• « Protégez-les ! » : un rassemblement à Paris contre les #féminicides
    https://www.mediapart.fr/journal/france/060719/protegez-les-un-rassemblement-paris-contre-les-feminicides

    Un collectif de proches et de familles de victimes appelait ce samedi à la mobilisation contre les féminicides, alors qu’on dénombre soixante-quatorze femmes tuées par leur compagnon ou ex-compagnon depuis le 1er janvier dernier. Le mot d’ordre ? « Protégez-les ! »

    #INÉGALITÉS

  • #Féminicides. Mourir sous les coups n’est pas une fatalité | L’Humanité
    https://www.humanite.fr/feminicides-mourir-sous-les-coups-nest-pas-une-fatalite-674525

    Les 72 femmes tuées depuis début 2019 ont-elles effectivement été victimes de ces « dysfonctionnements » ? C’est pour répondre à cette question que le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (#HCE) a proposé lundi d’être « officiellement » missionné sur le sujet. L’idée est d’avoir accès aux données des services sociaux, de la police, de la gendarmerie et de la #justice pour comprendre quelles ont été les failles qui ont conduit à ces 72 meurtres. « Y a-t-il eu plainte, enquête, protection de la plaignante et, le cas échéant, de ses enfants, jugement ? Comment ont été mis en œuvre les dispositifs de protection déjà prévus par la loi ? » détaille le HCE. Les deux coprésidents de la commission #violences du Haut Conseil, Ernestine Ronai et le magistrat Édouard Durand, pourraient mener ce travail d’enquête minutieux. Reste à obtenir le feu vert du gouvernement. Pour l’heure, celui-ci répond qu’il a saisi l’Inspection générale de la justice, le 21 juin. « C’est bien, mais ça ne suffit pas, assure la responsable de l’Observatoire départemental des violences envers les femmes de Seine-Saint-Denis, car il faut aussi interroger le rôle de la police, des structures de santé, avoir l’expertise des associations… »

    Une « grande cause », limitée à 0,0066 % du budget de l’État | L’Humanité
    https://www.humanite.fr/une-grande-cause-limitee-00066-du-budget-de-letat-674527

    Pour la seule lutte contre les violences faites aux femmes, le Haut Conseil estime qu’il faudrait au minimum investir 500 millions d’euros, là où la somme totale cédée à Marlène Schiappa est de… 30 millions d’euros.

  • #Féminicides : un collectif demande à Emmanuel Macron de prendre « cinq mesures immédiates »
    https://www.francetvinfo.fr/societe/violences-faites-aux-femmes/un-collectif-demande-a-emmanuel-macron-de-prendre-cinq-mesures-immediat

    Ce texte appelle notamment à « donner la consigne ferme aux commissariats et gendarmeries qu’aucune femme victime de violence au sein du couple ne reste sans réponse » et à augmenter le nombre d’ordonnances de protection attribuées en France (1 300 par an actuellement, contre 20 000 en Espagne). Sont également demandées la « suspension de l’autorité parentale d’un père meurtrier le temps de l’instruction », l’ouverture de places d’hébergement supplémentaires et la mise en place d’un « plan de détection systématique des violences à l’hôpital ».

    Un lien dans l’article renvoie vers les principaux chiffres sur les violences au sein du couple : https://stop-violences-femmes.gouv.fr/les-chiffres-de-reference-sur-les.html

    De très intéressantes et régulières études sont publiées sur ces violences par la délégation aux victimes du ministère de l’intérieur. On trouvera à la suite les rapports pour les années 2017 (a), 2016 (b) et les plus anciens (c) :
    a. https://www.centre-hubertine-auclert.fr/sites/default/files/fichiers/etude-nationale-sur-les-morts-violentes-au-sein-du-couple-a
    b. https://www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr/wp-content/uploads/2017/09/Etude-nationale-sur-les-morts-violentes-au-sein-du-couple
    c. https://www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr/publications/droits-des-femmes/lutte-contre-les-violences/morts-violente-au-sein-du-couple

  • Au Maroc, l’avortement clandestin en débat - Libération
    https://www.liberation.fr/planete/2019/06/29/au-maroc-l-avortement-clandestin-en-debat_1736880

    600 à 800 avortements clandestins par jour. C’est le bilan de l’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin (AMLAC). Les militants de cette association ont manifesté ce mardi devant le Parlement marocain à Rabat, armés de poupons, pour réclamer la refonte de l’article 453 du Code Pénal qui favorise selon eux les avortements clandestins et l’abandon des enfants. Au Maroc, où l’avortement est totalement prohibé, excepté en cas de danger pour la santé ou la vie de la mère, un projet de loi avait été adopté par le gouvernement en 2016 pour étendre cet article 453, en donnant accès à l’avortement en cas de viol ou d’inceste, de troubles mentaux de la femme enceinte ou encore de malformation du fœtus. Un projet de loi resté lettre morte.

    La situation est d’autant plus urgente que les mères marocaines célibataires sont ostracisées, que les enfants illégitimes stigmatisés et que 26 bébés sont abandonnés chaque jour. Sans compter que l’avortement est un acte passible de deux ans d’emprisonnement et jusqu’à dix ans pour les médecins ou les « faiseuses d’anges » qui le pratiquent. Pas au point de dissuader les Marocaines. Chaque année, elles sont encore environ 200 000 à avorter clandestinement. Des avortements souvent très onéreux, réalisés dans des conditions sanitaires déplorables. Selon l’OMS, ce ne sont pas moins de 13% des cas de mortalités maternelles qui sont dus à ces avortements clandestins.
    Mutisme

    Une situation qui a conduit le Roi Mohammed VI à créer une commission officielle qui a justement élaboré le projet de loi en 2016 censé assouplir les conditions d’accès à l’avortement. Une loi restée à l’état de projet. Les sollicitations des associations et des militants pour le droit à l’avortement, n’y ont rien changé. Le gouvernement reste muet. Pour autant, les revendications du droit à l’avortement au Maroc ne reposent pas sur des mouvements féministes. Le médecin Chafik Chraibi, gynécologue obstétricien et président de l’ALMAC explique que son action « ne cherche nullement à encourager la liberté des mœurs ni à libéraliser l’avortement mais simplement à donner un cadre légal strict à un phénomène qui existe de fait et provoque des drames ». Autrement dit : l’avortement n’est pas un objectif de libération des femmes, mais une solution de derniers recours pour des cas extrêmes.
    « Nous ne voulons pas un avortement à la carte »

    Au Maroc, la manifestation de mardi est loin de faire consensus, surtout du côté des militants pro-avortement. C’est le cas du Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (M.A.L.I.), qui milite en faveur de la dépénalisation totale de l’avortement et accompagne des femmes dans leur interruption clandestine de grossesse. Dans un communiqué publié cette semaine, le M.A.L.I déclarait ne pas soutenir cette action. Et d’ajouter : « Le droit à l’avortement n’a absolument rien à voir avec des poupons. L’ALMAC parle de bébés quand il est question d’amas de cellule, d’embryon et de fœtus. »

    Ibtissame Betty Lachgar, présidente de ce mouvement estime que l’action de l’ALMAC et le projet de loi en 2016 ne constituent en rien une libération de la femme : « Ils se trompent de cause. Ces décisions sont prises par des hommes qui décident pour nous et une nouvelle fois les droits des femmes sont relayés au second plan. Il s’agit d’un projet d’interruption médicale de grossesse mais en aucun cas d’IVG. » Elle ajoute : « Nous voulons des droits pour que toutes les femmes puissent disposer de leur corps, nous ne voulons pas les miettes ou un avortement à la carte. » Et quant à l’argument selon lequel le Maroc, par sa culture religieuse ne serait pas encore prêt pour la libéralisation totale de l’avortement, Ibtissame Betty Lachgar répond que « les droits des femmes, comme les droits humains, sont universels, quelle que soit la région ».
    Caroline Protat

    #IVG #viol #féminicide #misogynie #sexisme #avortement #culture_du_viol

  • Menacé de ne « plus voir » ses enfants, il s’attaque aux yeux de son ex-compagne
    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/menace-de-ne-plus-voir-ses-enfants-il-s-attaque-aux-yeux-de-son-ex-compagne

    Un homme de 35 ans a été mis en examen pour tentative d’assassinat et écroué après avoir tenté de crever avec un couteau les yeux de son ex-compagne, qui l’avait selon lui menacé de ne « plus voir » ses enfants, ont indiqué ce lundi les parquets de Mont-de-Marsan et Dax. Opérée en urgence à Bordeaux, la jeune femme de 27 ans, mère de leurs trois enfants, aurait perdu son œil droit, le pronostic restant réservé concernant son œil gauche, a expliqué à l’AFP le procureur de la République de Dax Jean-Luc Puyo.

    Les faits ont eu lieu vendredi soir vers 22h30 dans la commune de Lit-et-Mixe dans les Landes, au domicile de la jeune femme, où l’homme a asséné une dizaine de coups de couteau à la victime. « Lors de ses auditions en garde à vue, a détaillé Jean-Luc Puyo, l’homme a expliqué que la jeune femme l’avait appelé pour l’injurier et lui dire qu’il ne verrait plus ses enfants. Il s’est rendu sur place et le ton est monté. Il a fait tomber la victime et il a expliqué que c’est à ce moment là qu’il a songé à lui crever les yeux, comme ça elle non plus ne pourrait plus voir ses enfants ».

    Au moment des faits, l’homme qui n’a pas pris la fuite et a été arrêté sur place par la gendarmerie à 2h30, était sous le coup d’un contrôle judiciaire après une altercation avec son ex-compagne quelques jours avant, qui lui avait valu une garde à vue. Écroué à Mont-de-Marsan, il encourt la réclusion criminelle à perpétuité s’il est renvoyé aux assises sur le chef d’accusation de tentative d’assassinat. La jeune femme, séparée de son ex-conjoint depuis quelques semaines, n’a pas encore pu donner sa version des faits en raison de son état de santé.

    Selon Sud Ouest , l’homme avait déjà été placé en garde à vue et sous contrôle judiciaire par un juge des libertés plus tôt dans la semaine après deux altercations houleuses. Il avait interdiction de rentrer en contact avec la mère de ses enfants âgés de 3, 5 et 7 ans.

    Deux agressions dans la semaine et le juge des libertés le laisse en liberté. C’est vrai qu’un mec violents au moment d’une séparation c’est pas dangereux, normalement ca ne tue que des femmes et des gosses.

    #féminicide #gynocide

  • La violence conjugale plus répandue chez les policiers ? | JDM
    https://www.journaldemontreal.com/2015/11/01/la-violence-conjugale-plus-repandue-chez-les-policiers

    La publication récente d’un livre prétendant qu’il y a une « épidémie secrète » de violence conjugale chez les policiers fait sursauter les forces de l’ordre québécoises.

    « Un nombre bouleversant de cas de violence conjugale se déroule derrière les murs des maisons de policiers alors que la plupart des services de police font très peu pour les contrer », écrit d’entrée de jeu l’auteur Alex Roslin dans son livre intitulé Police Wife, qu’il co-signe avec Susanna Hope.

    Pour appuyer son propos, l’auteur québécois cite deux études américaines datant du début des années 1990 montrant que 40 % des policiers auraient été violents avec leur conjointe au cours de l’année précédente.

    En entrevue avec Le Journal, Roslin avance que ses années de recherche sur le sujet lui permettent de conclure que les proportions et la « culture de police » sont les mêmes au Canada. Le fléau serait toutefois caché derrière un « mur bleu du silence ». Une affirmation qui ne trouve pas écho auprès des différents acteurs des milieux policier et sociocommunautaire québécois (voir autre article).

    15 fois plus élevé

    Trois causes expliqueraient ce taux de violence conjugale 15 fois plus élevé que celui de la population générale, d’après Roslin.

    Il y a d’abord le pouvoir et le contrôle. « Beaucoup entrent dans la police avec les meilleures intentions. [...] Mais certains peuvent être attirés pour d’autres raisons, parce qu’ils aiment le pouvoir que confère le fait d’avoir une arme, un badge et un uniforme, parce qu’ils sont insécures ou ont une rage d’être en contrôle », croit-il.

    Roslin évoque aussi une « attitude dérogatoire envers les femmes ». À titre d’exemple, un sondage réalisé auprès de 873 policiers américains en 2006 indiquerait que seulement 7,1 % acceptent que « les femmes sont aussi capables que les hommes de penser logiquement ».

    Enfin, « la troisième raison pour laquelle autant de policiers sont violents à la maison semble être simplement le fait qu’ils peuvent s’en tirer », note Roslin, prétendant que les agents se protègent entre eux lors d’une enquête.

    Criblée de balles

    L’auteur cite l’exemple de Jocelyn Hotte, un policier de la GRC qui a tué son ex-conjointe Lucie Gélinas sur une autoroute montréalaise en 2001. Cette dernière avait porté plainte à la police de Laval une semaine avant sa mort, une plainte qui avait été jugée infondée.

