• MORTS DE LA POLLUTION : À #SAINT-NAZAIRE, L’ÉTAT COMPLICE D’UNE HÉCATOMBE

    Dans l’agglomération de Saint-Nazaire, connue pour sa construction navale, plusieurs industries se sont installées au fil des années. 6 d’entre elles sont classées #Seveso, comme l’usine d’#engrais_chimiques #Yara à #Montoir-de-Bretagne, et la #raffinerie #TotalEnergies de #Donges.
    Des industries qui produisent ou stockent des substances nocives pour l’homme et l’environnement et qui sont soumises à une réglementation particulière. Problème : depuis une dizaine d’années, de nombreux accidents y sont survenus sans que les pouvoirs publics ne réagissent à la hauteur du danger. Fuites, pannes électrique, accidents corporels, relâchement de substances nocives dans l’air et les sols…
    Alors que de récentes études montrent que le taux de cancer dans la région est bien plus élevé que dans le reste du pays, des associations de riverains et des salariés de ces usines luttent pour faire la lumière sur les causes de cette #faillite_sanitaire.

    https://video.blast-info.fr/w/oi7pzaUL6nJPCjeePVKe78 #décès #mortalité #pollution #cancers #vidéo #Bretagne #France #santé #santé_publique

  • Les #marchés_financiers : une #illusion de pouvoir

    Alors que la #France débat de son #budget, le discours reste centré sur la #dette et le #déficit publics, et sur l’#influence supposée des marchés financiers. Cette approche conforte un cadre budgétaire contraint qui pénalise la population, tout en entretenant le #mythe d’un pouvoir des marchés sur l’#économie. Cet article vise à montrer que cette domination des marchés n’est en réalité qu’une illusion.

    Introduction

    Alors que la France traverse une période cruciale de discussions budgétaires, le débat se concentre encore une fois autour du déficit et de la dette publics. En arrière-plan, les marchés financiers apparaissent comme des arbitres incontournables, qu’il faudrait apaiser pour éviter une hausse des taux d’intérêt. Cette vision, qui exagère le pouvoir des marchés sur notre économie, repose en grande partie sur des #choix_politiques issus de l’#idéologie_néolibérale et imposés par les #règles strictes de l’Eurozone, celles du #traité_de_Lisbonne. Ce carcan budgétaire auto-imposé enferme les États membres dans une #logique_financière qui empêche une gestion budgétaire pleinement orientée vers le #bien-être des populations.

    Les milliards d’euros versés chaque année en #intérêts ne font qu’alimenter des investisseurs privilégiés, et cette situation découle de décisions politiques, non de nécessités économiques. Cet article vise à déconstruire les mythes entourant la #dette_publique et le rôle prétendu des marchés financiers en montrant que leur pouvoir n’est qu’une illusion bien entretenue et que les contraintes financières de l’Eurozone sont d’abord politiques.

    Les limites à la dépense publique ne sont pas financières

    Il est tout d’abord utile de rappeler que, selon l’analyse de la #Théorie_Monétaire_Moderne (#MMT), un État qui dispose du monopole de création de sa devise, en régime de #taux_de_change_flottant, ne peut faire #faillite dans sa propre devise, à moins de le vouloir. Les limites à sa #dépense_publique ne sont donc pas financières, mais liées à la disponibilité des #ressources_réelles, qu’il s’agisse des ressources technologiques, des ressources naturelles, ainsi que de la force de travail.

    Les États membres de l’Eurozone sont toutefois un cas particulier, puisqu’ils fonctionnent dans un cadre contenant des limites financières, en réalité auto-imposées, que sont les ratios de 3 % sur le PIB du déficit public et de 60 % de la dette publique. Ces limites représentent donc des contraintes concernant la #politique_budgétaire des États, les empêchant de réaliser le déficit nécessaire pour atteindre le #plein_emploi.

    Dans ces conditions, et dans la mesure où le compte des Trésors nationaux ouvert à la #BCE doit disposer d’un solde en permanence positif, les États-membres doivent obtenir des #recettes_fiscales et émettre des #titres_d’État, ce qui, en raison de l’absence de garantie par la BCE, les rend dépendants des marchés financiers et exposés au risque du défaut. Cette situation souligne la nécessité d’une réévaluation des règles budgétaires au sein de l’Eurozone, afin de permettre à ces États de disposer de leur plein potentiel économique.

    La dette publique n’est pas un fardeau, mais une richesse

    Comme le montre l’identité comptable vérifiable dans tous les pays, la dette publique équivaut à la devise nationale créée par la dépense publique et non encore utilisée par le secteur privé pour payer les impôts. Elle représente, au centime près, la richesse financière nette des agents du secteur privé1. Il en découle que la dette publique n’est pas composée des seuls titres d’État. Elle englobe l’ensemble des passifs de l’État, à savoir le cash, les réserves bancaires et les titres d’État. Cette définition est partagée par les banques centrales, y compris la BCE selon le #traité_de_Maastricht. Il est important de souligner que l’émission de #titres_d’État ne crée pas de nouvelle devise, mais change simplement la forme de la devise, passant de « #réserves » à « #titres », tout comme on transfère un montant d’un compte courant non rémunéré vers un compte de dépôt rémunéré2.

    La dette publique (stock) est la somme des déficits annuels (flux). Dette et déficit sont donc étroitement liés, et ainsi, lorsque l’État cherche à réduire son déficit en augmentant les #taxes ou en réduisant ses #dépenses, cela diminue l’épargne du secteur privé. Dit autrement, lorsque l’État retire plus de devise nationale par les taxes qu’il n’en crée par la dépense, cela provoque de l’#austérité.

    Les titres d’État ne servent pas à financer les dépenses publiques

    L’émission des titres d’État est une pratique héritée des anciens régimes de taux de change fixes, qui est aujourd’hui dépassée. Ces titres ne sont aujourd’hui plus émis pour financer directement les dépenses publiques, mais plutôt pour réguler les taux d’intérêt, une fonction devenue moins nécessaire depuis que la BCE rémunère les réserves excédentaires. Mais également, leur émission permet d’offrir un actif financier sans risque.
    Il est donc nécessaire de questionner l’obligation d’émettre des titres d’État.

    Cependant, en Eurozone, une précision s’impose : l’article 123 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne interdit à la BCE d’octroyer des découverts aux Trésors nationaux, obligeant ces derniers à émettre des titres. Pourtant, les #euros sont créés par la BCE, lorsque les États membres dépensent, ce qui fait de l’Eurozone le créateur monopolistique de la monnaie. Exiger un solde positif permanent sur le compte du Trésor auprès de la BCE repose donc sur une #fiction, fondée sur l’idée que l’État doit gérer sa trésorerie comme une entreprise. Cette contrainte n’a aucun fondement économique. Elle est purement politique et elle s’inscrit dans l’idéologie néolibérale, laquelle perçoit l’État comme un mauvais gestionnaire et souhaite ainsi limiter son action.

    Comme le suggère #Warren_Mosler, le père de la MMT, il serait tout à fait possible de cesser d’émettre des titres d’État. Et, quoi qu’il en soit, si cette émission devait être maintenue pour offrir un actif sans risque, une politique de taux d’intérêt à zéro constituerait une solution efficace dans le but de limiter l’influence des marchés financiers3.

    Le #taux_d’intérêt est fixé par la banque centrale

    Il est essentiel de comprendre que les mouvements des taux d’intérêt appliqués aux titres d’État dépendent étroitement des décisions prises par la BCE. Les taux d’intérêt sont entièrement sous son contrôle, constituant ainsi des choix politiques. L’observation des politiques de taux d’intérêt dans différents pays le confirme : les taux appliqués aux titres d’État suivent de très près les taux directeurs de la banque centrale, comme en témoignent les deux graphiques suivants4.

    Dans l’Eurozone, le "#Whatever_it_takes" de #Mario_Draghi en 2012 a marqué un tournant en ramenant les taux d’intérêt sur les titres d’État à des niveaux raisonnables, en particulier pour la Grèce. Cet événement a montré de manière éclatante que, dès lors que la BCE garantit les titres émis par les États, ceux-ci ne peuvent pas faire défaut.

    La crise de la COVID-19 a également confirmé ce pouvoir d’intervention : la BCE et les autres banques centrales ont démontré qu’elles pouvaient contrer les pressions des marchés financiers par des opérations comme l’#assouplissement_quantitatif (#quantitative_easing). Ainsi, bien que les marchés puissent influencer les taux pour ajuster la prime de risque, leur impact reste marginal en comparaison du pouvoir des banques centrales.

    Il s’ensuit que la soutenabilité de la dette publique dépend de décisions politiques, du bon vouloir de la BCE. Ni le niveau de la dette publique ni celui des intérêts ne restreignent réellement l’espace budgétaire des États, car la BCE peut, à tout moment, décider si un pays peut continuer à dépenser ou doit faire défaut, indépendamment de son niveau d’endettement. L’exemple de la #Grèce est révélateur : en 2010, alors que son ratio dette/PIB atteignait 130 %, le pays faisait face à une crise. En revanche, fin 2021, avec un ratio supérieur à 200 %, la question de la dette publique n’était plus problématique. Cela démontre que la soutenabilité de la dette publique est avant tout une question politique, et non économique.

    Il n’y a pas de lien entre niveau de dette publique et #croissance

    Un argument récurrent dans les discussions sur la dette publique affirme qu’il existerait un #seuil_d’endettement au-delà duquel la #croissance_économique se verrait compromise. Cependant, aucune recherche rigoureuse n’a jamais confirmé l’existence d’un tel seuil. Ainsi que le montrent Yeva S. Nersisyan et L. Randall Wray5 « Il n’existe pas de seuils [du niveau de la dette publique] qui, une fois franchis, seront insoutenables ou réduiront la croissance du pays. ». En réalité, l’histoire économique regorge d’exemples où des niveaux élevés de dette publique ont coexisté avec une croissance soutenue, dès lors que l’État maintient un soutien économique actif.

    La démission de Liz Trusss, un bon exemple de l’absence de fondement de l’influence des marchés financiers

    Ce qu’il s’est passé en Angleterre en 2022, entraînant la démission de la Première ministre Liz Truss, illustre parfaitement l’absence de fondement de l’influence des marchés financiers. En réalité, cette démission résulte de la pression des marchés financiers, une décision politique dictée davantage par la crainte de leur réaction que par une contrainte économique réelle. En effet, le Royaume-Uni, en tant que créateur de sa propre monnaie, aurait pu continuer à financer ses politiques sans risque de défaut, notamment en contrôlant les taux d’intérêt via la Banque d’Angleterre6.

    Les #agences_de_notation : quelle légitimité ?

    L’intervention des agences de notation consolide l’idée dominante selon laquelle il est impératif d’apaiser les marchés financiers, quel qu’en soit le coût. Ces agences, des entreprises privées opérant sans réel contrôle démocratique, se voient attribuer un rôle démesuré dans l’évaluation des finances publiques. Leur influence, souvent considérée comme infaillible, façonne les politiques budgétaires des États, et leurs décisions impactent directement les choix économiques. Pourtant, ni leur compétence, ni leur intégrité ne sont systématiquement vérifiées. Confier à ces entités privées, efficaces promoteurs de la pensée néolibérale dominante, la capacité de décider de l’avenir budgétaire d’un pays constitue un grave manquement au principe de #souveraineté_nationale, et un véritable déni de démocratie.

    Conclusion : déconstruire l’emprise idéologique des marchés financiers

    Au terme de cette analyse, il est évident que l’importance excessive accordée aux marchés financiers dans les choix budgétaires des États membres de l’Eurozone découle de contraintes financières auto-imposées, et que cette situation confère un pouvoir illusoire aux marchés, la décision finale appartenant toujours à la BCE. Les États-membres, en s’enfermant dans une logique où ils se voient forcés de "plaire" aux marchés pour financer leurs dépenses, se privent d’un levier essentiel pour stimuler leur économie et répondre aux besoins de leur population.

    Cette dépendance aux marchés financiers masque la réalité politique qui se cache derrière la soutenabilité de la dette publique : à tout moment, la BCE peut garantir ou non les titres publics émis, ce qui souligne le caractère fondamentalement politique de cette question. Ainsi, ce n’est pas le niveau de la dette publique ou des taux d’intérêt qui limite la marge de manœuvre des États, mais bien les choix de #gouvernance qui priorisent la satisfaction des marchés plutôt que celle des citoyens.

    L’exemple de la crise de la COVID-19 a montré la capacité d’intervention des banques centrales pour stabiliser l’économie, indépendamment des pressions des marchés financiers. Il est donc aujourd’hui essentiel de reconsidérer les #règles_budgétaires de l’#Eurozone, afin de restaurer la souveraineté des États et recentrer la politique budgétaire sur le #bien-être_collectif, au lieu de céder aux impératifs des marchés. En prenant cette direction, les États pourront pleinement utiliser leurs ressources pour servir leurs citoyens, laissant derrière eux l’illusion d’un pouvoir des marchés qui n’est en réalité qu’une contrainte politique imposée.

    https://blogs.mediapart.fr/robert-cauneau/blog/251024/les-marches-financiers-une-illusion-de-pouvoir
    #finance #néolibéralisme

  • L’industrie des demandeurs d’asile : l’exemple de #Nauru

    Je présente ici une étude passionnante de Julia Caroline Morris, Asylum and Extraction in the Republic of Nauru, Cornell University Press, 2023, qui intéressera non seulement les chercheurs en anthropologie des migrations, ceux qui travaillent sur les politiques d’internement, de déplacement et d’externalisation des réfugiés, mais aussi les amateurs de Critical Geography Studies, ou spécialistes de l’extractivisme ou de néocolonialisme.

