• Le libéralisme a-t-il tué l’Europe ? | Frédéric Simon
    http://www.huffingtonpost.fr/frederic-simon/le-liberalisme-atil-tue-l_b_4155634.html

    A l’approche des élections européennes, cette question posée lors d’un débat aux journées de Bruxelles, résume bien le divorce désormais patent entre l’opinion publique française et la construction Européenne.

    Depuis le « Non » au référendum de 2005 sur la Constitution européenne, c’est le désamour entre les Français et l’Europe. Trop libérale, chantre de la « pensée unique », sourde à la détresse sociale, et soumise à la seule loi des marchés, l’Europe ne répond plus aux aspirations des Français.

    Une étude réalisée l’institut CSA, publié lors des journées de Bruxelles, vient illustrer ce désamour, qui prend désormais la forme d’un rejet franc et massif. Seuls 17% des personnes interrogées disent vouloir « plus d’Europe » à l’avenir, contre 52% qui veulent « moins d’Europe » (18% voudraient ne rien changer et 12% sont sans opinion). Plus inquiétant, 58% pensent que l’UE à un impact « plutôt négatif » sur la France, un pourcentage qui grimpe à 66% dans les villes de moins de 20 000 habitants.

    Dans ce contexte favorable aux populismes en tout genre, la tentation de taper sur « la Commission de Bruxelles » est souvent irrésistible, car politiquement payante. Nicolas Sarkozy en a fait une de ses spécialités, accusant la Commission de naïveté et réclamant - à raison - la réciprocité dans les échanges commerciaux et la fin du dumping fiscal et social au sein de l’Union. Arnaud Montebourg poursuit dans la même veine - en y ajoutant une couche de populisme -, lorsqu’il déclare, que la différence entre les entreprises américaines, chinoises et européennes, c’est que les premiers, au moins, « n’ont pas la Commission européenne sur le dos. »

    Alors, la Commission doit-elle porter seule le chapeau ? Non. D’abord, la Commission est avant tout un chien de garde docile, qui veille à la mise en œuvre des traités, dans l’intérêt de l’Union dans son ensemble et non d’un pays en particulier, ce qui implique des compromis, parfois douloureux. Son rôle est donc strictement limité à cette part de souveraineté que les Etats membres - à l’unanimité - ont bien voulu mettre en commun.

    Si la Commission ne s’occupe pas suffisamment de social, de justice ou d’éducation, c’est donc avant tout parce que personne ne lui en a confié la mission (la co-mission). A l’inverse, si elle s’occupe de marché, c’est bien parce qu’on lui a demandé de veiller au respect de l’équité au sein du Marché Unique, décision qui fut prise et ratifiée en son temps à l’unanimité.

    Veiller au respect des règles au sein du marché unique, c’est justement le travail de Joaquín Almunia, en charge de la concurrence à la Commission. Lors des journées de Bruxelles, ce socialiste espagnol s’est évertué à (ré)expliquer les bases du fonctionnement actuel de l’Union. D’abord, le marché n’est qu’un instrument au service de l’intégration européenne, il n’a donc pas vocation à représenter « les valeurs de l’Europe » que sont la justice, l’éducation, le social etc.

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