• #TGV #Lyon-Turin : quand l’#alibi_écologique cache un projet ravageur

    La presse s’en est régulièrement moqué : « des écolos s’opposent au train ! ». Mais les écolos ont d’excellentes raisons de contester le Lyon-Turin, et les auteurs de cet article les exposent mieux que personne. Alors qu’un réchauffement de 4°C menace les montagnes, est-ce le moment de les saccager avec une méga-infrastructure ? Et si on utilisait ce qui existe déjà ?

    Depuis les débuts de la révolution industrielle, les tunnels sont une condition essentielle de l’accélération des flux logistiques terrestres : routiers ou ferroviaires, ils suppriment en effet les obstacles physiques. Leur construction, motivée par des enjeux économiques, politiques et géostratégiques, bouleverse les modes de vie des populations, notamment à cause de l’accaparement des terres. Au XXème siècle, la métropolisation concentre géographiquement les populations mais augmente les besoins en mobilité, aboutissant à la multiplication d’infrastructures au service d’un régime de croissance et de délocalisation des productions.

    Une prise de conscience des saccages de cet emballement s’est toutefois développée depuis plusieurs décennies. La documentation du dépassement des limites planétaires permet d’alerter sur la fragilité de nos écosystèmes et – espérons-le – d’opérer un renversement de tendance.

    Si la contestation des projets d’infrastructures routières s’est aujourd’hui élargie, l’opposition aux projets ferroviaires peine à mobiliser. N’est-il pas nécessaire de décarboner le transport ? N’est-il pas souhaitable de renforcer le rail public ? Dans cet article, nous voulons établir qu’il faut pourtant s’opposer au train à grande vitesse reliant Lyon à Turin. Nous démontrons que, loin d’apporter des améliorations environnementales ou de soutenir le service public, ce projet est un gouffre financier, dévastateur pour l’environnement, fondé sur une vision passéiste des échanges marchands, du « toujours plus vite et plus loin ». Comme pour le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et l’autoroute A69, nous démontrons que l’existant répond aux besoins en préservant l’environnement et les territoires. Nous plaidons donc pour le renforcement des trains du quotidien le développement du transport ferroviaire par le report des marchandises de la route vers le rail.

    Déconstruire les affirmations simplistes

    Il nous faut d’abord revenir sur quelques arguments sommaires souvent présentés comme des évidences.

    1️⃣ « La date de création d’une infrastructure (XIXème siècle) est un obstacle pour répondre aux enjeux du XXIème siècle »

    À titre de comparaison, la ligne 1 du métro parisien, mise en service en 1900, fait circuler une rame toutes les 85 secondes et est l’une des plus modernes du réseau métropolitain. Une infrastructure du XIXème siècle peut donc répondre à des enjeux du XXIème siècle pour autant que les voies et l’exploitation soient modernisées.

    2️⃣ « Les obstacles physiques comme la montagne entraînent des pertes de parts de marché »

    Si, comme on peut a priori le penser, la montagne et les pentes en altitude constituaient l’obstacle au développement d’un fret ferroviaire performant, pourquoi le fret ferroviaire est-il partout en France le parent pauvre du transport de marchandises, même là où il n’y a pas de montagne ?

    3️⃣ « Seule une nouvelle infrastructure ferroviaire permettrait de limiter la croissance du nombre de poids lourds sur la route »

    Depuis 1993, il n’y a pas eu d’augmentation du nombre de poids lourds circulant dans les Alpes du Nord entre la France et l’Italie par les tunnels de Fréjus et du Mont-Blanc, et ce malgré la mise en service d’autoroutes en Haute-Savoie et en Savoie pour desservir ces deux tunnels. Dans le même temps, le volume des marchandises transportées par le ferroviaire a été divisé par cinq. La création d’autoroutes dans les Alpes n’a donc pas favorisé l’augmentation du volume de marchandises. Pour que le transport de marchandises se développe, il faut un producteur et un client. Dès lors que la France ne produit plus d’acier et que Fiat ne produit plus ses voitures à Turin, le flux diminue. Une nouvelle voie ferrée ne modifiera pas la donne. Surtout, la majorité des marchandises consommées en France et en Italie provient d’Asie et transite par le canal de Suez : elles circulent sur un axe Nord/Sud, et non pas sur un axe Est/Ouest. Une seconde infrastructure ferroviaire en Maurienne n’amènera donc pas de croissance du transport des marchandises.

    4️⃣ « Dans le domaine routier, seule une taxe est dissuasive. L’écotaxe est donc le moyen de favoriser le report modal vers le rail »

    Dans les Alpes, cette idée se heurte à la réalité : le transport ferroviaire de marchandises est 30 % moins cher que la route1. Les raisons sont multiples, mais la principale est que les péages des deux tunnels routiers, Mont-Blanc et Fréjus, constituent déjà une « écotaxe » (628 € en 2025 l’aller-retour pour les semi-remorques les moins polluants2, ce qui revient, sur un parcours Lyon-Turin, à la moitié du coût du transport). À cela, il faut ajouter les coûts des salaires de 30 chauffeurs routiers contre un ou deux conducteurs cheminots, du gasoil, de l’usure du véhicule et des péages autoroutiers complémentaires. Les transporteurs ne choisissent donc pas la route, ils y sont contraints, faute d’offre ferroviaire adaptée3.

    5️⃣ « Favoriser le ferroviaire, c’est développer le service public »

    Cette affirmation est malheureusement fausse, notamment du fait de la politique européenne visant à la privatisation des réseaux et de l’exploitation ferroviaire en favorisant dans ses financements les projets en Partenariat Public Privé (PPP), ce qui est le cas du projet Lyon-Turin4.

    Ces clarifications faites, il convient d’évaluer la capacité et l’utilisation des infrastructures existantes avant de décider si une nouvelle infrastructure ferroviaire est nécessaire et souhaitable. Ce que nous ferons dans la suite de cet article, après un petit détour historique.

    Comment le projet Lyon-Turin est-il né ?

    La traversée des Alpes est un itinéraire essentiel pour les échanges commerciaux et les déplacements des personnes entre les nations européennes. Un premier tunnel ferroviaire de 13 km datant de 1871 permet de franchir les Alpes entre Modane et Bardonecchia. Au-delà des considérations économiques, sa justification revêt un caractère diplomatique prépondérant : au moment où sont décidés les travaux, la liaison de la Savoie au reste du royaume de Piémont Sardaigne était un gage de cohésion politique et militaire. 150 ans plus tard, grâce à son aménagement et son exploitation, le tunnel est toujours opérationnel. Deux tunnels routiers ont été creusés par la suite, mis en service en 1965 pour le Mont-Blanc et en 1980 pour le Fréjus. Le réseau autoroutier dessert ces deux tunnels.

    L’idée d’une nouvelle ligne Lyon-Turin naît dans les années 1980, à l’initiative d’un Maire de Chambéry également président du Conseil Général de Savoie. Devenu opportunément ministre des Transports, il signe le schéma national des lignes à grande vitesse sans aucun débat public – la CNDP, Commission nationale du débat public, n’existe pas encore. Le schéma est soutenu par des politiques locaux, le lobby du BTP, ainsi que par certains syndicats qui y voient un important gisement d’emplois – en réalité assez surestimé. Il s’inscrit dans le plan de développement du TGV qui reste, pendant 20 ans, la priorité de la SNCF. Chaque grande ville veut être reliée à Paris, à une époque où les préoccupations écologiques sont balbutiantes, au moins dans l’opinion publique. Pendant ce temps, on abandonne le réseau des petites lignes qui passe d’environ 50 000 km dans les années 1950 à 27 500 km aujourd’hui.

    En 1991, le projet apparaît comme le plus ambitieux : il allie une ligne pour voyageurs à grande vitesse (LGV) promettant un parcours Paris-Milan en 4 heures et Lyon-Turin en 2 heures pour environ 3 milliards d’euros5, ainsi qu’un volet fret ferroviaire. Cependant, l’ampleur du projet, son coût hors du commun, réévalué par la Direction du Trésor en 2012 (à 26,2 milliards d’euros, soit plus de 100 millions d’euros par km), la lenteur des décisions en raison du financement international – l’Europe de Maastricht est entre temps advenue – et surtout l’opposition de l’ensemble des grandes administrations (Ponts et Chaussées, Finances, Trésor, Cour des comptes, Commission Mobilités 21, Conseil d’Orientation des Infrastructures, etc.) font que les années passent et le projet stagne. Par ailleurs, en 1998 est publié premier rapport proposant de travailler avec l’amélioration des voies existantes.

    Entre le milieu du XIXe siècle et la fin du XXe siècle, la mondialisation entraîne de profonds changements d’échelle : les réseaux de transport deviennent progressivement continentaux. Pour le train, le réseau national s’ouvre et s’interconnecte à l’Europe selon un objectif de maillage continental d’infrastructures de transport d’ici à 2030, dans un contexte d’uniformisation européenne sur les plans culturel, social, économique et technique. La mise en place d’un standard technique européen de signalisation permet une surveillance numérique identique des trains, qui permet à son tour de s’affranchir des particularités nationales et surtout des personnels locaux, remplacés par des automates à pilotage centralisé.

    Dans le plan du réseau transeuropéen de transport (RTE-T) conçu par l’Europe, le Lyon-Turin ferait partie du corridor méditerranéen, un des maillons dits prioritaires d’un ensemble qui relierait Algesiras à la frontière Slovène (initialement annoncée de Lisbonne à Kiev). Cet axe permettrait le transport de marchandises et de matériel militaire6 de grand gabarit entre pays dans le giron de l’OTAN.

    Développer le ferroviaire : davantage d’infrastructures…

    Tout le monde s’accorde à le dire : la part du ferroviaire dans les transports, et du fret ferroviaire en particulier, n’est pas à la hauteur des enjeux écologiques. Comme solution à ce problème, certains prônent de nouveaux investissements et de nouvelles infrastructures. Pour notre part, nous utilisons le cas du Lyon-Turin pour nous interroger sur l’exploitation des réseaux ferrés et les priorités d’investissement.

    Compte tenu de la taille, de la durée et des coûts directs et indirects de ce genre de projets, rien ne permet de s’exonérer d’un diagnostic et d’un questionnement de leur pertinence. Que ce soit pour le transport des personnes ou celui des marchandises, l’évaluation doit porter sur les conditions d’exploitation de l’existant sans se contenter d’évidences simplistes : c’est ce qu’ont fait les administrations centrales considérant que l’existant permettait de répondre au besoin. Si comparaison n’est pas raison, on peut en effet s’interroger sur le fait qu’en Suisse par exemple, il circule 15000 trains par jour, soit autant qu’en France, mais sur 3265 km de voies alors que la France en a 27483 km7.

    L’Autorité de Régulation des Transports (ART) communique des informations qui confirment cette sous-exploitation du réseau ferré et qui devraient interroger tous les partisans du ferroviaire – qu’il convient de distinguer des partisans des nouvelles infrastructures ferroviaires. Dans son rapport intitulé « Comparaison France – Europe du transport ferroviaire », l’ART nous apprend que si la France est la deuxième nation européenne pour la longueur du réseau ferré, elle est la septième pour le nombre de trains en circulation par km de réseau ferré8.

    C’est la raison pour laquelle le Conseil National de la Transition Écologique (CNTE), dans son avis du 13 novembre 2018 pour la Loi d’Orientation des Mobilités, a fait les recommandations suivantes :

    « que les gestionnaires d’infrastructures soient soumis à des obligations de proposer des offres de transports cohérentes avec les capacités des réseaux d’infrastructures, associées à une obligation de résultat »

    « d’interdire tout engagement de réalisation pour de nouvelles infrastructures en l’absence de consultation de la population et d’analyses ex-ante des infrastructures existantes et de leur gestion »9.

    …ou une meilleure utilisation des réseaux existants ?

    Il est contre-intuitif de dénoncer un projet ferroviaire en le qualifiant d’écocide, mais les faits sont là : dès lors que l’infrastructure existante n’est plus utilisée au niveau où elle l’était, chaque mètre carré menacé est une atteinte injustifiée à l’environnement.

    En 1998, l’Ingénieur général des Ponts et Chaussées, Christian Brossier, indiquait qu’entre la France et l’Italie circulaient chaque jour, sur les voies existantes à Modane et dans les deux sens, une moyenne de 100 trains de marchandises et 24 à 28 trains de voyageurs10.

    À la suite de ce rapport, un milliard d’euros d’investissements de modernisation des voies, d’agrandissement des gabarits pour les tunnels, d’installation d’équipements de sécurité ou encore d’électrification des voies là où elles ne l’étaient pas, ont été réalisés pour passer de 100 trains de marchandises par jour à 150.

    Pourtant, au sein de l’observatoire de la saturation ferroviaire11, la SNCF déclare aujourd’hui qu’il ne circule plus que 27 trains de fret et 10 trains de voyageurs entre la France et l’Italie (les deux sens étant compris), soit à peine plus du quart de l’exploitation antérieure. Nous sommes donc passés de 46700 trains par an avant travaux en 1998 à 13500 trains après travaux.

    Dès lors, notre calcul est très simple : à raison d’une capacité de 30 conteneurs par train de marchandise, le nombre de trains manquants par rapport à ceux qui circulaient en 1998 (32500 trains) permettrait de transporter annuellement près d’un million de conteneurs de 40 ou 45 pieds (équivalent aux remorques de camions) avec la ligne existante.

    Il serait donc possible, avec la voie ferrée existante et rénovée, de diminuer des deux tiers le trafic routier de marchandises au Mont-Blanc et en Maurienne en l’utilisant comme elle l’était en 1998 avant même les travaux de modernisation effectués12. Aucune augmentation des circulations routière de marchandises n’a été observée durant les trente dernières années. Les prévisions13 justifiant le projet Lyon-Turin, qui tablaient sur une explosion de la circulation des marchandises dans les Alpes du Nord avec 2,8 millions de camions en 2017 et 16 millions de tonnes de marchandises transportées par les trains, étaient donc largement surévaluées, comme l’avaient écrit les hauts fonctionnaires depuis longtemps.

    Toute nouvelle infrastructure, même ferroviaire, loin de présenter des avantages environnementaux, constitue en fait une atteinte à l’environnement dès lors que l’infrastructure existante n’est pas exploitée à hauteur de ses capacités.

    Il n’est ici même pas question d’utiliser mieux les voies existantes qu’avant le milliard d’euros investis, mais de les utiliser au moins au même niveau.

    Pour renforcer la part du transport ferroviaire sur l’ensemble du réseau français, il est nécessaire de développer une offre de service adaptée. Cela passe par des plateformes de chargement/déchargement des conteneurs ou des caisses mobiles avec un système de réservation pour les entreprises utilisatrices, calqué sur celui des voyageurs.

    L’inadaptation de l’offre de fret ferroviaire est parfaitement illustrée par la liaison entre Perpignan et Rungis. Le train de primeur – qui ne traverse pourtant pas les Alpes – a été supprimé alors que le nombre de poids lourds sur les autoroutes suffit largement à alimenter au moins un train par jour.

    Un financement et une coordination difficiles

    Pour rappel, en 2012, la Direction du Trésor a estimé le coût de ce projet de 260 km de voies nouvelles à 26,2 milliards d’euros soit 100 millions d’euros par kilomètre, alors que le coût d’une LGV nouvelle selon la Cour des Comptes est de 25 millions d’euros par kilomètre. Aujourd’hui, la réactualisation financière du coût nous amène à plus de 30 milliards, sans prise en comptes aléas techniques qui entraineront vraisemblablement d’autres augmentations. Cette hypothèse se vérifie d’ailleurs souvent dans le cas de grands projets, comme celui de l’EPR de Flamanville dont les coûts et délais ont très largement dérivé.

    À titre indicatif, 30 milliards d’euros pourraient servir à construire 1000 lycées, 400 hôpitaux ou encore 10000 km de « petite lignes » dont certaines à voix unique sont à doubler pour le développement des TER.

    L’Europe subventionne ces travaux en favorisant les projets en Partenariat Public Privé (PPP). Mais selon les traités, les États membres – France et Italie dans notre cas – restent cependant les premiers (voire les seuls) contributeurs financiers et responsables d’une réalisation très difficile à coordonner.

    Ces subventions européennes restent assez opaques et leurs règles d’utilisation plutôt volatiles. Le principe initial du « use it or lose it » est souvent mis en défaut par les retards des activités qui font que des montants alloués pour une période définie sont régulièrement ajournés14. Nous parlons ici de milliards d’euros d’argent public. Mais ce qui importe, vis-à-vis de l’opinion publique, est d’imposer l’irréversibilité du processus engagé et de rendre crédible la maîtrise de la globalité du projet sur le temps long.

    Sur le plan local, bien qu’un Fonds pour le Développement d’une Politique Intermodale des Transports dans le Massif Alpin (FDPITMA) ait été créé en 2012 pour investir les bénéfices du tunnel routier du Mont-blanc (20 millions d’euros par an) dans le développement de l’intermodalité route/ferroviaire, ce fonds est détourné pour financer l’aménagement d’une galerie de sécurité du tunnel routier du Fréjus transformée en deuxième tube routier en toute illégalité15.

    L’État lui-même se trouve en plein conflit d’intérêts puisque les deux tunnels routiers sont sa propriété avec les collectivités, puisque la diminution du transport routier de marchandises dans les tunnels (dont les péages des poids lourds représentent 70 % des recettes) les précipiterait dans la faillite.
    Le Lyon-Turin, un projet prométhéen et dévastateur pour l’environnement

    Le bilan carbone de la solution fondée sur la ligne existante est immédiatement positif contrairement à la compensation du nouveau projet qui adviendra au mieux après en 2047 selon le promoteur TELT (Tunnel Euralpin Lyon-Turin, société de droit français détenue à 50% par l’Etat français et à 50 % par l’État italien), avec des hypothèses très optimistes d’augmentation de trafic et de mise en service en 2033. D’autres scenarii soutenus par la Cour des comptes européenne16 misent plutôt sur un équilibre à échéance de 50 ans après la mise en service, soit au plus tôt en 2085.

    À cette date, la France – et singulièrement les Alpes – sera vraisemblablement à +4°C de réchauffement selon le GIEC.

    Le désastre environnemental ne se limite pas à l’émission de CO2 liée aux travaux et au faible report modal actuel. Il concerne également la pollution de l’air due à l’émission de particules fines par les milliers de rotations de camions pour le chantier. Un autre saccage concerne l’artificialisation de 1500 hectares de terres agricoles ou de zones humides naturelles dans la vallée de la Maurienne et sur le trajet de l’avant pays savoyard, et ce jusqu’à Lyon. Ces terres sont et resteront indispensables pour maintenir une part d’autonomie locale dans la production alimentaire.

    En outre, les déblais produits par le creusement des 360 km de galeries ne seront au mieux recyclables qu’à 25%. Des millions de mètre cubes devront être transportés et stockés sur des dizaines d’hectares, dans des étangs ou carrières alors même que certains d’entre eux, plus nocifs (amiante, radioactivité) compte tenu de la géologie locale, ne peuvent être enfouis que dans des conditions strictes. Sur le plan géologique, le val de Suse contient en effet des mines uranifères et l’amiante est présent naturellement dans les roches.

