• Comment reconnaître la « fascisation » au XXIe siècle — Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/070122/comment-reconnaitre-la-fascisation-au-xxie-siecle

    L’historienne Ludivine Bantigny, le politiste Laurent Jeanpierre et le philosophe Jean-Yves Pranchère évoquent les possibilités de résurgence d’un fascisme contemporain. Et les glissements autoritaires qui peuvent lui préparer le terrain.

    Le phénomène fasciste, sans les conditions qui ont été celles de son essor dans les années 1920 et 1930, dans des sociétés brutalisées par une guerre mondiale, peut-il resurgir au XXIe siècle ?
    Dans un essai inquiet, Face à la menace fasciste (Textuel), l’historienne Ludivine Bantigny et le sociologue Ugo Palheta estiment que si l’on ne vit pas sous un régime fasciste, des pratiques autoritaires lui préparent le terrain, jusqu’au cœur de l’appareil d’État. Cette dynamique de « fascisation » est selon eux liée à la crise du capitalisme contemporain. 

    Pour discuter des thèses de l’ouvrage et d’une conjoncture française marquée par l’irruption d’Éric Zemmour dans la campagne présidentielle, nous avons reçu, outre Ludivine Bantigny, le politiste Laurent Jeanpierre, qui a récemment contribué à un numéro de la revue Critique consacré aux glissements autoritaires des #démocraties_représentatives, ainsi que le philosophe Jean-Yves Pranchère, coauteur d’ouvrages sur les remises en cause intellectuelles des droits de l’homme.

    #fascisme #fascisation #gauche #microfascisme #dé_démocratisation

  • Grzegorz Rossoliński-Liebe - The Fascist Kernel of Ukrainian Genocidal Nationalism
    https://carlbeckpapers.pitt.edu/ojs/index.php/cbp/article/viewFile/204/213

    Abstract

    This study briefly presents the history of the radical form of Ukrainian nationalism, paying special attention to the geopolitical circumstances which formed this movement. Then, it analyzes some aspects of this phenomenon, such as its main ideologists, racism, antisemitism, religion, rituals, leaders, concepts of revolution, and the ethnic, political and mass violence conducted before, during, and after the Second World War. This short monograph argues that the extreme and genocidal form of Ukrainian nationalism did have a fascist kernel and should be considered a form of European or East-Central European fascism. Nevertheless, because of the specific cultural, social, and political Ukrainian circumstances the radical form of Ukrainian nationalism differed from better-known fascist movements such as German National Socialism or Italian Fascism, and thus it requires a careful and nuanced investigation

    #histoire #Ukaine #fascisme

  • Le hachoir et le hussard
    https://laviedesidees.fr/Le-hachoir-et-le-hussard.html

    À propos de : Gilles Favarel-Garrigues, Laurent Gayer, Fiers de punir. Le monde des justiciers hors-la-loi, Seuil. Peut-on violer la loi pour maintenir l’ordre public ? Telle est la question que pose le « vigilantisme » évoqué par ce remarquable ouvrage comparatiste sur la « justice sommaire » dans le moment sécuritaire.

    #Société #sécurité #insécurité #justice #fascisme #racisme
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20211229_punitifs.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20211229_punitifs.pdf

  • Colonialisme italien et fascisme:

    « Spesso si crede, erroneamente, che il colonialismo sia stato solo opera del Fascismo, quando invece ha caratterizzato da subito la politica del Regno d’Italia. Il suo primo atto, quasi a ridosso dell’#Unità_d’Italia, è stato l’acquisto, nel 1869, della #Baia_di_Assab da parte della società #Rubattino »


    in: #Igiaba_Scego (nota storica), #Adua, Giunti, 2015, p.176.
    #colonialisme #fascisme #Italie #colonialisme_italien #Italie_coloniale

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    Contextualisation:
    1882 - Il Regno d’Italia acquista, dalla società Rubattino, la baia di Assab.

    Il 10 marzo 1882 avvenne, a Roma, la firma della convenzione su #Assab tra il Regno d’Italia e la società genovese di navigazione #Rubattino. L’atto impegnava lo Stato ad acquistare, per un’ammontare di 416.000 lire, la baia di Assab in Eritrea detenuta dall’armatore ligure fin dal 10 marzo 1870. Questo era l’atto finale di una lunga e contrastata vicenda che aveva portato l’Italia possedere un primo piccolo possedimento coloniale in Africa.
    La vicenda ebbe inizio nel lontano 1869 allorquando su sollecitazioni di Giuseppe Sapeto, un ex missionario lazzarista conoscitore dell’Africa fin dal 1838, il presidente del Consiglio Menabrea appoggiò una missione dello stesso Sapeto volta ad individuare, ed eventualmente acquistare un un emporio tecnico-commerciale sulle sponde del mar Rosso utile come scalo per le rotte commerciali tra l’Europa ed le Indie resesi disponibili con l’apertura del canale di Suez (avvenuta il 17 novembre 1869).
    In questa occasione Giuseppe Sapeto e il suo accompagnatore, il contrammiraglio Gugliemo Acton, acquistarono da due sultani locali e per conto della società di navigazione genovese Rubattino, il porto e la baia di Assab sulla costa africana del mar Rosso (convenzione del 15 novembre 1869). Si scelse questa soluzione di compromesso per non far figurare l’intervento diretto dello Stato italiano ed evitare, così, eventuali contraccolpi diplomatici sullo scacchiere orientale visto che l’area interessava sia all’Egitto che all’Inghilterra. Successivamente, il 10 marzo 1870, la transazione commerciale fu definitivamente perfezionata e questo passo assicurò all’Italia un primo embrionale possedimento coloniale.
    La baia di Assab fu, tuttavia, quasi dimenticata fino al 1882, anno in cui, in seguito allo scacco subito da parte della Francia (vedi) con l’annessione della Tunisia (che era nelle mire dell’Italia), lo Stato italiano decise, come reazione, di rilevare il piccolo possedimento eritreo.

    http://www.terzaclasse.it/cronologia/assab.htm

    #Erythrée

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    ajouté à la métaliste sur le colonialisme italien:
    https://seenthis.net/messages/871953

  • Décembre 2021, le retour de #Klaus_Kinzler dans les médias...

    Klaus Kinzler, enseignant : « #Sciences_Po_Grenoble est devenu un camp de rééducation »

    « On entend désormais dans les amphis des profs remettre en cause tout le système dans ses bases universalistes, démocratiques, laïques. C’est fait sans aucun complexe »

    Professeur d’allemand et de civilisation allemande à l’Institut d’études politiques de Grenoble, Klaus Kinzler est au centre d’une polémique qui empoisonne l’établissement depuis un an. Accusé d’être islamophobe dans une campagne lancée par des étudiants sur les réseaux sociaux, il a vu son nom et celui d’un de ses collègues placardés sur les murs de l’établissement avec la mention : « Des fascistes dans nos amphis. L’islamophobie tue ». Klaus Kinzler n’est pas retourné à l’IEP depuis les faits. En mars, il publiera le récit de cette affaire aux Editions du Rocher.
    Vous avez été, selon vous, la cible d’une « cabale » instrumentalisée par un syndicat étudiant (l’Union syndicale) de l’IEP de Grenoble, avec le silence complice de la direction et du corps enseignant. Pourquoi les choses se sont-elles envenimées à ce point  ?

    Tout a commencé par des échanges de mails avec une collègue historienne en décembre 2020. Je contestais le titre d’une journée de débats dans lequel « racisme, antisémitisme et islamophobie » étaient mis sur le même plan. Cela me paraissait un scandale alors qu’existe un vrai débat sur la pertinence du terme islamophobie. La discussion s’est vite envenimée, ma collègue affirmant la « scientificité » du mot. Les ennuis ont débuté. Dès janvier, la campagne s’était déjà déchaînée sur Facebook. On nous accusait d’être « islamophobes » et on exigeait notre démission, tout en lançant des appels à témoignages anonymes contre nous. En mars dernier, mon nom, ainsi que celui d’un collègue politologue, spécialiste de l’islam en France, ont été placardés sur la façade de l’établissement. J’ai été mis sous protection policière pendant un mois.

    (#paywall)
    https://www.lopinion.fr/politique/klaus-kinzler-enseignant-sciences-po-grenoble-est-devenu-un-camp-de-reeduca

    Toute l’affaire, dans ce fil de discussion :
    https://seenthis.net/messages/905509

    #grenoble #Sciences_po #affaire_de_Grenoble

    • L’enseignant qui accusait Sciences Po Grenoble d’être un institut de « #rééducation_politique » suspendu pour #diffamation

      Un professeur de Sciences Po Grenoble, accusé d’ « islamophobie » au début de l’année, a été suspendu de ses fonctions par la direction, qui lui reproche d’avoir tenu, depuis, des « #propos_diffamatoires » , a-t-on appris lundi 20 décembre.

      L’arrêté de la directrice de l’institut d’études politiques (IEP), Sabine Saurugger, révélé par Le Figaro (https://www.lefigaro.fr/actualite-france/klaus-kinzler-l-enseignant-qui-avait-denonce-une-chasse-ideologique-suspend), vise des interviews accordées au début de décembre par l’enseignant, Klaus Kinzler, au site de l’hebdomadaire Marianne , au quotidien L’Opinion et à la chaîne CNews. Le professeur d’allemand a, selon la directrice, « gravement méconnu plusieurs obligations » , notamment en matière de « #discrétion_professionnelle » . « Il y a lieu à saisir le #conseil_de_discipline » , ajoute-t-elle dans l’arrêté qui le suspend pour quatre mois.

      Une « #chasse_aux_sorcières », selon l’enseignant

      Dans ses interviews, l’enseignant a décrit l’#IEP comme un institut de « rééducation politique » , accusant un « #noyau-dur » de collègues, adeptes, selon lui, des théories « #woke » , d’endoctriner les étudiants, et la direction de l’IEP de laisser faire.

      Pour ses avocats, qui dénoncent une « chasse aux sorcières » , M. Kinzler « a été contraint de prendre la parole afin de se défendre », après avoir été mis en cause « sur la place publique » . « Ça empoisonne ma vie, mais il faut peut-être aller jusqu’au bout pour savoir qui a le droit de dire quoi et dans quelle situation » , a déclaré l’enseignant, évoquant un possible recours devant le tribunal administratif.

      Contactée, la direction de l’IEP de Grenoble n’a pas souhaité réagir à « une mesure interne » . Le 13 décembre, dans un entretien donné à Marianne , Mme Saurugger avait pris la défense de l’établissement. « M. Kinzler reproche un certain nombre de faits qui ne sont pas exacts. Il dit notamment que la direction ne l’a jamais protégé. Sciences Po Grenoble est un établissement où la #liberté_d'expression et la #liberté_d'enseignement se trouvent au cœur du projet académique » , avait-elle déclaré.

      Seize étudiants sur dix-sept relaxés

      A l’origine de l’affaire, à la fin de 2020, M. Kinzler et une collègue historienne avaient échangé des courriels véhéments à propos d’une journée de débats intitulée « racisme, antisémitisme et islamophobie » , termes dont il contestait le caractère scientifique, tout en critiquant l’islam.

      Le 4 mars, M. Kinzler et un autre enseignant avaient été la cible d’affichettes placardées par des étudiants, relayées sur les réseaux sociaux par des syndicats. « Des fascistes dans nos amphis. L’islamophobie tue » , pouvait-on lire sur ces affiches. La directrice de l’IEP avait condamné « très clairement » ces affiches, tout en estimant que la façon dont M. Kinzler parlait de l’islam était « extrêmement problématique » .

      Le 26 novembre, seize des dix-sept étudiants de l’IEP poursuivis devant une instance disciplinaire ont été relaxés, tandis que la ministre de l’enseignement supérieur avait préconisé des sanctions à leur encontre. Un seul a fait l’objet d’une exclusion temporaire avec sursis.

      Dans un message publié sur Twitter, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, #Laurent_Wauquiez, a cependant fait savoir qu’il suspendrait les financements régionaux – environ 100 000 euros par an hors investissements sur projets – à l’IEP de Grenoble, du fait de la « longue dérive idéologique et communautariste » , qui vient de « franchir un nouveau cap » avec la suspension de l’enseignant. Selon lui, « une minorité a confisqué le débat » au sein de l’établissement, « sans que la direction prenne la mesure de cette dérive préoccupante » .

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/12/20/l-enseignant-qui-accusait-sciences-po-grenoble-d-etre-un-institut-de-reeduca

      #suspension #Wauquiez

    • Sciences Po Grenoble est depuis trop longtemps dans une dérive idéologique et communautariste inacceptable. Ce n’est pas ma conception de la République : la Région @auvergnerhalpes suspend donc tout financement et toute coopération avec l’établissement.


      https://twitter.com/laurentwauquiez/status/1472950277028392965
      #financement #dérive_idéologique #communautarisme #dérive_communautariste #Région_Auvergne_Rhône-Alpes

      –—

      Laurent Wauquiez a parfaitement compris comment couper court à l’infiltration de nos grandes écoles par l’islamo-gauchisme : en commençant par fermer le robinet du financement public.


      https://twitter.com/ZemmourEric/status/1472969682567241736

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      #Valérie_Pécresse :


      https://twitter.com/vpecresse/status/1473032185418551303
      #Pécresse

    • #Richard_Malka sur FB, 21.12.2021 :

      Je suis en vacances. Après quelques mois éreintants à défendre, autant que je le pouvais, le droit d’emmerder Dieu, j’ai décidé d’offrir à mes neurones une cure de désintoxication. Oubliée la liberté d’expression, plus rien à faire du blasphème, du Wokisme ; laissez-moi tranquille avec l’islamo-gauchisme…je veux lire ma pile de livres en retard, regarder la mer, marcher, la tête vide, sur des sentiers douaniers, me plaindre de mes courbatures en m’en délectant, avoir pour seule préoccupation la raréfaction des nouvelles séries de qualité sur Netflix.
      Mais patatras, j’ai commis l’erreur de lire la presse ce matin. J’essaie d’oublier ce que j’ai lu, d’enfouir mon cerveau sous ma couette comme si cela pouvait l’anesthésier, de laisser à d’autres le soin de réagir mais je sens bien que c’est foutu ; ça bouillonne dans mon ventre.
      Il y a donc, sur notre territoire, un petit Pakistan situé dans cette bonne ville de Grenoble. Un laboratoire de la pensée stalinienne dirigé par une certaine Sabrine Saurugger qui, en moins d’un an et demi, depuis sa nomination à la tête de Science Poe Grenoble, aura réussi l’exploit d’anéantir la réputation de cette école et de porter préjudice à des centaines d’étudiants qui auront bien du mal à réaliser leurs rêves quand ils inscriront sur leur cv le nom de cette école de la honte. Mais cela, Madame Saurugger n’en a probablement cure…quelques sacrifiés innocents n’ont jamais fait peur aux idéologues qui pensent le bien.
      Je résume : Le 4 mars dernier, un professeur d’allemand, Klaus Kinzler, est victime d’une campagne de lynchage sur les réseaux d’un syndicat étudiant, son nom étant par ailleurs placardé sur les murs de Science Po Grenoble, affublé des qualificatifs de fasciste et d’islamophobe. Son seul crime consiste à avoir contesté le concept d’islamophobie, ce qui fait débat, quoi que l’on en pense, depuis des décennies et ce dont on devrait pouvoir discuter, même à l’université. Rien qui ne justifie d’être qualifié de fasciste et voué aux gémonies, voire pire. Le professeur s’en émeut, de même que du manque de soutien évident de sa direction, dont on sent bien qu’elle a plutôt tendance à se ranger du coté de la terreur intellectuelle, parce que c’est pour la bonne cause. L’affaire aurait pu en rester là mais non, il faut réduire au silence pour que plus aucun professeur, jamais, partout en France, n’ose contester le dogme naissant. C’est alors que Madame Saurugger a une idée géniale qui a fait ses preuves pour éliminer toute velléité de contestation : innocenter les coupables et condamner leur victime au seul motif qu’elle a osé parler à des journalistes, ce qui ne se fait pas. Manquerait plus que la liberté d’expression soit un droit constitutionnel qui permette de se défendre et de dénoncer l’instauration d’une petite dictature de la pensée. L’université va s’atteler méticuleusement à cette tâche sacrée. D’abord, relaxer 16 des 17 étudiants poursuivis disciplinairement en dépit des conclusions d’un rapport de l’Inspection Générale de l’Education Nationale. Puis, et c’est le chef d’œuvre de la direction de Science Po Grenoble, prendre un arrêté le 14 décembre dernier, en espérant surement que les journalistes ne tarderont pas à être en vacances autour d’une dinde, pour suspendre le Professeur insulté qui avait eu l’audace de s’en plaindre. Le suspendre avant même que ne soit engagée à son encontre une procédure disciplinaire pour avoir osé parler.
      Passons sur le soutien apporté par le groupe écologiste de la région Rhône-Alpes qui, au prétexte de s’insurger de la décision de Laurent Wauquiez de supprimer la subvention de la Région à l’IEP, apporte son soutien à la direction de l’école. Ceci dit, on aimerait bien savoir, en passant, si dans le package du vote écolo, auquel chacun pourrait adhérer, figure obligatoirement la cancel culture dont je ne vois pas bien ce qu’elle a d’écolo.
      Cette affaire est cruciale pour l’avenir. Le message véhiculé par Madame Saurugger est simple : c’est celui de la violence symbolique adressée aux enseignants qui se résume par : taisez-vous, courbez l’échine devant la terreur intellectuelle ; osez la dénoncer et vous serez exclus. Relevez la tête et vous serez suspendus.
      Peut-être n’est-ce pas Monsieur Kinzler qui devrait être sanctionné mais Madame Saurugger, à défaut de prendre conscience elle-même, dans un sursaut, du mal qu’elle fait à son école et à ses étudiants. Au demeurant et en ce qui les concerne, ils gagneraient beaucoup à se révolter contre cette décision, pour ne pas se laisser sacrifier par une direction qui a sombré dans la faillite morale.

      https://www.facebook.com/richardmalka.avocat/posts/334513131820151

    • Samuel Hayat, 21.12.2021

      Je remets ça là à propos de Sciences Po Grenoble. Ce n’est pas un hasard si c’est cette institution qui est accusée. Car Sciences Po Grenoble n’est pas DU TOUT gauchiste. Et sa directrice encore moins. On est vraiment dans le pôle le plus positiviste et « centriste » du champ.
      Une fois de plus, les réactionnaires, en voie de fascisation rapide, ne se déchaînent pas contre les gauchistes - car nous, on ne prétend pas à l’impartialité, et on sait qui vous êtes, donc si LW nous juge, OSEF, ça ne nous fait rien. « Pratiquement, je l’emmerde », écrivait Fanon
      Ils se déchaînent sur les gens et les institutions qui jouent le plus le jeu de la scientificité, de la neutralité axiologique, qui jamais de leur vie n’iront porter la moindre parole militante dans l’espace public. Et ils espèrent ainsi les tétaniser, et nous tétaniser tou.te.s.
      Evidemment, ça ne marchera pas, dans l’immédiat. C’est trop gros. Sciences Po Grenoble va continuer à produire de la science et des diplômes. Mais ça installe une ambiance, ça fait grossir la meute, ça rend la proie plus floue, plus fantasmée. Bref, ça prépare le fascisme.

      https://twitter.com/SamuelHayat/status/1473310750194257920

      #scientificité #neutralité_axiologique #fascisme

    • Sciences Po Grenoble : « L’intrusion politique de Wauquiez est inédite »

      #Frédéric_Sawicki, professeur de science politique et président du comité d’éthique de l’AFSP, souligne la gravité de la décision de Laurent Wauquiez de couper le soutien financier de la #région_Auvergne-Rhône-Alpes à Sciences-Po Grenoble. Il dénonce un climat délétère contre l’#université et la #recherche.

      Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a affirmé que cette dernière mettait fin à sa coopération et à son soutien financier à l’#Institut_d’études_politique de Grenoble. L’ancien ministre et ex-dirigeant des Républicains (LR) met en avant, comme raison de cette soudaine décision annoncée sur Twitter, la mise à pied d’un enseignant, conséquence d’une polémique ayant éclaté au printemps dernier (lire le récit de David Perrotin).

      Quelques heures plus tard, la candidate LR à la présidentielle, Valérie Pécresse, partageait le même article du Figaro et s’indignait que « la liberté d’expression ne soit plus assurée à l’IEP de Grenoble », prenant pour argent comptant l’affirmation de l’enseignant en question, Klaus Kinzler, selon laquelle l’établissement serait devenu « un camp de rééducation ». Laurent Wauquiez se voyait félicité dans la foulée par le candidat d’extrême droite Éric Zemmour, estimant que le président de région avait « parfaitement compris comment couper court à l’infiltration de nos grandes écoles par l’islamo-gauchisme : en commençant par fermer le robinet du financement public ».

      Pour comprendre la gravité de cette annonce et son contexte, Mediapart a interrogé Frédéric Sawicki. Professeur de science politique à l’université Paris I, il préside également le comité d’éthique de l’Association française de science politique (AFSP). Il dénonce une décision qui laisse la porte ouverte à toutes sortes d’#abus, et souligne la #responsabilité de la ministre de l’enseignement supérieur, #Frédérique_Vidal, dans le climat délétère ayant encouragé une telle offensive.

      Est-ce que la coupure de fonds publics, pour des motifs politiques, est une première en France ?

      Frédéric Sawicki : Les relations entre les établissements d’enseignement et de recherche et les #collectivités_territoriales, notamment les régions, sont contractualisées. On peut imaginer qu’à l’issue d’une évaluation scientifique, et au regard d’objectifs connus et précis, certains financements soient remis en cause. Mais cela n’a rien à voir avec le fait de plaire ou déplaire au président d’une région. Où irait-on, dans ce cas ? Selon sa sensibilité, un ou une présidente déciderait de sanctionner financièrement des propos qui l’indisposeraient ?

      On a clairement affaire à une #intrusion_politique dans la procédure interne d’un établissement de recherche, et ceci, en effet, est complètement inhabituel. Laurent Wauquiez utilise sa position institutionnelle pour punir un établissement de façon collective. Cela s’appelle une #sanction_politique.

      Il s’agit d’une atteinte aux #libertés_académiques. Comment celles-ci se sont-elles construites, et quelles sont leurs limites ?

      Les libertés académiques concernent la liberté totale d’enseigner et de faire des recherches dans le cadre de l’université. Mais elles renvoient également à une réalité qui remonte au Moyen Âge, les « #franchises_universitaires » : le principe en est que les universités se gèrent elles-mêmes, en dehors de l’intrusion des pouvoirs politiques. Cela signifie qu’elles ont un pouvoir de discipline pour arbitrer et sanctionner les comportements déviants qui auraient été commis en leur sein. Ceci vaut pour les comportements liés à l’activité professionnelle, mais évidemment pas pour les crimes et délits d’ordre pénal ou civil.

      Les universités ont ainsi leurs instances de jugement, avec des possibilités d’appel et de se défendre. La jouissance de libertés académiques s’accompagne donc de procédures d’arbitrage bien définies, avec des tribunaux internes. Non seulement les universitaires sont soumis au droit général, mais ils peuvent faire l’objet de #sanctions devant leurs universités. Cela s’est par exemple produit dans le cas de Bruno Gollnisch (ex-cadre du Front national), qui fut suspendu de Lyon III pour des propos qui portaient préjudice à son établissement.

      En réalité, il y a des affaires tout le temps, dans lesquelles le pouvoir politique ne s’immisce pas – et n’a pas à le faire. De l’extérieur, en lisant certains médias ou responsables politiques, on peut avoir l’impression que l’enseignant mis à pied par la direction de l’IEP de Grenoble est victime d’un règlement de comptes politique. Mais il s’agit avant tout d’une décision émise contre une personne ayant sciemment jeté de l’huile sur le feu en diffamant son établissement.

      Ce genre de sanction politique et financière est inhabituel. Est-ce qu’il faut le rapprocher d’un contexte plus général, à l’international, d’attaque contre la liberté d’enseigner et de chercher ?

      Les pressions et les sanctions sont indéniablement plus féroces dans des démocraties subissant des involutions autoritaires, notamment au Brésil, en Turquie, en Pologne ou en Hongrie. Dans ce dernier pays, l’université privée financée par George Soros a ainsi été contrainte au départ. De manière générale, les présidents d’université font l’objet d’une tutelle directe par le pouvoir politique. On n’en est pas là en France, mais il faut prendre au sérieux la prétention de plus en plus intrusive du pouvoir politique.

      Comment ne pas penser, ici, aux attaques de la ministre Frédérique Vidal contre « l’islamo-gauchisme » qui sévirait dans les établissements d’enseignement et de recherche (lire notre article : https://www.mediapart.fr/journal/france/170221/islamo-gauchisme-vidal-provoque-la-consternation-chez-les-chercheurs) ? D’un côté, on encourage l’#autonomie, mais de l’autre, sur la liberté de ce qui s’enseigne, on exerce une forme de #pression pour qu’aucune tête ne dépasse. Les attaques se répètent contre des cibles mouvantes et toujours mal définies, puisque la même ministre a récidivé récemment devant les sénateurs, en brandissant les dangers supposés du « #wokisme ».

      Dans ce contexte, Laurent Wauquiez vient de faire un pas en direction de Viktor Orbán [le premier ministre hongrois – ndlr]. Pour la première fois en France, des attaques verbales et symboliques se transforment en #rétorsion_financière, en dehors de toute évaluation qui aurait mis en évidence des faits coupables de l’établissement. Pour le président de région, tout semble bon pour faire de l’#agitation. Sauf qu’il s’agit d’#argent_public et de la vie des étudiants et de l’établissement, avec des collègues qui essaient de faire leur travail dans un contexte difficile, lié à la pandémie et à des dotations en berne.

      À l’heure où l’on se parle, Frédérique Vidal n’a pas réagi à la décision de Laurent Wauquiez. Pour vous, elle ne remplit pas son rôle ?

      Des responsables politiques, et elle en fait partie, sont en train de discréditer la seule institution où on essaie de penser le monde comme il va, avec le moins de pression possible de l’extérieur. J’espère que cette affaire va faire prendre conscience que l’université ne devrait pas être un punching-ball, un objet d’#instrumentalisation à des fins électoralistes.

      Frédérique Vidal, au lieu de protéger l’autonomie des universités au sens traditionnel du terme, s’y est déjà attaquée de manière frontale. L’« islamo-gauchisme », le « wokisme »… sont autant de #chimères_conservatrices auxquelles elle a donné crédit. Quoi qu’il en soit, l’université doit être un lieu où l’on peut débattre de courants d’idées nouveaux, sans devoir le justifier devant des autorités politiques. Bientôt, faudra-t-il des autorisations sur les livres et les idées sur lesquelles on peut échanger ? Cela nous mènerait à un régime politique d’une autre nature.

      Après plusieurs décennies en poste dans l’enseignement et la recherche, que pouvez-vous dire de Sciences-Po Grenoble, aujourd’hui visé par Laurent Wauquiez comme un foyer de « dérive idéologique et communautariste » ?

      L’établissement est connu pour ses travaux sur les politiques publiques territoriales, ses enquêtes quantitatives sur les valeurs des Français et des Européens, ses travaux socio-historiques, ou encore ses publications sur les politiques de sécurité. La production des enseignants-chercheurs n’a rien à voir avec celle de gens obsédés par des idéologies « déconstructionnistes ».

      Quand on connaît leur production et ce milieu, les attaques dont ils font l’objet apparaissent encore plus hallucinantes. On ne peut qu’être étonné et indigné de la montée en épingle d’une affaire malheureuse mais ponctuelle et locale, sur laquelle se sont appuyés certains polémistes et responsables politiques pour transformer cet établissement en Satan idéologique.