    « Ce n’est pas seulement la police de Laval et la GRC qui n’ont pas agi. [...] Aucun autre service de police ou gouvernement au Canada n’a tiré les leçons de cette tragédie, d’après ce que je peux voir », déplore-t-il, précisant qu’aucun policier n’est automatiquement congédié s’il est reconnu coupable de violence conjugale.

    Roslin va même jusqu’à dire que le Canada « traîne 20 ans derrière les États-Unis en laissant des armes dans les mains des abuseurs ».

    « Peut-être qu’il y aura un autre incident grave si rien ne change », a prévenu l’auteur en entrevue avec Le Journal.

    Une des raisons du grand nombre de féminicide et viol est peut être à chercher dans le fait que les policier sont environ 15 fois plus violents avec leurs conjoint·es que la moyenne.

    #violence_masculine #couple #police #féminicide #culture_du_viol #patriarcat

  • Le silence des brebis, suite – Les Indégivrables… mais pas qu’eux
    https://www.lemonde.fr/blog/xaviergorce/2015/02/27/le-silence-des-brebis-suite

    Mon dessin Le silence des brebis a généré une polémique (modérée) sur ce site et beaucoup d’écume (buzz) sur Twitter.

    Je ne vais pas défendre ce dessin en déclarant qu’il est bon. Non pas parce que je ne le trouverais pas bon. Mais parce que ce n’est pas mon problème. Je fais un dessin par jour, je fais de mon mieux, parfois c’est bien, d’autres fois moins bien, drôle, pas drôle… Mais je ne suis pas le meilleur juge.

    En revanche, ce dessin n’est pas ce qu’on l’accuse d’être (machiste, dégueulasse, moqueur des femmes victimes) mais tout le contraire : et je vais tenter d’aider à en comprendre le sens ceux qui ont du mal à lire un dessin.

    Le dessin dit, en substance, que les femmes qui sont en couple avec un salaud violent et qui subissent (c’est à dire qui ne réagissent pas à) sa violence sont bien connes de subir. Et non pas connes d’être battues, comme semble ne pas le comprendre certains.

    Parfois (souvent), dans ce genre de cas, elles prennent sur elles-même. Soit parce qu’il y a des enfants, soit parce qu’elles aiment leur compagnon malgré tout, soit parce qu’elles pensent que la situation peut changer, soit parce qu’elles culpabilisent…

    Mais ce que dit le dessin est simple : tu subis une violence de la part de ton compagnon ? pas d’angélisme, c’est LUI le coupable. Tu n’as aucun compromis à faire pour vivre avec ça, pour « arranger » les choses, tu n’as pas à te culpabiliser. À la première malveillance, pression, soit tu lui en colles une direct, soit tu vas voir les flics, une association… Tolérance zéro ! Sinon tu pars dans un engrenage. Si tu acceptes le moindre écart, en espérant par angélisme que « ça va s’arranger », tu es perdue et oui, tu es trop conne !

    Bien sûr je ne suis pas naïf, je ne dis pas que l’on sort de cela facilement et je sais que ces femmes sont dans des situations très compliquées.

    Mais peut-on comprendre que, dans ce dessin – volontairement provocateur et outrancier, je le revendique car c’est le but du dessin de presse, si l’on veut dessiner autre chose que des Barbapapa –, il ne s’agit pas de se moquer des femmes battus mais bien de défendre une réaction de non-acceptation de ces situations ?

    Un dessin n’est pas une thèse de sociologie ou de psychologie. Il ne peut pas être subtil, argumenté, modulé. Il faut dire fort en faisant court. Très court. Un dessin est un coup de poing dans la gueule, sinon c’est une niaiserie gentillette.

    Enfin, oui, j’affirme que ce dessin est un dessin féministe !

    Publié le 27 février 2015 par Xavier Gorce
    Le silence des brebis, suite

    Mon dessin Le silence des brebis a généré une polémique (modérée) sur ce site et beaucoup d’écume (buzz) sur Twitter.

    Je ne vais pas défendre ce dessin en déclarant qu’il est bon. Non pas parce que je ne le trouverais pas bon. Mais parce que ce n’est pas mon problème. Je fais un dessin par jour, je fais de mon mieux, parfois c’est bien, d’autres fois moins bien, drôle, pas drôle… Mais je ne suis pas le meilleur juge.

    En revanche, ce dessin n’est pas ce qu’on l’accuse d’être (machiste, dégueulasse, moqueur des femmes victimes) mais tout le contraire : et je vais tenter d’aider à en comprendre le sens ceux qui ont du mal à lire un dessin.

    Le dessin dit, en substance, que les femmes qui sont en couple avec un salaud violent et qui subissent (c’est à dire qui ne réagissent pas à) sa violence sont bien connes de subir. Et non pas connes d’être battues, comme semble ne pas le comprendre certains.

    Parfois (souvent), dans ce genre de cas, elles prennent sur elles-même. Soit parce qu’il y a des enfants, soit parce qu’elles aiment leur compagnon malgré tout, soit parce qu’elles pensent que la situation peut changer, soit parce qu’elles culpabilisent…

    Mais ce que dit le dessin est simple : tu subis une violence de la part de ton compagnon ? pas d’angélisme, c’est LUI le coupable. Tu n’as aucun compromis à faire pour vivre avec ça, pour « arranger » les choses, tu n’as pas à te culpabiliser. À la première malveillance, pression, soit tu lui en colles une direct, soit tu vas voir les flics, une association… Tolérance zéro ! Sinon tu pars dans un engrenage. Si tu acceptes le moindre écart, en espérant par angélisme que « ça va s’arranger », tu es perdue et oui, tu es trop conne !

    Bien sûr je ne suis pas naïf, je ne dis pas que l’on sort de cela facilement et je sais que ces femmes sont dans des situations très compliquées.

    Mais peut-on comprendre que, dans ce dessin – volontairement provocateur et outrancier, je le revendique car c’est le but du dessin de presse, si l’on veut dessiner autre chose que des Barbapapa –, il ne s’agit pas de se moquer des femmes battus mais bien de défendre une réaction de non-acceptation de ces situations ?

    Un dessin n’est pas une thèse de sociologie ou de psychologie. Il ne peut pas être subtil, argumenté, modulé. Il faut dire fort en faisant court. Très court. Un dessin est un coup de poing dans la gueule, sinon c’est une niaiserie gentillette.

    Enfin, oui, j’affirme que ce dessin est un dessin féministe !

    Au-delà : un dessin humaniste, car il existe aussi des hommes qui subissent des agissement de femmes manipulatrices, même si cela ne se traduit pas par de la violence physique. mais ce n’est pas le propos ici.

    La provocation du dessin est de refuser l’attitude compassionnelle habituelle et humainement correcte et de dire aux victimes, toutes les victimes : ne sois pas conne (ou con), bats-toi, ne fais pas la sainte martyre, ne te victimises pas,ne te laisse pas enfermer dans une prison mentale.

    Je sais que certains n’entendront aucun de ces arguments. Je vais continuer à recevoir des commentaires sur twitter ou sur ce blog de personnes courageusement abritées derrière un pseudo pour m’accuser de m’attaquer lâchement aux plus faibles, d’être un sale macho, d’expliquer la violence par l’acceptation de la femme, tout un tas de choses qui ne sont bien sûr PAS dans ce dessin.

    Les nouveaux chevaliers d’aujourd’hui embrassent sur les réseaux des causes humanistes au grès de leurs indignations occasionnelles. Ils partent en joute contre les « méchants » supposés, bien masqués, bien anonymes. Ils se donnent le frisson de la quête vengeresse sans risque. Ils n’écoutent ni ne lisent aucun argument.

    Je ne rentrerai donc dans aucun débat supplémentaire. Je me suis expliqué. Point final.

    Et je n’accorde aucune attention à toute personne qui s’exprime sous pseudo, quoi qu’elle dise.

    PS : merci à Aurel qui résume très bien le propos dans ce post sur son blog.

    On trouve une belle enfilade de comportements masculinistes dans ce message, d’enfonçage de portes ouvertes et répétition de clichés misogynes.
    Xavier Gorce ne s’est manifestement jamais intéressé à ce sujet, ni de près ni de loin mais il as des choses à dire sur ce qu’il pense des victimes lorsqu’elles sont des femmes. Lorsque ce sont « des hommes qui subissent des agissement de femmes manipulatrices, même si cela ne se traduit pas par de la violence physique. » étrangement il ne pense pas à les traité de cons.

    Les femmes sont tuées parcequ’elles réagissent. Xavier Gorce tout comme la police, les procureurs, les juges, les voisin·nes... les regardent crevés en y ajoutant leurs crachats.
    https://seenthis.net/messages/790076
    #mansplanning #mecsplication #fraternité #déni #blâmer_la_victime #victime_blaming #inversion_patriarcale #victime #féminicide

    • Le type s’était récemment illustré avec une campagne contre l’« anonymat » sur les réseaux sociaux assez digne de Philippe Val :
      https://www.europe1.fr/societe/xavier-gorce-je-ne-crois-pas-que-ca-briderait-la-liberte-que-de-donner-son-n

      Las de l’impunité sur les réseaux sociaux, le dessinateur Xavier Gorce a décidé de taper du poing sur la table. Le 10 janvier dernier, celui qui publique Les Indégivrables sur Le Monde proposait un projet de loi d’initiative citoyenne pour que tous les comptes des réseaux sociaux soient nominatifs, pour que tout puisse être dit mais que chacun assume ses paroles.

      […]

      Assumer tous ses propos. Selon l’auteur des Indégivrables, « au fur et à mesure du développement des réseaux sociaux, on voit que ce phénomène prendre de l’ampleur. » Dès lors, mettre fin à l’anonymat encouragerait les internautes à réfléchir avant de poster un message. « Je ne crois pas que ça briderait la liberté que de donner son nom. Mais à partir du moment où on a quelque chose à dire, on peut l’assumer, ça permettrait de parler en responsabilité », défend le dessinateur.

      Je ne crois pas qu’il y ait bien loin à chercher pour voir exactement la même logique à l’œuvre.

  • #Féminicide en Haute-Savoie : Gülçin, terrifiante chronique d’une mort annoncée - Le Parisien
    http://www.leparisien.fr/faits-divers/feminicide-en-haute-savoie-gulcin-terrifiante-chronique-d-une-mort-annonc

    « On parle de cinq plaintes ? Mais c’est cinq fois par semaine qu’elle se rendait à la police !, fulmine Malika. Une fois où ils n’avaient pas voulu la recevoir, elle était ressortie et son mari l’attendait devant. Il l’avait poursuivie. Elle était revenue au commissariat, et elle s’était fait engueuler d’y être retournée… »

    « Il y a encore beaucoup de méconnaissance de ce type de violences, analyse pour sa part Delphine Devigny. C’est comme si Gülçin n’avait pas eu le bon profil. Comme si sa colère, légitime, avait laissé penser aux représentants de l’Etat qu’elle était vindicative, et que tout cela n’était qu’un banal conflit lié à la séparation. » Un manque d’appréciation fatal, tant il a pu donner à son ex-compagnon un sentiment d’impunité. « Pour que la police intervienne, il fallait qu’elle fasse appeler les riverains, accuse Malika. Elle était constamment dans la crainte, et personne n’a levé le petit doigt pour elle. »

  • 1969, « Que je t’aime » devient le succès de l’année - Archives vidéo et radio Ina.fr
    https://www.ina.fr/contenus-editoriaux/articles-editoriaux/1969-que-je-t-aime-devient-le-succes-de-l-annee

    Que je t’aime, le titre culte de Johnny Hallyday souffle ses cinquante bougies. Cette chanson est l’un des plus grands succès du chanteur et elle est toujours plébiscitée par le public.

    « Quand on a fait l’amour. Comme d’autres font la guerre. Quand c’est moi le soldat. Qui meurt et qui la perd ». La chanson Que je t’aime, l’autre héritage de Johnny...

    Nous sommes le 22 juin 1974 sur le plateau de l’émission de variétés Top à. Johnny Hallyday interprète ce jour-là l’un de ses plus grands tubes intitulé Que je t’aime. Il est accompagné par son orchestre dirigé par Tommy Brown.

    Que je t’aime est sorti en 1969, c’est une chanson d’amour écrite par le compositeur Jean Renard et le parolier Gilles Thibaut qui, fou amoureux, l’avait écrit en une nuit pour exprimer ses sentiments. Il envoie ce texte avec d’autres à Johnny Hallyday qui recherche justement un titre fort pour sa rentrée au Palais des sports. Touché par ces paroles à la fois tendres et sauvages, le chanteur la transmet à son compositeur Jean Renard. Il lui aurait dit « Tu verras, c’est un truc qui parle d’amour ».