    Il est par ailleurs avéré de longue date que tout creusement de tunnel entraîne le drainage des eaux stockées dans la montagne. Elle ne se vide évidemment pas en quelques jours. Des années après leur construction, les tunnels continuent à épuiser les massifs : petit à petit, le niveau de l’eau dans la roche baisse et les sources se tarissent. C’est ce qui s’est produit, dès les travaux préparatoires en 2003, sur la commune de Villarodin-Bourget en Savoie. Il y a sur le parcours du tracé plusieurs dizaines de captages d’eau potable juridiquement protégés et potentiellement impactés tant qualitativement que quantitativement par un drainage évalué entre 65 et 125 millions de mètres cube par an17, soit la consommation annuelle de près de deux millions d’habitants.

    Le creusement des tunnels dans ce périmètre de protection est normalement interdit par arrêté du Préfet. C’est pourquoi la préfecture de Savoie a insidieusement lancé en mai 2024 une révision des arrêtés d’utilité publique de captages d’eau pour autoriser les excavations à l’aplomb des périmètres de protection des captages et rendre ainsi les travaux légaux. Tous ces petits arrangements constituent des atteintes à l’environnement de la montagne et à son écosystème.

    Mais la montagne ne se laisse pas faire et de nombreux aléas géologiques devraient alerter les apprentis sorciers. En 2019, le creusement d’une partie de galerie a provoqué la chute de la nappe souterraine à hauteur de 150 m. Ce déplacement massif d’eau a également provoqué l’enfoncement exceptionnel de plusieurs centimètres d’un barrage hydroélectrique situé à proximité18.

    En mars 2024, des cavités sont apparues lors du creusement d’un puits de ventilation à Avrieux, obligeant les entreprises à développer un prototype de robot pour les combler avec des milliers de tonnes de béton19.

    Enfin, les conditions de travail et d’exploitation futures seront complexifiées par les fortes chaleurs qui règnent sous la montagne compte tenu des phénomènes géothermiques naturels qui font atteindre des températures dépassant les 50°C, transformant ce projet présenté comme « écologique » en gouffre énergétique climatisé 24h/2420.

    Autant de preuves que la prise en compte de l’environnement et la gestion des risques interviennent loin derrière les paramètres économiques ou géostratégiques.

    En lutte ! Il n’est pas trop tard pour faire annuler ce projet

    La lutte est bien sûr inégale entre les populations qui refusent le saccage de leur lieu de vie et les acteurs institutionnels et économiques. Une déclaration commune, dite charte d’Hendaye21, a bien été élaborée entre des organisations opposées aux LGV en France, Italie et Espagne, mais peu de résultats en ont découlé du fait de la difficulté à mobiliser les organisations contre des projets ferroviaires.

    En Italie, après 30 ans de lutte, les manifestations continuent mais certaines volontés se sont émoussées. De plus en plus de maires initialement hostiles au projet acceptent les compensations du promoteur TELT.

    Côté français, la population est éparpillée sur un vaste territoire ou « la démarche grand chantier22 » mise en place par l’État, la région, le département et TELT est très efficace pour s’assurer le soutien des élus locaux grâce à des subventions auxquelles ils ont de toute façon droit par le financement public. Des primes à la rénovation des logements sont par exemple attribuées aux propriétaires qui louent leur habitation aux travailleurs du chantier. Cette organisation a déjà fait ses preuves lors de la mise en place du programme électronucléaire français. À l’inverse, les budgets engloutis par ce projet voué à la faillite financière, feront défaut pour l’ensemble des communes qui se voient imposer des réductions budgétaires contre le silence de ceux qui en profitent.

    Il nous faut déjouer ces funestes perspectives et convaincre les populations de sauvegarder l’intégrité écologique et sociale de leur territoire.

    Il nous faut faire pression pour que les différents exécutifs, la SNCF, les syndicats, les organisations environnementales fassent appliquer les recommandations du CNTE en matière d’exploitation de la ligne existante pour arrêter la gabegie financière, le désastre environnemental et la dégradation de la santé publique dus à ce projet imposé et inutile.

    Il ne faut pas nous résigner à subir les contraintes sur nos vies quotidiennes de ce projet, ni nous adapter à sa présence, mais au contraire refuser cette menace et continuer le combat par tous les moyens juridiques, politiques, médiatiques et de désarmement possible. Même si l’État se montre de plus en plus féroce dans sa répression vis-à-vis des mouvements de résistance, qu’il aménage de nouvelles lois scélérates et tente de les dissoudre, nous ne pouvons pas nous laisser intimider et capituler vis-à-vis des générations futures.

    Il n’est pas trop tard pour annuler ce projet : à ce jour et en 20 ans, à peine 5% des travaux du seul tunnel transfrontalier sont effectués, ce qui correspond à moins de 2% de l’ensemble du tracé23.

    https://www.terrestres.org/2025/02/09/tgv-lyon-turin-quand-lalibi-ecologique-cache-un-projet-ravageur

    #TAV #no-TAV #écologie #résistance #train #transport_ferroviaire #rail #fact-checking #infrastructure_ferroviaire #Italie #France #montagne #Alpes #contestation #écotaxe #service_public #financement #environnement #tunnel #lutte

  • #Filtres, #charbon… Quelles sont les bonnes (et moins bonnes) #solutions pour boire de l’#eau sans #PFAS ni #pesticides ?

    –-> conclusion (spoiler) : "La vraie bonne solution est politique"

    100 filtres. Les révélations sur les polluants présents dans notre eau du robinet s’accumulent. Si l’eau reste l’aliment le mieux contrôlé en France, divers filtres à installer chez soi sont proposés sur le marché pour limiter la concentration de pesticides et de PFAS, ces polluants très persistants. Vert a fait le tour des solutions, et de leurs limites, pour boire une eau plus saine.

    Les PFAS entrent dans la composition de plusieurs pesticides et de nombreux objets du quotidien (poêles, tissus imperméables…), d’où leur présence dans l’eau, issue des nappes phréatiques, de sources ou de nappes souterraines.

    Plusieurs enquêtes récentes ont montré que la contamination aux polluants persistants est massive dans le monde et en Europe, comme l’a cartographié le Forever pollution project, cette vaste enquête dont font partie les journalistes du Monde. Elle révèle les 23 0000 zones les plus polluées sur le vieux continent. La décontamination totale de l’eau et des terres européennes coûterait jusqu’à 2 000 milliards d’euros sur vingt ans, d’après une enquête du Monde. La présence de pesticides est également très répandue et dégrade la qualité de l’eau potable, comme l’indiquait un rapport gouvernemental en novembre dernier.

    Pour l’instant, aucune grande mesure politique à l’échelle européenne ou française n’a été mise en place pour limiter la pollution aux PFAS, ni celle aux pesticides. Dans l’attente d’un suivi plus détaillé de notre eau potable, de mesures ambitieuses des pouvoirs publics pour limiter la production de PFAS ou de la prise en charge de la dépollution par les industriels, quelles sont les solutions individuelles à notre disposition pour boire une eau plus saine ? Vert a fait le tour de la question.

    Vérifiez si l’eau que vous buvez est polluée

    Lorsque l’eau coule de notre robinet, elle a déjà subi de nombreux traitements et contrôles. Chacun·e peut vérifier la qualité de son eau grâce à des données publiques disponibles sur le site du ministère de la santé.

    Toutefois, les polluants potentiellement présents ne sont pas encore tous mesurés par les Agences régionales de santé (ARS). C’est le cas de certains résidus de pesticides, dont le TFA, un petit polluant de la famille des PFAS, ces molécules ultra persistantes dans l’environnement et le corps humain (notre article).
    L’eau en bouteille

    ✅ L’eau minérale contient un peu moins de polluants parce qu’elle vient de réserves plus profondes que l’eau du robinet.

    ❌ Elle est moins contrôlée et il est plus difficile d’avoir accès aux analyses de sa qualité que pour l’eau du robinet.

    On y retrouve parfois des résidus de pesticides. Et les bouteilles regorgent aussi de microplastiques : 240 000 particules pour un litre en moyenne (notre article). Ces molécules peuvent détériorer le système immunitaire et hormonal, et sont associées à des risques cardiovasculaires accrus, selon une étude du New england journal of medicine.

    En plus d’aggraver la pollution au plastique, elle est chère : « en moyenne 150 à 200 fois plus que l’eau du robinet », comme le rappelait à Vert Camille Wolff, chargé de campagne réduction de plastique pour l’ONG No plastic in my sea.
    Les bâtons de charbons végétaux

    Ces solutions végétales appelées aussi binchotan sont à déposer au fond d’une carafe classique pendant plusieurs heures. Il s’agit de charbon issu de la carbonisation d’une variété de chêne et traditionnellement employé au Japon pour filtrer l’eau.

    ✅ Les charbons retiennent une poignée de pesticides.

    ❌ Ils ne retiennent pas les PFAS.
    Les perles de céramique

    Ces petites billes à déposer au fond d’un pichet d’eau sont constituées d’argile.

    ✅ Dans un article paru l’été dernier, la revue 60 millions de consommateurs rappelle que les perles de céramiques sont présentées comme enrichies « de microorganismes qui purifieraient l’eau en décomposant les substances dangereuses »…

    ❌ … Sauf qu’« aucune étude ne vient confirmer ces allégations » indique le média.
    Les carafes filtrantes

    La carafe, en plastique ou en verre, contient un filtre plus ou moins sophistiqué selon les modèles. « L’essentiel de la filtration est assuré par du charbon actif et des résines échangeuses d’ions », explique 60 millions de consommateurs. Ces résines sont de petites billes qui permettent de capter des PFAS et autres atomes de manière très sélective.

    ✅ Quelques modèles particuliers de carafes éliminent certains PFAS lorsqu’ils sont dotés de filtres adaptés. Une étude canadienne a comparé les différents systèmes de filtration domestiques, mais aucune analyse française n’existe à ce jour.

    Professeur à Polytechnique Montréal et co-auteur de cette étude, Benoît Barbeau explique à Vert qu’« un pichet standard élimine environ 20% des PFAS, tandis que ceux certifiés par la norme internationale NSF [développée par l’American national standards institute et la National sanitation foundation (NSF), NDLR] sont plus performants. Parmi eux, le Zerowater filtre à 96% ces molécules ».

    Selon une étude américaine de 2020, malgré les grandes différences d’efficacité selon les modèles de carafes, celles qui ont un filtre au charbon actif permettent, en moyenne, d’éliminer 50% des PFAS.

    ❌ Outre les polluants, les filtres les plus efficaces retirent aussi les sels minéraux utiles à l’organisme.

    Le coût est important : environ 60 euros pour une carafe en verre et un peu plus de 70 euros pour un pack de cartouches filtrantes à installer à l’intérieur, pour six mois d’utilisation (le prix varie selon les marques).

    Il faut veiller à changer les filtres régulièrement, en respectant la durée d’utilisation prescrite par le fabricant. Si le filtre est saturé, il peut relarguer les contaminants piégés, selon un avis de 2017 de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). L’institution précise que les données « ne permettent pas d’évaluer l’efficacité réelle de toutes les carafes filtrantes commercialisées ».

    L’eau filtrée doit être consommée dans les 24 heures pour ne pas être contaminée par des bactéries.
    Les filtres pour robinets

    Certains systèmes permettent de fixer directement des cartouches de filtres au charbon actif sur son robinet.

    ✅ « Les filtres au charbon actif en système de cartouche retiennent certains PFAS à chaînes [d’atomes] longues, comme le PFOA, reconnu pour sa toxicité, mais pas les PFAS à chaînes courtes comme le TFA », explique à Vert Julie Mendret, chercheuse en traitement de l’eau à l’université de Montpellier.

    Ils filtrent aussi la plupart des pesticides.

    Comme pour les carafes, l’efficacité varie selon les modèles.

    ❌ Ils coûtent entre 50 et plus de 150 euros.

    Benoit Barbeau souligne qu’« il faut vérifier que les systèmes soient certifiés par la NSF pour éliminer les PFAS, peu de matériels le sont ».

    Ils ne filtrent pas les plus petits PFAS, comme le TFA.

    Il faut veiller à changer les filtres régulièrement.
    Les filtres par osmose inverse

    Ce système, aussi utilisé dans les stations de traitement de l’eau, peut s’installer sous son évier. Il fait passer l’eau dans une série de filtres puis à haute pression à travers une membrane très fine.

    ✅ « Il élimine plus de 90% des PFAS », indique Julie Mendret « et est aussi efficace contre les pesticides ».

    ❌ L’eau est tellement filtrée qu’elle perd ses sels minéraux bons pour la santé, comme le magnésium. Il faut donc la reminéraliser pour éviter les troubles gastriques. Certains fabricants proposent des cartouches qui rajoutent a posteriori ces sels minéraux dans l’eau.

    Ces filtres coûtent plusieurs centaines d’euros et le filtre doit également être changé une à deux fois par an.

    Une fois l’eau filtrée, il reste une partie très concentrée en liquide pollué dont il faudra se débarrasser, quitte à déplacer la pollution plutôt que de la supprimer.

    La vraie bonne solution est politique

    S’il peut être rassurant de traiter l’eau de son robinet, « il faut éviter de penser en silo », conseille Benoit Barbeau. Il rappelle que « l’exposition aux PFAS ne provient pas seulement de l’eau, mais aussi de l’alimentation, surtout dans les produits transformés, les vêtements ou ustensiles… »

    Avant de se doter d’un système de filtration, il recommande de bien vérifier « si vous êtes dans un environnement avec de hautes concentrations de perfluorés [les PFAS, NDLR] ou simplement le même bruit de fond que l’on trouve partout, avec des composés de perfluorés en relativement faibles concentrations ». Pour cela, vous pouvez consulter les données publiques disponibles sur l’eau de votre région ou vous référer aux cartes et enquêtes des associations et journalistes sur le sujet.

    Pour décontaminer massivement les sources d’eau, les associations et scientifiques réclament des actions préventives. Elles peuvent passer par la réduction de l’usage de PFAS, comme le suggère une proposition de loi étudiée à l’Assemblée le 20 février prochain. Ils et elles soulignent aussi le besoin de traiter l’eau à grande échelle, en station, afin que tout le monde puisse bénéficier de la même ressource.

    https://vert.eco/articles/filtres-charbon-quelles-sont-les-bonnes-et-moins-bonnes-solutions-pour-boire-d

    #fact-checking #la_solution_est_politique #politique #eau_potable #micro-plastique

  • "Aucun indicateur ne donne raison à #François_Bayrou sur une prétendue submersion migratoire", selon le démographe #François_Héran

    Selon François Héran, professeur au Collège de France, démographe, spécialiste de l’immigration, les déclarations du Premier ministre français sur un « sentiment de #submersion_migratoire » sont infondées. La France, au regard des indicateurs démographiques, accueille sur son sol peu d’immigrés - comparée à d’autres pays européens.

    Le Premier ministre François Bayrou a soulevé l’indignation d’une partie de la classe politique en affirmant lundi soir que la France « approch[ait] » d’un « sentiment de submersion en matière d’immigration ». L’utilisation du mot « #submersion » - peu anodin - fait partie du vocable du Rassemblement national. Loin de se défendre de ce parallèle avec l’extrême droite, François Bayrou a réitéré ses propos le lendemain à l’Assemblée nationale en les restreignant toutefois à #Mayotte et à certains autres départements.

    Pour le directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), Didier Leschi, le terme est impropre et maladroit. « Il n’y a pas de submersion migratoire, mais il y a des endroits où la concentration d’immigration pose des problèmes sociaux importants qu’il faut arriver à résoudre », a-t-il affirmé.

    Alors le terme est-il exagéré ?

    Selon les chiffres de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), oui. En 2023, l’#Insee considérait que la population étrangère vivant en #France s’élevait à 5,6 millions de personnes, soit 8,2 % de la population totale, contre 6,5 % en 1975. Les étrangers représentent donc une large minorité. De plus, cette hausse n’a rien d’étonnant - elle se constate dans tous les pays développés.

    « L’immigration n’est pas incontrôlée »

    « L’immigration est perçue comme incontrôlée, comme un problème à résoudre, alors que c’est un phénomène démographique normal », expliquait déjà en septembre à InfoMigrants Jean-Christophe Dumont, chef de la division des migrations internationales à l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).
    « La population mondiale augmente et donc il y a de plus en plus d’immigrés et les immigrés ont tendance à aller de plus en plus vers les pays de l’OCDE ».

    C’est aussi l’avis de François Héran, sociologue et démographe, professeur au Collège de France. « Aucun indicateur ne donne raison à François Bayrou sur une prétendue submersion migratoire », déclare-t-il à InfoMigrants. « Il y a une montée de l’immigration, oui, mais elle est modérée. C’est une poussée continue, pas exponentielle, une augmentation linéaire » qui a cours partout dans les pays développés de la planète.

    « En réalité, poursuit-il, l’immigration progresse au même rythme depuis des années, que ce soit sous les mandats de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande ou Emmanuel Macron. Rien ne sert de pointer du doigt le précédent président en dénonçant son bilan migratoire, cette augmentation n’a rien à voir avec les politiques françaises ».

    « Nous sommes dans le bas du tableau »

    Surtout, rappelle François Héran, la France accueille peu d’immigrés sur son sol au regard des autres pays européens. Selon une moyenne établie par l’OCDE, seul 1 % d’étrangers supplémentaires s’installent chaque année - pendant un an au moins - dans un pays riche (voir tableau ci-dessous).

    « La France est bien en dessous de cette moyenne : elle est à 0,5 %. Devant nous, il y a l’Allemagne à 0,6 %, la Suède à 0,8 %, l’Espagne à 1 %, la Belgique à 1,1 %, le Portugal à 1,2 %… Nous ne sommes pas en tête du tableau, mais plutôt dans les derniers ».

    Et de continuer en citant d’autres indicateurs. « Selon Eurostat aussi, la France n’est pas le pays le plus accueillant. Elle a une proportion de 13 % d’immigrés dans sa population totale [c’est à dire des étrangers, européens ou non, installés depuis au moins un an dans un autre pays que celui de leur naissance, ndlr] mais le Luxembourg est à un taux de 49 %, Malte de 23 %, l’Allemagne de 18 %… Là encore, nous ne sommes pas en tête du classement », ajoute François Héran.

    Même la référence à Mayotte du Premier ministre ne semble pas convaincre le démographe. « Oui, il y a une concentration forte d’immigrés dans certains territoires, comme à Mayotte, ou en Ile-de-France, ou dans certaines régions frontalières françaises. Mais si ces arrivées peuvent créer, je dirais, une émotion, elles ne correspondent pas à une submersion au regard des chiffres pris dans leur globalité ».

    À Mayotte, pour rappel, les autorités françaises exécutent de nombreuses expulsions vers les Comores voisines. En 2023, environ 24 000 reconduites à la frontière ont été effectuées, contre un peu plus de 25 000 l’année précédente, et 24 000 en 2021, selon les chiffres de la préfecture. Des chiffres plutôt stables et qui concernent aussi - dans une petite proportion - les Africains de la région des Grands lacs.

    Un sentiment « d’invasion » qui s’est installé dans les années 2000

    Reste que cette augmentation « continue » de l’immigration dans les pays riches donne du grain à moudre à certaines théories, notamment celle du « #grand_remplacement ». Cette théorie repose sur l’idée xénophobe que la population française serait peu à peu remplacée par une autre, en l’occurrence les populations africaines et les musulmans.

    Malgré la réalité des chiffres, les déclarations de François Bayrou résonnent comme une ouverture politique à l’extrême droite et elles dérangent une large partie de la classe politique à gauche. « Ce n’est pas avec un mot comme ça » que la « dynamique électorale du RN (...) sera cassée », a estimé sur LCI le politologue Jean-Yves Camus.