      Cela fait penser au roman La Plaisanterie de Milan Kundera : dans un contexte d’extrême politisation et d’obligation de #conformisme, n’importe qui semble pouvoir être accusé de n’importe quoi, sans le moindre fondement. Cela est pratique pour régler des comptes, puisqu’on trouvera toujours des gens pour soutenir des #croisades_morales. Il y a un moment où il faudra dire « stop ». Ce devrait être le rôle de Frédérique Vidal.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/211221/sciences-po-grenoble-l-intrusion-politique-de-wauquiez-est-inedite

    • Tweet de Simon Persico, enseignant-chercheur à Sciences Po Grenoble, 21.12.2021 :

      Les messages de soutien à @SciencesPo38, à sa directrice @SSaurugger et aux milliers d’étudiants et enseignants, anciens comme actuels, font chaud au cœur. Autant de bouées qui nous aident à nager dans le torrent de boue qui continue de se déverser sur notre bel IEP.
      Cette fois, c’est Laurent Wauquiez qui décide de couper les bourses de mobilité et l’accompagnement des étudiants les plus éloignés. A partir d’un diagnostic aussi mensonger qu’infamant, celui d’une prétendue dérive « communautariste et idéologique ».
      Une manière pour lui, ce n’est pas nouveau, de hurler avec les loups. Comme de trop nombreux responsables politiques, il surfe sur la vague entretenue par un collègue en perdition, avec l’aide d’une presse complaisante et dépourvue de toute rigueur factuelle.
      Ce thread a donc pour principal objectif de rappeler des faits. Un petit pense-bête sur ce qu’est Sciences Po Grenoble, pour bien comprendre ce qu’il n’est pas.
      Si vous voulez une version courte et synthétique, vous pouvez lire ce communiqué de notre direction. Il dit très bien tout ce qu’il y a à dire : http://www.sciencespo-grenoble.fr/communique-mise-au-point-de-la-direction-de-sciences-po-grenoble
      Si vous voulez une idée plus précise des enseignements et de leur contenu, allez faire un tour sur le site (http://sciencespo-grenoble.fr/formations). Vous y trouverez tous les intitulés de cours et la focale de nos nombreux parcours de Master. Du communautarisme idéologique en barre.
      Si vous voulez une idée de nos recherches, vous pouvez aller sur les sites de nos labos @PACTE_grenoble @CesiceUpmf et @cerdap2. Vous pouvez aussi lire le blog de l’IEP, et notamment cette série sur notre rapport à l’objectivité et à la neutralité : http://blog.sciencespo-grenoble.fr/index.php/category/objectivite-en-sciences-sociales
      Vous y lirez la richesse des objets, la robustesse des résultats et la diversité des perspectives qui nous guident. Je dis « nous » parce que nous formons une communauté très diverse, mais soudée sur l’essentiel : le respect de la rigueur scientifique et du pluralisme.
      Si vous voulez vous faire une idée des types d’évènements qui se tiennent chez nous en dehors des cours, voici les trois principaux du mois de décembre :
      –une journée d’hommage au grand constitutionnaliste et serviteur de l’Etat, Jean-Louis Quermonne.
      –une conférence sur les violences sexistes et sexuelles en présence des plus hautes autorités judiciaires et policières grenobloises
      –une conférence sur la « gestion de crise » par le Ministre chargé des Relations avec le Parlement et de la Participation, Marc Fesneau
      Si vous voulez vous remémorez les faits qui ont mené à cette affaire, vous pouvez lire le rapport de l’Inspection générale (vous noterez que le rapport s’arrête au moment des affichages, avant que notre collègue KK ne déclenche sa guerre médiatique) : https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/la-situation-l-iep-de-grenoble-en-mars-2021-47481
      Ce rapport, comme les excellents articles de @davidperrotin (https://www.mediapart.fr/journal/france/110321/accusations-d-islamophobie-la-direction-de-sciences-po-grenoble-laisse-le-) et de @FrancoisCarrel (https://www.liberation.fr/societe/sciences-po-grenoble-une-semaine-de-tempete-mediatique-sur-fond-dislamo-g) montrent bien la gravité du comportement de KK au démarrage de cette affaire.
      Ils rappellent aussi le soutien dont il a bénéficié de la part de notre direction, d’une part, mais aussi de tous nos collègues, profondément choqués par les affichages.
      Nous avions assez rapidement écrit une tribune à de très nombreuses mains pour rappeler ce soutien, inviter notre collègue à ne pas envenimer les choses, et dénoncer les pressions politiques dont cette affaire était la manifestation : https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/03/17/professeurs-accuses-d-islamophobie-cette-affaire-est-une-illustration-des-pr
      Progressivement cette affaire commençait à passer, bon an mal an, même si elle avait laissé des traces. Jusqu’au dernier tour de piste de KK dans les médias, en décembre. Un tour de piste qui va mener Laurent Wauquiez à prendre cette décision honteuse.
      Si KK se décide à nous agoniser d’injure par voie d’interview, c’est que KK n’a pas supporté la relaxe de 17 étudiants renvoyés devant un Conseil de discipline délocalisé à l’Université de Clermont-Ferrand. Décision totalement indépendante de Sciences Po Grenoble.
      Lors de ce dernier tour de piste, KK dépasse toutes les limites. Il accuse notre institut d’être devenu un « camp de rééducation politique » et ses enseignants, surtout ceux qui sont arrivés récemment, d’endoctriner les étudiants avec les thèses woke et anticapitalistes.
      Ces propos nuisent gravement à la réputation de l’IEP sur des bases mensongères. Je suis reconnaissant à notre direction d’avoir engagé une procédure disciplinaire contre lui. Je remercie du fond du cœur @SSaurugger pour son courage et son sang-froid !
      Nous réussirons à en sortir renforcés. Car nous montrerons que le pluralisme et le souci du débat argumenté, rigoureux et respectueux sont plus forts que l’instrumentalisation et la mise au pas politique. On le doit à notre institution. On le doit au débat public.
      Et une dernière question à @laurentwauquiez : on en fait quoi du panneau bleu à l’entrée du bahut ? C’est vrai qu’il prend de la place, mais on commençait à s’y faire. Aucun problème pour le garder. Vous nous dites.

      https://twitter.com/SimPersico/status/1473298938602135555

    • Sciences-Po Grenoble : les mêmes intox pour un nouvel emballement

      Après l’annonce de la suspension d’un professeur accusé d’islamophobie à l’IEP de Grenoble, de nombreux politiques dénoncent une attaque contre la liberté d’expression. Mediapart revient sur les nombreuses #contrevérités relayées depuis.

      Il aura fallu attendre neuf mois pour qu’une nouvelle polémique éclate à propos de Sciences-Po Grenoble. L’Institut d’étude politique (IEP) fait de nouveau parler de lui depuis que Le Figaro a révélé que Klaus Kinzler, le professeur d’allemand qui dénonce une supposée « chasse idéologique » au sein de l’école, a été suspendu le 14 décembre pour quatre mois. Sabine Saurugger, directrice de l’institution, a pris cette mesure par #arrêté, avant de « saisir le conseil de discipline dans les meilleurs délais ». Cette suspension n’est toutefois pas une #sanction et l’enseignant conserve son traitement et ses indemnités le temps de la procédure.

      Selon le quotidien, la directrice lui reproche d’avoir tenu « des propos diffamatoires dans plusieurs médias contre l’établissement d’enseignement supérieur dans lequel il est en poste, ainsi que contre la personne de sa directrice », d’avoir en outre « gravement porté atteinte à l’#intégrité_professionnelle de ses collègues de travail », après une interview donnée sur CNews. Enfin, l’enseignant est aussi accusé d’avoir « gravement méconnu plusieurs obligations liées à son statut de fonctionnaire », comme « son obligation de #discrétion_professionnelle » et « son #obligation_de_réserve ».

      Il n’en fallait pas plus pour que l’emballement reprenne et que la direction de l’IEP soit accusée de « chasse aux sorcières ». De Marine Le Pen à Éric Zemmour, en passant par Valérie Pécresse ou Éric Ciotti, toutes et tous ont dénoncé cette décision qui serait une « grave atteinte à la liberté d’expression ». Plus étonnant encore, le président du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez a décidé de couper les aides accordées à l’institution, sans même attendre des éclaircissements de Sciences-Po, lui qui n’hésitait pas à voter deux subventions à l’ONG libanaise Nawraj, partenaire d’une association d’extrême droite et dirigée par l’ancien chef de milices chrétiennes responsables de nombreux massacres pendant la guerre civile.

      Sauf que les articles relayant la décision de la direction de l’IEP et les messages de soutien reposent en majorité sur des contrevérités et des #intox largement entretenues par la droite et l’extrême droite, et par le professeur Klaus Kinzler lui-même.

      Rappel des faits. L’affaire débute en mars 2020 lorsque Klaus Kinzler est, avec un autre enseignant, la cible d’affiches placardées sur la façade de l’IEP : « Des fascistes dans nos amphis Vincent T. […] et Klaus Kinzler démission. L’islamophobie tue. » Le syndicat étudiant Unef relaie l’action sur les réseaux sociaux, avant de tout supprimer.

      Comme le racontait Mediapart, ce collage, condamné unanimement, venait après d’intenses tensions autour d’une journée de débats nommée « Racisme, antisémitisme et islamophobie » et organisée dans le cadre d’une « semaine pour l’égalité et la lutte contre les discriminations ».

      Le professeur d’allemand s’en était pris à Claire M., sa collègue et enseignante d’histoire, et exigeait que l’intitulé soit reformulé. Celui-ci ayant été décidé après un vote des étudiants, elle avait refusé et argumenté en précisant « qu’utiliser un concept ne dispense pas d’en questionner la pertinence, de se demander s’il est opérant ».

      Mediapart racontait alors comment l’affaire avait été récupérée avec omission de nombreux détails. Klaus Kinzler reconnaissait lui-même avoir pu être violent à l’endroit de sa collègue et avoir révélé son nom publiquement, la mettant ainsi en danger.

      Alors pourquoi reparle-t-on de l’IEP de Grenoble ? Comme le révèle Le Figaro, la direction, qui n’a pas souhaité répondre à Mediapart, reproche deux récentes interviews accordées par Klaus Kinzler. Dans celle publiée par Marianne, le journal revient sur la relaxe de 17 étudiants passés en conseil de discipline et entretient la confusion en laissant penser que ces élèves pourraient être les auteurs des affiches placardées sur l’IEP. « C’est un blanc-seing pour ceux qui voudraient placer une cible dans le dos des professeurs », affirme Klaus Kinzler, qui dénonce la relaxe de ces 17 étudiants en lien avec l’Union syndicale Sciences-Po Grenoble (US), un syndicat qui avait fustigé « l’islamophobie des deux enseignants ». Le syndicat avait aussi appelé la direction de l’établissement à « statuer » sur le « cas » du professeur.

      Aucun étudiant n’a révélé les noms de professeurs

      Les étudiants sont en effet passés devant une commission disciplinaire. Elle faisait justement suite à une saisine de la directrice qui avait appliqué les recommandations d’un rapport de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche diligenté en mars par la ministre Frédérique Vidal et rendu en mai.

      D’après la décision rendue par la section disciplinaire, consultée par Mediapart, les étudiants ont en effet été relaxés car « le seul appel à témoignage publié par l’US sur les réseaux sociaux (Facebook) ne peut être regardé comme constitutif d’une participation à la diffusion […] d’accusations de racisme et d’islamophobie à l’encontre des deux enseignants », Vincent T. et Klaus Kinzler.

      En effet, si les étudiants ont bien dénoncé le comportement des deux professeurs, ils n’ont jamais publié leurs noms publiquement. Par ailleurs, si la presse évoque le fait qu’un étudiant a été condamné par la section disciplinaire, cela n’a rien à voir avec cette affaire. D’après nos informations, une étudiante a fait l’objet d’une exclusion temporaire avec sursis pour dénonciation calomnieuse dans une affaire de violences sexuelles.

      Aucun nom d’enseignant n’a été révélé par le laboratoire Pacte

      Dans son interview à Marianne qui lui est aujourd’hui reprochée, Klaus Kinzler met également en cause le laboratoire de recherche affilié au CNRS et à l’IEP, #Pacte, qui l’aurait accusé publiquement de harcèlement à l’encontre de sa collègue. « Sans cette accusation publique de Pacte, les étudiants ne m’auraient jamais attaqué sur Facebook », précise-t-il.

      En réalité, le laboratoire, qui a effectivement affirmé « son plein soutien » à l’enseignante « attaquée personnellement », n’avait jamais nommé Klaus Kinzler et n’a pas non plus rendu public son communiqué. Il avait seulement été envoyé par mail aux personnes concernées et à la direction. Interrogé ce mardi, l’enseignant reconnaît que « le communiqué n’est pas public ». « Mais il était très maladroit et a quitté les murs de l’IEP », ajoute-t-il.

      Ce qu’aucun média ne précise en outre, c’est que Klaus Kinzler est le premier à avoir livré le nom de sa collègue Claire M. Après le communiqué de Pacte, il avait publié sur son site internet les échanges qu’il avait eus avec l’enseignante sans son accord. Comme lui, elle avait d’ailleurs reçu des menaces et bénéficié par la suite d’une protection policière.

      Lors d’une interview donnée sur Cnews et également dénoncée par la direction de l’IEP, Klaus Kinzler s’en était d’ailleurs pris, avec Pascal Praud, à la directrice de Pacte, Anne-Laure Amilhat. Elle avait ensuite reçu une vague de cyberharcèlement, avant de déposer différentes plaintes pour « diffamation et diffamation à caractère sexiste » contre le professeur et l’animateur, et pour « menace de mort » et « cyberharcèlement ».

      La direction de l’IEP a bien soutenu Klaus Kinzler

      Dans différents médias, Klaus Kinzler affirme aussi que la direction de l’IEP ne l’a « jamais protégé en un an » et qu’il n’a pas été soutenu.

      Là encore, les nombreux mails et documents consultés par Mediapart prouvent le contraire. Pour contester l’intitulé de la journée de débats, le professeur d’allemand a vivement attaqué Claire M., dans des mails-fleuves, en la traitant d’« extrémiste » ou en remettant en cause ses qualités scientifiques. Klaus Kinzler avait d’ailleurs reconnu lui-même sa violence, qu’il disait « regretter ». L’enseignante avait alors sollicité l’intervention de la direction, qui avait refusé de rappeler à l’ordre Klaus Kinzler, mettant en avant la liberté d’expression.

      Face à l’inaction de la direction, Claire M. avait même saisi le Défenseur des droits. Dans sa décision consultée par Mediapart, l’institution estimait que Klaus Kinzler et son collègue Vincent T. avaient « bafoué le droit au respect de Claire M. et que cette dernière n’a pas bénéficié du soutien de la direction ». Cette dernière avait seulement demandé à l’enseignant de s’excuser, alors que l’enseignante avait été placée en arrêt maladie.

      Interpellée par l’Union syndicale en janvier 2021, la direction de l’IEP avait encore rappelé l’importance de la liberté d’expression des enseignants et était par la suite accusée par l’Union syndicale de se cacher « derrière la liberté pédagogique pour défendre l’islamophobie ». Sollicité sur ce point, le professeur d’allemand le reconnaît là encore. « Vous avez raison, la direction m’avait d’abord soutenu en tentant un apaisement de la situation. Mais après, elle m’a abandonné en faisant le strict minimum. Elle aurait dû punir les étudiants immédiatement, sans attendre que les médias en parlent. »

      Les recommandations du rapport suivies à la lettre par la directrice

      En mars dernier, Klaus Kinzler envoie un mail à des étudiants qui avaient dénoncé le fait qu’il boive de l’alcool lors d’une réunion. Agacé, le professeur d’allemand avait signé : « Un enseignant “en lutte”, nazi de par ses gènes, islamophobe multirécidiviste ». Encore interpellée par l’Union syndicale, la direction de l’IEP n’avait pas réagi. Quatre jours après, les fameuses affiches le visant étaient placardées et la direction signalait les faits au procureur, avant de déposer plainte contre X.

      « C’est absurde de s’en prendre à la directrice de l’IEP, alors qu’elle a soutenu les deux enseignants depuis le début », s’agace un maître de conférences de l’IEP. Il rappelle en effet que #Sabine_Sarugger a suivi à la lettre les recommandations du rapport qui préconisait une action disciplinaire contre les étudiants de l’US. « Elle a saisi la commission de discipline. On ne peut pas aujourd’hui lui reprocher les relaxes alors que la commission a été dépaysée et est parfaitement indépendante », ajoute-t-il.

      Un rapport d’ailleurs salué par Klaus Kinzler. ​​« Je ne peux pas dire que je sois d’accord avec tout ce qui y est préconisé mais je dois reconnaître que les inspecteurs ont fait un travail d’enquête extraordinaire, interrogeant tous les protagonistes de l’affaire, soit des dizaines de personnes. Ils ont formulé de nombreuses recommandations extrêmement claires », juge-t-il dans Marianne.

      Dans ses conclusions, l’inspection estimait « que tous les acteurs de cette affaire ont commis des erreurs d’appréciation, des maladresses, des manquements et fautes, plus ou moins graves, plus ou moins nombreux ». Elle précisait aussi que Klaus Kinzler avait « porté atteinte à l’image et à la réputation du corps enseignant et, au-delà, de l’établissement, décrédibilisé une instance de l’Institut », et recommandait un rappel à l’ordre.

      Le professeur attaquait l’islam et « les musulmans »

      Dans ses différentes sorties, Klaus Kinzler vilipende une attaque contre la liberté d’expression et rappelle justement que la critique de l’islam doit être possible. « Je dois rappeler que, dans ces mails, je n’ai jamais critiqué les musulmans. J’ai même insisté assez lourdement sur ce point. Je n’ai parlé que du terrorisme et d’une vision archaïque de la femme qui ne me plaît pas dans l’islam », précise-t-il, toujours dans l’hebdomadaire.

      Si le professeur s’en prend vivement à l’islam et précise qu’il « préfère largement le Christ », les nombreux mails consultés par Mediapart montrent qu’il visait aussi les musulmans. C’est ce qui avait d’ailleurs choqué certains étudiants de cette religion. « Les musulmans ont-ils été des esclaves et vendus comme tels pendant des siècles, comme l’ont été les Noirs (qui aujourd’hui encore sont nombreux à souffrir d’un racisme réel) ? Non, historiquement, les musulmans ont été longtemps de grands esclavagistes eux-mêmes ! Et il y a parmi eux, encore aujourd’hui, au moins autant de racisme contre les Noirs que parmi les Blancs », écrivait-il. Il poursuivait sa mise en cause des musulmans en expliquant qu’ils n’ont pas jamais été « persécutés », « tués » ou « exterminés » comme l’ont été les juifs et qu’au contraire, on compterait parmi eux « un très grand nombre d’antisémites virulents ».

      « Sur les musulmans, ce sont un peu des évidences que je dis, 95 % des Français doivent être d’accord avec moi », justifie aujourd’hui Klaus Kinsler. « Vous revenez sur tous ces mails, mais je doute que cela intéresse les gens. Je ne me rappelle pas de tout. Aucun autre média ne retient des choses à me reprocher dans ces mails », finit-il par balayer.

      « Dans L’Opinion, Klaus parle de l’IEP comme d’un camp de rééducation. Ses interviews sont d’une violence inouïe et reposent sur de nombreux #mensonges complaisamment relayés par les médias qui l’interrogent », regrette l’un de ses collègues. Un autre confirme : « Non, l’IEP n’est pas un repère de “wokistes”. Quiconque vient ici s’apercevra qu’il n’y a aucune dérive communautariste. » Après la relaxe des étudiants, plusieurs professeurs de l’IEP avaient d’ailleurs vivement réagi par mail pour dénoncer cette décision. « Il y a des débats au sein de l’IEP mais ni pression idéologique ni chasse aux sorcières. »

      Dans un communiqué publié ce mardi, la direction de l’IEP réagit à la décision de Laurent Wauquiez et dénonce une décision politique. Elle rappelle également que « le soutien financier de la région […] ne consiste pas en des subventions mais essentiellement en l’attribution de bourses aux étudiants ».

      Klaus Kinzler, lui, se dit « fatigué par tout ça » et promet de « cesser les apparitions médiatiques dès demain ». Tout en regrettant que le débat « soit national plutôt que devant un tribunal », il insiste pour mettre en cause la directrice de l’IEP, qui a « voulu le faire taire » en l’empêchant de parler à la presse. Confronté aux nombreuses imprécisions ou contrevérités qu’il relaie lors de ses nombreuses interviews, il prévient : « On ne va pas refaire l’histoire du mois de mars. Un juge administratif tranchera. »

      https://www.mediapart.fr/journal/france/211221/sciences-po-grenoble-les-memes-intox-pour-un-nouvel-emballement

    • "Islamophobie" à l’IEP de Grenoble : « la chasse idéologique aux enseignants est ouverte »

      Au cœur d’une polémique pour s’être opposé au concept « d’islamophobie », un professeur de l’Institut d’études politiques de Grenoble, Klaus Kinzler, a vu son nom placardé sur les murs de l’établissement pendant qu’une association étudiante exigeait que la direction « statue sur son cas ». Ces mêmes étudiants ont récemment été relaxés par une commission disciplinaire. Un « blanc-seing » aux campagnes d’intimidation, estime, auprès de « Marianne », le professeur en question.

      Si Klaus Kinzler enseigne à l’Institut d’études politiques (IEP) de Grenoble, il n’y a pas donné cours depuis mars, après que son année universitaire a été perturbée par une vive polémique. Sur les murs de l’IEP, des affiches mentionnant son nom et le qualifiant d’« islamophobe » ont fleuri en début d’année. En cause : une querelle entre professeurs lors d’un échange de mails qui a fait grand bruit dans la communauté enseignante et étudiante de l’établissement. Klaus Kinzler s’y opposait à l’utilisation du terme « islamophobie » dans l’organisation d’une semaine de lutte contre les discriminations.

      (#paywall)
      https://www.marianne.net/societe/laicite-et-religions/islamophobie-a-liep-de-grenoble-la-chasse-ideologique-aux-enseignants-est-

    • La liberté académique est-elle en danger ?

      La liberté du chercheur serait aujourd’hui sérieusement menacée en France et aux Etats-Unis et, avec elle, la pratique même du métier. C’est la thèse d’#Olivier_Beaud, Professeur de droit public à l’université de Panthéon-Assas, auteur de l’ouvrage « Le savoir en danger » (PUF, 2021), et notre invité.

      https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-idees/la-liberte-academique-est-elle-en-danger

    • Sciences-Po Grenoble : Laurent Wauquiez ou les ravages de la « #cancel_culture »

      Après qu’un professeur de l’IEP de Grenoble a été suspendu, Wauquiez a décidé de couper le financement que la région versait à l’établissement. La droite LR « cancel », l’extrême droite applaudit.

      La « cancel culture », c’est la droite qui la dénonce le plus mais c’est encore elle qui la pratique le mieux. Après qu’un professeur de Sciences-Po Grenoble, Klaus Kinzler, a été suspendu pour quatre mois de ses fonctions par la direction qui lui reproche d’avoir tenu des « propos diffamatoires », le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, a annoncé vouloir suspendre les financements accordés à l’école par la collectivité.

      « Sciences-Po Grenoble est depuis trop longtemps dans une #dérive_idéologique et communautariste inacceptable, a tweeté Laurent Wauquiez. Ce n’est pas ma conception de la République : la région Auvergne-Rhône-Alpes suspend donc tout financement et toute coopération avec l’établissement. » Soit un soutien financier - environ 100’000 euros par an hors investissements sur projets - qui consiste à attribuer des bourses aux étudiants, à soutenir des formations continue pour faciliter l’accès à l’enseignement supérieur et à l’emploi, ainsi que l’action sociale.

      L’affaire remonte à décembre 2020, quand Klaus Kinzler, professeur de civilisation allemande, s’oppose de manière virulente, dans un groupe de travail, à l’utilisation du mot « islamophobie » lors d’un futur colloque. Il obtient gain de cause. Deux mois plus tard, son nom et celui d’un de ses collègues sont placardés sur des affiches par des étudiants les accusant d’être islamophobes et « fascistes ».

      Un institut de « rééducation politique »

      Dans le contexte inflammable lié aux polémiques sur l’« islamo-gauchisme », l’événement prend une ampleur nationale. Frédérique Vidal émet le souhait de voir les colleurs d’affiches sanctionnés. Le 26 novembre, seize des dix-sept étudiants de l’IEP poursuivis devant la commission de discipline de l’université de Clermont-Auvergne sont finalement relaxés. Une décision prise à l’unanimité, relate le Monde. Un seul étudiant sera sanctionné, une exclusion temporaire avec sursis.

      C’est à la suite de cette décision que l’affaire est relancée. Dans une interview à l’Opinion, l’enseignant Klaus Kinzler décrit Sciences-Po Grenoble comme un institut de « rééducation politique » en accusant un « noyau dur » de collègues, adeptes selon lui du « wokisme » ». Ce qui pousse la directrice de l’établissement, Sabine Saurugger, a prendre un arrêté dans lequel elle reproche à Klaus Kinzler d’avoir « gravement méconnu plusieurs obligations », notamment en matière de « discrétion professionnelle ». Et de le suspendre de ses fonctions pour une durée de quatre mois tout en conservant son traitement et ses indemnités, comme le révèle le Figaro. D’où la décision de Wauquiez de priver l’école de subventions...

      La direction de l’IEP dit regretter dans un communiqué une décision qui semble motivée par « un motif politique, davantage que par la réalité au sein de l’institution, alors même que l’IEP Grenoble-UGA aurait gagné du soutien de tous ses acteurs soucieux de l’intérêt de ses étudiants et de la communauté universitaire ». D’autant plus dans un contexte de cruel manque de moyen, de précarisation des étudiants et d’un rebond pandémique du Covid-19.

      Deux subventions à l’ONG libanaise #Nawraj

      En revanche, l’annonce de Laurent Wauquiez, qui fut lui-même ancien ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche de juin 2011 à mai 2012, a été chaleureusement accueillie par l’extrême droite. Le candidat néo-pétainiste à la présidentielle Eric Zemmour a salué sa façon de « couper court à l’infiltration de nos grandes écoles par l’islamo-gauchisme ». Suivi d’un « bravo ! » de Marine Le Pen. La droite LR cancel. L’extrême droite applaudit.

      A noter qu’en septembre 2020, Mediapart révélait que la région Auvergne-Rhône-Alpes, présidée par Laurent Wauquiez, venait de voter deux subventions (36’000 euros et 70’000 euros) à l’ONG libanaise Nawraj. L’association étant dirigée par #Fouad_Abou_Nader, un ancien chef des #Phalanges, ces milices chrétiennes responsables de nombreux massacres pendant la guerre civile.

      Un discours convenu et abondamment relayé par une certaine presse (le Point, le Figaro, Valeurs actuelles...) attribue sans détour la « cancel culture » au répertoire militant d’étudiants de gauche et d’universitaires menant des travaux sur les discriminations systémiques. Laurent Wauquiez et l’extrême droite font l’implacable démonstration que cette pratique n’est pas l’apanage du progressisme, elle peut tout aussi bien être réactionnaire, conservatrice et antisociale.

      https://www.liberation.fr/idees-et-debats/sciences-po-grenoble-laurent-wauquiez-ou-les-ravages-de-la-cancel-culture

    • Suspension de Klaus Kinzler à Sciences Po Grenoble : la lettre de 40 personnalités à Frédérique Vidal

      Dans une #lettre_ouverte, 40 personnalités, pour la plupart issues du monde universitaire, interpellent la ministre de l’Enseignement supérieur pour lui demander d’agir face à ce qu’ils perçoivent comme une censure imposée par un courant militant.

