes. Le groupe 50501, l’un des organisateurs, a estimé le nombre des manifestants à 11 millions dans plus de 2000 localités. A Los Angeles, quelque 20 000 personnes se sont pressées dans Downtown, le centre-ville, entre la mairie et le Centre de détention fédéral où sont conduits les sans papiers arrêtés depuis le 6 juin. Une autre Amérique existe. Au premier rang, celle des jeunes issus de l’immigration.
    Les jeunes sont venus en force. En groupe, avec banderoles et drapeaux, dans une atmosphère pleine d’énergie et de klaxons. L’un porte le jersey de l’équipe mexicaine de foot. Un autre sa planche de surf, barrée d’une inscription réclamant le départ de la police de l’immigration du paysage de Los Angeles, et celui de Trump, de Washington.La génération L.A est dans la rue, par solidarité. Au nom des parents, des grands-parents, et de tous ceux qui n’ont pas, comme elle, la chance d’être protégés par leur passeport américain. « Les jeunes manifestent pour défendre les droits de leurs parents, explique un étudiant d’origine péruvienne. Pour nous, c’est très personnel. »
    Angie Larroque, une patissière de 34 ans, est « fière d’avoir été élevée par des immigrants ». Elle rend hommage à leur parcours. « Pour que ce qu’ils ont enduré ne soit pas oublié. » Hector explique qu’il essaie de « donner une voix » à ceux qui ne peuvent pas s’exprimer. Ceux que les raids de l’ICE, la police de l’immigration, ont contraint à se terrer chez eux, qui ne vont plus au travail et envoient les enfants faire les courses à leur place.
    Selon une étude de 2020 de l’Université de Californie du Sud, la ville compterait près de 900 000 immigrés sans papiers, dont beaucoup installés aux Etats-Unis depuis plus de dix ans. Près d’une personne sur cinq vit dans une famille dont un membre au moins est en situation irrégulière.
    Assis sur l’herbe, dans le Parc Gloria Molina, l’espace vert au pied de la mairie, nommé d’après la première latina conseillère municipale de la ville, trois filles et un garçon venus de la localité de Pomona, mettent la dernière touche de feutre à leurs pancartes. L’une s’inquiète de la détresse américaine. « Can we fix our nation’s broken heart ? » (« Pouvons-nous réparer le cœur brisé de notre nation ? »), titre d’une chanson de Stevie Wonder. « Il y a toujours eu des expulsions. Mais il faut que cela soit fait dans la dignité », plaide Derrick, 28 ans, en masters de sociologie.
    Nicole (qui n’a pas souhaité donner son nom de famille), 23 ans, explique pourquoi certains membres de sa famille sont toujours en situation irrégulière, après plus de vingt ans aux Etats-Unis. « Cela prend des années pour obtenir une régularisation. Il faut payer un avocat. » Ses parents ont investi d’abord dans leur maison et, elle leur en est « reconnaissante », dans son éducation. Régulièrement, les élus du Congrès promettent d’ouvrir « une voie vers la citoyenneté » aux plus de 11 millions de sans papiers mais la réforme n’a jamais été adoptée. On en est plus loin que jamais. « Les gens sont arrêtés alors qu’ils sont au palais de justice pour leur convocation », s’indigne Jessica, 23 ans.
    En s’en prenant aux migrants, Donald Trump s’attaque à une ville dont 36 % des habitants sont nés hors des Etats-Unis. Où « tous les pays du monde, tous sans exception » sont représentés, affirmait vendredi la maire, Karen Bass, en plaidant une nouvelle fois pour l’arrêt des raids indiscriminés menés par la police de l’immigration.
    Dans le comté de Los Angeles, plus de 2 millions d’habitants ont moins de 25 ans. Face à des discours qui les ostracisent, les jeunes latinos ne craignent pas de revendiquer leur identité. Ils sont Américains, la peur a changé de camp. Une fille affiche sur son T-shirt sa « fierté d’avoir la peau brune ». Une autre vante son « héritage mexicain ». Charlie Mejia, instructeur de boxe dans un club de fitness, porte haut son affiche en lettres majuscules : « Ça se prononce Los Angeles », une manière de rappeler où l’administration Trump est venue semer le chaos : dans une ville qui porte la mémoire mexicaine dans ses noms de rues, sa culture, et considère que les hommes n’ont jamais traversé une frontière. « C’est la frontière qui les a traversés », comme l’écrit le journaliste Enrique Acevedo, dans le Washington Post.
    Tous les drapeaux sont de sortie, à commencer par le mexicain, qui donne de l’urticaire aux républicains. Une bannière qui se veut le signe de la résistance à « l’effacement » souhaité par la droite et propagé par les généralisations venimeuses de Donald Trump – qui dès 2016 qualifiait les Mexicains de « violeurs ». « Non, à la stigmatisation de toute une population, s’indigne Mark Gonzalez, membre de l’assemblée de Californie. D’accord, nous sommes dans la construction, dans la restauration. Mais nous sommes aussi médecins, professeurs et élus politiques », disait-il au lendemain de l’humiliation infligée à Alex Padilla, le premier latino à représenter la Californie au Sénat, expulsé manu militari d’une conférence de presse tenue par Kristi Noem, la secrétaire à la sécurité intérieure.
    La surprise, c’est la présence en nombre de drapeaux américains. Il est vrai que ce 14 juin est dit « flag day », la célébration annuelle de la bannière étoilée et que les organisateurs en ont distribué à la foule. Il y a d’autres drapeaux, encore. Le Salvadorien, bleu et blanc, tout comme le Nicaraguayen. Un grand costaud porte même les bannières de Guam et de Samoa sur une perche. « On ne pouvait pas ne pas venir manifester », dit Jeremy le surfeur. C’est l’identité de Los Angeles qui est attaquée.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#californie#ICE#politiquemigratoire#expulsion#latino#sante

    • By Fernando Esteche – Jun 10, 2025

      Various layers of conflict in the protests of Los Angeles.

      The militarization of Los Angeles

      Los Angeles is bleeding. In the streets of a city that for decades stood as a symbol of the American dream, today the cries of resistance of those who built its greatness from the shadows resonate. The massive raids by Immigration and Customs Enforcement Enforcement (ICE), have unleashed a spiral of urban violence that reflects an uncomfortable truth: as in Europe, the metropolis has war within its own borders.

      Since January 20, 2025, when Donald Trump took office promising to carry out the largest mass deportations in American history, Los Angeles has become the epicenter of a confrontation that transcends immigration. In his first month in office, 37,660 people were deported nationwide, but it is in this Californian metropolis where the resistance has taken its most visceral and organized form.

      Los Angeles is a fundamentally Latino city. With a population of nearly 4 million, 48% of its residents are of Hispanic origin, forming the economic and cultural backbone of the city. This is not a demographic coincidence, but the result of centuries of displacement, exploitation, and resistance.

      California, the nation’s most populous state, has a demographic reality that terrifies white supremacists: Latinos now outnumber the white population. Since 2014, Hispanic Californians have begun to surpass white Californians, reaching nearly 15 million people. This demographic transformation is not just statistical; it’s historic.

      The recent raids have unleashed a fury that has been pent up for generations. On June 6, 2025, federal authorities detained at least 50 migrants in coordinated operations that sparked immediate demonstrations. The clashes erupted near a Home Depot in Paramount, a predominantly Latino city south of Los Angeles, where the migrant community gathers in search of daily work.

      The escalating violence has forced Trump to take an unprecedented step: deploying 2,000 National Guard troops to Los Angeles. This measure, taken just five months after taking office, exposes the fragility of the established order when faced with organized and massive resistance.

      The conflict has generated an institutional crisis between the federal and state governments. California Governor Gavin Newsom has staunchly opposed the military deployment, creating a constitutional tension reminiscent of the darkest moments in American history. California, with its sanctuary laws, has become a bastion of institutional resistance, while local sheriffs find themselves caught between federal deportation orders and state protection laws.

      Flags of Dignity: The Symbolism of Resistance
      In demonstrations that have blocked freeways like the 110, protesters have displayed the flags of Mexico, El Salvador, Guatemala, Honduras, and other Central American countries. These national symbols are not mere nostalgia, but profound political statements. Every Mexican flag waving in the streets of Los Angeles is a reminder that this land was forcibly seized in 1848.

      Central American flags tell stories of countries bled dry by civil wars financed and orchestrated from Washington. Each Salvadoran flag bears witness to the 75,000 dead from the 1980s civil war; each Guatemalan flag commemorates the genocide of 200,000 indigenous people; each Honduran flag speaks of the 2009 coup d’état that plunged the country into chaos.

      Conservative white supremacist media outlets talk about an “invasion” to describe Latin American migration, but the historical reality is exactly the opposite. Los Angeles was founded in 1781 as “The Town of Our Lady Queen of the Angels” by Mexican settlers. This city, like all of California, was Mexican territory until the United States annexed it by force after the Mexican-American War.

      The real invader was the Anglo-Saxon conquistador who arrived with a Puritan Bible in one hand and a rifle in the other. Los Angeles was built on the systematic dispossession of Mexican lands, the exploitation of Chinese labor on the railroads, and the plundering of the entire region’s natural resources. The wealth of this metropolis is not a product of American entrepreneurial genius, but of the organized plundering of half a continent.

      During the 20th century, Los Angeles became the heart of the global entertainment industry, but its prosperity always depended on the invisible labor of Latin American migrants. Latino farmers, mostly undocumented, represent 96% of California’s agricultural workforce. Without their hands, American supermarkets would be empty, restaurants would be closed, and gardens would be withered.

      Organized Resistance: Beyond Survival
      What’s happening in Los Angeles goes beyond spontaneous protests. It’s an organized resistance that has learned from decades of repression, coordinated by organizations that have spent decades building power from the most vulnerable bases of society.

      CHIRLA (Coalition for Humane Immigrant Rights) has become the most visible voice of the resistance. Angélica Salas, CHIRLA’s executive director, has reported that the raids took place in at least seven locations, including Home Depot parking lots and a donut shop. The organization estimated at least 45 arrests and denounced the “terror” sown in Latino communities. CHIRLA, with nearly 40 years of experience, represents the institutionalization of immigration resistance in California.

      NDLON (National Day Laborer Organizing Network), based in Los Angeles, coordinates the resistance at the national level. NDLON is a national network of more than 50 member organizations across the country working to unify and strengthen its members to develop leadership, mobilize, and organize day laborers. Founded in 2001 in Northridge, California, NDLON operates as a direct democracy where day laborers in member organizations directly vote on policies at NDLON’s biannual assemblies.

      These organizations are not simply pressure groups, but grassroots power structures that have transformed the most vulnerable workers into an organized political force. They have called for demonstrations outside the immigration jail in downtown Los Angeles, coordinating a resistance that combines legal action with street mobilization.

      Human rights organizations have built protection networks, clandestine shelters, and communication systems that allow communities to resist raids. CHIRLA has led important mobilizations, such as marches for immigration reform and protests against the criminalization of immigrants, with an inclusive approach that seeks to unite different sectors of society.

      Protesters have succeeded in blocking major highways, blocking federal buildings, and creating a state of civil resistance that forces federal power to reveal its true face: that of the military occupation of their own cities. Every National Guard soldier deployed in Los Angeles is a confession that the system has lost legitimacy among millions of its residents.

      The Los Angeles crisis is not an isolated incident, but rather the prelude to a historic transformation. Latinos are no longer a minority pleading for rights, but a demographic majority demanding historic justice. The current resistance does not simply seek to halt deportations, but rather to challenge the very right of the U.S. state to exist in territories that were stolen.

      The flags waved at the demonstrations are not symbols of nostalgia, but of vindication. They speak not of the past, but of the future. A future where the descendants of the dispossessed recover what always belonged to them: not just the land, but the dignity to decide their own destiny.

      Los Angeles is burning, but it’s not burning out. It’s transforming. Like a phoenix rising from its own ashes, the city is giving birth to a new reality where yesterday’s barbarians are tomorrow’s builders, and where the real invasion was the one that arrived under the Star-Spangled Banner.

      The Los Angeles resistance is not just a fight for survival; it’s a war for historical memory and intergenerational justice. It’s a moment when the ghosts of the past take their revenge, and the children of those who were plundered reclaim their inheritance on the streets of the city their grandparents built with blood and sweat.

      The Federalization of Force: When Washington Invades California
      The Los Angeles crisis has exposed a constitutional fracture that defines the current American political moment. The federal government has seized control of the California National Guard, an extraordinary measure that demonstrates the extent to which Trump is willing to subvert federalism to impose his supremacist agenda.

      The National Guard, traditionally under the command of state governors, can be federalized by the president in situations of national emergency. This decision puts Gavin Newsom, the Democratic governor of California, in an impossible position: he must watch as federal troops occupy his state against his express will. Newsom called the measure “deliberately inflammatory” and warned that it “will only escalate tensions.”

      This isn’t the first time the immigration issue has sparked a clash between the federal government and a state. In 2024, Republican Texas Governor Greg Abbott seized control of the border by installing barbed wire and arresting migrants in Eagle Pass, directly challenging Joe Biden ‘s policies.

      Abbott invoked his state’s “constitutional authority to defend itself,” creating a dangerous precedent of state disobedience that Trump is now using in reverse. What in Texas was a conservative rebellion against a Democratic president is in California a Republican federal occupation against a Democratic governor. The difference reveals the nature of Trump ‘s exercise of power.

  • #Kosovo Agrees to Shelter up to 50 US Deportees

    Kosovo has agreed to host up to 50 immigrants deported from the US – one of the few countries to respond positively to a US request for its allies to take in deportees.

    Kosovo on Wednesday offered to shelter up to 50 people deported from the US as President Donald Trump’s crackdown on illegal or unauthorised immigrants steps up.

    “Individuals who are subject to this decision, during the time of their stay in Kosovo, will act in line with the legislation in force and enjoy rights designated according to the law,” the Kosovo government said.

    Albin Kurti, the Acting Prime Minister, said the decision followed a US request for its allies to admit citizens from third countries.

    “Our country will accept and shelter up to 50 individuals for a one-year period with the aim to facilitate their safe return to their countries of origin. Selection of these individual will be done from a proposed list as long as they fulfill the designated criteria regarding rule of law and public order,” Kurti said.

    “The United States remain our unwavering partner and the Republic of Kosovo will always be their trusted partner,” he added.

    Last week, Bloomberg reported that Trump’s administration is pushing Serbia and other Balkan nations to take in migrants deported from the US. Serbia’s authorities have not commented on the proposal.

    The Trump administration, which claims to have deported 17,000 people in April, is currently facing protests across the country opposing federal immigration raids and the deployment of Marines.


    https://balkaninsight.com/2025/06/11/kosovo-agrees-to-shelter-up-to-50-us-deportees
    #expulsions #externalisation #migrations #réfugiés #sans-papiers #USA #Etats-Unis #accord

  • Manifestation à New York contre la politique migratoire de Trump
    https://www.dakaractu.com/Manifestation-a-New-York-contre-la-politique-migratoire-de-Trump_a262249.

    Manifestation à New York contre la politique migratoire de Trump
    « Pas de haine, pas de peur, les immigrants sont les bienvenus ». Quelques milliers de personnes ont marché mardi en début de soirée dans les rues de New York pour protester contre la politique migratoire de Donald Trump, selon une équipe de l’AFP sur place.
    Les manifestants, incluant de nombreux jeunes, se sont réunis au Foley Square, une place près de tribunaux d’où des migrants ont été arrêtés vendredi dernier par les forces de l’ordre, pour marcher dans le sud de Manhattan. « ICE, hors de New York », pouvait-on lire sur de nombreuses affiches en référence à la police fédérale de l’immigration qui multiplie les arrestations de migrants ou demandeurs d’asile ces dernières semaines aux Etats-Unis, prélude par ailleurs à des heurts musclés à Los Angeles.
    « Je suis ici pour défendre ceux qui ne peuvent pas faire entendre leur voix ici », a expliqué à l’AFP une femme dans la vingtaine née aux Etats-Unis d’une mère mexicaine sans statut officiel. « Franchement, ce pays ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui sans les immigrés. Je suis ici pour eux », a-t-elle ajouté en requérant l’anonymat.
    « La peur est là au quotidien, dès le premier jour où ils sont venus ici et ont traversé la frontière. Chaque jour, quand ils vont travailler, ils ont peur d’être arrêtés et que la moindre petite chose puisse entraîner leur expulsion », a-t-elle poursuivi.
    Plusieurs manifestants avaient le visage couvert afin de ne pas être identifiés et subir de possibles représailles, tandis que d’autres affichaient des drapeaux palestiniens. « Je suis ici pour défendre l’immigration, m’opposer au ICE et soutenir la Palestine libre. Toutes ces luttes sont liées entre elles », a dit à ce propos Cara, 23 ans.
    « J’ai peur pour les miens. Je ne veux pas vivre dans une société où j’ai peur pour la santé de ma famille ou d’autres familles », a raconté Jacqueline, une Américaine de 23 ans d’origine mexicaine.
    La situation dans la première ville américaine est jusqu’à présent plus calme qu’à Los Angeles où ont lieu depuis vendredi des affrontements entre forces de l’ordre et des manifestants opposés aux expulsions musclées de sans-papiers.
    Le président américain Donald Trump a déployé à Los Angeles des milliers de soldats, dont 700 Marines, des militaires d’active, contre l’avis des autorités californiennes qui estiment que la situation est sous contrôle. « New York sera toujours un lieu de manifestation pacifique, mais nous n’allons pas tolérer la violence et l’anarchie », a déclaré mardi le maire de la ville, Eric Adams qui a dit compter non pas sur l’armée mais la police locale, le NYPD, qui est « parée à toute éventualité ».