    La République de Nauru est un État insulaire de 21 km2, situé au Nord-Ouest des îles Salomon et de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, à plus de 1000 kms tout de même, et plus loin encore des Fidji (plus au sud). C’est aussi un des États les plus densément peuplés au monde : cela peut sembler paradoxal quand on prend la mesure de son #isolement. Plus étonnant encore est la fluctuation du revenu par habitants : au milieu des années 70, le #PIB par habitant de Nauru est le second après celui de l’Arabie Saoudite. Trente années plus tard, le pays frôle la #faillite. Avant de retrouver une forme de #prospérité ces dix dernières années (bien que l’avenir demeure très incertain). Autre palmarès dans lesquels il se fait remarquer : le pays n’a quasiment aucune #autonomie_alimentaire, les terres arables ayant été rendues impropres à toute forme de culture, et les zones côtières, ainsi que le corail, ayant été pollués pour une très longue durée. Il importe donc tout ce dont il a besoin pour nourrir le population et ses taux d’#obésité et de #diabète, sont parmi les plus élevés au monde. Sans parler des autres maladies, cardio-vasculaires, affections respiratoires, dues à la toxicité de l’environnement. Et, c’est le sujet du livre de Julia Morris, ces dernières années, c’est le territoire qui compte le plus pourcentage le plus élevé de demandeurs d’asile et de réfugiés rapporté à la population totale.

    Les premiers habitants de l’île, dont il est très difficile de dater l’arrivée, des mélanésiens et des micronésiens, auxquels s’ajoutèrent probablement des voyageurs venus des côtes Philippines ou Chinoises, vécurent fort longtemps avant le débarquement des européens. Les Nauruans, organisés en douze tribus, vivaient des ressources locales, noix de coco, bananes, pandanus ou takamakas, et de poissons qu’ils pêchaient dans les lagunes. Marshall Sahlins parlerait sans doute ici de “#société_d’abondance”. La vérité c’est que nous ne savons quasiment rien de l’histoire précoloniale des Nauruans, parce que l’environnement de l’île fut totalement dévasté par l’#exploitation_industrielle du #phosphate, rendant vain le travail des archéologues.

    Approchée par les premiers européens à la toute fin du XVIIIè siècle, c’est-à-dire assez tardivement comparée aux autres territoires du Pacifique, refuge ponctuel pour des déserteurs et des contrebandiers, l’île ne fut véritablement soumise à l’emprise coloniale qu’un siècle plus tard. D’abord par les allemands, qui, “négociant” avec les autochtones, inscrivent Nauru sur la carte des flux de marchandises internationaux en commercialisant le #coprah, issu de la #noix_de_coco.

    Mais c’est la découverte d’énormes gisements de phosphates qui changera à tout jamais le destin de l’île. “Le phosphate, clé de la vie. Un miracle de la nature exploité par l’ingéniosité de l’homme pour le bénéfice de tous.” déclarait le bureau philatélique de Nauru en 1983. “Bénéfice de tous“, il faut le dire vite. L’#extraction massive du phosphate devient un enjeu pour les empires coloniaux compte tenu de l’accroissement démographique : il permet d’accroître les rendements au point qu’on peut parler, avec la découverte des #engrais phosphatés, d’une véritable #révolution_agricole, et de nourrir les populations métropolitaines. Les conséquences de ce rush colonial vers le phosphate, qui aura permis d’assurer la prospérité des nations coloniales, y compris l’Australie voisine, seront amères pour les Nauruans. Julia Morris le résume ainsi :

    “Nauru est un pays où l’industrie du phosphate et son cortège de #pollutions#déchets_toxiques, maladies respiratoires et alimentaires, #dépendance – sont palpables. Les effets de l’extraction du phosphate ne sont pas seulement ressentis par les personnes directement employées dans les champs d’extraction et les usines de traitement, comme Tony, mais s’étendent bien au-delà du point de production à forte intensité de main-d’œuvre. Depuis 1906, le #minerai_de_phosphate de Nauru est exploité et exporté vers les agriculteurs du monde entier. Paradoxalement, cela a laissé peu d’écosystèmes viables pour le développement agricole de Nauru. La richesse en phosphate aurait pu industrialiser Nauru, mais elle a laissé un cycle de dépendance à l’égard des fast-foods importés. Le système de santé de Nauru est marqué par les conséquences de l’interventionnisme colonial. Le dernier rapport publié par le ministère de la santé de Nauru (2011) indique que 77,8 % de la population de Nauru est en surpoids et que 45,6 % est obèse. En 1975, la prévalence du diabète à Nauru était de 34,4 %. Les Nauruans se classaient ainsi au deuxième rang mondial pour le taux de diabète le plus élevé jamais enregistré, tout en se plaçant au deuxième rang mondial pour le PIB par habitant, derrière l’Arabie saoudite. Aujourd’hui, le gouvernement consacrant environ 20 % de ses dépenses annuelles de santé au diabète, les chiffres ont légèrement baissé. Mais avec 30 %, Nauru conserve l’un des taux de diabète les plus élevés au monde. Ces taux sont associés à un éventail de maladies non transmissibles liées à l’alimentation, notamment les maladies cardiovasculaires, les accidents vasculaires cérébraux et les crises cardiaques. Les #cancers évitables, notamment le cancer gastro-intestinal, le cancer du col de l’utérus et le cancer du poumon, sont importants au sein de la population locale. Une espérance de vie de cinquante-cinq ans est l’un des sous-produits du changement de mode de vie de l’ère coloniale et le coût humain d’une économie basée sur l’extraction.” (Julia Morris, op. cit. p. 69-70).


    Dès le début des années 90, les réserves de phosphate s’épuisent, l’extraction, ayant creusé de plus en plus profondément les terres, laisse l’île dévastée, et la manne économique diminue drastiquement. S’ensuit une période chaotique, politiquement et socialement, où les dirigeants du pays, devenu indépendant en 1968, font le choix de transformer Nauru en #paradis_fiscal, spécialisé dans le #blanchiment_d’argent. Jusqu’au nouveau miracle, qu’on appellera la “#solution_Pacifique“, c’est-à-dire la mise en place par le gouvernement Australien d’une politique de “#remigration_offshore”, suite à l’affaire du #Tampa, un navire Norvégien qui avait recueilli 433 migrants 433 migrants afghans et irakiens en route pour l’Australie dérivant sur un bateau de pêche indonésien, migrants auxquels le gouvernement Howard refuse d’accorder l’asile. Nauru devient alors un des centres de rétention externalisée par l’Australie (avec la base navale de Lambrum à Manus en Papouasie-Nouvelle-Guinée) : avec cette nouvelle manne économique, l’argent australien contre l’internement des réfugiés “en attente d’une régularisation (très) éventuelle”, une véritable #industrie_des_réfugiés se déploie sur l’îlot. Elle se poursuit jusqu’à aujourd’hui, avec des intensités variables, quel que soit d’ailleurs la couleur politique des gouvernements Australiens (conservateurs ou travaillistes). On y construit tout un réseau d’infrastructures complexes, destinés aussi bien au contrôle et à la surveillance des réfugiés qu’à l’accueil d’une population très importante d’intervenants étrangers, chargés de la logistique et de la #militarisation de l’île, mais aussi des avocats, des médecins, des officiels australiens, des interprètes et de nombreux experts envoyés par les ONG.

    La plupart des études portant sur les zones d’internement des migrants, par exemple en Méditerranée, portent sur les conditions d’existence des réfugiés. Plus rarement sur les acteurs institutionnels de ce qu’on peut appeler une véritable industrie de la re-migration offshore. Mais on oublie souvent de s’intéresser aux populations autochtones qui habitent les territoires où sont édifiés les infrastructures de l’internement. En donnant alternativement la parole aux trois groupes d’acteurs directement engagés dans cette société organisée autour de l’industrie des réfugiés, les réfugiés et demandeurs d’asile mais aussi les travailleurs de cette industrie, et surtout les Nauruans eux-mêmes, Julia Morris échappe à l’attraction des narratifs du gouvernement australien tout autant qu’aux récits sensationnalistes qui critiquent ces politiques de répudiation offshore en invoquant la figure racisée du Nauruan “sauvage, barbare, cruel, intéressé” (cet argument qui critique la relégation des migrants dans des pays tiers, en dénonçant la barbarie et l’inhumanité des hôtes autochtones, se retrouve actuellement par exemple en Grande-Bretagne, autour du projet de remigration offshore au Rwanda)

    C’est l’immense mérite du livre décapant de Julia Morris, qui n’épargne pas les discours “humanistes” des opposants à ces politiques d’internement offshore (notamment dans la gauche Australienne), de donner la parole aux Nauruans eux-mêmes, piégés dans ces récits produits par l’imaginaire politique occidental.

    https://outsiderland.com/danahilliot/lindustrie-des-demandeurs-dasile-lexemple-de-nauru
    #Australie #externalisation #asile #réfugiés #migrations #extractiviste #industrie_agro-alimentaire #pacific_solution

    ping @karine4

    • Asylum and Extraction in the Republic of Nauru

      Asylum and Extraction in the Republic of Nauru provides an extraordinary glimpse into the remote and difficult-to-access island of Nauru, exploring the realities of Nauru’s offshore asylum arrangement and its impact on islanders, workforces, and migrant populations. Drawing on extensive fieldwork in Nauru, Australia, and Geneva, as well as a deep dive into the British Phosphate Commission archives, Julia Caroline Morris charts the island’s colonial connection to phosphate through to a new industrial sector in asylum. She explores how this extractive industry is peopled by an ever-shifting cast of refugee lawyers, social workers, clinicians, policy makers, and academics globally and how the very structures of Nauru’s colonial phosphate industry and the legacy of the “phosphateer” era made it easy for a new human extractive sector to take root on the island.

      By detailing the making of and social life of Nauru’s asylum system, Morris shows the institutional fabric, discourses, and rhetoric that inform the governance of migration around the world. As similar practices of offshoring and outsourcing asylum have become popular worldwide, they are enabled by the mobile labor and expertise of transnational refugee industry workers who carry out the necessary daily operations. Asylum and Extraction in the Republic of Nauru goes behind the scenes to shed light on the everyday running of the offshore asylum industry in Nauru and uncover what really happens underneath the headlines. Morris illuminates how refugee rights activism and #RefugeesWelcome-style movements are caught up in the hardening of border enforcement operations worldwide, calling for freedom of movement that goes beyond adjudicating hierarchies of suffering.

      https://www.cornellpress.cornell.edu/book/9781501765841/asylum-and-extraction-in-the-republic-of-nauru

      #livre

  • Voici une analyse qui est certes bien compatible avec la pensée oligarchique qui roule pour les banques, le profit et l’exploitation de la force de travail, sans vergogne en ce qui concerne la dévastation du vivant mais une chose se prépare : la France est dans le collimateur de toute l’institution financière globalisée et en premier lieu la BCE. En 2024, année « olympique » nous allons connaître un scénario à la grecque et ce sera dévastateur pour les plus modestes d’entre nous.

    https://www.lexpress.fr/idees-et-debats/nicolas-baverez-aujourdhui-la-france-est-a-terre-et-beaucoup-de-pays-sen-re

    Pendant des décennies, la France a bénéficié d’une impunité. Elle le devait d’abord à la solidité et à la flexibilité de la Ve République : le pays a toujours été gouvernable et l’Etat opérationnel. Ensuite, elle a bénéficié de la protection de la zone euro : elle est en partie fictive car l’Allemagne n’a ni la volonté ni les moyens de réassurer la France, mais elle était néanmoins considérée par les marchés comme crédible en raison de la nature systémique de notre pays pour l’Union comme pour la monnaie unique. Enfin, a joué l’incroyable efficacité du ministère des Finances pour prélever les impôts et les taxes, même avec peu de croissance, et de la manière la plus indolore et masquée possible. Contrairement à ce qui est dit, la fraude est très limitée en France, surtout si l’on considère les taux d’imposition. Vaille que vaille, l’Etat prélève tous les ans plus de 52 % du PIB, ce qui est extravagant.

    Mais aujourd’hui, ces trois protections n’existent plus. Les législatives ont débouché sur une Assemblée ingouvernable éclatée en trois blocs, très loin d’une majorité même relative, et sans réel esprit de compromis. La dissolution a créé la crise politique, alors qu’elle sert normalement à la résoudre. La Ve République retrouve sa nature parlementaire des périodes de cohabitation. Mais la délégitimation du président et le blocage de l’Assemblée rendent a priori le pays ingouvernable, ce qui n’a pas de précédent depuis 1958.

    Dans la zone euro, le changement est également spectaculaire, car nos partenaires ont compris que la France n’est pas seulement un risque pour elle-même mais pour eux tous puisque nous jouons avec leur monnaie, leurs finances, leur réputation sur les marchés. L’immunité de la France n’existe plus. La Commission a lancé une procédure de déficit excessif le 9 juillet, ce qui signifie que la France doit proposer des solutions pour rétablir ses comptes dès le 20 septembre. Par ailleurs, le ministre allemand des Finances a déjà indiqué que son pays s’opposerait à ce que la France puisse disposer du mécanisme de stabilité de la BCE si elle devait être touchée par un choc financier.

    Sur les marchés, nous sommes dans l’œil du cyclone. Un calme de surface règne, lié au fait que la possibilité de l’arrivée au pouvoir du RN a été écartée et que le programme délirant du NFP ne paraît pas pouvoir être appliqué ni d’un point de vue politique ni d’un point de vue juridique. Mais notre pays est désormais sous surveillance permanente, comme le montre l’écart de taux croissant avec l’Allemagne. Un programme de hausse massive des dépenses publiques et des impôts est insoutenable. S’il devait être expérimenté, la sanction serait aussi rapide qu’au Royaume-Uni en 2022.

    Enfin, la France a perdu le contrôle de ses finances publiques. L’année 2023 s’est achevée avec un dérapage du déficit de 4,9 % à 5,5 % du PIB. Ce n’était pas un accident, comme a tenté de le faire croire le président de la République, puisque, pour les cinq premiers mois de 2024, nous enregistrons un nouvel excès des dépenses de 6 milliards d’euros et un déficit des impôts de 1,4 milliard. La faiblesse des recettes est structurelle. Elle est liée à l’atonie de la croissance, à la montée des faillites, aux difficultés de nombreux secteurs : l’immobilier, l’agriculture, les banques et assurances qui sont télescopées par la montée des taux et la déstabilisation de la dette publique.

