• Plus d’une espèce d’arbre sur trois dans le monde est menacée d’#extinction - #Liste_rouge de l’#UICN

    Trente-huit pour cent des arbres du monde sont menacés d’extinction selon la première Évaluation mondiale des arbres publiée dans la mise à jour d’aujourd’hui de la Liste rouge de l’UICN des #espèces_menacées™. Également dans la mise à jour d’aujourd’hui, l’état de conservation du hérisson d’Europe s’est détérioré et l’espèce est désormais considérée comme Quasi menacée.

    La Liste rouge de l’UICN comprend désormais 166 061 espèces, dont 46 337 sont menacées d’extinction.

    « Nous publions aujourd’hui l’évaluation mondiale des arbres figurant sur la Liste rouge de l’UICN, qui montre que plus d’une espèce d’arbre sur trois est menacée d’extinction. Les arbres sont essentiels au maintien de la vie sur Terre du fait de leur rôle vital dans les écosystèmes, et la vie et les moyens d’existence de millions de personnes en dépendent. Alors que la Liste rouge de l’UICN célèbre 60 ans d’impact, la présente évaluation souligne son importance en tant que baromètre de la vie, mais aussi, de manière cruciale, en tant qu’outil unique guidant les actions visant à inverser le déclin de la nature », a déclaré la Dr Grethel Aguilar, Directrice Générale de l’UICN.

    Pour la première fois, la majorité des arbres du monde ont été ajoutés à la Liste rouge de l’UICN, révélant qu’au moins 16 425 des 47 282 espèces évaluées sont en danger d’extinction. Les arbres représentent désormais plus d’un quart des espèces présentes sur la Liste rouge de l’UICN, et le nombre d’arbres menacés est plus de deux fois supérieur au nombre total d’oiseaux, de mammifères, de reptiles et d’amphibiens menacés combinés. Des espèces d’arbres sont menacées d’extinction dans 192 pays à travers le monde.

    « Cette évaluation intégrale présente la première image globale de l’état de conservation des arbres, ce qui nous permettra de prendre des décisions de conservation mieux éclairées et des mesures visant à protéger les arbres là où cela est nécessaire de toute urgence », a déclaré le Dr Malin Rivers, responsable de l’Évaluation mondiale des arbres chez Botanic Gardens Conservation International, un Partenaire de la Liste rouge. « Ce travail représente un effort mondial, impliquant plus de 1 000 experts des arbres. Nous devons continuer à travailler ensemble pour intensifier les actions locales, nationales et internationales de conservation des arbres afin de soutenir les personnes et la planète ».

    La plus forte proportion d’arbres menacés se trouve sur les îles. Les arbres insulaires sont particulièrement à risque en raison de la déforestation pour le développement urbain et l’agriculture à toutes les échelles, ainsi que des espèces envahissantes, des ravageurs et des maladies. Les changements climatiques menacent de plus en plus les arbres, en particulier sous les tropiques, en raison de l’élévation du niveau des mers et des tempêtes plus fortes et plus fréquentes. La lutte contre les menaces auxquelles les arbres sont confrontés, la protection et la restauration des habitats, ainsi que la conservation ex situ par le biais de banques de semences et de collections dans les jardins botaniques sont essentielles pour prévenir les extinctions sur les îles et dans le reste du monde. Une action communautaire a déjà abouti à des résultats positifs des îles Juan Fernández à Cuba et de Madagascar à Fidji.

    En Amérique du Sud, où se trouve la plus grande diversité d’arbres au monde, 3 356 des 13 668 espèces évaluées sont menacées d’extinction. Des approches novatrices sont nécessaires pour protéger le nombre élevé d’espèces d’arbres dans la région, où le déboisement pour l’agriculture et l’élevage constituent les menaces les plus importantes. En Colombie, les évaluations de la Liste rouge ont guidé la planification nationale des actions de conservation. Sept espèces de Magnolia considérées En danger et En danger critique ont été utilisées pour la désignation de cinq nouvelles Zones clés pour la biodiversité, qui seront utilisées par les gouvernements locaux et nationaux pour éclairer la planification spatiale.

    La Liste rouge de l’UICN montre également que la perte d’arbres constitue une menace majeure pour des milliers d’autres plantes, champignons et animaux. En tant que composante déterminante de nombreux écosystèmes, les arbres sont fondamentaux à toute vie sur Terre en raison de leur rôle dans les cycles du carbone, de l’eau et des nutriments, la formation des sols et la régulation du climat. Les personnes dépendent également des arbres, plus de 5 000 espèces sur la Liste rouge de l’UICN étant utilisées comme source de bois pour la construction, et plus de 2 000 comme source de médicaments, de nourriture et de combustibles respectivement.
    Le hérisson d’Europe Quasi menacé

    Le hérisson d’Europe (Erinaceus europaeus) est passé de la catégorie Préoccupation mineure à Quasi menacé sur la Liste rouge de l’UICN. On estime que les effectifs de l’espèce ont diminué dans plus de la moitié des pays où elle est présente, y compris au Royaume-Uni, en Norvège, en Suède, au Danemark, en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne et en Autriche. À l’échelle nationale, les populations ont diminué d’environ 16 à 33% au cours des dix dernières années, des études locales signalant également des diminutions allant jusqu’à 50% en Bavière (Allemagne) et en Flandre (Belgique). Les pressions humaines croissantes, en particulier la dégradation des habitats ruraux par l’intensification agricole, les routes et le développement urbain entraînent le déclin du hérisson d’Europe.

    « Une action régionale et nationale est essentielle pour soutenir les populations de hérissons, grâce à des initiatives telles que ‘Hedgehog Street’ au Royaume-Uni et ‘Danmarks Pindsvin’ au Danemark », a déclaré le Dr Abi Gazzard, Responsable de programme du Groupe de spécialistes des petits mammifères de la CSE-UICN. « L’évaluation de la Liste rouge révèle également des lacunes dans les connaissances, par exemple en ce qui concerne les limites de la répartition de l’espèce. Un suivi accru dans toute l’Europe sera essentiel pour en savoir plus sur les populations moins étudiées ».
    Citations de référence :

    « L’évaluation de toutes les espèces d’arbres a été une entreprise massive qui a pris de nombreuses années et qui doit être célébrée », a déclaré Jean-Christophe Vié, Directeur général de la Fondation Franklinia, qui a financé la majeure partie de l’Évaluation mondiale des arbres. « Elle se poursuit encore, mais nous savons maintenant où agir pour lutter efficacement contre la crise d’extinction qui frappe les arbres du monde. Il n’y a aucune excuse pour ne pas agir. Face à un si grand nombre d’espèces d’arbres menacées, la tâche est énorme, mais elle a déjà commencé. De nombreuses ONG, jardins botaniques, universités et autres font un excellent travail, et rien que celles que notre Fondation soutient protègent déjà plus de 1 000 espèces menacées. Certains pays comme le Ghana, la Colombie, le Chili ou le Kenya ont déjà mis en place des stratégies nationales. D’autres, comme le Gabon, ont identifié des zones importantes pour les arbres. Les arbres sont considérés comme une solution facile aux changements climatiques et des arbres sont plantés partout. Cependant, la façon dont ce reboisement est réalisé doit être grandement améliorée, en diversifiant les espèces et en incluant des espèces menacées dans les programmes de plantation d’arbres. Les gouvernements et leurs services forestiers, les entreprises et tous ceux qui plantent des arbres pourraient facilement intégrer cela et obtenir rapidement un impact positif en s’attaquant simultanément aux crises des changements climatiques et de la biodiversité ».

    « L’importance de l’Évaluation mondiale des arbres ne peut être surestimée, étant donné l’importance des arbres pour les écosystèmes et les personnes. Nous espérons que cette statistique effrayante d’un arbre sur trois menacé d’extinction incitera à une action urgente et sera utilisée pour guider les plans de conservation », a déclaré la Dr Eimear Nic Lughadha, Chercheuse principale responsable de l’évaluation et de l’analyse de la conservation aux Jardins botaniques royaux Kew. « Bien que la proportion d’espèces d’arbres signalées comme menacées en Amérique du Sud, le leader mondial en matière de diversité des arbres, soit plus faible (25%), ce pourcentage ne manquera pas d’augmenter, car de nombreuses espèces d’arbres d’Amérique du Sud n’ont pas encore été décrites par la science et les nouvelles espèces d’arbres pour la science sont généralement plus susceptibles d’être menacées d’extinction ».

    « Cette importante analyse des espèces d’arbres menacées souligne à quel point il est essentiel de protéger et de restaurer des écosystèmes forestiers diversifiés et sains. Plus des deux tiers des espèces d’oiseaux menacées dans le monde dépendent des forêts. Ce rapport doit être pris au sérieux pour les communautés locales et les peuples autochtones tributaires des forêts, pour la faune qui dépend des arbres et pour améliorer la résilience des forêts aux changements climatiques », a déclaré Cleo Cunningham, Responsable climat et forêts chez Birdlife International.

    « Les arbres sous-tendent directement la survie de tant d’espèces, dont beaucoup figurent sur la Liste rouge de l’UICN. Des forêts prospères et naturellement diversifiées sont essentielles pour atténuer à la fois les changements climatiques et la perte de biodiversité, et en tant que telles, les solutions à l’une des deux crises apportent souvent des avantages mutuellement bénéfiques pour l’autre. Cela rend d’autant plus troublant le nombre croissant d’espèces d’arbres menacées inscrites sur la Liste rouge. Sans écosystèmes biodivers abritant des populations d’arbres saines et diversifiées, le monde sera confronté à une menace climatique encore plus grande que celle à laquelle nous sommes déjà confrontés. La COP16 en Colombie, cette semaine, représente une excellente occasion pour les secteurs public et privé de ne pas seulement parler mais de réaliser des investissements qui profitent au climat, aux espèces et aux personnes », a déclaré le Dr. Dave Hole, Vice-président pour les solutions mondiales au Centre Moore pour la science de Conservation International.

    « Coordonnée par Botanic Gardens Conservation International et le Groupe mondial de spécialistes des arbres de la Commission de l’UICN pour la sauvegarde des espèces, l’Évaluation mondiale des arbres s’est appuyée sur un réseau mondial de plus de 100 partenaires institutionnels et de plus de 1 000 experts pour générer cet ensemble de données transformateur », a déclaré le Dr Jon Paul Rodríguez, Président de la Commission de l’UICN pour la sauvegarde des espèces. « En cette année du 60eanniversaire de la Liste rouge de l’UICN des espèces menacées, et en réponse aux attentes définies dans le Plan de biodiversité pour la vie sur Terre, de tels partenariats qui s’appuient sur et renforcent les capacités techniques nationales sont le meilleur moyen d’aller de l’avant dans l’évaluation d’autres groupes mégadivers d’animaux, de champignons et de plantes répartis dans le monde ».

    « La mise à jour de la Liste rouge souligne les menaces auxquelles sont confrontées des milliers d’espèces qui constituent les fondements d’écosystèmes cruciaux à travers le monde. Malgré la pression croissante pour mettre fin à la déforestation dans le monde d’ici 2030, cette année, notre projet phare SPOTT a révélé que la plupart des 100 plus importantes entreprises de bois tropicaux et de pâte à papier dans le monde n’ont réalisé que des progrès limités dans la divulgation de leurs engagements en matière de traçabilité et déforestation zéro. Nous devons tous faire plus pour sauvegarder ces écosystèmes forestiers vitaux, en particulier les fabricants de biens de consommation, les institutions financières qui financent la foresterie et les entreprises agricoles », a déclaré Sam Ross, Analyste du projet Entreprises durables chez ZSL.

    « Le rapide déclin du hérisson d’Europe, désormais considéré comme Quasi menacé sur la Liste rouge de l’UICN, reflète l’état de désespoir auquel nous sommes confrontés en ce qui concerne la conservation du hérisson en Europe et au Royaume-Uni. Le programme London HogWatch de ZSL étudie la distribution des populations de hérissons et promeut leur conservation dans la capitale. Des stratégies de conservation visant à atténuer la perte et la fragmentation des habitats ainsi que l’intensification agricole ralentiront leur déclin, et en créant des corridors d’habitats, en réduisant l’utilisation de pesticides et en promouvant des environnements favorables aux hérissons, nous pourrons fournir une protection à long terme à cette espèce », a déclaré le Professeur Chris Carbone, professeur de macroécologie et de conservation à l’Institut de zoologie de ZSL et fondateur de London Hogwatch.

    https://iucn.org/fr/communique-de-presse/202410/plus-dune-espece-darbre-sur-trois-dans-le-monde-est-menacee-dextinction
    #biodiversité #rapport #arbres #hérissons #liste

  • Plus d’une espèce d’arbre sur trois est menacée d’extinction à travers le monde
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/10/28/plus-d-une-espece-d-arbre-sur-trois-est-menacee-d-extinction-a-travers-le-mo


    Marronnier d’Inde, ou marronnier commun, au parc des Buttes-Chaumont, à Paris, en 2022. BERTRAND GUAY / AFP

    Le sorbier de Legré, endémique des Alpes-de-Haute-Provence ; le chêne Hinckley, qui appartient au groupe des chênes blancs ; plus de la moitié des essences de magnolias ; le marronnier d’Inde, pourtant largement répandu en Europe… Les arbres sont, eux aussi, frappés de plein fouet par les activités humaines qui entraînent un effondrement de la biodiversité. A Cali, les négociateurs de quelque 200 pays doivent dire, d’ici au vendredi 1er novembre, comment ils entendent mettre en œuvre leurs engagements visant à « faire la paix avec la nature ».

