• La profession d’enseignant-chercheur aux prises avec le #nouveau_management_public

    Ce texte se propose d’analyser différents impacts de la #néolibéralisation de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR) sur le contenu et les #conditions_de_travail des enseignants-chercheurs (EC). L’analyse s’appuie sur les résultats d’une enquête menée entre 2020 et 2022 sur la nature, les causes et les effets des mutations du #travail des EC. Cette recherche visait dans un premier temps à objectiver les évolutions et à saisir les représentations des acteurs à leur sujet. Le second temps entendait analyser les raisons et les vecteurs de ces évolutions. Outre la mobilisation de sources bibliographiques, trois outils ont servi à recueillir des données. Un questionnaire adressé en ligne aux membres des différentes sections du CNU et aux EC en poste dans cinq établissements (aux tailles, localisations et statuts variés), à l’exception de ceux du domaine de la santé [1] a permis de travailler sur 684 réponses complètes reçues. Des entretiens semi-directifs (de 30 à 90 minutes) ont ensuite été menés avec 108 répondants au questionnaire, avec 5 présidents ou vice-présidents d’université (en poste au moment de l’échange) et avec des représentants de 6 syndicats (SNESup, SNESup école émancipée, CFDT, CGT, FO et Sud) [2]. Des résultats provisoires ont enfin été discutés au cours de 7 séminaires réunissant des EC dans le but d’alimenter la réflexion et l’analyse finale. Le livre Enseignants-chercheurs. Un grand corps malade (Bord de l’eau, 2025) rend compte de façon détaillée des résultats de cette recherche.

    On montrera d’abord comment la mise en œuvre des principes du nouveau management public (#NMP) dans l’ESR a entraîné simultanément un alourdissement et un appauvrissement des tâches d’enseignement, de recherche et d’administration incombant aux EC. On abordera ensuite les effets de #surcharge et de #débordements du travail que produisent ces transformations du travail des EC ainsi que les impacts que cela engendre sur leur #moral, leur #engagement et leur #santé.

    Le travail des EC alourdi et appauvri sous l’effet de la #néo-libéralisation et du NMP

    La #néo-managérialisation de l’ESR a démarré dans les années 1990, sans qu’il s’agisse d’une #rupture absolue avec une #université qui aurait jusque-là échappé aux logiques capitalistes dominantes. Parlons plutôt d’une évolution marquée par l’adoption et l’adaptation des principes du néolibéralisme. Promus par la Société du Mont Pèlerin fondée en 1947, puis mis en œuvre à partir des années 1980 (par Thatcher et Reagan), ces principes prônent une réduction des missions et des coûts des services publics s’appuyant sur une gestion comparable à celle des entreprises privées. Il s’agit de rationaliser leur organisation et de réduire leurs budgets, d’instaurer une mise en concurrence interne (entre établissements, départements, équipes et collègues) et externe (avec des organisations privées fournissant des services de même nature), de viser leur rentabilité et de mesurer leur performance. Cela a conduit à favoriser le fonctionnement en mode projet, la diversification des financements en valorisant les #PPP (partenariats public/privé), l’évaluation sur #indicateurs_quantitatifs, les #regroupements… Les objectifs fixés étant l’#efficacité plutôt que l’#équité, l’#efficience plus que l’#utilité_sociale, la #rentabilité avant la qualité de service.

    Ce programme s’applique donc dans l’ESR français à partir des années 1990. En 1998, le #rapport_Attali « Pour un système européen d’enseignement supérieur » répond à une commande de #Claude_Allègre (ministre de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie de 1997 à 2000) qui entend « instiller l’#esprit_d’entreprise dans le système éducatif » (Les Échos, 3 février 1998), une #orientation qui constitue une injonction à visée performative. Dans les établissements, et notamment les #universités_publiques, cette orientation va être conduite par des équipes comptant de plus en plus de technocrates et de managers formés et rompus à l’exercice du NMP qui entendent faire fonctionner une logique inscrite dans la droite ligne du « processus de production, de diffusion et de légitimation des idées néo-managériales en France depuis les années 1970 [3] »

    Le rapport Attali propose un cadre européen inspiré d’orientations de l’OCDE. Lors de la célébration du 800e anniversaire de la Sorbonne, toujours en 1998, les dirigeants français, allemand, britannique et italien lancent un appel pour « un cadre commun de référence visant à améliorer la lisibilité des diplômes, à faciliter la mobilité des étudiants ainsi que leur employabilité ». Dès 1999, 25 autres pays européens signent cet appel et donnent naissance au « #processus_de_Bologne » destiné à créer un Espace européen de l’enseignement supérieur avant 2010. En mars 2000, l’Union européenne rejoint ce projet, qui débouche sur la #stratégie_de_Lisbonne proposant de créer un « #marché_de_la_recherche ». C’est dans ce contexte qu’intervient la #bureaucratisation_néolibérale de l’ESR français qui va transformer la « #gouvernance » de l’ESR, ainsi que le travail et les conditions de travail de ses salariés, dont celles des EC.

    Parallèlement à la dégradation des #taux_d’encadrement (notamment en licence [4], avec des variations entre disciplines et établissements) et aux baisses d’effectifs et de qualification des personnels d’appui, les EC assument des tâches liées à l’enseignement de plus en plus nombreuses, diverses et complexes. Il s’agit notamment d’un travail d’#ingénierie_pédagogique de plus en plus prenant, d’une coordination de plus en plus fréquente d’équipes pédagogiques comprenant des précaires en nombre croissant (dont ils doivent aussi assurer le recrutement et le suivi), de réponses aux injonctions à la « #professionnalisation » (impliquant de faire évoluer les contenus de formation, en réécrivant les maquettes de diplôme en « compétences » [5], en multipliant le nombre de #stages à encadrer et en travaillant sur les #projets_professionnels des étudiants), d’une #complexification de l’#évaluation des étudiants due à la #semestrialisation, à des délais de correction raccourcis, à la « #concurrence » du web et désormais de l’IA et d’une prise en charge d’activités de #marketing et de #communication destinées à vanter, voire à « vendre », les diplômes, les parcours, l’établissement.

    - « On subit une accumulation de #micro-tâches, qui devient chronophage même si c’est souvent des bonnes idées. Par exemple, l’université nous demande de présenter les masters en faisant venir d’anciens étudiants, ce qu’on fait déjà deux fois pour les étudiants de L3 et aux journées portes ouvertes. Ils nous demandent de faire une présentation de plus pour diffuser plus largement sur des plateformes et toucher un public plus large. […] Autre exemple, on nous demande de refaire un point sur les capacités d’accueil de nos masters, et il faut refaire le travail. […] En fait, toute l’année on nous demande des #petits_trucs comme ça. » (PU en sciences de l’éducation et de la formation, en université).

