• La plainte de l’#Afrique_du_Sud contre #Israël

    "La plainte déposée par l’Afrique du Sud contre l’#Etat d’Israël ne l’accuse pas de #génocide, mais de laisser des éléments de ses forces de sécurité le pratiquer. Elle se fonde sur les intentions énoncées par certains responsables politiques et militaires, sur l’observation des pratiques israéliennes depuis 75 ans vis-à-vis de l’ensemble du #peuple_palestinien et enfin sur la manière dont il se comporte aujourd’hui à #Gaza. (...)

    #politique #international #géopolitique #monde #propagande #fascisme #sioniste #extermination #holocauste #Palestine #seenthis #vangauguin

    https://www.voltairenet.org/article220263.html

  • « La #Namibie fait la leçon à l’#Allemagne qui soutient #Israël accusé de #génocide à #Gaza »

    "Le Président namibien s’est dit « profondément préoccupé » par la décision de l’Allemagne de se ranger du côté de Tel-Aviv accusé par l’Afrique du Sud de génocide, indique un communiqué officiel publié sur X.
    « Il est inquiétant de constater que le gouvernement allemand a choisi de défendre devant la Cour internationale de justice les actes génocidaires et macabres du gouvernement israélien contre des civils innocents à Gaza », affirme la présidence namibienne dans le document.
    La décision de Berlin est « choquante » pour le dirigeant de ce pays africain. Il a souligné que par ce choix l’Allemagne « ignore la mort violente de plus de 23.000 Palestiniens à Gaza ».
    D’ailleurs, l’Allemagne était elle-même responsable du « premier génocide du XXe siècle » perpétré sur le sol namibien en 1904-1908 et ayant fait des dizaines de milliers de victimes. En ce début 2024, sont commémorés les 124 ans du début de cette extermination qui n’a été reconnue par Berlin qu’en 2021.
    Berlin n’a pas tiré les leçons de « son terrible passé », conclut la présidence namibienne tout en l’appelant à revenir sur sa décision. (...)"

    https://fr.sputniknews.africa/20240114/la-namibie-fait-la-lecon-a-lallemagne-qui-soutient-israel-accuse-

    #politique #monde #colonisation #extermination #sioniste #mémoire #shoah #ça_gratte_où_ça_fait_mal #humour #cynisme #seenthis #vangauguin

  • Alonso Gurmendi :
    https://threadreaderapp.com/thread/1745927363806834811.html

    I think it’s important to situate the Genocide Convention and South Africa’s case within socio-legal context in which they operate. I think it will help explain the dissonance between people’s excitement at South Africa’s arguments and my more cautious view🧵

    […]

    To be clear: this is not bc ICJ Judges are just realpolitik agents of their states. They are serious competent jurists. But they do operate within the socio-legal context of an int’l law that conceives genocide a “once in a lifetime” crime that ought to be very difficult to prove

    • @biggrizzly Je ne le lis pas comme ça, plutôt le contraire. Il rappelle que la convention contre le génocide a été écrite en 1948, c’est-à-dire à une époque où les « occidentaux » veulent donner l’apparence d’interdire l’holocauste, tout en évitant de se rendre immédiatement coupables parce qu’ils continuent à pratiquer, très officiellement, la colonisation et la ségrégation raciale :

      This is bc when the term “genocide” was created states were careful to make sure it would cover the Holocaust (and now Rwanda), but not Jim Crow, and not colonialism in Africa, etc. Only the most obvious genocides could be genocide, not my national mythos!

      Il ne dit donc pas qu’il n’y a pas génocide dans le cas présent, il dit que c’est difficile à « démontrer » dans un cadre légal qui a été défini par des gens qui pratiquaient eux-mêmes des formes génocidaires (colonialisme, déplacements de population, ségrégation…).

    • Je fais partie des personnes qui pensent que vouloir à tout prix coller le mot génocide sur ce qui relève du massacre à relativement petite échelle, bien que la volonté de faire disparaître soit manifeste, c’est effectivement contre productif. Faire juger le crime contre l’humanité et le crime de guerre, ce serait déjà pas mal. Ceci dit la jurisprudence récente est en faveur de l’accusation actuelle. Ne reste qu’à attendre de voir si les juges souhaitent déjà annuler cette jurisprudence...

    • Plus d’une vingtaine de rapporteurs de l’organisation des Nations unies (ONU) s’inquiètent d’« un génocide en cours » à Gaza. Est-ce que vous employez ce terme ?

      Il y a deux sens au terme de « génocide ». Il y a le #génocide tel que défini par l’avocat polonais Raphael Lemkin en 1948, la seule définition juridique existante, aujourd’hui intégrée au protocole de Rome créant la #CPI [Cour pénale internationale – ndlr]. Lemkin a été obligé, pour que ce soit voté par les Soviétiques et par le bloc de l’Est, d’éliminer les causes politiques du génocide – massacrer des gens dans le but de détruire une classe sociale –, parce qu’il aurait fallu reconnaître le massacre des koulaks par les Soviétiques.

      La définition de Lemkin implique que ceux qui commettent un génocide appartiennent à un autre peuple que celui des victimes. D’où le problème aussi qu’on a eu avec le #Cambodge, qu’on ne pouvait pas appeler un génocide parce que c’étaient des Cambodgiens qui avaient tué des Cambodgiens. Là, on est dans une définition étroite. C’était le prix à payer pour obtenir un accord entre les deux Blocs dans le contexte du début de la #guerre_froide.

      Vous avez ensuite une définition plus large du terme, celui d’une destruction massive et intentionnelle de populations quelles qu’en soient les motivations.

      Il existe donc deux choses distinctes : la première, ce sont les actes, et la seconde, c’est l’intention qui est derrière ces actes. Ainsi le tribunal international pour l’ex-Yougoslavie a posé la différence entre les nettoyages ethniques dont la motivation n’est pas génocidaire parce que l’#extermination n’était pas recherchée, même si le nombre de victimes était important, et les actes de génocide comme celui de Srebrenica, où l’intention était claire.

      On voit ainsi que le nombre de victimes est secondaire. Pour Srebrenica, il est de l’ordre de 8 000 personnes.

      L’inconvénient de cette #logique_judiciaire est de conduire à une casuistique de l’intentionnalité, ce qui ne change rien pour les victimes.

      Au moment où nous parlons, le nombre de victimes dans la bande de #Gaza est supérieur à celui de Srebrenica. On a, semble-t-il, dépassé la proportion de 0,5 % de la population totale. Si on compare avec la France, cela donnerait 350 000 morts.

      Le discours israélien évoque des victimes collatérales et des boucliers humains. Mais de nombreux responsables israéliens tiennent des discours qui peuvent être qualifiés de génocidaires. L’effondrement des conditions sanitaires et l’absence même de ravitaillement à destination des populations concernées peuvent indiquer que l’on est sur la voie d’un processus de destruction de masse avec des controverses à n’en plus finir sur les intentionnalités.

      Henry Laurens : « On est sur la voie d’un processus de destruction de masse » à Gaza, entretien avec Rachida El Azzouzi (Mediapart, 19 novembre 2023, https://seenthis.net/messages/1028271).

      –—

      Du même historien (chaire d’histoire contemporaine du monde arabe au Collège de France), je vous conseille vivement cette conférence de 2h :
      https://www.youtube.com/live/lMZAGlZcNo0?si=7hZuI3YREkiMsEId

  • Yiddish : comment la langue a survécu à l’anéantissement
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-info-culturelle-reportages-enquetes-analyses/yiddish-comment-la-langue-a-survecu-a-l-aneantissement-4339427

    Un film sort en salles, tourné en yiddish par un jeune cinéaste français, alors que l’on croyait la langue sur le point de disparaître. Retour sur l’histoire de cette langue devenue objet d’études grâce à une pionnière nommée Rachel Ertel, et sa survie souterraine.

    Shtetel ”, en yiddish, la langue des juifs d’Europe centrale et orientale, désigne les villages et les bourgades de cette partie du monde où des juifs, il y a mille ans, ont partagé une langue par-delà les frontières. Shttl , c’est le nom du film du réalisateur français Ady Walter qui sort en salles ce 13 décembre 2023 avec la particularité d’avoir été tourné en yiddish à un âge tout le monde tenait la langue pour morte, ou à peu près. Le titre de ce film de fiction qui raconte les 24 dernières heures d’un village de l’actuelle Ukraine à l’époque du nazisme a perdu son E : c’est un hommage du cinéaste à Georges Perec. En 1969, avait paru La Disparition, entièrement écrit sans la lettre E, pourtant la plus courante de la langue française. Par cette contrainte faite à sa littérature et le pari un peu fou d’écrire malgré tout, Perec entendait à l’époque manifester l’encastrement des béances laissées par la Shoah : l’absence de sa mère, déportée et assassinée à Auschwitz, et aussi la perte de la langue.

    Tourné en yiddish cinquante ans plus tard à la faveur d’un casting ardu qui n’a pas recruté que des comédiens juifs, Shttl montre que le yiddish n’est pas mort. Le film fait exister la langue vernaculaire des juifs d’Europe, qui emprunte à 75% à l’Allemand mais aussi à l’araméen, au français, à l’hébreu, ou encore à l’anglais. Et le yiddish, paraît ainsi sortir du souterrain. Alors que 11 millions de locuteurs le parlaient ordinairement à la veille de la Seconde guerre mondiale, l’idiome n’a pas réellement résisté à l’anéantissement des juifs sous le nazisme : le yiddish dans la vie de tous les jours n’est plus la langue de grand monde. Rachel Ertel, traductrice et grande pionnière des études yiddish, dira même que c’est “ la langue de personne ” : c’est le titre d’un grand livre qu’elle signait en 1993 aux éditions du Seuil, dans la collection “ Librairie du XXIe siècle ” de Maurice Oleander. Pour autant, le yiddish n’est pas mort tout à fait, loin s’en faut. Et c’est notamment à Rachel Ertel qu’on le doit.

    La langue apparaissait pourtant décimée pour de bon, et un mille-feuilles de brimades, d’antisémitisme et de vieilles hiérarchies avaient en effet resurgi dès la chute du nazisme. Par exemple parce que l’Union soviétique de Staline, déjà, avait fait interdire le yiddish. Il suffit de voir qu’au procès des grands criminels nazis, à Nüremberg, le premier témoin juif (et pourtant ils ne seront pas nombreux) n’avait pas obtenu ce qu’il avait pourtant clairement réclamé : s’exprimer dans sa langue, c’est-à-dire celle d’avant la Shoah, mais aussi celle des morts.

    Ce témoin s’appelait Avrom Sutzkever et parce qu’il a écrit sur son passage devant les juges de Nüremberg, on sait combien il importait pour lui de parler yiddish alors. Et comment il s’était lui-même trouvé fort étonné du niveau somme toute assez correct du russe qui lui était venu aux lèvres in extremis alors qu’on lui avait refusé sa langue maternelle : Sutzkever, qui était un grand poète, avait survécu parce qu’il avait réussi à s’extirper du ghetto de Varsovie par les égouts, avant de rejoindre le territoire soviétique. Lui qui était revenu dans sa Pologne natale aux côtés des troupes de l’armée rouge était devenu le témoin de la délégation soviétique, à Nüremberg. Et en même temps un témoin privé de sa langue. Le 17 février 1946, la veille de son témoignage, il avait pourtant écrit : " J’irai à Nuremberg. […] Je mesure la responsabilité écrasante qui m’incombe, dans ce voyage. Je prie pour que les âmes évanouies des martyrs se manifestent à travers mes paroles. Je veux parler en yiddish. Pas question d’une autre langue. " Ironiquement, c’est parce que, plus tard, Rachel Ertel notamment, a traduit ces pages, qu’on en a connaissance. Mais lui-même le racontera aussi dans les médias français qui l’inviteront dans les années 1980 : dans les archives de France culture, rediffusées par les Nuits ultérieurement, on retrouve par exemple cinq émissions avec Sutzkever au micro d’André Velter en 1988 :

    Langue sans frontières ni patrie
    La création de l’État d’Israël, en mai 1948, n’avait pas non plus été une bonne nouvelle pour le yiddish. Israël avait choisi l’hébreu, jusque-là une langue plutôt plus religieuse que le yiddish contrairement à ce qu’on croit parfois, et en avait fait sa voix nationale. A nouveau, l’hybride yiddish, sans frontières ni patrie, tranchait avec l’objectif national. Pour toujours alors, le yiddish apparaîtra comme la langue de la diaspora et en Israël, parler yiddish sera longtemps modérément toléré, voire déconseillé ou méprisé.

    Mais à New York et dans quelques communautés établies ici ou là en Amérique du Nord, l’idiome avait résisté. Un théâtre en yiddish existait à New York depuis 1882 déjà. Sur place, les ultra-orthodoxes notamment le parleront plus tardivement qu’ailleurs, et en préserveront en partie la trace. C’est notamment pour cette raison que le yiddish embarquera sur le tard une dimension plus spirituelle et religieuse que celle qu’il avait jamais eu avant la Seconde Guerre mondiale. Au risque de se voir souvent accoler à tort l’image d’un vieux rabbin avec une barbe. Alors que la vitalité très séculaire de la vie yiddish telle qu’elle s’ouvrait dans les années 1920 ou 1930 n’avait pas grand chose de religieux. Les mélodies klezmer embarquent encore la trace d’une vie rythmée. Mais entre-temps, la langue avait aussi revêtu une dimension sacrée du fait même qu’elle avait été, et restait la langue des disparus.

    Mais l’Amérique du Nord n’était pas resté le seul lieu de la culture yiddishophone survivante. Qui sait qu’à Paris, dans les années 1980, paraissait encore le tout dernier quotidien yiddishophone au monde ? Toute une activité culturelle souterraine perdurait, à bas bruit le plus souvent. Des livres, pourtant, se publiait : il en paraîtra même davantage dans les années 1950 ou 1960 que dans l’entre-deux guerres à partir du moment où les survivants chercheront à témoigner de la Shoah (le genre porte un nom yiddish : ’Yizker-bikher -’et si vous êtes germaniste vous reconnaitrez “ livre ” derrière bikher .

    Mais la transmission cependant ne se faisait pas, ou trop peu. Et c’est la pratique du yiddish comme langue du quotidien. qui s’évaporait. Il n’était plus " la langue de la mère ", le mameloshn comme cela se dit en yiddish, et cela charrie à la fois affection, attachement, et désormais mélancolie. C’est à ce moment-là, et parce qu’elle était devenue une spécialiste de littérature américaine, que Rachel Ertel a intensément contribué à la préservation du yiddish. Non seulement comme langue, en tant que traductrice, et fine exégète de tant de poètes pour qui elle édifiera des anthologies ; mais encore de la culture yiddish. Et d’ailleurs, l’universitaire préfère souvent dire " culture yiddish " à " culture juive ", faisant exister au passage le monde yiddishophone et ses onze millions de locuteurs d’avant-Hitler comme un peuple en soi.

    Clivage psychologique
    Parce qu’elle avait étudié aux Etats-Unis, puis soutenu une thèse sur les écrivains juifs américains, Rachel Ertel a rapporté le yiddish dans ses bagages : c’est alors qu’elle enseignait la littérature des minorités américaines à l’université de Jussieu à Paris, dans les années 1970, qu’elle a créé le tout premier cours sur la littérature yiddish. Puis des cours de yiddish, tenant ensemble la langue, et l’enseignement de la culture. Le tout débouchera plus tard sur la première chaire d’études yiddish, qu’elle occupera : les deux tenaient ensemble. De ces cours, l’intellectuelle racontera plus tard qu’ils étaient d’abord suivis par des étudiants " clivés ", venus chercher là l’introuvable : " L’obstacle le plus dur à surmonter ne fut pourtant pas d’ordre matériel. Il était d’ordre psychologique. Les étudiants étaient clivés. Ils ne savaient pas au juste ce qu’ils venaient chercher. Ils venaient surtout combler des vides incomblables. Écrire la langue au tableau était exposer quelque chose qui était de l’ordre de leur intimité. Une fois ceci accepté, des étudiants bardés de diplômes, qui avaient appris le grec, le latin, le sanscrit, le russe, l’allemand, s’obstinaient à dire que leurs grands-mères ne déclinaient pas, ne conjuguaient pas. Eux qui avaient appris plusieurs alphabets ne parvenaient pas à retenir les vingt-deux lettres de l’aleph-beys yiddish. "

    Native de 1939 dans l’actuelle Lituanie, Rachel Ertel avait passé la guerre en Sibérie, écartée par le pouvoir soviétique au prétexte que son père, bundiste, était ce qu’on appelait un " ennemi du peuple ". A la chute du nazisme, sa mère et son beau-père s’installeront en France et c’est à Paris, rue Denis Patin, dans ce foyer où s’était installé sa famille entourée de quantité d’écrivains yiddishophones, qu’elle avait pour de bon chevillé à elle cette langue. Elle le racontait notamment sur France culture dans la série A voix nue, en 2017 :

    Pologne-Sibérie-Pologne : 1939-1948
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/a-voix-nue/pologne-siberie-pologne-1939-1948-3798843

    Adulte, Rachel Ertel ne cessera de la restituer. Non seulement en étant celle qui fera du yiddish, et de cette culture, un objet d’études. Mais encore en traduisant de nombreux ouvrages, là où dans les années 1990, on ne comptait encore que trois cents ouvrages traduits du yiddish au français par exemple. Traductrice, Rachel Ertel exhumera cette langue et cultivera cette histoire. Mais elle a aussi des mots très subtils pour exprimer la manière dont son activité de traductrice dynamique l’a toujours plongée dans un état émotionnel bien particulier - à la différence de l’anglais, qu’elle traduit aussi : alors qu’elle fait vivre cette histoire littéraire et en même temps celle de ces auteurs yiddish comme personne, elle explique avoir toujours eu une conscience aigue du fait qu’elle contribuait malgré tout à enterrer cette langue dès lors que des traductions seraient disponibles. Rares seront ceux, en effet, qui feront le geste d’ouvrir la version originale.

    En 1996, le Conseil de l’Europe alertait : le yiddish allait disparaître. L’année précédente seulement, le tout premier colloque jamais organisé avait enfin un lieu. La collection " Domaine yiddish " créée et animée par Rachel Ertel, d’abord au Seuil puis chez Julliard et enfin Liana Levi, avait fini par faire des petits : le yiddish se lisait, se racontait, se distribuait. C’est dans la foulée que sortiront des limbes la Maison de la culture yiddish, à Paris en 2002, et sa bibliothèque. Des cours, aussi, ouvraient comme jamais au tournant du siècle, et quatre fois plus d’élèves se formeront pour apprendre le yiddish en l’intervalle de vingt ans. La langue n’était pas morte.