    #BCE #Grèce #mise_sous_tutelle (de la France) #faillite

    • C’est du nudge, une fois de plus.
      Une façon de dire : NFP ou RN, on aura toujours le moyen de vous expliquer que vous ne pourrez pas changer de politique.
      Relire l’histoire jour par jour de la Commune de Paris, et du double jeu de la Banque de France, ainsi que la façon dont les prussiens ont géré leur victoire avec les Versaillais.

    • Que ce soit de la « pédagogie du consentement » ne change rien à l’affaire. A mon (humble) avis, on va manger « grave » ... Ne serait-ce que par la tournure que prennent les dernières convulsions de la macronie, ça va conforter tous les « partenaires » économiques de nous mettre à la diète. Vu l’état actuel des services publics essentiels (santé, éducation), et vu la tendance à la fascisation de l’opinion sous perfusion bolloréenne, il n’ y a que la police et l’armée (le soit disant « régalien ») qui réussiront à tirer leurs épingles respectives du jeu.

    • La Vème est totalement discréditée, d’une façon qu’il était étonnamment difficile d’anticiper. Déjà, la gymnastique pour faire accepter par le CC la réforme des retraites était corsée. Là, décider que l’exécutif peut directement intervenir dans le législatif, c’est acter définitivement qu’il n’y a pas de séparation des pouvoirs.
      On entre en terre inconnue. Et il n’y aura pas d’alliance des états capitalistes pour faire pression sur le gouvernement français afin de saigner les français. Par contre, il y aura sans aucun doute alliance des élites françaises, pour continuer à saigner les autres français, oui. J’insiste sur le fait que ça ne viendra pas de l’extérieur, contrairement à la Grèce, où la pression est bien arrivée de l’extérieur, Allemagne en premier lieu, France en second lieu.

  • https://www.lemonde.fr/sciences/article/2024/05/20/engagement-des-scientifiques-le-ton-monte-dans-les-labos_6234452_1650684.htm

    #Wolfgang_Cramer
    #Christophe_Cassou
    #Valérie_Masson-Delmotte

    Appel à signature pour une tribune demandant la mise en #faillite_écologique de #Total

    Le vendredi 24 mai prochain, le conseil d’administration de TotalEnergies défendra devant l’AG de ses actionnaires son plan d’investissement prévoyant d’augmenter sa production d’énergies fossiles de 2 à 3% par an sur les cinq prochaines années. La major a donc fait le choix non pas de réduire sa contribution à la catastrophe climatique, mais de l’accélérer.

    Il faut se rendre à l’évidence : #TotalEnergies ne réduira pas sa production fossile parce qu’on le lui demande poliment. Au lieu de cultiver son impuissance, la puissance publique devrait se donner les moyens juridiques et fiscaux d’empêcher des entreprises comme TotalEnergies de menacer les conditions d’habitabilité de la planète. Cette tribune en propose plusieurs, et notamment la notion de faillite écologique qui permettrait à la puissance publique d’envisager le redressement judiciaire d’une entreprise eu égard à sa stratégie climaticide.

    Nous souhaiterions faire publier cette tribune dans un média grand public en amont de l’AG de TotalEnergies, et en lien avec une mobilisation inter-organisations.

    Vous pouvez accéder à la tribune (https://framaforms.org/soutien-a-la-tribune-totalenergies-en-faillite-ecologique-1715944543) et vous joindre aux signataires dans ce formulaire. N’hésitez pas à faire tourner.

    Les #Scientifiques_en_rébellion s’invitent une nouvelle fois à l’#AG des #actionnaires de BNP Paribas

    L’an dernier, au moment où les ONG de L’Affaire BNP annonçaient mettre en demeure BNP Paribas pour ses financements aux énergies fossiles, nous avions appelé la banque, via une tribune dans l’Obs, à cesser tout financement de nouveaux projets pétroliers et gaziers. Nous étions aussi allé.es interpeller BNP Paribas à son Assemblée générale.

    Cette action a eu des effets : #BNP Paribas a annoncé il y a un an de nouveaux engagements à réduire ses financements aux énergies fossiles et elle les a effectivement réduits significativement par rapport à 2022. Depuis cette date, elle n’a plus participé à l’émission d’obligations pour des projets pétro-gaziers. Mais la banque n’a pas formalisé cet engagement ni cessé tout financement aux énergies fossiles.

    C’est pourquoi le 14 mai, nous sommes retourné·es à l’AG de #BNP_Paribas afin d’exhorter la banque à stopper tout financement, direct ou indirect, aux entreprises qui développent de nouveaux projets fossiles (à commencer par TotalEnergies). Notre intervention a de nouveau déclenché les huées des actionnaires, et la direction du groupe refuse toujours de s’engager à stopper de financer la major pétro-gazière française. Le combat continue !

    La vidéo est ici, et vous trouverez plus d’infos dans notre communiqué de presse.

    https://scientifiquesenrebellion.frama.space/s/6BRfL9FHCx6XqSb

  • Le scandale de la disparition de 7 milliards d’euros de l’association patronale de garantie des salaires embarrasse l’#Unédic
    https://www.lejdd.fr/societe/le-scandale-de-la-disparition-de-7-milliards-deuros-de-lassociation-patronale-

    Le scandale de la disparition de 7 milliards d’euros de l’association patronale de garantie des salaires embarrasse l’Unédic

    Des milliards évaporés sans que personne ne s’inquiète. Des salariés qui portent plainte après avoir découvert qu’une partie de l’argent du fonds de garantie patronal ne leur est pas parvenue. Les révélations de l’ex-directrice du régime de garantie des salaires ont conduit à l’ouverture d’une enquête. Mais tout est fait pour décrédibiliser Houria Aouimeur-Milano.
    Raphaël Stainville

    #paywall

    • C’était dans Le Monde il y a une semaine, mais, en effet, pratiquement pas repris dans le reste des médias…

      L’ex-directrice du régime de garantie des salaires n’obtient pas le statut de lanceuse d’alerte
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/11/07/l-ex-directrice-du-regime-de-garantie-des-salaires-n-obtient-pas-le-statut-d

      Le conseil de prud’hommes de Paris a rejeté, mardi 7 novembre, la demande d’Houria Aouimeur, qui affirmait avoir révélé au grand jour un détournement de fonds de plusieurs milliards d’euros, au détriment du dispositif permettant de payer les travailleurs employés dans des entreprises en difficulté.

      C’est un coup dur pour celle qui affirmait avoir révélé le scandale des entreprises en difficulté. Mardi 7 novembre, Houria Aouimeur, l’ancienne directrice nationale du régime de garantie des salaires AGS, a été déboutée de toutes ses demandes par le conseil de prud’hommes de Paris. Elle réclamait, en particulier, le statut de lanceuse d’alerte dans une affaire de détournement de fonds, mais les juges, saisis en référé, ont refusé de lui donner gain de cause.

    • L’affaire prend une nouvelle dimension, à l’automne 2022, lorsque l’Unédic – l’employeur des personnels du régime AGS, donc de Mme Aouimeur – s’intéresse aux « frais de mission, de réception et de déplacement » de la directrice nationale et de ses proches collaborateurs. Une première « évaluation » met en évidence des dépenses très élevées : notes de restaurants, courses en taxi… Une autre expertise – du cabinet PwC – parvient à des constats similaires tout en pointant du doigt des contrats et des marchés passés avec des prestataires dans des conditions irrégulières. Du fait de tous ces « manquements », l’Unédic – qui est le patron de Mme Aouimeur – décide de la licencier, en février, pour « faute lourde ».

      Mme Aouimeur réfute les accusations portées contre elle, tout en soutenant que la rupture de son contrat de travail est une mesure de représailles destinée à la faire taire, après avoir mis au grand jour des détournements de fonds colossaux. Elle a engagé plusieurs procédures, dont l’une vise à obtenir l’annulation de son licenciement et la réintégration à son poste, en invoquant le fait qu’elle a été une lanceuse d’alerte.

      Mais le conseil de prud’hommes de Paris, statuant en « départage » (c’est-à-dire à l’issue d’une audience présidée par un magistrat professionnel), considère que Mme Aouimeur « ne peut revendiquer [ce] statut ». Dans son ordonnance rendue mardi, que Le Monde a pu consulter, il fait notamment valoir qu’elle avait été recrutée « avec pour mission spécifique d’engager un audit » sur des « anomalies » détectées dans le régime AGS au cours des semaines précédant son embauche. Elle en « a rendu compte à la direction de l’Unédic, dans le cadre de l’exécution de son contrat de travail », ce qui a conduit cette dernière à déposer plainte. Autrement dit, Mme Aouimeur a rempli la tâche qui lui était dévolue – ni plus ni moins.
      « C’est une décision importante car elle protège les vrais lanceurs d’alerte de ceux et celles qui se prévalent de ce statut, de mauvaise foi, à des fins personnelles, pour masquer leurs propres turpitudes », réagit Me Frédéric Benoist, l’avocat de l’Unédic. De son côté, Me Stéphanie Lamy, l’avocate de Mme Aouimeur, exprime sa déception : « C’est un message décourageant envoyé aux lanceurs d’alerte. » Le dossier n’est pas clos pour autant. L’ex-responsable du régime AGS a l’intention de faire appel de l’ordonnance prononcée mardi. Par ailleurs, elle a saisi les prud’hommes pour contester, sur le fond, la rupture de son contrat de travail. L’audience aura lieu le 28 mars 2024.
      https://archive.ph/GM93D

    • Oui, tout le monde sait que le JDD est passé à l’extrême droite. Mais il reste peut-être quelques journalistes de qualité à qui on avait promis un papier …

  • UPEC en faillite : quel avenir pour une université en banlieue ?
    https://academia.hypotheses.org/52073

    Academia est alertée depuis plusieurs mois sur la situation désastreuse de l’UPEC, qui, de grande université de banlieue, pluridisciplinaire et reconnue, est en passe de devenir un symbole particulièrement spectaculaire de l’écroulement du service public universitaire, sous les coups conjugués … Continuer la lecture →

  • « L’État devra probablement stabiliser aussi cette nouvelle banque »

    Fleuron de la tradition bancaire suisse, Credit Suisse (CS) a fait naufrage après 167 ans d’existence : l’État a forcé #UBS à racheter sa rivale en perdition. Tobias Straumann, historien de l’économie, nous livre sa vision de la Suisse et des #banques, nous parle des illusions de la politique et répond à la question suivante : un petit pays comme la Suisse a-t-il vraiment encore besoin d’une grande banque internationale ?

    La Revue Suisse : Monsieur Straumann, la fin de l’histoire de CS est-elle une rupture ou un tournant pour la Suisse ?

    Tobias Straumann : Il s’agit tout au moins d’un événement. CS était la plus ancienne des grandes banques encore existantes. Mais sa #faillite ne représente pas un tournant majeur. De grandes banques ont déjà disparu dans les années 1990. La Suisse en possédait cinq il y a un peu plus de 30 ans, il n’en reste qu’une aujourd’hui. La crise financière mondiale de 2008, avec le sauvetage par l’État de la plus grande banque suisse, UBS, puis la disparition du #secret_bancaire pour la clientèle étrangère ont été des traumas bien plus importants.

    Sauvetage d’UBS, fusion contrainte de CS : en 15 ans, l’État a dû secourir à deux reprises des grandes banques en difficulté. Or, la Suisse est un pays qui met en avant les valeurs de l’économie de marché libre. N’est-ce pas paradoxal ?

    L’économie de marché est loin d’être parfaite en Suisse. Nous avons de nombreuses entreprises d’État ou pseudo-entreprises d’État et, dans le secteur bancaire, les banques cantonales, qui sont aussi des entreprises d’État. En outre, je pense que l’intervention de l’État dans les affaires des grandes banques n’est plus un tabou. Depuis les années 1990, la #vulnérabilité du système bancaire, hypermondialisé et hyperlibéralisé, est évidente. Il est devenu tout à fait normal que les #États interviennent régulièrement. Ils ne peuvent pas faire autrement, car sans cela, les grandes crises financières mondiales s’enchaîneraient. À l’étranger aussi, on attend de la Suisse qu’elle prévienne les incidents qui mettraient en péril tout le #système_bancaire.
    Après le sauvetage d’UBS, le Parlement a toutefois voulu éviter, à l’aide de la loi « #Too_big_to_fail », que l’État et les contribuables soient à nouveau confrontés à des #risques_financiers aussi importants. Peut-on parler d’un réveil politique brutal ?

    En tant qu’historien, je suis moins surpris que cela n’ait pas fonctionné. En cas de crise, on a besoin de plans simples. La réglementation « too big to fail » était trop complexe, immature et un peu irréaliste. Un cas comme celui-ci implique toujours l’aval politique d’autorités étrangères. Or, cela peut prendre du temps.

    Face aux marchés financiers mondialisés, que peut encore faire la capitale fédérale ?

    Plusieurs choses. L’État peut et doit agir énergiquement quand il s’agit de stabiliser des banques. Dans le cas d’UBS, il l’a très bien fait. La banque a été étatisée, partiellement et temporairement, et à la fin la Confédération y a même gagné quelque chose. Et UBS a adapté sa culture du risque. Dans le cas de CS, les autorités ont estimé qu’une fusion était plus sûre. L’avenir dira s’il s’agissait de la bonne solution.

    À qui ou à quoi est dû le naufrage de CS ?