    La mise à jour de la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), publiée lundi 28 octobre, constitue la plus vaste évaluation de l’état de santé des arbres. Pour la première fois, la majorité des quelque 64 000 espèces connues ont été inscrites sur ce registre mondial : sur les 47 282 essences évaluées, au moins 16 425 (38 %) sont en danger d’extinction, c’est-à-dire classées dans l’une des trois catégories allant de « vulnérable » à « en danger critique ». Cette évaluation, qui résulte de la collaboration d’un millier d’experts mobilisés depuis plusieurs années, confirme le résultat d’une étude publiée en 2021 par l’association britannique Botanic Gardens Conservation International.

    https://justpaste.it/b2vpn

    #arbres #extinction #biodiversité

  • Le hérisson désormais « quasi menacé » d’extinction
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/10/28/le-herisson-desormais-quasi-menace-d-extinction_6363392_3244.html

    Les hérissons ouest-européens sont en déclin, poussés hors de leurs habitats par l’expansion urbaine et fauchés sur les routes. Dans la liste rouge actualisée de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), publiée lundi 28 octobre à Cali (Colombie) lors de la COP16 sur la biodiversité, l’Erinaceus europaeus a changé de catégorie, passant de « préoccupation mineure » à « quasi menacé » d’#extinction.

    #biodiversité

    • Le hérisson d’Europe (Erinaceus europaeus) est passé de la catégorie Préoccupation mineure à Quasi menacé sur la Liste rouge de l’UICN. On estime que les effectifs de l’espèce ont diminué dans plus de la moitié des pays où elle est présente, y compris au Royaume-Uni, en Norvège, en Suède, au Danemark, en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne et en Autriche. À l’échelle nationale, les populations ont diminué d’environ 16 à 33% au cours des dix dernières années, des études locales signalant également des diminutions allant jusqu’à 50% en Bavière (Allemagne) et en Flandre (Belgique). Les pressions humaines croissantes, en particulier la dégradation des habitats ruraux par l’intensification agricole, les routes et le développement urbain entraînent le déclin du hérisson d’Europe.

      https://iucn.org/fr/communique-de-presse/202410/plus-dune-espece-darbre-sur-trois-dans-le-monde-est-menacee-dextinction
      #hérisson

    • Alors ça y est ça passe à la radio. Après que pour conclure, une journaliste résume ce qui suit (chez Le Monde)

      ... la survie des hérissons « va se jouer dans les jardins des maisons ». Elle invite les propriétaires à construire des « autoroutes pour hérissons », c’est-à-dire un trou dans la clôture extérieure pour leur permettre le passage la nuit, et déposer sur leur chemin une petite réserve d’eau et de déchets alimentaires.
      « La meilleure chose que vous puissiez faire est de laisser pousser votre jardin à l’état sauvage pour attirer tout ce dont un hérisson a besoin pour se nourrir : insectes, vers de terre, escargots et limaces », précise Mme Rasmussen.

      la présentatrice du journal de France cul d’enchainer avec un rassérénerait "alors, il y a des solutions".

      #écologie #déni

    • #petits_gestes #colibris (je fais ma part).

      Ceci dit, nous avons « fait notre part » également en participant à des opérations de sauvetages et de réintroductions en milieu (à peu près) naturel de hérissons blessés ou malades dans le cadre d’une association locale. Attitude très professionnelle et compétences avérées chez les membres de cette asso mais gros investissement personnel (contraintes liées au temps passé et à la place disponible pour héberger les « pensionnaires » avant de les remettre en liberté) plus beaucoup de tracas administratifs pour obtenir un agrément et des subventions.

      https://www.sosherisson49.com

  • Il dialogo spezzato tra i ghiacciai alpini e il clima. E chi fa finta di non accorgersene

    I ghiacciai al di sotto dei 3.500 metri sono oggi immersi in un clima che è incompatibile con la loro esistenza. Non essendo più capaci di conservare la neve registrano inevitabilmente bilanci negativi, avviandosi all’estinzione. Quale patrimonio si disperde e che cosa, invece, si può ancora salvare. Intervista a Giovanni Baccolo, divulgatore e ricercatore di Glaciologia e scienze della Terra negli ambienti freddi

    Ogni anno tra fine agosto e inizio settembre è il momento naturale in cui determinare lo stato di salute dei ghiacciai. “È alla fine dell’estate che si fanno i rilievi per determinare la fusione e l’arretramento dei ghiacciai, per comprendere quanto è stata negativa l’annata”, racconta Giovanni Baccolo, ricercatore che si occupa di Glaciologia e scienze della Terra negli ambienti freddi presso l’Università degli Studi di Roma Tre, divulgatore sul blog Storie minerali e autore del libro “I ghiacciai raccontano”, pubblicato da People in collaborazione con L’Altramontagna, il quotidiano online che approfondisce i temi ambientali e sociali delle Terre alte.

    Questo, racconta Baccolo, è quel momento dell’anno in cui i ghiacciai ottengono la maggiore visibilità, anche grazie alla Carovana dei ghiacciai, promossa da Legambiente insieme al Comitato glaciologico italiano, di cui il ricercatore fa parte. Nel 2024, ad esempio, la Carovana ha certificato l’estinzione del ghiacciaio di Flua, sul Monte Rosa, e preconizzato che quello della Marmolada non esisterà più nel 2040.

    Baccolo, oggi dice “quanto è stata negativa l’annata”, ma fino a cinquant’anni fa non era così, vero?
    GB Il 2001 è stato l’ultimo periodo in cui c’è stato, per i ghiacciai alpini, quelli che interessano più da vicino il nostro Paese, un leggerissimo bilancio positivo. Prima di allora, lo stesso era successo in una manciata di annate, nel corso degli anni Settanta del secolo scorso. Dal 2001, però, è assolutamente sicuro che il bilancio sarà negativo. L’unica speranza che nutriamo, da glaciologi, è che i dati lo siano il meno possibile.

    Nel libro scrive che i ghiacciai alpini “sono oggi immersi in un clima che è incompatibile con la loro esistenza”.
    GB È così, per fortuna ancora non riguarda tutti i ghiacciai dell’arco alpino, ma solo quelli al di sotto dei 3.500 metri sul livello del mare. Ed è questo il motivo per cui è ancora possibile, in alcuni casi, avere dei bilanci positivi o neutri. Il tema reale, emerso, è che non c’è più un dialogo costruttivo tra i ghiacciai e il clima, per cui quelli al di sotto dei 3.500 metri non sono più capaci di conservare la neve e inevitabilmente hanno bilanci negativi, non producendo nuovo ghiaccio. Questo significa che un ghiacciaio scompare lentamente e anche che esiste solo per inerzia, perché dal punto di vista climatico non dovrebbe più esistere.

    Eccoci allora di fronte, come scrive nel libro, alla scomparsa di un ecosistema naturale.
    GB Quando ci allarmiamo per le notizie legate alla deforestazione, a causa dell’aumento delle superfici coltivate, che sconvolgono ecosistemi e ambienti naturali, non teniamo in considerazione che questi episodi riguardano solo una frazione di quell’ecosistema. Per i ghiacciai, invece, non è così, perché li stiamo perdendo integralmente. E i ghiacciai non sono solo ammassi di ghiaccio ma rappresentano un habitat ancora poco studiato e poco conosciuto, che sta scomparendo in toto proprio mentre stiamo imparando a conoscerlo.

    Questa conoscenza, spiega il tuo libro, è anche una delle fotografie più accurate del clima passato. Per quale motivo?
    GB I ghiacciai, per come si formano, sono in grado di raccogliere e accumulare e conservare un sacco di informazioni metereologiche e climatiche, ma non solo. Gli strati di ghiaccio, grazie a segnali di tipo fisico e chimico, ci offrono informazioni su quanto avvenuto in passato. Oggi conosciamo il sistema climatico meglio di alcuni decenni fa e molte informazioni sono arrivate dai ghiacciai, in particolare da quelli polari che ci hanno permesso di studiare le cose andando più indietro nel tempo, avendo cumulato neve per millenni. Le carote di ghiaccio, racconto, permettono veri e propri viaggi nel tempo. Anche i ghiacciai alpini, però, sono importanti, perché trattengono storie locali, magari più circoscritte nel tempo ma dettagliate: ad esempio, abbiamo potuto ricostruire la storia dell’inquinamento atmosferico in Europa negli ultimi secoli e le variazioni del clima negli ultimi millenni e anche l’impatto delle attività umane sulla chimica del ghiaccio.

    Alcuni capitoli del libro sono dedicati ad Antartide, Artico e Groenlandia, per certi versi i veri osservati speciali quando si temono gli effetti più negativi della fusione dei ghiacciai.
    GB Per motivi geografici, riceviamo notizie relative ai ghiacciai alpini, anche grazie a iniziative come la Carovana: anche se per noi addetti ai lavori è scontato che arrivino questi dati così negativi, il lavoro di divulgazione è fondamentale. Senz’altro, però, il ritiro dei ghiacciai alpini, un glacialismo limitato, produce effetti localizzati, relativi a problemi di disponibilità idrica o di riempimento degli invasi, per la tenuta di singoli versanti. Quando si parla di Groenlandia o di Antartide occidentale, il riferimento è ad altri ordini di grandezza: in questo caso, il cambiamento climatico produce trasformazioni che hanno impatti globali, come l’innalzamento del livello del mare, che è guidato dal ritiro dei ghiacciai polari. La sola scomparsa dalla calotta antartica occidentale porterebbe a un innalzamento di cinque metri delle acque. Ci sono, cioè, centinaia di milioni di persone il cui futuro dipende da come si comporteranno questi giganteschi ghiacciai nei prossimi decenni, per questo è fondamentale limitare l’aumento delle temperature.

    Stiamo affrontando stagioni molto siccitose. Perché la fusione dei ghiacciai non è una risposta possibile e sensata alla carenza d’acqua?
    GB Quando i ghiacciai si ritirano in modo vistoso, come negli ultimi anni, ovviamente ci troviamo con una disponibilità maggiore di acqua glaciale e questo potrebbe oscurare problemi di siccità o scarsità di neve. Si tratta però di un tampone temporaneo, che sfrutta riserve che hanno occupato secoli e millenni per formarsi. Quell’acqua non tornerà più, non è una risorsa rinnovabile. Se tutto andasse in modo naturale, invece, lo sarebbe. A causa del nostro intervento, però, quell’elemento sta andando perduto completamente. Quello che accade sull’arco alpino è molto indicativo: se cade pioggia, se ne va molto più velocemente; se cade neve, si trasforma in ghiaccio ed è una riserva molto più disponibile, che viene rilasciata in estate, quando c’è un problema effettivo ed è un effetto tampone che sta andando completamente perduto.

    Ad amplificare questa dinamica, anche il fatto che gli ambienti molto freddi sono più esposti di quelli “temperati” al riscaldamento globale.
    GB Una caratteristica degli ambienti che ospitano ghiacciai è quella di essere molto più sensibile, a parità di perturbazione sul clima, all’aumento delle temperature, che è più alto rispetto alla media globale. Questo vale sulle Alpi e anche nell’Artico, un contesto che presenta determinate caratteristiche, ad esempio la maggior importanza del ghiaccio marino rispetto a quello terrestre, che caratterizza l’Antartide. Dove oggi esistono ghiacciai, i cambiamenti possono essere amplificati.

    Eppure c’è chi ancora nega i riflessi dei cambiamenti climatici sui ghiacciai, come il ministro delle Infrastrutture e dei trasporti Matteo Salvini che lo scorso anno nel corso di un comizio si espresse così: “Io adoro la montagna. E quando vai sull’Adamello e sul Tonale e vedi i ghiacciai che si ritirano anno dopo anno ti fermi a pensare, poi studi la storia e vedi che sono cicli”. Perché, a tuo avviso, accade?
    GB Da una parte agisce la propensione a non credere al mondo scientifico e a quello che da decenni ci segnala, dinamiche che nelle singole persone può dipendere dalla difficoltà di accettare un cambiamento così importante, ma anche pigrizia, perché per contrastare questa situazione e attuare uno stile di vita più sostenibile dobbiamo fare sacrifici, rinunce e mettere in discussione un certo stile di vita. C’è poi un negazionismo che fa breccia nel mondo politico o dirigenziale, guidato dagli interessi economici che stanno dietro alla transizione energetica, all’esigenza di un ripensamento del sistema economico globale. Dal punto di vista elettorale, poi, i cittadini sono più contenti quando si sentono dire dai politici che va tutto bene e che non c’è bisogno di trasformazioni.

    https://altreconomia.it/il-dialogo-spezzato-tra-i-ghiacciai-alpini-e-il-clima-e-chi-fa-finta-di
    #glaciers #montagne #Alpes #disparition #climat #changement_climatique #extinction #Giovanni_Baccolo

    • I GHIACCIAI RACCONTANO

      Siamo abituati a ricevere, al termine dell’estate, tristi notizie che arrivano dal mondo dei ghiacciai. Ritiri, crolli, scomparse. Non c’è da sorprendersi: su una Terra sempre più calda a causa della nostra influenza sul clima, lo spazio destinato ai ghiacciai è inesorabilmente destinato a ridursi. Negli ultimi anni abbiamo imparato a identificarli come vittime iconiche del cambiamento climatico, spesso dimentichiamo però che i ghiacciai sanno fare molto di più che fondere, arretrare e scomparire. Non sono soltanto un affascinante fenomeno che impreziosisce i paesaggi montani: ogni ghiacciaio è un piccolo mondo che comunica con l’ambiente in cui è immerso. Raccontare alcune delle storie custodite al suo interno è il fine di queste pagine. Perché per comprendere la portata dell’epocale cambiamento provocato dal nostro impatto sul clima, è bene conoscere quanto stiamo perdendo, insieme al ghiaccio che fonde. Vittima, strumento di conoscenza e fonte di impatto. I ghiacciai sono il simbolo più completo del cambiamento climatico, il simbolo eccellente.

