• ENQUÊTE. Violences, surdosages médicamenteux, travail forcé : comment l’Aide sociale à l’enfance a travaillé avec des familles d’accueil sans agrément
    https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-choix-franceinfo/enquete-violences-surdosages-medicamenteux-travail-force-comment-l-aide


    Légende Un sans-abri né en France de moins de 25 ans sur deux a côtoyé l’ASE à un moment de sa vie. (W. G. ALLGOEWER / BLICKWINKEL MAXPPP)

    Au total, le montant des indemnités indûment versées durant sept ans par l’ASE du Nord à ces familles d’accueil illégales s’élève à 630 000 euros. Cette somme correspondant à l’hébergement d’une soixantaine d’enfants et d’adolescents.

    « L’#ASE était parfaitement au courant des conditions d’accueil de ces enfants, et n’a volontairement pas levé le petit doigt : qu’elle ne soit pas appelée à la barre, c’est de l’hypocrisie pure ».

    « Il y a une dilution des responsabilités dans cette affaire », estime Jean Sannier, qui regrette qu’aucun médecin, membre de l’ASE ou responsable du conseil départemental du Nord ne soit poursuivi, ni même cité comme témoin lors de l’audience. Contactée par la cellule investigation de Radio France, l’ASE du Nord n’a pas souhaité répondre à nos questions.

    #ASE #enfance #familles_d'accueil #appel_a_temoins #violences #agressions_sexuelles #soumission_chimique #justice #défaillance_politique #justice #politique #macronisme

  • La défiance envers l’école, facteur clé du vote #RN | #Félicien_Faury
    https://theconversation.com/la-defiance-envers-lecole-facteur-cle-du-vote-rn-231458

    L’offre scolaire locale est ainsi perçue comme faisant partie d’un système concurrentiel, avec des classements informels des établissements circulant selon leur réputation. Dans les discours des personnes interrogées, ces perceptions s’avèrent souvent profondément racialisées. La proportion de personnes identifiées comme immigrées fréquentant les #écoles fonctionne comme une sorte de signal du niveau scolaire global de l’établissement, orientant les stratégies parentales de placement scolaire. Dans certains quartiers, le déclassement social des écoles publiques est ainsi d’autant plus visible qu’il est perçu racialement, et d’autant plus difficile à enrayer que cette perception renforce, par circularité, les pratiques d’évitement des ménages blancs.

    Cette situation suscite des désirs de #protectionnisme non plus seulement sur le terrain de l’emploi, mais également sur celui de l’accès aux ressources communes et aux services publics. Le problème n’est plus ici l’immigré travailleur, mais les #familles_immigrées, dont les enfants vont être scolarisés dans les écoles du quartier. De ce fait, les discours politiques comme ceux du RN prônant la réduction de l’#immigration et l’arrêt du regroupement familial trouvent ici des échos favorables.

    [...]

    Le rapport à l’école a aussi des conséquences sur les manières de percevoir les autres groupes sociaux et, derrière eux, les formations politiques. Comme suggéré plus haut, pour beaucoup d’électeurs du RN, c’est le travail, plus que l’école, qui leur a permis d’accéder à un emploi (relativement) stable et à un petit patrimoine (souvent leur propre logement dont ils sont propriétaires). Ils se caractérisent ainsi par un capital économique supérieur à leur capital culturel. Cette structure du capital que l’on retrouve de façon transversale au sein de l’électorat lepéniste se traduit par la valorisation de styles de vie orientés davantage vers la réussite économique que vers « des ressources culturelles distinctives ».

    [...] À bien des égards, le mépris de classe dont s’estiment parfois victimes les électeurs du RN fait écho aux formes de violence symbolique dont l’école est un des principaux foyers. Comme si la distance à l’univers scolaire, aux positions professorales, à la culture dite légitime et aux styles de vie qui lui sont associés exprimait une réaction de défense face à une domination scolaire subie antérieurement.

    L’institution scolaire reste pour beaucoup avant tout un lieu de classements, de frustrations et d’humiliations. Il faut donc s’interroger sur ce que produit politiquement notre école, sur les visions du monde et les préférences électorales qu’elle engendre sur le long terme chez les individus.

  • Les territoires des émeutes
    https://laviedesidees.fr/Les-territoires-des-emeutes

    Le haut niveau de #ségrégation urbaine constitue le meilleur prédicteur des violences. La différence la plus marquante entre 2023 et 2005 est l’entrée en scène des villes petites et moyennes, où les adolescents de cités d’habitat social s’identifient aux jeunes des banlieues de grandes métropoles.

    #Société #jeunesse #banlieue #révolte #urbanisme #gilets_jaunes
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20240412_emeutes.pdf

    • Conclusion

      Le retour sur les émeutes de #2005 a permis de mettre en évidence à la fois des continuités et des changements par rapport à celles de #2023. Si de façon générale, les communes les plus défavorisées ont de plus fortes probabilités de connaître des émeutes, c’est surtout la ségrégation des situations sociales les plus précaires et des immigrés dans des quartiers spécifiques (#QPV) qui apparaît comme un élément de contexte crucial. À profil social et urbain équivalent, avoir un QPV augmente de façon très significative la probabilité de connaître des émeutes. De plus, cette #ségrégation_sociale et ethnique s’accompagne d’une forte #ségrégation_scolaire dont nous avons pu mesurer également l’impact : plus elle est importante, plus les émeutes sont intenses et violentes.

      Les quartiers en question sont ceux directement concernés par la #politique_de_la_ville (QPV, #PNRU, #NPNRU) depuis plusieurs décennies. Si des changements sont indiscutables sur le plan de l’amélioration du cadre de vie des habitants et plus particulièrement des #conditions_de_logement, un grand nombre de ces quartiers continuent de concentrer une large part de la jeunesse populaire d’origine immigrée, celle la plus touchée par la #relégation, les #discriminations et les #violences_policières, et donc celle aussi la plus concernée par les émeutes. Si la #mixité_sociale et ethnique s’est sensiblement améliorée dans certains quartiers, d’autres demeurent des espaces de très forte #homogénéité_sociale et ethnique, que l’on retrouve dans les #écoles et les #collèges. Ceux où les interventions de l’#ANRU ont été moins intenses ont même vu le nombre de ménages pauvres augmenter. En Île-de-France, la quasi-totalité des communes qui avaient connu des émeutes en 2005, pourtant concernées par la politique de la ville, en ont connu également en 2023.

      Notre approche socio-territoriale met d’autant plus en évidence les limites d’une analyse au niveau national, que les émeutes de 2023 se sont diffusées dans un plus grand nombre de petites villes et villes moyennes auparavant moins touchées par ces événements. Cette plus grande diversité territoriale est frappante lorsque l’on compare les banlieues des très grandes métropoles, à commencer par les banlieues parisiennes, aux #petites_villes et #villes_moyennes. Le poids du #logement_social, de l’immigration, la suroccupation des logements, le niveau de #pauvreté, mais aussi la façon dont ces dimensions se rattachent aux #familles_monoparentales et nombreuses, renvoient à des réalités différentes. Pourtant, dans tous les cas, la ségrégation joue un rôle déterminant.

      Cette approche contextuelle ne suffit pas à expliquer l’ensemble des mécanismes sociaux à l’œuvre et ce travail devra être complété à la fois par des analyses plus fouillées et qualitatives, ciblées sur les réseaux sociaux, la police et les profils des protagonistes, mais aussi des études de cas renvoyant aux différentes configurations socio-territoriales. Des études qualitatives locales devraient permettre de mieux comprendre comment, dans les différents contextes, les dimensions sociales et ethno-raciales interagissent lors des émeutes. Cela permettrait par exemple de mieux saisir l’importance de la mémoire des émeutes dans les quartiers populaires des banlieues des grandes métropoles, sa transmission et le rôle des réseaux militants et associatifs. Dans le cas des petites villes et des villes moyennes, la comparaison avec le mouvement des Gilets jaunes apporte un éclairage particulièrement intéressant sur l’intersection et la différenciation des formes que peuvent prendre la colère sociale et le ressentiment.

      #émeutes #violence #villes #urban_matter #violences_urbaines #banlieues #ségrégation_urbaine #violences #statistiques #chiffres

  • Paris Les bibliothèques sont aussi des refuges
    https://www.leparisien.fr/paris-75/a-paris-les-bibliotheques-sont-aussi-des-refuges-ici-les-sdf-retrouvent-u

    La précarité grandit dans les rues et s’invite dans les rayonnages de la cinquantaine de #médiathèques parisiennes. Celles-ci s’adaptent pour devenir des lieux de solidarité. Des cours de français sont, notamment, proposés dans certaines.

    Haroun a gardé son anorak noir sur le dos. Le vent froid qui fait frissonner la capitale est pourtant resté à la porte de la bibliothèque Václav-Havel, à deux pas de la bouillonnante Goutte d’or (XVIII e).

    L’après-midi file. D’ici 19 heures, lorsque la bibliothèque fermera ses portes, Haroun reprendra le maigre sac en plastique qui lui sert de valise. Puis ce Soudanais de 24 ans repartira à la recherche d’un abri pour la nuit. Depuis son arrivée à Paris il y a deux mois, ses jours et ses nuits se ressemblent. Haroun vient « tous les jours » dans cette médiathèque municipale installée dans la halle Pajol. « Je me sens bien ici », lâche-t-il timidement, par la voix d’un ami qui assure la traduction.

    Comme lui, de plus en plus de personnes #sans-abri ou en grande précarité trouvent refuge dans les 56 #bibliothèques de prêt de la Ville de Paris. Un des rares endroits chauffés où l’on peut « rester toute la journée sans consommer » , glisse une bibliothécaire.

    « La porte est ouverte à tous, sans qu’aucune question ne soit posée à l’entrée, abonde Pascal Ferry, directeur de Václav-Havel, qui compte une vingtaine d’agents et environ 100 000 visites par an. Ici, les SDF sont traités comme tout le monde. Ils retrouvent un statut qu’ils ont perdu dehors. »

    De nouveaux profils apparaissent. « Il y a un an et demi, nous avons dû faire face à l’arrivée des consommateurs de crack, poursuit Pascal Ferry. Aujourd’hui, nous voyons de plus en plus de #mineurs_isolés. Globalement, la précarité est plus visible. C’est un reflet de qui se passe dans la rue. » Depuis une dizaine d’années, ces structures s’adaptent. Certaines proposent des ateliers de conversation, des cours de français ou des initiations au numérique, des rendez-vous avec des assistants sociaux.

    « Réussir à faire cohabiter tous les publics »

    À Václav-Havel, les CSP + croisent des #familles_hébergées dans les #hôtels_sociaux, les jeunes migrants qui repartent avec des manuels de langue sous le bras, les ados qui sortent d’une session jeux vidéo dans la salle dédiée ou encore les « SDF habitués » qui viennent lire la presse.

    « Les bibliothèques ont beaucoup changé », confirme Boubacar Sy, 60 ans dont plus d’une trentaine comme bibliothécaire. Il y a quelques années, il est devenu « le premier médiateur » du réseau parisien. « Il y en a cinq autres désormais, précise-t-il. L’idée, c’était de répondre à certaines violences physiques ou verbales et de mieux prévenir les conflits. »

    « Il faut réussir à faire cohabiter tous ces publics et ces usages, insiste Pascal Ferry. C’est un équilibre fragile et compliqué. » Avec parfois des points de rupture. En 2015, deux ans après l’ouverture de la bibliothèque, un camp de migrants s’est installé sur le parvis. « Elle n’était quasiment plus accessible au reste du public », se souvient une membre de l’équipe. À quelques mètres, la « bulle » de la Chapelle se monte en 2016 pour faire face à toutes ces arrivées. Environ 60 000 migrants défilent sous ce chapiteau, jusqu’à ce que dispositif expérimental d’accueil prenne fin en 2018. Carine Rolland, adjointe (PS) de la maire de #Paris en charge de la culture, rappelle : « Ça a accéléré notre réflexion sur ce qu’est une bibliothèque : un lieu de culture, d’ouverture mais aussi de sociabilité. »

    Les bibliothécaires se forment sur le tas à l’accueil de visiteurs parfois en grande détresse. Comme il y a quelques jours, cette famille arrivée sous la pluie battante et pour laquelle « il a fallu trouver une solution d’hébergement en urgence ».

    De bonnes âmes aident, comme Jean-Claude, 79 ans, qui donne des cours de français bénévolement. Ce vendredi après-midi, ce graphiste retraité s’est installé dans un coin avec Haroun et trois autres jeunes Soudanais. Václav-Havel est devenu bien plus qu’une bibliothèque pour lui : « C’est ma deuxième maison ! »

  • #Processus_de_Rabat : la Suisse organise à Genève une #rencontre consacrée aux personnes disparues sur les routes migratoires

    La Suisse s’engage dans le cadre du Processus de Rabat, le dialogue euro-africain sur la migration et le développement. En collaboration avec la Gambie, elle organise, les 20 et 21 septembre 2023 à Genève, une réunion thématique sur la question « Séparation des familles et personnes disparues dans le contexte de la migration : prévention, recherche et réunification ».

    La problématique des personnes disparues sur les routes migratoires constitue un défi majeur pour la communauté internationale. Depuis 2014, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a répertorié près de 60 00 migrants disparus ou décédés dans le monde, sachant que de nombreux cas ne sont probablement pas recensés. L’adoption, lors de la conférence ministérielle de Cádiz en décembre 2022, du plan d’action 2023-2027 a permis de créer un nouveau cadre stratégique pour le Processus de Rabat. À l’initiative de la Suisse, le nouveau #plan_d'action comporte pour la première fois des #mesures concernant les migrants disparus et les #familles_séparées.

    La rencontre qui se déroulera à Genève portera sur la #prévention, la #recherche et l’#identification des #migrants_disparus ainsi que sur la #réunification_des_familles. Elle aura pour objectif d’encourager l’échange de connaissances entre les quelque 70 représentants d’autorités nationales et d’organisations internationales, de déterminer les instruments utiles ainsi que les bonnes pratiques et de renforcer la collaboration internationale.

    Depuis plusieurs années déjà, la Suisse se penche sur le sujet des personnes disparues. Le 11 mai 2021, elle a lancé, avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), l’Alliance mondiale pour les personnes disparues. À ce jour, l’Alliance, dont la présidence est assurée par la Suisse et le Mexique, compte 12 États membres. La rencontre thématique s’inscrit dans le cadre de cet engagement. Elle est organisée par le Secrétariat d’État aux migrations et la Division Paix et droits de l’homme du Département fédéral des affaires étrangères, en collaboration avec le Centre international pour le développement des politiques migratoires, qui assure le secrétariat du Processus de Rabat. De nombreuses organisations, telles que le CICR, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, l’OIM, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance, l’Argentine Forensic Anthropology Team et des Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, fournissent une contribution importante à cette réunion grâce à leur expertise.