    La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet n’aurait, elle, « jamais tenu ces propos » qui la « gênent ». « On parle d’hommes et de femmes, de notre pays, la France qui, par son Histoire, par sa géographie, par sa culture, a toujours accueilli et s’est construite avec cette tradition ».

    https://www.infomigrants.net/fr/post/62526/aucun-indicateur-ne-donne-raison-a-francois-bayrou-sur-une-pretendue-s
    #migrations #statistiques #chiffres #fact-checking #idées_reçues #afflux #invasion #stéréotypes #mots #vocabulaire

    ping @karine4

    • La « submersion migratoire » ne correspond à aucune réalité scientifique

      Le premier ministre a évoqué, lundi 27 janvier sur LCI, le « sentiment de submersion » généré par l’immigration. Des propos qu’il a réitérés et assumés le lendemain, au sein de l’Assemblée nationale, indignant la gauche. Pourtant, les chiffres et les études sur le sujet démentent clairement cette idée. Entretien avec Tania Racho, spécialiste des questions relatives aux droits fondamentaux.

      Ce concept de submersion migratoire est-il fondé sur des données étayées par la recherche et des données institutionnelles sur les migrations ?

      Tania Racho : La réponse est non. En France, la population immigrée (les personnes nées à l’étranger et vivant en France) est de 10,7 %. Si on décompte parmi ces immigrés les personnes ayant la nationalité française, on arrive à 8,2 % des habitants sur le territoire national.

      Notons que, parmi ces 8,2 %, il y a à peu près 3,5 % d’Européens. Or souvent, derrière le mot étranger, on pense à des non-Européens qui ne représentent finalement que 6 % de la population française.
      Immigrés arrivés en France en 2022 selon leur continent de naissance

      La France est loin d’être le pays le plus accueillant en Europe pour les étrangers ou dans le monde d’ailleurs. En comparaison, c’est 15 % de la population américaine qui est immigrée, et 16 % en Suède.

      Derrière ces chiffres, il y a de nombreux statuts différents qui distinguent les étrangers. On parle souvent des primo-arrivants dans le discours politique. Or, ces arrivées sont relativement stables, avec à peu près 300 000 personnes par an. Parmi elles, un tiers sont des étudiants qui ont vocation à ne pas rester, un autre tiers correspond à l’immigration familiale. Le dernier tiers se décompose en immigration de travail et titres de séjour humanitaire délivrés pour les réfugiés.

      Il faut aussi prendre en compte le solde migratoire (ou accroissement migratoire) qui est la différence entre le nombre de personnes qui sont entrées sur un territoire (immigrants) et le nombre de personnes qui en sont sorties (émigrants). En 2023, le solde positif n’est que de 183 000 personnes.

      Est-ce que ces arrivées ont augmenté ?

      T.R : Les arrivées ont effectivement augmenté ces dix dernières années : en 2010 il y avait 8,5 % d’immigrés et en 2023 c’était 10,7 %. Par exemple, en 2010, on comptait 200 000 premiers titres de séjours délivrés, tandis qu’en 2023 c’est 300 000 : l’immigration a donc augmenté. Cela est lié à une dynamique globale : le phénomène de déplacement est plus important dans le monde, qu’il s’agisse d’une immigration organisée (étudiants, travailleurs, accords d’échanges entre pays) ou des déplacements forcés liés aux conflits. Lorsqu’une guerre éclate ou un conflit civil, les populations quittent leurs habitations le plus souvent pour un endroit proche, parfois dans le même pays.

      Lorsque le déplacement forcé implique de quitter son pays, il se traduit par une demande d’asile : il y en a eu 160 000 en 2023 en France. Le taux moyen de protection, c’est-à-dire la reconnaissance de statuts de réfugiés, se situe autour de 40 %. Les personnes concernées bénéficient alors d’un titre de séjour humanitaire, en tant que réfugiés. 60 000 personnes ont obtenu ce titre de séjour en 2023. En tout, il y a un peu plus de 500 000 réfugiés en France.

      Quid des personnes en situation irrégulière ?

      T.R : On ne connaît pas le chiffre exact correspondant à cette situation, mais une projection fondée sur les demandes d’aide médicale d’État (AME) nous permet d’évaluer leur nombre aux environ de 700 000 personnes. Ce que l’on sait en revanche, c’est qu’il n’y a eu que 30 000 régularisations de personnes en situation irrégulière en 2023 (comptées dans les premières délivrances de titres) dont un tiers par le travail et les deux tiers restants pour des situations familiales, ce qui est assez faible, en comparaison des 900 000 régularisations annoncées par l’Espagne par exemple.

      L’augmentation des arrivées justifie-t-elle le terme de « submersion » ?

      T.R : Encore une fois, non, avec 8,2 % d’étrangers en France et une augmentation des arrivées qui reste relative. D’ailleurs, le discours du premier ministre se situait selon lui au niveau du « ressenti » – il a parlé de « sentiment de submersion ».

      Mais ce sentiment ne correspond pas à la réalité, tout comme l’idée d’un « grand remplacement » ne repose sur aucune réalité. Ce concept vient de Renaud Camus, un penseur d’extrême droite qui a repris une étude des Nations unies des années 2000 indiquant que l’absence d’immigration poserait de grandes difficultés démographiques pour l’Europe et donc que l’immigration était nécessaire !

      Comment comprendre la persistance des discours politiques ou des sondages attestant de ce « sentiment » qu’il y a trop d’étrangers ?

      T.R : Ce qui est certain, c’est que les Français ont tendance à surestimer la population étrangère (23 % au lieu de 8,2 %), ce qui rejoint cette idée de sentiment de submersion mais qui n’est pas réel.

      Selon le démographe François Héran, cette mixité s’est effectivement renforcée depuis les années 1970. Il parle « d’infusion durable » avec un tiers des Français qui ont un parent ou un grand-parent immigré, ce qui laisse le temps de l’intégration. Il considère que « près d’un Français sur quatre a au moins un grand-parent immigré, ce qui permet un brassage diffus et évite un certain nombre de conflits. »

      Mais la surmédiatisation de certaines situations de migration a un impact important sur l’opinion. Par exemple, les personnes qui arrivent en situation irrégulière aux frontières de l’Union européenne, peuvent donner le « sentiment » que des flots de migrants débarquent en Europe.

      Dix mille ersonnes à Lampedusa c’est impressionnant, mais c’est une goutte d’eau à l’échelle européenne. D’ailleurs, les arrivées en bateau sont en baisse en 2024 par rapport à 2023. Dans l’ensemble, les personnes qui arrivent illégalement en Europe n’étaient que 355 000 personnes en 2023. Cela ne représente que 0,07 % de la population européenne.

      Quelle est votre conclusion sur cette polémique déclenchée par François Bayrou, mais qui s’inscrit dans une série déjà longue ?

      T.R : C’est le signe inquiétant d’une distanciation des personnalités politiques avec la réalité chiffrée et celle des études, de la recherche.

      https://theconversation.com/la-submersion-migratoire-ne-correspond-a-aucune-realite-scientifiqu

    • Immigration : les chiffres qui réfutent « la submersion migratoire »

      Toutes les données chiffrées indiquent que la France ne fait aucunement face à une immigration démesurée. Bien au contraire, de nombreux pays, en Europe et dans le monde, accueillent bien plus d’étrangers que l’Hexagone.

      En évoquant, fin janvier, à la télévision puis devant les députés, un prétendu « sentiment de submersion » migratoire, le premier ministre, François Bayrou, s’appuie sur une réalité : la surestimation de la proportion d’étrangers en France, par la population.

      La dernière étude d’Eurostat à ce sujet indique une différence de 15 points entre le pourcentage réel du nombre d’immigrés en France et celui estimé par les Français. En moyenne, au sein de l’Union européenne, la population pense « accueillir » 3,4 fois plus d’étrangers qu’il y en a en réalité et, selon cette même étude, la principale cause de cette surestimation est le fait du discours médiatique et de la crainte entretenue des immigrés sur le marché du travail.
      Le fantasme d’une immigration démesurée

      Le premier ministre connaît ces chiffres. C’est donc sciemment qu’il choisit de mener une politique migratoire davantage basée sur un « sentiment » que sur des données chiffrées.

      En réalité, la France est loin d’être confrontée à une immigration démesurée et non maîtrisée. Les personnes nées à l’étranger et vivant en France représentent 10,7 % de la population. Si on soustrait de ce pourcentage de personnes immigrées celles qui ont la nationalité française, on parvient à un taux de 8,2 % des habitants sur le territoire national.

      Parmi eux, 3,5 % sont des Européens. Les étrangers non européens ne représentent finalement que 6 % de la population française. On est bien loin du « grand remplacement » prédit par les pseudo-prophètes d’extrême droite auxquels François Bayrou a décidé de donner du crédit.

      La France est, par ailleurs, loin d’être le pays le plus accueillant. Les personnes nées à l’étranger représentent 15 % de la population aux États-Unis et 16 % en Suède, soit le double de la France.
      Spéculations sur les immigrants en situation irrégulière

      Selon les derniers chiffres du ministère de l’Intérieur, 326 954 premiers titres de séjour ont été délivrés en 2023 par la France. Un chiffre stable par rapport aux années précédentes. Parmi ces « primo-arrivants », un tiers sont des étudiants qui, pour la plupart, repartiront après leurs études, 60 000 sont des réfugiés, accueillis dans un cadre humanitaire, et environ 40 000 sont issus d’une immigration de travail. Le dernier tiers correspond à de l’immigration familiale.

      Les prédicateurs xénophobes répondent généralement à ces réalités chiffrées par le fantasme d’un déferlement d’immigrés en situation irrégulière. En réalité, leur nombre exact n’est connu de personne. Mais, en s’appuyant sur l’enregistrement des demandes d’aide médicale d’État, on peut l’évaluer aux environ de 700 000 personnes.

      Un chiffre bien en dessous des 900 000 régularisations annoncées par l’Espagne quand la France, elle, n’en a, par ailleurs, effectué que 30 000 en 2023. Plus largement, les personnes arrivant illégalement en Europe n’étaient, selon l’agence Frontex, que 355 000 en 2023. C’est-à-dire 0,07 % du total de la population européenne. En clair, ceux qui parlent de « submersion migratoire » sont des menteurs.

      https://www.humanite.fr/societe/gouvernement-bayrou/immigration-les-chiffres-qui-refutent-la-submersion-migratoire

  • Essor de l’#enseignement_privé, asphyxie des #universités : l’Etat joue contre son camp

    Mathis d’Aquino, doctorant à Sciences Po Bordeaux, estime que les pouvoirs publics doivent cesser de financer l’offre d’enseignement supérieur privée et de placer les universités dans une situation financière intenable.

    La chronique de fin d’année 2024 sur les aides à l’embauche d’apprentis1 soulève des interrogations quant au financement de l’enseignement supérieur privé. Depuis la réforme de 2018 sur l’#apprentissage, le secteur privé lucratif du supérieur connaît une croissance exponentielle, portée par la création massive de #centres_de_formation_d’apprentis (#CFA), captant les fonds publics de l’apprentissage.

    Soutenues par un cadre législatif aussi libéral qu’obsolète, ces écoles jouissent d’une agilité déconcertante, là où les #universités_publiques subissent une #rigidité_structurelle. Le privé se déploie très vite, sur des niches sectorielles qui s’étendent du design jusqu’au droit.

    Mais ce « succès » repose sur une demande artificielle créée par des dispositifs marchands, et sur un soutien de l’État dont il est difficile de comprendre les justifications.

    Les #écoles_privées s’insèrent en effet dans un maquis informationnel, où l’#opacité devient une stratégie. La recherche empirique que j’ai menée à Bordeaux entre 2023 et 2024 révèle que familles et étudiants peinent à distinguer les degrés de reconnaissance d’une formation.

    Certaines écoles vendent comme « #diplôme_d’Etat » de simples titres #RNCP [#Répertoire_national_des_certifications_professionnelles, NDLR.], alors que ces derniers ne sont qu’une #certification par le ministère du Travail de l’adéquation entre la #formation et les #besoins_économiques à un instant T, sans contrôle de la qualité des enseignements délivrés.

    De même, les établissements privés jouent du halo terminologique qui entoure les noms des diplômes, comme « Bachelor » (terme non réglementé) ou « Mastère », jouant clairement sur l’ambiguïté avec le « Master » délivré par les universités publiques et reconnu, lui, par l’État. Malheureusement pour les étudiants qui peinent – légitimement – à s’y retrouver, un petit « e » en plus, ce sont de grandes opportunités en moins.

    Au-delà de cette #confusion délibérément entretenue, les stratégies de captation versent parfois dans la #publicité_mensongère. En 2023, la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) a mis en lumière l’usage illégal de mentions telles que « #licence » ou « #master », facilement observable dans les #salons_d’orientation et sur Internet.

    Ces salons eux-mêmes, prétendument conçus pour éclairer les familles, deviennent des vitrines biaisées où les écoles lucratives sont surreprésentées. Ils sont devenus un véritable maquis d’où les familles ressortent désorientées, ce qui est un comble.

    Discours trompeurs

    Il est d’autant plus difficile de s’y retrouver que les établissements privés développent un discours transformant leurs vices en vertus. L’absence d’un corps professoral permanent, remplacé par des intervenants qui font quelques tours et puis s’en vont, est ainsi valorisée comme une marque de #professionnalisation, masquant en réalité une incapacité à recruter et maintenir des enseignants qualifiés.

    Plus généralement, les écoles privées s’approprient le discours dominant sur « l’#employabilité » (relayé par les pouvoirs publics) en proposant des formations en #alternance rendues « gratuites » grâce aux #aides_publiques. Dans un contexte de réduction des aides à l’embauche d’apprentis, la contraction des offres de contrat d’apprentissage va rendre cette promesse de « gratuité » plus difficile à tenir, exigeant des étudiants et de leurs familles qu’ils redoublent de vigilance.

    De la même façon, l’argument du recrutement « hors #Parcoursup » masque leur incapacité à répondre aux critères de la plate-forme d’accès à l’enseignement supérieur, tout en jouant sur les peurs et imaginaires des étudiants. Mais aujourd’hui ces établissements créent des alternatives telles que #ParcoursPrivé, revendiquant un rôle d’#anti-Parcoursup, tout en mimant son modèle.

    Dépendance aux #subventions_publiques

    Dernier ingrédient pour assurer au privé un avenir radieux : l’injection de #subventions. La loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » de 2018 a conduit à une explosion du supérieur lucratif, en faisant sauter toutes les barrières à l’entrée dans la création d’une école, et en finançant le secteur privé via l’apprentissage.

    Ces écoles, qui derrière des noms rutilants sont souvent des Centres de Formation d’Apprentis (CFA), ne pourraient survivre sans ces aides publiques, qu’elles défendent naturellement avec une ardeur révélatrice. La « réussite » actuelle de la politique d’apprentissage ne dépend que des financements à guichet ouvert, alimentant des profits privés, à l’heure où les #universités sont, elles, assoiffées (d’aucuns diront volontairement ?).

    Une des solutions récemment avancées par les pouvoirs publics était de créer un #label attestant de la qualité des formations. Mais on ne dénombre déjà pas moins d’une trentaine de labels dans le supérieur ! Ce chaos normatif reporte sur les familles la responsabilité du tri, alors qu’elles sont déjà perdues dans cet univers saturé de certifications. L’État a la responsabilité de faire le ménage, y compris au sein des gros groupes (chez qui pantouflent par ailleurs certains architectes de la loi de 2018).

    Ce nettoyage est d’autant plus important qu’en parallèle, les universités publiques, en sous-financement chronique, envisagent de fermer des formations et des campus. Cette #asphyxie_budgétaire accélère la privatisation du supérieur et place l’État dans une position intenable de grand financier du privé et de grand désengagé du public.

    La privatisation de l’#enseignement_supérieur pose de graves questions de #démocratie, de contrôle et de qualité. Par son financement aveugle et sa passivité réglementaire, l’État soutient sur fonds publics un système qui finance des profits privés.

    À l’heure où les universités luttent pour leur survie, il est urgent que l’État reprenne la main : en régulant fermement, en surveillant les pratiques abusives et en soutenant et valorisant ses établissements publics, où la qualité de la formation et de la recherche est assurée.

    L’État doit défendre ses propres établissements, réguler le secteur privé bien au-delà de la simple apposition d’un label, et ne pas faire reposer sur des familles endettées, déçues et désemparées, la #responsabilité de choisir l’incertain.

    https://www.alternatives-economiques.fr/essor-prive-asphyxie-universites-letat-a-contre-emploi-lens/00113661
    #privatisation #ESR #enseignement_supérieur #France #financement #facs #université #régulation

  • L’enseignement supérieur au temps de l’IA...

    J’ai vécu mes premières soutenances « #IA_générative » cette année, c’était une expérience très perturbante. J’en parlerai plus en détail à l’occasion (parce que là : dodo), mais c’était totalement dingue.

    Or donc : dans une UE de master 2, nous demandons aux étudiant.e.s de lire un article scientifique (à choisir dans une liste constituée par nous, les enseignant.e.s).

    Iels doivent le comprendre, et ensuite nous restituer cela sous forme d’une présentation de 10 minutes où iels nous expliquent la problématique abordée, son contexte, l’état de l’art, la méthode proposée, la nature de l’évaluation des résultats, etc.

    Ils ont plusieurs semaines pour faire ça (genre au moins deux mois...)

    Evidemment, il y a toujours de supers étudiant.e.s qui ont tout pigé, sont super clair.e.s, répondent à nos question, et on est content.e.s... et des glandu.e.s qui n’ont pas fichu grand chose, qui ont une compréhension vague et superficielle de l’article, et finissent avec une pas très bonne note, bref, la vie d’enseignant.e.

    J’étais dans l’un des jurys qui a fait passer ces soutenances hier, et on a eu pour la première fois des présentations « systèmes d’IA génératifs » :

    Premier cas : la présentation n’est constitué que de gros blocs de texte (genre 10 lignes par diapo), que l’étudiant.e annone sans même regarder le jury.

    Pendant 10 minutes.

    Aucune illustration issue de l’article (ni de l’architecture du système proposé, du dispositif robotique expérimental utilisé pour les tests, ni des graphes et figures de résultats : rien), juste du texte.

    Et pas n’importe quel texte : juste un résumé très vague, disant à peine plus que le résumé des auteurs en début d’article.

    Le collègue et moi on a passé un très mauvais moment, c’était atroce d’assister à ça.

    Mon hypothèse : la personne n’a pas lu l’article, à demandé à ChatGPT de le résumer en deux pages et a ensuite copié-collé le résultat sur 10 diapos.

    Seule certitude après les questions : cette personne n’avait rien compris du papier.

    Deuxième exemple, et pire truc que j’aie jamais vu dans un tel examen : la présentation IA générative totale !

    Les diapos ont été générées par Gamma, aucun doute là dessus : c’était écrit dans un coin des slides.

    Je vous laisse visiter le site web qui correspond : https://gamma.app/fr

    En gros, vous fournissez du contenu, un système d’IA à la con vous génère des diapos.

    Le rêve humide de tout le middle-management linkedinien.

    Sauf que le contenu fourni devait aussi sortir de plusieurs systèmes d’IA générative :
    Un texte confus, vague, avec les bon mots-clefs mais un peu dans le désordre. Aucune équation, aucun algorithme, juste des fancy bullet points.
    Et des images, des putains d’images, sur chaque putain de diapos. De ces images atroces générées par des systèmes d’IA, avec ce style dégueulasse qu’on reconnait à 100 m.

    Un article scientifique en Intelligence Artificielle, pour celleux d’entre-vous qui n’en sont pas familier, ça regorge de contenu graphique : description du système avec des boîtes et des flèches, algorithme en pseudo-code, courbes de résultats...