    Une même dynamique opère du côté de la recherche, les activités sont aussi accrues et diversifiées dans un contexte de raréfaction des personnels d’appui, notamment en lien avec la #concurrence aiguisée entre chercheurs, entre labos, entre UFR, entre établissements. Cette évolution c’est aussi la baisse des #budgets_récurrents et la chasse aux #financements, en répondant à des #appels_à_projets émanant de institutions publiques (ANR, ministères, UE) ou d’acteurs privés, la course aux #publications dans les revues classées, en anglais pour certaines disciplines, la multiplication des #évaluations par les établissements, les agences (AÉRES puis #HCÉRES…), les tutelles, le ministère, l’œil rivé sur les classements, notamment celui de Shanghai.

    - « Une partie du temps, on est plus en train de chercher des budgets et de faire du #reporting que de faire la recherche elle-même. Sans compter qu’il faut publier pour être valorisé. Il y a des collègues dont on se demande ce qu’ils publient, parce que leur temps de recherche en fait, c’est du temps d’écriture, mais on ne sait pas sur quoi. » (PU en civilisation américaine en université).
    - « Si on regarde les laboratoires, il y a beaucoup de chercheurs et peu de personnels associés. Nécessairement, les EC doivent faire face à plus de tâches administratives. Et d’autre part, il y a des choses qui ont été formatées, il faut remplir des fichiers, des indicateurs, cela fait beaucoup de tâches administratives à réaliser. » (PU en électronique en IUT).

    À cela s’ajoutent les activités de sélection, de recrutement et de management des étudiants et des doctorants sur des plateformes aux performances discutables (#ParcoursPlus, #Mon_master, Adum), des ATER, des postdocs et des enseignants vacataires et contractuels, ainsi que de titulaires lorsqu’il faut siéger en comité de sélection quand des postes de MCF et PU (Professeur d’Université) sont ouverts. Il faut ici souligner la #surcharge spécifique pesant sur les #femmes, notamment PU, compte tenu des règles de parité (un COS doit compter au moins de 40% de membres de chacun des deux genres) et des inégalités de #genre dans les carrières [ 7].

    Les EC doivent aussi prendre en charge des activités d’information, d’évaluation et de valorisation à destination de divers instances et organismes, dans des délais souvent courts, au moyen d’outils numériques plus ou moins fiables et compatibles. Ces comptes à rendre portent en particulier sur la qualité des cursus, les débouchés professionnels et les taux d’insertion des diplômés, les coûts en heures et en masse salariale des cours, des TD et des TP, les résultats en termes de présence aux examens, de notes, de diplômés, d’abandons en cours de cursus…

    – « Je me sens être très gestionnaire, animatrice, gentille organisatrice une grande partie de mon temps. C’est quelque chose que je n’avais pas du tout anticipé en entrant dans ce métier, parce que je ne pensais pas avoir autant de #charges_administratives. […] Dès la 3è année après mon recrutement, j’étais directrice des études, à faire des emplois du temps, recruter des vacataires, travailler un petit peu le contenu de leurs interventions, mais je devais surtout faire des RH, essayer que ça convienne à chacun, récupérer les papiers qu’on lui demandait pour qu’il soit payé, etc. » (MCF en sociologie en IUT).

    On a ainsi assisté à un double mouvement d’alourdissement er d’appauvrissement du travail des EC sous les effets combinés des injonctions à la professionnalisation (la #loi-LRU de 2007 a ajouté « l’orientation et l’insertion » aux missions de l’ESR) et aux attentes des tutelles en la matière ainsi que des normes budgétaires strictes et des critères « d’#excellence » qui concrétisent l’essor des logiques et des modes de gestion du NMP et la #managérialisation de l’ESR (comparable à ce qu’a connu l’Hôpital,). Il en découle un ressenti fréquent de #perte_de_sens et un #malaise profond.

    – « Il faut se bagarrer pour trouver à garder du #sens au métier. Ça c’est très clair. […] On nous impose les choses, donc effectivement, il y a une perte de sens, enfin je ne sais pas si c’est une perte de sens mais on a une perte de la maîtrise de notre métier. »(MCF HDR en didactique de l’histoire en Inspé).
    - « Quand j’ai démarré au début des années 2000, j’avais l’impression d’être en phase avec mon travail et peut-être plusieurs de mes collègues aussi. J’ai l’impression qu’il y avait une sorte de vision collective partagée. Cette vision collective partagée, je la sens moins parce que je sens des #découragements, je sens des #lassitudes. Le partage de la mission de chercheur, c’est plus compliqué et le partage de la vision de la mission d’enseignement pour moi, elle est galvaudée. » (MCF HDR en chimie en université).

    Le #moral et la santé des EC pâtissent des #surcharges et débordements vécus par les EC.

    La détérioration des situations de travail vécue par les EC produit des effets à la fois sur leur état moral, leur #engagement_professionnel et leur état de santé. Les surcharges combinées au sentiment de ne plus pouvoir faire leur travail correctement sont à l’origine de nombreuses #souffrances. Leur travail a été peu à peu alourdi par une accumulation de tâches dont une partie tient à la #procédurisation qui concrétise « la #bureaucratisation_néolibérale ». Cela nourrit un important « #travail_caché », invisibilisé et non rémunéré, qui conduit à la fois à accroître et à hacher l’activité.

    Il en découle des #surcharges_temporelles (extension de la durée du travail professionnel), des #surcharges_mentales (dues à l’accumulation de sujets et de préoccupations) et des #surcharges_cognitives (liées aux changements récurrents de registres d’activité).

    - « L’université française s’écroulerait si nous ne consentions pas à faire un travail parfois considérable gratuitement ou presque. » (PU en langue et civilisation)

    L’#intensification_du_travail qui passe par un accroissement du travail invisible, ou plus justement invisibilisé, des EC, implique des débordements fréquents de leur vie professionnelle sur leur #vie_personnelle (aussi bien du point de vue du temps que de celui des lieux). Ce phénomène a été aggravé par l’usage d’outils (téléphone mobile, micro-ordinateur, tablette) et de dispositifs techniques (mails, réunions et cours à distance, remontées de datas, recherches sur le web) qui favorise le travail en tout lieu et à tout moment, et donc le brouillage des frontières entre travail et hors-travail.

    - « Je pense que tous les collègues font un peu comme moi, le temps d’écriture des articles est pris surtout sur le samedi et le dimanche, donc sur le temps personnel, en fait. Parfois, les conjoints ont du mal à s’y faire, mais moi non, mon conjoint est un chercheur. Globalement, on travaille tous les jours. Sinon, ça ne passe pas. Ou alors, on ne fait que de l’enseignement et on écrit un article par an. » (PU en histoire du droit en université).