    Depuis 2006, le Processus de Rabat sert de plateforme pour le dialogue migratoire entre une cinquantaine de pays d’Afrique du Nord, d’Afrique occidentale, d’Afrique centrale et d’Europe. L’Union européenne, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest et diverses organisations internationales y prennent également part. La Suisse est un membre actif du Processus de Rabat depuis 2006 et est représentée au sein de son comité de pilotage depuis décembre 2022. Le Processus de Rabat lui permet de renforcer le dialogue migratoire avec les pays européens et africains. En tant que pays de référence en matière de protection et d’asile, la Suisse joue le rôle d’État hôte de conférences thématiques, contribuant ainsi au développement de cette composante stratégique du dialogue. Cette année, c’est le Maroc qui assure la présidence du Processus de Rabat.

    https://www.admin.ch/gov/fr/accueil/documentation/communiques.msg-id-97798.html
    #disparus #migrations #asile #réfugiés #mourir_aux_frontières #morts_aux_frontières

  • Un nombre inédit d’enfants à la rue à la veille de la rentrée scolaire
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/30/un-nombre-record-d-enfants-a-la-rue-a-la-veille-de-la-rentree-scolaire_61870

    Ce nombre augmente : 1 990 enfants à la rue, c’est plus que le double du nombre constaté le 31 janvier 2022, c’est aussi 17 % de plus que le 22 août 2022 et, surtout, 56 % de plus que le 30 janvier 2023, à une période où le gouvernement avait porté le dispositif d’#hébergement_d’urgence à un niveau jamais atteint par le passé, avec 205 000 places au total. Le nombre de femmes seules à la rue avec des enfants est aussi en forte hausse, de 46 % en un an. « Et encore, il s’agit d’estimations minim[ales], qui ne prennent en compte ni les #mineurs_isolés ni les familles qui ne parviennent pas à joindre le 115, ou n’essaient même plus, découragées par les refus », souligne le président de la FAS, Pascal Brice.
    Sur le terrain, le constat est encore plus sombre. Dans la métropole lyonnaise, le collectif d’enseignants et de parents d’élèves Jamais sans toit, mobilisé en faveur des #enfants_sans_abri, est confronté à une situation inédite depuis sa création, en 2014. « Les familles mises à l’abri l’hiver ne le restent plus systématiquement aux beaux jours, bien que la loi prévoie la continuité de l’hébergement d’urgence. 80 familles ont, par exemple, été remises à la rue le 7 août, avec des enfants âgés de seulement 3 ans, explique Raphaël Vulliez, membre fondateur de Jamais sans toit. Au total, on a recensé 395 enfants sans toit dans la métropole, soit trois fois plus que l’été précédent. Il y a des nourrissons, des #familles avec des problèmes de santé assez graves, et aussi des #femmes enceintes. »

    Parcours du combattant

    Une vingtaine de ménages ont commencé à la fin de juin l’#occupation du gymnase Bellecombe, à Lyon, pensant être rapidement mises à l’abri. Presque toutes restent sans solution, à moins d’une semaine de la rentrée des classes. Des collectifs similaires à Jamais sans toit se sont constitués ou renforcés dans une quinzaine d’autres villes : Paris, Lyon, Strasbourg, Bordeaux, Nantes, Rennes, Grenoble, Saint-Etienne, mais aussi Le Havre, Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), Fougères (Ille-et-Vilaine), Tours, ou encore Argenteuil (Val-d’Oise), Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) et Pantin (Seine-Saint-Denis). Certains ont hébergé les familles sans abri au sein d’écoles ou chez des particuliers, ou organisé des collectes pour financer des nuits d’hôtel.

    #enfants_à_la_rue

  • La sortie de prison : épisode • 1/5 du podcast Carte blanche à Reda Kateb
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-pieds-sur-terre/la-sortie-de-prison-1912332


    La prison de Fresnes ©AFP - PATRICK KOVARIK

    Série « Carte blanche à Reda Kateb »
    Épisode 1/5 : La sortie de prison
    Lundi 21 août 2023
    1ère diffusion le 17/03/2014

    https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/10078-21.08.2023-ITEMA_23463858-2023C6612S0233-21.mp3

    Les Pieds sur terre carré
    Provenant du podcast
    Les Pieds sur terre
    Jean-Pierre a passé six mois derrière les barreaux, Saïd quatre ans. Le jour de leur sortie de la maison d’arrêt de Fresnes, ils font leurs premiers pas dehors.

    Nous sommes à Fresnes, en 2014, devant la sortie du centre pénitentiaire. Thérèse attend son frère Jean-Pierre depuis plus d’une heure. Il doit sortir de prison le jour même après six mois de détention : "Les familles des détenus sont traitées avec mépris", déplore-t-elle.

    Jean-Pierre explique qu’il a été emprisonné à tort, à cause d’un malentendu administratif. Pour lui, l’expérience de la prison est particulièrement dégradante : "La prison déshumanise l’homme. On était comme des bêtes."

    À la sortie de cette prison, il y a aussi Saïd. Il a été incarcéré quarante-six mois et vit sa première heure de liberté. L’ex-détenu raconte comment il est arrivé là et évoque ses projets futurs : "On apprend à être plus malin en prison. Pour ne pas se faire prendre la prochaine fois."

    Reportage : Yann Thompson
    Réalisation : Alexandra Malka (et Emmanuel Geoffroy)

    Chanson de fin : Freedom par Anthony Hamilton et Elayna Boynton - Album : "Quentin Tarantino’s Django Unchained Original Motion Picture Soundtrack"- Label : Seven Four Ent LLC/Republic

  • Mort de #Nahel : « Ils sont rattrapés par le réel »

    #Ali_Rabeh, maire de #Trappes, et #Amal_Bentounsi, fondatrice du collectif Urgence, notre police assassine, reviennent dans « À l’air libre » sur la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier à Nanterre, et les révoltes qui ont suivi dans de nombreuses villes de France.

    https://www.youtube.com/watch?v=euw03owAwU8&embeds_widget_referrer=https%3A%2F%2Fwww.mediapart.fr%2

    https://www.mediapart.fr/journal/france/290623/mort-de-nahel-ils-sont-rattrapes-par-le-reel
    #violences_policières #banlieues #quartiers_populaires #naïveté

    • « #Emmanuel_Macron ne comprend rien aux banlieues »

      Ali Rabeh, maire de Trappes (Yvelines), a participé à l’Élysée à la rencontre entre le chef de l’État et quelque 200 maires, le 4 juillet, pour évoquer la révolte des quartiers populaires. Il dénonce sans langue de bois l’incapacité du Président à comprendre ce qui se joue dans les banlieues et son manque de perspectives pour l’avenir.

      Vous avez été reçu mardi 4 juillet à l’Élysée par le président de la République avec des dizaines d’autres maires. Comment ça s’est passé ?

      Ali Rabeh : Le Président a fait une introduction très courte pour mettre en scène sa volonté de nous écouter, de nous câliner à court terme, en nous disant à quel point on était formidable. Puis ça a viré à la #thérapie_de_groupe. On se serait cru aux #alcooliques_anonymes. Tout le monde était là à demander son petit bout de subvention, à se plaindre de la suppression de la taxe d’habitation, de la taille des LBD pour la police municipale ou de l’absence du droit de fouiller les coffres de voiture… Chacun a vidé son sac mais, à part ça et nous proposer l’accélération de la prise en charge par les #assurances, c’est le néant. La question primordiale pour moi n’est pas de savoir si on va pouvoir réinstaller des caméras de surveillances en urgence, ou comment réparer quelques mètres de voiries ou des bâtiments incendiés. Si c’est cela, on prend rendez-vous avec le cabinet du ministre de la Ville ou celui des Collectivités territoriales. Mais ce n’est pas du niveau présidentiel.

      Quand on parle avec le président de la nation, c’est pour cerner les #causes_structurelles du problème et fixer un cap afin d’éviter que ça ne se reproduise. Et là-dessus on n’a eu #aucune_réponse, ni #aucune_méthode. Il nous a dit qu’il avait besoin d’y réfléchir cet été. En fait, Emmanuel Macron voulait réunir une assemblée déstructurée, sans discours commun. Il a préféré ça au front commun de l’association #Ville_&_Banlieue réunissant des maires de gauche et de droite qui structurent ensemble un discours et des #revendications. Mais le Président refuse de travailler avec ces maires unis. Il préfère 200 maires en mode grand débat qui va dans tous les sens, parce que ça lui donne le beau rôle. En réalité, on affaire à des #amateurs qui improvisent. Globalement ce n’était pas à la hauteur.

      Le Président n’a donc rien évoqué, par exemple, de l’#appel_de_Grigny ou des nombreuses #propositions déjà faites par le passé sur les problématiques liées aux #banlieues et qui ne datent quand même pas d’hier ?

      Non. Il a fait du « Macron » : il a repris quelques éléments de ce qu’on racontait et il en fait un discours général. Il avait besoin d‘afficher qu’il avait les maires autour de lui, il nous a réunis en urgence pendant que les cendres sont brûlantes, ce qu’il a refusé de faire avant que ça n’explose. Et ce, malgré nos supplications. Pendant des mois, l’association Ville & Banlieue a harcelé le cabinet de Mme Borne pour que soit convoqué un Conseil interministériel des villes conformément à ce qu’avait promis le Président. Cela ne s’est jamais fait. Macron n’a pas tenu sa parole. On a eu du #mépris, de l’#arrogance et de l’#ignorance. Il n’a pas écouté les nombreuses #alertes des maires de banlieue parce qu’il pensait que nous étions des cassandres, des pleureuses qui réclament de l’argent. C’est sa vision des territoires. Elle rappelle celle qu’il a des chômeurs vus comme des gens qui ne veulent pas travailler alors qu’il suffirait de traverser la route. Emmanuel Macron n’a donc pas vu venir l’explosion. Fondamentalement, il ne comprend rien aux banlieues. Il ne comprend rien à ce qu’il s’est passé ces derniers jours.

      A-t-il au moins évoqué le #plan_Borloo qu’il a balayé d’un revers de main en 2018 ?

      Je m’attendais justement à ce qu’il annonce quelque chose de cet acabit. Il ne l’a pas fait. Il a fait un petit mea-culpa en disant qu’à l’époque du rapport Borloo, sur la forme il n’avait pas été adroit mais il affirme que la plupart des mesures sont mises en œuvre. Il prétend, tout content de lui, qu’il y a plus de milliards aujourd’hui qu’hier et que le plan Borloo est appliqué sans le dire. C’était #grotesque. J’aurais aimé qu’il nous annonce une reprise de la #méthode_Borloo : on fait travailler ensemble les centaines de maires et d’associatifs. On se donne six mois pour construire des propositions actualisées par rapport au rapport Borloo et s’imposer une méthode. Lui a dit : « J’ai besoin de l’été pour réfléchir. » Mais quelle est notre place là-dedans ?

      Dans ses prises de paroles publiques, le Président a fustigé la #responsabilité des #parents qui seraient incapables de tenir leurs enfants. Qu’en pensez-vous ?

      Qu’il faut commencer par faire respecter les mesures éducatives prescrites par les tribunaux. Pour ces mamans qui n’arrivent pas à gérer leurs enfants dont certains déconnent, les magistrats imposent des éducateurs spécialisés chargés de les accompagner dans leur #fonction_parentale. Or, ces mesures ne sont pas appliquées faute de moyens. C’est facile après de les accabler et de vouloir les taper au porte-monnaie mais commençons par mettre les moyens pour soutenir et accompagner les #familles_monoparentales en difficulté.

      Le deuxième élément avancé ce sont les #réseaux_sociaux

      C’est du niveau café du commerce. C’est ce qu’on entend au comptoir : « Faut que les parents s’occupent de leur môme, faut les taper aux allocs. Le problème ce sont les réseaux sociaux ou les jeux vidéo… » Quand on connaît la réalité c’est un peu court comme réponse. On peut choisir d’aller à la simplicité ou on peut se poser la question fondamentale des #ghettos de pauvres et de riches. Pour moi l’enjeu c’est la #mixité_sociale : comment les quartiers « politique de la ville » restent des quartiers « #politique_de_la_ville » trente ans après. Or personne ne veut vraiment l’aborder car c’est la montagne à gravir.

      Vous avez abordé cette question lors de votre intervention à l’Élysée. Comment le Président a-t-il réagi ?

      Il a semblé réceptif quand j’ai évoqué les ghettos de riches et les #maires_délinquants qui, depuis vingt-deux ans, ne respectent pas la #loi_SRU. Il a improvisé une réponse en évoquant le fait que dans le cadre des J.O, l’État prenait la main sur les permis de construire en décrétant des opérations d’intérêt national, un moyen de déroger au droit classique de l’#urbanisme. Il s’est demandé pourquoi ne pas l’envisager pour les #logements_sociaux. S’il le fait, j’applaudis des deux mains. Ça serait courageux. Mais je pense qu’il a complètement improvisé cette réponse.

      En ce moment, on assiste à une #répression_judiciaire extrêmement ferme : de nombreux jeunes sans casier judiciaire sont condamnés à des peines de prison ferme. Est-ce de nature à calmer les choses, à envoyer un message fort ?

      Non. On l’a toujours fait. À chaque émeute, on a utilisé la matraque. Pareil pour les gilets jaunes. Pensez-vous que la #colère est moins forte et que cela nous prémunit pour demain ? Pas du tout. Que les peines soient sévères pour des gens qui ont mis le feu pourquoi pas, mais ça ne retiendra le bras d’aucun émeutier dans les années qui viennent.

      Vous avez été dans les rues de Trappes pour calmer les jeunes. Qu’est-ce qui vous a marqué ?

      La rupture avec les institutions est vertigineuse. Elle va au-delà de ce que j’imaginais. J’ai vu dans les yeux des jeunes une véritable #haine de la police qui m’a glacé le sang. Certains étaient déterminés à en découdre. Un jeune homme de 16 ans m’a dit « Ce soir on va régler les comptes », comme s’il attendait ce moment depuis longtemps. Il m’a raconté des séances d’#humiliation et de #violence qu’il dit avoir subies il y a quelques mois de la part d’un équipage de police à #Trappes. Beaucoup m’ont dit : « Ça aurait pu être nous à la place de Nahel : on connaît des policiers qui auraient pu nous faire ça. » J’ai tenté de leur dire qu’il fallait laisser la justice faire son travail. Leur réponse a été sans appel : « Jamais ça ne marchera ! Il va ressortir libre comme tous ceux qui nous ont mis la misère. » Ils disent la même chose de l’#impunité des politiques comme Nicolas Sarkozy qui, pour eux, n’ira jamais en prison malgré ses nombreuses condamnations. Qui peut leur donner tort ?

      Il se développe aussi un discours politique extrêmement virulent sur le lien de ces #violences_urbaines avec les origines supposément immigrées des jeunes émeutiers. Qu’en pensez-vous ?

      Quand Robert Ménard a frontalement dit, dans cette réunion des maires, que le problème provenait de l’#immigration, le président de la République n’a pas tiqué. Une partie de la salle, principalement des maires LR, a même applaudi des deux mains. Il y a un #glissement_identitaire très inquiétant. Culturellement, l’extrême droite a contaminé la droite qui se lâche désormais sur ces sujets. Ces situations demandent de raisonner pour aller chercher les causes réelles et profondes du malaise comme l’absence d’#équité, la concentration d’#inégalités, d’#injustices, de #frustrations et d’#échecs. C’est beaucoup plus simple de s’intéresser à la pigmentation de la peau ou d’expliquer que ce sont des musulmans ou des Africains violents par nature ou mal élevés.

      Comment ces discours sont-ils perçus par les habitants de Trappes ?

      Comme la confirmation de ce qu’ils pensent déjà : la société française les déteste. Dans les médias, matin, midi et soir, ils subissent continuellement des #discours_haineux et stigmatisant de gens comme Éric Zemmour, Marine le Pen, Éric Ciotti, etc. qui insultent leurs parents et eux-mêmes au regard de leur couleur de peau, leur religion ou leur statut de jeune de banlieue. Ils ont le sentiment d’être les #rebuts_de_la_nation. Quotidiennement, ils ont aussi affaire à une #police qui malheureusement contient en son sein des éléments racistes qui l’expriment sur la voie publique dans l’exercice de leur métier. Ça infuse. Les jeunes ne sont pas surpris de l’interprétation qui est faite des émeutes. En réalité ils l’écoutent très peu, parce qu’ils ont l’habitude d’être insultés.

      D’après vous, que faut-il faire dans l’#urgence ?

      Il faut arrêter de réfléchir dans l’urgence. Il faut s’engager sur une politique qui change les choses sur dix à quinze ans. C’est possible. On peut desserrer l’étau qui pèse sur les quartiers en construisant des logements sociaux dans les villes qui en ont moins. Moi, je ne demande pas plus de subventions. Je veux que dans quinze à vingt ans, on me retire les subventions « politique de la ville » parce que je n’en aurai plus besoin. C’est l’ambition qu’on doit porter.

      Et sur le court terme ?