    Au management et au conseil d’administration. CS était mal dirigé depuis des années. Mais les autorités aussi doivent répondre à des questions. Depuis octobre 2022, on savait que la banque était en difficulté. Or, il a fallu attendre mars pour qu’un plan de sauvetage voie le jour. Le tout a paru quelque peu improvisé, contrairement à ce qu’il s’était passé avec UBS. Cela m’a surpris. Nous n’en savons pas encore assez pour juger le comportement des autorités : la commission d’enquête parlementaire nous éclairera à ce sujet. Et CS devrait lui aussi faire sa part, spontanément, en livrant un rapport détaillé sur ce qui a capoté. Il le doit à la Suisse.

    Malgré les pertes et les scandales, CS distribuait des rémunérations et des bonus astronomiques. Certains banquiers semblent n’être plus guidés que par l’appât du gain, qui leur fait prendre tous les risques. Où est la banque entrepreneuriale d’autrefois, qui a fait avancer la Suisse ?

    CS a conservé un secteur entrepreneurial jusqu’à la fin. Dans le domaine des crédits accordés aux entreprises, il a fait du très bon travail. Il est vrai que les fondateurs de la banque autour d’Alfred Escher, au XIXe siècle, ont investi dans les infrastructures. Mais les activités ferroviaires étaient déjà risquées, elles aussi. CS a connu des débuts mouvementés, car les cours boursiers des sociétés de chemin de fer n’arrêtaient pas de fluctuer. Quand ça allait bien, les banquiers aussi gagnaient bien. Et quand ça allait mal, ils ne touchaient pas de bonus. Voilà la différence avec aujourd’hui. Les erreurs de CS sont dues à la cupidité, oui, mais surtout à l’incompétence du conseil d’administration et de la direction.

    En quoi étaient-ils incompétents ?

    À partir des années 1990, les grandes banques suisses se sont fortement internationalisées. Or, il est très difficile pour un management suisse de tenir bon sur les places financières de Londres et de New York. Les banquiers d’investissement anglo-saxons ont une tout autre mentalité, qui s’accorde mal avec la culture d’entreprise suisse. En outre, les grandes banques suisses plaçaient souvent des employés de seconde classe à Londres et à New York, qui se comportaient comme des mercenaires et ne pensaient qu’à se faire un maximum d’argent en peu de temps.

    UBS a racheté CS en juin : la banque géante qu’elle est désormais est-elle viable ?

    Elle est plus petite que ne l’était UBS avant la crise financière, et elle réduira certainement encore un peu sa voilure. Mais il est vrai qu’elle reste immense, puisque que la somme de son bilan atteint le double du produit intérieur brut (PIB) suisse. Je ne sais pas si elle est viable. Il est très probable qu’elle aussi connaisse un jour des difficultés et que l’État doive intervenir. Et l’on peut d’ores et déjà affirmer qu’introduire des règles plus strictes n’y changera rien.

    Pourtant, certains politiques exigent actuellement des réglementations plus strictes pour les banques d’importance systémique.

    Il serait bon d’exiger un peu plus de réserves, c’est-à-dire une plus grande part de fonds propres. Mais même ainsi, UBS ne sera pas à l’abri, il faut le savoir. Le système financier mondial est très vulnérable. CS était en mauvaise posture, mais pas tant que cela. Il respectait tous les chiffres clés de l’Autorité de surveillance des marchés financiers. Il suffit qu’un incident se produise quelque part, et la contagion commence. Les États ne peuvent ni prédire, ni empêcher une crise financière, seulement l’endiguer à temps pour éviter des conséquences catastrophiques. Il est toutefois difficile de déterminer le bon moment pour intervenir.

    Face à de tels risques, ce petit pays qu’est la Suisse peut-il encore se permettre d’avoir une grande banque active sur le plan international ?

    Avoir sur sa place financière une grande banque qui propose tous les services a des avantages. Si UBS, par volonté politique, devait à présent se défaire de ses secteurs internationaux problématiques, ou déplacer son siège, elle perdrait ces avantages. Mais elle gagnerait en stabilité. Des filiales étrangères pourraient se charger de certaines opérations, comme c’est le cas pour la compagnie aérienne Swiss, qui appartient à la société allemande Lufthansa. Cela pourrait fonctionner. Même la disparition du secret bancaire ne nous a pas fait de tort. Zurich ne s’est pas appauvri, bien au contraire.

    La place financière internationale suisse a-t-elle été importante pour la prospérité du pays ?

    Son importance économique est surestimée. La Suisse est devenue une place financière internationale durant la Première Guerre mondiale, mais en 1914, juste avant la guerre, elle était déjà le pays le plus riche du continent européen pour ce qui est du PIB par habitant. Et ce, surtout grâce à son industrie, qui était très dynamique et qui a fait sa prospérité au XIXe et au XXe siècles, et jusqu’à ce jour. La place financière est née après l’industrialisation et s’est dotée, avec la gestion de fortune, d’une nouvelle source de revenus très florissante. Pour l’économie nationale, cela a toujours eu des avantages et des inconvénients.

    Quels ont été les inconvénients ?

    Les salaires élevés du secteur bancaire ont attiré de nombreux travailleurs qualifiés, qui ont manqué à d’autres secteurs plus innovants. À présent, sans l’appel d’air du secteur bancaire, il y a de nouveau plus de place pour d’autres branches et innovations. Zurich a beaucoup de succès dans le secteur des assurances, qui est plus prévisible et plus stable. Je trouve qu’il convient bien mieux à la mentalité suisse.

    https://www.swisscommunity.org/fr/nouvelles-et-medias/revue-suisse/article/letat-devra-probablement-stabiliser-aussi-cette-nouvelle-banque

    #banque #Suisse #Credit_Suisse #finance #Etat #sauvetage

  • L’Économie « Sociale et Solidaire » : un contresens absolu. Le mode d’exploitation capitaliste des « richesses » ne peut être ni social ni solidaire.

    Railcoop au bord de la faillite : les coulisses d’un déraillement | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/railcoop-bord-de-faillite-coulisses-dun-deraillement/00107698

    ransports Railcoop au bord de la faillite : les coulisses d’un déraillement
    Le 27 Juillet 2023
    16 min

    Fiasco dans le fret, retard dans l’offre voyageurs Bordeaux-Lyon, crise interne… Après trois ans d’existence, la coopérative ferroviaire Railcoop traverse un long tunnel, sans réelles perspectives d’en voir le bout.

    Clap de fin pour Railcoop ? La société qui voulait relancer la liaison ferroviaire entre Lyon et Bordeaux est en tout cas sur la corde raide. Si la coopérative ne parvient à trouver 500 000 euros d’ici la fin du mois de septembre pour payer les salaires et les fournisseurs, elle devra mettre la clé sous la porte.

    Au cours du mois de juin, Railcoop a donc imploré ses sociétaires, à coups de mails hebdomadaires, de reprendre des parts au capital social de l’entreprise.

    « Nous sommes face à un défi immédiat : lever des fonds pour assurer la survie de notre projet. Il ne faut pas se cacher la vérité, nous avons un besoin urgent de l’aide de chacune et de chacun », a-t-elle ainsi écrit à ses sociétaires, dans une lettre ouverte datée du 19 juin.

    La stratégie de communication a en partie payé. En un mois à peine, Railcoop a réussi à rassembler près de 250 000 euros, déjouant ainsi tous les pronostics. Mais sa situation financière, qui reste extrêmement précaire, interroge : comment une entreprise qui a réussi à lever près de 8 millions d’euros en quelques années et suscité tant d’enthousiasme à ses débuts se retrouve-t-elle aujourd’hui proche de la cessation de paiements ?

    https://justpaste.it/bl438

    #ESS #Railcoop #transport_ferroviaire #ouverture_à_la_concurrence #SNCF #SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif)

  • La banque américaine First Republic s’effondre à Wall Street

    Cet établissement californien valorisé 20 milliards de dollars au début de 2023 n’en valait plus que 654 millions à la fermeture de la Bourse américaine vendredi...
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/04/29/la-banque-americaine-first-republic-s-effondre-a-wall-street_6171466_3234.ht

    #First_Republic a confirmé lundi soir que nombre de ses clients avaient retiré des dépôts, plus de 100 milliards de dollars au total au premier trimestre. Elle a pu compter sur les 30 milliards apportés par les autres banques dans ses comptes, mais c’est insuffisant aux yeux des investisseurs, qui ont fait plonger l’action mardi et mercredi avant de lui accorder un répit jeudi. La direction a bien présenté lundi soir quelques mesures visant à renforcer la santé financière de la #banque. Elle a aussi souligné qu’elle étudiait des « options stratégiques » mais sans donner beaucoup de détails.

    Intervention des autorités ? Vente de la banque dans son ensemble ou de seulement certains actifs ? Statu quo en misant sur une baisse prochaine des taux d’intérêt ? Les rumeurs abondent depuis sur les possibles solutions mais sans aucune annonce officielle. Le scénario d’une prise de contrôle de l’établissement par les autorités avant la revente des actifs à un prix réduit fait partie des plus probables. Les autorités pourraient toutefois être réticentes à sauver une troisième banque en peu de temps.

    #capitalisme #faillite

    • Après la Silicon Valley Bank et la Signature Bank, c’est au tour de la First Republic, 14e banque des États-Unis par la taille de ses actifs de s’effondrer. Valorisée à 40 milliards en novembre 2021, elle ne vaut quasiment plus rien aujourd’hui, son cours ayant plongé après le retrait de plus de 100 milliards de dépôts par des bourgeois petits et grands.

      L’État américain se portera-t-il de nouveau au secours des déposants et des actionnaires ? D’autres banques se porteront-elles d’emblée acquéreur à bon prix accroître leur emprise ? Quelle sera la prochaine banque à faire faillite ? Ce qui est certain c’est que les déclarations rassurantes des autorités de chaque côté de l’Atlantique ne valent pas tripette.

      L’anarchie généralisée du capitalisme et le cancer financier qui la gangrène ne peuvent qu’amener à la catastrophe économique.

      https://www.lutte-ouvriere.org/breves/banques-de-faillite-en-faillite-638827.html

  • Bruno #Le_Maire, héraut d’un #système en #faillite | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/210323/bruno-le-maire-heraut-d-un-systeme-en-faillite

    Passons aussi sur sa réaction au texte de Nicolas Mathieu publié sur Mediapart, qui dénonçait en écrivain la violence du gouvernement et la rage qu’elle provoque dans la population. Notre #ministre-publié-chez-Gallimard a rejeté ce texte avec dédain, le jugeant « injuste », « insultant », « méprisant ». Car, prétend-il, lui aussi connaît les « petites gens » et, d’ailleurs, « c’est pour eux » qu’il défend une réforme des retraites qui va les faire #travailler_davantage et les soumettre encore plus à la #pression du monde du travail.

    Sans doute, ce doit être aussi « pour eux » que les règles de l’assurance-chômage ont été durcies et qu’il a promis récemment des coupes dans les dépenses sociales. De sorte que la façon qu’a notre ministre-poète de défendre les gens qu’il aime tant semble surtout passer par la matraque, au propre comme au figuré.

    En réalité, l’entretien lui-même venait confirmer le texte de Nicolas Mathieu : un enfermement de classe dans un argumentaire moisi auquel plus personne ne croit n’a d’autre réalité concrète que celle de la guerre sociale que mène cette majorité.

    Bruno Le Maire aime le peuple comme l’aimait Adolphe #Thiers : soumis et obéissant à ses hiérarchies. « Du moins, pendant ce temps, il n’écrit pas », a répondu avec malice Nicolas Mathieu à cette déplorable saillie ministérielle.

    Passons enfin sur le discours lénifiant concernant la « solidité » des #banques françaises alors que se dessine la tourmente d’une crise financière généralisée dans laquelle les monstres que sont les banques françaises ne sauraient être entièrement à l’abri.

    Plus que jamais, Bruno Le Maire est un #comique malgré lui : au moment où il donne avec aplomb ces assurances, la #Banque_centrale_européenne elle-même a dû se fendre de deux communiqués officiels pour assurer au système financier qu’elle se portera à son secours en cas de besoin. Ce genre de textes ne se lance pas au hasard. D’ailleurs, les titres des grandes banques françaises n’ont pas été épargnées par les marchés, loin de là. Mais l’hôte de Bercy dessine de sa plume alerte un autre monde, bien loin des contingences de celui où nous autres sommes contraints à errer.

    L’acmé de cette #déconnexion est sans doute atteinte lorsque notre ministre proclame haut et fort que « l’argent gratuit, c’est fini ». Le mot peut sembler anodin mais il révèle en réalité l’inconsistance complète de l’analyse de celui qui est censé tenir les finances du pays.

    Bruno Le Maire, qui sait se montrer si dur avec les chômeurs ou les grévistes, n’a jamais demandé aucune #contrepartie_aux_entreprises.

  • Apparemment, Aladdin, le super-ordinateur de Larry Fink (BlackRock), a des sueurs froides…

    « Les dominos ont-ils commencé à tomber » ? Le patron de BlackRock, premier gestionnaire d’actifs au monde, s’inquiète de l’effondrement de SVB, « la plus grande #faillite bancaire en quinze ans ».

    Dans sa dernière lettre annuelle, adressée ce mercredi pour la première fois à ses actionnaires et ses clients, #Larry_Fink craint que la faillite de SVB ne soit pas un épiphénomène mais le début d’une longue série de déboires financiers. Un juste pressentiment, alors que les difficultés de #Credit_Suisse déclenchent une nouvelle tempête sur les marchés boursiers.

    L’origine de ce #risque_systémique est à trouver dans le changement total de paradigme économique de ces derniers mois : la flambée de l’inflation liée à la guerre en Ukraine a conduit les banques centrales à relever leurs taux directeurs de façon très abrupte, mettant fin à des décennies « d’argent facile ». Sans doute le premier domino d’une longue série à tomber.

    « Les #marchés_obligataires ont reculé de 15 % l’an dernier, mais cela semblait, comme ils disent dans les vieux westerns, ’calme, trop calme’. Quelque chose d’autre devait se produire alors que la plus puissante remontée des taux depuis les années 1980 devait faire apparaître les fragilités du #système_financier », écrit Larry Fink.