    Le débordement temporel et spatial est un fait massif difficile à mesurer pour les EC car ceux-ci, comme tous les enseignants, ont toujours travaillé à la fois sur leur lieu de travail et à leur domicile ou en vacances (pour préparer des cours, corriger des copies et des mémoires, lire et écrire des travaux scientifiques, tenir des RV et réunions à distance).

    La porosité des frontières entre lieux de travail et de vie, entre temps de travail et hors-travail est ambivalente. D’un côté, elle permet aux EC de choisir où et quand ils travaillent, à l’inverse de la plupart des salariés. Cette souplesse d’organisation procure un sentiment de liberté, et une liberté réelle, qui facilite la conciliation entre obligations professionnelles et activités personnelles, domestiques, familiales. Mais, c’est aussi un piège qui met en péril la vie personnelle et familiale en impliquant une absence de limite aux temps et aux espaces consacrés au travail. Ce risque est d’autant plus grand que ce sont souvent les activités de recherche (à la fois les plus appréciées et les plus empêchées au quotidien) qui trouvent place en dehors des lieux et temps de travail. Beaucoup d’EC en viennent alors à accepter, voire à rechercher, ces débordements du travail pour retrouver le plaisir de faire ce qu’ils aiment dans un contexte plus favorable qu’au bureau (environnement calme et agréable) et à l’abri de sollicitations multiples (passages, appels téléphoniques, mails urgents, etc.). Ne peut-on évoquer ici une forme d’#aliénation, voire de « #servitude_volontaire » ? Cela rappelle ce que différentes enquêtes ont montré chez des cadres du secteur privé qui, en travaillant chez eux, y compris le soir, le week-end ou en congé, retrouvent comme ils le disent une « certaine continuité temporelle » et un « cadre spatial favorable à la #concentration ».

    - « Il faut avoir le #temps de faire sa recherche, on est dans une espèce de course à l’échalote permanente. Moi, j’ai eu beaucoup de chance, je ne veux pas cracher dans la soupe, j’ai pu travailler sur ce que je veux, et après à moi de trouver de l’argent. Mais, c’est un métier où ça peut être très dangereux si on ne trouve pas son équilibre. Moi, ça m’a coûté certaines choses au niveau personnel [un divorce !] parce qu’il est arrivé un moment donné où je ne dormais plus la nuit parce que je voyais tout ce que je n’avais pas eu le temps de faire. J’ai eu besoin de faire un travail sur moi pour me ressaisir et me dire que si je n’avais pas fait ça ou ça, ce n’était pas si grave, personne n’est mort à cause de ça, on se détend. J’ai eu de la chance, j’ai refait ma vie avec quelqu’un qui est professeure des écoles donc avec un rythme peu différent ». (MCF en chimie en université).

    Les inégalités de prise en charge des tâches domestiques, familiales et éducatives entre femmes et hommes, auxquelles n’échappent pas les EC, conduisent à exposer de nombreuses EC à des difficultés spécifiques (contribuant aux inégalités de déroulement de carrière à leur détriment), d’autant que la façon d’exercer le métier, de gérer les relations avec les étudiants et de prendre des responsabilités est aussi marquée par des différences de genre.

    – « Cette intensification du temps de travail s’est encore accrue au moment de mon passage PU, avec certains moments de l’année où pour pouvoir conduire mon activité et honorer mes engagements professionnels, je dois sacrifier tous mes week-ends sur une longue période. […] Il me semble que cette intensification tient aussi à une division sexuée du travail présente dans nos composantes : nombre de mes collègues hommes ayant longtemps refusé de prendre des responsabilités, en tous les cas les responsabilités chronophages et peu qualifiantes dans les CV ». (MCF en communication).
    – « Les femmes sont plus touchées que les hommes car elles assument les responsabilités de care pour les étudiants mais aussi pour leurs proches descendants ou ascendants de manière très déséquilibrée par rapport aux hommes. La charge mentale des femmes EC est très lourde. Concilier maternité et ESR (et donc espérer voir évoluer sa carrière) est mission impossible sauf pour celles qui ont un conjoint ou un réseau personnel sur lesquels s’appuyer. L’explosion des publications émanant d’EC masculins pendant la pandémie en est un bon exemple ». (MCF en anglais).

    Ces débordements s’inscrivant dans un contexte de dégradation de la qualité du travail et des conditions de sa réalisation contribuent à nourrir un sentiment d’#insatisfaction. C’est aussi de la #désillusion et diverses #souffrances_morales mais aussi physiques qui découlent de cette combinaison mortifère entre surcharges, débordements et insatisfaction.

    - « Moi, j’ai beaucoup de désillusions sur mon métier. Beaucoup d’#amertume, en fait. […] Quand on est enseignant-chercheur, on démarre, on est à fond, on en veut, etc. On a plein d’envies, on a plein d’ambition, puis on arrive dans la réalité et on prend un gros coup dans la figure et ça t’arrête net. Parce qu’on te colle tout de suite une responsabilité. […] Et tout ça pour un salaire de m… ! […] Moi je trouve que former des gens comme on les forme pour faire ça, c’est du gâchis franchement. » (Vice-présidente d’une université en poste).

    Ce qui mine et fait mal, comme l’évoquent de nombreux EC quand ils décrivent l’évolution de leur métier, c’est en particulier l’impression de devoir travailler toujours plus avec toujours moins de moyens disponibles, et donc pour un résultat dégradé ; ils ont le sentiment d’un « #travail_empêché » (comme le nomme Yves Clot) parce qu’ils se sentent empêchés de faire un travail de qualité comme ils savent et voudraient le faire ; ils ont des doutes sur la réalité de ce qu’ils font par rapport à ce qu’ils attendent de leur travail et ce qu’ils pensent que doit être le #service_public.

    Beaucoup des EC interrogés durant l’enquête se demandent ce qu’est devenu leur travail, quel sens ils peuvent encore lui donner et quel avenir attend l’université (et plus largement l’ESR). Si la plupart acceptent que le cœur de leur métier dépasse largement les seules activités de base d’enseignement et de recherche, ils doutent de plus en plus de pouvoir faire ce métier, auquel ils sont attachés, dans les règles de l’art telles qu’ils les conçoivent, et en particulier avec l’attention requise et les résultats voulus.

    - « Je pense que le métier d’enseignant-chercheur au-delà des 35 heures, ce n’est pas trop quelque chose de nouveau. Un chercheur, je pense qu’il a toujours beaucoup travaillé le soir. Mais peut-être que maintenant, on n’arrive plus à trouver le temps de tout faire ce qu’on nous demande. Et peut-être que ça, c’est nouveau ». (PU en biologie en IUT).
    – « J’ai vraiment du mal à croire qu’on puisse faire les trois choses ensemble. C’est-à-dire à la fois avoir une activité de recherche de haut niveau, avoir un investissement dans l’enseignement qui permet, enfin selon le critère qui est le mien, de renouveler ses cours extrêmement régulièrement pour ne pas se répéter, et en plus avoir des fonctions administratives ». (MCF en histoire en université).

