• Préfet du Val-d’Oise sur X
    https://twitter.com/Prefet95/status/1694364181846229277

    #DroitsEtDevoirs | Expulsion de son logement social d’un émeutier ayant participé aux violences urbaines de juin dernier.

    Le 30 juin 2023, cet émeutier a été interpellé après avoir pillé le magasin d’un opticien à Deuil-la-Barre.

    Placé en détention provisoire, il a été condamné par le Tribunal Judiciaire de Pontoise à 12 mois d’emprisonnement.

    Ce jour, après avoir délivré le concours de la force publique,
    @prefet95 a fait procéder à l’expulsion locative de l’ensemble des occupants du logement social où il résidait.

    #émeutes #prison #préfecture #expulsion #logement_social

    • L’expulsion de son logement d’un jeune condamné et de sa famille suscite l’incompréhension | Mediapart
      https://www.mediapart.fr/journal/france/240823/l-expulsion-de-son-logement-d-un-jeune-condamne-et-de-sa-famille-suscite-l

      La préfecture du Val-d’Oise a annoncé l’expulsion d’une famille d’un logement social de Deuil-la-Barre, après la condamnation d’un des enfants pour pillage lors des révoltes urbaines liées à la mort de Nahel. Une décision aux airs de punition collective et qui pourrait constituer un dangereux précédent.

      https://jpst.it/3l-oU

    • Une peine à effectuer à domicile sous bracelet électronique pour certains ou en détention pour d’autres. On ne sait pas sous quel régime le membre de cette famille devait effectuer sa peine. Et vingt-quatre heures après la révélation des faits, le manque d’information est criant dans cette histoire : ni la préfecture ni la mairie n’ont répondu aux questions de Mediapart. Comme s’il s’agissait avant tout d’envoyer un message, au prix d’une communication brutale (...)

      Le préfet du Val-d’Oise, Philippe Court, a annoncé jeudi avoir engagé vingt-neuf procédures d’expulsion locative pour des faits de délinquance liés au trafic de stupéfiants, aux rodéos mais aussi, donc à des « émeutes ». L’expulsion locative de mercredi serait donc loin d’être la dernière.
      Selon le préfet, elle s’est faite « en application d’un jugement antérieur » : « La finalité de cette expulsion est liée au fait que cette personne a pillé un magasin. Il s’avère par ailleurs, dans ce cas, qu’il y avait déjà un autre motif d’expulsion donc pour gagner du temps, on a exécuté un jugement d’expulsion préexistant », a précisé Philippe Court.
      Est-ce à dire que même sans autre motif, des expulsions seront également possibles ?
      [...]
      Ces décisions d’expulsion s’appuient sur un article de loi de 1989 stipulant entre autres que le locataire est obligé de « payer le loyer et les charges » et « d’user paisiblement des locaux loués ». « Le propriétaire peut demander l’expulsion des locataires et des occupants à compter du moment où il y a un défaut de paiement ou un trouble de jouissance, confirme Mireille Damiano, ancienne présidente nationale du Syndicat des avocats de France (SAF) et représentante du syndicat à Nice. C’est là-dessus que les autorités s’appuient même si on peut questionner la proportionnalité de ces décisions. »
      Car le lien semble cette fois très éloigné entre le délit commis et un trouble causé dans la zone d’habitation : « Le deal est une vraie nuisance pour le voisinage, même si on peut interroger l’efficacité d’expulser pour finalement déplacer le problème ailleurs. Mais, dans le cas de l’expulsion de la famille de Deuil-la-Barre, la condamnation est liée à un événement ponctuel - la participation à une émeute - qui n’est pas une nuisance régulière dans la résidence. Et donc, ça pose question »

      une forme de #punition_collective défendue par diverses mairies P"C"F dès les années 80

      #loisifiradormirailleurs

  • En Tunisie, des migrants revenus de l’enfer
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/08/23/en-tunisie-des-migrants-revenus-de-l-enfer_6186320_3212.html

    En Tunisie, des migrants revenus de l’enfer
    Chassés du pays et repoussés plusieurs fois par des soldats algériens en plein désert, Alpha Oumar et Ibrahima n’aspirent qu’à une seule chose : rentrer chez eux, en Guinée.
    Par Monia Ben Hamadi(Nefta, Tunisie, envoyée spéciale)
    Assis sur un tronc d’arbre à l’entrée de l’oasis de Nefta, Alpha Oumar et Ibrahima s’estiment chanceux. Les deux jeunes hommes originaires de Guinée ont survécu à l’enfer à la frontière tuniso-algérienne. Chassés par les autorités des deux pays, ils ont enduré des semaines de violences et d’humiliations avant de trouver un abri de fortune à l’ombre de palmiers, grâce à une poignée de bénévoles. Comme eux, des centaines de migrants guinéens, gambiens, soudanais, somaliens, éthiopiens ou ivoiriens – dont des femmes enceintes et des enfants en bas âge – sont parvenus à rejoindre les nombreuses oasis qui entourent la petite ville de Nefta, située dans le sud-ouest de la Tunisie, à 40 kilomètres du poste-frontière de Hazoua.
    Si les autorités ferment les yeux, tant que les migrants se font discrets, ces derniers ne peuvent pas se déplacer librement en ville et ne sont pas acceptés dans les transports en commun sans laissez-passer. « On n’arrive plus à gérer, ils sont de plus en plus nombreux et c’est dangereux, surtout pour les femmes et les enfants », s’alarme Assewer, l’une des volontaires présentes sur place.
    Ibrahima n’était pas encore majeur quand il a quitté son pays natal au début de l’année. En voiture et à pied, il est passé par la Côte d’Ivoire, le Mali et l’Algérie avant d’atteindre, en mai, la frontière tuniso-algérienne. De là, il s’est rendu directement à Sfax, le port tunisien devenu l’épicentre de la migration en Méditerranée. Des centaines de personnes tentent chaque jour la traversée vers l’île italienne de Lampedusa, principale porte d’entrée pour l’Union européenne. Ibrahima veut en être.
    A Sfax, le jeune homme n’a aucune difficulté à trouver un logement en colocation dans le centre-ville. Il y fait la connaissance de son compatriote, Alpha Oumar, 23 ans, arrivé de son côté huit mois plus tôt. Lui a déjà tenté de traverser en décembre 2022, mais, à une dizaine de kilomètres de Lampedusa, le moteur de son embarcation a lâché. Resté à la dérive pendant quatre jours, le bateau a finalement été secouru par des pêcheurs tunisiens. Ramené à terre, il assiste, impuissant, à la montée du sentiment antimigrant en Tunisie. En février, une campagne raciste déferle sur le pays après que le président, Kaïs Saïed, a accusé des « hordes » de « clandestins » d’être source de « violence, de crimes et d’actes inacceptables », soutenant l’existence d’une « entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie ». Pressés de quitter Sfax, Ibrahima et Alpha Oumar tentent de partir en juin, mais ils sont rattrapés en mer par la garde nationale tunisienne. Dans la nuit du 3 au 4 juillet, la mort d’un jeune Tunisien, poignardé par des migrants, selon les premiers éléments de l’enquête, déclenche une véritable chasse à l’homme à l’encontre des Subsahariens, dont des centaines ont été expulsés de chez eux et violentés. La nuit suivante, des policiers débarquent chez Alpha Oumar et Ibrahima. Ils « ont défoncé la porte et nous ont demandé de sortir en nous disant qu’ils étaient là pour nous sécuriser », se souvient le plus âgé.
    Au poste de police, des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants s’entassent déjà. « Des personnes se sont rendues elles-mêmes au commissariat de peur d’être attaquées par la population, d’autres sont arrivées blessées », poursuit Ibrahima. Les policiers assurent alors aux migrants qu’ils seront emmenés à l’extérieur de la ville, dans un camp, le temps que la situation se calme à Sfax. Alpha Oumar et Ibrahima montent dans un bus, sans connaître leur destination.
    « Les chauffeurs ne savaient clairement pas où ils allaient, ils suivaient le convoi de la garde nationale. Ils ont marqué plusieurs arrêts, toujours sur leur téléphone pour attendre de nouvelles instructions, cela n’avait pas été préparé », estime Alpha Oumar. Mais, très vite, les passagers commencent à comprendre, grâce au GPS de leurs téléphones, qu’ils sont emmenés vers la frontière algérienne. (...) Ces expulsions vers les frontières algérienne ou libyenne sont toujours niées par les autorités tunisiennes, qui ont accusé plusieurs fois les médias, les organisations non gouvernementales et même les autorités libyennes, qui ont documenté certains cas, de vouloir nuire à l’image de la Tunisie.
    Pourtant, dès le 5 juillet, Moez Barkallah, député de Sfax, a décrit précisément les modalités d’expulsion des Subsahariens dans une déclaration à la radio Mosaïque FM, faisant état d’un millier de personnes acheminées par bus en un seul jour. Un chiffre qui correspond aux dizaines de témoignages recueillis par Le Monde. Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux montrent également des habitants de Sfax applaudir et insulter les migrants au passage des bus qui les transportaient.
    A quelques centaines de mètres de la frontière algérienne, Alpha Oumar, Ibrahima et des dizaines d’autres sont sommés de quitter les bus et de poursuivre leur périple à pied, en plein désert. « Ils nous ont dit d’avancer, sinon ils nous frappaient », se souvient le plus jeune. De l’autre côté, d’autres migrants, encore réunis et tout aussi nombreux, sont confrontés aux militaires algériens. Pris en tenaille entre les agents de la garde nationale tunisienne d’un côté et les militaires algériens de l’autre, Ibrahima et Alpha Oumar errent dans le désert, sans réseau, assoiffés.
    Côté algérien, ils avancent vers une source de lumière, espérant trouver de l’eau, mais le groupe tombe sur un camp militaire. Après les avoir encerclés, les soldats algériens les dépouillent de leurs affaires : téléphones, sacs, passeports, argent, tout y passe. (...) Après leur avoir donné deux bidons d’eau, les soldats ordonnent aux migrants de « courir sans s’arrêter » vers la Tunisie. Les deux Guinéens affirment avoir été malmenés d’un côté et de l’autre de la frontière, plusieurs fois. « C’était marche ou crève », malgré quelques moments d’accalmie où ils ont pu recevoir de l’eau et de la nourriture de la part d’habitants des deux pays. Pendant leur périple, qui a duré une dizaine de jours, ils ont croisé « des Gambiens retrouvés presque morts de soif », un « Camerounais qui avait survécu en buvant son urine », d’autres Subsahariens blessés…
    Après des dizaines de kilomètres de marche, à se cacher des militaires et des gendarmes, et une énième expulsion vers l’Algérie, Alpha Oumar et Ibrahima sont retrouvés par Moez (le prénom a été modifié pour des raisons de sécurité) et d’autres bénévoles qui font régulièrement des rondes dans le désert et les oasis alentour pour venir secourir les migrants en détresse. Ils rejoignent l’oasis de Nefta le 17 juillet, treize jours après avoir été expulsés de Sfax. Ils y séjourneront trois semaines, avant d’être finalement transférés en août dans un centre géré par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) à Médenine, dans le sud-est de la Tunisie. Ibrahima, revenu malade de cet enfer à cause du manque d’hygiène et d’avoir bu de l’eau non potable, et Alpha Oumar, qui a laissé sa femme et sa fille au pays pour tenter de subvenir à leurs besoins, souhaitent à présent retourner en Guinée. « On a trop souffert en Tunisie », conclut le premier, résigné.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#afrique#algerie#expulsion#violence#frontiere#migrationirreguliere#OIM#retour#postcovid

  • Montreuil : les occupants d’un squat LGBT expulsés
    https://actu.fr/ile-de-france/montreuil_93048/montreuil-les-occupants-d-un-squat-lgbt-expulses_59990813.html


    Les occupants du squat ont refusé de quitter les lieux et déployé un drapeau arc-en-ciel sur le toit. (©Frédéric Olivier / actu Val-de-Marne)

    Les forces de l’ordre ont procédé, ce mardi 22 août 2023 au matin, à l’expulsion des occupants du squat LGBT La Baudrière, qui militent en faveur de la transition de genre.

    Vers 8 heures, ce mardi 22 août 2023, la police, sous la direction du ministère de l’Intérieur, a procédé à l’expulsion des occupants du #squat #LGBT La Baudrière, situé rue de la République, à #Montreuil.

    Des interpellations parmi les soutiens

    Fortes d’un dispositif important (une dizaine de cars pour ce genre d’opérations), les forces de l’ordre ont bloqué plusieurs rues depuis la place de la République jusqu’à la rue Voltaire. Le mouvement de soutien improvisé à quelques centaines de mètres n’a non seulement pas pu approcher du squat, mais une quinzaine de ses participants ont aussi été interpellés, a pu constater actu Seine-Saint-Denis. Pendant ce temps, les squatteurs réfugiés sur le toit ont déployé un drapeau arc-en-ciel en refusant de quitter les lieux. 

    De mauvaises relations avec le voisinage avancées

    Dans le collimateur de la #mairie, qui leur reprochait de mauvaises relations avec le voisinage, « les squatteurs étaient plutôt discrets », selon les riverains présents sur place et qui souhaitent rester anonymes. Se définissant comme « squat anarcha-féministe TransPdGouine (TPG) », les occupants de La Baudrière militent en faveur de la transition de genre, notamment transmasc, en organisant « des soirées d’injection de testostérone afin d’aider, indiquent-ils, des personnes qui pourraient avoir besoin d’assistance dans leur parcours de transition ».

    Des soirées qui semblent avoir heurté la sensibilité de certains habitants du quartier, si l’on en croit une réunion publique diligentée par la mairie, le 18 avril, avec l’appui du #commissariat de Montreuil. La Baudrière se savait menacée, et affichait sur la façade de l’immeuble qu’elle occupait sa défiance vis-à-vis de la municipalité.

    D’après nos informations [sic], l’affaire pourrait être plus complexe et entrer dans une politique antisquat plus globale de la ville dans le #bas_Montreuil, où le prix du foncier flambe. Une thèse réfutée par la mairie, qui précise à actu Seine-Saint-Denis « mener une politique exactement inverse » pour lutter contre la #gentrification.

    Pour compliquer la situation, deux personnes des Soulèvements de la Terre interpellées à Montreuil dans le cadre de l’enquête sur les dégradations d’un site de Lafarge avaient été hébergées à La Baudrière. Qui doit notamment participer à la logistique d’accueil du Convoi de l’eau, dont l’arrivée à Paris est prévue samedi dans un lieu encore indéfini.

    #expulsion #municipalité #bourgification #propriété_foncière

  • Chypre : 86 migrants secourus au sud-est de l’île - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/51244/chypre--86-migrants-secourus-au-sudest-de-lile

    Un bateau des garde-côtes chypriotes après un avoir secouru des migrants en mer Méditerranée, le 14 janvier 2020. Image d’illustration. Crédit : Reuters
    Migrants Mer Méditerranée Sauvetage
    Chypre : 86 migrants secourus au sud-est de l’île
    Par La rédaction Publié le : 21/08/2023
    Les garde-côtes chypriotes ont procédé au sauvetage, dimanche 20 août, de 86 exilés en détresse en mer Méditerranée, au sud-est de Chypre. Le nombre de migrants arrivant par bateau sur l’île a augmenté de 60% en 2023. Quatre-vingt-six migrants ont été secourus dimanche 20 août au large de la côte sud-est de Chypre, ont annoncé les autorités de l’île. D’après le Centre conjoint de coordination des secours (JRCC), l’opération de sauvetage a permis de ramener à terre 61 hommes, six femmes et 19 enfants, tous sains et saufs. Un patrouilleur de la police maritime et deux vedettes rapides ont participé à l’opération menée au large du cap Greco, près de la station balnéaire d’Ayia Napa, a précisé le JRCC.Les personnes secourues, qui avaient pris place dans une embarcation de 13 mètres de long, devraient être transférées dans le centre d’accueil pour migrants de Pournara, situé dans la banlieue de la capitale Nicosie. Quatre hommes de 18, 23, 27 et 30 ans ont par ailleurs été arrêtés à la suite de ce sauvetage, affirme Cyprus Mail. Si aucune information n’a été dévoilée concernant la nationalité des migrants ou le point de départ de l’embarcation, la plupart des exilés arrivant sur l’île par la mer embarquent sur des bateaux dans le port syrien de Tartous, selon les services de l’immigration.
    Le 15 août, les autorités chypriotes avaient déjà secouru 60 personnes en détresse dans la même zone. Cinquante-quatre hommes, trois femmes et trois enfants avaient été pris en charge.Le nombre de migrants arrivant par bateau a augmenté en 2023, d’après les autorités de l’île, avec une hausse de 60% enregistrée au cours des cinq premiers mois par rapport à la même période en 2022. Affirmant être en première ligne face aux flux migratoires au sein de l’Union européenne, Chypre réclame depuis des années plus de fonds et de soutien politique de la part de Bruxelles pour gérer cette question. Entre avril et juin, 2 381 demandes d’asile ont été déposées. Les autorités affirment que les demandeurs d’asile représentent 5% des 915 000 habitants de la partie sud de l’île. En réponse à l’augmentation des demandes d’asile dans le pays, le gouvernement opte de plus en plus régulièrement pour les expulsions vers le pays d’origine, ou vers des États tiers.Une politique de plus en plus pointée du doigt par les ONG. Il y a dix jours, Nicosie a été critiquée pour le rapatriement de 109 migrants au Liban, après l’arrivée de trois bateaux sur les côtes chypriotes entre le 29 juillet et le 2 août. Dans une déclaration publiée le 11 août, le Centre libanais pour les droits de l’homme (CLDH) et d’autres ONG ont appelé « Chypre à se conformer à ses engagements internationaux juridiquement contraignants en s’abstenant de renvoyer de force des personnes au Liban sans évaluer leur besoin de protection et les risques auxquels elles sont confrontées au Liban et en Syrie ».
    #Covid-19#migrant#migration#chypre#liban#syrie#UE#ONG#droit#politiquemigratoire#asile#expulsion#rapatriement#postcovid

    Le CLDH a par ailleurs fait savoir que parmi les 109 personnes renvoyées de force de Chypre, « au moins 73 ont ensuite été expulsées vers la Syrie et remises au régime syrien ».