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#politiquemigratoire#newyork#expulsion#droit#sante#ICE

  • A Los Angeles, les habitants sans papiers terrifiés par les rafles : « Je pensais qu’ils cherchaient les criminels »
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/11/a-los-angeles-la-peur-des-rafles-je-pensais-qu-ils-cherchaient-les-criminels

    A Los Angeles, les habitants sans papiers terrifiés par les rafles : « Je pensais qu’ils cherchaient les criminels »
    Par Corine Lesnes (Los Angeles, envoyée spéciale)
    Elle est prostrée, sur un banc de Grand Park, à l’écart de la manifestation. Noemi Ciau est sans nouvelles de son mari depuis déjà plus de vingt-quatre heures. Jesus Cruz a été arrêté, dimanche 8 juin, à la station de lavage auto de Westchester, près de l’aéroport de Los Angeles, où il travaillait depuis dix ans. Elle n’a pas encore prévenu le dernier de leurs quatre enfants. Sur la pancarte que quelqu’un a donnée à la mère de famille, il est écrit que la police de l’immigration (ICE) n’est pas la bienvenue à Los Angeles, ville de près de 4 millions d’habitants, dont une moitié de Latino-Américains, et que « nul être humain n’est illégal ». Elle porte le panneau, à l’envers, mécaniquement, tête baissée. « Je voudrais juste savoir où ils l’ont emmené », murmure-t-elle.
    Jesus Cruz, 51 ans, vivait à Los Angeles depuis trente ans. Il était environ 15 heures, dimanche, quand un véhicule banalisé a déposé les agents de l’immigration à la station de lavage. Sept employés ont été emmenés. Noemi Ciau n’ignorait pas que le gouvernement de Donald Trump avait décidé de s’en prendre aux sans-papiers. Elle n’avait jamais vraiment eu de craintes pour son mari, malgré son absence de papiers en règle. Elle pensait que la police « cherchait les criminels ». Ce même dimanche, Arturo Vasquez, 48 ans, faisait laver sa voiture dans un autre car wash, à Culver City. Il n’y travaillait pas, il n’était qu’un client. Il a été arrêté devant ses enfants. Avant d’être menotté, il a demandé à l’un de ses fils, Brian, 16 ans, de lui promettre de s’occuper de son frère et de leur mère. Deux jours plus tard, la famille ne savait toujours pas où il était détenu.
    Au cinquième jour des raids de la police de l’immigration dans l’agglomération de Los Angeles, le scénario est devenu familier. Des habitants, établis de longue date dans une ville qui se fait une fierté de sa diversité, sont brusquement séparés de leur famille, victimes d’un système qui a toléré leur présence pendant des décennies sans parvenir à une régularisation de leur situation, faute de consensus des responsables politiques.
    Sans prévenir, l’ICE débarque à l’endroit ciblé, parfois dans des véhiculés banalisés, pour éviter que sa présence soit immédiatement relayée sur les réseaux sociaux. Ces derniers jours, elle s’est attaquée aux stations de lavage de voitures, confirme Flor Rodriguez, du Clean Car Wash Worker Center, une association qui lutte contre l’exploitation des quelque 10 000 carwasheros de Los Angeles.
    La police de l’immigration est aussi intervenue dans une bibliothèque à Whittier, dans le sud-est de la ville, et dans des entreprises. La chaîne de magasins de bricolage Home Depot est l’une de ses cibles. Les journaliers ont l’habitude de s’y regrouper pour trouver du travail. Selon The Wall Street Journal, c’est Stephen Miller, architecte de la politique d’expulsion de Donald Trump, qui leur a conseillé de viser cet établissement populaire parmi les ouvriers de la construction.
    La Coalition for Humane Immigrant Rights a recensé des opérations dans une maison de retraite, une boutique de donuts ou la fabrique de vêtements Ambiance. A l’école élémentaire Gratts Learning Academy, dans le quartier de Westlake du centre de Los Angeles, la rumeur a couru d’une rafle imminente, des véhicules de police ayant été aperçus sur un parking voisin. Les parents se sont dispersés, les enfants sont restés désemparés. La population est terrifiée, s’est désolée Karen Bass, la maire démocrate de Los Angeles : « Les gens ne savent pas s’ils doivent aller travailler, aller à l’école. » Le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, a dénoncé, lui aussi, la cruauté des rafles. « Ils ont arrêté des cuisiniers, des couturières, des laveurs de vaisselle. Ils traumatisent nos communautés, s’est-il indigné. Cela semble être [leur] but. »
    La maire de Los Angeles, Karen Bass, lors d’un rassemblement organisé contre les raids de la police de l’immigration à Grand Park, Los Angeles, le 10 juin 2025.
    La police a annoncé que 45 personnes avaient été arrêtées dans la journée de dimanche. Lundi, cinq raids ont eu lieu. Les ONG de défense des migrants estiment à une centaine le nombre d’interpellations depuis le 6 juin. Un bilan plutôt maigre, compte tenu des moyens déployés. Lundi, le Pentagone a chiffré à 134 millions de dollars (117 millions d’euros) le coût du déploiement des 700 marines dépêchés de la base de Twentynine Palms, dans le désert californien.
    La Californie a été le premier Etat à se déclarer en totalité « sanctuaire » pour les migrants, un terme correspondant à une politique de protection codifiée par la loi sur les valeurs californiennes de 2017. Elle limite la coopération entre forces locales et agences fédérales pour les expulsions, sauf pour crimes graves. Les migrants en situation irrégulière se sont habitués à une réelle impunité concernant leur situation administrative. Ils paient des impôts, leurs enfants sont, pour la plupart, américains.
    Les descentes de police ont créé un choc encore plus important qu’ailleurs, comme en témoigne l’ampleur de la mobilisation pour faire reculer la police. Lundi, la municipalité de Glendale, au nord de Los Angeles, a préféré résilier un contrat qui la liait depuis dix-huit ans avec l’ICE pour héberger des migrants en attente d’expulsion. Les responsables scolaires ont, eux, annoncé qu’ils allaient protéger les écoles à l’approche des cérémonies de fin d’année.
    Grâce aux réseaux sociaux, les images circulent ; choquantes, comme celle d’une future mère bousculée par un policier ; déchirantes, comme celles montrant des mères de famille refusant de toutes leurs forces de monter dans les véhicules policiers. A chaque fois, le contraste est saisissant entre les migrants, désarmés, en tee-shirt, robe, sandales, et les agents de l’ICE en tenue de combat. La mission a changé, a dénoncé Karen Bass. « Au début, il était question de criminels violents, de trafiquants de drogue. Je ne sais pas comment ça peut coller avec ces images que l’on voit maintenant de gens courant sur les parkings de Home Depot. »
    Au début de sa campagne d’expulsion, la Maison Blanche estimait avoir marqué des points dans l’opinion en montrant des « criminels » menottés par-delà leurs tatouages, accusés d’être membres de gangs vénézuéliens. Aujourd’hui, elle risque d’en perdre avec ses rafles organisées devant les établissements scolaires et les magasins de bricolage.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#politiquemigratoire#ICE#expulsion#californie#etatsanctuaire#doit#sante

  • Après les opérations contre les migrants à Los Angeles, le Mexique s’inquiète du sort de ses ressortissants
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/10/politique-migratoire-de-donald-trump-le-mexique-s-inquiete-du-sort-de-ses-re

    Après les opérations contre les migrants à Los Angeles, le Mexique s’inquiète du sort de ses ressortissants
    Par Anne Vigna (Mexico, correspondante)
    Lundi 9 juin, la conférence de presse quotidienne de la présidente mexicaine a exceptionnellement commencé par la lecture d’un communiqué sur les « événements de Los Angeles », comme les a qualifiés Claudia Sheinbaum : « Les Mexicains qui vivent aux Etats-Unis sont des travailleurs honnêtes ; la majorité a la citoyenneté américaine ou une résidence légale. Nous lançons donc un appel respectueux mais très ferme aux autorités américaines pour qu’ils soient traités dignement. »
    Le ministre des affaires étrangères, Juan Ramon de la Fuente, a ensuite pris la parole pour donner des chiffres : 42 Mexicains ont été arrêtés depuis le 6 juin à Los Angeles. « Sur les 40 millions de Mexicains qui vivent aux Etats-Unis, seuls 4,9 millions sont illégaux et 95 % de ces clandestins vivent dans ce pays depuis plus de cinq ans. » En rappelant ces données, le gouvernement mexicain entend d’abord répondre au président américain, Donald Trump, qui évoque sans cesse « une invasion par des criminels venus de l’étranger ».
    Il cherche aussi à rassurer la population, inquiète face aux images violentes de Los Angeles, présentée au Mexique comme « la deuxième plus grande ville mexicaine au monde après Mexico » en raison de ses 3,8 millions de descendants. Tout le week-end, les photos des manifestants détenus et les opérations de la police migratoire américaine ont alimenté les commentaires sur le racisme dont font l’objet les Latinos aux Etats-Unis.
    Le Mexique avait préparé depuis février des installations à la frontière pour recevoir des migrants refoulés par les Etats-Unis, jusqu’à présent bien peu utilisées. Depuis les manifestations à Los Angeles, les Mexicains ont désormais le sentiment que les expulsions de masse vont commencer. « Nous sommes à un tournant, le plus difficile, le plus complexe, le plus violent. Pas à cause des manifestations mais de l’appareil d’Etat, qui (…) cherche à réaliser l’un des rêves de Trump : celui de la déportation massive », a déclaré Tonatiuh Guillén, ancien commissaire de l’Institut national de migration, au site Aristegui noticias. Comme de nombreux éditorialistes, ce sociologue de l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM) craint l’adoption du prochain budget aux Etats-Unis : « Donald Trump veut donner à la police migratoire les moyens d’intervenir partout : aller chercher les personnes chez elles, sur les lieux de travail, dans les écoles, les églises. Il n’y a pas de limite. »
    Si elles deviennent massives, ces expulsions auront des conséquences économiques quasi immédiates au Mexique : les « remesas », les envois de devises des migrants, ont atteint un nouveau record en 2024 : 64,5 milliards de dollars (56,5 milliards d’euros) en 2024, soit 4 % du produit intérieur brut, selon la Banque du Mexique. Cet argent est souvent indispensable pour les familles les plus démunies : les dix Etats les plus pauvres du pays en reçoivent plus de la moitié.Le gouvernement mexicain a condamné les violences des manifestations du week-end, mais le parti au pouvoir, Morena, avait organisé un rassemblement mardi, devant l’ambassade des Etats-Unis à Mexico. Dans la soirée de lundi, celle-ci a finalement été repoussée « à une date ultérieure ». Plus tôt dans la journée, des manifestants ont brûlé des drapeaux américains et une effigie de Donald Trump devant les grilles de l’ambassade. Le rassemblement avait été convoqué par le slogan « Personne n’est illégal sur une terre volée ». Une allusion au fait que la Californie faisait partie du territoire mexicain jusqu’en 1846 et que nombre de Mexicains la considèrent toujours comme leur terre.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#mexique#politiquemigratoiore#expulsion#californie#sante

  • Comment Donald Trump exploite les heurts à Los Angeles pour durcir sa politique migratoire
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/09/comment-donald-trump-exploite-les-tensions-a-los-angeles-pour-durcir-sa-poli

