• Des femmes enceintes et des mères avec des nouveau-nés sans hébergement d’urgence
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/12/12/des-femmes-enceintes-et-des-meres-avec-des-nouveau-nes-sans-hebergement-d-ur

    Des femmes enceintes et des mères avec des nouveau-nés sans hébergement d’urgence
    Par Claire Ané et Minh Dréan
    Les équipes parisiennes du numéro d’urgence 115, maintes et maintes fois appelées, n’ont pas été en mesure de lui proposer un nouveau toit. Elle a dormi jusqu’à l’accouchement, sur le canapé d’une dame rencontrée dans le salon de coiffure afro où elle travaillait. Elle explique que, sitôt l’enfant née, à l’hôpital Lariboisière, elle appelait « tout le temps, de 6 heures le matin jusqu’à tard le soir. » Il lui a fallu deux jours pour réussir à joindre un écoutant de ce service débordé. Sept jours après la naissance, elle a dû sortir de la maternité, sans solution d’hébergement.
    Si elle avait accouché il y a un an, elle n’aurait quitté l’hôpital qu’une fois obtenue une chambre en centre ou en hôtel, où, en vertu du droit à la continuité de l’hébergement d’urgence, elle aurait pu rester aussi longtemps que nécessaire. Mais la situation s’est dégradée. Après avoir atteint un nombre record de 205 000 places d’hébergement d’urgence durant l’hiver 2022-2023, et consommé l’essentiel des crédits prévus pour l’année 2023, le gouvernement a décidé de réduire la voilure, bien que le besoin n’ait pas faibli.
    En Ile-de-France, fin juin, la Préfecture a annoncé aux associations gérant ces places qu’il fallait en fermer 3 000. Pour Paris, la perte, bien que limitée à 200 ou 300 places, a conduit à revoir des critères déjà drastiques. « Depuis septembre, nous n’arrivons même plus à répondre à toutes les personnes en priorité 1, dont font partie les femmes enceintes de plus de sept mois et les familles avec des bébés de moins de 3 mois. C’est inédit et [cela] montre une défaillance du système », reconnaît la directrice générale du Samusocial de la capitale, Vanessa Benoît. La situation est encore plus compliquée en Seine-Saint-Denis, où l’Etat a souhaité supprimer 2 000 places. « On a obtenu de fermer des places progressivement, sans remises à la rue, afin de respecter la continuité de l’hébergement prévue dans la loi. Mais presque plus personne ne peut entrer dans le dispositif », déplore le directeur adjoint de l’association Interlogement93, Maxence Delaporte. Lors du dernier décompte, le 5 décembre, 700 personnes sont restées à la rue bien qu’elles aient réussi à joindre le 115. Parmi elles, 51 étaient des femmes enceintes et 95 étaient des enfants de moins de 3 ans.
    (...)« C’est une catastrophe !, s’indigne Julia Lucas, assistante sociale de Solipam, un réseau qui suit des femmes en grande précarité durant leur grossesse et jusqu’aux 3 mois de l’enfant. En 2022, on avait 37 % de femmes à la rue à l’entrée dans notre dispositif. En 2023, c’est 60 % ! Et malgré nos efforts, en novembre, un tiers étaient toujours ou à nouveau à la rue au moment de sortir de notre dispositif. » Quand accueil il y a, la discontinuité prime : une jeune mère a eu 25 hébergements différents en quelques mois, situés dans six départements, et connu 18 retours à la rue, où elle se trouve encore. L’avocat Samy Djemaoun, qui multiplie depuis décembre 2022 les actions en justice pour faire respecter le droit à l’hébergement d’urgence, se souvient d’avoir déposé coup sur coup, fin octobre, des recours pour trois familles avec des nouveau-nés de moins de 18 jours, auxquelles le 115 n’avait pas pu proposer de solution. Il a défendu plusieurs autres cas similaires depuis. « Il y a encore trois mois, de tels recours permettaient d’obtenir, souvent avant l’audience, une place d’hébergement d’urgence durable. Désormais, même pour des femmes qui ont accouché récemment, j’obtiens surtout des orientations en sas d’accueil temporaire régional, loin de Paris, avec seulement trois semaines d’hébergement garanties », explique-t-il.
    Cette saturation de l’hébergement d’urgence rejaillit sur les hôpitaux. L’Agence régionale de la santé d’Ile-de-France observe une « augmentation forte depuis quelques semaines » des femmes qui restent à la maternité non par nécessité de soins, mais faute d’autre solution : elle a décompté jusqu’à 50 « bed blockers » (« bloqueuses de lit ») en simultané, au lieu de 20 ou 30 habituellement, sur 27 maternités recensées. L’hôpital Delafontaine, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), est en première ligne. Ses sages-femmes, qui refusent de mettre dehors ces mères en détresse, ont envoyé, le 30 octobre, un courrier d’alerte. Le département de Seine-Saint-Denis a rouvert une centaine de places, mais seulement 6 jeunes mères ont pu quitter la maternité. Treize y restent bloquées. Avec des effets délétères. « On passe des heures à essayer de transférer vers d’autres hôpitaux des femmes qui devaient accoucher chez nous, ou qui viennent d’accoucher. Il faut laisser des mamans dans les couloirs ou dans des salles inadaptées, avec une douche pour 10 accouchées », s’alarme la sage-femme Edith Rain, qui n’a jamais connu une telle situation en 28 années passées dans cet hôpital.La chute du nombre d’accouchements pratiqués au sein de la maternité a pour effet de diminuer ses financements. Mais plus que ce coût financier, c’est le coût humain, immense, qui inquiète.(...) Pour les femmes laissées ou remises à la rue, le quotidien est plus difficile encore. Parfois, elles reçoivent, tard le soir, une proposition d’hébergement.
    Souvent, il y a la fatigue et l’angoisse des nuits passées à marcher, ou à essayer de dormir dans des bus de nuit, des gares, des halls d’hôpital, des parcs, des squats, ou chez des inconnus. Les vols et les agressions sont fréquents. « Une dame enceinte de 7 mois me confiait avoir dû accepter de coucher avec l’homme qui l’hébergeait. Et ces “services sexuels” ne sont pas rares », raconte une psychologue souhaitant rester anonyme et rattachée à « l’une des quelques maternités parisiennes qui acceptent d’accueillir les patientes à la rue ». « Ces femmes sont des guerrières », dit admirative Nora Zedek. Non sans souffrances, complète Maryse Rossi : « Elles ont plus de pathologies, plus de risques de développer un diabète gestationnel, car elles ne mangent pas tous les jours, plus de risques d’accoucher prématurément, plus de risques d’avoir une césarienne. Et plus de risques que leur situation santé mentale se dégrade. »Leurs nouveau-nés aussi paient le prix fort. « La mortalité infantile est plus élevée, on a beaucoup de bébés de petit poids, ils sont aussi plus exposés aux bronchiolites. Certains sont épuisés, d’autres ne sourient pas. Leurs parents, accaparés par la survie, n’ont pas les ressources pour se mettre au rythme de l’enfant, le stimuler », énumère Mme Rossi. L’un des bébés restés plusieurs mois à l’hôpital Delafontaine y a attrapé une grave maladie nosocomiale.Quel est l’horizon ? Le ministre du logement, Patrice Vergriete, a annoncé, le 7 novembre, la création de 500 postes dans les services sociaux d’urgence, et le versement de primes à ceux qui y travaillent. « Ces postes sont indispensables pour mieux répondre à ceux qui appellent le 115, pour évaluer les situations et travailler l’accès au logement – à condition qu’il y ait plus de logement social », selon Vanessa Benoît, du Samusocial de Paris. Celui-ci a vu son plafond de nuitées hôtelières rehaussé de 400 places mi-novembre, pour atteindre 17 100, mais ses équipes ne parviennent pas à trouver d’hôteliers volontaires.
    Le ministre déclare au Monde envisager la création d’une mission parlementaire pour mieux connaître la situation des personnes en hébergement d’urgence. Mais il ne prévoit pas d’augmenter le nombre total de places, bien que les sénateurs aient voté en faveur d’une rallonge de 6 000 places pour 2024. « Si rien n’est fait, la maternité de Delafontaine va mourir, car elle n’aura plus de sages-femmes acceptant d’y travailler vu la situation dégradée », prévient Edith Rain. « On n’est même plus capables d’héberger ceux qui sont les plus fragiles. Et il ne faut pas oublier tous les autres publics qu’on laisse à la rue », déplore Maxence Delaporte qui ajoute « craindre des drames pour cet hiver ».