      Il faut envoyer des signaux. Revenir sur la loi 2017 car cela protégera les policiers qui arrêteront de faire usage de leurs armes à tort et à travers, s’exposant ainsi à des plaintes pour homicide volontaire, et cela protégera les jeunes qui n’auront plus peur de se faire tirer comme des lapins. Il faut aussi engager un grand #dialogue entre la police et les jeunes. On l’a amorcé à Trappes avec le commissaire et ça produit des résultats. Le commissaire a fait l’effort de venir écouter des jeunes hermétiquement hostiles à la police, tout en rappelant le cadre et la règle, la logique des forces de l’ordre. C’était très riche. Quelques semaines plus tard le commissaire m’a dit que ses équipes avaient réussi une intervention dans le quartier parce que ces jeunes ont calmé le jeu en disant « on le connaît, il nous respecte ». Il faut lancer un #cercle_vertueux de #dialogue_police-population, et #jeunesse en particulier, dans les mois qui viennent. La police doit reprendre l’habitude de parler avec sa population et être acceptée par elle. Mettons la police autour de la table avec les jeunes, les parents du quartier, des éducateurs, les élus locaux pour parler paisiblement du ressenti des uns et des autres. Il peut y avoir des signaux constructifs de cet ordre-là. Or là on est dans la culpabilisation des parents. Ça ne va pas dans le bon sens.

      https://www.politis.fr/articles/2023/07/emmanuel-macron-ne-comprend-rien-aux-banlieues
      #Macron #ignorance

    • Entre Emmanuel Macron et les banlieues, le #rendez-vous_manqué

      En 2017, le volontarisme du chef de l’Etat avait fait naître des #espoirs dans les #quartiers_populaires. Malgré la relance de la #rénovation_urbaine, le rejet du plan Borloo comme son discours sur le #séparatisme l’ont peu à peu coupé des habitants.

      Il n’y a « pas de solution miracle ». Surtout pas « avec plus d’argent », a prévenu le chef de l’Etat devant quelque 250 maires réunis à l’Elysée, mardi 4 juillet, sur l’air du « trop, c’est trop » : « La santé est gratuite, l’école est gratuite, et on a parfois le sentiment que ce n’est jamais assez. » Dans la crise des violences urbaines qui a meurtri 500 villes, après la mort du jeune Nahel M. tué par un policier, le président de la République a durci le ton, allant jusqu’à rappeler à l’ordre des parents. Une méthode résumée hâtivement la veille par le préfet de l’Hérault, Hugues Moutouh, sur France Bleu : « C’est deux claques, et au lit ! »

      L’urgence politique, dit-on dans le camp présidentiel, est de rassurer une opinion publique encore sous le choc des destructions et des pillages. « Une écrasante majorité de Français se raidit, avec une demande d’autorité forte, confirme Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos. Déjà sous Sarkozy, l’idée dominait qu’on en faisait trop pour les banlieues. Les dégradations réactivent cette opinion. Emmanuel Macron est sur une crête difficile à tenir. »

      Ce raidissement intervient sur fond de #fracture territoriale et politique. « L’opposition entre la France des quartiers et celle des campagnes nous revient en pleine figure. Si on met encore de l’argent, on accentuera la fracture », pense Saïd Ahamada, ex-député de la majorité à Marseille. « Les gens en ont ras le bol, ils ne peuvent plus entendre que ces quartiers sont abandonnés », abonde Arnaud Robinet, maire de Reims, qui abrite sept #quartiers_prioritaires_de_la_politique_de_la_ville (#QPV), et membre du parti d’Edouard Philippe.

      (#paywall)

      https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/07/06/entre-emmanuel-macron-et-les-banlieues-le-rendez-vous-manque_6180759_823448.

  • China is second most costly country to raise a child behind South Korea, report warns
    https://www.scmp.com/economy/china-economy/article/3218920/china-second-most-costly-country-raise-child-behind-south-korea-report-warns

    The cost of raising a child until the age of 18 is 6.9 times GDP per capita, twice the rate in Germany and three times that in France
    The report said more support for families was needed to help improve the country’s flagging birth rate

    China is one of the most costly countries in the world to raise a child, according to a new report, which called for more support for families in the face of the country’s flagging birth rate.

    The country is facing a looming demographic crisis as a result of its low birth rate – in part a legacy of the now-abandoned one-child policy – and India is poised to overtake it as the world’s most populous country this year.

    The study by the YuWa Population Research Institute said the cost of raising a child until the age of 18 in China was 6.9 times its gross domestic product per capita.

    The study by the YuWa Population Research Institute said the cost of raising a child until the age of 18 in China was 6.9 times its gross domestic product per capita.

    This was the second highest in the world, behind South Korea, where the cost is 7.79 times higher than its GDP per capita.

    It is also double the cost in Germany, where it is 3.64 times GDP per capita, and more than triple the rate in Australia and France, where it is 2.08 and 2.24 times respectively.

    South Korea has one of the world’s lowest birth rates. Last year the average number of babies expected per South Korean woman fell to 0.78, compared with 1.1 in China.

    “The high cost of childbearing is one of the most important factors affecting the willingness of families of childbearing age to bear children,” the report said.

    “To this end, policies to reduce childbearing costs for families of childbearing age need to be introduced at the national level.

    “Specific measures include cash and tax subsidies, house purchase subsidies, building more nurseries, providing gender-equal maternity leave, introducing foreign nannies, promoting flexible working styles, guaranteeing the reproductive rights of single women, allowing assisted reproductive technology and reforming the college entrance examination and school system.”

    A nationwide survey by the National Health and Family Planning Commission in 2017 found that 77.4 per cent of women of childbearing age said “heavy economic burdens,” were the top reasons for not wanting more children after feeling “too old” or “not having anyone to take care of the child”.

    The YuWa report estimated that the average cost of raising a child from birth to 17 years old in China is 485,000 yuan (US$69,430), while the cost of raising a child to college graduation is about 627,000 yuan.

    The average Chinese worker earned 105,000 yuan a year in 2021, according to the National Bureau of Statistics.

    There is a significant urban-rural divide as well. The average cost of raising a child to age 17 in cities is 630,000 yuan, more than twice the cost in the countryside.

    The average cost of raising a child in Beijing and Shanghai is 969,000 yuan and 1,026,000 yuan, respectively, while the cost for families in Tibet is only 293,000 yuan.

    Policymakers in China have been seeking ways to encourage birth rates in recent years, while in 2022, deaths outnumbered new births for the first time in six decades.

    Last year, China’s birth rate fell to a record low of 6.77 per 1,000 people, while the overall population fell by 850,000 to just over 1.41 billion.

    Chinese mothers gave birth to 9.56 million babies – the lowest total in modern history and the first time the figure has dipped below 10 million.

    India is set to surpass China as the world’s most populous country, hitting almost 1.43 billion people, according to United Nations estimates.

    #Chine #éducation #vie_chère #enfants #familles

    • Bien distinguer #inceste et #incestuel
      par Jean-Luc Viaux

      cf. livre original de #Paul_claude_Racamier

      (...)

      les familles « incestuelles » ne sont pas, comme on le lit trop souvent, des #familles où circulerait des approches sexuelles inappropriées, de type promiscuité ou partage de lit ou exhibition bruyante de la sexualité des uns et des autres. Il s’agit au contraire de de groupes familliaux dans lequel il existe une banalisation /négation de tout objet qui pourrait évoquer l’inceste puisque tout se passe dans la séduction narcissique.

      (...)

      Racamier : « le fantasme-non-fantasme est au registre incestuel ce que le fantasme proprement dit est au registre oedipien ».

      (duh)

      (...)

      Le problème est que ces notions théorico-cliniques mal maîtrisées conduisent à penser de travers : l’incestuel est alors perçu de façon triviale dans la promiscuité familliale ou l’excès apparent de tendresse d’un adulte pour son enfant « mais madame il ne faut pas embrasser son enfant sur la bouche... ». On le conçoit alors comme les prémisces d’un acte sexuel incestueux possible ou probable. Sauf que c’est l’inverse du concept de Racamier, et qui est pourtant très clair : l’incestuel n’est pas l’inceste, pas plus que l’inceste agi, génital, n’est en rien l’oedipe.

      (...)

      Concept compliqué, #psychanalytique reposant sur le cheminement d’une pensée et d’une clinique très originale.

      (...)

      Exemple : « et le père ? Il n’a pas de père » ce qui est une forfaiture : nul n’est né d’Un. La réponse, son père est parti ou « son père est un salaud » n’a pas le même sens . « Il n’y en as pas » signifie en sous-texte « il n’est qu’à moi », forme donc ce fantasme-non-fantasme narcissique primaire de type incestuel. S’il n’y a pas de père, c’est qu’il n’y a pas de désir, pas de risque oedipien, c’est une figure symétrique de celle de Jocaste qui elle n’a pas de fils, puisqu’elle l’a tué, et donc ne risque pas son désir...

      (...)

      l’incestuel ne produit pas de maltraitance et n’en est pas une, alors que l’inceste peut devenir une violence sexuelle, quand il échoue a rester un fantasme. L’incestuel ne transgresse ni interdit ni loi, il appelle à la clinique au travail de défusion narcissique. L’inceste est une transgression qui nécessite que la loi sociale vienne faire fonctionner l’interdit... encore faut-il que cette loi ne soit pas baroque ou complexe.

    • #paywall
      Et tellement pas d’accord avec ceci :

      l’incestuel ne produit pas de maltraitance et n’en est pas une

      Bien sûr que l’incestuel est destructeur, et qu’il transgresse les interdits, c’est monstruosité que de dire le contraire. Car ce n’est pas seulement la victime du comportement incestuel du parent qui peut être happé toute sa vie dans cette relation toxique de dépendance mais toute la famille qui en pâtit.

    • je remet au cas où :

      Le problème est que ces notions théorico-cliniques mal maîtrisées conduisent à penser de travers : l’incestuel est alors perçu de façon triviale dans la promiscuité familliale ou l’excès apparent de tendresse d’un adulte pour son enfant « mais madame il ne faut pas embrasser son enfant sur la bouche... ». On le conçoit alors comme les prémisces d’un acte sexuel incestueux possible ou probable. Sauf que c’est l’inverse du concept de Racamier, et qui est pourtant très clair : l’incestuel n’est pas l’inceste, pas plus que l’inceste agi, génital, n’est en rien l’oedipe

      J’ai la flemme de recopier tout l’article, mais l’incestuel, visiblement, pour un lecteur de Racamier (qui invente ce concept) n’est pas l’inceste. Je trouve ça notable. D’autant qu’ il y a une confusion, massive, généralisée, c’est indéniable. On utilise les deux mots pour dire la même chose (l’inceste). Et personne n’a lu le bouquin du type (moi non plus). Je pense qu’il y a un problème. Je ne sais pas quoi dire de plus. Faudrait lire Racamier.

  • Roubaix, les grandes familles : les Motte se rassemblent (à Tourcoing) Les pieds sur terre.

    Le 24 septembre 2022 a été une journée de retrouvailles familiales pour les Motte de Roubaix et les Motte de Tourcoing. Ils étaient 200 à s’être donnés rendez-vous au cimetière de Tourcoing pour le 200e anniversaire de la mort de Jean-François Motte et la bénédiction d’une plaque commémorative du couple Marie-Ursule Clarisse et Jean-François Motte de Tourcoing.

    “Roubaix et les Motte, c’est un peu la même histoire. Une belle histoire qui est intimement mêlée à celle des Motte de Tourcoing.” Eric Motte

    Ces retrouvailles visaient à perpétuer l’histoire familiale et resserrer les liens entre les cousins, qui pour certains ne s’étaient pas vus depuis 60 ans.
    https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/18722-27.10.2022-ITEMA_23178817-2022C6612S0300-21.mp3

    “La notion de grandes familles, elle était à la fois par le nombre d’enfants, mais aussi par leurs responsabilités entrepreneuriales et sociales.”

    “Ce qui nous réunit tous, c’est la foi. La foi, c’est très important. C’est un héritage familial qu’on a reçu et, pour moi en tout cas, c’est le plus beau trésor que m’a laissé ma famille.”

    “Nous célébrons ce jour les héros de notre histoire familiale pour que leur esprit de famille, leurs valeurs, leur esprit d’entreprendre soient bien connus, soient aussi des motifs de fierté et d’exemple à suivre, notamment pour les nouvelles et jeunes générations. Je vous remercie de votre présence et de représenter ainsi les 8 729 descendants vivant de Motte-Clarisse. Ils ont fait du bon boulot !” Hervé Motte

    Quelles valeurs nous ont laissé Motte-Clarisse et les premières générations après lui ? Celles qui ont fait au XIXᵉ siècle le cœur de l’histoire des Motte. Lesquelles peuvent encore nous inspirer ? Pour moi, les choses sont claires : la première valeur est la foi chrétienne, la deuxième valeur est une conscience nette, la troisième valeur est le travail.” Eric Motte

    Parmi les jeunes générations, la transmission et l’adhésion aux valeurs familiales varient. Un jeune entrepreneur dit par exemple : “J’ai été chercher une femme aux Philippines. Elle avait plus de valeurs de Motte que moi : le devoir, le travail, la religion.”

    Tandis que d’autres remettent en question ces valeurs.
    “Je suis un Motte-Tiberghien-Roussel-Prouvost. Tout ça, c’est les familles, comme s’il y avait une caste qui ne se mélangeait pas et en même temps, qui profitait de tout un milieu social pauvre qui était le monde ouvrier. Et donc ça, ça me questionne beaucoup. Quelle valeur je dois garder de tout ça ?”

    Merci à David #Dhont, Guillaume #Tiberghien, Eric et Frédéric #Motte, Thierry #Prouvost, Juliette #Desmarescaux, Emmanuelle #Lequien, Yves et Maurice #Decroix et tous les membres de la famille Motte.
    Reportage : Alain Lewkowicz
    Réalisation : Vanessa Nadja

    #bénéfices #L'argent , le #fric #l'artiche , le #flouz le #jonc #la #fraiche #valeurs #castes #familles #Fortunes #Gamilles #grandes_familles #Roubaix #Tourcoing #Mulliez

    Source : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-pieds-sur-terre/roubaix-les-grandes-familles-les-motte-se-rassemblent-3586451

  • #Tunisie. À #Zarzis, les #familles des « #disparus_en_mer » marchent contre l’#oubli

    Des familles tunisiennes de disparus en exil mais aussi d’autres venues d’Algérie, du Maroc et du Sénégal se sont retrouvées à Zarzis, dans le sud-est de la Tunisie, début septembre 2022. Soutenues par des militants européens et africains, elles cherchent à obtenir la vérité sur le sort de leurs proches, migrants disparus en mer.

    Devant la Maison des jeunes de Zarzis, en ce début de matinée du 6 septembre 2022, un #cortège de plusieurs dizaines de manifestants se met en place. Sous un soleil de plomb, les premières banderoles sont déployées. Puis fuse un slogan : « Où sont nos enfants ? » Les manifestants sont en majorité des femmes, sœurs ou mères de disparus sur les routes de l’exil. La plupart portent une photo de leur proche dont elles n’ont plus de nouvelles depuis leur départ pour l’Europe, il y a parfois deux, cinq ou dix ans pour certaines. Elles viennent de Tunis, de Bizerte ou de Sfax, mais aussi d’Algérie, du Maroc ou encore du Sénégal. Épaulées par des militants actifs en Europe et sur le continent africain, ces femmes se sont réunies à Zarzis pendant plusieurs jours début septembre afin de commémorer leurs proches disparus et de demander des comptes aux États du nord et du sud de la Méditerranée.

    Au premier rang du cortège, Samia Jabloun, chapeau de paille et pantalon à fleurs, porte un tee-shirt floqué du visage de son fils, Fedi, disparu en février 2021. Peu avant le départ du cortège, elle raconte qu’il est parti de Kelibia à bord d’un bateau de pêcheurs. L’embarcation et une partie de l’équipage sont rentrés au port plusieurs heures plus tard, mais Fedi n’est jamais revenu. « Un des pêcheurs m’a dit que, alors que le bateau s’approchait de l’île italienne de Pantelleria, Fedi et un autre homme auraient sauté à l’eau et nagé en direction du rivage », explique Samia.