      «Fino a qualche decennio fa, le oscillazioni dei ghiacciai danzavano insieme alla naturale variabilità climatica del pianeta. Come in un valzer, uno andava dietro all’altro e, come succede con le coppie più affiatate, non era facile capire chi stesse guidando i movimenti. Oggi l’armonia è però rotta. Il clima conduce una marcia forzata che ha per meta un luogo poco adatto per l’esistenza dei ghiacciai.»

      https://www.peoplepub.it/pagina-prodotto/i-ghiacciai-raccontano
      #livre

  • #The_Haunted by #Saodat_Ismailova

    The Turan tiger, a majestic symbol of the Central Asian landscape, has been extinct for several decades, but it lives on as a sacred symbol in the collective imagination of the local population. In her captivating film essay, Ismailova pays homage to this animal as she shows how firmly bound it is, in people’s minds, to the region’s history. The tiger is a spectre that emerges from the darkness and disappears again, the landscape is like a network of ruins buried under layers of the past. The collage of visual and audio fragments, accompanied by the filmmaker’s passionate commentary, shows that “real” history cannot be separated from shared ideas and dreams.

    https://www.e-flux.com/film/428158/the-haunted

    https://vimeo.com/208305625


    #film #tigre #extinction #Asie_centrale #extinction

    ping @reka

  • Europe saved its predators from the brink of extinction. So why is it killing thousands of bears, wolves and lynx? | Hunting | The Guardian

    https://www.theguardian.com/environment/2024/sep/12/europe-saved-its-predators-from-brink-of-extinction-so-why-killing-thou

    Europe saved its predators from the brink of #extinction. So why is it killing thousands of #bears, #wolves and #lynx?

    Nelly Didelot
    @nellydidelot

    A 2022 study founds #wolf_attacks were associated with #far-right gains in #German #municipal_elections of 1-2%

    via #Nelly_didelot, twitter https://x.com/nellydidelot

  • L’#anguille française victime d’un vaste #trafic_international
    https://reporterre.net/L-anguille-francaise-victime-d-un-vaste-trafic-international

    Très prisée en #Asie, l’anguille fait l’objet d’un vaste #trafic international. Chaque année, des millions d’#alevins sont #pêchés illégalement dans nos cours d’eau. Une menace de plus pour cette espèce au bord de l’#extinction.

    Vous lisez la seconde partie de l’enquête « L’anguille, énigme du vivant menacée d’extinction ». Elle est publiée en partenariat avec la #Revue_Salamandre. La première partie, sur le mode de vie étonnant de ce #poisson_migrateur, est disponible ici.

  • Nos chats sont-ils des terreurs écologiques ?

    “Les chats sont une #catastrophe pour la #biodiversité. Les chiens sont une catastrophe pour le climat” a affirmé le 13 décembre, sur TF1, le chercheur médiatique #François_Gemenne, ancien membre du GIEC et enseignant à Science Po Paris. En disant cela, il a admis lui-même aborder un sujet sensible, susceptible de déclencher la colère des téléspectateurs. Et cela n’a pas loupé : la séquence a été largement commentée sur les réseaux sociaux, beaucoup de gens – y compris d’autres écologistes – rappelant qu’il y avait beaucoup à faire, par exemple s’en prendre aux grands bourgeois et leur train de vie délirant, avant de s’intéresser à l’impact de nos chats et de nos chiens sur la biodiversité et le #climat. Oui mais ne serions-nous pas des défenseurs de la planète en carton-pâte si nous ne considérions pas honnêtement la #responsabilité des animaux les plus populaires et les plus mignons sur ce qu’il nous arrive ?

    1 – La destruction de la biodiversité a plusieurs causes

    Quand on pense à l’écologie, on pense d’abord au sujet du réchauffement climatique dû à l’impact des activités humaines carbonés. Mais il y a d’autres sujets à prendre en compte parmi lesquels la baisse très rapide de la biodiversité (quantité d’espèces différentes sur la planète). Elle est en chute libre car de nombreux êtres vivants disparaissent du fait de la transformation, par les activités humaines, de leur environnement. C’est pourquoi on parle d’une “#sixième_extinction_de_masse” : une grande partie des espèces qui peuplent la terre pourrait disparaître prochainement. Selon l’Office Français de la Biodiversité, un établissement public créé récemment pour promouvoir la sauvegarde de ces espèces, 68 % des populations de vertébrés (mammifères, poissons, oiseaux, reptiles et amphibiens) ont disparu entre 1970 et 2016, soit en moins de 50 ans. Et rien qu’en 15 ans, 30% des oiseaux des champs ont disparu, ainsi que 38% des chauves-souris. Si jamais on s’en fout royalement de ces animaux, on peut se rappeler que tout est lié et que ces disparitions ont des conséquences sur nos vies, car chacune de ces espèces jouent un rôle au sein d’un #écosystème, et que certaines peuvent ensuite prendre le dessus et devenir envahissantes…

    La France a un rôle particulier à jouer car elle est le 6e pays du monde à héberger des espèces menacées. Qu’est-ce qui, chez nous, contribue à cette #extinction_de_masse ? Comme partout, le #changement_climatique joue un rôle important en déstabilisant la vie et la reproduction de nombre d’espèces. Ensuite, la pollution de l’air, de l’eau et du sol est considérée par l’ONG WWF comme la première cause de perte de biodiversité dans le monde. On peut également citer la transformation de l’usage des #sols, avec le développement de l’agriculture intensive et l’étalement urbain : le premier transforme la végétation, par exemple en détruisant les #haies pour augmenter les surfaces cultivables par des engins de plus en plus gros, ce qui dégomme des lieux de vie pour nombres d’espèces, en particulier les insectes et les rongeurs, dont la disparition affecte ensuite les oiseaux.

    Il faut aussi mentionner la surexploitation des animaux, via la #pêche_intensive mais aussi la #chasse, bien que sur cette dernière activité, le débat fasse rage dans le cas de la France : les défenseurs de la chasse estiment qu’elle contribue à préserver la biodiversité, puisque les chasseurs “régulent” certaines espèces potentiellement envahissantes et relâchent dans la nature des animaux qu’ils élèvent le reste de l’année. Les lobbies de chasseurs dépensent beaucoup d’argent et de temps pour imposer cette réalité dans le débat public, allant jusqu’à dire que les chasseurs sont “les premiers écologistes de France”, mais les faits sont têtus : seuls 10% des oiseaux relâchés par leurs soins survivent car ils sont désorientés, incapables de se nourrir correctement et pas autonome. Quiconque vit en zone rurale connaît le spectacle navrant de ces faisans et autres bécasses qui errent au bord des routes, attirés par la présence humaine, en quête de nourriture… Quant à la “régulation” des #espèces_invasives, il semble que cela soit en grande partie une légende urbaine : “La grande majorité des animaux tués à la chasse, approximativement 90 ou 95 % n’ont pas besoin d’être régulés” explique le biologiste Pierre Rigaud au Média Vert.

    2 – Les espèces invasives, produits du #capitalisme mondialisé

    Mais dans la liste des causes de la baisse de la biodiversité, il faut mentionner l’impact très important des espèces invasives introduites par l’homme dans la nature – on arrive à nos chatons. Dans son dernier rapport, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES, qui représente 130 gouvernements et publie des rapports réguliers) établit que la “présence cumulative d’#espèces_exotiques s’est accrue de 40% depuis 1980, et est associée à l’intensification des échange commerciaux ainsi qu’à la dynamique et aux tendances démographiques”. Parce que la “#mondialisation” est passée par là, ou, pour le dire clairement, que la #colonisation et la mise sous régime capitaliste du monde entier a eu lieu au cours du XXe siècle, des espèces circulent d’un continent à l’autre et parviennent dans des endroits où elles commettent de gros dégâts sur les espèces endémiques (“endémique” : qui vit dans un lieu donné. S’oppose à “exotique”).

    Le cas du #frelon_asiatique est très symptomatique : cette espèce a débarqué en France, vraisemblablement dans un conteneur venu de Chine, il y a 20 ans et nuit depuis largement à la biodiversité, notamment aux abeilles. 2004, c’est le début de l’intensification des #échanges_commerciaux avec l’Asie du fait de la délocalisation de toute une partie de la production industrielle en Chine, au grand bonheur des entreprises européennes et de leurs profits. Au passage, ils nous ont ramené le frelon.

    Mais nos animaux préférés seraient aussi en cause : les chats sont des mangeurs d’#oiseaux et ont effectivement, comme le dit François Gemenne, une part de responsabilité dans la baisse de la biodiversité… Ce qu’il ne dit pas, c’est qu’ils provoquent autant de mortalité en France et en Belgique que… nos #fenêtres, contre lesquelles les oiseaux se cognent et meurent… Selon le Muséum d’Histoire Naturelle, interrogé par France Info, les chats ne sont pas les principaux responsables de la disparition des oiseaux car ”Leur raréfaction tient avant tout à la disparition des #insectes et la perte d’habitat. Le chat représente toutefois une pression supplémentaire importante sur une population fragilisée.” Ce serait en #ville et sur les #îles que l’impact des chats serait important, et non dans les campagnes, où il est “un prédateur parmi d’autres”.

    3 – Accuser les chats pour préserver les capitalistes ?

    Lorsque l’on regarde les principaux facteurs de chute de la biodiversité dans le monde, on constate que tout à avoir des décisions humaines. Quel type d’#agriculture développons-nous ? Comment construisons-nous nos villes ? A quelle fréquence faisons-nous circuler les marchandises et les animaux entre les différentes parties du monde ? Quelles activités polluantes décidons-nous de réduire et lesquelles nous choisissons de garder ? On est donc très loin d’une simple équation scientifique : face à un problème comme la sixième extinction de masse, ce sont des décisions collectives potentiellement très conflictuelles que nous devons prendre. Qui arrête son activité ? Qui la poursuit ? Qui va continuer à gagner de l’argent ? Qui va devoir perdre une activité très rentable ?

    Puisque le pouvoir, en France comme dans le monde, appartient aux défenseurs du capitalisme, la décision est pour l’instant la suivante : ce qui génère du profit doit continuer à pouvoir générer plus de profit. L’#agriculture_intensive doit donc continuer et se développer. C’est pourquoi, depuis 50 ans, 70% des haies et des #bocages, refuges de biodiversité, ont disparu, et le phénomène s’accélère. Car les lobbies de l’#agriculture_industrielle ont sévi et, encore récemment, ont obtenu de pouvoir continuer leur jeu de massacre. La #pollution des sols et de l’air ? Elle continue. Le #glyphosate, cet #herbicide qui dégomme les insectes et rend les animaux malades, a été autorisé pour 10 années de plus par l’Union Européenne, pour continuer à produire davantage sur le plan agricole, une production qui sera en grande partie exportée et qui contribuera au grand jeu des profits de l’#agroalimentaire

    Les villes et les villages peuvent continuer de s’étendre et c’est flagrant en zone rurale : puisque le marché du logement est dérégulé et qu’il est plus profitable de construire sur terrain nu que de réhabiliter de l’ancien dans les centre-bourgs, les périphéries des petites villes s’étendent tandis que les centres se meurent… L’#étalement_urbain, qui fait reculer la biodiversité, s’étend sous la pression du #marché_immobilier. Là encore, c’est un choix en faveur du capitalisme et au détriment de la biodiversité… Et inutile de parler du réchauffement climatique : la COP 28, dont la délégation française comprenait Patrick Pouyanné, le patron de TotalEnergies, s’est soldée par un “accord pitoyable”, pour reprendre les mots de Clément Sénéchal, spécialiste du climat, dans Politis. Mais François Gemenne, lui, s’en est réjoui avec enthousiasme.

    Le consensus des dirigeants du monde entier est donc le suivant : il ne faut donner aucune véritable contrainte aux marchés qui prospèrent sur la destruction des espèces vivantes sur cette planète. Et en France, puissance agricole, ce constat est encore plus flagrant.

    Alors, que nous reste-t-il ? Les #décisions_individuelles. Ce pis-aller de l’#écologie_bourgeoise qui consiste finalement à dire : “bon, on a tranché, on ne va pas toucher au train-train du capitalisme qui nous plaît tant mais par contre on va vous demander à vous, citoyens, de faire des efforts pour la planète”. Mais attention : sans trop mentionner la consommation de #viande, le seul “#petit_geste” qui a un impact très significatif parce que la consommation de viande est en moyenne la troisième source d’émission carbone des Français (avant l’avion). Les industriels de la viande veillent au grain et ne veulent surtout pas qu’on se penche là-dessus.

    Parler des animaux domestiques s’inscrit dans cette veine-là. Bien sûr que, dans l’absolu, les chats et les chiens ont un impact sur la biodiversité et sur le climat. Car tout a un #impact. Mais d’une part cet impact reste marginal et d’autre part il est non systémique. Certes, le capitalisme a trouvé un bon filon pour faire du profit sur le dos de nos amours pour ces animaux qui apportent de la joie et du bonheur chez de nombreuses personnes, il suffit d’entrer dans une animalerie pour cela : la diversité des aliments, des jouets, des accessoires, le tout dans des couleurs chatoyantes pour appâter le maître bien plus que le chien… Mais lorsque l’on parle des chats qui mangent des oiseaux, on ne parle pas du capitalisme. Pire, on en profite pour masquer l’impact bien plus significatif de certaines activités. Les chasseurs, qui dépensent de lourds moyens pour influencer le débat public et ne reculent devant aucun argument ne s’y sont pas trompés : #Willy_Schraen, le président de la Fédération Nationale des Chasseurs (FNC) a tenté d’orienter, en 2020, l’attention du public sur l’impact des chats, qu’il accuse, ironie du sort, de trop chasser et qu’il a appelé à piéger. Aucune solidarité dans la profession !

    4 – Sortir du discours écolo bourgeois : un mode d’emploi

    Les chats sont bel et bien des chasseurs mais il existe des solutions pour limiter leur impact sur la biodiversité : stériliser le plus souvent possible pour éviter leur prolifération, les faire sortir uniquement à certaines heures de la journée ou… jouer davantage avec eux durant la journée. Pas sûr que les mêmes solutions fonctionnent pour réduire l’impact de la FNSEA, de TotalEnergies, de Lactalis, de la CMA CGM et de tous les milliardaires français : le patrimoine de 63 d’entre eux, en France, émettent autant de gaz à effet de serre que la moitié de la population française.