    Comment Donald Trump exploite les heurts à Los Angeles pour durcir sa politique migratoire
    Piotr Smolar
    Une surréaction calculée et préméditée, juridiquement contestable, aux conséquences imprévisibles : ainsi se résume le recours à la garde nationale par Donald Trump, dans la soirée du 7 juin, face à des scènes de violences urbaines très localisées, apparues dans deux villes de l’agglomération de Los Angeles (Californie). Cette décision controversée, qui permet au président de court-circuiter le gouverneur démocrate, Gavin Newsom, a entraîné, dès dimanche, le déploiement sur place de 300 premiers soldats pour protéger de façon préventive des bâtiments fédéraux.
    Plusieurs rassemblements, d’abord pacifiques, puis émaillés de quelques heurts, ont eu lieu en ville et sur l’autoroute 101 dans une atmosphère de tension accrue. Le récit recherché par la Maison Blanche était posé : l’ordre fédéral contre le chaos, la traque des clandestins étant contrariée par des élus démocrates laxistes et des émeutiers extrémistes. « Ils crachent, on frappe », a résumé Donald Trump. La formule lapidaire voulait marquer une sévérité. Elle disait aussi, en creux, à quel point la menace réelle était grossie, dans la chambre d’écho des réseaux sociaux, malgré les images spectaculaires de taxis Waymo sans chauffeur incendiés et couverts de graffitis.
    La veille, des affrontements avaient eu lieu dans deux villes situées en périphérie de Los Angeles, Paramount et Compton, en raison de la multiplication des opérations coup de poing menées par les policiers de l’ICE, l’agence chargée du contrôle des frontières et de l’immigration. Une loi de 1878, le Posse Comitatus Act, interdit, en principe, l’utilisation de soldats sur le plan intérieur, pour des missions dévolues à la police. Mais une exception antérieure existe, l’Insurrection Act (1807). Si la loi fédérale ne peut plus être appliquée dans la pratique, en raison d’un défi sécuritaire et politique grave lancé à l’autorité du gouvernement, alors l’intervention de l’armée peut se justifier. Or rien, dans les événements de ces derniers jours à Los Angeles, ne relève de ce cadre d’exception.
    Pour l’heure, Donald Trump s’est gardé d’invoquer ce texte de 1807. Mais il n’excluait pas de faire appel aux marines, dont un bataillon de 700 hommes était mobilisé lundi. Quelle serait la barre qualificative ? « La barre sera ce que j’en pense, a répondu le président. Si nous voyons un danger pour notre pays et nos citoyens, nous serons très, très forts en termes de loi et d’ordre. »
    La préméditation de Donald Trump et de ses conseillers ne fait aucun doute. Dès avril 2024, dans un entretien au magazine Time, le candidat républicain de l’époque justifiait la mobilisation de la garde nationale contre l’immigration illégale, aux frontières comme à l’intérieur du pays. Ce serait illégal en vertu du Posse Comitatus Act, rétorquaient les journalistes. « Eh bien, ce ne sont pas des civils, lâchait Donald Trump, au sujet des clandestins. Ce sont des gens qui ne sont pas légalement dans notre pays. Une invasion comme aucun pays n’en a probablement vu un jour. » Dimanche, le président ne disait pas autre chose du déploiement ordonné, dans un message sur Truth Social. L’objectif : « Libérer Los Angeles de l’invasion des migrants. »
    Le milliardaire n’a pas toujours manifesté le même entrain pour défendre l’intégrité du pays et ses institutions. Le 6 janvier 2021, alors que des milliers de manifestants donnaient l’assaut au bâtiment du Capitole pour empêcher la certification de l’élection présidentielle, Donald Trump, assis devant la télévision à la Maison Blanche, n’avait pas demandé l’intervention de la garde nationale. Il en avait ensuite tenu pour responsable la speaker démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, élue de Californie. En revanche, l’ancien secrétaire à la défense, Mark Esper, avait raconté dans ses mémoires que Donald Trump, en 2020, s’était enquis auprès de l’état-major s’il était possible de tirer dans les jambes des manifestants, lors des protestations ayant suivi la mort de George Floyd.
    Depuis des jours, à Los Angeles, la pression de la police fédérale ne cessait de monter, avec des interpellations de clandestins en plein jour. Paramount est une cité ouvrière essentiellement peuplée de migrants hispaniques, employés notamment dans l’industrie hôtelière et la restauration. Samedi matin, en face d’un magasin de bricolage Home Depot, des agents de l’ICE ont été signalés, provoquant assez vite un rassemblement. Les réseaux sociaux ont diffusé la nouvelle à grande vitesse, tandis que les incidents débutaient : grenades assourdissantes et gaz lacrymogène du côté de la police, jets de pierre et d’autres objets du côté des manifestants. Une voiture a été incendiée et du matériel urbain détérioré.
    Le décret présidentiel de Donald Trump prévoit le déploiement de 2 000 membres de la garde nationale de Californie pendant au moins soixante jours. Les juristes s’interrogent sur la marge de manœuvre des effectifs rassemblés à Los Angeles. Ont-ils le droit de répondre à des émeutiers ? De les interpeller ? Le message est clair : les autorités passent à une nouvelle phase dans la confrontation avec les villes dites « sanctuaires », gouvernées par des démocrates, accusées de faire obstruction aux interpellations fédérales. Fin avril, Donald Trump a demandé à son administration de préparer la liste des Etats ou des villes se mettant en travers de son chemin répressif. Renouant avec une très ancienne thématique de son premier mandat, il a promis que les fonds alloués à ces supposés « sanctuaires » – un terme ne correspondant à aucune réalité objective en droit – seraient coupés, ouvrant ainsi un nouveau front en justice.
    Publié ce week-end, un sondage CBS News/YouGov révélait que 54 % de la population américaine soutient la campagne d’expulsion menée par l’administration. Mais le périmètre de cette campagne n’est jamais clairement défini par les autorités. Il fut d’abord question des criminels clandestins endurcis, cible prioritaire. Mais il semble à présent ne plus y avoir de graduation, pour remplir l’objectif de 3 000 expulsés par jour, fixé par l’administration américaine. Dès lors, cette question est devenue particulièrement polarisée. Selon ce même sondage, 82 % des démocrates et 51 % des indépendants désapprouvent la ligne suivie, applaudie, en revanche, par 93 % des républicains.
    Dans un message sur son réseau Truth Social, dans la nuit de samedi à dimanche, Donald Trump félicitait déjà les soldats de la garde nationale pour leur intervention, alors même qu’ils n’étaient pas encore déployés. « Ces manifestations d’extrême gauche, par des instigateurs et des fauteurs de troubles souvent payés, ne seront pas tolérées, écrivait le président. Par ailleurs, à partir de maintenant, on ne sera plus autorisé à porter des masques lors de manifestations. »
    Cette escalade tombe particulièrement bien sur un plan politique pour Donald Trump, qui a subi l’onde de choc de sa séparation avec Elon Musk. Cette crise sécuritaire attisée permet aussi de mettre la pression sur les sénateurs républicains qui traînent les pieds, au sujet du « Big Beautiful Bill ». Ce train de dépenses essentiel pour la Maison Blanche, renforçant, entre autres, les moyens de la sécurité intérieure, a passé l’épreuve de la Chambre des représentants. Mais un nombre menaçant de sénateurs conservateurs pensent, comme Elon Musk, que ce projet de loi est bien trop dépensier. A la lumière des événements de Los Angeles, l’exécutif leur demandera de choisir : être du côté de l’ordre ou du côté des émeutiers. Du président ou des élus extrémistes et laxistes.
    L’appel à l’armée pour une mission de maintien de l’ordre n’a guère de sens, sauf si l’on tient compte de la logique choisie par l’administration Trump en matière migratoire, le cœur de cette crise. Cette logique repose sur une militarisation partielle de cette politique, pour organiser la plus vaste campagne d’expulsion de clandestins de l’histoire américaine, conformément à la promesse de campagne de Donald Trump, qui parle, sans justification, de 21 millions de clandestins dans le pays.
    Pour cela, la Maison Blanche a d’abord privilégié des symboles, comme l’utilisation très onéreuse d’appareils militaires pour mener des vols de reconduite. Elle a aussi annoncé l’utilisation – très limitée à ce jour – de la base de Guantanamo (Cuba), symbole funeste de la lutte antiterroriste sans fin, comme centre de rétention. Elle a également appuyé sa campagne sur un texte très poussiéreux, l’Alien Enemies Act (1798). Celui-ci donne au gouvernement le droit d’expulser, sans recours aucun, les ressortissants d’un pays en guerre avec les Etats-Unis ou fomentant une invasion dans ce pays. Sa dernière utilisation remonte à la seconde guerre mondiale, lorsque des dizaines de milliers de Japonais avaient été emprisonnés sans procès.
    La maire Karen Bass a promis que Los Angeles continuerait de se tenir aux côtés de tous ceux qui « appellent notre ville leur maison ». Elle a dénoncé une « escalade chaotique », décidée par la Maison Blanche, diffusant la « peur » au sein de la population. Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a, pour sa part, mis en cause la « fabrication d’une crise », en estimant que Donald Trump « espère plus de chaos pour pouvoir justifier plus de répression, plus de peur et plus de contrôle ». Le gouverneur a appelé les citoyens en colère à ne pas employer la violence et à s’exprimer pacifiquement.
    Mais l’administration Trump n’a pas fini d’exploiter ces événements, à la fois pour punir les élus démocrates et la Californie en général, et pour l’exemple. Dans le Wisconsin, la juge Hannah Dugan, du comté de Milwaukee, a été arrêtée et poursuivie pour avoir permis à un sans-papiers de se dérober à son interpellation par des agents de l’immigration, à l’intérieur même de l’enceinte du tribunal. Le 9 mai, c’est le maire de Newark (New Jersey), Ras Baraka, qui avait été interpellé devant le centre de rétention de Delaney Hall, alors qu’il demandait à connaître les conditions de détention de migrants arrêtés. Le piège est classique dans le trumpisme comme dans tout mouvement autoritaire. La contestation de la ligne suivie est, par définition, illégitime. Et répréhensible.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#politiquemigratoire#californie#detention#ICE#expulsion#droit#sante

  • A Porto Rico, « territoire sanctuaire » pour les immigrés, la politique répressive de Donald Trump met à mal la coexistence
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/09/a-porto-rico-territoire-sanctuaire-pour-les-immigres-la-politique-repressive

    A Porto Rico, « territoire sanctuaire » pour les immigrés, la politique répressive de Donald Trump met à mal la coexistence
    Par Jean-Michel Hauteville (San Juan (Porto Rico), envoyé spécial)
    Depuis le début du mandat de Donald Trump, plus de 500 migrants ont été arrêtés dans cette île des Caraïbes sous souveraineté américaine. Une situation inédite sur ce territoire hispanophone, traditionnellement bienveillant envers les sans-papiers venus d’Amérique latine.
    Malgré la quiétude apparente, les habitués ne s’y trompent pas : depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, la peur rôde autour de cette petite esplanade triangulaire, agrémentée d’arbres et de sculptures, située au cœur du Barrio Obrero (« quartier ouvrier ») de la capitale portoricaine. Ce secteur populaire du district de Santurce est emblématique de la longue tradition d’immigration en provenance des pays voisins des Caraïbes et d’Amérique latine sur cette île hispanophone. Peuplée de 3,2 millions d’habitants, cette dernière se trouve sous souveraineté américaine, avec le statut ambigu d’« Etat libre associé ». Et ici plus qu’ailleurs, sur ce territoire grand comme la Corse, le durcissement de la politique migratoire de Washington s’est brutalement fait ressentir.
    « La vie a changé ici. Il n’y a plus d’ambiance », grimace Filès, un demandeur d’asile haïtien de 40 ans, attablé avec son ami Eriel, 37 ans. Originaires de Jacmel, ville du sud d’Haïti, les deux hommes n’ont pas souhaité révéler leur identité complète. Arrivés à Porto Rico début 2024, au terme d’une périlleuse traversée d’une journée en yole depuis les rivages de la République dominicaine, où ils ont laissé leur compagne et leurs enfants, ils travaillent désormais sur les chantiers de San Juan, à l’instar d’un grand nombre d’immigrés. Eriel acquiesce en désignant les tables vides autour de lui. « Avant, il y avait beaucoup plus d’animation, des stands de nourriture, de la musique », se remémore le trentenaire.
    Moins d’une semaine après l’investiture de Donald Trump, et la signature, dans la foulée, par le président américain, d’un décret anti-immigration, les premières arrestations ont bouleversé le quotidien paisible du Barrio Obrero. Le 26 janvier, en pleine journée, des agents fédéraux américains en uniforme ont effectué une descente aux abords de la placita (« petite place ») Barcelo. « C’était choquant : ils sont venus près d’ici avec des véhicules militaires », témoigne José Rodriguez, résident bien connu dans le quartier et président du Comité dominicain des droits humains, une organisation de défense des droits des migrants à San Juan. « Ils ont défoncé les portes des appartements des familles d’immigrés dominicains. Sans mandat d’un juge », s’afflige l’athlétique militant de 62 ans, rencontré sur l’esplanade.
    Lors de cette première opération, quelque 47 personnes ont été arrêtées, selon un bilan des autorités fédérales américaines communiqué par les médias locaux. Ces immigrés, placés en détention à la prison fédérale de Guaynabo, en banlieue de San Juan, « n’avaient pas de statut migratoire [régularisé] sur le territoire des Etats-Unis » et « avaient commis des délits à Porto Rico », avait assuré le soir même, lors d’une interview télévisée, Rebecca
    Pourtant, les jours suivants, les sites d’information ont relayé plusieurs témoignages contredisant ces affirmations : deux frères haïtiens en situation régulière et sans histoires, libérés de prison au bout de trois jours de calvaire ; un quinquagénaire dominicain, titulaire d’un titre de résident permanent, arrêté avant d’avoir eu le temps de montrer ses papiers ; une mère de famille dominicaine en cours de naturalisation, dont les proches sont restés sans nouvelles pendant plusieurs semaines…« La majorité des personnes détenues n’ont pas de casier judiciaire, ni de procédure en cours devant les tribunaux », dénonce Alvaro Nuñez, avocat spécialiste des questions migratoires, venu saluer son ami José Rodriguez. Les autorités ont « agi de manière indiscriminée, avec des conséquences sur des personnes qui travaillent, qui ont toute leur vie ici », s’offusque l’avocat.
    Depuis janvier, les redadas (« coups de filet ») menées par les agences fédérales américaines à Porto Rico, dont celle chargée de la surveillance des frontières et de l’immigration (ICE), se sont multipliées sur l’île des Grandes Antilles. Quelque 552 personnes ont d’ores et déjà été arrêtées depuis le début de l’année, selon le décompte officiel arrêté au 5 juin, révélé par le média en ligne Centro de Periodismo Investigativo. C’est cinq fois plus que durant toute l’année 2024. Ces immigrés sont « majoritairement de nationalité dominicaine et haïtienne, mais aussi mexicaine et vénézuélienne », avait précisé Rebecca Gonzalez-Ramos fin mai. Le 30 mars, une intervention d’ICE dans la localité de Toa Baja a tourné au drame : un ressortissant dominicain de 52 ans est tombé du toit d’un immeuble où il s’était caché. Hospitalisé, le malheureux a fini par succomber à ses blessures, le 4 mai.
    Lors de la plus récente opération de grande envergure, le 8 mai, pas moins de 53 ouvriers, parmi lesquels sept femmes, tous de nationalité dominicaine, étaient arrêtés sur le chantier de l’hôtel La Concha Renaissance, établissement quatre étoiles situé aux abords de la célèbre plage de Condado. A cette date, les autorités fédérales américaines indiquaient avoir arrêté 67 immigrés accusés de délits « graves », soit moins de 20 % du total des sans-papiers détenus.
    La prison de Guaynabo étant désormais saturée, les services de lutte contre l’immigration « ont renvoyé en République dominicaine 28 ouvriers de La Concha. Il y en a vingt à Miami, d’autres à San Antonio, au Texas, et d’autres ont été relâchés », énumère José Rodriguez. « On les met où on trouve de la place. Du coup, il y a des familles qui ont été séparées », s’émeut le militant des droits des personnes immigrées. « La pratique habituelle du gouvernement des Etats-Unis, c’est de transférer hors de Porto Rico quasiment tous les migrants arrêtés », confirme Annette Martinez-Orabona, directrice exécutive de l’ACLU Porto Rico, la branche locale de l’Union américaine pour les libertés civiles, organisation non gouvernementale (ONG) de défense des droits humains. « Après leur arrestation, ils peuvent rester sur l’île entre vingt-quatre et soixante-dix-huit heures, puis sont transférés » sur le continent, poursuit cette avocate.
    Ce brusque tour de vis migratoire va à l’encontre de la tradition de bienveillance envers les immigrés clandestins – en particulier les hispanophones d’Amérique latine – qui a longtemps prévalu sur cette terre métissée, ancienne colonie espagnole annexée par les Etats-Unis en 1898. « Porto Rico était perçu comme un territoire sanctuaire », assure Fermin Arraiza Navas, le directeur juridique d’ACLU Porto Rico. « Notre politique, c’est de traiter [les étrangers] comme nos semblables, quelle que soit leur nationalité », poursuit l’affable avocat. « A plus forte raison quand on a un fort lien linguistique et culturel, comme avec nos frères de la République dominicaine. »
    Ainsi, le gouvernement portoricain a créé un permis de conduire spécial pour les étrangers en situation irrégulière. Ceux-ci seraient, selon l’ONG, « entre 150 000 et 200 000 sur toute l’île ». Au bout d’une année de présence sur le territoire, les sans-papiers peuvent faire la demande de cette précieuse licencia, qui leur permet d’acquérir un véhicule ou d’ouvrir un compte en banque. Mais ce dispositif généreux s’est retourné contre ses bénéficiaires. « Ça a permis de ficher les gens », déplore M. Arraiza : dans plusieurs cas, les agents fédéraux ont utilisé ces permis pour retrouver leurs détenteurs. Ce spécialiste des droits civiques fustige la passivité de la gouverneure de Porto Rico, Jenniffer Gonzalez Colon, arrivée au pouvoir début janvier et ouvertement favorable au nouveau président. « Elle fait tout ce que lui demande le gouvernement des Etats-Unis, ce que lui dit le président Trump, pour éviter de perdre des financements fédéraux, regrette M. Arraiza. Cela met en situation de grande précarité la communauté dominicaine et les personnes migrantes. »
    En effet, de nombreux sans-papiers, terrorisés, se cloîtrent chez eux, selon les organisations locales. L’absentéisme est monté en flèche dans les écoles, mais aussi au travail, dans les secteurs qui recourent à la main-d’œuvre immigrée. « Le bâtiment est l’un des secteurs les plus touchés, tout comme la restauration », constate Luis Pizarro Otero, le président de la chambre de commerce de Porto Rico, qui plaide auprès du gouvernement fédéral pour des « solutions migratoires pour les emplois saisonniers ». Face à cette vague de répression inédite, au Barrio Obrero, la solidarité s’organise. Comme chaque lundi midi, plusieurs dizaines de personnes défavorisées – portoricaines ou étrangères – reçoivent un repas gratuit au sous-sol, chaleureusement décoré, de l’église méthodiste Saint-Paul, tout près de la place Barcelo. Une enceinte diffuse des hymnes évangéliques enjoués. « Cette église est un lieu sûr, un sanctuaire, et le restera », dit, sur un air d’évidence, la pasteure Nilka Marrero Garcia, qui dénonce sans ambages les méthodes de « profilage racial » des agents fédéraux. « Lorsqu’il y a des descentes de la “migra”, on s’enferme, ici, avec dix, douze personnes, pendant des heures », confie la révérende de 72 ans. Son regard bleu gris s’emplit d’une infinie compassion. « On a de la nourriture, de l’eau. On éteint les lumières, et on attend. »
    Grâce à la participation d’une douzaine de bénévoles, la paroisse apporte un soutien précieux aux immigrés en détresse. « Dans le domaine de l’assistance juridique, on a suivi 48 dossiers depuis janvier », souligne la pasteure. La congrégation a également fourni « 350 sacs de courses et 2 500 repas chauds » aux personnes qui n’osent plus sortir.D’autres acteurs locaux ont mis l’accent sur l’information des habitants du quartier quant à leurs droits. « On a expliqué aux gens la différence entre les types de mandat : pour entrer chez vous, les agents de l’ICE doivent avoir un mandat bien précis », relate la journaliste et poétesse Ana Castillo Muñoz, dans un bar branché du district voisin de Rio Piedras. « Après la première descente, on a fait tout un travail de terrain », poursuit cette fille d’immigrés dominicains de 35 ans, originaire du Barrio Obrero, ses longs rajouts noués en un chignon à la mode.
    Aux yeux de l’autrice du recueil Corona de flores (EDP University, 2021, non traduit), la situation des migrants à Porto Rico n’est pas près de s’améliorer. « Je pense que les politiques migratoires de Trump resteront tout aussi agressives. Donc nous devons nous organiser, éduquer les gens, nous soutenir les uns les autres », exhorte Ana Castillo Muñoz, qui conclut avec défiance : « L’Etat ne fera rien pour préserver le “sanctuaire” à Porto Rico, étant donné notre statut colonial. Le sanctuaire portoricain, c’est au peuple de le défendre. »

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#portorico#politiquemigratoire#ICE#expulsion#caraibes#sante#droit

  • Manifestations anti-expulsions : Trump déploie les militaires à Los Angeles
    https://www.dakaractu.com/Manifestations-anti-expulsions-Trump-deploie-les-militaires-a-Los-Angeles