    Mais depuis ce jour, la professeure d’histoire-géographie n’a pas de nouvelles de son fils. « Je ne sais pas s’il est vivant, je ne sais pas s’il est mort », ajoute-t-elle dans un souffle. Elle raconte ensuite le parcours du combattant pour tenter d’obtenir des informations auprès des autorités tunisiennes, le temps passé à essayer de trouver des traces de vie de son fils, en frappant aux portes des ministères ou via les réseaux sociaux. En vain.
    Le silence des autorités

    Au milieu du cortège, Rachida Ezzahdali, hijab rose tombant sur une robe mouchetée, tient fermement d’une main une banderole et de l’autre la photo de son père, dont elle n’a pas de nouvelles depuis deux ans. « Le 14 février 2020, mon père a pris un avion pour l’Algérie », se remémore la jeune étudiante de 22 ans, originaire d’Oujda, au Maroc. « On a échangé avec lui quelques jours plus tard, il était alors à Oran », ajoute-t-elle. Puis, plus rien, plus de nouvelles. « C’est une tragédie pour ma famille, dit Rachida, d’une voix calme. Je ne connaissais rien à la question des « harragas » »
    1
    , admet la jeune femme, « mais depuis que je me suis rapproché de l’association Aide aux migrants en situation vulnérable, je comprends que ça concerne des milliers de personnes au Maroc, en Algérie ou en Tunisie ». « C’est un vrai fléau », lâche-t-elle. Comme Samia en Tunisie, Rachida s’est heurtée au silence des autorités marocaines quand elle s’est mise à chercher des informations sur son père. « Malgré les protestations, malgré les manifestations, il n’y a aucune réponse de nos gouvernements », se lamente-t-elle.

    Peu après le départ de la marche, les manifestants font une halte devant la mairie de Zarzis. Saliou Diouf, de l’organisation Alarm phone, un réseau qui vient en aide aux personnes migrantes en détresse en mer ou dans le désert, prend la parole : « Nous nous sommes réunis afin de tenir notre promesse : ne pas oublier toutes les personnes qui ont disparu aux frontières ». Latifa Ben Torkia, dont le frère Ramzi a disparu en 2011 et membre de l’Association des mères de migrants disparus, prend le relais et se lance dans un discours. Elle dénonce l’attitude des États tunisien et italien, ainsi que l’Union européenne (UE), qu’elle qualifie de « mafias », et déplore le traitement que la Tunisie réserve à ses propres enfants. Diori Traoré, de l’Association pour la défense des émigrés maliens, venue de Bamako pour cette rencontre, lance un appel aux autorités des rives nord et sud de la Méditerranée : « Arrêtez de tuer la jeunesse africaine ! Ouvrez les frontières ! »

    Victimes des politiques migratoires européennes

    Selon le Forum pour les droits économiques et sociaux (FTDES)
    2
    , au moins 507 personnes sont mortes ou portées disparues depuis début 2022 après avoir tenté de rallier l’Europe à partir des côtes tunisiennes. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a recensé quant à elle plus de 17 000 personnes décédées ou disparues en Méditerranée centrale depuis 2014, faisant de cette zone la route migratoire la plus meurtrière au monde. Comment expliquer ce constat dramatique ? Dans un rapport publié en juin 2020
    3
    , le réseau Migreurop, qui rassemble des chercheurs et des activistes d’Europe et d’Afrique, considère que « la Tunisie est devenue ces dernières années une cible privilégiée pour les politiques d’externalisation des frontières de l’Union européenne en Méditerranée ».

    Déploiement de l’agence Frontex, « garde-côtes nationaux de mieux en mieux équipés et entraînés » et « système d’expulsion sans cadre juridique », l’organisation considère que « tous les ingrédients seront bientôt réunis pour faire de la Tunisie la parfaite garde-frontière de l’Union européenne ». Et le rapport de Migreurop conclut que « ces corps qui s’amoncellent » sur les plages ou dans les cimetières de Tunisie, « ce sont les victimes des politiques migratoires de l’Union européenne ».

    Une fois les prises de parole terminées, le cortège reprend son chemin et s’approche du littoral. La date du 6 septembre a été choisie en mémoire du naufrage survenu le 6 septembre 2012 au large de Lampedusa. Ce jour-là, une embarcation partie de Sfax avec plus de 130 personnes à son bord a chaviré à proximité de l’îlot italien de Lampione. Seules 56 personnes ont pu être secourues. Mohamed Ben Smida, dont le fils était à bord, s’en souvient « comme si c’était hier ». Après le naufrage, « les autorités tunisiennes nous ont dit : "Vos enfants sont disparus" », raconte-t-il. Il hoche la tête : « "Disparus", mais qu’est-ce que ça veut dire ? Je ne sais pas. Pour moi, c’est soit "mort", soit "vivant". Soit "noir", soit "blanc". C’est tout ». Mohamed évoque les nombreuses manifestations devant les ministères, les demandes répétées auprès des institutions pour faire la lumière sur la disparition de son enfant. Sans que rien ne se passe. « Les gouvernements se succèdent depuis la révolution, à chaque fois, ils disent qu’ils vont s’occuper de cette question des disparus, mais au final, ils ne font rien », constate-t-il, amer. Il parle aussi des faux indicateurs ou pseudo-journalistes qui l’ont abordé en lui promettant des informations sur son fils. « Puis la personne revient quelques jours plus tard pour te dire : "Ton fils est mort", alors qu’il n’en sait rien. Et là, tu pleures de nouveau ».
    La solidarité des pêcheurs

    Les manifestants s’arrêtent sur une plage. Ils déploient une banderole avec la liste des 48 647 personnes mortes aux frontières de l’Europe recensées par l’organisation néerlandaise United for Intercultural Action. La liste s’étale sur plus de 20 mètres sur cette plage de Zarzis, dont le littoral est le point de départ de nombreuses tentatives de passage vers l’Europe. Samia Jabloun se recueille un instant face à la mer puis lit un poème en l’honneur de son fils Fedi. Plusieurs membres de l’Association des pêcheurs de Zarzis sont présents. « En mer, c’est très fréquent qu’on croise des Zodiac avec des Africains, des Algériens, des Tunisiens, des mineurs, des femmes et des enfants, partis des côtes libyennes ou tunisiennes », témoigne Lassad Ghorab, pêcheur depuis 22 ans. « Dans ce cas-là, on ne se pose pas de questions, on arrête le boulot et on leur porte secours si nécessaire », tranche-t-il. Lassad s’emporte contre les passeurs libyens : « Ils font monter dans des Zodiac jusqu’à 150 personnes, ils ne laissent pas le choix aux migrants et les menacent avec des armes : "Soit tu montes, soit t’es mort ! " »

    Un autre pêcheur, Chamseddine Bourrassine raconte comment, en mer, les trafiquants libyens auraient menacé des pêcheurs de Zarzis : « Plusieurs fois, des miliciens nous ont pris pour cible et ils ont tiré dans notre direction ». « On a même eu des cas de pêcheurs pris en otage ! » s’indigne celui qui, en 2018, avait été placé en détention en Italie, accusé d’être un passeur après avoir porté secours et remorqué une embarcation en détresse. Criminalisés par les autorités italiennes d’un côté, pris pour cible par les trafiquants libyens de l’autre, les #pêcheurs de Zarzis n’ont pourtant pas l’intention de renoncer à agir et porter secours : « On est face à des êtres humains, on est obligé de faire quelque chose », affirme avec conviction Lassad Ghorab.

    https://orientxxi.info/magazine/tunisie-a-zarzis-les-familles-des-disparus-en-mer-marchent-contre-l-oubl
    #marche #identification #migrations #identification #mourir_en_mer #morts_en_mer #décès #ceux_qui_restent #Méditerranée #celles_qui_restent
    ping @isskein @_kg_

  • TÉMOIGNAGES. « Je ne veux pas que mes amis sachent que je vis dans la rue » : face au manque d’hébergements d’urgence, de plus en plus d’enfants sans abri
    https://www.francetvinfo.fr/economie/immobilier/immobilier-indigne/temoignages-je-ne-veux-pas-que-mes-amis-sachent-que-je-vis-dans-la-rue-
    https://www.francetvinfo.fr/pictures/nEbPGb9vOkA8lbYxinYl4RbIkOo/1500x843/2022/10/17/phpX9knl1.jpg
    #bilan_macron #logement #familles

    Ces enfants contraints de vivre dehors, dont les parents demandent souvent l’asile, sont de plus en plus nombreux selon le collectif d’associations Jamais sans toit. Il a recensé à ce jour « 194 enfants dans l’agglomération lyonnaise, 26 enfants de moins de trois ans, dont un bébé de deux mois », explique Raphaël Vulliez qui anime ce réseau. « Au niveau national, il n’y a pas de statistiques officielles. Le chiffre qu’on avait, mais qui n’est pas exhaustif, c’est que fin août, il y avait 1 658 enfants dont les demandes de 115 n’ont pas été pourvues et que ce chiffre avait augmenté », précise-t-il.

    Un mois plus tard, ce chiffre a augmenté « de 30% » selon les estimations, ce qui porte à plus de 2 000 le nombre d’enfants à la rue. « Là, il y a eu 7 000 suppressions de places d’hébergement d’urgence cette année et il y en a 7 000 qui sont prévus pour l’année prochaine au projet de loi de finances. C’est une décision complètement irresponsable », dénonce Raphaël Vulliez.

  • Migrants risk life and limb crossing snow-choked Alpine passes

    Ill-equipped families suffer frostbite and worse as they walk past wealthy skiers in the mountains between Italy and France, writes Tom Kington.

    About 1,200 migrants have risked their lives every month this winter crossing the snowy Alpine peaks from Italy into France. It’s a perilous journey that kills some and maims others, but emboldens those survivors who are heading for the Channel.

    The numbers braving the eight-hour trek across the border from Claviere and Bardonecchia are higher than in 2020 and 2019, suggesting that the known death toll of six over the past four years could rise in coming weeks.

    (#paywall)

    https://www.thetimes.co.uk/article/migrants-risk-life-and-limb-crossing-snow-choked-alpine-passes-qq0vpm5j0
    #frontières #asile #migrations #réfugiés #Alpes #Montgenèvre #Briançon #Briançonnais #montagne #hiver #frontière_sud-alpine #Hautes-Alpes
    –—

    ajouté à cette métaliste :
    https://seenthis.net/messages/733721

    Et plus précisément ici :
    https://seenthis.net/messages/733721#message930101

  • Libye : Le premier #vol d’#évacuation vers le #Niger depuis plus d’un an permet de mettre en sécurité 172 demandeurs d’asile

    Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a évacué 172 demandeurs d’asile vulnérables de Libye vers le Niger dans la soirée du 4 novembre. Il s’agissait du premier vol d’évacuation vers le Niger depuis plus d’un an, suite à la levée par les autorités libyennes d’une interdiction des #vols_humanitaires.

    « Le HCR est soulagé de voir la reprise de ces #vols_d’évacuation vitaux », a déclaré le chef de mission du HCR en Libye, Jean-Paul Cavalieri. « Cependant, compte tenu du nombre limité de places, l’évacuation ne peut être une solution que pour des personnes extrêmement vulnérables, ayant un besoin urgent de #sécurité et de #protection ».

    Nombre des personnes évacuées ont été détenues dans des conditions extrêmement difficiles, ont été victimes de traite ou ont subi des violences en Libye. Le groupe comprend des #familles, des #enfants voyageant seuls et un bébé né il y a seulement quelques semaines. Les personnes évacuées ont déclaré qu’elles étaient soulagées de quitter la Libye.

    Le HCR salue l’intervention du Conseil présidentiel libyen, du bureau du Premier ministre, du ministère des Affaires étrangères et du bureau du procureur général, qui ont œuvré pour mettre fin à la suspension des vols humanitaires destinés à sauver des vies.

    Cette évacuation a eu lieu grâce au #mécanisme_de_transit_d’urgence (#Emergency_Transit_Mechanism, #ETM) mis en place en 2017 grâce au gouvernement du Niger. Ce dernier a généreusement accepté d’accueillir temporairement sur son territoire des réfugiés confrontés à des situations de danger de mort en Libye afin que le HCR puisse travailler à l’identification de solutions durables pour chacun d’entre eux.

    Au Niger, le HCR apporte un soutien en matière de soins de santé mentale à ceux qui ont été confrontés à des traumatismes pendant leur séjour en Libye, ainsi qu’un accès à des possibilités de formation professionnelle. A ce jour, 3361 réfugiés et demandeurs d’asile ont été évacués de Libye vers le Niger. Parmi eux, 3213 ont quitté le Niger vers des pays tiers dans le cadre du mécanisme de #réinstallation et de #voies_complémentaires.

    Des images sont disponibles ci-dessous pour les médias : https://media.unhcr.org/Share/u8w3y0436symfomxvm1r45y0vrgyfw32

    https://www.unhcr.org/fr/news/press/2021/11/61854b36a/libye-premier-vol-devacuation-vers-niger-dun-an-permet-mettre-securite.html

    #asile #migrations #réfugiés #Libye #migrerrance #vulnérabilité

    ping @rhoumour @_kg_ @isskein @karine4

  • Guía para Familias Víctimas de la Frontera

    La Guía tiene como principal objetivo ayudar a todas esas familias a iniciar y facilitar las labores de búsqueda de las víctimas de las fronteras, ofreciéndoles distintas estrategias para sortear las dificultades con las que se irán encontrando a lo largo de todo el proceso; desde la denuncia hasta la repatriación de los cadáveres.

    Destacamos lo doloroso y complicado que ha sido, en muchas ocasiones, poder arrojar algo de luz a la desesperación de las familias. Obtener información ha sido una labor ardua y complicada, pero esperamos que todo el resultado de nuestra investigación se traduzca en el reconocimiento de las familias como víctimas de las fronteras y en un señalamiento explícito al sistema que permite que esta sea la terrible realidad de miles de personas.

    https://caminandofronteras.org/guia-para-familias-victimas-de-la-frontera

    https://www.youtube.com/watch?v=boDe-1-mjDc&feature=youtu.be

    #caminando_fronteras
    #guide #morts_aux_frontières #frontières #celleux_qui_restent #ceux_qui_restent #mourir_aux_frontières #morts #décès #familles #migrations #asile #réfugiés

  • When a migrant drowns, a whole community feels the loss. The hidden costs of Mediterranean shipwrecks on a remote Senegalese village

    On an unknown day in 2015, a shipwreck off the coast of Libya in the Mediterranean Sea took the life of Binta Balde’s second son.

    It was days before the news travelled the more than 3,400 kilometres back to the village of Anambe Counda in the remote south of Senegal where Binta lives and where her son, Demba, had been born.

    No one in the village knows the exact timeline of events. Lives here are ruled by the weather, and the passage of time is marked by the progress of two seasons: the rainy and the dry.

    All anyone can say with certainty is that news of the shipwreck arrived on a Friday, the communal day of prayer for the Muslim majority in the village.

    On that afternoon, grief-stricken cries pierced the normal, low din of neighbours chatting and children playing games. Binta froze. The shrieks came from the mud hut compound next to her own. Something terrible had happened.

    Binta rushed out to see if she could offer help, but before she reached anyone else, Mamadou, her eldest son, blocked her path.

    “There has been an accident,” he said. The neighbours’ son had drowned at sea while trying to reach Italy. But Mamadou hadn’t finished. “Demba was with him,” he said. “They were in the same boat. He died too.”

    Binta dropped to the ground as if she had been shot.

    Invisible victims

    Since 2014, when the UN’s migration agency, IOM, began keeping track, more than 21,500 people have died or disappeared attempting to cross the Mediterranean Sea to Europe. Already this year, almost 300 have perished. The true tally is undoubtedly higher, as some deaths are never officially recorded.

    Thousands more asylum seekers and migrants have died in the Sahara Desert and in Libya. There’s no official count, but IOM estimates the number could be twice as high as the fatalities in the Mediterranean.

    Behind every person who dies while trying to reach the EU are a family and friends – an entire community left to grapple with the impact of the loss. IOM refers to these people as the invisible victims of the humanitarian crisis in the Mediterranean.