    Jean Renard, à l’inverse de l’auteur des paroles, traverse une crise sentimentale compliquée et compose une musique plutôt nostalgique qu’il réservait d’ailleurs à un autre titre fourni par Johnny, Ceux que l’amour a blessé, également proposé par Thibaut en même temps que Que je t’aime.

    Le contraste paroles enflammées sur musique dépressive ne séduit pas l’idole des jeunes. Il juge la tonalité trop haute pour lui. Jean Renard apporte quelques modifications à sa composition. De son côté, sur les conseils de Johnny, Thibaut modifie l’agencement des paroles. A l’origine « que je t’aime » était placé au début de chaque couplet. Modification faite, le titre fonctionne parfaitement.

    Que je t’aime est créé à la scène lors du spectacle de Johnny Hallyday au Palais des sports du 26 avril au 4 mai 1969. A chaque fois, il provoquera l’hystérie parmi les spectatrices. Même sur les plateaux télé, si on en juge par le niveau sonore des cris dans l’émission Cadet Rousselle en 1973.

    L’année de sa sortie, le titre sera n° 1 des ventes durant 16 semaines, le 45t s’écoule à plus de 700 000 exemplaires en France, devenant la meilleure vente de singles de l’année 1969. La version italienne sera également n° 1 en Italie.

    #Musique #Johnny_Hallyday

  • Les victimes, des oubliées de l’histoire ? - Les victimes de violences conjugales en Bretagne au xixe siècle - Presses universitaires de Rennes
    https://books.openedition.org/pur/18610?lang=fr

    Si les archives judiciaires sont depuis un certain temps reconnues comme une source capitale de l’étude des sociétés d’autrefois, dans la mesure où nous sommes souvent obligés par ailleurs de nous contenter de documents officiels qui ne laissent guère qu’entrevoir la vie quotidienne du « petit peuple », il reste que l’étude de la violence familiale à partir de ce type d’archives pose des problèmes spécifiques. Nous manquons d’études concernant la petite et la moyenne délinquance familiale : les quelques éléments qu’ont pu me fournir des études entreprises sur les justices de paix d’Ille-et-Vilaine semblent montrer que le tribunal de paix n’était pratiquement jamais saisi de telles affaires. Les sources policières que j’ai pu étudier n’en disent pas davantage. Il faudrait collecter un nombre suffisant de cas de coups et blessures « simples » portés devant le tribunal correctionnel pour avoir une idée de ce qu’il en est à ce niveau. Nous allons donc fonder notre travail sur les dossiers de la cour d’assises, qui ne prennent par définition en compte que les affaires les plus graves. D’où la question lancinante : sont-elles représentatives ? Question moins simple qu’il n’y paraît, triple question en fait. Premièrement, sont-elles représentatives de la criminalité réelle, et quelle part de cette dernière nous demeure cachée ? Deuxièmement, sont-elles représentatives de l’ensemble des déviances familiales, y compris les moins graves. Troisièmement, ceci étant le point le plus important : sont-elles représentatives, sont-elles l’image exacerbée, le double monstrueux de comportements habituels et normatifs que nous ne pourrions saisir vraiment qu’à travers elles ? La première question ne nous retiendra guère ici, la seconde davantage et la troisième de manière plus centrale encore. Pour ne pas nous égarer sur des pistes trop hétérogènes et envisager le mieux possible un champ très précis, nous nous intéresserons plus particulièrement aux violences conjugales, c’est-à-dire commises entre mari et femme, entre concubins, mais aussi entre, par exemple, mari et amant de la femme, ou femme et maîtresse du mari, au détriment donc des parricides, des homicides commis sur oncles et tantes, entre frères et sœurs, qui ne nous arrêteront qu’incidemment, et bien sûr des infanticides et avortements qui posent des problèmes entièrement différents, et ne nous retiendront pas du tout ici.

    2Il ne s’agit pas là d’une synthèse finale, mais d’un travail reposant sur plusieurs échantillons nettement différents par les dates considérées et les origines géographiques, mais dont la mise en perspective peut faire surgir d’utiles hypothèses. Les trois principaux sont représentés par une étude sur les violences familiales dans l’arrondissement de Rennes entre 1811 et 1914 (non exhaustive : une série de sondages m’a permis d’évaluer le nombre des faits pris en compte à environ la moitié du total jugé ; mais la sélection paraît avoir été à peu près aléatoire, ce qui rend l’échantillon pertinent)1 - une étude sur le crime « passionnel » dans l’ensemble du département d’Ille-et-Vilaine entre 1870 et 1914, crime dans lequel les violences conjugales ou quasi conjugales sont fortement majoritaires2 - et enfin, une dernière concernant les crimes familiaux (avortements et infanticides strictement exclus, ce qui laisse subsister uniquement le même type d’affaires que dans le cas précédent) dans les Côtes-du-Nord entre 1850 et 19003. Outre que les dates sont différentes, les localisations géographiques déterminent un environnement social différent : un arrondissement sinon fortement urbanisé, du moins comportant une ville relativement importante (Rennes) ; un département plus ouvert sur le monde et plus urbanisé (l’Ille-et-Vilaine), enfin un département très rural (profond...), les Côtes-du-Nord4.

    pas encore lu
    #féminicide #couple #femmes #violence_par_conjoint #histoire #historicisation

  • « Peut-on considérer le cannibalisme comme une forme d’amour ? »

    Amanda Lear, artiste

    « Salvador Dalí m’avait confié qu’il aimerait manger sa femme Gala. Dans ma rue, il y a quarante ans, un Japonais amoureux a découpé et bouffé une Hollandaise », note l’artiste multicasquette Amanda Lear. Chanteuse, actrice, animatrice, elle est aussi peintre à ses heures perdues.

    #cannibalisme #misogynie #bac #grosses_têtes #phallosophie
    Aimer une femme ou aimer la viande c’est tellement semblable que la difficulté posé par cette question est un sujet de bac. C’est sympas de faire posé cette question misogyne par une femme, privilège de la galanterie coquière et cocardière. Amanda Lear dit n’importe quoi, Issay Sagawa n’était en aucun cas amoureux de sa victime. Ses parents très fortunés l’avait envoyé en France car au japon il mordait les prostituées au sang et il fallait éloigné cet héritier de zaibatsu du Japon avant qu’il y ai scandale. Ce grand romantique n’a pas été condamé en France ni au Japon et il fait des films porno et des pubs pour des boucheries, tout en oubliant pas de mettre une dédicace dans la langue des parents de sa victime dans chacun des livres qu’il publie pour s’enrichir de son crime.

    #séduction_à_la_française #féminicide #amour #couple #carnisme #hétérosexualité

  • Lustucru: From Severed Heads to Ready-Made Meals

    Jé Wilson charts the migration of the Lustucru figure through the French cultural imagination — from misogynistic blacksmith bent on curbing female empowerment, to child-stealing bogeyman, to jolly purveyor of packaged pasta.

    https://publicdomainreview.org/2019/06/13/lustucru-from-severed-heads-to-ready-made-meals

    via https://www.metafilter.com/181455/Lustucru-From-Severed-Heads-to-Ready-Made-Meals

    • Wahoo quelle histoire !

      The sign of the shop, hanging at upper left, displays a decapitated woman’s body above the words “Tout en est bon”, from the saying, “Une femme sans tête: tout en est bon”, meaning “A woman without a head: everything is good”. To make the message absolutely clear, the block of text encourages men to bring their difficult wives to this head doctor, where their brains will be reforged and purged of all screechy, angry, lunatic, obstinate, rebellious, willful, and lazy ways. Any woman with a mind of her own is guaranteed a graphically brutal straightening out.

      As sexist satire goes, this is dark. Even darker is the fact that, as soon as the image appeared, the head-pounding blacksmith “became all the rage” in France.2 Publishers began to churn out stand-alone broadsheets of his image in order to feed a demand for cheap copies, and versions of him in his forge spread from France to Germany and Italy.3 An entire almanac calendar for 1660 was dedicated to Lustucru.4 He was written into the latest comic plays and poems, and his image was even stamped on tokens or “jetons” (metal coins used mainly as counters in the age before calculators). In today’s terms, he went viral.

      His name, Lustucru, comes from a slurring of “L’eusses-tu-cru?”, a stock phrase used in that period by theatrical fools, which meant, “Would you have believed it?” or in this case, “Would you have thought a woman’s head could be fixed?” According to the seventeenth-century French writer Gédéon Tallemant des Réaux, Lustucru was born from a desire for male revenge.

      Je me demande bien de quelle revenche contre les femmes auraient les hommes de cette époque et dont parle ce Gédéon Tallemant.

      Male anxiety regarding the growing influence and power of women was generally on the rise in France during the 1650s. Women had begun to gain some standing in the literary arts and were established enough to have been satirized as “les précieuses”, a type of clever woman who frequented Parisian salons, wrote books, and favored an elegantly refined (or, to other minds, affected and pretentious) speaking and writing style.

      Les femmes n’ont pas gagné en puissance vers 1650, c’est même tout l’inverse, c’est la période de la création de l’académie française, institution dont le but principale est de baillonner les femmes et excisé la langue de toute trace de féminin qui ne soit pas humiliant. C’est aussi la période de la chasse aux sorcière, des interdictions de reprendre le commerce familial en cas de veuvage,

      #séduction_à_la_française #inversion_patriarcale #blâmer_la_victime #misogynie #féminicide #domination_masculine #mégèrisme #histoire #marque #cannibalisme #lobotomie #hystérie #femmes #guerre_des_sexes #couple #amour #hétérosexualité #domination_masculine #chirurgie #violences_médicale #patriarcat #matriarcat

  • En Allemagne, deux gynécologues face à la justice pour « publicité pour l’IVG »
    https://www.liberation.fr/planete/2019/06/14/en-allemagne-deux-gynecologues-face-a-la-justice-pour-publicite-pour-l-iv

    « Une IVG médicamenteuse et sans drogues anesthésiantes est également pratiquée par la Dr Gaber. » Ces mots ont mené Bettina Gaber devant la justice. Ce vendredi, cette gynécologue berlinoise comparaît devant le tribunal de première instance du Tiergarten, à Berlin, pour « publicité pour l’IVG ». Elle est accusée, ainsi que sa collègue Verena Weyer avec qui elle partage son cabinet, d’avoir détaillé sur son site internet les méthodes avec lesquelles elle pratique l’avortement. Or, en Allemagne, c’est interdit. Elle tombe sous le coup du paragraphe 219a du Code pénal allemand, qui réprime toute « publicité pour l’IVG », et risque une forte amende.

    Ce n’est pas la première fois qu’une gynécologue est poursuivie pour un tel motif ; mais c’est la première fois depuis que la loi a été légèrement assouplie, en février. Jusqu’ici, le paragraphe 219a du code pénal – relique de l’ère nazie datant de 1933 afin de criminaliser les médecins juifs et communistes – interdisait toute mention de l’IVG sur un site professionnel. Les médecins étaient susceptibles d’être poursuivis pour l’avoir simplement écrit sur leur site. C’est ce qui est arrivé à Kristina Hänel, de Gießen (Hesse), condamnée à 6 000 euros d’amende en 2017. Son cas, très médiatisé, a fini par entraîner un large débat en Allemagne. Des voix en faveur d’un assouplissement de la loi – voire de sa suppression – se sont fait entendre.

    À lire aussi En Allemagne, l’IVG est un chemin de croix

    C’est ainsi qu’une légère refonte du texte, votée par la grande coalition au pouvoir (CDU-SPD) a été décidée en février. Les professionnels de santé sont désormais autorisés à annoncer qu’ils pratiquent des IVG. Mais pas à en détailler les méthodes, que les patientes peuvent découvrir sur une liste établie par l’Ordre fédéral des médecins – qui n’est toujours pas disponible, quatre mois après le vote du texte. « De toute manière, explique la gynécologue berlinoise Jutta Pliefke, membre de Pro Familia, le Planning familial allemand, il semble peu réaliste d’avoir recours à ce genre de listes. De nombreux docteurs ne souhaitent pas y figurer, de peur de devenir la cible de militants anti-IVG. Et puis, comment la tenir à jour correctement ? »
    Les Verts, Die Linke et le FDP demandent la suppression de l’article 219a

    « Je ne connais pas un seul collègue qui écrive maintenant sur son site qu’il pratique des IVG, a expliqué Bettina Gaber à Die Zeit. Je ne crois pas non plus que beaucoup de collègues voudront être sur la liste de l’Ordre des médecins. Parce qu’ils se sentent toujours criminalisés. » La réforme reste contestée par les Verts, Die Linke et les Libéraux du FDP, qui demandent la suppression pure et simple du texte. « Le cas de Bettina Gaber montre bien que même après la réforme de la loi, les gynécologues continuent d’être poursuivis », dit Kate Cahoon, du Collectif pour l’autodétermination sexuelle (Bündnis für sexuelle Selbstbestimmung), représentant plusieurs associations prochoix.