    Manifestations anti-expulsions : Trump déploie les militaires à Los Angeles
    Donald Trump a ordonné l’envoi des militaires de la Garde nationale à Los Angeles après deux jours de manifestations parfois violentes contre les expulsions d’immigrés, un déploiement rare, attendu dimanche contre l’avis du gouverneur démocrate de Californie.
    Le gouvernement de Washington dénonce « l’anarchie » à Los Angeles, tandis que les autorités locales parlent d’une décision « incendiaire » de Donald Trump. Elle intervient après deux jours de manifestations et d’incidents provoqués par des manifestants opposés aux expulsions de migrants, principalement latino-américains, dans cette ville où vit une forte population de même origine. « Nous devons défendre notre peuple » a déclaré à l’AFP une femme, refusant de donner son nom, dont les parents sont des immigrés.
    Un photographe de l’AFP a vu des incendies, des tirs de feux d’artifice lors d’affrontements, ou encore un manifestant tenant un drapeau mexicain devant une voiture calcinée sur laquelle avait été inscrit un slogan contre l’agence fédérale Immigration and Customs Enforcement (ICE). Samedi, le président américain républicain, dont un des principaux objectifs politiques est de réduire fortement l’importante immigration aux Etats-Unis, a décidé « le déploiement de 2.000 gardes nationaux pour remédier à l’anarchie qu’on a laissé prospérer », a annoncé la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt, traitant les dirigeants californiens démocrates d’"incapables".
    Le gouverneur régional Gavin Newsom, a pour sa part dénoncé une initiative « délibérément incendiaire » qui « ne fera qu’aggraver les tensions ».Le président Trump a salué dimanche sur Truth Social le « fantastique travail » de la Garde, même si le déploiement effectif de cette force de réserve n’a pas encore été constaté sur place par l’AFP.
    La maire de Los Angeles a par ailleurs dit sur X que la Garde n’était pas encore déployée."Tout le monde a le droit de manifester pacifiquement, mais soyons clairs : la violence et la destruction sont inacceptables, et les responsables devront rendre des comptes", a-t-elle par ailleurs prévenu sur X.
    Une telle décision de déploiement de la Garde nationale est très rare. Force armée de réserve, elle a été récemment principalement mobilisée lors de catastrophes naturelles, comme lors des mégafeux à Los Angeles début 2025. Elle est aussi occasionnellement déployée en cas de troubles civils, mais presque toujours avec l’accord des autorités locales. Sa dernière intervention en Californie pour des troubles civils remonte à 2020, à la suite des violentes émeutes provoquées par la mort de George Floyd, un Afro-Américain tué par un policier à Los Angeles.
    Donald Trump avait prévenu dès samedi que « si le gouverneur de Californie (...) et la maire de Los Angeles (...) ne peuvent pas faire leur travail, ce que tout le monde sait, alors le gouvernement fédéral interviendra et résoudra le problème », dont le foyer est le quartier de Paramount. Les raids de la police sont « une injustice », et les personnes arrêtées « des êtres humains comme des autres », a dénoncé auprès de l’AFP Fernando Delgado, 24 ans, un habitant.
    Les manifestations ont commencé après que des membres de l’ICE s’étaient rassemblés samedi près d’un grand magasin de bricolage, où des travailleurs viennent traditionnellement proposer leurs services pour la journée. Des manifestants ont jeté des objets sur les forces de l’ordre et tenté d’empêcher un autocar de quitter les lieux. Les agents les ont repoussés à l’aide de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes. Des manifestants s’en sont également pris à un car de l’US Marshals Service qui sortait d’une autoroute voisine, conduisant les autorités à fermer les bretelles d’accès.
    « Nous épluchons les vidéos pour identifier les auteurs. Vous amenez le chaos, on apporte les menottes », a répliqué sur X le directeur adjoint de la police fédérale (FBI), Dan Bongino. « L’administration Trump applique une politique de tolérance zéro à l’égard des comportements criminels et de la violence, en particulier lorsque cette violence vise des agents des forces de l’ordre qui tentent de faire leur travail », a également martelé Mme Leavitt. Le ministre de la Défense, Pete Hegseth, a menacé de faire aussi appel à l’armée régulière basée non loin. Si nécessaire, les « Marines de Camp Pendleton seront également mobilisés. Ils sont déjà en état d’alerte », a-t-il déclaré sur les médias sociaux.
    Une déclaration à portée symbolique, selon la professeure de droit Jessica Levinson, relevant que l’engagement de militaires américain à des fins domestiques est restreint légalement en absence d’insurrection. « Quant à la Garde nationale, elle ne pourra rien faire de plus que de fournir un soutien logistique et en personnel ».

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#politiquemigratoire#ICE#expulsion#gardenationale#losangeles#sante

  • En Iran, plusieurs millions d’Afghans menacés d’expulsion
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/05/en-iran-plusieurs-millions-d-afghans-menaces-d-expulsion_6610666_3210.html

    En Iran, plusieurs millions d’Afghans menacés d’expulsion
    Par Ghazal Golshiri
    Le gouvernement iranien mène actuellement l’une de ses plus vastes campagnes d’expulsion de réfugiés, visant en premier lieu les ressortissants afghans, qui constituent la grande majorité des migrants présents sur son sol. Sur environ 6 millions d’Afghans installés en Iran – ayant fui les guerres, l’instabilité politique et les crises économiques – 2 millions d’entre eux, en possession du document provisoire leur accordant une autorisation de résidence temporaire, sont désormais menacés d’expulsion, au même titre que les migrants sans papiers. Au total, près de 4 millions d’Afghans risquent aujourd’hui d’être renvoyés du pays.
    Ces 2 millions de personnes sont titulaires d’une « fiche de recensement », un document délivré par les autorités iraniennes aux migrants en situation irrégulière, en attendant une éventuelle régularisation. Jusqu’en mars, leur présence sur le territoire était tolérée. Depuis, après une annonce du ministère les déclarant privés d’accès aux services de base (éducation, soins, logement), l’étau se resserre. Les expulsions, elles, ont bel et bien commencé. Fin mai, le ministère de l’intérieur a sommé ces migrants de prendre rendez-vous avant le 7 juin pour ouvrir une procédure de régularisation. Passé ce délai, ils seront considérés en situation illégale. Sur les 2 millions de titulaires de ce document, seules six catégories de personnes pourront rester légalement dans le pays – parmi elles, les anciens militaires du régime afghan précédent, avant l’arrivée des talibans, en août 2021. Pour tous les autres, la date limite de départ est fixée au 6 juillet.
    La peur est palpable au sein de la communauté afghane d’Iran, où chacun connaît au moins une personne récemment expulsée. Soheil (le prénom a été modifié, comme celui d’autres Afghans), 21 ans, est arrivé en Iran six mois après le retour des talibans au pouvoir. « Dès ce moment, la situation économique s’est encore dégradée [à cause des sanctions internationales]. Je n’ai pas trouvé de travail en Afghanistan, alors je suis venu en Iran », raconte-t-il par téléphone. Depuis 2021, le nombre de migrants afghans dans ce pays voisin a presque doublé. Soheil a profité de la dernière campagne de recensement en 2022 pour s’enregistrer et obtenir une fiche de recensement. A Téhéran, il a enchaîné les petits boulots : serveur, livreur, mécanicien. Fin avril, il a été arrêté dans le garage où il travaillait. Après deux jours passés au commissariat, il a été transféré dans un camp en périphérie de la capitale.
    « On était environ 800 personnes. Certains ont été battus, on nous insultait, les propos racistes étaient fréquents. Il n’y avait qu’une dizaine de toilettes pour tout le monde, dans un état déplorable. Ensuite, on a été obligés de payer chacun 1,5 million de tomans [environ 15 euros] pour pouvoir monter dans un bus vers l’Afghanistan », témoigne-t-il depuis Kaboul. « Le système migratoire iranien repose officiellement sur le passeport et le visa, explique par téléphone Arash Nasr, chercheur spécialisé dans la situation des réfugiés en Iran, depuis Téhéran. Mais, en réalité, depuis des décennies, l’Iran a accueilli des vagues successives de réfugiés d’Afghanistan et d’Irak, souvent sans papiers. Pour encadrer leur présence, l’Etat a mis en place plusieurs campagnes de recensement, donnant lieu à la délivrance de documents temporaires, sans base légale claire. Cette politique visait notamment à éviter tout engagement découlant de la Convention de Genève sur les réfugiés, que l’Iran n’a jamais pleinement appliquée. Le pays considère tous les Afghans comme des “invités temporaires”, sans volonté d’intégration durable. »
    Depuis août 2021, l’augmentation rapide de la population afghane est particulièrement visible autour de Téhéran, où de nombreux migrants se sont installés. « Cela a entraîné une montée du sentiment anti-afghan dans la société », poursuit le chercheur. Cette hostilité ne s’explique pas seulement par l’évolution démographique, mais aussi par la diffusion massive de fausses informations antimigrants dans les médias officiels et sur les réseaux sociaux, ce qui a profondément influencé l’opinion publique. Alors que la situation économique iranienne se dégrade à grande vitesse, un discours xénophobe s’est développé, proche de celui de l’extrême droite dans d’autres parties du monde. Des vidéos, partagées sur la Toile, montrant des violences à l’encontre de migrants circulent : l’une d’elles montre un jeune garçon à vélo pourchassé par une voiture, dont un des passagers crie : « Cet Afghan essaie de s’enfuir, il faut l’écraser. »
    « De plus en plus d’Iraniens perçoivent la présence des Afghans comme la cause de tous les problèmes du pays : chômage, inflation, insécurité, analyse Arash Nasr. Leur présence alimente aussi des théories du complot : certains prétendent que le pouvoir iranien cherche à modifier la démographie en sa faveur, du fait du profil conservateur et religieux des Afghans. » Ce rejet diffus, enraciné dans une vision hiérarchique de la société, a favorisé l’émergence d’un consensus rare dans la vie politique iranienne : de la droite conservatrice aux opposants au régime, beaucoup soutiennent désormais ouvertement l’expulsion des réfugiés afghans pour des raisons différentes. « C’est ce climat qui a permis la mise en œuvre d’un plan d’expulsion massif, sans véritable débat public », conclut le chercheur.
    Selon l’Organisation internationale pour les migrations, le nombre de familles afghanes expulsées d’Iran a explosé en mai, atteignant 15 675 – soit 2,3 fois plus qu’en avril, et plus de trois fois le chiffre de mai 2024. Ce pic marque une évolution dans le profil des expulsés : alors que les campagnes précédentes concernaient surtout des hommes seuls (26 % en mai), la part des femmes (28 %) et des enfants (46 %) a fortement augmenté.Interdits de séjour dans la moitié des provinces, les migrants afghans en Iran vivaient déjà dans une extrême précarité : leurs emplois sont limités à des tâches ingrates et mal payées. Née en Iran, Najiyah, 40 ans, travaille dans une entreprise d’import-export en banlieue de Téhéran de manière clandestine. Possédant une fiche de recensement devenue aujourd’hui obsolète, elle a rendez-vous, fin juin, dans l’espoir de régulariser sa situation, mais elle n’y croit guère : « Autour de moi, beaucoup dans le même cas ont déjà reçu un ordre d’expulsion. Etre née ici ne change rien », témoigne cette mère de deux enfants. Le droit du sol n’existe pas en Iran.
    Ses proches expulsés récemment n’ont eu qu’un mois pour quitter le pays. Au-delà du délai accordé par les autorités, les migrants doivent payer une amende et risquent d’être inscrits sur liste noire et interdits de visa iranien. « Parmi mes proches expulsés, les enfants n’ont même pas pu terminer leur année scolaire. Les écoles ont dit aux parents : “Vos enfants passeront leurs examens en Afghanistan”. » Najiyah connaît une famille de cinq personnes qui, avant son expulsion, a dû verser 17 millions de tomans pour vingt jours de retard (l’équivalent de 180 euros, soit deux fois le salaire de base d’un ouvrier). « C’est un budget énorme », souffle Najiyah. Depuis le début de la nouvelle vague d’expulsions, les enfants ne vont plus seuls à l’école. Son mari les accompagne, de peur qu’ils soient arrêtés en chemin. En Afghanistan, sa fille de 14 ans ne pourra plus aller à l’école : les talibans interdisent toujours l’éducation des filles au-delà de 12 ans.

    #Covid-19#migrant#migration#iran#afghanistan#expulsion#politiquemigratoire#refugie#droit#retour#sante#OIM

  • Kilmar Abrego Garcia, immigré salvadorien au cœur d’une bataille entre la justice fédérale et l’administration Trump, est rentré aux Etats-Unis
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/06/06/kilmar-abrego-garcia-immigre-salvadorien-au-c-ur-d-une-bataille-entre-la-jus

    Kilmar Abrego Garcia, immigré salvadorien au cœur d’une bataille entre la justice fédérale et l’administration Trump, est rentré aux Etats-Unis
    Le Monde avec AFP
    Un immigré salvadorien expulsé « par erreur », mais que l’administration Trump se disait dans l’incapacité de ramener, a été reconduit, vendredi 6 juin, du Salvador aux Etats-Unis, où il est désormais inculpé de trafic de migrants, a annoncé la ministre de la justice, Pam Bondi.
    Le cas de Kilmar Abrego Garcia, habitant de l’Etat du Maryland marié à une Américaine, cristallise depuis près de trois mois l’opposition entre la justice fédérale, dont la Cour suprême, et l’exécutif, accusé d’obstruction vis-à-vis des tribunaux qui contrarient sa politique d’expulsions massives.
    Il fait partie des plus de 250 hommes expulsés le 15 mars vers le Salvador, la plupart pour appartenance présumée au gang vénézuélien Tren de Aragua, déclaré « organisation terroriste » par Washington. Ils ont été incarcérés dans une prison de haute sécurité connue pour la dureté de ses conditions de détention.
    L’administration Trump a ensuite reconnu en justice une « erreur administrative » concernant Kilmar Abrego Garcia puisqu’un arrêté d’expulsion à son encontre vers le Salvador avait été définitivement annulé en 2019. Elle l’accuse cependant, malgré son absence de casier judiciaire, d’appartenir au gang salvadorien MS-13, également classé « terroriste » par les Etats-Unis en février.
    Mme Bondi a remercié le président salvadorien, Nayib Bukele. « Notre gouvernement a soumis au Salvador un mandat d’arrêt et ils ont accepté de le renvoyer dans notre pays », a-t-elle ajouté. S’il est reconnu coupable, Kilmar Abrego Garcia purgera sa peine aux Etats-Unis avant d’être expulsé vers le Salvador, a expliqué la ministre.
    Lors d’une rencontre à la Maison Blanche en avril, le président, Donald Trump, et son homologue salvadorien s’étaient pourtant déclarés dans l’incapacité de remédier à cette situation. M. Bukele a assuré vendredi sur X qu’il n’avait pas changé de position. « Mais nous travaillons avec l’administration Trump et s’ils demandent le retour d’un membre de gang pour faire face à la justice, bien sûr, nous n’allons pas refuser », a-t-il fait valoir.
    La Maison Blanche, après avoir juré depuis des mois que Kilmar Abrego Garcia ne remettrait jamais les pieds aux Etats-Unis, soutenait vendredi que son retour n’avait rien à voir avec son expulsion, niant qu’il se soit agi à l’origine d’une « erreur ».
    « Le gouvernement a fait disparaître Kilmar dans une prison étrangère en violation d’une décision de justice. Maintenant, après des mois de temporisation et de secret, il le ramène non pas pour corriger son erreur mais pour le poursuivre pénalement », a déploré lors d’une conférence de presse l’un de ses avocats, Simon Sandoval-Moshenberg. « Il se défendra vigoureusement des accusations portées contre lui », a déclaré l’avocat, disant vouloir rencontrer son client « dès que possible ».
    « Ce dossier concerne plus qu’un seul homme », a insisté Ama Frimpong, directrice juridique de l’organisation de défense des immigrés CASA. « Il s’agit de savoir si le gouvernement peut nous faire disparaître et nous réduire au silence, nous le peuple, braver des décisions de justice et utiliser des processus secrets pour ne pas avoir à rendre de comptes », a-t-elle expliqué.
    « Pendant des mois, l’administration Trump a bafoué l’autorité de la Cour suprême et notre Constitution », a pour sa part réagi dans un communiqué le sénateur démocrate Chris Van Hollen, qui avait pu rencontrer brièvement Kilmar Abrego Garcia en avril au Salvador. « Aujourd’hui, il semble qu’elle se soit enfin rendue à nos exigences de respecter les décisions de justice et les droits de se défendre accordés à quiconque aux Etats-Unis », s’est-il félicité. Donald Trump a érigé la lutte contre l’immigration clandestine en priorité absolue, évoquant une « invasion » des Etats-Unis par des « criminels venus de l’étranger » et communiquant abondamment sur les expulsions d’immigrés. Mais son programme d’expulsions massives a été contrecarré ou freiné par de multiples décisions de justice, notamment au motif que les personnes visées devaient pouvoir faire valoir leurs droits.