    #Covid-19#migrant#migration#france#hebergement#urgence#sante#santementale#femme#maternite

  • La France augmente d’un tiers sa contribution à l’agence de l’ONU pour les réfugiés
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/12/13/la-france-augmente-d-un-tiers-sa-contribution-a-l-agence-de-l-onu-pour-les-r

    La France augmente d’un tiers sa contribution à l’agence de l’ONU pour les réfugiés
    Le Monde avec AFP
    La France va augmenter d’un tiers cette année sa contribution au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) pour la porter à 120 millions d’euros, a rapporté la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, à Genève. La France « s’efforcera de la maintenir à ce niveau en 2024 », a-t-elle déclaré à l’ouverture du Forum de l’ONU sur les réfugiés, que la France coparraine avec la Colombie, le Japon, la Jordanie et l’Ouganda. « La France continuera donc à soutenir le HCR, et elle a décidé de tripler, en trois ans, sa contribution financière, comme elle s’y était engagée », a insisté la ministre française.En 2022, cette contribution était de 91,6 millions d’euros, et d’environ 30 millions d’euros il y a trois ans, selon des chiffres du ministère. A l’ouverture du forum, le haut-commissaire de l’ONU pour les réfugiés, Filippo Grandi, avait rappelé que son agence avait encore besoin de 400 millions de dollars (371 millions d’euros) d’ici la fin de l’année.
    (...) Alors que les crises et les conflits se multiplient, plus de 114 millions de personnes étaient déplacées à la fin septembre dans le monde, un nombre record, selon le HCR. La population mondiale de réfugiés a doublé au cours des sept dernières années, atteignant 36,4 millions de personnes à la mi-2023, un autre record. Cela représente une augmentation de 3 % par rapport à la fin de 2022.
    « Alors que s’achève la COP28 avec un consensus appelant à une sortie des énergies fossiles, afin de permettre d’arriver au “net zéro” en 2050 comme c’est indispensable – ambition qu’il va maintenant falloir concrétiser –, je tiens aussi à rappeler que le dérèglement climatique a des conséquences très lourdes sur les mouvements migratoires », a développé Mme Colonna.
    Elle a par ailleurs appelé la communauté internationale « à lutter résolument contre les réseaux criminels » et « à nous mobiliser davantage collectivement pour éliminer la traite des êtres humains par des poursuites judiciaires, par des sanctions sévères et par le tarissement des financements de ces trafics ». La ministre a également appelé à « soutenir les pays limitrophes des zones de conflit armé, qui sont les premiers pays d’accueil ». Et « nous devons contribuer à alléger la pression qui s’exerce sur les pays d’accueil », a-t-elle dit. La ministre française a expliqué que la France « accueille 3 000 réfugiés par an dans le cadre du programme de réinstallation du HCR, et [qu’]elle maintiendra cet engagement en 2024 et 2025 ». Le programme de réinstallation du HCR permet aux réfugiés ayant trouvé refuge dans un premier pays de s’installer dans un autre pays qui a accepté de leur assurer une protection internationale et, à terme, une résidence permanente.
    Catherine Colonna a également annoncé que la France « s’engage à réinstaller en France [par le biais du] dispositif “Femmes en danger” des femmes réfugiées isolées et particulièrement vulnérables, notamment les victimes de violences, d’exploitation ou de traite des êtres humains ».

    #Covid-19#migrant#migration# france#HCR#refugie#traite#femme#crise#conflit

  • ’I Had to Be the Voice of Women’ : The First Female Hijacker Shares Her Story
    https://www.vice.com/en/article/9k99k7/leila-khaled-first-female-hijacker-profile

    Une brève biographie de la miltante palestinienne Leila Khaled

    « Vice » classe cette interview avec la militante palestinienne Leila Khaled sous « identité ». Par cette ruse la rédaction fait disparaître sa cause, son combat contre l’injustice et les responsables de l’injustice derrière cet écran de fumée composé de tolérance identitaire et fausses présomptions.. Pourtant son témoignage explique ses mobiles et fait comprendre pourquo il y a des situations où la lutte non-violente n’a plus de raison d’être et les causes politiques ne peuvent se faire entendre que par le combat armé.

    Nous pouvons nous estimer heureux que nous vvions en Europe centrale toujours sous des conditions relativement paisibles malgré l’oppression et l’exploitation des classes populaires de plus en plus brutale.

    4.8.2016.by Leila Ettachfini - On August 29, 1969, 25-year-old Leila Khaled made her way into the cockpit of TWA Flight 870 and commandeered the plane on behalf of the Popular Front for the Liberation of Palestine. After that, she became known equally as an icon and a terrorist.

    On April 9, 1948, a young Palestinian girl from Haifa celebrated her fourth birthday, and between 100 and more than 250 Palestinian villagers were killed at the hands of the Irgun and Lehi, two paramilitary Zionist organizations, in what came to be known as the Deir Yassin massacre. The massacre proved to the girl’s family that they could no longer keep their eight children safe in their home country—they would have to flee. In the days following the bloodshed, the little girl, Leila Khaled, became a refugee. Twenty-one years later she would become the world’s first female hijacker.

    Deir Yassin was the first large-scale massacre of Palestinians in the history of the Palestine/Israel conflict, and it was only the beginning of similar tragedies. It preceded the beginning of the 1948 Palestinian exodus—also known as the Nakba, literally “the disaster” in Arabic—by one month. Though Khaled’s parents hoped fleeing the country would increase their children’s chances at a safe and normal life—and by many historical accounts, they were safer fleeing than staying home—this did not mean that their new lives as refugees were free of struggle and danger. When Khaled’s family left Palestine, they headed to the Dahiya, a suburb south of Beirut that has been home to thousands of Palestinian refugees since 1948. The location of major refugee camps like Sabra and Shatila, the Dahiya is a place all too familiar with instability and deadly attacks, committed by both Israeli forces as well as right-wing Christian Lebanese groups like the Phalangists. Overall, it is a poverty-stricken area populated mostly by refugees and Lebanon’s own lower class. For four-year-old Khaled, it was her new home.

    Now 72, Leila Khaled agreed to Skype me from her home in Jordan in late June. She sat in her living room wearing thin-framed eyeglasses and a hot pink shirt with traditional white embroidery—quite the opposite image to the woman in the iconic photo of Khaled in her youth, wearing a military shirt and keffiyeh, the typically black-and-white scarf that has come to symbolize Middle Eastern pride, and holding an AK-47. On her hand she wears a ring made from the pin of the first grenade she ever used in training.

    Khaled described her childhood as, simply, “miserable,” living in a state of uncertainty about both her country and her family. When they left their country initially, her father stayed behind to fight for Palestine; he would join his wife and their children in the Dahiya six months after they made the initial journey. Growing up, Khaled recalls asking her parents two questions constantly: “Why are we living like this?” and “When are we going back?”