      Klaus Kinzler, enseignant à Sciences Po Grenoble, accusé d’islamophobie, s’est longtemps défendu en alertant les médias sur la dérive de son établissement et la chasse aux sorcières dont il se sentait victime. La direction vient de le suspendre au motif qu’il aurait bafoué son obligation de réserve et de discrétion.

      –-

      Lettre ouverte à Madame Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur

      Madame la ministre,

      La situation à l’IEP de Grenoble et les poursuites engagées contre notre collègue Klaus Kinzler démontrent, s’il en était besoin, que la liberté d’expression des universitaires, de même que leur liberté académique dans le cadre de leur enseignement et de leur recherche, libertés dont vous êtes la première garante, sont en péril dans notre pays.

      Depuis quelques années un courant militant -et se revendiquant comme tel- cherche à imposer, dans de nombreux établissements d’enseignement supérieur, en particulier dans le domaine des sciences sociales, un discours exclusif. Or c’est une chose d’accueillir de nouveaux champs d’études et de nouveaux paradigmes ; c’en est une tout autre de leur laisser acquérir une domination voire une hégémonie institutionnelle, alors même que leur pertinence scientifique fait l’objet, comme vous le savez, d’un intense débat intellectuel.

       » LIRE AUSSI - Sciences Po Grenoble, au cœur d’une passe d’armes politique

      Vous vous étiez vous-même émue de l’extension dans l’Université de ce que vous avez nommé « l’islamo-gauchisme » - qui est l’une des manifestations de ces dérives - et aviez annoncé un rapport sur ce sujet en février de cette année. Force est de constater que, près d’un an plus tard, ce rapport, sans cesse promis et sans cesse reporté, n’a toujours pas vu le jour.

      De même, nous attirons votre attention sur le rapport de l’Inspection générale que vous avez missionnée à l’IEP de Grenoble, relevant qu’« au terme de ses travaux, il ne fait pas de doute […] que ce sont les accusations d’islamophobie qui sont la cause de la grave détérioration du climat de l’IEP » (p. 2) et « qu’un climat de peur s’était installé depuis plusieurs mois parmi les étudiants de l’IEP du fait de cette utilisation par l’U[nion] S[yndicale] d’accusations (graves, puisqu’il s’agit de délits, voire de crimes tels que le viol) diffusées sur les réseaux sociaux contre tous ceux qui ne lui semblent pas partager ses positions » (p. 3). Or, il s’avère que la personne désormais poursuivie est celle-là même qui a alerté sur ces agissements et qui, nous vous le rappelons avec gravité, est menacée de mort pour cette prétendue « islamophobie » : notre collègue Klaus Kinzler. Et ces poursuites ont lieu au rebours des traditions de l’université française comme de la jurisprudence de la CEDH.

      Dans ce contexte, où la liberté d’expression est menacée par des sanctions disciplinaires, voire pénales ; où le pluralisme de l’enseignement et de la recherche est contrecarré par des manœuvres d’intimidation, et donc par l’autocensure croissante de nos collègues, en particulier des plus jeunes, puisque leur carrière en dépend ; où, enfin, un nombre croissant d’étudiants font part de leur inquiétude devant ce qu’ils ressentent comme une entreprise de formatage et de propagande, notre question est simple : que comptez-vous faire précisément, Madame La ministre ?

      Avec nos salutations les plus respectueuses,

      À VOIR AUSSI - Science Po Grenoble : Faut-il dissoudre l’UNEF ?

      Liste des premiers signataires

      Michel Albouy, professeur émérite en sciences de gestion, Université Grenoble Alpes

      Claudine Attias-Donfut, sociologue

      Sami Biasoni, essayiste, docteur en philosophie

      Christophe Boutin, professeur de droit public, Université de Caen-Normandie

      Jean-François Braunstein, professeur de philosophie, Université Paris 1 Sorbonne

      Pascal Bruckner, essayiste et philosophe

      Joseph Ciccolini, professeur des Universités - Praticien Hospitalier

      Albert Doja, professeur d’anthropologie, Université de Lille

      Laurent Fedi, université de Strasbourg

      Monique Gosselin-Noat, professeur émérite de littérature

      Yana Grinshpun, linguiste, Paris 3

      Philippe Gumplowicz, professeur de musicologie Université Evry-Paris-Saclay

      Nathalie Heinich, sociologue

      Emmanuelle Hénin, professeur de littérature, Sorbonne Université

      Hubert Heckmann, maître de Conférence en Littérature médiévale, Université de Rouen

      Mustapha Krazem, linguiste, université de Lorraine

      Arnaud Lacheret, associate Professor

      Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de droit public à l’Université Rennes 1

      Andrée Lerousseau, maître de Conférence à l’université Lille 3 en Philosophie

      Samuel Mayol, maître de Conférence, Paris 13

      Michel Messu, professeur honoraire de philosophie

      Frank Muller, professeur émérite d’histoire moderne

      Observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires

      Bernard Paqueteau, professeur en Sciences Politiques

      Rémi Pellet, professeur à la faculté de Droit Université de Paris et à Sciences Po Paris

      Gérard Rabinovitch, philosophe

      Pascal Perrineau, professeur émérite des universités à Sciences Po

      François Rastier, linguiste, Directeur de Recherche émérite au CNRS

      Philippe Raynaud, philosophe, Paris II

      François Roudaut, professeur (Université Montpellier III)

      Xavier-Laurent Salvador, linguiste, Sorbonne Paris Université

      Perrine Simon Nahum, historienne et philosophe

      Jean Paul Sermain, professeur émérite de Littérature

      Jean Szlamowicz, linguiste

      Pierre-Henri Tavoillot, philosophe, Sorbonne-Université

      Pierre-André Taguieff, directeur de recherche au CNRS

      Thibault Tellier, professeur des universités, Sciences Po Rennes

      Dominique Triaire, professeur émérite de littérature française, Université de Montpellier

      Pierre Vermeren, professeur d’Histoire, université Paris I

      Christophe de Voogd, historien

      Nicolas Weill-Parot, directeur d’études à l’EPHE

      https://www.lefigaro.fr/vox/societe/suspension-de-klaus-kinzler-a-sciences-po-grenoble-la-lettre-de-40-personna

    • Sciences Po Grenoble : après l’éviction de Klaus Kinzler, Frédérique Vidal appelle à « la sérénité »

      La ministre de l’Enseignement supérieur, qui s’était émue de l’emprise de « l’islamo-gauchisme » à l’IEP de Grenoble, a été interpellée par des intellectuels.

      Alors que les réactions se succèdent, après la suspension par la directrice de l’IEP de Grenoble du professeur d’allemand Klaus Kinzler - dont le nom, en mars, avait été placardé sur les murs de l’école assortis d’accusation de « fascisme et d’islamophobie », la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, appelle « chacun à se remettre au travail dans la sérénité » . « Elle a demandé à l’inspection générale de renforcer son suivi et au recteur délégué de rester en contact avec la directrice pour accompagner l’établissement », expliquent ses services. Frédérique Vidal précise que cette suspension « n’entrait pas dans les préconisations » du rapport des inspecteurs généraux missionnés à l’IEP lors de la crise, mais que les relations entre un professeur et sa direction « sont du ressort des relations entre un employeur et un membre de son personnel » .

      Une réponse bien pâle, au vu des débats enflammés autour de l’affaire. Dans une tribune publiée mardi sur lefigaro.fr, 40 personnalités essentiellement issues du monde universitaire - dont le philosophe Pierre-André Taguieff, la sociologue Nathalie Heinich, le linguiste Xavier-Laurent Salvador, ou l’essayiste Pascal Bruckner- ont interpellé la ministre, dénonçant une censure imposée par un courant militant. « Vous vous étiez vous-même émue de l’extension dans l’Université de ce que vous avez nommé “l’islamo-gauchisme” et aviez annoncé un rapport sur ce sujet en février » , écrivent-ils, constatant que ce rapport n’est toujours pas venu. Ils rappellent aussi le rapport des inspecteurs généraux, rendu en mai, concluant que « les accusations d’islamophobie » étaient « la cause de la grave détérioration du climat » à l’institut et « qu’un climat de peur s’était installé ».

      Mercredi, c’est Richard Malka, l’avocat de Charlie Hebdo et de Mila, qui a pris la plume dans L’Express , déplorant « une injonction à courber l’échine » de la part d’une direction de l’IEP pour laquelle « il faut réduire au silence pour que plus aucun professeur, jamais, partout en France, n’ose contester le dogme naissant », écrit-il, décrivant « sur notre territoire, un petit Pakistan situé dans cette bonne ville de Grenoble » , « un laboratoire de la pensée stalinienne ». Sur Twitter, Manuels Valls, premier ministre lors du quinquennat Hollande, a soutenu quant à lui la décision de Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, de suspendre ses subventions à l’IEP.

      La ministre Frédérique Vidal s’en tient aux recommandations du rapport de l’inspection. « L’établissement a retrouvé le calme , explique-t-elle. Des rappels à l’ordre ont été faits aux enseignants qui avaient commis des maladresses. Une procédure à l’encontre des étudiants a été enclenchée devant la section disciplinaire de Clermont-Ferrand ». Celle-ci s’est soldée, en novembre, par la relaxe des étudiants poursuivis pour leur participation à la diffusion des accusations d’islamophobie. Après quoi Klaus Kinzler avait à nouveau pris la parole dans les médias, décrivant Sciences Po Grenoble comme un institut de « rééducation politique » et pointant une direction « otage » des « ultras ». Propos qui lui ont valu quatre mois de suspension et la convocation prochaine devant un conseil de discipline.

      https://www.lefigaro.fr/actualite-france/sciences-po-grenoble-apres-l-eviction-de-klaus-kinzler-frederique-vidal-app

    • Sciences Po Grenoble : « C’est Laurent Wauquiez qui porte atteinte à la liberté académique »

      Professeur à l’IEP Grenoble, le politologue #Yves_Schemeil dénonce un emballement médiatique autour de Klauz Kinzler, ce professeur d’allemand venant d’être suspendu.

      Et voilà l’IEP de Grenoble à nouveau au centre des polémiques. Le professeur d’allemand Klaus Kinzler a été suspendu par la directrice de l’institut d’études politiques, Sabine Saurugger, pour des « propos diffamatoires » contre l’établissement. L’enseignant avait été accusé d’ « islamophobie » par certains étudiants. Depuis, il dénonce dans les médias un climat de « terreur » et une « chasse idéologique » au sein de l’IEP. Laurent Wauquiez, président (LR) de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a annoncé suspendre tout financement (100.000 euros par an) à l’IEP, en raison d’une « dérive idéologique inacceptable ». Dans une tribune publiée par l’Express, Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo et Mila, est allé jusqu’à qualifier Sciences Po Grenoble de « petit Pakistan » et « laboratoire de pensée stalinienne ».

      Le politologue Yves Schemeil, professeur émérite à l’IEP Grenoble et ancien directeur de l’institut, dénonce pour sa part un #emballement_médiatique entretenu par un professeur absent des lieux depuis une longue période. Selon lui, les accusations de « wokisme » ou « d’islamo-gauchisme » ne correspondraient nullement à la réalité. « En réalité, il n’y a à l’IEP ni recherches ni enseignements portant sur le post-colonialisme ou sur le genre » déclare-t-il, alors que les étudiants seraient, très majoritairement, bien plus préoccupés par leur avenir professionnel que par les batailles idéologiques. Entretien.

      L’Express : Klaus Kinzler a été suspendu en raison de propos jugés « diffamatoires » contre l’IEP de Grenoble. Qu’en pensez-vous ?

      Yves Schemeil : Klaus Kinzler est un #PRAG, autrement dit un professeur agrégé du secondaire détaché à l’IEP. N’étant pas universitaire, il a pour seule obligation d’assurer des cours de langue. Malheureusement, il a été souvent absent de l’IEP ces dernières années, ce qui ne l’empêche pas de critiquer publiquement l’institution. Quand on est responsable d’établissement public on doit faire respecter le droit. C’est justement ce que la directrice a fait. L’arrêté de suspension qu’elle a signé ne prive pas ce collègue de traitement ; il ne peut simplement plus s’exprimer dans les médias en tant que membre de l’institution sinon il s’exposerait à des sanctions disciplinaires.

      Dans Le Figaro, 40 personnalités se sont inquiétées des menaces sur la liberté académique...

      Comme l’a rappelé Olivier Beaud, professeur de droit et auteur d’un livre dénonçant les menaces sur la liberté académique, celle-ci repose sur la liberté d’expression, certes, mais aussi sur la liberté d’enseigner et aussi sur la liberté de recherche, alors que Klaus Kinzler n’en fait pas. Par ailleurs, l’IEP est un lieu où l’on est libre de dire ce que l’on veut car on n’y a jamais censuré personne. Celui qui s’est comporté en censeur c’est Klaus Kinzler lui-même en refusant que le concept d’"islamophobie" soit mis sur le même plan que l’antisémitisme et le racisme dans l’intitulé d’un débat public. Les membres du groupe de travail chargé de le préparer étaient pourtant prêts à en discuter avec lui, mais il a apparemment refusé de faire des concessions. La liberté académique n’est donc pas du tout en cause dans cette affaire.

      Klaus Kinzler dénonce une dérive idéologique et un « endoctrinement » à l’IEP Grenoble...

      J’ai dirigé l’IEP de Grenoble de 1981 à 1987. Je peux vous assurer que son idéologisation était forte à l’époque. Dans un contexte anticapitaliste, des syndicalistes pouvaient séquestrer des responsables ou interdire l’accès à des locaux. Aujourd’hui, je travaille dans des équipes de recherche de l’institut aux côtés des personnes implicitement visées par Klaus Kinzler. Je peux vous certifier que je n’ai rien constaté qui corresponde à ce qu’il décrit. Chaque année, 5000 jeunes, souvent avec une mention très bien au bac, candidatent pour intégrer l’IEP de Grenoble. Ils veulent obtenir une bonne formation et un diplôme doté d’une valeur sur le marché du travail leur permettant ensuite d’accéder à des secteurs d’activité très variés. C’est ça leur priorité.

      En tant que professeur il m’arrive parfois de regretter que les débats sur les questions d’actualité ne soient pas plus fréquents. C’est dû au fait que les jeunes arrivant à l’IEP sont souvent de bons élèves persuadés qu’ils devraient connaître suffisamment un sujet avant d’oser en parler dans une salle de cours, encore moins émettre des critiques « révolutionnaires ». Un collègue qui se dit lui-même très à gauche a déclaré le 21 décembre sur Twitter que nous serions « le pôle le plus positiviste de France », s’étonnant ainsi de l’accusation selon lui imméritée d’être une maison anticapitaliste. Il est vrai qu’à Sciences Po Grenoble il n’y a que très peu de militants qui cherchent à mobiliser leurs collègues étudiants.

      Le rapport de l’Inspection générale avait estimé que tous les acteurs avaient commis des erreurs d’appréciation et des maladresses dans cette affaire, mais il mettait aussi en avant un « climat de peur » de la part d’étudiants...

      Il y a eu des maladresses de tous les côtés, c’est vrai. Une série d’erreurs a produit des effets beaucoup plus importants que leur cause ne l’aurait objectivement justifié. En ce qui concerne les étudiants actuels, une minorité a probablement un agenda politique, sur les questions de genre ou de violences contre les femmes. Mais dans l’ensemble, les étudiants sont très peu activistes. Et puis est arrivée cette histoire : certains ont dû estimer que c’était un bon vecteur de mobilisation. Il faut distinguer cet activisme critiquable des affiches dénonçant Klaus Kinzler et un de ses collègues, sur lesquelles on pouvait lire « des fascistes dans nos amphis. L’islamophobie tue ». On ne sait toujours pas qui en sont les auteurs, l’enquête policière ne semble pas avoir abouti, ce pourrait être n’importe qui. Au centre du campus, l’IEP a toujours attiré des groupes venant d’autres facultés, les responsables de cet affichage pourraient très bien venir d’ailleurs.

      Et que pensez-vous de la décision de Laurent Wauquiez de suspendre les financements de la région ?

      C’est une suspension, comme vous le dites. Pour l’instant, il s’agit plutôt d’un coup de menton qu’autre chose. Laurent Wauquiez ne peut pas couper du jour au lendemain les bourses régionales que perçoivent les étudiants. Il y a aussi des programmes de recherche en cours, qui ne sont pas soldés, leur financement n’étant complété qu’une fois qu’ils seront terminés. Concrètement, cette menace ne pourrait alors s’appliquer que l’an prochain, ou même ultérieurement. Pour l’instant, c’est seulement une déclaration destinée à montrer qu’on est ferme vis-à-vis d’une dérive supposée frapper l’université.

      Car la sortie de Laurent Wauquiez vise l’université dans son ensemble, où travaillent des personnes - étudiants et professeurs - dont il estime qu’elles ne lui sont pas favorables et qu’elles sont trop à gauche. Il a donc des motifs électoraux de saisir cette opportunité. Pour l’instant, cela ne m’inquiète pas, ce qui me préoccupe c’est qu’une autorité politique cherche à peser sur le contenu des enseignements et des recherches à l’université. Paradoxalement, ce sont donc Laurent Wauquiez et Klaus Kinzler qui portent atteinte à la liberté académique et non pas les membres de l’IEP de Grenoble.

      En défendant votre institution, n’êtes-vous pas dans le « pas de vague » ?

      Je n’ai aucun enjeu personnel ni conflit d’intérêts dans cette affaire, mais j’en connais bien les protagonistes et je travaille régulièrement dans les mêmes locaux qu’eux. Je constate simplement que le dossier de l’accusation est vide. Je suis de plus sidéré par l’ampleur que la polémique a pris. Je ne comprends pas que des éditorialistes considèrent, sans vérifier leurs sources, qu’il y aurait une proportion significative d’étudiants ou de professeurs adeptes de la culture dite « woke ». En réalité, il n’y a à l’IEP de Grenoble ni recherches ni enseignements portant sur le post-colonialisme ou sur le genre, ce qui pourrait être un jour un problème.

      L’islam, lui, est un sujet parmi d’autres, ni plus ni moins. Dans mes cours sur le Moyen-Orient j’ai dit des choses pour lesquelles j’aurais pu être critiqué si l’on était vraiment dans une situation où il ne faudrait pas discuter de ce qui touche à la conviction religieuse. En réalité, nous avons toujours eu sur ces sujets délicats des conversations très civiles, y compris avec des personnes de confession musulmane, françaises ou étrangères.

      Franchement, la situation décrite dans les médias ressemble tellement peu à ce que je connais ! Toute cette affaire est déconnectée de la réalité. Sur les plateaux de télévision c’est la course au buzz, on prend pour argent comptant tout ce que dit un homme qui sait parler aux médias et qui cherche peut-être à compenser ainsi ce qu’il perçoit comme une absence de reconnaissance à l’université. Mais l’histoire qu’il leur raconte est à dormir debout, c’est celle que les gens ont envie d’entendre, un récit selon lequel l’université serait noyautée d’islamistes ou de « décoloniaux ».

      Mais sur le fond, Klaus Kinzler n’a fait que protester contre l’usage d’un terme, « islamophobie », qui tend à assimiler la critique - légitime - d’une religion à l’hostilité contre un groupe de personnes, les musulmans. Cette notion est défendue par des groupes militants comme le CCIF...

      Je comprends les réticences vis-à-vis de ce terme. Dans le monde anglophone, la notion est utilisée pour décrire les discriminations contre les musulmans. En France, certains estiment qu’on ne peut pas associer ce terme à d’autres formes de racismes, d’autant que le CCIF ou d’autres activistes proches de l’islam radical cherchent à le placer au même niveau que l’antisémitisme. Le terme d’islamophobie n’est sans doute pas judicieux en français, mais en débattre était justement l’enjeu d’une discussion qui n’a finalement pu se dérouler jusqu’au bout, suite au retrait de Klaus Kinzler lui-même alors que le groupe avait choisi de mettre un point d’interrogation après le mot « islamophobie ». Le programme de recherche de la collègue à laquelle Klaus Kinzler s’est opposé porte sur l’antisémitisme musulman au Maghreb. Vous voyez qu’on est loin de l’islamophilie ! D’ailleurs, à cette époque les discussions au sein de l’IEP portaient sur toutes les discriminations et pas seulement envers des personnes de confession musulmane. Encore une fois, comme d’autres collègues, je n’ai jamais eu aucune difficulté de critiquer à l’IEP des décisions prises par des autorités arabes ou musulmanes. Et j’ai eu des étudiants de tous les pays.

      Pour résumer, l’utilisation d’un terme compris différemment dans le débat public français et dans les discussions académiques surtout anglo-saxonnes a engendré un faux problème. On ne doit pas en déduire qu’on ne peut plus discuter librement de l’islam à l’IEP. Klaus Kinzler se présente en lanceur d’alerte, mais l’institut qu’il dépeint ne ressemble pas à ce qu’il est vraiment. Il semble avoir perdu tout contact avec la réalité de Science Po.

      https://www.lexpress.fr/actualite/idees-et-debats/sciences-po-grenoble-c-est-laurent-wauquiez-qui-porte-atteinte-a-la-liberte

    • Sciences-po Grenoble : 5 minutes pour comprendre l’affaire Klaus Kinzler

      L’établissement a décidé de suspendre son professeur, accusé d’avoir proféré des « propos diffamatoires » dans les médias. A quatre mois de la présidentielle, la classe politique s’en mêle.

      Voilà des mois que Sciences-po Grenoble s’invite régulièrement dans les médias. Il faut remonter à il y a plus d’un an maintenant pour comprendre comment la direction a fini par suspendre l’un de ses professeurs, accusé d’avoir tenu des propos diffamatoires à son endroit.

      Klaus Kinzler, professeur d’allemand au sein de l’établissement, avait été nommément cité en mars dernier sur des affiches placardées sur les murs de l’IEP, accusé « d’islamophobie » et de fascisme.

      Comment a démarré cette affaire ?

      Tout a commencé en novembre 2020. En pleine deuxième vague Covid, se prépare à distance une « semaine pour l’égalité et la lutte contre les discriminations ». Plusieurs groupes de travail mêlant enseignants et étudiants sont constitués dans ce cadre. C’est dans l’un de ses groupes que vont se révéler des dissensions entre monsieur Kinzler et l’une de ses collègues au sujet de l’intitulé des débats dont leur groupe est en charge : « Racisme, antisémitisme et islamophobie ».

      Dans des échanges de courriels, Klaus Kinzler estime inadéquat le fait de classer au même rang la notion d’islamophobie avec le racisme et l’antisémitisme. Il confie notamment ne pas aimer « beaucoup » l’islam, qui lui fait franchement peur « comme elle fait peur à beaucoup de Français ». Sa collègue s’oppose à ses arguments.

      Leurs échanges, dont les étudiants du groupe sont également destinataires, finissent par dégénérer. La directrice de l’IEP, Sabine Saurugger demande à monsieur Kinzler de présenter ses excuses à sa collègue, ce qu’il fera par deux fois par mail. Le terme islamophobie est retiré de l’intitulé des débats.

      Mais la pression va rapidement remonter d’un cran. Le 7 décembre, entre deux courriels d’excuses de Klaus Kinzler, le directoire du laboratoire PACTE, auquel est rattachée l’enseignante, publie un communiqué (supprimé depuis). Sa directrice, Anne-Laure Amilhat Szary, tient à affirmer « son refus de tout comportement agressif et de tout argument d’autorité dans le débat scientifique ». Elle ajoute que « l’instrumentalisation politique de l’islam et la progression des opinions racistes dans notre société légitiment la mobilisation du terme islamophobie dans le débat scientifique et public. »

      Quelques semaines plus tard, des élus du syndicat étudiant de l’Union syndicale publient à leur tour un texte dans lequel ils dévoilent des extraits des courriels attribués au professeur. Le syndicat appelle la direction de l’établissement à « statuer sur son cas ». Il dépose plainte le 27 février pour discrimination syndicale. Elle sera classée sans suite.

      Pourquoi a-t-elle dégénéré ?

      Le 4 mars 2021, des collages sont placardés dans les locaux de l’IEP de Grenoble. Klaus Kinzler et l’un de ses collègues sont cités nommément. La tension monte d’un cran. « Sciences Porcs », « des fascistes dans nos amphis », « l’islamophobie tue », peut-on lire. Des étudiants publient des photos de ces écrits sur les réseaux sociaux. Le syndicat étudiant Unef relaie également l’opération sur les réseaux sociaux avant de se rétracter. Les noms des deux enseignants sont jetés en pâture. Ils sont placés sous protection policière. Une enquête est lancée.

      L’affaire prend alors une dimension médiatique. Klaus Kinzler est invité sur plusieurs plateaux de télévision pour livrer sa version des faits. Le 9 mars, il se montre notamment sur CNews dans l’émission de Pascal Praud. Le présentateur critique ouvertement Anne-Laure Amilhat Szary. Il dit voir en elle « le terrorisme intellectuel qui existe dans l’université ». Klaus Kinzler renchérit en la décrivant comme « un grand chercheur directeur de laboratoire de recherche [qui] se met en dehors de la science ». Qui « ne comprend pas la science ».

      À son tour, la directrice du laboratoire se retrouve harcelée sur les réseaux sociaux. Elle demande une protection fonctionnelle qui lui est rapidement accordée par sa tutelle, le président de l’université Grenoble-Alpes. Elle porte plainte en diffamation et diffamation à caractère sexiste contre son collègue et Pascal Praud. Mais aussi pour « menace de mort » et « cyberharcèlement ».

      Comment la direction a-t-elle réagi ?

      Après la diffusion des affiches, la directrice de l’IEP de Grenoble Sabine Saurugger avait estimé que ces dernières ont mis en danger « non seulement la vie des deux collègues, mais également l’ensemble des communautés étudiantes, enseignantes, personnel administratif ». Et de poursuivre, évoquant Klaus Kinzler : « Je pense qu’il y a un ton qui est extrêmement problématique dans ses propos, avec des idées qui sont développées parfois un peu rapidement, et donc un rappel à l’ordre et une incitation au dialogue ont été entrepris », par la direction.

      Sabine Saurugger estimait également que la demande faite par Klaus Kinzler aux étudiants de son groupe membres de l’Union syndicale de quitter ses cours était « clairement discriminatoire ».

      Frédérique Vidal, la ministre en charge de l’Enseignement supérieur, ne goûte alors que peu à ces déclarations. Plus tôt, elle avait demandé un rapport à l’inspection générale pour faire la lumière sur le déroulé des faits. Sur BFMTV, elle disait regretter l’attitude du syndicat étudiant, qui aurait dû selon elle se cantonner à son rôle, celui « d’être dans la médiation, pas de jeter les gens en pâture sur les réseaux sociaux ».

      Quelles sont les conclusions de l’inspection générale ?

      Dans ses conclusions, rendues le 8 mai dernier, l’inspection générale avançait « que tous les acteurs de cette affaire ont commis des erreurs d’appréciation, des maladresses, des manquements et fautes, plus ou moins graves, plus ou moins nombreux ». Une certaine inexpérience de la direction est relevée. Elle estime que Klaus Kinzler « a porté atteinte à l’image et à la réputation du corps enseignant et, au-delà, de l’établissement, décrédibilisé une instance de l’Institut ». L’inspection recommande de lui adresser un dernier rappel à l’ordre.