    #covid-19#migrant#migration#etatsunis#salvador#expulsion#politiquemigratoire#droit#sante

  • "Il n’y a rien de moins volontaire qu’un ’retour volontaire’" : des chercheurs dénoncent des politiques d’expulsion déguisée

    Les « #retours_volontaires » de migrants se multiplient ces derniers mois depuis des pays comme la #Tunisie ou la #Libye. Mais ces #rapatriements chapeautés par l’#ONU sont perçus par les chercheurs comme des #expulsions_déguisées, « la seule alternative possible » pour des migrants résignés, victimes de racisme et d’exactions.

    « Il n’y a rien de moins volontaire que les ’retours volontaires », ont décrypté des chercheurs face à la forte hausse de demandes de rapatriement de migrants, « acculés » aux frontières sud de l’Europe.

    « C’est très dur ici. C’est compliqué », confie Mac*, un Guinéen de 24 ans, rencontré il y a quelques semaines par l’AFP lors de l’évacuation de camps de fortune à El Amra, près de #Sfax, dans le centre-est de la Tunisie. Comme de nombreux migrants, las, le jeune homme s’est inscrit auprès de l’#Organisation_internationale_pour_les_migrations (#OIM) pour bénéficier d’un accompagnement afin de rentrer chez lui.

    Développés depuis 1979, les programmes d’#aide_aux_retours_volontaires (#ARV), soutenus par l’OIM n’ont jamais eu autant de succès en Tunisie, Libye ou encore en #Algérie, points de passage pour les migrants originaires d’Afrique subsaharienne qui tentent de rejoindre l’Europe.

    « La seule #alternative possible »

    En 2024, 7 250 migrants présents sur le sol tunisien, principalement originaires de Gambie, Burkina Faso et Guinée ont bénéficié de l’ARV, soit une augmentation de 1 000 % entre 2018 et 2024. En Algérie, ils étaient 7 834 (+ 600% sur la même période 2018/2024) et 16 207 en Libye (+ 65%) à être retournés dans leur pays par le biais de l’ARV, selon l’OIM. Outre le voyage, certaines de ces personnes en situation illégale peuvent bénéficier d’une aide financière pour se réinstaller dans leur pays.

    « Il n’y a rien de moins volontaire, que les ’retours volontaires », alerte Jean-Pierre Cassarino, enseignant chercheur au Collège d’Europe en Pologne, évoquant des migrants « acculés » et des « expulsions » qui ne disent pas leur nom.

    En Tunisie et en Libye, les #conditions_de_vie sont délétères pour les Africains subsahariens, victimes de #racisme, d’#exactions, de #kidnapping, d’abandons dans le désert, voire de #meurtres. La plupart peinent à se loger, vivent dans des #campements insalubres, avec un accès limité voire inexistant aux soins. La rédaction d’InfoMigrants a déjà reçu de nombreux témoignages de migrants racontant leur calvaire.

    Ces « retours volontaires » s’inscrivent alors dans un « processus de #vulnérabilité accrue », explique de son côté Ahlam Chemlali, chercheuse en migration à l’Institut danois pour les études internationales (DIIS), interrogée par l’AFP. Leur situation est devenue « de plus en plus précaire et dangereuse » et « pour beaucoup, le programme de ’retour volontaire’ est devenu la seule alternative possible ».

    Selon les textes internationaux, les participants au programme ne doivent pourtant subir « ni pressions physiques ou psychologiques » et avoir accès à des informations « objectives et fiables » sur lesquelles fonder leur décision de partir.

    L’OIM se défend d’expulsions déguisées

    Accusée de prêter main forte aux politiques d’expulsion des migrants, l’OIM s’en défend et assure intervenir seulement une fois qu’une personne a donné son consentement éclairé pour recevoir de l’aide.

    Pour l’agence de l’ONU, « mieux vaut ça que rien et que les migrants risquent leur vie en traversant la mer », décrypte Jean-Pierre Cassarino qui rappelle que l’OIM est financé « rubis sur l’ongle par l’Union européenne ».

    Ces programmes de « retours volontaires » s’inscrivent dans une politique d’#externalisation du contrôle des frontières par l’Union européenne (UE) qui exerce une forte pression sur ces pays tiers, en échange de contreparties, afin qu’ils gèrent la migration en son nom, observent les deux chercheurs.

    A l’été 2023, l’UE et la Tunisie ont conclu un « #partenariat » prévoyant une aide de 105 millions d’euros pour lutter contre l’immigration irrégulière, incluant le financement du « retour volontaire » de 6 000 migrants irréguliers.

    Pourtant, sur le long terme, les « retours volontaires » sont sans effet, expliquent les deux spécialistes. Beaucoup de migrants tentent à nouveau le voyage car ils n’ont pas tous un endroit sûr ou vivre et ont fui des conflits, des persécutions ou des difficultés économiques, pointent-ils.

    « Le désespoir est si fort qu’il vont réessayer », rappelle Jean-Pierre Cassarino.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/64924/il-ny-a-rien-de-moins-volontaire-quun-retour-volontaire--des-chercheur

    #expulsions #inefficacité #efficacité #IOM

  • L’#Italie et le transfert des migrants en #Albanie : le laboratoire et les cobayes

    Les gouvernements italien et albanais ont collaboré pour ouvrir deux centres, à #Shëngjin et à #Gjadër, destinés au #transfert_forcé, à la #détention et au #rapatriement des migrants arrivés en Italie. Ce laboratoire d’#externalisation des frontières, observé avec intérêt par d’autres pays, a un précédent : les #navires_de_quarantaine utilisés pendant la pandémie de Covid-19.

    En novembre 2023, les gouvernements italien et albanais ont signé un #accord selon lequel que les migrants et migrantes secourues par les autorités italiennes en mer Méditerranée ne sont pas conduits vers un port italien, mais en Albanie, où on a ouvert de centres de détention, d’#identification et d’#expulsion et de rapatriement. Dans les récits et les analyses, y compris les plus critiques, de la création de ces centres, on dit souvent qu’il s’agit d’un #laboratoire : avant tout, un laboratoire pour les politiques répressives et autoritaires d’Europe et d’ailleurs. On pourrait se demander laboratoire pour quoi, laboratoire pour qui, et avec le consentement de qui. Ou plutôt, on pourrait partir d’un postulat fondamental : que les laboratoires supposent généralement des cobayes.

    Le cas des centres extraterritoriaux albanais voulus par le gouvernement de Giorgia Meloni est en train de devenir un « #modèle » pour d’autres pays européens. Pourtant, ils ne sortent pas de nulle part. Ils sont eux aussi issus d’autres laboratoires. Plus précisément, d’autres tentatives d’#externalisation des frontières et de la gestion de ses migrants et demandeurs d’asile. Cependant, tout cela ne doit pas faire oublier que, tandis que les laboratoires procèdent habituellement par hypothèses potentielles, pour les personnes concernées, les mécanismes de #rétention, de #concentration et d’#exclusion sont tout sauf hypothétiques : elles les vivent en ce moment même, en cette heure.

    Du laboratoire au modèle

    En 2006, Ismaïl Kadaré avait intitulé l’un de ses derniers essais « L’identité européenne des Albanais ». On peut se demander si ce grand écrivain albanais, qui avait publié la plupart de ses œuvres sous une dictature si répressive, n’aurait jamais pu imaginer que l’Union européenne et l’Albanie seraient aujourd’hui liées par une tentative ambiguë d’externalisation de ces mêmes frontières européennes que Kadaré a vu changer au cours de sa vie.

    En octobre 2024, le gouvernement italien avait déclaré avoir achevé la construction d’un centre de détention pour migrants à Gjadër, en Albanie. Ce centre avait été ouvert en octobre dernier et était initialement destiné à accueillir des demandeurs d’asile secourus en mer et provenant de pays considérés comme « sûrs » par le gouvernement italien et l’Union Européenne. Mais les centres construits par l’Italie en Albanie n’avaient encore jamais fonctionné, car les tribunaux italiens n’ont jamais confirmé la détention des trois groupes de demandeurs d’asile qui y ont été transférés.

    Pourtant, le 11 avril 2025, alors que plusieurs centaines de migrants débarquaient à Lampedusa, une quarantaine de migrants, transférés depuis différents centres de rétention italiens, sont partis de Brindisi, dans les Pouilles, et arrivés dans le port et « #hotspot » albanais de Shëngjin, avant d’être emmenés au centre de Gjadër. Un mois plus tard, le 15 mai dernier, la Chambre des députés italienne a voté la #loi visant à transformer officiellement les centres albanais en « #centres_de_rapatriement ».

    Pour ces personnes migrantes, le passage du statut de « transféré » à celui de « détenu » a été immédiat et injustifié. Tout s’est déroulé dans l’opacité la plus totale. Selon un communiqué d’un réseau d’associations, des sources gouvernementales ont déclaré que les personnes transférées constituaient un « #danger_social » et avaient commis des délits, mais rien de tout cela n’a été prouvé. Le caractère punitif du projet albanais est donc évident. Certaines de ces personnes ont découvert qu’elles allaient être transférées en Albanie au moment même où elles sont arrivées, souvent menottées. Aucune information, aucun avertissement, aucune mesure officielle. Cela nous ramène à la dimension de modèle : comme le souligne l’Association italienne d’études juridiques sur l’immigration dans son rapport, cette affaire marque en effet un tournant dans les politiques migratoires et de gestion des frontières, ouvrant la voie à des scénarios inédits dans le contexte européen.

    Le précédent des #navires-quarantaine

    Pourtant, ce laboratoire italo-albanais n’est pas sorti de nulle part. Les pratiques d’#externalisation_des_frontières sont une caractéristique récurrente du régime actuel de gestion des migrations qualifiées d’« illégales » – et aussi, de plus en plus souvent, de « légales », comme nous le constatons par exemple aux États-Unis ces derniers mois. Un exemple parmi d’autres, ou plutôt des précurseurs : les centres de détention pour demandeurs d’asile ouverts en 2001 par le gouvernement australien sur les îles de Manus et de #Nauru. Dans le même temps, je pense qu’il est important de se pencher en priorité sur un exemple interne, européen, qui concerne à nouveau le gouvernement italien, avant même l’arrivée du gouvernement de #Giorgia_Meloni : il s’agit des navires de quarantaine mis en service pendant l’épidémie de #Covid-19.

    Le 7 avril 2020 le gouvernement italien publie un #décret dans lequel il déclare que les ports italiens ne devaient plus être considérés comme des « #POS#Place_of_safety ». Peu de jours après ce décret, en collaboration encore une fois avec la Croix-Rouge italienne, le système de navires-quarantaine a été mis en place et rapidement rendu actif, à travers de nombreuses #dérogations et #exceptions légitimées par l’#urgence_sanitaire. Le premier navire a levé l’ancre le 7 mai 2020. Immédiatement après, cinq autres grands navires sont affrétés et immédiatement mis en service.

    Exactement comme dans le cas des centres albanais, il n’y a jamais eu de communication officielle aux individus, qui n’ont même pas eu la possibilité d’un contact avec le monde extérieur. En outre, de nombreuses personnes contraintes d’embarquer sur des navires-quarantaine ont été soumises à l’obligation de quitter le territoire italien immédiatement après la fin de leur période d’isolement sur le navire en question, sans la possibilité de demander l’asile ou le regroupement familial. Les navires-quarantaine devenaient alors non seulement des centres d’expulsion externalisés et informels, mais aussi des espaces de droits suspendus : le confinement sur une base sanitaire se transformait immédiatement en un outil de gestion des frontières profondément ambigu. Ce que le gouvernement italien a pu faire sous prétexte de pandémie et de biosécurité, il tente désormais de le faire plus ouvertement à travers les centres albanais.

    Les #cobayes, c’est nous

    Les politiques migratoires sont classiquement un laboratoire d’expérimentation de pratiques et de normes à vocation autoritaire. Le cas des centres italiens en Albanie accélère ce processus. Tout cela repose avant tout sur le principe du chantage exercé sur les personnes classées comme migrants « illégaux » : désormais, tout migrant faisant l’objet d’un ordre de retour arbitraire et extrajudiciaire pourra être envoyé en Albanie et y être détenu.

    Ce qui est préoccupant dans cette dimension d’exemple ou de laboratoire, et de leur triste efficacité réelle, c’est qu’il ne s’agit ni d’une hypothèse, ni d’un projet lointain dans le temps. Pour revenir aux navires-quarantaine, il faut noter comment, pendant la pandémie, l’exemple italien a effectivement été suivi par certains : le navire #Bibby_Stockholm mis en place à l’été 2023 par le gouvernement britannique pour le confinement des demandeurs·euses d’asile, par exemple ; ou la proposition du maire de New York, Eric Adams, d’utiliser des #navires_de_croisière comme « solution créative » pour les supposées « vagues de migrants » arrivées dans la ville au cours des mois précédents. Et c’est déjà le cas pour les centres albanais. Pendant sa visite récente en Albanie, Keir Starmer, premier ministre britannique, vient de déclarer : « Nous négocions actuellement avec plusieurs pays au sujet des centres de rapatriement, que je considère comme une #innovation vraiment importante. » Il appelle ces centres « #return_hubs ».

    Face à la facilité avec laquelle ces types d’exemples répressifs sont aujourd’hui suivis et se propagent, il est nécessaire de rester vigilant et de se rappeler que, dans des situations où ces droits fondamentaux sont bafoués et où des personnes qui n’ont commis aucun crime sont soumises à des traitements inhumains et dégradants, le terme « laboratoire » s’avère alors pertinent : mais les cobayes de cette expérimentation sont nos démocraties, et nous tous et toutes.

    https://blogs.mediapart.fr/carta-academica/blog/060625/l-italie-et-le-transfert-des-migrants-en-albanie-le-laboratoire-et-l

    sur les #navi_quarantena :
    https://seenthis.net/messages/866072

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    ajouté à la métaliste sur l’#accord entre #Italie et #Albanie pour la construction de #centres d’accueil (sic) et identification des migrants/#réfugiés sur le territoire albanais...

    https://seenthis.net/messages/1043873

  • #Tunisie : l’#enfer des exilés

    En Tunisie, la vie des exilés venus d’Afrique sub-saharienne, est devenue un enfer. Un enfer peu documenté : les autorités tunisiennes empêchant les journalistes de travailler sur ce thème.

    Pourtant, des ONG accusent le pays de provoquer le naufrage d’embarcations en pleine mer et d’aller jusqu’à livrer au désert des exilés arrêtés au large de la Tunisie, pendant leur tentative de traversée de la Méditerranée.
    Julien Goudichaud et Davide Mattei se sont rendus en Tunisie, en se faisant passer pour des touristes, pour mener une enquête exceptionnelle. Ils ont réussi à prouver ces exactions en parvenant à filmer des bus chargés de migrants et en retrouvant des victimes en plein désert.
    Livrés à eux-mêmes, sans eau ni nourriture ni abri, beaucoup d’entre eux périssent de soif et d’insolation.
    Le président tunisien Kaïs Saïed, qui s’est arrogé les pleins pouvoirs en 2021, mène depuis une politique anti-migrants répressive, qui s’appuie sur la théorie xénophobe du « grand remplacement » pour lutter contre la présence des exilés dans le pays. Pour sécuriser sa frontière méditerranéenne, l’UE a négocié un accord de coopération avec la Tunisie, qui porte notamment sur la gestion des frontières et la lutte contre le trafic d’êtres humains. En contrepartie, la Tunisie bénéficie de plus de 100 millions d’euros de financement européen. Depuis l’entrée en vigueur de cet accord, la violence des autorités semble avoir explosé.

    https://www.arte.tv/fr/videos/125279-000-A/tunisie-l-enfer-des-exiles
    #vidéo

    #migrations #réfugiés #abandon #expulsions #renvois #déportation #désert #Sahara #désert_du_Sahara #exernalisation #frontières

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    ajouté à la métaliste sur les « #left-to-die in the Sahara desert »...
    https://seenthis.net/messages/796051

  • L’#Algérie a refoulé 16 000 migrants dans le #désert nigérien en deux mois

    Depuis le mois d’avril, plus de 16 000 migrants en situation irrégulière, dont des enfants et des femmes, ont été expulsés d’Algérie vers le Niger, selon les autorités. Et ces expulsions représentent plus de la moitié des 31 000 migrants refoulés sur toute l’année 2024 par Alger, souvent dans « des conditions brutales », rappelle l’ONG locale Alarme Phone Sahara.

    L’Algérie a refoulé plus de 16 000 migrants irréguliers africains vers le #Niger depuis avril 2025, dont des femmes et des enfants, soit plus de la moitié des expulsions de 2024, ont annoncé mercredi 4 juin les autorités nigériennes.

    Dimanche et lundi, 1 466 migrants au total sont arrivés à #Assamaka, localité frontalière de l’Algérie, ont indiqué mercredi les autorités préfectorales d’Arlit, une ville du nord du Niger. Le premier groupe, arrivé dimanche, comptait 688 ressortissants d’une dizaine de pays ouest-africains, parmi lesquels 239 Nigériens, ont précisé les autorités.

