• Des paysages et des visages, le voyage intellectuel de #Felwine_Sarr

    Felwine Sarr nous invite, dans "La saveur des derniers mètres", à partager ses voyages à travers le monde, mais aussi un cheminement intellectuel, celui d’un homme qui veut repenser notre manière d’#habiter_le_monde et redéfinir la relation entre l’Afrique et les autres continents.

    L’économiste sénégalais Felwine Sarr est l’un des intellectuels importants du continent Africain. Ecrivain et professeur d’économie, il est également musicien. Deux de ses livres ont notamment fait date : Afrotopia (2016) et Habiter le monde (2017). Avec Achille Mbembé, il est le fondateur des Ateliers de la pensée de Dakar. Chaque année, des intellectuels et artistes s’y rencontrent lors d’un festival des idées transdisciplinaire pour “repenser les devenirs africains” à travers des concepts adaptés aux réalités contemporaines.

    La littérature, les arts, la production d’imaginaires et de sens demeurent de formidables boussoles pour l’humanité. Nous sommes dans une crise de l’imaginaire, nous n’arrivons pas à déboucher les horizons. (Felwine Sarr)

    L’utopie nous dit qu’on peut féconder le réel, faire en sorte qu’il y ait un surcroit de réel. (...) Le premier travail est d’imaginer qu’ "il est possible de..." (...) Il faut reprendre le chantier qui consiste à dire qu’il existe des horizons souhaitables, qu’il faut les penser, les imaginer, et travailler pour les faire advenir. (Felwine Sarr)

    Felwine Sarr a été, avec l’historienne de l’art Bénédicte Savoy, chargé de rédiger un rapport sur la restitution des œuvres d’art africaines spoliées lors de la colonisation, remis à Emmanuel Macron en novembre 2018.

    Nous devons reprendre notre élan notamment en reconstruisant un rapport à notre patrimoine, à notre histoire. (Felwine Sarr)

    Son livre La saveur des derniers mètres (éditions Philippe Rey) est une invitation au voyage intellectuel et physique, le voyage des idées et des hommes, un plaidoyer presque, pour l’importance des rencontres et du dialogue avec l’autre. La confrontation avec des ailleurs (Mexico, Mantoue, Le Caire, Istanbul, Port-au-Prince, Cassis, Kampala, Douala), mais aussi le retour chez soi, l’île de Niodior, sa terre natale, son point d’ancrage, sa matrice. Imaginaire en voyage et voyage des imaginaires.

    Goûter à la saveur du monde est un droit qui doit être équitablement réparti. Il faut considérer la mobilité comme un droit fondamental. (Felwine Sarr)

    Un récit entre le carnet de voyage, les notes de l’économiste, les réflexions anthropologiques et les évasions poétiques. Une plongée intime dans des transports de la pensée et du coeur.

    Voyager permet d’avoir un regard en biais, en relief, à la fois en dedans et en dehors. (Felwine Sarr)

    Appartenir à une île, c’est devoir la quitter. (Felwine Sarr)

    https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-idees/des-paysages-et-des-visages-le-voyage-intellectuel-de-felwine-sarr

    Lecture d’un texte de #Tanella_Boni :

    « Y aurait-il, depuis toujours, des peuples et des individus qui auraient droit à l’#aventure, suivraient leurs désirs de se déplacer en bravant toute sorte d’obstacles, et d’autres qui n’en auraient pas le droit. #Nous_sommes_tous_des_migrants et tout migrant a des #rêves et des #désirs. Certes, les lois doivent être respectées et les passages aux frontières autorisés, on ne part pas comme ça à l’aventure, dit-on. Comme ça, sur un coup de tête. Ou par pur #plaisir. Mais qui donc part aujourd’hui par pur plaisir sur les routes inhospitalières de nulle part. Dans certains pays où le mal-être des individus est palpable, chacun pourrait habiter quelque part, il y aurait moins de migration illégale. Je rêve, tandis que l’on continue de mesurer le seuil de pauvreté dans le monde. De nombreux pays africains vivent en dessous de ce seuil. Tout compte fait, est-ce que je sais de quoi habiter est le nom ? »

    –-> à l’occasion du festival Banquet d’été 2020

    #faire_monde #restitution #pillage #art #Afrique #colonialisme #imagination #imaginaire #utopie #futur #téléologie_inversée #covid-19 #coronavirus #rêves_collectifs #ouvrir_les_futurs #frontières #habiter #mobilité #migrations #liberté_de_mouvement #citoyenneté #liberté_de_circulation #inégalités #décolonialité #décolonial #décolonisation

    –—

    Il parle notamment des #ateliers_de_la_pensée (#Dakar) qu’il a co-fondés avec #Achille_Membé
    https://lesateliersdelapensee.wordpress.com

    ping @karine4 @isskein

    • J’aime beaucoup cette discjockey #Anz. Les échos du son nigerian en france, c’est cette chanson qui passe dans tous les bons supermarchés :

      https://www.youtube.com/watch?v=fCZVL_8D048

      sur ce SARS que je ne connaissais pas , wp dit :

      End Special Anti-Robbery Squad ( End SARS ) ou #EndSARS est un mouvement social au Nigeria qui a commencé sur Twitter pour appeler à l’interdiction de la Special Anti-Robbery Squad, une unité de la police nigériane1. C’est un appel à mettre fin à l’oppression et à la brutalité policières au Nigéria. Les manifestations ont commencé comme une campagne sur les réseaux sociaux utilisant le hashtag #ENDSARS pour demander au gouvernement nigérian d’abandonner et de mettre fin au déploiement de la brigade spéciale anti-vol de la police nigériane, connue sous le nom de SRAS.2,3,4 En un week-end (du 9 au 11 octobre 2020), le hashtag #ENDSARS a enregistré jusqu’à 28 millions de tweets.5 Les Nigérians ont partagé à la fois des histoires et des preuves vidéo de la façon dont des membres du SRAS se sont livrés à des enlèvements, des meurtres, des vols, des viols, des tortures, des arrestations illégales, des actes autoritaires, des humiliations, des détentions illégales, des exécutions extrajudiciaires et des extorsions.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/End_SARS

      #violences_policières #nigeria #highlife #disco #fela #zombies

  • #Décolonisations : du sang et des larmes. La rupture (1954-2017) —> premier épisode de 2 (voir plus bas)

    Après huit années de conflits meurtriers, l’#Empire_colonial_français se fragilise peu à peu. La #France est contrainte d’abandonner l’#Indochine et ses comptoirs indiens. Les peuples colonisés y voient une lueur d’espoir et réalisent que la France peut-être vaincue. Les premières revendications d’#indépendance se font entendre. Mais la France reste sourde. Alors qu’un vent de liberté commence à se répandre de l’Afrique aux Antilles en passant par l’océan indien et la Polynésie, un cycle de #répression débute et la République répond par la force. Ce geste va nourrir des décennies de #haine et de #violence. Ce #documentaire, réalisé, à partir d’images d’archives, donne la parole aux témoins de la #décolonisation_française, qui laisse encore aujourd’hui des traces profondes.

    https://www.france.tv/france-2/decolonisations-du-sang-et-des-larmes/decolonisations-du-sang-et-des-larmes-saison-1/1974075-la-rupture-1954-2017.html
    #décolonisation #film_documentaire #colonialisme #colonisation #film

    #France #Indochine #Empire_colonial #FLN #Algérie #guerre_d'Algérie #guerre_de_libération #indépendance #François_Mitterrand #Algérie_française #Section_administrative_spécialisée (#SAS) #pacification #propagande #réformes #attentats #répression #Jacques_Soustelle #Antoine_Pinay #conférence_de_Bandung #Tunisie #Maroc #Gaston_Defferre #Cameroun #Union_des_populations_du_Cameroun (#UPC) #napalm #Ruben_Um_Nyobe #Ahmadou_Ahidjo #Milk_bar #armée_coloniale #loi_martiale #bataille_d'Alger #torture #haine #armée_française #Charles_de_Gaulle #paix_des_Braves #humiliation #camps #déplacement_des_populations #camps_de_déplacés #déplacés #internement #Madagascar #Côte_d'Ivoire #Guinée #Ahmed_Sékou_Touré #communauté_franco-africaine #liberté #Organisation_de_l'armée_secrète (#OAS) #17_octobre_1961 #accords_d'Evian #violence #pieds-noirs #rapatriés_d'Algérie #Harki #massacre #assassinats #déracinement #camp_de_Rivesaltes #invisibilisation #néo-colonialisme #ressources #gendarme_d'Afrique #Françafrique #Felix-Roland_Moumié #territoires_d'Outre-mer #Michel_Debré #La_Réunion #Paul_Vergès #Polynésie #Bureau_pour_le_développement_des_migrations_dans_les_départements_d'Outre-mer (#Bumidom) #racisme #Djibouti #Guadeloupe #Pointe-à-Pitre #blessure #mépris #crimes #mémoire

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    Et à partir du Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’Outre-mer... un mot pour désigner des personnes qui ont « bénéficier » des programmes :
    les « #Bumidomiens »
    –-> ajouté à la métaliste sur les #mots en lien avec la #migration :
    https://seenthis.net/messages/414225
    #terminologie #vocabulaire

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    Une citation de #Jean-Pierre_Gaildraud, qui dit dans le film :

    « Nous étions formatés dans une Algérie française qu’il ne fallait pas contester. C’était ces rebelles, c’étaient ces bandits, ces égorgeurs qui menaçaient, qui mettaient en péril une si belle France. En toute bonne foi on disait : ’La Seine traverse Paris comme la Méditerranée traverse la France’ »

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    « Il faut tourner une page et s’abandonner au présent. C’est sûr, mais comment tourner une page quand elle n’est pas écrite ? »

    Hacène Arfi, fils de Harki

  • Transfert de Kabuga devant le Mécanisme : est-ce la bonne chose à faire ?
    https://www.justiceinfo.net/fr/divers/45546-transfert-kabuga-devant-mecanisme-est-ce-la-bonne-chose-a-faire.h

    L’histoire débute par une arrestation surprise, en mai dernier, dans une banlieue chic de Paris, peu après la fin du confinement. La fin de cavale d’un vieillard rwandais, fugitif recherché, Félicien Kabuga, va changer les perspectives du « Mécanisme », un obscur tribunal international « résiduel ». Hier mercredi 30 septembre, le destin de Kabuga s’est précisé, devant la Cour de cassation de Paris, qui confirme son transfert en Tanzanie.