    Bref, dans l’exercice dont je vous parle ce soir, il va de soi que ce contenu va être copié et intégré à la présentation, pour appuyer les explications.

    Là non : plein d’images, aucune issue de l’article.

    Et puis des diagrammes à la con, du genre un de ces trucs qui de loin ressemble à 4 axes avec éléments positionnés de manière qualitative, du genre le mème classique ci-dessous.

    Sauf que là les noms des axes ont un vague rapport avec l’article, et les items disposés sont des mots-clefs de l’article, mais qui n’ont aucun rapport avec les axes. Du pur charabia graphique qui sent son IA générative à plein nez.

    Et puis la personne qui parle, en mode linkedin x ChatGPT : les mots sont là, mais pas vraiment dans l’ordre. C’est vraiment comme quand tu demandes à ChatGPT de parler d’un sujet technique que tu connais bien : ça semble, superficiellement, parler du truc, mais rien n’est vraiment vrai, rien n’est clair, des truc à moitiés faux... à croire qu’on nous a envoyé non pas un humain, mais un androïde connecté à internet.

    J’oublie de préciser : sur l’unique diapo qui présente les résultats de l’article, il y a des bullet points (pas clairs, et mentionnant des chiffres dont je ne suis même pas sûr qu’ils soient dans l’article) et...

    ...

    une image générée par une IA représentant un graphe scientifique générique. Je vous le reproduis ci-dessous tellement j’ai halluciné.

    Il y a 10 figures de vrais résultats scientifique dans l’article, mais l’étudiant.e nous colle une fausse figure scientifique.

    Pour... Pour montrer à des scientifiques (nous, dans le jury) à quoi ressemble un graphe scientifique en général ?

    A quoi ça rime ?

    (à rien)

    Démonstration finale qu’on avait bien affaire à un LLM incarné et pas à un humain : doutant sérieusement de la compréhension du papier, et après quelques questions sans réponse, ou avec réponse fausse, je demande : « c’est quoi la fonction schmürz* ? »

    Le schmürz en question, c’est un truc hyper classique, utilisé dans l’article et que l’étudiant.e a mentionné plusieurs fois pendant la présentation confuse qui avait précédé les questions.

    * : cette fonction a demandé à garder l’anonymat

    Là, au lieu de dire juste « je sais pas », l’étudiant.e prend une craie se tourne vers le tableau et écrit « schmürz = » et s’arrête là.

    Comme si écrire ces deux mots allait nécessairement permettre de prédire le prochain item le plus probable et donc de finir l’explication...

    Ces deux spécimens se sont retrouvés dans une série de 4 soutenance vraiment pas terribles, à la pause qui a suivie, mon collègue et moi nous sommes demandés ce qui se passait, si s’en était fini de l’enseignement supérieur, si par hasard c’était pas une caméra cachée... on n’avait jamais vécu un truc pareil.

    https://mastodon.zaclys.com/@LegalizeBrain/113800866669708129

    #IA #AI #intelligence_artificielle #enseignement #université #fac #ESR #mémoires #chatGPT
    #horreur #peur

  • « #Carte_du_QI » : le député d’extrême droite #Alexandre_Allegret-Pilot partage une théorie raciste

    Le député Alexandre Allegret-Pilot (UDR) a diffusé sur X une carte dont sont friands les partisans de la théorie d’une #hiérarchisation_intellectuelle_des_races. Interrogé par Mediapart, il dit la trouver « intéressante » et dénonce un « procès d’intention ».


    Le rythme est difficile à suivre. Sur son compte X public, le député d’extrême droite Alexandre Allegret-Pilot publie une dizaine de messages par jour, parfois plusieurs fois par heure. Aux photos de paysages montagneux et d’églises se mélangent diverses invectives contre la gauche, moqueries des questions de justice sociale et critiques des « bien-pensants ».

    En général, ses publications ne touchent pas grand monde – le compte d’Alexandre Allegret-Pilot, élu en juillet 2024 sous la bannière Rassemblement national (RN) et les Républicains d’Éric Ciotti, n’est suivi que par 2 000 internautes. De temps en temps cependant, la popularité d’un message s’envole. C’est le cas d’une publication du 26 décembre, qui a touché près de 400 000 personnes en trois jours.

    On y voit une carte du monde censée représenter le « #Quotient_intellectuel (#QI) moyen par pays en 2024 », écrit le député, ajoutant que « les six premiers pays sont asiatiques ». Cette illustration n’est pas anodine ; il s’agit d’une carte régulièrement partagée par les tenants d’une idéologie raciste, qui supposent une #hiérarchie_raciale du QI dans le monde.

    Le continent africain et le Moyen-Orient y apparaissent en rouge, symbolisant, selon l’échelle et le gradient de couleur sélectionné, une infériorité supposée du quotient intellectuel des populations de ces régions du monde, par rapport aux Européens ou à la Chine et au Japon. Le QI est une unité de mesure obtenue avec un test ​​psychologique, censée représenter de manière abstraite le niveau d’intelligence d’une personne.

    Interrogé par Mediapart, le député Allegret-Pilot assure ne pas voir de problème dans cette représentation : « L’objet de ma publication se limite à mon commentaire, à savoir constater la performance des pays asiatiques. [...] Je ne m’intéresse pas à savoir qui partage quoi et m’en tiens à communiquer les informations ou représentations graphiques que je trouve intéressantes. »

    Des données contestées qui soutiennent une idéologie raciste

    La « carte du QI » a émergé au milieu des années 2000, après la publication de l’essai controversé IQ and Global Inequality (non traduit en français) du psychologue Richard Lynn et du chercheur en sciences politiques Tatu Vanhanen (https://en.wikipedia.org/wiki/IQ_and_Global_Inequality). La méthodologie et les conclusions des deux auteurs, qui déduisent un lien entre #génétique et #intelligence, ont été largement critiquées par la communauté scientifique.

    #Richard_Lynn s’est d’ailleurs vu retirer en 2018 son titre de professeur émérite par l’université d’Ulster (Irlande du Nord) à cause de vues qualifiées de « sexistes et racistes ». Il avait aussi théorisé l’idée selon laquelle les femmes seraient plus bêtes que les hommes, car elles auraient un cerveau de taille plus petite.

    « Il est important que les personnes qui voient cette carte aient conscience des différents facteurs qui peuvent nourrir ces différences [de QI]. L’hypothèse génétique n’est nullement démontrée, et il existe des hypothèses mieux étayées par les données », explique à Mediapart le chercheur en sciences cognitives Franck Ramus. Ce directeur de recherche au CNRS a consacré un billet de blog à cette « carte mondiale des QI » en 2019, alors qu’une partie de la fachosphère s’était donné pour mission de la partager un maximum – Libération s’en était alors fait l’écho.

    « Tout le problème réside dans l’interprétation qu’on donne à cette carte. L’erreur est de penser qu’elle décrit quelque chose de définitif, de parfaitement objectif qui décrirait des différences intrinsèques entre les peuples de différents pays », ajoute Franck Ramus.

    Le chercheur a envoyé publiquement son article au député Alexandre Allegret-Pilot, qui lui a simplement répondu, samedi, « Article qui confirme la pertinence des données. Merci », suivi d’une émoticône en forme de cœur. La publication souligne à l’inverse que les méthodes utilisées sont contestables, notamment parce que « les scores représentés n’ont pas été obtenus avec des tests comparables sur des échantillons représentatifs de la population dans chaque pays ».

    –—

    La #fachosphère et la « #cartosphère »

    C’est en référence à cette carte que certains internautes ont commencé à détourner l’émoji « planisphère », notamment sur le web français à la fin des années 2010. Alors que le chirurgien Laurent Alexandre demande le retrait de la « carte du QI » du site Wikipédia car elle serait « un encouragement aux thèses extrémistes et ségrégationnistes », des opposants décident au contraire de s’en emparer et de la diffuser massivement, sous forme d’illustration ou d’émoticône.

    Cette pratique est courante au sein de la fachosphère, pour qui les images simples et les symboles facilement identifiables sont à la fois des signes de ralliement et une manière efficace et peu coûteuse de propager des théories xénophobes. Le geste « OK » est par exemple considéré comme un signe haineux, tandis que le symbole « enseigne de barbier » est utilisé par des internautes français pour signifier leur satisfaction lorsqu’un homme racisé décède.

    –—

    « Cette carte n’a été validée par aucune étude scientifique sérieuse, elle a été faite pour propager une vision raciste du monde, a commenté la journaliste scientifique britannique Angela Saini, autrice du livre Superior : The Return of Race Science (non traduit en français) en 2020 au micro de FranceInfo (https://en.wikipedia.org/wiki/Superior:_The_Return_of_Race_Science). Le racisme et le suprémacisme blanc reviennent en force aujourd’hui. Ces #idéologies se tournent toujours vers la science pour se légitimer. Parce que la #science, c’est censé être objectif. »

    Auprès de Mediapart, le député Alexandre Allegret-Pilot parle d’un « procès d’intention », et assure ne pas y voir de problème. « Toutes les cartes ont des #biais et critiques : je publie régulièrement des cartes et graphiques (aucun n’étant exempt de biais et critiques potentiels) mais celle-ci semble déclencher une réaction toute passionnelle et sans lien avec son objet. »

    Les #réseaux_sociaux comme terrain de jeu de l’#extrême_droite

    Il est vrai que le député, désormais affilié à l’Union des droites pour la République (UDR), le parti d’Éric Ciotti, partage de nombreuses cartes et graphiques, le plus souvent sans citer de sources. Des heures annuelles travaillées par habitant dans le monde au taux de production industrielle en Suisse, de l’augmentation du nombre de célibataires sans enfant aux États-Unis au pourcentage d’hommes chez les assistant·es maternel·les… Tout est envoyé pêle-mêle, sans, visiblement, aucun besoin d’approfondir.

    L’élu de la 5e circonscription du Gard comptait, au cours de la campagne des législatives surprises de cet été, parmi les « brebis galeuses », selon l’expression de Jordan Bardella, que le Rassemblement national a laissées se présenter sous sa bannière, malgré la découverte de leurs nombreuses casseroles.

    Midi Libre, par exemple, avait retrouvé des tweets dans lesquels Alexandre Allegret-Pilot assurait que la « parité est une régression » ou avait suggéré un « aller simple » en avion à Rima Hassan, candidate LFI aux européennes. Il n’avait pas contesté leur authenticité, mais estimait être « victime d’une cabale malhonnête ».

    Ces publications exhumées n’ont pas empêché celui qui se définit comme « montagnard et entrepreneur » – et qui fait aussi l’objet d’une enquête du Parquet national financier pour avoir potentiellement signé un arrêté illégal alors qu’il était en poste à Bercy, une histoire rocambolesque révélée par Le Monde – de l’emporter avec 51,58 % des voix, face au député sortant Michel Sala (LFI).

    Par écrit, Alexandre Allegret-Pilot assure à Mediapart qu’il « soutient la lutte contre le racisme et le sexisme » mais qu’il est « critique (parfois moqueur) envers tous les militants racistes et sexistes (y compris misandres donc) ».

    En octobre 2024, Marine Le Pen aurait demandé à tous les nouveaux collaborateurs parlementaires des député·es RN de faire connaître « leurs éventuels anciens tweets problématiques, photos compromettantes sur les réseaux sociaux ou engagements trop radicaux », selon La Lettre, ce qui n’a pas empêché plusieurs médias comme Mediapart, Les Jours ou StreetPress de mettre au jour certains de leurs propos xénophobes, racistes ou sexistes. Confronté·es à ces écrits, pour la plupart mis en ligne sur les plateformes comme Facebook ou X, certain·es député·s RN ont choisi de prendre la défense de leurs collaborateurs et collaboratrices.

    Alexandre Allegret-Pilot a quant à lui décidé de laisser en ligne sa publication de la « carte de QI », qui a engendré plus de deux cents réponses en soixante-douze heures. Une partie des internautes lui indique que cette représentation est « raciste », certain·es lui rappellent qu’elle n’a « aucun sens scientifiquement ». « Les conclusions, elles sont où, monsieur le député ? », lui lance un abonné. « Épousez une Japonaise », lui rétorque ce dernier. Dimanche 29 décembre, X a finalement restreint l’accès au post en France, à la suite de signalements d’utilisateurs du réseau social.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/301224/carte-du-qi-le-depute-d-extreme-droite-alexandre-allegret-pilot-partage-un
    #racisme #QI #cartographie #visualisation

    ping @reka @visionscarto @cede @karine4

  • Octopus_Energy : surfacturation de ma consommation

    Apparition d’un bonus sur la facture, au bout d’une année.
    #Curieux ! Octipus appelle cela une cagnotte.

    Donc, Octopus_Energy m’a sur facturé ma consommation (presque un mois de facturation) pour un an !
    A ce qu’il parait, c’est pour encourager ma légère baisse de consommation.

    Quelle qu’en soit l’explication fournie, je la trouve #inadmissible .
    Le blablabla sur l’électricité verte afin de justifier ce carottage est injustifiable.

    #énergie #France #électricité #facture

  • Sénégal : un groupe Facebook pour venir en aide aux familles de migrants portés disparus - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/61784/senegal--un-groupe-facebook-pour-venir-en-aide-aux-familles-de-migrant

    Sénégal : un groupe Facebook pour venir en aide aux familles de migrants portés disparus
    Par RFI Publié le : 27/12/2024
    Au Sénégal, le bilan meurtrier de la migration par la route atlantique s’alourdit. Il y a quelques semaines, une pirogue transportant 170 personnes était déclarée disparue en mer. Face à ces départs qui ne s’arrêtent pas, les familles peinent à trouver des renseignements sur leurs proches disparus, au point qu’au Sénégal, un groupe Facebook est devenu une interface pour aider à retrouver la trace de personnes parties en mer.
    Créé en 2018, pour retrouver une pièce d’identité égarée, le groupe Facebook « trouvé ou perdu » est depuis devenu l’une des principales plateformes de recherche de migrants disparus en mer, comme l’explique l’un de ses administrateurs Abderrahmane Dame : « Il y a des demandes presque tous les jours. Dans la semaine, on peut avoir cinq à six cas minimum de déclaration. On fait la publication avec l’image de la personne, et on parle de la période où la personne a pris la pirogue. C’est comme ça qu’on obtient parfois des informations. »
    Avec plus de 200 000 abonnés, le groupe Facebook s’est imposé comme la plateforme de recherche des disparus. Il y a trois mois, les treize administrateurs bénévoles de la page ont même créé une application pour accélérer l’identification des victimes, un site web est aussi en préparation. « On travaille avec les hôpitaux, les sapeurs-pompiers et la gendarmerie, explique Abderrahmane Dame. Et le plus souvent, il nous envoie des images des gens qui sont repêchés dans la mer pour qu’on puisse faire la publication pour permettre aux abonnés d’identifier ces personnes. »
    Une demande qui révèle l’ampleur du désarroi des familles qui se demandent si les migrants disparus ont été arrêtés, détenus, ou s’ils sont morts en mer. Du côté du ministère des Sénégalais de l’extérieur, on confirme que les demandes de renseignement des familles de migrants sont nombreuses et que face à l’ampleur des départs clandestins, beaucoup de disparitions restent non élucidées.
    À ce jour, il n’existe aucun dispositif de l’État du Sénégal pour recenser les migrants morts ou portés disparus.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#mortalite#sante#disparu#migrationirreguliere#facebook#routemigratoire

  • Colère immense
    À Sciences Po-Grenoble, l’externalisation du ménage se passe déjà mal
    Depuis un mois, les agents de ménage de Sciences Po-Grenoble ne sont plus en contrat direct avec l’établissement mais avec un géant de la sous-traitance, Atalian. Salaires versés en retard, sous-effectif, suppression de semaines de congés… Les salariés constatent déjà une dégradation de leurs conditions de travail. https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/081224/sciences-po-grenoble-l-externalisation-du-menage-se-passe-deja-mal
    #capitalisme_esclavage

  • L’#essentiel sur... les #immigrés et les #étrangers

    Combien y a-t-il d’immigrés et d’étrangers en France ? Quelle est l’évolution des flux migratoires ? Quelle est leur situation face à l’emploi ? Quelle est la fécondité des femmes immigrées ?…

    L’essentiel sur… les immigrés et les étrangers fournit des éléments de cadrage pour aborder ces questions, à l’aide de chiffres clés représentés de manière visuelle et d’un court commentaire.

    https://www.insee.fr/fr/statistiques/3633212

    #statistiques #chiffres #fact-checking #migrations #INSEE #France #visualisation #graphiques #démographie

    cité ici :
    Le projet de loi immigration instrumentalise la #langue pour rejeter des « migrants »
    https://seenthis.net/messages/1025157

    ping @karine4 @reka

    • Quelle est la fécondité des femmes immigrées ?… quant à la fécondité des natives femmes d’immigrés pourquoi la question n’est jamais abordée ?

  • Au #Salon_AGIR, l’irrésistible ascension de la #haute_technologie dans le domaine de la #sécurité_intérieure

    Organisées une fois par an par la #gendarmerie, ces rencontres mettent en relation « porteurs de projet » publics et industriels de la #sécurité appâtés par un #marché estimé à 30 milliards d’euros.

    Jeudi 28 novembre, dans la salle de réception du beffroi de Montrouge (Val-de-Marne), des gendarmes, des pompiers ou des policiers en civil installés à des tables hautes attendent la visite d’industriels. Les pancartes posées près d’eux détaillent sur leurs besoins – lutte antidrones, systèmes de communication, acquisition de renseignement, cybersécurité… Pour sa quatrième édition, le salon AGIR (Accompagnement par la gendarmerie de l’#innovation, de l’#industrie et de la #recherche), témoigne de l’irrésistible – et parfois inquiétante – ascension de la haute technologie dans le domaine de la sécurité intérieure. Depuis la première édition du salon, en 2021, le nombre de sociétés du secteur présentes est passé de 110 à près de 500.

    Comme pour un speed-dating, chaque professionnel dispose d’un quart d’heure pour convaincre un « porteur de besoin » qu’il possède une solution adaptée ou est capable de la développer. Les rendez-vous, ponctués d’un sabir mêlant anglais des affaires et jargon de la sécurité, concernent un large spectre de besoins, du compostage de déchets organiques pour les réfectoires au logiciel de très haute technologie destiné au traitement de masse des données numériques. « En revanche, on ne tope pas à la fin de la journée », précise le colonel Mikaël Petit, conseiller innovation/transformation au pôle stratégie de la Direction générale de la Gendarmerie nationale et cheville ouvrière du salon. Après une première prise de contact, un processus de définition des besoins précis et de collaboration s’étend sur plusieurs mois avant que le produit fini soit validé et mis en service.

    Les entreprises présentes, parfois des start-up, constituent le cœur de cible des partenariats espérés par les services de sécurité et de secours en raison de l’importance prise par les technologies « duales », dont l’usage relève à la fois de la #sécurité ou de la #défense, et du #civil. Les #drones en fournissent un excellent exemple. S’il y a peu de chances que des criminels puissent déployer un engin volant de type militaire, le recours à des drones civils à des fins offensives ou de renseignement a été déjà été observé, pour livrer de la drogue derrière les murs d’une enceinte carcérale ou scruter les mouvements des concurrents d’un narcotrafiquant. Or, dans la quasi-totalité des cas, des drones acquis dans le commerce sont utilisés pour parvenir à de telles fins. « D’où l’importance de connaître cet écosystème et trouver rapidement une solution à un besoin opérationnel », précise encore le colonel Petit.