    Based on the current state of Palestine, the latter may seem naive, but it was not entirely so at the time. In December of 1948 the UN adopted Resolution 194, which stated that, “refugees wishing to return to their homes and live at peace with their neighbours should be permitted to do so at the earliest practicable date.” Because Israel never complied, Khaled and many other refugee children continued to ask when they would return home well into adulthood.

    As is the case with many refugee families, especially in the Dahiya, the Khaleds faced poverty. “I never had a whole pencil,” Khaled told me, “always half. My mother used to cut it into two so every child could go to school.” Despite this, the Khaleds had it better than most refugee families who did not have the family connections in Lebanon that provided Leila and her family with shelter and food. Still, they, like many others, relied on UNRWA, the United Nations Relief and Works Agency for Palestinian refugees.

    By the late 50s, the atmosphere of the area echoed the “rise of the national spirit,” according to Khaled, and she often participated in the frequent public demonstrations in her community meant to raise awareness for the plight of the Palestinian people. It was then that her involvement within the Palestinian resistance began to evolve from passive to active. Many of her older siblings had joined the Arab Nationalist Movement (ANM), which declared the liberation of Palestine as one of its main goals. In her early teens, though Khaled was not allowed to fight with the ANM quite yet, she contributed by providing fighters with food and support even in the middle of dangerous battles. At age 16 she was accepted as an official member.

    In 1967, at age 23, Khaled joined the Popular Front for the Liberation of Palestine, or the PFLP, despite her mother’s wishes. According to Sarah Irving’s book Leila Khaled: Icon of Palestinian Liberation, Khaled’s mother told her, “Let your brothers go and be fighters.” But Leila Khaled did not want to be on the sidelines of the movement. “Calling for armed struggle—it was my dream,” she told me.

    The PFLP is considered a terrorist organization by countries like the US and the EU; its political leanings are usually described as secular and Marxist-Leninist. When the PFLP was formed, Khaled says, it was clear that it wanted both men and women actively involved in the resistance. When she was assigned to partake in a hijacking in 1969, she viewed the assignment as the PFLP upholding that idea.

    On August 29, 1969, Khaled and fellow PFLP member Salim Issawi hijacked TWA Flight 840 on its way from Rome to Tel Aviv. Khaled boarded the plane with a hand grenade and pistol. Once in the air, the two revealed their weapons, made their way into the cockpit, and said, “This is the Palestinian movement taking over your airplane,” according to Harry Oakley, the co-pilot. They then instructed the pilots to redirect the plane to Damascus, but not before flying over Palestine. “It was my happiest moment,” she said, “when we flew over Palestine and I saw my city, Haifa—not the hijacking.”

    Despite being a young woman about to attempt a mission that would either end her life or change it forever, Khaled was not nervous. “The contrary,” she told me, “I was happy because I was doing something for my people.” As for the purpose of the hijacking, Khaled is just as straightforward there. “It was meant to put the question in front of the whole world: Who are the Palestinians? After 1948, we were dealt with as refugees who needed human aid and that’s it—not recognizing our right of return. Also, to release the prisoners.”

    Upon landing, Khaled and Issawi evacuated the Boeing 707, and Issawi proceeded to blow up the nose of the aircraft as it lay empty on the cement. “We had instructions not to harm passengers,” said Khaled. “Very strict instructions not to hurt anyone, and to deal with the pilot and the crew with politeness—not to frighten them even.” Still, Khaled knows that her actions did, of course, frighten the innocent passengers, but to her, their momentary fear was a small a price to pay in order to put the suffering of her people on the world’s stage.

    In a post-9/11 world, it’s hard to imagine, but in 1969, hijackings were a relatively new tactic and not considered death sentences to the extent that they are now. Video footage of the passengers aboard TWA flight 840 shows a crowd that is relatively calm—some even express an understanding of Khaled and Issawi’s actions. In video footage of interviews with the passengers after the plane landed, one man reasons, “There was an Israeli assassin on board who was responsible for the deaths of many Arab women and children, and all they wanted to do was bring this assassin to a friendly Arab city and give him a fair trial.” The “assassin” the man is referring to was Yitzhak Rabin; at the time, he was Israel’s ambassador to the United States and was scheduled to be on TWA flight 840 that day, though a last-minute change of plans made it so he was not. Despite the understanding of some, like this passenger, many were understandably upset and shaken.

    After six weeks of off-and-on hunger strikes and questioning in Syria, Khaled and Issawi were released. While they were in jail, Syria made negotiations with Israel that resulted in the release of Palestinian prisoners who had been kept in Israeli prisons. This—and the frenzy of attention that labeled Khaled a hero among many Palestinians, as well as put the Palestinian story on the world’s stage—was enough for Khaled to deem the mission a success.

    Others, however, including many Palestinians, did not agree. For one, whether Khaled knew it at the time or not, this hijacking would tie the word terrorism to the Palestinian resistance for years to come. Many thought her mission tainted their image in front of the world; rather than refugees in need, Palestinians were now terrorists who didn’t deserve sympathy. In 2006 Palestinian–Swedish filmmaker Lina Makboul made a documentary called Leila Khaled: Hijacker. The film ends when Makboul asks Khaled, “Didn’t you ever think that what you were doing would give the Palestinians a bad reputation?”

    Then, the interview cuts out. “By not having her answer in it,” Makboul told me, “I wanted to show that in the end it actually doesn’t matter—because she did it.”

    Still, I was glad to have the opportunity to ask Khaled myself. “I told [Makboul], I think I added to my people, not offended the Palestinian struggle,” said Khaled.

    It makes sense that Khaled was proud of her mission—for one year later, she would do it again. This time, though, it was with a different face.

    After the first hijacking, Leila Khaled quickly became an icon within the Palestinian resistance. Posters of her famous photo were printed out and hung around refugee camps that occupied the West Bank, Gaza, and the diaspora. She was well known—a problem for two reasons. One, she never wanted personal fame; in fact, she found it pretty annoying. “Some would ask me, ’How many hours do you spend in the mirror?’” she said, “as if this was a question of any logic.” She often refused to answer. “We’d be happy to answer all the questions dealing with the cause itself,” she said, “the core issues, why the conflict, who is oppressing who, and so on—these are the main issues that we want to raise in front of the media. Not whether I have a boyfriend or not. That doesn’t mean anything.”

    The second issue was that being very recognizable made it difficult to continue her work with the PFLP. In 1970, Khaled was appointed to participate in another hijacking mission, but her new notoriety meant she could no longer fly under the radar like she had before. Still, no measure was too drastic when it came to the question of Palestine: Between the first hijacking and the second, Khaled underwent six total plastic surgeries in Lebanon.

    On September 6, 1970, Khaled and a man named Patrick Argüello, a Nicaraguan–American who volunteered with the PFLP, attempted to hijack a plane on its way from Amsterdam to New York City. This time, Khaled’s mission did not run so smoothly. After moving to the cockpit and threatening to blow up the plane, Khaled was tackled in the air by guards and passengers while carrying two hand grenades and a pistol. In an attempt to defend her, Argüello fired at those tackling her, but he was shot and later died of his injuries. Simultaneously, the pilot of El Al flight 219 cleverly dropped the plane into a nosedive; Khaled lost balance, making her more vulnerable to attack, despite the visible weapons she carried.

    This operation was a part of a series of PFLP missions known as the Dawson’s Field hijackings. (Dawson’s Field is the deserted airstrip in Jordan where Khaled and Argüello were supposed to force the plane to land.) With Khaled knocked out by the men who tackled her and broke her ribs—and Argüello dead—the plane made an emergency landing in London. In her autobiography, My People Shall Live, Khaled writes, “I should have been the one to be killed because it was my struggle and he was here to support us.”