    Jusqu’en mai de cette année et jusqu’à l’arrestation en France du célèbre fugitif rwandais Félicien Kabuga, 85 ans, le Mécanisme international résiduel pour les tribunaux pénaux (le « Mécanisme ») était l’un des nombreux vestiges poussiéreux - élégamment appelés « résiduels » - des jours grisants où la coopération multilatérale a permis la mise en place de mécanismes de redevabilité (...)

    #Divers

  • Rwanda : les enjeux du procès de Félicien Kabuga
    https://www.justiceinfo.net/fr/les-debats-justiceinfo/opinions/45543-rwanda-enjeux-proces-felicien-kabuga.html

    Quelles sont les conséquences de l’arrestation en mai dernier, en France, de Félicien Kabuga, considéré comme l’un des grands responsables du génocide rwandais de 1994 ? Le sociologue français André Guichaoua, ancien témoin expert du parquet au Tribunal pénal international pour le Rwanda, décrit les enjeux du procès de l’accusé, dont la Cour de cassation a confirmé mercredi 30 septembre le transfèrement à Arusha, pour y être jugé.

    Le 16 mai 2020, Félicien Kabuga, l’un des derniers grands génocidaires présumés, recherché depuis plus de vingt ans par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) puis, après sa fermeture, par le Mécanisme chargé de clore les derniers dossiers des tribunaux pénaux internationaux (MICT), est arrêté en France, en région parisienne, où il vivait depuis plus d’une dizaine (...)

    #Opinions

  • La carte de la #mémoire statuaire par Christian Grataloup - Sciences et Avenir

    https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/la-carte-de-la-memoire-statuaire-par-christian-grataloup_145329

    Les pratiques mémorielles collectives les plus courantes ne coutent pas bien cher. Il suffit de nommer. Plutôt que de numéroter les rues ou les établissements (scolaires, hospitaliers, militaires, etc.), on leur donne un nom, le plus souvent celui d’une personne, décédée de préférence. La dépense se limite à quelques plaques. On retrouve aussi ces dénominations sur les papiers à en-tête ou les cartes de visites, dans la mesure où subsistent encore ces pratiques prénumériques. Quel effet cela a-t-il pour le souvenir du (rarement de la) disparu(e) ? Très certainement peu de choses. Beaucoup de résidents ignorent qui était l’illustre dont leur adresse porte le patronyme et avouent souvent ne pas même s’être posé la question. Habiter avenue des tilleuls ou rue Gambetta ne change rien à la vie quotidienne ou aux représentations qu’on se fait de sa propre géographie. Littéralement, le plan de la ville n’est pas une carte-mémoire.

    #traces #statues #déboulonage

    • Les #pratiques_mémorielles collectives les plus courantes ne coutent pas bien cher. Il suffit de nommer. Plutôt que de numéroter les rues ou les établissements (scolaires, hospitaliers, militaires, etc.), on leur donne un #nom, le plus souvent celui d’une personne, décédée de préférence. La dépense se limite à quelques #plaques. On retrouve aussi ces #dénominations sur les papiers à en-tête ou les cartes de visites, dans la mesure où subsistent encore ces pratiques prénumériques. Quel effet cela a-t-il pour le souvenir du (rarement de la) disparu(e) ? Très certainement peu de choses. Beaucoup de résidents ignorent qui était l’illustre dont leur adresse porte le #patronyme et avouent souvent ne pas même s’être posé la question. Habiter avenue des tilleuls ou rue Gambetta ne change rien à la vie quotidienne ou aux représentations qu’on se fait de sa propre #géographie. Littéralement, le plan de la ville n’est pas une carte-mémoire.

      "Ah, s’il avait pu ne pas exister, celui-là !"

      Je me souviens avoir, il y a plus de quarante ans, enseigné dans un collège (un CES alors) de ce qui était la banlieue rouge. La municipalité communiste lui avait donné le nom de #Marcel_Cachin. Lorsque la vie politique française du XXe siècle figurait dans les programmes, je me faisais un devoir de citer l’homme politique communiste, longtemps directeur de L’Humanité. Je n’ai jamais rencontré un élève qui en avait au préalable une vague connaissance. Pourtant, cela faisait moins de vingt ans qu’il était décédé et l’environnement politique local aurait pu favoriser ce culte du héros. L’ignorance était aussi profonde dans l’établissement voisin baptisé (si j’ose dire) Eugénie Cotton. Chose amusante, il est plusieurs fois arrivé que des élèves s’écrient : "ah, s’il avait pu ne pas exister, celui-là !". On pourrait imaginer une dystopie où il serait possible d’effacer le passé, ce qui ferait disparaître tous les lieux portant le nom évanoui. L’abolition historique générant l’abolition géographique. L’amnésie gommant la carte.

      En supprimant une statue, ne serait-on pas quelque peu dans un processus de même nature, mais inversé ? Effacer la #matérialisation d’une mémoire, ce n’est plus, bien sûr, la glorifier, mais ce n’est pas non plus montrer quelles nuisances, quelles souffrances elle avait occultées. Passé le bref moment de satisfaction qu’apporte le sentiment d’avoir infligé une juste punition, comment pourra-t-on rappeler au quotidien ces nuisances et ces souffrances ? En érigeant d’autres statues, jusqu’à ce que plus tard d’autres mécontentements finissent par les prendre pour cibles, soit par regret des #célébrations antérieures, soit, plus probablement, parce que les personnages ou les actes célébrés apparaissent trop tièdes, trop ambigus. Ce sont les actuelles mésaventures de #Victor_Schœlcher, dont les représentations n’ont d’autres buts que de rappeler l’abolition de l’#esclavage (sinon, qui se souviendrait de cet assez modeste personnage politique du XIXe siècle ?), raison qui lui a valu d’être, avec #Félix_Eboué, panthéonisé en 1949 (et sa tombe fleurie par Mitterrand en 1981).

      Contextualiser et non effacer

      La colère qui aboutit au renversement d’une statue est d’aujourd’hui. Ce ne sont pas les comptes du passé qui sont réglés, mais des souffrances bien contemporaines qui s’expriment. S’attaquer à la mémoire des traites négrières et de leurs acteurs hurle la blessure constamment rouverte du racisme subi au quotidien. Mais en tentant de changer la mise en scène du passé – qui ne passe pas, selon la formule consacrée -, c’est la mémoire qui risque de disparaître, pas le racisme présent qui n’a nul besoin de profondeur historique.

      De fait, tous les historiens et autres spécialistes de sciences sociales ne cessent de dire qu’il faut avant tout contextualiser et non effacer. Bien sûr, je ne peux y manquer. Mais je contenterai d’un seul critère de mise en situation : éviter de réduire une personne et sa statue à une symbolique marginale dans ce qu’elles peuvent représenter. En 2005, la célébration du bicentaire de la victoire d’Austerlitz a avorté. Cela pouvait se comprendre par refus d’une exaltation militariste et impérialiste. Mais le grand reproche fait alors à Napoléon a été d’avoir rétabli l’esclavage aux colonies trois ans avant la bataille. Ce retour en arrière sur un acquis majeur de la Révolution, même s’il n’avait guère eu d’effet concret, est évidemment un acte honteux. Mais ce n’est vraiment pas pour cela qu’on a érigé des statues de l’empereur. La situation est la même pour la figure du roman national la plus honnie aujourd’hui : Jean-Baptiste Colbert. On peut le détester pour les mêmes raisons qui ont fait réinventer son personnage par la 3ème République : le fait qu’il soit un maillon essentiel dans la chaîne des bâtisseurs de l’Etat central. Le roman national en faisait un modèle à suivre pour les petits écoliers, en vantant sa capacité de travail : l’imagerie le montrait entrant dans son bureau très tôt le matin et se frottant les mains pour exprimer son plaisir de voir d’énormes piles de dossiers à travailler. Le colbertisme n’a que marginalement à voir avec le Code noir dont la haine dont il est l’objet témoigne d’abord d’une totale décontextualisation. Certes, il vaut mieux prendre des symboles qui tiennent la route et Christiane Taubira a très justement tranché sur la mémoire de Colbert en insistant sur les raisons toutes autres de sa célébration. Sacrifier la statue qui trône devant l’Assemblée nationale (d’ailleurs une copie) n’aurait pas grand sens et n’aboutirait qu’à provoquer d’inutiles divisions.

      Les oubliées, les opprimées, les minoritaires

      L’ancien contrôleur général des finances de Louis XIV connaît ainsi un bref moment de « popularité » qui n’a pas grand rapport avec la patrimonialisation généralisée dans laquelle nous baignons depuis au moins trois décennies. Dans un monde où toute ancienne usine, toute petite zone humide, toute vieille ferme est célébrée comme un lieu de mémoire si sa destruction est envisageable, ne resterait-il que les statues qu’il faudrait effacer ? Alors que, dans l’ensemble, on ne leur prête généralement aucun intérêt et que même ceux qui passent régulièrement devant elles ne s’y intéressent pas le moins du monde. Une solution est aujourd’hui souvent prônée : ériger nouvelles statues célébrant les oubliées, les opprimées, les minoritaires. Vu que l’immense majorité de la statuaire publique (et encore, compte non tenu des monuments aux morts militaires) représente des hommes blancs, souvent vieux, la tâche est impressionnante, digne d’une relance économique hyper-keynésienne. Mais les sommes monumentales (désolé, le jeu de mot est tentant) nécessaires ne seraient-elles pas mieux employées à remettre à flots les hôpitaux publics ? Il est vrai que ce serait sans doute un facteur de réindustrialisation, les bronziers ayant largement disparu du territoire national.