    Signe de sa reconnaissance institutionnelle, en 2012, les ambassadeurs de France, d’Israël et des Etats-Unis auprès de l’Unesco assistaient à Paris à un colloque sur la culture yiddish devant un public de six cents personnes. C’est Rachel Ertel qui prenait en charge la leçon inaugurale du colloque cette année-là, et elle prononçait notamment ces mots : " Dans l’Histoire que nous vivons maintenant la marginalité a remplacé la centralité. Si le peuple juif pendant longtemps a été, par son caractère diasporique, exceptionnel, cette exceptionnalité est devenue la centralité du monde contemporain. Les guerres de plus en plus meurtrières, les changements climatiques qui provoquent famines et misère économique, imposent à des populations de plus en plus nombreuses une existence diasporique. Ces populations seront de plus en plus souvent amenées à des langues de fusion. Si je déplore les guerres et la misère, je suis loin de déplorer le métissage et la bâtardise, fondement même de la langue yiddish, qui peu à peu deviendra le paradigme de langues de plus en plus nombreuses. Car la vie est dans la mutabilité, sa permanence est dans la mutabilité."

  • Tal Bruttmann, historien : « Le Hamas a conçu, en amont, une politique de terreur visuelle destinée à être diffusée dans le monde entier »

    Le spécialiste de la Shoah estime, dans un entretien au « Monde », que l’attaque perpétrée par le Hamas le 7 octobre contre Israël n’est ni un pogrom ni un génocide mais un massacre de masse, et il met en garde contre les analogies avec le nazisme.

    L’historien Tal Bruttmann, spécialiste de la Shoah et de l’antisémitisme, est notamment l’auteur de La Logique des bourreaux (Hachette, 2003), et, avec Stefan Hördler et Christoph Kreutzmüller, d’Un album d’Auschwitz. Comment les nazis ont photographié leurs crimes (Le Seuil, 304 pages, 49 euros).

    Pour qualifier les attaques du Hamas, les hommes politiques, les historiens et les éditorialistes ont parlé de massacre, d’attentat, de pogrom, voire de génocide. En tant qu’historien, comment qualifieriez-vous cet événement ?

    Le mot qui est revenu le plus souvent est « pogrom », mais les attaques du Hamas ne relèvent pas, à mon sens, d’une telle qualification. Ce terme russe désigne non pas les crimes de masse contre les juifs, mais la destruction des biens qui sont en leur possession, accompagnée de violences contre les personnes. Ce qui caractérise le #pogrom, c’est le fait qu’une majorité, excitée, voire incitée, par le pouvoir en place, s’attaque violemment à une minorité qui vit en son sein.

    Au XIXe et au début du XXe siècle, il y a eu, en Europe, beaucoup de pogroms antijuifs, notamment en Russie ou en Roumanie, mais ce terme ne convient pas aux attaques du Hamas. D’abord, parce qu’elles visaient non pas à détruire les biens des Israéliens, mais à tuer des juifs ; ensuite, parce que les juifs, en Israël, ne forment pas une minorité, mais une majorité ; enfin, parce que le Hamas n’est pas un peuple, mais une organisation terroriste. Pour moi, ces attaques sont des massacres de masse : le but était de tuer le plus de juifs possible.

    Certains ont utilisé le terme de génocide. Est-il, selon vous, pertinent ?

    Dans l’imaginaire occidental, le #génocide est devenu l’alpha et l’oméga du crime, alors qu’il n’est pas plus grave, en droit international, que le #crime_de_guerre ou le #crime_contre_l’humanité. Personnellement, en tant qu’historien, je n’utilise pas cette qualification juridique dont la définition est d’une immense complexité : je la laisse aux magistrats et aux tribunaux. C’est à eux d’établir, au terme d’une enquête, si les #massacres qui leur sont soumis sont, ou non, des génocides.

    L’écrivaine Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature, a comparé le Hamas aux nazis. Que pensez-vous de cette analogie ?

    Il faut faire attention aux mots : la haine des #juifs ne suffit pas à caractériser le #nazisme. Le régime de Vichy ou le Parti populaire français [PPF, 1936-1945] de Jacques Doriot étaient profondément antisémites, mais ils n’étaient pas nazis pour autant : être nazi, c’est adhérer à l’idéologie politique élaborée par Adolf Hitler après la première guerre mondiale et mise en œuvre par le IIIe Reich à partir de 1933.

    Le #Hamas est évidemment profondément antisémite : sa charte initiale, qui fait explicitement référence aux #Protocoles des sages de Sion_ [un faux qui date du début du XXe siècle], affirme que les juifs sont à l’origine de la Révolution française, de la révolution bolchevique et de la première guerre mondiale. Il faut cependant prendre le Hamas pour ce qu’il est : un mouvement islamiste nationaliste qui n’est pas plus nazi qu’Al-Qaida, l’Iran ou Marine Le Pen.

    La Shoah est incontestablement le pire épisode de l’#histoire de l’antisémitisme, mais cela n’en fait pas la clé à partir de laquelle on peut comprendre toutes les #violences_antijuives. Parfois, elle nous empêche même de saisir la singularité des événements : à force d’associer l’#antisémitisme à la Shoah, on oublie que cette haine a pris, au cours de l’histoire, des formes très différentes.
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/11/29/tal-bruttmann-historien-le-hamas-a-concu-en-amont-une-politique-de-terreur-v

    avec des extraits de Un album d’Auschwitz :
    https://archive.is/jO7UX

    #histoire #images #photos #films #attentat #attentat_massacre #islamisme #nationalisme #shoah #Extermination_des_juifs_par_les_nazis

    • Il est clair Tal Bruttmann et du coup ça permet de ne pas avoir un sac fourre tout d’où tu tires des mots chargés de sens et inappropriés pour un oui ou un non.

  • Henry Laurens : « On est sur la voie d’un processus de destruction de masse » à Gaza, entretien avec Rachida El Azzouzi (19 novembre 2023).

    Pour l’historien, spécialiste de la Palestine, professeur au collège de France, « l’effondrement des conditions sanitaires et l’absence de ravitaillement à destination des populations concernées peuvent indiquer que l’on est sur la voie d’un processus de destruction de masse » dans la bande de Gaza.

    L’historien et universitaire Henry Laurens est l’un des plus grands spécialistes du #Moyen-Orient. Professeur au Collège de France où il est titulaire de la chaire d’histoire contemporaine du #monde_arabe, il a mis la question palestinienne au cœur de son travail. Il est l’auteur de très nombreux livres dont cinq tomes sans équivalent publiés entre 1999 et 2015, consacrés à La question de Palestine (Fayard).
    Dans un entretien à Mediapart, il éclaire de sa connaissance l’exceptionnalité du conflit israélo-palestinien et le « corps à corps que même l’émotion n’arrive pas à séparer » dans lesquels les deux peuples sont pris depuis des décennies. Il dit son pessimisme quant à la résolution du conflit qui peut durer « des siècles » : « Vous ne pouvez espérer de sortie possible que par une décolonisation, mais à horizon immédiat, cette décolonisation n’est pas faisable. Dans les années 1990, elle l’était. Il y avait 30 000 colons. Aujourd’hui, ils sont 500 000 dont quelques dizaines de milliers qui sont des colons ultrareligieux et armés. »

    Plus d’une vingtaine de rapporteurs de l’organisation des Nations unies (ONU) s’inquiètent d’« un génocide en cours » à Gaza. Est-ce que vous employez ce terme ?

    Il y a deux sens au terme de « génocide ». Il y a le #génocide tel que défini par l’avocat polonais Raphael Lemkin en 1948, la seule définition juridique existante, aujourd’hui intégrée au protocole de Rome créant la #CPI [Cour pénale internationale – ndlr]. Lemkin a été obligé, pour que ce soit voté par les Soviétiques et par le bloc de l’Est, d’éliminer les causes politiques du génocide – massacrer des gens dans le but de détruire une classe sociale –, parce qu’il aurait fallu reconnaître le massacre des koulaks par les Soviétiques.

    La définition de Lemkin implique que ceux qui commettent un génocide appartiennent à un autre peuple que celui des victimes. D’où le problème aussi qu’on a eu avec le #Cambodge, qu’on ne pouvait pas appeler un génocide parce que c’étaient des Cambodgiens qui avaient tué des Cambodgiens. Là, on est dans une définition étroite. C’était le prix à payer pour obtenir un accord entre les deux Blocs dans le contexte du début de la #guerre_froide.

    Vous avez ensuite une définition plus large du terme, celui d’une destruction massive et intentionnelle de populations quelles qu’en soient les motivations.

    Il existe donc deux choses distinctes : la première, ce sont les actes, et la seconde, c’est l’intention qui est derrière ces actes. Ainsi le tribunal international pour l’ex-Yougoslavie a posé la différence entre les nettoyages ethniques dont la motivation n’est pas génocidaire parce que l’#extermination n’était pas recherchée, même si le nombre de victimes était important, et les actes de génocide comme celui de Srebrenica, où l’intention était claire.

    On voit ainsi que le nombre de victimes est secondaire. Pour Srebrenica, il est de l’ordre de 8 000 personnes.

    L’inconvénient de cette #logique_judiciaire est de conduire à une casuistique de l’intentionnalité, ce qui ne change rien pour les victimes. 

    Au moment où nous parlons, le nombre de victimes dans la bande de #Gaza est supérieur à celui de Srebrenica. On a, semble-t-il, dépassé la proportion de 0,5 % de la population totale. Si on compare avec la France, cela donnerait 350 000 morts.

    Le discours israélien évoque des victimes collatérales et des boucliers humains. Mais de nombreux responsables israéliens tiennent des discours qui peuvent être qualifiés de génocidaires. L’effondrement des conditions sanitaires et l’absence même de ravitaillement à destination des populations concernées peuvent indiquer que l’on est sur la voie d’un processus de destruction de masse avec des controverses à n’en plus finir sur les intentionnalités. 

    La solution à deux États n’est plus possible.

    La crainte d’une seconde « #Nakba » (catastrophe), en référence à l’exil massif et forcé à l’issue de la guerre israélo-arabe de 1948, hante les #Palestiniens. Peut-on faire le parallèle avec cette période ?

    La Nakba peut être considérée comme un #nettoyage_ethnique, en particulier dans les régions autour de l’actuelle bande de Gaza où l’#intentionnalité d’expulsion est certaine. Des responsables israéliens appellent aujourd’hui à une #expulsion de masse. C’est d’ailleurs pour cela que l’Égypte et la Jordanie ont fermé leurs frontières.

    Dans l’affaire actuelle, les démons du passé hantent les acteurs. Les juifs voient dans le 7 octobre une réitération de la Shoah et les Palestiniens dans les événements suivants celle de la Nakba.

    Faut-il craindre une annexion de la bande de Gaza par Israël avec des militaires mais aussi des colons ?

    En fait, personne ne connaît la suite des événements. On ne voit personne de volontaire pour prendre la gestion de la bande de Gaza. Certains responsables israéliens parlent de « dénazification » et il y a une dimension de vengeance dans les actes israéliens actuels. Mais les vengeances n’engendrent que des cycles permanents de violence.

    Quelle est votre analyse des atrocités commises le 7 octobre 2023 par le Hamas ?

    Elles constituent un changement considérable, parce que la position de l’État d’Israël est profondément modifiée au moins sur deux plans : premièrement, le pays a subi une invasion pour quelques heures de son territoire, ce qui n’est pas arrivé depuis sa création ; deuxièmement, le 7 octobre marque l’échec du projet sioniste tel qu’il a été institué après la Seconde Guerre mondiale, un endroit dans le monde où les juifs seraient en position de sécurité. Aujourd’hui, non seulement l’État d’Israël est en danger, mais il met en danger les diasporas qui, dans le monde occidental, se trouvent menacées ou, en tout cas, éprouvent un sentiment de peur.

    Le dernier tome de votre série consacrée à « La question de Palestine » (Fayard) était intitulé « La paix impossible » et courait sur la période 1982-2001. Vous étiez déjà très pessimiste quant à la résolution de ce conflit, mais aussi concernant l’avenir de la région, comme si elle était condamnée à demeurer cette poudrière. Est-ce que vous êtes encore plus pessimiste aujourd’hui ? Ou est-ce que le #conflit_israélo-palestinien vous apparaît soluble, et si oui, quelle issue apercevez-vous ?

    La réelle solution théorique serait d’arriver à un système de gestion commune et équitable de l’ensemble du territoire. Mais un État unitaire est difficile à concevoir puisque les deux peuples ont maintenant plus d’un siècle d’affrontements.

    Qu’en est-il de la solution à deux États, dont le principe a été adopté en 1947 par l’ONU, après la fin du mandat britannique ? Est-elle possible ?

    La solution à deux États n’est plus possible dès lors que vous avez 500 000 colons, dont quelques dizaines de milliers qui sont des #colons ultrareligieux et armés. Vous avez une violence quotidienne en #Cisjordanie. La sécurité des colons ne peut se fonder que sur l’insécurité des Palestiniens. Et l’insécurité des Palestiniens provoque la violence qui engendre l’insécurité des colons.

    C’est un cercle vicieux et vous ne pouvez espérer de sortie possible que par une décolonisation, mais à horizon immédiat, cette #décolonisation n’est pas faisable. Dans les années 1990, elle l’était. Il y avait 30 000 colons. On pouvait, sans trop de dégâts, faire une décolonisation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. 

    Aujourd’hui, nous sommes dans une position de domination, et cette solution peut prendre des siècles parce qu’il y a l’exceptionnalité juive qui crée une exceptionnalité israélienne qui elle-même crée une exceptionnalité palestinienne. C’est-à-dire que sans être péjoratif, les Palestiniens deviennent des juifs bis.

    Qu’entendez-vous par là ?

    Nous sommes depuis le 7 octobre devant un grand nombre de victimes. Mais ces dernières années, nous en avons eu bien plus en Irak, en Syrie, au Soudan et en Éthiopie. Cela n’a pas provoqué l’émoi mondial que nous connaissons aujourd’hui. L’émotion a été suscitée parce que les victimes étaient juives, puis elle s’est déplacée sur les victimes palestiniennes. Les deux peuples sont dans un corps à corps que même l’émotion n’arrive pas à séparer.

    Les années 1990 ont été marquées par les accords d’Oslo en 1993. Relèvent-ils du mirage aujourd’hui ?
     
    Non, on pouvait gérer une décolonisation. Mais déjà à la fin des accords d’Oslo, il n’y a pas eu décolonisation mais doublement de la #colonisation sous le gouvernement socialiste et ensuite sous le premier gouvernement Nétanyahou. Ce sont l’occupation, la colonisation, qui ont amené l’échec des processus. Il n’existe pas d’occupation, de colonisation pacifique et démocratique.

    Aujourd’hui, c’est infiniment plus difficile à l’aune de la violence, des passions, des derniers événements, des chocs identitaires, de la #haine tout simplement. Qui plus est, depuis une trentaine d’années, vous avez une évolution commune vers une vision religieuse et extrémiste, aussi bien chez les juifs que chez les Palestiniens.

    La Palestine fonctionne en jeu à somme nulle, le progrès de l’un se fait au détriment de l’autre.

    Vous voulez dire que le conflit territorial est devenu un conflit religieux ?

    Il a toujours été religieux. Dès l’origine, le mouvement sioniste ne pouvait fonctionner qu’en utilisant des références religieuses, même si ses patrons étaient laïcs. La blague de l’époque disait que les sionistes ne croyaient pas en Dieu mais croyaient que Dieu leur avait promis la Terre promise.

    Le projet sioniste, même s’il se présentait comme un mouvement de sauvetage du peuple juif, ne pouvait fonctionner qu’en manipulant les affects. Il était de nature religieuse puisqu’il renvoyait à la Terre sainte. Vous avez une myriade d’endroits qui sont des #symboles_religieux, mais qui sont aussi des #symboles_nationaux, aussi bien pour les #juifs que pour les #musulmans : l’esplanade des Mosquées, le tombeau des Patriarches, le mur des Lamentations. Et puis il y a les gens qui se sentent mandatés par Dieu.

    De même, les musulmans ont cherché des alliés en jouant sur la solidarité islamique. Dès les années 1930, la défense de la mosquée Al-Aqsa est devenue un thème fédérateur.

    Pourquoi est-il devenu difficile d’invoquer une lecture coloniale du conflit depuis les massacres du Hamas du 7 octobre ?

    Le sionisme est à l’origine un corps étranger dans la région. Pour arriver à ses fins, il a eu besoin d’un soutien européen avant 1914, puis britannique et finalement américain. Israël s’est posé comme citadelle de l’#Occident dans la région et conserve le #discours_colonial de la supériorité civilisatrice et démocratique. Cet anachronisme est douloureusement ressenti par les autres parties prenantes.

    Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, les responsables sionistes n’hésitaient pas à se comparer à la colonisation britannique en Afrique noire avec la nécessité de mater les protestations indigènes. 

    La Palestine fonctionne en jeu à somme nulle, le progrès de l’un se fait au détriment de l’autre. La constitution de l’État juif impliquait un « transfert » de la population arabe à l’extérieur, terme poli pour « expulsion ». La #confiscation des #terres détenues par les Arabes en est le corollaire. Les régions où ont eu lieu les atrocités du 7 octobre étaient peuplées d’Arabes qui ont été expulsés en 1948-1950.

    Dire cela, c’est se faire accuser de trouver des excuses au terrorisme. Dès que vous essayez de donner des éléments de compréhension, vous vous confrontez à l’accusation : « Comprendre, c’est excuser. » Il faut bien admettre que le #Hamas dans la bande de Gaza recrute majoritairement chez les descendants des expulsés. Cela ne veut pas dire approuver ce qui s’est passé.

    Le slogan « From the river to the sea, Palestine will be free » (« De la rivière à la mer, la Palestine sera libre ») utilisé par les soutiens de la Palestine fait polémique. Est-ce vouloir rayer de la carte Israël ou une revendication légitime d’un État palestinien ?

    Il a été utilisé par les deux parties et dans le même sens. Les mouvements sionistes, en particulier la droite sioniste, ont toujours dit que cette terre devait être juive et israélienne au moins jusqu’au fleuve. Le parti de l’ancêtre du Likoud voulait même annexer l’ensemble de la Jordanie.

    Chez certains Palestiniens, on a une vision soft qui consiste à dire que « si nous réclamons un État palestinien réunissant la bande de Gaza et la Cisjordanie, nous considérons l’ensemble de la terre comme la Palestine historique, comme partie de notre histoire, mais nous ne la revendiquons pas dans sa totalité ».

    Israël depuis sa fondation n’a pas de #frontières définies internationalement. Il a toujours revendiqué la totalité de la Palestine mandataire, voire plus. Il a ainsi rejeté l’avis de la Cour internationale de justice qui faisait des lignes d’armistice de 1949 ses frontières permanentes.

    Cette indétermination se retrouve de l’autre côté. La libération de la Palestine renvoie à la totalité du territoire. D’autres exigeaient la carte du plan de partage de 1947. Pour l’Organisation de libération de la Palestine (#OLP), faire l’#État_palestinien sur les territoires occupés en 1968 était la concession ultime.