    Une semaine plus tôt, le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) s’est déclaré « extrêmement préoccupé » par le retour de plus de 100 ressortissants syriens de Chypre vers le Liban. Selon Nicosie, ces retours sont légaux puisque le Liban et Chypre ont signé un accord bilatéral en 2004 qui oblige Beyrouth à prévenir et à mettre fin aux franchissements irréguliers des frontières et à la migration des personnes qui quittent le pays.
    « Mourir à petits feux ou partir »

    Depuis plusieurs mois, des bateaux chargés de candidats à l’exil quittent le littoral nord libanais à destination de l’Europe, pour fuir la grave crise économique qui secoue le pays. Selon la Banque mondiale, le Liban traverse une des pires crises économiques au niveau mondial depuis 1850.

    L’an dernier, au moins 77 personnes sont mortes dans le naufrage de leur embarcation, à l’ouest de Tartous. D’après l’expert libanais en navigation Mohamed Nour, l’embarcation se dirigeait très probablement vers Chypre.

    >> À (re)lire : « Il n’arrivait plus à nourrir ses enfants » : les victimes du naufrage au large de la Syrie, poussées à l’exil par des conditions de vie désastreuses

    "Mon frère n’avait plus d’avenir dans ce pays, témoignait en septembre 2022 à InfoMigrants un jeune homme depuis le Liban. Il avait deux options : mourir à petits feux ou partir. Depuis deux ans, il cherche du travail, et avec les conditions économiques qui se détériorent, il lui est même « devenu difficile d’acheter du pain pour nourrir ses enfants ». Et d’ajouter : « [Dans ce pays] nous mourons mille fois par jour [et on survit] sans électricité, sans eau, sans éducation, sans médicaments, sans travail, sans assurance maladie... La liste est longue. Ce que nous voulons, c’est vivre une vie normale ».

  • « La politique migratoire européenne transforme les pays du sud de la Méditerranée en garde-frontières »
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/08/16/la-politique-migratoire-europeenne-transforme-les-pays-du-sud-de-la-mediterr

    « La politique migratoire européenne transforme les pays du sud de la Méditerranée en garde-frontières »
    Tribune. Alors que l’Union européenne vient de signer avec la Tunisie le Partenariat stratégique global et cherche à l’inciter à accueillir les réfugiés renvoyés par l’Europe en échange de la somme de 250 millions d’euros et d’un soutien financier de 900 millions d’euros conditionné à la conclusion d’un accord de prêt avec le Fonds monétaire international (FMI), le pays traverse une crise socio-économique exacerbée par une montée des violences contre les Africains noirs présents sur son territoire, notamment dans la ville de Sfax. En effet, depuis le 3 juillet, et suite à l’assassinat d’un Tunisien par trois ressortissants présumés d’origine camerounaise, la Tunisie connaît un déferlement de violences contre les Africains noirs. Actes xénophobes, agissements racistes, discours haineux et différentes formes d’agressions mettent en péril l’intégrité physique et morale des expatriés subsahariens. A ce sujet, les médias, les ONG et autres acteurs de la société civile, ainsi que des citoyens tunisiens s’exprimant via les réseaux sociaux, tirent la sonnette d’alarme sur une véritable violation des droits humains.
    Ont été documentés : des expulsions de familles entières de leur domicile – dont des femmes enceintes et des enfants –, des interpellations, refoulements et arrestations arbitraires, des agressions physiques et verbales, des vols d’effets personnels et de documents d’identité, des attaques directes et virtuelles sur les réseaux sociaux et jusqu’à des déportations de centaines de personnes – dont certaines avec une situation en règle ou des demandeurs d’asile – vers les frontières tuniso-libyennes désertiques sans aucune forme d’assistance, à une période de l’année particulièrement éprouvante en raison des chaleurs torrides et des pénuries d’eau.
    Plusieurs communiqués, tribunes et pétitions ont été signés par nombre d’organisations, d’intellectuels, de militants et d’acteurs de la société civile dans les médias internationaux afin de dénoncer cette situation insoutenable. Des collectes de fonds ont été lancées pour venir en aide aux victimes de ces évènements. Nous rejoignons toutes ces prises de parole et tenons à manifester notre plein soutien et notre solidarité envers les cibles de ces agissements. En tant que chercheurs et citoyens provenant de Tunisie, d’Allemagne et de France, nous nous engageons pour une Méditerranée qui corresponde à un espace d’échanges, de libre circulation et de diversité. A la place de cela, la politique migratoire européenne transforme les pays du sud de la Méditerranée, et notamment la Tunisie, en garde-frontières, tout en favorisant l’exode des cerveaux vers l’Europe, à un moment où le pays a besoin de ses compétences pour faire face aux différentes crises qu’il connaît.
    L’intention d’expulser des personnes et familles vulnérables dans un pays tiers, contre leur gré, est inadmissible en soi. Les expulser en Tunisie à un moment où cette dernière traverse des difficultés importantes sur tous les fronts met en péril l’un des derniers pays stables dans la région. N’est-ce pas notre but d’atténuer les effets de cette crise et de travailler à ce que personne ne soit plus dans l’obligation d’émigrer ? A ce que la circulation devienne un choix au lieu d’une nécessité, dans un monde où les deux rives de la Méditerranée coopéreraient avec un souci d’égalité grâce à des conditions économiques et sociales plus équitables ? Dans ce cas, l’Union européenne doit veiller à mieux soutenir la stabilité de la société tunisienne et à envisager des coopérations effectives et pérennes, dans l’intérêt à la fois de la Tunisie et des Européens.
    Signé par les membres suivants du projet de recherche trinational de l’Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ) « Transmed : penser la Méditerranée ensemble – Transmediterrane Jugendpolitik » : Nour Bchini (université de La Manouba) ; Baraa Ben Dhif (université Mahmoud-Al-Materi/Labo’Démocratique) ; Ichrak Ben Hammouda (université Paris-3 Sorbonne nouvelle & université de La Manouba) ; Anna Damon (université d’Aix-Marseille) ; Azyza Deiab (Universität des Saarlandes) ; Karima Dirèche-Slimani (université d’Aix-Marseille) ; Nicole Fischer (Universität des Saarlandes et université Paris-3 Sorbonne nouvelle) ; Farah Hached (université Mahmoud-Al Materi/Labo’Démocratique) ; Louna Hassaini (université d’Aix-Marseille) ; Franck Hofmann (Universität des Saarlandes) ; Fatma Pia Hotait (Universität des Saarlandes) ; Mélina Joyeux (université d’Aix-Marseille) ; Mario Laarmann (Universität des Saarlandes) ; Mariem Maarfi (université de La Manouba) ; Fabian Meinel (Centre franco-allemand de Provence) ; Ines Mejri (université Mahmoud-Al-Materi/Labo’Démocratique) ; Markus Messling (Universität des Saarlandes) ; Freddy Ndi (Universität des Saarlandes) ; Line Perrin (Universität des Saarlandes) ; Sihem Sidaoui (université de La Manouba) ; Julian Wendlinger (Universität des Saarlandes).

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#UE#politiquemigratoire#mediterranee#routemigratoire#partenariatstrategiqueglobal#droit#vulnerabilite#expulsion#postcovid

  • Je ne sais pas où vous serez demain, film de #Emmanuel_Roy

    Reem est médecin généraliste au #Centre_de_Rétention_Administrative de #Marseille. Des hommes se succèdent devant elle. Leur vie est suspendue et personne ne peut prédire où ils seront envoyés demain. Auprès d’eux, Reem tente malgré tout de tenir une ligne de soin, de respect et d’écoute.

    https://www.youtube.com/watch?v=jjMg5cO1V6E

    #CRA #détention_administrative #rétention #migrations #sans-papiers #France #film #documentaire #film_documentaire #renvois #expulsions

  • Malgré un droit à l’hébergement reconnu, un collectif de sans-papiers se retrouve à la rue | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/110823/malgre-un-droit-l-hebergement-reconnu-un-collectif-de-sans-papiers-se-retr

    Depuis l’évacuation du squat cet été, une soixantaine de personnes a été laissée sur le carreau, dont des femmes et enfants. « Certaines ont eu une solution d’hébergement avec le #115 mais pas toutes. On a essayé de trouver des lieux plus sûrs aux autres pour ne pas qu’elles restent dans la rue », indique Makoun, en passe de devenir l’un des représentants du collectif. D’où l’absence de femmes sur le campement.

    Dans un tweet rédigé le jour de l’expulsion, la #préfecture de #Seine-Saint-Denis a pourtant indiqué que les occupants qui le souhaitaient étaient « orientés vers des hébergements d’urgence », précisant que l’opération se déroulait « dans le calme ». Contactée par Mediapart, celle-ci n’a pas répondu à nos questions.

    Attaquer l’État pour loger des familles sans abri, un outil de plus en plus mobilisé
    8 janvier 2023

    Car le collectif Schaeffer n’est pas un dossier comme les autres. Ses membres se battent depuis des années pour faire reconnaître leur droit à l’hébergement à travers des procédures dites « #Daho » (droit à l’hébergement opposable), entreprises avec l’aide de l’association Médecins du Monde.

    Sur plus de 100 requêtes déposées entre 2017 et 2018, 90 ont abouti. Nourou, 23 ans et originaire de Côte d’Ivoire, fait partie de ceux qui ont voulu y croire. « Au début, c’était une bonne nouvelle pour nous. On pensait que ça allait être un bon changement, qu’on allait être logés », se souvient-il.
    À l’époque, le jeune homme est encore demandeur d’asile mais n’a pas eu accès, comme le veut pourtant le dispositif national d’accueil, à un hébergement, le temps de la procédure d’examen. « On ne connaît pas la loi, c’est à eux [les autorités – ndlr] de nous le proposer », estime-t-il. Pour lui comme pour les autres, « le Daho n’a rien changé ». Il vit de quelques journées de travail au noir payées 50 à 70 euros sur les chantiers de BTP parisiens. L’homme hausse les épaules : « On vit comme on peut. »

    #expulsion #logement #hébergement #rente_foncière #police

  • « Cela fait déjà 3 semaines » : à bout de forces, des migrants manifestent dans le désert pour revenir en Tunisie - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/50801/cela-fait-deja-3-semaines--a-bout-de-forces-des-migrants-manifestent-d

    « Cela fait déjà 3 semaines » : à bout de forces, des migrants manifestent dans le désert pour revenir en Tunisie
    Par Louis Chahuneau Publié le : 02/08/2023
    Près de 150 migrants subsahariens sont toujours bloqués, depuis le début du mois de juillet, en plein désert, à Ras Jedir, dans la zone transfrontalière entre la Tunisie et la Libye. Ils ont été abandonnés là par les autorités de Tunis. Mardi, ils ont improvisé une manifestation pour réclamer leur retour en Tunisie et l’aide de la communauté internationale, pour l’instant sourde à leurs appels. La situation est toujours aussi déplorable à la frontière entre la Tunisie et la Libye, où des centaines de migrants subsahariens se sont fait expulser par les autorités de Tunis, en plein désert, au début du mois de juillet. A Ras Jdir, dans la zone transfrontalière, un groupe de 150 migrants ivoiriens, maliens ou encore nigérians, sont bloqués en pleine nature, sans eau sans nourriture et sans abris contre la chaleur depuis maintenant trois semaines.
    Face au silence assourdissant des autorités internationales et à l’inertie de la Tunisie, ils ont organisé ce mardi une manifestation en plein désert pour réclamer de l’aide, un retour en Tunisie, un accueil dans un camp de réfugiés ou même un départ vers l’Europe. « Cela fait déjà 3 semaines que nous sommes là, témoigne Kelvin un jeune nigérian de 33 ans joint au téléphone par InfoMigrants. Nous avons manifesté pour interpeller les autorités car on nous traite comme des animaux, mais le président tunisien ne veut pas répondre à nos appels ». Dans une vidéo envoyée par le jeune homme, on peut voir quelques dizaines d’exilés à la frontière tunisienne brandir des pancartes en carton indiquant en anglais ou en arabe « We need your help » ou encore « Please Tunisian government, take us back ». D’autres tapent sur des casseroles en métal à seulement quelques mètres de militaires tunisiens qui se contentent de les observer.
    Arrivé en Tunisie il y a un peu moins d’un an avec son frère pour travailler dans le bâtiment, Kelvin n’a plus de nouvelles de lui depuis leur expulsion en bus dans le désert par les forces de l’ordre tunisiennes. Selon lui, son frère a été expulsé à la frontière algérienne. D’après l’ONG américaine Human Rights Watch, au moins « 1 200 ressortissants subsahariens » ont été expulsés de Tunisie à la frontière libyenne ou algérienne, depuis début juillet.
    Le groupe de migrants a reçu il y a 5 jours quelques colis humanitaires déposés par le Croissant Rouge libyen et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), mais ils n’ont désormais plus rien : « Nous n’avons ni eau ni nourriture, beaucoup de gens sont malades dont des enfants », témoigne Kelvin, l’un des rares exilés à avoir réussi à charger son téléphone portable avec la complicité de « bons policiers libyens ». Les migrants ont tendu des bâches sur les rares arbres pour se protéger du soleil, mais ils souffrent également du froid pendant la nuit. « J’aimerais pouvoir revenir en Tunisie, certains d’entre nous ont de la famille là-bas, et des activités commerciales, mais les militaires nous ont prévenus qu’ils nous tireraient dessus si on essayait de franchir la frontière. On appelle n’importe qui à nous venir en aide, car on ne pourra pas se battre à mains nues contre les militaires armés », prévient Kelvin.
    Pour l’instant, quasiment aucune autorité internationale n’a réagi aux exactions qui se multiplient depuis début juillet en Tunisie, à la suite du discours xénophobe de Kaïs Saïed en février dernier. « Nous sommes profondément préoccupés par l’expulsion de migrants, réfugiés et demandeurs d’asile de Tunisie vers les frontières avec la Libye, et aussi avec l’Algérie », a déclaré ce mardi Farhan Haq, le porte parole du secrétaire adjoint des Nations unies.
    Quelques jours plus tôt, le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) et l’OIM avaient réclamé des « solutions urgentes » concernant les centaines de migrants bloqués à la frontière tunisienne, mais cet appel semble être resté lettre morte, et ce malgré la vingtaine de morts décomptés par InfoMigrants dans le désert depuis début juillet. Un bilan qui pourrait être bien plus élevé en raison de l’étendue de la zone. L’Union européenne, qui vient pourtant de passer un « partenariat stratégique » avec la Tunisie à hauteur de 105 millions d’euros pour limiter les traversées maritimes vers l’Europe, n’a pour l’instant pas réagi.
    De son côté, la Tunisie a rejeté « les allégations » de mauvais traitements contre des migrants subsahariens fin juillet. La Tunisie « n’hésite pas à accomplir son devoir d’aide humanitaire aux immigrés africains et autres étrangers sur le sol tunisien », pouvait-on lire dans ce communiqué publié par le ministère de l’Intérieur.

