« À l’époque, je suis amené à rencontrer Hermant qui est responsable de la maison flamande, et Christophe Dubroeucq qui est son factotum, rapporte le policier. Ma présence ici est due aux échanges que j’ai eus avec eux sur le trafic d’armes. […] Dubroeucq m’explique que des armes reviennent de Tchéquie, sont remilitarisées, et qu’elles sont stockées sous la friterie [le commerce de Claude Hermant – ndlr], et que chaque semaine des acheteurs viennent chercher des armes. »
Patisson est en poste à Tournai, mais il informe aussitôt le patron de la PJ de Lille des confidences de Dubroeucq. « Mon collègue m’apprend qu’il y a déjà une enquête, poursuit-il. Je fais remonter l’information. Dubroeucq ne m’a pas donné l’information pour me faire plaisir mais pour neutraliser Hermant, et prendre sa place dans le trafic d’armes. C’est sa volonté de récupérer à son profit le trafic d’armes. »
La suite des investigations, il n’avait « pas à en connaître », fait-il remarquer. Les gendarmes n’ont-ils pas été défaillants par rapport à leur source ?
« Je suis policier, je n’ai pas à m’exprimer sur le sujet de l’organisation de l’enquête chez les gendarmes », tranche le commissaire.
L’enquête de police n’a pas abouti à grand-chose. C’est pourtant elle qui aurait pu in fine empêcher l’approvisionnement en armes de Coulibaly. Un ancien de la PJ de Lille, Olivier Merai, le reconnaîtra à son tour à l’audience : c’est un échec. « Très peu de choses sortent des interceptions. » « On n’a pas de preuves matérielles, on est sec, on n’a rien du tout », résumera le policier, qui explique aussi que l’interception douanière du 19 janvier 2015 qui permet la saisie d’armes commandées par Internet par la société de Hermant relève « du hasard ».
« C’était très difficile de travailler avec M. Dubroeucq, ça partait dans tous les sens », résume-t-il. D’autant plus difficile, probablement, qu’il était lui-même impliqué dans le trafic… tout en étant la source enregistrée des policiers.
Comme la cour l’a signalé, Christophe Dubroeucq est arrivé au tribunal dans la même voiture que Claude Hermant dans les embouteillages de la matinée.