    Cela fait émerger des questions majeures : à quoi et à qui sert aujourd’hui le travail des EC ? Sont-ils en mesure de réaliser des enseignements et des recherches de qualité ? Que devient le service public de l’ESR ? Ces questionnements rejoignent les trois dimensions majeures du sens du travail énoncées : son utilité vis-à-vis de ses destinataires, le respect de leurs valeurs éthiques et professionnelles, et le développement de leurs capacités.

    – « Il faut se bagarrer pour trouver à garder du sens au métier. Ça c’est très clair. […] On nous impose les choses, donc effectivement, il y a une perte de sens, enfin je ne sais pas si c’est une perte de sens mais on a une perte de la maîtrise de notre métier. » (MCF HDR en didactique de l’histoire en Inspé).

    Les différentes évolutions que nous venons de décrire peuvent s’interpréter comme les signes d’un risque de #déprofessionnalisation, un processus à la fois lent et peu visible prenant la forme d’une remise en cause ce qui fonde leurs « gestes professionnels » et de leur #identité_professionnelle ». Ce dont on parle ici ne concerne pas seulement tel ou tel individu, mais le groupe professionnel des EC à travers trois aspects.

    Le premier élément est une déqualification liée au fait que les EC sont de plus en plus souvent chargés de tâches ne correspondant ni au contenu, ni au niveau de leurs savoirs et de leurs objectifs. La deuxième dimension concerne la perte d’#autonomie à rebours de la #liberté_académique et de l’autonomie affirmées dans les textes. Le troisième aspect est le sentiment massivement exprimé durant l’enquête de l’#inutilité d’une part croissante du travail réalisé par rapport à ce que les EC voudraient apporter à leurs étudiants, et plus largement à la société qui finance leurs salaires, ce qui touche au cœur de l’identité fondant leur profession.

    La managérialisation de l’ESR alimente ce risque de déprofessionnalisation en enrôlant les EC dans les évolutions de leur travail et de leurs conditions de travail qui leur déplaisent, en les conduisant à faire - et pour ceux qui ont des responsabilités à faire faire à leurs collègues - ce qui les fait souffrir et que, pour partie, ils désapprouvent. C’est sans doute une des réussites du NMP que d’obtenir cette mobilisation subjective, comme la nomme la sociologue Danièle Linhart.

    La question de la déprofessionnalisation des EC mérite sans aucun doute d’être approfondie en termes de causes, de manifestations et d’effets. En l’état actuel de l’analyse, c’est une hypothèse à creuser dans le cadre d’un questionnement sur les impacts - et l’efficience - des modes de gestion impulsés par le nouveau management public et la bureaucratisation néolibérale.

    Si cette enquête ne suffit évidemment pas à établir un diagnostic global sur la santé des EC, elle permet néanmoins de mettre à jour des réalités peu connues et alarmantes. Ainsi, le terme épuisement est souvent revenu : il est employé spontanément par 45 répondants au questionnaire (dont 31 femmes). Il est évoqué 10 fois en réponse à la question : « Rencontrez-vous ou avez-vous rencontré des difficultés pour concilier vos différents activités professionnelles (enseignement, recherche, tâches administratives) ? Si oui, lesquelles ? ». Le stress, lui, est explicitement abordé dans 35 réponses (29 femmes) sans compter celles qui parlent du stress des étudiants et des Biatss. 17 répondants (dont 13 femmes) parlent de burn-out. Dans 7 de ces 17 cas, les répondants témoignent de burn-out subi par eux-mêmes ou par un membre de leur équipe au cours des dernières années. Les autres évoquent le risque ou la peur d’en arriver là. Les deux verbatims suivants illustrent l’importance de cette question.

    – « Il y a 20 ans, les réunions pouvaient durer 1 heure, 1 heure et demie. Aujourd’hui, il n’y a pas une réunion du CHSCT qui dure moins de 3 ou 4 heures. Parce qu’il y a un nombre incroyable de remontées au niveau des enseignants-chercheurs. […] Dans notre département, il y a eu pas moins de trois burn-out cette année, avec des arrêts maladie, des demandes de collègues de se mettre à mi-temps. » (PU, élu CGT).
    – « Je pense qu’il faut faire très, très attention. On est sur un fil raide. Ça peut basculer d’un côté comme de l’autre. Et je pense qu’on doit arrêter un peu le rythme, les gens sont fatigués, épuisés, donc il faut qu’on trouve un moyen de minimiser un peu les appels à projets. C’est sur ça qu’on se bat. Les garder, mais en faire moins. […] Bien sûr qu’on manque de moyens et bien sûr qu’il faut qu’on fasse comprendre à notre fichu pays que l’enseignement supérieur et la recherche, c’est un investissement. Je crois à ça profondément. » (Présidente d’une université en poste au moment de l’entretien).

    Pour conclure

    La profession des EC ressent assez largement un #malaise mettant en cause leur activité, voire leur carrière. Face à cela, la plupart des réponses sont aujourd’hui individuelles, elles passent pour certains par différentes formes de #surengagement (débouchant parfois sur du #stress, des #dépressions ou du #burn-out), pour d’autres (et parfois les mêmes à d’autres moments de leur carrière) à des variantes de désengagement (vis-à-vis de certaines tâches) pouvant aller jusqu’à diverses voies d’Exit (mises en disponibilité, départs en retraite avant l’âge limite, démissions très difficiles à quantifier). Les solutions collectives ont été assez décrédibilisées, notamment après l’échec du mouvement anti-LRU. De nouvelles pistes restent à imaginer et à construire pour ne pas continuer à subir les méfaits de la néo-libéralisation de l’ESR et trouver des alternatives aux dégradations en cours.

    [1] La situation des MCF-PH et des PU-PH à la fois EC à l’université et praticiens en milieu hospitalier étant très particulière.

    [2] Les verbatims présentés dans cette communication sont extraits des réponses au questionnaire ou des entretiens.

    [3] Bezès P. (2012). « État, experts et savoirs néo-managériaux, les producteurs et diffuseur du New Public Management en France depuis les années 1970 », Actes de la recherche en Sciences Sociales, n° 3, p. 18.

    [4] La massification de l’accès au bac s’est traduite par une très forte hausse du nombre d’élèves et étudiants inscrits dans l’ESR. Sur les 4 dernière décennies, ce nombre a plus que doublé en passant d’un peu moins de 1,2 million (à la rentrée 1980) à près de 2,8 millions (à la rentrée 2020). Le nombre d’EC n’a pas suivi !