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  • Libye : cinq corps de migrants découverts à la frontière avec la Tunisie
    https://www.dakaractu.com/Libye-cinq-corps-de-migrants-decouverts-a-la-frontiere-avec-la-Tunisie_a2

    Libye : cinq corps de migrants découverts à la frontière avec la Tunisie
    Le gouvernement libyen a annoncé mardi dans un communiqué la découverte de cinq corps de migrants qui ont péri dans le désert dans une zone à la frontière avec la Tunisie. Les gardes-frontières libyens « ont découvert cinq corps non identifiés de migrants clandestins d’origine africaine lors d’une patrouille dans la zone de Dahr al-Khass à Tawilat al-Ratba », le long de la frontière avec la Tunisie, selon le communiqué du ministère de l’Intérieur. Les corps « ont été remis aux autorités », a indiqué à l’AFP une source des gardes-frontières ayant requis l’anonymat. Depuis dix jours, les gardes-frontières libyens viennent au secours de migrants subsahariens expulsés par les autorités tunisiennes qui les ont déposés, selon eux, dans une zone inhabitée, près d’Al’Assah, à environ 150 km au sud-ouest de Tripoli. Abandonnés sans eau, nourriture ou abris par des températures qui dépassent les 50 degrés, ils ont marché pendant des kilomètres, pénétrant jusqu’à 15 km à l’intérieur du territoire libyen, d’après des gardes- frontières libyens. Une équipe de l’AFP qui s’était rendue sur place a pu photographier et filmer plusieurs groupes de jeunes hommes et quelques femmes, assis ou couchés sur le sable, tentant de s’abriter sous des arbustes décharnés. De nombreuses vidéos circulent depuis sur les réseaux sociaux, prises par les gardes eux-mêmes lors de leurs patrouilles, documentant l’arrivée à pied depuis la frontière tunisienne de femmes et d’hommes de tous âges, épuisés et assoiffés, selon eux. A la suite d’affrontements ayant coûté la vie à un Tunisien le 3 juillet, des centaines de migrants africains ont été chassés de Sfax, deuxième ville du pays et principal point de départ en Tunisie pour l’émigration clandestine.
    Le 18 juillet, des experts de l’ONU ont appelé la Tunisie à cesser les expulsions collectives de migrants subsahariens après des informations faisant état de l’abandon de dizaines d’entre eux par la police tunisienne dans les zones désertiques de la frontière avec la Libye. « Nous appelons les autorités à cesser immédiatement toute nouvelle expulsion et à poursuivre et élargir l’accès humanitaire à une zone dangereuse à la frontière tuniso-libyenne où de nombreuses personnes, y compris des femmes enceintes et des enfants, ont déjà été expulsées », ont-ils déclaré. La Libye, qui abrite au moins 600.000 migrants subsahariens, a été accusée à plusieurs reprises de multiples abus à leur encontre, dont des « meurtres, disparitions forcées, tortures, esclavage, viols » par des ONG et des organisations internationales.

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  • Racisme et #domination des Etats méditerranéens

    Le #racisme en #Tunisie, loin d’être un #fait_culturel, est la conséquence de #politiques_frontalières

    La #violence contre les personnes noires en situation irrégulière en Tunisie reflète une manie de domination et un jeu de pouvoir lâche d’un petit État en crise. Mais elle est aussi le résultat d’un récit populiste et d’une approche gouvernementale cruelle à l’égard des indésirables, typique de tous les États méditerranéens.

    En 1982, le célèbre intellectuel tunisien Albert Memmi écrivait un essai intitulé Racisme, dans lequel on trouve sa fameuse définition du phénomène qui donne son titre au livre : “l’exploitation généralisée et définitive des différences, réelles ou imaginaires, au profit de l’accusateur et au détriment de la victime, pour justifier une agression”. A l’époque de Memmi, né à Tunis d’une mère d’origine juive berbère et d’un père d’origine tunisienne italienne, la Tunisie était un protectorat français et sa population était beaucoup plus hétérogène qu’aujourd’hui, avec des Français, des Italiens, des Maltais et une présence juive bimillénaire. Dans les années 1950, le racisme des colons français à l’égard de la population majoritairement arabo-musulmane justifiait l’occupation du pays. Aujourd’hui, cent ans après la naissance de Memmi, le racisme de la majorité arabo-musulmane à l’égard des minorités et des étrangers noirs justifie la répression de ces derniers. Fondé sur un récit nationaliste très homogénéisant, le racisme en Tunisie, comme dans le reste de l’Afrique du Nord, est une réalité difficile à éradiquer parce qu’elle est omniprésente dans la politique et la culture, et parce qu’elle joue sur des problèmes réels.

    Le racisme anti-noir en Tunisie, s’il est une réalité presente depuis des années 1, a explosé ces derniers mois depuis le discours du Président Kaïs Saïed du 21 février contre les personnes subsahariennes en situation d’irrégularité. La Tunisie a été choquée par une violence raciste sans précédent. En représailles au meurtre d’un citoyen Tunisien par un homme d’origine de l’Afrique dite Subsaharienne, des hordes d’hommes armés de couteaux et de bâtons ont attaqué les maisons de familles innocentes. Cette violence a été précédée, légitimée et suivie par une répression organisée de l’État contre les personnes noires sans papiers : au cours des deux dernières semaines, des centaines d’arrestations et d’expulsions ont été dénombrées à la frontière, au milieu du désert 2. Beaucoup de Tunisiens sont consternés par le comportement de leurs concitoyens et la brutalité de leur Etat. Et beaucoup voudraient être solidaires, offrir un logement et une assistance aux expulsés et aux déportés, mais toute tentative de solidarité est empêchée, bloquée ou déjouée par une police omniprésente et capillaire.

    Et dans un état de non-droit comme la Tunisie, où la loi se négocie avec l’arbitraire des policiers, parmi les victimes les plus malheureuses se trouvent précisément ceux que les politiciens Italiens appellent les migrants, qui fuient les guerres, les persécutions et la pauvreté et que le gouvernement italien continue à renvoyer en Afrique du Nord, en finançant les garde-côtes tunisiens pour qu’ils empêchent à tout prix leur départ. Ce sont ces mêmes personnes qui, arrivées en Europe, deviennent des réfugiés : Soudanais, Erythréens, Ethiopiens, Nigérians, ou qui deviennent des clandestins enfermés dans les Centres de Rétention Administratives Italiens, renvoyés dans leur pays, relégués dans la misère. Migrants, réfugiés ou sans-papiers, la différence n’est pas grande si vous avez la peau noire en Tunisie, puisque la violence – d’Etat – est exercée sans distinction. D’ailleurs, parmi les personnes amenées dans le désert ces derniers jours, il y aurait aussi des étudiants et des personnes ayant des documents de séjour valides, ainsi que des réfugiés et des demandeurs d’asile. Et dans l’Union européenne, voulons-nous encore croire que nous pouvons créer des plateformes de débarquement 3 en Afrique du Nord pour décider qui est un vrai réfugié – qui peut venir chez nous ! – et qui est un migrant économique – qui doit rester là-bas ? Et pendant ce temps, des centaines de personnes dans les rues, battues ou abandonnées dans le désert.

    À l’origine des événements récents, il y a les politiques économiques et militaires des frontières. Fondamentalement, les gens ne quitteraient pas leur pays si leurs perspectives de vie n’étaient pas menacées par la famine, la guerre et la pauvreté. Et pour soutenir la poursuite des conflits au Mali, au Niger, en Libye ou en Ukraine, ou la pauvreté au Tchad, en Tunisie ou en Côte d’Ivoire, ce sont les armées et les politiques extractives néocoloniales françaises, italiennes, britanniques, allemandes, américaines, auxquelles s’ajoutent celles des nouvelles grandes puissances, comme la Chine et la Turquie, qui sont en cause. A leur arrivée en Tunisie, la fermeture des frontières méditerranéennes est un mur qui empêche ces “déplacés en quête de vie” de partir. Ne pouvant plus repartir, ils restent bloqués dans un pays pauvre, un petit Etat en crise économique, sans ressources massives, avec peu d’industries et un tourisme en déclin, et un passé récent perturbé par la révolution. Un pays qui doit pourtant compter avec ses voisins arrogants et puissants : Italie, France, Allemagne, Pays-Bas, Union européenne. Des voisins qui veulent à tout prix arrêter ces personnes en transit, et qui paient des millions à la Tunisie pour le faire 4. Et s’il n’y avait pas de frontières, s’il n’y avait pas la militarisation de la Méditerranée, ces personnes seraient déjà en Italie : problème résolu.

    Aujourd’hui, la Tunisie en a assez de jouer ce rôle infâme et coûteux. Dans un contexte de crise économique écrasante et déprimante, d’inflation massive et de chômage endémique, l’arrivée de milliers de personnes s’installant dans les grandes villes tunisiennes compromet encore davantage la capacité de l’État à subvenir aux besoins de sa population. D’autant plus que cet État ne s’est jamais montré disposé à le faire. La colère monte chez un peuple affamé et frustré de voir s’installer dans ses villes des “Africains“, comme on appelle paradoxalement les Noirs subsahariens. La xénophobie sévit dans toutes les couches de la société, mais surtout parmi les plus démunis et les plus touchés par la crise. Les mêmes personnes qui ont peu de perspectives d’avenir, qui se sentent emprisonnés dans un pays qui les piétine et les écrase avec sa police, un pays où tout – travailler dignement, ouvrir un commerce, étudier, recevoir des soins médicaux de qualité – est difficile, nié, empêché. Un peuple écrasé par les frontières, un peuple qui n’a qu’un seul espoir : partir. Un espoir qui lui est refusé par la difficulté d’obtenir un visa et qui est criminalisé par les politiques euro-tunisiennes de lutte contre l’immigration irrégulière. Un peuple qui se souvient bien de l’époque prérévolutionnaire, où au moins il n’y avait qu’un seul voleur. Aujourd’hui, tout le monde est voleur (interview avec un chauffeur de taxi à Sfax). L’anarchie est généralisée, la méfiance règne, la colère monte.

    “Faddina”, (nous en avont assez) depuis des années, disent les Tunisiens. Assez de la corruption du parti islamiste el Nahda, assez de vendre du sel à la France pour une somme dérisoire, selon une convention qui remonte à l’époque coloniale 5. Alors, quand Kais Saied, un honnête professeur de droit, a fait nettoyage général 6 en 2019, de larges pans de ce peuple se sont réjouis. Mais au fil des années, sans une politique économique forte pour relever le pays, le professeur perd de sa popularité. Et donc aujourd’hui, ce dictateur incompétent – on dit qu’au moins l’autre était intelligent (interview avec un étudiant à Tunis) – s’accroche de toutes ses forces au peu qu’il a pour affirmer sa souveraineté. Il a d’abord jeté en pâture à la foule des députés corrompus, puis des islamistes ; il a ensuite inventé des complots contre l’État, des journalistes-espions et des organisations financées par l’Europe pour faire tomber le pays. Aujourd’hui, sa dernière carte est aussi la plus en vogue. La méthode la plus rapide, la plus facile et la plus indolore pour revenir dans les bonnes grâces de son peuple est de mener une lutte sans merci contre les personnes noires sans papiers. Cette lutte sert aussi bien la politique extérieure que la politique intérieure : d’une part, gagner en crédibilité (et attirer l’attention et donc des fonds) auprès des partenaires européens dans la lutte contre l’immigration irrégulière, d’autre part, renforcer la légitimité du gouvernement. Et ce, en éliminant ceux qui ne correspondent pas à la définition de l’identité nationale.
    Pouvoir raciste, pouvoir populiste

    La Tunisie, qui dispose d’un État-providence très pauvre, où il n’y a pas de protection économique et sociale des citoyens, où le pouvoir est concentré dans les mains des oligarques de la classe dirigeante, est la “démocratie du mécontentement”. Tout le monde se plaint, personne ne fait confiance à l’État. Beaucoup se souviennent de l’époque de Ben Ali, où au moins il y avait lui, un homme fort qui affirmait sa position. Aujourd’hui, l’homme fort Kais Saied tente de se créer une hégémonie, au sens gramscien (voir pour ce concept Gherib Baccar, 2017), c’est-à-dire une légitimation populaire et incontestée de son pouvoir, de son autorité, basée sur la répression des indésirables, les personnes irrégulières noires.

    Premier objectif du racisme de Saied : jouer les durs avec l’Europe. Ce n’est certes pas la première fois que les corps des migrants sont utilisés comme une arme de politique internationale : voir la Turquie en 2016 dans les négociations avec l’Europe, l’Italie et la Grèce au cours de la dernière décennie dans les négociations avec d’autres États européens. Au contraire, nous pouvons identifier des approches anti-migrants communes à toutes les politiques méditerranéennes. La lutte contre les migrants irréguliers par tous les moyens – rejets aux frontières, réadmission dans le pays d’origine, détention, marginalisation – est la variable commune de la politique régionale dans et autour de la mer Méditerranée, de l’Europe du Nord à l’Afrique subsaharienne. A travers cette lutte sans merci, les Etats forgent une part de leur souveraineté, alors que le thème des migrations est aujourd’hui au cœur des débats dans de nombreux pays européens. Gouverner les mouvements humains est donc une façon d’être et de fonctionner de l’État méditerranéen, une forme de gouvernement méditerranéenbasée sur le nationalisme populiste et le racisme. Ces derniers, héritiers du passé colonial et frères de toutes les occupations autour de cette mer, des colonies israéliennes illégales sur les terres palestiniennes, à l’occupation du Sahara occidental par le gouvernement marocain.

    Le racisme et le populisme sont en effet les cartes avec lesquelles se joue ce jeu impitoyable. Par le passé, les puissances coloniales européennes ont tenté de justifier leur domination et de légitimer leur occupation par des arguments scientifiques et rationnels. Les écrivains européens – principalement français et anglais – du XVIIIe siècle, tels que Voltaire, Goethe, Chateaubriand, Renan, ont contribué à la création d’un “savoir orientaliste” (Said, 1978) qui caractérisait les Arabes musulmans comme arriérés et légitimait ainsi l’intervention occidentale. Le racisme, c’est-à-dire la valorisation des différences, réelles ou imaginaires (Memmi, 1982), est l’outil approprié pour soutenir ce type de discours. Selon la définition de Memmi, le racisme est un instrument d’agression qui utilise les différences entre les hommes : “Quelle que soit la voie empruntée, le but du racisme est la domination. […] Comme au billard, où l’on vise une boule pour en mettre une autre dans le trou, on accuse sous divers prétextes, mais toujours pour rejeter, spolier, opprimer. […] Le racisme illustre et symbolise l’oppression”. Le racisme, c’est donc le mépris et le sentiment de supériorité du colonialiste qui a justifié l’invasion de la Tunisie ou de l’Algérie ; c’est aussi l’antisémitisme qui a conduit à l’extermination des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale ; c’est encore les récents événements de Sfax, où des hordes de bandits armés de machettes ont attaqué des familles d’immigrés subsahariens. Tout comme l’action odieuse des forces de sécurité tunisiennes qui ont emmené de force ces mêmes familles dans le désert, à la frontière libyenne, sans eau ni nourriture. Derrière tous ces événements se cache une volonté de domination et de pouvoir. “L’action raciste n’est jamais désintéressée, même si la nature du profit n’est pas immédiatement claire”. (Memmi, 1982).

    Les images et les vidéos des événements de Sfax, qui ont secoué la Méditerranée comme le massacre de Melilla l’avait fait en 2021, amènent à réfléchir une fois de plus sur les frontières et l’Etat-nation. En effet, ce qui unit les Etats aujourd’hui, malgré d’énormes différences dans leurs spécificités culturelles, géographiques et politiques, c’est le récit fortement identitaire et populiste avec lequel le pouvoir gouvernemental est légitimé. C’est pourquoi on les appelle des États-nations : parce que chaque État crée et entretient une identité nationale spécifique et limitée qui différencie ceux qui font partie de l’État de ceux qui n’en font pas partie. La raison de cette “nationalité” des États s’explique par la nécessité de définir le pouvoir de l’État, son monopole de la violence, comme le dit Weber. L’identité nationale sert également à définir à qui fournir des services tels que la santé, l’éducation et le travail, c’est-à-dire l’aide sociale : il est plus facile de le faire avec une division claire entre ceux qui sont inclus et ceux qui sont exclus. Enfin, elle est également utile en temps de crise, lorsqu’il faut économiser, mobiliser, faire la guerre, car il est plus facile de convaincre quelqu’un de défendre quelque chose de proche, de cher et d’intime, plutôt qu’une entité lointaine, froide et incolore. Ce caractère nationaliste de l’État est aussi son caractère raciste, comme le dirait Etienne Balibar, car les États-nations sont, par définition, des États racistes, dans lesquels l’identité nationale peut être utilisée pour justifier une agression : c’est cela le racisme d’État.