    Cette crainte s’est matérialisée dans la fermeture de #SVB par les autorités américaines vendredi dernier pour protéger les dépôts et limiter le risque de contagion. « C’est un problème classique d’incompatibilité entre l’actif et le passif », note le président de #BlackRock. Investi dans des obligations à long terme, SVB a en effet dû vendre ces actifs à perte dans la précipitation pour faire face aux demandes massives de retrait de ses clients.

    D’autres problèmes similaires ont eu lieu sur différentes classes d’actifs. Ainsi, un certain nombre de sociétés de gestion ont dû bloquer les retraits de #fonds_immobiliers, auxquels elles ne pouvaient faire face ces derniers mois.

    « Nous ne savons pas encore si les conséquences de l’argent facile et des changements réglementaires se répandront sur le secteur des banques régionales américaines (comme dans la crise des Saving & Loans qui s’est prolongée durant les années 1980 et le début des années 1990), avec davantage de crises et de faillites à venir », craint Larry Fink.

    Autre sujet d’inquiétude, les années de taux bas ont conduit les gérants d’actifs à accroître leurs expositions à des investissements illiquides, qui présentaient des rendements plus élevés. « Il y a maintenant un risque d’incompatibilité de liquidité pour ces gérants, particulièrement pour ceux ayant un portefeuille avec un fort levier d’endettement », redoute le patron de BlackRock.

    Compte tenu du repli sur soi des économies et du rapatriement des chaînes de production, il s’attend par ailleurs à une inflation comprise entre 3,5 % et 4 % dans les prochaines années.

    Le PDG du groupe de 8.594 milliards de dollars d’ actifs sous gestion profite aussi de sa lettre pour éclaircir sa position sur l’ESG (respect des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance). Cible des tirs croisés des républicains et des démocrates ces derniers mois, pour son engagement jugé trop ou pas assez marqué dans ce domaine, Larry Fink a rappelé que son devoir fiduciaire consistait avant tout à répondre aux attentes des clients.[1]

    (Les Échos)

    1. Le « respect des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance », Larry Fink s’en contretape, rappelant que son devoir fiduciaire consistait avant tout à goinfrer de profits les parasites que sont partout les actionnaires.

  • Faillites d’entreprises : une lanceuse d’alerte dénonce le scandale des milliards envolés
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/02/20/faillites-d-entreprises-une-lanceuse-d-alerte-denonce-le-scandale-des-millia

    Elle ne s’imaginait certes pas un destin de lanceuse d’alerte. Houria Aouimeur, 53 ans, a toujours préféré la discrétion, à l’image de son parcours, dans l’ombre du patronat. Elle ne pensait pas, non plus, avoir un jour besoin d’une sécurité rapprochée, ni devoir s’épancher devant des enquêteurs pour révéler les secrets d’un système où les milliards d’euros coulent à flots, dans une certaine opacité. Houria Aouimeur n’envisageait pas, enfin, se trouver en position d’être licenciée pour faute lourde, quatre ans après son arrivée à la tête de la délégation Unédic-AGS.

    (...) Fin 2018, cette juriste de formation décroche un poste enviable : directrice nationale de l’Agence de garantie des salaires, l’AGS, un mécanisme méconnu qui permet aux employés des nombreuses entreprises françaises placées chaque année en redressement judiciaire (42 000 en 2022) de continuer à percevoir leur rémunération. Les sommes brassées par cet amortisseur social sont colossales. Financée par les cotisations patronales, l’AGS a versé, sur les treize dernières années, 24 milliards d’euros.

    Précision essentielle : l’AGS n’est pas directement en contact avec les salariés. Ce sont les 300 mandataires judiciaires répertoriés en France – accompagnés d’une cohorte d’avocats, d’experts et de conseils en tout genre – qui touchent les fonds, qu’ils sont ensuite chargés de redistribuer aux salariés. Le « marché » des entreprises défaillantes est, selon la formule de Mme Aouimeur, « un gigantesque fromage ». Qui attise les convoitises. Au point, assure-t-elle en substance, d’être le théâtre de nombreuses dérives.

    Courriers anonymes

    Peu après la nomination de Mme Aouimeur, la Cour des comptes relève, dans un rapport de février 2019, des « ambiguïtés » dans le régime de garantie des salaires et une « forte dépendance » vis-à-vis des mandataires judiciaires. A la même période, Houria Aouimeur prend connaissance d’un audit qu’elle avait commandé, dès sa prise de fonctions, au cabinet EY. En effet, se souvient-elle, « assez vite, les premiers bruits de malversations » lui étaient parvenus.
     
    Le rapport d’EY conforte ses soupçons. Elle s’en ouvre auprès du Medef, instance suprême qui chapeaute tout le système. Son président, Geoffroy Roux de Bézieux, le confirme au Monde : « Houria nous avait contactés pour nous dire, “j’ai découvert un certain nombre d’affaires”, et je lui avais donné tout mon soutien pour démêler tout ça. Donc elle a commandé un premier rapport chez EY, qui mettait au jour le fait que l’ancien directeur avait monté un petit système de corruption. Et commençaient aussi à tourner quelques soupçons sur des administrateurs ou mandataires judiciaires. » En conséquence, en mars 2019, l’AGS et le Medef déposent une plainte, notamment pour « vol, corruption, prise illégale d’intérêts ».
    Le Monde a pu consulter le rapport EY, intitulé « projet Albatros », ainsi que la plainte. Trois personnes sont directement mises en cause : le prédécesseur de Mme Aouimeur à la tête de l’AGS, Thierry Météyé, l’ex-responsable de son service juridique, Béatrice Veyssière, et l’avocate parisienne Valérie Dutreuilh.

    (...) Dès février 2019, elle a déposé une plainte dans laquelle elle dénonce « des corruptions dont se serait rendu coupable [son] prédécesseur en labélisant des mandataires judiciaires (…) ce qui leur donne droit aux versements automatiques des salaires, sans vérification a priori de la réalité de l’existence des entreprises et de leurs salariés ».
    En clair, des mandataires indélicats, destinataires des fonds que leur confie l’AGS et qu’ils sont censés reverser aux salariés, les garderaient pour eux. Elle poursuit : « J’ai alors compris qu’il y avait un lien [avec ses ennuis] car nous étions en train de découvrir beaucoup d’actes qu’on peut considérer comme de la malversation et de la corruption. »

    https://justpaste.it/aoiba

    #entreprises #faillites #patronat #Unedic #corruption

    • Qui veut la peau de la lanceuse d’alerte du patronat ?

      Houria Aouimeur a dénoncé des détournements de fonds de très grande ampleur au sein de l’organisme patronal qu’elle dirige, la délégation Unédic-AGS. Plusieurs milliards d’euros se seraient envolés. Depuis, elle vit dans la peur : menaces, harcèlements, filatures…

      Par Matthieu Aron publié le 20 février 2023 à 12h03
      https://www.nouvelobs.com/justice/20230220.OBS69795/qui-veut-la-peau-de-la-lanceuse-d-alerte-du-patronat.html

      Ce 13 juillet 2019, un soleil radieux éclaire Paris. Houria Aouimeur est à la fête. La jeune femme brune, entourée de sa famille et de ses amis, apparaît tout sourire sur les photos prises à la mairie du 18e arrondissement. Pourtant, sur les mêmes clichés, juste derrière elle, figure une ombre. Un homme en noir. C’est l’un de ses gardes du corps qui la suit depuis plus de six mois, à tout instant, dans tous ses déplacements… même sur les lieux de son mariage. La vie d’Houria Aouimeur a basculé dix mois plus tôt. Quand le Medef, dont Geoffroy Roux De Bezieux vient alors de prendre la tête, a proposé un job à haut risque à cette juriste expérimentée travaillant pour l’organisation patronale depuis 2012, d’abord en tant que directrice des affaires sociales, puis comme directrice générale de sa branche conseil : aller faire le ménage au sein de la DUA, la « délégation Unédic-AGS ».

      Inconnu du grand public, cet organisme patronal remplit pourtant une mission essentielle : grâce à une cotisation d’environ 1,5 milliard d’euros par an, il permet de rémunérer les salariés au moment où leur société est placée en liquidation judiciaire. De 2012 à 2022, plus de 2 millions d’employés dans 240 000 entreprises en faillite ont ainsi pu bénéficier de ce fonds de garantie pour un montant total de 18 milliards d’euros. Or, au fil du temps, la DUA est devenue une véritable pétaudière : management opaque, factures exorbitantes, contrôles quasi inexistants…
      Des pertes annuelles de « 1,5 milliard d’e
      uros »

      Las, le nettoyage a viré au polar. Et la vie d’Houria Aouimeur au cauchemar. Malgré les menaces, les intimidations, les filatures, la directrice générale dénonce depuis quatre ans des détournements de très grande ampleur au préjudice du fonds de garantie. Les pertes se chiffreraient en milliards d’euros. Ses révélations ont provoqué un tremblement de terre au sein du monde patronal. Une volonté de transparence qu’elle paye très cher. Ces derniers mois, l’Unédic a déclenché plusieurs procédures contre elle et envisage même désormais de la licencier. La directrice, épuisée, est aujourd’hui en arrêt maladie.

      Les secrets que la lanceuse d’alerte tente de mettre au jour sont-ils à ce point dérangeants ? A-t-elle ouvert une boîte de Pandore que l’Unédic, comme le Medef, qui doit choisir dans quelques mois son nouveau président, préféreraient voir refermer au plus vite ? Ses avocats William Bourdon et Jérôme Karsenti, qui viennent de saisir la justice pour harcèlement moral, en sont convaincus : « On veut la bâillonner », disent-ils. « Les représailles dont je suis la victime, comme le sont également les membres de mon équipe de direction, ne sont qu’un contre-feu mis en place par ceux qui craignent l’émergence de la vérité », confie la directrice générale de la DUA.

      Dès sa prise de fonction fin 2018, Houria Aouimeur lance un audit. Elle met le doigt sur des prestations juridiques et de communication surfacturées, porte plainte au nom de la DUA contre les agissements de son prédécesseur, Thierry Météyé, resté en poste durant 37,5 ans (en novembre 2021, sollicité par « le Monde », ce dernier soutenait que toutes les allégations contre lui étaient infondées). A l’époque, le Medef et l’Unédic s’associent aux poursuites engagées. Mais la directrice générale ne s’arrête pas là. Avec l’appui d’un cabinet comptable indépendant, mois après mois, elle met au jour des malversations d’une tout autre ampleur.

      Rien que sur la période 2013-2018, des dizaines, voire des centaines, de millions d’euros auraient disparu. Du moins à en croire une seconde plainte déposée le 15 octobre 2019 qui va jusqu’à évoquer des pertes annuelles de « 1,5 milliard d’euros ». Dans ce document, la DUA pointe principalement la responsabilité de nombreux mandataires judiciaires. Ces professionnels, chargés de gérer la liquidation des entreprises en faillite, se voient accusés d’avoir conservé dans leurs études une partie des avances destinées aux salariés. Une instruction est alors ouverte pour « faux et abus de confiance ». Elle est confiée au juge d’instruction parisien Vincent Lemonier.
      Serrure forcée, lettre anonyme…

      Seulement, plus Houria Aouimeur progresse dans ses découvertes, plus elle est l’objet de menaces et moins elle est soutenue par son organisme de tutelle. Les premières intimidations qu’elle a subies remontent au 4 janvier 2019. La serrure de sa porte d’entrée est forcée, son nom arraché sur sa boîte aux lettres. Puis, moins d’un mois plus tard, le 26 janvier, elle reçoit, via un pseudo sur Facebook, une photo plutôt menaçante. Celle de trois hommes tatoués, torse nu, les mains sur les oreilles, les yeux et la bouche, qui lui intiment de « ne pas voir, de ne pas entendre et de ne rien dire ». Deux jours après, le 28 janvier à midi, sa femme de ménage, présente dans son appartement parisien, sent une forte odeur venant du palier, s’écrie « c’est quoi, ça ? », ouvre la porte, entend du bruit dans le couloir et découvre que la porte d’entrée vient d’être taguée avec une bombe de peinture noire.

      Enfin, le 31 janvier, une lettre anonyme parvient au président de l’Unédic. Son scripteur prête à Houria Aouimeur une fausse relation intime avec l’un de ses subordonnés, trois photos truquées sont jointes. Dans le même temps, toujours en janvier 2019, un huissier de justice qui a mis sous scellés du matériel informatique de la DUA lance une alerte. Il dit redouter « un cambriolage » et recommande au plus vite « l’achat d’un coffre-fort ». Peu de temps après, « des visiteurs se sont introduits de nuit dans nos locaux. Ils ont tenté de forcer le bureau de la comptable », se souvient Jacques Savoie, à l’époque adjoint à la directrice de la DUA.

      Surtout, à partir de début février 2019, la directrice constate que des individus, très souvent les mêmes, sont positionnés le matin devant son domicile. Ces hommes la suivent, parfois jusqu’à son travail, et demeurent sous les fenêtres de son bureau. Sans se cacher, juste pour l’intimider. Plusieurs de ses collaborateurs observent des agissements identiques. Ainsi, Jean-Paul Toselli, le référent informatique à la DUA, se rappelle fort bien avoir vu « un motard se stationner le matin, plusieurs fois par semaine, devant l’entrée du siège ». « Et il ne venait que lorsque Houria Aouimeur était présente au bureau », ajoute-t-il. Le Medef, dans un premier temps, décide de placer la directrice sous protection rapprochée 24 heures sur 24. Elle ne se déplace plus seule, n’emprunte plus sa voiture. Et sera même contrainte de déménager.
      Dérives des liquidateurs et mandataires judiciaires

      Ces menaces apparaissent au moment où Houria Aouimeur remet sérieusement en cause certaines pratiques des liquidateurs et mandataires judiciaires. A commencer par un privilège dont disposent près de la moitié des études : elles sont « labellisées », ce qui leur offre la possibilité de recevoir très rapidement des avances (souvent de plusieurs millions d’euros), sans qu’aucun contrôle préalable ne soit réalisé sur leur professionnalisme. D’autres ont pris la fâcheuse habitude de commencer par se rémunérer sur les fonds patronaux, avant de payer les salariés, ce qui est contraire à la loi.