    [5] Les diplômes universitaires doivent désormais figurer dans le Répertoire national des certifications professionnelles (le RNCP) conçu dans la logique des compétences.

    [6] Bibliothécaires, ingénieurs, administratifs, techniciens, personnels sociaux et de santé de l’enseignement supérieur.

    [7] En dépit des principes d’égalité professionnelle, les femmes sont infériorisées dans l’ESR. Parmi les MCF, seul le domaine droit, science politique, économie et gestion (DSPEG) est à parité avec 51% de femmes et 49% d’hommes. Les femmes sont sur-représentées (58%) en Lettres, Langues et Sciences humaines (LLSH) et sous-représentées (34%) en Sciences et Techniques (ST). Du côté des PU, les femmes sont 29% (contre 45% parmi les MCF) même si ce pourcentage a augmenté ces dernières années. Les femmes sont minoritaires parmi les PU dans les trois domaines, y compris là où elles sont majoritaires parmi les MCF : elles sont 36% en DSPEG, 45% en LLSH et 21% en ST. Et les écarts de statut ne sont pas les seules inégalités de genre entre EC.

    https://blogs.alternatives-economiques.fr/les-economistes-atterres/2025/06/17/crise-de-l-esr-contribution-2-la-profession-d-enseign
    #ESR #enseignement #recherche #new_public_management

  • Irlande : 796 bébés morts abandonnés dans une fosse commune vont être exhumés

    En 2014, Catherine Corless révélait que 796 enfants avaient été inhumés anonymement dans un foyer en Irlande. Plus de dix ans plus tard, les premières exhumations vont commencer. « Ce fut un combat acharné » , raconte cette femme aujourd’hui âgée de 71 ans à l’AFP. Lundi, des experts boucleront le périmètre de l’ancienne fosse septique du foyer St Mary des sœurs du Bon Secours. L’objectif : procéder aux recherches dès le mois de juillet.

    Tout commence en 2014. Cette année-là, Catherine Corless met au jour des preuves attestant du décès de 796 enfants - des nouveau-nés jusqu’à l’âge de neuf ans - dans ce foyer situé dans une petite ville située à 220 kilomètres de Dublin. Ses recherches conduisent à une découverte macabre : une fosse commune. « Il n’y avait aucun registre d’enterrement, pas de cimetière, pas de statue, pas de croix, absolument rien » , se rappelle-t-elle. Surtout « quand j’ai commencé, personne ne voulait écouter (...) je suppliais : sortez ces bébés de ces égouts, offrez-leur l’enterrement chrétien digne qu’on leur a refusé » , raconte-t-elle. En vain.


    Le traitement réservé aux enfants nés hors mariage
    Lorsque les recherches de Catherine Corless ont été publiées, elles ont provoqué une onde de choc en Irlande, révélant de manière brutale le traitement réservé aux enfants nés hors mariage. Pendant des décennies, la société, l’État et l’Église catholique - qui a historiquement eu une main de fer sur les comportements en Irlande - ont relégué les femmes enceintes non mariées dans des « maisons mère et enfant » . Après l’accouchement dans ces institutions, les enfants étaient séparés de leur mère, puis souvent adoptés.

    À la suite des révélations de Catherine Corless, des enquêtes ont été lancées dans le pays. Elles ont établi que 56.000 femmes célibataires et 57.000 enfants sont passés par 18 foyers de ce type entre 1922 et 1998. Parmi eux, environ 9.000 enfants sont morts. Certaines de ces maisons étaient financées et gérées par les autorités sanitaires locales, d’autres par les ordres religieux catholiques. Le foyer de Tuam, lui, était administré par les sœurs du Bon Secours.

    « Tous ces bébés étaient baptisés, et pourtant l’Église a détourné le regard. Pour elle, cela ne comptait pas : ils étaient illégitimes, point final » , accuse-t-elle. Malgré la découverte de premiers restes humains en 2016 et 2017, il a fallu attendre 2022 pour qu’une loi autorise officiellement les fouilles. En 2023, une équipe a enfin été nommée pour mener les opérations à Tuam. Sa mission : retrouver, identifier et inhumer dignement les restes qui seront exhumés.

    Des échantillons ADN seront prélevés auprès de personnes capables d’attester un lien familial avec les bébés morts dans ce foyer. « Je n’aurais jamais cru voir ce jour arriver. Tant d’obstacles ont été franchis » , confie Catherine Corless. Mais, lucide, elle sait, que les fouilles ne fourniront pas toutes les réponses. « Même si on parvient à identifier quelques restes, cela n’apportera pas la paix à tout le monde » , souffle-t-elle.
    Source : https://www.lefigaro.fr/international/irlande-796-bebes-morts-abandonnes-dans-une-fosse-commune-s-appretent-a-etr
    #religion #catholique #clergé #bébés #Femmes #charnier #mariage #soeurs

  • « D’Invisible à Visible » : l’ancienne députée Rachel Keke lance son association pour visibiliser les métiers précaires - Bondy Blog
    https://www.bondyblog.fr/societe/dinvisible-a-visible-lancienne-deputee-rachel-keke-lance-son-association-p

    Première femme de chambre élue à l’Assemblée nationale en 2022, Rachel Keke se bat pour les plus précaires. Et si elle n’a plus son siège députée, cela ne l’empêche pas de continuer son combat, ce qu’elle compte bien faire avec sa nouvelle association “d’Invisible à Visible” lancée le samedi 14 juin.

    #Rachel_Keke s’est fait connaître du grand public en 2019. Femme de chambre puis gouvernante à l’hôtel Ibis Batignolles, elle et ses collègues se mettent en grève pendant 22 mois pour protester contre leurs conditions de #travail. Elles dénoncent alors leur exploitation facilitée par le système de sous-traitance, leur #précarité et les cadences imposées… Une lutte qui portera ses fruits en 2021 et leur permettra d’obtenir gain de cause sur un bon nombre de leurs revendications.

    Forte de cette victoire, elle se lance en politique et devient en 2022 la première #femme_de_chambre élue députée dans la 7ème circonscription du Val-de-Marne. Mais à l’été 2024, le président de la République annonce la dissolution de l’Assemblée nationale. Elle perd alors son siège de députée à une centaine de voix près.

    L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais Rachel Keke en a décidé autrement. Elle considère que sa lutte pour les droits des « invisibles » n’est pas finie et crée son association « d’Invisible à Visible », pour apporter de la force, une voix et le respect de leurs droits à ceux qui n’en n’ont pas. Interview.