    Deux millions d’euros de contrats en 2021

    En 2021, lorsque la gendarmerie acquiert ses quatre-vingt-dix exemplaires du #Centaure, un blindé polyvalent entré en service un an plus tard, elle ne dispose toujours pas de simulateur de pilotage. #Exail, une société spécialisée basée à Lannion (Côtes-d’Armor), se présente à la première édition du salon. « Nous avions trente-cinq ans d’expérience dans l’élaboration de simulateurs pour la conduite d’urgence ou les services d’intervention, nous avons adapté nos solutions et remporté le marché », détaille #Louis_Elcabache, le responsable des ventes de l’entreprise. Idem pour #Factem, une entreprise installée à Bayeux (Calavdos) qui conçoit notamment les « casques de pont d’envol » utilisés sur les porte-avions : elle développera le système audio de communication pour le conducteur du blindé et les autres personnels embarqués. « Avant ça, nous étions présents sur le marché de la défense mais pas sur celui de la sécurité intérieure », détaille Quentin Plattier, ingénieur produits de la société.

    Pour les représentants de ces #TPE et #PME, mettre un pied dans la porte des commandes publiques du ministère de l’intérieur constitue un enjeu fondamental pour s’affirmer dans un #marché_global (#sécurité_privée et #sécurité_de_l’Etat) estimé à trente milliards d’euros au niveau national, sans compter le statut de fournisseur officiel d’une institution régalienne, qui peut assurer d’intéressants débouchés dans le privé ou à l’international. « Lorsque des délégations étrangères visitent les centres où sont déployés nos simulateurs, on ne va pas se mentir, ça nous fait de la pub », dit encore Louis Elcabache. « Mais pour arriver à ce résultat, nos clients, gendarmes en tête, nous mettent quand même pas mal la pression et n’hésitent pas à faire jouer la concurrence, avec une approche très offensive de la négociation », explique un autre industriel sous couvert d’anonymat.

    La gendarmerie revendique deux millions d’euros de contrats passés avec des industriels pour des besoins exprimés depuis le premier salon, en 2021, sans livrer le détail de la ventilation de ces marchés. Avec un art consommé de la communication et une certaine suite financière dans les idées, l’institution n’oublie jamais de tirer profit de ces partenariats. « Lorsque nous mettons à la disposition du projet l’un de nos mille ingénieurs ou trois cents docteurs pour des retours d’expérience sur des produits en cours de développement, nous négocions des parts de propriété intellectuelle », explique encore le colonel Petit. Une habile initiative qui lui permet de percevoir une commission sur d’éventuelles futures ventes du produit.

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/11/29/au-salon-agir-l-irresistible-ascension-de-la-haute-technologie-dans-le-domai
    #AGIR #technologie #complexe_militaro-industriel #business #France

    ping @karine4

  • ABC des #procédures_disciplinaires pour violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur et la recherche


    Un #abécédaire pour quoi faire ?

    - Face aux violences sexistes et sexuelles trouver les premières informations permettant de découvrir rapidement les réponses juridiques à mettre en œuvre.
    - Fournir aux non-spécialistes quelques moyens clairs de s’orienter dans les procédures et d’agir à bon escient.

    Un abécédaire pour qui ?

    - Toute personne témoin, victime, intervenant·e de la communauté universitaire
    - (étudiant·e·s, enseignant·e·s, personnels BIATSS) et notamment membres des sections disciplinaires.

    Un abécédaire par qui ?

    - Laure Ignace, juriste et formatrice, www.laureignaceformation.fr
    - Catherine le Magueresse, doctoresse en droit privé et sciences criminelles, ex-Présidente de l’Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail (AVFT Libres et Egales)
    - Les membres du conseil d’administration de l’Association nationale des études féministes (ANEF)

    Un abécédaire à lire comment ?

    - Des notions de droit classées par ordre alphabétique.
    - Des liens hypertexte pour accéder aux documents originaux.
    - Des éléments bibliographiques pour prolonger la connaissance.

    Vie de l’abécédaire : La publication des articles est datée : s’agissant d’un site dynamique, des actualisations peuvent être apportées en permanence, les lectrices et lecteurs sont invité·e·s à faire connaître les modifications souhaitables.
    https://abcdroit-vss.fr

    #ESR #enseignement_supérieur #VSS #violences_sexistes #violences_sexuelles #université #facs #manuel #guide #justice

    ping @_kg_

  • L’#extrême_droite s’enracine dans les #universités

    Pour sa première rencontre avec des étudiants, le nouveau ministre français de la Recherche et de l’Enseignement supérieur, #Patrick_Hetzel, a choisi de se rendre à une conférence de l’#Union_nationale_interuniversitaire (#UNI), un syndicat radicalisé à l’extrême droite, dont des adhérents ont commis des violences et dont un ancien responsable s’est affiché avec un néonazi. C’est faire peu de cas de la présence de plus en plus agressive de l’extrême droite dans les universités. Un des derniers exemples en date : l’agression d’un étudiant de Solidaires à Paris fin septembre.

    Cela faisait à peine quatre jours qu’Axel, étudiant en sciences politiques à l’université Paris-Panthéon-Assas, avait repris les cours. Ce vendredi 27 septembre peu avant midi, cet adhérent de Solidaires étudiants sort de la fac pour sa pause déjeuner. « Juste devant le portail, il y avait une petite dizaine de militants d’extrême droite qui tractaient pour une manif en faveur de Philippine (jeune femme tuée une semaine auparavant par un homme sous OQTF, dont l’extrême droite a fait un symbole du « laxisme » en matière d’immigration, NDLR). C’étaient des militants que l’on a déjà vu tracter pour les #Natifs (groupuscule qui regroupe d’anciens de #Génération_identitaire, dissous en 2021) et la #Cocarde_étudiante (#syndicat d’extrême droite). J’ai montré assez fermement que je ne voulais pas de leur #tract. Puis j’ai vu sur un panneau un #sticker de la Cocarde. Je l’ai recouvert d’un sticker antifa. J’ai été alpagué par un des gars qui m’a mis un coup d’épaule, pas violent mais intimidant, en me demandant ce que je faisais là. J’ai suivi mon chemin sans rien dire, me faisant traiter de baltringue et de connard. » A 12h02, Axel envoie alors un message que nous avons consulté à des amis, prévenant de la présence de fachos agressifs devant la fac.

    Mais arrivé au métro quelques dix minutes plus tard, il sent une présence derrière lui, et a à peine le temps de se retourner qu’il se retrouve propulsé au sol et frappé sur le corps et au visage. « J’ai hurlé, et ils ont pris la fuite, ça a duré quelques secondes mais c’était très violent. » Il a deux dents cassées et 10 jours d’arrêt de travail. Il a déposé plainte le lendemain, et deux passants ont témoigné en sa faveur.

    Les fantômes d’Assas la brune

    Dans cette université d’Assas, où est né le GUD (Groupe Union Défense, une bande de gros bras agressant violemment les étudiants de gauche) il y a 56 ans, l’incident rappelle de bien mauvais souvenirs. Dans les années 1970 et 1980, l’établissement était devenu le fief de l’extrême droite, avec une neutralité bienveillante de la direction et du corps enseignant -beaucoup de profs étaient ouvertement d’extrême-droite, comme le député Front national Jean-Claude Martinez. Les étudiants de gauche rasaient les murs, jusqu’à une relative normalisation dans les années 2000. « Aujourd’hui, hormis en droit, explique une étudiante, les étudiants sont soit peu politisés, soit plutôt de gauche. »

    Mais depuis quelques années, les traditions brunes de l’établissement semblent connaître un certain renouveau. Le 23 mars 2023, des étudiants d’Assas qui se rendaient à la manifestation contre la réforme des retraites, ont été agressés au niveau du Panthéon par une quinzaine de gros bras. « Un étudiant a eu le nez cassé. Les agresseurs étaient casqués, masqués, et avec des gants coqués », raconte un militant. Sur les réseaux sociaux, l’action est revendiquée par l’extrême droite, sous un sigle nauséabond : « #Waffen_Assas ».

    Les références nauséabondes au nazisme ont refleuri depuis le 7 octobre. La semaine dernière, un « Heil Hitler » a été tagué dans les toilettes. L’an dernier, sur les murs ont été collés des stickers détournant le logo d’uue association étudiante, marquée à gauche (« #Assas_in_Progress », transformé en « SS in progress ») et agrémentés d’une #croix_gammée.

    Des enseignants se sont aussi lâchés. Des étudiants ont signalé à la direction un chargé de TD qui aurait fait un #salut_nazi, quelques jours après la tuerie perpétrée par le Hamas le 7 octobre 2023.

    Pour les étudiants engagés à gauche, les liens étroits entre le #GUD et la Cocarde étudiante sont clairs : « La veille des élections des conseils de l’université de novembre 2022, une croix celtique du GUD avait été taguée devant la fac et le lendemain, des hommes habillés en noir et masqués avec des parapluies distribuaient agressivement des tracts pour la Cocarde Assas, bousculant les gens qui refusaient les tracts. » Sur les réseaux sociaux, #Luc_Lahalle, actuel assistant parlementaire de l’eurodéputée RN Catherine Griset, une intime de Marine Le Pen, posait en compagnie de Alois Vujinovic, un proche du chef du GUD, #Marc_de_Cacqueray, condamné à six mois de prison ferme en janvier 2019 pour des dégradations commises autour de l’Arc de Triomphe lors de la manifestation des gilets jaunes du 1er décembre 2018.

    À Lorient, des étudiants de l’UNI partisans de Zemmour impliqués dans des agressions et menaces

    Le 9 octobre dernier, à Lorient, Les Soulèvements de la Terre organisait une rencontre dans un bar-restaurant végétarien de la ville. Des étudiants d’extrême droite sont repérés à un arrêt de bus, à quelques 100 mètres du lieu. Des militants de gauche les photographient. Parmi eux, l’un est reconnu : Brieg L.

    « À un moment, raconte un militant de gauche présent ce jour-là, les camarades qui les observent les voient passer des cagoules et commencer à charger dans notre direction. Ils nous ont prévenus, des participants sont sortis, et les agresseurs ont finalement renoncé. Ils sont restés en embuscade dans une rue perpendiculaire, mais repérés, ils ont fini par fuir ». Une pantalonnade de pieds nickelés qui néanmoins inquiète, tant la situation à la fac de Lorient est tendue depuis un an.

    Dans la nuit du 30 septembre, les murs de l’université ont été recouverts de tags signés du GUD - « Radicalisez-vous contre la vermine gauchiste » - et s’en prenant à l’Union pirate, syndicat étudiant de gauche, la bête noire de l’extrême droite.

    En décembre dernier, des tracts anonymes avaient été retrouvés dans la fac, avec ces mots : « Comment déglinguons-nous l’Union pirate ? ». Avec un QR code qui, une fois scanné, renvoyait à une vidéo où l’on voyait un homme tirer sur le drapeau de ce syndicat, avec ce commentaire : « Comment nous déglinguons l’Union pirate. » « C’est un appel au meurtre », juge un étudiant. Or, la vidéo en question a été postée sur les réseaux sociaux via un compte utilisé par un certain Brieg L. - le même qui a tenté de s’en prendre aux Soulèvements de la Terre. Il a récemment été entendu par la police dans l’affaire de la vidéo du simulacre d’exécution.

    Or Brieg L., qui a milité pour Zemmour lors de la campagne pour la dernière présidentielle, est aussi de l’Union nationale interuniversitaire (UNI), comme en témoigne cette photo où il pose fièrement après un collage d’affiches. L’UNI : le syndicat auquel le ministre de l’Enseignement supérieur a rendu visite le 12 octobre dernier…

    L’UNI, syndicat radicalisé

    L’UNI, auquel le ministre dit avoir rendu visite pour « entendre [leurs] propositions et inquiétudes », est un syndicat historiquement lié à l’aile dure de la droite gaulliste qui s’est radicalisé à l’extrême droite. Créé en 1968 pour contrer le gauchisme dans les facs avec l’aide du Service d’Action civique (SAC, sorte de police parallèle, dissous en 1982), l’UNI, malgré des positions très droitières, était jusqu’à très récemment toujours resté fidèle à la droite dite « « républicaine ». #Olivier_Vial, son président - qui conseille par ailleurs les maires de stations de montagne dans leurs actions de lobbying anti-écologiste, est membre du bureau politique des Républicains.

    En 2013, il déclarait s’opposer à toute « alliance et accord avec l’extrême droite ». Une ligne balayée moins d’une décennie plus tard : au deuxième tour de la présidentielle de 2022, l’UNI a appelé à voter contre Emmanuel Macron.

    « L’UNI et #Génération_Z, quand j’y étais, c’était la même chose », explique Christopher, qui a un temps adhéré aux deux organisations, avant de partir, effrayé par leur extrémisme raciste. Étudiant à Dijon en 2022, c’est par le biais de l’UNI qu’il a fini par rejoindre les jeunes zemmouriens : « L’UNI joue un peu le rôle de rabatteur, se souvient-il. Ils se présentent comme un syndicat étudiant de droite, mais sans plus. Ils sont cools, ils organisaient des fêtes sympas, mais ils étaient aussi chez Zemmour, et c’est tout naturellement que j’ai fini aussi chez Génération Z. A Dijon, c’était la même organisation ». Propos racistes et antijuifs, croix gammées taguées dans une cité, chants nazis, homophobes et négrophobes : Christopher est reparti effrayé par ce qu’il a vu et a fini par tout raconter à Blast et au média local Kawa TV.

    Un ancien responsable de l’UNI pose près d’une croix gammée

    À Dijon, l’un des plus fervents partisans des Zemmour est un certain #Iannis_Moriaud. Lui aussi un ancien responsable de l’UNI dans ses années étudiantes - il s’est présenté sur une des listes du syndicat en 2014 - et resté très proche de ses amis militants de l’époque . Ce qui ne l’empêche pas d’avoir des sympathies néonazies : en 2022, il se fait photographier avec #Maxime_Brunerie, le militant d’extrême droite qui a tiré sur Jacques Chirac le 14 juillet 2002. Mais, stupide étourderie, l’agrandissement de la photo révèle un élément inattendu de la décoration intérieure : un drapeau nazi, et des tasses ornées de la croix gammée.

    Nombreux sont les militants d’extrême droite adhérents ou proches de l’UNI, ce syndicat choyé par le ministre. Ainsi, le 7 avril dernier, deux activistes du groupuscule #Nemesis ont perturbé le carnaval de Besançon en brandissant des pancartes xénophobes devant la tribune : « Violeurs étrangers dehors » et « Libérez nous de l’immigration ». L’une d’elle, #Yona_Faedda, placée en garde à vue, collait il y a quelques mois encore des affiches pour l’UNI.

    À un niveau plus institutionnel, le président de l’UNI dans les Alpes maritimes, #Andrea_Orabona, est devenu le suppléant du député RN #Lionel_Tivoli, réélu aux dernières législatives, tandis que dans ce même département, le secrétaire général de l’UNI, #Gabriel_Tomatis, était en même temps responsable départemental du #RNJ (les jeunes du Rassemblement national) et collaborateur de la députée RN #Alexandra_Masson.

    C’est donc certains des plus radicaux des étudiants qu’Hetzel a choisi d’honorer de sa présence en priorité, bien loin désormais de ce qui reste la droite dite républicaine. Ancien prof de gestion à Assas et Lyon III, les deux universités françaises les plus gangrenées par l’extrême droite, ancien recteur d’université, Patrick Hetzel évolue dans le monde universitaire depuis trois décennies. Il en connaît parfaitement tous les rouages et tous les acteurs, et sait donc parfaitement à qui il parle lorsqu’il s’adresse à l’UNI…

    https://www.blast-info.fr/articles/2024/lextreme-droite-senracine-dans-les-universites-1Dtcjtq5QuOP87ODJNIMUg

    #facs #ESR

    • Patrick Hetzel, coup de barre à droite dans l’enseignement supérieur

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/11/15/patrick-hetzel-coup-de-barre-a-droite-dans-l-enseignement-superieur_6394606_

      L’ex-député Les Républicains du Bas-Rhin devenu ministre enchaîne les polémiques, assumant ses prises de position conservatrices. L’absence de projet clair pour les universités et la recherche inquiète la communauté scientifique.
      Par Soazig Le Nevé

      Sur le trottoir, en face de la Sorbonne, des lauréats de la promotion 2024 de l’Institut universitaire de France se sont rassemblés pour lire à haute voix le discours qu’ils n’ont pas été autorisés à adresser , dans le grand amphithéâtre, au ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche. Vendredi 18 octobre, les signataires – 68 enseignants-chercheurs sélectionnés par un jury international pour la qualité exceptionnelle de leurs recherches – voulaient profiter de la cérémonie pour lui exprimer leur « vive inquiétude, suscitée par [s]es implications et prises de position ».

      Depuis sa nomination comme ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche au sein du gouvernement de Michel Barnier, le 21 septembre, l’ex-député (Les Républicains, LR) du Bas-Rhin, âgé de 60 ans, alimente les polémiques. Samedi 12 octobre, il s’est ainsi rendu à la tribune du congrès de l’UNI, syndicat étudiant marqué à droite, qui, lors de l’élection présidentielle de 2022, n’avait pas appelé à voter pour Emmanuel Macron au second tour face à la candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen.

      Le 1er novembre, sur CNews, Patrick Hetzel a regretté que le directeur de Sciences Po ait levé – dans l’attente des conclusions de la section disciplinaire – la suspension prise à l’encontre de quatre étudiants accusés d’avoir filmé, lors d’un « forum carrière », une mobilisation du comité Palestine pointant du doigt l’implication de sociétés françaises dans la guerre entre Israël et le Hamas. « A titre personnel, je serais favorable à leur exclusion, a déclaré le ministre à l’antenne. Depuis mon arrivée, je ne fais que rappeler la loi et indiquer qu’il faut de la fermeté et qu’à aucun moment nos établissements ne doivent être instrumentalisés. » Dans la foulée, sur le réseau social X, il a dénoncé le choix du conseil d’administration de Sciences Po Strasbourg de rompre ses liens avec l’université israélienne Reichman, décision qu’il assimile à une « prise de position politique ».

      « Bâton de maréchal »

      Son entrée au gouvernement a donné lieu à une exhumation par des enseignants et des chercheurs des interventions du député Hetzel sur les bancs de l’Assemblée nationale et sur les réseaux sociaux. Elles retracent l’itinéraire d’un tenant d’une droite conservatrice, s’opposant au mariage pour tous en 2013, à l’extension de la procréation médicalement assistée aux femmes seules et aux couples lesbiens en 2021, à la constitutionnalisation du droit à l’avortement en 2024. Sur le plan scientifique, sa demande d’une autorisation de recours à l’hydroxychloroquine avant même les résultats des essais cliniques durant la pandémie de Covid-19 a laissé pantoise une partie de la communauté universitaire.

      L’Alsacien, qui avait piloté le programme de Michel Barnier lorsqu’il était candidat à la primaire des Républicains en 2021, est venu à la politique sur le tard. Professeur de sciences de gestion à l’université, il est d’abord passé par la haute fonction publique : recteur de l’académie de Limoges (2005-2007), conseiller éducation du premier ministre François Fillon (2007-2008) puis directeur général de l’enseignement supérieur (2008-2012) au moment où entrait en application la loi relative aux libertés et responsabilités des universités portée par Valérie Pécresse, alors ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche.