      Pour l’inspection, Anne-Laure Amilhat Szary aurait dû se voir notifiée « des fautes qu’elle a commises dans cette lamentable affaire ». Elle se trouve accusée d’avoir dramatisé la polémique dans son communiqué du 7 décembre. Mais aussi d’avoir contraint le corps enseignant à prendre position dans cette affaire et à choisir leur camp. « On se retrouve avec des agressés et des agresseurs renvoyés aux mêmes types de sanctions, c’est très problématique », commente-t-elle alors auprès de nos confrères du Monde. « La ministre a publiquement manifesté son indignation et son soutien quand le nom de mes collègues a été affiché, mais n’a pas réagi quand j’ai été à mon tour dangereusement menacée », poursuivait-elle.

      Une affaire devenue politique

      À moins de quatre mois de l’élection présidentielle, l’affaire Klaus Kinzler a pris une dimension politique. La direction de l’établissement vient de suspendre le professeur, accusé d’avoir tenu des propos diffamatoires contre l’établissement lors de ses passages à la télévision. Lancé dans une véritable croisade contre les pratiques qui seraient en cours au sein de l’IEP de Grenoble depuis plusieurs moi, Klaus Kinzler avait notamment décrit l’école comme un institut de « rééducation politique », accusant un « noyau dur » de ses collègues d’endoctriner des étudiants à la culture du « wokisme », face à une direction impuissante. Dans son arrêté de suspension, la directrice Sabine Saurugger estime que l’enseignant a « gravement méconnu à plusieurs obligations », notamment en matière de « discrétion professionnelle ».

      Cette sanction a fait bondir plusieurs personnalités politiques. Dans une tribune publiée chez nos confrères de l’Opinion, le député François Jolivet demande la mise sous tutelle de l’établissement, ainsi que l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire sur la situation des universités françaises.

      Chez Les Républicains, Valérie Pécresse se dit inquiète « de ce que la liberté d’expression ne soit plus assurée à l’IEP de Grenoble » et demande à Frédérique Vidal de diligenter une nouvelle mission d’inspection sur la situation. Elle a été suivie par Éric Ciotti, l’eurodéputé François-Xavier Bellamy et le président de la région Rhône-Alpes Laurent Wauquiez. Dans un communiqué de presse, il a annoncé sa décision de suspendre l’ensemble des financements de la région à l’établissement. Une décision saluée par Marine Le Pen sur les réseaux sociaux.

      Cette suspension des financements a été soutenue, à demi-mots, par le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, qui voit dans la suspension de Klaus Kinzler une « erreur formelle » de la part de la direction de l’établissement. « Je pense qu’il faut bien entendu réagir », a-t-il affirmé mercredi sur LCI, au sujet de la décision de Laurent Wauquiez, estimant qu’il faut toutefois éviter « les mesures spectaculaires ».

      Dans un communiqué de presse, la direction de l’établissement voit de son côté dans la suspension des financements de la région une décision politique. Elle précise que « le soutien financier de la région (…) ne consiste pas en des subventions mais essentiellement en l’attribution de bourses aux étudiants ». Elle appelle Laurent Wauquiez à revenir sur sa décision dans l’intérêt des étudiants. « L’IEP de Grenoble-UGA fait désormais l’objet d’accusations ineptes de dérive idéologique et communautariste, de wokisme ou encore de cancel culture, qui n’ont aucun fondement », poursuit le communiqué.

      https://www.leparisien.fr/societe/sciences-po-grenoble-5-minutes-pour-comprendre-laffaire-klaus-kinzler-21-

    • Le management contre les libertés académiques

      texte (toxique) d’#Alain_Garrigou

      Un professeur a été suspendu par la directrice de Sciences Po Grenoble pour avoir dénoncé dans la presse la politisation de son établissement. Le motif est surprenant — intimer l’ordre de se taire à un universitaire — et la sanction exceptionnelle. Au départ, une controverse sur l’usage du terme « islamophobie » que deux enseignants ne voulaient pas assimiler au racisme comme le faisaient certains de leurs collègues. Une querelle sur un mot que d’aucuns pourraient juger « byzantine ». Cela se gâte quand des affichettes, collées sur les murs de l’établissement, traitent les premiers d’islamophobes. Les esprits s’échauffent à la suite d’échanges interminables de mails, où chacun s’offusque en se considérant pris à parti devant des destinataires divers et variés, le tout dans un contexte de travail distanciel. Un syndicat étudiant a relaté ces messages sur les réseaux sociaux. Les deux enseignants reçoivent alors des menaces physiques. Traduits devant le conseil de discipline, des étudiants impliqués sont relaxés malgré un rapport d’inspection sévère. Puis, un enseignant concerné, Klaus Kintzler, donne deux entretiens à des médias alors que la directrice lui a demandé de ne pas s’exprimer. Il y accuse l’établissement de ne plus offrir les conditions de liberté académique sous l’influence de ce qu’il qualifie de « wokisme ». La sanction tombe au nom d’une autorité qu’on peut dire patronale. Ce qui rompt avec des usages universitaires de collégialité et de règlement arbitré des conflits. Il faut donc comprendre ce qui a changé, notamment depuis la loi Libertés et Responsabilité des Universités (LRU) de 2008, portée par la ministre de l’époque Valérie Pécresse, qui a institué leur autonomie de gestion.

      Les directions universitaires sont issues d’élections auxquelles participent des représentants des enseignants, des personnels administratifs, des représentants syndicaux et des personnalités extérieures. Le temps du mandarinat qui concentrait tout le pouvoir entre les mains des professeurs est bien révolu. On ne s’en plaindra pas mais il faut savoir que les nouvelles règles de gouvernance amorcées par la loi d’orientation de l’enseignement supérieur de 1968 et renforcées par la LRU de 2008 ont introduit la politique dans l’université à deux titres au moins : les élections sont un processus politique de coalitions nouées dans des manœuvres plus ou moins opaques et les considérations partisanes peuvent y avoir une place plus ou moins forte. Tout cela n’est guère transparent. Le plus souvent, le compromis régnait entre des gens soucieux de ne pas mettre en danger une institution fragile et de préserver les conditions de vie commune. Les libertés académiques étaient une sorte de mantra que chacun savait ne pas devoir attaquer par intérêt réciproque. L’épisode de Grenoble est à cet égard une première.

      Il ne faut pas comprendre ce genre de conflit à l’aune des psychologies et des personnalités mais par le contexte délétère qui occupe de plus en plus l’université française (1) À plusieurs reprises, des colloques ou séminaires ont été annulés ou des invitations révoquées au motif que tel ou tel intervenant ne plaisait pas. . Les spécialistes de sciences sociales préfèrent appliquer l’objectivation à d’autres qu’eux mais s’ils prétendent au titre de scientifique, il faut bien qu’ils s’y soumettent. Autrement dit l’affaire n’est qu’un révélateur de tensions accumulées dans l’université : d’un côté une raréfaction des places ; de l’autre, une prolétarisation des conditions sociales. Il est de plus en plus difficile de faire carrière et on y est de moins en moins bien traité et payé. La solution professionnelle de la promotion passait en principe par l’excellence et l’investissement dans le métier. Si cela ne paie pas, ou mal, ou lentement, l’humeur se tourne vers la protestation politique déclarée ou masquée. Le schéma correspond à celui classique de l’inflation des titres scolaires et aux mécanismes de frustration relative. Sur une trajectoire classique d’affirmation, les nouvelles générations cherchent à se différencier. Les différents thèmes de l’intersectionnalité conjuguent cette tentative de renouvellement. En se combinant avec une politisation plus ou moins revendiquée qui, pour les plus engagés, soutient qu’il n’est pas de science qui soit politiquement neutre. Pour les plus anciens universitaires, cela a un parfum de Mai 68. Notre propos n’est pas ici d’évaluer ces ambitions et leurs résultats sauf sur le plan politique. Cette radicalisation s’accompagne d’une contre-radicalisation dont l’affaire Kintzler est un exemple.

      Ce n’est pas un hasard si elle survient dans un Institut d’études politiques (IEP), un type d’établissement particulièrement concerné par la dérive managériale des universités. Dans le sillage de Sciences Po Paris, les IEP de province se sont transformés en business schools. Plus ou moins selon les cas. Avec cette situation extraordinaire d’un droit de regard du pouvoir sur leur direction. On ne s’étonne même pas que la présidence de la République puisse inspirer le choix du directeur de Sciences Po Paris. La surveillance est moindre sur la province mais il reste l’exemple d’une gouvernance de plus en plus proche du privé avec une direction qui se comporte comme des patrons d’entreprise. Les termes mêmes de la directrice sont suffisamment éloquents lorsqu’elle évoque son « devoir d’intervenir lorsque la réputation de l’institution est prise pour cible (...) et lorsqu’on attaque personnellement le personnel de l’établissement » pour en conclure que « dans ce cadre, je joue mon rôle d’employeur face à un membre du personnel ». Ce n’était pas la tradition universitaire où le doyen, en tant que président ou directeur, discutait avec les professeurs sans véritablement exercer d’autorité hiérarchique. Une sorte de primus inter pares assurait une direction collégiale. Non point qu’il n’y ait pas de disputes, voire pire, mais nul n’osait exhiber des sanctions. Sauf à déclencher un éclat de rires ou une franche désapprobation collective (2).

      Ce sont des universitaires qui occupent ces fonctions de direction. Et, comme il se doit, ceux qui ont le moins de goût et de talent pour l’enseignement et la recherche — mes excuses aux exceptions — et bien sûr le plus d’appétit pour les fonctions politiques et bureaucratiques. Leur idéal n’est pas de publier mais de présider. On ne doit pas s’étonner de l’embarras de la ministre de l’université sur sanction grenobloise : une « erreur formelle » selon le ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer, la ministre Frédérique Vidal demandant que « chacun se remette au travail dans la sérénité » (3). Comment en serait-il autrement quand les ministres ont eux-mêmes mené une carrière d’apparatchiks d’université puis de ministère ? Ils se trouvent en quelque sorte en porte-à-faux, hostiles intellectuellement à certaines formes de radicalisation mais solidaires socialement de l’autorité bureaucratique. L’autre versant de cette autorité patronale ou managériale est la conversion salariale du statut d’universitaire. Les signes se sont accumulés depuis quelques années. Les professeurs subissent une relégation au statut de salarié qui les voue à une position défensive face à leur directeur ou président. Ces micros indicateurs témoignent des changements infimes qui, cumulés, font des universitaires des salariés comme les autres, tenus aux obligations de loyauté envers l’employeur et à l’obéissance. « Ne pas avoir de patron », un leitmotiv des anciens qui se consolaient ainsi dans les moments inévitables de doute. Que les prétendants d’aujourd’hui le sachent, il est peut-être trop tard.

      Depuis quand s’exprimer dans la presse est-il interdit aux universitaires ? Le coupable aurait mis en cause son établissement. S’agissant de liberté d’expression, la chose est assez importante pour la défendre dans la presse. Ayant subi pendant six ans des poursuites pour diffamation engagées par un conseiller d’un président de la République, Patrick Buisson, puis d’une entreprise de conseil financier (Fiducial), je n’imaginais pas que ce type d’action aurait pu venir de l’université. C’est une chose d’être attaqué en justice par des dirigeants politiques ou économiques qui défendent leurs intérêts contre la liberté d’expression, cela en est une autre de la part d’un corps professionnel qui perd alors sa raison d’être. La voie managériale peut amener à une autre solution. Avec ce nouvel épisode d’une crise où elle a montré qu’elle ne gérait pas « son » entreprise, la directrice de Sciences Po Grenoble aurait déjà dû démissionner. On a bien compris que son obstination était celle d’un chef d’équipe qui s’empare de principes de bon management pour s’en prendre aux autres plutôt qu’à soi-même. Au moins cela aura-t-il eu le mérite de rallier à la liberté académique des défenseurs qu’on ne soupçonnait pas comme Laurent Wauquiez, président du Conseil régional qui a supprimé une subvention à Sciences Po Grenoble. En réalité, faire de celui-ci et de ceux qui l’ont promptement applaudi, comme Marine Le Pen et Eric Zemmour, des défenseurs de la liberté académique est un tour de force comique.

      En sanctionnant, la directrice de Sciences Po Grenoble savait-elle ce qu’elle faisait ? Peut-on ignorer que chaque affaire de ce genre n’engage pas seulement des personnes mais le droit général de s’exprimer ? En ajoutant à la suspension l’annonce d’une plainte en diffamation, et indépendamment du fond de l’affaire, la directrice de Sciences Po Grenoble a engagé une poursuite bâillon contre l’un de ses enseignants (ce qui l’a aussitôt rendu célèbre dans les médias de droite et d’extrême droite). Forcément aux frais de l’institution. Il est probable que la direction agit comme n’importe quel politicien qui, accusé de malversation, répond immédiatement qu’il va porter plainte pour diffamation publique et… ne le fait pas quand son avocat lui explique qu’il n’a aucune chance. Sauf à se lancer dans une procédure qu’il sait perdue d’avance, mais qui aura valeur d’avertissement. Tout accusateur éventuel futur risque de payer cher ses divulgations. De fait il suffit d’être riche pour que l’intimidation fonctionne. Ou qu’une entreprise paie. Ce serait donc Sciences Po Grenoble qui paierait les frais de justice dans une plainte en diffamation avec constitution de partie civile ou non. Dans le premier cas, la plainte donne lieu automatiquement à une mise en examen, dans le second, à une simple incrimination. Dans les deux cas, cela occasionne des frais de justice (quelques milliers d’euros pour son avocat) et la menace d’une condamnation à payer les frais du plaignant et à lui verser des dommages et intérêts. La personne incriminée ou mise en examen a alors la base légale de la protection fonctionnelle. En l’occurrence, Klaus Kinzler devra faire une demande à la direction de son établissement pour obtenir la protection fonctionnelle (loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires, article 11). S’il s’agissait de repousser les limites du ridicule, c’est déjà réussi.

      https://blog.mondediplo.net/le-management-contre-les-libertes-academiques

    • cgt : Soutien aux personnels de Sciences Po Grenoble

      Nous dénonçons fermement la décision du Président de Région Laurent Wauquiez de suspendre tous les financements à Sciences Po Grenoble, et la surenchère politique qui s’en est suivie, notamment avec l’intervention du ministre de l’Éducation Nationale Jean-Michel Blanquer. Ces décisions unilatérales et cette surenchère, encourageant les préjugés de l’idéologie d’extrême droite sur une prétendue diffusion de « cancel culture » ou de « wokisme » ou encore d’« islamo-gauchisme » à l’Université, posent un grave problème remettant en cause l’autonomie des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, et la liberté académique, garante d’un service public d’ESR de qualité.

      Pour toutes ces raisons, ces décisions et cette instrumentalisation politico-médiatique doivent faire l’objet d’une réaction publique forte du Président de l’UGA pour permettre aux collègues de Sciences Po de travailler dans des conditions acceptables, ce qui n’est pas le cas actuellement. Les collègues vivent une pression et une violence forte, c’est inacceptable. Cette prise de position de la Présidence a été demandée à plusieurs reprises, notamment lors du Conseil Académique du 14 octobre 2021.

      La CGT Université de Grenoble réaffirme toute sa solidarité envers les collègues de Sciences Po Grenoble qui travaillent aujourd’hui sous une pression particulièrement forte : outre cette pression médiatico-politique et les entraves aux libertés académiques qui les empêchent de travailler dans des conditions sereines, l’ensemble des personnels de Sciences Po, enseignant.es, enseignant.es-chercheurs.ses et personnels administratifs et techniques, subissent des conditions de travail particulièrement dures depuis des mois déjà, ayant conduit à de nombreuses alertes dont une alerte pour Danger Grave et Imminent, restées à ce jour sans réelle réponse.

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      Motion du conseil académique de l’UGA du 14 octobre 2021
      Adoptée à l’unanimité

      Le conseil académique de l’UGA apporte son soutien aux collègues du laboratoire Pacte soumis cette année à des menaces particulièrement violentes dans l’exercice de leur activité de recherche.

      Dans un contexte où certaines disciplines, notamment en sciences humaines et sociales, font face à des attaques médiatiques, politiques, ministérielles, qui mettent en danger la liberté académique, le conseil académique confirme la légitimité entière de ces disciplines et des collègues qui y inscrivent leurs travaux.

      Il appelle la présidence de l’UGA à s’associer publiquement à ce soutien et à la défense de la liberté académique contre tous ceux qui tentent de la remettre en cause.

      Le conseil académique réaffirme son attachement à l’article L141-6 du code de l’éducation : « Le service public de l’enseignement supérieur est laïque et indépendant de toute emprise politique, économique, religieuse ou idéologique ; il tend à l’objectivité du savoir ; il respecte la diversité des opinions. Il doit garantir à l’enseignement et à la recherche leurs possibilités de libre développement scientifique, créateur et critique. »

      https://academia.hypotheses.org/33761

    • « Anciens étudiants de Sciences Po Grenoble, nous souhaitons défendre la liberté académique »

      Un collectif regroupant 770 anciens étudiants de Sciences Po Grenoble déplore, dans une tribune au « Monde », la médiatisation dont fait l’objet leur école et regrette l’intervention de dirigeants politiques, tel Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui a décidé d’arrêter de financer cette institution.

      Tribune. Depuis plusieurs mois, l’Institut d’études politiques (IEP) de Grenoble est le centre de nombreuses polémiques, avec en point d’orgue, le 14 décembre 2021, la suspension pour quatre mois d’un professeur pour cause de manquements aux obligations liées au statut de fonctionnaire. Nous, anciens étudiants et anciennes étudiantes de l’IEP de Grenoble, provenant de tous horizons, observons avec désarroi les différentes prises de position venant de personnalités élues, de ministres, d’universitaires et d’une partie de nos camarades à l’encontre de notre école.

      Nous condamnons toutes les violences dont ont été victimes les enseignants et enseignantes, les chercheurs et chercheuses, et les étudiants et étudiantes. Des enquêtes sont en cours, et nous laissons aux personnes compétentes le soin de prendre les décisions qui seront nécessaires.

      Inquiétude

      Si nous tenons à prendre la parole aujourd’hui, c’est avant tout pour prendre du recul sur la situation et faire part de notre inquiétude concernant l’ingérence potentiellement dangereuse des pouvoirs publics dans les affaires académiques, et l’instrumentalisation politique de cette affaire dont nous sommes témoins et qui nous est profondément intolérable.

      L’IEP de Grenoble, à l’instar d’autres universités françaises, est accusé de dérive idéologique, et ce aux dépens de la pluralité de la recherche en sciences sociales. Ce type d’accusation témoigne non seulement d’une méconnaissance de la variété et de l’étendue des champs de recherche, mais aussi de la qualité de la recherche au sein des laboratoires Pacte de recherche en sciences sociales, Cerdap2 (Centre d’études et de recherche sur la diplomatie, l’administration publique et le politique), Cesice (Centre d’études sur la sécurité internationale et les coopérations européennes), et à l’IEP, dont les sujets mis en accusation ne forment d’ailleurs qu’une part marginale.

      Nous condamnons fermement la normalisation de termes conceptuellement infondés, empruntés à l’extrême droite, dans la presse, et le discours politique, qui mettent en cause la rigueur scientifique des enseignants-chercheurs et enseignantes-chercheuses de notre école ; et nous apportons notre soutien à celles et à ceux qui travaillent sur les concepts de racisme, d’antisémitisme et d’islamophobie, et sur les sujets d’égalité et de lutte contre les discriminations en général.

      Nous nous insurgeons contre la décision annoncée du président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, de mettre fin aux financements régionaux à destination de l’IEP de Grenoble. Pour rappel, le soutien financier de la région comprend l’attribution de bourses aux étudiants et étudiantes en difficulté, le soutien à l’action sociale et les projets de formation continue, notamment pour faciliter l’accès à l’enseignement supérieur et à l’emploi : ce sont donc les élèves qui sont le plus dans le besoin qui en pâtiront le plus.

      Récupération politique

      Nous souhaitons aussi alerter sur la gravité d’une telle décision politique, d’ailleurs soutenue par les candidats et les candidates d’extrême droite à l’élection présidentielle, et défendre la liberté académique. Nous sommes en désaccord avec celles et ceux qui souhaitent garantir la liberté académique « à la carte », utile pour diffamer l’IEP dans les médias, gênante lorsqu’elle aborde le sujet des discriminations. Nous tenons profondément à la diversité des idées et nous jugeons primordial que des débats pluriels puissent continuer à exister au sein de l’IEP dans le cadre prévu par la loi.

      Parce que nous tenons à notre école, celle qui a encouragé le développement et la consolidation de notre esprit critique et de notre conscience citoyenne, nous souhaitons alerter sur la dangerosité de telles pratiques, qui mettent en péril le pluralisme de la pensée. Nous craignons le fait qu’un pouvoir politique puisse prendre la décision unilatérale de couper les financements d’une université.

      A l’avenir, les différents acteurs publics (Etat ou collectivités territoriales) pourront-ils décider de façon discrétionnaire de supprimer des financements à chaque université qui ne promouvrait pas leur ligne politique ? Nous trouvons en outre inquiétant que certains appellent à ce que l’Etat intervienne, au-delà du cadre prévu par la loi, dans ce qui est enseigné et étudié à l’université.

      Enfin, nous déplorons ce battage médiatique autour de notre école, qui nuit aux étudiants et étudiantes, que la pandémie affecte déjà profondément. Cette récupération politique les rend inaudibles. A l’instar du rappel à la réalité des équipes pédagogiques de l’IEP du 4 janvier, ce sont bel et bien les étudiants et étudiantes qui sont le plus à même de décrire leur réalité quotidienne, et c’est leur parole qui doit primer pour témoigner de ce qu’est réellement notre IEP.

      Les rédacteurs de cette tribune sont : Annaïg Antoine (promotion 2012), cadre dans une association financière internationale ; Marianne Cuoq (promotion 2012), urbaniste, et Léa Gores (promotion 2015), cadre de la fonction publique territoriale.

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/01/14/anciens-etudiants-de-sciences-po-grenoble-nous-souhaitons-defendre-la-libert

    • Sciences Po Grenoble se cherche un nouvel avenir

      L’institut d’études politiques fait face à d’incessantes polémiques depuis un an, érigé par la droite en symbole des « #dérives_communautaristes » dans l’enseignement supérieur.

      Parmi quinze candidats, cinq (dont trois anciens élèves) ont été conviés pour un entretien d’embauche, le 10 janvier, à l’institut d’études politiques (IEP) de Grenoble. L’enjeu est de taille : recruter la directrice ou le directeur de la communication, capable de contribuer à sortir de la crise un établissement passablement affaibli depuis un an.

      La dernière secousse est intervenue le 20 décembre 2021, quand Laurent Wauquiez, président (Les Républicains) de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a annoncé dans un tweet qu’il suspendait les financements, soit 100 000 euros par an consacrés aux bourses et à la mobilité étudiante, en raison de la « longue dérive idéologique et communautariste » de l’école. Une « dérive » qui viendrait, selon lui, du franchissement « d’un nouveau cap » avec la suspension, pour une durée de quatre mois, d’un professeur d’allemand en poste depuis vingt-six ans à l’IEP : Klaus Kinzler.

      Agé de 62 ans, l’homme est devenu une personnalité très appréciée des médias pour sa verve à dénoncer l’idéologie et l’intolérance qui caractériseraient de jeunes collègues et surtout des étudiants activistes. En février 2021, il n’a pas hésité à qualifier – avec une forme d’« humour », plaide-t-il – ces étudiants d’« ayatollahs en germe » dans un mail signé « “Un enseignant en lutte”, nazi de par ses gènes, islamophobe multirécidiviste ».

      Le 8 décembre 2021, dans L’Opinion, il affirme que « Sciences Po Grenoble n’est plus un institut d’études politiques, mais d’éducation, voire de rééducation politique ». Une expression travestie en « camp de rééducation » lorsqu’elle est reprise en gras dans le titre de l’article. La référence implicite au régime des Khmers rouges au Cambodge est violente, et se répand comme une traînée de poudre à l’IEP comme dans la classe politique, notamment à droite, en plein combat contre la nébuleuse « woke » qui infiltrerait les universités françaises.

      Quelques jours plus tard, le 15 décembre, Sabine Saurugger, directrice de l’IEP, suspend le professeur, dans l’attente de la saisine d’un conseil de discipline : « Parler de “camp de rééducation” porte atteinte à l’intégrité de l’établissement et à la formation offerte par les enseignants », justifie-t-elle.

      Les propos de Klaus Kinzler sont « nuisibles à l’institution et basés sur beaucoup de mensonges, appuie Simon Persico, professeur de science politique. Les enseignants-chercheurs ressentent une lassitude et de profondes blessures. On attendait une réaction, elle est venue. » Klaus Kinzler « s’est exclu tout seul, ajoute Gilles Bastin, professeur de sociologie. Il se radicalise, et ses propos sont grotesques. Il nous utilise dans un combat politique qui n’a plus rien à voir avec nous. »

      « Petit bijou académique »

      Auprès du Monde, Klaus Kinzler dénonce le titre choisi par L’Opinion « puisqu’il ne s’agit pas des mots qui figurent dans l’entretien ». Néanmoins, il n’a fait parvenir aucun droit de réponse, préférant réserver ses prochaines interventions médiatiques à une échéance proche, le 2 mars, date de la publication de son ouvrage L’islamogauchisme ne m’a pas tué (éd. du Rocher).

      Cette sortie marquera une date anniversaire, un an après la découverte sur les murs de l’institut, le 4 mars 2021, des noms des professeurs Klaus Kinzler et Vincent Tournier, accolés à cette phrase : « Des fascistes dans nos amphis. L’islamophobie tue. » Une photo des collages avait été brièvement diffusée en ligne par la section UNEF de Grenoble, avant d’être retirée, le syndicat national condamnant vigoureusement « tout lynchage public ». L’enquête de police est toujours en cours pour identifier les poseurs d’affiches. « Dans ma famille, au repas de Noël, on n’a parlé que de cela. Je n’en peux plus, lâche Théo (le prénom a été modifié), étudiant en master. Sur les réseaux sociaux, je me fais traiter de tous les noms, car je suis de Sciences Po Grenoble. »

      « On tape sur un petit bijou académique et d’enseignement, c’est tout à fait injuste ! regrette Sonja Zmerli, professeure de science politique, qui souligne l’enthousiasme de collègues étrangers à collaborer aux travaux scientifiques qui y sont menés. Ce sont des collègues soucieux de leur réputation académique qui ne viendraient pas s’ils avaient un quelconque doute. »

      Comment en est-on arrivé là ? Fondé en 1948, l’IEP grenoblois, l’un des plus anciens, a bénéficié d’une évaluation plus que favorable du Haut Conseil à l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres) qui saluait, en mai 2020, « la grande qualité de l’accompagnement des étudiants » et ce, après avoir surmonté d’importantes difficultés financières.

      « On est tous un peu sur les nerfs »

      Tout remonte au 30 novembre 2020, lorsque éclate par mail – en plein confinement – un conflit sémantique entre Klaus Kinzler et Mme M. (qui n’a pas souhaité répondre aux sollicitations du Monde), enseignante-chercheuse en histoire, membre junior de l’Institut universitaire de France (IUF). En cause : l’usage du mot « islamophobie » auprès des mots « racisme » et « antisémitisme », ces trois thèmes devant servir à définir le contenu d’une table ronde organisée en janvier 2021, à l’occasion d’une « semaine pour l’égalité ».