    Les Arabes en général ont reçu sans grand problème les réfugiés arméniens durant la Grande Guerre et les années suivantes. Ces Arméniens ont pu conserver l’essentiel de leur culture. Mais il n’y avait pas de question politique. Il n’était pas question de créer un État arménien au Levant.

    Dès le départ, les Arabes de Palestine ont vu dans le projet sioniste une menace de dépossession et d’expulsion. On ne peut pas dire qu’ils ont eu tort…

    Le mouvement islamiste palestinien, le Hamas, classé #terroriste par l’Union européenne et les États-Unis, est aujourd’hui le principal acteur de la guerre avec Israël…

    Définir l’ennemi comme terroriste, c’est le placer hors la loi. Bien des épisodes de décolonisation ont vu des « terroristes » devenir du jour au lendemain des interlocuteurs valables. 

    Bien sûr, il existe des actes terroristes et les atrocités du 7 octobre le sont. Mais c’est plus une méthodologie qu’une idéologie. C’est une forme de guerre qui s’en prend aux civils selon les définitions les plus courantes. Jamais un terroriste ne s’est défini comme tel. Il se voit comme un combattant légitime et généralement son but est d’être considéré comme tel. Avec l’État islamique et le 7 octobre, on se trouve clairement devant un usage volontaire de la cruauté.

    La rhétorique habituelle est de dire que l’on fait la guerre à un régime politique et non à un peuple. Mais si on n’offre pas une perspective politique à ce peuple, il a le sentiment que c’est lui que l’on a mis hors la loi. Il le voit bien quand on dit « les Israéliens ont le droit de se défendre », mais apparemment pas quand il s’agit de Palestiniens.

    D’aucuns expliquent qu’Israël a favorisé l’ascension du Hamas pour qu’un vrai État palestinien indépendant ne voie jamais le jour au détriment de l’#autorité_palestinienne qui n’administre aujourd’hui plus que la Cisjordanie. Est-ce que le Hamas est le meilleur ennemi des Palestiniens ? 

    Incontestablement, les Israéliens ont favorisé les #Frères_musulmans de la bande de Gaza dans les années 1970 et 1980 pour contrer les activités du #Fatah. De même, après 2007, ils voulaient faire du Hamas un #sous-traitant chargé de la bande de Gaza, comme l’Autorité palestinienne l’est pour la Cisjordanie. 

    Le meilleur moyen de contrer le Hamas est d’offrir aux Palestiniens une vraie perspective politique et non de bonnes paroles et quelques aides économiques qui sont des emplâtres sur des jambes de bois. 

    Quel peut être l’avenir de l’Autorité palestinienne, aujourd’hui déconsidérée ? Et du Fatah, le parti du président Mahmoud Abbas, pressé par la base de renouer avec la lutte armée et le Hamas ?

    Le seul acquis de l’Autorité palestinienne, ou plus précisément de l’OLP, c’est sa légitimité diplomatique. Sur le terrain, elle est perçue comme un sous-traitant de l’occupation israélienne incapable de contrer un régime d’occupation de plus en plus dur. Elle est dans l’incapacité de protéger ses administrés. Le risque majeur pour elle est tout simplement de s’effondrer.

    Le Hamas appelle les Palestiniens de Cisjordanie à se soulever. Un soulèvement généralisé des Palestiniens peut-il advenir ?

    En Cisjordanie, on a surtout de petits groupes de jeunes armés totalement désorganisés. Mais la violence et la répression sont devenues quotidiennes et les violences permanentes. À l’extérieur, l’Occident apparaît complice de l’occupation et de la répression israéliennes. L’Iran, la Chine et la Russie en profitent.

    Le premier tome de votre monumentale « Question de Palestine » s’ouvre sur 1799, lorsque l’armée de Napoléon Bonaparte entre en Palestine, il court jusqu’en 1922. Avec cette accroche : l’invention de la Terre sainte. En quoi cette année est-elle fondatrice ?

    En 1799, l’armée de Bonaparte parcourt le littoral palestinien jusqu’à Tyr. En Europe, certains y voient la possibilité de créer un État juif en Palestine. Mais l’ouverture de la Terre sainte aux Occidentaux est aussi l’occasion d’une lutte d’influences entre puissances chrétiennes. 

    Dans le tome 4, « Le rameau d’olivier et le fusil du combattant » (1967-1982), vous revenez sur ce qui a été un conflit israélo-arabe, puis un conflit israélo-palestinien. Est-ce que cela peut le redevenir ?

    Jusqu’en 1948, c’est un conflit israélo-palestinien avant tout. En 1948, cela devient un #conflit_israélo-arabe avec une dimension palestinienne. À partir de la fin des années 1970, la dimension palestinienne redevient essentielle.

    Ben Gourion disait que la victoire du sionisme était d’avoir transformé la question juive en problème arabe. Les derniers événements semblent montrer que le #problème_arabe est en train de redevenir une #question_juive.

    Le rôle des États-Unis a toujours été déterminant dans ce conflit. Que nous dit leur position aujourd’hui ? 

    La question de Palestine est en même temps une question intérieure pour les pays occidentaux du fait de l’histoire de la Shoah et de la colonisation. Il s’y ajoute aux États-Unis une dimension religieuse du fait du biblisme protestant et du « pionniérisme ». Les Palestiniens leur semblent être quelque part entre les Indiens et les Mexicains…

    La « République impériale » vient encore de montrer son impressionnante capacité de projection militaire dans la région, mais aussi son incapacité à obtenir un règlement politique satisfaisant.

    Pourquoi ce conflit déclenche-t-il autant de passions et clive-t-il autant dans le monde entier, où comme en France, le président appelle à « ne pas importer le conflit » ?

    C’est un conflit gorgé d’histoire. La Terre sainte est celle des trois religions monothéistes. Le conflit lui-même porte avec lui la mémoire de la Shoah et de la colonisation, d’où l’extraordinaire position d’exceptionnalité des acteurs.

    Vous avez écrit cinq tomes sur la question de Palestine. Après l’ultime « La Paix impossible », quel pourrait être le sixième ?
     
    Peut-être le retour de la question juive, mais c’est loin d’être une perspective encourageante.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/191123/henry-laurens-est-sur-la-voie-d-un-processus-de-destruction-de-masse-gaza

    #discours_génocidaire #religion (s) #sionisme

  • Israel’s Army Urges Gazans to Go South, but They Fear Being Bombed Along the Way - Palestinians - Haaretz.com
    https://archive.ph/2023.11.06-084138/https://www.haaretz.com/middle-east-news/palestinians/2023-11-06/ty-article-magazine/.premium/israels-army-urges-gazans-to-go-south-but-they-fear-being-bombed-along-the-way/0000018b-a017-dc0b-a1cb-e5d772d40000

    Manal’s voice is flat, but she doesn’t forget to ask me how I am. Why didn’t you go to the south, I ask her. She answers: “Because they’re bombing everywhere anyway. Bombing everyone, including the caravans headed south. There’s no safe place. It’s #extermination. Do you know what extermination is?” I hear similar explanations from many others who decided to stay in the northern Gaza Strip, despite the army’s demand – starting October 13 – to move south. Every day, such bombings are reported, killing and wounding civilians.

    #Gaza #racisme #honte #sionisme

  • Biden’s Support for Israel Now Comes With Words of Caution - The New York Times
    https://archive.ph/2023.10.31-134610/https://www.nytimes.com/2023/10/30/us/politics/biden-israel.html

    It became evident to U.S. officials that Israeli leaders believed mass civilian casualties were an acceptable price in the military campaign. In private conversations with American counterparts, Israeli officials referred to how the United States and other allied powers resorted to devastating bombings in Germany and Japan during World War II — including the dropping of the two atomic warheads in Hiroshima and Nagasaki — to try to defeat those countries.

    • La partialité systématique des #médias_occidentaux trouve un écho dans la réaction symétrique du #monde_arabe et d’une bonne partie des pays du #Sud, où le soutien de l’#Occident à la résistance de l’Ukraine contre l’agression russe, alors qu’il refuse de reconnaître l’agression d’Israël contre les #Palestiniens sous #occupation, a déjà suscité des accusations d’hypocrisie (une division qui rappelle les fractures de 1956, lorsque les peuples des « pays en voie de développement » étaient solidaires de la lutte de l’Algérie pour l’autodétermination, tandis que les pays occidentaux soutenaient la résistance de la Hongrie à l’invasion soviétique).

      ... Les fantasmes ethno-tribalistes de la #gauche_décoloniale, avec ses invocations rituelles de Fanon et son exaltation des guérilleros en parapente du Hamas, sont en effet pervers. Comme l’écrivait l’écrivain palestinien Karim Kattan dans un essai émouvant publié par le journal Le Monde6, il semble être devenu impossible à certains amis autoproclamés de la Palestine de dire tout à la fois que « les massacres comme ceux qui ont eu lieu à la rave party du festival Tribe of Nova sont une horreur indigne » et qu’« Israël est une puissance coloniale féroce, coupable de crimes contre l’humanité ».

      ... Quant aux habitants de #Gaza, ils sont non seulement contraints de payer pour les actions du Hamas, mais aussi, une fois de plus, pour les crimes d’Hitler. Et l’impératif d’invoquer la Shoah est devenu le véritable « dôme de fer » idéologique d’Israël, son bouclier contre toute critique de ses actions.

      ... La vérité incontournable, c’est qu’Israël ne peut pas plus étouffer la résistance palestinienne par la violence que les Palestiniens ne peuvent vaincre dans une guerre de libération de type algérien : juifs israéliens et Arabes palestiniens sont « coincés » dans une relation inextricable — à moins qu’Israël, de loin le plus fort des deux adversaires, ne pousse les Palestiniens à l’exil pour de bon. La seule chose qui puisse sauver les peuples d’Israël et de Palestine et empêcher une nouvelle Nakba — laquelle est devenue une possibilité réelle, alors qu’une nouvelle Shoah n’est qu’une hallucination d’origine traumatique — est une solution politique qui accorde aux deux peuples un égal droit de citoyenneté et leur permette de vivre en paix et en liberté, que ce soit dans un unique État démocratique, dans deux États ou dans une fédération. Tant que la quête de cette solution sera refoulée, la dégradation continue de la situation est pratiquement garantie, et avec elle la certitude d’une catastrophe encore plus terrible.

      https://seenthis.net/messages/1023747
      https://seenthis.net/messages/1022464

      #Israël #Palestine ##Franz_Fanon #vengeance #luttes_de_libération_nationale #extermination_des_juifs_par_les_Nazis #dôme_de_fer_idéologique_d’Israël #pathologie_de_la_vengeance #culte_de_la_force #crimes_de_guerre #crimes_contre_l’humanité

  • #Rima_Hassan : « Nous subissons une #punition_collective »

    Pour Rima Hassan, juriste et fondatrice de l’Observatoire des camps de réfugiés, ce qui se passe à #Gaza est un « #carnage », qui relève d’une logique de « #génocide ». Elle dénonce le #cynisme de #Nétanyahou et la #récupération du #Hamas.

    Rima Hassan, 30 ans, est une Palestinienne dont toute la vie s’est déroulée en exil. Apatride jusqu’à ses 18 ans, aujourd’hui française, elle suit la guerre depuis la Jordanie, où elle séjourne actuellement pour une recherche à travers plusieurs pays sur les camps de réfugié·es palestinien·nes. Juriste autrice d’un mémoire de master en droit international sur la qualification du crime d’apartheid en Israël, dans une approche comparative avec l’Afrique du Sud, cette fondatrice de l’Observatoire des camps de réfugiés dénonce aujourd’hui un « génocide » et la #responsabilité d’#Israël dans la création du Hamas. Elle répond par téléphone à Mediapart samedi après-midi, alors que toutes les communications avec Gaza étaient coupées depuis la veille au soir.

    Mediapart : Qu’avez-vous comme informations sur ce qu’il se passe depuis vendredi soir à Gaza ?

    Rima Hassan : Les seules informations dont je dispose sont celles des journalistes d’Al Jazeera. C’est un carnage qui est en train de se passer. Jusqu’ici, l’#armée_israélienne prévenait tout de même avant de bombarder : #Tsahal larguait des centaines de petits coupons de papier sur la population gazaouie, pour avertir et donner quelques heures aux civils pour évacuer. Mais cette nuit-là, d’après Al Jazeera, il n’y a même pas eu d’annonce. Ce sont des #attaques_indiscriminées, par tous les moyens dont dispose l’armée israélienne. Il faudra mettre en perspective le nombre de responsables du Hamas tués par rapport au nombre de #victimes_civiles. D’après l’UNRWA, l’agence de l’ONU d’aide aux réfugiés palestiniens, 1,2 million de personnes de la bande Gaza ont par ailleurs déjà été déplacées.

    Ce qui se passe est inédit, paralysant, il est très compliqué de réfléchir. Depuis vendredi en fin de journée, on ne peut plus joindre personne dans la bande de Gaza.

    Comment qualifier les événements ?

    Cela relève du génocide. On n’a pas encore les chiffres précis, les Palestiniens ne sont plus en mesure de compter leurs morts. Ce vendredi 27 octobre était de toute façon une nuit sans précédent en termes d’intensification des #bombardements, dans l’un des territoires les plus densément peuplés au monde.

    Mais au-delà des morts, c’est tout ce qui entoure cette offensive qui caractérise le génocide : le fait de ne pas laisser de passages sûrs accessibles aux civils pour pouvoir fuir les combat, d’empêcher les humanitaires de passer, de ne pas prévenir les lieux qu’on cible, et le #blackout. En coupant toutes les communications, les autorités israéliennes veulent minimiser l’écho international de ce qui s’est passé dans la nuit de vendredi à samedi à Gaza. Je rappelle que 34 journalistes ont été tués dans le territoire depuis le 7 octobre.

    On fait tout pour concentrer une population sur un même espace, et précisément au moment où une résolution est adoptée à la majorité à l’ONU en faveur d’un cessez-le feu, on intensifie les bombardements, tout en bloquant tous les canaux de #communication : tout est mobilisé pour que les dégâts soient maximaux.

    Israël a tué bien plus à Gaza depuis le 7 octobre qu’au cours des vingt dernières années.

    Estimez-vous qu’il y a une intention génocidaire ?

    Il suffit d’écouter les déclarations des officiels israéliens. L’#animalisation du sujet palestinien est constante, de la même manière que les Juifs et les Tutsis étaient comparés à des animaux. Toutes les catégories des groupes ayant fait l’objet de #massacres ont été déshumanisées dans le but de justifier leur exclusion de la communauté humaine ; c’était un préalable à leur #extermination. « Nous combattons des #animaux_humains », a dit le ministre israélien de la défense #Yoav_Gallant le 9 octobre…

    Les médias israéliens répandent en outre l’idée qu’il n’y a pas d’innocents à Gaza : les civils tués sont assimilés au Hamas, à des terroristes – dans ces circonstances, un #dommage_collatéral n’est pas très grave. Les propos tenus sont sans ambiguïté : « #incinération_totale », « Gaza doit revenir à Dresde », « annihiler Gaza maintenant », etc. Voilà ce qu’a pu dire jeudi #Moshe_Feiglinun, ancien membre de la Knesset, sur un plateau télé.

    On a entendu dire également par #Benyamin_Nétanyahou que les Palestiniens pouvaient être accueillis dans le #Sinaï [territoire égyptien frontalier d’Israël et de la bande de Gaza – ndlr], ce qui renvoie, là aussi, à une logique de #disparition : c’est une population indésirable que l’on souhaite exclure.

    Toute cela s’inscrit dans une logique colonialiste de la part d’Israël, depuis sa création. Depuis longtemps on observe, chez les officiels israéliens, une constante à déshumaniser les Palestiniens, qui, bien avant le 7 octobre 2023, ont été comparés à des #cafards ou à des #sauterelles. « Les Palestiniens seront écrasés comme des sauterelles (…) leurs têtes éclatées contre les rochers et les murs », disait le premier ministre israélien #Yitzhak_Shamir en 1988. « Lorsque nous aurons colonisé le pays, il ne restera plus aux Arabes qu’à tourner en rond comme des cafards drogués dans une bouteille », avait déclaré le chef d’état-major #Raphael_Eitan en 1983 d’après le New York Times.

    Les massacres du 7 octobre ont été perçus comme quelque chose d’explosif. En termes de vies civiles perdues, c’est sans précédent. Mais il faut rappeler que cela s’inscrit dans un #conflit_colonial_asymétrique, où les #réfugiés_palestiniens ont vu l’abolition de leur #droit_au_retour, où les Palestiniens de #Cisjordanie vivent sous #colonisation et sous #occupation, où les Palestiniens citoyens d’Israël se sont vu octroyer un statut de seconde zone après un régime militaire jusqu’en 1967, et où les Palestiniens de Gaza vivent un #blocus illégal depuis dix-sept ans.

    Quelle est l’importance du facteur religieux ?

    Ce n’est pas un #conflit_religieux. Même si l’on a au pouvoir des gens liés à une #radicalité_religieuse, du côté du pouvoir israélien comme du Hamas. On observe une #dérive_religieuse dans les extrêmes des deux sociétés.

    La population palestinienne ne fait pas de reproche aux Israéliens pour ce qu’ils sont – des Juifs –, mais pour ce qu’ils font : la colonisation.

    Rappelons que les personnes à l’origine de la fondation de l’État d’Israël étaient des laïques, et non pas des religieux. L’identité palestinienne a par ailleurs toujours été multiconfessionnelle.

    Il est inconcevable de confisquer une souffrance palestinienne vieille de 75 ans avec la #récupération qui est faite aujourd’hui par le Hamas. Pour nous, c’est la #double_peine.

    Côté israélien, c’est d’un #cynisme sans nom : c’est Nétanyahou lui-même qui a soutenu le Hamas, car l’organisation islamiste était perçue comme rivale du #Fatah [parti nationaliste palestinien fondé par Yasser Arafat – ndlr]. Voilà ce qu’il déclarait par exemple en mars 2019, comme l’a rappelé récemment un article d’Haaretz : « Quiconque veut contrecarrer la création d’un État palestinien doit soutenir le renforcement du Hamas et transférer de l’argent au Hamas. » Israël a une responsabilité majeure dans la création de l’organisation islamiste. Ce sont les autorités israéliennes qui ont nourri le monstre.

    Nous subissons avec ce blocus une punition collective. Nous qui utilisons le droit international et la voie diplomatique, qui nous battons depuis des dizaines d’années pour un État laïque, nous nous trouvons face à des autorités qui ont soutenu le Hamas... et qui aujourd’hui nous bombardent.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/291023/rima-hassan-nous-subissons-une-punition-collective
    #Palestine #7_octobre_2023 #déshumanisation #religion #à_lire

  • Sortir de l’enfer - La méridienne
    https://www.la-meridienne.info/spip.php?article22

    « Pourquoi une bombe lâchée sur un immeuble de Gaza, ça ne te fait rien ?, demandait l’autre jour une amie arabe à un Français de son entourage bouleversé, à juste titre, par l’attaque du Hamas, mais totalement indifférent au reste. Tu crois que c’est plus doux ? » C’est une vraie question.