    Le deuxième groupe, qui rassemblait 778 Nigériens dont 222 mineurs, est arrivé lundi à bord de 13 camions et d’une fourgonnette, ont-elles ajouté.

    Entre le 1er et le 30 mai déjà, 8 086 migrants (5 287 Nigériens et 2 799 personnes d’autres nationalités africaines) avaient été expulsés par Alger, selon un décompte des autorités. En avril, 6 737 autres avaient été refoulés.

    Toutes ces expulsions représentent plus de la moitié des 31 000 migrants refoulés sur toute l’année 2024 par Alger, souvent dans « des conditions brutales », selon l’ONG locale Alarme Phone Sahara. Elle a récemment dénoncé une « violation des droits humains » et exigé « l’arrêt immédiat des rafles et des expulsions massives » par l’Algérie.

    Accélération des retours « volontaires »

    Face à ces arrivées massives - qui ont cours depuis des années -, le Niger avait annoncé en mai vouloir appuyer l’#Organisation_internationale_de_la_migration (#OIM) pour accélérer le #rapatriement dans leur pays d’origine - d’ici juillet - d’environ 4 000 migrants. Les autorités nigériennes disent vouloir éviter un « désastre humanitaire ».

    Mais ces retours « volontaires » prennent du temps. De manière générale, l’OIM est tributaire des processus imposés par les États d’origine pour délivrer les #laissez-passer. Chaque nouvelle exigence de ces derniers - entretiens en vidéoconférence avec le migrant, formulaires rébarbatifs, etc. - entraîne un peu plus de retard pour les migrants originaires de ces pays, bloquant ainsi tout le processus et provoquant l’embolie du système d’accueil onusien sur le territoire nigérien.

    Cette surpopulation de migrants - notamment à Assamaka et #Agadez - concentre toutes les frustrations.

    Cette situation « perturbe l’équilibre sécuritaire » du pays, avait déclaré fin janvier le général Mohamed Toumba, ministre nigérien de l’Intérieur de ce pays gouverné depuis près de deux ans par un régime militaire.
    Le double discours d’Alger

    Les autorités algériennes, elles, affichent un double discours sur leur politique migratoire. D’un côté, Alger expulse ces sans-papiers dans le désert, de l’autre, le pays communique sur leur accueil et leur intégration.

    Les personnes expulsées doivent survivre dans des conditions de vie particulièrement difficiles. Dans un environnement désertique, elles sont confrontées à un climat très hostile qui cumule de très fortes températures (souvent 47°C- 48°C), l’absence d’abri ainsi qu’un manque d’accès à l’eau, à la nourriture et aux soins.

    Abandonnés par Alger dans la zone dite du « #Point_Zero » - un lieu désertique en Algérie à une quinzaine de kilomètres de la frontière avec le Niger, les migrants doivent ensuite parcourir à pied pendant des heures le chemin vers Assamaka où se trouve le #centre_de_transit de l’Organisation internationale des migrations (OIM), le bras de l’ONU qui assiste les retours volontaires des migrants vers leur pays d’origine.

    L’Algérie n’est pas le seul pays de la région à abandonner des migrants dans le désert. La #Libye aussi. Entre le 28 mars et le 25 avril 2025, 792 migrants, majoritairement nigériens, ont débarqué dans des zones désertiques de la région de #Siguidine (centre-est du Niger) après avoir été renvoyés du sol libyen. Parmi eux, on comptait plusieurs femmes et mineurs.

    En Libye, les exilés peuvent être interpellés dans la rue, sur leur lieu de travail, dans leur appartement... puis placés dans des camions de marchandises à destination du sud du pays, près de la frontière nigérienne. D’autres sont expulsés directement depuis les centres de détention libyens, selon Alarme phone Sahara.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/64971/lalgerie-a-refoule-16-000-migrants-dans-le-desert-nigerien-en-deux-moi
    #asile #migrations #réfugiés #abandon #expulsions #renvois #déportation #désert #Sahara #désert_du_Sahara #retour_volontaire #désert_du_Ténéré

  • #Sénégal - #Mauritanie : un #accord_migratoire pour harmoniser les flux de populations entre les deux pays

    Les ministres sénégalais et mauritanien des Affaires étrangères ont signé lundi 2 juin deux accords migratoires, l’un sur la lutte contre l’immigration clandestine, l’autre sur les conditions de séjour. Parmi les points très attendus : des mesures pour faciliter l’installation des Sénégalais en Mauritanie.

    Le Sénégal et la Mauritanie se sont donc entendues pour permettre des flux de population plus harmonieux entre les deux pays. Pour tout séjour au-delà de trois mois, les Sénégalais comme les Mauritaniens ont désormais l’obligation de demander une #carte_de_séjour. Mais cette carte pourra être accordée même en l’absence de contrat de travail ou de justificatif de revenu pour une durée d’un an. Ensuite, seulement, il faudra justifier de revenus pour la renouveler.

    Cet accord, qui remplace celui qui datait de 1972, était très attendu, notamment après la vague d’#expulsions qualifiée d’"indigne" par la ministre sénégalaise des Affaires étrangères, Yassine Fall, en février dernier. Elle avait parlé de « traitements inhumains » subies par les personnes expulsées.

    « Lever les obstacles à la #libre_circulation »

    Dans le texte signé ce lundi 2 juin, le Sénégal et la Mauritanie s’engagent « à lever tout obstacle à la libre circulation des ressortissants » de chacun des deux pays. Pour les milliers de #pêcheurs sénégalais qui travaillent en Mauritanie, c’est une bonne nouvelle.

    La ministre des Affaires étrangères sénégalaise, Yassine Fall, s’est réjouie de cet accord. « C’est un pas très important parce que ça reflète d’abord l’engagement de nos chefs d’État. Ces deux accords nous permettent de faire en sorte que les populations soient en mesure de se déplacer et de contribuer au développement ».

    Enfin, un deuxième accord sur la lutte contre la migration clandestine doit permettre de mieux coordonner les efforts de la Mauritanie et du Sénégal, pour éviter les départs clandestins.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/64933/senegalmauritanie--un-accord-migratoire-pour-harmoniser-les-flux-de-po
    #migrations #réfugiés #accord

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  • « Il n’y a rien de moins volontaire qu’un ’retour volontaire’ » : des chercheurs dénoncent des politiques d’expulsion déguisée - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/64924/il-ny-a-rien-de-moins-volontaire-quun-retour-volontaire--des-chercheur

    « Il n’y a rien de moins volontaire qu’un ’retour volontaire’ » : des chercheurs dénoncent des politiques d’expulsion déguisée
    Par La rédaction Publié le : 03/06/2025
    Les « retours volontaires » de migrants se multiplient ces derniers mois depuis des pays comme la Tunisie ou la Libye. Mais ces rapatriements chapeautés par l’ONU sont perçus par les chercheurs comme des expulsions déguisées, « la seule alternative possible » pour des migrants résignés, victimes de racisme et d’exactions.
    « Il n’y a rien de moins volontaire que les ’retours volontaires », ont décrypté des chercheurs face à la forte hausse de demandes de rapatriement de migrants, « acculés » aux frontières sud de l’Europe.
    « C’est très dur ici. C’est compliqué », confie Mac*, un Guinéen de 24 ans, rencontré il y a quelques semaines par l’AFP lors de l’évacuation de camps de fortune à El Amra, près de Sfax, dans le centre-est de la Tunisie. Comme de nombreux migrants, las, le jeune homme s’est inscrit auprès de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour bénéficier d’un accompagnement afin de rentrer chez lui.
    Développés depuis 1979, les programmes d’aide aux retours volontaires (ARV), soutenus par l’OIM n’ont jamais eu autant de succès en Tunisie, Libye ou encore en Algérie, points de passage pour les migrants originaires d’Afrique subsaharienne qui tentent de rejoindre l’Europe.
    En 2024, 7 250 migrants présents sur le sol tunisien, principalement originaires de Gambie, Burkina Faso et Guinée ont bénéficié de l’ARV, soit une augmentation de 1 000 % entre 2018 et 2024. En Algérie, ils étaient 7 834 (+ 600% sur la même période 2018/2024) et 16 207 en Libye (+ 65%) à être retournés dans leur pays par le biais de l’ARV, selon l’OIM. Outre le voyage, certaines de ces personnes en situation illégale peuvent bénéficier d’une aide financière pour se réinstaller dans leur pays. « Il n’y a rien de moins volontaire, que les ’retours volontaires », alerte Jean-Pierre Cassarino, enseignant chercheur au Collège d’Europe en Pologne, évoquant des migrants « acculés » et des « expulsions » qui ne disent pas leur nom.
    En Tunisie et en Libye, les conditions de vie sont délétères pour les Africains subsahariens, victimes de racisme, d’exactions, de kidnapping, d’abandons dans le désert, voire de meurtres. La plupart peinent à se loger, vivent dans des campements insalubres, avec un accès limité voire inexistant aux soins. La rédaction d’InfoMigrants a déjà reçu de nombreux témoignages de migrants racontant leur calvaire.
    Ces « retours volontaires » s’inscrivent alors dans un « processus de vulnérabilité accrue », explique de son côté Ahlam Chemlali, chercheuse en migration à l’Institut danois pour les études internationales (DIIS), interrogée par l’AFP. Leur situation est devenue « de plus en plus précaire et dangereuse » et « pour beaucoup, le programme de ’retour volontaire’ est devenu la seule alternative possible ».
    Selon les textes internationaux, les participants au programme ne doivent pourtant subir « ni pressions physiques ou psychologiques » et avoir accès à des informations « objectives et fiables » sur lesquelles fonder leur décision de partir. Accusée de prêter main forte aux politiques d’expulsion des migrants, l’OIM s’en défend et assure intervenir seulement une fois qu’une personne a donné son consentement éclairé pour recevoir de l’aide. Pour l’agence de l’ONU, « mieux vaut ça que rien et que les migrants risquent leur vie en traversant la mer », décrypte Jean-Pierre Cassarino qui rappelle que l’OIM est financé « rubis sur l’ongle par l’Union européenne ».
    Ces programmes de « retours volontaires » s’inscrivent dans une politique d’externalisation du contrôle des frontières par l’Union européenne (UE) qui exerce une forte pression sur ces pays tiers, en échange de contreparties, afin qu’ils gèrent la migration en son nom, observent les deux chercheurs.
    A l’été 2023, l’UE et la Tunisie ont conclu un « partenariat » prévoyant une aide de 105 millions d’euros pour lutter contre l’immigration irrégulière, incluant le financement du « retour volontaire » de 6 000 migrants irréguliers.Pourtant, sur le long terme, les « retours volontaires » sont sans effet, expliquent les deux spécialistes. Beaucoup de migrants tentent à nouveau le voyage car ils n’ont pas tous un endroit sûr ou vivre et ont fui des conflits, des persécutions ou des difficultés économiques, pointent-ils. « Le désespoir est si fort qu’il vont réessayer », rappelle Jean-Pierre Cassarino.

    #Covid-19#migrant#migration#OIM#retour#rapatriement#expulsion#sante

  • #Allemagne : la politique migratoire de refoulement est contre-productive, selon un rapport

    Un nouveau #rapport sur les migrations dans le monde (https://www.bicc.de/Publications/Book/Report-Globale-Flucht-2025/pu/14876) appelle le nouveau gouvernement allemand à reconsidérer ses politiques d’immigration restrictives, notamment les #contrôles_aux_frontières. « Lorsque un migrant est refoulé », il ne rebrousse pas chemin, « il réessaie encore et encore, jusqu’à ce qu’il arrive dans le pays », estime Franck Düvell, chercheur en migration à l’université d’Osnabrück.

    « Les politiques allemandes à l’égard des réfugiés ne sont pas adaptées aux défis mondiaux actuels », estime Benjamin Etzold, qui a récemment présenté le « Rapport mondial sur les déplacements forcés », coécrit avec le Centre international d’études sur les conflits de Bonn (BICC).

    Alors que les thèmes de l’immigration et de l’insécurité ont dominé la dernière campagne électorale pour les législatives de février en Allemagne, Benjamin Etzold dénonce un débat « passionné » focalisé sur la manière dont l’immigration affecterait le pays.

    Il note que trop souvent, les faits et les études sont ignorées, tout comme la dimensions globale de la migration et des déplacements forcés.
    Les contrôles aux frontières ont-ils un effet dissuasif ?

    L’expert en migration critique ainsi vivement les premières mesures annoncées par le nouveau gouvernement du chancelier Friedrich Merz. Celui-ci a renforcé les contrôles aux frontières et décidé de refouler certains demandeurs d’asile début mai. L’efficacité de ces mesures est largement surestimée, assure Benjamin Etzold.

    Franck Düvell, chercheur en migration à l’université d’Osnabrück, partage cet avis. « Lorsque quelqu’un est refoulé, il réessaie encore et encore, jusqu’à ce qu’il arrive dans le pays ».

    Et cela vaut autant pour les frontières intérieures qu’extérieures de l’Union européenne (UE). « Chaque fois qu’une route est fermée, il en existe une autre pas loin. Elle peut être plus dangereuse, mais elle sera plus fréquemment utilisée », observe Franck Düvell. C’est précisément ce phénomène qui permet aux trafiquants d’êtres humains de se présenter comme l’unique solution aux yeux des personnes migrantes.

    Les réseaux de #passeurs en profitent

    Les passeurs se spécialisent ainsi dans les nouvelles voies de migration irrégulière, souvent plus risquées.

    « Il peut s’agir de l’utilisation de faux documents, de cacher des personnes dans des camions ou de bateaux qui ne sont pas en état de naviguer », explique Franck Düvell. « C’est l’effet secondaire indésirable que nous constatons régulièrement avec de telles mesures ».

    « Il est urgent de relancer les politiques multilatérales en matière de réfugiés et de migrants, même sans la participation des États-Unis », défend Benjamin Etzold. « L’Allemagne peut et doit prendre une position de leader européen et mondial sur cette question, au lieu de poursuivre des réponses nationales fragmentées. »

    L’absence de perspectives d’avenir

    De plus en plus de personnes en quête de protection se retrouvent détenues dans des camps d’accueil pendant de longues périodes. Même si une personne y est prise en charge, le manque de perspectives d’avenir incite à reprendre la route, notamment vers l’Allemagne.

    Selon Benjamin Etzold, « en fin de compte, seules la sécurité juridique et l’amélioration des perspectives de vie à l’endroit où les personnes se trouvent peuvent réduire la pression migratoire et empêcher l’immigration irrégulière vers l’Allemagne ».

    Ainsi, la volonté de Berlin de limiter considérablement les voies d’accès légales à l’Allemagne par des restrictions sur les programmes d’accueil humanitaire ou un durcissement des conditions de regroupement familial semble contre-productive. Benjamin Etzold prévoit que cette politique risque au contraire d’encourager l’immigration irrégulière.