    De manière générale en Allemagne, pays conservateur et sous forte influence de l’Eglise, l’IVG est difficile d’accès. Dans son livre témoignage intitulé le Politique est privé, Journal d’une médecine avorteuse (1), Kristina Hänel évoque les nombreuses lettres qu’elle a reçues. Notamment celle d’une jeune femme tombée enceinte sous stérilet. « J’habite dans le sud de la Bavière, explique la jeune femme, et la doctoresse de l’hôpital qui a confirmé la grossesse n’a pas voulu entendre que j’envisageais un avortement. La seule information qu’elle m’a donnée est qu’une telle intervention ne serait effectuée ni dans cet hôpital, ni ailleurs dans la région, et que je devrais me rendre "à Salzbourg ou quelque chose dans le genre". Le prix de l’avortement est d’environ 800 euros et bien entendu, cet acte n’est couvert par aucune compagnie d’assurance maladie allemande. »

    En Allemagne, l’acte est dépénalisé, mais toujours criminalisé – en vertu du paragraphe 218, que les prochoix veulent également voir disparaître. « L’IVG n’a rien à faire dans le code pénal aux côtés du meurtre et de l’infanticide », dit la gynécologue Jutta Pliefke.
    Des gynécologues traqués par des militants anti-IVG

    L’IVG ne se pratique que sous certaines conditions : après un délai légal de réflexion et après avoir demandé conseil dans un centre spécialisé agréé (ou l’entretien se doit, selon la loi, de « servir la protection de la vie non (encore) née ») ; en cas de menace pour la vie de la mère ; à la suite d’un viol. L’acte n’est remboursé que dans très peu de cas. Et cela ne risque pas de changer avec Jens Spahn (CDU) – qui ne cache pas sa profonde hostilité à l’avortement – à la tête du ministère fédéral de la Santé, et qui a annoncé ces derniers temps financer une étude sur « les conséquences psychologiques de l’IVG ».

    Dans ce contexte, de moins en moins de médecins osent pratiquer cet acte. « Les pressions à leur égard ont augmenté », dit Jutta Pliefke. Ils sont traqués par les militants antiavortement. Deux d’entre eux, Yannic Hendricks et Klaus Günter Annen, se sont fait une spécialité d’éplucher leurs sites internet afin de les épingler en vertu du fameux paragraphe 219a. C’est ce qui est arrivé à Bettina Gaber et à Kristina Hänel.

    Les noms des médecins avorteurs sont listés sur un site appelé « Babycaust », contraction de « Baby » et « Holocauste ». Les deux hommes noient les gynécologues sous les fax insultants, les traitent de tueurs d’enfants. Mais leur arme la plus efficace est sans doute ce paragraphe 219a. Car elle touche au portefeuille et épuise les médecins, forcés de se lancer dans une longue et fastidieuse procédure judiciaire. D’autant qu’en Allemagne, contrairement à la France, le délit d’entrave à l’IVG n’existe pas.

    Ainsi, pour de plus en plus de médecins, pratiquer l’IVG devient un acte militant. « Bien des gynécologues ont fini par se politiser depuis l’affaire Hänel », commente Kate Cahoon. C’est ainsi que le procureur a proposé à Bettina Gaber d’abandonner les poursuites si elle enlevait de son site la phrase concernant sa pratique de l’IVG. Elle a refusé, expliquant à Die Zeit : « Je me suis rendue compte que c’était aussi une bataille féministe. »

    (1) Das Politische ist persönlich. Tagebuch einer Abtreibungsärztin (« Le politique est privé, Journal d’une médecine avorteuse), Argument Verlag, 2019, non traduit en français.
    Johanna Luyssen correspondante à Berlin

    Pas le droit d’informer sur l’IVG, harcelement judiciaire des médecin·es et restrictions de l’IVG, dans ce pays où les mères sont traitées de corbeau si elles ont un emploi et où chaque homme est un putier en puissance qui peu aller défoncer des femmes et filles pauvres au forfait et sans capote si l’envie lui prend.

    #ivg #contraception #contrôle_des_femmes #hétérosexualité #nazisme #grossesses_forcées #viol_géstatif #domination_masculine #catholicisme #protestantisme #religion #natalisme #féminicide #proxenetisme #prostitution #culture_du_viol #hommerie #sexisme #misogynie #guerre_aux_pauvres #guerre_aux_femmes #femmes

    • La loi sur le pantalon a été abrogée sous Hollande @sandburg et par rapport à l’IVG en Allemagne l’article ci-dessus dit que l’IVG reste criminalisé, que les medecin·es sont harcelés judiciairement et que l’IVG n’est pas remboursé sauf en cas de viol reconnu par les tribunaux, autant dire jamais (quel délais pour un procès pour viol par rapport à une grossesse et le délais d’IVG ? ). Il me semble que ca indique que c’est pas pareil que la loi sur le pantalon. Si tu as d’autres sources qui indiquent autre chose je les veux bien mais pour le moment ce qu’indique cet article est particulièrement grave pour les femmes. La comparaison entre des grossesses forcées et le porte du pantalon c’est pas pertinant. Enfin si ces lois sur le pantalon sont tombées aujourd’hui en désuétude, c’etait des lois qui ont été appliquées par le passé et les femmes se sont battues pour ce droit au port du pantalon. Elles se battent encore car les entreprises leur imposent souvent des tenues de travail sexuées et invalidantes type talons haut, jupe, maquillage... sans parler du dress code des milliers de bordel allemands qui doit pas autorisé beaucoup de pantalons aux femmes. N’oublions pas non plus les hommes dans l’espace publique qui imposent aussi toujours de lourdes restrictions sur le code vestimentaire des femmes et des filles par leur harcelement massif, pareil à l’école, pareil à la maison où pères, frères et maris font la loi du dress code féminin. Oui on l’applique la loi sur le pantalon, c’est une loi sans tribunaux, sans avocats, les hommes étant toujours considéré comme les maîtres des femmes, ils sont autorisés à juger et à exécuter leur sentence en toute tranquillité. La police et les juges demandent toujours aux victimes féminines de violences sexuelles comment elles étaient habillées. C’est bien la manifestation qu’il y a toujours de lourdes restrictions sur les vetements autorisés aux femmes.

    • Même si c’etait reconnu, combien de temps pour obtenir une sentence de viol et quel délais autorisé pour une IVG ? Si c’est comme en France, l’IVG pour les femmes ayant subit un viol (par surprise ou autre technique), serait autorisé au mieux 3 ou 4 ans après la naissance...

  • Comment le blocus israélien exacerbe la violence envers les femmes à Gaza
    Anwar Mhajne, +972, le 17 mai 2019
    http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2019/06/10/comment-le-blocus-israelien-exacerbe-la-violence-envers-les-fem

    Les femmes à Gaza font face à des normes de genre patriarcales et aux divisions politiques intrapalestiniennes, mais répondre à leurs besoins ne peut se faire sans qu’Israël lève son blocus.

    #Palestine #Gaza #femmes #discriminations

  • Le Texas songe à appliquer la peine de mort pour les femmes qui avortent - Cosmopolitan.fr
    https://www.cosmopolitan.fr/le-texas-songe-a-appliquer-la-peine-de-mort-pour-les-femmes-qui-avorten

    Les États-Unis vivent une période noire en termes de droits des femmes. Alors que le Missouri souhaite désormais poursuivre les médecins qui pratiqueront des avortements après huit semaines de grossesse, la Géorgie vient d’interdire l’IVG dès le premier battement de cœur du fœtus.

    L’Alabama vient de voter la loi la plus restrictive des États-Unis, en interdisant totalement l’avortement et ce, y compris en cas de viol ou d’inceste. C’est une loi similaire qu’étudie actuellement la Chambre des représentants du Texas depuis le 4 avril dernier.

    La loi HB 896 entend tout d’abord interdire le droit à l’avortement, autorisé actuellement jusqu’à 20 semaines de grossesse au Texas. Mais elle ne s’arrête pas là puisqu’elle prévoit également de donner au foetus les mêmes droits que ceux d’un enfant.

    Comme en Géorgie, le Texas réfléchit en effet à donner lui aussi une identité juridique à l’embryon puis au foetus. Un statut qui permettra de condamner les femmes qui avorteront malgré la loi à une peine de prison pouvant aller jusqu’à la peine de mort. Les médecins, infirmières ou tout autre personnel de santé qui les auront aidées pourront eux aussi être incriminés.

    Tony Tinderholt, élu républicain à l’origine du projet de loi, tentait de convaincre début avril la Chambre des représentants du Texas en expliquant : « je pense qu’il est important de rappeler qu’un conducteur ivre a une peine de prison deux fois plus lourde quand il tue une femme enceinte (...). Je ne suis pas en train de criminaliser les femmes. Ce que je fais, c’est appliquer la même loi pour tous ».
    L’avortement interdit, y compris en cas de viol

    Comme en Alabama, le projet de loi ne considère ni le viol, ni l’inceste comme une exception. Si le projet de loi vient à passer, une femme qui tombera enceinte suite à un viol sera donc dans l’obligation de poursuivre sa grossesse jusqu’à l’accouchement. Un scénario glaçant qui s’est déjà emparé de l’Alabama le 15 mai dernier, après que sa gouverneure, la républicaine Kay Ivy, ait validé le projet de loi, justifiant que « toute vie est un cadeau sacré de Dieu ».

    Selon un décompte de l’Institut Guttmacher, vingt-huit Etats américains ont introduit plus de 300 nouvelles règles afin de limiter l’accès à l’avortement depuis le début de l’année 2019. Derrière ces mesures se cache un objectif clair : celui de pousser la Cour suprême des Etats-Unis à revenir sur l’arrêt Roe vs. Wade, introduit en 1973 et qui reconnaît le droit des femmes à avorter tant que le foetus n’est pas viable.

    #féminicide #ivg #misogynie
    Les « pro-vie » pour la peine de mort ca me laisse toujours songeuse. C’est sympas de te rendre compte que ta vie compte moins que celle d’un tas de cellulles non viable.

  • #Cherry_Smiley : Comment l’Enquête nationale sur les femmes disparues et assassinées a trahi les femmes et les filles autochtones
    http://tradfem.wordpress.com/2019/06/08/comment-lenquete-nationale-sur-les-femmes-disparues-et-assassinee

    En septembre 2016, le gouvernement fédéral canadien a annoncé, à la suite d’une âpre lutte et d’une très longue attente, le début d’une Enquête Nationale indépendante sur les Femmes et les Filles Autochtones Disparues et Assassinées (ci-après « l’enquête »). Certaines militantes et universitaires espéraient qu’une enquête mettrait en lumière les causes profondes de la violence masculine contre les femmes et les filles autochtones et qu’il en résulterait des mesures significatives pour mettre fin à cette violence. D’autres étaient sceptiques quant à l’espoir que l’enquête conduise à la mise en œuvre de mesures concrètes qui amélioreraient la vie des femmes autochtones. Au début, j’ai appuyé les femmes autochtones qui avaient travaillé depuis si longtemps et si fort et soutenu leur réclamation, même si j’oscillais entre le doute et l’espoir quant aux résultats que pourrait atteindre une enquête nationale.
    Aujourd’hui, le 3 juin 2019, l’enquête publiera son rapport final. Il n’en résultera aucune mesure significative visant à promouvoir les objectifs de libération des femmes autochtones. En fait, je crains que le rapport final et les mesures subséquentes ne contribuent à marginaliser davantage les femmes autochtones et à les réduire au silence.


    Traduction : #Tradfem
    Version originale : https://www.cherrysmiley.com/blog/how-the-national-inquiry-failed-indigenous-women-and-girls
    #autochtone #Canada #féminicide #violences_masculines #bi-spiritualité #LGBTQ #prostitution #travail_du_sexe #féminisme_radical

    • #féminicide again and again

      La méthode :

      Cette liste macabre n’est pas exhaustive. Elle s’appuie sur les cas qui ont été mentionnés dans la presse nationale ou locale depuis janvier 2017. Outre les cas qui ont pu nous échapper, par précaution, nous avons préféré ne pas intégrer certaines affaires pour lesquelles l’enquête n’était pas suffisamment avancée. Ne sont pas non plus comptabilisés les meurtres par « dépit amoureux », si les personnes n’ont jamais été en couple.

      Nous avons également choisi de ne pas inclure ce qu’on appelle les « suicides altruistes », ces couples où la femme est malade, par exemple atteinte d’Alzheimer, et où le mari la tue pour mettre fin à sa souffrance, ou parce que, lui-même malade, il sait qu’il ne pourra plus s’occuper d’elle.