    « D’une manière globale, je trouve que l’international est de moins en moins présent dans les discours de gauche. Chez les jeunes générations, l’internationalisme n’est pas toujours une évidence comme il l’était pour des générations plus anciennes », disait récemment la députée de La France insoumise Clémentine Autain à Mediapart, à propos d’une autre cause : la cause arménienne. C’est une explication possible. Mais on voit aussi (et ici je demande pardon à mes lecteur-ices concerné-es pour la brutalité du constat, même si je me doute que je ne leur apprends rien) les effets de longues années de déshumanisation et de diabolisation des musulman-es. Lentement mais sûrement, l’islamophobie et ses innombrables relais ont fait leur office, ils ont émoussé les sensibilités.

  • « Antisémitisme et national-socialisme », par Moishe Postone
    http://www.palim-psao.fr/article-31273595.html

    Qu’est‑ce qui fait la spécificité de l’Holocauste et de l’#antisémitisme moderne ? Ni le nombre des hommes qui furent assassinés ni l’étendue de leurs souffrances : ce n’est pas une question de quantité. Les exemples historiques de meurtres de masse et de génocides ne manquent pas. (Par exemple, les nazis assassinèrent bien plus de Russes que de juifs.) En réalité, il s’agit d’une spécificité qualitative. Certains aspects de l’anéantissement du judaïsme européen restent inexplicables tant que l’on traite l’antisémitisme comme un exemple particulier d’une stratégie du bouc émissaire dont les victimes auraient fort bien pu être les membres de n’importe quel autre groupe.

      L’Holocauste se caractérise par un sens de la mission idéologique, par une relative absence d’émotion et de haine directe (contrairement aux pogromes, par exemple) et, ce qui est encore plus important, par son manque évident de fonctionnalité. L’extermination des juifs n’était pas le moyen d’une autre fin. Les juifs ne furent pas exterminés pour une raison militaire ni au cours d’un violent processus d’acquisition territoriale (comme ce fut le cas pour les Indiens d’Amérique ou les Tasmaniens). Il ne s’agissait pas davantage d’éliminer les résistants potentiels parmi les juifs pour exploiter plus facilement les autres en tant qu’ilotes. (C’était là par ailleurs la politique des nazis à l’égard des Polonais et des Russes.) Il n’y avait pas non plus un quelconque autre but « extérieur ». L’extermination des juifs ne devait pas seulement être totale, elle était une fin en soi : l’#extermination pour l’extermination, une fin exigeant la priorité absolue[3].

      Ni une explication fonctionnaliste du meurtre de masse ni une théorie de l’antisémitisme centrée sur la notion de bouc émissaire ne sauraient fournir d’explication satisfaisante au fait que, pendant les dernières années de la guerre, une importante partie des chemins de fer fut utilisée pour transporter les juifs vers les chambres à gaz et non pour soutenir la logistique de l’armée alors que la Wehrmacht était écrasée par l’Armée rouge. Une fois reconnue la spécificité qualitative de l’anéantissement du judaïsme européen, il devient évident que toutes les tentatives d’explication qui s’appuient sur les notions de capitalisme, de racisme, de bureaucratie, de répression sexuelle ou de personnalité autoritaire demeurent beaucoup trop générales. Comprendre, ne serait‑ce qu’en partie, la spécificité de l’Holocauste exige de recourir à une argumentation elle‑même spécifique.

      Bien sûr, l’anéantissement du judaïsme europeen est lié à l’antisémitisme. La spécificité du premier doit donc être mise en rapport avec celle du second. De plus, comprendre l’antisémitisme moderne suppose la prise en compte du #nazisme comme d’un mouvement qui, dans la compréhension qu’il avait de lui‑même, se pensait comme une révolte.

      L’antisémitisme moderne, qu’il ne faut pas confondre avec le préjugé anti‑juifs courant, est une idéologie, une forme de pensée, qui a fait son apparition en Europe à la fin du XIXe siècle. Son apparition suppose l’existence séculaire de formes d’antisémitisme antérieures qui ont toujours fait partie de la civilisation chrétienne occidentale. Toutes les formes de l’antisémitisme ont en commun l’idée d’un pouvoir attribué aux juifs : le pouvoir de tuer Dieu, de déchaîner la peste ou, plus récemment, d’engendrer le capitalisme et le socialisme. La pensée antisémite est une pensée fortement manichéenne dans laquelle les juifs jouent le rôle des enfants des ténèbres.

      Ce n’est pas seulement le degré mais aussi la qualité du #pouvoir_attribué_aux_juifs qui différencie l’antisémitisme des autres formes de #racisme. Probablement, toutes les formes de racisme prêtent à l’Autre un pouvoir potentiel. Mais, habituellement, ce pouvoir est concret, matériel et sexuel. C’est le pouvoir potentiel de l’opprimé (comme puissance du refoulé), du « sous‑homme ». Le pouvoir attribué aux juifs par l’antisémitisme n’est pas seulement conçu comme plus grand mais aussi comme réel et non comme potentiel. Cette différence qualitative est exprimée par l’antisémitisme moderne en termes de mystérieuse présence insaisissable, abstraite et universelle. Ce pouvoir n’apparaît pas en tant que tel mais cherche un support concret — politique, social ou culturel — à travers lequel il puisse fonctionner. Étant donné que ce pouvoir n’est pas fixé concrètement, qu’il n’est pas « enraciné », il est ressenti comme immensément grand et difficilement contrôlable. Il est censé se tenir derrière les apparences sans leur être identique. Sa source est donc cachée, conspiratrice. Les juifs sont synonymes d’une insaisissable #conspiration internationale, démesurément puissante.

  • Comprendre l’extermination à Auschwitz : histoire d’un témoignage miraculé
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/comprendre-l-extermination-a-auschwitz-histoire-d-un-temoignage-miracule

    ... cette publication est surtout un événement dans la mesure où plus de trente-cinq ans ont été nécessaires pour que ce #texte nous soit pleinement accessible. Et c’est cet intervalle qui leste le double legs de Nadjary d’une dimension supplémentaire, et vient en souligner l’importance. Car ce délai ne vient pas seulement éclairer la difficulté à rendre déchiffrable un texte fragile qui aura miraculeusement résisté parce qu’il avait été enfoui dans le sol d’#Auschwitz, plié en douze petits feuillets miniatures, et roulé dans un thermos. Entre sa découverte, à l’automne 1980, neuf années après la mort de Nadjary, et la toute première publication sous forme de récit, en 1991 et en Grèce, onze années s’étaient écoulées. Mais le progrès technique n’avançait pas à la même cadence, et seuls 10% du manuscrit étaient en réalité déchiffrables à l’époque : le papier avait été grignoté par l’humidité, et l’encre bleue délavée semblait avoir inondé les pages arrachées à un cahier. C’est seulement après sa dissémination à l’international, et parce qu’une édition en russe, notamment, avait vu le jour, qu’un expert informatique russe, rompu à l’imagerie high tech, se manifestera, pour proposer ses services et déchiffrer le reste du manuscrit. Il avait entendu parler du texte tandis qu’il écoutait une émission de radio, et pensait que l’#imagerie dernier cri saurait faire des miracles. Il avait raison.

    ... Contrairement à l’image qui est longtemps restée, les #Sonderkommandos n’ont joué aucun rôle direct dans l’assassinat des #Juifs_déportés : tenace, ce lieu commun n’a aucune prise avec la réalité historique. Pour la bonne raison, explique encore Tal Brutmann, que ces déportés-là aussi étaient destinés à être assassinés, le moment venu : “Les nazis n’ont jamais confié les moyens d’assassiner à des Juifs puisque les Sonderkommandos aussi devaient mourir, parce qu’eux aussi était juifs.” En octobre 1944, près de six cents membres des Sonderkommandos seront assassinés, après qu’un groupe, composé notamment de Grecs, ait entrepris de se révolter. La moitié seront tués à titre de représailles. Pas #Marcel_Nadjary, qui survivra à la défaite nazie et témoignera en 1947 à nouveau.

    Téléphone arabe

    Son témoignage, écrit en grec mais ponctué de ce qu’on appelle "la #langue_des_camps", n’avait jamais été traduit en français, mais seulement en anglais, en russe et en polonais. Or en France, l’idée était restée, dans un sillage tenace, que les Sonderkommandos avaient bénéficié de privilèges au bénéfice de leur rôle au premier rang de la machine d’#extermination nazie. Au point que les #témoignages des Sonderkommandos ont longtemps suscité de la méfiance, et pendant les années qui suivirent la Libération, ces récits ont d’abord été accueillis avec méfiance par les #historiens. S’ils avaient témoigné, n’était-ce pas qu’ils avaient mieux survécu ? C’était en réalité oublier que, comme celui de Nadjary, ces témoignages avaient traversé le temps à la faveur d’un enfouissement précaire dans le sol, ou encore que l’immense majorité de ces travailleurs préposés à des tâches qu’ils n’avaient pas choisies n’étaient pas consentants, et massivement liquidés précisément parce que les nazis entendaient maintenir le #secret le plus durable sur le processus d’extermination. C’est en particulier le récit de Primo Levi qui, auprès du lectorat français et bientôt de l’opinion publique, a contribué à prolonger le doute sur la fiabilité d’un témoignage comme celui de Marcel Nadjary. Si les Sonderkommandos n’étaient pas responsables de ce qu’ils avaient dû faire, n’avaient-ils pas été un rouage de la machine de mise à mort nazie ? Un véritable exemple de “téléphone arabe”, analyse en fait a distance Tal Brutmann, qui explique Primo Levi se trouvait en réalité détenu dans une toute autre zone du camp d’Auschwitz, où l’information circulait mal et où des rumeurs pouvaient se frayer un chemin, à la faveur de mauvaises informations, ou de l’angoisse.

    Or le témoignage de Marcel Nadjary est au contraire décisif pour accéder à un savoir plus empirique sur l’histoire des #chambres_à_gaz. Lui qui croit qu’il va mourir, au moment où il s’adresse par écrit à ses amis à la manière d’un geste de testament, se donne pour tâche de décrire avec précision le mécanisme de l’extermination. Il inclut à son texte des informations précises, techniques, mais aussi chiffrées : comme le souligne Serge Klarsfeld, qui préface cette édition française de Nadjary qui paraît chez Signes et balises, c’est lui qui parvient à s’approcher, plus que bien d’autres, du chiffre le plus proche du nombre des victimes juives à Auschwitz. Nadjary, bien sûr, se trompe, lui qui n’a passé que six mois au seuil du Crématoire III : il évoque 1 400 000 #Juifs assassinés, là où le nombre exact sera de 1 052 000 pour le seul camp d’Auschwitz. Mais davantage que bien des statisticiens qui s’efforceront de prendre la mesure de l’assassinat de masse durant cinquante ans, c’est lui qui collera le plus près à la réalité. C’est aussi lui qui décrira des comportements, des façons de faire, qui permettent aujourd’hui d’approcher au plus proche de ce que fut le tri des déportés sur la rampe à la descente du train, ou encore la manière dont le gaz était utilisé : libéré ensuite par des trappes, nous apprend son manuscrit, le #gaz était transporté jusqu’au crématoire dans un véhicule de la Croix rouge allemande affrété par deux soldats SS.

    “Les rouleaux d’Auschwitz”

    Né en 1917 à Thessalonique, Nadjary finira sa vie à New-York, où il est mort en 1971, vingt ans après avoir émigré. Son manuscrit, des six témoignages laissés par les Sonderkommandos qui aient pu être retrouvés à ce jour, est le seul qu’on doive à un #Grec. Or en Grèce, cette mémoire de la Shoah est longtemps restée un territoire méconnu, en même temps qu’une trace largement enfouie, bien que des historiens comme Raul Hilberg, par exemple, aient pu estimer que 85% de la population juive de Grèce ait péri dans la Shoah. “Un taux comparable à la Pologne”....

    #nazisme #camps_d'extermination #histoire #radio #livre

    edit le témoignage de Nadjary est utilisé au théâtre dans C’était un samedi https://seenthis.net/messages/1015526

  • « Replacer les disparus parmi les vivants » - Les mots sont importants (lmsi.net)

    Un bel entretien avec l’amie Irène Bonnaud

    https://lmsi.net/Replacer-les-disparus-parmi-les-vivants

    Du 9 au 30 septembre, le Théâtre du soleil accueille, pour le spectacle C’était un samedi, le KET, un très important lieu de création artistique et de résistance politique fondé et animé par Dimitris Alexakis et Fotini Banou à Athènes. C’est au KET qu’a été monté ce spectacle consacré à l’histoire et à la déportation de la communauté romaniote de Ioannina, l’une des plus anciennes communautés juives d’Europe : « Conçue et mise en scène par la traductrice et metteure en scène Irène Bonnaud, la partition interprétée par l’artiste grecque exhume avec délicatesse la tragédie d’hier pour replacer les disparus parmi les vivants », écrit Anaïs Heluin. « Et tout cela au travers d’un simple monologue », écrit quant à lui George Sarigiannis : « la sensationnelle Fotini Banou, parmi onze petites sculptures expressives de Clio Makris, suscite des frissons d’émotion », tout au long d’un spectacle « ponctué de chants qu’elle interprète d’une voix cristalline, a cappella — romaniotes, séfarades, chants de l’Épire, rébétiko — et qui décuplent l’émotion ». « Ce "petit" spectacle », conclut George Sarigiannis, est un événement. Il faut absolument le voir ! J’espère qu’il sera repris et qu’il voyagera. » En guise d’introduction à ce spectacle que nous avions vu lors d’une précédente tournée l’an dernier, et que nous recommandons vivement nous aussi, nous reproduisons un entretien donné par la metteuse en scène Irène Bonnaud.

    #théâtre

    • C’était un samedi, entretien

      Les archéologues peuvent attester d’une présence juive en Grèce dès le troisième siècle avant l’ère chrétienne. On a trouvé des restes de synagogue sur l’île de Delos. Il y avait sûrement des communautés importantes dès l’époque hellénistique. Mais la légende locale à #Ioannina veut que ce soit Titus qui ait embarqué des Juifs de Palestine pour les vendre comme esclaves : le bateau aurait fait naufrage sur les côtes d’Epire et ces captifs juifs auraient fondé la ville. La plupart des historiens pensent qu’en vérité, ce sont des communautés installés plus au Sud de l’Epire, à Nikopolis par exemple, vers Preveza, ou Arta, qui se sont réfugiées à Ioannina pendant les guerres qui agitaient le Haut-Empire byzantin.

      C’est pour ça que la communauté de Ioannina est appelée « #romaniote », romaine : ça veut dire qu’elle était sujette de l’Empire romain d’Orient, qu’elle était byzantine, de langue grecque.

      Peut-être parce que Ioannina est une ville difficile d’accès, entourée par les hautes montagnes de l’Epire, peut-être par conservatisme provincial, son particularisme est resté fort alors que la plupart des communautés juives en Grèce avaient depuis longtemps adopté les rites séfarades. Avec l’arrivée dans les Balkans des Juifs chassés d’Espagne, puis du Portugal à partir du quinzième siècle, les petites communautés juives de Grèce se sont mises à parler judéo-espagnol, mais à quelques endroits, les rites romaniotes, et une #langue_judéo- grecque, du grec écrit en caractères hébreux, se sont maintenus : à Ioannina, à Chania en Crète, en Eubée, dans d’autres villes d’Epire comme Arta ou Preveza.

      [...] Les historiens estiment que 85% de la communauté juive grecque a été déportée et tuée. Bien sûr, c’est un petit pays, mais on parle d’une proportion de disparus aussi terrible qu’en Pologne ou en Lituanie.

      #histoire #extermination #chant #juifs

    • si vous êtes ou passez dans le coin de Paris, c’est « à ne pas manquer »

      Entourée de figurines en terre cuite réalisées par l’artiste d’origine grecque Clio Makris, Fotini Banou commence par chanter. Elle chantera souvent dans C’était un samedi, des morceaux de la communauté romaniote aux sonorités byzantines et d’autres en judéo-espagnol. À la manière d’une conteuse, elle porte aussi dans la première partie de la pièce une nouvelle de Dimitris Hadzis (1913-1981), un « communiste mélancolique » qu’Irène Bonnaud considère comme le plus grand écrivain grec. Le texte, qui décrit l’amitié de deux hommes de Ioannina, où vivaient les Romaniotes, prend vie au contact des sculptures. Il laisse bientôt place à des témoignages recueillis par Irène Bonnaud, parmi des rescapés rencontrés en Grèce, aux États-Unis et en Israël. En ramenant parmi nous une tragédie passée, C’était un samedi fait puissamment écho à la situation de la Grèce d’aujourd’hui.


      https://www.journal-laterrasse.fr/cetait-un-samedi-mis-en-scene-par-irene-bonnaud-nous-parle-des-ro

      #Dimitris_Hadzis #Marcel_Nadjary, #romaniotes #Auschwitz-Birkenau

    • C’était un samedi - Ressusciter la mémoire romaniote, un entretien filmé avec Irène Bonnaud

      "il ont quand même réussi à détruire un crématoire à Birkenau"
      https://akadem.org/magazine/magazine-culturel-2022-2023/ressusciter-la-memoire-romaniote/46863.php
      #audio #vidéo

      edit 30.9/2023 « Depuis Yom Kipour, le site Akadem fait face à une attaque massive.
      Cette agression d’une violence sans précédent a été lancée durant ce jour solennel ; une parfaite maîtrise du calendrier juif qui ne laisse aucun doute sur les motivations de ses auteurs.
      Toutes nos équipes sont actuellement mobilisées afin de rétablir au plus vite notre plateforme et l’ensemble de ses contenus.
      Akadem ne se laisse pas intimider : cette attaque immonde renforce notre détermination à mener à bien notre mission éditoriale. »

      l’entretien avec Irène Bonaud
      https://www.youtube.com/watch?v=XQMsO1Inw2Q

    • « C’était un samedi », plongée dans le massacre des juifs grecs durant la Shoah
      https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/09/12/c-etait-un-samedi-plongee-dans-le-massacre-des-juifs-grecs-durant-la-shoah_6

      Irène Bonnaud met en scène, au Théâtre du Soleil, à Paris, l’occupation de la Grèce par les nazis, la déportation de la communauté juive et ses actions de résistance.Par Joëlle Gayot

      On ne perd jamais son temps au théâtre lorsqu’on y apprend des faits qu’on ne connaissait pas ou mal. C’était un samedi, que met en scène Irène Bonnaud au Théâtre du Soleil, à Paris, ravive un pan majeur de l’histoire du XXe siècle : l’extermination des juifs grecs par les nazis. Quatre-vingt-cinq pour cent de la communauté ont péri dans les camps. Ce sont pourtant ces déportés du Sonderkommando (unité de prisonniers forcés à participer au processus d’extermination) d’Auschwitz-Birkenau (Pologne) qui, le 7 octobre 1944, se révoltaient et détruisaient un four crématoire avec des outils de fortune.