    Pour amuser vos petites boules de poils, la rédaction de Frustration recommande l’arbre à chat. Pour amuser vos petits milliardaires on recommande la visite de l’épave du Titanic dans un sous-marin peu étanche

    Comment utiliser efficacement son temps d’antenne quand on est un scientifique médiatique comme #François_Gemenne ? On peut se faire mousser en se payant un petit bad buzz par la #culpabilisation des individus possédant un chat. Ou bien on peut prioriser les sujets, étant entendu que dans l’absolu, oui, toutes les activités humaines polluent et ont un impact sur la biodiversité. Comment procéder ?

    - Aller du plus systémique au moins systémique : critiquer le capitalisme (ou ses sous-catégories : marché immobilier, #agro-industrie, industrie pétrolière etc.), qui conduit les entreprises et les individus à chercher la production permanente et l’exploitation permanente dans un monde aux ressources finies, plutôt que les chats, qui se contentent de vivre et de paresser sans chercher à performer ou faire preuve de leur respect de la “valeur travail”.
    - Aller du plus impactant au moins impactant : oui, la nourriture des chiens pollue, mais l’industrie de la viande dans le monde est une bombe climatique. Mais peut-être est-il moins gênant de vexer Frolic et Royal Canin que Fleury Michon et Fabien Roussel ?
    – Aller du plus superflu au moins superflu : dans l’ordre, commencer à interdire les yachts et les vols en jet privé avant de s’en prendre à la voiture individuelle serait une bonne chose. Sans quoi, personne ne comprend la demande d’un effort à forte conséquence sur son mode de vie quand, pour d’autres, ce sont les loisirs qui seraient visés.

    Ensuite, puisqu’il faut trancher, que ces choix se fassent démocratiquement. Pour préserver la biodiversité, préfère-t-on interdire la chasse ou limiter le nombre de chats par personne ? Veut-on sortir du modèle agricole productiviste orienté vers la production de viande ou interdire les chiens ? Et si on rappelait au passage que les #animaux_de_compagnie sont parfois la seule famille des personnes seules et fragilisées, notamment parmi les personnes pauvres, et qu’ils fournissent des services à la population, non quantifiable sur le plan financier ?

    Bref, préférez-vous en finir avec les chatons ou avec la bourgeoisie ? De notre côté, la réponse est toute trouvée.

    https://www.frustrationmagazine.fr/chats-ecologie

    #chats #chat #écologie #animaux_domestiques #industrie_agro-alimentaire #priorité #à_lire

  • BLOOM Association Les mensonges gouvernementaux sur les chalutiers géants - BLOOM Association
    https://bloomassociation.org/le-mensonge-ehonte-du-secretaire-detat-a-la-mer-devant-les-francai

    Le 28 novembre dernier, une digue de plus a lâché.

    Sur le plateau de l’émission « Les super-pouvoirs de l’océan » présentée par Léa Salamé et Hugo Clément, le secrétaire d’État à la mer Hervé Berville a menti aux Françaises et Français de façon répétée et délibérée.

    Il a osé affirmer plusieurs fois que les navires-usines géants et les chalutiers étaient interdits dans les aires marines protégées (AMP) ! Alors qu’il est lui-même l’artisan de cette réalité française aberrante : NON, les engins de pêche destructeurs et la pêche industrielle ne sont pas interdits dans les aires marines protégées.

    Fact-checking d’une parole gouvernementale qui a perdu attache avec la forme la plus élémentaire d’intégrité.

    • Reçu de Bloom, par mail :
      Les lobbies ont gagné
      Oui, le temps d’une manche, les lobbies de la pêche industrielle ont gagné.
      Les temps leur sont particulièrement favorables, on ne va pas se raconter d’histoires, mais ce gouvernement est loin d’être le premier à obéir fidèlement au diktat des lobbies industriels, notamment bretons. La différence aujourd’hui, c’est qu’on est justement en 2023 et que la société tout entière parle de transition, mais la pêche industrielle a réussi à obtenir un passe-droit de l’Élysée lui évitant de remettre en cause ses pratiques destructrices. Deux jours avant le début de la COP28, c’est ce qu’Emmanuel Macron a confirmé à un parterre d’industriels exultant de joie.

      Le Noël des industriels

      Le 28 novembre, c’était Noël avant l’heure pour les partisans des pêches destructrices : alors que le soir, le secrétaire d’État à la mer Hervé Berville protégeait les chalutiers géants en mentant en toute impunité sur les plateaux de télévision, le Président de la République en personne s’adressait l’après-midi même à Nantes aux ardents défenseurs du chalut et de l’économie maritime extractive.
      Dans un discours-fleuve de plus d’une heure aux « Assises de l’économie de la mer », Emmanuel Macron a tenu aux industriels et aux élus le discours de leurs rêves. En substance, il leur a garanti que rien ne changerait jamais, que la recette du désastre pourrait se poursuivre ad vitam aeternam, que les aides au gasoil continueraient à pleuvoir, que le secteur de la pêche industrielle n’aurait jamais à se remettre en question et que la « transition » ne serait ni écologique, ni sociale.
      En somme, le chef de l’État a assuré qu’il n’était nul besoin de remettre en cause le modèle industriel dès lors que celui-ci résumait sa « transition » à la seule décarbonation. Le discours d’Emmanuel Macron était surréaliste. Chez BLOOM, on a dû se pincer pour y croire.
      Aucune mention de la mauvaise santé des écosystèmes marins, de l’extinction de masse des espèces vivantes, de l’impact à proprement parler délirant des pêches industrielles sur la biodiversité (les chaluts sont responsables à 93% de l’ensemble des animaux rejetés morts à la mer par les navires de pêche chaque année en Europe), de la nécessité de restaurer les habitats, de laisser repousser les forêts sous-marines composées de coraux, d’algues corallifères, d’éponges et d’organismes calcaires menacés par l’acidification et le labour des chaluts.
      Aucune mention, cela va sans dire, de la resuspension du carbone stocké dans les sédiments marins par le passage constant des bulldozers sous-marins que sont les chalutiers ni de l’absolue, incontournable, urgentissime nécessité de maintenir les fonctions de régulateur climatique de l’océan.

      Ce que l’Élysée défend : l’importation du poisson par avion

      De justice sociale aussi, nulle mention. Même si en pulvérisant les écosystèmes marins, les pêches industrielles conduisent inévitablement à la ruine sociale et économique.
      Il faut avoir à l’esprit l’histoire récente pour prendre la mesure du modèle que le pouvoir défend : après avoir anéanti les populations de poissons proches des côtes, les chalutiers industriels sont allés plus au large. Ayant fait péricliter les poissons au large, ils sont allés les chercher dans les eaux distantes d’Afrique. Simultanément, ils ont aussi « enfoncé » leurs filets jusqu’à 2000 mètres de profondeur. Ils ont massacré des écosystèmes de coraux d’eau froide aussi vieux que les pyramides d’Égypte et des animaux profonds à la longévité extrême qui avaient jusque-là toujours été épargnés par les filets géants des chalutiers. Ils ont pillé les ressources des pêches vivrières du continent africain et mis en péril des pans indispensables de la sécurité alimentaire du Sud.
      Les pêches industrielles reposent sur une surexploitation séquentielle : la logique financière qui préside à leur modèle impose d’aller chercher toujours plus loin, plus profond, de nouvelles espèces à commercialiser, peu importe le chaos social, peu importe la destruction de masse du vivant et la déforestation sous-marine à grande échelle.
      La pêche industrielle est irresponsable, vorace et immorale. Osons le mot.
      Voyez ce que le port de Lorient s’apprête à faire pour comprendre que le drame ne prendra fin qu’avec la disparition de la pêche industrielle.
      Lorient, premier port industriel de France, premier responsable de la ruine des pêcheurs artisans français et du siphonnage des eaux de l’Atlantique Nord-Est, est en train d’investir au Sultanat d’Oman dans la construction d’un port immense pour piller les eaux encore intactes de la Mer d’Arabie et importer à terme du poisson… par avion !
      Voilà le modèle ahurissant que soutient notre gouvernement.
      Il arrive que les lobbies gagnent la bataille, mais ils doivent perdre la guerre

      Le 10 décembre 2013, il y a exactement dix ans, lors d’un vote cataclysmique à Bruxelles, le Parlement européen se prononçait en faveur de la destruction des océans profonds. Toutes les magouilles avaient été déployées contre la mobilisation citoyenne et scientifique orchestrée par BLOOM en vue d’interdire le chalutage en eaux profondes. L’ordre de vote avait été changé à la dernière minute, certains députés s’étaient sincèrement trompés, d’autres avaient fait semblant de se tromper pour être fidèles aux lobbies…
      Après quatre ans de campagne contre l’aberration du chalutage en eaux profondes, nous perdions le vote à neuf voix près. C’était un coup terrible.
      On aurait pu s’avouer vaincus. C’était très mal engagé, les lobbies avaient rallié à leur cause les États membres et le Parlement européen, l’horizon était bouché. Mais ce n’était pas juste. Ce n’était pas acceptable. Si nous jetions l’éponge, alors qui allait défendre les écosystèmes profonds ? Qui allait dénoncer ce modèle de ravages et de ruines de la pêche industrielle ? Qui se battrait pour l’intégrité physique et biologique de l’océan face au changement climatique et à la disparition des espèces ?
      La raison disait « c’est impossible à gagner ». Le cœur disait « plutôt mourir que d’abandonner ».
      Nous avons poursuivi le combat. Avec vous à nos côtés. Vous avez mis une telle pression à Intermarché, dont les flottes étaient les acteurs dominants de la pêche profonde, que nous avons fini par gagner. Il a fallu trois ans de plus, mais en juillet 2016, le chalutage en eaux profondes était interdit dans toutes les eaux de l’Union européenne.
      Voilà ce que nous devons recommencer. Gagner coûte que coûte.
      C’est notre persévérance à toute épreuve et votre mobilisation indéfectible à nos côtés qui peuvent et qui DOIVENT façonner le monde pour nous protéger des dégâts irréparables causés par une poignée d’individus et de corporations sans foi ni loi.

  • [pub] Les extraits du « Côté obscur de la force » : « Pendant la crise des “gilets jaunes”, jamais une surveillance aussi massive n’avait été déployée »

    Dans un livre qui paraît chez Flammarion mercredi 11 octobre, le journaliste Vincent Nouzille propose une enquête très fouillée sur ce qu’il appelle les « dérives du ministère de l’intérieur et de sa #police ». « Le Monde » publie en avant-première des extraits concernant le mouvement social qu’a connu la France en 2018.
    Par Vincent Nouzille

    Bonnes feuilles. C’est un secret d’Etat jusque-là bien préservé que nous dévoilons ici : en pleine crise des « #gilets_jaunes », les services de renseignement français ont mis sur #écoute et géolocalisé des milliers de #manifestants. Jamais une #surveillance aussi massive n’avait été déployée. Jamais autant d’individus en même temps n’avaient été concernés. Jamais de tels moyens techniques n’avaient été combinés pour savoir où des citoyens allaient se rendre, et tenter d’interpeller en amont ceux qui étaient suspectés, à tort ou à raison, de s’apprêter à commettre des violences.

    Selon les témoignages de plusieurs responsables de la police et du #renseignement, si le cadre légal a été formellement respecté, certaines de ces surveillances ont été décidées et avalisées sur la base de critères flous et dans la précipitation. « C’était la panique au sommet du pouvoir et dans les services, explique une source au ministère de l’intérieur. Le mouvement des “gilets jaunes” se transformait chaque samedi en insurrection. Il fallait sauver la République. Nous avons donc ratissé large1. »
    Au lendemain de la journée du 1er décembre 2018, où la violence est montée d’un cran, notamment à Paris avec le saccage de l’Arc de triomphe et au Puy-en-Velay avec l’incendie de la préfecture, le ministre de l’intérieur, #Christophe_Castaner, et son secrétaire d’Etat, #Laurent_Nuñez, décident de changer de stratégie. Ils exigent que le dispositif de sécurité soit plus mobile et demandent davantage d’interpellations en amont. Ils souhaitent surtout une surveillance ciblée de toute personne présumée violente. (…)

    Les services de renseignement ont déjà dans leurs radars des individus classés à l’ultragauche et à l’ultradroite, beaucoup étant « #fichés_S » (pour « sûreté d’Etat »). En revanche, la plupart des « gilets jaunes » sont inconnus. Dans les premiers temps, les services peinent à repérer des « leaders » d’un mouvement aussi éruptif que peu organisé. (…) Le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, s’inquiète des activistes provinciaux que ses équipes ne connaissent pas et qui risquent de « monter » à Paris pour y semer des troubles chaque samedi.
    Face aux risques de désordre qui se propagent, les « gilets jaunes » étant insaisissables et se déplaçant sans arrêt, la donne change. « Nous allons maintenant travailler sur cette nouvelle population », glisse, de manière elliptique, Laurent Nuñez à propos des « gilets jaunes », lors d’une audition au Sénat le 4 décembre. Durant la seule journée du 8 décembre 2018, 724 personnes sont placées en garde à vue dans toute la France, souvent avant même qu’elles ne commencent à manifester. Les samedi 15 et 22 décembre, le même dispositif se reproduit. Les différents services ont commencé leur surveillance de certains manifestants considérés comme potentiellement dangereux. Et cela avec l’aval des plus hautes instances, qui ont donné leur feu vert à l’emploi massif des « techniques de renseignement », les « TR » dans le jargon des initiés. (…)

    L’emploi des #techniques_de_renseignement ne peut être justifié que pour la défense nationale, la protection des intérêts majeurs du pays, la lutte contre l’espionnage économique et scientifique, la prévention du terrorisme, du crime organisé et de la prolifération d’armes de destruction massive. Mais elles sont aussi autorisées pour la prévention des « atteintes à la forme républicaine des institutions », de la « reconstitution de groupements dissous » ou des « violences collectives de nature à porter gravement atteinte à la paix publique ». C’est principalement ce dernier motif – appelé « 5-C » par les spécialistes, et déjà employé lors de l’évacuation de la #ZAD_de_Notre-Dame-des-Landes au printemps 2018 – qui va être utilisé à grande échelle lors de la crise des « gilets jaunes ».