    After being taken to the hospital, Khaled was held and questioned by British authorities while the PFLP held the passengers who were aboard the rest of the hijacked aircrafts hostage at Dawson’s Field and attempted to negotiate with the countries they were from. The majority were released in Amman a few days later, but the PFLP kept 40, arguing that they were members of the Israeli army and thus “prisoners of war.” On September 30, British authorities let Khaled walk free as part of a negotiated deal with the PFLP; several Palestinian prisoners were also freed from European prisons.

    Upon her release, Khaled went back to Beirut and back to work, though she was constantly on the move to ensure her safety. In November of 1970, not two months after she left prison, she married the man who first taught her how to hold arms. He was a military commander in the PFLP who had previously been jailed for ten years in Iraq, where he was from, for his involvement in the Communist Party. But as tensions in Jordan were on the rise and Khaled’s husband felt pressure to go fight with his men, their relationship began to disintegrate. When Khaled could no longer ignore Israeli threats and decided to go into hiding, it was clear that their marriage was no longer working; the couple decided to get a divorce.

    In 1973 Khaled decided to move to the Shatila refugee camp in Beirut. (Shatila is widely known for the massacre of 1982, where death toll estimates are between 700 to 3,500 people—mass graves and a failure to investigate by the Lebanese government account for the wide range.) Fed up with her widespread, international attention, Khaled wanted to be in a humble place. “To be under light all the time was not comfortable for me,” she said. “For this reason I went and lived in Sabra and Shatila camp—to be with the people and work with the people.”

    When Khaled visits Shatila with Lina Makboul in her documentary, she is visibly welcomed as a hero. “I have always dreamt of walking beside you,” a man says to her as she makes her way through the camp on her way to visit an old comrade. Another points to her jokingly, “Do you know Leila Khaled? She is a terrorist!”

    Though Khaled is widely known for the hijackings that took place more than 40 years ago, she has been anything but absent from the resistance since then. In the aftermath of her hijackings, Leila Khaled became involved in the General Union of Palestinian Women (GUPW) and a member of the Palestinian National Council (PNC). Threats against her safety were a part of her daily life and frequently materialized. On Christmas 1975, she came home to find her sister and her sister’s fiancé shot dead in her apartment. She had been the target.

    In 1978 she left Lebanon to study history in the Soviet Union, where she met her second husband, a medical student and fellow PFLP member, Fayez Hilal. But two years after she began her studies, the resistance called—she was back in Lebanon working at the Palestinian Liberation Organization (PLO) office. Khaled and Hilal had two children in the 80s, Badar and Bashar.

    It was never easy being a woman in the resistance, let alone a mother—she was expected to speak for the entire female Palestinian population. “I had to be the voice of women, those who nobody sees,” she said. Still, she maintains that the victims in the conflict are the Palestinian people in general—not women or men. “To feel injustice and be conscious of who is oppressing you—you will act as a human being, whether you are a woman or a man,” she said. “Men were fighting; they gave their lives. Women also gave their lives. Men and women went to jail.”

    Today, Khaled is an icon of not only the Palestinian resistance against the Israeli occupation, but also of the Palestinian women’s movement. “The revolution changed the image of the Palestinian woman,” she said. “They are also in the revolution on an equal basis—they can do whatever the revolution needs.”

    When Khaled is asked about religion, she is firm that her enemy has never been Judaism. After her second hijacking, Khaled was rushed to a hospital in London, where a cop informed her that her doctor was Jewish. Khaled didn’t mind. “I was against Zionists, not Jews,” Khaled later told Sarah Irving. “[The cop] did not understand the difference, and I was in too much pain to explain.”

    Unlike most notorious terrorist organizations today, Khaled’s organization, the PFLP, has a secular reputation. It was the last week of Ramadan when I spoke to Khaled, but she told me that she isn’t particularly religious. “I think that whatever you are—you believe in Islam, or Christianity, or in Judaism—this is something personal,” she told me. When I asked if she practices Islam, she said, “I practice the values of humanity. These values are also mentioned in Islam: to be honest, to help the poor.”

    Khaled has been called both an Arab-Marxist hijacker and a freedom fighter, regarded as both a terrorist and a hero. When I asked her to define terrorism, she said it was “occupation.” The Leila Khaled on my Skype screen had been through much more than the young woman in the photo with her head loosely wrapped in a keffiyeh, but fundamentally the two are much the same. The terrorist/freedom fighter debate may be relative when it comes to Khaled, but her unwavering devotion and passion for Palestine is indisputable. “I’m from a family who believes in Islam,” she said, “but I’m not a fanatic. I’m a fanatic about Palestine and about my people.”

    #Palestine #PFLP #histoire #nakba #marxisme #sionisme #féminisme #moyen_orient

  • Affaire Depardieu : le milieu du cinéma est-il toxique ? - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=8J78VJT8yhc

    Guillaume Erner revient sur le Complément d’enquête visant les comportements de Gérard Depardieu auprès des femmes, sur et en dehors des tournages. Comment le cinéma français a-t-il évolué face aux violences sexistes et sexuelles depuis le lancement du mouvement #MeToo en 2017 ?

    Guillaume Erner reçoit la journaliste Marine Turchi qui a enquêté pour Mediapart et a recueilli de nombreux témoignages accusant Gérard Depardieu de violences sexuelles.

    Ainsi que la romancière et essayiste Hélène Frappat, qui vient de faire paraître un essai intitulé « Le Gaslighting ou l’art de faire taire les femmes », une réflexion en forme d’enquête qui se situe à la croisée du traité féministe, de la critique et de la philosophie politique.

    #depardieu #violencessexuelles #femme

    • « le milieu du cinéma est-il toxique ? »
      La question est tellement lunaire.
      Le milieu de la restauration est-il toxique ?
      Le milieu de la politique est-il toxique ?
      Le milieu du sport est-il toxique ?
      Le milieu médical est il toxique ?
      Le milieu du journalisme est-il toxique ?
      Le milieu du travail est-il toxique ?
      Le milieu de l’aide à l’enfance est-il toxique ?
      Le milieu de la famille est-il toxique ?
      LE milieu de la rue est-il toxique ?
      Le milieu du milieu est-il toxique ?
      Le milieu de la question est-il toxique ?
      Quel milieu n’est pas toxique ?
      comment ose t’on encore posé des questions aussi imbeciles ....

      Et quel silence ? Depardieu lui même parlait des viols collectif auquel il participait en 1978, 1981, 2001...

    • Disons que le cinéma est un milieu de pouvoir et d’influence masculiniste ET une industrie capitaliste, structuré de façon pyramidal, voire militaire, glorieux de façonner les représentations sociales, sexuelles, raciales et dont la complaisance à exacerber la merderie humaine est viciée au voyeurisme du public.
      Donc, oui, on retrouve ces mêmes formes pourries dans beaucoup de milieux, avec dévalorisation humiliation et destruction des femmes, histoire de soumettre la moitié de l’humanité, autant que le racisme sert à l’esclavage. La Société du Spectacle s’auto-congratule, loupe grossissante de celleux qui voient par delà le divertissement la façon dont les mascus se comportent partout ailleurs.

  • Catherine Le Magueresse : « Violences sexuelles il faut réformer le droit !