    Enfin, Petra Bendel, de l’université d’Erlangen-Nuremberg, qui a également participé à la rédaction du rapport, craint que l’Allemagne n’enfreigne la loi en refoulant des personnes à la frontière. Le #droit_d'asile est protégé à la fois par la constitution allemande et par le droit européen. « Si l’on fait passer la politique avant la loi, on ouvre la porte au #despotisme », prévient-elle.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/64850/allemagne--la-politique-migratoire-de-refoulement-est-contreproductive

    #migrations #réfugiés #refoulements #renvois #expulsions #efficacité #inefficacité #contrôles_frontaliers

  • Des migrants expulsés des Etats-Unis vers le Soudan du Sud, pays qui n’est pas le leur, en attente à Djibouti
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/05/30/des-migrants-expulses-des-etats-unis-vers-le-soudan-du-sud-pays-qui-n-est-pa

    Des migrants expulsés des Etats-Unis vers le Soudan du Sud, pays qui n’est pas le leur, en attente à Djibouti
    Par Mathilde Boussion et Florence Miettaux (Juba, correspondance)
    Est-il possible d’envoyer sans leur consentement des migrants illégaux vers un pays au bord de la guerre civile qui n’est pas le leur ? Affirmatif, soutient la nouvelle administration américaine, alors que sept étrangers, condamnés pour divers crimes aux Etats-Unis, sont détenus à Djibouti après la suspension par un juge fédéral de leur expulsion vers le Soudan du Sud. Furieux, le gouvernement a saisi la Cour suprême le 27 mai. L’affaire, explique-t-il, menace la « sécurité nationale » des Etats-Unis, ainsi que sa politique étrangère en Afrique.
    Les migrants expulsés figurent parmi « les pires des pires » des individus en situation irrégulière aux Etats-Unis, insiste Washington. Condamnés pour meurtre, cambriolage à main armée ou encore viol, ils sont ressortissants du Laos, de Cuba, de Birmanie, du Mexique et du Vietnam. Face à la difficulté de les renvoyer chez eux, l’administration Trump a donc adopté une stratégie alternative et radicale : les expédier vers des pays tiers.
    C’est ainsi que le 20 mai, les sept hommes, ainsi qu’un Sud-soudanais, ont embarqué en toute discrétion pour le Soudan du Sud. Mais dès le lendemain, un juge fédéral ordonnait la suspension de la procédure. Il estime que le gouvernement américain n’a pas laissé une « opportunité significative » aux migrants d’exprimer d’éventuelles craintes de subir des tortures au Soudan du Sud. Un pays dans lequel le département d’Etat américain déconseille à ses ressortissants de se rendre « en raison de la criminalité, des enlèvements et des conflits armés ».
    Devenu indépendant en 2011, le Soudan du Sud a connu une guerre civile de 2013 à 2018 qui a fait 400 000 morts et l’ONU craint le retour d’un conflit à grande échelle. Depuis 2025, les tensions entre le président Salva Kiir et le vice-président Riek Machar, placé en résidence surveillée, ont viré à l’affrontement ouvert entre leurs forces armées. D’après l’ONU, plus de 130 000 personnes ont été déplacées par les combats. En dépit de ce contexte, les migrants ont été placés dans un avion vers cette destination moins de 24 heures après avoir été notifiés de leur expulsion. « J’avais rendez-vous avec mon client le matin où il a été expulsé, je n’ai jamais pu lui parler, explique Jacqueline Brown, avocate de l’un de ces hommes. Jusqu’ici, personne n’avait mentionné le fait d’envoyer qui que ce soit au Soudan du Sud, c’est sorti de nulle part. » Son client, qui parle « à peine » anglais, a refusé de signer sa notification d’expulsion.
    Intervenue pendant le transfert, l’injonction du juge Murphy a obligé les Etats-Unis à détenir les migrants sur leur base militaire à Djibouti. Une installation « ni conçue, ni équipée pour détenir de tels criminels », préviennent les autorités américaines, qui dénoncent dans leur recours un « bourbier diplomatique et logistique ». Théoriquement, celles-ci doivent désormais laisser dix jours aux expulsés pour leur permettre d’exprimer d’éventuelles craintes sur leur destination. Mais depuis le départ des migrants, aucun avocat travaillant sur l’affaire n’a pu communiquer avec son client, explique Me Brown.
    Parmi les arguments avancés devant la Cour suprême pour demander la levée de l’injonction du juge Brian Murphy, Washington assure que la suspension des expulsions cause un préjudice « important et irréparable » à la politique étrangère américaine, alors que celle-ci peine à trouver des pays disposés à accepter des étrangers. D’ores et déjà, assurent les autorités, l’imbroglio a « fait dérailler [ses] efforts pour rebâtir sans bruit une relation de travail constructive » avec le Soudan du Sud. « En trois mois, ils ont déjà détruit les relations avec plusieurs pays. Je ne vois pas pourquoi ils seraient plus inquiets de leurs liens avec le Soudan du Sud qu’avec l’Union européenne », ironise Jacqueline Brown, qui estime que les préoccupations diplomatiques affichées par l’administration Trump visent à masquer « un assaut en règle contre la Constitution ».
    Pour obtenir l’accord du Soudan du Sud, les Etats-Unis semblent s’être engouffrés dans une brèche ouverte début avril. S’indignant du refus des autorités sud-soudanaises d’accueillir un migrant présenté comme l’un de leur ressortissant, le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, avait annoncé la suspension des visas pour tous les Sud-Soudanais. Juba, qui assurait que l’homme était en réalité Congolais, avait fini par céder, sans pour autant obtenir la levée de la mesure.
    Les autorités sud-soudanaises n’ont pas donné suite aux sollicitations du Monde. Mais à Juba, la directrice du Centre for Inclusive Governance, Peace and Justice, Jackline Nasiwa, s’interroge sur le choix porté sur le Soudan du Sud : « Le contexte sud-soudanais est fragile, les systèmes pénitentiaire et judiciaire sont faibles. Où allons-nous les placer ? Nous sommes également très inquiets car certains de ces hommes ont été condamnés pour violences sexuelles et sexistes. Le Soudan du Sud est-il un pays où n’importe quel auteur de ces violences peut être envoyé ? »
    Inquiet de voir son pays devenir le « dépotoir » des Etats-Unis, Edmund Yakani, directeur de la Community Empowerment for Progress Organization (CEPO), une autre organisation de la société civile du pays, s’interroge sur les contours de l’accord passé entre Juba et Washington. Il appelle le gouvernement sud-soudanais à faire preuve de transparence en dévoilant les « raisons qui motivent l’accueil de criminels ».
    Dans une déclaration datée du 23 mai, le secrétaire d’Etat américain avait déjà averti : « il est pratiquement certain que l’injonction du tribunal entraînera un retard ou une réduction significative des efforts humanitaires » des Etats-Unis dans le pays. L’expulsion de non-ressortissants vers le Soudan du Sud constitue pourtant une violation de la Convention contre la torture, souligne Nyagoah Tut Pur, spécialiste du pays au sein de Human Rights Watch (HRW).
    « Cette dernière, rappelle-t-elle, interdit à un Etat de renvoyer des personnes vers un pays où elles sont exposées à un risque réel de persécution, de torture, de traitements inhumains ou dégradants, ou de menaces de mort en raison d’un conflit armé ou de violences généralisées. » Or, HRW a prouvé l’existence de bombardements aériens dans des zones peuplées, « ce qui pourrait constituer des crimes de guerre », et constaté « des conditions déplorables dans les centres de détention ».
    Rien qui ne semble embarrasser les Etats-Unis. Dans leur recours déposé auprès de la Cour suprême, les autorités américaines expliquent en effet qu’elles envoient des immigrés illégaux dans un pays tiers à la seule condition que ce dernier ait « fourni des assurances diplomatiques selon lesquelles les étrangers expulsés des Etats-Unis ne seront ni persécutés ni torturés ». Une fois cette assurance obtenue, « une évaluation individualisée supplémentaire ne sert à rien », jugent-elles.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#djibouti#soudandusud#expulsion#politiquemigratoire#sante

  • La Grèce prévoit de durcir encore son arsenal législatif sur l’immigration - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/64854/la-grece-prevoit-de-durcir-encore-son-arsenal-legislatif-sur-limmigrat

    La Grèce prévoit de durcir encore son arsenal législatif sur l’immigration
    Par La rédaction Publié le : 29/05/2025
    Le ministre grec de la migration a annoncé cette semaine plusieurs projets de lois visant à restreindre les possibilités de vivre légalement en Grèce pour les personnes arrivées de manière irrégulière dans le pays. Cela comprend des peines de prison pouvant aller jusqu’à cinq ans pour les personnes entrées et résidant dans le pays de manière irrégulière.
    La législation grecque sur l’immigration est déjà sévère mais elle devrait se durcir de nouveau prochainement. Jeudi 29 mai, le ministre de la Migration a annoncé que le pays prévoyait de supprimer une disposition permettant aux migrants en situation irrégulière de demander la résidence après sept ans de séjour dans le pays. Selon lui, elle ferait l’objet de nombreux abus.
    L’année dernière, la police a arrêté 74 000 migrants en situation irrégulière, mais n’a pu en expulser que 2 500, a déclaré Makis Voridis à la chaîne de télévision Skai, ajoutant que les détenus déclaraient souvent un faux pays d’origine pour éviter l’expulsion, ce qui ralentissait le processus pendant des mois. « À partir de maintenant, quiconque se trouve en Grèce illégalement ne sera jamais régularisé, n’obtiendra jamais de permis de séjour », a-t-il déclaré, soulignant que quelque 55 à 65 000 personnes entraient illégalement en Grèce chaque année, la moitié d’entre elles se voyant accorder l’asile.
    « Il doit y avoir des sanctions pour ceux qui persistent à rester même s’ils ne sont pas légalement ici », a-t-il ajouté, précisant que plus le séjour irrégulier serait long, plus la sanction devrait être importante.
    Infraction pénale Le nouveau projet de loi, approuvé par le cabinet mercredi, érige ainsi en infraction pénale le séjour irrégulier des ressortissants de pays tiers. Le texte prévoit une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à cinq ans pour l’entrée et le séjour irrégulier en Grèce, ainsi que des amendes pouvant atteindre 10 000 euros pour les migrants arrêtés sans papiers légaux, selon le média grec Ekathimerini.
    Par ailleurs, la détention administrative avant l’expulsion sera étendue à un maximum de deux ans, contre un maximum de 18 mois actuellement, a déclaré le ministre. Les migrants en situation irrégulière pourront opter pour un rapatriement volontaire afin d’éviter toute sanction. Mais les procédures pour ces retours vont néanmoins être renforcées. Les délais de départ seront ainsi réduits « de 25 à 14 jours, et les prolongations pour circonstances exceptionnelles de 120 à 60 jours », souligne Ekathimerini qui précise que « des dispositifs de surveillance électronique, notamment des bracelets électroniques, permettront de suivre les migrants pendant cette période ».
    L’adoption du projet par le Parlement, prévue pour le mois de juin, est pratiquement assurée, le gouvernement bénéficiant d’une majorité.Makis Voridis a, en outre, déclaré que de nouvelles réglementations visant à encourager l’immigration légale seraient présentées d’ici le mois de juillet. « Il est absolument crucial d’organiser correctement l’immigration légale afin de répondre aux besoins de l’économie », a-t-il déclaré. Selon le gouverneur de la Banque de Grèce, Yiannis Stournaras, le pays manque d’environ 200 000 travailleurs.

    #Covid-19#migrant#migration#grece#politiquemigratoire#migrationirreguliere#economie#expulsion#detention#sante

  • Etats-Unis : la prison de Delaney Hall, symbole de la politique répressive d’expulsion de migrants de Donald Trump
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/05/29/etats-unis-delanay-hall-la-prison-devenue-le-symbole-de-la-politique-d-expul

    Etats-Unis : la prison de Delaney Hall, symbole de la politique répressive d’expulsion de migrants de Donald Trump
    Les lettres couleur rouille se détachent sur le bâtiment gris cafardeux, au cœur d’une zone industrielle démoralisante. « Delaney Hall » fut autrefois le « centre de réinsertion » de Newark (New Jersey) mais l’établissement pénitentiaire a récemment changé de vocation. Il est désormais l’emblème de la politique d’immigration répressive engagée par Donald Trump depuis son retour au pouvoir en janvier : on ne ressort plus de Delaney Hall que par les airs, pour quitter les Etats-Unis.
    Depuis les abords du bâtiment, on aperçoit, entre deux dépôts de carburant, la flèche du One World Trade Center. New York n’est pas loin mais semble à des années-lumière. Le complexe se situe dans le « couloir chimique » de Newark, où l’air varie, selon les jours, du malodorant au méphitique. Les anciens détenus refusaient souvent de sortir en promenade. Quant aux nouveaux, pas grand-monde ne les voit. C’est le secret le mieux gardé de Delaney Hall. Qui sont les personnes emprisonnées et quel est leur profil ? La prison, qui a rouvert ses portes le 1er mai, doit devenir, à terme, avec ses 1 100 lits, le plus important centre de toute la Côte est pour le traitement des personnes en situation irrégulière en voie d’expulsion. L’administration Trump a signé un contrat de près de 1 milliard de dollars (884,4 millions d’euros) sur quinze ans avec GEO Group, une société privée spécialisée dans la gestion des établissements pénitentiaires.
    Aux Etats-Unis, 90 % des migrants arrêtés par l’Immigration and Customs Enforcement (ICE), l’agence chargée des douanes et du contrôle des frontières, sont détenus sous l’intendance de ce type de compagnies privées, dont les cours en Bourse ont fortement augmenté après l’élection de Donald Trump. Ce dernier a promis de déporter 10 millions de personnes sans papiers pendant son mandat.Selon le département de la sécurité intérieure, qui a publié un communiqué sur Delaney Hall, le centre « détient des meurtriers, des violeurs, des personnes suspectées de terrorisme et des membres de gangs ». Mais aucun chiffre n’a été donné. Une reporter de la chaîne CBS, qui a pu pénétrer dans la prison le 13 mai, s’est vu fournir celui de 152 détenus, dont 75 % auraient des condamnations à leur actif ou feraient l’objet de poursuites. Les requêtes du Monde auprès de GEO Group et de l’ICE sont restées sans réponse.
    Une polémique médiatisée aux Etats-Unis a projeté Delaney Hall au centre du débat politique. Les démocrates, en pleine primaire pour choisir leur candidat à l’élection du gouverneur du New Jersey en novembre, ont fait de la fermeture de cette prison un argument de campagne. Ras Baraka, le maire de Newark, qui brigue l’investiture, assure depuis plusieurs semaines que GEO Group n’a pas obtenu les permis nécessaires et n’a pas effectué les vérifications de sécurité, ce que l’administration dément. Trois élus démocrates de la Chambre des représentants, accompagnés du maire, ont tenté d’inspecter les locaux, le 9 mai, comme leur mandat les y autorise. La visite a mal tourné avec un début d’échauffourée.
    Ras Baraka a été arrêté, placé quelques heures en détention, et a comparu devant un juge avant d’être relâché. Les charges contre lui ont été abandonnées. En revanche, la procureure générale remplaçante du New Jersey, Alina Habba, qui fut l’une des avocates de Donald Trump, a choisi de poursuivre LaMonica McIver, représentante démocrate à la Chambre, pour « agression » sur un agent de l’ICE. Elle risque huit ans de prison et 250 000 dollars d’amende. Le président s’en est mêlé, lâchant lors d’une visite au Capitole, mardi 20 mai : « Cette femme, je n’ai aucune idée de qui elle est, était hors de contrôle. C’est fini ces conneries. Nous allons restaurer la loi et l’ordre. » Les vidéos consultées par Le Monde ne montrent rien de tel, tout au plus une grande confusion et une bousculade. « Les charges contre moi sont purement politiques – elles ont déformé et faussement caractérisé mes actes, et elles sont destinées à criminaliser et à dissuader la supervision législative », a déclaré LaMonica McIver dans un communiqué.
    L’épisode n’a pas découragé les manifestants qui ont pris l’habitude de se rassembler devant les grilles de Delaney Hall. En ce vendredi pluvieux de fin mai, ils sont une vingtaine, munis de pancartes. Les profils sont divers, les âges aussi. Certains arborent des keffiehs palestiniens. L’un se revendique « socialiste » et « opposé aux frontières », quand d’autres sont proches des démocrates et simples opposants à la politique migratoire. Le patchwork de l’anti-trumpisme. (...)
    Les manifestants contestent le fait que Delaney Hall regorge de criminels aux casiers judiciaires chargés. Selon Li Adorno, 32 ans, de l’association promigrants Movimiento Cosecha, qui assiste des familles de détenus, l’administration ne parvient pas à remplir ses objectifs et cible les sans-papiers, délinquants ou non, pour les atteindre. « Le problème, c’est qu’ils ont du mal à trouver tous ces criminels qui, selon eux, sont partout.
    La bataille de la communication sur la question migratoire se révèle particulièrement féroce dans le pays. Estimant, sondages à l’appui, que l’expulsion manu militari des criminels sans papiers est plébiscitée tous bords confondus, l’administration Trump publie chaque jour des communiqués sur l’arrestation de « membres de gangs », accompagnés de photos de détenus aux mines patibulaires. Le message est clair : derrière chaque personne en situation irrégulière se cache un délinquant en puissance.
    Les chiffres de l’ICE sont cependant moins convaincants : sur les cent premiers jours de mandat, les tentatives de traversée de la frontière ont chuté, les arrestations ont doublé (66 000 personnes), mais le nombre d’expulsions (65 000) a légèrement reculé par rapport à la fin de l’ère Biden. Et la moitié des personnes actuellement détenues n’ont ni casier ni poursuites judiciaires à leur encontre.
    Delaney Hall est censé être la tête de pont du dispositif pour passer à la vitesse supérieure. Le complexe jouit d’un atout de taille : sa proximité avec l’aéroport international de Newark. Quinze minutes porte à porte pour GEO Group, qui se veut également spécialiste du transport aérien de prisonniers et bénéficie de sa propre flotte. Car l’administration a engagé une course avec le droit, en utilisant l’« Alien Enemies Act ».
    Cette loi « sur les ennemis étrangers », datant du XVIIIe siècle, rarement invoquée dans l’histoire américaine, permet de déporter des étrangers appartenant à une nation avec laquelle les Etats-Unis sont en conflit armé. Arguant d’une guerre contre les gangs et les trafics, l’administration Trump s’en sert pour expulser des personnes, sans leur offrir les recours judiciaires garantis par la Constitution, vers des pays dont ils ne sont pas originaires.
    The New York Times a ainsi documenté, mercredi 21 mai, le trajet d’un avion parti du Texas avec, à son bord, huit personnes condamnées pour meurtres, agressions sexuelles ou vols, dont certains originaires de Cuba, du Laos, du Vietnam, du Mexique ou de Birmanie. L’avion devait se diriger vers le Soudan du Sud, mais s’est retrouvé coincé à Djibouti. Le tout en violation de la décision d’un juge fédéral démocrate de Boston, rendue un mois auparavant. Un scénario qui se répète ces dernières semaines aux Etats-Unis. La Cour suprême, majoritairement conservatrice, commence à s’en agacer et a rendu, le 16 mai, un jugement qui suspend temporairement la possibilité d’utiliser l’Alien Enemies Act pour expulser des Vénézuéliens en situation irrégulière.
    Un juge de Géorgie, républicain, a tancé l’administration, le 21 mai, estimant que la Constitution ne protège pas seulement « ceux qui déjeunent au Rotary club » : « Ces droits n’appartiennent pas uniquement à ceux que l’on pourrait subjectivement considérer comme de “grands Américains”, a-t-il justifié. Ils s’étendent également à ceux que beaucoup peuvent considérer comme les plus répugnants parmi nous. Ce principe fondamental fait partie de ce qui a rendu, et continuera de rendre l’Amérique grande. »
    Dans un podcast du New York Times, le 22 mai, J. D. Vance, le vice-président américain, s’en est pris aux magistrats : « Je sais que c’est un sujet inflammable, mais je pense que vous assistez à une tentative des juges de littéralement contourner la volonté du peuple. » Interrogé le 4 mai sur NBC, pour savoir s’il devait respecter le 5e amendement de la Constitution qui garantit les droits de chacun, y compris ceux des migrants, devant la justice, Donald Trump a répondu : « Je ne sais pas. »

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#prison#politiquemigratoire#expulsion#sante#droit

  • La detenzione dei migranti per conto terzi in Bosnia ed Erzegovina

    Il piano del governo del Regno Unito di realizzare nei Balcani degli hub di rimpatrio dei richiedenti asilo che hanno visto respinta la propria domanda di protezione ha sollevato anche le critiche di Human rights watch. “L’esternalizzazione delle responsabilità pone le persone migranti e richiedenti asilo in una situazione di grave rischio”, spiega Michael Garcia Bochenek, consulente della divisione dei diritti dell’infanzia dell’organizzazione

    Nel marzo di quest’anno il governo del Regno Unito ha proposto di istituire in Bosnia ed Erzegovina -oltre che in Serbia, Albania e Macedonia del Nord- un centro per il rimpatrio in cui detenere i richiedenti asilo che hanno visto respinta la propria domanda di protezione in territorio britannico.