    En décembre 2018, les requêtes de « TR » affluent brutalement (…). Même si les données publiées dans les rapports annuels de la CNCTR [Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement] sont imparfaites, elles donnent un aperçu de cette montée. Les demandes motivées par la « prévention des violences collectives » passent de 6 % de l’ensemble des requêtes en 2017 à 14 % en 2019, ce qui représente une augmentation de 133 % et un cumul de plus de 20 000 demandes en trois ans2 ! Dans le détail, le compteur des « géoloc », déjà en forte croissance les années précédentes, s’affole, passant de 3 751 demandes en 2017 à 5 191 en 2018, puis à 7 601 en 2019, soit un doublement en deux ans et la plus forte progression des techniques de renseignement. Quant aux écoutes, elles se multiplient aussi sur la même période, passant de 8 758 en 2017 à 12 574 en 2019, soit une croissance de 43 % en deux ans. Globalement, cette surveillance a concerné au moins 2 000 personnes entre fin 2018 et fin 2019. (…)

    La pression est telle que le centre d’écoute, basé aux Invalides, doit faire appel à des renforts d’effectifs pour les week-ends. De plus, le nombre de lignes téléphoniques écoutées simultanément a rapidement atteint le maximum autorisé3, ce qui a conduit Matignon à rehausser ce contingent en juin 2019 pour atteindre 3 800 lignes, dont 3 050 réservées au ministère de l’intérieur. Les « grandes oreilles » sont employées à grande échelle.
    Au siège de la CNCTR, un bâtiment sécurisé caché au fond d’un jardin de la rue de Babylone, dans le 7e arrondissement, la tension est maximale chaque fin de semaine à partir de décembre 2018. (…) « C’était l’enfer. Tous les services voulaient un feu vert dans la soirée de vendredi. La Commission n’avait pas forcément le temps de vérifier les motivations indiquées dans les centaines de demandes », précise un de ses membres, qui n’a pas eu son mot à dire sur ces décisions.

    (…) Beaucoup de manifestants ciblés sont ainsi repérés en direct, dans leurs déplacements en voiture, en train, jusqu’à Paris, ou vers d’autres grandes métropoles où se déroulaient des rassemblements importants. Ignorant qu’ils sont géolocalisés grâce à leur téléphone, certains sont interpellés sur les routes, aux péages, dans les gares ou près des lieux de leur résidence. Seize personnes, présentées par la police comme des « black blocs » ou des « ultrajaunes », seront arrêtées à 12 h 30 le samedi 7 décembre 2019, dans une maison louée avenue du Général-Leclerc, au Bouscat, près de Bordeaux, et les locaux perquisitionnés.
    Leur localisation a été rendue possible, affirmeront les enquêteurs, grâce à la découverte faite dans la nuit de tags anti-police peints dans le quartier et sur la foi d’« investigations d’environnement » effectuées le matin même. Mais les détails de ces « investigations d’environnement » ne seront pas versés en procédure, car, selon l’officier de police judiciaire chargé de l’enquête, elles « provenaient d’informations classifiées ». Ce qui correspond à des renseignements de surveillance émanant des services.

    La #géolocalisation permet également de suivre le parcours des « cibles » durant les manifestations. Les trajets sont visualisés en direct sur des écrans. (…) Chaque cible est alors colorée selon son appartenance présumée : rouge pour des cibles de l’ultragauche, bleu pour l’ultradroite. (…)

    D’autres « gilets jaunes » font l’objet d’un traçage en direct hors des manifestations habituelles du samedi. Le dimanche 14 juillet 2019, juste avant le défilé traditionnel des armées sur les Champs-Elysées, les services reçoivent des alertes sur la présence de « gilets jaunes » dans les parages, alors que le périmètre a été interdit à toute manifestation sur ordre du préfet de police. Plus grave : ils soupçonnent une attaque contre le président de la République, Emmanuel Macron. Au vu du risque de « trouble grave à l’ordre public », des surveillances téléphoniques sont aussitôt autorisées, pour quelques jours, sur plusieurs cibles, avant d’être levées faute de menaces avérées. Coïncidence ? Ce jour-là, parmi les près de 200 personnes interpellées dans Paris en marge du défilé, trois leaders connus des « gilets jaunes », Eric Drouet, Maxime Nicolle et Jérôme Rodrigues, sont arrêtés dès le matin aux alentours des Champs-Elysées et placés en garde à vue, avant d’être relâchés dans l’après-midi, une fois les procédures lancées ou classées sans suite. Les techniques de surveillance sont également utilisées de manière intensive pour repérer les manifestants contre le sommet du G7 qui se tient à Biarritz du 24 au 26 août 2019. (…)

    La fin du mouvement des « gilets jaunes » en 2020, suivie de la longue crise sanitaire, n’a pas stoppé cette surveillance ciblée. Au contraire. Selon les données de la CNCTR, chargée de filtrer les requêtes des services, les demandes d’écoutes et de poses de balises pour tous types de motifs sont restées stables à un niveau élevé depuis 2020. Celles portant sur des intrusions dans des lieux privés ont fortement augmenté, tout comme celles sur la captation de données informatiques. Quant aux demandes de géolocalisation en temps réel , très prisées lors des manifestations, elles ont continué leur irrésistible ascension, de 7 601 en 2019, jusqu’à 10 901 en 2022 , un nouveau record.

    Notes de bas de page :
    1- Entretiens avec l’auteur. La plupart des sources de ce prologue ont requis l’anonymat, vu le caractère sensible des informations livrées ici. Les dates des entretiens ne sont pas précisées.
    2 - Nombre des requêtes de TR motivées par les motifs de prévention des violences collectives : 4 226 en 2017 (soit 6 % du total des 70 432 demandes) ; 6 596 en 2018 (soit 9 % des 73 298 demandes) ; 10 296 en 2019 (soit 14 % du total des 73 543 demandes). Source : rapports annuels de la #CNCTR.
    3 - Le contingent d’écoutes était de 3 040 depuis 2017, déjà passé à 3 600 en juin 2018.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/09/les-extraits-du-cote-obscur-de-la-force-pendant-la-crise-des-gilets-jaunes-j
    les (...) du texte sont du journal

    edit #police_politique #solutionnisme_technologique #écologie_radicale #SLT #extinction_rebellion ...

    #manifestations #livre

    • « Le Côté obscur de la force », enquête sur la part d’ombre des pratiques policières
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/09/le-cote-obscur-de-la-force-enquete-sur-la-part-d-ombre-des-pratiques-policie

      L’enquête de Vincent Nouzille qui paraît le 11 octobre chez Flammarion fait la lumière sur deux tendances de fond aux lourdes conséquences sur les libertés publiques : la multiplication des entraves au droit de manifester et le développement de la surveillance de masse.

      Livre. Depuis P… comme police, d’Alain Hamon et Jean-Charles Marchand (Alain Moreau, 1983), les livres d’enquête sur une institution aussi décriée que propice aux fantasmes n’ont pas fait défaut. Il manquait toutefois, dans ce catalogue, un ouvrage consacré aux plus récentes années, un livre qui serait à la fois une mise en perspective de maux endémiques (comme la difficulté à admettre l’existence de violences policières, fussent-elles répétées et objectivées) et un exercice d’analyse prospective sur des pratiques policières renouvelées, bien souvent inquiétantes. Vincent Nouzille, journaliste rompu aux investigations documentées, comble cette lacune en explorant Le Côté obscur de la force (Flammarion, 512 pages, 23 euros).
      Si elle n’oublie pas les figures imposées et traite notamment de la persistance de réseaux d’influence souterrains au sein du ministère de l’intérieur, son enquête aide avant tout à mettre en lumière deux tendances de fond aux lourdes conséquences sur les #libertés_publiques. La première tient à la multiplication des entraves au #droit_de_manifester grâce à la mobilisation de toutes les ressources judiciaires possibles, parfois au moyen de procédés à la limite du dilatoire. La seconde tendance concerne la mise en œuvre de techniques de surveillance de masse.
      Noyés dans les rapports officiels et les interventions des autorités policières, les chiffres exhumés par l’auteur montrent que des milliers d’individus ont fait l’objet d’une surveillance étroite, une vaste entreprise de « renseignement » décidée au plus haut sommet de l’Etat lors de la crise des « gilets jaunes » et prolongée depuis. La pérennisation de ces techniques fait craindre une extension du domaine panoptique, rendue probable par le test grandeur nature des Jeux olympiques et paralympiques de Paris en 2024. « Il est assez vraisemblable, prévient Vincent Nouzille, que les enseignements qui en seront tirés inciteront ses promoteurs, notamment toute la filière de la sécurité qui piaffe d’impatience, à vouloir en tirer parti pour passer à la vitesse supérieure. » Et accélérer un mouvement, manifestement déjà bien engagé, de surveillance généralisée.

      "Ils ne peuvent plus s’en passer" : un livre révèle une "flambée" des écoutes depuis les "gilets jaunes"
      https://www.radiofrance.fr/franceinter/ils-ne-peuvent-plus-s-en-passer-un-livre-revele-une-flambee-des-ecoutes-

      (...) il y a eu au moins 2.000 personnes écoutées ou géolocalisées pendant la crise des « gilets jaunes ». Jamais on n’avait écouté autant de monde en même temps lors d’une crise sociale. Cela a permis aux services de renseignement et services de police, d’une part d’écouter, mais surtout de suivre les #mouvements de ces manifestants et d’en interpeller certains en amont des manifestations. Cela a été, selon eux, extrêmement efficace. Les [représentants] officiels me disent que tout a été fait dans les règles. Mais vu le nombre de demandes et vu, surtout, l’afflux soudain des demandes, nous pouvons nous poser des questions sur les contrôles qui ont pu être exercés en la matière."

      Vous montrez également que cette surveillance n’a pas pris fin après cet épisode des « gilets jaunes »...

      "On aurait pu croire qu’avec la fin de la crise des « gilets jaunes », début 2020, cette surveillance diminue. Or, ce n’est pas du tout ce qui s’est passé, au contraire. En fait, les responsables du service de renseignement m’ont confié qu’ils y avaient pris goût et ne pouvaient plus se passer des écoutes, et surtout des géolocalisations en temps réel, qui permettent de savoir où sont les personnes que l’on veut surveiller. Le nombre des personnes qui ont été surveillées "au titre des violences collectives", comme on dit dans le jargon, a atteint 3.500 en 2021, c’est à dire trois fois plus qu’en 2017. Nous avons donc bien eu une extension de la surveillance à un nombre beaucoup plus grand de personnes.

      Il y a ensuite eu un léger repli en 2022, mais, début 2023, je révèle qu’il y a eu un nouvel accord de la Commission nationale des techniques de renseignement pour élargir les critères de la surveillance et des possibilités d’écoutes à des personnes qui font partie des mouvements de l’écologie radicale. C’est le cas de certains membres des Soulèvements de la Terre, d’Extinction rébellion et d’autres, notamment toutes les personnes qui ont lutté contre les méga-bassines. Cette commission a décidé fin 2022, début 2023, de changer les critères et d’accepter un certain nombre de demandes des renseignements qu’elle avait jusqu’alors refusées. Par exemple, lorsqu’a eu lieu la première manifestation à Sainte-Soline, en octobre 2022, les services de renseignement avaient fait des demandes d’écoute d’un certain nombre de leaders des mouvements, et cela n’avait pas été accepté par cette commission. Mais vu la violence et les incidents qui ont eu lieu fin octobre, l’intrusion ensuite dans la cimenterie Lafarge, près de Marseille, qui a eu lieu en décembre, et d’autres incidents de ce type, cette Commission de contrôle des techniques de renseignement a décidé d’élargir les critères d’écoute en acceptant désormais des cas de demandes de personnes qui sont susceptibles de commettre des violences non pas physiques, mais des #violences_matérielles, de destruction, de #sabotage."

      #justice #enquêtes_judiciaires #JO #gendarmerie #Service_central_de_renseignement_territorial #RT

  • 🛑 Un militant d’Extinction Rebellion passe 24 heures en garde à vue après avoir dénoncé deux projets de Total

    Une dizaine de militants d’Extinction Rebellion a réalisé une performance devant le tribunal judiciaire de Strasbourg mardi 3 octobre pour dénoncer des projets du groupe pétrolier Total. Un militant a été interpellé et placé en garde à vue (...)

    #écologie #GAV #ExtinctionRebellion #Total #répression

    https://www.rue89strasbourg.com/militant-extinction-rebellion-garde-vue-mise-en-scene-tribunal-deno

  • Des militants européens venus manifester en France se retrouvent bannis du territoire

    Cinq #antifascistes italiens ont été arrêtés mardi 6 juin. Ils avaient participé à la manifestation en hommage à Clément Méric et risquent l’expulsion. Avant eux, un Suisse, une Allemande et un Belge ont subi le même sort, avant d’être placés en rétention et renvoyés dans leur pays.

    DepuisDepuis plusieurs mois, le ministère de l’intérieur multiplie les obligations de quitter le territoire français (OQTF) et les interdictions administratives du territoire (IAT) à l’égard de militantes et militants européens venus manifester en France, au prétexte qu’ils représentent une « menace réelle » pour le pays.

    Chaque fois, le procédé est le même : les personnes sont interpellées avant, pendant ou après une manifestation organisée sur le sol français, placées en centre de rétention administrative (CRA) puis expulsées lorsque le juge des libertés et de la détention ou le tribunal administratif ne décide pas de leur libération.

    Les militant·es ont alors interdiction de revenir en France, même lorsqu’ils y ont des attaches ou des liens familiaux. Pour les manifestant·es concerné·es comme pour les acteurs associatifs, ces pratiques du ministère s’apparentent à une nouvelle façon de mater les mobilisations dans le cadre de luttes politiques, sociales ou écologistes, à l’heure où l’« ultragauche », l’« écoterrorisme » et le « terrorisme intellectuel de l’extrême gauche » sont largement pointés du doigt par Gérald Darmanin.