      Lorsque le président sénégalais #Abdoulaye_Wade a voulu ériger sur les #collines_des_Mamelles, près de #Dakar et face à l’Atlantique, l’énorme groupe statuaire qu’est le monument de la #Renaissance_africaine (52 mètres de haut, en bronze et cuivre), un seul pays s’est montré capable de relever le défi technique : la Corée du Nord. Statufier les mémoires est chose difficile. Deux passés particulièrement douloureux, la Shoah et les traites négrières se livrent à ce qu’il est convenu d’appeler une concurrence mémorielle. Des lieux ont pu être ainsi fabriqués, ainsi la maison des esclaves de Gorée où sans doute peu d’esclaves sont passés, mais peu importe. D’autres subsistent, comme la cité de la Muette à Drancy qui fut l’antichambre d’Auschwitz. Neuf juifs sur dix déportés de France passèrent par le camp de Drancy. En 2006 une sorte de jumelage mémoriel fut mis en place entre les municipalités de Gorée et de Drancy avec l’érection de deux groupes statuaires, un dans chaque lieu, réalisés par deux artistes guadeloupéens, Jean et Christian Moisa. Mais les deux célèbrent la fin de l’esclavage, pas la libération des camps.

      Finalement, la statue la plus durable serait celle qui n’a pas de corps. Grace aux déboulonnages opérés durant l’occupation pour fournir des métaux rares aux Allemands, ont longtemps subsisté sur bien des places de France, des socles vides, pourvu néanmoins d’une plaque. La solution a été adoptée pour un des très récents ensembles de statues érigées à Paris : le monument aux 549 soldats français morts en #Opex inauguré le 11 novembre 2019 par le président Macron. Le cercueil porté par les 6 soldats de bronze est non seulement vide, mais il n’existe pas. La statue idéale.

      #statues #Christian_Grataloup #toponymie_politique #effacement #contextualisation

      ping @albertocampiphoto @isskein

  • Deleuze, Guattari et le marxisme, Jean-Jacques Lecercle – CONTRETEMPS
    https://www.contretemps.eu/deleuze-guattari-marxisme

    Incipit

    Un marxiste ouvre l’Anti-Œdipe à la première page. Il est immédiatement plongé dans un univers exotique, et qui lui est totalement étranger. Certes, ça fonctionne, mais ça mange, ça chie, ça baise, etc. Ces activités ne sont pas étrangères au marxiste, mais il n’a pas l’habitude de les théoriser. Pourtant, pour peu qu’il persiste dans sa lecture, il trouvera à cet univers des aspects familiers. Ce « ça » qui chie et qui baise, mais qui produit aussi, c’est une machine, un ensemble de machines. Et notre marxiste est passé par au moins deux seuils, le titre de la première partie, « Production désirante », et le titre d’ensemble de l’œuvre, dont l’Anti-Œdipe est le premier volume, « Capitalisme et schizophrénie. » Là gît en effet le problème pour le marxiste qui lit Deleuze et Guattari : une forme de schizophrénie le menace, inscrite dans le « et » du titre. Ce sont des machines (concept qui ne laisse pas le marxiste indifférent), oui, mais désirantes ; une analyse du capitalisme est bien annoncée, mais dans ses rapports avec la schizophrénie. La surprise passée, le marxiste constatera avec intérêt que la pratique est cohérente. Quel que soit le concept, si pittoresque soit son nom (nomadisme, agencement, machine de guerre), et quelle que soit la distance prise par rapport aux concepts familiers, et elle est souvent grande, on a toujours l’impression qu’il y a, dans l’élaboration conceptuelle de Deleuze et Guattari, un rapport au marxisme. Ainsi la célèbre analyse du nomadisme avec sa machine de guerre (qui s’oppose à l’appareil d’État), avec son espace lisse ou strié, a un quelconque rapport, même lointain, avec le concept marxiste de mode de production asiatique. Toute la question est celle de la pertinence de ce rapport, de la longueur du déplacement qu’il implique. Les concepts marxistes sont bien là (pas tous, naturellement), mais le prophète barbu n’y reconnaîtrait pas ses petits.

     

    Proximité

    Il y a à cette proximité des raisons historiques, et des raisons biographiques contingentes. Il est difficile pour un philosophe français formé dans l’immédiat après-guerre de ne pas avoir, ou avoir eu, un rapport au marxisme, même si c’est sous forme de critique. On se souviendra que Michel Foucault éclata en sanglots en apprenant la mort de Staline, ce qui ne l’empêcha pas de déclarer que le marxisme était une tempête dans un verre d’eau. Et si Pierre Bourdieu refusait si vigoureusement de se déclarer marxiste, c’est sans doute pour des raisons de proximité. Le spectre de Marx hante les philosophes français, jusqu’aux plus grands.

    Guattari, donc, fut marxiste. Il fut un temps membre du PCF, plus longtemps lié à des groupes oppositionnels de gauche : il n’a jamais renié cet héritage. Deleuze, lui, ne l’était pas, même s’il lui arriva de le laisser entendre : il était dans sa jeunesse trop occupé pour adhérer au Parti, préférant le travail philosophique aux réunions enfumées. Dans son âge mûr, il acquitta toutes les tâches de ce qu’il appelait le « gauchisme ordinaire », du Groupe d’Information sur les Prisons (GIP) à la candidature Coluche, lieux où, comme il est notoire, il se lia d’amitié avec Foucault. Ce n’est cependant pas là l’essentiel : ce qui nous intéresse, c’est la proximité des concepts, et non les opinions politiques de leurs auteurs.

    Mais pour évaluer cette proximité, ou cette distance, il me faut un étalon, ou des critères. Il me faut dire ce que le marxiste à la recherche de l’âme sœur attend d’un texte, dans une conjoncture où les anciennes certitudes du Diamat (« matérialisme dialectique » dans le jargon de l’orthodoxie soviétique) sont définitivement enterrées, mais où le discours sur la fin des grands récits n’est pas acceptable non plus, du moins pour qui se dit marxiste. Je vais donc prendre des risques, et proposer quatre thèses, ou thèmes, marxistes dans un sens aussi étroit que possible.

    D’un texte ou d’une position marxiste, j’attends :

    1°) une analyse du capitalisme, dans des termes, si remis au goût du jour soient-ils, inspirés des concepts du Capital ;

    2°) un programme politique déduit de cette analyse du capitalisme (il ne suffit pas d’attendre l’avènement de l’événement révolutionnaire comme une divine surprise, il faut s’y préparer) ;

    3°) une conception globale de l’histoire, qui me dise en quoi les germes du futur sont contenus dans le présent et le passé : en tant que marxiste, je me méfie des analyses sectorielles, même si elles sont indispensables, et j’aspire à adopter le point de vue de la totalité, historique autant que sociale, pour parler le langage de Lukacs ; le danger de cette conception de l’histoire est bien sûr la téléologie : les marxistes en ont longtemps souffert, mais pas par la faute de Marx[1] ;

    4°) Une conception de la temporalité, centrée sur les concepts de conjoncture et de moment de la conjoncture, et guidant l’action politique, en distinguant la stratégie de la tactique, l’urgent du plus long terme, l’aspect principal de la contradiction de ses aspects secondaires : c’est là l’apport de Lénine à la théorie marxiste. Ces quatre thèses ou thèmes concernent immédiatement les militants politiques, les économistes, les historiens. On peut cependant être marxiste sans appartenir à ces catégories. On peut s’intéresser, ce qui est mon cas, à la littérature, à la linguistique, à la philosophie du langage. Il me faut donc des thèses plus larges, pour le marxiste qui ne passe pas sa vie professionnelle à analyser directement la situation actuelle du capital. J’en propose donc six, sous la forme de six dichotomies qui forment corrélation, technique philosophique que j’emprunte à Gilles Deleuze, qui en était friand.

    #Gilles_Deleuze #Félix_Guattari #marxisme

  • Accumulation primitive et violence légitime. L’État chez Deleuze et Guattari, Vivien Giet – CONTRETEMPS
    https://www.contretemps.eu/accumulation-primitive-violence-legitime-deleuze-guattari

    Cet article a été écrit avant la mort de Georges Floyd et les soulèvements aux États-Unis, avant la répression de la manifestation réclamant la vérité pour Adama Traoré et toutes les victimes de crimes policiers, mais au moment où, en France, en Belgique et partout ou le confinement s’imposait, les plus précaires et les personnes racisées faisaient face, plus encore que d’habitude, à la violence policière. Ce n’est donc pas par cécité qu’il n’en est pas fait mention. Au contraire, on espère que ces lignes et ce qu’elles ont de théorique éclairent la conjoncture.

    *

    On se souvient qu’avant le confinement, les contestations – en particulier celles concernant la réforme néolibérale du système de retraite – étaient violemment réprimées. L’espace médiatique faisait revenir en boucle ces quelques rudiments de sciences politiques : « L’État détient le monopole de la violence légitime ». On notera que cette phrase n’a, dans ce contexte, rien de wébérienne puisque le sociologue allemand élabore une théorie bien connue de la légitimité qui relève de la croyance et se décline en trois modalités : rationnelle-légale, charismatique, traditionnelle1. Mais les définitions qu’on trouve à la suite de ces trois modes de domination n’éclairent en rien leur nature.

    Plus tard, Weber rendra compte de la tendance à l’autolégitimation de l’État par un mécanisme d’inertie, un habitus bureaucratique-disciplinaire proprement moderne dont on sait également peu de choses2. Loin de se satisfaire de cette analyse pour le moins insuffisante en termes de croyance, le présent travail s’efforcera à déterminer selon une analyse matérialiste sui generis le caractère d’auto-présupposition de la forme-État, produisant l’espace même de sa légitimité. En critiquant la production étatique de monopole fétichisé, on ouvre ainsi la voie à une critique radicale de la violence souveraine.

    On peut trouver étonnant d’ouvrir cette réflexion au moment où une épidémie suppose de limiter la circulation des personnes – on signalera au passage que cet énoncé abstrait ne préjuge pas des modalités de sa mise en application. Par ailleurs, la situation sanitaire exceptionnelle ne peut pas justifier la légèreté avec laquelle on prend aujourd’hui des décisions qui, d’expérience, trouveront finalement une inscription dans le droit commun. Ensuite, l’exercice par la police d’un pouvoir discrétionnaire ahurissant que l’on observe en période de confinement ne peut être accepté. Et ce, quelles que soient les circonstances. Dans sa violence extrême, loin de marquer le dépassement de ses prérogatives, l’État dévoile de manière exacerbée sa structure. Or, elle se manifeste ici au plus près de ce que Deleuze et Guattari décrivent comme appareil de capture3.