      L’historienne soutient que l’islamophobie est « un concept heuristique utilisé dans les sciences sociales » pour « désigner des préjugés et des discriminations liées à l’appartenance, réelle ou fantasmée, à la religion musulmane ». Le professeur d’allemand, lui, y voit une possible « arme de propagande d’extrémistes plus intelligents que nous », allusion notamment au Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), qui vient de s’autodissoudre quelques jours après l’assassinat de Samuel Paty, après avoir été accusé par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, de diffuser une « propagande islamiste ».

      Un an plus tard, le sujet est loin d’être tranché à l’IEP, même si chacun s’accorde à dire que si cette dispute avait eu lieu dans une réunion classique, à l’oral, jamais elle n’aurait débouché sur une telle crise. « Mes collègues se sont chacun sentis agressés, car ils ne parlaient pas forcément de la même chose », décrypte Dorian Guinard, maître de conférences en droit.

      Du point de vue juridique, juxtaposer la critique d’un dogme – l’islamophobie – à deux délits pénaux – le racisme et l’antisémitisme – pose « un problème d’équilibre des notions », poursuit-il. « Mais une majorité de sociologues, notamment anglo-saxons, définissent l’islamophobie comme la haine des musulmans. En France, il existe un délit pénal pour cela, c’est la haine religieuse. Voilà ce que dit le droit, et je pense sincèrement que cela a manqué dans cette affaire. »

      Invités par la direction à ne pas s’exprimer publiquement pour protéger l’institution, nombre d’enseignants souhaitent désormais prendre la parole, « tant les médias ont brodé autour des faits », lâche l’un deux. Le 19 novembre 2021, la communauté a été prise de court par la relaxe, par la commission disciplinaire de l’université Clermont-Auverge, où l’affaire avait été dépaysée, des dix-sept étudiants poursuivis pour leur participation à la diffusion des accusations d’islamophobie visant Klaus Kinzler et Vincent Tournier. Par un « appel à témoignages » publié sur Facebook début 2021, l’Union syndicale (US) Sciences Po Grenoble invitait les étudiants à dénoncer anonymement les propos islamophobes qui auraient pu être tenus dans le cours sur l’islam et les musulmans de France dispensé par Vincent Tournier.

      Depuis, l’US a été dissoute, remplacée par l’Organisation universitaire pour la représentation syndicale étudiante (Ourse), majoritaire dans les instances. « Le travail de remontée d’information est normal pour un syndicat, même s’il y avait peut-être d’autres moyens qui auraient engendré moins de tensions que l’appel à témoignages sur Facebook », concède l’un des nouveaux élus, Nicolas Duplan-Monceau.

      « On est tous un peu sur les nerfs, confie l’historien Aurélien Lignereux. Il n’y a pas eu de sanction alors qu’il y a eu provocation. Cela favorise les préjugés défavorables sur l’établissement au risque de dissuader des candidats de se présenter au concours. »

      Le poison #sciencesporcs

      Mi-octobre 2021, l’UNI, syndicat de droite, a relancé la polémique en dénonçant « un nouvel acte de soumission à l’idéologie woke et à l’islamisme » lorsque l’association #Cafet’en_Kit a cru que son nouveau fournisseur lui livrait exclusivement des produits halal – en réalité 30 %. La direction avait alors rappelé à cette association que la distribution d’aliments « allant à l’encontre des principes de laïcité et de neutralité » était interdite.

      A cette confusion ambiante s’ajoute un autre sujet qui empoisonne l’IEP depuis bientôt un an : la vague #sciencesporcs, qui vise à dénoncer massivement sur les réseaux sociaux tout acte de violence sexiste, sexuel ou de harcèlement subi par des étudiants au cours de leur scolarité. La déferlante de témoignages a bouleversé les relations humaines, comme le relève dans son rapport publié en mai 2021 l’Inspection générale de l’éducation du sport et de la recherche, qui évoque un règne de la « terreur » pour amener à dénoncer de possibles coupables. Simon Persico a sondé ses étudiants, qui lui ont décrit « une ambiance un peu délétère liée aux nouvelles formes de radicalité. Pour une toute petite poche, la mobilisation est très vive, voire violente sur les réseaux sociaux », rapporte-t-il. Dans quelques jours, avec les première année, Dorian Guinard débutera son cours « par quelque chose qu’[il] ne fai[t] pas d’habitude : rappeler ce que sont les délits pénaux, notamment le harcèlement et le cyberharcèlement, car clairement il y a eu des dérapages », estime-t-il.

      Pour reprendre la main sur tous les fronts, Sabine Saurugger s’apprête à déployer une « stratégie » offensive, en organisant des controverses scientifiques précisément sur les sujets qui crispent le débat national. « Nous allons nous efforcer d’être plus visibles médiatiquement en invitant des intervenants qualifiés pour discuter de manière académique sur la liberté d’expression, la liberté académique, la religion, la laïcité…, annonce la directrice, qui a pris ses fonctions le 1er février 2020, un mois avant le confinement. L’important est de montrer que l’image qui est dépeinte dans les médias ne correspond pas à la réalité. »

      « Un peu désemparé » par cette folle année, le président du conseil d’administration, Jean-Luc Nevache, veut à tout prix éviter un duel « Sciences Po contre Klaus Kinzler » à l’occasion de la sortie de son livre. « Cela ne nous intéresse pas, cadre le président de la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA), ancien élève de l’IEP. Seuls nous importent les étudiants et leur avenir, les enseignants et les chercheurs qui soutiennent des débats universitaires sérieux et publient dans des revues à comité de lecture pour contribuer au débat international sur les sciences sociales. » Ce que semblerait ignorer l’un des membres du conseil d’administration qui n’y a jamais participé : Laurent Wauquiez.

      https://www.lemonde.fr/campus/article/2022/01/17/sciences-po-grenoble-se-cherche-un-nouvel-avenir_6109738_4401467.html

  • Survivalistes d’extrême droite : quand les théories racistes s’ancrent dans nos territoires
    https://theconversation.com/survivalistes-dextreme-droite-quand-les-theories-racistes-sancrent-

    Cette reconquête devait se faire à partir de zones rurales, « libérées », les « bases autonomes durables » (BAD), inspirées des survivalistes, mais aussi des miliciens américains, comme moyen de survie. Celles-ci, sous l’influence des survivalistes américains d’extrême droite (miliciens et communautés suprémacistes blanches) sont conçues comme des bastions autarciques et lourdement armés.

    Concrètement, il s’agit d’acquérir des propriétés dans des zones rurales afin d’y établir des bases retranchées autosuffisantes tant au niveau alimentaire qu’énergétique, avec de quoi tenir une période difficile et de participer à une guerre civile jugée inéluctable.

    Les survivalistes d’extrême droite distinguent plusieurs niveaux de BAD, dont le dernier niveau consiste, pour ses acteurs, une fois installés dans des zones reculées, à mettre en place des communautés autarciques, sur le modèle des groupes extrémistes de droites étatsuniens, fondés durant la Guerre froide.

  • la vision du rôle de l’artiste dans la société.
    (1) 𝐋𝐢𝐭𝐭𝐥𝐞 𝐖𝐚𝐥𝐤𝐲𝐫𝐢𝐞 sur Twitter : « Entre fan des NFT et wannabe fascistes qui piquent des trucs pour des vidéos néonazies, on va dire que l’actualité artistique a été un peu riche, ces temps derniers. mais riche comme le fumier l’est en merde. Petit thread donc sur la vision du rôle de l’artiste dans la société. https://t.co/OdFLZ6IIjx » / Twitter
    https://twitter.com/LeslieBoulay/status/1467836227886157824?s=20

    Entre fan des NFT et wannabe fascistes qui piquent des trucs pour des vidéos néonazies, on va dire que l’actualité artistique a été un peu riche, ces temps derniers. mais riche comme le fumier l’est en merde. Petit thread donc sur la vision du rôle de l’artiste dans la société.

    • Un artiste est une personne qui fait de l’art. C’est une démarche consciente, donc. Qu’il réussisse à faire un taf génial ou médiocre, la démarche reste la même ; on est artiste parce qu’on VEUT l’être.
      La question de ce qui fait art, c’est encore autre chose et il est naturel que les artistes s’affrontent autour de ça.

      Il est aussi de rigueur de dire que l’art « ne sert à rien » et que c’est à ça qu’on le reconnait…

      Il serait plus juste de préciser que la pulsion créatrice n’obéit à aucune nécessité pragmatique. on éprouve le besoin, donc on crée. Mais cette pulsion créatrice est elle moins à l’œuvre dans une humble poterie usuelle que dans une œuvre d’art contemporain énigmatique ?
      Je n’en suis pas convaincue. Le distingo art/artisanat me parait fortement artificiel.
      Et de même, la distinction entre amateur et professionnel ne se base en rien sur la qualité ou la valeur de ce qui est créé, mais uniquement sur « est-ce que tu as décidé d’en faire ton métier ou pas ».

      Même si on peut argüer qu’un pro passera plus de temps qu’un amateur à son taf et donc nécessairement, aura statistiquement plus de chance de devenir une pointure, il est important de laisser ainsi la place à la possibilité d’un amateur particulièrement doué.
      Toutes ces choses-là, ce sont les faits.

      Passons aux mythes. Car la notion d’artiste est fortement polluée par une vision idéologique occidentale. L’essentiel de la vision qu’on en a est basé d’une part sur l’Humanisme de la Renaissance et de l’autre part sur le 19e siècle.
      Notez que par 19e siècle, j’inclus les Lumières qui sont plus sur le 18e et qui incluent une forme de préromantisme et les avant-gardes d’avant la Première Guerre mondiale.
      L’humanisme renaissant place l’humain et son esprit au cœur de la question de la création. Enfin, l’être humain MASCULIN, bien sûr.

      Un ouvrage, « Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes », par Vasari, va être d’une importance capitale dans l’élaboration du premier grand mythe : le GÉNIE. Censé être rare, il doit ses réalisations autant à ses qualités propres qu’à son travail.
      Cela dit, ce mythe survient à un moment ou tout artiste professionnel qui réussit ne se voit pas forcément attribuer cet état. La renaissance est une période de jonction, de changement, de rupture, mais aussi de continuation sur certaines choses…
      Le mythe du génie est particulièrement raccord avec celui du grand homme d’état, comme je l’ai déjà expliqué par le passé -> beaucoup de rois et seigneurs vont mettre la création au service du pouvoir temporel, comme elle l’était déjà pour l’Église, afin de gagner en prestige.
      Mais dans certaines régions, genre les Pays-Bas/Flandres, les guildes de peinture vont subsister et avec une vision de l’artiste professionnel plus proche d’un artisan.
      Dans le sud, Léonard verbalise la vision qu’il a de son métier ainsi « la peinture est une chose mentale. »
      Léonard n’a pas tort. L’art est effectivement une chose mentale. Mais il y avait dans cette phrase aussi la volonté de se distancier d’un simple travailleur manuel.

      Et en occident, cet affrontement entre ce qui relève de l’esprit et ce qui relève de la main est fondateur
      Sur le plan « prestige », on a gardé cette idée que le travail manuel est dégradant. Que la simple technique est triviale et que l’important, c’est l’esprit, le concept et non son exécution.

      L’artiste génial est avant tout concepteur et appuie fortement là-dessus.
      Et c’est là une dichotomie fortement discutable parce qu’OK, l’art c’est mental. Mais c’est aussi une pulsion du « faire » et pas uniquement du « penser ». On est artiste, pas philosophe.
      C’est important parce que cette dichotomie place clairement les génies du côté du concept et les humbles tâcherons oubliables du côté du manuel.

      Le temps passe et les seigneurs et rois mettent en place un système de hiérarchie dans les arts, les « genres » artistiques. (Rien à voir avec le genre tout court)
      Tout en haut « la peinture d’Histoire », qui représente les grands de ce monde et les mythes, et vaut une blinde....
      Tout en bas l’humble nature morte. Nettement moins bien payé. Ça nous parait aberrant qu’un type du calibre de Chardin ait été considéré comme « moins important » qu’un peintre d’Histoire médiocre de l’époque, mais c’était le cas.
      Comme tout n’est pas noir ou blanc, bien sûr, cette hiérarchie a été remise en question dès sa mise en place ; faut pas penser que personne ne discutait cela. Chaque fois que vous voyez une connerie faite ou dite par le passé, dites vous qu’il ya eu des gens pour la critiquer.
      Seulement, comme de nos jours, y avait pas mal de « cause toujours », quand y avait pas de « ce que tu me dis me déplait assez pour te faire embastiller ».
      C’est très présomptueux de nous croire plus éclairés et nos dirigeants plus bienveillants qu’à l’époque. Le pouvoir demeure le pouvoir.

      Et puis arrivent les Lumières où l’on commence à vouloir voir plus dans l’art qu’une perfection de la composition et du concept. Pas seulement le « Génie », mais le génie au service d’une cause. Diderot enchaine les critiques où il éreinte ou encense sur ces principes.
      Certes, il s’émerveille du bien peint, mais le bien peint derrière lequel il ya de la pensée. Toujours cette idée de la pensée, mais plus seulement pour montrer sa foi ou vanter le seigneur ou montrer qu’on a une connaissance aigüe de l’anatomie et de l’esprit humain…
      La pensée POLITIQUE. L’idée que l’art élève l’esprit n’est pas nouvelle, mais désormais, qu’un artiste exprime SES convictions commence à pointer sérieusement. Ce n’est pas neuf non plus, mais ça devient une exigence.

      Et bien entendu cela va avoir un impact sur ce que par la suite on va penser des œuvres d’art. le travail de propagandiste de David au service de Napoléon sera fortement plus mis en avant que celui de Vigée-Lebrun, peintre officielle d’une reine morte. Pas seulement par sexisme.
      Mais aussi parce qu’on va partir du principe que le boulot de David traduit ses engagements (ce qui est vrai) alors que celui de Vigée- Lebrun n’aurait été que travail d’artiste de cour (ce qui est très discutable).
      Il ya aussi un certain virilisme de ces concepts qui vont avec tout ça et qui joue à fond. En termes d’œuvre personnelle, on préfère l’antique qui roule des mécaniques aux portraits intimes et touchants.
      L’artiste, ça doit faire du viril, de l’Historique. Et hooo quel dommage ! Les meufs n’ont pas le droit de fréquenter les ateliers de nus.

      Vraiment ce n’est pas de chance hein ?

      Donc, le génie, le génie engagé politiquement.. reste un point essentiel de la vision occidentale de l’artiste : le génie Tourmenté !

      Et là les romantiques entrent en scène. Ils parachèvent l’idée d’une sensibilité particulière (ce qui est vrai)…
      Mais qui mène à des excès ! (ce qui est moins vrai) La vie d’artistes est vue par la lorgnette de ses souffrances. On peut y voir une forme de sanctification de l’artiste qui devient une sorte de figure christique, ou antichristique si c’est un salopard fini…
      Et évidemment un fait qui n’a jamais jusque là été le moins du monde abordé : le rapport à l’argent.

      L’artiste génial est PAUVRE. Jusqu’à ce que la reconnaissance de son génie le sauve.

      Cette idée de l’artiste qui doit souffrir , on la voit surgir jusque dans les partis pris techniques : les néoclassiques, comme David, valorisaient le dessin, qui depuis la renaissance était censé être le vecteur du concept. La couleur était censée véhiculer l’émotion.
      Du coup, la couleur devient un des éléments centraux de la peinture romantique
      L’histoire du gars qui doit prouver sa valeur pour sortir de la misère, ça ne vous rappelle rien ?

      Oui, c’est tout à fait ça : c’est TOTALEMENT au centre de l’ultralibéralisme : le pauvre qui reste pauvre, c’est de sa faute. Il n’était pas assez méritant.
      Mais l’artiste, on va lui rajouter un truc en plus pour qu’il continue à créer toute sa vie MÊME si on le laisse crever dans la misère la plus noire : la POSTÉRITÉ.
      Coucou Vincent ! C’est de toi dont on va parler là.
      La postérité, pour un artiste, c’est comme le martyre pour un croyant : une promesse qui n’engage que ceux qui y croient et contribue beaucoup à foutre sa vie en l’air.

      Je ne pense pas que Vincent y croyait un instant.
      Il était surtout malade et s’il peignait tant, c’était moins pour exploiter sa souffrance qu’afin de l’extérioriser dans l’espoir d’une résilience (une vraie, pas une connerie politique actuelle)
      C’est ce qu’est la postérité : un miroir aux alouettes.
      Techniquement, ce mythe de l’artiste pauvre qui ne se soucie pas d’argent parce que seule sa postérité lui importe, cette belle histoire de l’artiste qui acquiert sa noblesse va le martyre voire la mort pour une récompense qu’il ne verra pas, QUI ça arrange ?

      Réponse : les marchands de tableaux, les spéculateurs, les pillards.

      La façon dont les artistes se font exploiter n’est pas une domination particulière. Ce n’est qu’un avatar de la logique ultra libérale. On se mange dans les dents la même logique que le producteur de carottes bio. Celui qui produit la richesse n’est pas celui qui s’en enrichit.

      On a quelques spécificités : il a toujours été difficile de gérer les artistes parce que c’est vrai qu’on est très souvent de gros solitaires avec une individualité affirmée et un gros égo. Il fallait donc créer des conditions pour flatter cet égo et exploiter nos failles.
      Agiter devant le nez de gamins et gamines de vingt ans qu’ils sont possiblement les génies visionnaires de notre époque, mais qu’il va falloir le prouver et en chier pour ça, C’EST le moyen de parvenir à gérer les artistes.
      En flattant leurs égos, mais aussi en sabotant ce qui, dans leur formation, peut les amener à être des pros plus roublards, plus au courant des réalités, moins candides.

      J’ai cru longtemps que ce manque me venait de la fac. Erreur : c’est pareil dans les écoles.
      Maintenir et continuer à propager les rumeurs et les légendes autour de la condition artistique, comme Bachelot avec son « mais ça n’intéresse pas les artistes, les syndicats », c’est aussi un moyen de maintenir ce statuquo.
      Relativiser et encourager le pillage des artistes pour ses propres travaux de vidéaste ou de chargé de com, c’est TOTALEMENT vouloir que ce statuquo demeure.

      La différence entre les fascistes et le reste des gens n’est pas flagrante là-dessus.

      Je veux dire, la différence avec eux est qu’on sera juste ravalés au rang de pourvoyeur de distractions inoffensives et surtout non politisées, au service du pouvoir. Je le sais, j’ai lu ce qu’ils veulent que l’on soit. Ils vantent la gestion des artistes par Poutine.

      Mais si eux veulent nous opprimer carrément, ils ne font pas semblant, comme les autres de se soucier de nous.

      Parce que techniquement je constate qu’à gauche comme à droite PERSONNE ne se soucie le moins du monde de la question de la rémunération des artistes.

      On attend beaucoup de nous ; on exige beaucoup de nous. On est censés faire le lien social, toussa. Mais aucun candidat à ce jour n’a JAMAIS inclus les artistes auteurs dans sa réflexion sur sa future politique culturelle.
      Je ne dis pas qu’on est particulièrement important par rapport à d’autres corps de métiers. On est même moins importants que beaucoup.

      Mais on n’est jamais ne serait ce que consultés sur ce qui nous concerne au premier chef.

      Toute l’industrie de la culture repose sur des fantômes : Nous.
      Ce qui est logique puisque dans la représentation populaire, nous sommes censés être ultrarares et ne pas nous soucier d’argent.

      C’est LOGIQUE, donc, qu’on ne nous consulte pas. On n’est pas censés EXISTER.

      Sauf que ce n’est pas vrai.

      Toute notre formation, à exiger de nous qu’on se donne à 200 % pour des clopinettes tout en trouvant flatteur de se faire exploiter vise à faire en sorte qu’on ne voit nos échecs ainsi : « je ne suis pas un génie. C’est normal que j’en chie. Je devrais faire UN VRAI MÉTIER. »

      Jusqu’à l’idée saugrenue que les syndicats, ce n’est pas notre kif : surtout, que les artistes ne parlent pas ensemble.

      C’est la GROSSE nouveauté depuis longtemps : les artistes, désormais, ne sont plus isolés les uns des autres.

      Donc voilà. Je ne vous cache pas que je ne suis pas spécialement optimiste pour l’avenir : les élections vont se jouer entre des gens qui nous laisseraient crever en faisant mine de ne pas s’en apercevoir et ceux qui nous buteraient volontiers si on ne fait pas ce qu’ils disent.

      Youpi.

      Allez, Bizatouss.

  • #Italie Des anti- pass sanitaire s’habillent en déportés
    http://www.lessentiel.lu/fr/corona/story/des-anti-pass-sanitaire-s-habillent-en-deportes-11751476

    La manifestation samedi à Novare, dans le nord de l’Italie, d’opposants au pass sanitaire « déguisés » en déportés a provoqué une onde de choc en Italie.

    La manifestation samedi à Novare, dans le nord de l’Italie, d’opposants au pass sanitaire « déguisés » en déportés a provoqué une onde de choc en Italie, aussi bien dans le monde politique que dans la communauté juive. « Avant-hier à Novare, on a vu des pyjamas à rayures symbole de la déportation dans les camps d’extermination nazis. Ce sont des images que je n’aurais jamais pensé voir », a dénoncé la présidente de l’Union des communautés juives italiennes (Ucei), Noemi Di Segni, dans une tribune publiée lundi par le quotidien La Stampa.
    . . . . .
    Depuis le 15 octobre, l’obligation de présenter le pass sanitaire a été étendue à tous les lieux de travail, une mesure qui a entraîné des manifestations dans plusieurs villes de la péninsule. Les médias italiens se sont largement fait l’écho de celle de Novare, une ville de 100 000 habitants entre Milan et Turin.

    « Tout simplement honteux »
    En tête de cortège, outre des banderoles comme « Stop à la dictature » ou encore « Ne cède pas aux chantages, résiste ! », des manifestants avaient revêtu des vêtements de prisonniers des camps nazis pour comparer les restrictions anti-Covid à la dictature nazie. Outre les rayures noires et blanches de leurs vêtements, certains manifestants s’étaient apposé un numéro, en allusion au matricule que les prisonniers de camps comme Auschwitz devaient porter en signe de reconnaissance.
    #dictature_sanitaire montée du #fascisme 
    #covid-19 #coronavirus #santé #sante #confinement #crise_sanitaire #pandémie #travail #pass_sanitaire #santé_publique

  • Akten der Nürnberger Prozesse online veröffentlicht
    https://www.heise.de/news/Akten-der-Nuernberger-Prozesse-online-veroeffentlicht-6206978.html

    3.10.2021 von André Kramer - Zum 75. Jahrestag des Nürnberger Prozesses gegen die Hauptkriegsverbrecher des Zweiten Weltkriegs hat die Universität Stanford die historischen Akten dieses Prozesses digitalisiert und online öffentlich zur Verfügung gestellt. Vom 20. November 1945 bis zum 1. Oktober 1946 mussten sich führende Vertreter des nationalsozialistischen Regimes vor einem internationalen Militärgericht verantworten. Zu den 24 Hauptangeklagten gehörten Hermann Göring, Rudolf Heß, Joachim von Ribbentrop, Wilhelm Keitel und Karl Dönitz.

    Das Material stammt aus dem Internationalen Gerichtshof in Den Haag. Das Holocaust-Gedenkmuseum der Vereinigten Staaten in Washington hat die Dokumente digitalisiert. Die Universität Stanford hat die Akten per Texterkennung durchsuchbar gemacht und in Typen von Dokumenten wie Anklagepunkte, Schlussplädoyer, Gnadengesuch oder Zeugenlisten eingeteilt.

    Die Akten der Hauptangeklagten stehen online. Hier: Göring, Heß, von Ribbentrop, Keitel (vordere Reihe von links), Dönitz, Raeder, von Schirach und Sauckel (dahinter).

    (Bild: National Archives and Records Administration)
    Über 5000 Akten stehen online

    Rund 20 Jahre hat es gedauert, um 5215 Akten zu digitalisieren. Insgesamt kommen etwa 270.000 einzelne Seiten zusammen, die 50 Terabyte belegen. Etwa zwei Drittel der Akten sind in deutscher Sprache gehalten. Darüber hinaus enthält das Archiv 75 Jahre alte, restaurierte Audioaufnahmen aus Nürnberg.

    Die Sammlung ist unter dem Namen „Taube Archive of the International Military Tribunal (IMT) at Nuremberg (1945-1946)“ einsehbar. Akten wie das Schlussplädoyer von Wilhelm Keitel, Generalfeldmarschall des Oberkommandos der Wehrmacht, lassen sich dort ohne Anmeldung einsehen und im Volltext durchsuchen.

    David Cohen, Professor und Direktor des Lehrstuhls für Menschenrechte und internationale Justiz in Stanford, sagte der Tagesschau, er sei der Meinung, die Dokumente sollen nicht in einem Archiv bleiben: „Wir müssen uns die heutigen technischen Möglichkeiten zunutze machen, um ein viel breiteres und ein globales Publikum zu erreichen.“
    Weitere Veröffentlichungen geplant

    Über die Prozessakten hinaus plant die Forschergruppe, weitere 1000 Stunden Audio- und sechs Stunden Filmmaterial zu ergänzen. Sie enthalten Mitschnitte des Gerichtsverfahrens gegen die 24 Hauptangeklagten. Diese Aufnahmen sollen Mitte 2022 folgen.

    Zum ersten Mal in der Geschichte stand die gesamte Regierung eines Landes unter Anklage und musste sich anhand ihrer eigenen Dokumentation verantworten. Zwischen 1945 und 1949 fanden noch weitere Prozesse vor dem Internationalen Militärgerichtshof statt, zwölf sogenannte Nürnberger Nachfolgeprozesse, unter anderem gegen Ärzte, den Flick-Konzern, die I.G. Farben, Generäle Südosteuropas und das Oberkommando der Wehrmacht. Die Akten der Nachfolgeprozesse sind noch nicht im Archiv enthalten, sollen aber in Zusammenarbeit mit der Universität Erlangen-Nürnberg digitalisiert und ebenfalls online gestellt werden. (akr)

    #fascisme #nazis #justice #histoire #source_digitale

  • Prolongation de l’état d’urgence sanitaire, pass jusqu’à l’été 2022

    « Gabriel Attal s’exprime à l’issue d’un Conseil des ministres lors duquel l’exécutif examine le projet de loi de prolongation de l’état d’urgence sanitaire. Celui-ci comporte notamment un possible recours au pass jusqu’à l’été 2022. (...) »

    Et quand Macron et ses sbires feront les guignols à nez rouge et langue de belle-mère chez Hanouna ou au JT, les simplets et/ou les opportunistes chouineront :

    Ah ben non, c’est pas des fachos, ils font les gugusses

    https://francais.rt.com/france/91584-prolongation-etat-urgence-sanitaire-pass-conference-presse-gabrie

    #politique #santé #France #Macron #fascisme #pass_sanitaire #urgence #rébellion #vangauguin

  • Les nouveaux fascistes ne sont pas moustachus, les yeux exorbités, en panoplie militaire, hurlant et bavant, façon Hitler imitant Chaplin...

    Ils avancent arrogants, souriants et détendus, en costards-cravates derrière un Pinocchio ou un Ronald McDonald, et ça fait rire les oiseaux et les moutons.

    Ils ont pignon sur média, ils se congratulent beaucoup entre eux, et ils veulent très fort que ça se sache, surtout quand l’un d’eux meurt.

    #politique #fascisme #information #propagande #médias #vangauguin

  • « Des sénateurs proposent une amende en cas de non-vaccination contre le Covid-19 » — RT en français

    Et de qui elle est la brillante idée ? De sénateurs socialistes.