    « Les services de renseignement anticipent la participation à la journée nationale d’action de mardi de membres de l’ultragauche venus de l’étranger », avait ainsi annoncé le ministre de l’intérieur dans un tweet le 4 juin, se targuant d’avoir déjà pris dix-sept interdictions administratives du territoire pour « empêcher ces individus de rejoindre les cortèges et le cas échéant de faciliter leur interpellation ».

    Interrogé sur les cas spécifiques que nous documentons dans cet article, le ministère de l’intérieur ne nous a pas répondu.

    Parmi eux, plusieurs ressortissantes et ressortissants italiens venus participer à la manifestation en hommage à Clément Méric, le week-end dernier à Paris, ont été interpellés mardi 6 juin au soir dans une pharmacie d’Aubervilliers. Cinq de ces militant·es antifascistes ont été embarqué·es au commissariat, et deux ont été depuis libérés. Les trois autres, deux femmes et un homme, ont été placé·es aux CRA de Vincennes (Val-de-Marne) et du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) avec l’objectif de les expulser vers l’Italie.

    Mais leur audience devant le juge des libertés et de la détention jeudi 8 juin est venue contrarier la décision du ministère de l’intérieur et permettre leur sortie du CRA ; le juge estimant que la mesure, qui ne correspond pas à une mesure d’éloignement classique et reste limitée dans le temps, « visait à les évincer de la tenue d’une manifestation » et qu’il y avait eu là « un détournement des conditions ouvrant au placement en rétention administrative ».

    Selon nos informations, tous les trois font ainsi l’objet d’une interdiction administrative du territoire. Mais, fait surprenant, il s’agit d’une IAT temporaire, prise le 2 juin et allant jusqu’au 11 juin, ce qui est peu courant. La mesure, qui permet d’empêcher un étranger d’entrer en France lorsque sa présence constitue un danger grave comme des activités terroristes, peut concerner tous les étrangers, y compris les Européens. La personne concernée ne peut demander son retrait qu’au bout d’un an. Le ministère de l’intérieur doit réexaminer les motifs de l’IAT tous les cinq ans et peut l’abroger à tout moment.

    « Le ministère de l’intérieur tente sans avoir besoin de se justifier et voit ce qu’il se passe ensuite. On dépose des recours, mais les délais en justice sont longs », estime Me Camille Vannier, avocate particulièrement engagée sur ce type de dossiers. Des recours visant à contester l’IAT de ces militantes et militants antifascistes italiens devraient être déposés dans les jours qui viennent devant la justice. « Cela remet encore plus en question le droit de manifester en France et de circuler au sein de l’Union européenne », ont dénoncé leurs soutiens dans un communiqué.

    C’est aussi le cas de Lou*, 24 ans, originaire de Suisse et venu le 23 mars en France en vue de participer à des conférences sur l’accès à l’eau et « éventuellement » à la manifestation contre la mégabassine à Sainte-Soline le 25 mars. Il a été interpellé à Melle (Deux-Sèvres), la veille de la manifestation, lors d’un contrôle du véhicule qui le transportait, suivi d’un contrôle d’identité qui a tout fait basculer. « Les policiers ont dit qu’il y avait un souci avec moi. Ils m’ont dit : “Vous, vous vous écartez, vous savez pourquoi.” »

    Le jeune homme affirme ne pas savoir ce qui lui est reproché à ce moment-là. Les gendarmes finissent par lui expliquer qu’il est « interdit de territoire » en France. Lou tombe alors des nues et se voit contraint de les suivre au commissariat. « Au départ, raconte-t-il, je pensais que je sortirais dans la soirée. » Ses amis, qui n’ont pas été ennuyés après le contrôle d’identité, décident de l’attendre. Il passe finalement la nuit en cellule, après un échange avec une agente de police judiciaire qu’il juge « extrêmement cassante », dans le cadre d’une retenue administrative.

    « Dès le départ, quand je suis entré dans son bureau, j’ai été traité comme un ennemi et une personne dangereuse. Elle ne m’a pas laissé appeler mes proches. J’ai pu appeler une avocate mais elle a précisé que si elle ne répondait pas, je n’en aurais pas. » Le jeune homme, qui envisageait de participer à la manifestation de Sainte-Soline, avait pris soin de mémoriser le numéro de téléphone d’une avocate spécialisée – comme beaucoup de manifestant·es aujourd’hui. « Heureusement, elle a répondu alors qu’il était tard le soir. Elle était là le lendemain matin. »

    Il découvre qu’il fait l’objet d’un arrêté ministériel portant interdiction administrative du territoire « en raison de son comportement personnel », qui lui est alors notifié en présence de l’avocate. Sur le document que nous avons pu consulter, daté du 23 mars – soit le jour de son entrée en France et deux jours avant la manifestation de Sainte-Soline –, il est indiqué qu’il « constituerait une menace réelle, actuelle et suffisamment grave pour un intérêt fondamental de la société » et « qu’il y a urgence à [l’]éloigner du territoire français » vers la Suisse. Puis, plus loin : « Le suivi dont il a fait l’objet à ce titre a mis en évidence la gravité de la menace sur l’ordre et la sécurité publics qu’il représente. »
    « Le CRA et les joyeuses procédures qui vont avec »

    Lou raconte son transfert ultra-sécurisé jusqu’au CRA de Bordeaux le samedi soir, menotté durant tout le trajet, « à 160 km/heure sur l’autoroute » et avec un changement de véhicule sur un parking, de nuit, comme s’il était « au milieu d’un trafic de drogue ou pire encore ». « Ensuite, j’ai eu la chance de découvrir le CRA et les joyeuses procédures qui vont avec », ironise-t-il.

    Il y passe trois nuits avant de découvrir le mardi, lors de son passage devant la juge des libertés et de la détention (qui refuse de le libérer), qu’il est également fiché S. Sa quatrième nuit au CRA sera la dernière : il est renvoyé en Suisse mercredi 29 mars par avion.

    À ce jour, Lou ne comprend toujours pas pourquoi il fait l’objet de cette interdiction administrative d’entrée et de séjour en France. Il affirme n’avoir « jamais eu affaire à la police » sur le sol français. Celui qui se décrit comme un militant écologiste explique avoir commencé à participer à des actions de désobéissance civile en 2019 uniquement en Suisse, notamment avec Extinction Rebellion. Il dit avoir relayé, sur les réseaux sociaux, des appels à manifester à Sainte-Soline, mais aussi, depuis environ deux ans, des informations sur les violences policières.

    Le jeune homme a fait l’objet d’une condamnation en 2021, pour opposition aux actes de l’autorité et insoumission à une décision de l’autorité, après avoir bloqué une place publique dans le cadre d’une action et avoir refusé d’évacuer les lieux lorsque les forces de l’ordre le lui ont demandé, en septembre 2020. Des faits qui lui ont valu une amende et devraient être effacés de son casier le 15 juin prochain. « Des choses pas très graves », balaie-t-il, précisant que l’action était « pacifique ».

    Me Vannier, l’avocate de Lou, pointe une « chasse aux militants » et aux manifestants, de manière « totalement aveugle ». « Son cas en est emblématique. Il n’y a aucun détail, aucune motivation derrière cette interdiction de territoire, ce qui est très inquiétant. C’est un laboratoire de répression qui est réutilisé pour d’autres. » Le cas de son client serait le premier d’une longue série à venir, craint-elle.

    « C’est déjà en train de s’étendre, constate Paul Chiron, chargé du soutien et des actions juridiques à La Cimade, association de défense des droits des étrangers. On était surpris pour le Suisse et on retrouve le même schéma pour les Italiens. C’est un détournement du droit des étrangers et de la lutte antiterroriste. »

    Dans un registre très similaire, deux autres militant·es, un Belge et une Allemande, Julia*, ont aussi fait l’objet d’une interpellation dans le cadre d’une manifestation organisée en France et ont été placé·es en CRA en vue de leur éloignement vers leur pays d’origine, en mars et mai derniers. Bien qu’ils ne soient pas visés par une IAT, ils ont aussi eu l’interdiction de circuler sur le territoire français – depuis annulée par la justice dans le cas de Julia.

    Vivant entre la France et l’Allemagne depuis son enfance, Julia a pour coutume de manifester, où qu’elle se trouve, pour la journée internationale des travailleurs et des travailleuses. Ce 1er mai, elle est à Paris en vacances et participe avec des ami·es au rassemblement qui prend la direction de la place de la Nation.

    D’après son récit, il est 16 heures lorsqu’elle est interpellée après une charge policière : « Au moment où les CRS foncent vers nous, tout le monde commence à fuir. Je trébuche et me fais matraquer au sol, avant de me faire menotter, retrace-t-elle. J’ai eu l’impression que c’était complètement arbitraire, ça aurait pu être moi comme la personne à côté. » Elle est interpellée en possession d’une bombe de peinture, de pétards et d’une paire de lunettes de piscine, et n’est pas connue des services de police.

    Elle est ensuite embarquée dans un fourgon qui doit la conduire au commissariat. Dans le véhicule, elle affirme avoir assisté à une scène cocasse, où un fonctionnaire de police s’agace en découvrant que la fiche d’interpellation est incomplète. « Ceux qui m’ont interpellée n’avaient pas coché les faits qui m’étaient reprochés, raconte Julia. Les policiers débattent dans la voiture pour décider quelle case cocher : “On ne va pas noter port d’armes ?”, interroge celui qui tient la fiche d’interpellation. “Par contre, on lui met jet de projectiles”. » Des faits qui apparaissent sur sa fiche d’interpellation que nous avons pu consulter, mais pour lesquels elle n’est finalement pas poursuivie.
    Refus de signer pour un avertissement pénal

    Au commissariat, elle est immédiatement placée en garde à vue et passe la nuit dans une cellule « immonde », jonchée de déchets, et équipée d’un petit matelas et d’un seul plaid, qu’elle doit partager avec une autre gardée à vue. Le lendemain, Julia est conduite au tribunal de Paris et passe de longues minutes enfermée sans être fixée sur son sort.

    Elle est finalement présentée à un substitut du procureur qui lui propose de signer un avertissement pénal probatoire (APP), une procédure qui vaut reconnaissance de culpabilité, mais permet d’échapper aux poursuites.

    Il lui est reproché les infractions suivantes : « rébellion », « participation à un groupement en vue de commettre des actes de violence et de dégradation », « dissimulation volontaire du visage » et « outrage » envers un agent de police pour avoir craché à ses pieds. Elle indique seulement avoir voulu expulser les fumées de gaz lacrymogène inspirées pendant son interpellation.

    Julia refuse de signer l’APP, car elle ne s’estime coupable de rien. « Le substitut du procureur était pressé et contrarié, mais il finit par m’indiquer que je vais pouvoir sortir libre », se remémore-t-elle. Au bout de trente minutes d’une interminable attente, enfermée dans un box vitré, elle s’étonne de n’avoir toujours pas été libérée. On l’informe alors qu’elle est désormais visée par une OQTF et qu’elle va être transférée vers le CRA du Mesnil-Amelot. « J’étais complètement choquée et abasourdie », se souvient-elle.

    Sur le document que nous avons pu consulter, daté du 2 mai, le lendemain de l’interpellation, il est indiqué, comme pour Lou, que Julia « constitue une menace réelle, actuelle et suffisamment grave pour un intérêt fondamental de la société » et « qu’il y a urgence à l’éloigner du territoire français » sans « lui accorder aucun délai de départ volontaire ». Elle est par ailleurs visée par une interdiction de circuler en France (ICTF) pendant trois ans.

    La préfecture de police de Paris justifie le placement en CRA par le risque que Julia se soustraie à son obligation de quitter le territoire, alors même qu’elle dispose d’un billet retour pour l’Allemagne, d’un logement fixe à Berlin et d’un travail stable outre-Rhin.
    1 500 euros de dédommagement pour une semaine en CRA

    Elle retient de son séjour d’une semaine en CRA une leçon de vie sur « la formidable solidarité entre femmes, qui se serraient les coudes dans la précarité » et « l’absurdité de la menace à la sécurité publique construite autour d’elles, alors qu’elles sont mères de famille, travaillent et essayent simplement de s’en sortir ». Au cours de sa semaine d’enfermement, elle est présentée à deux reprises à un juge qui confirme son maintien en rétention.

    Le 9 mai, elle quitte, menottes au poignet, le CRA du Mesnil-Amelot et se voit conduite au tribunal administratif de Melun pour une audience. Son avocate, Me Vannier, conteste devant le juge l’OQTF dont elle fait l’objet et demande l’annulation de son interdiction de circuler en France. Le tribunal satisfait entièrement à ces demandes et oblige l’État à verser à Julia 1 500 euros pour ses frais d’avocat.

    « 1 500 euros pour une semaine en CRA, je n’appelle pas ça un dédommagement », fustige Julia. Au cours de l’audience, le juge administratif inflige un camouflet au ministère public en concluant que la menace à l’ordre public n’était pas fondée.

    L’épilogue de cette semaine cauchemardesque ne rassure pas pour autant Julia, qui réfléchira désormais « à deux fois avant d’aller manifester en France ». Celle qui avait déjà participé à des rassemblements à Marseille pour le droit au logement assure toutefois qu’elle ne se laissera pas impressionner par ces décisions administratives, « qui sont faites pour intimider ». « Je continuerai à manifester avec mes amies en France », déclare-t-elle.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/090623/des-militants-europeens-venus-manifester-en-france-se-retrouvent-bannis-du

    #arrestation #manifestation #France #OQTF #IAT #interdiction_de_territoire #CRA #rétention #détention_administrative #expulsion #antifa #ultragauche #Clément_Méric #droit_de_manifester #menace #Extinction_Rebellion #chasse_aux_militants #répression

  • [Émissions spéciales] Environnement : un #climat d’insurrection
    https://www.radiopanik.org/emissions/emissions-speciales/environnement-un-climat-dinsurrection

    Un débat radio de l’Agence Alter en collaboration avec Bruxelles Nous Appartient.