    The impacts of the deaths on them are often material as well as emotional, and in places like Anambe Counda – far from the media and public gaze – they normally go entirely unseen.
    Demba

    Anambe Counda is part of the municipality of Pakour. Named after the largest village in the area, the municipality is a collection of 32 hamlets scattered across a vast plain near Senegal’s southern border with Guinea-Bissau. People in the area live on the knife-edge of poverty and are among the most likely in Senegal to migrate.

    Like other young men from Pakour, Binta’s son Demba left to help provide for his family. Demba’s father died when he was young. Polygamy is still relatively common in Senegal, and he left behind Binta, a second wife, and eight children.

    Growing up, Demba helped work the family’s small plot of land. But the family often had to ration food, especially between May and August when the stockpile from the previous year’s harvest ran low. During those months, having three meals a day was a luxury, and buying grain and rice on credit at an interest rate of around three percent was a major financial strain.

    Kolda, the administrative district where Pakour is located, is lush and replete with arable land and abundant water, unlike other arid and semi-arid parts of Senegal. Paradoxically, it is one of the poorest regions of the country. In rural areas, up to 65 percent of people at times lack the food to meet their basic nutritional needs.

    When he was 16, Demba moved to Dakar. Mamadou was already married, so it fell on Demba to leave in search of economic opportunity. Nobody in the family knows what work Demba found, but he was able to send home around $345 per month, split evenly between his mother and his father’s second wife – an impressive sum when the family’s income from the harvest was somewhere between $600 and $800 per year and Senegal’s monthly minimum wage is $94.

    Binta doesn’t know why Demba decided to leave for Europe. Dakar made sense. “After the harvest, there is nothing to do [in Pakour]. This is why he went [to Dakar],” Binta said.

    But Demba’s friends told TNH he wanted more than what his earnings in Dakar could bring. He had seen others who made it to Europe and were able to send more money back to their families. He wanted to build a concrete house for his mother and buy a car. But he didn’t tell Binta his plans because he was afraid she would worry and try to dissuade him. “If I had known it, I would have never allowed it,” Binta said, on the verge of tears. “I heard about the shipwrecks.”

    Demba did confide in Mamadou, who tried to persuade him not to go. But cautionary tales about danger in the Mediterranean were not enough to change Demba’s mind.

    When tragedy struck, news of Demba’s death eventually reached Anambe Counda by phone. A friend from a nearby village was on the same boat as Demba and the neighbour’s son. “He could save himself, but the others drowned,” Mamadou said of the neighbour.

    Demba was 22 years old.
    Frustrations

    Undocumented migration from Senegal to Europe peaked between 2014 and 2017. Over 28,000 Senegalese crossed the Mediterranean during those years, before the movement was curtailed by European policies aimed at restricting migration routes to Libya and reducing departures from the North African coast. Because of the absence of concrete data, it’s impossible to say for certain how many Senegalese died during that period.

    Despite the increased difficulty, the factors pushing people to migrate – especially lack of economic opportunity and disillusionment with seemingly corrupt and ineffective political leadership – haven’t gone away. In fact, over the past year, they have only been exacerbated by the COVID-19 pandemic.

    As a result, last year saw the revival of the Atlantic maritime route from the West African coast, including Senegal, to the Spanish Canary Islands – considered to be the most dangerous sea crossing for Africans trying to reach Europe. More than 400 people are believed to have died attempting the passage in the last week of October 2020 alone.

    At the beginning of March, the same set of frustrations pushing this upswing in migration also caused protesters to spill onto streets across Senegal, following the arrest of an opposition leader.

    Authorities responded by cracking down, with at least eight protesters killed in the clashes, including a teenager in a village 45 minutes from Pakour in Kolda, where frustrations over years of economic marginalisation and stagnant development are particularly acute.
    La recherche

    The Gambia, shaped like a gnarled finger, cuts through Senegal to the north of Pakour, dividing the Kolda region from the rest of the country and rendering transportation and commerce complicated and costly.

    The municipality – officially home to around 12,500 people, although many births go unrecorded – is on the eastern edge of Casamance, a territory stretching across southern Senegal where a low-intensity conflict between the Senegalese government and a separatist movement has been simmering since 1982. The fighting has not touched Pakour directly, but it has stunted economic development across the area.

    A two-day drive from Senegal’s capital, Dakar, the main village of Pakour has only limited access to off-grid electricity, and most of the surrounding villages have no access at all. There are no hospitals, and people travel from place to place on foot, by donkey, or, less often, on motorbikes.

    Despite the remoteness and economic struggles, walking on the red, dusty roads of the villages, almost everyone has a story to tell about attempting to migrate, or about family members and friends who left for Spain, Italy, or France. Since the 1980s, thousands of young men from the area, like Demba, have left to try to make a living in other parts of Senegal, Africa, and further away, in Europe.

    It is easy to spot which families have members overseas. Most inhabitants live in mud and straw huts with thatched roofs. The amount of millet, grain, and corn stockpiled on the roofs is a sign of comparative affluence: The larger the stockpile, the more likely it is that the family has a relative, or relatives, living abroad. Similarly, the few concrete homes mixed in with the huts are telltale signs of migration success stories.

    These benefits of what people in the villages call la recherche – the search, in French – are readily apparent, and make a tremendous difference when nearly 80 percent of people live in poverty and many families are forced to sometimes make do with one meal per day, mostly consisting of millet.

    The costs of la recherche are less easy to see.

    “We do not know how many people from our municipality died on their way to Europe, in the Mediterranean, in the Sahara, or in Libya,” a local official in Pakour, who asked to remain anonymous as he didn’t have permission to speak to the media, told The New Humanitarian.

    The deaths of people en route to Europe are often shrouded in ambiguity: A family doesn’t hear from a relative who has left for weeks, months, or years, and is left simply to presume the worst. Less frequently, as happened with Demba, a survivor or witness calls someone in the village to relay concrete news of a tragedy.

    The bodies of those who perish are never returned. They disappear below the waves, disintegrate into the sand, or end up interred in distant cemeteries beneath a plaque bearing no name. Without a body, without definitive answers, there is nothing to make the deaths concrete.

    As a result, the tangible benefits of migration continue to outweigh the abstract risks for those who want to leave, according to Seydina Mohamed L. Kane, a senior programme assistant with IOM. “They don’t see the losses,” Kane told TNH. “They don’t see the bodies.”
    Families

    “I cannot count the number of funerals I have officiated of young men who drowned,” Alassane Hane, Pakour’s chief imam, told TNH.

    For 25 years, Hane has been a reluctant witness to the exodus of youth from the municipality. Before they leave, young men often visit his mosque – a low, square building with blue paint peeling off its walls – asking for prayers of protection ahead of their journey. When they die, the imam shepherds their families through the mourning process.

    The fact the bodies are missing doesn’t prevent the community from organising funerals to symbolically acknowledge the loss. The men gather for prayers at the mosque, and the women sit together in the common area outside their huts, shedding tears.

    The time for catharsis and open expression of pain is brief. Families soon have to return to the task of scraping together a living. “It was God’s will,” people repeat stoically when asked about their loved ones who died migrating.

    Still, the pain endures. In private moments, family members sigh heavily, tears streak their cheeks, their body postures break, lives stagnate. It’s hard to move on without closure, and closure is difficult to find without material evidence of loss.

    Death also means there will be no financial lifeline from abroad, and it comes with additional costs. Many families sell belongings and borrow money to finance a relative’s travel to Europe. If the person dies, there’s no return on that investment. It’s also tradition for families to sacrifice animals, if they have them, and to offer the meat to fellow villagers during a funeral.

    Sathio Camara, from one of Pakour’s villages, died in the Mediterranean in 2018. He was 25 years old. He, like Demba, had hoped to reach Italy and send money back to his family. His mother sold one of the family’s two cows to help finance the trip and sacrificed the second for Sathio’s funeral.

    The cows had been a lifeline during difficult times. On top of their grief, Sathio’s loss has made the family even more economically insecure. “I could count on the milk [from the cows], and if we did not have anything to eat, we could sell it,” said Sathio’s mother, Salimatei Camara.
    Widows

    At 19, Ami has been a widow for nearly three years. Child marriage is common in Kolda – twice as common as in wealthier regions of Senegal. Like so many things in the area, the practice is connected to calculations around poverty and survival: Marrying a daughter into another family means one less person to support.

    Ami’s family arranged for her to wed Sathio when he was 21 and she was only 12. She moved into Sathio’s family’s compound, and a year later, when she was 13, she gave birth to a daughter, Mariam.

    For Sathio, finding work in Europe meant the opportunity to provide a better life to his parents, and to his wife and daughter. Ami only attended first grade, but dreamt of giving Mariam a full education – a goal that would require significant investment. As much as he wanted their financial circumstances to improve, Ami did not want Sathio to leave. “I wanted him to go back to school, to stay here with me,” she said.

    Their final conversation was about their daughter. “The last thing he told me was not to sell the groundnuts I had harvested,” Ami remembered. “He told me to keep them and save them for Mariam so that she could eat.”

    After news of Sathio’s death reached the village, Ami returned to her father’s home, but her parents are struggling to provide for her and Mariam. They are thinking of remarrying her to Sathio’s younger brother, Famora.

    If a widow with small children does not have parents to help her, or they cannot afford to support her, remarrying within the deceased husband’s family is seen as the best option. It gives the children some security and ensures they remain in their father’s family. Although the widow has to agree to it, between financial strains and familial pressure, most of the time they feel they have no choice.

    When asked about potentially marrying Famora, Ami shrugs. It doesn’t seem like a realistic possibility. Famora is in Italy. He migrated in 2017 and is undocumented and struggling to find consistent work to send money back home. But if things change and the marriage can take place, what option will Ami have?

    Moussou Sane became a widow at 23. Her husband, Souleymane Sane, was shot and killed on the street in Libya, where violence against sub-Saharan asylum seekers and migrants is rife. “He was handsome,” Moussou said of Souleymane. “He was generous.”

    Their marriage was also arranged when Moussou was 15 and Souleymane was a couple of years older. They had two children, and when Souleymane was killed, Moussou’s family couldn’t afford to take her back in with her kids so she married Souleymane’s older brother, Samba. The two always got along, but the circumstances of the marriage are strained. “You’re forced to do it, so that the children can remain in the family,” Samba said.

    Samba was already married with two children. He worries about being able to provide for them all. “If you don’t have enough resources, you don’t know how to feed them,” he said.

    Publicly, the constant struggle to overcome food insecurity dominates conversation. In private, when interviewed separately, both Moussou and Samba broke down in tears when talking about Souleymane, each wrapped in their own intimate grief.
    Survivors

    Ousmane Diallo watched his friend Alpha Balde drown. “I saw his body,” Ousmane said.

    Alpha (unrelated to Binta Balde) and Ousmane grew up in nearby villages and had known each other their entire lives. The two left Pakour at different times but reunited in Libya. In the spring of 2018, they boarded a rubber dinghy with dozens of other asylum seekers and migrants and set out to sea.

    About 12 miles from the coast, the dinghy started to shake, causing panic among the passengers. “There was an Italian ship nearby,” Ousmane said. “We asked for their help, but they said they could not intervene.”

    Instead, a patrol boat from the Libyan Coast Guard – funded and backed by Italy and the EU – arrived. The Libyans threw ropes into the water. In their panic, people started jumping off the unstable dinghy, trying to grab the ropes. Most didn’t know how to swim – including Alpha, who screamed and sank. He was 21 years old.

    Ousmane wanted to jump too, but a wall of people separated him from the edge of the boat. “I could not move. This is why I survived,” he said.

    It was Ousmane’s third attempt to reach Europe. He had left Pakour in 2015. When he reached Libya, he found work in a bakery and was able to send some money back to his family. But Libya was unstable and unsafe. Each time he tried to leave on a dinghy, he was caught by the Libyan Coast Guard and taken to a detention centre.

    In the first centre, detainees were frequently threatened, beaten, and denied food and water. “We had to drink the same water that was used for the toilet. If you were there, you automatically got sick,” he said.

    After watching Alpha drown, Ousmane was taken to another detention centre where he was haunted by thoughts of the water, screams, and the sight of his friend’s corpse. “I kept thinking about it. I was exhausted. I had to go home,” he explained. “After Libya, your heart changes.”

    Ousmane decided to return to Senegal through an assisted voluntary return programme run by IOM.

    Back in Pakour, he wears a pressed shirt, newer and cleaner than those worn by most men here. It speaks to the money he earned when he left the village. But he also has nightmares he can’t shake off, and has struggled to find his place in the village after returning.

    He is not alone.
    Returnees

    Between January 2017 and July 2020, more than 6,000 people returned to Senegal through IOM’s assisted voluntary return programme.

    In Pakour, there are more than 150 returnees like Ousman. Many got stuck in Libya and were victims of violence and exploitation. Some were kidnapped for ransom. Others were victims of random acts of violence. Almost all are still haunted by their experiences.

    Some of the returnees have started an organisation – Pakour’s Association of the Returnees – that is supposed to help the young men who end up back in the municipality find economic opportunities. The organisation gives small loans at low interest rates to its members to help them buy farming tools and seeds.

    In recent years, the EU has also poured hundreds of millions of dollars into aid projects meant to address the “root causes of migration” through its Trust Fund for Africa. Senegal has received more than €170 million ($206 million) from the fund for projects, including the creation of a controversial national biometric identity database that critics suspect will be used to facilitate deportations from Europe.

    Kolda, together with other regions, has received over €60 million ($73 million) in funding for projects aimed at providing technical support and vocational training to farmers, and at giving them access to credit and small loans for entrepreneurial projects.

    But in Pakour, all this development funding has done little to change the material circumstances that push young men to migrate.

    One project financed by the EU Trust Fund that made it to the area around Pakour in 2018 was a travelling caravan offering information about local entrepreneurship and vocational training that was also intended to inform youth about the risks of irregular migration.

    In October 2018, a mobile cinema project funded by the Italian Development Agency and IOM brought a vivid documentary about the dangers migrants face en route to Europe to Pakour. The documentary was screened in 200 villages in six African countries, costing two million euros ($2.4 million). Its effect, however, was mostly to terrify the mothers of people who had already undertaken the journey, according to people in Pakour.

    Pakour’s Association of the Returnees also received funding from Caritas and IOM to start a poultry farm to stimulate the local economy. But the project is struggling and has so far failed to provide anyone with an income. Around 30 men take turns working at the farm on a voluntary basis. Many association members feel discouraged and worry about the future.

    “We need resources and real investment,” a representative of Pakour’s local authority told TNH. “Problems here are complex. You cannot solve them with a bunch of chickens.”

    Cycle

    Ibrahima Balde (no relation to Binta Balde or Alpha Balde) is in his thirties and returned from Libya four years ago. He came back to Pakour after witnessing his friend get shot and killed as retribution for other migrants escaping from a construction site in the southern Libyan city of Qatrun when they realised they wouldn’t be paid for their work.

    Ibrahima’s son will soon become a teenager. “I don’t want my child to go through what I had to go through, to see what I have seen,” he said.

    But if things don’t improve in Pakour, Ibrahima fears his son will have little choice but to take the same risks he took and hope for a better result.

    In recent years, relatively successful peacekeeping efforts in Casamance have led to better safety and stability in the area around Pakour – important ingredients for increased economic activity. A government offensive in January appears to have weakened the separatist group, but where things are heading remains to be seen. Development rates continue to lag behind other regions, and the pandemic has only made things worse for the entire country. Senegal’s growth dropped from an already low 5.3 percent in 2019 to an estimated 1.3 percent last year.

    Even Mamadou, Binta’s eldest son and Demba’s brother, is tempted to try to make his way to Europe. He started the journey once, before Demba, but returned home when their father died. If it wasn’t for Demba’s death, he would already have left again.