    À la lecture de Mille Plateaux on est amené à une série de reprises fécondes de concepts marxiens qui rendent possible une critique radicale du caractère monopolistique de l’État. Son caractère radical est nécessaire au sens où, interrogé superficiellement, le monopole de la violence trouve sa légitimité à s’appliquer sur l’espace social après-coup, quand une violence y est commise, pour rétablir l’ordre. L’intérêt de la proposition théorique de Deleuze et Guattari est de mettre à nu ce processus par lequel cet espace social est lui-même constitué dans la violence : l’exercice visible de la violence s’inscrirait dans un cercle tautologique où l’État se présuppose toujours lui-même.

    On débutera en insistant sur le fétichisme propre aux monopoles d’État qui complique cette critique. C’est pourquoi on sera poussé à détailler leur procès de production. On verra qu’il relève pour Guattari et Deleuze d’une structure similaire à celle de l’accumulation primitive. Ce procès s’intériorise dans les rapports sociaux et se fait oublier : une fois installé, sa critique interne est ardue et l’on peine à dire précisément où se situe la violence. Si ce texte cherche à rappeler et développer ces raisonnements ici, c’est donc moins en réponse immédiate à la gestion gouvernementale de la crise sanitaire qu’en l’utilisant comme révélateur du contrôle social continu que présuppose l’État.

    #État #Félix_Guattari #Gilles_Deleuze #_Mille_Plateaux_ #appareil_de_capture

  • La #playlist Spéciale #Tony_Allen disparu ce week-end.

    Hommage à l’un des « plus grand batteur du monde », disparu ce week-end, celui sans qui Fela disait qu’il n’y aurait pas d’afrobeat !

    https://huit.re/PlaylistTonyAllen

    Avec : #Damon_Albarn, #Paul_Simonon (#The_Clash) et #Danger_Mouse, #Sébastien_Tellier et #Philipe_Zdar, #Art_Blakey And The Jazz Messengers ou encore #Hugh_Masekela, et bien sûr, #Fela_Kuti... rien que ça.

    #musique #afrobeat #jazz

  • Pas le Covid apparemment, mais voilà… Tony Allen, pionnier légendaire de l’afrobeat, est mort
    https://www.fip.fr/musiques-du-monde/afrobeat/tony-allen-pionnier-legendaire-de-l-afrobeat-est-mort-17973

    L’afrobeat vient de perdre son deuxième père. Tony Allen, batteur nigérian légendaire, compagnon de studio et de scène de son compatriote Fela Kuti, vient de disparaitre soudainement à l’âge de 79 ans. « On ne connaît pas exactement la cause du décès », a indiqué son manager Eric Trosset à l’agence France-Presse, tout en précisant qu’il n’a pas été emporté par le virus Covid-19.

    https://www.youtube.com/watch?v=btsgr5MuSyg

    #musique #jazz #afrobeat #Tony_Allen #mort #RIP #Fela_Kuti

  • Au-delà du retour à zéro | Félix Guattari, Toni Negri, Futur antérieur n° 4, Hiver 1990
    https://www.multitudes.net/Au-dela-du-retour-a-zero

    La subjectivité capitalistique implique une binarisation et une déqualification systémique de tous les « messages ». Elle couronne le règne d’un équivaloir généralisé qui a, par ailleurs, déployé ses coordonnées dans les domaines de l’Espace, du Temps, de l’Energie, du Capital, du Signifiant, de l’Etre… Il s’agit à la fois d’un horizon historique, dont le surgissement est daté, et d’un vertige axiologique qui remonte à la nuit des temps. Partout, toujours il y a eu menace d’abolition par l’intérieur de la complexité qualifiée. Le chaos habite le complexe ; le complexe habite le chaos. Ce qui implique que ce dernier soit composé d’entités animées à vitesse absolue – quitte à ce que la science « ralentisse » ces vitesses avec des constantes telles que c, h (constante de Planck), l’instant zéro du big bang, le zéro absolu etc… Ce qui légitime une perspective de « révolution moléculaire » c’est que cette entropie capitalistique de la subjectivité s’instaure à toutes les échelles et renaît constamment de ses cendres. Une périodisation comme celle qui enchaîne le passage des sociétés de souveraineté aux sociétés disciplinaires pour aboutir aux sociétés de contrôle est à la fois généalogique et ontogénétique. Tous ces régimes de territorialisation du pouvoir, du savoir et de la subjectivité se décomposent et se recomposent dans la subjectivité contemporaine. Ce qui fait, par exemple, qu’on ne peut pas parler aujourd’hui, avec la montée des intégrismes et des racismes de « régression archaïque » mais plutôt de progressisme fasciste ou, à la rigueur, de néo-archaïsme étant entendu qu’ils réinventent de toutes pièces des formes d’intelligence et de sensibilité du monde contemporain. Recommencer l’histoire par le début ou la tendre vers des finalités progressistes ce n’est vraiment plus le problème ! Il s’agit plutôt de recomposer, sur d’autres bases, les agencements de subjectivation et, à cette occasion, de recréer d’une façon pathique les diverses figures de la subjectivation historique, dont la subjectivité capitalistique est la plus vertigineuse par son vide, sa banalité, sa vulgarité, son état des choses à ras des marguerites. (...)

    Relayée comme elle l’est par les mass-médias, les sondages, la publicité, les conseils en communication, la démocratie politique devient non seulement de plus en plus formelle, de plus en plus coupée des réalités, mais aussi de plus en plus délirante. Ce qui ne signifie pas qu’elle perde toute prise sur la subjectivité capitalistique. Les leaders politiques rivalisent avec les présentateurs de la télé pour pénétrer toujours plus avant dans la pseudo-intimité des foyers. C’est le règne du Bébête Show relayé par le Psycho-show. Ce qui est vertigineux, à travers tout ça, c’est la capacité de ce type de production de subjectivité de capturer toute immnence processuelle, toute mutation moléculaire. Existe-t-il cependant une épreuve de vérité qui soit discriminante à l’égard du leurre, de la grimace, du simulacre puisque ceux-ci peuvent aussi devenir le siège d’une authentique territorialisation existentielle ? Voir par exemple la gestuelle stéréotypée du star system de la culture rock, dont les traits sont néanmoins objets de réappropriation par des enfants et des adolescents à des moments cruciaux de leur existence. Mais l’épreuve de vérité ne trompe pas ; elle est d’ordre pathique ; c’est elle qui entraîne une sorte d’adhésion existentielle qui crée l’événement.
    Il n’est que trop vrai que tous ces foyers de résistance moléculaire contre la sérialité de la subjectivité capitalistique ne s’incarnent, le plus souvent, que dans des retours à la transcendance, au mysticisme, au culte du « naturel ». Ça me dérange moins que toi. Je me dis que Dieu y retrouvera les siens ! Il y a quelque chose de tellement artificiel dans ces néo-archaïsmes. Ils n’engagent jamais qu’une strate parmi d’autres des formations de subjectivité. On sait bien que les intégristes boivent la coupe et regardent des films pornos en cachette. Ce qui n’excuse rien ! Bref, le micro-fascisme est toujours renaissant mais pas forcément le macro-fascisme.

    #Félix_Guattari #micro-fascisme #subjectivité #progressisme_fasciste #néo-archaïsme ...

  • Coronavirus : un tigre d’un zoo de New York testé positif
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/04/06/coronavirus-un-tigre-d-un-zoo-de-new-york-teste-positif_6035674_3244.html


    Nadia, femelle tigre de 4 ans qui a été testée positive au coronavirus, au zoo du Bronx à New York.
    WCS / REUTERS

    Le zoo du Bronx a déclaré que des mesures préventives étaient en place pour les gardiens ainsi que pour tous les félins des zoos de la ville.

    Un tigre d’un zoo du Bronx à New York a été testé positif au coronavirus, a annoncé dimanche 5 avril l’institution, virus que le félin aurait contracté auprès d’un gardien ne présentant alors aucun symptôme.

    Ce tigre malais de quatre ans appelé Nadia, sa sœur Azul, deux tigres de l’Amour et trois lions d’Afrique souffrent tous de toux sèche, mais devraient se rétablir complètement, détaille le zoo dans un communiqué.

  • [Moacrealsloa] Kenny Grohowski
    http://www.radiopanik.org/emissions/moacrealsloa/kenny-grohowski

    Brought up in a musical household in Miami, Kenny Grohowski has been performing since the age of 14. His rich musical background is demonstrated through the growing list of his collaborators and guest artists, including #John_Zorn, #Andy_Milne_&_Dapp_Theory, #Felix_Pastorius_&_The_Hipster_Assassins, #Shanir_Blumenkranz, #Trey_Spruance_&_Secret_Chiefs_3, #Imperial_Triumphant, #Rez_Abbasi_&_Junction, #Jorge_Sylvester’s_A.C.E_Collective, #Jonathan_Powell_&_Nu_Sangha, #Daniel_Bernard_Roumain, #Bobby_Sanabria, #Lonnie_Plaxico, #Bill_T._Jones, and #Richie_Ray_&_Bobby_Cruz.

    Playlist :

    Kilter : extract 1 concert at L’An Vert recorded by Michel Jankowski 2020-02-28 Asmodeus : extract 2 Gent Jazz (?) 2019-07-09 John Zorn - Shanir Ezra Blumenkranz - Abraxas : Domos (Book of Angels (...)

    #John_Zorn,Bill_T.Jones,Felix_Pastorius&The_Hipster_Assassins,Bobby_Sanabria,Imperial_Triumphant,Daniel_Bernard_Roumain,Lonnie_Plaxico,Shanir_Blumenkranz,Jorge_Sylvester’s_A.C.E_Collective,Jonathan_Powell&Nu_Sangha,Trey_Spruance&Secret_Chiefs_3,Richie_Ray&Bobby_Cruz,Andy_Milne&Dapp_Theory,Rez_Abbasi&_Junction
    http://www.radiopanik.org/media/sounds/moacrealsloa/kenny-grohowski_08355__1.mp3

  • La morte di Feltrinelli - Wikiradio del 14/03/2017 - Rai Radio 3 - RaiPlay Radio

    Il 14 marzo #1972 Giangiacomo Feltrinelli rimane ucciso in un’esplosione vicino a un traliccio dell’alta tensione a #Segrate con Mimmo Franzinelli.