    À moins d’avoir passé ces vingt dernières années dans une grotte, personne ne peut dire aujourd’hui qu’il/elle n’est pas au courant des menaces écologiques qui planent au-dessus de notre bonne vieille planète. Changement climatique, déforestation, effondrement de la biodiversité, acidification des océans, la coupe est pleine et les effets de l’anthropocène sur la terre sont chaque jour de plus en plus évidents.

    Face à ces événements, les militants environnementaux ont multiplié les manifestations, les actions de sensibilisation. Mais alors que l’horloge tourne et que rien ne semble vraiment bouger, certains s’interrogent. Faudrait-il passer à quelque chose d’autre, quelque chose de plus tranché, de plus radical comme la (...)

    #agence_alter #activisme #bna-bbot #code_rouge #antispécisme #extinction_rebellion #agence_alter,climat,activisme,bna-bbot,code_rouge,antispécisme,extinction_rebellion
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/emissions-speciales/environnement-un-climat-dinsurrection_15713__1.mp3

  • Insectes, un déclin silencieux
    https://www.youtube.com/watch?v=BCYUzjLiNqE

    Les insectes sont indispensables ! De nombreuses études menées à l’échelle nationale et internationale mettent en évidence le déclin alarmant des espèces. Souvent considérés à tort comme « nuisibles », les insectes représentent plus de deux tiers des espèces vivantes, et sont essentiels au bon fonctionnement des écosystèmes.

    Pour expliquer ces chutes de population, les systèmes de production agricoles actuels sont largement pointés du doigt mais s’agit-il de l’unique facteur ? Que dire de la relation qu’entretient l’humain à ces autres vivants ? Quelles pourraient être les solutions pour ralentir ou stopper ce déclin annoncé qui menace l’équilibre de la biodiversité ?

    Avec ---
    – Stéphane Foucart, journaliste sciences de l’environnement au journal Le Monde, auteur de l’ouvrage « Et le monde devint silencieux - Comment l’agrochimie a détruit les insectes » ;
    – Philippe Grandcolas, écologue, systématicien et biologiste de l’évolution, directeur de recherche du CNRS au Muséum national d’Histoire naturelle ;
    – Grégoire Loïs, ornithologue, directeur adjoint du programme Vigie Nature, Muséum national d’Histoire naturelle.

    Rencontre « Insectes, un déclin silencieux » du 21 novembre 2022 à l’Auditorium de la Grande Galerie de l’Évolution.
    Dans le cadre de l’exposition « Mini-Monstres » au Jardin des Plantes.

    (pas encore vu)
    #insectes #andropocène #extinction

  • #Capitalocène Quand la petite-bourgeoise se mobilise, ça implore les gestionnaires du capitalisme en bloquant la circulation ou en jetant de la purée sur des vitres. Le grand capital et ses agents s’en contrefoutent, mais pas Libération — qui leur consacre 4 pages.

    On ne va pas se mentir, on se ressemble tous. On est issus de milieux plutôt favorisés, mais c’est assumé. Nous, on peut se permettre de faire ce genre d’action, de prendre un ou deux jours de congé et d’aller en garde à vue. […] C’est pas révolutionnaire ce qu’on fait. C’est même la moindre des choses.

    C’est le moins qu’on puisse dire.

    Vivement une contagion de grèves dans toutes les entreprises pour réveiller les consciences ! Pour rappeler que le capital, on ne le rénove pas, mais on l’abat — ou bien on disparaîtra avec lui.

    #dernière_Rénovation #Just_Stop_Oil (« arrêtez le pétrole ») #Renovate_Switzerland (« rénovez la Suisse ») #Ultima_Generazione (« dernière génération ») #Extinction_Rebellion #diversion

  • Addressing Climate Change Will Not “Save the Planet”
    https://theintercept.com/2022/12/03/climate-biodiversity-green-energy

    « Sauver la planète » c-à-d freiner l’extinction des espèces

    Mainstream climate activism of the Bill McKibben variety points toward a grandly hopeful end within the confines of acceptable capitalist discourse: decarbonization of the global economy, with technologies driven by profit-seeking corporations subsidized by governments. Taking up this banner of optimistic can-do-ism, the environmental movement has convinced itself, and sought to convince the public, that with a worldwide build-out of renewable energy systems, humanity will power its dynamic industrial civilization with jobs-producing green machines while also — somehow — rescuing countless species from the brink.

    “But this happens to be a lie,” Ashe told me. “The lie is that if we address the climate crisis, we will also solve the biodiversity crisis.”

    […]

    Yes, a warmed atmosphere is projected to be a significant factor in the #extinction crisis in future decades, but what’s destroying species today is habitat fragmentation and loss, overhunting and overexploitation, agricultural expansion, pollution, and industrial development. It isn’t climate change that caused a 69 percent loss in total wildlife populations between 1970 and 2018, according to a World Wildlife Fund study published this year. The cause is too many people demanding too much from ecosystems, or human overshoot of the biophysical carrying capacity of the Earth.

  • Certaines espèces de tortues, de lézards et d’amphibiens ne vieillissent pas, révèle une étude - Géo.fr
    https://www.geo.fr/environnement/certaines-especes-de-tortues-et-damphibiens-ne-vieillissent-pas-revele-une-etude

    […] divers mécanismes de protection peuvent réduire le taux de mortalité des animaux, car ils ne se font pas dévorer par des prédateurs. Ils ont donc davantage de chances de vivre plus longtemps, ce qui les pousse à vieillir plus lentement ", explique le Pr Beth Reinke, autrice principale de l’étude et biologiste à l’université de Northeastern Illinois (Etats-Unis), citée dans un communiqué.

    Un raisonnement que l’on peut mettre en perspective avec la survenue de cancers chez les animaux, et à la surprenante résistance de l’éléphant vis-à-vis de cette maladie. « Les animaux qui ont plus de risque de mourir d’autre chose - en particulier de l’attaque d’un prédateur - ne vont pas présenter autant d’adaptations anti-cancer », observait Frédéric Thomas, interrogé par GEO.fr.

    […]

    […] malheureusement, ni la longévité ni le faible vieillissement ne protègent du risque d’#extinction. Au contraire, les animaux à longue durée de vie ont tendance à atteindre leur maturité sexuelle plus tardivement, ce qui signifie que la mortalité des individus - notamment celle d’origine humaine, avec le braconnage par exemple - a un impact plus fort sur la survie de l’espèce.

  • #April_2022 … Posters and Banners – #Scientist_Rebellion
    https://scientistrebellion.com/posters-for-april-rebellion

    We are #activists from a variety of scientific backgrounds, calling on our communities to stand in resistance to the genocidal direction of our governments, before it’s too late. If we scientists don’t act like we’re in an emergency, how can we expect the public to do so?

    We believe scientists should be resisting on the front lines, but the #resistance must be bigger than any one group. If you are not a scientist, you are welcome – behind every action is a whole community of people supporting, creating and organising. When scientists rebel it is powerful because it inspires others to rise up. By bringing scientist and activist communities together, both are empowered.

    Where We Fit Within #Extinction_Rebellion

    We work within the framework of Extinction Rebellion, following the principles and values, but adopt some new forms of organising and mobilising.

    1) Technological decentralisation. We use open source and secure technology to connect activists with others in their areas, so they can plan and carry out actions locally, with all action details fully in the hands of activists.

    2) Facilitated horizontalism. We provide action resources, guides and trainings to facilitate actions. This allows activists to completely own their actions, take initiative, and ultimately creates “mini-leaders” everywhere. It also allows for rapid growth of the movement, since there are no organisational bottlenecks.

    3) The right to act. Action is how we make our voices heard, therefore we support any non-violent action unequivocally. Strategic disagreements can tear a movement apart: we refuse to be so divided. No one knows with certainty the impacts of any action. Through application of the scientific method to activism we will discern the most effective courses. Some efforts will backfire, and we will support those unsuccessful attempts as vigorously as we support the successful, secure in the knowledge that we are working to the same goal.

    • cf. aussi : https://consortiumnews.com/2022/03/28/chris-hedges-on-being-disappeared

      #censure #youtube #social_media #extinction

      [...]

      I received no inquiry or notice from YouTube. I vanished. In totalitarian systems you exist, then you don’t. I suppose this was done in the name of censoring Russian propaganda, although I have a hard time seeing how a detailed discussion of “Ulysses” or the biographies of Susan Sontag and J. Robert Oppenheimer had any connection in the eyes of the most obtuse censors in Silicon Valley with Vladimir Putin. Indeed, there is not one show that dealt with Russia.

      I was on RT because, as a vocal critic of U.S. imperialism and militarism and, of the corporate control of the two ruling parties, and especially because I support the Boycott, Divestment and Sanctions movement against Israel, I was blacklisted.

      I was on RT for the same reason the dissident Vaclav Havel, who I knew, was on Voice of America during the communist regime in Czechoslovakia. It was that or not be heard. Havel had no more love for the policies of Washington than I have for those of Moscow.

      [...]

  • L’honneur perdu de la force hydraulique

    L’#énergie_hydraulique constitue l’épine dorsale historique de l’#approvisionnement en #électricité de la #Suisse. Et ce serait encore plus vrai aujourd’hui, dans le contexte de la #transition_énergétique. Mais celle-ci doit d’abord redorer son #image qui s’est ternie au cours des dernières décennies.

    Est-ce le sol étroit situé sous nos pieds qui tangue sous l’effet du vent, ou est-ce que ce sont les #montagnes alentour qui bougent ? Lorsqu’on traverse, saisi par le vertige, le pont suspendu et venteux tendu à 100 mètres d’altitude au-dessus de l’eau verte du Trift, dans l’Oberland bernois, on ne sait plus très bien ce qui est fixe ou en mouvement.

    Le pont du Trift se trouve au-dessus d’Innertkirchen (BE), dans une vallée latérale à 1700 mètres d’altitude, au cœur d’une des contrées montagneuses les plus paisibles de Suisse. Si l’on ose s’arrêter pendant la traversée de ce pont de 170 mètres de long, on aperçoit un cirque sauvage ruisselant d’eau et, tout en haut, les vestiges de l’ancien grand glacier du Trift. Cet amphithéâtre naturel est le décor de la dramaturgie conflictuelle qui se joue autour de l’exploitation de la force hydraulique.

    Apparition d’une cuvette

    Le réchauffement climatique a fait fondre à toute allure le glacier du Trift, qui recouvrait auparavant toute la cuvette. La gorge ainsi apparue mettait en danger l’ascension vers la cabane du Club Alpin Suisse, raison pour laquelle on a construit le pont suspendu en 2005. Mais le recul du glacier a également mis à nu un paysage de montagne vierge, rare et précieux.

    Ce « nouveau » bassin glaciaire éveille des convoitises. L’entreprise d’#hydroélectricité locale #KWO aimerait y construire un #barrage de 177 mètres de haut et créer ainsi un #bassin_de_retenue qui permettrait de fournir de l’électricité à près de 30 000 ménages.

    Cela pose un dilemme : KWO veut produire de l’électricité sans CO2, ce qui est indispensable pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais sacrifie pour ce faire une #nature intacte. C’est pourquoi une organisation de #protection_de_la_nature, petite mais tenace, bloque la construction du barrage-réservoir par des recours, tout en sachant que la Suisse fera sinon appel à des centrales à gaz très polluantes pour répondre à une éventuelle pénurie d’électricité. Ce qui menacera à son tour l’objectif de freiner le réchauffement climatique.

    On dirait qu’aucune argumentation ne permet de sortir de l’#impasse. Comment en est-on arrivé au point où l’énergie hydraulique, qui fut un jour le gage de pureté du « château d’eau de l’Europe », comme la Suisse aime à se présenter, doit se battre pour redorer son blason de source d’énergie écologique ?

    Moteur de la haute conjoncture

    La Suisse ne possédant pas de charbon, l’énergie hydraulique a toujours fait partie de l’équipement de base de l’économie énergétique. Mais elle est réellement entrée dans l’ADN du pays pendant la phase de haute conjoncture qui a suivi la Seconde Guerre mondiale. À un rythme frénétique, on a meublé les vallées alpines de barrages géants, et les #lacs_de_retenue ainsi créés ont permis de compter sur un approvisionnement en électricité stable, qui est devenu l’épine dorsale de la croissance économique.

    Grâce à ces constructions audacieuses dans des régions montagneuses difficiles d’accès, le petit pays alpin s’est offert une bonne dose d’#indépendance_énergétique. En 1970, avant que les premières centrales nucléaires ne soient mises en service, environ 90 % de l’électricité suisse était issue de la force hydraulique.

    Dans le boom des années 1970, les excursions familiales avaient leurs classiques : on prenait la voiture pour se rendre en Valais, à Sion par exemple, avant de monter au Val d’Hérémence pour admirer l’impressionnant barrage de la Grande Dixence. On éprouvait une sensation étrange lorsqu’on se tenait au pied de ce mur de 285 mètres, qui est aujourd’hui encore la plus haute construction de Suisse. Son ventre de béton pèse 15 millions de tonnes, davantage que les pyramides de Khéops, et c’est ce poids inouï qui lui permet de retenir le lac qui s’étend sur des kilomètres. Que se passerait-il s’il lâchait ?

    La gloire de l’énergie hydraulique a été alimentée par d’illustres ingénieurs, qui ont fait de la construction de barrages une discipline de haut niveau. Le Tessinois Giovanni Lombardi, par exemple (père de Filippo Lombardi, politicien du Centre et président de l’Organisation des Suisses de l’étranger), s’est fait un nom en 1965 avec l’élégant barrage-voûte de la Verzasca, dont la finesse a établi de nouveaux standards. Quand James Bond, dans la scène d’ouverture du film « Goldeneye », sorti en 1995, effectue un saut à l’élastique du haut du barrage, celui-ci devient une véritable icône. Giovanni Lombardi, qui a construit plus tard le tunnel routier du Gothard, est resté jusqu’à sa mort en 2017 une référence en matière d’édifices spectaculaires.