    A la veille de nouvelles discussions sur la définition du viol au Parlement européen, Nous publions à nouveau cette tribune écrite en 2011 par Catherine Le Magueresse, juriste. Un texte toujours d’actualité… car les résistances sont puissantes !

    https://www.lesnouvellesnews.fr/catherine-le-magueresse-violences-sexuelles-il-faut-reformer-le-dro
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/02/05/viol-et-justice-des-victimes-presumees-consentantes/#comment-59687

    #féminisme #consentement

  • La guerre, les femmes et les viols : on vous croit

    La lutte contre le sexisme, les violences faites aux femmes, l’antisémitisme et les racismes ne souffre aucune exception, aucune exemption, y compris au sein de la gauche antiraciste et féministe. N’oublions pas ce que les corps des femmes exhibés, malmenés, torturés, violés ou anéantis sous les bombes et ceux des enfants, nous disent de cette guerre entre Israël et le Hamas.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/12/11/la-guerre-les-femmes-et-les-viols-on-vous-croi

    #féminisme #guerre #palestine #israel

  • Les féminicides se multiplient au Canada… et ailleurs dans le monde.

    Il est temps d’admettre que le massacre de l’École polytechnique a été un attentat terroriste antiféministe.
    Décrit à l’origine comme un simple « événement tragique », 34 ans plus tard, il est temps de nommer le massacre de femmes du 6 décembre 1989 pour ce qu’il a réellement été : un attentat terroriste antiféministe.

    Anne St-Arneault, 23 ans ; Geneviève Bergeron, 21 ans ; Hélène Colgan, 23 ans ; Nathalie Croteau, 23 ans ; Barbara Daigneault, 22 ans ; Anne-Marie Edward, 21 ans ; Maud Haviernick, 29 ans ; Barbara Klueznick, 31 ans ; Maryse Laganière, 25 ans ; Maryse Leclair, 23 ans ; Anne-Marie Lemay, 22 ans ; Sonia Pelletier, 23 ans ; Michèle Richard, 21 ans ; et Annie Turcotte, 21 ans.

    La plupart des personnes lisant ceci reconnaîtront les noms des 13 étudiantes en ingénierie et de l’assistante administrative assassinées par un tireur à l’École polytechnique de Montréal le 6 décembre 1989.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/12/10/les-feminicides-se-multiplient-au-canada-et-ai

    #féminisme #féminicide

  • Sehjo Singh : « Le système des castes a besoin du patriarcat pour rester fort »

    En Inde, la déforestation et le patriarcat vont de pair ; par conséquent, le féminisme et l’écologie doivent également se construire ensemble

    Sehjo Singh fait partie de la Confluence des alternatives (en hindou, Vikalp de Sangam), une articulation d’organisations et de mouvements de défense de la nature, des communautés et de la souveraineté alimentaire en Inde. Sehjo a accordé cette interview lors de la 13e Rencontre internationale de la Marche mondiale des femmes, à Ankara, Turquie. Lors de la rencontre, la présence de délégations de pays asiatiques parmi les militantes du mouvement et les organisations alliées était significative.

    À l’occasion, Capire a parlé avec Sehjo de l’histoire de la construction du féminisme en Inde et des résistances et alternatives actuelles proposées par les femmes de la région. Selon Sehjo, les confrontations anti-patriarcales impliquent une critique du système des castes et de la lutte pour la terre, basée sur la réalité et les besoins des femmes populaires. Pour elle, la première bataille à mener est de reconnaître la centralité des agricultrices dans la production alimentaire et dans la garantie de la biodiversité : « Cela ne veut pas dire que les femmes contribuent – je dirais que ce sont les femmes qui la soutiennent ».

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/12/09/sehjo-singh-le-systeme-des-castes-a-besoin-du-

    #feminisme #inde

  • Les femmes ukrainiennes luttent contre l’escalade de la violence sexiste dans le contexte de la guerre

    Note de la rédaction : cet article a été parrainé par les organisations à but non lucratif HIAS et VOICE qui travaillent ensemble pour résoudre le problème de la violence contre les femmes et les filles en Ukraine, dans le cadre du projet « Partnering for Change : A Project Partnership Centering Women and Girls in the Ukraine Regional Response ». Les femmes présentées par leur nom complet dans le reportage ont accepté de révéler leur identité.

    AVERTISSEMENT : Cet article contient des descriptions qui peuvent heurter la sensibilité.

    Liudmyla Huseinova ne pouvait pas voir ceux qui lui enlevaient ses vêtements.

    Elle avait un sac sur la tête et ses mains étaient menottées. Elle était horrifiée au plus haut point et n’avait aucune idée de l’endroit où elle se trouvait.

    Plus tôt dans la journée, des militants russes s’étaient emparés de Mme Huseinova à son domicile de Novoazovsk, dans la partie occupée de l’oblast de Donetsk. Ses positions pro-ukrainiennes ont été à l’origine de la perquisition et de la détention.

    Dans certains locaux froids, elle a été placée face au mur.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/12/08/les-femmes-ukrainiennes-luttent-contre-lescala

    #international #ukraine #feminisme

  • À compter du 25 novembre, les Québécoises travaillent gratuitement – et certaines femmes le font depuis quelques semaines déjà

    Ce 25 novembre, les Québécoises commencent une période d’un peu plus d’un mois de travail « gratuit ». En effet, les données de l’Enquête sur la population active (EPA) du Canada montrent qu’en 2022, une disparité salariale persiste entre les hommes et les femmes du Québec puisque le salaire horaire moyen de ces dernières s’élevait à 29,29$ alors que celui de leurs homologues masculins était de 32,54$. Les Québécoises ont donc l’an dernier gagné 90% du salaire des Québécois, ce qui nous amène à cette fatidique date du 25 novembre qui, pour cette année, marque symboliquement le jour à partir duquel les femmes travaillent gratuitement. Malgré son pouvoir d’évocation, cette date ne révèle qu’une partie de l’iniquité salariale qui a cours au Québec puisque pour plusieurs femmes et personnes immigrantes et racisées, la date à partir de laquelle elles se retrouvent en « déficit salarial » est en fait depuis longtemps passée.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/12/07/a-compter-du-25-novembre-les-quebecoises-travaillent-gratuitement-et-certaines-femmes-le-font-depuis-quelques-semaines-deja/#

    #féminisme #québec

  • [Les #quenouilles] #métal-métaux
    https://www.radiopanik.org/emissions/les-quenouilles/metal-metaux

    “Le ciel comprend cinq éléments : le bois, le feu, la terre, le métal et l’eau ; le bois est le premier du cycle, l’eau le dernier et la terre est au centre du cercle. Tel est l’ordre naturel : le bois produit le feu, le feu produit la terre, la terre produit le métal, et le métal produit l’eau. Les cinq éléments constituent un cercle parfait mais chacun d’entre eux a sa fonction spécifique.” Tung Shung Su, cité dans le livre de Roland Habersetzer “Kung fu, 3000 ans d’histoire des arts martiaux chinois”

    Ces cinq éléments correspondent aux cinq organes internes principaux du corps humain : le rein, le foie, le poumon, la rate et le coeur.

    Métal, petit mot quenouille du mois qu’on pourrait isoler et qu’on va essayer de garder en relation, de garder bien entier dans ce qui le lie et nous lie à lui.

    Métal, toi (...)

    #chroniques #féronerie #chroniques,métal,quenouilles,féronerie
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/les-quenouilles/metal-metaux_16958__1.mp3

  • Filma, festival du film féministe ukrainien

    Entretien avec le collectif Filma

    Du 27 novembre 2023 au 10 décembre, Filma, le festival du film féministe ukrainien, propose des films sur son site accessible dans toute l’Ukraine et le monde entier. « Nous nous appelons Filma parce que le cinéma peut être un processus de co-création, avec des chances égales pour tous les participants, au lieu du processus strictement hiérarchique privilégié par les réalisateurs privilégiés. Nous nous appelons Filma parce que le cinéma peut être moins pro-gouvernemental et plus politiquement conscient, moins prédateur et plus sensible aux humains et aux non-humains. Nous nous appelons Filma parce que le cinéma peut être moins axé sur la culture des tapis rouges et des célébrités, et plus inclusif et socialement responsable. Nous nous appelons Filma parce qu’il est important pour nous de réfléchir ensemble aux possibilités et aux responsabilités du cinéma à long terme. Le festival a été créé par un collectif féministe comme plateforme collaborative pour des films qui répondent aux principes du féminisme intersectionnel, de l’antiracisme, de l’anticolonialisme, de l’inclusion et d’une culture du consentement. Des conversations avec les auteurs et protagonistes des films, ainsi qu’avec des chercheurs et activistes, font partie intégrante du programme » expliquent les organisatrices du festival qui ont bien voulu répondre à nos questions.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/12/05/filma-festival-du-film-feministe-ukrainien/#

    #cinema #feminisme #ukraine

  • ▶ Le numéro 1856 de décembre du Monde Libertaire est prêt !