      Les survivantes, parfois très gravement blessées, ne sont pas non plus intégrées au décompte.

      Quand les enfants sont aussi victimes (13 morts dans notre recension de l’année 2017), nous le mentionnons dans chaque article, tout comme les autres victimes (amant, nouveau conjoint, entourage).

  • #Mir_Streiked !

    „Mir Streiked!“ ist die Hymne für der Schweizerischen Frauen*streiktag 2019. SASA, KimBo, Mer Ayang und Sascha Rijkeboer komponieren in ihrer musikalischen Unterschiedlichkeit ein Lied, das gleichzeitig bewegt, anklagt und mobilisiert.

    https://www.youtube.com/watch?v=m001Efj0ymI&feature=share


    #grève_féministe #14_juin #femmes #grève #Suisse #chanson #14_juin_2019 #hymne
    #musique_et_politique (ping @sinehebdo)

    v. aussi le #manifeste académique de la grève :
    https://seenthis.net/messages/777511

    et une tribune sur le #féminicide, tribune publiée en lien avec la grève :
    https://seenthis.net/messages/780868

    • "Les femmes gagnent 108 milliards de moins que les hommes"

      Alors que l’égalité salariale est au coeur de la grève des femmes prévue le 14 juin, Manuela Honegger, politologue et politicienne indépendante, relève qu’en une année « les femmes gagnent 108 milliards de moins que les hommes ».

      « L’écart de revenu entre l’homme et la femme reste notre préoccupation première », a affirmé dans La Matinale Manuela Honegger, membre du collectif genevois pour la grève des femmes. De plus, le travail domestique effectué par les femmes n’est toujours pas reconnu.

      « On estime aujourd’hui que faire à manger a plus de valeur en Suisse que ce que le secteur financier produit, la valeur que les femmes produisent tous les jours gratuitement et qui péjore leur vie est énorme. A la fin de l’année, les femmes gagnent 108 milliards de moins que les hommes », a précisé la politicienne.

      De plus, « sur la base des différences salariales, les femmes devraient seulement travailler jusqu’à 57 ans et pas jusqu’à 64 ans », a-t-elle encore indiqué.
      Chiffre pas connu

      « La politique ne nous prend pas au sérieux, nous les femmes, et ne met pas nos préoccupations au centre », a encore souligné la politicienne. Alors que tout le monde connaît le nombre d’étrangers vivant en Suisse, « cela fait 25 ans que l’UDC martèle ces chiffres », combien de personnes connaissent le pourcentage des femmes qui font la lessive ou qui assument l’éducation des enfants ?

      « Les femmes accomplissent 80% de la lessive faite en Suisse et assument 70% de l’éducation des enfants. Ce sont des réalités à mettre sur l’agenda politique, c’est pourquoi nous avons choisi la grève. La grève est un moyen de pression pour dire stop », a conclu #Manuela_Honegger.

      https://www.rts.ch/info/suisse/10179694--les-femmes-gagnent-108-milliards-de-moins-que-les-hommes-.html

      #salaire

    • Vers la grève féministe en Suisse

      Dans cet entretien, Anouk (étudiante, investie dans les mouvements étudiants et de l’immigration coloniale et post-coloniale) et Maimouna (militante queer antiraciste « qui penche du côté marxiste de la force » et qui travaille dans un syndicat interprofessionnel du secteur public) nous livrent un récit du processus qui va porter nombreuses femmes* en Suisse à se mettre en grève pour la journée du 14 juin 2019. Nous saissons l’occasion pour relayer le manifeste de la grève, dont il est beaucoup question dans l’interview, et une émission radio sur cette lutte, dont le titre annonce : Ne changeons pas les femmes, changeons la société !

      – PEM : Le 14 juin se tiendra en Suisse une grève des femmes et féministe : Quel a été votre rapport à cette grève ?

      M : J’ai participé à cette grève surtout par l’organisation des travailleuses au sein de mon syndicat, mais également pendant une période par le biais de la coordination romande et du collectif genevois. Pour des raisons de santé, je n’ai pas pu participer à tout l’aspect collectif et de coordination des six derniers mois. Cette grève m’a accompagnée durant toute l’année et le fait de participer à sa construction sur les lieux de travail a sûrement été une des expériences militantes les plus intéressantes de ma vie.

      A : De mon côté, j’ai une position assez ambiguë par rapport à la grève. Rationnellement et politiquement, je suis super emballée par le processus. Je suis convaincue de la nécessité de s’y investir, et de la justesse d’organiser une grève générale à partir d’une position féministe. Mais d’un point de vue subjectif, j’arrive pas à me sentir concernée ou impliquée d’une quelconque manière. Pour plusieurs raisons, je n’arrive plus du tout à m’identifier aux discours du type “nous les femmes”, même si j’ai une compréhension du monde et des manières de me comporter profondément féministes. Du coup, je me suis tenue un peu à l’écart de tout le processus d’organisation de la grève, et j’ai juste participé aux débuts de la rédaction du manifeste, et j’ai été co-organisatrice de la journée du 10 février.

      – PEM : Pouvez-vous nous dire comment en Suisse on en est arrivé à organiser une grève féministe ? Quels ont été les éléments déclencheurs ?

      M : En Suisse, cette grève a été impulsée par des femmes syndicalistes après une énième discussion au parlement sur un projet de loi sur l’égalité salariale qui n’a abouti à rien. Je pense que c’est un aspect assez intéressant, notamment par rapport à d’autres endroits où ce genre de mobilisation a eu lieu, comme dans l’Etat espagnol, où le rôle des syndicats était beaucoup moins fort, voire un frein à l’organisation de cette mobilisation. Néanmoins, l’impulsion ne vient pas des directions syndicales mais plutôt de la base. Elles ont d’ailleurs plutôt été forcées à rejoindre le mouvement sous pression de leurs militantes. Je trouves aussi assez intéressant que ça vienne pas forcément de femmes très jeunes à la base, mais plutôt de militantes assez expérimentées, même si ça a très vite pris chez les femmes plus jeunes. Certaines étaient déjà là en 1991, lors de la première grève des femmes en Suisse d’ailleurs.

      A : Il y a une autre particularité par rapport à la Suisse. Ici, la construction de la grève s’appuie sur un réseau militant de syndicalistes féministes, de féministes organisées dans des partis de gauche radicale, et aussi de féministes autonomes, qui s’étaient toutes mobilisées contre cette loi sur l’augmentation de l’âge de la retraite - soutenue par les centrales syndicales au niveau national. Il y a donc une filiation entre cette opposition référendaire dans le champ institutionnel et l’impulsion de la grève féministe.

      – PEM : Pouvez-vous préciser quel a été le rôle des syndicats par rapport au mouvement ?

      M : Il faut bien comprendre que ce mouvement vient de la base. Il y a eu cette énorme manifestation à Berne qui a réuni 22 000 personnes en septembre 2018. Pour la petite histoire, chaque deux ans la plus grande organisation syndicale, l’USS [1], organise une manifestation nationale. Il s’agit avant tout d’une démonstration de force mais souvent avec un contenu politique très institutionnel. Donc du coup, comme chaque deux ans, l’USS a choisi un thème, et cette année-là c’était l’égalité salariale. Il n’y avait pas la volonté de parler de la grève qui se prépare aujourd’hui mais l’idée c’était simplement de mettre en avant cette revendication qui pouvait plaire à tout le monde. Le mouvement a fini par presque troller cette manifestation en créant un tronçon appelant à la grève féministe en 2019, ce qui a fait apparaître clairement nos revendications comme bien plus larges et radicales. Ça s’est fait littéralement aux nez et à la barbe des centrales syndicales qui ne voulaient parler que d’égalité salariale.

      A : Dès le début, et en raison de la manière dont le mouvement s’est structuré, il a appelé à aller plus loin qu’une grève « classique », qui reste contenue à un cadre de rapport salarié uniquement. Tout ceci ouvre des perspectives beaucoup plus larges, et ça remue le mouvement ouvrier dans son ensemble, notamment sur la question du travail reproductif, et de la grève politique (qui est d’ailleurs implicitement interdite par notre Constitution [2]).

      M : C’est vraiment important cette question de grève politique en Suisse. On a réussi à la rendre licite grâce à des mécanismes assez alambiqués, sachant que le droit de grève bien qu’inscrit dans notre constitution, est très limité.

      – PEM : Comment s’est organisé et structuré le mouvement pour la grève ? Quelles sont les formes d’organisation que vous vous êtes données et est-ce qu’elles sont présentes sur l’ensemble du territoire suisse (les différents cantons, dans les villes ou en campagne, etc.) ?

      M : En fait, le mouvement est né en Suisse romande et Suisse italienne et la Suisse allemande a rejoint le mouvement un peu plus tard. Actuellement, quasiment tous les cantons suisses et les grandes villes ont un collectif organisant la grève. Honnêtement, quand ça a commencé, ça aurait pu être ce genre d’initiatives super sympas lancées par dix meufs motivées qui aboutit à 5000 femmes dans la rue un an plus tard. Mais là, ça a pris bien plus d’ampleur ! Je pense que la manière dont le mouvement s’est construit, notamment la démocratie interne, la décentralisation, et surtout la totale liberté laissée aux collectifs - avec juste le Manifeste comme garde-fou - font que c’est un mouvement à la fois très large et radical.

      A : Oui, j’ai le souvenir d’une militante syndicale qui disait que ça avait impulsé la formation de collectifs sur plein de lieux de travail, ce qui en Suisse, est dingue ! En tous cas, je pensais pas que ça serait un truc aussi énorme, et que ça lancerait autant de personnes à s’organiser sur leur lieu de travail, de formation, etc. Au-delà même du 14 juin, ça ouvre des perspectives d’organisation beaucoup plus larges.

      M : La décentralisation du mouvement est très particulière mais aussi très adaptée à notre contexte fédéral. C’est vraiment une organisation décentralisée, qui part des collectifs locaux. C’est très difficile pour moi de parler de ce qui passe dans les cantons suisses alémaniques. Ce que je vois sur les réseaux sociaux (car le mouvement y est assez actif), c’est qu’en fait, finalement, dans des endroits où j’aurais pas pensé, il y a des choses qui se construisent.

      A : Le caractère de radicalité du mouvement est aussi lié au fait qu’il se construit au niveau national, au-delà des barrières linguistiques, mais d’une manière décentralisée comme tu l’as dit. C’est quand même très rare en Suisse. Mais l’organisation ne se fait pas uniquement selon des bases purement géographiques (ville, canton, etc.), mais aussi en fonction des lieux d’activité, sur les lieux de travail et de formation, etc.

      M : Je pense que c’est grâce aux organisatrices qui ont vraiment tout mis en place pour permettre la plus grande démocratie possible, ce qui est hallucinant et qui a représenté un travail phénoménal. S’assurer toujours qu’il existe des espaces de dialogues où les questions de contenu mais aussi de forme peuvent être entendues et discutées, ce qui a notamment permis de créer ce Manifeste avec une adhésion très large, a, d’après moi permis cette construction très large d’un mouvement.

      – PEM : Qu’est-ce qu’a apporté au mouvement la rédaction d’un manifeste ? Quels thèmes principaux en sont ressorti ?

      M : Alors, le manifeste regroupe dix-neuf revendications. Elles concernent tout : le rapport au corps, le rapport au travail, notamment l’inégalité salariale, mais la question du travail reproductif est également très développée. Je pense qu’on trouve pas le terme “anti-capitalisme” dans le texte (même si le terme capitalisme doit y apparaître), mais dans le fond, on est dans des revendications vraiment en rupture. Beaucoup de revendications tournent autour du monde du travail. Déjà parce que ce mouvement est très syndical mais aussi parce que les enjeux autour des inégalités sur les lieux de travail sont encore loin d’être résolus. Il n’y a pas de réelles protections contre les inégalités salariales, les protections contre le sexisme sur le lieu de travail sont peu ou mal mis en place, et la dévalorisation sociale et salariale des métiers typiquement féminins existe. On est quand même un pays où les personnes travaillant dans l’économie domestique ne sont même pas soumises à la loi sur le travail dont le texte est censé protéger les travailleuses et travailleurs.