    Repertorio:

    – Notizie cinematografiche N0257 - I funerali di feltrinelli - 1972 - Archivio Storico Istituto Luce;
    –Notizie cinematografiche N0255 - le indagini sulla morte di #GiangiacomoFeltrinelli - Archivio Storico Istituto Luce;
    – Frammenti da uno speciale del gr sulla morte di Feltrinelli (18 marzo 1972) - Archivio Radio Rai;
    – Sette G S0187 - la strage di Piazza Fontana a Milano - Archivio Storico Istituto Luce;
    – L’ editore Giangiacomo Feltrinelli su direzioni nella quale si e’ mossa la sua casa editrice - Segnalibro 1965-196 Archivio RAI;
    –Il cantiere " del 21 01 1961: Mario Soldati conduce dibattito tra editori Giangiacomo Feltrinelli, Arnoldo Mondadori e Valentino Bompiani su rapporto tra gli italiani e la lettura, cause dello scarso numeri di lettori in Italia e loro iniziative per diffondere la passione per la lettura - Archivio RAI.

    https://www.raiplayradio.it/audio/2017/03/La-morte-di-Feltrinelli---Wikiradio-del-14032017-53d2c62e-e8d3-4797-9ed

    #podcast #wikiradio #RaiRadio3 #feltrinelli #italie #Annéesdeplomb #PageNoirItalie

    • Une brève histoire des hurluberlus Paul Laity
      http://www.entelekheia.fr/2016/11/20/une-breve-histoire-des-hurluberlus

      Paul Laity revisite sur le ton de l’humour la gauche britannique de l’époque de George Orwell et les rapports de ce dernier avec ceux qu’il avait appelé « les hurluberlus de la gauche ». Inutile de dire que nous avions exactement les mêmes en France.

      Pour reprendre le terme d’Orwell, les racines du #gauchisme « hurluberlu » sont similaires de chaque côté de la Manche, nommément l’Owenisme en Grande-Bretagne et en France, le socialisme utopique et ses dérivés. Différence culturelle oblige, les nôtres étaient moins épris de vélocipède, de végétarisme, de laine brute et de grand air que les Britanniques ; la version hexagonale les voulait laïcards, républicains, scientistes, athées et bouffeurs de curés, avec malgré tout parfois, comme chez leurs congénères anglo-saxons, des penchants mystiques qui les conduisaient volontiers au spiritisme. #Victor_Hugo est le chef de file des aînés de ce type « d’hurluberlus », mais d’autres noms connus du XIXe siècle l’ont rejoint au panthéon des exaltés du guéridon, par exemple #Camille_Flammarion, #Victorien_Sardou, #Delphine_de_Girardin, #Henri_Bergson qui s’adonnait à des recherches psychiques (hypnose, lucidité somnambulique, médiumnité) ou encore #Jules_Verne, etc. Cette tendance se perpétuera chez les #surréalistes, en particulier avec l’écriture automatique d’André Breton et au-delà, dans l’art moderne et contemporain, dans le « psychologisme » qui imprègne toute la gauche ainsi que dans le #pédagogisme actuel – Ainsi, malgré ce qu’écrit l’auteur dans sa conclusion, la question de l’héritage idéologique du socialisme utopique et de la gauche « hurluberlue » historique déborde très largement des seuls écologistes pour embrasser toute la gauche libérale moderne.

      « Le socialisme », a écrit #George_Orwell dans son célèbre Quai de Wigan (1936), attire à lui « avec une force magnétique tous les buveurs de jus de fruit, les nudistes, les porteurs de sandales, les obsédés sexuels, les quakers, les charlatans naturopathes, les pacifistes et les féministes d’Angleterre ». De façon mémorable, sa tirade contre ces « hurluberlus » s’étend dans d’autres passages du livre aux « végétariens à barbes flétries », aux « Jésus de banlieue » uniquement préoccupés de leurs exercices de yoga, et à « cette tribu lamentable de femmes de haute vertu, de porteurs de sandales, de buveurs de jus de fruits qui affluent vers l’odeur du ‘progrès’ comme des mouches à viande vers un chat mort. »


      Andrew Muir, architecte consultant de la ville-jardin de Letchworth, portant ce qui s’appelait à l’époque un « costume rationnel » et des sandales. Crédit photo, First Garden City Heritage Museum du Letchworth Garden City Heritage

      Les #stéréotypes et caricatures des hurluberlus de la #classe_moyenne s’inscrivent profondément dans la culture nationale anglaise. Pendant tout le XIXe siècle, Punch Magazine a brocardé les obsessionnels de la santé qui recherchaient une vie plus pure dans le chou bouilli et l’antialcoolisme. Une histoire d’Aldous Huxley, The Claxtons, qui anticipait la philippique d’Orwell, dresse le tableau d’une famille bourgeoise puritaine, radicale et aveuglée sur elle-même : « Dans leur petite maison sur le terrain communal, comme les Claxton vivaient une belle, une spirituelle vie ! Même le chat était végétarien » . Et plus tôt cette année, le Daily Mail, tabloïd de droite, a tourné le Guardian en dérision (pour la énième fois, sans aucun doute) en l’accusant d’être dirigé par, et pour, des « porteurs de sandales ». C’est une pique encore censée suggérer la même chose qu’à l’époque d’Orwell : une naïveté fumeuse, une pseudo-supériorité morale et une vie de bohème méritoire – certainement un monde bien éloigné des valeurs de pragmatisme et de décence de l’Angleterre censément « véritable ».

      La férocité des caricatures « d’hurluberlus » d’Orwell trahissent une certaine anxiété sur la liberté sexuelle, mais vise en général directement leur travers le plus évident – leur sérieux. Les hurluberlus veulent que le monde devienne un endroit moins cruel, moins bassement commercial, plus beau. Leurs plaisirs sont sains, « naturels » et énergiques. (Quand j’étais enfant, mes parents dépeignaient certaines personnes comme très « riz complet et bicyclettes »). La mentalité de ces progressistes contre-culturels veut à tout prix que tout soit sain et aide à s’améliorer. L’un des objets de raillerie d’Orwell est donc une « gueule de bois de la période de #William_Morris » [1] qui propose de « niveler le prolétariat ‘par le haut’ (jusqu’à son niveau à lui) par la méthode de l’hygiène, des jus de fruit, du contrôle des naissances, de la poésie, etc. » Dans son roman Un peu d’air frais (1939), nous rencontrons « le professeur Woad, un chercheur psychique » : « Je connaissais le genre. Végétarisme, vie simple, poésie, culte de la nature, se roulant dans la rosée avant le petit-déjeuner… ce sont tous soit des maniaques de l’alimentation naturelle, ou alors ils ont quelque chose à voir avec les boy-scouts – dans les deux cas, ils sont toujours partants pour la Nature et le Grand air. »

      La satire d’Orwell dans le Quai de Wigan s’inscrivait dans le cadre d’une cause particulière et urgente : la formation d’une #politique radicale, populaire (non-hurluberlue) et réaliste pour faire front à la menace montante du fascisme. (Peu après avoir remis le manuscrit de son livre à son éditeur, Victor Gollancz, il entamait son voyage à Barcelone pour y rejoindre le camp républicain de la guerre civile d’Espagne). A ses yeux, les hurluberlus – avec les « marxistes chevelus mâchouillant des polysyllabes » – donnaient mauvaise allure au socialisme. Il impliquait aussi qu’ils étaient superficiellement dévoués à la cause socialiste mais au bout du compte, bien plus préoccupés par leur propre pureté morale que par l’exploitation de la classe ouvrière. Mais à qui exactement Orwell pensait-il quand il a lancé ses invectives ? Qui étaient les hurluberlus ?

      Il avait fait le choix de ne jamais mentionner par écrit qu’il s’était lui-même commis avec beaucoup de personnages de la #contre-culture, à commencer par sa tante, Nellie Limouzin, une bohème dont le mari, socialiste, soutenait fidèlement le mouvement espérantiste, et les Westrope, qui possédaient la librairie de Hampstead où il travaillait au milieu des années 30. Francis Westrope avait été objecteur de conscience pendant la guerre et adhérait au Parti travailliste indépendant ; son épouse, Myfanwy, militait pour les droits des femmes – et les deux étaient des espérantistes passionnés. Sa grande admiratrice et conseillère Mabel Fierz [2] également, vivait dans une grande maison de Hampstead Garden et penchait pour un socialisme mystique et spirituel.

      Les amis et membres de sa famille ont sans nul doute influencé les portraits d’Orwell dans une certaine mesure, mais il avait toute une tradition politico-culturelle en ligne de mire. Elle s’étendait aux sectes millénaristes socialistes des années 1830 et 1840 inspirées par le réformateur #Robert_Owen et son journal, le New Moral World (le Nouveau monde moral). Les « hurluberlus » étaient sur-représentés dans ces communautés modèles – Catherine et Goodwyn Barmby, par exemple, qui s’agacèrent du ton insuffisamment puriste du mouvement Owenite et formèrent l’Église Communiste (ses organisations-sœurs comprenaient les #White_Quakers de Dublin et le #Ham_Common_Concordium de Richmond.) [3] Ils prêchaient diverses prophéties #New_Age, ainsi que le végétarisme, l’#hydrothérapie, les cheveux longs et le port de sandales. Au fil des années, #Goodwyn_Barmby se mua en figure christique, avec de longs cheveux blonds flottant sur les épaules ; ensemble, le jeune couple arpentait les rues de Londres avec un chariot où il puisait des tracts qu’il distribuait en haranguant les passants.

      Le renouveau #socialiste de la fin du XIXe siècle était lourdement investi de croyances « hurluberlues ». Comme l’a écrit Michael Holroyd, c’était largement a partir « d’ #agnostiques, #anarchistes et #athées ; de #réformistes du costume [4] et du régime alimentaire ; d’#économistes, de #féministes, de #philanthropes, de #rationalistes et de #spirites tentant tous de détruire ou de remplacer le #christianisme » que le renouveau s’est opéré. L’activiste #Henry_Hyndman, un disciple d’Engels et le fondateur de la Social Democratic Federation (SDF, fédération socialiste démocratique) en 1881, désespérait comme Orwell de ce type de tocades morales. « Je ne veux pas que le mouvement » , martelait-il, « soit un dépotoir de vieux hurluberlus, d’humanitaires, de #végétariens, d’anti-vivisectionnistes, d’anti-vaccinationnistes, d’artistes du dimanche et toute cette espèce. »  Sans surprise, William Morris et ses amis au sein de la SDF décidèrent de s’en séparer et fondèrent leur propre groupe en 1884, la plus anarchique (et sexuellement radicale) Ligue socialiste. La #Fabian_Society , [5] qui débutait au même moment, était un groupe dissident de la #Fellowship_of_the_New_Life (Compagnons de la nouvelle vie), une communauté éthico-spirituelle (et végétarienne).