      Plus préoccupant encore, des mandataires, après avoir liquidé les actifs des sociétés qu’ils gèrent (vente des locaux, du stock, des machines), ne restituent en moyenne que 30 % de l’argent avancé. Il y a aussi ceux qui n’hésitent pas à gonfler artificiellement dans leur comptabilité les sommes qu’ils doivent retourner à la DUA, pour éviter d’avoir à rembourser les autres débiteurs. Sans compter les mandataires qui ne clôturent jamais leurs dossiers. Or, au bout de dix ans, les études n’ont plus à justifier le non-remboursement des sommes avancées par le fonds de garantie. Ces non-restitutions représentent à elles seules la bagatelle de 550 millions d’euros entre 2013 et 2018.

      Au total, sur la même période, selon les calculs faits par Advolis, le cabinet comptable mandaté par Houria Aouimeur, les pertes se chiffrent à plus de 7 milliards. Un gouffre. Bien évidemment, ces chiffres sont à relativiser. En cas de faillite, il est logique qu’une entreprise, même en vendant ses actifs, ne puisse pas rembourser l’intégralité de ses dettes. D’où la création d’un mécanisme de solidarité. Il n’empêche : l’écart entre l’argent avancé par la DUA et les sommes qui lui sont réellement restituées demeure colossal.

      Au regard de cet enjeu financier et de la destination des fonds qui demeure à ce jour en grande partie mystérieuse, on imagine aisément que l’opération « mains propres » lancée par la nouvelle directrice a suscité un déchaînement de réactions. Les mandataires et administrateurs judiciaires crient au scandale. Leur représentant de l’époque, Christophe Thévenot, alors président de leur Conseil national (CNAJMJ), dénonce vertement dans un courrier envoyé dès juin 2019 des accusations « scandaleuses, ignominieuses et indignes », un climat de « suspicion généralisée » et une campagne de communication « agressive et hostile ».

      Dans les congrès organisés par la profession, le nom d’Houria Aouimeur est hué. La directrice se fait traiter de « folle » et de « délirante ». Encore aujourd’hui, la profession refuse de voir ses pratiques professionnelles remises en cause. Dans un communiqué daté du 9 février 2023, les mandataires démentent toujours aussi fermement « avoir conservé l’argent destiné à indemniser les salariés » et considèrent que les plaintes déposées contre eux sont « dénuées de fondement ».
      Un risque pèse « sur son intégrité physique »

      Houria Aouimeur, elle, après avoir connu une période de tranquillité durant la pandémie de Covid-19 – les intimidations ont cessé pendant cette période –, se retrouve de nouveau au cœur de la tempête à partir de juin 2020. Les allées et venues suspectes reprennent devant son domicile, puis, dans la nuit du 26 juin 2020, les locaux de la DUA, dorénavant équipés d’un système de vidéo, sont de nouveau « visités ». Sequentys, une société de sécurité privé, est appelée en renfort.

      Dans un rapport daté du 4 octobre 2021, ses enquêteurs relatent une très longue liste d’incidents. Le 23 juin 2021, Houria Aouimeur est interpellée brusquement dans un restaurant. Quinze jours plus tard, les détectives de Sequantys notent que « trois individus organisés dans un périmètre de triangulation » se sont placés « en observation » devant l’appartement de la directrice. Au moment où celle-ci sort dans la rue, l’un d’entre eux « vient à son contact, puis la regarde fixement à travers la vitre du taxi » dans lequel elle a juste le temps de s’engouffrer. Entre juillet et août 2021, à quatre reprises, et sans raison, souligne encore le rapport, « une alarme se déclenche à son domicile ». Son fils « est accosté dans la rue ». Enfin, sa résidence secondaire fait aussi l’objet d’une visite nocturne « sans que rien ne soit dérobé ».

      Dans son document final, la société privée de sécurité recommande à la directrice de « limiter dorénavant ses déplacements piétons », d’utiliser « systématiquement des taxis », de « sécuriser ses transmissions » et de conserver « secret » son agenda. Car, écrivent-ils, un risque pèse « sur son intégrité physique ». Son existence tourne au cauchemar.
      Etrange concordance des dates

      Mais le pire est peut-être encore à venir. Début décembre 2022, Houria Aouimeur découvre que son propre supérieur hiérarchique, Christophe Valentie, le directeur général de l’Unédic, a déclenché une enquête à son encontre par l’intermédiaire d’un cabinet externe, Monceau Experts. Lequel a passé au peigne fin ses frais professionnels : frais de bouche, d’hébergement, de taxis, d’essence. Tandis qu’elle s’émeut de cette procédure, elle se voit contrainte de se justifier dans un délai de 48 heures, par le biais de mails comminatoires : « Je te rappelle que je suis ton supérieur, lui écrit, le vendredi 9 décembre 2022, Christophe Valentie, ton attitude te place dans une situation d’insubordination. Si mes demandes ne sont pas satisfaites lundi, j’en tirerai toutes les conséquences. »

      Houria Aouimeur fournit alors les documents réclamés. « Ils attestent que les frais professionnels sont 40 % moins élevés sous sa direction que sous celle de son prédécesseur », assure son avocat William Bourdon. Depuis janvier, un nouvel audit a encore été demandé. « Alors qu’Houria Aouimeur œuvre pour le bien public, on pinaille sur des notes de taxis qu’elle a été obligés d’utiliser pour sa protection, tempête l’avocat. Clairement, on veut la faire taire. »

      Dans la plainte qu’il a déposée pour « harcèlement moral », William Bourdon souligne par ailleurs une étrange concordance des dates. Sa cliente s’est retrouvée ciblée par sa direction juste après avoir détaillé le 26 octobre 2022, pour la première fois, l’ensemble des malversations qu’elle avait découvertes au juge d’instruction qui l’avait convoquée. Une série d’« infractions financières », peut-on lire dans la plainte, « susceptibles d’être imputées à des responsables de premier plan de différentes institutions ».

      Pour sa part, Christophe Valentie n’a pas souhaité répondre à « l’Obs » et l’Unédic affirme dans un communiqué que le dossier judiciaire à l’instruction et les « graves manquements aux règles en vigueur » imputables à la directrice générale de la DUA sont deux affaires distinctes. L’organisation met en garde contre tout « amalgame ». De son côté, le Medef ne souhaite pas davantage s’exprimer. Houria Aouimeur, elle, en a été réduite à demander l’aide de la Défenseure des Droits. L’institution qui en France a pour mission d’assurer la protection des lanceurs d’alerte contre toutes les formes de représailles.

  • Le Liban, frappé par la pauvreté et dans l’impasse politique, face à l’irresponsabilité de ses dirigeants
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/02/13/le-liban-frappe-par-la-pauvrete-et-dans-l-impasse-politique-face-a-l-irrespo

    Au quotidien, une majorité de Libanais survit de débrouille, entre les rétributions des partis communautaires, les aides des ONG et, surtout, l’argent envoyé par des proches, de plus en plus nombreux à s’exiler à l’étranger. La Banque mondiale estime qu’en 2022 les versements de l’étranger ont représenté 38 % du PIB du Liban, contre 14,4 % en 2019. L’ONG Mercy Corps estimait, fin 2022, qu’ils sont la seule source de revenus pour 15 % à 30 % des ménages. Des actifs et des retraités jadis aisés en dépendent aussi : leur épargne est bloquée dans les banques et rognée par la dépréciation de la monnaie. Depuis l’automne 2019, les banques imposent un contrôle informel des capitaux en réponse à la crise des liquidités, dans l’espoir de conjurer leur propre faillite.

    [...]

    La faillite du secteur bancaire a fait du Liban une « économie du cash » où même les transactions commerciales se font de façon informelle. Un cash qui se « dollarise » : avec la dépréciation continue de la livre libanaise et alors que le pays dépend des importations, les prix s’affichent en dollars.

    Cette réalité, la caste au pouvoir feint d’en ignorer la gravité. Tous les experts ont pourtant détaillé les réformes nécessaires pour remettre le pays sur les rails et obtenir une aide internationale. Qu’il s’agisse de la refonte du secteur de l’électricité ou de la restructuration du secteur bancaire, les responsables politiques ont multiplié les entraves, jusqu’à bloquer la conclusion d’un prêt du Fonds monétaire international.

    Menace des armes
    La raison en est que la réforme de l’Etat libanais menace la survie même de l’oligarchie politico-financière. A chaque tentative de remettre en cause son pouvoir ou de la mettre face à ses responsabilités, les vieux réflexes communautaires sont convoqués et la peur du chaos agitée.

    #Liban #faillite #pauvreté

    • Seuls les « dollarisés » – les Libanais et les expatriés qui touchent un revenu en devise étrangère ou disposent d’un patrimoine à l’étranger – peuvent s’offrir, à grands frais, l’illusion d’une vie normale dans la bulle des beaux quartiers.

      Point aveugle : si la partie « dollarisée » des libanais s’en sort bien, alors que l’autre s’enfonce dans la pauvreté avec une monnaie qui ne vaut plus rien, est-ce qu’il n’y aurait pas en ce moment d’énormes transferts de propriété immobilière : c’est-à-dire que les dollarisés peuvent s’offrir immeubles et terrains à vil prix auprès des gens ruinés qui tentent de récupérer des liquidités en vendant leurs biens.

      (Et je suis persuadé que les profiteurs se vantent d’« aider » leurs concitoyens dans le besoin en faisant cela.)

    • On a beaucoup entendu ce type d’argument dans les quelques mois qui ont suivi l’explosion du 4 aout : d’une part, le blocage des banques n’était que partiel et les épargnants riches pouvaient faire un chèque bancaire pour acheter un bien-fonds, effectivement bradé par un propriétaire qui avait absolument besoin de cash ; d’autre part, après la situation, la détresse d’un certain nombre de propriétaires a augmenté, tandis que d’autres profitaient des dégâts pour mettre à la porte leurs locataires, sous prétexte de danger. En pratique, vider les locataires permettait soit récupérer des biens fonds vides dont plus faciles à vendre, soit de profiter des aides à la rénovation pour mettre sur le marché des appartements refaits, à des loyers plus élevés, souvent en dollars...
      Toutefois, j’entends dire aujourd’hui que le marché de l’immobilier est largement bloqué : les transferts entre comptes bancaires ne se font plus car les banques n’ont plus du tout de liquidités, et la dévaluation est telle que les montants, par rapport aux épargnes disponibles ne cessent d’augmenter. Par ailleurs, l’administration du cadastre et de l’enregistrement est très largement bloquée, notamment les juges fonciers etc. J’ai entendu des histoires terribles, à propos de personnes décédés dont les ayant-droits peinent à récupérer leur héritage. Je pense que c’est pareil pour les transactions foncières et immobilières. Certes, on entend dire qu’avec beaucoup d’argent on peut débloquer des choses, mais il faut beaucoup arroser... Donc ton hypothèse est possible, mais pas si massivement parce qu’il y a quand même beaucoup de freins. Après, il peut aussi y avoir des transactions au noir, en attendant que les choses se débloquent. Si elles se débloquent un jour. C’est intéressant parce qu’au début de la guerre, un certain nombre de transactions et héritages se sont ainsi bloqués, et le restent jusqu’à aujourd’hui. Cela contribue à la création d’un marché informel de sous-location, avec des propriétaires-gérants de fait, parfois d’anciens miliciens. C’est ainsi qu’on crée des pans entiers de ville illégale...
      Rouba Wehbe a étudié ce phénomène dans deux types de configurations : le cas de propriétaires palestiniens : Être propriétaire et palestinien au Liban : entre un conflit politique qui perdure et les enjeux d’un marché immobilier excluant https://www.carep-paris.org/wp-content/uploads/2021/06/Rouba_Wehbe_Vima_mep.pdf
      et le cas de propriétés abandonnées à Ghandaq el Ghamiq : https://legal-agenda.com/%D8%AA%D8%B3%D9%8A%D9%8A%D8%B3-%D8%A7%D9%84%D8%B9%D9%82%D8%A7%D8%B1-%D

  • Le capitalisme et ses salopards… ou la prédation comme vocation.

    D’ex-traders sur les cryptomonnaies se lancent… dans le business des faillites dans le secteur des cryptos, et misent sur la « cryptodétresse »

    Les anciens traders de Three Arrows Capital, auteurs avant FTX de la plus grande faillite d’une firme de trading sur les cryptos, tentent une reconversion inattendue. Elle fait polémique dans un secteur qui se remet à peine du séisme de FTX.

    Après avoir perdu des milliards de dollars, les #traders fautifs peuvent-ils avoir une seconde chance ? Avant #FTX et Alameda Research, Kyle Davies et Su Zhu détenaient le titre de la plus grande faillite d’une firme de trading sur les cryptos.

    Les anciens fondateurs de #Three_Arrows_Capital (#3AC) tentent de nouveau leur chance en tablant sur la mansuétude des investisseurs. Ils ne changent pas d’environnement et se lancent… dans le business des faillites dans le secteur des #cryptos . De victimes, ils passent au statut de prédateurs. Ils ne veulent pas lancer un fonds ou une firme de #trading mais une plateforme d’échange baptisée provisoirement « #GTX ». Une allusion à « FTX » afin de montrer que, le « G » venant après le « F » dans l’alphabet, leur société inaugure une nouvelle ère. Ils espèrent lever 25 millions de dollars pour leur projet selon « The Block ».