    Secondo il piano avanzato dalla ministra dell’Interno #Yvette_Cooper, le persone verrebbero inviate in queste strutture in attesa di essere rimpatriate nei loro Paesi di origine o in altri Paesi terzi. La proposta del Regno Unito si allinea alla visione della Commissione europea, che vorrebbe introdurre un Sistema europeo comune di rimpatrio con la possibilità, tra le altre cose, “di rimpatriare in un Paese terzo persone il cui soggiorno nell’Ue è irregolare che sono destinatarie di una decisione definitiva di rimpatrio”.

    Facendo riferimento ai Balcani a prendere posizione contro questo progetto è anche Human rights watch (Hrw), che ad aprile ha trascorso due settimane proprio in Bosnia per indagare la condizione delle persone migranti e richiedenti asilo.

    Secondo Michael Garcia Bochenek, consulente senior della divisione dei diritti dell’infanzia dell’organizzazione, “è una pessima strategia, anche solo considerando che si tratta di un Paese che già fatica a gestire il fenomeno migratorio già presente sul suo territorio”. Bochenek ha partecipato all’ispezione del centro di detenzione di Lukavica, nei pressi della capitale Sarajevo, rilevando “ritardi nell’esecuzione dei rimpatri dei richiedenti asilo respinti, oltre a coloro detenuti per motivi di sicurezza nazionale o penali, che in alcuni casi portano a reclusioni prolungate, fino a un massimo di 18 mesi”.

    Inoltre in occasione del monitoraggio i membri di Hrw non hanno potuto parlare in privato con le persone detenute a causa della presenza costante del personale della struttura. Tuttavia, spiega Bochenek ad Altreconomia, “Vaša Prava BiH -organizzazione bosniaca che ha il mandato di fornire consulenza legale gratuita alle persone trattenute- ha registrato diverse denunce da parte dei detenuti circa le condizioni di vita all’interno della struttura detentiva”.

    L’organizzazione che si occupa di diritti civili in Bosnia ed Erzegovina ha riferito che il servizio per gli Affari stranieri è solito non comunicare i dettagli delle accuse né ai detenuti né ai loro avvocati, soprattutto nei casi che riguardano minacce alla sicurezza nazionale. “Nel centro poi non sono previsti nemmeno servizi di supporto psicologico per le persone che presentano problematiche di salute mentale”, aggiunge Bochenek. Secondo quanto riportato da Hrw, l’Alto commissariato delle Nazioni Unite per i rifugiati (Unhcr) in Bosnia avrebbe esplicitato le proprie preoccupazioni circa la trasparenza e la responsabilità nei centri di detenzione presso l’ufficio del Difensore civico del Paese, sollecitandolo a produrre un rapporto ufficiale sulle loro condizioni. Ad oggi però non è stata ancora pubblicata alcuna indagine.

    Volgendo poi l’attenzione al sistema di asilo della Bosnia ed Erzegovina nel suo complesso, il consulente senior di Human Rights Watch denuncia “l’assenza di un’adeguata protezione dei richiedenti asilo, tempi lunghissimi per lo svolgimento delle procedure, accesso limitato alla consulenza legale e preoccupazioni per le condizioni e l’accesso ai servizi”. Secondo i dati del ministero della Sicurezza del Paese, nel 2023 -ultimo anno per cui sono stati resi disponibili dati completi- la Bosnia ha registrato appena 147 domande di asilo. Di queste, solo quattro persone hanno ottenuto il riconoscimento dello status di rifugiato e 63 la protezione sussidiaria.

    Nel report del dicembre 2024 dedicato alla Bosnia ed Erzegovina, l’Unhcr ha rilevato poi che i tempi per l’esame della richiesta di protezione sono estremamente lunghi: sebbene la legge preveda la valutazione delle domande entro sei mesi, infatti, spesso ne trascorrono altrettanti solo per la prima audizione e fino a 344 giorni per la notifica della decisione. Bochenek precisa che “in questo lasso di tempo, i richiedenti asilo sono essenzialmente privi di diritti e possono legalmente cercare lavoro solo dopo nove mesi dalla registrazione”.

    Va detto poi che per le persone in cerca di protezione la Bosnia resta principalmente un Paese di transito verso l’Unione europea. Nel 2023 oltre quattromila cittadini di Paesi terzi sono stati riammessi in Bosnia dagli Stati membri dell’Ue in base ad accordi di riammissione. A loro volta, sulla base di questi accordi, le autorità bosniache hanno trasferito 298 persone, principalmente verso la Serbia. Sono stati invece 683 i provvedimenti di detenzione e 79 quelli di espulsione. A questo proposito però Bochenek puntualizza che “a causa della formulazione vaga del rapporto annuale sulle migrazioni del ministero della Sicurezza, non è chiaro quante di queste decisioni siano state effettivamente eseguite”. È bene ricordare, come fa il rappresentante di Hrw, che “la mancanza di accesso alla protezione e i rischi di una detenzione prolungata senza adeguate garanzie di tutela portano molti cittadini di Paesi terzi riammessi in Bosnia a tentare di varcare nuovamente i confini dell’Unione europea, principalmente attraverso la Croazia”.

    Di fronte a questa realtà fatta di ritardi nelle procedure, accesso limitato all’assistenza legale e gravi carenze circa le condizioni e l’accesso ai servizi delle persone migranti, Human rights watch non ha dubbi sui percorsi che Ue e Regno Unito dovrebbero intraprendere in collaborazione con la Bosnia ed Erzegovina e gli altri Paesi della regione. “Bisognerebbe smettere di puntare sull’esternalizzazione delle frontiere e ora anche dei rimpatri -conclude Michael Garcia Bochenek-. I partner internazionali dovrebbero dare il loro contributo per rafforzare i sistemi di protezione per richiedenti asilo e migranti in Bosnia e non solo. Cambiare strada è ancora possibile, si tratta ‛solo’ di una questione di volontà politica”.

    https://altreconomia.it/la-detenzione-dei-migranti-per-conto-terzi-in-bosnia-ed-erzegovina
    #Bosnie-Herzégovine #migrations #réfugiés #détention #route_des_Balkans #Balkans #externalisation #UK #Angleterre #Serbie #Macédoine_du_Nord #Albanie #renvois #expulsions #hubs #hub_d'expulsion #déboutés #Lukavica

  • Au Niger, des ONG dénoncent les expulsions massives de migrants de l’Algérie vers le désert du Sahara
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/05/23/au-niger-des-ong-denoncent-les-expulsions-massives-de-migrants-de-l-algerie-

    Au Niger, des ONG dénoncent les expulsions massives de migrants de l’Algérie vers le désert du Sahara
    Par Mustapha Kessous
    « Les arrivées défient toute attente », prévient Azizou Chehou, coordinateur de l’association nigérienne Alarme Phone Sahara, qui défend le droit des exilés dans le Sahel. Le phénomène n’est pas nouveau mais il prend de l’ampleur. Depuis janvier 2025, l’organisation a recensé au moins 5 800 migrants expulsés de l’Algérie vers le nord du Niger. Des chiffres en deçà de ceux donnés par les autorités nigériennes qui dénoncent « une vague de refoulement sans précédent de migrants venant de l’Algérie ».
    Niamey estime que 7 125 migrants – dont 5 148 Nigériens – ont été refoulés sur le premier trimestre et 6 000 personnes pour le seul mois d’avril. En 2023, l’Algérie avait déjà expulsé 26 000 migrants vers le désert nigérien et plus de 31 000 en 2024.
    L’accélération de ces expulsions a suscité une vague de critiques envers l’Algérie. Dans une lettre rendue publique le 20 mai, plusieurs ONG – dont Alarme Phone Sahara et le Réseau Maghreb Sahel sur les migrations (RMSM) – accusent Alger de « délaisser femmes, enfants et personnes malades » à la frontière sud du pays, appelé « point zéro ». Ceux-ci sont ensuite contraints de marcher dans le désert jusqu’à la ville d’Assamaka, à une quinzaine de kilomètres.
    Dans cette zone du Sahara, les températures frôlent les 50 °C. « Un mouroir silencieux », selon les ONG, dénoncé par les migrants et dont les gouvernants sont les premiers responsables. « Ce n’est pas tout le monde qui arrive à Assamaka, rappelle Hassane Boukar, membre du RMSM. Certains meurent en cours de route. »
    En déplacement dans cette localité de 1 500 habitants le 15 mai, le gouverneur d’Agadez, le général Ibrah Boulama Issa, a reconnu que les structures d’accueil pour les migrants – gérées en grande partie par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) – sont désormais « saturées à plus de 160 % ».
    Selon les statistiques diffusées le 18 mai par la télévision publique du Niger, sa région dispose de 3 560 places d’hébergement réparties entre Agadez (1 000), Arlit (1 500), Assamaka (1 000) et Dirkou (60). Aujourd’hui, un peu moins de 5 900 personnes – des Nigérians et des Guinéens pour la plupart –, y sont pris en charge, dont plus de 2 800 rien qu’à Assamaka. Nombreux sont ceux qui ne bénéficient d’aucun hébergement.
    Face à cette « surpopulation » due à une « pression exercée par l’Algérie », selon les termes du gouverneur d’Agadez, les autorités nigériennes souhaitent « accélérer » le plan de rapatriement des migrants dans leur pays d’origine, coordonné par l’OIM. Il devrait concerner 4 000 personnes jusqu’à juillet. « Cela va permettre de désengorger les centres et à ceux qui viennent d’arriver de trouver de l’espace et d’éviter d’aller errer dans les rues », estime le général Ibrah Boulama Issa, soucieux d’éviter « un désastre humanitaire ».
    Du côté algérien, une source sécuritaire a récemment démenti au Monde les accusations d’expulsions brutales, en affirmant qu’« aucun refoulement ne se fait sans la présence de représentants de l’OIM mais aussi des autorités nigériennes aux frontières ». Le même interlocuteur précise que « le Croissant-Rouge algérien remet aux autorités nigériennes leurs ressortissants conduits à la frontière ».
    Fin avril, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a déploré l’ampleur des flux migratoires vers son pays, soulignant que « chaque jour, nous conduisons des milliers de migrants aux frontières et, chaque jour, on compte des milliers d’autres arrivants : cela n’est bon ni pour nous ni pour eux ». Le chef de l’Etat s’est dit, en parallèle, pour la première fois, ouvert à la légalisation des travailleurs subsahariens sans papiers dans un cadre de coopération organisé avec les pays voisins.
    Loin d’être convaincues, les ONG appellent dans leur lettre à l’arrêt immédiat des expulsions de ces migrants subsahariens « meurtris et traités de façon déshumanisante ». « Face à ces jeunes qui refusent la fatalité et qui se battent parfois au prix du sacrifice ultime, l’Algérie a développé l’un des systèmes les plus répressifs au monde », écrivent-elles, comparant Assamaka à la prison américaine de Guantanamo.
    Les organisations nigériennes dénoncent également « le silence coupable » de l’Union africaine et des organisations régionales comme la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) « dont les ressortissants se comptent par centaines ou milliers parmi les victimes ». Elles pointent également le silence de l’Union européenne, révélateur d’une certaine « satisfaction face à un sous-traitant qui “fait le boulot” ». Un contentement européen qui vaut pour l’Algérie mais aussi la Tunisie, qui joue les gardes-frontières, en empêchant les départs vers l’Europe.

    #Covid-19#migrant#migration#niger#algerie#agadez #arlit#assamaka#dirkou#routemimigratoire#expulsion#subsaharien#sante#politiquemigratoire#frontiere

  • Language battle over ’deportation’ shines light on EU spin

    The European Commission won’t use the word “deportation” to describe kicking out failed asylum seekers and rejected migrants from the European Union.

    It is a word loaded with historical horrors of World War II, where Nazi Germany deported millions of Jews to extermination camps in eastern Europe.

    The ensuing genocide of millions have left inedible scars and soul-searching for a European leadership that has since promised never to repeat history. It also has its antecedents in Stalinist deportations.

    So whenever the word comes up to help describe an EU policy, the European Commission will insist on using terminology such as “returns”, “voluntary returns”, “forced returns” or even transfers.

    The euphemisms are meant to neutralise the negative connotations, including “voluntary returns”.

    Yet one European Commission official, at a background briefing in March, still managed to frame even “voluntary returns” as a threat.

    “One way of incentivising voluntary return is the clarity of what happens if you think that you can play the system,” he said.

    “It also can concentrate the mind and stimulate a very serious discussion and choices around voluntary return,” he added.

    In public, the phrase seeks to distance the commission from the likely human rights abuses that sometimes arise when coercion is used to remove people — even if only psychological.

    When it comes to the word “deportation”, the commission also argues it is not legally defined at the EU level.

    “While deportation and removal often are understood as synonyms, deportation is not used as a legal term in all EU member states,” it says.

    Earlier this week, journalists in Brussels attending a technical briefing on asylum organised by the commission were reminded once again not to say deportation.
    Please ’refrain’

    “I would refrain from using the word deported,” said a commission official.

    The request came when pressed on how its latest proposal would allow member states to turn back asylum seeker hopefuls and possibly send them abroad to a country they have never been to.

    Historical and legal spin aside, however, the word deportation remains an appropriate description of what is happening.

    Former migration commissioner, Ylva Johansson, herself used the word after the New York Times revealed that Greece had deported a Frontex interpreter to Turkey.

    “He’s [Frontex interpreter] been humiliated and victim of violence and robbed and deported to a third country he has no relation to,” she said in December 2021.

    “[It] seems to be clear deportation and this is not the first time that we had this situation,” she again said of the Frontex interpreter, in June 2023 while addressing the European Parliament’s civil liberties committee.

    The interpreter was a victim of a pushback, a form of deportation that is a reality along much of the EU’s external border.

    But the commission, for all its careful posturing, does not now get to decide why “deported” is a word that cannot be used to describe policies that rights defenders say are cruel and inhumane.

    Its latest iteration opens up the possibility for an asylum hopeful to be deported to a third country he has no relation to, echoing the phrase used by its own former commissioner.

    Catherine Woollard, director at the Brussels-based European Council of Refugees and Exiles, was more direct.

    “More people will be deported to countries that are not safe in reality,” she said, in an op-ed.

    https://euobserver.com/migration/ar6eb0b0bd
    #langage #mots #vocabulaire #euphémisation #déportations #renvois #expulsions #sans-papiers #déboutés #migrations #réfugiés #retours_volontaires #retours_forcés

    ping @karine4