    Mais l’équation fonctionne aussi dans l’autre sens : s’il est vrai que l’identité nationale sert la violence de l’État, l’inverse est également vrai son opposé, à savoir que la violence renforce la nation. Les exemples historiques sont nombreux : l’identité nationale des puissances européennes s’est renforcée et renouvelée après les guerres mondiales ; les conflits interethniques revigorent souvent la perception des différences entre les peuples, comme ce fut le cas en Bosnie où, aujourd’hui encore, après la guerre, l’État est toujours divisé entre musulmans et catholiques. Demandons-nous donc si la Tunisie de Saïed ne cherche pas à faire la guerre, à sa manière, aux citoyens subsahariens présents sur son territoire, pour consolider la force de son gouvernement, pour renforcer l’identité nationale tunisienne. La création d’un bouc émissaire, d’un “autre” à combattre, à chasser, à tuer, n’est-elle pas une source de force pour la nation, pour l’individualité collective du citoyen qui se reconnaît dans son État et veut le protéger ?

    Et en effet, le deuxième objectif du racisme de Saïed est de calmer les foules en colère. Les criminels qui ont commis ces actes brutaux étaient eux-mêmes victimes d’un système inégalitaire, fortement touché par la crise. Cela ne justifie pas l’agressivité ou la haine raciale, mais explique comment la colère et la frustration peuvent facilement être dirigées vers les plus faibles, d’autant plus si cette violence est soutenue par l’Etat. Ce n’est pas seulement la nation qui est revigorée par le choc avec l’autre, mais aussi le narcissisme du moi collectif dans la société. Ce qui nous interroge, c’est le sens de la violence, qui est toujours dirigée vers les plus délaissés et les plus pauvres. Memmi explique que “le raciste va instinctivement contre l’opprimé : il est plus facile d’ajouter de la souffrance à ceux qui en ont déjà”. La violence ne se manifeste pas, comme il serait peut-être plus logique, à l’égard des forts, des dirigeants européens, des puissances coloniales. Le sentiment de cette violence est légitimé par le fait que “les Africains sont différents, ils ont une culture différente de la nôtre” (entretien avec un chauffeur de taxi à Sfax), oubliant par exemple les différences culturelles évidentes entre Tunisiens et Italiens. Au contraire : combien les filles et les garçons italiens sont beaux, gentils et intelligents, nos frères et nos sœurs ! Une vision influencée par les perspectives de classe et le désir d’Occident (Wael Garnaoui, 2022). Les différences, réelles ou imaginaires, sont créées et recréées dans le discours collectif et dans les perceptions individuelles. Dans une vidéo diffusée sur les médias sociaux, une femme tunisienne dit à une personne noire : “Tu dois aller dans ton pays, nous sommes un pays pauvre ici, il n’y a rien pour toi. Vous arrivez, vous vivez à 50 dans une maison, vous apportez des maladies. Il n’y a pas de place pour vous ici”. C’est le racisme des opprimés qui s’exprime, l’ignorance des personnes affamées manipulées par les “fake news” et les informations fallacieuses des médias de propagande modernes.
    Un besoin urgent d’un antiracisme d’État

    Albert Memmi affirme que “dans chacun de nous, il y a un raciste qui est ignoré. […] Le racisme est l’une des attitudes les plus partagées au monde”. Le racisme est tellement omniprésent dans la culture et la société, dans les médias et dans l’éducation, qu’il est difficile, voire impossible, de l’éliminer complètement. Comme le dit Memmi, le racisme est un fait social. Mais si le racisme à l’encontre des personnes noires est la direction “naturelle” vers laquelle se dirige la colère des personnes frustrées par la crise, les frontières et la corruption, le racisme est également un discours qui peut être utilisé, manipulé ou éliminé. Le fait que des bandes d’hommes armés aient attaqué des familles subsahariennes n’est, en soi, rien d’autre que la manifestation d’une tension sociale alimentée par la crise économique et un substrat culturel mono-identitaire, exclusif et fermé aux minorités. Ce substrat, omniprésent dans la société tunisienne, de l’éducation à la socialisation, créé par l’Etat depuis l’independence, est aujourd’hui légitimé par le discours raciste de Saïed. Il ne s’élimine pas du jour au lendemain : il faut une éducation antiraciste pour éviter que les victimes d’une crise économique et politique ne deviennent les auteurs d’un génocide. Au lieu de cela, l’État soutient et attise les sentiments racistes parce que cela l’arrange.

    Un tournant antiraciste est donc nécessaire, non seulement en Tunisie, mais aussi en Méditerranée. Tout d’abord, les lois et les tribunaux pourraient éliminer immédiatement – en condamnant les auteurs, à commencer par les chefs d’État et les ministres de l’intérieur – le racisme institutionnel des États méditerranéens, y compris la Tunisie. Pour ce motif là, l’independence du système juridique et pénal, très ménacé aujourd’hui en Tunisie, est d’importance centrale. Il faut un pouvoir independant et forte pour denoncer ce racisme vil et mesquin qui est dû à la volonté de domination dans un contexte historique et régional qui fait de la lutte contre les personnes noires en situation irrégulière le motif de l’expression de la souveraineté, intérieure et extérieure.

    Ce n’est pas seulement une question d’éthique, mais aussi d’efficacité – la propagande anti-noire de Kaïs Saïed est totalement incompétente pour résoudre – je dirais même contourner – les vrais problèmes : inflation, manque de produits de première nécessité, chômage. En déportant des innocents dans le désert, Saïed ne peut recevoir que des condamnations, internationales et internes. Memmi écrit : “Solution fallacieuse, certes, compensation vaine, mesquine et inique surtout, qui compromet les valeurs et se trompe sur elle-même, détruit la dignité de l’un pour assurer illusoirement celle de l’autre. Mais il faut admettre que c’est une sorte de solution à des problèmes réels, un tranquillisant face à des enjeux indéniables”.

    Ajoutons que l’Etat tunisien, comme d’autres Etats méditerranéens, ne persécute pas ces personnes uniquement parce qu’elles sont noires. En d’autres termes, à l’instar d’Annah Arendt (1951), les personnes persécutées par l’État sont avant tout des personnes sans droits politiques, donc des personnes déshumanisées à qui l’on refuse les droits de l’homme. Le racisme d’État est donc une répression des droits politiques que ces personnes réclament : droit à la citoyenneté, au travail, à la santé, à la scolarisation. Des droits qui ne sont accordés qu’à ceux qui possèdent la citoyenneté, tandis que ceux qui en sont exclus – sur une large base raciale – se voient non seulement refuser l’accès au système de protection sociale, mais sont classés comme “indésirables”. Si les nationalistes italiens de droite s’éloignent aujourd’hui du comportement raciste “classique” en adoptant une attitude politiquement correcte et en évitant de discriminer ouvertement sur la base de la couleur de peau, ils restent convaincus que le fait de ne pas posséder de documents de voyage ou de visa de séjour et de ne pas être éligible à la protection internationale disqualifie les personnes de la protection de l’État, c’est-à-dire de leurs droits politiques. On passe ainsi d’une droite ethno-nationaliste à une droite administrative-nationaliste, ce qui est dans l’air du temps. Mais la violence demeure : les indésirables doivent être enfermés, éloignés, éliminés, ou au mieux traités comme des victimes du jour à qui il faut offrir un minimum de charité (Agier, 2017).

    Nous concluons donc en disant que le racisme en Tunisie n’est pas un fait culturel, mais une évolution géographique, politique, historique et sociale. Aujourd’hui en Tunisie, le gouvernement méditerranéen des indésirables se double d’une expression raciste du nationalisme arabo-musulman. C’est dans une région, le Maghreb, historiquement “séparée” du reste de l’Afrique par un immense désert. L’indépendance, avec ses récits nationalistes nécessaires pour chasser l’occupant et créer une nation, a créé un terreau fertile pour une xénophobie généralisée. Aujourd’hui, les Tunisiens, attirés par l’Europe, se sentent plus de ce côté-ci de la Méditerranée que de l’autre. Les uns après les autres, les dirigeants tunisiens n’ont cessé d’alimenter ce sentiment pro-européen et anti-africain et de faire le jeu d’une Europe qui parle en faveur des pauvres, mais qui les piétine ensuite.

    Au lieu de changer l’histoire et de passer pour un illuminé, Saïed décide de suivre ses prédécesseurs. Il serait beaucoup plus honnête de dire, comme certains parlementaires et militants tunisiens l’ont fait à plusieurs reprises, que la Tunisie n’est pas un pays tiers sûr, qu’elle ne peut plus jouer le rôle de garde-frontière et qu’il n’y a pas de possibilité de loger et de travailler pour les réfugiés sur son territoire. Que l’Europe, avec tout son argent, les prenne en charge, en somme ! Mais Saïed ne le dira jamais. C’est trop tard : un accord entre l’Union européenne et la Tunisia à déjà été signé le 16 Juillet 2023.

    Il faudrait alors, à tout le moins, promouvoir une forme d’antiracisme humanitaire à l’égard des personnes bloquées dans le pays. Ce serait un discours éthique et noble que l’Europe, avec ses traités sur les droits de l’homme, serait obligée d’accepter. D’autre part, pendant la guerre d’Algérie (1967) et la guerre en Libye (2011), des milliers de familles ont accueilli, nourri et aidé des milliers de réfugiés des pays voisins. En Tunisie, beaucoup sont prêts à recommencer, car l’hospitalité et l’aide aux autres font partie intégrante de la culture du pays. Mais Saïed décide de suivre le mauvais exemple des Européens, et cela, parce que c’est plus facile, c’est moins risqué. En se fichant éperdument de l’hospitalité, il accuse les Noirs d’être responsables des problèmes du pays, en diffusant des “fake news” et en expulsons des centaines de personnes. Il semble avoir bien appris de Macron, Meloni, Minniti, Salvini et bien d’autres. Disons-le haut et fort : les choses doivent changer en Tunisie, mais pour qu’elles changent, il faut d’abord qu’elles changent chez l’Europe. Tant que l’aide sera réservée à nos voisins, nous ne résoudrons pas les crises mondiales et la violence qui secouent notre monde aujourd’hui. Ler gouvernements Européens devons permettre à ces personnes, bloquées en Afrique du Nord, de faire leur vie en Europe. Et les gouvernements du Sud devront s’efforcer de donner aux Tunisiens, aux Nigérians, aux Tchadiens, aux Soudanais… une chance et un avenir chez eux. Les deux choses doivent être faites, main dans la main. Mais pour cela, nous avons besoin de toute urgence, en Tunisie comme en Italie, d’un discours antiraciste omniprésent, fort et oppositionnel, et d’une gauche qui sache s’affirmer selon les valeurs du vrai cosmopolitisme et de l’humanisme.

    https://www.meltingpot.org/fr/2023/07/racisme-et-domination-des-etats-mediterraneens

    #populisme #racisme_anti-Noirs #nationalisme #racisme_anti-noir #Kaïs_Saïed #répression #sans-papiers #migrations #arrestations #expulsions #désert #abandon #arbitraire #transit #blocage #limbe #pays_de_transit #militarisation_des_frontières #xénophobie #hégémonie #politique_migratoire #nationalisme_populiste #Sfax #Etat-nation #identité_nationale #racisme_d'Etat #bouc_émissaire #colère #frustration #droits #citoyenneté #antiracisme_humanitaire

    ping @_kg_

  • Immigration au Royaume-Uni : la nouvelle loi britannique est contraire au droit international, selon l’ONU
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/07/18/immigration-au-royaume-uni-la-nouvelle-loi-britannique-est-contraire-au-droi

    Immigration au Royaume-Uni : la nouvelle loi britannique est contraire au droit international, selon l’ONU
    Volker Türk, haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, a appelé le gouvernement conservateur de Rishi Sunak « à renouveler son engagement en faveur des droits humains en annulant cette loi ».
    Le Monde avec AFP
    La nouvelle loi britannique sur l’immigration, qui prévoit d’empêcher les migrants arrivés de manière illégale de demander l’asile dans le pays, est contraire au droit international, a dénoncé l’ONU mardi 18 juillet. La loi, adoptée par le Parlement britannique pendant la nuit de lundi à mardi, « est en contradiction » avec les obligations du Royaume-Uni au regard du droit international relatif aux droits de l’homme et aux réfugiés, ont affirmé dans un communiqué les chefs des agences de l’ONU chargés de ces sujets, Volker Türk et Filippo Grandi.
    Ce texte, qui s’avère crucial pour le premier ministre conservateur, Rishi Sunak, lequel s’est fixé comme priorité de lutter contre l’immigration illégale, doit encore être validé par le roi Charles III. Selon MM. Türk et Grandi, la loi aura « de profondes conséquences pour les personnes ayant besoin d’une protection internationale », ils relèvent notamment que la loi « crée de nouveaux pouvoirs de détention très étendus, avec un contrôle judiciaire limité ». L’ONU craint que des milliers de personnes ne restent indéfiniment au Royaume-Uni dans des situations juridiques précaires. « Depuis des décennies, le Royaume-Uni offre un refuge à ceux qui en ont besoin, conformément à ses obligations internationales », mais la nouvelle législation « érode considérablement le cadre juridique qui a protégé tant de personnes, exposant les réfugiés à de graves risques en violation du droit international », souligne M. Grandi. « En plus de soulever de très sérieuses préoccupations juridiques d’un point de vue international, ce projet de loi crée un précédent inquiétant », critique, pour sa part, M. Türk, qui craint que « d’autres pays, y compris en Europe » ne soient tentés de suivre ce modèle. Il appelle le gouvernement britannique « à renouveler son engagement en faveur des droits humains en annulant cette loi et en veillant à ce que les droits de tous les migrants, réfugiés et demandeurs d’asile soient respectés, protégés et appliqués, sans discrimination ».
    Cette loi, qui a suscité de nombreuses critiques au Royaume-Uni et de la part d’organisations internationales, empêche les migrants arrivés de manière illégale sur le territoire britannique de demander l’asile dans le pays. Le gouvernement veut, de plus, que les migrants, après avoir été placés en détention, soient rapidement expulsés, soit dans leur pays d’origine, soit dans un pays tiers, tel que le Rwanda, d’où qu’ils viennent.
    Londres a passé un accord l’an dernier avec le Rwanda pour y envoyer des migrants en situation illégale, mais aucune expulsion n’a encore eu lieu. Un premier vol prévu en juin 2022 avait été annulé après une décision de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).