    ▶ 𝐄𝐝𝐢𝐭𝐨 : "En décembre, c’est l’apothéose la grande bouffe et les p’tits cadeaux ils sont toujours aussi moroses mais y a de la joie dans les ghettos" - Renaud, Hexagone

    • Et revoilà les fêtes de fin d’années et leur cortège d’excès... à vomir ! D’ailleurs, à l’heure d’écrire ces lignes (le 17 novembre), l’un de nous croule déjà sous les colis de ses clients qui ne se posent pas trop de questions sur le système qu’ils utilisent, donc cautionnent... Aux Innocents les mains pleines ! Sauf que nous, anarchistes ou en tout cas anarchistes en devenir, nous ne cautionnons plus ces excès, et ce, depuis longtemps déjà pour certain(e)s d’entre nous. On entend déjà quelques bonnes consciences exprimer leurs regrets de la situation internationale et nationale à table ou au comptoir avant de s’en retourner se bâfrer de dindes aux marrons... C’est pour cette raison que le dossier de décembre porte sur un « marronnier » anarchiste, la consommation, et qu’il est d’ailleurs intitulé « On n’est pas des dindes ! »

    #LeMondeLibertaire #FédérationAnarchiste #Anarchisme #presse

    https://monde-libertaire.net/?articlen=7590&article=EDITO_DU_ML_N_1856&

  • ★ ANARCHISME ET FÉMINISME - Socialisme libertaire

    À Madrid, en 1934, paraît « Mujeres Libres », revue éditée par 4 femmes, écrivains, qui discutait des problèmes d’émancipation et de la conquête d’avantages en tant qu’ouvrières ou mères.
    En 1936 le groupe de Madrid et le « Groupe Culturel Féminin » de Barcelone décident de créer le groupe « Mujeres Libres » qui, deux ans plus tard, comptait 28 000 adhérentes. Pendant trois ans cette organisation lutta pour la formation de la femme pour un travail en commun, plus efficace aussi bien dans la Révolution que dans la guerre. Formation professionnelle non seulement pour remplacer les hommes pendant la guerre, mais surtout le désir de susciter un intérêt actif et conscient de la part des femmes dans la vie politique et sociale de l’Espagne (...)

    #féminisme #anarchisme #MujeresLibres #Espagne #histoire

    https://www.socialisme-libertaire.fr/2023/11/anarchisme-et-feminisme.html

  • Pas de democratie avec la prostitution »

    Interview de Geneviève Duché par Francine Sporenda

    Geneviève Duché est une universitaire, sociologue, psychologue et féministe. Elle est ex-présidente de l’Amicale du Nid et a écrit plusieurs livres sur la prostitution, dont « Non au système prostitutionnel » (Persée, 2015).

    FS : Vous dites dans votre livre que « quand la prostitution sera abolie, un des principaux verrous de la domination masculine aura sauté ». Pouvez-vous expliquer pourquoi la prostitution est un verrou de la domination masculine et pourquoi son abolition changera la situation de toutes les femmes ?

    GD : D’abord la prostitution c’est subir, sans aucun désir, des actes sexuels (bouche, anus, vagin pénétrés, attouchements etc.) plusieurs fois par jour et tous les jours, de la part d’hommes inconnus et imprévisibles en supportant, leurs violences, leur mépris, leur crasse …

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/12/04/pas-de-democratie-avec-la-prostitution

    #féminisme #prostitution

  • #José_Vieira : « La #mémoire des résistances face à l’accaparement des terres a été peu transmise »

    Dans « #Territórios_ocupados », José Vieira revient sur l’#expropriation en #1941 des paysans portugais de leurs #terres_communales pour y planter des #forêts. Cet épisode explique les #mégafeux qui ravagent le pays et résonne avec les #luttes pour la défense des #biens_communs.

    Né au Portugal en 1957 et arrivé enfant en France à l’âge de 7 ans, José Vieira réalise depuis plus de trente ans des documentaires qui racontent une histoire populaire de l’immigration portugaise.

    Bien loin du mythe des Portugais·es qui se seraient « intégré·es » sans le moindre problème en France a contrario d’autres populations, José Vieira s’est attaché à démontrer comment l’#immigration_portugaise a été un #exode violent – voir notamment La Photo déchirée (2001) ou Souvenirs d’un futur radieux (2014) –, synonyme d’un impossible retour.

    Dans son nouveau documentaire, Territórios ocupados, diffusé sur Mediapart, José Vieira a posé sa caméra dans les #montagnes du #Caramulo, au centre du #Portugal, afin de déterrer une histoire oubliée de la #mémoire_collective rurale du pays. Celle de l’expropriation en 1941, par l’État salazariste, de milliers de paysans et de paysannes de leurs terres communales – #baldios en portugais.

    Cette #violence étatique a été opérée au nom d’un vaste #projet_industriel : planter des forêts pour développer économiquement ces #territoires_ruraux et, par le même geste, « civiliser » les villageois et villageoises des #montagnes, encore rétifs au #salariat et à l’ordre social réactionnaire de #Salazar. Un épisode qui résonne aujourd’hui avec les politiques libérales des États qui aident les intérêts privés à accaparer les biens communs.

    Mediapart : Comment avez-vous découvert cette histoire oubliée de l’expropriation des terres communales ou « baldios » au Portugal ?

    José Vieira : Complètement par hasard. J’étais en train de filmer Le pain que le diable a pétri (2012, Zeugma Films) sur les habitants des montagnes au Portugal qui sont partis après-guerre travailler dans les usines à Lisbonne.

    Je demandais à un vieux qui est resté au village, António, quelle était la définition d’un baldio – on voit cet extrait dans le documentaire, où il parle d’un lieu où tout le monde peut aller pour récolter du bois, faire pâturer ses bêtes, etc. Puis il me sort soudain : « Sauf que l’État a occupé tous les baldios, c’était juste avant que je parte au service militaire. »

    J’étais estomaqué, je voulais en savoir plus mais impossible, car dans la foulée, il m’a envoyé baladé en râlant : « De toute façon, je ne te supporte pas aujourd’hui. »

    Qu’avez-vous fait alors ?

    J’ai commencé à fouiller sur Internet et j’ai eu la chance de tomber sur une étude parue dans la revue de sociologie portugaise Análise Social, qui raconte comment dans les années 1940 l’État salazariste avait pour projet initial de boiser 500 000 hectares de biens communaux en expropriant les usagers de ces terres.

    Je devais ensuite trouver des éléments d’histoire locale, dans la Serra do Caramulo, dont je suis originaire. J’ai passé un temps fou le nez dans les archives du journal local, qui était bien sûr à l’époque entièrement dévoué au régime.

    Après la publication de l’avis à la population que les baldios seront expropriés au profit de la plantation de forêts, plus aucune mention des communaux n’apparaît dans la presse. Mais rapidement, des correspondants locaux et des éditorialistes vont s’apercevoir qu’il existe dans ce territoire un malaise, qu’Untel abandonne sa ferme faute de pâturage ou que d’autres partent en ville. En somme, que sans les baldios, les gens ne s’en sortent plus.