      C’était également l’époque de la #Vegetarian_Cycling_Society (Société des Cyclistes Végétariens) et des clubs nés autour de l’hebdomadaire socialiste #The_Clarion, qui visait à #« amener le citadin à entrer plus fréquemment en contact avec la beauté de la nature, et faire progresser l’idéal d’une vie plus simple, d’un mode de vie modéré et d’une élévation de la pensée. » #George_Bernard_Shaw qui, en tant que végétarien porteur de laine brute, naturelle et tricotée à la main, entretenait une relation de proximité avec les hurluberlus, a résumé les deux impulsions différentes du socialisme du temps : l’une tenait à « organiser les docks » , l’autre à « s’asseoir au milieu des pissenlits ».

      Le saint patron des pique-niqueurs au milieu des pissenlits était #Edward Carpenter, et Orwell l’avait clairement à l’esprit. Ancien vicaire anglican qui avait été l’invité de Thoreau, auteur d’un long poème whitmanesque, ‘Vers La Démocratie’ , Carpenter prônait un socialisme spirituel et le retour à la nature. A la suite d’une vision, il avait acheté une petite exploitation rurale à Millthorpe, près de Sheffield, où il faisait pousser ses propres légumes. Il était végétarien et prêchait le contrôle des naissances ainsi que le mysticisme oriental ; il avait écrit The Intermediate Sex (Le Sexe intermédiaire) , le premier livre qui présentait l’homosexualité sous un jour positif à être largement diffusé en Angleterre. Il avait pour habitude de se baigner nu à l’aube en compagnie de son domestique et amant, et sa vie était dénoncée comme scandaleuse et immorale.


      Edward Carpenter devant son cottage de Millthorpe, dans le Derbyshire, 1905. Il porte une paire des célèbres sandales de style indien qu’il fabriquait lui-même et une veste, un bermuda, une cravate et une large ceinture de sa propre conception. Crédits Sheffield Archives, Carpenter Collection, Box 8/31 a.

      Plus que n’importe qui d’autre, Carpenter a été responsable de l’introduction des sandales dans la vie britannique. Quand son ami Harold Cox partit pour l’Inde, Carpenter le chargea d’envoyer une paire de sandales du Cachemire à Millthorpe. La paire en question comprenait une lanière qui remontait de la semelle, passait par-dessus les orteils et s’accrochait à la cheville. « J’ai rapidement éprouvé une joie à les porter », écrivit Carpenter. « Et au bout de quelque temps, j’ai décidé d’en fabriquer. » Les chaussures, décida-t-il, étaient « des étouffoirs en cuir » . Il prit des leçons auprès d’un bottier de Sheffield et arriva « vite à fabriquer beaucoup de paires pour moi-même et plusieurs amis. » (Il en offrit une paire à Shaw, mais elles lui sciaient les pieds et il renonça à les porter en jurant de ne jamais y revenir.) Plusieurs disciples firent le pèlerinage à Millthorpe, y compris, dans les souvenirs de Carpenter, une réformiste du costume – « Son nom était Swanhilda quelque chose » , qui avait marché des kilomètres, sous une pluie battante, seulement vêtue d’une robe de serge bleue grossièrement coupée et de sandales qui s’enfonçaient dans la boue presque à chaque pas. Un des domestiques de Carpenter à Millthorpe, George Adams, entreprit aussi de fabriquer des sandales. Quand il se brouilla avec son maître, il déménagea dans la toute nouvelle ville-jardin de Letchworth, dans le Hertfordshire, et y ouvrit un petit commerce de sandales.

      Letchworth occupe une place spéciale dans l’histoire des hurluberlus. « Un jour cet été » , écrivait Orwell dans le Quai de Wigan, « je traversais Letchworth quand le bus s’est arrêté pour laisser monter deux hommes âgés d’allure affreuse. Tous deux très petits, roses, joufflus et tous deux tête nue, ils devaient avoir dans les soixante ans. Ils étaient habillés de chemises couleur pistache et de shorts kakis dans lesquels leurs énormes arrière-trains étaient si boudinés que vous auriez pu en étudier chaque fossette. Leur arrivée fit courir un léger frisson d’horreur sur l’impériale du bus. L’homme assis à côté de moi… murmura ‘des socialistes’. Il avait probablement raison », continue le passage. « Le Parti travailliste indépendant tenait son université d’été dans la ville. » (Orwell néglige de mentionner qu’il y assistait lui-même).

      La ville-jardin de #Letchworth, une expérience en urbanisme inaugurée en 1904 – une utopie d’air frais et de vie rationnelle – devint instantanément une Mecque pour les amoureux de la vie simple et acquit une réputation nationale de ville « hurluberlue » : sandales et scandales à foison. Un de ses deux architectes originels, Raymond Unwin, avait été l’un des associés de Carpenter au sein du socialisme de Sheffield (et un végétarien). Un ancien résident a offert une description du « citoyen typique de la ville-jardin » : il portait des sandales, ne mangeait pas de viande, lisait William Morris et Tolstoï, et possédait deux tortues « qu’il cirait périodiquement avec la meilleure des huiles de moteur Lucas. » Les végétariens de la ville ouvrirent le Simple Life Hotel (l’hôtel ‘Vie Simple’), qui comprenait un magasin de produits alimentaires naturels et un restaurant réformiste alimentaire. Un membre de la famille quaker Cadbury ouvrit un pub sans alcool, la Skittles Inn (l’Auberge des Quilles), où il faisait un fructueux commerce de chocolat chaud et de Cydrax, un vin de pomme sans alcool. (Ce qui inspira un commentaire sur une vie « toute en quilles et sans bière » [6] à G.K Chesterton, et plus tard une raillerie à John Betjeman dans son poème Huxley Hall, « Ni mon dîner végétarien, ni mon jus de citron sans gin/ ne peuvent noyer mon hésitante conviction selon laquelle nous pourrions bien être nés dans le péché ».)

      Les dimanches, les Londoniens faisaient des excursions en train pour étudier l’étrange collection d’espérantistes vêtus de blouses et de théosophistes de Letchworth ; une bande dessinée d’un journal local dressait même le tableau comique de visiteurs d’un zoo d’humains. « Papa, je veux voir comment on les nourrit ! » , y réclame un enfant. Les panneaux indicateurs pour les visiteurs y signalaient : « Direction Les Lutins Raisineux Porteurs de Sandales À Pointes Longues », « Par Ici Pour Le Pub Non-toxique » et « Direction Les Mangeurs de Bananes Hirsutes » . Annie Besant, une théosophiste militante du contrôle des naissances, y ouvrit l’école St. Christopher – où le Parti travailliste indépendant tenait sa réunion d’été – et qui aujourd’hui encore offre exclusivement de la nourriture végétarienne (ses élèves admettent se rabattre sur McDonald’s).


      Dessin de Louis Weirter, publié dans le journal local The Citizen, 1909. Crédits image, First Garden City Heritage Museum de la Letchworth Garden City Heritage Foundation

      Les années 1920 et 1930 offraient nombre de tendances contre-culturelles propres à faire frémir Orwell. Un pacifisme de type jusqu’au-boutiste s’était davantage généralisé au milieu des années 30 qu’à n’importe quelle autre époque de l’histoire britannique. Il y avait aussi une manie du grand air (associée à un développement des loisirs) et d’un mode de vie hygiénique et non raffiné. Les adhésions au club cycliste du Clarion atteignirent leur apogée au milieu des années 30, et un nombre sans précédent de citadins en bermudas et chemises à col ouvert s’entichèrent d’hôtels de jeunesse et de randonnées pédestres. « Le droit de vagabonder » à travers vallons, coteaux et landes devint une cause de gauche et la randonnée de masse, un acte politique parfois nuancé de mysticisme de la nature. En 1932, l’écrivain S. P. B. Mais conduisit seize mille personnes dans le parc naturel des South Downs pour y admirer le lever du soleil sur Chanctonbury Ring (malheureusement, le ciel était nuageux ce matin-là). Le mouvement de retour à la nature prenait d’autres formes aussi. À Marylebone en 1928, la Nature Cure Clinic (clinique de cure naturelle) ouvrait ses portes, avec des idées homéopathiques venues de l’Est via l’Allemagne. Les fruits crus et les jus de légumes y étaient considérés nécessaires à l’élimination des toxines. Et dans les mêmes années 30, le Dr Edward Bach vantait les vertus curatives des essences de fleurs qu’il avait découvertes en recueillant des gouttes de rosée sur des plantes, à l’aube.