    Quand cette racaille, dont fait partie Hidalgo, sera à -5% ds les sondages, ça fonctionnera comment le remboursement de l’arnaque au socialisme ?

    Où est la différence entre ces ordures, Macron, et l’extrême droite ?

    https://francais.rt.com/france/91346-senateurs-socialistes-proposent-amende-cas-non-vaccination-contre

    #politique #santé #discrimination #société #fascisme #socialiste #changement #vangauguin

  • Tout va à vélo... On est bien contrarié ( :-D :-D :-D ) de relayer Rioufol qu’on aurait maudit il y a quelques années en le traitant lui-même de fasciste, mais...

    Contre Zemmour, les méthodes fascistoïdes de la macronie

    "Eric Zemmour les rend fous. Ce week-end, les macronistes réunis à Avignon se sont déchaînés contre le journaliste, qui s’achemine à grands pas vers une candidature à la présidentielle. Christophe Castaner, le patron des députés LREM, n’a pas craint le propos absurde en déclarant en préalable : « L’outrance n’est que l’arme des pleutres », avant de qualifier lui-même Zemmour d’ « ennemi politique que nous devons considérer comme tel, et le combattre sur tous les fronts ». C’est avec la même subtilité que François Patriat, chef des sénateurs macronistes, a présenté le perturbateur en « sympathisant de Vichy ». Mais les propos les plus fascistoïdes ont été tenus, dimanche, (...)"

    https://blogrioufol.com/contre-zemmour-les-methodes-fascistoides-de-la-macronie

    #vangauguin #politique #France #fascisme #macronie #Rioufol #société #changement

  • La peste Zemmour par Michel Soudais | Politis
    http://www.politis.fr/articles/2021/09/la-peste-zemmour-43557

    [...] Certes, sa candidature concurrence Marine Le Pen et a tout d’« une grenade dégoupillée visant à faire exploser la droite », selon le mot de Damien Abad, président du groupe des députés LR. Mais c’est ignorer les effets délétères que cette candidature aura sur le débat présidentiel, où même un Michel Barnier est prêt à coller au discours zemmourien. Par ses écrits et ses propos, l’histrion a déjà bien ouvert la « fenêtre d’Overton » en sortant de la marginalité des discours radicaux sur l’immigration et contribuant à rendre par comparaison celui de Marine Le Pen acceptable, voire raisonnable. Il entend bien pousser plus loin encore cette stratégie : « Si je vais à la présidentielle, c’est pour imposer mes thèmes. La présidentielle se joue autour d’une question et il faut imposer sa question et avoir les réponses », déclare-t-il un jour. « Je suis là pour choquer », ajoute-t-il le lendemain, parfaitement au fait des mauvais réflexes médiatiques et de la recherche permanente du buzz qui vont le propulser au centre du jeu. Et ça fonctionne.

    Prédit-il qu’« en 2050 nous serons un pays à moitié islamique » et « en 2100 une République islamique » ? Léa Salamé interroge Gérald Darmanin sur cette prédiction. Prétend-il que la Seine-Saint-Denis est devenue une « enclave étrangère »« la plupart des cafés sont réservés aux hommes par une loi non écrite » ? LCI met la question en débat avec échange musclé entre son éditorialiste Pascal Perri et Stéphane Troussel, président PS de ce département. Après son invitation chez Ruquier samedi 11 septembre, nouvelle polémique : Zemmour, qui soutient la théorie complotiste du « grand remplacement » de la population européenne par une population immigrée, estime qu’« appeler son enfant Mohamed, c’est coloniser la France ». Une fois de plus les chaînes d’info et les matinales embrayent sur le sujet, tandis que sur CNews, Zemmour rallume le feu du procès Papon, victime à ses yeux d’« une justice politique »… À ce rythme, la campagne va se jouer dans la fange idéologique.

    • Sébastien Fontenelle @vivelefeu

      Sympa, l’accueil, @AUCHAN_France

      https://twitter.com/vivelefeu/status/1438843073295958017

      .

      Variante du « je suis là pour choquer », on utilise une photo (commerciale et ancienne) en une pour distiller un subliminal appel au génocide (et si on flinguait les grands remplaceurs au berceau)

      Commentaires de Noémie Issan, @noemie_issan
      https://twitter.com/noemie_issan/status/1438790333450657794

      La une de Causeur est un véritable dispositif. Les bébés (tous des mâles, et ce n’est pas un hasard) potelés et adorables regardent le spectateur. Leur innocence manifeste de bambins est mise en doute avec le titre « Souriez, vous êtes grands-remplacés »

      Comme si leur cuteness était un leurre qui cachait un projet. C’est dégoutant. Je me suis sentie sale en tombant dessus.

      Je reviens deux secondes sur le fait que les bébés de la photo choisie sont tous des garçons. Le dispositif fait signe vers une des idées force de tout racisme : « Petits, ils sont mignons, c’est quand ca grandit que ca se gâte ».

      Cette une veut convertir notre regard, le pourrir en fait.

      « Ce que vous voyez a l’air choupinou, mais en fait, ce que vous voyez, c’est un dealer, une racaille, un agresseur de rue et un djihadiste, sous entendu ne vous faites pas avoir »

      Pire encore, elle transforme sa perversité en tablant sur le sentiment de victimisation. « Ne vous y trompez guère, la victime, ici, c’est vous ».

      Cette une, c’est la théorie camusienne en image.
      Ps : de Renaud Camus.

      Le lecteur, qui a priori est un adulte plus tout jeune, plutôt blanc et de droite, doit se mettre à trembler du taux de natalité des noirs et des arabes, et voir dans des chiards souriants en culotte courte une menace existentielle.

      Ca pue grave en ce moment, en France.

      Je vais même aller plus loin. Je pense sincèrement que cette une espère une neutralisation du sentiment éthique d’empathie face aux bébés racisés. Ce n’est pas juste « ne vous faites pas avoir », c’est « si vous voulez survivre, faut voir en eux des ennemis ».

      Et du coup, ca vise a transformer le sentiment raciste et la pulsion de destruction, en grandeur héroïque nationaliste type nietzchéen du pauvre : « L’ennemi du peuple, c’est le sentiment humaniste, c’est l’universalisme, c’est le coeur qui sourit devant ces bébés mimis »

      @Poissonhamsa qui a une formation en histoire de l’art, me fait remarquer que les couleurs aussi sont signifiantes. Comme si l’image de propagande était celle qui venait des racisés.

      « On te vend des bébés mignons comme des objets en les déshumanisant(y’a pas d’ombre portée+couleur froide), c’est trop sympa pour être authentique, bref du bébé Cadum à l’envers »

      Comme le dit @ElieBeressi : défaite de la société, victoire de la race.

      Bon, on sait aussi que l’image, c’est pire que le dogwhistle, ca va être nié a grand coups de « nan mais c’est juste une représentation statistique des classes de Mantes la Jolie,

      Vous voyez le mal, si vous voyez un problème, c’est vous le raciste, bref rien qu’on ait pas déjà entendu 1000 fois juste ces dernières semaines dans d’autres contextes ».

      #racisme

    • Poison : Zemmour, ses mots, sa haine ? Lucie Delaporte
      https://www.mediapart.fr/journal/france/180921/zemmour-ses-mots-sa-haine

      Le polémiste d’extrême droite a entamé, ce week-end, à Toulon et à Nice, la tournée promotionnelle de son dernier livre. Une prestation aux accents de pré-campagne présidentielle. Présent depuis plus de dix ans dans le débat public, que dit vraiment Éric Zemmour ?

      Toujours pas officiellement candidat, Éric Zemmour a entamé ce week-end, à Toulon et Nice, un tour de France pour la promotion de son livre, La France n’a pas dit son dernier mot (Rubempré, 2021) en espérant transformer, sous une forêt de caméras et de micros, chacune de ses « rencontres littéraires » en meeting politique.

      Dans cette campagne présidentielle, Éric Zemmour, sans parti et sans programme connu, veut s’imposer par ses mots. Un déluge de mots qu’il impose depuis plus de dix ans à des médias toujours plus friands de ses saillies et de ses « dérapages ». Une logorrhée qu’il promène de plateaux de télé en studios de radio et qu’il étale aussi, en graphomane accompli, dans des pamphlets best-seller, écrits aussi vite qu’il parle : Premier sexe (Denoël, 2006), Mélancolie française (Fayard, 2010), Le Suicide français (Albin Michel, 2014) …

      Un discours qui ressasse sans fin les mêmes obsessions : la haine des immigrés, des femmes, des musulmans, des homosexuels, mais aussi des contre-pouvoirs, médiatiques ou judiciaires, lui qui n’a que mansuétude pour la délinquance en col blanc.

      • Immigration et « grand remplacement »

      Admirateur de Renaud Camus, Éric Zemmour défend depuis des années la thèse du « grand remplacement », popularisé par le théoricien d’extrême droite. Une thèse raciste et complotiste dont s’est notamment réclamé le tueur de Christchurch (Nouvelle-Zélande) qui a abattu cinquante personnes dans une mosquée.

      La vague migratoire qui va submerger la France et la soumettre est la principale obsession du journaliste du Figaro.

      « Nous vivons depuis trente ans une invasion, une colonisation, qui entraîne une conflagration », a-t-il affirmé dans l’émission C à vous en septembre 2016.

      Lors de la Convention de la droite en septembre 2019, il avait tenu un discours explicite sur le « grand mal français ». « Aujourd’hui nous vivons une inversion démographique [entre l’Europe et l’Afrique – ndlr] qui entraîne une inversion des courants migratoires, qui entraîne une inversion de la colonisation. Je vous laisse deviner qui seront leurs indiens et leurs esclaves : c’est vous ! », clamait-il aux côtés de Marion Maréchal.

      « En France, comme dans toute l’Europe, tous nos problèmes sont aggravés par l’immigration : école, logement, chômage, déficits sociaux, dette publique, ordre public, prisons, qualifications professionnelles, urgences aux hôpitaux, drogue. Et tous nos problèmes aggravés par l’immigration sont aggravés par l’islam. C’est la double peine. »

      Décrivant dans son dernier livre, La France n’a pas dit son dernier mot, une Seine-Saint Denis « emblème de ce grand remplacement qui n’existe pas », il campe une ville forcément inquiétante où prolifèrent les « commerces estampillés hallal (…) sans oublier les agences Western union, qui transfèrent le produit des allocations sociales françaises ou des divers trafics vers les familles restées au bled ». Car les immigrés, pour Éric Zemmour, sont au fond soit des profiteurs de la générosité de l’État français, soit des voleurs, soit les deux.

      Le 1er octobre 2020, alors que la discussion s’engage sur le sort de mineurs migrants en France, sur CNews, Zemmour s’emporte : « Il n’y a pas de juste milieu, il faut que ces jeunes, le reste de l’immigration ne viennent plus »… « Tous ? » le relance la journaliste Christine Kelly. « Tous ! Ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c’est tout ce qu’ils sont », rétorque le journaliste. Le parquet de Paris a depuis ouvert une enquête pour « incitation à la haine raciale ».

      S’il devenait président, il assure qu’il rétablirait la loi de 1803 pour interdire les prénoms non français. « Au bout de trois générations, je trouve ça triste qu’un enfant s’appelle Mohammed. »

      • Les musulmans

      L’obsession de Zemmour à l’égard de l’islam et des musulmans, décrits comme « une armée d’occupation », empêche une recension un tant soit peu exhaustive de la haine qu’ils lui inspirent.

      Un musulman français est un musulman qui se détache de sa foi : « Il faut leur donner le choix entre l’islam et la France », affirme-t-il aussi dans C à vous en septembre 2016.

      Car l’islam n’est pas compatible avec la République, Éric Zemmour ne cesse de le répéter.

      « En Islam il n’y a pas de musulmans modérés, ça n’existe pas », poursuit-t-il face à Anne-Sophie Lapix. « Le djihad fait partie de l’islam… les soldats du djihad sont considérés par tous les musulmans, qu’ils le disent ou qu’ils ne le disent pas, comme de bons musulmans. »

      « La France c’est liberté, égalité, fraternité… L’islam c’est soumission, inégalité et fraternité dans la Oumma [la communauté des croyants – ndlr] », ajoute-t-il dans la même émission.

      Dans La France n’a pas dit son dernier mot, il revient sur ce thème qui lui est cher : « L’inconscient collectif de ces populations musulmane est de coloniser l’ancien colonisateur. »

      Car quel est le danger qui menace la France ? « L’universalisme islamique qui tire profit très habilement de notre religion des droits de l’homme pour protéger son action de colonisation et d’occupation de portions du territoire français », détaille-t-il aussi ce jour-là dans un discours retransmis en direct et sans aucun filtre sur LCI. « Dans les années 30, les auteurs les plus lucides qui dénonçaient le danger allemand, comparaient le nazisme à l’islam (…) et disaient “le nazisme est un peu raide, un peu intolérant, mais de là à le comparer à l’islam” . »

      « Il y a une continuité entre les viols, vols, trafic jusqu’aux attentats de 2015, ce sont les mêmes qui les commettent (…) C’est le djihad partout », s’enflammait-il encore. « Ils se comportent en colonisateurs. Les caïds et leurs bandes s’allient à l’imam pour faire régner l’ordre dans la rue et dans les consciences selon la vieille alliance du sabre et du goupillon, en l’occurrence, la kalash et la djellaba […]. Dans la rue, les femmes voilées et les hommes en djellaba sont une propagande par le fait, une islamisation de la rue, comme les uniformes d’une armée d’occupation rappellent aux vaincus leur soumission. »

      • « Remigration » ou déportation

      Que faire des cinq millions de musulmans qui vivent sur le sol français, demande, le 30 octobre 2014, un journaliste italien du Corriere della Sera comprenant qu’Éric Zemmour n’en veut plus dans son pays ? « Les déporter ? », demande-t-il. « Je sais, c’est irréaliste mais l’Histoire est surprenante. Qui aurait dit en 1940 que un million de pieds-noirs, vingt ans plus tard, seraient partis d’Algérie pour revenir en France ? Ou bien qu’après la guerre, 5 ou 6 millions d’Allemands auraient abandonné l’Europe centrale et orientale où ils vivaient depuis des siècles ? ». Le journaliste insiste sur le caractère tragique de ces déplacements forcés et Zemmour enfonce le clou : « Je pense que nous nous dirigeons vers le chaos. Cette situation d’un peuple dans le peuple, des musulmans dans le peuple français, nous conduira au chaos et à la guerre civile. » Une déportation pour éviter la guerre civile donc…

      Car Éric Zemmour est favorable à la « remigration », il l’a dit et redit comme en janvier dernier sur le plateau de CNews. « Vouloir la remigration, ce n’est pas être raciste. C’est considérer qu’il y a trop d’immigrés en France, ça pose un vrai problème d’équilibre de démographie et identitaire (…) la France est en danger. »

      Car la France est bel et bien au bord de la guerre civile ; Zemmour ne cesse de l’écrire et de le dire. S’il faut prendre les armes contre l’ennemi de l’intérieur, Zemmour n’hésitera pas, clame-t-il. « Quand le général Bugeaud arrive en Algérie, il commence à massacrer les musulmans, et même certains juifs. Eh bien moi, je suis du côté du général Bugeaud. C’est ça être Français », déclare-t-il sur CNews le 23 octobre 2019.

      • Les « Noirs et les Arabes »

      Dans la rhétorique d’Éric Zemmour, aux côtés des musulmans, et même si ce sont parfois les mêmes, un groupe se distingue pour menacer la patrie dans ses fondements : « Les Noirs et les Arabes ». Ils sont, pour résumer, violents, voleurs, volontiers polygames et font « d’innombrables » enfants pour toucher les allocations.

      Ce groupe inquiétant est décrit dans la plupart de ses livres. Dans La France n’a pas dit son dernier mot, Zemmour insiste sur la menace sexuelle qu’ils représentent, déjà décrite dans son livre Premier sexe, pétri d’un imaginaire raciste et colonial. « Les seules jeunes hommes autorisés par les ligues de vertus féministes à s’approprier et conserver les codes honnis de la psyché virile d’antan (sont) les jeunes noirs et Arabes » (…) À l’époque les féministes n’avaient pas encore montré leur dilection pour ces jeunes hommes, même lorsqu’ils faisaient une chasse ouverte à la femme blanche, comme à Cologne en 2015 (…) Les jeunes « blancs » étaient écrasés par la culpabilité du colonisateur esclavagiste , tandis que le jeune noir ou arabe s’égayait dans la pampa des femmes blanches. »

      « Pourquoi on est contrôlé dix-sept fois ? Parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c’est comme ça c’est un fait », assène-t-il en 2011 sur le plateau de Salut les terriens, sur Canal+. Une sortie qui lui vaudra une condamnation pour provocation à la discrimination raciale.

      Zemmour ne peut évidemment se reconnaître dans une équipe de France de football où jouent tant de joueurs noirs. « Imaginez une équipe du Sénégal composée de joueurs blancs ou jaunes », raille-t-il dans son dernier livre.

      Car Zemmour croit en la race. Dans l’émission Paris/Berlin, destins croisés diffusée sur Arte, il interrompt la journaliste Rokhaya Diallo d’un : « J’appartiens à la race blanche, vous appartenez à la race noire, évidemment. »

      • Les Noirs « visibles »

      Un groupe exaspère particulièrement le polémiste : les Noirs qui ont acquis du pouvoir, une notoriété, voire une simple visibilité dans l’espace médiatique. Pour éviter la fréquentation des tribunaux, l’essayiste sait parfaitement distiller son racisme dans des portraits acerbes dont son dernier livre fourmille.

      Dans La France n’a pas dit son dernier mot, Éric Zemmour prend soin de faire quatre courts portraits de personnalités noires dont la réussite professionnelle lui reste manifestement en travers de la gorge. L’acteur Omar Sy est décrit ainsi avec perfidie : « Son corps musclé et félin, son sourire béat, son regard vide, son goût pour la tchatche acquis au cours de sa jeunesse à Trappes, son anti-racisme arrogant, son militantisme confessionnel, son exil à Los Angeles avec les trois premiers sous gagnés grâce au cinéma français tout en faisait l’incarnation de “l’homme nouveau” que le film [Intouchables – ndlr] glorifiait. »

      Il revient aussi longuement sur l’altercation avec l’animatrice Hapsatou Sy de 2018. « Votre mère a eu tort [de vous appeler Hapsatou – ndlr] Corinne, ça vous irait très bien », lui avait-il lancé, provoquant un tollé. Il rappelle qu’il ne savait pas du tout qui était cette femme sur le plateau puisqu’ « elle représentait le quota diversité imposé »… Et que s’il a pensé au prénom « Corinne » ce soir-là, c’est que c’est « le prénom des coiffeuses ou des secrétaires », note-t-il, fielleux.

      L’actrice Aïssa Maïga incarne, à elle seule, le désastre du grand renversement des valeurs lors de la cérémonie des Césars. Il la dépeint en une scène unique qui marque sa sidération. L’actrice sous les projecteurs dénonce le peu de diversité dans la salle de la « grande famille du cinéma français ». Elle demande qu’on lui apporte de l’eau. « Un homme blanc la sert » et « sans un regard pour son serviteur »… l’actrice ose boire. Il n’y a rien d’autre à dire que cela. Ce chamboule-tout d’une femme noire servie par un homme blanc anonyme a achevé le polémiste.

      L’ancienne porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, en prend elle aussi pour grade. « Sibeth. Contrairement aux apparences, ce n’est pas un jugement mais un prénom », ricane-t-il en reprenant le mauvais mot du chroniqueur Éric Naulleau. Sibeth Ndiaye est, sous la plume d’Éric Zemmour, une bien mauvaise Française, elle qui assiste « en pyjama aux cérémonies du 14-Juillet ».

      • La liberté d’expression

      On ne peut plus rien dire. Zemmour le dit et le redit d’ailleurs depuis dix ans sur toutes les télés et toutes les radios de France. Pour le récompenser de son virulent discours à la Convention de la droite, Vincent Bolloré lui a même offert une tribune quotidienne d’une heure sur CNews, mais qu’importe : Zemmour décrit la France d’aujourd’hui comme un pays où règne une étouffante censure, celles des antiracistes et de leurs lois liberticides.

      Dès Le Suicide français, il pointe la loi Pleven de 1972 créant un délit de diffamation et d’injure à caractère raciste comme le début de la fin . « On se félicita alors de cette législation antiraciste. Personne ne remarqua le glissement opéré par la loi qui n’interdisait pas seulement toute discrimination en raison de l’ethnie, de la race, de la religion, mais y joignait aussi l’appartenance ou la non-appartenance à une nation. Personne ne l’avait remarqué car personne ne l’avait réclamé. Dans l’ombre, des lobbies avaient bien œuvré », explique-t-il.

      La haine de l’étranger, son rejet, n’est plus dicible, se désole-t-il. « Avec la référence à la nation, on passe du racisme à une notion différente, la xénophobie. Poussé à l’extrême par le législateur, le refus de la xénophobie a des conséquences pernicieuses. Désormais, un propriétaire qui ne veut louer qu’à un Français sera puni ; de même qu’un employeur qui préférera embaucher un compatriote, alors que l’État exclut les étrangers du recrutement de certains de ses fonctionnaires. Ce principe de non-discrimination entre Français et étranger interdit toute préférence nationale ; ruine toute séparation entre l’extérieur et l’intérieur ; sape les fondements de la notion de frontière entre le dedans et le dehors ; assimile le patriotisme au racisme ; interdit à un Français de préférer un compatriote à un étranger. La loi Pleven est potentiellement, sans que personne en ait pris conscience à l’époque, la dissolution programmée de la nation française dans un magma planétaire », s’emporte-t-il.

      Zemmour est pour le droit de discriminer. Sur un plateau de France O, le 6 mars 2010, face à un journaliste qui rapporte les discriminations raciales opérées par certains employeurs à Éric Zemmour réplique : « Mais ils ont le droit ! (…) C’est la vie la discrimination. »

      • Les droits de l’homme (comme on dit, ndc)

      Les droits de l’homme sont un danger mal connu pour la France, Éric Zemmour tient à le rappeler aussi souvent qu’il le peut. Dans Destin français, il écrit : « Ignorant les leçons du passé et oubliant les vertus de son histoire, la France saborde son État au nom des droits de l’homme et l’unité de son peuple au nom de l’universalisme. »

      • Les femmes

      La haine d’Éric Zemmour à l’égard des femmes n’a sans doute d’égal que celle que lui inspirent les musulmans. Lors de la Convention de la droite, il avait expliqué que le féminisme était « non pas un mouvement de libération des femmes » mais « une guerre d’extermination de l’homme blanc hétérosexuel ».

      Dans Le Premier sexe, essai intégralement consacré à ce sujet, il s’inquiète d’une féminisation de la société qui risque de faire sortir le pays de l’Histoire. « Les femmes conduisent quand la vitesse est limitée ; elles fument quand le tabac tue ; elles obtiennent la parité quand la politique ne sert plus à grand-chose ; elles votent à gauche quand la Révolution est finie. [...] Elles ne détruisent pas, elles protègent. Elles ne créent pas, elles entretiennent. Elles n’inventent pas, elles conservent. [...] En se féminisant, les hommes se stérilisent, ils s’interdisent toute audace, toute innovation, toute transgression. »

      Dans Le Suicide français (Albin Michel, 2014), il estime que « le besoin des hommes » est « de dominer pour se rassurer sexuellement » et celui des femmes est « d’admirer pour se donner sans honte », de « réclamer la protection de son mari ».

      Zemmour, qui a détesté le mouvement #Metoo, regrette que l’espace public se remplisse « d’affaires de mœurs » ayant si peu d’intérêt. Dans son dernier livre, Éric Zemmour prend d’ailleurs la défense de Tariq Ramadan, ennemi politique s’il en est, soupçonné de viols et dont Mediapart a révélé qu’il était accusé par de nombreuses femmes d’agressions sexuelles ou sexistes. « Je ne sais rien de cette histoire, mais je demeure convaincu qu’il est tombé dans un piège », écrit dans La France n’a pas dit son dernier mot. Il a aussi ardemment défendu Dominique Strauss-Kahn, accusé de viol par Nafissatou Diallo. « Une ridicule affaire », tranche-t-il. « DSK, menottes derrière le dos entre deux cops new-yorkais, marchant tête baissée, c’est un renversement de mille ans de culture royale et patriarcale française. C’est une castration de tous les hommes français », avance-t-il encore dans son dernier opus.

      « Le poil est une trace, un marqueur, un symbole. De notre passé d’homme des cavernes, de notre bestialité, de notre virilité. De la différence des sexes. Il nous rappelle que la virilité va de pair avec la violence, que l’homme est un prédateur sexuel, un conquérant », écrivait-t-il déjà en 2006 dans le Premier sexe.

      Décrivant un film des année 1970, il regrette cette époque où les femmes n’étaient pas accusatrices. « Quand le jeune chauffeur de bus glisse une main concupiscente sur un charmant fessier féminin, la jeune femme ne porte pas plainte pour harcèlement sexuel. La confiance règne. »

      • Homophobie

      L’homophobie est aussi partout dans les discours d’Éric Zemmour, qui n’hésite pas à décrire l’homosexualité comme une « mode ». Dans Premier sexe, il se désole d’émissions mettant en scène « un modèle queer ». « Les pygmalions sont homosexuels ; ils sont chargés d’enseigner à un pauvre « hétéro de base », fou de foot et de voitures (bien sûr), goujat qui ne fait jamais la vaisselle et ne connaît pas l’adresse du fleuriste le plus proche, l’art de séduire, reconquérir, conserver la femme de sa vie. Ils lui apprennent à s’habiller, et non simplement à se vêtir, à se faire coiffer, et non seulement se faire couper les cheveux. À décorer sa maison avec art, et non seulement la meubler. Surtout ils lui font la morale, lui montrent comment se comporter avec une femme, avec délicatesse et raffinement. Dans les comédies “homosexuelles” lourdingues, c’était la “tante” qui imitait le camionneur. Désormais, c’est le camionneur qui prend des leçons auprès de la tante. Des homosexuels qui apprennent à un homme à aimer une femme ! Et les femmes sont ravies. Elles plébiscitent les hommes reconfigurés par la plastique, l’esthétique, le raffinement homosexuels. »

      Dans le même livre, il poursuit : « Pour traduire la nouvelle société, où les homosexuels non seulement ne sont plus discriminés, mais au contraire incarnent l’humanité future, un nouveau mot s’imposait : ce sera gay. » Il s’offusque de cette inversion des valeurs : « L’inverti honni d’hier est devenu le gay admiré d’aujourd’hui, celui qui légitime le désir du pauvre « hétérosexuel » – « hétéro de base », minable beauf – pour la femme ».

      Le 15 octobre 2019 dans son émission Face à l’info sur CNews, il déclenchait un nouveau tollé en expliquant que si les homosexuels voulaient des enfants, ils avaient le choix de « coucher avec l’autre sexe ». « Soit on couche avec l’autre sexe et on fait des enfants, soit on ne couche pas avec l’autre sexe et on n’a pas d’enfants. »

      • Les affaires et la justice

      Éric Zemmour déteste notre époque qui aurait cédé à « la dictature de la transparence », qu’il qualifie aussi dès l’introduction de son dernier livre comme une « mediapartisation des esprits ». Une époque qui ne tolèrerait plus – la chose reste à démontrer - la corruption et la délinquance en col blanc. « Nous vivons une révolution judiciaire inouïe qui sape les fondements de nos régimes démocratiques », écrit-il dans La France n’a pas dit son dernier mot. Fondements démocratiques qui résident, comme chacun sait ou devrait savoir, sur une corruption bien comprise des dirigeants.