      Ce que Primo Levi (1919-1987), détenu au même moment à Auschwitz III, commentait en ces termes : « Quelques centaines d’hommes, esclaves sans défense et sans force comme nous, ont trouvé en eux-mêmes l’énergie nécessaire pour agir. » Et c’est à l’un d’entre eux, Alberto Errera (1913-1944), que l’on doit l’existence de quatre photographies prises clandestinement à l’intérieur du camp. Ces gestes de résistance et de courage viennent conclure la représentation, comme le rappel d’une révolte possible même lorsqu’elle est suicidaire. Comme s’il s’agissait, pour Irène Bonnaud, de tordre le cou au tragique.

      Son spectacle est conçu en deux temps. D’abord un prologue avec le récit de l’écrivain grec Dimitris Hatzis (1913-1981), qui raconte la vie d’avant la Shoah, à Ioannina, dans la région de l’Epire (Grèce). Un quotidien bien ordonné, où juifs et chrétiens cohabitent mais où, déjà, l’inquiétude gagne. La nouvelle s’achève par la rupture entre Joseph Eliyia, un jeune poète communiste [qui organise, à Ionannina ! un hommage à Rosa Luxembourg !], et Sabethaï Kabilis, son « mentor ». Ce responsable autoproclamé du quartier juif chasse son élève plutôt que de le voir propager des mots qui menaceraient l’équilibre des siens.

      Témoignages conservés

      Disposées sur la scène, les marionnettes, conçues par l’artiste Clio Makris, ne bougent pas. Mais le sol, sous elles, s’affole littéralement. On distingue les images en noir et blanc d’une guerre qui se prépare : vision de soldats allemands défilant au pas cadencé, visage d’Adolf Hitler (1889-1945) haranguant les foules. Fotini Banou, l’actrice grecque qui porte le spectacle (surtitré), fait alors silence. Une autre séquence de jeu l’attend. Elle est écrite par Irène Bonnaud, partie en chasse des témoignages conservés des derniers survivants de la Shoah.

      Alors commence une sarabande infernale où les événements s’enchaînent avec une précision d’horloger : l’arrivée de l’armée allemande dans la ville d’Ioannina ; l’occupation de Thessalonique (Grèce) ; le début des humiliations (qui avaient souvent lieu le jour du shabbat, d’où le titre C’était un samedi) ; la résistance des jeunes, celle des communistes, l’aveuglement des notables, qui tentent de négocier avec les nazis, les réquisitions des maisons, la déportation et l’extermination.

      Ponctuée de chansons interprétées par Fotini Banou, la représentation se lance à pleine vitesse dans l’énoncé du pire. Elle le fait brutalement, en s’arc-boutant sur des dates, des chiffres et des noms. Il ne s’en dégage aucune émotion. Juste l’urgence de faire entendre les faits, pour que le drame ne tombe pas dans l’oubli. C’est cette nécessité et sa mise en œuvre rageuse que l’on retient avant tout de ce spectacle mémoriel où le théâtre pèche souvent par maladresse, quand le propos a, pour sa part, le tranchant d’une lame affûtée.

  • La valle che accoglie

    Viaggio nella più antica chiesa protestante italiana, minoranza un tempo perseguitata, che oggi è in prima linea nell’accoglienza dei migranti e nelle battaglie per i diritti delle donne e delle coppie omosessuali.

    Un corteo composto esce da un edificio giallo e bianco in stile inglese: religiosi e delegati marciano in silenzio. Davanti al gruppo, alcuni indossano delle toghe nere, gli abiti lunghi dei pastori; al collo le facciole, dei fiocchi bianchi, nonostante le temperature proibitive che stanno colpendo le Alpi e le prealpi italiane alla fine di agosto. Il corteo attraversa il giardino, poi la strada, quindi svolta per entrare in un altro edificio che ricorda una chiesa anglicana: il tempio di Torre Pellice, dove si svolgerà il rito che aprirà il sinodo annuale della più antica chiesa protestante italiana, la chiesa valdese, che è anche la più progressista del paese.

    Non è possibile sapere di cosa esattamente discuterà il sinodo prima che cominci, perché perfino l’ordine del giorno è deciso dai 180 delegati che da tutta Italia sono arrivati a Torre Pellice, una cittadina a 55 chilometri da Torino. “Abbiamo una maniera di decidere le cose molto democratica”, spiega la pastora e teologa Daniela Di Carlo, che si definisce “femminista, antispecista, ecologista” e cita più volte la femminista statunitense Donna Haraway e il filosofo spagnolo Paul B. Preciado.

    Un ruolo centrale

    È arrivata nella val Pellice da Milano, la città di cui è la guida spirituale per le chiese protestanti e responsabile dei rapporti con le altre religioni. “Al sinodo dei valdesi non partecipa solo il clero: dei 180 delegati solo novanta sono pastori, gli altri novanta sono fedeli, che sono eletti localmente dalle diverse chiese. Questo significa che l’assemblea può ribaltare i pronostici e non si può mai davvero prevedere quello che succederà durante la riunione. Se non si è d’accordo su qualcosa, si va avanti a discutere a oltranza”, assicura la pastora, seduta nella stanza rossa della Casa valdese, la sede della chiesa valdese e della sala del sinodo, circondata dai quadri che rappresentano i benefattori della chiesa.

    I valdesi hanno consacrato la prima pastora nel 1967 in un paese in cui la chiesa cattolica, che è maggioritaria, non riconosce il sacerdozio femminile. Di Carlo studiava architettura all’università, ma poi ha deciso di dedicare la sua vita alla chiesa negli anni ottanta, dopo un’esperienza di volontariato durante il terremoto in Irpinia. “Mi interessavano più le persone delle case”, scherza. “Nel Vangelo Gesù ha affidato alle donne l’annuncio della sua resurrezione, voleva per le donne un ruolo centrale”, continua.

    “Quando Gesù incontra le sorelle di Lazzaro, Marta e Maria, è molto chiaro. Marta si lamenta perché la sorella Maria si è messa ad ascoltare le sue parole, invece di aiutarla nelle faccende domestiche, ma Gesù le risponde di lasciarla stare, perché Maria si è seduta ‘nella parte buona, che non le sarà tolta’”, continua Di Carlo, secondo cui la possibilità di diventare pastore per le donne era presente già agli albori della chiesa valdese, addirittura prima che questa aderisse alla riforma protestante nel cinquecento, per essere prima abolita, quindi ripristinata nella seconda metà del novecento. Come guida spirituale della sua comunità non si sente discriminata in quanto donna. “Tranne nei casi in cui partecipo alle cerimonie ecumeniche, specialmente nel rito ortodosso ci sono molti limiti che ancora escludono le donne dalla liturgia”, spiega.

    I valdesi sono stati i primi a benedire le unioni tra persone dello stesso sesso e nel sinodo di quest’anno potrebbero discutere della gestazione per altri (gpa), una pratica riproduttiva che divide anche le femministe e per cui il governo italiano guidato da Giorgia Meloni ha proposto addirittura l’istituzione del “reato universale”. “Abbiamo affidato a una commissione l’indagine sul tema e ne dovremmo discutere. Potrebbero esserci delle divisioni, come avvenne al tempo del riconoscimento delle unioni civili, ma si troverà un accordo”, assicura Di Carlo. Nel sinodo di quest’anno si discuterà anche della mancata presa di distanza dal fascismo nel sinodo del 1943, che si svolse dal 6 al 10 settembre durante i giorni dell’armistizio dell’8 settembre. Nel sinodo, ancora oggi, alcuni vorrebbero che si chiedesse perdono per non aver preso una decisione netta in quell’occasione.

    “Noi siamo una chiesa che include: siamo impegnati contro l’omotransfobia, contro il razzismo, contro la violenza sulle donne”, continua. “Per noi Gesù è inclusione, è accoglienza. Crediamo in un Dio che è diventato uomo per amare e accogliere e la nostra missione è provare a essere come lui”, sottolinea. Proprio per questo motivo, racconta, le capita di incontrare nella chiesa di Milano persone che si convertono al protestantesimo, perché non si sentono accolte in altre chiese: “Arrivano da noi perché sono divorziati, oppure sono omosessuali e non si sentono accettati in altri contesti, ma sono religiosi e vogliono trovare un posto in cui possano esserlo insieme con gli altri”, conclude.

    L’Europa dei valdesi

    I valdesi prendono il loro nome da un mercante di tessuti del dodicesimo secolo chiamato Valdo, che viveva a Lione ed era diventato estremamente ricco con l’usura. “La sua storia è simile a quella di Francesco di Assisi”, assicura Davide Rosso, direttore della fondazione Centro culturale valdese, mentre fa strada, camminando su un sentiero nel villaggio di Angrogna, un paese di montagna a pochi chilometri da Torre Pellice, che nel cinquecento era diventato il centro più esteso nelle valli valdesi.

    Ad Angrogna è conservata una grotta, che è possibile visitare, in cui i valdesi delle origini si riunivano per celebrare il rito domenicale o si nascondevano quando erano perseguitati, la Gheisa d’la tana (la chiesta della tana). “Oggi è possibile visitare questi luoghi a piedi, perché sono stati riconosciuti come percorso turistico dal Consiglio europeo, che li considera costitutivi della storia europea”, spiega Rosso. Nel 2015 papa Francesco ha visitato per la prima volta un tempio valdese a Torino e ha chiesto perdono per le persecuzioni contro i valdesi, condotte dai cattolici nel corso dei secoli. In quell’occasione è stata Alessandra Trotta, moderatrice della Tavola valdese originaria di Palermo, a dare la benedizione finale a cui ha partecipato anche Bergoglio.

    All’inizio i valdesi, chiamati i “poveri di Lione”, furono tollerati dalle gerarchie ecclesiastiche romane: nel 1180 Valdo rinunciò a tutte le sue ricchezze, distribuì i beni ai poveri e cominciò a predicare e a mendicare. Quando gli chiedevano perché lo avesse fatto, rispondeva: “Se vi fosse dato di vedere e credere i tormenti futuri che ho visto e in cui credo, forse anche voi vi comportereste in modo simile”. Da subito ebbe dei seguaci che, come lui, abbandonavano le ricchezze e la vita mondana, per farsi poveri. Inizialmente erano appoggiati dal vescovo di Lione, ma poi furono scomunicati nel 1184 dal papa Lucio III, perché avevano la “presunzione” di predicare in pubblico pur non essendo consacrati e furono considerati eretici dalla chiesa di Roma.

    Molti valdesi dovettero fuggire dalle persecuzioni e si rifugiarono nelle valli delle alpi Cozie, tra l’Italia e la Francia. Quel territorio diventò una base del movimento religioso, durante secoli di pericoli. Nel sinodo valdese del 1532 proprio ad Angrogna la chiesa aderì alla riforma protestante. “Questo diede ai valdesi un appoggio importante dal punto di vista internazionale e anche una maggiore solidità dal punto di vista teologico”, spiega Rosso, mentre mostra il monumento di Chanforan, un obelisco eretto nei campi di Angrogna, che ricorda il luogo in cui si svolse quel sinodo.

    “In quel momento si decise di tradurre la Bibbia in francese e la traduzione fu affidata a Olivetano, con un grande sforzo economico da parte dei valdesi”, racconta Rosso. Con l’adesione alla riforma, i valdesi vennero allo scoperto e cominciarono a costruire anche dei templi, ma questo favorì le persecuzioni nei loro confronti da parte dei Savoia, spesso per ragioni meramente economiche e politiche.

    “Il seicento è stato un secolo particolarmente difficile: nel 1655 il duca di Savoia condusse una campagna, che aveva come obiettivo lo sterminio dei valdesi”, spiega Davide Rosso, mentre cammina tra le stradine di montagna in una giornata caldissima di agosto. “Le loro case furono distrutte, le persone massacrate o imprigionate e i loro beni confiscati. Molti furono costretti a fuggire in Svizzera o in Francia”. Della questione si occuparono anche i britannici Oliver Cromwell, lord protettore del Commonwealth, e il ministro degli affari esteri, il poeta John Milton, che inviò una serie di lettere ai sovrani e ai governi europei per chiedere che si interessassero della causa valdese.

    Cromwell scrisse addirittura al re di Francia, Luigi XIV, minacciando di interrompere le trattative di amicizia in corso con il Regno Unito, se il re francese non avesse fatto pressione sui Savoia per far ottenere ai valdesi la libertà di culto. Ma solo nel 1848 il re Carlo Alberto di Savoia concesse i diritti civili e politici al gruppo. “Tuttavia la libertà di culto vera e propria è arrivata solo nel 1984, con la firma delle intese con lo stato italiano, anche se era già prevista in teoria dall’articolo 8 della costituzione”, spiega Rosso. Fu la prima intesa di questo tipo firmata in Italia con una minoranza religiosa.

    Per lo storico valdese è importante comprendere i legami dei valdesi con le altre chiese protestanti e i loro rapporti internazionali che gli hanno permesso di sopravvivere pur essendo una minoranza perseguitata. Non è un caso, dice Rosso, che “Altiero Spinelli abbia pronunciato a Torre Pellice il suo primo discorso europeista, dopo la scrittura del manifesto di Ventotene”. Il teorico del federalismo europeo era sfollato a Torre Pellice, a casa di una famiglia valdese di Milano, e Rosso sostiene che in parte sia stato influenzato dall’atmosfera cosmopolita di queste valli.

    “Per decenni i valdesi non hanno potuto studiare, frequentare le scuole pubbliche, perché non avevano diritti civili, quindi era normale per loro trasferirsi in altri paesi europei per studiare. Parlavano almeno tre lingue. Per sopravvivere hanno dovuto emigrare, spostarsi. Ma questo li ha resi poliglotti e gli ha permesso di sviluppare uno spirito europeo. Poi l’idea della federazione è tipica del protestantesimo: le chiese protestanti sono sorelle”, continua Rosso, che accompagnerà il presidente della repubblica italiana Sergio Mattarella nel suo viaggio a Torre Pellice, il 31 agosto. In quell’occasione sarà commemorato il discorso di Spinelli sull’Europa. “È interessante guardare alle elezioni europee del prossimo anno e a quel che rimane del progetto europeo da queste valli”, conclude Rosso.

    Dall’Afghanistan alla val Pellice

    Parwana Kebrit apre la porta di un appartamento luminoso al primo piano di un palazzo che ha le porte di ferro battuto. C’è molto caldo, ma l’interno della casa di Kebrit è fresco e in ombra. La donna è arrivata nella val Pellice cinque mesi fa dal Pakistan, insieme al marito Jawan, con un corridoio umanitario. Originaria di un piccolo paese dell’Afghanistan si è rifugiata in Pakistan per la prima volta nel 2001, insieme alla sua famiglia di origine.

    “È lì che io e le mie sorelle siamo andate a scuola per la prima volta, in Afghanistan la maggior parte delle ragazze non poteva studiare. E al di là dei taliban, il 90 per cento degli afgani pensa che per le donne non sia giusto studiare”, racconta. Poi con la famiglia è tornata a Kabul, dove ha frequentato l’università ed è diventata un’attivista per i diritti delle donne. Ma con il ritorno dei taliban nella capitale afgana nell’agosto del 2021, Kebrit e il marito sono stati costretti a scappare di nuovo. “Per noi non era sicuro rimanere nel paese”, racconta.

    Dal Pakistan è arrivata in Piemonte, accolta dalla Diaconia valdese, che la sta aiutando a riprendere gli studi e a imparare l’italiano, oltre che a farsi riconoscere i titoli di studio del paese di origine. Ha una grande passione per il disegno e la pittura e mostra orgogliosa i suoi quadri, esposti uno vicino all’altro. Uno di questi, l’unico dipinto con i colori a olio, l’ha portato con sé nel viaggio dal Pakistan. Mostra delle donne afgane con i pugni alzati che marciano tenendo una bandiera e schiacciano degli uomini. “Sono le donne che combattono per i loro diritti”, spiega. In un disegno che ha realizzato in Italia, invece, si vedono sei gabbie con dentro degli uccelli, una delle gabbie è rossa ed è aperta, l’uccello è volato via. Nel quadro successivo l’uccello rosso vola dopo essersi liberato. Parwana Kebrit si sente così, finalmente libera. La sua intenzione ora è quella di continuare a studiare. Il suo inglese è fluente e i suoi occhi brillano di fiducia.

    “Amo l’Italia, sono stati tutti gentili e disponibili con noi. Voglio rimanere qui”, assicura. Dal 2016 i valdesi sono promotori, insieme alla Federazione delle chiese evangeliche in Italia e alla comunità di sant’Egidio dei cosiddetti corridoi umanitari, dei ponti aerei che hanno permesso di portare legalmente in Italia 4.244 rifugiati dall’Afghanistan, dal Libano e dalla Libia, in accordo con lo stato italiano. Nove persone arrivate in Italia con i corridoi umanitari sono al momento ospitati nella val Pellice, grazie alla Diaconia valdese. “Si tratta di due famiglie afgane”, spiega Alice Squillace, responsabile dell’accoglienza per la Diaconia. La famiglia di Kebrit e quella di Abdul Mutaleb Hamed, un medico afgano che lavorava con un’ong italiana, il Cospe. “Lavoriamo molto sulla loro inclusione e il rapporto con la comunità ospitante”, assicura. E negli anni non ci sono mai stati grandi problemi.

    “In questo momento in cui si torna a parlare di emergenza migranti in Italia (sono stati superati i centomila arrivi nel 2023, ndr), ci sembra che tutto sia strumentale. Guardare per esempio all’esperienza dei corridoi umanitari mostra che lavorare in maniera umana con piccoli gruppi di persone non produce mai situazioni difficili o ingestibili”, conclude. “Siamo stati rifugiati come valdesi in Svizzera e in Germania e sappiamo quali siano le sofferenze del viaggio e della cattiva accoglienza”, assicura Francesco Sciotto, pastore della chiesa valdese di Messina e presidente della Diaconia valdese, seduto ai tavolini del bar, allestito dalla chiesa valdese durante il sinodo, nel giardino del quartier generale di Torre Pellice. “Per questo i valdesi sono particolarmente impegnati nell’accoglienza e per questo vogliono evitare che altri subiscano le conseguenze di una cattiva accoglienza”.

    Oggi in Italia vivono circa ventimila valdesi e la maggioranza è concentrata nelle tre valli del Piemonte: la val Chisone, la valle Germanasca e la val Pellice. “Come tutte le chiese, anche i valdesi hanno una crisi di fedeli e di vocazioni. Sono sempre di meno i ragazzi e le ragazze che decidono di diventare pastori”, racconta Michel Charbonnier, pastore di Torre Pellice.