    #Covid-19#migrant#migration#grandebretagne#politiquemigratoire#asile#droit#onue#cedh#detention#expulsion#rwanda

  • Les vies bouleversées de 286 travailleurs migrants par les travaux du village olympique
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/07/17/les-vies-bouleversees-de-286-travailleurs-migrants-par-les-travaux-du-villag

    Les vies bouleversées de 286 travailleurs migrants par les travaux du village olympique
    En 2021, un foyer a été détruit à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) pour faire place au futur village olympique. Depuis, les 300 habitants tentent de faire entendre leur voix pour obtenir un relogement qui les satisfasse.
    Par Laura Salabert et Clara Seren-Rosso
    Encore un an avant l’ouverture des Jeux olympiques (JO) de Paris, mais Boubacar Diallo sait déjà qu’il n’en gardera qu’un souvenir amer. Arrivé du Mali dans les années 1990, cet ouvrier dans le BTP est un résident historique du foyer de travailleurs migrants, place Pleyel, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). En 2021, il a été forcé de quitter les lieux. Le chantier des JO s’accélère et la résidence, située en plein cœur du futur village olympique, est rasée. Le foyer était vétuste – il se dégradait à vue d’œil –, mais Boubacar Diallo s’y sentait bien. « C’était une forteresse », se souvient-il, en repensant à la salle commune où se tenaient des cours de français et où les résidents se relayaient pour préparer des repas collectifs, dans de grandes casseroles. Le circuit de solidarité y était bien rodé : entre 20 et 30 euros par semaine et par personne dans le pot commun permettaient à ceux qui n’avaient pas encore touché leur paie de manger à leur faim. Adef Habitat, le gestionnaire immobilier du foyer, s’était engagé auprès des habitants à le rénover. Jusqu’à cette réunion de mars 2019 où ils sont informés de sa destruction, sans possibilité de négociation.
    « A ce moment-là, on ne nous proposait aucune solution de déménagement. On était juste mis dehors », se remémore Boubacar Diallo. Les résidents se mobilisent alors pour trouver une solution de relogement avant l’expulsion, prévue initialement en octobre 2019 avant d’être retardée par la crise sanitaire. Des associations, habitants audoniens et élus, commencent à manifester leur soutien. Soucieuse de son image, la Solideo, l’établissement public chargé des infrastructures des JO, accepte en février 2020 de financer un logement temporaire en préfabriqués, à 2,5 km au sud de l’ancien foyer.
    En poussant la porte de sa nouvelle chambre en mars 2021, Bakary Diakité a compris qu’il faudrait faire une croix sur le confort dans ce foyer provisoire. La seule fenêtre de la pièce donne sur un carrefour, à quelques mètres du périphérique. Même vitres fermées et stores baissés, le vrombissement de chaque voiture dérange. « En pleine nuit, c’est très bruyant. Les gens qui crient, les voitures… Je dors très mal », explique le Malien de 36 ans. Joliment peints, facilement identifiables à d’autres immeubles du quartier : de l’extérieur, les préfabriqués se fondent dans le décor. Mais les espaces communs sont insalubres car rarement nettoyés, les odeurs et les déchets s’accumulent dans les escaliers, dans les couloirs… Et il n’est plus possible de cuisiner ensemble : seule une petite salle d’une vingtaine de mètres carrés est disponible pour se réunir. A cela s’ajoute une mauvaise isolation, au point que certains résidents redoutent l’été. Ils se souviennent avoir vécu un cauchemar pendant la canicule en 2022. Et cet inconfort a un prix : 447 euros par mois, pour 18 m2, sans possibilité de toucher d’APL. De son côté, la Solideo se défend de tout défaut de construction qui « a fait l’objet d’un permis conforme aux normes », selon la chargée de communication de l’entreprise. Alors que les ouvrages de remplacement devaient être livrés au cours de l’année 2022, les retards s’accumulent. « Maintenant, on nous parle d’un emménagement en 2024 », déplore Bakary Diakité, dont le relogement est prévu non loin de son ancien quartier à Pleyel. La seconde résidence, située près de la gare RER de Saint-Ouen, est accessible depuis début avril, après un an de retard.
    « On voulait revenir sur site après les JO parce qu’on a appris qu’il serait réhabilité en logements sociaux et en bureaux. Mais on nous l’a refusé », explique Boubacar Diallo. Au-delà de son emplacement, ce relogement est loin d’être « exemplaire », selon Aïssatou Mbodj-Pouye, anthropologue et chercheuse au CNRS. Notamment parce que les résidents non déclarés du foyer – membres de la famille, amis ou victimes de marchands de sommeil – sont laissés sur la touche. « Souvent à Paris ou Montreuil, les personnes logées par les résidents sont prises en compte pour le relogement. Là, ça n’a pas été le cas. » Ils étaient environ 400 dans le foyer place Pleyel.
    Autre sujet de discorde : les plans des deux nouvelles résidences à Saint-Ouen n’ont plus rien à voir avec le modèle du foyer de Pleyel, cher aux habitants. Les appartements avec plusieurs chambres et de grands espaces communs laissent place à de petits studios exigus de 15 m2, avec un seul salon de 20 m2 pour tout le bâtiment. En somme, « les JO, c’est l’aubaine » pour accélérer le plan national lancé depuis plusieurs années, visant à mettre un terme à la vie en collectivité dans les foyers, explique Marianna Kontos, urbaniste et membre du comité de vigilance JO 2024. Après les Jeux, les prix des services vont augmenter en Seine-Saint-Denis, estime en outre Marianna Kontos. Cette dernière dénonce une « volonté de transformer socialement et durablement le quartier ».

    #Covid-19#migrant#migration#jeuxolympiques#iledefrance#foyertravailleurs#logement#expulsion#urbanisme#sante#postcovid

  • Chassés de Tunisie, des dizaines de Subsahariens secourus dans le désert par les autorités libyennes
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/07/17/chasses-de-tunisie-des-dizaines-de-subsahariens-secourus-dans-le-desert-par-

    Chassés de Tunisie, des dizaines de Subsahariens secourus dans le désert par les autorités libyennes. Selon des témoignages recueillis par l’AFP, les migrants avaient été déposés par la police tunisienne dans une zone désertique à la frontière entre les deux pays.
    Le Monde avec AFP
    Publié aujourd’hui à 09h53, modifié à 10h14
    Des gardes-frontières libyens ont secouru des dizaines de migrants subsahariens déposés selon eux par les autorités tunisiennes dans une zone désertique à la frontière entre les deux pays, et laissés sans eau, nourriture ou abri, a constaté une équipe de l’AFP, dimanche 16 juillet. Ces journalistes ont pu photographier et filmer plusieurs groupes de jeunes hommes et quelques femmes, visiblement épuisés et assoiffés, assis ou couchés sur le sable, tentant de s’abriter sous des arbustes décharnés, par des températures dépassant les 40 °C.A la suite d’affrontements ayant coûté la vie à un Tunisien le 3 juillet, des centaines de migrants africains ont été chassés de Sfax, deuxième ville de Tunisie et principal point de départ pour l’émigration clandestine vers l’Europe. Ils ont été conduits par la police tunisienne, selon des ONG, et abandonnés à leur sort dans des zones inhospitalières près de la Libye à l’est et l’Algérie à l’ouest.
    Les migrants secourus par les gardes-frontières libyens erraient dans une zone inhabitée, près d’Al-Assah, à environ 150 km au sud-ouest de Tripoli et une quinzaine de kilomètres à l’intérieur du territoire libyen. « Le nombre de migrants ne cesse d’augmenter chaque jour. Là, nous avons secouru entre 50 et 70 migrants. Nous leur offrons des soins médicaux, des premiers secours, considérant le trajet qu’ils ont fait dans le désert », a déclaré à l’AFP le lieutenant Mohamad Abou Snenah, membre d’une brigade qui effectue des patrouilles frontalières. L’AFP a pu rencontrer un groupe de femmes et d’enfants, dont des bébés, accueillis dans un centre où on les voit allongés sur des matelas ou manger des yaourts. « Ils nous ont raconté comment ils ont été maltraités par les autorités tunisiennes et ont dit avoir été frappés et torturés », a poursuivi l’officier, précisant que sa brigade est « chargée de sécuriser ce tronçon de la frontière ».
    Abou Kouni, un Ivoirien, a dit à l’AFP être arrivé en Tunisie il y a sept ans et avoir été brutalement interpellé avec sa femme dans la rue, la semaine passée, avant d’être embarqué dans un camion. Selon lui, les policiers leur ont dit qu’ils allaient « les jeter en Libye ». A la question de savoir pourquoi, ils lui auraient répondu : « On n’a pas besoin de vous en Tunisie », avant de lui prendre son téléphone et ceux de sa femme. M. Kouni a affirmé à l’AFP que les policiers l’ont « frappé » au torse et dans le dos, et menacé de le tuer. « Ils nous ont mis dans le désert et ils ont tiré dans notre direction en disant : “Allez en Libye !” », a-t-il dit, soulignant qu’après un périple dans le désert, ils ont croisé la police libyenne, qui leur a donné de l’eau, de la nourriture et des médicaments. « Je marche dans le désert depuis deux jours. Il y a 30 autres personnes de l’autre côté. Je ne veux plus retourner en Tunisie », a dit à l’AFP Moussa, un Malien de 20 ans.
    Selon des ONG tunisiennes, de 100 à 150 personnes se trouvaient encore abandonnées à leur sort, vendredi, dans des zones désertiques à la frontière entre la Libye et la Tunisie. Les jours précédents, le Croissant-Rouge tunisien avait mis à l’abri plus de 600 migrants, lâchés après le 3 juillet près du poste-frontière libyen à Ras Jedir, à 40 km au nord d’Al-Assah. La Libye abrite au moins 600 000 migrants subsahariens et a été accusée à de nombreuses reprises de mauvais traitements à leur encontre par des ONG et des organisations internationales.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#libye#migrationirreguliere#expulsion#afriquesubsaharienne#frontiere#sante#postcovid

  • Hautes-Alpes : le principal témoin de la noyade d’une jeune migrante menacé d’expulsion

    Hervé S., un Camerounais de 35 ans, est sous le coup d’une #OQTF. Un « #acharnement », selon son avocat, alors que l’homme avait assisté à la mort d’une jeune Nigériane dans une rivière après qu’elle a été poursuivie par les gendarmes français.

    « Voici comment on traite dans ce pays ceux qui osent interroger les pratiques des forces de l’ordre. » Devant la juge administrative du tribunal de Lyon, Me Jérôme Drahy pose ce jeudi 13 juillet l’enjeu – politique, estime-t-il – de la décision que le tribunal rendra en début de semaine prochaine. Son client, Hervé S., Camerounais de 35 ans, conteste l’#obligation_de_quitter_le_territoire_français (OQTF) prise à son encontre par la préfecture du Rhône et son #expulsion imminente. Il est aussi le principal #témoin à charge dans le dossier de Blessing Matthew. Cette Nigériane âgée d’une vingtaine d’années s’était noyée dans la Durance en crue en mai 2018, poursuivie par les gendarmes mobiles alors qu’elle venait de passer la frontière haut-alpine de Briançon (Hautes-Alpes) par des sentiers de montagne. Hervé était avec Blessing cette nuit-là.

    La justice avait classé sans suite l’enquête préliminaire et a toujours refusé depuis d’ouvrir une enquête judiciaire sur ce drame, malgré deux recours successifs portés par la famille de Blessing, l’association Tous migrants et le collectif de chercheurs Border Forensics. Cette ONG a publié un rapport en 2022, appuyé sur le témoignage d’Hervé et sur les contradictions dans les récits des gendarmes. Sa conclusion : « En poursuivant Blessing, les gendarmes ont pu la mettre en danger, menant à sa chute dans la Durance et à sa mort. » Après le rejet de leur demande de réouverture de l’enquête, Tous migrants et Border Forensics ont déposé une requête devant la Cour européenne des droits de l’homme en octobre 2022, qui n’a pas encore été examinée. Hervé est donc un témoin clé. Pour maître Drahy, « l’empilement de mesures défavorables » à l’égard de son client, relève d’un « acharnement ».

    « Syndrome de stress post-traumatique »

    Hervé S. craint par ailleurs pour sa vie s’il est renvoyé au Cameroun, où il est toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt. Depuis le départ de son pays natal, en 2018, il a connu un parcours « jalonné par la mort et la souffrance », selon son avocat. Harcelé par l’armée camerounaise, en raison de sa liaison avec Aïcha, la fille d’un colonel de gendarmerie musulman, lui qui est chrétien, il est d’abord emprisonné et violemment torturé dans une caserne. Son corps en porte les stigmates. Il décide de prendre la fuite du Cameroun avec Aïcha et leur bébé. Ils sont rançonnés en Libye, où Aïcha est aussi violée. La famille décide de traverser la Méditerranée pour l’Europe, mais Aïcha et son fils se noient – sous les yeux d’Hervé – lors du naufrage de leur embarcation de fortune au large des côtes italiennes.

    L’homme souffre depuis d’un profond sentiment de culpabilité. Pire : selon ses dires, au pays, le colonel n’a jamais cessé de harceler sa famille. Son père est mort d’un AVC après avoir été menacé et sa sœur a péri lors de l’incendie criminel de sa maison. Me Drahy, certificats médicaux récents à l’appui, indique que l’état de son client nécessite aujourd’hui des soins impératifs : « Syndrome de stress post-traumatique et dépression sévère. »

    Une décision « doublement vitale »

    Un diagnostic qui explique, selon l’avocat, l’échec de sa demande d’asile en 2021 : Hervé S. n’a pas su défendre son dossier. Ce jeudi 13 juillet, devant la juge, le Camerounais a en effet beaucoup de mal à s’exprimer. D’une voix sourde, il dit laconiquement qu’il n’a « plus de famille vivante au Cameroun ». Ses souhaits ? « Que justice soit faite, pour moi, pour Blessing, et que je sois bien soigné. » De son côté, la représentante de la préfecture du Rhône se retranche derrière les décisions de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides et de la cour nationale du droit d’asile, estimant que les propos d’Hervé S. sont « inconsistants » et son récit « non personnalisé ». Pour Michel Rousseau, vice-président de Tous migrants, présent à l’audience, la décision que va prendre le tribunal est « doublement vitale » : pour Hervé S., « à qui l’on dénie le droit à l’asile et à la santé, condamné à mourir immédiatement ou à petit feu s’il rentre au Cameroun ». Et pour « l’espoir d’obtenir un jour vérité et justice pour Blessing ».

    https://www.liberation.fr/societe/hautes-alpes-le-principal-temoin-de-la-noyade-dune-jeune-migrante-menace-

    #Hervé #Blessing #migrations #asile #réfugiés

    voir aussi :
    Mort de #Blessing, 20 ans, à la frontière : un témoin sort de l’ombre pour accuser les gendarmes
    https://seenthis.net/messages/962473

    25.10.2022. Mort de Blessing Matthew : Face à l’impunité en France, nous introduisons une requête devant la #Cour_européenne_des_droits_de_l’homme
    https://seenthis.net/messages/977402

    • Traduction en italien (rapide):

      Hautes-Alpes: il testimone principale dell’annegamento di una giovane migrante è minacciato di espulsione

      Hervé S., camerunense di 35 anni, ha ricevuto un foglio di via. Secondo il suo avvocato, si tratta di un «accanimento», poiché l’uomo aveva assistito alla morte di una giovane donna nigeriana in un fiume dopo che era stata inseguita dai gendarmi francesi.

      «È così che in questo Paese si trattano le persone che osano mettere in discussione le pratiche della polizia». Giovedì 13 luglio, davanti al giudice amministrativo del tribunale di Lione, l’avvocato Jérôme Drahy ha esposto la posta in gioco - politica, a suo avviso - per la decisione che il tribunale emetterà all’inizio di prossima settimana. Il suo cliente, Hervé S., camerunense di 35 anni, contesta l’obbligo di lasciare il territorio francese (OQTF) impostogli dalla prefettura del Rodano e la sua imminente espulsione. Hervé S. è anche il principale testimone dell’accusa nel caso di Blessing Matthew. Questa donna nigeriana di vent’anni è annegata nella Durance in piena nel maggio 2018, inseguita dalle forze dell’ordine mentre attraversava il confine con le Alpi da Briançon (Hautes-Alpes) lungo i sentieri di montagna. Hervé era con Blessing quella notte.

      I tribunali hanno archiviato l’indagine preliminare e da allora si sono rifiutati di aprire un’inchiesta giudiziaria su questa tragedia, nonostante due successivi ricorsi presentati dalla famiglia di Blessing, dall’associazione Tous migrants e dal gruppo di ricerca Border Forensics. Quest’ultima ONG ha pubblicato un rapporto nel 2022, basato sulla testimonianza di Hervé e sulle contraddizioni dei racconti dei gendarmi. La sua conclusione: «Inseguendo Blessing, i gendarmi potrebbero averla messa in pericolo, causandone la caduta nella Durance e la morte». Dopo che la loro richiesta di riaprire l’inchiesta è stata respinta, nell’ottobre 2022 Tous Migrants e Border Forensics hanno presentato un ricorso alla Corte europea dei diritti umani, che non è ancora stato esaminato. Hervé è quindi un testimone chiave. Per Maître Drahy, «l’accumulo di misure sfavorevoli» nei confronti del suo cliente equivale a «un accanimento».

      Disturbo da stress post-traumatico

      Hervé S. teme anche per la sua vita se venisse rimandato in Camerun, dove è ancora in vigore un mandato di arresto contro di lui. Da quando ha lasciato il suo Paese natale nel 2018, il suo viaggio è stato «segnato da morte e sofferenza», secondo il suo avvocato. Molestato dall’esercito camerunese a causa della sua relazione con Aïcha, figlia di un colonnello musulmano della gendarmeria, è stato imprigionato e violentemente torturato in una caserma. Il suo corpo ne porta ancora le cicatrici. Decide di fuggire dal Camerun con Aïcha e il loro figlio. Vengono imprigionati in Libia, dove Aïcha viene anche violentata e dove dovranno pagare per uscire dai campi di prigionia. La famiglia decide di attraversare il Mediterraneo per raggiungere l’Europa, ma Aïcha e suo figlio annegano - sotto gli occhi di Hervé - quando la loro barca di fortuna affonda al largo delle coste italiane.