    Now, without Demba’s contribution to the family economy, Mamadou is struggling. He has a wife and two children to provide for, and he also needs to help support his siblings and his mother. They are all depending on him and he doesn’t see a future in Pakour. “It’s difficult,” he said. “We cannot earn any money here.”

    https://www.thenewhumanitarian.org/news-feature/2021/3/23/When-a-migrant-drowns-a-whole-community-feels-the-loss

    #celleux_qui_restent #migrations #asile #réfugiés #morts #décès #mourir_en_Méditerranée #mourir_aux_frontières #Sénégal #Pakour #returnees #retour #renvois #expulsions #familles #communauté #celles_qui_restent #ceux_qui_restent

  • La crise sanitaire aggrave les troubles psy des jeunes migrants

    Les « migrants » sont une population composite recouvrant des #statuts_administratifs (demandeurs d’asile, réfugiés, primo-arrivants…) et des situations sociales disparates. Certains appartiennent à des milieux sociaux plutôt aisés et éduqués avec des carrières professionnelles déjà bien entamées, d’autres, issus de milieux sociaux défavorisés ou de minorités persécutées, n’ont pas eu accès à l’éducation dans leur pays d’origine.

    Et pourtant, une caractéristique traverse ce groupe : sa #jeunesse.

    Ainsi, selon les chiffres d’Eurostat, au premier janvier 2019, la moitié des personnes migrantes en Europe avait moins de 29 ans ; l’âge médian de cette population se situant à 29,2 ans, contre 43,7 pour l’ensemble de la population européenne. Cette particularité est essentielle pour comprendre l’état de santé de cette population.

    En effet, on constate que, du fait de sa jeunesse, la population migrante en Europe est globalement en #bonne_santé physique et parfois même en meilleure #santé que la population du pays d’accueil. En revanche, sa santé mentale pose souvent problème.

    Des #troubles graves liés aux #parcours_migratoires

    Beaucoup de jeunes migrants – 38 % de la population totale des migrants selon une recherche récente – souffrent de #troubles_psychiques (#psycho-traumatismes, #dépressions, #idées_suicidaires, #perte_de_mémoire, #syndrome_d’Ulysse désignant le #stress de ceux qui vont vivre ailleurs que là où ils sont nés), alors que la #psychiatrie nous apprend que le fait migratoire ne génère pas de #pathologie spécifique.

    Les troubles dont souffrent les jeunes migrants peuvent résulter des #conditions_de_vie dans les pays d’origine (pauvreté, conflits armés, persécution…) ou des #conditions_du_voyage migratoire (durée, insécurité, absence de suivi médical, en particulier pour les migrants illégaux, parfois torture et violences) ; ils peuvent également être liés aux #conditions_d’accueil dans le pays d’arrivée.

    De multiples facteurs peuvent renforcer une situation de santé mentale déjà précaire ou engendrer de nouveaux troubles : les incertitudes liées au #statut_administratif des personnes, les difficultés d’#accès_aux_droits (#logement, #éducation ou #travail), les #violences_institutionnelles (la #répression_policière ou les #discriminations) sont autant d’éléments qui provoquent un important sentiment d’#insécurité et du #stress chez les jeunes migrants.

    Ceci est d’autant plus vrai pour les #jeunes_hommes qui sont jugés comme peu prioritaires, notamment dans leurs démarches d’accès au logement, contrairement aux #familles avec enfants ou aux #jeunes_femmes.

    Il en résulte des périodes d’#errance, de #dénuement, d’#isolement qui détériorent notablement les conditions de santé psychique.

    De nombreuses difficultés de #prise_en_charge

    Or, ainsi que le soulignent Joséphine Vuillard et ses collègues, malgré l’engagement de nombreux professionnels de santé, les difficultés de prise en charge des troubles psychiques des jeunes migrants sont nombreuses et réelles, qu’il s’agisse du secteur hospitalier ou de la médecine ambulatoire.

    Parmi ces dernières on note l’insuffisance des capacités d’accueil dans les #permanences_d’accès_aux_soins_de_santé (#PASS), l’incompréhension des #procédures_administratives, le besoin d’#interprétariat, des syndromes psychotraumatiques auxquels les professionnels de santé n’ont pas toujours été formés.

    Les jeunes migrants sont par ailleurs habituellement très peu informés des possibilités de prise en charge et ne recourent pas aux soins, tandis que les dispositifs alternatifs pour « aller vers eux » (comme les #maraudes) reposent essentiellement sur le #bénévolat.
    https://www.youtube.com/watch?v=Pn29oSxVMxQ&feature=emb_logo

    Dans ce contexte, le secteur associatif (subventionné ou non) tente de répondre spécifiquement aux problèmes de santé mentale des jeunes migrants, souvent dans le cadre d’un accompagnement global : soutien aux démarches administratives, logement solidaire, apprentissage du français, accès à la culture.

    Organisateurs de solidarités, les acteurs associatifs apportent un peu de #stabilité et luttent contre l’isolement des personnes, sans nécessairement avoir pour mission institutionnelle la prise en charge de leur santé mentale.

    Ces #associations s’organisent parfois en collectifs inter-associatifs pour bénéficier des expertises réciproques. Malgré leur implantation inégale dans les territoires, ces initiatives pallient pour partie les insuffisances de la prise en charge institutionnelle.

    Des situations dramatiques dans les #CRA

    Dans un contexte aussi fragile, la #crise_sanitaire liée à la #Covid-19 a révélé au grand jour les carences du système : si, à la suite de la fermeture de nombreux #squats et #foyers, beaucoup de jeunes migrants ont été logés dans des #hôtels ou des #auberges_de_jeunesse à l’occasion des #confinements, nombreux sont ceux qui ont été livrés à eux-mêmes.

    Leur prise en charge sociale et sanitaire n’a pas été pensée dans ces lieux d’accueil précaires et beaucoup ont vu leur situation de santé mentale se détériorer encore depuis mars 2020.

    Les situations les plus critiques en matière de santé mentale sont sans doute dans les #Centres_de_rétention_administrative (CRA). Selon le rapport 2019 de l’ONG Terre d’Asile, sont enfermés dans ces lieux de confinement, en vue d’une #expulsion du sol national, des dizaines de milliers de migrants (54 000 en 2019, dont 29 000 en outremer), y compris de nombreux jeunes non reconnus comme mineurs, parfois en cours de #scolarisation.

    La difficulté d’accès aux soins, notamment psychiatriques, dans les CRA a été dénoncée avec véhémence dans un rapport du Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) en février 2019, suivi, à quelques mois d’écart, d’un rapport tout aussi alarmant du Défenseur des droits.

    La #rupture de la #continuité des #soins au cours de leur rétention administrative est particulièrement délétère pour les jeunes migrants souffrant de pathologies mentales graves. Pour les autres, non seulement la prise en charge médicale est quasi-inexistante mais la pratique de l’isolement à des fins répressives aggrave souvent un état déjà à risque.

    La déclaration d’#état_d’urgence n’a pas amélioré le sort des jeunes migrants en rétention. En effet, les CRA ont été maintenus ouverts pendant les périodes de #confinement et sont devenus de facto le lieu de placement d’un grand nombre d’étrangers en situation irrégulière sortant de prison, alors que la fermeture des frontières rendait improbables la reconduite et les expulsions.

    Un tel choix a eu pour conséquence l’augmentation de la pression démographique (+23 % en un an) sur ces lieux qui ne n’ont pas été conçus pour accueillir des personnes psychologiquement aussi vulnérables et pour des périodes aussi prolongées.

    Des espaces anxiogènes

    De par leur nature de lieu de #privation_de_liberté et leur vocation de transition vers la reconduction aux frontières, les CRA sont de toute évidence des #espaces_anxiogènes où il n’est pas simple de distinguer les logiques de #soins de celles de #contrôle et de #répression, et où la consultation psychiatrique revêt bien d’autres enjeux que des enjeux thérapeutiques. Car le médecin qui apporte un soin et prend en charge psychologiquement peut aussi, en rédigeant un #certificat_médical circonstancié, contribuer à engager une levée de rétention, en cas de #péril_imminent.

    Les placements en CRA de personnes atteintes de pathologies psychologiques et/ou psychiatriques sont en constante hausse, tout comme les actes de #détresse (#automutilations et tentatives de #suicide) qui ont conduit, depuis 2017, cinq personnes à la mort en rétention.

    La prise en charge effective de la santé mentale des jeunes migrants se heurte aujourd’hui en France aux contradictions internes au système. Si les dispositifs sanitaires existent et sont en théorie ouverts à tous, sans condition de nationalité ni de régularité administrative, l’état d’incertitude et de #précarité des jeunes migrants, en situation irrégulière ou non, en fait un population spécialement vulnérable et exposée.

    Sans doute une plus forte articulation entre la stratégie nationale de prévention et lutte contre la pauvreté et des actions ciblées visant à favoriser l’intégration et la stabilité via le logement, l’éducation et l’emploi serait-elle à même de créer les conditions pour une véritable prévention des risques psychologiques et une meilleure santé mentale.

    https://theconversation.com/la-crise-sanitaire-aggrave-les-troubles-psy-des-jeunes-migrants-152

    #crise_sanitaire #asile #migrations #réfugiés #jeunes_migrants #santé_mentale #troubles_psychologiques #genre #vulnérabilité #bénévolat #rétention #détention_administrative #sans-papiers

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  • Face à la haine et aux amalgames : « Redonner ses lettres de noblesse à la solidarité et à l’#hospitalité française »

    Elle appelle cela « l’#hospitalité_citoyenne ». #Julia_Montfort, journaliste et réalisatrice, a accueilli, comme beaucoup d’autres Français, un « migrant », Abdelhaq, originaire du Tchad. Elle raconte cette rencontre à Basta !, rencontre dont elle a tiré une web-série, #Carnets_de_solidarité. Son histoire nous rappelle que, loin des scènes indignes de harcèlement policier ou de commentaires racistes, des dizaines de milliers de citoyens font preuve de solidarité.

    Julia Montfort appelle cela « l’hospitalité citoyenne ». Comme beaucoup d’autres personnes en France, elle a ouvert sa porte pour accueillir un « migrant », Abdelhaq. Il avait alors 21 ans et ne devait rester que quelques jours. Il aura finalement vécu un an et demi chez Julia et Cédric, son mari. De cette expérience personnelle est alors née l’envie de raconter ce mouvement de #solidarité qui a gagné de nombreux foyers français – une réalité trop souvent invisibilisée – pendant que les politiques en œuvre choisissent trop souvent de harceler, humilier, reléguer dans la rue les exilés en quête d’accueil, ne serait-ce que temporaire. Réalisatrice, elle en a tiré une web-série passionnante, Carnets de Solidarité, qui offre la meilleure des réponses, en actes, à tous les préjugés, tous les cynismes ou toutes les haines qui s’accumulent sur ce sujet.

    Basta ! : Le point de départ de votre travail, c’est le #récit_intime de l’accueil d’Abdelhaq, chez vous, dans votre appartement. Avec le recul, qu’avez-vous appris de cette expérience d’hospitalité ?

    Julia Montfort [1] : Beaucoup de choses. Nous n’avons pas accueilli un citoyen français avec des références culturelles partagées : Abdelhaq est le fils d’un berger nomade, dans le sud du Tchad, qui parle un dialecte dérivé de l’arabe – le kebet – dont la vie consistait à garder les chèvres de son père ou à aller récolter du miel, autant dire une vie diamétralement opposée à la mienne. Tout nous séparait, et nous avons appris à trouver des #liens, à construire des ponts entre nos deux cultures.

    J’ai réalisé la portée de ce geste dès que j’ai ouvert ma porte devant ce grand gaillard de plus d’1 m 90, et que j’ai compris que le #langage ne nous permettrait pas de communiquer. Il apprenait les rudiments du français, mais il ne faisait pas de phrases, je ne parvenais même pas à savoir s’il aimait les pâtes. De fait, ce genre de situation permet aussi d’en apprendre beaucoup sur soi-même et sur notre rapport à l’autre. Cela m’offre aujourd’hui un ancrage très différent dans le présent.

    Il y a cette anecdote significative, lorsque vous racontez que vous hésitez plusieurs jours avant de lui signaler qu’il ne priait pas dans la bonne direction…

    Il se tournait exactement à l’opposé de la Mecque, nous ne savions pas comment lui annoncer, cela nous pesait, alors qu’au final, Abdelhaq a juste explosé de rire lorsque nous lui avons montré la boussole ! Une partie de notre complicité est née ce jour-là… Abdelhaq a une pratique très ouverte de sa religion, c’est notamment une façon de maintenir un lien avec son pays. Quand il est arrivé à Paris, son premier réflexe a été d’aller dans une mosquée, où il a pu être hébergé. C’est un peu son repère, son cadre. Mais depuis, on a constaté qu’il s’intéressait beaucoup aux autres religions.
    De notre côté, nous sommes parfaitement athées, et c’est probablement la première fois que j’ai côtoyé quelqu’un de religieux aussi longtemps, et aussi intimement. La probabilité que je puisse, à Paris, me retrouver directement confrontée à la réalité de la vie d’Abdelhaq était tout de même très faible, jusqu’à présent. Cela cultive une certaine #ouverture_d’esprit, et cela a généré aussi beaucoup de #respect entre nous.

    Pour autant, vous ne faites pas l’impasse sur les difficultés qui se présentent, aussi, à travers cette expérience. « L’hospitalité n’est pas un geste naturel, c’est une #épreuve », dites-vous.

    Il ne faut pas enjoliver cette expérience par principe, cela n’a rien de simple d’accueillir un étranger chez soi. Il faut s’ouvrir à lui, accepter qu’il entre dans notre #intimité, c’est une relation qui demande beaucoup d’énergie. Faire entrer l’exil à la maison, c’est aussi faire entrer des vies brisées et tous les problèmes qui accompagnent ces parcours du combattant… Et c’est compliqué quand, au petit-déjeuner, vous devez affronter son regard dans le vide, que vous voyez qu’il n’est pas bien. Tout paraît assez futile. J’ai parfois eu l’impression de plonger avec Abdelhaq. C’est le principe même de l’empathie, partager l’#émotion de l’autre. Mais quand c’est sous votre toit, il n’y a pas d’échappatoire, c’est au quotidien face à vous.

    Dans votre récit, vous utilisez très souvent les termes de « #générosité », de « #bienveillance », d’ « #humanité », comme si vous cherchiez à leur redonner une importance qu’ils ne semblent plus vraiment avoir, dans la société. Faut-il travailler à repolitiser ces valeurs, selon vous ?

    On pense toujours que la solidarité, l’#altruisme, l’#entraide, tout ça n’est que l’apanage des faibles. Ce seraient des vertus désuètes, bonnes pour les « bisounours ». Il a en effet fallu que j’assume, à l’écriture, de redonner des lettres de noblesse à ces mots-là. Car on a bien vu que tous ces petits #gestes, cette empathie, ces regards, ce n’était pas anodin pour Abdelhaq. On a vu comment cette solidarité qui s’est organisée avec les voisins l’a porté, lui a permis de se regarder autrement, de retrouver des prises sur le réel. Petit à petit, on l’a vu changer, reprendre pied. Et ça, c’est considérable.
    Et partant de là, on peut aussi se demander ce qui nous empêche d’appliquer cela à toutes nos relations – personnellement, j’essaye désormais d’être plus attentive à cette forme de #bienveillance dans mes échanges avec mes voisins ou mes amis, au travail. Cela semble toujours une évidence un peu simple à rappeler, mais c’est vertueux. C’est même l’un des principaux enseignements que nous avons tiré de notre expérience, à notre échelle : au-delà des difficultés, cela fait du bien de faire du bien. Diverses études documentent les bienfaits pour la santé de ces #émotions positives ressenties, cela porte même un nom – le « #helper’s_high », l’euphorie de celui qui aide. Donc oui, la solidarité fait du bien, et il faut en parler.

    De fait, votre initiative a rapidement fait la preuve de son effet multiplicateur auprès du voisinage, c’est ce que vous appelez la « #contagion_solidaire ».

    C’est à partir de ce moment-là que je me suis dit qu’il y avait quelque chose à raconter de cette expérience personnelle. Il ne faut pas oublier qu’à l’époque, le discours sur « l’invasion » battait son plein. En 2017-2018, on est en plein dans la séquence où l’on entend partout que les migrants sont trop nombreux, qu’ils sont dangereux, qu’ils vont nous voler notre pain, notre travail et notre identité. Or à mon échelle, à Bagnolet, au contact de différentes classes sociales, j’ai vu le regard des gens changer et ce mouvement de solidarité se mettre en place, autour de nous. Et c’était d’autant plus significatif que nous étions officiellement devenus « hors-la-loi » puisque nous n’avions pas le droit d’héberger un sans-papier… De fait, lorsqu’on a reçu une enveloppe avec de l’argent pour payer le pass Navigo d’Abdelhaq, nous avons compris que nous étions plusieurs à accepter de transgresser cette règle absurde. Et à entrer ensemble dans l’absurdité du « #délit_de_solidarité ».