      A : Oui, notamment celle de réduction du temps de travail ! Et la question des violences sexistes est aussi importante pour nous. C’est vrai qu’avec le Manifeste, on donne une vision d’unité, comme si tout le monde était d’accord sur tout, mais il y a quand même eu des grosses contradictions internes. D’ailleurs, la force du cas suisse, c’est d’avoir pu dépasser ces contradictions et de ne pas s’être scindé. C’est peut-être lié à la culture du compromis suisse [rires]. Dans tous les cas, il y a eu un travail politique phénoménal sur les sujets de dissension, pour aboutir à une orientation d’un féminisme de classe et anticapitaliste, et aussi sur la question de la pénalisation des violences de genre. À la première séance de rédaction du Manifeste en août passé, les nombreuses personnes présentes étaient réparties en groupes de travail « par thématique », où on discutait de nos revendications et leur articulation. Il se trouve que j’ai eu la bonne idée d’aller au groupe sur les violences faites aux femmes. C’était assez difficile, et il a fallu un travail important (que des camarades ont mené tout au long de l’année) pour éviter une orientation pro-punitive, et amener une vision globale sur les conséquences de ces orientations en termes de rapports sociaux de race, et plus largement de répression. Mais c’est une position qui est extrêmement ambivalente et compliquée à trouver et défendre, entre d’un côté dire que les violences de genre sont un sujet politique fondamental (et qu’on ne va pas s’en occuper « après » pour le dire vite), mais de l’autre, se demander comment on peut y répondre sans converger avec l’appareil répressif d’Etat. Il y a donc eu tout un travail : déjà, sur le moment même, et avec les relectures et amendements successifs du Manifeste. Plus largement, et dans un deuxième temps, on a organisé avec SolidaritéS [3] une journée d’étude qui a réuni des personnes actives dans les organisations qui luttent concrètement contre les violences de genre, pour essayer d’élaborer des pistes d’actions anti-punitives, mais concrètes et ancrées dans notre réalité. Il y avait beaucoup de personnes impliquées dans l’organisation de la grève, et l’idée était de revenir ensuite dans les différents collectifs et mettre ça en avant. Au final, quand on regarde le Manifeste maintenant, on remarque que ce travail collectif (qui prend différentes formes) a porté ses fruits.

      – PEM : Du coup, est-ce que vous diriez que le Manifeste, rédigé en août dernier, rend bien compte de la pluralité des composantes du mouvement tel qu’il est aujourd’hui ?

      M : Le mouvement s’est organisé en mixité choisie, sans hommes cisgenres. Pour la composante sociale, dans les collectifs que je connais, principalement en Suisse romande, on compte majoritairement des femmes* déjà militantes, peu de femmes non blanches, par contre plutôt très intergénérationnelle. Néanmoins, quelques femmes ayant un parcours migratoire ont été très actives, ce qui a permis d’amener des revendications concrètes et précises sur les questions d’asile et d’accueil. L’exemple qu’a donné Anouk, et il y en aurait d’autres, montre bien qu’en tant que minorités dans la minorité, c’est très dur de réussir à mettre en avant ses revendications s’il n’y a pas un vrai travail d’organisation en interne. On l’a notamment vu pour les questions LBTIQ, où finalement des revendications spécifiques n’ont pas été visibilisées et ce alors qu’en Suisse on serait dans un contexte assez propice à la mise en avant de revendications par exemple liées à la parentalité, aux parcours trans* ou encore d’égalité juridique. De ce que j’ai perçu, en tout cas en Romandie, il nous a été difficile de nous organiser entre nous pour faire émerger ces revendications. Par contre, le travail fait par les femmes migrantes et leurs alliées ont réussi à imposer des revendications puissantes sur cette question, autant dans le manifeste que dans l’organisation collective. Ces questions, par exemple le fait de ne pas avoir de permis de séjour ou juste un permis provisoire en tant que travailleuse – en lien avec tout le travail syndical qui est mené sur ce front depuis des années - sont bien comprises et intégrées. Par contre, on n’a pas constaté la même chose sur les questions de race. Pour être bien claire, quand on parle de femmes migrantes en Suisse, on parle de femmes qui viennent du troisième cercle (le Sud global) comme on dit, mais aussi d’Europe du Sud.

      A : C’est vrai qu’il y a eu un travail politique pour orienter ces revendications dans un sens émancipateur pour tout le monde. Donc le Manifeste n’est bien sûr pas parfait, mais c’est le fruit d’un travail politique de longue haleine, parfois éreintant, mené par un grand nombre de personnes. Au début, il y avait carrément des propositions islamophobes, ou abolitionnistes (du travail du sexe)… Le fait que ce genre de choses ne soient pas passées (même si le Manifeste n’est pas explicite sur ces questions), c’est aussi le fruit d’un travail. Ça permet de le garder ouvert à une organisation politique sur les rapports coloniaux, sur le travail du sexe, etc.

      M : Sur ces questions, on constate qu’il y avait cette peur au début, comme dans tout mouvement unitaire : « que vont faire les femmes qui ne sont pas organisées à gauche, et comment elles vont pouvoir adhérer à ce manifeste ? ». Finalement, on se rend compte que plus il y a de revendications, plus elles sont larges, plus elles sont radicales, et - c’est assez contre-intuitif - plus elles sont rassembleuses. En fait, ça a permis de créer un mouvement ultra large. La question des “femmes de droites” - doit-on les intégrer,, comment leur parler, est-ce qu’on les effraient ou pas - a souvent été posé, surtout au début dans les collectifs locaux. Je me souviens très clairement d’une femme qui disait « si les femmes de droite se reconnaissent dans le manifeste, elles viendront, et sinon tant pis ». Il faut juste imaginer que lors de l’appel de la première coordination nationale à Bienne, il devait y avoir 500 à 600 personnes, qui sont des personnes qui organisent activement cette grève.

      –PEM : Pourquoi est-il important de faire grève pour faire valoir ces raisons ?

      M : Il y a un truc que je trouve intéressant dans le droit suisse, la grève est considérée comme l’ultima ratio. Donc c’est le dernier outil que les travailleurs et travailleuses mettent en place pour obtenir leurs revendications, après que tout a échoué. Là, ça fait 38 ans qu’on a une égalité dans la constitution qui n’est pas appliquée, et tout part quand même de là ! On peut se dire que c’est très réformiste et partiel, mais littéralement, ça veut dire qu’en Suisse, il y a aucune possibilité de sanction ni de contrainte pour vraiment combattre l’égalité salariale même dans son sens le plus strict. Tu peux faire reconnaître - mais c’est très compliqué – que tu n’es pas payée la même chose que ton collègue masculin et toucher le différentiel ainsi qu’une indemnité représentant six mois de salaire et c’est la seule sanction que tu auras en tant qu’employeur. En gros, une mise en conformité plus une petite amende. De plus, ce n’est pas soumis à un contrôle régulier, sauf pour les entreprises de plus de 100 employé-e-s, ce qui représente environ 2% des employeurs en Suisse. On en est là. Donc c’est pour ça que c’est important de faire grève, c’est pour montrer qu’on en a marre du système suisse de la négociation et de la « paix du travail » et que oui, en tant que femmes ont a tout essayé mais que là ça suffit et que donc on utilise l’outil de l’ultima ratio.

      A : Pour moi, cette grève a permis de montrer, dans ce système suisse, qui est officiellement « pacifié » et qui jure que par cette fameuse « paix du travail », que la conflictualité sociale, elle existe ; que les antagonismes de classe, ils existent. La conflictualité, c’est pas nous qui l’inventons, elle est réelle. Du coup, l’analyse qu’on fait en étant marxistes et féministes, c’est de lier les raisons larges pour lesquelles on fait grève (qui ne concernent pas uniquement les inégalités dans le travail salarié), à ce mode de production particulier. Donc une fois qu’on a dit ça, notre mode d’action doit rendre compte de ça.

      M : Sur la question de la grève, ça a pas été sans tension, vraiment ! Évidemment, faire grève en Suisse en 2019, c’est aussi le rappel de la grève de 1991 [4], qui a été un des plus beaux moments de luttes en Suisse. C’est aussi le rappel de ces femmes qui se sont battues en 1971 pour obtenir le droit de vote [5]. Il y a des femmes qui ont fait grève en 1991, et nous en 2019, on lutte aussi !

      A : Il faut préciser que cette grève s’inscrit dans un renouveau de perspectives de luttes de la gauche politique et syndicale. Il faut rappeler brièvement que le système suisse permet de s’opposer à des projets du parlement (et d’en proposer) en récoltant un certain nombre de signatures. Les initiatives ou référendum sont ensuite soumises au vote de la population suisse. Je précise, car j’ai vu beaucoup de discussions sur ce système de démocratie semi-directe en France, en lien avec la revendication du RIC défendues par certain·es Gilets Jaunes. Or, un élément pour moi central est à chaque fois laissé de côté : le système suisse est fondé sur l’exclusion politique d’une partie importante (environ un cinquième) de la population et des classes populaires, à savoir la population “d’origine étrangère”. En effet, les droits politiques sont conditionnés à la possession de la nationalité suisse, qui est extrêmement difficile à obtenir. En l’espace d’un an, la gauche politique est parvenue à faire refuser un projet d’augmenter l’âge de la retraite des femmes (appelé PV2020), et une autre loi (appelée RIE3) sur la défiscalisation massive du capital des multinationales implantées en Suisse (ce qui représente un transfert massif de richesses des collectivités publiques, notamment du Sud global, vers les actionnaires de Nestlé, Glencore, etc.). J’ai l’impression que ça a vraiment créé une dynamique de gauche qui est de nouveau capable d’arracher des grandes victoires. En même temps, on a lancé tout récemment un référendum contre la soeur jumelle de la RIE3 , donc contre une loi qui prévoyait exactement les mêmes dispositifs fiscaux ; on a fait aboutir le référendum, mais on l’a perdu en votation car la réforme a été massivement approuvée. Et on a certes refusé l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes, mais il y a déjà un projet au Parlement pour l’augmenter à nouveau. Cette question des initiatives et référendums constitue un grand débat au sein de nos organisations, et pour ma part, je ne crois pas qu’il faille rejeter une lutte institutionnelle par référendum en bloc, parce que comme on l’a vu, ça permet de lancer des dynamiques d’opposition substantielle. Par contre, sur la base de cette séquence politique, on voit que si on les considère comme une fin en soi, on n’a pas fini de s’opposer aux mêmes projets de loi, et on passe notre temps à récolter des signatures.

      M : Oui, au bout d’un moment, à ce jeu, ils gagnent en fait ! C’est d’ailleurs pour ça qu’il y a ce dessin qui tourne et qui montre une femme avec une batte de base-ball disant “j’ai décidé de changer de méthode”.

      – PEM : Quelles autres expériences de lutte à l’échelle globale ou dans l’histoire suisse sont importantes pour vous ?

      M : La grève générale de 1918 ! Parce que j’ai découvert cette grève il y a un an et demi au moment du centenaire, et parce que l’organisation des syndicats au niveau national, l’USS (Union syndicale suisse) qui a organisé une super journée de conférence [rires] avec des historien·nes où, littéralement, leur conclusion c’était que c’était pas si bien parce qu’au final, on n’a rien gagné. C’est les syndicats qui disent ça ! Ça m’a donné envie de creuser, j’ai découvert plein de trucs, notamment que c’était pas tant un échec que ça, et je pense que ça montre aussi à quel point en Suisse, on ne connaît pas l’histoire des luttes.

      A : Au centre des revendications de la grève générale de 1918, il y avait celle du droit de vote des femmes ! Cette revendication dont on dit souvent qu’elle apparaît beaucoup plus tard, a été portée par le mouvement ouvrier dès 1918. Face aux frappadingues pour qui la grève féministe divise la classe ouvrière – ce qui est une analyse complètement hors sol quand on voit le développement massif de collectifs sur les lieux de travail – on se rend compte que dès le début, il y a un lien organique entre les luttes féministes et le mouvement ouvrier, simplement parce que les femmes font partie du mouvement ouvrier ! Après personnellement, l’histoire des luttes des travailleurs immigrés, et notamment italiens est importante politiquement pour moi.

      M : Ce qui est terrible, c’est qu’on est hyper à la ramasse et qu’on ne connaît presque pas notre histoire, parce qu’on a vraiment un roman national très fort : en Suisse, on dit qu’on est riche parce qu’on sait faire des compromis, que les valeurs paysannes et protestantes sont celles qui assurent notre prospérité et qu’on obtient jamais rien par la force. Par exemple, sur l’obtention du droit de vote des femmes en 1971, ce que tout le monde croit, c’est que le gentil parlement a décidé d’autoriser les femmes à voter parce que c’était quand même un peu la honte d’avoir attendu si longtemps. Or j’ai appris cette année, en creusant un peu, qu’il y avait eu une énorme mobilisation populaire, notamment des femmes autour de cette question.

      – PEM : Les institutions semblent réagir de manière plutôt bienveillante voire encourager certaines initiatives qui vont se tenir à l’occasion du 14 Juin : comment expliquez-vous cette bienveillance (paternaliste ?), et comment, dans ce contexte, garantir une certaine offensivité lors de cette journée de grève ?