      Da allora l’uomo soffre di un profondo senso di colpa. Peggio ancora: secondo lui, a casa, il colonnello non ha mai smesso di perseguitare la sua famiglia. Suo padre è morto per un ictus dopo essere stato minacciato e sua sorella è stata uccisa, nella sua casa, in un incendio di origine dolosa. I certificati medici confermano lo stato di salute di Hervé e l’avv. Drahy indica che le condizioni del suo cliente richiedono oggi cure urgenti: «Disturbo post-traumatico da stress e grave depressione».

      Una decisione doppiamente vitale

      Secondo l’avvocato, questa diagnosi spiega il fallimento della sua domanda d’asilo nel 2021: Hervé S. non era in grado di difendere il suo caso. Giovedì 13 luglio, davanti al giudice, il camerunese aveva grandi difficoltà ad esprimersi. Con voce sorda, ha detto laconicamente di «non avere più una famiglia in Camerun». I suoi desideri? «Che sia fatta giustizia per me, per Blessing, e che io sia curato». Da parte sua, la rappresentante della prefettura del Rodano si nasconde dietro le decisioni dell’Ufficio francese per la protezione dei rifugiati e degli apolidi e del Tribunale nazionale per il diritto d’asilo, ritenendo che le dichiarazioni di Hervé S. siano «incoerenti» e la sua storia «non personalizzata». Per Michel Rousseau, vicepresidente di Tous migrants, presente all’udienza, la decisione del tribunale è «doppiamente vitale»: per Hervé S., «a cui viene negato il diritto all’asilo e alla salute, condannato a morire immediatamente o lentamente se torna in Camerun». E per «la speranza di ottenere un giorno verità e giustizia per Blessing».

  • En Tunisie, des Subsahariens expulsés de Sfax, sur le rivage de la Méditerranée, vers le désert
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/07/06/en-tunisie-des-subsahariens-expulses-de-sfax-vers-le-desert_6180768_3212.htm

    En Tunisie, des Subsahariens expulsés de Sfax, sur le rivage de la Méditerranée, vers le désert
    Selon les témoignages recueillis par « Le Monde », des dizaines de migrants présents dans la ville portuaire ont été emmenés par les forces de sécurité à la frontière libyenne.
    Par Monia Ben Hamadi(Sfax, Tunisie, envoyée spéciale)
    Publié le 06 juillet 2023 à 10h51, modifié le 06 juillet 2023 à 13h21
    Des migrants subsahariens à Sfax, le 5 juillet 2023. IMED HADDAD / AFP
    « Nous sommes sur une plage au milieu du désert. » Mercredi 5 juillet vers 10 heures du matin, Ismaël, un jeune Ivoirien installé en Tunisie depuis 2019, vient d’envoyer au Monde sa localisation exacte, grâce à l’application de messagerie instantanée WhatsApp. Le repère placé sur la carte fait la jonction entre la Tunisie, à gauche, la Libye, à droite, et en face, la mer Méditerranée. La nuit précédente, Ismaël et des dizaines d’autres ressortissants d’Afrique subsaharienne ont été transférés de force de la ville portuaire de Sfax (centre-est) vers ce no man’s land, une zone tampon située à proximité du poste-frontière de Ras Jdir, à quelque 350 kilomètres de la deuxième ville du pays.
    Dans une vidéo transmise au Monde vers 17 h 30 par Isaac, un ressortissant guinéen également déplacé dans la nuit de mardi à mercredi, plusieurs dizaines de personnes – voire quelques centaines selon trois témoins sur place – sont toujours amassées sur cette plage, dont des femmes, des enfants et des nourrissons. « On boit l’eau de la mer, on n’a rien mangé depuis hier », alerte une des femmes, son bébé dans les bras, sous le soleil.
    Militaires et agents de la garde nationale nient ces transferts forcés. « Si les migrants sont là-bas, c’est qu’ils doivent venir de Libye », assure l’un d’eux, présent dans la zone frontalière. Les autorités, elles non plus, ne reconnaissent pas ces rafles de migrants. Seul un député, Moez Barkallah, a évoqué ces opérations. Dans une déclaration à l’agence tunisienne de presse, la TAP, il s’est félicité que plus d’un millier de migrants subsahariens aient été expulsés, depuis l’Aïd-el-Kébir, vers les régions frontalières de la Libye et de l’Algérie. Des pays qui, selon lui, parrainent ces opérations.Les témoignages de ces migrants sont de plus en plus nombreux. D’après Ismaël et ses compagnons, des policiers sont venus les chercher dans leur quartier de Sfax et les ont fait monter à bord de leurs véhicules, sous les acclamations de certains habitants, en leur promettant de les mettre « en sécurité » dans la capitale, Tunis. Mais, au lieu d’aller vers le nord, ils ont roulé vers le sud et le désert.
    Cette opération fait suite à des journées d’extrême tension consécutives à la mort d’un Tunisien, lundi 3 juillet, tué dans une rixe avec des migrants subsahariens, selon le porte-parole du parquet de Sfax. Trois hommes, de nationalité camerounaise, selon les autorités, ont été arrêtés. Dans la foulée, certains quartiers de Sfax ont été le théâtre de violents affrontements. Des habitants tunisiens se sont regroupés pour s’attaquer aux migrants et les déloger. « On ne les veut plus chez nous, on va s’en occuper nous-mêmes, assure l’un d’eux, torse nu, son tee-shirt sur la tête pour masquer son visage, dans une vidéo partagée sur Facebook. Sortez tous, nous allons reprendre nos maisons. »
    Mardi, dans un communiqué, le président tunisien, Kaïs Saïed, a affirmé que son pays refuse d’être « une zone de transit ou d’accueil pour les arrivants de plusieurs pays africains ». A l’intention de l’Union européenne, qui veut obtenir de la Tunisie qu’elle empêche les départs en Méditerranée, il a ajouté que son pays « ne protège que ses propres frontières ».
    Cela fait des mois que la défiance s’installe dans la ville portuaire, où les migrants sont de plus en plus nombreux, y attendant de pouvoir embarquer à bord d’un bateau pour l’Europe. Fin février 2023, alors qu’une campagne contre les migrants subsahariens lancée par le Parti nationaliste tunisien était largement diffusée sur les réseaux sociaux et dans les médias, la haine s’est exacerbée après le discours de Kaïs Saïed accusant des « hordes de migrants clandestins » d’être source de « violence, de crimes et d’actes inacceptables ».Dans les semaines qui ont suivi, des organisations de défense des droits humains ont recensé des dizaines d’agressions, d’expulsions et de licenciements de migrants. Le gouvernement tunisien s’est défendu de tout « racisme », évoquant « une campagne orchestrée et de source bien connue ».
    Déjà difficiles, les conditions de vie d’Ismaël, le jeune Ivoirien, se sont encore détériorées. Les manifestations contre les migrants à Sfax se sont multipliées, de même que les accusations de crimes et de violences, reprises une nouvelle fois par le chef de l’Etat. A à peine 30 ans, Ismaël n’a alors plus eu qu’une idée en tête : partir vers l’Europe. Il a tenté de le faire une première fois à la fin de l’hiver, mais son aventure a échoué après l’interception de son bateau par la garde maritime. Il a alors été relâché à Sfax, où il pensait faire profil bas, en attendant des jours meilleurs.
    Depuis que les informations sur les expulsions de migrants ont circulé, mercredi, des dizaines d’autres Subsahariens se sont regroupés dans les gares ferroviaires et les stations de bus pour fuir Sfax. Le soir même, la tension est redescendue d’un cran dans les rues de la ville. Dans un petit parc du centre-ville, près d’une mosquée, des dizaines de migrants sont regroupés, des femmes dorment, quelques-uns discutent, deux sont blessés à la tête.Leurs discussions sont rythmées par les sirènes de la police ou le bruit de motards tunisiens qui semblent faire des rondes. « Les policiers sont là pour nous protéger », se rassure Abdallah, même s’il craint d’être attaqué à tout moment. Expulsés de chez eux, empêchés de traverser la mer vers l’Europe, ils attendent de pouvoir fuir la ville ou retrouver des conditions de vie « acceptables ».Depuis le sud du pays, alors que le soleil s’apprête à se coucher, Ismaël rappelle, apeuré. « Beaucoup de militaires sont arrivés près de l’endroit où nous sommes, on ne sait pas ce qu’ils vont nous faire », précise-t-il.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#UE#transit#afriquesubsaharienne#politiquemigratoire#expulsion#violence

  • La justice britannique se prononce en appel contre les expulsions de migrants vers le Rwanda
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/06/29/la-justice-britannique-se-prononce-en-appel-contre-les-expulsions-de-migrant

    La justice britannique se prononce en appel contre les expulsions de migrants vers le Rwanda
    La cour d’appel a estimé que le Rwanda ne peut en l’état être considéré comme un « pays tiers sûr », ayant relevé « un risque réel que les personnes envoyées au Rwanda soient renvoyées dans leur pays d’origine ».
    Le Monde avec AFP
    C’est un sévère camouflet pour le gouvernement, qui voulait par une de ses mesures-phares décourager l’immigration illégale. La justice britannique a déclaré, jeudi 29 juin, « illégal » le projet controversé d’expulser vers le Rwanda les migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni. Cette décision peut encore faire l’objet d’un recours devant la Cour suprême. La cour d’appel a estimé que le Rwanda ne peut en l’état être considéré comme un « pays tiers sûr » car « les déficiences du système d’asile [y] sont telles » qu’il peut y avoir « un risque réel que les personnes envoyées au Rwanda soient renvoyées dans leur pays d’origine ». La lutte contre l’immigration illégale fait partie des priorités du gouvernement du premier ministre, Rishi Sunak. Malgré les promesses du Brexit de « reprendre le contrôle », plus de 45 000 migrants ont traversé la Manche depuis la France à bord de petites embarcations en 2022, plus qu’aucune autre année. Et ils sont déjà plus de 11 000 cette année à avoir fait de même.
    En décembre dernier, la Haute Cour de Londres avait donné son aval au projet d’en expulser certains vers le Rwanda, projet depuis à l’arrêt en raison des recours en justice, en jugeant le dispositif légal. Les juges avaient toutefois accepté que soit examiné l’appel de plusieurs requérants et de l’association Asylum Aid, qui apporte un soutien juridique aux demandeurs d’asile. De son côté, le gouvernement rwandais a annoncé rester engagé dans l’accord avec Londres prévoyant l’expulsion de migrants clandestins de Grande-Bretagne vers le Rwanda, malgré cette décision. « Si cette décision appartient en dernier ressort à la justice britannique, nous contestons le fait que le Rwanda ne soit pas considéré comme un pays sûr pour les réfugiés et demandeurs d’asile », a ajouté la porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo. Parmi les points soumis à la cour d’appel, la question de savoir si le projet est « injuste de manière systémique » et si l’on doit empêcher que les demandeurs d’asile soient expulsés vers un pays où ils risquent d’être persécutés. Lors de l’audience en avril, les avocats des demandeurs avaient étrillé la « déférence excessive » des premiers juges envers les assurances données sur la protection des migrants contre la torture ou les traitements inhumains. Les avocats du ministère de l’intérieur avaient rétorqué en invoquant la volonté du Rwanda de « coopérer avec les mécanismes de surveillance internationale » et la confiance de Londres envers les assurances apportées par Kigali.
    Le plan d’envoyer les demandeurs d’asile vers le Rwanda avait été annoncé alors que Boris Johnson était premier ministre. Le gouvernement avait conclu avec Kigali l’accord prévoyant les expulsions de migrants en espérant décourager ces traversées. Aucune expulsion n’a toutefois encore eu lieu, un premier vol prévu en juin 2022 avait été annulé après une décision de la Cour européenne des droits de l’Homme, qui réclamait un examen approfondi de cette politique. Le gouvernement a reconnu récemment que ces expulsions coûteraient près de 200 000 euros par personne. Cependant, le ministère estime que sur quatre ans il pourrait économiser 106 000 livres sterling (123 290 euros) pour chaque demandeur d’asile, sur les frais d’hébergement entre autres. Pour que le projet soit rentable, il faudrait que deux migrants sur cinq soient dissuadés de traverser la Manche, selon ces données.

    #Covid-19#migrant#migration#grandebretagne#expulsion#rwanda#droit#CDHE#asile#postocovid

  • Podcast : Deportation profiteers

    Corporate Watch was recently interviewed by the #Civil_Fleet podcast to discuss the airlines, brokers, security firms and facilities management companies that make the UK border regime (https://corporatewatch.org/product/the-uk-border-regime) possible, as well as exploring how we can work together to resist them.

    The Civil Fleet is a UK-based blog and podcast that focuses on activist-led refugee rescue and support missions in the Mediterranean and across Fortress Europe. For show notes and more Civil Fleet podcasts see here (https://civilfleet.libsyn.com/episode-40-profiting-from-europes-deportation-regime). The blog can be found here (https://civilfleet.libsyn.com).

    https://corporatewatch.org/podcast-deportation-profiteers
    #renvois #expulsions #complexe_miliaro-industriel #frontières #migrations #réfugiés #asile #compagnies_aériennes #UK #Angleterre
    #podcast #audio

    ping @_kg_

  • Bulgaria and Romania speed up asylum and deportation procedures with EU support

    #Pilot_projects” intended to beef up border controls, accelerate asylum and deportation proceedings, and reinforce the role of EU agencies in Bulgaria and Romania have just begun - yet EU legislation intended to do the same is yet to be approved.

    Pilot projects

    In February the European Council confirmed its support for Commission-funded “border management pilot projects,” and two such projects have been launched in recent months, in Bulgaria (€45 million) and Romania (€10.8 million).

    As revealed by Statewatch in March, “the key border between Bulgaria and Turkiye,” was to be the first target of €600 million being made available to reinforce border controls and speed up removals.

    Of that funding, the Commission recently announced that it will make €140 million available “for the development of electronic surveillance systems at land external borders” and €120 million to “support reception and asylum systems,” in particular for the reception of unaccompanied minors and “reception capacity at the border”.

    Both Bulgaria and Romania have recently circulated notes within the Council to update other member states on the projects, and the Commission also trumpeted the “progress made” in a press release.

    Bulgaria

    According to the Bulgarian note, (pdf) the project “foresees the implementation by Bulgaria of targeted tools for border management and screening of third country nationals, conduct of an accelerated asylum and return procedure and cooperation in the fight against migrant smuggling.”

    The project is being implemented “with the operational and technical support of the relevant JHA agencies (EUAA, Europol and Frontex). It builds on Bulgaria’s good practices and experience, including its excellent cooperation with its neighboring countries and the EU agencies present in Bulgaria. The duration of the pilot is 6 months.”

    The country is “improving the digitalization of the asylum and return systems,” while:

    “Work is ongoing on legislative amendments for issuing of a return decision at the same time with a negative decision for international protection. Bulgaria is also working on drawing up a list with designated safe countries of origin in line with the Asylum Procedure Directive. Negotiations are ongoing with EUAA on an updated Operational plan in the field of asylum.”

    A “Roadmap for strengthened cooperation” with Frontex is “pending finalization”, which will allow for “provision of technical equipment and increased deployment of personnel.”

    However, Frontex presence in the country has already been stepped up, according to the Commission’s press release, with the agency providing “additional support to Bulgaria through return counsellors and interpreters.”

    The note also states an intention to a sign a Joint Action Plan on Return “in the margins of JHA Council,” presumably the meeting on 8 and 9 June, but the Council’s press release makes no mention of this.

    Romania

    While the Bulgarian note is not particularly detailed, it offers more information than the one circulated by Romania (pdf).

    The Romanian note states that agreement with the European Commission on launching the pilot project was reached on 17 March, and that it aims to implement “key operational actions in the area of border protection, asylum and return. One of the targeted operational actions foresees setting up pilot projects in interested Member States for fast asylum and return procedures.”

    While the Bulgarian note mentions the need for legal reforms to accelerate asylum and removal proceedings, the Romanian note says that this “showcase” of “Romania’s best practices in the areas of asylum, return, border management and international cooperation.. is based on EU and applicable Romanian legislation, as well as on Romania’s very good cooperation with neighbouring countries and EU agencies.”

    According to the Commission, however, Romania has changed national law in two respects: “to allow for the participation of EUAA [EU Asylum Agency] experts in the registration and assessment of asylum applications,” and - as in Bulgaria - “to allow for the issuing of a negative decision on international protection together with a return decision.”

    The country has also been cooperating with Frontex on align its national IT systems for deportations with the agency’s own, and “Romanian authorities will host and use the first Frontex Mobile Surveillance Vehicles at Romanian - Serbian border section of the Terra 2023 operational area.”

    Terra 2023 is presumably a continuation of the Frontex operation Terra 2022.