    La #redevance_hydraulique, ciment national

    La force hydraulique a consolidé non seulement le #mythe patriotique, mais aussi, de manière plus discrète, la #cohésion_nationale. Car l’eau stockée rapporte beaucoup d’#argent à la #montagne : les communes abritant les centrales électriques touchent des redevances hydrauliques pour l’exploitation de leur ressource, des sommes qui atteignent près d’un demi-milliard de francs par an.

    On peut voir ces redevances comme des transferts de fonds du Plateau économiquement fort vers les régions de montagne, qui peuvent ainsi investir dans leurs #infrastructures et lutter contre l’#exode_rural. Le Val Bregaglia, dans les Grisons, illustre bien la manière dont l’hydroélectricité soude la Suisse et comble le fossé ville-campagne : l’entreprise électrique #EKZ, à Zurich, qui a construit le barrage d’Albigna dans les années 1950, est jusqu’à ce jour l’un des plus grands employeurs de la vallée.

    Violents réflexes de rejet

    Cependant, l’exaltation mythique de l’énergie hydraulique fait parfois oublier que son extension a déclenché, très tôt déjà, de violents réflexes de #rejet au niveau local. Tout le monde se souvient du village grison de #Marmorera, au col du Julier, qui s’est résigné à être inondé par le lac du barrage du même nom en 1954, après plusieurs procédures d’#expropriation.

    « Des filiales des centrales nucléaires dans les #Alpes »

    Pour comprendre pourquoi l’énergie hydraulique a perdu son aura, l’année clé est toutefois 1986. Après des années de combat, les forces motrices #NOK ont enterré leur projet de noyer la plaine de la #Greina entre les Grisons et le Tessin pour en faire un lac de retenue. Épaulée par l’#opposition locale, une coalition de défenseurs de la nature et du #paysage issus de toute la Suisse, critiques à l’égard de la croissance, a alors réussi à mettre ce haut plateau isolé à l’ordre du jour de la politique nationale.

    La Greina est devenue le symbole de la critique écologique à l’égard du circuit de #profit de l’#hydroélectricité qui s’est liée avec une #énergie_nucléaire controversée. Le principe critiqué fonctionne ainsi : meilleur marché, l’énergie atomique non utilisée aux heures creuses est utilisée pour pomper de l’eau dans les lacs de retenue. Ainsi, les exploitants des centrales peuvent produire de l’électricité à un prix élevé durant les pics de demande et maximiser leurs gains. Axées sur le profit, ces « filiales des centrales nucléaires dans les Alpes », comme les surnomment leurs opposants, justifient-elles le sacrifice des derniers paysages naturels vierges ?

    Les limites de la croissance ?

    C’est sur cette question existentielle que s’écharpent partisans et opposants de l’extension de l’hydroélectricité depuis plus de 30 ans. De temps à autre, comme lors de la tentative – pour l’heure vaine – de réhausser le barrage du Grimsel, le conflit se poursuit jusque devant le Tribunal fédéral.

    D’après l’organisation de défense de l’environnement WWF, 95 % du potentiel de l’énergie hydraulique utilisable est déjà exploitée en Suisse. Bien que la Confédération impose aux acteurs du secteur des conditions écologiques plus strictes sous la forme de débits résiduels, le WWF estime que les limites sont « dépassées depuis longtemps » : 60 % des espèces de #poissons et d’#écrevisses locales ont déjà disparu ou sont menacées d’#extinction. Malgré cela, des centaines d’extensions ou de constructions de centrales hydroélectriques, souvent de petite taille, sont prévues. La plus grande, et ainsi la plus contestée, est celle qui doit pousser sur le terrain libéré par le recul du glacier du #Trift.

    Une pression accrue sur les performances

    Par rapport à l’époque de la Greina, la situation est encore plus conflictuelle. Deux nouvelles problématiques sont apparues. D’une part, le #réchauffement_climatique et la fonte des glaciers font que les débits d’eau les plus élevés se déplacent de l’été vers le printemps. D’autre part, après la catastrophe de Fukushima, la décision politique prise par la Suisse de débrancher petit à petit ses centrales nucléaires, de les remplacer par des sources d’énergie renouvelable et de contribuer ainsi à l’objectif de zéro émission de gaz à effet de serre accroît la pression sur les performances de l’énergie hydraulique.

    Est-il possible de tirer encore davantage de la force hydraulique, qui assure actuellement près de 60 % de la production d’électricité en Suisse, sans trahir les exigences écologiques minimales ? « En principe, oui », déclare Rolf Weingartner, professeur émérite d’hydrologie à l’université de Berne. Il décompose les différentes parties du problème et les réassemble pour résumer sobrement ce débat émotionnel.

    L’énergie hydraulique, nouveau service public ?

    Comme l’énergie hydraulique produit de l’électricité presque sans CO2, elle reste une source d’approvisionnement indispensable pour éviter les pénuries, surtout en hiver, quand les installations solaires, par exemple, sont moins productives. En même temps, le réchauffement climatique montre l’importance des lacs de barrage sous un jour nouveau, note Rolf Weingartner. Car du point de vue hydrologique, la fonte des glaciers fait que les réservoirs d’eau qui assuraient de hauts débits surtout pendant les six mois de l’été disparaîtront à l’avenir. Par conséquent, on manquera d’eau à la belle saison.

    Dans l’ensemble, les débits d’eau seront toujours aussi importants sur l’année entière. Mais comme les glaciers n’assureront plus leur rôle de réservoir et comme l’effet de la fonte des neiges diminuera, les débits se répartiront moins bien sur l’année. « Cela signifie, conclut Rolf Weingartner, que nous devrons remplacer, dans les Alpes, les réservoirs naturels par des artificiels. » En d’autres termes, les lacs de retenue existants se doteront d’une fonction supplémentaire pour la gestion durable de l’eau à l’heure du changement climatique, en alimentant par exemple l’irrigation agricole pendant les mois chauds et secs.

    Par ailleurs, on installe parfois sur les barrages, comme celui de Muttsee à Glaris, des installations photovoltaïques qui, situées au-delà de la limite du brouillard, produisent de l’électricité toute l’année. Face à cette nouvelle multifonctionnalité, Rolf Weingartner considère l’énergie hydraulique comme « un service public pour la production d’énergie, mais aussi pour la couverture durable des besoins en eau, ce qui inclut une utilisation écologiquement responsable des eaux résiduelles ». Ainsi, souligne-t-il, l’affrontement entre les intérêts écologiques et économiques qui a lieu à chaque nouveau projet de barrage est un exercice peu productif.

    Le spécialiste plaide pour une nouvelle approche globale, qui s’impose aussi parce que le réchauffement climatique fera apparaître dans les Alpes, après le recul des glaciers, plus de 1000 nouveaux lacs qui auront un potentiel pour la gestion de l’eau. « Nous devrions définir des zones de priorité », note Rolf Weingartner. C’est-à-dire diviser, sous la houlette de la Confédération, l’espace alpin en différentes zones où seraient prioritaires la production d’énergie, l’écologie, le tourisme ou l’agriculture. Ainsi, on dénouerait l’enchevêtrement spatial des intérêts et l’on préviendrait les conflits.

    Rolf Weingartner est conscient que sa vision pacificatrice de la gestion de l’eau a peu de chances de trouver sa place dans la realpolitik suisse. Pour l’instant. Mais si la Suisse reste un pays où la consommation d’électricité augmente inexorablement, elle devra toutefois y songer.

    L’électricité manquera-t-elle en Suisse ?

    La question de savoir s’il y aura assez d’électricité à l’avenir agite en ce moment la Suisse. La demande va, semble-t-il, inexorablement continuer à croître : le groupe énergétique Axpo, prévoit ainsi une hausse de 30 % de la demande d’électricité d’ici 2050.

    Il est possible que la « #transition_énergétique », soit l’abandon simultané de l’énergie nucléaire et des sources d’énergie fossile, stimule la #croissance de la demande. Le remplacement des chaudières à mazout par des pompes à chaleur et des voitures à essence par des électriques feront baisser les émissions de CO2, mais augmenter la consommation d’électricité. Dans quelle mesure les gains en #efficience et les changements de comportement freineront-ils la demande ? Difficile à prévoir.

    Une nouvelle étude de l’Office fédéral de l’énergie montre que dès 2025, de brèves pénuries d’électricité seront à craindre en hiver. En abandonnant les négociations sur un accord-cadre avec l’UE, le Conseil fédéral a encore aggravé la situation. En conséquence, l’UE rejette l’accord sur l’électricité déjà négocié, ce qui compliquera la tâche de la Suisse, dans l’état actuel des choses, pour s’approvisionner sur le marché européen de l’électricité en cas d’urgence.

    https://www.swisscommunity.org/fr/nouvelles-et-medias/revue-suisse/article/lhonneur-perdu-de-la-force-hydraulique

    #hydraulique #énergie #énergie_hydroélectrique #changement_climatique #extractivisme #écologie #faune

  • Écureuil, hérisson, fouine et musaraigne… à Paris, la biodiversité méconnue des petits mammifères
    https://theconversation.com/ecureuil-herisson-fouine-et-musaraigne-a-paris-la-biodiversite-meco

    En ville, les espaces verts offrent des refuges pour la biodiversité. S’y côtoient des espèces natives et des espèces exotiques souvent envahissantes, ce qui peut poser problème aux premières.

    Une meilleure connaissance de la richesse et de l’abondance en petits mammifères des grandes agglomérations urbaines doit permettre d’envisager le maintien de la biodiversité dans ces habitats très transformés.

    #biodiversité #mammifères #écosystèmes_urbains #extinction #adaptation

  • Ah ben zut, Meatloaf mort du Covid, maintenant.

    (Parce que oui, je suis un geek, j’ai vu le Rocky Horror Picture Show une bonne dizaine de fois, j’avais même publié un guide de ce qu’il faut faire en salle pendant le film sur le Scarabée, pour aider les noobs.)

  • Le loup rouge est au bord de l’extinction pour la deuxième fois | National Geographic
    https://www.nationalgeographic.fr/animaux/le-loup-rouge-est-au-bord-de-lextinction-pour-la-deuxieme-fois

    Ils ne sont plus que vingt. Les loups les plus menacés du monde sont retranchés dans une unique région qui s’étend de la rivière Alligator au refuge national de Pocosin Lakes, dans l’est de la Caroline du Nord.

    Mieux connu sous le nom de « loup d’Amérique », le loup rouge (Canis rufus) est l’unique superprédateur dont l’aire de répartition naturelle se trouve exclusivement aux États-Unis (du Texas à la Nouvelle-Angleterre). Petit à petit, la chasse a restreint l’habitat de ces loups, jusqu’à ce qu’on les déclare éteints en 1980. Dans le cadre d’une expérience révolutionnaire (et couronnée de succès), huit loups élevés en captivité ont été réintroduits en Caroline du Nord en 1987 et ont fini par engendrer une population de plus de 100 individus. Mais ils ont été décimés par le braconnage et les différentes politiques mises en œuvre par le Fish and Wildlife Service (FWS), l’agence fédérale américaine en charge de la faune.

  • Emmanuel #Cappellin, le #documentariste qui en savait trop sur l’avenir de la #planète
    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2021/09/22/emmanuel-cappellin-le-documentariste-qui-en-savait-trop-sur-l-avenir-de-la-p
    #quand_on_sait

    Chez la première, il se sensibilise aux odeurs de la #forêt, fréquente une école Freinet, où ses instituteurs (qu’il découvrira plus tard anarchistes militants) lui apprennent la médiation entre enfants et la mise en projets de ses idées. Avec son père, qui n’a pas de voiture, faute de moyens, il parcourt la France à vélo et en canoë. Dès le collège, il prend des cours de biologie, par passion.

    [...]

    Une forme de réponse lui apparaît lors du #tournage de son film. Il rencontre Susanne Moser, une #géographe allemande qui accompagne des populations victimes de la montée des eaux. « Elle m’a dit quelque chose qui me guide : “Même au cœur d’une situation dans laquelle on se sent dépossédé du pouvoir d’agir, il nous reste le pouvoir de décider comment vivre ce qui nous est imposé.” »

    Comme si ses actes n’étaient toujours pas à la hauteur, Emmanuel Cappellin « décide de vivre ce qui lui est imposé » en s’engageant auprès d’#Extinction_Rebellion (XR), mouvement qui alerte sur l’urgence climatique par des actions de désobéissance civile non violentes. « Grâce à cela, je réconcilie le politique et l’intime. Je suis plus apaisé. » Il s’est ainsi allongé devant l’Assemblée nationale contre la loi climat, a envahi le Muséum national d’histoire naturelle pour alerter sur l’effondrement de la diversité.

    Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Nous n’avons pas besoin que ces jeunes viennent nous dire quoi faire » : un squat d’Extinction Rebellion divise un village en Seine-et-Marne
    « Ces actions peuvent paraître anecdotiques mais sont les prémices de #mouvements plus larges qui n’auront peut-être plus la forme #non_violente d’aujourd’hui… » à l’approche de la sortie de son #film, il se moque du baby-blues. « Je travaille sur la réponse que la société va donner à la crise climatique. » De quoi faire encore quelques insomnies.

  • Extinction Rebellion : pratiques et motivations de l’activisme écologiste radical
    https://metropolitiques.eu/Extinction-Rebellion-pratiques-et-motivations-de-l-activisme-ecologi

    Le mouvement écologiste Extinction Rebellion se distingue par sa vocation pédagogique et son ambition démocratique. Ces objectifs montrent à la fois ses forces et ses limites. Quels sont les revendications et les modes d’action de ses militants ? Samedi 17 novembre 2018 : tandis que les voitures des gilets jaunes bloquent l’hexagone et que leurs barrages provoquent un drame à résonance nationale, outre-Manche des piétons convergent vers la Tamise. Nous sommes à Londres, où le trafic automobile est #Débats

    / #écologie, #militantisme, #environnement, #climat

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_brunon.pdf