#extême_droite

  • Ce que la Nouvelle République nous dit de l’extrême-droite : analyse lexicographique des articles sur Vox Populi
    http://larotative.info/ce-que-la-nouvelle-republique-nous-882.html

    Un gros boulot d’analyse sur le traitement accordé à un groupuscule d’extrême-droite par un journal local.

    L’arbre des similitudes suivant permet d’appréhender l’intégralité du corpus. On distingue alors plusieurs pôles qui permettent bien de voir comment Vox Populi s’est imposé dans le paysage médiatico-politique tourangeau : par l’organisation de nombreuses manifestations provocatrices d’un côté, par ses rapports avec le FN de l’autre. Le gros des articles traite ainsi des actions d’agit prop du groupuscule, ses défilés aux flambeaux et ses manifestations anti-gaypride ainsi que sa présence visible dans les manifestations contre le mariage pour tous. Un certain nombre revient sur l’opposition rencontrée à ces occasions, qu’elle prenne la forme de demandes d’interdiction formulées par certains partis politiques ou de contre-manifestations organisées par les antifascistes tourangeaux. L’autre partie des articles portent sur la place de Vox Populi dans le champ politique tourangeau c’est-à-dire essentiellement du rapprochement progressif de son leader avec le FN.

    (...)

    Vox Populi déployait un discours classique de l’extrême-droite identitaire en vantant l’idée d’une France éternelle que des « enracinés » seraient seuls à défendre contre des hordes d’immigrés (et/ou musulmans) et en faisant de larges clins d’œil aux nostalgiques de l’occupation. Pourtant, malgré de nombreux happenings sur le sujet (diffusion du chant du Muezzin la nuit dans les rues de Tours, pression physique sur les défenseurs des sans-papiers du Cercle du Silence, etc.), ce n’est pas sa xénophobie qui a permis à Vox Populi de bénéficier d’un éclairage médiatique mais plutôt son homophobie.

    (...)

    Ainsi, le graphique ci-dessous montre l’évolution de la spécificité du terme « homophobe » (en gris). Il est intéressant de constater que si l’emploi du terme est récurent pour décrire la contre-Gaypride en 2011 (précisons ici qu’il est employé à la fois par les journalistes et dans les citations de militants antifascistes), l’année où il est sous-employé (par rapport aux autres) est 2013, soit l’année des grandes manifestations contre le mariage pour tous (année pendant laquelle Vox Populi, planqué sous le cache-sexe du Printemps Français, a aussi organisé sa dernière contre-Gaypride).

    On ne peut conclure ici sur les raisons de cette évolution dans le traitement mais on peut quand même s’interroger sur cette banalisation alors que la doctrine du groupe n’avait pas changé. On peut toutefois proposer deux hypothèses invérifiables. Premièrement, la volonté des journalistes de la NR de ne pas associer homophobie et Manif pour tous par peur que la frange moins radicale que Vox Populi se sente flouée. Deuxièmement, l’efficacité commerciale de l’évolution de Vox Populi vers une subtilité plus grande dans le choix de ses slogans (en 2010, les autocollants contre la Gaypride annonçait « pas de défilé pour les enfilés », en 2011 la banderole de tête affichait « non à l’homofolie » et en 2013 les slogans défendaient la sacrosainte famille hétérosexuelle).

    #extême_droite #journalisme