      Le #nudisme organisé fit son apparition en Grande-Bretagne à la fin des années 1920. L’un de ses premiers centres à s’ouvrir a été Sun Lodge, à Upper Norwood au sud-est de Londres. A partir de 1928, les membres de la #Sun_Bathing_Society (société des bains de soleil) se retrouvaient les week-ends pour s’imprégner des rayons salutaires et revigorants et pour d’autres activités comme la « danse rythmique. » Les habitants locaux s’agglutinaient autour de la clôture pour tenter d’entrapercevoir les baigneurs en puris naturalibus. En 1929, la police dut intervenir au Welsh Harp Reservoir, à côté de Wembley, pour protéger les naturistes contre des émeutiers. En dépit de la controverse qu’il suscitait, le mouvement #nudiste prit de l’ampleur. En 1932, une lettre au Times en appela à la reconnaissance des bénéfices du culte du soleil - « en moins qu’un costume de bain. » - Ses signataires comprenaient George Bernard Shaw et C. E. M. Joad, philosophe populaire, socialiste, pacifiste, enthousiaste de la campagne (et peut-être le modèle du “Professeur Woad » d’Orwell). Joad était convaincu des vertus des siestes « nu au soleil », même seulement sur des criques désertes. Le ridicule n’était jamais loin. Dans le film I See Ice (1938), George Formby chantait - « Une photo d’un camp nudiste/ Dans mon petit album d’instantanés/ Très jovial mais un peu humide/ Dans mon petit album d’instantanés. » -

      #Leslie_Paul, fondateur des Woodcraft Folk, une alternative antimilitariste aux scouts ouverte aux garçons comme aux filles, se décrivait comme un « socialiste du style d’Edward Carpenter, épris d’une vision mystique de l’Angleterre. » En 1933, cinq cent jeunes membres des Woodcraft Folk campèrent autour d’une pierre levée de l’âge du bronze, dans le Herefordshire, pour y écouter un exposé sur les alignements de sites. [7] Deux garçons étaient accroupis dans une cage d’osier au sommet du monument. (Aujourd’hui, le propriétaire de la terre sur laquelle se dresse la Queen Stone préfère ne pas donner sa localisation exacte pour ne pas encourager la tenue de séances.) Paul, qui était écrivain et journaliste, passait le plus clair de son temps dans un cottage de la campagne du Devonshire. Un ami local, Joe, avec des poils sur la poitrine « épais et bouclés » comme un « matelas de fils de fer » aimait à s’allonger nu au soleil, à déclarer sa passion pour Tolstoï et à dénigrer les chaussures de cuir. « Le végétarisme était dans l’air du temps progressiste », écrivit plus tard Paul. « De nouveaux magasins de nourriture offraient de quoi satisfaire de fantastiques nouveaux goûts. … j’ai bu un mélange de lait malté, d’eau chaude et d’huile d’olive qui passait pour avoir les plus heureux effets sur le colon et les nerfs. » C’était un admirateur de l’Union Soviétique, un socialiste et un pacifiste. « Le #pacifisme avait une extraordinaire affinité avec le végétarisme », se souvenait-il, « de sorte que nous vivions d’énormes saladiers de bois emplis de salade aromatisée à l’ail, de lentilles et de pignons de pin garnis de poireaux. Nous respirions la santé. »

      Orwell a participé à deux universités d’été en 1936 : l’une à Letchworth et l’autre organisée par #The_Adelphi, un magazine pour qui il écrivait, dans une grande maison de Langham, près de Colchester. L’éditeur et fondateur du journal était le critique John Middleton Murry, un pacifiste et socialiste d’un type spirituel et poète qui avait acquis la maison dans l’espoir d’en faire le foyer d’une nouvelle forme de communauté égalitaire. (« Dans cette simple et belle maison, notre socialisme est devenu réalité » , écrivait-il. « Il me semblait que nous avions atteint une nouvelle sorte d’immunité contre l’illusion. ») Tous les invités étaient mis à contribution pour aider à la bonne marche du centre : Orwell était très demandé à la plonge, où il employait des talents cultivés lors de ses jours de pauvreté à Paris. Au cours d’une des discussions, il asséna apparemment à son auditoire, en majorité des gens de la classe moyenne, qu’ils ne « reconnaîtraient même pas un mineur ou un débardeur s’il en entrait un dans la pièce. » Murry finit par penser que le Centre Adelphi tenait trop de l’atelier d’idées : les socialistes qui y résidaient manquaient de la discipline qu’apporte le rude labeur physique.
Son projet suivant fut une ferme pacifiste.

      Il y a cent autres exemples de socialistes épris de ‘vie simple’ qui auraient suscité le mépris d’Orwell. Mais, malgré tous ses efforts, la longue et riche histoire des « hurluberlus » continua au-delà des années 1930 jusqu’aux éléments de la Campagne pour le Désarmement Nucléaire, les #hippies et les #Verts. (Et au-delà de l’Angleterre aussi, bien sûr.) Dans les années 1960, un restaurant végétarien a effacé un siècle de moqueries en adoptant fièrement le nom « Les Hurluberlus ». De bien des façons, la situation s’est retournée contre Orwell. Les personnages comme Edward Carpenter et Leslie Paul peuvent désormais être considérés comme les pionniers de l’anti-capitalisme écologiste moderne. L’environnementalisme est de plus en plus une cause et de moins en moins une distraction d’excentrique.

      Beaucoup de choses qu’Orwell considérait comme hurluberlues sont aujourd’hui à la mode. Il y a trois millions et demi de végétariens en #Grande-Bretagne, le yoga fait de plus en plus partie de la vie quotidienne des classes moyennes, et des pilules homéopathiques sont avalées par millions. (Malgré tout, ces tendances suggèrent, encore plus que du temps d’Orwell, une volonté d’auto-préservation et un style de vie égoïste, le contraire d’une volonté authentique de changer le monde.)

      Inévitablement, alors que des aspects hurluberlus ont été absorbés dans le courant dominant, d’autres pratiques et croyances étranges prennent leur place et sont ridiculisées par la majorité. Dans l’esprit du Quai de Wigan , on pourrait dire de l’anti-capitalisme d’aujourd’hui qu’il attire avec une force magnétique tous les écolos forcenés, les fruitariens organiques, les scooteristes à batterie solaire, les enthousiastes des naissances dans l’eau, les pratiquants de sexe tantrique, les fans de world music, ceux qui vivent dans des tipis, les porteurs de pantalons de chanvre et les accros aux massages ayurvédiques d’Angleterre. Quant aux sandales, les journalistes du Daily Mail _ peuvent bien conserver la mémoire de l’association entre hurluberlus d’antan et pieds quasi-nus, mais les longues queues devant les boutiques Birkenstock devraient les y faire réfléchir à deux fois. La vie simple est peut être aussi illusoire aujourd’hui qu’hier, mais nous sommes tous devenus des porteurs de sandales.

      Paul Laity est rédacteur littéraire au sein de la vénérable London Review of Books. En 2001, il a publié la Left Book Club Anthology (l’Anthologie du club du livre de gauche) , (Weidenfeld & Nicolson)
      Traduction Entelekheia
      [1] William Morris, peintre, dessinateur de papier peint, écrivain et l’une des figures de proue d’un mouvement conjuguant art et artisanat, l’Arts and Crafts.
      [2] La première à avoir reconnu le talent d’Orwell. Elle l’aida à faire publier son premier livre en le portant elle-même à un agent littéraire qui le transmit à un éditeur, Victor Gollancz. Le livre, Down and Out in Paris and London, parut en 1933.
      [3] Une communauté socialiste utopique également connue sous le nom « Alcott House ».
      [4] Les réformistes du costume militaient contre le corset, pour le pantalon féminin, pour que les femmes s’habillent de façon adaptée à la mode des vélocipèdes, pour le port de sous-vêtements hygiéniques en laine, et plus généralement pour le port de vêtements pratiques, dits « rationnels ».
      [5] Club politique de centre-gauche, socialiste et réformiste créé en 1884. Gorge Bernard Shaw et Herbert George Wells en faisaient partie. La Fabian Society , qui se décrit aujourd’hui comme progressiste, existe toujours au sein du Parti travailliste. Elle est aujourd’hui alignée sur le néolibéralisme européiste de Tony Blair.
      [6] Jeu de mots sur un proverbe anglais. Littéralement, « la vie n’est pas toute faite de bière et de quilles », signifiant « la vie n’est pas toujours facile ».
      [7] Théorie loufoque sur des lignes imaginaires (également appelées « ley lines ») censées relier des sites préhistoriques de façon occulte.

      #culpabilisation #Gauche #Histoire_des_idées #Libéralisme #Socialisme_utopique #espéranto #hurluberlu #hurluberlue

      Cet article est paru dans Cabinet Magazine http://www.cabinetmagazine.org/issues/20/laity.php sous le titre ‘A Brief History of Cranks’.

  • L’écoute vagabonde
    https://www.nova-cinema.org/prog/2019/175-decembre/ear-you-are/article/l-ecoute-vagabonde

    FR ,

    Artiste sonore et ingénieur du son, Félix Blume centre son travail sur l’écoute, en invitant l’auditeur à transformer sa perception de l’environnement. Pour cette séance organisée autour de sa démarche, Félix présentera quelques récents travaux audiovisuels, comme la série « Son Seul Wildtrack », « Curupira, bête des bois »(Amazonie) et l’installation « Rumors from the sea »(Thaïlande). Adepte du Creative Commons, il évoquera le partage et la mise en ligne de ses enregistrements.

    samedi 7 décembre 2019 à 14h

    #Séance_d'écoute

  • Faut-il tuer #Freud ? (4/4) : Machines partout, Œdipe nulle part
    https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/faut-il-tuer-freud-44-machines-partout-oedipe-nulle-part



    #Félix_Guattari chez lui le 15 juin 1987 à Paris• Crédits : François LOCHON/Gamma-Rapho - Getty

    Qui est Félix Guattari, celui qui, avec le philosophe Gilles Deleuze, remet en cause l’enseignement freudien dans le livre « L’Anti-Œdipe », publié en 1972 ? Croyaient-ils au bien-fondé de la psychanalyse ? Comment ont-ils pensé ensemble l’élaboration d’un « inconscient machinique » ?

    L’invité du jour : Valentin Schaepelynck, maître de conférences au département de sciences de l’éducation de Paris 8, membre du collectif de la revue deleuzo-guattarienne Chimères

    #psychanalyse (critique interne de la) #institution #psychothérapie_institutionnelle #philosophie #clinique #psychiatrie #pratiques_sociales

  • #Internet : face à « l’#utopie déchue », « débrancher les machines »

    Dans L’Utopie déchue. Une #contre-histoire d’Internet, le sociologue et hacktiviste #Félix_Tréguer tire les conséquences de l’#échec des mouvements nés des contre-cultures numériques et propose de renouveler la #technocritique. « Ce qu’il nous faut d’abord et avant tout, c’est débrancher la machine. »


    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/140919/internet-face-l-utopie-dechue-debrancher-les-machines?onglet=full
    #livre #contre-culture #histoire
    ping @fil

  • L’oligarchie s’amuse

    Le bal masqué de Dior à Venise, échos d’un Fellini contemporain - Godfrey Deeny - traduit par Paul Kaplan - 19 Mai 2019 - fashion network
    https://fr.fashionnetwork.com/news/Le-bal-masque-de-Dior-a-Venise-echos-d-un-Fellini-contemporain,10


    Pietro Beccari, le PDG de Christian Dior, et Elisabetta Beccari - Photo : Virgile Guinard

    Maria Grazia Chiuri ne prend jamais vraiment de vacances. À peine deux semaines après le défilé de la collection Croisière 2020 de Christian Dior, organisé à Marrakech, la créatrice italienne a dessiné les costumes d’une performance fantasmagorique donnée samedi soir, juste avant le bal Tiepolo organisé par Dior à Venise, qui faisait écho aux revendications politiques et à l’ambiance générale de la Biennale.