    #Bondyblog #LFI

    Rififi - Brigitte Fontaine. album Kekeland
    https://www.youtube.com/watch?v=CWYXJth85Gg

  • LA NIÑA - Figlia d’ ’a Tempesta

    https://www.youtube.com/watch?v=486uBfNPkQw

    Pecchè so’ nata femmena, pecchè so’ nata
    Ce sta chi me vo’ prena, chi me vo’ ‘nzurata
    So’ figlia d’a tempesta e nun me ponn’ ‘ncatenà
    faciteme passà, faciteme passà

    90 fa’ ‘a paur’, 38 ‘e mazzat’
    A bott ‘e manganiell’ ‘a musica è cagnat’
    vattimm’ cu’ ‘e tambur, mò facimmele sentì
    chi nun vuleva sèntere mo ‘e rrecchie adda arapi’

    ‘sta femmena ‘e niente mò vo’ tutt’ cos’
    mò vo’ tutt’ cos’
    e ten’ n’arraggia ca’ nunn’ arreposa
    ca’ nunn’ arreposa
    ha dato la vita e ce l’anno luata
    ‘nu milion’ ‘e vote
    vestuta ‘a puttana e vestuta da sposa

    Femmena ‘e nie’, femmena ‘e nie’
    Femmena ‘e niente
    Paura ‘e nie’, paura ‘e nie’
    Paura ‘e niente

    Pe tutte ‘e ferite ca’ ce’ ate lassat’
    Pe’ tutte ‘e bucie ca’ ce’ ate cuntate
    Pe’ ‘sti curtellate ca’ ce’ amm’ pigliat’
    Pe’ tutte ‘e prumesse mancat’
    ‘E suonn’ ca’ v’at arrubbate
    Pe’ ‘e sore ca’ ce’ ate luat’ ca’ nun so’ turnat’
    nun l’amm scurdat’, nun l’amm scurdat’

    ‘sta femmena ‘e niente mò vo’ tutt’ cos’
    mò vo’ tutt’ cos’
    e ten’ n’arraggia ca’ nunn’ arreposa
    ca’ nunn’ arreposa
    ha dato la vita e ce l’anno luata
    ‘nu milion’ ‘e vote
    vestuta ‘a puttana e vestuta da sposa

    Femmena ‘e nie’, femmena ‘e nie’
    Femmena ‘e niente
    Paura ‘e nie’, paura ‘e nie’
    Paura ‘e niente

    ‘sta femmena ‘e niente mò vo’ tutt’ cos’
    mò vo’ tutt’ cos’
    e ten’ n’arraggia ca’ nunn’ arreposa
    ca’ nunn’ arreposa
    ha dato la vita e ce l’anno luata
    ‘nu milion’ ‘e vote
    vestuta ‘a puttana e vestuta da sposa

    https://www.youtube.com/watch?v=486uBfNPkQw

    #féminisme #chanson #Italie #La_Niña #femmes

  • Ce que les gentrifieuses disent des quartiers riches
    https://metropolitiques.eu/Ce-que-les-gentrifieuses-disent-des-quartiers-riches.html

    Pourquoi les #femmes des classes moyennes déclarent-elles se sentir plus en sécurité dans les quartiers mélangés de la capitale que dans ses beaux quartiers ? Clément Rivière montre que les perceptions féminines des espaces publics peuvent déjouer les représentations socialement dominantes. Que disent les gentrifieuses des quartiers riches ? L’intérêt de cette question m’est apparu avec la récurrence de l’évocation des « beaux quartiers » (Pinçon et Pinçon-Charlot 1989) en tant qu’espaces associés à la « #Terrains

    / #Île-de-France, #bourgeoisie, #espace_public, femmes, #genre, #gentrification, #Paris

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met-riviere.pdf

  • Apprendre à aimer
    https://laviedesidees.fr/Manon-Garcia-Vivre-avec-les-hommes

    Qu’est-ce que le procès des viols de Mazan produit dans l’existence des #femmes ? Qu’est-ce que ça nous fait, en tant que société, de voir et d’entendre « ça » ? Ces crimes illustrent la « banalité du mal », ainsi que le prix à payer pour vivre en compagnie des hommes.

    #Société #Philosophie #violence #mariage
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20250605_garcia.pdf

  • Meublés Airbnb : quand ubérisation du ménage et main-d’œuvre vulnérable font tourner la machine
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/06/02/meubles-airbnb-quand-uberisation-du-menage-et-main-d-uvre-vulnerable-font-to


    Une femme de ménage travaille dans un appartement en location Airbnb, à Paris, en septembre 2018. THIBAULT CAMUS/AP

    C’est une recommandation qu’Airbnb formule sur son site Internet, à destination de sa communauté de loueurs de meublés touristiques. Sous la tête de chapitre « Tout ce que vous devez savoir sur les frais de ménage », afin de « garder un prix compétitif », la plateforme préconise : « Négociez avec la personne chargée du ménage. Envisagez de lui demander si elle peut accepter un tarif plus bas en échange de prestations plus régulières. »

    Le #nettoyage, rouage crucial dans l’activité des meublés de tourisme pour assurer une occupation à flux tendu, constitue, en effet, une dépense que les propriétaires, les plateformes et les grandes conciergeries – spécialisées dans la gestion de la location, de l’annonce au dépôt des clés – cherchent à réduire au maximum, pour préserver leurs marges. Derrière les portes closes des meublés touristiques, la massification des Airbnb et la rentabilité attendue de ce type de locations entraînent des cadences et des conditions de travail difficiles.

    [...]

    En 2022, VIP Services, une société de nettoyage d’appartements loués sur Airbnb, recrutant des Ukrainiennes en situation irrégulière (avant que l’UE ne leur offre une protection valant autorisation de séjour et droit de travailler), a été condamnée en première instance par le tribunal de Paris pour « traite d’êtres humains aggravée ». Un cas extrême. Le jugement de l’affaire éclaire toutefois sur un système de sous-traitance en cascade : des propriétaires de meublés de tourisme confient leurs biens à une conciergerie de premier plan, HostnFly, elle-même donneuse d’ordres auprès de cette société de nettoyage, VIP Services, recrutant à bas coût des femmes de ménage.

    [...]