    “È una crisi che in larga parte dipende dalla secolarizzazione e che noi vediamo di più in queste valli che nelle chiese delle città in giro per l’Italia”. Secondo Charbonnier, in val Pellice molte persone di famiglia valdese hanno smesso di frequentare la chiesa, ma è un processo che va avanti da decenni.

    “Ne parleremo anche nel sinodo. Ma per certi versi per i valdesi questo è un problema meno urgente che per altre chiese: per noi infatti tutti possono predicare e siamo abituati a essere in pochi”. La chiesa è molto più impegnata nelle questioni di tipo sociale che nelle questioni meramente religiose. “Fermo restando la separazione netta tra lo stato e la chiesa in cui crediamo”, conclude Charbonnier. “Sappiamo che si può incidere, anche se siamo in pochi”.

    https://www.internazionale.it/essenziale/notizie/annalisa-camilli/2023/08/24/valdesi-sinodo-torre-pellice

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  • Contre-histoire des États-Unis, Roxanne Dunbar-Ortiz – Éditions Wildproject
    https://wildproject.org/livres/contre-histoire-des-etats-unis

    Le monde qui vient
    novembre 2021
    9-782-381140-278
    336 pages
    22 €
    13 × 20 cm
    Préface et traduction par Pascal Menoret
    Première édition française 2018

    Ce livre répond à une question simple : pourquoi les Indiens dʼAmérique ont-ils été décimés ? Nʼétait-il pas pensable de créer une civilisation créole prospère qui permette aux populations amérindienne, africaine, européenne, asiatique et océanienne de partager lʼespace et les ressources naturelles des États-Unis ? Le génocide des Amérindiens était-il inéluctable ?

    La thèse dominante aux États-Unis est quʼils ont souvent été tués par les virus apportés par les Européens avant même dʼentrer en contact avec les Européens eux-mêmes : la variole voyageait plus vite que les soldats espagnols et anglais. Les survivants auraient soit disparu au cours des guerres de la frontière, soit été intégrés, eux aussi, à la nouvelle société dʼimmigrés.

    Contre cette vision irénique dʼune histoire impersonnelle, où les virus et lʼacier tiennent une place prépondérante et où les intentions humaines sont secondaires, Roxanne Dunbar-Ortiz montre que les États-Unis sont une scène de crime. Il y a eu génocide parce quʼil y a eu intention dʼexterminer : les Amérindiens ont été méthodiquement éliminés, dʼabord physiquement, puis économiquement, et enfin symboliquement.

    L’autrice

    Roxanne Dunbar-Ortiz est une historienne et militante née en 1938. Docteur en histoire (UCLA, 1974), elle est également diplômée en droit international et droits de lʼHomme de lʼIDH de Strasbourg (1983). Militante de la cause amérindienne depuis 1967, cofondatrice du Mouvement de libération des femmes (MLF) aux États-Unis en 1968, elle a aussi vécu en Europe, au Mexique et à Cuba. Elle est lʼautrice dʼune quinzaine dʼouvrages.

    On en parle

    Avec ce compte-rendu de la conquête des États-Unis du point de vue de ses victimes, Roxanne Dunbar-Ortiz nous rend un service immense. Renseigné en profondeur, éloquent et lucide, ce puissant récit dʼun crime terrible prend aujourdʼhui un sens nouveau : les survivants rejoignent en effet les peuples indigènes du monde pour lutter – en idées et en actions – contre la destruction écologique du monde causée par la civilisation industrielle.
    Noam Chomsky, linguiste

    Voici sans doute la plus importante histoire des États-Unis jamais écrite. Voici, restituée de façon honnête et souvent poétique, lʼhistoire de ces traces et dʼun peuple qui a survécu, meurtri mais insoumis. Spoiler alert : la période coloniale nʼest pas close – et tous les Indiens ne sont pas morts.
    Robin Kelley, historien

    Lʼoubli de lʼhistoire est la maladie fondamentale de la plupart des Américains blancs. Dunbar-Ortiz demande à ses lecteurs de retourner à ce point de départ : de sʼenraciner dans la poussière rouge et les débris de la mémoire.
    Mike Davis, sociologue

    Issue dʼun milieu ouvrier, ayant grandi en Oklahoma, Roxanne Dunbar-Ortiz a participé à tous les grands mouvements féministes ou révolutionnaires des années 1960 et 1970. Elle éclaire ces expériences avec une implacable précision, et fait preuve dʼune fière et admirable indépendance.
    Howard Zinn, historien

    Roxanne Dunbar-Ortiz a écrit le livre fondamental, celui qui remet à l’endroit l’histoire nationale américaine, structurée par un génocide originel et une violente colonisation de peuplement.
    Raoul Peck, cinéaste

    Sommaire

    Préface du traducteur
    Note de lʼauteure

    Introduction. Cette terre

    Suivez le maïs
    La culture de la conquête
    Le culte de lʼalliance
    Des empreintes de sang
    Naissance dʼune nation
    Le Dernier des Mohicans et la république blanche dʼAndrew Jackson
    Dʼun océan à lʼautre, étincelant
    Pays indien
    Triomphalisme et colonialisme en temps de paix
    La prophétie de la danse des esprits : une nation arrive
    La Doctrine de la Découverte

    Conclusion. Lʼavenir des États-Unis

    • Roxane Dunbar-Ortiz est une historienne et une militante connue aux USA pour sa participation active aux luttes d’émancipation des années 60 (droits civiques, anticolonialiste,féministe). Elle nous propose cette contre-histoire passionnante des États-Unis, « telle que les peuples indigènes la vécurent », ce qui « requiert de mettre à neuf le récit national ».

      S’appuyant sur une description précises des faits, Roxane Dunbar-Ortiz n’hésite pas à qualifier en terme de « génocide », la politique de colonisation de peuplement conduite par les colons états-uniens. D’autres auteurs, notamment Robert Jaulin, ont employé le terme d’ethnocide pour décrire les conséquences du colonialisme (voir le lien ci-dessous).

      La première partie du livre est consacrée à l’examen historique des faits concernant l’éradication des nations autochtones. Il semblerait que ces faits historique soient méconnus ou ignorés de la grande partie de la population états-unienne. Des mises en perspectives expliquent comment ces faits structurent encore largement l’idéologie du pays.

      Les fondations de l’histoire des États-Unis sont à trouver dans le débarquement des caravelles espagnoles sur le continent d’Amérique. Le mythe fondateur états-unien, proprement dit, débute officiellement, à l’issue de la guerre d’indépendance des colonies anglaises, en 1783. Environ 4 millions d’européens vivent alors sur 13 colonies britanniques, le long de la côte atlantique. « La conquête de l’Ouest » qui s’en suit, conduit progressivement en un siècle à la dépossession de l’intégralité des territoires autochtones situés sur cette partie du continent.

      L’autrice explique par le détail comment les conquérants étasuniens ont systématiquement mis en œuvre une politique de colonisation de peuplement en chassant les nations indigènes afin de s’approprier leurs terres. Plusieurs méthodes furent employées à cette fin : les massacres des populations, la destruction de leurs ressources végétales et animales (notamment les bisons), la manipulation des nations indigènes dressées les unes contre les autres, la signature d’accords systématiquement violés, l’enferment des autochtones dans des réserves racistes, l’assimilation forcée, l’acculturation, la corruption, leur dépendance aux logiques capitalistes…

      Le mythe colonialiste du « nouveau monde » est taillé en pièces par l’autrice. Ce récit évoque un continent vide et habité par des sauvages avant l’arrivée des Européen ; ces derniers s’émerveillent, par exemple, de la présence de « bois ouverts », estimant qu’il s’agissait d’une configuration caractéristique de l’Amérique du nord, sans voir que ce paysage n’était rien d’autre que la résultante du rapport que les peuples indigènes entretiennent avec la nature.

      L’autrice remet en cause le contenu du mythe fondateur états-unien qui fait de cette nation, se constituant sur le colonialisme le plus brutal, une nation exceptionnelle. On glorifie l’appropriation du continent par une sorte de délire mystique alors que la création des États-Unis est directement liée à l’émergence du capitalisme et de ses contingences de développement économique.

      Outre son intérêt pour la restitution historique de faits qui semblent méconnus au pays de l’oncle Sam, l’ouvrage propose une réflexion assez approfondie sur les considérants idéologiques structurant l’imaginaire états-unien encore aujourd’hui. Ce qui constitue la seconde partie de l’ouvrage.

      On voit comment, à partir de fables nationales telles que celle du « destin manifeste », on construit un mythe selon lequel les États unis est une nation prédestinée à conquérir les territoires « d’un océan à l’autre ». Le pays est composé « d’exceptionnelles entités » eu égard à l’influence calviniste des premiers colons. De ce fait, la fin justifiant les moyens, rien n’est plus ordinaire que d’y entendre des voix conduite à vanter « les conséquence positives de la colonisation ».

      Enfin, Roxane Dunbar-Ortiz explique comment la guerre permanente contre les peuples autochtones a construit une logique militarise omniprésente, encore aujourd’hui, dans l’idéologie dominante de ce pays. Le militarisme états-unien sert de justificatif à la politique impérialiste conduite dans le monde entier. Il est rappelé, aussi, en quoi le deuxième amendement de la constitution (sur le port d’arme) en est tributaire.

      L’autrice explique comment le passé colonial contre les nations indigènes, a directement structuré des concepts militaires, encore mis en pratique à notre époque par les États-Unis dans leur politique impérialiste (guerres du Vietnam, d’Irak, etc.). Les termes en usage pour définir les tactiques guerrières pour exterminer les nations indigènes lors de le « conquête de l’Ouest » tels que « guerre totale », « guerre irrégulière » ou « guerre de contre-insurrection » font encore partie du vocabulaire des militaires états-uniens d’aujourd’hui. On apprend, enfin que, bien au-delà des frontières du continent américain, le terme de « pays indiens » est encore employé encore de nos jours, par l’administration militaire États-unienne pour désigner une zone située derrière les lignes ennemies.

    • Un extrait de la conclusion de Contre-histoire des États-Unis, Roxanne Dunbar-Ortiz :

      https://www.salon.com/2014/10/13/north_america_is_a_crime_scene_the_untold_history_of_america

      North America is a crime scene: The untold history of America this Columbus Day
      The founding myth of the United States is a lie. It is time to re-examine our ruthless past — and present
      By Roxanne Dunbar-Ortiz
      Published October 13, 2014 5:45PM (EDT)

      Excerpted from “An Indigenous Peoples’ History of the United States”

      That the continued colonization of American Indian nations, peoples, and lands provides the United States the economic and material resources needed to cast its imperialist gaze globally is a fact that is simultaneously obvious within—and yet continually obscured by—what is essentially a settler colony’s national construction of itself as an ever more perfect multicultural, multiracial democracy. . . . [T]he status of American Indians as sovereign nations colonized by the United States continues to haunt and inflect its raison d’etre. —Jodi Byrd

      The conventional narrative of U.S. history routinely segregates the “Indian wars” as a subspecialization within the dubious category “the West.” Then there are the westerns, those cheap novels, movies, and television shows that nearly every American imbibed with mother’s milk and that by the mid-twentieth century were popular in every corner of the world. The architecture of US world dominance was designed and tested by this period of continental U.S. militarism, which built on the previous hundred years and generated its own innovations in total war. The opening of the twenty-first century saw a new, even more brazen form of U.S. militarism and imperialism explode on the world scene when the election of George W. Bush turned over control of U.S. foreign policy to a long-gestating neoconservative and warmongering faction of the Pentagon and its civilian hawks. Their subsequent eight years of political control included two major military invasions and hundreds of small wars employing U.S. Special Forces around the globe, establishing a template that continued after their political power waned.

      Injun Country

      One highly regarded military analyst stepped forward to make the connections between the “Indian wars” and what he considered the country’s bright imperialist past and future. Robert D. Kaplan, in his 2005 book Imperial Grunts, presented several case studies that he considered highly successful operations: Yemen, Colombia, Mongolia, and the Philippines, in addition to ongoing complex projects in the Horn of Africa, Afghanistan, and Iraq. While US citizens and many of their elected representatives called for ending the US military interventions they knew about—including Iraq and Afghanistan—Kaplan hailed protracted counterinsurgencies in Africa, Asia, the Middle East, Latin America, and the Pacific. He presented a guide for the U.S. controlling those areas of the world based on its having achieved continental dominance in North America by means of counterinsurgency and employing total and unlimited war.

      Kaplan, a meticulous researcher and influential writer born in 1952 in New York City, wrote for major newspapers and magazines before serving as “chief geopolitical strategist” for the private security think tank Stratfor. Among other prestigious posts, he has been a senior fellow at the Center for a New American Security in Washington, D.C., and a member of the Defense Policy Board, a federal advisory committee to the US Department of Defense. In 2011, Foreign Policy magazine named Kaplan as one of the world’s “top 100 global thinkers.” Author of numerous best-selling books, including Balkan Ghosts and Surrender or Starve, Kaplan became one of the principal intellectual boosters for U.S. power in the world through the tried-and-true “American way of war.” This is the way of war dating to the British-colonial period that military historian John Grenier called a combination of “unlimited war and irregular war,” a military tradition “that accepted, legitimized, and encouraged attacks upon and the destruction of noncombatants, villages and agricultural resources . . . in shockingly violent campaigns to achieve their goals of conquest.”

      Kaplan sums up his thesis in the prologue to Imperial Grunts, which he subtitles “Injun Country”:

      By the turn of the twenty-first century the United States military had already appropriated the entire earth, and was ready to flood the most obscure areas of it with troops at a moment’s notice.

      The Pentagon divided the planet into five area commands—similar to the way that the Indian Country of the American West had been divided in the mid-nineteenth century by the U.S. Army. . . . [A]ccording to the soldiers and marines I met on the ground in far-flung corners of the earth, the comparison with the nineteenth century was . . . apt. “Welcome to Injun Country” was the refrain I heard from troops from Colombia to the Philippines, including Afghanistan and Iraq. To be sure, the problem for the American military was less [Islamic] fundamentalism than anarchy. The War on Terrorism was really about taming the frontier.

      Kaplan goes on to ridicule “elites in New York and Washington” who debate imperialism in “grand, historical terms,” while individuals from all the armed services interpret policy according to the particular circumstances they face and are indifferent to or unaware of the fact that they are part of an imperialist project. This book shows how colonialism and imperialism work.

      Kaplan challenges the concept of manifest destiny, arguing that “it was not inevitable that the United States should have an empire in the western part of the continent.” Rather, he argues, western empire was brought about by “small groups of frontiersmen, separated from each other by great distances.” Here Kaplan refers to what Grenier calls settler “rangers,” destroying Indigenous towns and fields and food supplies. Although Kaplan downplays the role of the U.S. Army compared to the settler vigilantes, which he equates to the modern Special Forces, he acknowledges that the regular army provided lethal backup for settler counterinsurgency in slaughtering the buffalo, the food supply of Plains peoples, as well as making continuous raids on settlements to kill or confine the families of the Indigenous fighters. Kaplan summarizes the genealogy of U.S. militarism today:

      Whereas the average American at the dawn of the new millennium found patriotic inspiration in the legacies of the Civil War and World War II, when the evils of slavery and fascism were confronted and vanquished, for many commissioned and noncommissioned officers the U.S. Army’s defining moment was fighting the “Indians.”

      The legacy of the Indian wars was palpable in the numerous military bases spread across the South, the Middle West, and particularly the Great Plains: that vast desert and steppe comprising the Army’s historical “heartland,” punctuated by such storied outposts as Forts Hays, Kearney, Leavenworth, Riley, and Sill. Leavenworth, where the Oregon and Santa Fe trails separated, was now the home of the Army’s Command and General Staff College; Riley, the base of George Armstrong Custer’s 7th Cavalry, now that of the 1st Infantry Division; and Sill, where Geronimo lived out the last years of his life, the headquarters of the U.S. Artillery. . . .

      While microscopic in size, it was the fast and irregular military actions against the Indians, memorialized in bronze and oil by Remington, that shaped the nature of American nationalism.

      Although Kaplan relies principally on the late-nineteenth-century source of US counterinsurgency, in a footnote he reports what he learned at the Airborne Special Operations Museum in Fayetteville, North Carolina: “It is a small but interesting fact that members of the 101st Airborne Division, in preparation for their parachute drop on D-Day, shaved themselves in Mohawk style and applied war paint on their faces.” This takes us back to the pre-independence colonial wars and then through US independence and the myth popularized by The Last of the Mohicans.

      Kaplan debunks the argument that the attacks on the World Trade Center and the Pentagon on September 11, 2001, brought the United States into a new era of warfare and prompted it to establish military bases around the world. Prior to 2001, Kaplan rightly observes, the US Army’s Special Operations Command had been carrying out maneuvers since the 1980s in “170 countries per year, with an average of nine ‘quiet professionals’ on each mission. America’s reach was long; its involvement in the obscurest states protean. Rather than the conscript army of citizen soldiers that fought World War II, there was now a professional military that, true to other imperial forces throughout history, enjoyed the soldiering life for its own sake.”

      On October 13, 2011, testifying before the Armed Services Committee of the US House of Representatives, General Martin Dempsey stated: “I didn’t become the chairman of the Joint Chiefs to oversee the decline of the Armed Forces of the United States, and an end state that would have this nation and its military not be a global power. . . . That is not who we are as a nation.”

      The Return of Legalized Torture

      Bodies—tortured bodies, sexually violated bodies, imprisoned bodies, dead bodies—arose as a primary topic in the first years of the George W. Bush administration following the September 2001 attacks with a war of revenge against Afghanistan and the overthrow of the government of Iraq. Afghans resisting U.S. forces and others who happened to be in the wrong place at the wrong time were taken into custody, and most of them were sent to a hastily constructed prison facility on the U.S. military base at Guantánamo Bay, Cuba, on land the United States appropriated in its 1898 war against Cuba. Rather than bestowing the status of prisoner of war on the detainees, which would have given them certain rights under the Geneva Conventions, they were designated as “unlawful combatants,” a status previously unknown in the annals of Western warfare. As such, the detainees were subjected to torture by U.S. interrogators and shamelessly monitored by civilian psychologists and medical personnel.

      In response to questions and condemnations from around the globe, a University of California international law professor, John C. Yoo, on leave to serve as assistant U.S. attorney general in the Justice Department’s Office of Legal Counsel, penned in March 2003 what became the infamous “Torture Memo.” Not much was made at the time of one of the precedents Yoo used to defend the designation “unlawful combatant,” the US Supreme Court’s 1873 opinion in Modoc Indian Prisoners.