    Comment sont perçus les communaux par les tenants du salazarisme ?

    Les ingénieurs forestiers décrivent les paysans de ces territoires comme des « primitifs » qu’il faut « civiliser ». Ils se voient comme des missionnaires du progrès et dénoncent l’oisiveté de ces montagnards peu enclins au salariat.

    À Lisbonne, j’ai trouvé aussi une archive qui parle des baldios comme étant une source de perversion, de mœurs légères qui conduisent à des enfants illégitimes dans des coins où « les familles vivent presque sans travailler ». Un crime dans un régime où le travail est élevé au rang de valeur suprême.

    On retrouve tous ces différents motifs dans le fameux Portrait du colonisé d’Albert Memmi (1957). Car il y a de la part du régime un vrai discours de colonisateur vis-à-vis de ces régions montagneuses où l’État et la religion ont encore peu de prise sur les habitants.

    En somme, l’État salazariste veut faire entrer ces Portugais reculés dans la modernité.

    Il y a eu des résistances face à ces expropriations ?

    Les villageois vont être embauchés pour boiser les baldios. Sauf qu’après avoir semé les pins, il faut attendre vingt ans pour que la forêt pousse.

    Il y a eu alors quelques histoires d’arrachage clandestin d’arbres. Et je raconte dans le film comment une incartade avec un garde forestier a failli virer au drame à cause d’une balle perdue – je rappelle qu’on est alors sous la chape de plomb du salazarisme. D’autres habitants ont aussi tabassé deux gardes forestiers à la sortie d’un bar et leur ont piqué leurs flingues.

    Mais la mémoire de ces résistances a peu été transmise. Aujourd’hui, avec l’émigration, il ne reste plus rien de cette mémoire collective, la plupart des vieux et vieilles que j’ai filmés dans ce documentaire sont déjà morts.

    Comment justement avez-vous travaillé pour ce documentaire ?

    Quand António me raconte cette histoire d’expropriation des baldios par l’État, c’était en 2010 et je tournais un documentaire, Souvenirs d’un futur radieux. Puis lorsqu’en 2014 un premier incendie a calciné le paysage forestier, je me suis dit qu’il fallait que je m’y mette.

    J’ai travaillé doucement, pendant trois ans, sans savoir où j’allais réellement. J’ai filmé un village situé à 15 kilomètres de là où je suis né. J’ai fait le choix d’y suivre des gens qui subsistent encore en pratiquant une agriculture traditionnelle, avec des outils de travail séculaires, comme la roue celte. Ils ont les mêmes pratiques que dans les années 1940, et qui sont respectueuses de l’écosystème, de la ressource en eau, de la terre.

    Vous vous êtes aussi attaché à retracer tel un historien cet épisode de boisement à marche forcée...

    Cette utopie industrialiste date du XIXe siècle, des ingénieurs forestiers parlant déjà de vouloir récupérer ces « terres de personne ». Puis sous Salazar, dans les années 1930, il y a eu un débat intense au sein du régime entre agrairistes et industrialistes. Pour les premiers, boiser ne va pas être rentable et les baldios sont vitaux aux paysans. Pour les seconds, le pays a besoin de l’industrie du bois pour décoller économiquement, et il manque de bras dans les villes pour travailler dans les usines.

    Le pouvoir central a alors même créé un organisme étatique, la Junte de colonisation interne, qui va recenser les baldios et proposer d’installer des personnes en leur donnant à cultiver des terres communales – des colonies de repeuplement pour résumer.

    Finalement, l’industrie du bois et de la cellulose l’a emporté. La loi de boisement des baldios est votée en 1938 et c’est en novembre 1941 que ça va commencer à se mettre en place sur le terrain.

    Une enquête publique a été réalisée, où tout le monde localement s’est prononcé contre. Et comme pour les enquêtes aujourd’hui en France, ils se sont arrangés pour dire que les habitants étaient d’accord.

    Qu’en est-il aujourd’hui de ces forêts ? Subsiste-t-il encore des « baldios » ?

    Les pinèdes sont exploitées par des boîtes privées qui font travailler des prolos qui galèrent en bossant dur. Mais beaucoup de ces forêts ont brûlé ces dernière décennies, notamment lors de la grande vague d’incendies au Portugal de 2017, où des gens du village où je filmais ont failli périr.

    Les feux ont dévoilé les paysages de pierre qu’on voyait auparavant sur les photos d’archives du territoire, avant que des pins de 30 mètres de haut ne bouchent le paysage.

    Quant aux baldios restants, ils sont loués à des entreprises de cellulose qui y plantent de l’eucalyptus. D’autres servent à faire des parcs d’éoliennes. Toutes les lois promues par les différents gouvernements à travers l’histoire du Portugal vont dans le même sens : privatiser les baldios alors que ces gens ont géré pendant des siècles ces espaces de façon collective et très intelligente.

    J’ai fait ce film avec en tête les forêts au Brésil gérées par les peuples autochtones depuis des siècles, TotalEnergies en Ouganda qui déplace 100 000 personnes de leurs terres pour du pétrole ou encore Sainte-Soline, où l’État aide les intérêts privés à accaparer un autre bien commun : l’eau.

    https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/021223/jose-vieira-la-memoire-des-resistances-face-l-accaparement-des-terres-ete-

    #accaparement_de_terres #terre #terres #dictature #histoire #paysannerie #Serra_do_Caramulo #communaux #salazarisme #progrès #colonisation #colonialisme #rural #modernité #résistance #incendie #boisement #utopie_industrialiste #ingénieurs #ingénieurs_forestiers #propriété #industrie_du_bois #Junte_de_colonisation_interne #colonies_de_repeuplement #cellulose #pinèdes #feux #paysage #privatisation #eucalyptus #éoliennes #loi #foncier

  • [Les Promesses de l’Aube] #colettes ! allumeuses de sororité et créatrices sonores
    https://www.radiopanik.org/emissions/les-promesses-de-l-aube/les-colettes-allumeuses-de-sororite-et-creatrices-sonores

    Ce mercredi 29 novembre nous recevons les participantes de Colettes ! dans la matinale de Panik.

    Colettes ! c’est un #atelier_radio féministe récemment mis en place par la Ligue des familles. Le collectif viendra - présenter sa démarche pour s’ouvrir à d’autres personnes désireuses de faire de la radio ensemble.

    Colettes ! a été mis en place à la suite d’une journée de rencontre féministe organisée par la Ligue des familles en janvier 2023. Tout d’abords sous la forme de « cercles de parole radiophonique », puis à travers un atelier d’écriture qui partageait « notre premier souvenir féministe », nous nous sommes ensuite intéressées à des réalités sociales qui touchent aussi d’autres #femmes.

    Le collectif se décrit comme-ceci :

    Colettes ! Une constellation joyeuse de vulves cosmiques qui donne du sens au quotidien. (...)

    #podcast #sororité #empowerment #ligue_des_travailleuses_domestiques #femmes,podcast,sororité,empowerment,atelier_radio,ligue_des_travailleuses_domestiques,colettes
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/les-promesses-de-l-aube/les-colettes-allumeuses-de-sororite-et-creatrices-sonores_16925__1.mp3

  • Jeunes femmes journalistes en formation, nous dénonçons le sexisme qui règne dans la profession

    « Toi, tu vas l’avoir ton stage… » Cette phrase, on voudrait l’entendre après une présentation réussie. Pas lors d’une soirée, de la bouche d’un homme de l’âge de notre père qui nous la glisse à l’oreille d’un ton chargé de sous-entendus.