    Documentation

    - European Commission press release: Migration management: Update on progress made on the Pilot Projects for asylum and return procedures and new financial support for Bulgaria and Romania: https://www.statewatch.org/media/3932/eu-com-pilot-projects-bulgaria-romania-pr-7-6-23.pdf
    - Bulgarian delegation: Pilot project at the Bulgarian-Turkish border. Council doc. 9992/23, LIMITE, 5 June 2023, pdf: https://www.statewatch.org/media/3930/eu-council-bulgaria-pilot-project-migration-asylum-9992-23.pdf
    - Romanian delegation: Pilot project in the area of asylum, returns, border management and international cooperation, Council doc. 9991/23, LIMITE, 5 June 2023: https://www.statewatch.org/media/3931/eu-council-romania-pilot-project-migration-asylum-09991-23.pdf

    https://www.statewatch.org/news/2023/june/bulgaria-and-romania-speed-up-asylum-and-deportation-procedures-with-eu-
    #Bulgarie #Roumanie #renvois #expulsions #contrôles_frontaliers #financement #EU #UE #aide_financière #JHA #Europol #Frontex #EUAA #externalisation #externalisation_des_contrôles_frontaliers #digitalisation #directive_procédure #pays_sûrs #militarisation_des_frontières #Joint_Action_Plan_on_Return #Frontex_Mobile_Surveillance_Vehicles #Mobile_Surveillance_Vehicles #Terra_2023 #frontières

  • UE : les Vingt-Sept s’accordent sur une réforme de l’asile, après trois ans d’intenses débats

    Les ministres européens ont arraché jeudi un accord sur deux volets clés d’une réforme de la politique migratoire. La réforme prévoit un système de solidarité entre États membres, et un examen accéléré des demandes d’asile de certains exilés aux frontières afin de les renvoyer plus facilement vers leur pays d’origine ou de transit. La commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson s’est réjouie d’une « étape très importante » pour le Pacte sur l’asile et la migration, présenté en septembre 2020.

    La journée de jeudi 8 juin a été marquée par de difficiles négociations entre États membres sur le sujet brûlant de l’immigration. Contre toute attente, les ministres européens de l’Intérieur réunis à Bruxelles sont parvenus à signer un accord dans la soirée après trois ans d’intenses débats - le projet de réforme a été présentée par la Commission européenne en septembre 2020.

    Ce feu vert ouvre la voie à des pourparlers avec le Parlement européen, en vue d’une adoption de la réforme avant les élections européennes de juin 2024.

    « Ce ne sont pas des décisions faciles pour tous ceux qui sont autour de la table, mais ce sont des décisions historiques », a salué la ministre allemande de l’Intérieur, Nancy Faeser. La commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson s’est réjouie d’une « étape très importante » pour le Pacte sur l’asile et la migration.

    Alors, que contient l’accord ? InfoMigrants fait le point.
    1/ Mécanisme de solidarité

    L’un des textes agréés par les ministres prévoit un système de solidarité entre États membres dans la prise en charge des migrants. Quelque 30 000 demandeurs d’asile seraient relocalisés chaque année dans un pays de l’Union européenne (UE).

    Ce mécanisme de solidarité serait rendu obligatoire mais « flexible » au sein de l’UE dans la prise en charge des exilés.

    Les États membres seraient tenus d’accueillir un certain nombre de ces demandeurs arrivés dans un pays de l’UE soumis à une pression migratoire, ou à défaut d’apporter une contribution financière.

    Les pays qui refuseraient d’accueillir des migrants devraient payer 20 000 euros pour chaque demandeur d’asile non relocalisé. Ces sommes seraient versées sur un fonds géré par la Commission et destiné à financer des projets liés à la gestion de la migration.
    2/ Examen accéléré des demandes d’asile

    L’autre texte endossé par les ministres contraint les États membres à mettre en œuvre une procédure accélérée d’examen des demandes d’asile -12 semaines maximum-, dans des centres situés aux frontières, pour les migrants qui ont statistiquement le moins de chances de se voir accorder le statut de réfugié.

    C’est le cas, par exemple, des ressortissants « du Maroc, de l’Algérie, de la Tunisie, du Sénégal, du Bangladesh et du Pakistan », a commenté la secrétaire d’État belge à l’Asile et à la Migration, Nicole de Moor.

    L’objectif est de faciliter le renvoi de ces migrants vers leur pays d’origine ou de transit.
    3/ Des propositions non retenues

    Lors des discussions, une dizaine d’États membres, dont l’Italie et la Grèce, ont exprimé leur opposition ou leurs réserves sur les propositions sur la table.

    C’est le cas par exemple de la volonté de certains pays verser de l’argent aux pays en première ligne dans les arrivées de migrants. En échange, ces États géreraient l’accueil des exilés.

    Une proposition farouchement rejetée par certains pays, dont l’Italie. « Nous avons écarté l’hypothèse selon laquelle l’Italie et tous les États membres de première entrée seraient payés pour garder les migrants irréguliers sur leur territoire. L’Italie ne sera pas le centre d’accueil des migrants au nom de l’Europe », a indiqué dans un communiqué le ministre italien Matteo Piantedosi.

    L’Italie et la Grèce, ainsi que d’autres pays, réclamaient de leurs côtés de pouvoir renvoyer des migrants déboutés du droit d’asile vers des pays tiers « sûrs » par lesquels ils ont transité, même en l’absence d’autres liens (famille, travail...) entre le migrant et ce pays. Une idée qui rencontrait l’hostilité de l’Allemagne. Le compromis prévoit qu’il revient aux États membres d’apprécier si le simple transit constitue un lien suffisant.

    La ministre allemande avait réclamé que « les familles avec des enfants en bas âge ne soient pas soumises à la procédure frontalière ». Cette disposition, qui était défendue par une minorité d’États membres, ne figure toutefois qu’en annexe du texte.
    4/ Hostilité de certains pays

    La Pologne et la Hongrie ont voté contre la réforme, tandis que la Bulgarie, Malte, la Lituanie et la Slovaquie se sont abstenues, a-t-on appris auprès de la présidence suédoise du Conseil de l’UE, qui a mené les longues et complexes négociations.

    Le Premier ministre hongrois nationaliste Viktor Orban a qualifié vendredi d’"inacceptable" cet accord. « Bruxelles abuse de son pouvoir. Ils veulent ‘relocaliser’ les migrants vers la Hongrie par la force. C’est inacceptable », a-t-il réagi, selon un message posté sur Twitter par le porte-parole du gouvernement Zoltan Kovacs.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/49551/ue--les-vingtsept-saccordent-sur-une-reforme-de-lasile-apres-trois-ans
    #accord #asile #migrations #réfugiés #UE #union_européenne #procédure_accélérée #Pacte_sur_l'asile_et_la_migration #relocalisation #mécanisme_de_solidarité #renvois #expulsions #2023 #8_juin_2023

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    ajouté à la métaliste sur le pacte :
    https://seenthis.net/messages/1019088

    • Il Patto europeo sulla migrazione riduce la protezione per coloro che cercano asilo

      I leader dell’Unione europea hanno raggiunto un accordo sul “Patto su migrazione e asilo”, che rischia di ridurre gli standard di protezione per le persone in arrivo alle frontiere degli stati membri.

      “Le persone che cercano rifugio nell’Unione europea hanno diritto a un’accoglienza basata sulla dignità e sulla compassione. Col Patto, invece, alle frontiere degli stati membri verrebbero istituite procedure destinate, consapevolmente, a causare sofferenza attraverso la detenzione per mesi in centri chiusi lungo le frontiere. Gli stati membri potrebbero anche rinviare persone in cerca di salvezza verso paesi da loro giudicati sicuri”, ha dichiarato Eve Geddie, direttrice dell’ufficio di Amnesty International presso l’Unione europea.

      “Con l’accordo odierno, la solidarietà resta un concetto vuoto e dimenticato: consentirebbe infatti agli Stati membri di non partecipare alla solidarietà, contribuendo invece ad un fondo comune che può essere utilizzato per pagare i paesi extraeuropei per accogliere le persone in cerca di protezione. Gli stati membri alla frontiera esterna resterebbero con poco sostegno da parte degli altri”, ha proseguito Geddie.

      “Avevamo sperato in una riforma basata sulla solidarietà e sul pieno rispetto dei diritti delle persone migranti e richiedenti asilo. Ora sta al Parlamento europeo impedire nei negoziati che seguiranno che questo Patto, così com’è, entri a far parte della legislazione europea e per assicurare la costruzione di un approccio umano e sostenibile”, ha concluso Geddie.

      https://www.amnesty.it/il-patto-europeo-sulla-migrazione-riduce-la-protezione-per-coloro-che-cercan
      #rétention #détention_administrative

  • Des militants européens venus manifester en France se retrouvent bannis du territoire

    Cinq #antifascistes italiens ont été arrêtés mardi 6 juin. Ils avaient participé à la manifestation en hommage à Clément Méric et risquent l’expulsion. Avant eux, un Suisse, une Allemande et un Belge ont subi le même sort, avant d’être placés en rétention et renvoyés dans leur pays.

    DepuisDepuis plusieurs mois, le ministère de l’intérieur multiplie les obligations de quitter le territoire français (OQTF) et les interdictions administratives du territoire (IAT) à l’égard de militantes et militants européens venus manifester en France, au prétexte qu’ils représentent une « menace réelle » pour le pays.

    Chaque fois, le procédé est le même : les personnes sont interpellées avant, pendant ou après une manifestation organisée sur le sol français, placées en centre de rétention administrative (CRA) puis expulsées lorsque le juge des libertés et de la détention ou le tribunal administratif ne décide pas de leur libération.

    Les militant·es ont alors interdiction de revenir en France, même lorsqu’ils y ont des attaches ou des liens familiaux. Pour les manifestant·es concerné·es comme pour les acteurs associatifs, ces pratiques du ministère s’apparentent à une nouvelle façon de mater les mobilisations dans le cadre de luttes politiques, sociales ou écologistes, à l’heure où l’« ultragauche », l’« écoterrorisme » et le « terrorisme intellectuel de l’extrême gauche » sont largement pointés du doigt par Gérald Darmanin.

    « Les services de renseignement anticipent la participation à la journée nationale d’action de mardi de membres de l’ultragauche venus de l’étranger », avait ainsi annoncé le ministre de l’intérieur dans un tweet le 4 juin, se targuant d’avoir déjà pris dix-sept interdictions administratives du territoire pour « empêcher ces individus de rejoindre les cortèges et le cas échéant de faciliter leur interpellation ».

    Interrogé sur les cas spécifiques que nous documentons dans cet article, le ministère de l’intérieur ne nous a pas répondu.

    Parmi eux, plusieurs ressortissantes et ressortissants italiens venus participer à la manifestation en hommage à Clément Méric, le week-end dernier à Paris, ont été interpellés mardi 6 juin au soir dans une pharmacie d’Aubervilliers. Cinq de ces militant·es antifascistes ont été embarqué·es au commissariat, et deux ont été depuis libérés. Les trois autres, deux femmes et un homme, ont été placé·es aux CRA de Vincennes (Val-de-Marne) et du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) avec l’objectif de les expulser vers l’Italie.

    Mais leur audience devant le juge des libertés et de la détention jeudi 8 juin est venue contrarier la décision du ministère de l’intérieur et permettre leur sortie du CRA ; le juge estimant que la mesure, qui ne correspond pas à une mesure d’éloignement classique et reste limitée dans le temps, « visait à les évincer de la tenue d’une manifestation » et qu’il y avait eu là « un détournement des conditions ouvrant au placement en rétention administrative ».

    Selon nos informations, tous les trois font ainsi l’objet d’une interdiction administrative du territoire. Mais, fait surprenant, il s’agit d’une IAT temporaire, prise le 2 juin et allant jusqu’au 11 juin, ce qui est peu courant. La mesure, qui permet d’empêcher un étranger d’entrer en France lorsque sa présence constitue un danger grave comme des activités terroristes, peut concerner tous les étrangers, y compris les Européens. La personne concernée ne peut demander son retrait qu’au bout d’un an. Le ministère de l’intérieur doit réexaminer les motifs de l’IAT tous les cinq ans et peut l’abroger à tout moment.

    « Le ministère de l’intérieur tente sans avoir besoin de se justifier et voit ce qu’il se passe ensuite. On dépose des recours, mais les délais en justice sont longs », estime Me Camille Vannier, avocate particulièrement engagée sur ce type de dossiers. Des recours visant à contester l’IAT de ces militantes et militants antifascistes italiens devraient être déposés dans les jours qui viennent devant la justice. « Cela remet encore plus en question le droit de manifester en France et de circuler au sein de l’Union européenne », ont dénoncé leurs soutiens dans un communiqué.

    C’est aussi le cas de Lou*, 24 ans, originaire de Suisse et venu le 23 mars en France en vue de participer à des conférences sur l’accès à l’eau et « éventuellement » à la manifestation contre la mégabassine à Sainte-Soline le 25 mars. Il a été interpellé à Melle (Deux-Sèvres), la veille de la manifestation, lors d’un contrôle du véhicule qui le transportait, suivi d’un contrôle d’identité qui a tout fait basculer. « Les policiers ont dit qu’il y avait un souci avec moi. Ils m’ont dit : “Vous, vous vous écartez, vous savez pourquoi.” »

    Le jeune homme affirme ne pas savoir ce qui lui est reproché à ce moment-là. Les gendarmes finissent par lui expliquer qu’il est « interdit de territoire » en France. Lou tombe alors des nues et se voit contraint de les suivre au commissariat. « Au départ, raconte-t-il, je pensais que je sortirais dans la soirée. » Ses amis, qui n’ont pas été ennuyés après le contrôle d’identité, décident de l’attendre. Il passe finalement la nuit en cellule, après un échange avec une agente de police judiciaire qu’il juge « extrêmement cassante », dans le cadre d’une retenue administrative.

    « Dès le départ, quand je suis entré dans son bureau, j’ai été traité comme un ennemi et une personne dangereuse. Elle ne m’a pas laissé appeler mes proches. J’ai pu appeler une avocate mais elle a précisé que si elle ne répondait pas, je n’en aurais pas. » Le jeune homme, qui envisageait de participer à la manifestation de Sainte-Soline, avait pris soin de mémoriser le numéro de téléphone d’une avocate spécialisée – comme beaucoup de manifestant·es aujourd’hui. « Heureusement, elle a répondu alors qu’il était tard le soir. Elle était là le lendemain matin. »

    Il découvre qu’il fait l’objet d’un arrêté ministériel portant interdiction administrative du territoire « en raison de son comportement personnel », qui lui est alors notifié en présence de l’avocate. Sur le document que nous avons pu consulter, daté du 23 mars – soit le jour de son entrée en France et deux jours avant la manifestation de Sainte-Soline –, il est indiqué qu’il « constituerait une menace réelle, actuelle et suffisamment grave pour un intérêt fondamental de la société » et « qu’il y a urgence à [l’]éloigner du territoire français » vers la Suisse. Puis, plus loin : « Le suivi dont il a fait l’objet à ce titre a mis en évidence la gravité de la menace sur l’ordre et la sécurité publics qu’il représente. »
    « Le CRA et les joyeuses procédures qui vont avec »

    Lou raconte son transfert ultra-sécurisé jusqu’au CRA de Bordeaux le samedi soir, menotté durant tout le trajet, « à 160 km/heure sur l’autoroute » et avec un changement de véhicule sur un parking, de nuit, comme s’il était « au milieu d’un trafic de drogue ou pire encore ». « Ensuite, j’ai eu la chance de découvrir le CRA et les joyeuses procédures qui vont avec », ironise-t-il.

    Il y passe trois nuits avant de découvrir le mardi, lors de son passage devant la juge des libertés et de la détention (qui refuse de le libérer), qu’il est également fiché S. Sa quatrième nuit au CRA sera la dernière : il est renvoyé en Suisse mercredi 29 mars par avion.

    À ce jour, Lou ne comprend toujours pas pourquoi il fait l’objet de cette interdiction administrative d’entrée et de séjour en France. Il affirme n’avoir « jamais eu affaire à la police » sur le sol français. Celui qui se décrit comme un militant écologiste explique avoir commencé à participer à des actions de désobéissance civile en 2019 uniquement en Suisse, notamment avec Extinction Rebellion. Il dit avoir relayé, sur les réseaux sociaux, des appels à manifester à Sainte-Soline, mais aussi, depuis environ deux ans, des informations sur les violences policières.