      Dans un style aimable et discret, ce fils d’hôteliers-restaurateurs de la petite commune de Sarre-Union (Bas-Rhin), qui parlait exclusivement l’alsacien chez lui et a appris la langue française à l’école, n’en a pas moins échafaudé un véritable plan de carrière jusqu’à obtenir un ministère – son « bâton de maréchal », raillent ses détracteurs.

      En 2006, alors qu’il est recteur de l’académie de Limoges après un brillant parcours universitaire – doctorat, agrégation, habilitation à diriger des recherches –, son nom est soufflé au premier ministre d’alors, Dominique de Villepin (2005-2007). Mais il échouera à le recruter, face à l’opposition d’une élue de la Corrèze, Bernadette Chirac, qui voulait « garder son recteur d’académie », se souvient Patrick Gérard, lequel dirigeait le cabinet du ministre de l’éducation nationale de l’époque, Gilles de Robien. Pour sortir de la crise du CPE (contrat première embauche), M. de Villepin nommera Patrick Hetzel à la tête d’une commission du débat national université-emploi.

      « Limoges est l’une des plus petites académies et le recteur affichait une modestie de bon aloi », se souvient Dominique Antoine, ex-secrétaire général du ministère de l’éducation nationale, qui fut très étonné de le voir nommé, deux ans plus tard, conseiller éducation au cabinet du premier ministre François Fillon. « Ma deuxième surprise est venue en 2012, quand il m’a annoncé qu’il serait député. Il était très assuré de son fait, il avait visiblement tout organisé », poursuit le haut fonctionnaire, qui comprend alors que « Patrick Hetzel est un homme de réseaux ».

      « Fermeté bienvenue »

      Universitaire, haut fonctionnaire ou député LR : dans quelle peau se glisse désormais Patrick Hetzel en prenant les rênes du ministère de la rue Descartes ? « Il ne sera pas dans la politicaillerie, mais dans les sujets de fond », veut croire son ami Patrick Gérard, qui reconnaît que, sur les bancs de l’Assemblée, l’ex-député a pu avoir une « expression personnelle » correspondant en partie à ses valeurs religieuses. D’après ses proches, le #luthérien Patrick Hetzel n’est pas du genre à renier ses engagements pour embrasser « une pensée mainstream ».

      A l’UNI, Olivier Vial se réjouit encore d’avoir accueilli le nouveau ministre lors de son congrès – « une “tradition” qu’honorent tous les ministres de droite » depuis 2009, date à laquelle il a pris la présidence du syndicat. Il voit en lui « une fermeté bienvenue : quand il y a un obstacle, il ne le contourne pas, il va au fond du problème, comme sur les blocages étudiants et sur la dérive islamo-gauchiste », déroule-t-il.

      Sa proposition, lancée en avril alors qu’il était encore député, de mener une enquête sur « l’entrisme idéologique et les dérives islamo-gauchistes dans l’enseignement supérieur » pourrait bien reprendre forme. « La science ne doit pas se confondre avec le militantisme », martèle le ministre dans Le Figaro le 21 octobre, suscitant les railleries de ceux qui le renvoient à l’épisode de l’hydroxychloroquine et lui collent une étiquette « anti-science ». Ses amis le disent « meurtri » par une telle accusation. Ils rappellent un contexte, celui du printemps 2020 en Alsace, avec des morts et des avions transportant des malades pour qu’ils soient soignés en Allemagne.

      Auprès des présidents d’université, la première action du ministre, vendredi 4 octobre, a été de leur faire parvenir un rappel à « leur responsabilité dans la préservation des libertés académiques et leur rôle dans la prévention de risques éventuels pour la sécurité au sein de leur établissement » lors de « manifestations et prises de position de nature politique, en lien avec le conflit au Proche-Orient ». « C’était un peu comme s’il nous avait dit qu’on pouvait nous aussi passer en conseil de discipline ! », s’étrangle l’un d’entre eux, encore ébahi d’une telle défiance.

      L’inconnue de la feuille de route

      Les prévisions budgétaires pour 2025 sont en berne, une vague d’inquiétude traverse les chefs d’établissement du supérieur, contraints de débourser 500 millions d’euros de plus qu’en 2024 pour financer diverses mesures dans le cadre de la réduction du déficit public. Lors de l’assemblée générale de leur association, France Universités, aucune réponse n’est venue de la part du ministre. « L’échange était très convenu, relate un participant. Pas d’orientation claire sur la recherche et sur la formation, rien de construit concernant une feuille de route ou sur ses priorités… »

      Quel sera le poids de celui que ses détracteurs voient comme un « simple professeur de gestion » pour discuter des grandes orientations nationales avec les organismes de recherche ? « Cette connaissance fine des enjeux scientifiques, il ne l’a pas », estime un chef d’établissement. Un autre garde le souvenir d’un Patrick Hetzel, alors directeur de l’enseignement supérieur, « ne répondant pas aux courriers », et même « se planquant quand il avait à traiter un sujet compliqué, par exemple la création de l’université Paris-Saclay. Sa prudence confinait à la lâcheté, alors que nous avions besoin d’un interlocuteur ».

      Une dernière inquiétude naît avec le retour d’un projet de loi sur l’immigration au mois de janvier. Un an après la censure par le Conseil constitutionnel de l’instauration d’une caution de retour pour les étrangers non européens et de l’inscription dans la loi d’une différenciation des frais d’inscription – mesures envisagées par le précédent gouvernement –, le volet étudiant de la future loi reste un mystère. Patrick Hetzel a simplement indiqué qu’il ferait « des propositions » au ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau.

      #étudiants_étrangers

  • Des institutions scientifiques entretiennent le #doute sur les bénéfices du #bio

    Une vaste #étude française de 2018, montrant un lien entre #alimentation bio et baisse de certains #cancers, a été selon ses auteurs dénigrée par des organismes comme l’#Institut_national_du_cancer ou l’#Académie_de_médecine.

    Pour peu qu’elle soit suffisamment médiatisée, toute publication mettant en évidence les bénéfices de l’alimentation bio pour la #santé se heurte à un tir de #barrage de #dénigrements et de #contrevérités. Avec comme circonstance singulière que ces #fausses_informations ne circulent pas seulement sur les réseaux sociaux ou dans la presse : ce sont parfois des #sociétés_savantes ou des #institutions_scientifiques qui produisent ou relaient ces informations trompeuses. Selon plusieurs chercheurs en #nutrition et en #santé_publique, l’Académie nationale de médecine, l’Académie d’agriculture de France (#AAF) et l’#Institut_national_du_cancer (#INCa) ont ainsi, chacun à leur manière, participé à alimenter la #confusion sur le sujet.

    En cause, une #étude_épidémiologique française publiée en 2018 dans JAMA Internal Medicine, ayant suivi 70 000 personnes pendant quatre ans et demi, et mettant en évidence une baisse significative de #lymphomes (– 75 %) et du #cancer_du_sein postménopausal (– 34 %) chez les plus gros consommateurs et consommatrices de bio, par rapport à ceux qui n’en consomment pas. Trois jours seulement après la publication, l’AAF diffuse sur son site Web un « point de vue » de deux de ses membres, qui l’éreintent.

    « Ce texte était un modèle des techniques utilisées par les industriels pour fabriquer du doute, avec un empilement de critiques méthodologiques frisant la #mauvaise_foi, mais qui parviennent à donner l’illusion d’une discussion scientifique légitime, raconte Serge Hercberg, l’une des figures de l’épidémiologie nutritionnelle, et coauteur de cette étude. Nous ne sommes évidemment pas hostiles au débat, mais il s’agissait, à l’évidence, d’une volonté de jeter le #discrédit plus que de débattre. » Interrogé, le secrétaire perpétuel de l’AAF rappelle que les « points de vue » des académiciens, bien que diffusés par la société savante, ne sont pas formellement endossés par elle.

    En avril 2019, plusieurs mois après la publication de la fameuse étude, l’Académie nationale de médecine publie un bref communiqué qui « alerte sur l’interprétation trop rapide des résultats épidémiologiques ». Le texte fait valoir que les groupes comparés (consommateurs de bio, et non-consommateurs) diffèrent par d’autres facteurs : « La consommation de fruits et légumes, le niveau socio-économique, l’activité physique… tous [sont] susceptibles d’expliquer à eux seuls une différence. »

    Une critique qui suggère que les auteurs auraient fait preuve de négligence en ne tenant pas compte de ces facteurs de confusion dans leur analyse. « C’est complètement ridicule, répond le biochimiste et nutritionniste Denis Lairon, coauteur de l’étude attaquée. Il est impensable qu’une revue comme JAMA Internal Medicine, l’une des plus réputées et exigeantes, accepte de publier une étude épidémiologique qui ne tiendrait pas compte de ces facteurs de confusion ! »

    « #Infox »

    De son côté, l’épidémiologiste Emmanuelle Kesse-Guyot de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, coautrice de l’étude, ne s’explique pas le communiqué de l’Académie. « Je suis allée présenter notre travail aux académiciens pendant plus d’une heure et demie, en leur détaillant les efforts que nous avons faits pour prendre en compte des facteurs de confusion, et les analyses de sensibilité que nous avons conduites avant de publier nos résultats », raconte-t-elle.

    Pourquoi l’Académie a-t-elle publié un communiqué qu’elle savait erroné ? La société savante n’a pas répondu aux sollicitations du Monde. Le caractère trompeur de son communiqué a été porté à l’attention de l’Académie à plusieurs reprises depuis sa publication, voilà plus de cinq ans, mais aucune modification ou rectificatif ne lui a été apportée.

    L’Institut national du cancer n’est pas en reste. En juin 2021, l’institution publie sur son site Web un « éclairage » en forme de fact-checking. L’INCa assure que l’affirmation selon laquelle « manger bio permet de diminuer le risque de cancers » relève d’une « infox ». Et de souligner les limites de l’étude française de 2018.
    Liste de griefs

    En janvier, Le Monde a soumis à l’INCa une demande d’accès aux documents administratifs pour comprendre la genèse de ce communiqué. Suite au refus de l’institution, Le Monde a saisi la Commission d’accès aux documents administratifs qui a fait droit à sa demande en mars. Les correspondances internes, finalement transmises, indiquent d’abord que la publication de ce communiqué s’est faite sous la supervision du cancérologue Norbert Ifrah, le président de l’institut.

    Ensuite, elles montrent qu’en février 2022 quatre chercheurs d’institutions publiques protestent par écrit auprès de l’institut. Une protestation d’autant plus autorisée que les auteurs du courrier sont les animateurs du Réseau NACRe (Nutrition, Activité physique, Cancer, Recherche), qui fédère une quarantaine de laboratoires publics travaillant, entre autres, sur la prévention nutritionnelle des cancers. « Il nous paraît important de signaler que le fait de qualifier l’association entre alimentation bio et risque de cancer comme une “infox” n’est pas tout à fait exact, compte tenu du nombre croissant de publications sur le sujet, écrivent les chercheurs à l’INCa. Ce n’est pas encore avéré avec un niveau de preuve solide, mais cela n’est pas une infox non plus. »

    Dans leur courrier, ils soulignent que d’autres travaux vont à l’appui d’une telle association, et citent une étude française de mars 2021 sur un lien entre faible teneur en résidus de pesticides et risque diminué de cancers de sein (https://www.inrae.fr/actualites/certains-cocktails-pesticides-favoriseraient-risque-cancer-du-sein-femmes-meno), et une autre, américaine, de janvier 2022, sur un risque diminué de #gliomes (un type de cancer cérébral). L’INCa n’a pas donné de suites à l’interpellation des chercheurs. Leur critique était formulée mezza voce, mais d’autres spécialistes sont bien plus critiques.

    Denis Lairon retourne ainsi à l’INCa l’amabilité : pour le chercheur, la communication de l’institution publique « frôle la fake news ». Le chercheur transmet au Monde une longue liste de griefs sur de nombreux points du #fact-checking de l’INCa et estime que certains sont « totalement injustifiés et témoignent d’une forte ignorance des méthodologies utilisées et/ou d’un biais partisan totalement inacceptable ». L’INCa n’a pas répondu aux sollicitations du Monde.

    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2024/11/04/des-institutions-scientifiques-entretiennent-le-doute-sur-les-benefices-du-b

    voir aussi ici, signalé par @colporteur
    https://seenthis.net/messages/1080446

    • Association of Frequency of Organic Food Consumption With Cancer Risk. Findings From the NutriNet-Santé Prospective Cohort Study

      Key Points

      Question What is the association between an organic food–based diet (ie, a diet less likely to contain pesticide residues) and cancer risk?

      Findings In a population-based cohort study of 68 946 French adults, a significant reduction in the risk of cancer was observed among high consumers of organic food.

      Meaning A higher frequency of organic food consumption was associated with a reduced risk of cancer; if the findings are confirmed, research investigating the underlying factors involved with this association is needed to implement adapted and targeted public health measures for cancer prevention.
      Abstract

      Importance Although organic foods are less likely to contain pesticide residues than conventional foods, few studies have examined the association of organic food consumption with cancer risk.

      Objective To prospectively investigate the association between organic food consumption and the risk of cancer in a large cohort of French adults.

      Design, Setting, and Participants In this population-based prospective cohort study among French adult volunteers, data were included from participants with available information on organic food consumption frequency and dietary intake. For 16 products, participants reported their consumption frequency of labeled organic foods (never, occasionally, or most of the time). An organic food score was then computed (range, 0-32 points). The follow-up dates were May 10, 2009, to November 30, 2016.

      Main Outcomes and Measures This study estimated the risk of cancer in association with the organic food score (modeled as quartiles) using Cox proportional hazards regression models adjusted for potential cancer risk factors.

      Results Among 68 946 participants (78.0% female; mean [SD] age at baseline, 44.2 [14.5] years), 1340 first incident cancer cases were identified during follow-up, with the most prevalent being 459 breast cancers, 180 prostate cancers, 135 skin cancers, 99 colorectal cancers, 47 non-Hodgkin lymphomas, and 15 other lymphomas. High organic food scores were inversely associated with the overall risk of cancer (hazard ratio for quartile 4 vs quartile 1, 0.75; 95% CI, 0.63-0.88; P for trend = .001; absolute risk reduction, 0.6%; hazard ratio for a 5-point increase, 0.92; 95% CI, 0.88-0.96).

      Conclusions and Relevance A higher frequency of organic food consumption was associated with a reduced risk of cancer. If these findings are confirmed, further research is necessary to determine the underlying factors involved in this association.

      https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/fullarticle/2707948

    • #Pesticides et santé – Nouvelles données (2021)

      Ce document présente la synthèse issue des travaux du groupe d’experts réunis par l’Inserm dans le cadre de la procédure d’expertise collective pour répondre à la demande de cinq directions de l’État, la Direction générale de la prévention des risques, la Direction générale de la santé, la Direction générale du travail, la Direction générale de la recherche et de l’innovation, ainsi que le secrétariat général du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Ce travail s’inscrit dans le cadre de l’actualisation du rapport d’expertise collective Inserm intitulé Pesticides : Effets sur la santé, publié en 2013 (https://www.inserm.fr/expertise-collective/pesticides-effets-sur-sante).

      https://www.inserm.fr/expertise-collective/pesticides-et-sante-nouvelles-donnees-2021

    • Certains #cocktails_de_pesticides favoriseraient le risque de cancer du sein chez les #femmes ménopausées

      Certains pesticides utilisés en Europe sont suspectés d’avoir des effets néfastes sur la santé humaine. Ils provoqueraient des #perturbations_hormonales et auraient également des propriétés carcinogènes, déjà observées en milieu professionnel. Le lien entre l’exposition à ces pesticides via l’alimentation et le cancer du sein dans la population générale est encore peu étudié. Des chercheurs d’une équipe mixte INRAE, Inserm, Cnam et Université Sorbonne Paris Nord ont déjà montré que les consommatrices d’aliments issus de l’agriculture biologique de la cohorte NutriNet-Santé, avaient un moindre risque de cancer du sein en post-ménopause (1). Cette même équipe a poursuivi ses travaux en s’intéressant cette fois à l’exposition à différents cocktails de ces pesticides sur cette catégorie de la population. Leurs travaux, parus le 15 mars dans la revue International Journal of Epidemiology apportent un éclairage sur l’impact de l’exposition alimentaire aux pesticides dans la survenue de cancer du sein en post-#ménopause.

      https://www.inrae.fr/actualites/certains-cocktails-pesticides-favoriseraient-risque-cancer-du-sein-femmes-meno

  • Comment les politiques migratoires s’obstinent à penser à la mauvaise échelle

    Entre l’image médiatique et politique de l’État-nation comme une forteresse assiégée que les politiques migratoires viseraient à protéger, et une vieille tradition de « nationalisme méthodologique » chez les géographes, les projets migratoires ont tardé à être pensés depuis le sens qu’ils ont.

    Ce que l’on s’imagine

    Les politiques migratoires, telles qu’elles sont débattues au Parlement, à la faveur de nouvelles lois, ont un effet sur les dynamiques migratoires. Et aussi que la France sera davantage une destination privilégiée par les migrants si elle ne s’équipe pas de dispositifs plus répressifs.

    Toutefois, les spécialistes des migrations montrent au contraire que c’est une fausse évidence de croire qu’un gouvernement aurait la main pour freiner, voire endiguer, les flux migratoires. Ou encore que des politiques de frontières plus strictes, et des conditions d’accueil plus dures, ne font pas plus reculer les dynamiques migratoires qu’elles ne les dévient. Trente ans d’études migratoires, en géographie notamment, dévoilent plutôt qu’il n’y a pas d’incidence des lois et des démonstrations de force politiques, sur le projet des gens qui partent de chez eux. Ce n’est pas en réprimant davantage qu’on fera reculer les flux migratoires, et la géographie montre même que figer les migrants dans un accueil plus répressif, et un statut clandestin, a même plutôt tendance à les figer sur place, alors que dans la vraie vie, les dynamiques migratoires sont loin de s’en tenir à un pays, un objectif. Pour la géographe Camille Schmoll, si huit millions de femmes ukrainiennes ont rallié l’Europe de l’Ouest depuis le début de la guerre en Russie, ce n’est pas parce que la France leur offrirait de meilleures conditions de séjour, ou un idéal.

    Les études académiques sur les phénomènes migratoires identifient divers leviers derrière le projet migratoire. Ces leviers sont variés, de la nécessité économique, aux discriminations, en passant par des guerres ou des motifs religieux. En géographie, on appelle cela les « facteurs push ». Avec un point commun : aucun de ces « facteurs push » n’a trait à ce que proposerait un État-nation qui dès lors a tort de penser le phénomène depuis sa propre échelle, et ses manières de légiférer.

    Longtemps, les géographes aussi ont fait preuve de « nationalisme méthodologique », c’est-à-dire cette tendance à penser le phénomène à l’échelle nationale. Depuis que le tournant qui s’est opéré à mesure que les politiques des frontières se durcissaient, on prend plutôt en charge dans le champ scientifique l’échelle transnationale. C’est dans ce cadre-là qu’ont émergé les trajectoires individuelles comme une grille de lecture du phénomène. Mais aujourd’hui, pour la géographe Camille Schmoll, notamment en charge d’un cours sur la méthodologie des migrations, à l’EHESS, à Paris, il faut aller plus loin et mieux penser le sens que les uns et les autres donnent à leur projet migratoire dans un cadre relationnel et collectif. La chercheuse parle d’une « autonomie en tension » dans la mesure où il ne s’agit pas seulement d’une puissance d’agir qui s’affirmerait dans le fait de quitter son pays, mais plutôt d’une dynamique qu’elle décrit comme profondément relationnelle, qui fait la part belle à divers collectifs auxquels migrants et migrantes appartiennent selon d’où ils viennent, la route qu’ils auront empruntée, les hébergements et les stratégies qu’ils auront trouvés en chemin, et les communautés dont ils sont issus. C’est par exemple cet effet de la diaspora qu’il faut absolument avoir en tête pour penser plus justement ce qui peut pousser quelqu’un à risquer sa vie en traversant la Manche alors même qu’il est déjà arrivé en France.