    « La chronique des actions en faveur de l’accueil des migrants montre une évolution au sein des sociétés européennes. Par leur ampleur et l’engagement qui les sous-tend, les formes de solidarité et d’hospitalité que l’on y observe s’apparentent de plus en plus à un mouvement social » affirme l’anthropologue Michel Agier, que vous citez dans votre livre. De fait, à l’échelle de la France, votre enquête tend à montrer que les démarches d’#accueil sont bien plus nombreuses et conséquentes qu’on ne le laisse souvent croire, vous parlez même d’une « #révolution_silencieuse ». Peut-on dresser une sociologie de ce mouvement social émergent ?

    C’est encore un peu tôt, on n’a pas assez de recul, on manque de chiffres. De nombreux chercheurs travaillent là-dessus, mais c’est un mouvement encore difficile à évaluer et à analyser. La plupart des gens restent discrets, par crainte de l’illégalité mais aussi par humilité, souvent. Mais lorsque j’ai présenté la bande-annonce avec l’objet de mon travail, j’ai été submergé de messages en retour, sur internet. Et de toute la France. J’ai réalisé qu’il y avait un défaut de #narration, et un défaut de connexion les uns avec les autres. La plupart agisse, chacun de leur côté, sans s’organiser de manière collective. Des mouvements et des plateformes se sont créés, sur internet, mais cette solidarité reste encore très « électron libre ». Il n’y a pas véritablement de #réseau_citoyen, par exemple.

    Pour ma part, ce que j’ai vu, c’est une France particulièrement bigarrée. J’ai vu des gens de tous les milieux, pas nécessairement militants, et beaucoup de #familles. En général, ils racontent avoir eu un déclic fort, comme par exemple avec la photo du petit #Aylan. Ce sont des gens qui ressentent une #urgence de faire quelque chose, qui se disent qu’ils « ne-peuvent-pas-ne-rien-faire ». La certitude, c’est qu’il y a énormément de #femmes. L’impulsion est souvent féminine, ce sont souvent elles qui tendent en premier la main.

    Ce #mouvement_citoyen est aussi, malheureusement, le reflet de l’#inaction_politique sur le sujet. Cette dynamique peut-elle continuer longtemps à se substituer aux institutions ?

    Il y a un #burn-out qui guette, et qui est largement sous-estimé, chez ces citoyens accueillants. Ils s’épuisent à « l’attache ». À l’origine, cette solidarité a vraiment été bricolé, avec les moyens du bord, et dans la précipitation. Et même si elle remplit un rôle fondamental, ça reste du #bricolage. Or ce n’est pas aux citoyens de pallier à ce point les défaillances de l’#État, ce n’est pas normal que nous ayons à héberger un demandeur d’asile qui se retrouve à la rue… La réalité, c’est qu’aujourd’hui, très régulièrement en France, on ne notifie pas leurs droits aux gens qui arrivent. Or toute personne qui pose le pied en France a le droit de demander l’asile, c’est une liberté fondamentale. Commençons donc, déjà, par respecter le #droit_d’asile !

    Je crois qu’on ne se rend pas bien compte de ce qui se passe, parce que cela se joue dans des zones de frontières, loin de Paris, donc cela reste assez discret. Mais on est face à quelque chose d’assez considérable en termes de violations de #droits_humains, en France, actuellement : à la fois dans le fait de bafouer ces droits fondamentaux, mais aussi dans le fait de criminaliser les personnes qui leur viennent en aide… Et pendant ce temps-là, on remet la légion d’honneur à Nathalie Bouchart, la maire de Calais, qui avait interdit les distributions d’eau pour les exilés ? Il y a quand même quelque chose qui cloche, dans ce pays.

    Cela n’a pas toujours été comme ça, rappelez-vous, en évoquant notamment l’exemple des « #Boat_People » (en 1979, l’accueil de 120 000 réfugiés vietnamiens et cambodgiens avaient obtenu un large consensus national, ndlr). Qu’est-il arrivé à cette grande « tradition française d’hospitalité », depuis ?

    Le contexte est très différent, par rapport aux Boat people. À l’époque, cela semblait sûrement circonscrit, tant dans le nombre que dans le temps. Aujourd’hui, la multiplication des conflits, un peu partout dans le monde, alimente cette idée que c’est un puits sans fond, qu’on va être submergé si on commence à accueillir trop largement… Plus fondamentalement, on le sait bien, une certaine #rhétorique s’est imposée dans les discours, sur ces questions : on parle de « flux », de « pompe aspirante », et tout ce vocable n’est plus l’apanage de l’extrême droite, on le retrouve dans la bouche des gouvernants. Tout ça insinue et conforte l’horrible mythe de « l’#appel_d’air ». Je crois qu’on oublie parfois combien les #discours_politiques contribuent à forger un cadre de pensée. Et en face, il y a un véritable défaut de pédagogie, on ne traite jamais de ces sujets à l’école, on ne produit pas de #contre-discours. Donc effectivement, c’est important de le rappeler : on a su accueillir, en France.

    Après l’assassinat terroriste du professeur Samuel Paty, vendredi 16 octobre, le débat public a pris des airs de course aux amalgames, avec une tendance à peine cachée à essentialiser toute une catégorie de population (demandeur d’asile, mineurs isolés...) comme de potentiels terroristes. Qu’est-ce que cela vous inspire, en tant qu’accueillante ?

    La #peur légitime et le #danger, bien réel, du #terrorisme ne doivent pas nous faire plonger dans une grande #confusion, en bonne partie entretenue par ma propre profession. Les journalistes ont une part de #responsabilité en entretenant ce lien dangereux, insufflé par nos gouvernants, qui envisagent la migration sous le spectre uniquement sécuritaire depuis les attentats terroristes de 2015. Nous avons besoin de #recul, et de #nuances, pour ne pas tomber dans la #stigmatisation à tout-va de tout un pan de la population, et éviter les #amalgames simplistes du type "immigration = terrorisme". Ce pur discours d’extrême droite n’est basé sur aucune étude formelle, et pourtant il s’est installé dans les esprits au point que ces femmes et ces hommes sont victimes d’un changement de perception. Hier considérés comme des personnes en détresse, ils sont désormais vus dans leur ensemble comme de potentiels terroristes car un assassin – ayant commis un acte effroyable – a préalablement été demandeur d’asile et a obtenu son statut de réfugié... Il s’agit d’un itinéraire meurtrier individuel. Les demandeurs d’asile, les mineurs isolés, les réfugiés sont les premiers à pâtir de ces amalgames. Les entend-on ? Très rarement. Leur #parole est souvent confisquée, ou bien nous parlons à leur place.

    Alors, il faut le rappeler : ces personnes exilées et arrivées en France aspirent simplement à s’intégrer et à mener une vie « normale », si tant est qu’elle puisse vraiment l’être après tout ce qu’elles ont traversé, et avec la douleur du #déracinement. Et ces étrangers, nous les côtoyons au quotidien sans même le savoir : ils livrent nos repas à domicile, se forment à des métiers dans des secteurs en tension où la main d’œuvre manque, ils changent les draps dans les hôtels. Nombre de médecins réfugiés furent en première ligne pendant le confinement... Ce qui me préoccupe aujourd’hui, c’est justement de ramener de la mesure dans ce débat toxique et dangereux en humanisant ces destins individuels.

    https://www.bastamag.net/Redonner-ses-lettres-de-noblesse-a-la-solidarite-et-a-l-hospitalite-franca

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  • En cette journée des familles, focus sur l’adoption ! Que révèle le traitement de la couleur de peau par les institutions en charge de l’adoption ? #familles #adoption #enfants #racisme

    http://sms.hypotheses.org/10789

    « Paul est marié à Sali. Tout irait pour le mieux s’ils arrivaient à avoir un enfant. Jusqu’au jour où Sali reçoit l’appel qu’ils attendent depuis si longtemps : leur dossier d’adoption est approuvé. Il est adorable, il a 6 mois, il s’appelle Benjamin. Il est blond aux yeux bleus et il est blanc. Eux… sont noirs ! »

    La farce est lancée. Le synopsis du film Il a déjà tes yeux tente d’appâter le spectateur en jouant sur l’incongruité supposée d’un agencement familial burlesque. Confier un enfant blanc à des parents noirs, a-t-on idée ? Encore une bêtise de fonctionnaires incompétents ; à croire qu’ils seraient aveugles… Ce film français, réalisé par Lucien Jean-Baptiste, sorti dans les salles en janvier 2017, a cumulé en quelques semaines plus d’un million d’entrées.

    Pourtant, derrière son apparente légèreté, il permet d’interroger sur le ton de l’humour ce qu’on peine trop souvent à voir : la force d’un ordre racial qui distribue les enfants sur une base phénotypique et agence les familles selon des hiérarchies établies. Mais comment comprendre ces différences ? Que révèle le traitement de la couleur par les institutions françaises en charge de la famille ? Et comment les sciences sociales peuvent-elles servir la critique utile et nécessaire de nos impensés raciaux ? (...)

  • Les enfants invisibles de #Haraldvangen

    Cet épisode de notre série sur les mineurs sacrifiés aux frontières de l’UE révèle qu’en Norvège, pays champion des droits de l’homme, une centaine d’enfants migrants a tout de même été enfermée depuis 2018. Tout le pays semble ignorer l’existence de ces petits prisonniers… jusqu’aux contrôleurs des conditions de #détention.

    « C’est loin d’être ce que les gens imaginent… La plupart des familles vivent leur séjour ici comme une expérience positive. » Ole Andreas Flaa Valdal, sourire sympathique et barbe de trois jours, a tout sauf l’air d’un gardien de prison. Le directeur de Haraldvangen a troqué son uniforme pour un tee-shirt et un jean décontractés qui lui donnent l’air d’un éducateur cool. C’est d’ailleurs comme cela qu’il se voit : un travailleur social, pas un maton.

    Alentour, le paysage lui donne raison. Nous sommes à une heure d’Oslo, dans un décor enneigé de vacances à la montagne. Haraldvangen, ancienne #colonie_de_vacances entourée de sapins, fait face à un lac bleu étincelant. Ici, des générations de petits Norvégiens ont skié et nagé, étés et hivers durant. Mais depuis deux ans, la grande bâtisse de bois ne résonne plus des rires des enfants. Fin décembre 2017, le gouvernement norvégien a fermé le bâtiment à double tour, installé un feu rouge derrière la porte, fait enlever les poignées des fenêtres pour transformer la colo en bunker. Haraldvangen est devenu la première « #unité_familiale » du pays, un mot fleuri pour désigner un #centre_de_détention pour #mineurs migrants et leurs parents.

    En deux ans, selon les chiffres obtenus par Investigate Europe en février, 97 enfants ont été enfermés là parce que leur demande d’asile a été rejetée et qu’ils ont refusé de quitter le territoire de leur propre chef. Les mineurs et leurs familles ont ensuite été conduits à l’aéroport d’Oslo par l’unité police immigration, avant d’être expulsé « de force ».

    Alors qu’il déambule dans ce décor de chalet fait de meubles Ikea, d’écrans géants, de PlayStation et d’un débordement de peluches, le directeur nous explique les bienfaits de cette nouvelle prison conçue par le gouvernement norvégien. « C’est bien de la détention mais on ne jette pas les gens au fond d’une cellule. » Ole bombe le torse, il est fier du travail accompli. « Ici, on peut se concentrer à fond sur les familles. Et quand les parents sont trop occupés à appeler leurs avocats et les ONG, nous nous occupons des enfants, nous les informons, les impliquons, les amusons. » Lui qui partage son temps entre le centre pour adultes migrants et l’unité familiale mesure bien la différence de traitement.

    Avant la création de l’unité familiale il y a deux ans, les mineurs migrants étaient enfermés avec les adultes, dans le centre de détention pour migrants, Trandum. Entouré de plusieurs niveaux de barrières et de fils barbelés, ce bâtiment collé à l’aéroport d’Oslo n’a rien à envier à un pénitencier. Un pénitencier plongé dans le vrombissement assourdissant des moteurs d’avion qui décollent et atterrissent à toute heure du jour et de la nuit. En 2015, Hicham*, 11 ans, avait raconté son expérience derrière les barreaux à NOAS et Save The Children, deux ONG qui l’avaient pris en charge. « Là-bas, il y a des fils de fer frisés tout autour. J’ai même vu des caméras. Je pense qu’ils avaient mis des barrières pointues pour qu’on ne puisse pas s’échapper. Comme ça si on essaye de se sauver, ça fait mal. » 885 petits migrants ont ainsi été emprisonnés à Trandum entre 2013 et 2017, parfois pour une durée supérieure à trois semaines.

    Mais pendant l’année 2017, la mobilisation des ONG a porté ses fruits. Dans le pays champion international du respect des droits humains, la polémique avait atteint son apogée quand en 2017, dans une décision historique, la cour d’appel de Borgarting (l’équivalent de notre Conseil d’État) a condamné l’État pour avoir enfermé quatre enfants afghans pendant vingt jours. Âgés de 7 à 14 ans, les mineurs « ont été exposés a des traitements dégradants », a statué la cour (notamment à cause des longues durées de détention). Interrogé par Investigate Europe, leur avocat affirme que la police avait choisi de garder ces enfants qui venaient de l’extrême sud de la Norvège derrière les barreaux pendant trois semaines pour des raisons de facilité administrative. Au détriment de leur bien-être psychique et physique, au lieu de les renvoyer chez eux en attendant l’expulsion, les autorités ont préféré « la solution de facilité », dit-il.

    Fin 2017, le gouvernement finit donc par trouver un nouveau lieu pour l’accueil des familles. Mais il ne se contente pas de les déplacer dans une structure identique : il ouvre Haraldvangen, une parenthèse enchantée avant l’expulsion. Un endroit où les enfants migrants peuvent regarder le lac et la neige par la fenêtre. Un chalet forestier où ils entendent le chant des oiseaux et non le bruit angoissant des moteurs des avions. Avant de s’envoler vers un pays souvent inconnu, les enfants ont le droit de goûter à quelques heures de jeux vidéo et de peluches, ils ont même le droit de se faire dorloter par des matons-moniteurs de colo.

    Certes, ils ressentent les angoisses de leurs parents qui se mutilent parfois pour éviter l’expulsion, certes leurs pères et mères sont fouillés à nu ; ils doivent même exécuter des squats (des flexions avec les jambes) dénudés devant les policiers pour vérifier qu’ils ne cachent aucun objet dans leurs parties intimes. Mais à Haralvagen, on leur épargne au moins d’assister à l’humiliation de leurs parents. C’est en tout cas la promesse sur le papier, réitérée aux journalistes qui interrogent les autorités. Cela ne leur coûte rien : comme l’a découvert Investigate Europe, à Haraldvangen, jamais personne n’est venu contrôler.

    Quand il a décidé de déplacer les enfants en 2017, l’État norvégien les a totalement sortis des radars. Le « comité de surveillance » qui est tenu par la loi d’inspecter les centres de détention au moins deux fois par an pour vérifier que les personnes enfermées sont traitées en conformité avec la loi n’a pas mis les pieds à Haralvangen depuis deux ans. Ses inspecteurs se sont pourtant rendus entre cinq et six fois par an à Trandum. Mais l’unité familiale n’a été contrôlée qu’une seule fois, fin 2017, au moment de l’ouverture du centre, quand… il était totalement vide.