    Des dieux et des déesses dorés, plusieurs Jules César, des comtesses aux proportions divines, des courtisanes cruelles, des dandys coiffés de plumes géantes, une Cléopâtre majestueuse, et diverses figures célestes - dont une qui a passé la soirée perchée au sommet d’une grande échelle à pêcher un globe argenté parmi les célébrités... Karlie Kloss jetait des oeillades fatales derrière son éventail, vêtue d’une robe corset imprimée. Sienna Miller est arrivée sous une gigantesque cape en soie beige et une robe moulante et scintillante, pendue au bras de son nouveau cavalier, Lucas Zwirner. Tilda Swinton était sanglée dans un costume en soie bouclée et Monica Bellucci et Dasha Zhukova resplendissaient dans leurs robe et cape à fleurs. 100 % Dior.

    Samedi soir, après un véritable embouteillage nautique, des dizaines de bateaux de luxe Riva ont débarqué les invités sur les marches du palazzo, tandis que la troupe de danseuses Parolabianca se produisait sur une terrasse au bord du canal. Trois d’entre elles étaient juchées sur des échasses pour donner encore plus d’ampleur aux motifs étranges de Maria Grazia Chiuri - imprimés pêle-mêle d’animaux mythologiques, de cieux nocturnes, de crustacés géants, de taureaux en plein galop et d’amiraux de la Renaissance. « Des voyages célestes et ancestraux à travers le ciel », résume la directrice artistique des collections féminines de Dior.

    « Je pense que nous, Italiens, avons oublié que nous sommes une nation de navigateurs, surtout les Vénitiens. Que nous avons fini par nous intégrer dans des centaines de cultures et de pays. Et que nous sommes une nation d’immigrés sur toute la planète depuis de nombreuses générations », rappelle-t-elle.

    Des images dignes de cette Biennale, marquée par l’appel de nombreux artistes en faveur de frontières plus ouvertes . Cet après-midi-là, l’artiste aborigène australien Richard Bell a fait remorquer une péniche autour de Venise, transportant un pavillon factice enchaîné sur le bateau pour critiquer l’#impérialisme et le #colonialisme de son pays. Dans l’Arsenal, centre névralgique de la Biennale, l’artiste suisse Christoph Büchel a installé Barca Nostra, un bateau de pêche rouillé de 21 mètres qui a coulé au large de Lampedusa en 2015, entraînant la mort de près d’un millier de #réfugiés.

    Dans le cadre de l’exposition principale, nombreuses étaient les images puissantes d’exclusion et de dialogue des cultures - on retient surtout les photos nocturnes de Soham Gupta qui représentent des étrangers indiens errant dans les décombres de #Calcutta, les films d’Arthur Jafa sur les droits civiques et les superbes collages autobiographiques de Njideka Akunyili Crosby, artiste américaine née au Nigeria. Sans oublier la Sud-Africaine Zanele Muholi qui a fait un autoportrait quotidien pendant un an pour dénoncer les crimes de #haine et l’#homophobie dans son pays natal, tandis que le pavillon vénézuélien n’a pas ouvert en raison des troubles politiques dans son pays.

    De l’autre côté de la ville, le bal avait lieu au Palazzo Labia, célèbre pour les fresques sublimes de Giambattista Tiepolo, notamment dans l’immense salle de bal aménagée sur deux étages, ornée de scènes légendaires de la vie d’Antoine et Cléopâtre. La somptueuse soirée de Dior rappelait le célèbre bal oriental de 1951, organisé dans le même palais par son propriétaire mexicain de l’époque, Charles de Beistegui, qui avait redonné à l’édifice sa splendeur d’origine. Entré dans l’histoire comme « le bal du siècle », l’événement est resté dans les mémoires grâce aux nombreux costumes et robes dessinés conjointement par Salvador Dali et Christian Dior.

    C’est Dior qui a financé le bal, qui a permis de récolter des fonds pour la fondation Venetian Heritage, qui soutient plus de 100 projets de restauration du patrimoine vénitien et dont c’est le 20e anniversaire cette année. Le président américain de l’organisation internationale, Peter Marino, est un architecte qui a dessiné des boutiques parmi les plus remarquables du monde, pour des marques comme #Louis_Vuitton, #Chanel et, bien sûr, #Dior.

    « Les temps changent. Le bal de Beistegui était un événement fabuleux organisé pour les personnes les plus fortunées de la planète. Celui-ci aussi est un grand bal, mais il a pour but de récolter des fonds pour nos projets », précise Peter Marino, vêtu d’une veste, d’une culotte et de bottes Renaissance entièrement noirs, comme Vélasquez aurait pu en porter s’il avait fréquenté les bars gays de New York. Après le dîner, une vente aux enchères a permis de recueillir plus de 400 000 euros pour protéger le patrimoine vénitien.

    Comme pour sa collection Croisière - qui contenait des collaborations avec des artisans marocains, des fabricants de tissus perlés massaï et d’imprimés wax ivoiriens, des artistes et des créateurs de toute l’Afrique et de sa diaspora -, Maria Grazia Chiuri a travaillé avec des acteurs locaux de premier plan pour son bal Tiepolo.

    Les tables joliment décorées, en suivant des thèmes variés selon les salles - jungle, sicilienne et chinoise - comportaient des sphinx égyptiens, des œufs d’autruche géants, d’énormes candélabres en verre, des perroquets en céramique et des nappes sur mesure du légendaire fabricant de tissus et peintre vénitien Fortuny. Les invités ont pu déguster un pudding de fruits de mer composé de caviar, de homards et de crevettes, suivi d’un délicieux bar, préparé par Silvio Giavedoni, chef du restaurant Quadri de la place Saint-Marc, étoilé au guide Michelin.

    Pour ses costumes de bal, Maria Grazia Chiuri a également fait appel au fabricant de soie Rubelli, ainsi qu’à Bevilacqua, le célèbre spécialiste du velours et de damas « soprarizzo », dont le siège se trouve de l’autre côté du Grand Canal, en face du Palazzo Labia. Une demi-douzaine de danseuses de la troupe Parolabianca ont clôturé la soirée en dansant sous les fresques maniéristes de Tiepolo, au son d’une harpe malienne et de violons.

    Un événement vif, effronté, licencieux et provocateur... comme tous les grands bals masqués. Le #masque donne la liberté d’être poliment impoli - si on croise quelqu’un qu’on préfère éviter, il suffit de prétendre qu’on ne l’a pas reconnu. La soirée s’est déroulée dans une ambiance digne d’un film de Merchant Ivory ou de #Fellini et de son Casanova. Personnage que Sienna Miller a d’ailleurs côtoyé dans un de ses films...

    « Monsieur Dior a toujours adoré Venise. Ses artistes, ses artisans et son art font donc partie du patrimoine de Dior. Une raison de plus pour laquelle j’ai adoré mettre à contribution le savoir-faire vénitien pour organiser le bal », confie Maria Grazia Chiuri.

    Geste gracieux, Dior a offert un éventail à chaque invité, imprimé d’une célèbre phrase de son fondateur : « Les fêtes ont ceci de nécessaire qu’elles apportent de la joie ».

    #fric #ruissellement #bernard_arnault

  • RDC : LES SYMBOLES DU POUVOIR
    http://www.radiopanik.org/emissions/radiografi/les-symboles-du-pouvoir

    Il est prèt de 14.00 à Kinshahsa, #Félix_Tshisekedi Tshilombo prête serment devant la cour constitutionnelle avant que les attributs de pouvoir ne lui soient remis. Un événement unique en son genre, dans la mesure où c’est pour la toute première fois que la RD Congo organise une passation du pouvoir pacifique, depuis son indépendance.

    « Félix n’oublie pas, papa avait dit : le peuple d’abord », a scandé la foule en référence à l’opposant Etienne Tshisekedi décédé à Bruxelles, il y a deux ans !

    Ce jeudi 24 janvier au Palais de la nation à Kinshasa, Félix Tshisekedi devient officiellement à 55 ans le cinquième président à la tête de la République démocratique du Congo, le plus vaste pays d’Afrique sub-saharienne. Un exemplaire de la Constitution et les armoiries, sous les applaudissements de (...)

    #radiogrfi #présation_de_serment #radiogrfi,Félix_Tshisekedi,présation_de_serment
    http://www.radiopanik.org/media/sounds/radiografi/les-symboles-du-pouvoir_06080__1.mp3

  • La survie des #guépards menacée par la mode des #félins de compagnie
    https://www.lemonde.fr/international/article/2019/01/19/la-survie-des-guepards-menacee-par-la-mode-des-felins-de-compagnie_5411453_3

    Chaque année, selon des experts, autour de 300 félins seraient arrachés à la savane pour finir dans des appartements de Riyad ou d’Abou Dhabi – soit 1 200 à 1 500 guépards sur les cinq dernières années. « Ces chiffres peuvent sembler modestes, comparés aux dizaines de milliers d’éléphants abattus tous les ans, mais ils sont en réalité dramatiques », selon William Crosmary, directeur de programme pour Traffic, un réseau de surveillance du commerce de faune sauvage en Afrique de l’Est.

    La population du félin, connu pour ses sprints à 120 km/h, s’est effondrée, passant de 100 000 individus au début du XXe siècle à seulement 7 100 aujourd’hui, avec une accélération brutale ces vingt dernières années. Autrefois présent du bassin du Congo jusqu’à l’est de l’Inde, il est maintenant confiné sur à peine 9 % de son territoire originel, essentiellement en Afrique australe et orientale, avec des groupes fragmentés ne comptant souvent plus que quelques dizaines d’individus.

    #trafic #biodiversité