      M : On constate effectivement une offensive massive du Parti socialiste (gauche gouvernementale) et des directions syndicales pour essayer de récupérer et pacifier cette grève en en retirant les aspects les plus combatifs. En même temps, c’est vrai qu’en Suisse , où qu’on soit sur l’échiquier politique il devient compliqué de dire qu’on est contre l’égalité. Les solutions choisies, comme dans beaucoup d’autres endroits, c’est de dire qu’on utilise pas la bonne méthode ou que l’on a mal compris l’égalité. On l’a vu syndicalement avec la réaction des employeurs. D’abord, il y a eu une offensive pour dire que cette grève n’était pas licite. Puis, sous la pression des collectifs, les employeurs du publics - sur Genève et sur Vaud, en tout cas - ont fini par dire qu’il n’y aurait pas de sanction pour cette grève, tout en sous-entendant que ça en était pas vraiment une. Une conseillère d’état PLR [6] à Genève a même affirmé que le mot grève n’avait qu’une valeur historique, et qu’en réalité il s’agissait d’une grande fête. On passe évidemment notre temps à rappeler que nous avons des revendications de ruptures et que oui c’est bien une grève. Le problème c’est qu’on n’est pas toujours entendu, face au discours dominant, notamment des médias. C’est ce qui permet à des meufs de l’exécutif ou de droite de participer aux mobilisations, qu’elles essaient de vider de leur sens...

      A : Oui, mais en même temps, elles vont marcher derrière des syndicalistes et des féministes qui revendiquent la réduction générale du temps de travail, et qui refusent catégoriquement l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes ! D’une certaine manière, c’est bon signe, ça veut dire que les collectifs ont réussi à imposer un rapport de force qui fait que les autorités se sentent obligées d’y participer. Surtout, les dynamiques d’organisation que cette grève a impulsées sur les lieux de travail, de vie et de formation, c’est pas quelque chose qui est “récupérable”. Pour moi c’est ça le plus important : le 14 juin n’est pas une fin en soi, c’est un but qui permet à des collectifs d’essaimer un peu partout, et de développer ou renforcer notre organisation collective.

      M : Ce qui est complètement dingue avec cette grève, c’est que malgré la radicalité du Manifeste (et même grâce à cette radicalité), des dizaines de milliers de femmes vont se mobiliser ce 14 juin. Ça permet de contrer cette idée très répandue, selon laquelle il faudrait pas être trop radicale, ou faire trop de bruit, pour pouvoir mobiliser largement. Or ce qu’on a constaté c’est qu’en permettant aux femmes de s’exprimer et en ancrant les revendications dans une réalité, ça marche, et c’est énorme !❞


      http://www.platenqmil.com/blog/2019/06/13/vers-la-greve-feministe-en-suisse

    • Un « ras-le-bol général » : vendredi, c’est la grève des femmes en Suisse

      Vingt-huit ans après une première mobilisation nationale, syndicats et collectifs féministes appellent à la mobilisation pour mettre fin aux inégalités femmes/hommes.

      Le reste du monde a le 8 mars. La Suisse a son 14 juin. Vendredi 14 juin 2019, collectifs féministes et syndicats organisent une « grève des femmes », pour l’égalité avec les hommes, 28 ans après la première du nom, en 1991.

      Une grève que les organisateurs espèrent nationale et globale. « Il ne s’agit pas seulement d’une grève du travail rémunéré, explique au Parisien Anne Fritz, coordinatrice de la mobilisation à l’Union syndicale suisse, à l’origine de la mobilisation. Il y aura aussi une grève du ménage, du prendre soin, de la consommation… » De toutes ses tâches, encore majoritairement effectuée au quotidien par des femmes, peu reconnues et non rémunérées.
      Une date symbolique

      Un mot d’ordre, l’égalité, et plusieurs déclinaisons : égalité des salaires, fin des violences sexistes, fin de la précarité des femmes… Plusieurs manifestations seront organisées ce jour-là, dans tout le pays. « Le plus important, c’est que chaque femme puisse participer à son niveau, là où elle est », poursuit Anne Fritz.

      La date du 14 juin est hautement symbolique en Suisse. En 1981, était introduit dans la Constitution un article concernant l’égalité entre les femmes et les hommes. Dix ans plus tard, près de 500 000 personnes - pour un pays de 3,46 millions d’habitants - se mobilisaient pour dénoncer les inégalités toujours persistantes.

      Près de trois décennies plus tard, les femmes continuent de toucher 20 % de moins que les hommes, il n’existe pas de congé paternité et les places en crèche sont rares et chères, freinant la participation des femmes à la vie active.

      L’année dernière, une loi sur l’égalité salariale a été votée dans le pays. Mais la version adoptée en définitive était nettement édulcorée, par rapport au texte initial. La dernière version ne prévoit pas, par exemple, de sanction pour les entreprises discriminantes.
      Le patronat suisse grince des dents

      Un sentiment de trop peu, qui fait germer l’idée d’une nouvelle grève, à l’image de celle de 1991, dans les milieux féministes, et au sein de l’Union syndicale suisse. Le mouvement #MeToo, ainsi que diverses mobilisations internationales, pour défendre l’avortement ou critiquer certains dirigeants comme le président américain Donald Trump ou Jair Bolsonaro, le président brésilien, sont aussi passés par là.

      Pour Anne Fritz, c’est un « ras-le-bol général des femmes » qui a permis de concrétiser cette grève anniversaire. Elle est née en cette année symbolique de 1991. Aujourd’hui, elle estime que les femmes ne sont « pas entendues en manifestation. C’est la raison pour laquelle il faut faire grève ».

      Plusieurs entreprises et administrations ont affiché leur soutien à cette grève des femmes. À Genève par exemple, la ville fermera des crèches. Mais l’Union patronale essaie de contrer le mouvement. Le syndicat le considère comme « illicite », car ne visant « pas uniquement les conditions de travail », selon les propos Marco Taddei, un de ses représentants, à l’AFP.

      Difficile de prévoir l’ampleur du mouvement de vendredi, la grève ne faisant pas partie de la culture suisse. Depuis l’instauration en 1937 de la « paix du travail », une convention signée entre patronats et syndicats, la négociation est souvent préférée à la grève. Anne Fritz espère « énormément » de personnes. Ou au moins autant qu’en 1991.

      http://m.leparisien.fr/societe/un-ras-le-bol-general-vendredi-c-est-la-greve-des-femmes-en-suisse-13-0

    • Les guettes ont appelé Lausanne à une nuit mauve

      Du haut de la cathédrale, quatre femmes ont lancé la mobilisation du 14 juin. Un cri inédit, relayé une bonne partie de la nuit avant la grande journée de vendredi.

      l faut « garder le dos bien droit, mettre les mains en porte-voix et s’adresser à Lausanne ». Un rapide conseil, glissé par Renato Häusler, guet de la cathédrale de Lausanne, à celles qui s’apprêtent à prendre sa place. Pour la première fois depuis 614 ans, la voix d’une femme va donner l’heure à la ville. A 23 heures, ce jeudi 13 juin en guise d’échauffement, puis à minuit, 1 heure et 2 heures, avec en prime un appel à la grève des femmes, à la grève féministe.

      C’est ainsi qu’à minuit, Nadia Lamamra, représentante du collectif vaudois pour la grève, Nicole Christe, cheffe du Service de l’architecture de la Ville de Lausanne, Joëlle Moret, déléguée à l’égalité et la chanteuse Billie Bird crient de concert « C’est la grève, c’est la grève ! ». Et après un bref silence, les acclamations montent de l’esplanade où plusieurs centaines de personnes affluent depuis 22 heures. « Il y a enfin un peu de reconnaissance, même dans les professions très atypiques les bastions masculins finissent par tomber », apprécient les guettes en chœur. La grève nationale du 14 juin est lancée à Lausanne, la cathédrale peut s’enflammer et briller en mauve dans la nuit.

      « C’était un moment fou, j’en ai eu des frissons. Il y avait un grand silence, on entendait juste les tambours, il y avait quelque chose de mystique et, tout à coup, tout le monde a hurlé. J’ai failli pleurer », raconte Anne-Julie.

      Au pied de la cathédrale, en continu, il y a les banderoles et les pancartes, les danses et les accolades, les chants et les slogans comme autant de cris du cœur. Entres autres : « Fortes, fières et pas prêtes de se taire » ou « Patriarcat t’es foutu, les femmes sont dans la rue ». « Ça me rend euphorique cet engouement, j’espère que ce sera le début d’un vrai mouvement. Il faut que les gens comprennent ce que l’on vit, commente Charlotte. Je pense aussi à celles qui ont de grandes difficultés, les travailleuses pauvres, les mères isolées ou celles qui ne peuvent pas être là parce qu’elles sont empêchées par quelque chose ou quelqu’un. »

      Puis comme la cathédrale, la place de la Riponne s’embrase. Autour d’un feu de camp, la foule donne de la voix tandis que quelques objets volent au milieu des flammes. Du carton, un tee-shirt ou un soutien-gorge, avalés par les flammes sous les applaudissements. « Symboliquement c’est déjà très fort ce que l’on voit ce soir, observe Yesmine. J’ai vécu près de la cathédrale et tous les jours j’ai entendu un homme crier. Alors aujourd’hui c’est beaucoup d’émotions, quelque chose se concrétise. »


      Beaucoup d’émotions et pas mal d’actions, au moment de se disperser dans la ville aux alentours d’1h30. Un peu partout, l’eau des fontaines devient violette, comme la cheminée de Pierre-de-Plan. Les stickers militants fleurissent sur les murs et 56 rues sont même rebaptisées. C’est l’oeuvre du collectif ruElles, parti arpenter la ville toute la nuit avec de la colle et de faux panneaux en papier. « Une soixantaine de rues lausannoises portent le nom de personnes illustres ayant marqué l’histoire suisse. Trois d’entre elles seulement sont des femmes, explique les membres. Ce soir, les femmes sortent de l’ombre de l’Histoire et vont dans les rues. » Elles feront de même ce vendredi 14 juin, dès 8 heures et pour toute la journée.

      https://www.24heures.ch/vaud-regions/guettes-appele-lausanne-nuit-mauve/story/13485264

    • Toutes les femmes du Courrier…

      … se joignent aux revendications de la grève féministe / grève des femmes*. Toutes, nous croiserons les bras en ce vendredi 14 juin, vingt-huit ans après la journée historique qui avait vu 500 000 femmes s’unir à travers toute la Suisse pour exiger, enfin, l’égalité dans les faits.

      Car nous observons chaque jour l’ampleur du fossé qui nous sépare de l’égalité. Aujourd’hui comme hier, nous exigeons une meilleure reconnaissance de toutes les tâches que nous exécutons au quotidien ainsi que le respect de notre personne et de notre individualité. Par notre refus de travailler ou d’exécuter des travaux domestiques durant vingt-quatre heures, nous posons nos limites. 91-19… Et cette impression de tourner en rond.

      C’est ce que ressentent aussi les femmes du Courrier, qui se sont réunies pour énoncer leurs doléances. Notre cahier de revendications en cinq axes complète celles du manifeste de la grève et, surtout, rejoint l’expérience d’innombrables femmes, par-delà la branche économique du journalisme. Les problèmes soulevés touchent des facettes très différentes de nos vies et, pourtant, s’imbriquent pour former un continuum sexiste.

      Nous demandons la valorisation du travail des femmes. Comme tant de pairs, nous portons une immense partie de la charge émotionnelle au travail. Est attendu de nous que nous soyons patientes, à l’écoute, gestionnaires du quotidien. Quand on se tournera vers les hommes pour ce qui relève de compétences jugées plus techniques et mesurables. Invisibilisé, notre travail est pourtant essentiel à la bonne marche de toute entreprise.

      Nous attendons que notre parole soit écoutée, notre légitimité reconnue comme celle de nos collègues masculins.

      Nous voulons concilier vie privée et professionnelle sans nous épuiser dans de doubles journées, que nous soyons mères ou proches-aidantes. Cela passe par le respect de notre temps de repos, des congés (parentaux notamment) suffisants et la possibilité d’aménager notre temps de travail selon nos besoins. Il n’existe pas de recette magique applicable à toutes. Et nous méritons d’être considérées au-delà des stéréotypes de genre.

      Nous exigeons la parité à tous les niveaux de l’entreprise, de la base aux instances dirigeantes.

      Enfin, la lutte contre le sexisme doit s’appliquer à chacune de nos pages. Elle passe par la généralisation du langage épicène, des images non stéréotypées, des formulations s’abstenant de ramener les femmes à leur seul statut de mère, de fille ou d’épouse, sans cliché machiste.

      Le chantier ne fait que commencer. Et nous aurons toutes et tous à gagner de ce monde plus égalitaire. Solidaires, les hommes du Courrier nous soutiennent d’ailleurs dans notre lutte. Nous leur confions, l’espace d’une journée, la tâche de confectionner un journal spécial dédié à la grève, qui paraîtra samedi. Cette édition ancrera la date du 14 juin 2019 dans les mémoires. Pour qu’elle ne devienne pas une date anniversaire, mais une date charnière, le marqueur d’un changement de société dans toute sa profondeur.

      https://lecourrier.ch/2019/06/13/toutes-les-femmes-du-courrier

    • Swiss women strike for more money, time and respect

      Women across Switzerland are preparing for a nationwide strike in protest against what they say is the country’s unacceptably slow pace to equality.