      In 1872, a group of Modoc men led by Kintpuash, also known as Captain Jack, attempted to return to their own country in Northern California after the U.S. Army had rounded them up and forced them to share a reservation in Oregon. The insurgent group of fifty-three was surrounded by U.S. troops and Oregon militiamen and forced to take refuge in the barren and rugged lava beds around Mount Lassen, a dormant volcano, a part of their ancestral homeland that they knew every inch of. More than a thousand troops commanded by General Edward R. S. Canby, a former Civil War general, attempted to capture the resisters, but had no success as the Modocs engaged in effective guerrilla warfare. Before the Civil War, Canby had built his military career fighting in the Second Seminole War and later in the invasion of Mexico. Posted to Utah on the eve of the Civil War, he had led attacks against the Navajos, and then began his Civil War service in New Mexico. Therefore, Canby was a seasoned Indian killer. In a negotiating meeting between the general and Kintpuash, the Modoc leader killed the general and the other commissioners when they would allow only for surrender. In response, the United States sent another former Civil War general in with more than a thousand additional soldiers as reinforcements, and in April 1873 these troops attacked the Modoc stronghold, this time forcing the Indigenous fighters to flee. After four months of fighting that cost the United States almost $500,000—equal to nearly $10 million currently—and the lives of more than four hundred of its soldiers and a general, the nationwide backlash against the Modocs was vengeful. Kintpuash and several other captured Modocs were imprisoned and then hanged at Alcatraz, and the Modoc families were scattered and incarcerated on reservations. Kintpuash’s corpse was embalmed and exhibited at circuses around the country. The commander of the army’s Pacific Military Division at the time, Lieutenant General John M. Schofield, wrote of the Modoc War in his memoir, Forty-Six Years in the Army: “If the innocent could be separated from the guilty, plague, pestilence, and famine would not be an unjust punishment for the crimes committed in this country against the original occupants of the soil.”

      Drawing a legal analogy between the Modoc prisoners and the Guantánamo detainees, Assistant U.S. Attorney General Yoo employed the legal category of homo sacer—in Roman law, a person banned from society, excluded from its legal protections but still subject to the sovereign’s power. Anyone may kill a homo sacer without it being considered murder. As Jodi Byrd notes, “One begins to understand why John C. Yoo’s infamous March 14, 2003, torture memos cited the 1865 Military Commissions and the 1873 The Modoc Indian Prisoners legal opinions in order to articulate executive power in declaring the state of exception, particularly when The Modoc Indian Prisoners opinion explicitly marks the Indian combatant as homo sacer to the United States.” To buttress his claim, Yoo quoted from the 1873 Modoc Indian Prisoners opinion:

      It cannot be pretended that a United States soldier is guilty of murder if he kills a public enemy in battle, which would be the case if the municipal law were in force and applicable to an act committed under such circumstances. All the laws and customs of civilized warfare may not be applicable to an armed conflict with the Indian tribes upon our western frontier; but the circumstances attending the assassination of Canby [Army general] and Thomas [U.S. peace commissioner] are such as to make their murder as much a violation of the laws of savage as of civilized warfare, and the Indians concerned in it fully understood the baseness and treachery of their act.

      Byrd points out that, according to this line of thinking, anyone who could be defined as “Indian” could thus be killed legally, and they also could be held responsible for crimes they committed against any US soldier. “As a result, citizens of American Indian nations become in this moment the origin of the stateless terrorist combatant within U.S. enunciations of sovereignty.”

      Ramped Up Militarization

      The Chagos Archipelago comprises more than sixty small coral islands isolated in the Indian Ocean halfway between Africa and Indonesia, a thousand miles south of the nearest continent, India. Between 1968 and 1973, the United States and Britain, the latter the colonial administrator, forcibly removed the indigenous inhabitants of the islands, the Chagossians. Most of the two thousand deportees ended up more than a thousand miles away in Mauritius and the Seychelles, where they were thrown into lives of poverty and forgotten. The purpose of this expulsion was to create a major U.S. military base on one of the Chagossian islands, Diego Garcia. As if being rounded up and removed from their homelands in the name of global security were not cruel enough, before being deported the Chagossians had to watch as British agents and U.S. troops herded their pet dogs into sealed sheds where they were gassed and burned. As David Vine writes in his chronicle of this tragedy:

      “The base on Diego Garcia has become one of the most secretive and powerful U.S. military facilities in the world, helping to launch the invasions of Afghanistan and Iraq (twice), threatening Iran, China, Russia, and nations from southern Africa to southeast Asia, host to a secret CIA detention center for high-profile terrorist suspects, and home to thousands of U.S. military personnel and billions of dollars in deadly weaponry.”

      The Chagossians are not the only indigenous people around the world that the US military has displaced. The military established a pattern during and after the Vietnam War of forcibly removing indigenous peoples from sites deemed strategic for the placement of military bases. The peoples of the Bikini Atoll in the South Pacific and Puerto Rico’s Vieques Island are perhaps the best-known examples, but there were also the Inughuit of Thule, Greenland, and the thousands of Okinawans and Indigenous peoples of Micronesia. During the harsh deportation of the Micronesians in the 1970s, the press took some notice. In response to one reporter’s question, Secretary of State Henry Kissinger said of the Micronesians: “There are only ninety thousand people out there. Who gives a damn?” This is a statement of permissive genocide.

      By the beginning of the twenty-first century, the United States operated more than 900 military bases around the world, including 287 in Germany, 130 in Japan, 106 in South Korea, 89 in Italy, 57 in the British Isles, 21 in Portugal, and 19 in Turkey. The number also comprised additional bases or installations located in Aruba, Australia, Djibouti, Egypt, Israel, Singapore, Thailand, Kyrgyzstan, Kuwait, Qatar, Bahrain, the United Arab Emirates, Crete, Sicily, Iceland, Romania, Bulgaria, Honduras, Colombia, and Cuba (Guantánamo Bay), among many other locations in some 150 countries, along with those recently added in Iraq and Afghanistan.

      In her book The Militarization of Indian Country, Anishinaabe activist and writer Winona LaDuke analyzes the continuing negative effects of the military on Native Americans, considering the consequences wrought on Native economy, land, future, and people, especially Native combat veterans and their families. Indigenous territories in New Mexico bristle with nuclear weapons storage, and Shoshone and Paiute territories in Nevada are scarred by decades of aboveground and underground nuclear weapons testing. The Navajo Nation and some New Mexico Pueblos have experienced decades of uranium strip mining, the pollution of water, and subsequent deadly health effects. “I am awed by the impact of the military on the world and on Native America,” LaDuke writes. “It is pervasive.”

      Political scientist Cynthia Enloe, who specializes in US foreign policy and the military, observes that US culture has become even more militarized since the attacks on the World Trade Center and the Pentagon. Her analysis of this trend draws on a feminist perspective:

      Militarization . . . [is] happening at the individual level, when a woman who has a son is persuaded that the best way she can be a good mother is to allow the military recruiter to recruit her son so her son will get off the couch. When she is persuaded to let him go, even if reluctantly, she’s being militarized. She’s not as militarized as somebody who is a Special Forces soldier, but she’s being militarized all the same. Somebody who gets excited because a jet bomber flies over the football stadium to open the football season and is glad that he or she is in the stadium to see it, is being militarized. So militarization is not just about the question “do you think the military is the most important part of the state?” (although obviously that matters). It’s not just “do you think that the use of collective violence is the most effective way to solve social problems?”—which is also a part of militarization. But it’s also about ordinary, daily culture, certainly in the United States.

      As John Grenier notes, however, the cultural aspects of militarization are not new; they have deep historical roots, reaching into the nation’s British-colonial past and continuing through unrelenting wars of conquest and ethnic cleansing over three centuries.

      “Beyond its sheer military utility, Americans also found a use for the first way of war in the construction of an ‘American identity.’. . . [T]he enduring appeal of the romanticized myth of the ‘settlement’ (not the conquest) of the frontier, either by ‘actual’ men such as Robert Rogers or Daniel Boone or fictitious ones like Nathaniel Bumppo of James Fenimore Cooper’s creation, points to what D. H. Lawrence called the ‘myth of the essential white American.’”

      The astronomical number of firearms owned by U.S. civilians, with the Second Amendment as a sacred mandate, is also intricately related to militaristic culture. Everyday life and the culture in general are damaged by ramped-up militarization, and this includes academia, particularly the social sciences, with psychologists and anthropologists being recruited as advisors to the military. Anthropologist David H. Price, in his indispensable book Weaponizing Anthropology, remarks that “anthropology has always fed between the lines of war.” Anthropology was born of European and U.S. colonial wars. Price, like Enloe, sees an accelerated pace of militarization in the early twenty-first century: “Today’s weaponization of anthropology and other social sciences has been a long time coming, and post-9/11 America’s climate of fear coupled with reductions in traditional academic funding provided the conditions of a sort of perfect storm for the militarization of the discipline and the academy as a whole.”

      In their ten-part cable television documentary series and seven-hundred-page companion book The Untold History of the United States, filmmaker Oliver Stone and historian Peter Kuznick ask: “Why does our country have military bases in every region of the globe, totaling more than a thousand by some counts? Why does the United States spend as much money on its military as the rest of the world combined? Why does it still possess thousands of nuclear weapons, many on hair-trigger alert, even though no nation poses an imminent threat?” These are key questions. Stone and Kuznick condemn the situation but do not answer the questions. The authors see the post–World War II development of the United States into the world’s sole superpower as a sharp divergence from the founders’ original intent and historical development prior to the mid-twentieth century. They quote an Independence Day speech by President John Quincy Adams in which he condemned British colonialism and claimed that the United States “goes not abroad, in search of monsters to destroy.” Stone and Kuznick fail to mention that the United States at the time was invading, subjecting, colonizing, and removing the Indigenous farmers from their land, as it had since its founding and as it would through the nineteenth century. In ignoring that fundamental basis for US development as an imperialist power, they do not see that overseas empire was the logical outcome of the course the United States chose at its founding.

      North America is a Crime Scene

      Jodi Byrd writes: “The story of the new world is horror, the story of America a crime.” It is necessary, she argues, to start with the origin of the United States as a settler-state and its explicit intention to occupy the continent. These origins contain the historical seeds of genocide. Any true history of the United States must focus on what has happened to (and with) Indigenous peoples—and what still happens. It’s not just past colonialist actions but also “the continued colonization of American Indian nations, peoples, and lands” that allows the United States “to cast its imperialist gaze globally” with “what is essentially a settler colony’s national construction of itself as an ever more perfect multicultural, multiracial democracy,” while “the status of American Indians as sovereign nations colonized by the United States continues to haunt and inflect its raison d’etre.” Here Byrd quotes Lakota scholar Elizabeth Cook-Lynn, who spells out the connection between the “Indian wars” and the Iraq War:

      The current mission of the United States to become the center of political enlightenment to be taught to the rest of the world began with the Indian wars and has become the dangerous provocation of this nation’s historical intent. The historical connection between the Little Big Horn event and the “uprising” in Baghdad must become part of the political dialogue of America if the fiction of decolonization is to happen and the hoped for deconstruction of the colonial story is to come about.

      A “race to innocence” is what occurs when individuals assume that they are innocent of complicity in structures of domination and oppression. This concept captures the understandable assumption made by new immigrants or children of recent immigrants to any country. They cannot be responsible, they assume, for what occurred in their adopted country’s past. Neither are those who are already citizens guilty, even if they are descendants of slave owners, Indian killers, or Andrew Jackson himself. Yet, in a settler society that has not come to terms with its past, whatever historical trauma was entailed in settling the land affects the assumptions and behavior of living generations at any given time, including immigrants and the children of recent immigrants.

      In the United States the legacy of settler colonialism can be seen in the endless wars of aggression and occupations; the trillions spent on war machinery, military bases, and personnel instead of social services and quality public education; the gross profits of corporations, each of which has greater resources and funds than more than half the countries in the world yet pay minimal taxes and provide few jobs for US citizens; the repression of generation after generation of activists who seek to change the system; the incarceration of the poor, particularly descendants of enslaved Africans; the individualism, carefully inculcated, that on the one hand produces self-blame for personal failure and on the other exalts ruthless dog-eat-dog competition for possible success, even though it rarely results; and high rates of suicide, drug abuse, alcoholism, sexual violence against women and children, homelessness, dropping out of school, and gun violence.

      These are symptoms, and there are many more, of a deeply troubled society, and they are not new. The large and influential civil rights, student, labor, and women’s movements of the 1950s through the 1970s exposed the structural inequalities in the economy and the historical effects of more than two centuries of slavery and brutal genocidal wars waged against Indigenous peoples. For a time, US society verged on a process of truth seeking regarding past atrocities, making demands to end aggressive wars and to end poverty, witnessed by the huge peace movement of the 1970s and the War on Poverty, affirmative action, school busing, prison reform, women’s equity and reproductive rights, promotion of the arts and humanities, public media, the Indian Self-Determination Act, and many other initiatives.

      A more sophisticated version of the race to innocence that helps perpetuate settler colonialism began to develop in social movement theory in the 1990s, popularized in the work of Michael Hardt and Antonio Negri. Commonwealth, the third volume in a trilogy, is one of a number of books in an academic fad of the early twenty-first century seeking to revive the Medieval European concept of the commons as an aspiration for contemporary social movements. Most writings about the commons barely mention the fate of Indigenous peoples in relation to the call for all land to be shared. Two Canadian scholar-activists, Nandita Sharma and Cynthia Wright, for example, do not mince words in rejecting Native land claims and sovereignty, characterizing them as xenophobic elitism. They see Indigenous claims as “regressive neo-racism in light of the global diasporas arising from oppression around the world.”

      Cree scholar Lorraine Le Camp calls this kind of erasure of Indigenous peoples in North America “terranullism,” harking back to the characterization, under the Doctrine of Discovery, of purportedly vacant lands as terra nullis. This is a kind of no-fault history. From the theory of a liberated future of no borders and nations, of a vague commons for all, the theorists obliterate the present and presence of Indigenous nations struggling for their liberation from states of colonialism. Thereby, Indigenous rhetoric and programs for decolonization, nationhood, and sovereignty are, according to this project, rendered invalid and futile. From the Indigenous perspective, as Jodi Byrd writes, “any notion of the commons that speaks for and as indigenous as it advocates transforming indigenous governance or incorporating indigenous peoples into a multitude that might then reside on those lands forcibly taken from indigenous peoples does nothing to disrupt the genocidal and colonialist intent of the initial and now repeated historical process.”

      Excerpted from “An Indigenous Peoples’ History of the United States” by Roxanne Dunbar-Ortiz (Beacon Press, 2014). Copyright 2014 by Roxanne Dunbar-Ortiz. Reprinted with permission of the publisher. All rights reserved.

      By Roxanne Dunbar-Ortiz

    • Je trouve que c’est bien traduit ; en tous cas, agréable à lire. Le traducteur a aussi écrit l’introduction.

      Autre chose, qui n’a rien à voir avec la traduction... maintenant que j’y pense ; j’ai oublié de le mettre dans ma présentation : le seul reproche que je ferais c’est l’absence de cartes, à l’exception de la reproduction, à la fin de l’ouvrage, d’un document à peine lisible. Dommage cela aurait été bien utile.

    • pour ce qui est devenu le Québec, Marie-Christine Lévesque et Serge Bouchard, tombés en amour pour les Innus, décrivent dans Le peuple rieur, Hommage à mes amis innus (ethnographie qui ne propose pas une histoire d’ensemble), un bref moment de rapport plutôt égalitaire, à l’arrivée de Champlain, où l’établissement de comptoirs commerciaux isolés, rares, occasionne des échanges (traite des fourrures), et durant lequel les Innus sont admirés par les arrivants pour leurs capacités cynégétiques ainsi que leur manière de réussir à subsister sur un territoire que les arrivants voient comme principalement hostile. mais c’était avant qu’ils deviennent des ostie de sauvages.
      #peuples_premiers #nations_sans_état

    • Aussi, une #BD ...
      Une histoire populaire de l’empire américain

      Depuis le génocide des Indiens jusqu’à la guerre en Irak en passant par le développement d’un capitalisme financier globalisé, les États- Unis se sont constitués au fil des siècles comme un empire incontournable. Peu à peu, leur histoire est devenue mythologie, mais ce livre propose le récit d’une nation, un récit qui a réussi à changer le regard des Américains sur eux-mêmes.

      https://www.editions-delcourt.fr/bd/series/serie-une-histoire-populaire-de-l-empire-americian/album-une-histoire-populaire-de-l-empire-americian
      #bande-dessinée #histoire_populaire

      que j’avais signalé ici :
      https://seenthis.net/messages/784696

  • Auschwitz

    Malheur à celui qui survivra au récit de notre mort
    Ils ont confisqué le pouvoir de nos doigts,
    Éteint la lumière de nos regards.
    Puis ils nous ont poussés jusqu’à une porte noire
    Et laissés là avec le vent pour écharpe.
    Nous avons grandi à Auschwitz, dans la cendre des chevelures calcinées.
    Nous avons été brûlés, mais nous n’avons pas brûlé.
    Fouillant la terre de nos dents, nous sommes parvenus jusqu’à nos racines.
    La terre ne nous a pas avalés, les eaux ne nous ont pas emportés.
    Entre la braise et le cri, nous avons apprivoisé l’enfer.
    Abolissant en nous le temps, nous avons redonné vie à nos ombres.
    Plutôt que des crimes, nous nous souvenons de l’amour.
    Et lorsque nous prenons une poignée de cendre fraîche,
    Nous voyons encore en elle le feu noir,
    Ou nous nous disons en secret que nous pourrions le voir.
    Rajko Djurič, La littérature des Rroms, Sinte et Kalés, Paris, Inalco, 2007, traduction de Marcel Courthiade

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/06/15/auschwitz

    #international #rrom #extermination

  • 🛑 Le soulèvement du ghetto de Varsovie, l’acte de résistance désespéré des juifs polonais...

    C’est un des événements les plus connus de la Seconde Guerre mondiale. Le 19 avril 1943, une poignée de combattants juifs se révoltent contre la barbarie nazie qui, depuis juillet 1942, a méthodiquement entrepris la déportation et l’extermination des 400 000 juifs entassés dans le ghetto de Varsovie. Trois semaines après cette insurrection finale, il ne reste plus rien du ghetto et de ses habitants. Seuls 40 survivants sont parvenus à s’enfuir par les égouts de la ville (...)

    #GhettodeVarsovie #Pologne #Varsovie #insurrection #antisémitisme #déportation #extermination #Shoah #Mémoire #histoire #SecondeGuerremondiale #nazisme #barbarie #Antifascisme

    ▶️ https://paris-luttes.info/pour-notre-liberte-et-la-votre-l-3222

    ▶️ https://www.francetvinfo.fr/societe/seconde-guerre-mondiale/histoire-la-vie-dans-le-ghetto-de-varsovie_5780501.html

    ⏩ Lire l’article complet…

    ▶️ https://www.france24.com/fr/europe/20230418-le-soul%C3%A8vement-du-ghetto-de-varsovie-l-acte-de-r%C3%A9sistan

  • Aidez-nous à empêcher l’#extermination d’un peuple non contacté pour produire des batteries de #voitures_électriques | #Survival_International
    https://agir.survivalinternational.fr/page/125708/action/1

    La forêt tropicale de l’île d’#Halmahera en #Indonésie, habitée par des centaines de personnes non contactées du #peuple_autochtone des #Hongana_Manyawa, a été ciblée pour des #activités_minières extrêmement destructrices, qui dévastent la forêt et ses habitants.