      Les « affaires » de François Fillon sont regardée par Zemmour avec une immense mansuétude. « Ses petites combines, ses petits cadeaux pour arrondir ses fins de mois… », écrit-il à son sujet tout en dénonçant un « putsch médiatico-judiciaire » l’ayant empêcher de devenir président de la République.

      La justice de toute façon n’est plus non plus ce qu’elle était. Dans le dernier livre page 125, il se désole d’avoir à être jugé, suprême affront, par des femmes, qui plus est, mal habillées, mal maquillées. « Le président du tribunal est une femme ; le procureur également. La plupart des avocats de mes accusateurs aussi. Sous leur robe noire en guise d’uniforme prestigieux d’une autre époque, elles portent des vêtements de pauvre qualité à l’étoffe fatiguée, sont coiffées à la hâte, maquillées sans soin, tout dans leur silhouette, dans leurs attitudes, leur absence d’élégance, dégage un je-ne-sais-quoi de négligé, de laisser-aller, de manque de goût. On voit au premier coup d’œil que ces métiers – effet ou cause de la féminisation – ont dégringolé les barreaux de l’échelle sociale. Il flotte une complicité entre elles, proximité de sexe et de classe. »

  • Le travail de recherche de #Emilio_Distretti sur l’#Italie_coloniale

    Je découvre grâce à @cede le travail de recherche de #Emilio_Distretti, post-doc à l’Université de Bâle, sur le #colonialisme_italien et les #traces dans l’#architecture et l’espace.

    Sa page web :
    https://criticalurbanisms.philhist.unibas.ch/people/emilio-distretti

    Je mets dans ci-dessous des références à des travaux auxquels il a participé, et j’ajoute ce fil de discussion à la métaliste sur le colonialisme italien :
    https://seenthis.net/messages/871953

    #colonisation #colonialisme #Italie #histoire #géographie_urbaine #urban_matter

  • Der Klassencharakter des Faschismus
    https://www.marxists.org/deutsch/referenz/dimitroff/1935/bericht/ch1.htm#s1
    Georgi Dimitroff, Ausgewählte Schriften, Bd.2, Berlin 1958

    Der Faschismus an der Macht, Genossen, ist, wie ihn das 13. Plenum des EKKI richtig charakterisiert hat, die offene, terroristische Diktatur der reaktionärsten, chauvinistischsten, am meisten imperialistischen Elemente des Finanzkapitals.

    Die reaktionärste Spielart des Faschismus ist der Faschismus deutschen Schlages. Er hat die Dreistigkeit, sich Nationalsozialismus zu nennen, obwohl er nichts mit Sozialismus gemein hat. Der Hitlerfaschismus ist nicht bloß bürgerlicher Nationalismus, er ist ein tierischer Chauvinismus. Das ist ein Regierungssystem des politischen Banditentums, ein System der Provokationen und Folterungen gegenüber der Arbeiterklasse und den revolutionären Elementen der Bauernschaft, des Kleinbürgertums und der Intelligenz. Das ist mittelalterliche Barbarei und Grausamkeit, zügellose Aggressivität gegenüber den anderen Völkern und Ländern.

    #histoire #mouvement_ouvrier #fascisme #nazis #politique #communisme

  • Georgi Dimitroff - Die Offensive des Faschismus und die Aufgaben der Kommunistischen Internationale
    im Kampf für die Einheit der Arbeiterklasse gegen den Faschismus
    https://www.marxists.org/deutsch/referenz/dimitroff/1935/bericht

    Bericht auf dem VII. Weltkongreß der Kommunistischen Internationale (2. August 1935), Georgi Dimitroff, Ausgewählte Schriften, Bd.2, Berlin 1958, S.523ff.

    Inhaltsverzeichnis

    ...
    I. Der Faschismus und die Arbeiterklasse
    Der Klassencharakter des Faschismus
    Was bringt der siegreiche Faschismus den Massen
    Ist der Sieg des Faschismus unvermeidlich?
    Der Faschismus – eine grausame, aber keine feste Macht

    II. Die Einheitsfront der Arbeiterklasse gegen den Faschismus
    Die Bedeutung der Einheitsfront
    Die Hauptargumente der Gegner der Einheitsfront
    Inhalt und Formen der Einheitsfront
    Über die antifaschistische Volksfront

    Zentrale Fragen der Einheitsfront in den einzelnen Ländern
    a) Die Vereinigten Staaten von Amerika
    b) England

    Frankreich
    Vor welchen Aufgaben steht die Arbeiterklasse Frankreichs?
    Die Einheitsfront und die faschistischen Massenorganisationen

    Die Einheitsfront in den Ländern, wo sich die Sozialdemokratie in der Regierung befindet

    Der Kampf für die Gewerkschaftseinheit
    Die Einheitsfront und die Jugend
    Die Einheitsfront und die Frauen
    Die antiimperialistische Einheitsfront
    Über die Regierung der Einheitsfront
    Über den ideologischen Kampf gegen den Faschismus

    III. Die Festigung der kommunistischen Parteien und der Kampf für die politische Einheit des Proletariats
    Festigung der kommunistischen Parteien
    Die politische Einheit der Arbeiterklasse

    Schlußfolgerungen

    #histoire #mouvement_ouvrier #fascisme #nazis #politique #communisme

  • Marseille : La solution finale ? - Annie Lacroix-Riz
    http://www.librairie-tropiques.fr/2021/09/marseille-la-solution-finale.html

    M. Valls veut nous rappeler le bon temps de l’évacuation franco-allemande du Vieux-Port de janvier 1943, prétendument organisée contre les « terroristes » ou Résistance judéo-bolchevique.


    #Marseille #Valls #politique #fascisme

  • Ambedkar’s Warnings About Three Types of Dictatorships
    https://m.thewire.in/article/politics/ambedkar-three-types-dictatorship

    Le gouvernement Modi est en train de transformer l’Inde dans une dictature imitant le nazisme allemand. Cet article décrite comment la constitution indienne a contribué à ralentir ce projet.

    Note: This article was originally published on February 29, 2020 and is being republished on December 6, 2020, Ambedkar’s death anniversary.

    While drafting India’s Constitution, Dr B.R. Ambedkar saw three types of threats to the democratic and egalitarian ethos that he wanted to infuse the nation with. Therefore, for him, the Constitution was not only a means to provide rights to the citizens, but was also meant to be a barrier to keep these threats from establishing any form of dictatorship.

    When Ambedkar entered politics after he returned from his higher education in the US and UK, communist movements were sweeping the world. Communist parties of all countries believed that once the revolution succeeds, they could establish a proletariat dictatorship .

    Since the proletariat refers to the working class, the poor and oppressed classes (castes in India) were mostly with the communist parties. Having come from an exploited caste – one treated as ‘untouchable’ – Ambedkar naturally should have been a communist. But because of their declared theory of proletariat dictatorship, he opposed communism in India

    Where did his opposition come from? He was by then a serious student of varna dharma, an India-specific, a violently exploitative system built on caste. He seems to have realised that the Indian working masses had been under the control of varna dharma for a long time. The varna dharma is all-pervasive in spiritual, social and political structures.

    A significant speculative judgement he made was that since the Communist Party of India was also under the control of Brahmin leadership (P.C.Joshi, Dange and Randive were the main leaders at that time) they will be real dictators in the name of the proletariat. He seems to have understood that if communism succeeded, the exploited and oppressed castes would continue to be under Brahminic dictatorship.

    Varna dharma as an exploitative ideological system was well established by Ambedkar’s time and all political formations were under the control of Brahmin intellectual forces, though all were not casteist. They were English educated intellectuals and leaders and did not fully grasp the seriousness of caste oppression. There was no intellectual force among the Shudra/Dalit/Adivasi masses then.

    In modern times, any dictatorial system is operationalised by the educated elite. Naturally in India, Ambedkar saw that it would be mainly, even solely, Brahminic intellectuals who refuse to recognise caste-untouchability as a system of exploitation and oppression, who operationalise dictatorship. Thus, he felt, the so-called proletariat dictatorship of the communists would have also been a casteist dictatorship in a different form.

    Those were the times in which Ambedkar got an opportunity to draft his anti-communist and anti-varna dharma Indian constitution that focused on welfare and social change. This was an accidental opportunity that he got at a critical time. Today, the oppressed Indian masses believe that his birth in that family and caste is because of divine providence, as he gave them what was unthinkable: the right to vote in a democracy.

    The second type of dictatorship

    What was the second type of dictatorship Ambedkar encountered through his life experience and study? This is an Indian variant called varna dharma dictatorship . A lot of study and scrutiny has been done on proletariat dictatorship, but varna dharma dictatorship has not been. In fact, this variant is the longest surviving form of dictatorship within India and has been in force for millennia.

    He foresaw the danger of varna dharma dictatorship and avoided joining the Hindu Mahasabha or another political formation – the Indian National Congress – in his early years of political thought. Through the drafting of the Constitution and his politics, Ambedkar played a role in undercutting the possibility of varna dharma dictatorship getting established immediately after the British left.

    For many years, political forces ignored him but are now realising the seriousness of this possibility when the RSS/BJP – essentially a social and political network of dwijas (Brahmin, Bania and Ksatriyas) – came to power, first in 1999, and again since. When in power, this network has been trying to push India’s constitutional democracy into a crisis, particularly so after the victory in 2019.

    The RSS/BJP wants to establish its dictatorship through democratic means, like Adolf Hitler in Germany. Mohan Bhagwat himself said that their notion of ‘nationalism’ may be linked with Nazism. They too understood that there is global discussion that India’s future under their rule could have parallels with Hitler’s Germany.

    The credit for not varna dharma believers not gaining power in Delhi immediately after independence must go not only to Ambedkar but to Jawaharlal Nehru as well. Mahatma Gandhi gave enough scope for the establishment of varna dharma dictatorship, and knowingly or unknowingly Sardar Vallabhbhai Patel was willing to allow that. The only Brahmin who was not willing to allow the establishment of varna dharma was Nehru, who had a deeper understanding of that system. Ambedkar not only had an understanding, but also historical experience of its oppression and exploitation.

    What is the nature and character of varna dharna dictatorship? It works at various layers, but is more dangerous than any other from of dictatorship. All ideological and political decisions in this form of dictatorship are taken at the top by a small group of people, who are defined as perpetually on the top by very birth. According to Bhanwar Meghwanshi, who just released his autobiographic narration entitled I Could Not Be Hindu: The Story of a Dalit in the RSS, the RSS policymaking body called Akhila Bharatiya Pratinidhi Sabha (ABPS) consists of 36 people. Twenty-six of these are Brahmins, 5 are Vaishyas, three Kshatriyas and two Shudras and nobody from the Scheduled Castes. The non-elected head of the organisation is the sarsanghchalak, generally a Brahmin. When the BJP is in power at Delhi, the actual power is controlled by the ABPS of RSS.

    Three small communities, called the dwijas, have all spiritual, state and financial powers. The entire Shudra masses have to serve their interests and the other layers of society have to obey them. Otherwise, spiritual, financial and state power would be used to attack them.

    These three communities, whom we may call dwija bhadralok, controlled everything, without dirtying their own hands. When Muslim rule was established in India and later the British raj, the dwijas lost only state power. Spiritual, social and financial power remained with them, during these reigns.

    By establishing the Hindu Mahasabha and the Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS) in early 20th century, the dwija bhadralok wanted to establish a varna dharma dictatorship in a very subtle and modern way, once the British left.

    In Ambedkar’s eyes, the Constitution would be a means to counter this ideology.

    The third kind

    The third dictatorship Ambedkar foresaw was of the Islamic Caliphate kind. Ambedkar realised that after Partition, there was no scope of Indian Muslims coming to power and establishing a caliphate type of dictatorship. However, he studied this system very closely while writing a book on Pakistan. He, perhaps, foresaw that the kind of democracy he wanted to establish in India would not be sustainable in Islamic countries, particularly in Pakistan. This too proved correct by the end of 20th century.

    It would not be correct to attribute Amebdkar’s knowledge, courage and confidence to tackle these forms of dictatorship solely to his US and British education. He made a special effort to learn, study, think, write and fight to counter these forces in India. Without the brilliant, bold and skillful Ambedkar, even Nehru would not have been able stop the varna dharma dictatorship and perhaps would even have been part of it if it had been established. His birth in that system would have allowed him to do that.

    When Ambedkar became the chairman of the drafting committee of the Indian constitution, he proceeded with maximum care and caution. It survived for 70 years and improved the life of all sections of India, even the dwijas. Indian democracy survived in a region that had the proletarian dictatorship in China, Islamic dictatorship in Pakistan and Hindu varna dharmic dictatorship in Nepal. Now it appears that India too is at risk.

    If this is not understood and the Constitution is not protected by people who fall outisde the RSS/BJP’s varna dharma ideology, its dictatorship will be reestablished and the nation will sink into medievalism. Once that happens, along with Muslims and Christians, the Shudras, Dalits and Adivasis – who have been historical victims of this ideology – will also suffer.

    Kancha Ilaiah Shepherd is a political theorist, social activist and author.

    #Inde #fascisme #Ambedkar

  • Hanns Heinz Ewers - Mein Begräbnis und andere seltsame Geschichten
    https://www.projekt-gutenberg.org/ewers/begraebn/chap003.html

    1905 - Die Tomatensauce

    Das erste Mal: vor fünf Wochen bei der Corrida, als der schwarze Stier von Miura den kleinen Quinito durch den Arm stieß – –

    Und wieder am nächsten Sonntage und am folgenden – – bei jedem Stierkampfe traf ich ihn. Ich saß vorne, unten In der ersten Reihe, um Aufnahmen zu machen; sein Abonnementsplatz war neben dem meinen. Ein kleiner Mann, in rundem Hütchen und schwarzem englischen Pfaffenrock. Blaß, bartlos, eine goldene Brille auf der Nase. Und noch etwas ihm fehlten die Augenwimpern.

    Gleich wurde ich aufmerksam auf ihn. Als der erste Stier den braunen Klepper auf die Hörner nahm und der lange Picador schwerfällig herabfiel. Als die Schindmähre mühsam vom Boden aufsprang, davontrabte mit aufgerissenem Leibe, hineintrat, mit den Beinen sich verwickelte in die eigenen blutigen Eingeweide, die lang herunterhingen und über den Sand schleiften. Da hörte ich neben mir einen leichten Seufzer – so einen Seufzer – – der Befriedigung.

    Wir saßen den Nachmittag zusammen, sprachen aber kein Wort. Das hübsche Spiel der Banderilleros interessierte ihn wenig. Aber wenn der Espada seine Klinge dem Stier in den Nacken stieß, daß der Griff wie ein Kreuz sich über den mächtigen Hörnern erhob, dann griff er mit den Händen nach der Rampe, bog sich weit hinüber. Und die Garocha – das war ihm die Hauptsache. Wenn das Blut in armdickem Strahle aus der Brust des Gaules herausspritzte, oder wenn ein Chulo dem tödlich verwundeten Tiere mit dem kurzen Dolche den Gnadenstoß in das Hirn gab, wenn der rasende Stier die Pferdekadaver in der Arena zerfetzte, mit den Hörnern in den Leibern herumwühlte – – – dann rieb sich dieser Mann leise die Hände.

    Einmal fragte ich ihn:

    »Sie sind ein warmer Anhänger des Stierkampfes – – ein Afficonada?«

    Er nickte, aber sprach kein Wort; er wollte im Schauen nicht gestört sein.

    – – – Granada ist nicht so groß, so erfuhr ich bald seinen Namen. Er war der Geistliche der kleinen englischen Kolonie; seine Landsleute nannten ihn stets den »Popen«. Man nahm ihn augenblicklich nicht für voll, niemand verkehrte mit ihm.

    An einem Mittwoch besuchte ich den Hahnenkampf. Ein kleines Amphitheater, kreisrund, mit aufsteigenden Bänken. In der Mitte die Arena, gerade unter dem Oberlicht. Pöbelgeruch. Kreischen und Speien – – – es gehört ein Entschluß dazu, da hineinzugehen. Zwei Hähne werden hineingebracht, sie sehen aus wie Hühner, da man Kamm und Schwanzfedern ihnen abgeschnitten. Sie werden gewogen, dann aus den Käfigen genommen. Und sie fahren aufeinander los, ohne Besinnen. Die Federn stäuben umher: immer wieder fliegen die beiden Tiere aufeinander, zerfleischen sich mit den Schnäbeln und Sporen – – ohne einen Laut. Nur das Menschenvieh ringsumher johlt und schreit, wettet und lärmt. Ah, der Gelbe hat dem Weißen ein Auge ausgehackt, pickt es vom Boden auf und frißt es! Die Köpfe und Hälse der Tiere, längst zerpflückt, wiegen sich wie rote Schlangen auf den Leibern. Keinen Augenblick lassen sie voneinander, purpurn färben sich die Federn; kaum erkennt man die Formen mehr, wie zwei blutige Klumpen zerhacken sich die Vögel. Der Gelbe hat beide Augen verloren, er hackt blind in der Luft herum und in jeder Sekunde fährt der Schnabel des andern scharf auf seinen Kopf. Endlich sinkt er um; ohne Widerstand, ohne einen Schmerzensschrei erlaubt er dem Feinde, sein Werk zu vollenden. Das geht nicht so rasch; fünf, sechs Minuten noch gebraucht der Weiße dazu, selbst von hundert Sporenhieben und Bissen zu Tode ermattet.

    Da sitzen sie herum, meinesgleichen, lachen über die ohnmächtigen Schnabelhiebe des Siegers, rufen ihm zu und zählen jeden neuen Biß – – der Wetten wegen.

    Endlich! Dreißig Minuten, die vorgeschriebene Zeit, sind vorbei, der Kampf zu Ende. Ein Kerl erhebt sich, der Besitzer des siegenden Hahnes, hohnlachend schlägt er mit seinem Knüppel das Tier des Gegners tot: das ist sein Vorrecht. Und man nimmt die Tiere, wäscht sie an der Pumpe und zählt die Wunden – – der Wetten wegen.

    Da legt sich eine Hand auf meine Schulter.

    »Wie geht’s!« fragt der Pope. Seine wimperlosen Wasseraugen lächeln zufrieden hinter den breiten Gläsern.

    »Nicht wahr, das gefällt Ihnen?« fährt er fort.

    Ich wußte im Augenblick nicht, meinte er das im Ernst? Seine Frage schien mir so maßlos beleidigend, daß ich ihn anstarrte, ohne eine Antwort zu geben.

    Aber er mißverstand mein Schweigen, nahm es für Zustimmung; so überzeugt war er.

    »Ja,« sagte er ruhig und ganz langsam, » es ist ein Genuß.«

    Wir wurden auseinander gedrängt, man brachte neue Hähne in die Arena.

    – – An dem Abende war ich beim englischen Konsul zum Tee geladen. Ich war pünktlich, der erste der Gäste.

    Ich begrüßte ihn und seine alte Mutter, da rief er:

    »Ich bin froh, daß Sie so früh kommen, ich möchte ein paar Worte mit Ihnen sprechen.«

    »Ich stehe ganz zur Verfügung,« lachte ich.

    Der Konsul zog mir einen Schaukelstuhl heran, dann sagte er merkwürdig ernst:

    »Ich bin weit davon entfernt, Ihnen Vorschriften zu machen, lieber Herr! Aber wenn Sie die Absicht haben sollten, länger hier zu bleiben und in der Gesellschaft, nicht nur in der englischen Kolonie zu verkehren, so möchte ich Ihnen einen freundschaftlichen Rat geben.«

    Ich war gespannt, wo er hinaus wollte.

    »Und der wäre!« fragte ich.

    »Sie sind öfters mit unserem Geistlichen gesehen worden – –« fuhr er fort.

    »Verzeihung!« unterbrach ich ihn. »Ich kenne ihn sehr wenig. Heute nachmittag hat er zum erstenmal einige Worte mit mir gewechselt.«

    »Um so besser!« erwiderte der Konsul. »Ich möchte Ihnen also raten, diesen Verkehr, wenigstens öffentlich, so viel wie möglich zu meiden.«

    »Ich danke Ihnen, Herr Konsul,« sagte ich, »Ist es indiskret, nach den Gründen zu fragen!«

    »Ich bin Ihnen wohl eine Erklärung schuldig,« antwortete er, »obwohl ich nicht weiß, ob sie Sie befriedigen wirb. Der Pope – Sie wissen, daß man ihm diesen Spitznamen gab!«

    Ich nickte.

    »Nun gut,« fuhr er fort, »der Pope ist einmal in der Gesellschaft verfemt. Er besucht regelmäßig die Stierkämpfe, – – das ginge noch – – verabsäumt nicht einen einzigen Hahnenkampf, kurz, er hat Passionen, die ihn in der Tat unter Europäern unmöglich machen.«

    »Aber, Herr Konsul,« rief ich, »wenn man ihn deshalb so sehr verurteilt, aus welchem Grunde läßt man ihn dann in seinem, doch gewiß ehrenvollen Amte!«

    »Immerhin – es ist ein Reverend,« sagte die alte Dame. »Und dazu kommt,« bestätigte der Konsul, »daß er niemals seit den zwanzig Jahren, die er hier am Orte ist, auch nur den leisesten greifbaren Grund zur Klage gegeben hat. Endlich ist die Stelle des Geistlichen unserer winzigen Gemeinde die schlechtbezahlteste auf dem ganzen Kontinent – – wir würden so leicht keinen Ersatz finden.«

    »So sind Sie also mit seinen Predigten doch zufrieden,« wandte ich mich an die Mutter des Konsuls und gab mir Mühe, ein etwas malitiöses Lächeln zu unterdrücken.

    Die alte Dame richtete sich im Sessel auf.

    »Ich würde ihm nie erlauben, auch nur ein einziges eigenes Wort in der Kirche zu sprechen,« sagte sie sehr bestimmt. »Er liest Sonntag für Sonntag einen Text aus Dean Harleys Predigtbuch.«

    Die Antwort verwirrte mich etwas, ich schwieg.

    »Uebrigens«, begann der Konsul wieder, »wäre es ungerecht, nicht auch eine gute Seite des Popen zu erwähnen. Er hat ein nicht unbeträchtliches Vermögen, dessen Renten er ausschließlich zu wohltätigen Zwecken verausgabt, während er selbst, von seinen unglücklichen Passionen abgesehen, außerordentlich bescheiden, ja dürftig lebt.«

    »Eine nette Wohltätigkeit!« unterbrach ihn seine Mutter. »Wen unterstützt er denn! Verwundete Toreadores und ihre Familien, oder gar die Opfer einer Salsa.«

    »Einer – was!« fragte ich.

    »Meine Mutter spricht von einer › Salsa de Tomates‹, erläuterte der Konsul.

    »Einer – – Tomatensauce!« wiederholte ich. »Der Pope unterstützt die – – Opfer einer Tomatensauce!«

    Der Konsul lachte kurz auf. Dayn sagte er sehr ernst:

    »Sie haben nie von einer solchen Salsa gehört! – Es handelt sich um eine uralte, furchtbare Sitte in Andalusien, die trotz aller Strafen der Kirche und des Richters leider immer noch besteht. Seitdem ich Konsul bin, hat zweimal nachweislich eine Salsa in Granada stattgefunden; die nähern Umstände hat man aber auch da nicht erfahren, da die Beteiligten trotz der in spanischen Gefängnissen üblichen schlagenden Ermahnungen sich lieber die Zunge abbissen, als ein Wörtchen zu erzählen. Ich könnte daher nur Ungenaues, vielleicht Falsches berichten; lassen Sie sich darüber von dem Popen erzählen, wenn Sie dies schaurige Geheimnis interessiert. Denn er gilt – ohne daß man es ihm beweisen kann – als ein Anhänger dieser entsetzlichen Greuel, und dieser Verdacht ist es hauptsächlich, weshalb man ihm aus dem Wege geht!«

    – – Ein paar Gäste traten ein; unser Gespräch wurde unterbrochen.

    Am nächsten Sonntag brachte ich zum Stierkampfe dem Popen ein paar besonders gut gelungene Photos der letzten Corrida mit. Ich wollte sie ihm zum Geschenk machen, aber er warf nicht einmal einen Blick darauf.

    »Entschuldigen Sie,« sagte er, »aber das interessiert mich gar nicht.«

    Ich machte ein verdutztes Gesicht.

    »Oh, ich wollte Sie nicht verletzen!« lenkte er ein. »Sehen Sie, es ist nur die rote Farbe, die rote Blutfarbe, die ich liebe.«

    Es klang beinahe poetisch, wie dieser bleiche Asket das sprach: » die rote Blutfarbe«.

    Aber wir kamen in ein Gespräch. Und mitten drin fragte ich ihn, ganz unvermittelt: »Ich möchte gern eine Salsa sehen. Wollen Sie mich nicht einmal mitnehmen!«

    Er schwieg, die bleichen zersprungenen Lippen bebten.

    Dann fragte er: »Eine Salsa! – – Wissen Sie, was das ist!«

    Ich log: »Natürlich!«

    Er starrte mich wieder an, da fielen seine Blicke auf die alten Schmisse auf meiner Wange und Stirne.

    Und als ob diese Zeichen kindischen Blutvergießens ein geheimer Freipaß wären, strich er leicht mit dem Finger darüber und sagte feierlich:

    »Ich werde Sie mitnehmen!«

    Ein paar Wochen später klopfte es eines Abends an meiner Türe, so gegen neun Uhr. Ehe ich »herein« rufen konnte, trat der Pope ein.

    »Ich komme Sie abzuholen,« sagte er.

    »Wozu?« fragte ich.

    »Sie wissen ja,« drängte er. »Sind Sie bereit!«

    Ich erhob mich.

    »Sofort!« rief ich. »Darf ich Ihnen eine Zigarre anbieten!«

    »Danke, ich rauche nicht.«

    »Ein Glas Wein!«

    »Danke, ich trinke ebensowenig. Bitte, beeilen Sie sich doch!«

    Ich nahm meinen Hut und folgte ihm die Treppen hinab in die Mondnacht. Schweigend gingen wir durch die Straßen, den Genil entlang unter rotblühenden Pyrrhusbäumen. Wir bogen links ein, stiegen hinauf auf den Mohrenberg und schritten über das Märtyrerfeld. Vor uns strahlten in warmem Silber die Schneekuppen der Sierra, rings herum aus den Hügeln brachen leichte Feuerscheine aus den Erdhöhlen, in denen die Zigeuner hausen und anderes Volk. Wir gingen herum um das tiefe Tal der Alhambra, das ein Meer grüner Ulmen fast bis obenhin ausfüllt, vorbei, an den gewaltigen Türmen der Nassariden, dann die lange Allee uralter Zypressen durch, zum Generalife hin, und weiter hinauf zu dem Berge, von dem der letzte Fürst der Mauren, der strohblonde Boabdil, seine scheidenden Seufzer dem verlorenen Granada sandte.

    Ich schaute meinen seltsamen Begleiter an. Sein Blick, nach innen gekehrt, sah nichts von all dieser nächtlichen Herrlichkeit. Wie der Mondschein auf diesen schmalen blutleeren Lippen spielte, auf diesen eingefallenen Wangen und den tiefen Löchern an den Schläfen – da kam mir das Gefühl, als müßte ich seit Ewigkeiten schon diesen schrecklichen Asketen kennen. Und plötzlich, unvermittelt, fand ich die Lösung, das war ja das Gesicht, das der grauenhafte Zurbaran seinen ekstatischen Mönchen gab!