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/va-savoir/comment-les-politiques-migratoires-s-obstinent-a-penser-a-la-mauvaise-ec
    #fausse_évidence #frontières #fermeture_des_frontières #répression #flux_migratoire #durcissement_des_politiques_migratoire #politiques_migratoires #dynamiques_migratoires #accueil #conditions_d'accueil #facteurs-push #échelle #méthodologie #nationalisme_méthodologique #nationalisme #idées_reçues #stéréotypes #Camille_Schmoll #autonomie_en_tension #diaspora

    via @karine4

  • Recours massif aux enseignants précaires : « La réalité, c’est que l’université n’a plus les moyens de fonctionner »

    C’est chaque année l’opportunité d’une forme de consécration : en août, l’université Grenoble-Alpes a consolidé sa position dans le top 150 des « meilleures » universités mondiales, selon le très scruté classement de Shanghaï. Immédiatement, l’établissement s’est félicité de ces « bons résultats » qui confirment, à ses yeux, « la pertinence de la politique scientifique mise en œuvre » en son sein. Mais derrière cette belle image internationale, une machinerie bien moins reluisante se dessine en coulisse : celle d’une université dont les enseignements sont, en grande partie, tenus à bout de bras par des enseignants précaires, essorés par l’institution.

    De plus en plus, faute de titulaires suffisants pour assurer tous les cours, l’université de Grenoble en est réduite à bricoler pour faire tourner ses formations, avec toujours davantage de contractuels mais aussi de vacataires – ces enseignants payés « à la tâche », près de 6 000 par an. Les chiffres sont marquants : l’établissement compte à présent trois vacataires pour un enseignant titulaire, et 135 vacataires pour 1 000 étudiants (la moyenne nationale est à 80 pour 1 000). Dans nombre de disciplines, plus de la moitié des enseignements sont désormais remplis par des contrats précaires.

    « Ça, c’est clairement ce que ne disent pas les palmarès internationaux ou les statuts d’excellence dont se prévaut l’université », ironise Moïra Courseaux, en thèse de biologie à Grenoble-Alpes, membre d’un collectif de doctorants vacataires qui s’organise sur le campus pour faire porter la voix de ces précaires.

    Une explosion des vacataires

    Cette situation, loin de ne concerner que le cas grenoblois, est en fait devenue banale dans l’enseignement supérieur public français. En avril, un rapport de l’association Nos services publics pointait une « explosion »du recours aux enseignants vacataires dans les universités. Leur nombre a augmenté de 30 % en sept ans, indique cette note, qui estime que les vacataires représentent aujourd’hui les deux tiers des personnels enseignants.

    Les trous dans les formations qu’ils permettent de combler équivalent aux services à temps plein de 25 000 enseignants-chercheurs, d’après des données de la DGRH (direction générale des ressources humaines). Mais sans coûter le même prix : une heure de vacation revient à une université environ cinq fois moins cher qu’une heure de cours donnée par un titulaire (50 euros contre 300 euros en moyenne). Et permet surtout d’éviter aux établissements la prise en compte progressive de l’ancienneté d’un enseignant fonctionnaire.

    Là est le nerf de la guerre : en 2007, la loi LRU a donné à chaque établissement la responsabilité de ses finances, et cela notamment concernant ses recrutements. En parallèle, les budgets accordés aux universités n’ont pas augmenté, voire ont chuté, les amenant à réduire leur masse salariale et à geler des postes de titulaires… sans que ni le besoin de formation ni le nombre d’étudiants diminuent (ce dernier a même augmenté de 25 % entre 2008 et 2021).

    En cette rentrée, le budget prévu pour l’enseignement supérieur et la recherche dans le projet de loi de finances connaît une légère hausse (de 89 millions d’euros). Mais les mesures en faveur de la rémunération des agents publics, décidées plus tôt, resteront à la charge des universités en 2025, quand les aides à l’apprentissage seront par ailleurs rabotées… ce qui tendra mécaniquement les budgets des facultés.

    Pas de quoi rassurer à Grenoble, où « on est dans une situation financière très mauvaise, et déjà en plein plan d’austérité », souligne Gwenaël Delaval, enseignant-chercheur en informatique et cosecrétaire général de la section CGT. Pour l’année 2024, le déficit de l’université devrait dépasser les 10 millions d’euros. « Alors quand les profs partent à la retraite, ils ne sont plus remplacés pendant deux ou trois ans, raconte Théo Maurette, doctorant en urbanisme et membre du collectif de vacataires. Mais pendant ce laps de temps, il faut quand même du monde pour faire tourner la machine. »

    Si la vacation avait été créée pour rémunérer des professionnels qui viendraient intervenir ponctuellement dans des formations, les universités l’ont peu à peu détournée de sa fonction initiale. Et ce sont désormais des jeunes chercheurs en thèse ou en attente de poste qui abattent ces heures en masse. « On a institutionnalisé le recours à ces contrats précaires, qui bouchent les trous de façon pérenne à bien des endroits », poursuit Théo Maurette. « La réalité c’est que l’université n’a plus les moyens, structurellement, de fonctionner, et ce n’est que du rafistolage »,abonde Gwenaël Delaval.

    Une précarité à la limite de la légalité

    Désormais, même les cours magistraux en viennent à être assurés par des vacataires, notamment au niveau licence. C’est à cette mission que Pauline (son prénom a été modifié) , doctorante en sciences humaines, a été affectée lors de sa troisième année de thèse. Lorsqu’elle commence, en janvier, après avoir été prévenue en décembre de cette année-là, il lui faut monter de toutes pièces ce cours – bien plus chronophage que les travaux dirigés (TD), initialement dévolus aux vacataires.

    Avec une rémunération fixée à environ 40 euros l’heure de cours, « je pense que cela revenait à 2 euros l’heure de travail réel, entre les préparations de séances, les corrections de copies, les surveillances d’examens non rémunérées », raconte la jeune femme. Mais, y compris quand il s’agit de TD, la rémunération des vacataires se situe le plus souvent « en deçà du smic si on la rapporte au temps de travail effectif », souligne le rapport de Nos services publics.

    Pauline finit par travailler à perte, puisque ses trajets entre son laboratoire, à Lyon, et l’université, à Grenoble, ne sont pas remboursés – comme tous les vacataires. Pas vraiment encadré par un contrat en bonne et due forme, ce type d’emploi à la tâche ne fournit, de manière générale, aucune protection à l’enseignant qui le réalise… et qui se retrouve soumis à des conditions précaires souvent à la limite de la légalité.

    A commencer par les retards de paiement systématiques : « On s’est rendu compte, après une enquête interne, que la majorité des vacataires devaient attendre entre trois et six mois, parfois plus, pour être payés », rapporte Théo Maurette, qui explique être dans l’attente du paiement de vacations réalisées entre février et avril. Une situation qui va à l’encontre de la loi imposant, depuis 2022, une mensualisation de paiement – que peu d’établissements respectent dans les faits.

    Le président de l’université Grenoble-Alpes, Yassine Lakhnech, assure qu’une « procédure a bien été mise en place pour permettre la mensualisation ». « Il y a encore des composantes qu’on doit accompagner pour qu’elle soit appliquée. Mais rien ne permet d’affirmer que ces retards concerneraient la majorité des vacataires », estime la présidence, qui n’a pas chiffré les délais de rémunération.

    Les vacations ne permettent pas non plus de cotiser pour le chômage, la Sécurité sociale ou la retraite, et n’offrent aucune sécurité de l’emploi. « Si les heures ne sont pas réalisées, pour maladie ou parce que la faculté a décidé de les annuler au dernier moment, pas de paiement » , réprouve Théo Maurette.

    Une pression insidieuse

    Sur le campus, la mobilisation a commencé à s’organiser en 2021, après la radiation d’une doctorante vacataire par Pôle emploi, qui refusait de prendre en compte le décalage entre les dates de travail effectué et celles de son paiement. Si à l’époque l’université s’était impliquée en faveur de ce cas individuel, le collectif de doctorants vacataires regrette aujourd’hui une « absence de dialogue » avec la présidence sur les enjeux qui touchent collectivement leur catégorie. « Je les ai reçus trois ou quatre fois ces dernières années », réfute Yassine Lakhnech, pour qui l’enjeu principal, concernant cette explosion des emplois courts, se situe dans le « sous-financement chronique » national.

    Reste que les jeunes chercheurs sont encouragés à accepter ces heures d’enseignement précaire pour espérer obtenir un poste un jour. « On nous le présente comme un passage obligé pour notre CV, avec une certaine pression insidieuse », pointe Pauline. Or, l’âge d’accès au premier poste, sans cesse repoussé (34 ans aujourd’hui en moyenne), implique un sas de précarité de plus en plus long, dont les établissements profitent pour faire des économies.

    Mais pour les formations elles-mêmes, le fait de devoir avoir autant recours à des enseignants qui ne sont là que temporairement crée une désorganisation. Chaque rentrée, c’est le même travail que doivent réaliser les titulaires : trouver de nouveaux vacataires ou contractuels en CDD pour assurer les cours en souffrance. Pas une mince affaire dans certaines filières, en raison de ces conditions de travail et taux horaire prohibitifs. « En septembre, on voit passer des mails de recherche de vacataires en pagaille », explique un enseignant-chercheur en informatique, qui a souhaité rester anonyme.

    Tous les ans, il ne sait pas une semaine avant la rentrée s’il aura suffisamment de personnes devant les étudiants. « Ce sont ensuite des personnes que je dois former, une à une, raconte l’enseignant. Et il arrive que certains finissent par annuler, parce qu’ils ont trouvé un job plus stable. Il faut alors réorganiser toute la maquette, et, pour les contractuels, refaire des concours pour embaucher à nouveau. »Pour lui, c’est une « perte d’énergie abyssale ». « C’est ça le plus absurde : je ne suis même pas certain que l’université s’y retrouve, quand on voit aussi le temps que cela demande aux services administratifs qui doivent traiter manuellement chaque heure réalisée », s’étonne Théo Maurette.

    Avec le turnover que cela génère, « il devient difficile de maintenir une communauté enseignante, avec des échanges suivis, une cohérence sur le temps long », regrette également Pierre Bataille, responsable de la licence de sciences de l’éducation à l’université Grenoble-Alpes. Le nombre de ceux qui peuvent prendre à leur charge des responsabilités comme l’encadrement de niveaux ou de formations se réduit aussi mécaniquement, lorsque moins de titulaires subsistent – même si « on voit maintenant des précaires devenir responsables d’une année de licence ou d’un master, ce qui est aberrant », alerte Gwenaël Delaval.

    Enfin, face à la difficulté à trouver des candidats tous les ans , « ce sont des cours qui vont fermer petit à petit, constate le maître de conférences Laurent Lima, responsable de la première année de sciences de l’éducation. On a déjà chargé artificiellement la maquette d’heures en autonomie. On a dû réduire le nombre de TD, ce qui n’enchante pas les étudiants ».Alors qu’en parallèle est encouragée l’utilisation de cours enregistrés en vidéos, non réactualisés d’une année sur l’autre, un ingénieur pédagogique de l’université résume cette crainte collective : « Va-t-on vers une université sans profs devant les étudiants ? »

    https://www.lemonde.fr/campus/article/2024/10/22/recours-massif-aux-enseignants-precaires-la-realite-c-est-que-l-universite-n

    #ESR #université #facs #Grenoble #France #précarité #précarisation #enseignement_supérieur #UGA #Université_Grenoble_Alpes

    • je pense que c’est une mauvaise lecture du problème, parce que ce n’est pas qu’en France que c’est comme ça ! à Montréal, sur les 4 universités c’est la même chose. Je pense que la réalité est que bon nombre de profs sont fatigués d’enseigner... ou disons préfèrent les cours gradués, et que la majorité des cours undergrads sont faits par des vacataires... et il me semble que c’est pareil dans beaucoup de pays ! dans les universités les plus prestigieuses, il ne faut pas espérer trop voir les profs, qui ont autre chose à faire qu’enseigner en bachelor... (il me semble)

    • Tu as tout à fait raison, mais, ayant travaillé en Suisse (où le recours au travail précaire est aussi prépondérant) et en France, je vois quand même une différence... sur plusieurs plans, que je ne pourrais pas synthétiser ici.
      Mais c’est notamment la vitesse avec laquelle le système est en train de basculer et aussi la lourdeur administrative du système (délétère pour la Suissesse que je suis) qui se répercute sur le nombre toujours plus restreint d’enseignant·es titulaires...

      J’avais écrit cela il y a quelques années un article un peu dans ce sens (https://hal.science/hal-02525636), je venais d’arriver en France et le processus de néolibéralisation/néo-management/précarisation avait commencé avant (avec la fameuse « loi Pécresse » sur l’autonomie des universités : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvements_universitaires_de_2007-2009_en_France) mais avec Macron le mouvement a été accéléré +++. Et quand la loi #LPPR a été approuvée, ça a été le début de la fin : https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_programmation_de_la_recherche_pour_les_ann%C3%A9es_2021_%C3%A0_

  • La preuve en images ?

    En suivant le procès de #Mazan, je perçois un parallèle avec les meurtres de masse à #Gaza, en Cisjordanie et au Liban : dans les deux cas, nous assistons à un échec des idéaux de #justice que nos sociétés revendiquent, échec accentué par l’abondance d’#images incriminantes. Je tente ici d’examiner comment cette #crise_de_la_preuve se déroule sous nos yeux et le miroir qu’elle nous tend.

    Dans un texte publié cette semaine, Mona Chollet (https://www.la-meridienne.info/Le-genocide-invisible) écrit :

    « Le découpage minutieux par lequel les médias et les dirigeants occidentaux distinguent les victimes dignes d’être pleurées de celles qui ne méritent pas une seconde d’attention me fait penser à ces vieilles #photos de l’URSS sur lesquelles la #censure effaçait soigneusement les contours des dignitaires tombés en disgrâce. »

    Je n’aurais pas pu trouver meilleure introduction à mon propos.

    L’historienne de formation (et de l’URSS, justement) que je suis est forcément débordée par l’actualité : ayant exercé mes recherches dans un milieu par définition déserté par les preuves matérielles, j’ai étudié dans le sillage d’historiens comme Iouri Dmitriev et Dmitri Yurasov qui ont couru leur vie durant après des traces de massacres et leur dissimulation par les perpétrateurs (et les autorités), et me suis principalement employée à reconstituer des récits de violences de masse à partir d’éléments rares et lacunaires.

    Depuis plusieurs années, c’est l’inverse qui se produit : pour enquêter, on est au contraire contraint de fouiller dans la masse de documents disponibles en ligne et de constituer des outils à même d’isoler le signal du bruit, le vrai du manufacturé et l’aiguille de la botte de foin. Nous investissons donc des terrains où les #preuves abondent. Pour autant, force est de constater qu’elles ne sont pas nécessairement retenues contre les auteurs des #crimes. J’ai pour ma part le sentiment que nous vivons collectivement une inversion paradoxale du #rapport_à_la_preuve, par lequel des #preuves_visuelles accablantes accompagnent des #violences pourtant ignorées ou niées.

    Au cours de mes recherches ou en pratiquant l’#OSINT sur plusieurs épisodes de #violence ces dernières années, je suis travaillée par cette réflexion sur le #statut_de_l’image — notamment dans ce qu’elle change dans notre rapport à l’événement historique — et de la preuve ; l’affaiblissement paradoxal de la #charge_de_la_preuve par la pléthore d’images s’est vérifié tous les jours en Syrie, sur le front ukrainien, etc.

    En ce moment, deux événements d’ordres en apparence très différents alimentent en continu cette réflexion : les crimes de guerre conduits par l’armée israélienne, et le #procès_de_Mazan.

    PREUVES ET #DÉNI

    Dans ces deux contextes, les vidéos provoquent une crise collective de notre rapport aux images et de notre rapport à la justice, philosophiquement, socialement mais aussi et surtout, c’est en tout cas l’enjeu, dans le cadre très précis du #droit_international et du #droit_pénal français, respectivement. On assiste à la rupture avec un paradigme dans lequel l’#absence_de_preuve justifiait que soient laissés impunis des actes, qu’il s’agisse de #crimes_sexuels ou de #crimes_de_guerre, dont la matérialité était suspendue aux déclarations des victimes, victimes qui, faute de preuves, n’étaient pas ou rarement crues.

    Mais que se passe-t-il alors face à des faits amplement documentés ?

    Alors qu’on pourrait s’attendre à ce que la #vérité éclate au grand jour, on vérifie tous les jours que ce n’est pas le cas. Le sort fait aux images y est pour beaucoup : selon le narratif qu’elles peuvent appuyer, elles verront leur circulation entravée ou encouragée et leur contenu validé ou discrédité. C’est de cette façon que des images propres à susciter l’#indignation se heurtent paradoxalement à l’#indifférence voire au #doute, qui sont bien sûr de puissants facteurs de #démobilisation.

    Plusieurs dispositifs agissent dans ce sens, que renseigne abondamment une longue tradition de théorie de l’information et de critique des médias : d’une part, l’accès à l’information limité et cloisonné, de la bulle de filtres à la censure délibérée. D’autre part, face à l’impossibilité de contrôler le flux désormais intarissable des informations, se mettent en place des réponses cognitives telles que la #fatigue_de_compassion ou la #surcharge_cognitive, qui paralysent au lieu de mobiliser. Enfin, les médias d’#information_en_continu, la concentration des titres de presse et en général le fonctionnement des médias moderne est propice à l’#entropie, la #manipulation de l’information, la perméabilité à la #propagande. Face à ces phénomènes de d’#altération de l’information, l’émergence croissante de médias de #fact-checking ou de #debunk est salutaire mais à la fois insuffisante (c’est la fameuse loi dite de Brandolini) et sujette à caution, ces plateformes qui s’érigent en instances de neutralité devenant potentiellement des agents de contrôle de l’information.

    Je parle souvent de notre usage des #réseaux_sociaux en politique, et notamment le dispositif de #spectacle par lequel nous assistons en live sur nos téléphones à des massacres filmés, et l’#impuissance acquise à laquelle nous cela nous réduit, dans une sorte de #conscientisation_sans_action. L’idée que des images puisse provoquer une #prise_de_conscience en même temps qu’une #distance_émotionnelle est au coeur de la réflexion de #Susan_Sontag dans Regarding the Pain of Others, et plus récemment dans le livre de #Samah_Karaki L’Empathie est politique (https://www.editions-jclattes.fr/livre/lempathie-est-politique-9782709672504), paru au début de ce mois.

    Une forme de #militantisme_compassionnel consiste alors à liker, partager, s’indigner à longueur de stories (moi la première) en se raccrochant à l’idée de « faire quelque chose ». J’ai depuis appris qu’un mot existe en réalité depuis longtemps pour désigner ce phénomène : le #slacktivisme, autrement dit un #activisme_paresseux pratiqué depuis son canapé. Bien entendu, si ce qui se joue relevait de la seule paresse, cela ne vaudrait pas pour moi une minute de peine.

    Je voudrais revenir sur la nature et le rôle du « spectacle » en question, c’est-à-dire ce que nous regardons : les images, en quantité désormais infinies, et leur caractère de preuve.