    Le risque passe du trader au client
    Ce ne sont plus les traders de 3AC qui prendront des risques sur les marchés, mais les clients de leur plateforme. Ces derniers spéculeront sur les #banqueroutes des sociétés de cryptos et la probabilité de récupérer l’argent des clients. Ils pourront acheter ou vendre des créances plus ou moins douteuses de sociétés en #faillite, assorties de probabilités variables d’être remboursées.

    Comme dans le cas des faillites de FTX, Voyager, BlockFi et Celsius, des créanciers désireux de récupérer tout de suite leur argent doivent abandonner leurs droits à de futurs remboursements. En échange de cette rentrée d’argent immédiate, ils doivent accepter aussi de perdre l’écrasante part de leur investissement - près de 90 % pour les clients de FTX. Si ces derniers abandonnent leurs créances sur la plateforme GTX, ils recevront non pas de l’argent mais une crypto stable (ou #stablecoin) « USDG », censée être équivalente au dollar. Un risque supplémentaire.

    Ce business de la « #cryptodétresse » est florissant après 12 mois de chaos sur les marchés. Les faillites ont fait des millions de victimes. Autant de clients potentiels. […]

    (Les Échos)

  • L’inévitable krach (Les Echos, 8 décembre) #capitalisme #crise

    Surendettement des ménages et des entreprises, déficit abyssal des Etats, #inflation et fin des politiques monétaires accommodantes : tous les ingrédients sont réunis pour un #krach financier et budgétaire de grande ampleur. […]

    Si l’on ne considère que les #dettes explicites, les chiffres, déjà, sont astronomiques. Au niveau mondial, le total de la dette des secteurs privé et public par rapport au PIB est passé de 200 % en 1999 à 350 % en 2021. Ce rapport est désormais de 420 % en moyenne dans les économies avancées et de 330 % en Chine. Aux Etats-Unis, il est de 420 %, plus élevé que durant la Grande Dépression ou après la Seconde Guerre mondiale.

    Certes, la dette peut dynamiser l’activité économique si les emprunteurs investissent dans des équipements (machines, logements, infrastructures publiques) dont les rendements sont plus élevés que le coût de l’emprunt. Mais l’essentiel de l’emprunt ne sert qu’à financer sur le temps long des dépenses de consommation au-dessus des revenus - ce qui est un ingrédient de la #faillite. comme on nomme les projets d’infrastructure grandioses mais inutiles. […]

    Lors de la crise financière mondiale de 2008 et lors de la crise du Covid-19, nombre d’acteurs qui auraient dû faire faillite ont été sauvés par les politiques de taux d’intérêt nuls ou négatifs, par l’assouplissement quantitatif et par des renflouements purs et simples avec les deniers publics.

    Mais aujourd’hui, les banques centrales ayant été contraintes d’augmenter leurs #taux_d'intérêt afin de restaurer la stabilité des prix, ces zombies assistent à une hausse brutale des coûts du service de leur dette. Pour beaucoup, c’est un triple coup dur, car l’inflation ronge aussi le revenu réel des ménages et réduit la valeur de leurs actifs, notamment des logements et des titres détenus. Il en va de même des entreprises, des institutions financières ou des administrations publiques fragiles et surendettées : elles sont confrontées en même temps à la brusque augmentation des coûts de l’emprunt, à la chute des revenus et des recettes et à la dévalorisation de leurs actifs. […]

    Contrairement à la crise financière de 2008 et aux premiers mois de la pandémie de Covid-19, un simple renflouement des acteurs privés et publics par l’assouplissement macroéconomique équivaudrait à jeter de l’huile sur le feu inflationniste. Cela signifie que l’atterrissage sera rude - une récession profonde et prolongée - en plus d’une grave crise financière. A mesure que les #bulles éclateront, que le service de la dette enflera et que les revenus ajustés de l’inflation s’écrouleront, crise économique et #krach_financier se nourriront mutuellement.

    • a propos de la dette (inévitable), une table ronde qui date d’y a 9 mois, avec O. Vidal (plutôt géologue), G. Giraud et P.Y Longaretti : Risques et enjeux systémiques pour un monde en basculement.

      – 10 min. de Vidal
      – 15 min. de show Giraud
      – 15 min. de Longaretti

      au milieu des 15 minutes de Giraud, ça parle dette, et comment on peut très certainement s’en débarrasser, et comme quoi y a rien de fatal la dedans. Le sujet revient aussi avec Longaretti qui dit que les Allemands ont pas la même notion de la dette que les autres europeens :-)

      https://www.youtube.com/watch?v=guhNz08z_co

  • Banques d’affaires : Exemple les affaires du crédit suisse !
    Comment Credit Suisse a (encore) perdu le contrôle - Mathilde Farine, Xavier Filliez - letemps.ch

    . . . . . .
    1977 Affaire Chiasso : la banque encaisse une perte de 1,4 milliard de francs, après la découverte d’un montage permettant de cacher des fonds non déclarés venant d’Italie et de les réinvestir dans des sociétés, dont une grande partie ont perdu de la valeur.

    1998 Credit Suisse, l’Association suisse des banquiers, UBS, SBS participent à l’accord global sur les fonds en déshérence par lequel elles mettront 1,25 milliard de dollars à disposition d’organisations juives pour indemniser les personnes concernées.

    2007 Deux traders de Credit Suisse sont condamnés pour avoir surévalué le prix de produits financiers liés au marché du crédit. La banque doit encaisser une dépréciation d’actifs de 2,65 milliards.

    2008 Lors des résultats du premier trimestre, Credit Suisse évalue le coût de la crise des subprimes à 10 milliards depuis l’été 2007. (L’ardoise reste faible comparé à celle d’UBS qui aurait atteint 40 milliards.)

    2009 Credit Suisse doit payer une amende de 536 millions de dollars pour violation des sanctions américaines contre l’Iran et le Soudan entre 1995 et 2006.

    2011 Urs Rohner devient président du conseil d’administration.

    Septembre 2011 Credit Suisse paie 150 millions d’euros à l’Allemagne pour régler les affaires d’évasion fiscale.

    Mai 2014 Credit Suisse plaide coupable d’aide à l’évasion fiscale et paie 2,6 milliards de dollars aux autorités américaines.

    Octobre 2014 Bruxelles inflige des amendes à plusieurs banques, dont Credit Suisse et UBS, dans les affaires de manipulation du taux Libor.

    2016 L’affaire dite des « tuna bonds » au Mozambique éclate. Des employés de la banque sont accusés d’avoir fait des prêts secrets à hauteur de 2 milliards de dollars, où eux-mêmes et des fonctionnaires mozambicains se seraient servis en pots-de-vin. Plusieurs procédures sont encore en cours et la banque est aussi sous enquête.

    2017 Credit Suisse doit payer une amende de 5,28 milliards de dollars dans une affaire de prêts hypothécaires aux Etats-Unis.

    Mai 2017 Credit Suisse écope d’une amende d’un demi-million à Singapour dans l’affaire 1MDB en raison de lacunes dans ses contrôles anti-blanchiment.

    Février 2018 Credit Suisse (et d’autres banques) doivent fermer des fonds de placements sophistiqués liés à la volatilité et dont la valeur a perdu 96% en une journée. La perte estimée des clients est de 1,8 milliard de dollars.

    2018 Credit Suisse paie 47 millions aux autorités américaines dans l’enquête dite des « petits princes » sur les pratiques d’embauche en Asie. Des banques, dont Credit Suisse, engageaient des proches ou membres de grandes familles fortunées dans l’espoir de recruter plus facilement des clients, pratique considérée comme étant de la corruption par les autorités américaines.

    2018 La justice genevoise condamne à de la prison un gérant de fortune de la banque pour avoir causé un dommage de 143 millions de francs au préjudice, notamment, de l’ancien premier ministre géorgien Bidzina Ivanishvili, mais aussi pour s’être enrichi de 30 millions. Plusieurs procédures sont en cours et une enquête confiée à un cabinet externe montre qu’il y a eu des déficiences dans le contrôle du risque à Credit Suisse.

    Septembre 2018 La Finma, le gendarme suisse des banques, constate des manquements dans le respect des obligations de diligence dans le domaine de la lutte contre le blanchiment d’argent en lien avec les affaires Petrobras, PDVSA et FIFA.

    2019 Credit Suisse conseille le fonds d’investissement Softbank pour une obligation convertible d’une valeur de 900 millions de dollars qu’il revend ensuite à des investisseurs. Wirecard a fait faillite.

    Automne 2019 On découvre que Credit Suisse a fait suivre plusieurs de ses employés et ex-employés.

    Février 2020 Départ forcé de Tidjane Thiam après l’affaire des filatures.

    Juin 2020 Credit Suisse se trouve mêlée au scandale de la chaîne de cafés chinoises Luckin Coffee. La banque l’a aidée pour son entrée en bourse à New York en 2019, or on découvre que des chiffres, notamment de ventes, avaient été gonflés par l’entreprise.

    Novembre 2020 Implosion du hedge fund York Capital Management, Credit Suisse s’attend à une perte allant jusqu’à 450 millions de dollars.

    Décembre 2020 Le Ministère public de la Confédération accuse Credit Suisse dans une affaire de blanchiment et de trafic de stupéfiants d’une organisation bulgare.

    Février 2021  La banque révèle qu’elle a payé 600 millions de dollars pour régler une autre affaire liée à des prêts hypothécaires aux Etats-Unis datant d’avant la crise financière de 2008.

    Mars 2021 Credit Suisse doit suspendre des fonds comptant 10 milliards de dollars sous gestion en lien avec la société Greensill en faillite. La banque a remboursé 7 milliards aux clients des fonds. Sur les 3 milliards restants, 1 à 2 pourraient ne pas être retrouvés. Plusieurs enquêtes sont en cours.

    Mars 2021 L’implosion du hedge funds américain Archegos conduira à une perte d’environ 5 milliards de dollars pour Credit Suisse.

    Octobre 2021 Credit Suisse doit payer 475 millions de dollars aux autorités américaines et britanniques dans l’affaire du Mozambique. En même temps, la Finma rend ses rapports d’enquête sur cette affaire et celle des filatures.

    Cette accumulation d’affaires jette un sérieux doute sur la gestion des risques de l’entreprise, ce qui est confirmé par des rapports d’enquête externes que Le Temps a pu lire, par les employés qui ont accepté de raconter leur expérience, de même que par les conclusions de la justice ou des régulateurs dans d’autres cas. Ne serait-ce qu’en termes de frais juridiques et d’amendes, Credit Suisse a payé un total de plus de 15 milliards de francs depuis 2008 aux Etats-Unis, selon plusieurs estimations. 

    A nos questions, la banque a fini par répondre par une prise de position générale : « Credit Suisse a des bases très solides et est fier de son riche héritage et de ses racines entrepreneuriales.
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    Source de ce extrait : https://www.letemps.ch/grand-format/credit-suisse-perdu-controle

    #banque #finance #spéculation #gestion_de_fortune #subprimes #ubs #bonus #faillite #lehman_brothers #McKinsey #cds #hedge_funds #banksters #affaires

    • France, ce 24 Octobre : Credit Suisse paie 238 millions d’euros pour éviter des poursuites pénales en France
      Elle suit ainsi le chemin de HSBC private Bank, une filiale suisse du géant bancaire britannique HSBC, qui avait accepté de payer 300 millions d’euros,
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      Le 17 octobre, déjà, crédit suisse avait annoncé être parvenu à un accord définitif avec le procureur général du New Jersey pour solder une affaire ancienne concernant la vente de titres adossés à des créances hypothécaires, dont la valeur s’était brutalement effondrée lors de l’éclatement de la bulle immobilière aux Etats-Unis.
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      La banque va donc s’acquitter d’une amende de 495 millions de dollars pour régler tous les dédommagements en justice. Un montant déjà couvert par des provisions, précise la banque dans son communiqué.
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      Tous les détails : https://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/banque/credit-suisse-paie-238-millions-d-euros-pour-eviter-des-poursuites-penales

  • Werftenpleite: Regierung gibt Eignern Schuld - ZDFheute
    https://www.zdf.de/nachrichten/wirtschaft/mecklenburg-vorpommern-mv-werften-insolvenzantrag-100.html

    https://nrodlzdf-a.akamaihd.net/none/zdf/22/01/220110_kapinos_h17/1/220110_kapinos_h17_2128k_p18v15.webm

    10.01.2022 - Vergeblich wurde um ein Rettungspaket gerungen: Die MV Werften sind insolvent. Betroffen sind fast 2.000 Mitarbeiter. Die Regierung gibt den Eignern aus Hongkong die Schuld.

    Ein großer Verlust für den Schiffbau in Mecklenburg-Vorpommern: Die MV Werften haben Insolvenz beantragt. An drei Standorten mit fast 2.000 Beschäftigten droht nun das Aus.

    Schlechte Nachrichten für den deutschen Schiffbau: Die MV Werften in Mecklenburg-Vorpommern und die Bremerhavener Lloyd-Werft haben Insolvenz angemeldet. Beide Unternehmen gehören zum Mischkonzern Genting aus Hongkong, der in Schwierigkeiten steckt. Der Handel mit Genting-Aktien ist in Hongkong seit Freitag ausgesetzt.

    Bei den MV Werften geht es um rund 1.900 Beschäftigte, bei dem Bremerhavener Schiffbaubetrieb um etwa 300. Bundeswirtschaftsminister Robert Habeck und Mecklenburg-Vorpommerns Ministerpräsidentin Manuela Schwesig hätten am Freitag vergeblich versucht, einen Ausweg zu finden, sagte ein MV-Werften-Sprecher.

    Bund: Eigentümer haben Angebot ausgeschlagen

    Die Schuld für die Insolvenz sieht Habeck bei Genting: „Als Bundesregierung haben wir alle Hebel in Bewegung gesetzt, um die Insolvenz der MV Werften zu vermeiden und so die Arbeitsplätze zu retten. Allerdings haben die Eigentümer unser Hilfsangebot ausgeschlagen“, sagte der Grünen-Politiker. Das sei eine bittere Nachricht.