    Comme HostnFly, les grandes conciergeries recourent à des applications sur smartphone pour piloter et contrôler le personnel de nettoyage. Nicole Teke-Laurent, doctorante en sociologie du travail à l’IDHE.S-Nanterre, a suivi pour sa thèse une femme de ménage travaillant pour plusieurs locations Airbnb, « équipée d’un diable pour transporter son énorme sac de draps » dans les rues de Paris. « Pour un petit studio, elle devait envoyer à la conciergerie une vingtaine de photos très détaillées retraçant toutes ses tâches : l’évier, le lavabo, la cuvette des toilettes etc., témoigne la sociologue. Un contrôle numérique renforcé par la notation des femmes de ménage, à la fois par les clients des Airbnb et par les propriétaires des appartements, qui postent des avis sur les conciergeries. Cette logique de contrôle constitue une forme de pénibilité supplémentaire. »

    https://archive.ph/qIA4W

    #tourisme #Airbnb #rente_foncière #femmes_de_ménage #uberisation

  • #Santé_menstruelle : un tabou qui freine l’avenir des filles

    Des millions de filles et de femmes dans le monde vivent leurs règles dans la #précarité, le #silence ou l’#humiliation. Parce que les #menstruations restent taboues, elles entraînent de fortes #inégalités sociales et de #genre et génèrent des #risques pour la #santé. Pour le Planning familial et Plan international, « faire du #droit_à_la_santé_menstruelle une réalité pour tous·tes, c’est faire un pas décisif vers l’#égalité. Il est temps de le franchir. »

    Des millions de filles et de femmes dans le monde vivent leurs règles dans la précarité, le silence ou l’humiliation. Parce que les menstruations restent taboues, elles entraînent de fortes inégalités sociales et de genre et génèrent des risques pour la santé. À l’occasion de la Journée mondiale consacrée à la santé menstruelle, Plan International France et le Planning familial rappellent que la santé menstruelle est un droit fondamental qu’il faut respecter, partout dans le monde.

    En 2025, avoir ses règles reste un facteur d’#exclusion pour des millions de filles dans le monde. En France, environ 4 millions de femmes menstruées vivent dans la #précarité_menstruelle, c’est-à-dire qu’elles n’ont pas les #ressources_financières pour s’acheter des #protections_périodiques. Parmi elles, 1,7 millions sont des #mères_célibataires ou des #étudiantes.

    En France, plus d’un tiers des adolescent·es ressentent un sentiment de #honte du simple fait d’avoir leurs règles, selon un sondage Opinion Way de 2022 commandé par Plan International France. 35% avouent qu’elles ou une de leurs proches ont déjà subi des #moqueries et des #humiliations en milieu scolaire. Une fille sur deux a déjà raté l’#école pendant ses règles. Ces données montrent à quel point les #tabous entourant les règles restent vivaces.

    Un enjeu mondial de #dignité, de santé et d’#éducation

    Dans le monde, au moins 500 millions de filles et de femmes n’ont pas accès à des protections périodiques en quantité suffisante. Des millions de filles manquent l’école chaque mois, faute d’infrastructures adaptées ou simplement d’un endroit sécurisé pour pouvoir se changer.

    D’après l’Unicef, en 2022, 15% des filles au Burkina Faso, 20% en Côte d’Ivoire et 23% au Nigeria ont été contraintes de manquer l’école tout au long de l’année en raison de leurs règles.

    Au Népal, la pratique traditionnelle du chhaupadi contraint les femmes à vivre isolées dans des huttes pendant toute la durée de leurs règles.

    En situation de crise – conflits, catastrophes climatiques -, l’accès à la santé menstruelle est encore plus restreint.

    Ce manque entraîne des conséquences directes sur la santé des femmes, comme des #infections, des #douleurs_chroniques, un #mal-être psychologique. La #désinformation liée aux règles, les #mythes, les #préjugés sexistes empêchent les jeunes de comprendre leur propre corps, de poser des questions et prendre de soin de leur santé.

    Un #droit_humain trop ignoré

    La santé menstruelle ne peut plus être un sujet oublié ou relégué au second plan, surtout au moment où les #droits_sexuels_et_reproductifs sont remis en cause. Elle est une composante essentielle de la santé sexuelle et reproductive. Elle doit être pensée comme un droit humain à part entière, condition de la dignité, de l’#autonomie et de la pleine participation des filles et des femmes à la société.

    Accéder à une information fiable, des protections, à de l’#eau, disposer d’un lieu sûr, comprendre son cycle, tout cela fait partie du droit fondamental à la santé. Et pourtant, ce droit reste trop souvent ignoré, nié.

    Un levier en faveur de l’égalité de genre

    Une personne qui peut gérer ses règles dans de bonnes conditions a plus de chances de poursuivre sa #scolarité. Une personne qui vit ses règles sans honte ni obstacle peut participer pleinement à la vie sociale, économique et citoyenne.

    À l’inverse, tant que les règles seront entourées de silence et de stigmatisation, elles resteront un facteur d’exclusion. C’est un enjeu d’égalité de genre et de justice sociale.

    Nous agissons pour faire de la santé menstruelle un droit effectif

    Au Planning familial comme à Plan International France, nous agissons pour faire du droit à la santé menstruelle une réalité. Chacun·e à notre échelle, nous distribuons des protections périodiques, sensibilisons les jeunes à la question des règles, aux préjugés qui les entourent. Nous luttons contre les mythes et la désinformation.

    Mais ces actions doivent s’inscrire dans une dynamique plus large. Nous appelons les pouvoirs publics à garantir à chaque jeune un accès à une éducation complète à la sexualité, qui doit mieux inclure la question des règles. Il faut également assurer à tous·tes les adolescent·e un accès universel, continu à l’information, aux soins, aux protections, y compris en situation d’urgence. Nous exigeons également des produits menstruels sans risques pour la santé ainsi que la formation des professionnel·les de la santé ! Il est essentiel d’éviter l’errance médicale par une meilleure prise en compte de la douleur, une meilleure orientation des personnes et une sensibilisation aux diagnostics possibles.

    En parler, c’est déjà agir

    Chacun et chacune peut agir à son niveau. En parlant ouvertement des menstruations, en s’informant, en sensibilisant les plus jeunes. Ensemble, déconstruisons les stéréotypes, levons les tabous et exigeons des #politiques_publiques ambitieuses en faveur de la santé menstruelle. Faire du droit à la santé menstruelle une réalité pour tous·tes, c’est faire un pas décisif vers l’égalité. Il est temps de le franchir.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/06/01/sante-menstruelle-un-tabou-qui-freine-lavenir-des-filles/#more-94458
    #femmes #menstruation

  • #Corps de rêve : quand l’#extrême_droite dicte les #normes_esthétiques

    Corps tonique, mince, reproductif et blanc : de la tradwife aux réseaux sociaux, comment l’extrême droite tente d’imposer une esthétique réactionnaire et hygiéniste.

    En mars dernier, les images de la secrétaire à la Sécurité intérieure des États-Unis, posant devant des prisonniers vénézuéliens déportés vers un centre pénitentiaire du Salvador, sont devenues virales. Look glamour. Maquillage prononcé. Longue chevelure ondulée. Rolex, pantalon slim et tee-shirt moulant. L’image de ce corps parfait exposé devant des hommes non-blancs, torse nu, mis en cage, est apparue comme le symbole du modèle de féminité qui domine les politiques néoréactionnaires.