    Chaque année, le congrès de la Presse Hebdomadaire Régionale (PHR) rassemble de nombreux éditeurs de presse locale. Les étudiants de la licence professionnelle « Presse de proximité » de l’École supérieure de journalisme de Lille (ESJ Lille) sont traditionnellement conviés. Mi-juin, à Laval, nous y avons donc présenté notre travail de l’année, un magazine thématique et deux quotidiens édités durant le congrès.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/12/02/jeunes-femmes-journalistes-en-formation-nous-d

    #féminisme #sexisme #journalisme

  • ATTAQUES CONTRE LE MOUVEMENT FÉMINISTE ET #METOO : UN PROCÈS INTOLÉRABLE ET INJUSTE
    Communiqué LDH

    A la veille des manifestations contre les violences faites aux femmes, une campagne de dénigrement des organisations féministes a été engagée avec des affiches sur lesquelles on lisait trois slogans : “#Metoo, unless you’re a jew ?” (#Metto, sauf si tu es juive ?), “Féminisme, interdit aux juives ?”, “#Noustoutes sauf les juives ?”. Ces slogans ont été ensuite portés sur le lieu de rassemblement de la manifestation parisienne du 25 novembre.

    Suite à l’exfiltration par la police de ce groupe de manifestants et manifestantes, cette campagne critiquant les organisations féministes à l’initiative des manifestations du 25 novembre contre les violences sexistes et sexuelles a été reprise à une tout autre échelle par l’extrême droite, trouvant écho jusque dans le Parlement.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/11/13/25-novembre-manifestons-contre-toutes-les-violences-sexistes-et-sexuelles/#

    #féminisme

  • VIH : les migrantes d’origine subsaharienne, victimes oubliées du virus en France
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/12/01/vih-les-migrantes-d-origine-subsaharienne-victimes-oubliees-du-virus-en-fran

    VIH : les migrantes d’origine subsaharienne, victimes oubliées du virus en France
    Les nouvelles contaminations ne baissent pas chez les femmes hétérosexuelles nées à l’étranger, selon le bilan de Santé publique France publié à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, vendredi 1ᵉʳ décembre. Des associations tentent de diffuser le traitement préventif.
    Par Julien Lemaignen
    Elles sont nigérianes, guinéennes, camerounaises, ivoiriennes. Aux femmes qui lui téléphonent depuis l’Ile-de-France, la Libye ou l’île italienne de Lampedusa, Caroline Andoum n’hésite pas à « parler cru ». Elle évoque avec elles leur santé sexuelle et les moyens de se protéger du sida. Mme Andoum est la directrice générale de Bamesso et ses amis, une association de santé basée au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis). Alors que le 1er décembre se déroule la Journée mondiale de lutte contre le sida, et que 2023 marque le quarantième anniversaire de la découverte du virus, elle a fort à faire pour prévenir les infections parmi les femmes migrantes, qui demeurent l’un des publics qui accèdent le plus difficilement à la prévention et au traitement.
    Selon le bilan publié par Santé publique France (SPF) le 28 novembre, entre 4 200 et 5 700 personnes ont découvert leur séropositivité en 2022. C’est moins qu’en 2019, ce qui est « encourageant quant à la dynamique de l’épidémie », d’après l’agence. Toutefois, « sur la totalité de la période 2012-2022, le nombre de découvertes est quasi stable chez les femmes hétérosexuelles nées à l’étranger », selon SPF, alors qu’il a diminué pour les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH) nés en France, les femmes hétérosexuelles nées en France, les usagers de drogue par injection et les hommes hétérosexuels.
    Les femmes représentent ainsi 31 % des découvertes de séropositivité. Parmi elles, beaucoup viennent d’Afrique subsaharienne. « Une part importante des contaminations survient après la migration », relève SPF, qui renvoie à l’étude ANRS-Parcours de 2015 ayant estimé ce taux entre 25 et 35 % pour les femmes originaires de la région.Les hommes que ces femmes rencontrent en France appartiennent souvent à leur communauté, souffrant d’une forte prévalence du VIH. Or, relève Caroline Andoum, les femmes qui arrivent sans papiers et sans ressources sont en position de faiblesse pour négocier le préservatif auprès de leurs partenaires s’ils le refusent. A plus forte raison lorsqu’elles se prostituent pour survivre.
    Dans ces conditions, le comprimé quotidien à prendre dans le cadre du traitement préventif par prophylaxie pré-exposition (PrEP), autorisé en France depuis 2016 et remboursé par la Sécurité sociale, présente le double avantage de pouvoir être décorrélé du rapport sexuel et de laisser aux femmes le contrôle de leur protection. Encore faut-il le faire connaître, et « il n’y a qu’avec les associations communautaires qu’on peut être efficients », selon le docteur Thomas Huleux, chef du bureau des maladies infectieuses au conseil départemental de Seine-Saint-Denis. (...)
    Ces efforts ne peuvent faire oublier que si les démarrages de PrEP ont connu une hausse de 31 % entre 2022 et 2023 à l’échelle nationale, cela concerne encore des hommes à 97 %, selon les données de l’enquête Epi-Phare publiée le 29 novembre, pour un total de 85 000 traitements commencés entre 2016 et juin 2023. Que les femmes représentent un tiers des nouveaux cas mais une infime minorité des PrEP constitue un « parfait exemple d’inégalité de genre en santé, tempête le professeur Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Tenon à Paris et spécialiste du VIH. On a de bonnes mesures mais personne ne les connaît. Or la PrEP s’applique à toute personne qui s’estime en situation de risque, c’est très large ». SPF a annoncé, le 28 novembre, la poursuite de sa campagne d’information contre le VIH avec deux volets spécifiquement orientés vers les HSH et vers les personnes migrantes d’origine subsaharienne.
    En plus d’une meilleure diffusion des traitements existants, la prévention pourrait s’enrichir d’un nouvel outil, la PrEP injectable à base de cabotégravir. A la différence des comprimés qui doivent être pris tous les jours à horaire fixe, les injections – à effectuer par du personnel qualifié – peuvent être espacées de huit semaines. D’après une étude auprès de plus de 3 000 femmes dans sept pays d’Afrique subsaharienne, baptisée HPTN 084 et publiée en mai 2022 dans The Lancet, cette méthode est plus efficace que la voie orale pour prévenir les infections dans ce public. (...) La PrEP injectable est recommandée par l’OMS, autorisée par la Food and Drug Administration américaine et par l’Agence européenne des médicaments. Pour envisager sa mise en œuvre en France, il faudrait que la Haute Autorité de santé (HAS) statue sur son intérêt et sur l’opportunité du remboursement par la Sécurité sociale.
    Aux yeux de Bruno Spire, directeur de recherche à l’Inserm et président d’honneur d’Aides, rien ne dit que la HAS va donner son feu vert. « HPTN 084 est un essai clinique impliquant des participantes volontaires et motivées, souligne-t-il. Ce qui manque, ce sont des données démontrant une plus-value en santé publique. » D’après lui, il faudrait établir que la PrEP injectable permet d’augmenter le nombre de personnes traitées et ne se résume pas à une alternative plus commode.Pour Thomas Huleux, la PrEP injectable a vocation à compléter le panel des moyens. « Si on n’en a qu’un seul, il ne convient pas à tout le monde », souligne-t-il, rappelant que « si le tout-préservatif fonctionnait, on ne serait plus là à parler du VIH ». A Aulnay, Caroline Andoum attend la PrEP injectable « avec impatience », car elle promet une discrétion accrue par rapport aux tablettes qui peuvent susciter de la stigmatisation. Aujourd’hui, avec les femmes suivies par son association, elle discute souvent de la meilleure façon de cacher les boîtes.

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