    Ähnlich äußerte sich die neue Koordinatorin der Bundesregierung für Maritime Wirtschaft und Tourismus, Claudia Müller: Der Bund sei bereit gewesen, sich deutlich stärker als bisher zu engagieren - mit einem Volumen von 600 Millionen Euro für den Fertigbau des Kreuzfahrtschiffs „Global Dream“.

    #Allemagne #Mecklembourg-Poméranie-Occidentale #Wismar #travail #industrie #faillite #multinationales #chantier_naval #crise #tourisme #croisière

  • „Die jungen Leute brauchen eine Perspektive“ – KATAPULT MV
    https://katapult-mv.de/artikel/interview-daniel-friedrich

    17.2.2022 von Peter Scherrer - Ein klassischer Antrittsbesuch, wie nach einer Regierungsbildung üblich, war das sicherlich nicht: MVs neuer Wirtschaftsminister Reinhard Meyer (SPD) traf am Mittwoch Gewerkschaftsfunktionär Daniel Friedrich. Die Pleite der MV-Werften beschäftigt Gewerkschaften, Wirtschaftsverbände und die Politik seit Wochen. Direkt danach sprach KATAPULT MV mit dem Leiter des Bezirks Küste der IG Metall über die Transfergesellschaft, die Zukunft von Angestellten und Auszubildenden und die industriellen Kerne von MV.

    KATAPULT MV: Herr Friedrich, Sie hatten einen Termin mit Wirtschafts- und Arbeitsminister Meyer. Sicherlich ging es auch um die Werften. Können wir davon ausgehen, dass die Beschäftigten ab dem 1. März bei den Transfergesellschaften in Lohn und Brot stehen?

    Daniel Friedrich: Zum heutigen Zeitpunkt tun wir alles dafür, dass uns das gelingt. Aber da müssen noch Finanzierungen sichergestellt und letzte rechtliche Unklarheiten beseitigt werden. Und dann hoffen wir, dass wir diese Nachricht, dass die Beschäftigten bei den Transfergesellschaften angestellt sind, am Ende der nächsten Woche bekommen. Ansonsten heißt es am ersten März: Arbeitslosigkeit.

    Wird es gelingen, die Auszubildenden in der Transfergesellschaft zu halten?

    Die Auszubildenden werden erst einmal nicht in die Transfergesellschaft gehen. Unser Ziel ist es, im März eine Lösung zu finden, wie und wo sie ihre Ausbildung beenden können. Das ist ein großes Thema – neben der Transfergesellschaft. Auch daran wird hart gearbeitet, weil die jungen Leute eine Perspektive brauchen.

    Wird es gelingen, das Know-how und die hochqualifizierten Beschäftigten über ein, zwei, drei Jahre zu halten?

    Das ist schon eine lange Zeit. Wir haben jetzt erst mal eine Transfergesellschaft, bei der reden wir von vier Monaten. Da sehen wir, wie weit ein, zwei, drei Jahre davon weg sind.

    Ich glaube, wir müssen Investoren erst mal zeigen: Die Mannschaft bleibt zusammen. Und wenn wir Investoren haben, für die wir dann auch die Beschäftigten zusammenhalten können – auch über diese vier Monate hinaus –, dann brauchen wir sowieso die Verlängerung der Transfergesellschaft. Und am Ende des Tages müssen wir natürlich wissen, wo dauerhafte Beschäftigung entstehen kann, und dahin müssen wir die zeitliche Brücke bauen. Aber drei, vier Jahre wird keine Transfergesellschaft gehen.

    Die Frage ist: Wie können wir trotzdem Perspektiven aufzeigen? Wie können wir peu à peu wieder Arbeit schaffen, Leute wieder übernehmen? Klar ist, wer erst mal weg ist – in Hamburg, Baden-Württemberg oder Bayern –, kommt schwer zurück. Was wir doch alle gemeinsam nicht wollen, ist, dass die Arbeitskräfte Mecklenburg-Vorpommern verlassen. Das können wir nicht wollen.

    Die IG Metall sagt: Wir müssen die industriellen Kerne sichern. Was sind die industriellen Kerne von Mecklenburg-Vorpommern?

    Der stärkste Kern ist die maritime Wirtschaft mit den Werften und den Zulieferern. Darüber hinaus haben wir natürlich ein bisschen Mischindustrie. Wir haben ein wenig Automobilindustrie: In Laage mit „ZF“ ein großes Werk, in Wismar mit „Lear“, „Webasto“ in Neubrandenburg; da geht es um die Frage der Transformation. Und wir haben das Thema Luftfahrt mit „Flamm“ in Schwerin, wo man sich auch hinentwickeln kann.

    Wir haben also nicht so eine geballte Kraft wie Baden-Württemberg mit der Automobilindustrie. Hier verteilt sich die Industrie mehr, aber das Rückgrat ist und waren die Werften und da haben wir auch die Ausbildung und Qualifizierung. Daran hängen auch technische Hochschulen et cetera. Wenn die Werften ihre Beschäftigung verlieren, stellt sich die Frage, wie wir insgesamt industrielle Beschäftigung langfristig sichern können.

    Es wird immer davon geredet, dass erneuerbare Energien Arbeitsplätze schaffen können, besonders in einem deutschen Küstenland. Wer wäre da Ihrer Meinung nach möglicher Investor?

    Wir haben ein großes Interesse an dem Thema „Offshore-Industrie“. Die Energieunternehmen haben schon im Sommer sehr deutlich gesagt: Wir wollen eigentlich, dass in Deutschland unsere Plattformen gebaut werden. Und wir wissen, dass das an der Ostsee – in Wismar, in Warnemünde, in Stralsund – schon gelungen ist. Da müssen wir ansetzen. Die Amprions dieser Welt suchen Firmen, die das mit ihnen gemeinsam machen, und da gibt es eine Perspektive.

    Aber selbst, wenn wir heute damit anfangen, würde die Produktion erst in zwei Jahren beginnen. Die Zeit davor würde erst mal Konstruktion bedeuten. Das ist zwar eine lange Zeit, aber das sind die Firmen, die wir hierherholen müssen.

    Und der Bundeswirtschaftsminister hat bei seinem Besuch in Wismar gesagt: Deutschland braucht einen Offshore-Standort. Und der müsste aus meiner Sicht in Mecklenburg-Vorpommern liegen.

    #Allemagne #Mecklembourg-Poméranie-Occidentale #Wismar #travail #industrie #faillite #multinationales #chantier_naval #crise #tourisme #croisière

  • #belgique : Action symbolique vendredi devant le siège du nouvel exploitant de Pimkie
    https://www.rtbf.be/info/societe/detail_action-symbolique-vendredi-devant-le-siege-du-nouvel-exploitant-de-pimki

    Travailleurs et syndicats se rendront vendredi au siège de la société Pimk pour « dénoncer un montage scandaleux qui a laissé sur le carreau 136 travailleurs », annoncent lundi la CNE et la CGSLB en référence à la faillite de la chaîne de prêt-à-porter, prononcée en mars.

    En effet, « après avoir déclaré en faillite sa filiale belge, la société Belsay (qui exploitait les magasins Pimkie en Belgique, NDLR) n’a pas payé le dernier mois de salaire, ni les indemnités de rupture. Quelques mois plus tard, Pimkie ouvrait un nouveau magasin à La Panne. Cette faillite frauduleuse est inadmissible ; nous agissons pour que les victimes soient dédommagées », expliquent les syndicats.

    A la suite de cette faillite, 136 emplois avaient été perdus. Les salaires de mars et les indemnités de rupture pour les 136 travailleurs concernés n’ont jamais été payés par Belsay, selon les syndicats, qui ajoutent que rien ne laissait présager d’une faillite imminente.

    En outre, un nouveau magasin Pimkie a ouvert au mois de juin. Or, « la société belge derrière la réouverture à la Panne, dénommée Pimk est administrée par un certain Frédéric Mulliez. Ce nom de famille est bien connu dans le monde du commerce. L’AFM (association familiale Mulliez) est propriétaire entre autres de Pimkie, d’Auchan, Kiabi, Decathlon ? », précisent la CNE et la CGSLB.

    Action symbolique ce vendredi
    Les deux syndicats mèneront ainsi une action symbolique le 15 octobre à partir de 13h00 au siège de la société Pimk, où ils comptent apporter « l’ardoise sociale belge à son responsable français. Cette ardoise, on peut l’estimer à 3.400.000 euros, c’est-à-dire 136 fois le plafond de 25.000 euros brut d’intervention du fond de fermeture des entreprises. »

    #Pimkie #Frédéric_Mulliez #Mulliez #faillite_frauduleuse #Auchan #Kiabi #Decathlon #afm #argent #vol

  • Description et explication d’une situation sanitaire catastrophique en #Inde liée à la #pandémie sur fond de #corruption, d’ #impéritie, d’#incurie et de #faillite_démocratique

    #Covid-19 en Inde : « des décès de masse » dont un « État obscurantiste est responsable » - Asialyst
    https://asialyst.com/fr/2021/05/15/inde-covid-19-deces-masse-etat-obscurantiste-responsable

    M. Rajshekhar, 45 ans, est journaliste économique depuis plus de vingt ans. Après avoir travaillé notamment pour The Economic Times, le plus gros quotidien économique indien de langue anglaise, où il suivait le monde rural et l’environnement, il s’est lancé dans un projet hors norme pour le site d’information indépendant Scroll.in : une immersion de près de trois ans dans six États de la fédération indienne. Tranchant avec la pratique habituelle des grands médias indiens qui consiste à couvrir l’actualité du pays à partir des mégapoles que sont Delhi ou Bombay, cette approche visait au contraire à aller au plus proche du terrain pour identifier les facteurs d’évolution à l’œuvre dans les parties de l’Inde dont on n’entend jamais parler.

    .../...

    C’est le nord du pays – en partant du Gujarat et du Madhya Pradesh et en remontant vers le Nord – qui m’inquiète. La plupart des États indiens ont historiquement sous-investi dans la santé, mais des États comme le Gujarat, le Madhya Pradesh et l’Uttar Pradesh rendent les choses encore pires en continuant à ne pas prendre le Covid-19 au sérieux. Dans tous ces États, le handicap que constituent de faibles infrastructures de santé publique est encore aggravé par des gouvernements locaux obscurantistes qui n’ont pas la capacité intellectuelle de traiter quelque chose de nouveau comme une pandémie. Ils ont donc échoué à répondre de manière appropriée. À la place, ils se livrent à des manipulations continuelles (et qui s’aggravent) des données, ils sous-estiment le nombre de morts, tout cela pour essayer de contrecarrer les accusations d’incompétence dont ils sont l’objet.

  • Une résolution sénatoriale entend garantir aux salariés le versement des #salaires en cas de #faillite d’entreprise | Public Senat
    https://www.publicsenat.fr/article/parlementaire/une-resolution-senatoriale-entend-garantir-aux-salaries-le-versement-de-

    Jusqu’à maintenant, dans le cas d’une procédure en liquidation judiciaire, c’est l’Association pour la Gestion du Régime de Garantie des Créances des Salariés (#AGS), qui se charge de verser leur salaire aux employés quand l’entreprise fait défaut, en mettant à disposition des fonds aux mandataires. À ce titre, l’AGS a déboursé en 2019 près de 1,5 milliard d’euros.

    L’organisme se finance d’abord à majorité par une cotisation patronale obligatoire payée par toutes les entreprises. Et pour 25 %, l’AGS récupère ses avances sur les fonds de l’entreprise une fois qu’elle va mieux, ou en cas de faillite, sur la vente de ses actifs. Car l’organisme possède ce que l’on appelle un « super-privilège » dans l’ordre des créanciers, lui permettant de récupérer d’importantes sommes. Ainsi, dans la hiérarchie des organismes à même de récupérer des fonds sur les entreprises, l’AGS arrive juste derrière l’État, et devant les banques, assurances, experts, avocats, mandatés par les tribunaux.

    Mais avec la transposition de la directive européenne, ce « super-privilège » est appelé à être fortement réduit, mettant à mal les finances de l’AGS, et in fine, le versement des salaires aux employés. Selon les organisations syndicales, le texte du ministère de la Justice prévoirait ainsi que les mandataires comme les banques, assurances, experts ou avocats auraient dorénavant priorité dans l’ordre des mandataires, relayant en queue de peloton l’AGS.

    À la clef, l’organisme, qui touchait jusqu’à maintenant 55 % des sommes disponibles dans le cas d’une liquidation judiciaire grâce à sa situation de « super-privilégié », verrait sa part baisser à 11 % avec la réforme, selon une note du cabinet Rexecode, consultée par l’Obs. Une situation encore plus dommageable dans le contexte actuel. La hausse des faillites annoncée entraînerait dans le budget de l’organisme un déficit de 500 millions d’euros rien que cette année, engendrant le risque de voir des salariés privés de leur salaire.

  • Kinobelegschaft fordert Gespräche | labournet.tv
    https://de.labournet.tv/kinobelegschaft-fordert-gespraeche
    https://kanalb.net/media/labournet/colosseum_1_2.mp4

    Drei Mitarbeiter_innen des wegen Insolvenz geschlossenen Kinos Colosseum in Berlin sprechen über ihre Situation. Sie haben ihren Job verloren, - ohne ordentliche betriebsbedingte Kündigung und ohne Aussicht auf Abfindungen.

    Sie bezweifeln, dass das Kino tatsächlich unrentabel ist und berichten von einen positiv entschiedenen Bauvorbescheid, einem Immobilienwert von 40-50 Millionen Euro und einem Baustadtrat Kuhn, dem die Akte Colosseum einfach so „durchgerutscht“ sei.

    Die Belegschaft möchte das Kino übernehmen und in Eigenregie weiterführen.

    #Berlin #Prenzlauer_Berg #Schönhauser_Allee #travail #cinéma #covid-19 #faillite