    Un problème qui ne dérange pas le comité : « Il est extrêmement rare que des familles avec enfants soient détenues et on nous a informés qu’ils ne gardent pas les enfants très longtemps », nous explique Cathrine Fossen, cheffe du comité. C’est donc sur la base de cette information que les inspecteurs assurent chaque année au gouvernement, au public et à la communauté internationale que les droits fondamentaux des enfants et de leurs parents sont bien respectés. Sans complexe, la responsable soutient que Haraldvangen « est une très bonne unité ». Comment pourrait-elle le savoir ? C’est Investigate Europe qui lui apprend que 97 enfants ont été enfermés ses deux dernières années : « C’est un chiffre plus élevé que je ne le pensais », s’étonne-t-elle.

    André Møkkelgjerd, avocat spécialiste de l’asile en Norvège et auteur de plusieurs rapports sur la détention des enfants, prend la révélation moins à la légère. « C’est totalement inacceptable, s’indigne-t-il. Si l’État a déplacé les enfants détenus, afin que leurs conditions de détention ne soient plus contrôlées, c’est très grave. » Interrogée, l’organisation NOAS, une ONG de soutien aux demandeurs d’asile, va jusqu’à remettre en cause l’indépendance du comité de surveillance, en indiquant que ses membres sont nommés par le ministère de la justice, celui-là même qui est responsable de l’application de la loi sur le retour des migrants.

    L’accusation est très sérieuse dans un pays où la transparence publique est érigée en principe sacré. En fait, la Norvège fait comme la plupart de ses homologues européens : elle enferme des enfants migrants mais maintient, volontairement ou non, ces petits loin des regards de son opinion publique.

    Grâce à une de ses anciennes enseignantes, nous sommes parvenues à retrouver la trace d’un de ces anciens petits prisonniers migrants. Quand nous échangeons au téléphone avec Azad, il est encore une fois derrière les barreaux : le jeune Afghan a été jeté au fond d’une cellule du commissariat d’Athènes, un des lieux de détention réservés aux enfants migrants en Grèce.

    En 2015, Azad avait fui Kaboul en guerre pour commencer une nouvelle vie en Norvège. Une nouvelle vie qui dure seulement quelques mois : à la suite d’un test osseux, il est déclaré majeur. Azad est donc emprisonné. Deux semaines plus tard, la police le met dans l’avion pour l’Afghanistan, un pays où il n’a plus ni famille ni proches. À peine de retour à Kaboul, il repart sur les routes et finit par atterrir en Grèce, où il se fait enregistrer comme mineur. Pour sa propre protection, la police l’enferme avec d’autres enfants dans une cellule du commissariat, sans lui expliquer « ce qu’on attend de lui ».

    Depuis deux mois, il partage donc le destin de misère de ses autres petits voisins de cellule. Il survit tenaillé par la faim, nous dit-il, et se sent tellement « triste ». Mais « qu’est ce que je peux faire d’autre ?, demande-t-il. Où puis-je aller maintenant ? » Après des mois de violences et d’errance, Azad se dit que sa chance est déjà passée : « Mon dernier espoir au monde, c’était la Norvège. »

    https://www.mediapart.fr/journal/international/210420/les-enfants-invisibles-de-haraldvangen

    #familles #mineurs #enfants #Norvège #rétention #détention_administrative #déboutés #renvois #expulsions #prison #Trandum #prisons #prison #MNA #mineurs_non_accompagnés #réfugiés_afghans #nudité #humiliation #invisibilisation #migrations #asile #réfugiés #test_osseux #tests_osseux #âge #Afghanistan #errance

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    #Migrerrance :

    En 2015, Azad avait fui Kaboul en guerre pour commencer une nouvelle vie en Norvège. Une nouvelle vie qui dure seulement quelques mois : à la suite d’un test osseux, il est déclaré majeur. Azad est donc emprisonné. Deux semaines plus tard, la police le met dans l’avion pour l’Afghanistan, un pays où il n’a plus ni famille ni proches. À peine de retour à Kaboul, il repart sur les routes et finit par atterrir en Grèce, où il se fait enregistrer comme mineur. Pour sa propre protection, la police l’enferme avec d’autres enfants dans une cellule du commissariat, sans lui expliquer « ce qu’on attend de lui ».

    ping @isskein @karine4 @reka

  • Petites considérations sociologiques sur le #confinement

    Cette période de confinement liée à l’épidémie du #Covid-19 constitue une #épreuve_sociale inédite, qu’on peut comparer à une expérience de laboratoire in vivo. Le grand historien médiéviste, Marc Bloch, qui avait fait la « grande guerre » et en avait été très marqué, a écrit peu après, en 1921 dans la Revue de synthèse historique, un célèbre article, « Réflexions d’un historien sur les fausses nouvelles de la guerre » (publié aux Éditions Allia en 1999). Il y décrivait la guerre de 14-18 « comme une sorte de vaste #expérience naturelle. On a le droit en effet de considérer comme telle la guerre européenne : une immense expérience de #psychologie_sociale, d’une richesse inouïe. Les conditions nouvelles d’existence, d’un caractère si étrange, avec des particularités si accentuées, où tant d’hommes à l’improviste se sont trouvés jetés, — la force singulière des sentiments qui agitèrent les peuples et les armées — tout ce bouleversement de la vie sociale, et, si l’on ose ainsi parler, ce grossissement de ses traits, comme à travers une lentille puissante, doivent, semble-t-il, permettre à l’observateur de saisir sans trop de peine entre les différents phénomènes les liaisons essentielles ».

    Indépendamment de la déclaration du Président Macron (« nous sommes en guerre… »), il peut être intéressant de tirer ce fil entre situation de #guerre_militaire et celle de confinement. Ce dernier impose de très fortes #privations et #contraintes aux individus qui, dans les sociétés occidentales, n’y sont guère habitués. Les premières questions qui viennent à l’esprit à ce sujet sont les suivantes : le confinement est-il respecté en France ? « Un peu, beaucoup, pas du tout » ? Par qui ? Comment ? Plus en campagne qu’en ville ? plus en centre-ville que dans les « quartiers » ? etc. Faute de données statistiques fiables, le premier réflexe qu’on doit avoir en la matière est celui de la prudence interprétative.

    Avant d’aborder la manière dont on peut procéder par la mobilisation d’une série d’indices, à même de nous guider vers des hypothèses de travail, commençons par un étonnement. Que voici. En fidèle téléspectateur du Journal télévisé (JT) de France 2 (défense du service public oblige…), on remarque que la question du #vécu du confinement dans les #quartiers_populaires y a été fort peu abordée, voire pas du tout. La fuite des Parisiens vers leurs #résidences_secondaires a été un sujet traité, mais la manière dont les jeunes et les familles, parfois nombreuses, vivent leur confinement dans leurs appartements #HLM semble avoir été oubliée. Est-ce un oubli volontaire ? Ou la simple trace médiatique de la moindre importance accordée aux conditions sociales d’existence des #classes_populaires dans le milieu des professionnels de l’information ? On ne saurait laisser de côté l’hypothèse du respect de l’« #union_nationale » requise en cette période de confinement. Celle-ci suppose une mobilisation de l’appareil d’information et l’opération d’un tri dans l’amoncellement des « nouvelles du front ». Priorité est donnée dans le #JT de la #télévision_publique au suivi des opérations dans les hôpitaux, à la découverte du travail de tous les soignants et de leur entier dévouement, à l’écoute des avis des grands professeurs de médecine (« infectiologues »). Bref, une #mise_en_scène télévisuelle de l’« #effort_national » — ce qui, en soi, n’est pas critiquable.
    Sur le versant des effets sociaux de cette #pandémie, les reportages sur les #familles face au confinement (#école_à_la_maison, #télétravail des parents, aménagements divers de cette nouvelle vie…) semblent surtout réservés aux familles de milieu favorisé. Sans doute parce qu’elles laissent entrer plus facilement les caméras à leur domicile. Il ne s’agit pas pour autant de crier tout de suite au complot d’Etat et/ou de dénoncer une chaine de télévision « aux ordres du gouvernement ». Sans doute peut-on penser que le #service_public_télévisé contribue à sa manière à l’union nationale en laissant prudemment dans l’ombre ce qui pourrait l’entacher.

    A géométrie variable

    Une fois examiné la manière dont le thème du confinement est traité à la télévision (publique), donnons un petit coup de projecteur sur la manière dont il est opéré en pratique. Procéder à une petite revue de presse dans les quotidiens régionaux (L’Est républicain, Le Parisien, Le Progrès), permet de recueillir des indices suggestifs, sinon probants, sur le confinement à géométrie variable lors de cette première semaine. Sans surprise, le confinement a mis un peu de temps à se mettre en place et semble respecté de manière inégale.

    Selon les témoignages des directeurs de la #sécurité_publique ou des gendarmes, différents profils de « #déviants » à la #norme apparaissent, comme ici dans la région du Grand est particulièrement touchée. Le lieutenant de gendarmerie François qui coordonne le dispositif dans le sud du Territoire de Belfort fait le diagnostic suivant : « Une grande majorité les respecte… Mais une partie n’a pas compris l’#esprit_du_confinement et une autre n’est pas prête à le comprendre. » Le maire (et infirmier) de la ville ouvrière de Valentigney (proche de l’usine de Sochaux-Peugeot et avec une grande ZUS, les Buis), observe « dans le quartier mais également au centre-ville des comportements dangereux, irresponsables ». La journaliste de L’Est s’est donc rendue dans la cité des #Buis pour aller y voir de plus près et, là, elle a rencontré une dizaine de jeunes près d’une place, plutôt amènes.

    Pris en défaut

    Laissons la relater la scène et la manière dont ces jeunes pris en défaut de groupement non autorisé tentent de se justifier : « Chez nous, on ne tient pas en place », note l’un d’entre eux qui, comme ses potes, se sent à l’abri du virus. « On se lave les mains, on garde nos distances, c’est la base », souligne un deuxième. Un troisième Doubien montre son attestation : « On a le droit de sortir fumer une clope. Surtout que certains n’ont pas le droit de fumer chez eux… Et puis, on s’ennuie ici, il n’y a rien à faire ! Rester un mois enfermé, c’est inimaginable. » Jeudi soir, ils ont même organisé un barbecue : « Quand on a vu les policiers, on a couru pour leur échapper. Et vous savez ce qu’ils ont fait, Madame, ils ont gazé notre viande. C’est du gâchis. » (Est républicain, 21/03/2020). Dans un article du même jour, le directeur général de la compagnie des bus du Pays de Montbéliard livre des informations congruentes : « En cette période de grave #crise_sanitaire, certains jouent aux #malins. On a dû raccourcir une ligne, que nous sous-traitons, parce que des #jeunes montaient chaque jour dans le bus, à la même heure, pour le squatter ! » Enfin, à Bourg-en-Bresse, selon le commissaire de police, « Ce sont plutôt les plus jeunes et les plus anciens qui bravent l’interdiction. Malheureusement, on a verbalisé certains jeunes à tour de bras dans certains quartiers. Des jeunes disent qu’ils s’en fichent et que le coronavirus est une invention pour casser l’économie » (Le Progrès, 22/03/2020).

    Ces témoignages ne suffisent pas à baliser tout le terrain d’enquête. Loin de là. Ils ont pour principal intérêt de mieux faire entrevoir les raisons qui peuvent conduire certaines fractions de la population à ne pas vouloir – et surtout ne pas pouvoir – respecter le strict confinement désormais imposé en France. Le groupe des plus #réfractaires au confinement a de fortes chances de se retrouver dans une population plutôt jeune et masculine, soit en situation de #décrochage_scolaire, soit appartenant à la population « flottante » des quartiers. A lire entre les lignes ces articles de presse, on pressent quelques facteurs clés de leur penchant pour la #transgression de la règle du confinement : bien sûr, en tout premier lieu, « l’#ennui » et le besoin quasi vital de se retrouver « entre potes » mais aussi la difficulté de cohabiter harmonieusement avec leurs parents et de devoir respecter des interdits au domicile familial (l’exemple de « fumer »). Les divers types de #résistance qu’on voit surgir dans les quartiers déshérités de la République méritent examen et ne doivent pas être renvoyés trop facilement du côté de la #faute_morale.

    Sentiment de #marginalité

    Même s’il est incontestable que le non-respect des règles de confinement fait courir collectivement des #risques_sanitaires, il dit quand même beaucoup de choses sur le sentiment de marginalité (#outcast) qu’ont d’eux-mêmes ces individus. On pourrait à ce titre, se risquer à faire l’analogie avec le mouvement des gilets jaunes et la signification sociale des formes de violence (inusitée) qu’il a employées pour se faire entendre des « puissants ».

    La pratique de la lecture est distribuée de manière très inégale selon les groupes sociaux

    A partir de ces premières incursions en terre de confinement, faut-il déplorer comme notre historien national (autoproclamé) Stéphane Bern le fait dans Le Figaro (22/3/2020), « la perte du #sens_civique » dans notre vieille France ? Ne convient-il pas plutôt de rappeler que ce confinement constitue une très forte #contrainte qui est – et sera – vécue de manière très différente selon les #conditions_sociales de nos concitoyens. D’abord les conditions matérielles : on sait bien que ceux qui possèdent un grand logement, un jardin, qui peuvent sortir les enfants à la campagne, etc., souffrent moins du confinement. Ensuite, les #conditions_culturelles : le président Macron a dit à ses concitoyens : « Lisez ! » Mais la pratique de la #lecture est distribuée de manière très inégale selon les groupes sociaux.
    Ce long moment de confinement opère déjà comme un très grand amplificateur des #inégalités spatiales et sociales. C’est peu dire que les semaines qui s’annoncent vont constituer une véritable épreuve pour ceux qui appartiennent à la catégorie des « pauvres », définis aussi bien à partir de leur #capital_économique que de leur #capital_culturel.

    https://www.alternatives-economiques.fr/stephane-beaud/petites-considerations-sociologiques-confinement/00092259
    #sociologie #Stéphane_Beaud #classes_sociales

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    citations pour @davduf :

    Jeudi soir, ils ont même organisé un barbecue : « Quand on a vu les policiers, on a couru pour leur échapper. Et vous savez ce qu’ils ont fait, Madame, ils ont gazé notre viande. C’est du gâchis. » (Est républicain, 21/03/2020).

    Enfin, à Bourg-en-Bresse, selon le commissaire de police, « Ce sont plutôt les plus jeunes et les plus anciens qui bravent l’interdiction. Malheureusement, on a verbalisé certains jeunes à tour de bras dans certains quartiers. Des jeunes disent qu’ils s’en fichent et que le coronavirus est une invention pour casser l’économie » (Le Progrès, 22/03/2020).

  • Être parent : des cadres aux ouvrières, plus de conséquences sur l’emploi des femmes - Insee Première - 1795
    https://www.insee.fr/fr/statistiques/4465360?pk_campaign=avis-parution

    En 2018, en France, les #femmes qui ont des #responsabilités_familiales sont moins souvent en emploi que celles qui n’en ont pas ; l’écart est particulièrement marqué parmi les ouvrières. À l’inverse, le taux d’emploi des hommes ayant des responsabilités familiales est plus élevé.

    Quand elles travaillent, les femmes déclarent deux fois plus souvent que les hommes qu’être parent a des conséquences sur leur situation professionnelle. Ces conséquences concernent principalement le #temps_de_travail ou l’organisation des journées de travail, principaux leviers pour faciliter l’organisation de la vie des #familles. Les femmes cadres réduisent plus souvent que les autres salariées leur temps de travail pour s’occuper de leurs enfants. En revanche, les hommes et les femmes ressentent autant de difficultés de conciliation entre vie professionnelle et vie familiale. Les difficultés sont plus importantes pour les cadres, femmes comme hommes, du fait de leurs longues journées de travail.

    #classes_sociales #parentalité

  • Trump’s separation of families constitutes torture, doctors find | US news | The Guardian

    https://www.theguardian.com/us-news/2020/feb/25/trump-family-separations-children-torture-psychology

    The trauma Donald Trump’s administration caused to young children and parents separated at the US-Mexico border constitutes torture, according to evaluations of 26 children and adults by the group Physicians for Human Rights (PHR).

    The not-for-profit group’s report provides the first in-depth look at the psychological impact of family separation, which the US government continued despite warnings from the nation’s top medical bodies.

    #trump #mexique #états-unis #migrations #asile