    Des entreprises extrêmement puissantes sont impliquées. Les Hongana Manyawa ont désespérément besoin de votre soutien pour survivre.

    Ce vaste projet d’#exploitation_minière s’inscrit dans le cadre du plan de l’Indonésie visant à devenir un producteur majeur de batteries pour voitures électriques – un plan dans lequel Tesla et d’autres entreprises investissent des milliards de dollars. Le #nickel est actuellement un composant clé de ces batteries.

    L’entreprise minière française #Eramet, détenue à hauteur de 27 % par l’#État_français, est responsable des opérations minières dans la zone. L’argent du contribuable français est donc impliqué dans ces activités dévastatrices. 

    Eramet opère sur les terres des Hongana Manyawa sans leur consentement libre, informé et préalable (CLIP), et les peuples non contactés ne sont en aucun cas en mesure de le donner. Cela va à l’encontre des standards internationaux sur le sujet, qui requièrent l’obtention du CLIP pour tout projet sur les territoires des peuples autochtones (notamment la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones). 

    De sérieux doutes se posent aussi sur la conformité des activités d’Eramet à la loi française sur le devoir de vigilance.

    Les Hongana Manyawa – dont le nom signifie “peuple de la #forêt” dans leur propre langue – sont l’un des derniers peuples de chasseurs-cueilleurs nomades d’Indonésie.

    Ils risquent aujourd’hui de voir leurs terres et tout ce dont ils ont besoin pour vivre détruits par des #entreprises, dont Eramet, qui ose mettre en avant dans sa communication son attachement aux #droits_humains et à l’environnement. 

    Dites à Eramet de cesser immédiatement ses activités sur les terres des peuples autochtones non contactés d’Halmahera – et faites-le savoir au gouvernement français et aux autorités indonésiennes.

  • #histoire #Auschwitz #déportation #extermination #génocide #Shoah #nazisme #antisémitisme #barbarie #crimedemasse > #antifascisme !

    🛑 Une plongée dans l’horreur et la barbarie : terrifiant...

    🛑 Un jour à Auschwitz...

    🛑 « L’arrivée à Auschwitz, en mai 1944, de dizaines de milliers de Juifs hongrois promis à l’extermination. Un récit implacable, qui confronte le témoignage d’une rescapée aux photos prises par un soldat SS. En mai 1944, le processus génocidaire nazi est à son apogée, avec la déportation et l’extermination à Auschwitz-Birkenau de quelque 424 000 Juifs hongrois. Un ensemble d’images témoigne de ce crime de masse : les clichés pris par Bernhard Walter, soldat SS chargé de photographier les déportés à leur arrivée dans le camp, que les nazis n’ont ensuite pas eu le temps de détruire (...) »

    >> Documentaire (89mn) disponible sur ARTE du 27/01/2023 au 26/04/2023 :

    ▶️ https://www.arte.tv/fr/videos/098533-000-A/un-jour-a-auschwitz

    https://api-cdn.arte.tv/img/v2/image/Navq5iri6hmmG8PcfaAqj6/1920x1080?type=TEXT&watermark=true

  • Arno Klarsfeld : « L’Ukraine ne doit plus glorifier les nationalistes qui ont collaboré » Le Point - Arno Klarsfeld

    Si les Ukrainiens veulent faire partie de la famille de l’Union européenne, ils doivent cesser de glorifier les nationalistes ukrainiens présentés comme des héros, et qui ont collaboré avec les nazis et les ont assistés dans l’extermination de dizaines de milliers de familles juives en Ukraine. Une des premières mesures de la municipalité de Kiev après la révolution de 2014 a été de débaptiser la longue avenue qui mène au site de Babi Yar, et qui portait le nom d’avenue de Moscou, pour l’appeler avenue Bandera, dont les fidèles ont assisté les nazis dans l’extermination de plus de 30 000 juifs, hommes, femmes et enfants dans le ravin de Babi Yar, les 29 et 30 septembre 1941, lorsque les troupes allemandes accompagnées des Einsatzgruppen sont entrées à Kiev.


    Le tribunal administratif du district de Kiev avait ordonné à la municipalité d’annuler le changement de nom de deux rues principales au profit de Stepan Bandera et Roman Shukhevych, qui lui aussi était un massacreur de Juifs, et dont un stade porte le nom dans la grande ville de Ternopil. Mais le maire de Kiev, Vitaly Klitschko, a fait appel de la décision et la cour d’appel lui a donné raison.

    Collaborateurs ukrainiens
    À Lviv, il y a encore deux ans, des centaines d’hommes ont défilé en uniforme SS de collaborateurs ukrainiens lors d’un événement approuvé par la ville. Ces dernières années, au moins trois municipalités ukrainiennes ont dévoilé des statues pour l’adjoint de Bandera, Yaroslav Stetsko, qui, pendant la Shoah, approuvait « l’extermination des Juifs ». La devise des nationalistes ukrainiens collaborateurs de nazis de Bandera affichée dans les rues de Kiev en 1941 était : « Tes ennemis sont la Russie, la Pologne et les Youpins. »

    Voici ce qu’écrivait Irina Khorochounova, dans son journal, à la date du 2 octobre sur ces massacres qui se déroulaient en plein jour par les nazis et leurs supplétifs ukrainiens : « Tout le monde dit qu’on tue les Juifs. Non, on ne les tue pas, on les a déjà tous tués. Tous sans distinction, les vieux comme les jeunes, les femmes et les enfants. Ceux qui ont été ramenés chez eux lundi ont également été exécutés les jours suivants… J’écris parce qu’il est indispensable que le monde sache qu’un crime horrible est en train d’être commis et qu’il faudra le venger… On continue d’assassiner en masse des enfants innocents et sans défense, des femmes et des vieillards dont beaucoup sont enterrés encore vivants. »

    Monstres
    Il est tout à fait inapproprié que les grandes artères qui mènent au site des massacres et qu’empruntent les dirigeants européens venus apporter leur soutien à l’Ukraine portent le nom de tels monstres. Il est tout à fait immoral que de tels hommes soient glorifiés. Il est tout à fait anormal que personne n’en parle dans les instances européennes alors que l’Ukraine a demandé son adhésion et que le processus (long, peut-être) a été approuvé.

    Laisser sans s’y opposer l’Ukraine continuer à glorifier ces nationalistes ukrainiens qui ont collaboré avec les nazis contre les Soviétiques et massacré de manière si horrible tant de familles juives signifierait en fin de compte que Hitler avait raison de voir les Russes comme les véritables ennemis de l’Occident, et que son attaque préventive était justifiée. Quant aux Juifs, ils seraient des victimes collatérales des soubresauts de l’Histoire. L’Europe et l’Union européenne se sont bâties sur la victoire sur le nazisme. Elle doit s’en souvenir.
    Source : https://www.lepoint.fr/debats/arno-klarsfeld-l-ukraine-ne-doit-plus-encenser-les-nationalistes-qui-ont-col

    #Serge_Klarsfeld à propos du #nazisme en#Ukraine et de la #Shoa #nazis #extermination #Babi_Yar #Einsatzgruppen #Kiev #ue #union_européenne

    • Les médias » occidentaux » continuent de dénazifier l’Ukraine en prétendant que les formations nazies de ce pays, qu’ils ont longtemps décriées, sont désormais une collection inoffensive de célébrités.

      On peut suivre ces changements en lisant cette série d’articles du New York Times :

      15 mars 2019 :

      Sur son gilet pare-balles figurait un symbole couramment utilisé par le bataillon Azov, une organisation paramilitaire néo-nazie ukrainienne.

      11 février 2020 :

      Les défenseurs du Bataillon Azov ukrainien, que le F.B.I. appelle « une unité paramilitaire » notoirement connue pour son « association avec l’idéologie néonazie« , nous accusent de faire partie d’une campagne du Kremlin visant à « diaboliser » le groupe.

      17 mars 2022 :

      La semaine dernière, Facebook a déclaré qu’il faisait une exception à ses politiques de lutte contre l’extrémisme pour autoriser les éloges de l’unité militaire d’extrême droite ukrainienne du bataillon Azov, « strictement dans le contexte de la défense de l’Ukraine, ou dans leur rôle en tant que partie de la Garde nationale ukrainienne. »

      29 avril 2022 :

      Ces scènes proviennent de vidéos partagées en ligne ces derniers jours par le régiment Azov, une unité de l’armée ukrainienne, qui affirme qu’elles ont été prises dans les bunkers en forme de labyrinthe situés sous la tentaculaire aciérie Azovstal à Mariupol, en Ukraine.

      Comme je l’ai écrit précédemment :

      Ce qui était autrefois « une organisation paramilitaire néo-nazie ukrainienne« , dont le FBI a dit qu’elle était connue pour son « association avec l’idéologie néo-nazie« , a d’abord été qualifiée d’ »extrême droite » avant de devenir une « unité de l’armée ukrainienne » normale.

      Aujourd’hui, le New York Times a rajouté un niveau à cette évolution en transformant un communiqué de presse du gouvernement ukrainien en un récit larmoyant sur les retrouvailles des libérés du bataillon Azov libérés avec leurs familles :

      Les commandants libérés de l’opération Azov ont retrouvé avec émotion les membres de leur famille en Turquie . . . .

  • Quand les pensionnaires autochtones étaient des cobayes en nutrition Catherine Lefebvre
    https://ici.radio-canada.ca/mordu/4258/pensionnats-autochtones-cobayes-nutrition

    De 1942 à 1952, des chercheurs ont mené des études controversées dans des pensionnats autochtones dans le but de « traiter » la malnutrition particulièrement présente chez les jeunes pensionnaires. Lumière sur un côté sombre de la recherche en nutrition au Canada.

    En 2013, l’historien de l’alimentation, de la santé autochtone et de la politique du colonialisme Ian Mosby publie un article intitulé Administering Colonial Science : Nutrition Research and Human Biomedical Experimentation in Aboriginal Communities and Residential Schools, 1942–1952.
    Il y parle des nombreuses études menées sur des pensionnaires dans six pensionnats autochtones canadiens https://ici.radio-canada.ca/ohdio/balados/7112/nutritionniste-urbain-bernard-lavallee-catherine-lefebre/610351/pensionnat-autochtone-experience-histoire-canada .

    Au nom de la malnutrition
    À l’aube des années 1940, le gouvernement canadien sait que la famine règne dans les pensionnats et les communautés autochtones. En 1942, une équipe de recherche commence à étudier la question de la malnutrition en se rendant dans cinq communautés cries au nord du Manitoba : Norway House, Cross Lake, God’s Lake Mine, Rossville et The Pas.

    À leur arrivée, les scientifiques constatent l’état de malnutrition sévère des pensionnaires, qui mangent en moyenne 1470 calories par jour. Ce nombre de calories est similaire à celui consommé par les participants de la Minnesota Starvation Experiment https://ici.radio-canada.ca/ohdio/balados/7112/nutritionniste-urbain-bernard-lavallee-catherine-lefebre/519565/seconde-guerre-mondiale-ancel-keys-alimentation de l’Américain Ancel Keys, une expérience menée dans les mêmes années qui tente de simuler la famine.

    Les chercheurs disent même que si les pensionnaires étaient blancs, ils exigeraient qu’ils soient soignés. Cette précarité alimentaire entraîne des problèmes de santé nettement plus prévalents dans cette population que dans la population non autochtone.

    Par exemple, le taux de mortalité de la tuberculose au Manitoba est, à l’époque, de 27 cas pour 100 000 habitants. Dans les communautés autochtones de la province, on parle de 1400 pour 100 000 habitants. De plus, leur taux de mortalité infantile est de 8 fois supérieur à celui du reste du Canada.

    Les pensionnats comme laboratoire de recherche
    Les chercheurs proposent donc de mener une étude intensive d’un an ou deux pour démontrer les effets d’interventions nutritionnelles, en ajoutant des suppléments de vitamines et minéraux dans le régime alimentaire d’une partie des pensionnaires souffrant de malnutrition pour prévenir la tuberculose. Cela veut donc dire que le groupe témoin, souffrant aussi de malnutrition, ne reçoit aucun supplément.


    Il faut savoir que la qualité générale des soins de santé est inadaptée. “Les soins médicaux offerts aux peuples autochtones sont nettement inférieurs aux normes, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du système des pensionnats, précise Ian Mosby. Pratiquant la ségrégation raciale, le Canada crée alors des « hôpitaux indiens” qui ne sont financés qu’à une fraction du coût des établissements des colons. »

    Or, pour les chercheurs, réduire la malnutrition chez les pensionnaires est aussi une façon de protéger la population blanche de ce qu’ils appellent les “réservoirs indiens” qu’ils considèrent comme des “vecteurs de maladies”.

    Plus tard, en 1947, une nouvelle étude débute à la Baie-James afin de comprendre les liens entre la nutrition et la santé dans le Nord. Les chercheurs croient que les problèmes de malnutrition des peuples autochtones sont causés en majorité par leur trop grande dépendance aux aliments achetés en magasin et leur manque d’accès à leurs aliments traditionnels.

    Les scientifiques constatent une fois de plus un état nutritionnel inadéquat. Pour y remédier, ils estiment qu’il vaut mieux éduquer les populations autochtones, notamment à faire de meilleurs choix alimentaires. On les encourage à chasser, pêcher et jardiner, même si l’accès au territoire a été largement limité par les colons.

    L’année suivante, en 1948, de nouvelles études sont entamées, et 1000 enfants de six pensionnats servent de cobayes. On modifie leur alimentation ou on la maintient inadéquate pour tester l’effet de certains aliments ou de suppléments de vitamines et minéraux sur leur état de santé.

    Ces études ne suffisent pas à améliorer de façon significative le traitement de la malnutrition des pensionnaires. Au contraire, les chercheurs estiment qu’il en faut encore plus pour en apprendre davantage sur les liens entre la santé et la malnutrition.
    Si ces études semblent atrocement non éthiques, Ian Mosby croit bon de rappeler que “les horreurs dans les pensionnats autochtones étaient bien pires que ces études”.

    Pour en savoir plus à ce sujet, écoutez l’épisode d’On s’appelle et on déjeune https://ici.radio-canada.ca/ohdio/balados/7112/nutritionniste-urbain-bernard-lavallee-catherine-lefebre/610351/pensionnat-autochtone-experience-histoire-canada . Nous en discutons avec Sipi Flamand, vice-chef du conseil de bande des Atikamekws de Manawan, et Laurence Hamel-Charest, candidate au doctorat en anthropologie à l’Université de Montréal, dont la thèse porte sur la transformation du patrimoine alimentaire de la communauté anishinaabe de Lac-Simon.

    #canada #pensionnats_autochtones #extermination #enfants #tuberculose #faim #nutrition #horreurs #cobayes #malnutrition #ségrégation-raciale #religion

    • C’est fou le nombre de génocides dans les quels les « protecteur de la vie » sont impliqués.
      L’interdiction de l’avortement aux usa leur permet de faire oublier leurs massacres organisés .

  • Exterminez toutes ces brutes (1/4). La troublante conviction de l’ignorance

    Dans une puissante méditation en images, Raoul Peck montre comment, du génocide des Indiens d’Amérique à la Shoah, l’impérialisme, le colonialisme et le suprémacisme blanc constituent un impensé toujours agissant dans l’histoire de l’Occident.

    « Civilisation, colonisation, extermination » : trois mots qui, selon Raoul Peck, « résument toute l’histoire de l’humanité ». Celui-ci revient sur l’origine coloniale des États-Unis d’Amérique pour montrer comment la notion inventée de race s’est institutionnalisée, puis incarnée dans la volonté nazie d’exterminer les Juifs d’Europe. Le même esprit prédateur et meurtrier a présidé au pillage de ce que l’on nommera un temps « tiers-monde ».

    Déshumanisation
    Avec ce voyage non chronologique dans le temps, raconté par sa propre voix, à laquelle il mêle celles des trois auteurs amis qui l’ont inspiré (l’Américaine Roxanne Dunbar-Ortiz, le Suédois Sven Lindqvist et Michel-Rolph Trouillot, haïtien comme lui), Raoul Peck revisite de manière radicale l’histoire de l’Occident à l’aune du suprémacisme blanc. Tissant avec une grande liberté de bouleversantes archives photo et vidéo avec ses propres images familiales, des extraits de sa filmographie mais aussi des séquences de fiction (incarnées notamment par l’acteur américain Josh Hartnett) ou encore d’animation, il fait apparaître un fil rouge occulté de prédation, de massacre et de racisme dont il analyse la récurrence, l’opposant aux valeurs humanistes et démocratiques dont l’Europe et les États-Unis se réclament. « Exterminez toutes ces brutes », phrase prononcée par un personnage du récit de Joseph Conrad Au cœur des ténèbres, et que Sven Lindqvist a choisie comme titre d’un essai, résume selon Raoul Peck ce qui relie dans un même mouvement historique l’esclavage, le génocide des Indiens d’Amérique, le colonialisme et la Shoah : déshumaniser l’autre pour le déposséder et l’anéantir. De l’Europe à l’Amérique, de l’Asie à l’Afrique, du XVIe siècle aux tribuns xénophobes de notre présent, il déconstruit ainsi la fabrication et les silences d’une histoire écrite par les vainqueurs pour confronter chacun de nous aux impensés de sa propre vision du passé.

    https://www.arte.tv/fr/videos/095727-001-A/exterminez-toutes-ces-brutes-1-4

    #film #documentaire #film_documentaire #peuples_autochtones #récit #contre-récit #récit_historique #histoire #Séminoles #extrême_droite #suprémacisme_blanc #racisme #Grand_Remplacement #invasion #colonialisme #puissance_coloniale #extermination #Tsenacommacah #confédération_Powhatan #Eglise #inquisition #pureté_du_sang #sang #esclavage #génocide #colonialisme_de_peuplement #violence #terre #caoutchouc #pillage

    –-> déjà signalé plusieurs fois sur seenthis (notamment ici : https://seenthis.net/messages/945988), je remets ici avec des mots-clé en plus

  • « Exterminez toutes ces brutes ». Entretien avec Raoul Peck
    https://www.contretemps.eu/extermination-colonialisme-esclavage-racisme-documentaire-peck

    Arte diffuse actuellement le nouveau documentaire en 4 parties du cinéaste haïtien Raoul Peck, auteur notamment de « Lumumba », d’un film sur le jeune Marx, ou encore de « I am not your Negro ». Il y retrace la généalogie du racisme moderne, qui s’est propagé à partir de l’Europe sur plusieurs siècles et qui d’infériorisation en déshumanisation, d’essentialisation en démonisation, a abouti au génocide des Amérindiens, à la mise en esclavage de millions d’Africains, à la colonisation du monde et jusqu’au génocide des Juifs d’Europe. Dans cet entretien, il revient sur l’origine de ce film et les ressorts de sa construction. Source : (...)