    Le jeune homme a fait l’objet d’une condamnation en 2021, pour opposition aux actes de l’autorité et insoumission à une décision de l’autorité, après avoir bloqué une place publique dans le cadre d’une action et avoir refusé d’évacuer les lieux lorsque les forces de l’ordre le lui ont demandé, en septembre 2020. Des faits qui lui ont valu une amende et devraient être effacés de son casier le 15 juin prochain. « Des choses pas très graves », balaie-t-il, précisant que l’action était « pacifique ».

    Me Vannier, l’avocate de Lou, pointe une « chasse aux militants » et aux manifestants, de manière « totalement aveugle ». « Son cas en est emblématique. Il n’y a aucun détail, aucune motivation derrière cette interdiction de territoire, ce qui est très inquiétant. C’est un laboratoire de répression qui est réutilisé pour d’autres. » Le cas de son client serait le premier d’une longue série à venir, craint-elle.

    « C’est déjà en train de s’étendre, constate Paul Chiron, chargé du soutien et des actions juridiques à La Cimade, association de défense des droits des étrangers. On était surpris pour le Suisse et on retrouve le même schéma pour les Italiens. C’est un détournement du droit des étrangers et de la lutte antiterroriste. »

    Dans un registre très similaire, deux autres militant·es, un Belge et une Allemande, Julia*, ont aussi fait l’objet d’une interpellation dans le cadre d’une manifestation organisée en France et ont été placé·es en CRA en vue de leur éloignement vers leur pays d’origine, en mars et mai derniers. Bien qu’ils ne soient pas visés par une IAT, ils ont aussi eu l’interdiction de circuler sur le territoire français – depuis annulée par la justice dans le cas de Julia.

    Vivant entre la France et l’Allemagne depuis son enfance, Julia a pour coutume de manifester, où qu’elle se trouve, pour la journée internationale des travailleurs et des travailleuses. Ce 1er mai, elle est à Paris en vacances et participe avec des ami·es au rassemblement qui prend la direction de la place de la Nation.

    D’après son récit, il est 16 heures lorsqu’elle est interpellée après une charge policière : « Au moment où les CRS foncent vers nous, tout le monde commence à fuir. Je trébuche et me fais matraquer au sol, avant de me faire menotter, retrace-t-elle. J’ai eu l’impression que c’était complètement arbitraire, ça aurait pu être moi comme la personne à côté. » Elle est interpellée en possession d’une bombe de peinture, de pétards et d’une paire de lunettes de piscine, et n’est pas connue des services de police.

    Elle est ensuite embarquée dans un fourgon qui doit la conduire au commissariat. Dans le véhicule, elle affirme avoir assisté à une scène cocasse, où un fonctionnaire de police s’agace en découvrant que la fiche d’interpellation est incomplète. « Ceux qui m’ont interpellée n’avaient pas coché les faits qui m’étaient reprochés, raconte Julia. Les policiers débattent dans la voiture pour décider quelle case cocher : “On ne va pas noter port d’armes ?”, interroge celui qui tient la fiche d’interpellation. “Par contre, on lui met jet de projectiles”. » Des faits qui apparaissent sur sa fiche d’interpellation que nous avons pu consulter, mais pour lesquels elle n’est finalement pas poursuivie.
    Refus de signer pour un avertissement pénal

    Au commissariat, elle est immédiatement placée en garde à vue et passe la nuit dans une cellule « immonde », jonchée de déchets, et équipée d’un petit matelas et d’un seul plaid, qu’elle doit partager avec une autre gardée à vue. Le lendemain, Julia est conduite au tribunal de Paris et passe de longues minutes enfermée sans être fixée sur son sort.

    Elle est finalement présentée à un substitut du procureur qui lui propose de signer un avertissement pénal probatoire (APP), une procédure qui vaut reconnaissance de culpabilité, mais permet d’échapper aux poursuites.

    Il lui est reproché les infractions suivantes : « rébellion », « participation à un groupement en vue de commettre des actes de violence et de dégradation », « dissimulation volontaire du visage » et « outrage » envers un agent de police pour avoir craché à ses pieds. Elle indique seulement avoir voulu expulser les fumées de gaz lacrymogène inspirées pendant son interpellation.

    Julia refuse de signer l’APP, car elle ne s’estime coupable de rien. « Le substitut du procureur était pressé et contrarié, mais il finit par m’indiquer que je vais pouvoir sortir libre », se remémore-t-elle. Au bout de trente minutes d’une interminable attente, enfermée dans un box vitré, elle s’étonne de n’avoir toujours pas été libérée. On l’informe alors qu’elle est désormais visée par une OQTF et qu’elle va être transférée vers le CRA du Mesnil-Amelot. « J’étais complètement choquée et abasourdie », se souvient-elle.

    Sur le document que nous avons pu consulter, daté du 2 mai, le lendemain de l’interpellation, il est indiqué, comme pour Lou, que Julia « constitue une menace réelle, actuelle et suffisamment grave pour un intérêt fondamental de la société » et « qu’il y a urgence à l’éloigner du territoire français » sans « lui accorder aucun délai de départ volontaire ». Elle est par ailleurs visée par une interdiction de circuler en France (ICTF) pendant trois ans.

    La préfecture de police de Paris justifie le placement en CRA par le risque que Julia se soustraie à son obligation de quitter le territoire, alors même qu’elle dispose d’un billet retour pour l’Allemagne, d’un logement fixe à Berlin et d’un travail stable outre-Rhin.
    1 500 euros de dédommagement pour une semaine en CRA

    Elle retient de son séjour d’une semaine en CRA une leçon de vie sur « la formidable solidarité entre femmes, qui se serraient les coudes dans la précarité » et « l’absurdité de la menace à la sécurité publique construite autour d’elles, alors qu’elles sont mères de famille, travaillent et essayent simplement de s’en sortir ». Au cours de sa semaine d’enfermement, elle est présentée à deux reprises à un juge qui confirme son maintien en rétention.

    Le 9 mai, elle quitte, menottes au poignet, le CRA du Mesnil-Amelot et se voit conduite au tribunal administratif de Melun pour une audience. Son avocate, Me Vannier, conteste devant le juge l’OQTF dont elle fait l’objet et demande l’annulation de son interdiction de circuler en France. Le tribunal satisfait entièrement à ces demandes et oblige l’État à verser à Julia 1 500 euros pour ses frais d’avocat.

    « 1 500 euros pour une semaine en CRA, je n’appelle pas ça un dédommagement », fustige Julia. Au cours de l’audience, le juge administratif inflige un camouflet au ministère public en concluant que la menace à l’ordre public n’était pas fondée.

    L’épilogue de cette semaine cauchemardesque ne rassure pas pour autant Julia, qui réfléchira désormais « à deux fois avant d’aller manifester en France ». Celle qui avait déjà participé à des rassemblements à Marseille pour le droit au logement assure toutefois qu’elle ne se laissera pas impressionner par ces décisions administratives, « qui sont faites pour intimider ». « Je continuerai à manifester avec mes amies en France », déclare-t-elle.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/090623/des-militants-europeens-venus-manifester-en-france-se-retrouvent-bannis-du

    #arrestation #manifestation #France #OQTF #IAT #interdiction_de_territoire #CRA #rétention #détention_administrative #expulsion #antifa #ultragauche #Clément_Méric #droit_de_manifester #menace #Extinction_Rebellion #chasse_aux_militants #répression

  • Squat à Toulouse : occupée depuis le 1er mai, la « Maison du peuple » a été évacuée - ladepeche.fr
    https://www.ladepeche.fr/2023/06/06/toulouse-la-maison-du-peuple-evacuee-fin-du-squat-ouvert-le-1er-mai-112450

    Les forces de l’ordre ont profité de la fin de la manifestation contre la réforme des retraites pour évacuer la « Maison du peuple », un squat installé depuis le 1er mai dans un bâtiment de la SNCF à côté de la gare de Toulouse.
    Le 1er mai, lors d’une manifestation particulièrement houleuse et violente, des militants avaient investi un bâtiment de la SNCF, boulevard Matabiau après la gare de Toulouse. Un ancien local syndical qui est promis à la destruction pour, à terme, accueillir un vaste projet immobilier et la Tour Occitanie. Après son occupation, très vite, le lieu avait été baptisé « Maison du peuple » et avait accueilli débats et concerts.

    Ce mardi, ce squat qui se voulait être selon ses créateurs, et défenseurs, un lieu « pour prolonger la fête des travailleurs et le mouvement contre la loi retraites au-delà des échéances syndicales » a été évacué par les forces de l’ordre.

    À la fin de la manifestation, vers 14 heures, des projectiles et des tirs de mortiers auraient été tirés depuis le toit de ce bâtiment qui portait une inscription de soutien aux « blessées » vers les forces de l’ordre. Cette action a entraîné une réaction rapide, sur ordre du patron du dispositif de sécurité, en l’occurrence le préfet. Les lieux ont alors été investis par les forces de l’ordre.

    Douze personnes en garde à vue

    Douze personnes ont été interpellées notamment par des policiers de la brigade anticriminalité avec le soutien des membres de la compagnie départementale d’intervention et un escadron de gendarmes mobiles. Ces suspects ont dans un premier temps été évacués vers le commissariat central pour un contrôle d’identité. Ce mardi en fin d’après-midi, ces personnes se trouvaient en garde à vue et elles vont passer la nuit à l’Hôtel de police. Des auditions sont prévues demain dans la journée. Le parquet décidera à l’issue des suites à donner. 

    Le bâtiment a été fermé et n’est plus accessible.

    Les occupants ont été gazés dans l’immeuble depuis le toit puis cogné par la BAC

    Toulouse : 14h, expulsion en cours de la Maison du peuple
    https://www.infolibertaire.net/toulouse-14h-expulsion-en-cours-de-la-maison-du-peuple

    À l’intérieur, il y a pas seulement des militant.e.s, car le lieu sert aussi d’accueil à des familles et des enfants (qui viennent donc de se faire gazer à l’intérieur !). Peu importe pour la police qui a décidé d’employer tous les moyens pour leur faire quitter les lieux.

    #occupation #squat #répression #expulsion

    • Effectivement, j’ai été très surpris de découvrir ce squat, juste à côté de Matabiau, lorsque je suis allé à Toulouse, il y a un mois. J’ai trouvé ça génial. Ça ne pouvait pas durer...

  • Mass expulsions from #Algeria
    We note that expulsions from #Algeria have decreased in recent weeks. However, the end of the expulsion regime is not in sight. Between 20 and 23/05/23, 2,038 (!!) people were expelled from Algeria to #Niger


    https://twitter.com/AlarmephoneS/status/1663410237804539905
    #asile #migrations #réfugiés #abandon #expulsions #renvois #déportation #désert #Algérie #Niger #Sahara #désert_du_Sahara
    –---

    Ajouté à la métaliste des « #left-to-die in the Sahara desert »
    https://seenthis.net/messages/796051

  • Occupation quasi-militaire du foyer ADOMA du 73 rue Edouard Branly à Montreuil, COPAF (Collectif pour l’Avenir des Foyers), par mel

    Paris, le 30 mai 2023

    COMMUNIQUÉ

    Ce matin, mardi 30 mai 2023, au foyer ADOMA du 73 rue Edouard Branly à Montreuil, les ouvriers de la société gestionnaire, filiale de CDC Habitat – la Banque des Territoires, ont envahi brutalement le foyer prenant position au sein du lieu protégé par une batterie de vigiles accompagnés de chiens de garde.

    Cette occupation quasi-militaire fait suite à une série de lettres dans lesquelles les résidents et les délégués les représentant ont explicité leurs réserves sur le projet de reconstruction de leur #foyer qu’ils sont sommés d’accepter. Pour résumer, 195 places vont être remplacées par 135 studios individuels et une 30aine d’apartements plus grands censés loger « d’autres publics ». Une Mission d’enquête sociale (#MOUS) a été mise en place dont le but essentiel était d’identifier les 60 heureux élus qui seraient invités à dégager du foyer pour occuper d’autres logements on ne sait pas où et on ne sait pas dans quelles conditions. Les résidents ont compris la tactique et, pas bêtes, la grande majorité a boycotté l’enquête.

    Au début de la semaine dernière, le comité de #résidents a envoyé une nième lettre à la direction territoriale d’ADOMA où ils ont explicité leurs revendications. Nous citons :
    « 1) La titularisation des membres de famille qui occupent des chambres des personnes qui souhaitent transférer leur contrat ;
    2) Le maintien sur place du maximum des résidents actuels : la possibilité que deux personnes puissent signer un bail pour les T1 prime et T1 bis (logements au dessus de 21m²) ;
    3) La mise à disposition d’espaces de parking provisoires pendant les travaux aux résidents qui utilisent le parking actuel pour leurs voitures de travail ;
    4) L’aménagement de l’accès à l’établissement pour faciliter l’accès aux personnes à mobilité réduite et aux personnes âgées pendant les travaux ;
    5) Une solution de relogement pour les surnuméraires qui habitent le foyer depuis longtemps et qui sont en situation administrative régulière. »

    La réponse d’ADOMA a été l’envahissement brutal de ce matin. En plus, les ouvriers ont passé la journée à éventrer les casiers privés des résidents, jetant le contenu pêle mêle dans la salle de la réfectoire où ils étaient installés.

    Face à ce refus absolu de négocier sur le fond, face à la brutalité et au mépris des habitants manifesté par ADOMA-CDC Habitat, nous appelons tous les Montreuillois et Montreuilloises à manifester leur soutien. Nous demandons aux partenaires complices, peut-être malgré eux, dans ce coup de force (Mairie de #Montreuil, Action Logement, Préfecture) à pousser ADOMA à ouvrir un dialogue sérieux afin d’arriver à une solution qui permettrait le chantier de se dérouler dans de bonnes conditions.

    En l’absence d’une telle négociation, nous appelons le public à participer avec nous à un rassemblement de protestation devant les portes du foyer jeudi matin le 1er juin à partir de 8h.

    Comité de résidents du foyer Edouard Branly,

    soutenu par le Copaf, DAL ...

    #expulsions #étrangers

  • « #Albanie : enjeux migratoires dans les Balkans. Transit, émigration, retours forcés : des mobilités entravées »

    Cette note d’analyse vise à mieux comprendre les enjeux migratoires actuels en Albanie. Elle propose de contribuer à la compréhension de la place de l’Albanie dans cette double dimension : la situation des personnes étrangères en #transit ainsi que les #expulsions des ressortissant·e·s albanais·e·s depuis la France par le concours de l’agence européenne de garde-côtes et de gardes-frontières, Frontex. Les informations collectées proviennent des constats issus d’une mission de La Cimade menée en Albanie en juin 2022 et du travail de recherche effectué en amont par l’équipe du Pôle Solidarités Internationales-Europe.
    Au Sommaire :

    UE-Albanie : une coopération de longue date maîtrisée par l’UE

    - Albanie : l’Union européenne comme horizon
    - Un laboratoire des contrôles migratoires externalisés dans les Balkans

    La situation des personnes en transit en Albanie

    – Filtrage aux frontières : la procédure de pré-identification
    - 2020 : coup d’arrêt pour la demande d’asile aux frontières

    Les Albanais·es cibles de la #machine_à_expulser de l’UE

    - Les #charters #Frontex : instrument privilégié pour expulser vers l’Albanie
    - Les « charters Frontex du mardi » : la routine de l’expulsion des Albanais·es depuis la France
    – Bannissement de l’UE et interdiction de sortir d’Albanie ?
    – En amont des expulsions : dissuader les projets migratoires

    https://www.lacimade.org/la-cimade-publie-une-note-danalyse-albanie-enjeux-migratoires-dans-les-bal

    #migrations #asile #réfugiés #frontières #renvois #France #réfugiés_albanais #migrants_albanais #Balkans #route_des_Balkans #machine_à_expulsion #externalisation #dissuasion

    • Enregistrement webinaire Albanie

      A l’occasion de la sortie de la Note d’analyse « Albanie : enjeux migratoires dans les Balkans. Transit, émigration, retours forcés : des mobilités entravées », La Cimade a organisé un webinaire afin de présenter nos observations et analyses.

      https://vimeo.com/826189577

  • La mairie de Montreuil est fière d’avoir expulsé tou.te.s les « habitant.e.s sans contrat » du foyer Bara…- Paris Luttes
    https://paris-luttes.info/la-mairie-de-montreuil-est-fiere-d-17120

    Le 3 juin le nouveau foyer Bara va être inauguré en grandes pompes par la mairie de Montreuil. Depuis quelques semaines cette dernière fait sa pub dans les rues de la ville sur de grandes affiches disant comment elle fière d’« accueillir dignement les travailleurs migrants ». C’est très énervant (...) @Mediarezo Actualité / #Mediarezo