      Friday’s protest comes 28 years after similar action saw half a million women take to the streets in 1991.

      Swiss women have long campaigned to accelerate the pace of gender equality.

      They joined millions of other women in Europe after World War One ended in 1918 in demanding the right to vote - but did not get it until 1971.

      At the time of the 1991 strike there were no women in the Swiss government, and there was no statutory maternity leave.

      Appenzell, the last Swiss canton to refuse women the right to vote, had just been ordered to change its policy by Switzerland’s Supreme Court.


      https://www.bbc.com/news/world-europe-48615911

    • Les journaux romands se mettent au violet

      Que ce soit sur un mode humoristique, ironique ou sérieux, la presse romande relate largement la grève des femmes vendredi.

      Les quotidiens romands parlent abondamment de la grève des femmes dans leurs éditions de vendredi. La plupart se sont parés de violet, la couleur du mouvement.

      « Suissesses en colère », écrit « 24 heures » en une. Le quotidien vaudois illustre sa première page avec le dessin d’une femme en violet sur fond jaune, poing dressé en l’air. Plus sobre, la « Tribune de Genève » titre « Une journée de grève pour exiger l’égalité » avec la photo de manifestantes vêtues en violet.

      « 20 Minutes » titre « Hall of femmes » en référence à l’expression anglophone « Hall of fame », temple de la renommée en français. Du côté de Neuchâtel, « Arcinfo » propose la photo d’une foule de femmes en première page avec le titre « Respect ».

      Le « Journal du Jura » opte lui pour un dessin de presse humoristique, montrant une mère en train d’accoucher à 15h24, heure symbolique à laquelle les femmes ne sont plus payées par rapport aux hommes. « L’étoffe des héroïnes » lance quant à lui le « Quotidien jurassien ».

      Un dessin orne également la une de « La Liberté », celui d’une femme en gants de boxe. « Pour que la lutte porte ses fruits », titre le journal fribourgeois. « Grève féministe Jour G », renchérit Le Courrier, qui a abandonné sa traditionnelle couleur rouge pour le violet.

      « Le Temps » montre un dessin où plusieurs hommes sont représentés, mais aucune femme. « Un genre vous manque, et tout un journal est dépeuplé », titre le quotidien. Son édition de vendredi est parsemée de cases blanches, là où une journaliste devait écrire un article.

      https://www.tdg.ch/suisse/suisse-romandejournaux-romands-mettent-violet/story/25605124

    • En Suisse, les femmes appelées à la grève pour dénoncer les inégalités

      Les organisateurs souhaitent mettre en lumière les différences salariales, mais aussi insister sur la reconnaissance du travail domestique et dénoncer les violences contre les femmes.


      https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/14/en-suisse-les-femmes-appelees-a-la-greve-pour-denoncer-les-inegalites_547605

    • Why Swiss women are back on strike today

      On June 14, 1991, half a million women in Switzerland joined the first women’s strike. Now, nearly 30 years later, they’re mobilising again.

      Many people in Switzerland were taken by surprise on that spring day in 1991. The idea came from a small group of women watchmakers in the Vaud and Jura regions. Organised by trade unionist Christiane Brunner, it became one of the biggest political demonstrations in Swiss history.

      About 500,000 women throughout the country joined in the women’s strike through various types of actions. They called for equal pay for equal work, equality under social insurance law, and for the end of discrimination and sexual harassment.
      Why 1991?

      The choice of date was not arbitrary: on June 14 a decade prior, Swiss voters had approved a new article in the constitution on equality of the sexesexternal link. But the principle laid down in the constitution had not been translated into concrete legislation. The gap between men’s and women’s pay was still glaring.

      The 1991 strike was also intended to mark the 20th anniversary of women getting the vote at the federal level, a goal achieved very late in Switzerland compared to all other countries in Europe and most of the world.
      Why a strike?

      The idea of presenting the mobilisation of 1991 as a strike at first struggled to find acceptance. “At the outset, the Swiss trade union congress was not enthusiastic,” recalls historian Elisabeth Joris, who specialises in women’s and gender history in Switzerland. “The word was going round: ‘This is a day of action, not a strike’, because the very notion of a strike was linked to paid work, while women worked in very varied settings and often not for a paycheque.”

      On the other hand, talking in terms of a strike took on a highly political significance. “Every social movement takes place in a historical context, it is linked to other events,” notes Joris. Declaring a nationwide political strike meant appealing to the precedent of the other great nationwide political strike in Swiss history: the general strike of 1918, which included women’s suffrage among its demands, and in which women played an important role.

      “Women were borrowing a tradition from the workers’ movement, but gave it a wider meaning, transforming and adapting it to the needs of the feminist movement,” explains Joris. The idea of a women’s strike was not new, either. In 1975 there was such a strike in Iceland, to mark International Women’s Year. Even the choice of March 8 as International Women’s Day commemorates the strike by New York garment workers in 1909 and 1910.

      A different kind of strike

      The 1991 strike movement had many obstacles to overcome. In the economic and political world, there was much opposition. At the time, Senate President Max Affolter urged women not to get involved in it and risk “forfeiting men’s goodwill towards their aspirations”.

      On the other hand, the varied working environment of women, often outside the realm of paid work, did not lend itself to traditional forms of mobilisation. “The 1991 women’s strike involved a wide range of actions,” points out Elisabeth Joris. “This was able to happen because the strike was organised on a decentralised basis, unlike traditional strikes.”
      Snowballs for politicians

      Even if its historical significance was not recognised at the outset, the 1991 strike had a decisive impact on progress regarding equality of the sexes and the struggle against discrimination in Switzerland. The newfound strength of the women’s movement showed itself in 1993, when the right-wing majority in parliament declined to elect the Social Democratic Party candidate Christiane Brunner to a seat in the Federal Council, preferring a man.

      “The majority in parliament thought it could do the same thing it had done ten years before with Lilian Uchtenhagen [another Social Democrat who failed to win the election]”, notes Joris. “But Christiane Brunner was the women’s strike. The reaction was immediate. A few hours later, the square in front of parliament was full of demonstrators. Some parliamentarians found themselves pelted with snowballs.”

      Francis Matthey, the candidate elected to the Swiss executive branch, came under such pressure from his own party as well as demonstrators that he felt obliged to resign. A week later Ruth Dreifuss was elected in his place. “Since that time, the idea of there being no women in cabinet is just not acceptable.”

      In 1996, legislation was brought in to ensure the equality of the sexes, which had been one of the demands of the strike. In 2002, Swiss voters approved legislation legalising abortion. In 2004, the article in the constitution on maternity leave, which had been in the constitution since 1945, was finally implemented in a piece of enabling legislation.
      ‘A new generation that favours feminism’

      And yet, in spite of the victories of the women’s movement, equality remains a burning issue. Pay gaps between women and men remain considerable. The #metoo movement has brought to the fore – like never before – the issue of sexual harassment and discrimination based on a person’s gender or sexual orientation.

      “Already around the 20th anniversary there was talk of another women’s strike, but the idea didn’t take hold,” notes Elisabeth Joris. “To succeed, a movement needs an emotional energy to it. This energy has now accumulated. There is a huge generation of young women in their 20s and 30s that favours feminism.”

      “In 2019, we are still looking for equality, and realise that there has to be a lot more than this – the culture of sexism is part of everyday life in Switzerland, it’s invisible, and we are so used to getting along that we hardly notice it is there,” says Clara Almeida Lozar, 20, who belongs to the collective organising the women’s strike at the Swiss Federal Institute of Technology Lausanne.

      https://www.swissinfo.ch/eng/feminism_why-swiss-women-are-back-on-strike-today/45025458

  • Lyon : une jeune femme battue à mort, une information judiciaire ouverte - Le Parisien
    http://www.leparisien.fr/faits-divers/lyon-une-jeune-femme-battue-a-mort-ce-week-end-son-compagnon-toujours-en-

    Une information judiciaire a été ouverte pour violences par concubin ayant entraîné la mort sans intention de la donner, nous indique le parquet de Lyon ce jeudi matin.

    Je voie pas comment le parquet peut connaitre les intentions du tueur présumé. Le parquet pouvait aussi bien ouvrir une information pour homicide volontaire et requalifié les faits si besoin après enquête.

    #féminicide

  • Regarder les #féminicides en face

    Le manifeste de la #grève du #14_juin évoque les #violences_domestiques et les meurtres de femmes par leur conjoint ou ex-conjoint, traités jusqu’à très récemment comme des faits divers isolés. Nous prenons enfin conscience de la gravité du phénomène.

    Un cutter, un tournevis, une ceinture de peignoir, un fer à repasser. Les #armes de la violence domestique peuvent se révéler si banales. Les arguments aussi. « Elle m’avait trompé. » « J’étais jaloux. » « Elle m’a quitté. » Voilà à quoi tient parfois la vie d’une femme.

    Oui, des #hommes subissent aussi des violences, mais l’immense majorité des #victimes sont des femmes. Non, tous les hommes ne sont pas violents, mais là n’est pas la question. Les chiffres (qui ne reflètent qu’une partie de la réalité) ne fléchissent pas : en Suisse, une femme sur cinq est toujours victime de #violences durant sa vie de couple, et une personne meurt encore tous les 15 jours des suites de violences domestiques.

    Le « féminicide » entre dans le #dictionnaire

    Ces phrases, on les a tellement lues qu’on a tendance à les survoler sans en intégrer la gravité. Comme anesthésiés par la pseudo-fatalité de ces « accidents », traités jusqu’à maintenant comme l’agrégation de cas isolés qui animaient les conversations de comptoir et noircissaient les pages des #faits_divers. « Ah l’#amour, que voulez-vous », « C’est bien triste, mais que peut-on y faire ? » Pourtant, au vu des chiffres, il serait illusoire de croire que seuls les hommes violents sont responsables de ces assassinats : une société qui hausse les épaules en regardant ailleurs, se gardant bien de se demander comment on en est arrivé là, l’est aussi.

    Une #prise_de_conscience est en train de s’opérer. Le mot « féminicide » est entré dans le dictionnaire Robert en 2015, faisant émerger le caractère systémique et les racines profondes, logées dans notre #inconscient_collectif, de cet acte. Comme le souligne la #Convention_d’Istanbul sur les violences faites aux femmes, ratifiée il y a tout juste un an par la Suisse, cette indifférence est structurelle, « un des mécanismes sociaux cruciaux par lesquels les femmes sont maintenues dans une position de #subordination ».

    Problème de l’#article_113 du #Code_pénal suisse

    Les sceptiques dénonceront un complot féministe international tandis que, en face, on poursuivra les comptes d’apothicaire : en France, un homme tue-t-il sa compagne ou ex-compagne tous les 3 jours, ou tous les 2,4 jours ? Sur combien de cas se basait vraiment l’étude américaine selon laquelle 90% des jeunes de moins de 18 ans tués par leur partenaire sont des filles ? (Réponse : 2188). Pendant ce temps-là, des conjoints continueront de frapper, de tuer et, devant les tribunaux (quand tribunaux il y a), d’invoquer l’émoi et le désarroi. Après tout, l’article 113 du Code pénal suisse sur « le #meurtre_passionnel », qui bénéficie de #circonstances_atténuantes, le leur permet. Qui s’en émeut ?


    https://www.letemps.ch/opinions/regarder-feminicides-face
    #féminicide #femmes #violences_conjugales #suisse #meurtres #assassinat

  • A Chypre, Monsieur Tout-le-Monde tuait des femmes étrangères, travailleuses invisibles
    http://www.leparisien.fr/faits-divers/a-chypre-monsieur-tout-le-monde-tuait-des-femmes-etrangeres-travailleuses

    La mort leur a donné un nom. Arian Palanas Lozano, Maricar Valdez, Asmita Khadka Bista, Livia-Florentina Bunea et Mary Rose Tiburcio… Les deux dernières étaient les mamans d’Elena et Sierra, 8 et 6 ans. Cinq femmes et deux fillettes, des étrangères victimes de Nikos Metaxas, suspecté d’être le premier tueur en série de l’histoire de l’île de Chypre. Ces travailleuses invisibles sont devenues les symboles de milliers de migrantes que la société chypriote a longtemps ignorées.

    Au cœur de l’Union européenne, à quelques semaines d’élections continentales, des milliers de femmes sont ainsi « réduites à l’état de choses par des employeurs qui abusent de leur pauvreté », dénonce Ester Beatty. « Certaines bossent jusqu’à quinze heures par jour ! »

    #féminicide #exploitation #migrations