    Der Weg ging nun zwischen breitblätterigen Agaven daher, die ihre verholzten Blütenschäfte dreimannshoch in die Luft strecken. Wir hörten des Darro Brausen, der hinter dem Berge über die Felsen sprang.

    Drei Kerle kamen auf uns zu, in braunem zerlumptem Mantel; sie grüßten schon von weitem meinen Begleiter.

    »Wachtposten,« sagte der Pope. »Bleiben Sie hier stehen, ich will mit ihnen reden!«

    Er schritt auf die Männer zu, die ihn erwartet zu haben schienen. Ich konnte nicht verstehen, was sie sprachen, doch handelte es sich augenscheinlich um meine Person. Der eine der Männer gestikulierte lebhaft, sah mich mißtrauisch an, schleuderte die Arme in der Luft herum und rief immer wieder: » O jo el Caballero.« Aber der Pope beruhigte ihn, schließlich winkte er mich heran.

    » Sea usted bienvenido, Caballero!« begrüßte er mich und zog seinen Hut. Die beiden anderen Späher blieben auf ihrem Posten zurück, der dritte begleitete uns.

    »Es ist der Patron, sozusagen der Manager der Geschichte,« erklärte der Pope.

    Nach einigen hundert Schritten kamen wir zu einer Höhlenwohnung, die sich durch nichts von den Hunderten anderer der Bergabhänge Granadas unterschied, vor dem Türloch war, wie gewöhnlich, ein kleiner Platz geebnet, von dichten Kaktushecken umgeben. Dort standen einige zwanzig Kerle herum – doch war kein Zigeuner dabei. In der Ecke brannte ein kleines Feuer zwischen zwei Steinen; darüber hing ein Kessel.

    Der Pope langte in die Tasche, zog einen Duro nach dem andern heraus und gab sie unserm Begleiter.

    »Die Leute sind so mißtrauisch,« sagte er, »sie nehmen nur Silber.«

    Der Andalusier kauerte sich an das Feuer und prüfte jedes einzelne Geldstück. Er warf sie auf einen Stein und biß mit den Zähnen darauf. Dann zählte er – hundert Peseten.

    »Soll ich ihm auch Geld geben!« fragte ich.

    »Nein!« sagte der Pope. »Wetten Sie lieber, das wird Ihnen hier eine größere Sicherheit geben.«

    Ich verstand ihn nicht.

    »Eine größere Sicherheit!« wiederholte ich. » Wieso denn!«

    Der Pope lächelte:

    »Oh – – Sie machen sich dann mehr gemein und mehr – schuldig mit diesen Heuten!«

    »Sagen Sie mal, Reverend,« rief ich, »weshalb wetten Sie dann nicht!«

    Er hielt meinen Blick ruhig aus und antwortete nachlässig:

    »Ich! – Ich wette niemals: das Wetten beeinträchtigt die reine Freude am Schauen.«

    Inzwischen war noch ein halbes Dutzend höchst verdächtiger Gestalten gekommen, alle in das unvermeidliche braune Tuch gehüllt, das die Andalusier als Mantel benutzen.

    »Worauf warten wir noch?« fragte ich einen der Leute.

    »Auf den Mond, Caballero,« erwiderte er, »er muß erst untergehen.«

    Dann bot er mir ein großes Glas Aguardiente an. Ich dankte, aber der Engländer schob mir das Glas in die Hand.

    »Trinken Sie, trinken Sie!« drängte er, »Es ist das erstemal für Sie – vielleicht werden Sie es nötig haben!«

    Auch die anderen sprachen dem Branntwein reichlich zu; doch lärmte man nicht, nur ein hastiges Geflüster, ein heiseres Tuscheln drang hinaus in die Nacht. Der Mond barg sich im Nordwesten hinter der Cortadura, man holte lange Pechfackeln aus der Höhle und brannte sie an. Dann baute man mit Steinen einen kleinen Kreis in der Mitte: das war die Arena; rings herum stieß man Löcher in den Boden und steckte die Fackeln hinein. Und in dem roten Feuerschein entkleideten sich langsam zwei Männer. Nur die ledernen Hosen behielten sie an, dann traten sie in den Kreis hinein, setzten sich einander gegenüber und kreuzten die Beine, wie die Türken tun. Nun erst bemerkte ich, daß in dem Boden zwei starke Balken wagerecht eingelassen waren, deren jeder zwei eiserne Ringe trug. Zwischen diese Ringe hatten die beiden Kerle sich hingesetzt. Jemand lief in die Höhle und brachte ein paar dicke Seile mit, umschnürte den Leib der Männer und ihre Beine und band einen jeden an seinen Balken. Sie staken fest wie im Schraubstock, nur den Oberkörper konnten sie frei bewegen.

    Sie saßen da, ohne ein Wort, sogen an ihren Zigaretten oder leerten die Branntweingläser, die man ihnen immer von neuem füllte. Sie waren zweifellos schon stark betrunken, ihre Augen stierten blöde auf den Boden. Und rings herum im Kreise zwischen den qualmenden Pechfackeln lagerten sich die Männer.

    Plötzlich hörte ich hinter mir ein häßliches Kreischen und Knirschen, das die Ohren zerriß. Ich wandle mich um: an einem runden Schleifstein schliff jemand sorgfältig eine kleine Navaja. Er prüfte das Messer am Nagel des Daumens, legte es weg und nahm dann ein anderes.

    Ich wandte mich an den Popen:

    »Diese Salsa ist also eine Art – Duell!«

    »Duell!« antwortete er. »O nein, es ist eine Art – Hahnenkampf!«

    »Was!« rief ich. »Und aus welchem Grunde unternehmen die Männer da diese Art – Hahnenkampf! Haben sie sich beleidigt – ist es Eifersucht!«

    »Keineswegs,« sagte ruhig der Engländer, »sie haben gar keinen Grund, vielleicht sind sie die besten Freunde – vielleicht kennen sie einander gar nicht. Sie wollen nur – ihren Mut beweisen. Sie wollen zeigen, daß sie hinter den Stieren und den Hähnen nicht zurückstehen.«

    Die häßlichen Lippen versuchten ein kleines Lächeln, als er fortfuhr:

    »So etwa – wie bei Ihren deutschen Studentenmensuren.«

    Ich bin – im Auslande – immer Patriot. Das habe ich längst von den Briten gelernt: Right or wrong – my country!

    So antwortete ich ihm scharf:

    »Reverend – der vergleich ist albern! – Sie können das nicht beurteilen.«

    »vielleicht doch,« sagte der Pope. – »Ich habe in Göttingen sehr schöne Mensuren gesehen. – viel Blut, viel Blut –«

    Inzwischen hatte der Patron uns zur Seite Platz genommen. Er zog ein schmutziges Notizbuch aus der Tasche und einen kleinen Bleistift.

    »Wer wettet auf Bombita?« rief er.

    »Ich!« – »Eine Peseta!« – »Zwei Duros!« – »Nein, Auf Lagartijillo will ich wetten!« – Die Branntweinstimmen krächzten durcheinander.

    Der Pope faßte mich am Arm.

    »Richten Sie Ihre Wetten so ein, daß Sie verlieren müssen,« rief er, »legen Sie lange Odds, man kann nicht vorsichtig genug sein mit der Bande.«

    Ich hielt also eine ganze Reihe der angebotenen Wetten, und zwar immer drei zu eins. Da ich auf alle beide setzte, mußte ich so notwendigerweise verlieren. Während der »Manager« mit schwerfälligen Zeichen alle Wetten zu Papier brachte, reichte man die scharfgeschliffenen Navajen herum, deren Klingen etwas über zwei Zoll lang waren. Dann gab man sie zusammengeklappt den beiden Kämpfern.

    »Welche willst du, Bombita Chico, mein Hähnchen!« lachte der Schleifer.

    »Gib her! Gilt mir gleich!« gröhlte der Betrunkene.

    »Ich will mein eigen Messer!« rief Lagartijillo.

    »So gib mir meines! Ist so besser!« krächzte der andere.

    Alle Wetten waren eingetragen, der »Manager« ließ den beiden noch ein großes Glas Aguardiente reichen. Sie tranken es im Zuge aus, warfen dann die Zigaretten fort. Man gab einem jeden ein langes rotes Wolltuch, eine Gürtelbinde, die sie sich fest um den linken Unterarm und die Hand schlangen.

    »Ihr könnt anfangen, kleine Burschen!« rief der Patron. »Klappt die Messer auf!«

    Die Klingen der Navajen schnappten klirrend über die Zahnrädchen und hakten sich fest. Ein helles widerwärtiges Geräusch. – Aber die beiden Männer blieben ganz ruhig, keiner machte eine Bewegung.

    »Fangt doch an, Tierchen!« wiederholte der Patron.

    Die Kämpfer saßen unbeweglich, rührten sich nicht. Die Andalusier wurden ungeduldig:

    »Faß ihn doch, Bombita, mein junger Stier: Stoß ihm das Hörnchen in den Leib!«

    »Fang an, Kleiner, ich habe drei Duros auf dich gesetzt!«

    »Ah, – Hähnchen wollt ihr sein! Hennen seid ihr! Hennen!«

    Und der Chor gröhlte:

    »Hennen! Hennen! – – Legt doch Eier! Feige Hennen seid ihr!«

    Bombita Chico reckte sich hoch und stieß nach dem Gegner, der hob den linken Arm und fing den matten Stoß in dem dicken Tuche auf. Die beiden Kerle waren augenscheinlich so betrunken, daß sie kaum Herren ihrer Bewegungen waren.

    »Warten Sie nur, warten Sie nur,« flüsterte der Pope.

    »Warten Sie nur, bis die Leute Blut sehen!«

    Die Andalusier hörten nicht auf, die beiden zu hetzen, bald mit Aufmunterungen, bald mit beißendem Spott. Und immer wieder zischte es ihnen in die Ohren:

    »Hennen seid ihr! – Legt doch Eier! – Hennen! Hennen!«

    Sie stießen nun beide aufeinander, fast blindlings. In der nächsten Minute erhielt der eine einen leichten Stich an der linken Schulter.

    »Brav lieber Kleiner, brav Bombita! – Zeig ihm, mein Hähnchen, daß du Sporen hast!«

    Sie machten eine kleine Pause, wischten sich mit dem linken Arm den schmutzigen Schweiß von der Stirne.

    »Wasser!« rief Lagartijillo.

    Man reichte ihnen große Kannen, und sie tranken in langen Zügen. Man sah, wie sie sich ernüchterten. Die fast gleichgültigen Blicke wurden scharf, stechend; haßerfüllt schauten sie aufeinander.

    »Bist du fertig, Henne!« krächzte der Kleine.

    Statt aller Antwort stieß der andere zu, zerschnitt ihm die Wange der Länge nach. Das Blut strömte über den nackten Oberkörper.

    »Ah, es fängt an, es fängt an,« murmelte der Pope.

    Die Andalusier schwiegen; gierig verfolgten sie die Bewegungen des Kämpfers, auf den sie ihr Geld gesetzt. Und die beiden Menschen stießen zu, stießen zu – –

    Die blanken Klingen zuckten wie silberne Funken durch den roten Fackelschein, bissen sich fest in den wollenen Schutzbinden der linken Arme. Ein großer Tropfen siedenden Pechs flog dem einen auf die Brust – – er merkte es nicht einmal.

    So schnell schleuderten sie die Arme in der Luft, daß man gar nicht sehen konnte, ob einer getroffen war. Nur die blutigen Rinnen, die überall auf den Körpern sich zeigten, zeugten von immer neuen Rissen und Stichen.

    »Halt! Halt!« schrie der Patron.

    Die Kerle stießen weiter.

    »Halt! Bombitas Klinge ist gebrochen!« rief er wieder, »Trennt sie!«

    Zwei Andalusier sprangen auf, nahmen eine alte Tür, auf der sie saßen, und warfen sie roh zwischen die Kämpfer, richteten sie dann hoch, daß sie einander nicht mehr sehen konnten.

    »Gebt die Messer her, Tierchen!« rief der Patron. Die beiden gehorchten willig.

    Sein scharfes Auge hatte recht gesehen; Bombitas Klinge war in der Mitte gebrochen. Er hatte seinem Gegner die ganze Ohrmuschel durchstochen, an dem harten Schädel war die Klinge zersprungen.

    Man gab jedem ein Glas Branntwein, dann reichte man Ihnen neue Messer und hob die Tür weg.

    Und dieses Mal fuhren sie aufeinander los wie zwei Hähne, ohne Besinnen, blindwütend. Stich um Stich – –

    Die braunen Leiber färbten sich purpurn, aus Dutzenden von Wunden rann das Blut, von der Stirne des kleinen Bombita hing ein brauner Hautlappen herab, feuchte Strähne des schwarzen Haares leckten in die Wunde. Sein Messer verfing sich in der Schutzbinde des Gegners, derweil stieß ihm der andere zwei-, dreimal die Navaja tief in den Nacken.

    »Wirf die Binde weg, wenn du Mut hast!« schrie der Kleine und riß sich selbst mit den Zähnen das Tuch vom linken Arm.

    Lagartijillo zögerte einen Augenblick, dann folgte er dem Beispiel. Unwillkürlich parierten sie nach wie vor mit den linken Armen, die in wenigen Minuten völlig zerfleischt waren.

    Wieder brach eine Klinge, wieder trennte man sie mit der morschen Tür; reichte ihnen neue Messer und Branntwein.

    »Stoß ihn, Lagartijillo, mein starkes Stierchen, stoß ihn!« rief einer der Männer. »Reiß ihm die Eingeweide aus, dem alten Klepper!«

    Der Angerufene gab, unerwartet, in dem Augenblick, als man die Türe wegzog, seinem Gegner von unten her einen furchtbaren Stoß in den Bauch und riß seitlich die Klinge hinauf. Wirklich quoll die ekelhafte Masse der Eingeweide aus der langen Wunde. Und dann, von oben her, stieß er blitzschnell wieder, traf ihn unter dem linken Schultergelenk und zerschnitt die große Ader, die den Arm ernährt.

    Bombita schrie auf, bog sich zusammen, während ein armdicker Blutstrahl aus der Wunde spritzte, dem anderen mitten ins Gesicht. Es hatte den Anschein, als ob er ermattet umsinken wolle; doch plötzlich richtete er noch einmal die breite Brust in die Höhe, hob den Arm und stieß auf den blutgeblendeten Feind. Und er traf ihn, zwischen zwei Rippen durch, mitten ins Herz.

    Lagartijillo schlug mit beiden Armen in die Luft, das Messer entfiel der rechten Hand. Leblos sank der mächtige Körper nach vorn über die Beine hin.

    Und als ob dieser Anblick dem sterbenden Bombita, dessen entsetzlicher Blutstrahl in breitem Bogen auf den toten Gegner spritzte, neue Kräfte verleihe, stieß er wie ein Wahnsinniger immer, immer wieder den gierigen Stahl in den blutigen Rücken.

    »Hör’ auf, Bombita, tapferer Kleiner, du hast gesiegt!« sagte ruhig der Patron.

    Da geschah das Schrecklichste. Bombita Chico, dessen letzter Lebenssaft den Besiegten in ein feuchtes, rotes Leichentuch hüllte, stützte sich mit beiden Händen fest auf den Boden und hob sich hoch, so hoch, daß aus dem handbreiten Riß an feinem Leibe die Fülle der gelben Eingeweide wie eine Brut ekelhafter Schlangen weit hinauskroch. Er reckte den Hals, reckte den Kopf, und durch das tiefe Schweigen der Nacht erscholl sein triumphierendes

    » Kikeri-ki!!«

    Dann sank er zusammen: das war sein letzter Gruß an das Leben – –

    Es war, als ob sich plötzlich ein roter Blutnebel um meine Sinne legte; ich sah, hörte nichts mehr; ich versank in ein purpurnes, unergründlich tiefes Meer. Blut drang mir in Ohren und Nase, ich wollte schreien, aber wie ich den Mund öffnete, füllte er sich mit dickem warmem Blute. Ich erstickte fast – aber schlimmer, viel schlimmer war dieser süße, gräßliche Blutgeschmack auf meiner Zunge. Dann fühlte ich irgendwo einen stechenden Schmerz – doch dauerte es eine unendliche Zeit, bis ich wußte, wo es mich schmerzte. Ich biß auf etwas, und das, worauf ich biß, das schmerzte so. Mit einer ungeheueren Anstrengung riß ich die Zähne voneinander.

    Wie ich den Finger aus dem Munde zog, erwachte ich. Bis zur Wurzel hatte ich während des Kampfes den Nagel abgenagt und nun in das unbeschützte Fleisch gebissen.

    Der Andalusier faßte mich am Knie. »Wollen Sie Ihre Wetten erledigen, Caballero?« fragte er. Ich nickte; dann rechnete er mit vielen Worten vor, was ich verloren und gewonnen hätte. Alle die Männer umdrängten uns – keiner bekümmerte sich um die Leichen. –

    Erst das Geld! Das Geld!

    Ich gab dem Manne eine Handvoll und bat ihn, die Sache zu ordnen. Er rechnete und setzte sich unter heiserem Schreien mit jedem einzelnen auseinander.

    »Nicht genug, Caballero!« sagte er endlich. Ich fühlte, daß er mich betrog, aber ich fragte ihn, wieviel ich noch zu zahlen habe, und gab ihm das Geld.

    Als er sah, daß ich noch mehr in der Tasche hatte, fragte er: »Caballero, wollen Sie nicht das Messerchen des kleinen Bombita kaufen? Es bringt Glück, viel Glück!«

    Ich erstand die Navaja für einen lächerlichen Preis. Der Andalusier schob sie mir in die Tasche.

    Nun achtete niemand mehr auf mich. Ich stand auf und ging taumelnd In die Nacht hinaus. Mein Zeigefinger schmerzte, ich wand fest das Taschentuch herum. In langen, tiefen Zügen trank ich die frische Nachtluft.

    »Caballero!« rief jemand, »Caballero!« Ich wandte mich um. Einer der Männer kam auf mich zu.

    »Der Patron schickt mich, Caballero,« sagte er, »wollen Sie nicht Ihren Freund mit nach Hause nehmen!«

    Ach ja – der Pope! Der Pope! – Während all der Zeit hatte ich ihn nicht gesehen, nicht gedacht an ihn!

    Ich ging wieder zurück, bog durch die Kaktushecken. Noch immer lagen die blutigen Massen angefesselt am Boden. Und darüber bog sich der Pope, streichelte mit schmeichelnden Händen die jämmerlich zerfetzten Leiber. – Aber ich sah wohl, daß er das Blut nicht berührte – – o nein! Nur in der Luft bewegten sich hin und wieder seine Hände.

    Und ich sah, daß es zarte, feine Frauenhände waren – –

    Seine Lippen bewegten sich: »Schone Salsa,« flüsterte er, »schöne rote Tomatensauce!«

    Man mußte ihn mit Gewalt fortziehen, er wollte den Anblick nicht missen. Er lallte und tappte unsicher auf den dürren Beinen.

    »Zuviel Branntwein!« lachte einer der Männer. Aber ich wußte: er hatte keinen Tropfen getrunken.

    Der Patron zog seinen Hut und die anderen folgten seinem Beispiel.

    » Vayan ustedes con Dias, Caballeros!« sagten die Männer – Als wir auf der Landstraße waren, ging der Pope gutwillig mit. Er faßte meinen Arm und murmelte:

    »Oh, so viel Blut! So viel schönes rotes Blut!«

    Wie ein Bleigewicht hing er an mir, mühselig schleppte ich den Berauschten der Alhambra zu. Unter dem Turme der Prinzessinnen machten wir halt, setzten uns auf einen Stein – Nach einer langen Weile sagte er langsam:

    »O das Leben! Wie herrliche Genüsse schenkt uns das Leben! – Es ist eine Lust zu leben!«

    Ein eiskalter Nachtwind feuchtete unsere Schläfen, mich fror. Ich hörte den Popen mit den Zähnen klappern, langsam verflog sein Blutrausch.

    »Wollen wir gehen, Reverend!« fragte ich.

    Ich bot ihm wieder meinen Arm an.

    Er dankte.

    Schweigend stiegen wir zu dem schlafenden Granada hinab.

    #Hanns_Heinz_Ewers #littérature #gore #fascisme #fight_club #poignard

  • Decolonizzare la città. Dialoghi Visuali a Padova -
    Decolonizing the city. Visual Dialogues in Padova

    Il video partecipativo, realizzato con studenti e studentesse del laboratorio Visual Research Methods (prof.ssa Annalisa Frisina) del corso LM Culture, Formazione e Società Globale, esplora l’eredità coloniale inscritta nelle vie e piazza di Padova. I sei protagonisti/e del video, artist* e attivit* afrodiscendenti, dialogano con questi luoghi, mettendo in atto contronarrazioni intime e familiari che sfidano la storia ufficiale, lasciando tracce del loro passaggio.

    –—

    The participatory video made by the students of Visual Research Methods laboratory (prof. Annalisa Frisina), Master’s degree in Cultures, Education and Global Society, explores the colonial legacy of Padova’s roads and squares. Six afro-descendent artists and activists interact with these places, giving life to intimate counter-narratives that challenge the official history, leaving their personal traces.

    https://www.youtube.com/watch?v=B6CtMsORajE

    Quelques images tirées du film :


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    Où on apprend que les enfants « métissés » étaient appelés « #figli_di_due_bandiere » (fils de deux drapeaux)

    #villes #décolonial #décoloniser_la_ville #Italie #Padoue #Padova #héritage_colonial #colonialisme #toponymie #toponymie_politique #géographie_urbaine #historicisation #histoire #traces #mariage_mixte #Corne_de_l'Afrique #colonialisme_italien #Antenore #fascisme #histoire_coloniale #impérialisme #piazza_Antenore #citoyenneté #néo-colonialisme #pouvoir #Amba_Aradam #blessure
    #TRUST #Master_TRUST
    #film #film_documentaire

    ping @cede @karine4 @isskein

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    Ajouté à la métaliste sur le #colonialisme_italien :
    https://seenthis.net/messages/871953

  • La Nouvelle-Zélande traîne à rouvrir les dossiers d’anciens émigrés nazis Par Lance Morcan
    Le chasseur de nazis Efraim Zuroff a fourni une liste de 50 criminels de guerre présumés il y a plusieurs décennies, mais les gouvernements successifs n’ont pas agi.

    La mort largement médiatisée de l’ancien soldat de la Waffen-SS, Willi Huber, survenue en Nouvelle-Zélande l’année dernière, a permis d’éveiller la conscience des Néo-Zélandais sur le fait que des criminels de guerre et des sympathisants nazis vivaient, ou avaient vécu, parmi eux.

    Huber, qui a émigré en Nouvelle-Zélande en 1953, était un skieur passionné.

    Souvent qualifié de « héros du pays » et de « père fondateur » du domaine skiable du Mt. Hutt, sur l’île du sud du pays, il a acquis un statut quasi légendaire dans le monde du ski et a été encensé par certains médias.

    Il est mort sans avoir jamais exprimé publiquement le moindre regret pour ses actions pendant la guerre.

    Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Nouvelle-Zélande, comme l’Australie, a pu servir de point de chute à des réfugiés de guerre et autres personnes déplacées, principalement en provenance d’Europe.
    Mais tous, semble-t-il, n’ont pas été honnêtes quant à leurs antécédents.

    Huber a par exemple nié avoir eu connaissance des atrocités commises par la Waffen-SS ou de la persécution tout aussi bien documentée des Juifs pendant la Shoah.

    Ce déni est critiqué par des membres éminents de la Fondation pour la Shoah et l’Antisémitisme d’Aotearoa Nouvelle-Zélande (HAFANZ), qui soulignent que les nazis de la Waffen-SS formaient une unité d’extermination qui opérait en dehors des cadres légaux de la guerre.

    Ils insistent sur le fait que tout membre de cette organisation notoire aurait été tout à fait conscient de son modus operandi.

    Ces sentiments sont partagés par le Dr. Efraim Zuroff, membre du Conseil international de HAFANZ et directeur du Centre Simon Wiesenthal à Jérusalem.

    Historien éminent, Zuroff insiste sur le fait que « l’impénitent Huber aurait été tout à fait conscient des atrocités commises par les SS ».

    Il a également souligné certains commentaires de l’émigré autrichien, selon lequel Hitler était « très intelligent » et « avait offert (aux Autrichiens) une issue » aux difficultés qu’ils avaient subies après la Première Guerre mondiale.

    Zuroff, qui a consacré sa vie à traquer les criminels de guerre nazis et que l’on surnomme aujourd’hui « le dernier chasseur de nazis », affirme que lui et d’autres ont porté à l’attention du gouvernement néo-zélandais, lors d’une visite au début des années 1990, l’identité de plus de 50 criminels de guerre nazis présumés (46 ou 47 selon les rapports précédents) vivant dans le pays. (Le nom de Huber ne figurait pas parmi ceux fournis par Zuroff.)

    « Ils étaient tous d’Europe de l’Est et principalement Lituaniens, et je suis sûr qu’il y en avait d’autres. Peut-être beaucoup d’autres », a déclaré Zuroff au Times of Israël fin avril, par téléphone depuis Jérusalem.

    . . . . . .
    « La Nouvelle-Zélande est le seul pays anglo-saxon, parmi la Grande-Bretagne, les États-Unis, le Canada et l’Australie, à avoir choisi de ne pas engager de poursuites judiciaires après une enquête gouvernementale sur la présence de nazis. Et ce, malgré le fait que l’enquêteur principal ait fourni une confirmation (de la présence d’un criminel de guerre nazi en Nouvelle-Zélande) qui aurait dû être prise en compte », a déclaré M. Zuroff.

    L’enquêteur auquel il fait référence est le sergent-détective Wayne Stringer, depuis retraité, qui a indiqué que de nombreux suspects étaient déjà morts et qu’il avait pu en rayer d’autres de la liste.

    Stringer a notamment confirmé que l’un des noms de la liste de Zuroff était Jonas Pukas, un ancien membre du redoutable 12e bataillon de la police lituanienne, qui a massacré des dizaines de milliers de Juifs pendant la guerre.


    Illustration : Entrée principale du ghetto de Vilnius en Lituanie, pendant la Seconde Guerre mondiale. (Crédit : Wikimedia Commons/Domaine public)
    Interrogé à son domicile néo-zélandais en 1992, Pukas, alors âgé de 78 ans, a insisté sur le fait qu’il n’avait fait qu’assister au meurtre de Juifs et qu’il n’y avait pas directement participé.

    Cependant, il s’est réjoui, sur des enregistrements, de la façon dont les Juifs « criaient comme des oies » et il a ri en décrivant comment les victimes « volaient dans les airs » lorsqu’elles étaient abattues.

    Malgré cela, le gouvernement de l’époque a décidé qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves pour accuser Pukas d’un quelconque crime.
    #nazis #racisme #nazi #nazisme #extrême-droite #asile #antisémitisme #fascisme #guerre #nouvelle-zélande #nouvelle_zélande #Lithuanie

    L’intégralité de l’article : https://fr.timesofisrael.com/la-nouvelle-zelande-traine-a-rouvrir-les-dossiers-danciens-emigres

  • Parler de fascisme à propos de la France actuelle n’est pas un abus de langage | Titiou Lecoq
    http://www.slate.fr/story/210482/processus-fascisation-fascisme-france-histoire-banalisation-idees-extreme-droi

    Le sociologue Ugo Palheta dépeint très justement la situation : « Il n’y a pas de régime fasciste en France actuellement, mais il y a des mouvements politiques qui propagent diverses idéologies fascistes. » Il ne faut pas tomber dans le piège de la banalisation. Source : Slate