    Si tout ce qui précède tend à montrer que la #démobilisation est un effet pervers de l’inflation des images, je pense qu’est également à l’œuvre un mécanisme délibéré de #disqualification de ces images. En effet, si l’#indifférence est une des conditions de l’#impunité, le #doute en est une autre et c’est ce qui m’intéresse plus particulièrement.

    DU DÉNI AU #NÉGATIONNISME

    Le procès Pélicot et les vidéos de Gaza présentent selon moi un point commun très fort et symptomatique de l’époque en ce qui concerne notre rapport aux images : dans ces deux cas de figure nous sommes en présence d’images qui se retrouvent au cœur du #débat_public.

    Ce sont notamment des contextes de production d’images par les auteurs mêmes des crimes, et dans les deux cas, la controverse repose sur l’idée que ces images ne constituent pas des preuves. Dominique Pélicot, qui a drogué son épouse afin que plusieurs dizaines d’inconnus puissent la violer à son insu pendant des années, a tout filmé ; c’est même cette collection visuelle monumentale qui a conduit à la mise en examen des accusés. On peut aussi relever que c’est déjà le fait de filmer ses victimes, en public cette fois (sous les jupes de clientes d’une grande surface), qui a attiré l’attention des autorités sur lui et mené à la découverte du reste. La documentation systématique de ses propres agissements constitue donc une part fondamentale desdits agissements (dans un but principalement pornographique en l’occurrence). À l’issue de la fouille de son matériel, cette archive devient logiquement une #pièce_à_conviction.

    Pourtant, depuis le début des audiences, s’est joué un retournement du rôle de ces images : les plaidoiries des avocats des accusés mobilisent massivement les vidéos incriminantes pour au contraire les dédouaner. Il a pu être ainsi avancé que ces images montraient en fait que la victime était consentante ; qu’elle faisait semblant de dormir ; que rien ne prouvait qu’elle n’avait pas sollicité ces actes.

    Dans le cas de Mazan, le paradoxe est consommé : sans ces vidéos, les accusés auraient probablement continué leur vie sans être inquiétés, mais sur ces vidéos se construit désormais un #récit_alternatif visant à les disculper.

    Depuis un an, une autre catégorie de vidéos sature nos écrans : les images en provenance de Gaza. Depuis un an Israël a imposé une interdiction stricte sur l’accès indépendant à Gaza pour les médias internationaux ; les vidéos qui nous parviennent sont donc nécessairement le fait d’individus impliqués dans les événements. Certaines sont filmées avec les téléphones des victimes ; d’autres sont, comme dans le cas de Dominique Pélicot, tournées par les auteurs des crimes : des soldats israéliens enregistrant des crimes de guerre en zone occupée, soit par souci nationaliste, soit par fanfaronnade individuelle pour se mettre en valeur sur Tiktok et Tinder. On note au passage qu’à Mazan comme à Gaza, la compilation des actes criminels par leurs auteurs dit quelque chose de leur #sentiment_d’impunité.

    Dans les deux cas de figure, un enjeu fondamental est donc l’existence d’une #documentation_visuelle d’actes qui dans d’autres contextes restent impunis, précisément faute de preuves.

    Tout l’argumentaire de notre idée de la justice est fondé sur la preuve, soit le fait que le flagrant délit ou la prise sur le fait rend les faits indéniables. C’est même ce qui justifie la #surveillance_de_masse.

    Ici, cet argumentaire se retrouve mis à mal et les images font l’objet d’une entreprise de #disqualification : les victimes sont des menteurs et les vidéos sont fake. Nous le savons bien : dans le monde « #post-vérité », les faits ne sont plus aussi têtus.
 Ainsi encore tout récemment des images des frappes qui ont ciblé les patients d’un hôpital en ruines à Deir al Balah et notamment vu périr dans les flammes le jeune Shaban al-Dalou sur plusieurs vidéos ont suscité une émotion virale. Mais très rapidement en réponse à ces images se met en place une rhétorique de #négation d’ordre conspirationniste : les vidéos seraient le fruit de « #Pallywood », invention raciste et révisionniste qui prétend que les Palestiniens disposent d’une industrie cinématographique dédiée à la production « hollywoodienne » de films victimaires. Ainsi l’épisode très choquant de la mort de #Shaban_al-Dalou a été remis en question en ciblant l’auteur d’une des vidéos de l’attaque de l’hôpital ; dans ces contenus, le jeune Gazaoui est présenté comme un « acteur » et accusé de créer de faux contenu destinés à attirer la compassion. Bien que les vidéos aient été vérifiées comme bien réelles et la conspiration Pallywood largement debunkée, et notamment sur l’épisode précis en question, les tweets relayant cette opération de propagande autant par les comptes officiels de l’état israélien que de l’influenceur d’extrême-droite et ex-policier Bruno Attal mais aussi la vice-Présidente du CRIF, n’ont pas, à ce jour, été supprimés.
    Ce #discrédit jeté sur la preuve peut sembler tellement grossier qu’on aurait du mal à le prendre au sérieux, mais il fonctionne très bien sur les spectateurs de bonne foi qui ne veulent pas croire aux images “choc” qui leur parviennent. Il a même pu être dit que ces images étaient "trop choquantes pour être réelles".

    Ainsi, en présence d’images, la négation doit simplement passer par d’autres canaux : ces images prouveraient en fait le contraire de ce qu’elles montrent explicitement ; seraient fausses ou trafiquées ; les victimes seraient en fait consentantes, ou ne seraient que des acteurs jouant la comédie.

    La #fictionnalisation des images documentaires participe donc de la mise en place d’un #déni_de_preuve. Priver les images de leur #charge_probatoire est alors un enjeu capital pour les perpétrateurs.

    VICTIME PARFAITE, PARFAIT COUPABLE

    Revenons sur Mazan.

    Gisèle Pélicot, soumise chimiquement par son mari et livrée à des centaines d’hommes pour qu’ils la violent pendant qu’elle était inconsciente, pourrait incarner l’archétype de la "bonne victime" de viol : les preuves sont accablantes, les faits indiscutables.

    Cette idée de "#bonne_victime" se retrouve chez Giulia Fois, qui évoque le viol dont elle a été victime comme un “bon viol”, expliquant qu’elle a été considérée comme une victime recevable parce que son viol a eu lieu dans un contexte conforme à l’idée qu’on veut se faire du viol à l’échelle de la société : un inconnu la nuit sur un parking sombre — cliché bien utile pour recouvrir complètement la réalité qui est toute autre : puisque 90% des #viols sont commis par un homme connu de la victime.

    Pourtant, Gisèle Pélicot se voit harcelée par les avocats de la défense qui s’acharnent à démontrer qu’elle aurait été consentante, et par là mettre en doute son statut même de victime. On le voit bien : l’image, soit le plus haut niveau de preuve, dans ce contexte, ne sert plus à rien. Si ce n’est éventuellement à se retourner contre les victimes : on est même allé chercher des photographies érotiques réalisées par la victime pour étayer le portrait d’une femme lascive et libertine, donc essentiellement une femme qui a bien cherché à se faire passer dessus et certainement pas une « bonne victime ».

    On voit donc la facilité avec laquelle, en dépit des preuves, la victime légitime peut être rétrogradée au statut d’irrecevable.

    Dans le même ordre d’idées, Mona Chollet, toujours dans son texte si bien nommé « le génocide invisible », relève ceci (et je souligne) :

    « Au fil des mois, déjà, on avait pu mesurer l’ampleur du “deux poids, deux mesures”. Les massacres, les viols : au vu de l’indignation générale soulevée, à juste titre, quand des Israélien·nes en ont été victimes, on avait pu en déduire, naïvement, que ces crimes étaient condamnables en eux-mêmes. Mais l’indifférence, voire l’approbation, rencontrées quand des Palestinien·nes en sont victimes à leur tour nous force à en déduire que ce qui est réellement terrifiant, ce n’est pas d’être violé·e, décapité·e, massacré·e : c’est de l’être par des Arabes ».

    La #recevabilité du #statut_de_victime légitime semble donc moins inféodée au faisceau de preuves dont on dispose qu’au statut de l’auteur des actes dont elle est victime. En gros : dis-moi qui t’a agressé·e, je te dirai si c’est vrai.

    En effet, la question de savoir qui est la "bonne victime" sert à détourner l’attention du véritable problème : celui des "#bons_coupables", ceux que la justice désigne comme des cibles légitimes — migrants, pauvres, minorités de race et de genre… (et il va de soi que ces coupables idéaux ne peuvent pas constituer à leur tour des victimes parfaites). Pour le dire simplement, le système protège les agresseurs quand ils correspondent à un certain profil.

    Nous avons à Mazan un procès accablant pour les auteurs (avec 10 ans de vidéos à charge) mais comme comme ce sont des coupables irréprochables — un « #bon_père_de_famille » et des « monsieur tout-le-monde » —, on est en train de nous expliquer que c’est plus compliqué que ça, qu’ils n’ont pas fait grand chose de mal, qu’ils ont souffert dans leur enfance et que Gisèle Pélicot a peut-être un peu cherché ce qui lui est arrivé. La médiatisation du procès de Mazan rompt l’illusion et montre au grand jour l’arbitraire de la séparation entre bons et mauvais hommes, et entre vrais et faux coupables.

    Le contraste est saisissant avec typiquement le battage médiatique tout récent autour de l’inculpé désigné sous la seule appellation de « Marocain sous OQTF » qui a tué la jeune Philippine, créant immédiatement une panique d’extrême-droite — extrême-droite qu’on a pas beaucoup vu s’émouvoir du procès Mazan.

    Il apparaît clairement qu’on ne prend fait et cause pour les victimes qu’en fonction de qui les agresse, en faisant en réalité peu de cas de ces victimes.

    CACHEZ CES VICTIMES QUI NE SAURAIENT EXISTER

    Dans ce contexte, le huis clos judiciaire joue d’ailleurs un rôle clé : il devient le pilier d’un système qui, sous couvert de protéger les victimes, protège en réalité les coupables. Le refus du #huis_clos par Gisèle Pélicot est un enjeu de société car il expose publiquement ce qui était auparavant relégué à l’imaginaire sordide des « affaires de mœurs » et recouvert d’un voile pudique.

    Dans le même ordre d’idées, les #smartphones utilisés par les populations ciblées ont en quelque sorte brisé le huis clos symbolique des scènes de crimes de guerre d’habitude considérés comme essentiellement incompréhensibles, exotiques, ambigus et frappés d’un flou artistique.

    En ce moment, le monde traverse donc une #médiatisation_des_violences qui fait vaciller les conceptions de la justice des gens qui y assistent. Si l’idée d’une #justice_à_deux_vitesses n’est certes pas nouvelle, les niveaux d’impunité et de cynisme déployés dans ces deux contextes ont suscité des indignations très larges.

    S’y pose à nouveaux frais la question centrale : qui a le droit d’exercer la #violence ?

    
Mythe fondateur de l’état de droit, le #monopole_de_la_violence_légitime réservé aux agents du pouvoir exécutif prouve jour après jour non seulement son échec à protéger les plus vulnérables, mais sa tendance croissante et de plus en plus manifeste à s’exercer contre eux, des violences policières aux persécutions institutionnelles contre les minorités. Je vois pour ma part dans l’acharnement à innocenter les violeurs de Mazan une extension tacite et conditionnelle de ce monopole de la violence à certaines catégories sociales (plutôt dominantes) pourvu qu’elles limitent leur action violente à certaines autres catégories (plutôt minoritaires).

    Les images de Gaza et de Mazan concourent au même mouvement de révélation à grande échelle de l’étendue de l’arnaque d’un régime profondément illégaliste, au sens foucaldien : la gestion de la légalité ou de l’illégalité de certains phénomènes en fonction de qui en sont les acteurs.

    S’y dévoile en fait la matrice d’un système fondé sur la #négation_des_victimes : face à l’impunité acquise de certains, selon une organisation finalement tout à fait suprémaciste, on le voit aujourd’hui : les preuves ne valent pas grand chose ; face à des perpétrateurs qui bénéficient à d’un totem d’#immunité, ou à minima de nombreux points d’avance, il n’y a pas de victime assez parfaite pour établir la #culpabilité de leur bourreau.

    Le #victim_blaming (terme qui désigne l’attribution d’un acte malveillant à la responsabilité de la victime) est en fait le mode par défaut du parcours de la victime vers la reconnaissance de son statut et l’éventuelle réparation du préjudice et participe d’une #impunité_institutionnelle. Le huis clos que les images viennent briser n’est pas seulement géographique, mais aussi moral et idéologique : il est celui d’une société internationale qui refuse de reconnaître la pleine humanité des victimes, car cela impliquerait de remettre en question les structures de pouvoir qui la sous-tendent.

    Si comme le veut l’adage le vieux monde peine à mourir, les monstres qui surgissent prennent pour l’instant la forme d’une ère post-factuelle où l’émotion et l’opinion remplacent les faits, et dans laquelle les spectateurs sont complices par leur inaction. Et si un nouveau monde tarde à apparaître c’est aussi parce l’#indifférence et le #déni prédominent et autorisent l’impunité à prospérer.

    J’ai l’optimisme de penser que l’indignation suscitée par décalage entre les déclarations des pouvoirs publics et les actes qui sont documentés ne n’est pas vouée à tourner dans une boucle stérile et fera à terme bouger les lignes. Je caresse même la chimère que par le spectacle qui se donne de cas d’impunité tellement patents, après l’indignation incrédule se produise un déclic des consciences même chez les gens les plus enclins à avoir confiance en la justice nationale et internationale. Le régime actuel de coexistence des #récits_dominants avec les images qui les contredisent est en train de creuser une faille qui expose les processus par lesquels les systèmes de justice et les systèmes d’information sont à la fois régis par les #rapports_de_pouvoir qui traversent nos sociétés et producteurs de #récits dominants. Chaque jour qui passe montre un peu davantage combien le roi est nu.

    Omar El Akkad tweetait il y a un an : “One day, when it’s safe, when there’s no personal downside to calling a thing what it is, when it’s too late to hold anyone accountable, everyone will have always been against this.” Ce tweet a été vu plus de 10 millions de fois. Pouvons-nous vraiment attendre que trois générations s’écoulent ?

    https://blogs.mediapart.fr/cerisuelo/blog/171024/la-preuve-en-images
    #viols_de_Mazan

  • « C’est une suggestion cachée » : pour renvoyer les migrants en Syrie, des pays de l’UE envisagent un rapprochement avec Bachar al-Assad - La Libre
    https://www.lalibre.be/international/europe/2024/10/17/cest-une-suggestion-cachee-pour-renvoyer-les-migrants-en-syrie-des-pays-de-l
    https://www.lalibre.be/resizer/v2/JHE6GKDGTZF5TGLVPO2HYUJR6A.jpg?auth=54b7af8f4613356d61214a224badd07f23cad83e
    Des nouvelles des #fachos

    Plus de dix ans après la rupture des relations avec la Syrie, plusieurs pays de l’Union européenne, dont l’Italie, ambitionnent de normaliser leurs relations diplomatiques avec le régime dictatorial de Bachar al-Assad, dans le but de faciliter l’expulsion de migrants.

  • Les milliardaires financent une nouvelle #université « #anti-woke »

    Au #Texas, une université « anti-woke » ouvre ses portes. L’alma mater a récolté 200 millions de dollars de dons, notamment après les événements du 7 octobre. L’Université se veut apolitique, mais le bord politique de ses importants donateurs interrogent.

    Mécontent du système académique, certains ont trouvé la parade parfaite en ouvrant leur propre université au Texas. Jusqu’ici rien de très surprenant. La particularité de cette école ? C’est une université « anti-woke ».

    Il semble que cette idée séduit puisque près de 200 millions de dollars ont déjà été récoltés, souligne le « Wall Street Journal » dimanche 13 octobre. Parmi les généreux donateurs, figurent plusieurs grosses fortunes américaines. L’argent a notamment afflué depuis les événements du 7 octobre 2023 en Israël.
    Une mission ambitieuse

    La mission de l’Université d’Austin (UATX), qui se dit apolitique, est audacieuse : elle veut favoriser le débat ouvert, la liberté académique et une « quête intrépide de la vérité », tout en mettant l’accent sur l’entrepreneuriat. En effet, de nombreux donateurs fortunés estiment que les universités sont trop progressistes. Ils se disent attirés par l’idée d’une école alternative qui encouragerait la réussite méritocratique et une multitude de points de vue.

    Harlan crow, promoteur immobilier miliardaire et contributeur de l’UATX explique : « Aujourd’hui, une grande partie de l’enseignement supérieur semble vouloir rejeter les réalisations occidentales et les réalisations des civilisations occidentales dans leur intégralité. »

    De cette volonté est donc née l’UATX qui a accueilli sa première volée de 95 élèves en septembre dernier. Les étudiants ont reçu un exemplaire de l’Odysée d’Homer lors de leur inscription.
    Le 7 octobre comme moteur

    Une vidéo publiée sur le compte Youtube de l’école met en contraste les scènes de manifestations pro-palestiniennes sur les campus américains avec un séminaire de l’UATX. La vidéo se termine avec le message : « Ils brûlent, nous construisons. »

    Il faut dire que les événements du 7 octobre ont fait les affaires de l’uni « anti-woke ». A partir de cette date, la collecte de fonds s’est emballée. Le « Wall Street Journal » explique que les donateurs estiment que la liberté d’expression s’applique de manière sélective sur les campus.

    #Niall_Ferguson, historien et co-fondateur de l’institution détaille : « Il a fallu ce qui s’est passé au lendemain du 7 octobre sur les principaux campus pour convaincre Wall Street et les gens de la Silicon Valley, qu’il y avait vraiment un problème. »

    Une collaboration avec #Elon_Musk

    Les dirigeants de #SpaceX et #Boring_Company, la société d’Elon Musk, contribuent à l’élaboration du programme d’études en ingénierie de l’école. Le patron de Tesla n’est pas le seul à être attiré par le projet. Le co-fondateur de #Paypal, #Peter_Thiel, a aussi tenu à apporter sa pierre à l’édifice.

    Si l’école se revendique apolitique, la provenance de ses gros donateurs questionne. En effet, les plus importants sont acquis à la cause républicaine et finance les campagnes des candidats du parti à l’éléphant.

    Pour l’heure, l’UATX n’est pas encore accréditée. Elle ne pourra l’être qu’après la promotion de sa première volée. Les élèves ont reçu une bourse de 130’000 dollars afin de compenser les risques pris. Plus de 40% des étudiants inscrits viennent du Texas et un tiers sont des femmes. A voir, si les étudiants seront aussi enthousiastes que les donateurs.

    https://www.blick.ch/fr/news/monde/plusieurs-millions-recoltes-les-milliardaires-financent-une-nouvelle-universit
    #USA #Etats-Unis #facs #woke #vérité #liberté_académique #Université_d'Austin (#UATX) #entrepreneuriat #progressisme #méritocratie #Harlan_Crow #ESR #enseignement_supérieur

  • FACT-CHECKERS : Masquer la propagande sous une fausse neutralité ! – Lex Imperii
    https://www.les-crises.fr/fact-checkers-masquer-la-propagande-sous-une-fausse-neutralite-lex-imperi

     Contre le brouillard de guerre, contre les logiques partisanes, il existe une méthode fiable et rigoureuse qui permet d’atteindre la vérité, en s’affranchissant de nos biais et de l’idéologie. Vous avez tiqué en lisant cette phrase ? Vous avez eu raison. Bienvenue dans ce nouvel épisode de rentrée, dans lequel on va montrer que […]