    Les langages et les images des industries de la #mode et de la beauté s’adaptent très bien à l’atmosphère culturelle produite par l’extrême droite dans le monde occidental. Au-delà de l’obsession de la #minceur, des prescriptions esthétiques âgistes, toute une #culture_du_corps eugéniste et autoritaire s’immisce dans les modes de consommation de la beauté et du bien-être.

    De la tradwife à la chanteuse country

    Elle circule dans les médias populaires, amplifiée par les algorithmes, dans le luxe, ou les sphères politiques, artistiques. L’univers #Maga aux États-Unis la recycle ad nauseam. De la #tradwife à la chanteuse country, jusqu’aux tendances « #girlboss », les idées réactionnaires sont incarnées par une #esthétique_corporelle genrée aisément identifiable : corps tonique, mince ; cheveux raides, longs (idéalement blonds) ; peau blanche ; maquillage prononcé ; chirurgie esthétique ; efficience productive et reproductive (le corps qui produit des richesses est aussi celui qui enfante).

    Cette conception hygiéniste, raciste, classiste et transphobe de la #féminité s’affirme contre un modèle repoussoir : celui du corps improductif de la #femme de gauche – « fauchée » (#broke), « laide » (#ugly), « pas rasée » (#female_armpit_hair) – pour reprendre les termes d’un musicien conservateur sur Fox News. Le corps des « femmes laides » décrivant finalement l’ensemble du corps politique situé à gauche, moche, non-blanc, sale et pauvre.

    Cette esthétique réactionnaire agressive n’est pas exclusive à l’Amérique blanche. On se rappelle les sorties, en France, contre « la gauche sale et débraillée qui crie partout », visant à disqualifier la Nupes. Les propos sur les « punks à chiens » sur les bancs situés à gauche de l’Assemblée nationale, ou encore sur la « ménopause » d’une politicienne féministe médiatique…

    Véhicules idéologiques

    Ces discours implicitement ou explicitement genrés sont compatibles avec l’esthétique « filtre » des réseaux sociaux qui les imposent massivement. Ils ringardisent un activisme intersectionnel de type #nappy, anti-grossophobie ou body-positif, qui refuse que la différence conduise à une existence recluse, où on ne s’expose pas publiquement, où on ne peut ni s’aimer ni l’être en retour.

    Cette « #déchettisation » de la différence trouve dans la #représentation du corps des #femmes son terrain d’expression favori, faisant de la mode, des tutos maquillage, des vidéos de fitness ou de lifestyle des véhicules idéologiques redoutablement efficaces, jouant sur notre image sociale et nos désirs.

    Qui rêve de mourir sans famille, sans ami·es, entouré de chats ? D’être moche, démuni et sale ? Ces questions peuvent apparaître ridicules, mais elles nourrissent un système de représentations affectives et genrées qui est un des fonds de commerce de l’extrême droite. Il faut s’y opposer avec énergie. Et réveiller les puissances libératrices du difforme, de l’inassimilable, de l’improductif, des monstres et autres figures impures et merveilleuses, dans la formation d’#imaginaires et de pratiques anti-autoritaires, vivantes et féroces.

    https://www.politis.fr/articles/2025/05/corps-de-reve-quand-lextreme-droite-dicte-les-normes-esthetiques
    #esthétique #beauté #hygiénisme #âgisme #genre #idéologie

  • #Magdalena. Femmes du fleuve

    Magdalena. Femmes du fleuve est un #roman_graphique issu d’un processus de #recherche-création sur la vie des paysannes habitant sur les rives du fleuve Magdalena en Colombie. Le #livre part de la source dans les #montagnes andines et suit le cours du fleuve jusqu’à son embouchure dans la mer des Caraïbes. Il parcourt les histoires de huit femmes et les récits qu’elles tissent en relation avec les gens du fleuve, l’eau, la #faune, la #flore. Le roman montre également les résistances de ces femmes face aux projets d’aménagement et extractifs qui interrompent le cours de l’eau, ainsi que les voies parallèles de réexistence pour réinventer la vie après certaines conséquences irréparables. L’objectif de ce livre, au croisement de la recherche scientifique en géographie et de la création artistique, est de mettre en lumière des #histoires_de_vie qui ne sont pas souvent racontées, des réalités invisibilisées par des récits sur le fleuve essentiellement utilitaristes ou portés par des voix masculines. Magdalena souhaite faire exister non seulement les pluralités de formes selon lesquelles les femmes vivent sur et avec le fleuve Magdalena, ainsi que les continuités écologiques et culturelles qui unissent ce grand territoire de terre et d’eau.

    https://www.ateliermele.com/projets/magdalena-femmes-du-fleuve
    #fleuve #eau #Colombie #récit #femmes #histoires #lutte #résistance #Andes
    #BD #bande-dessinée

  • AFRAGOLA : GLI STUDENTI IN PRESIDIO DAVANTI ALLA SCUOLA DI MARTINA CARBONARO
    https://radioblackout.org/2025/05/afragola-gli-studenti-in-presidio-davanti-alla-scuola-di-martina-carb

    Riprendiamo il comunicato dei collettivi di studenti, tra cui Uds Afragola, Collettivo Cardito, Collettivo Dalla Chiesa, Collettivo Brunelleschi, che questa sera, Venerdì 30 Maggio hanno indetto un flesh mob davanti alla scuola dove studiava Martina Carbonaro: “Ieri, nel campo Moccia ad Afragola, è successo di nuovo. Martina Carbonaro, una ragazza di soli 14 anni, è […]

    #Blackout_Inside #L'informazione_di_Blackout #educazione_sessuo-affettiva #femminicidio #Scuola_di_Valditara
    https://cdn.radioblackout.org/wp-content/uploads/2025/05/Afragola-Presidio.mp3

  • CONTRO I FEMMINICIDI SERVE UN CAMBIO RADICALE IN SENSO CULTURALE
    https://radioblackout.org/2025/05/contro-i-femminicidi-serve-un-cambio-radicale-in-senso-culturale

    A distanza di poche ore sono state uccise Martina Carbonaro ad Afragola e Fernanda Di Nuzzo a Grugliasco. Una studentessa Martina, mentre Fernanda era un’educatrice. A fronte di un panorama politico che cerca di nascondersi dietro l’accusa al mostro, a noi risulta necessario tornare ad affrontare il tema dell’educazione sessuoaffettiva e dell’antipunitivismo. Con una rinnovata […]

    #Blackout_Inside #L'informazione_di_Blackout #antipunitivismo #educazione_sessuo-affettiva #femminicidio
    https://cdn.radioblackout.org/wp-content/uploads/2025/05/Altr3Voci.mp3

  • Police could search homes and phones after pregnancy loss | The Observer
    https://observer.co.uk/news/national/article/police-could-search-homes-and-seize-phones-after-sudden-pregnancy-loss

    New national guidance suggests officers look for menstrual tracking apps or abortion drugs

    Police have been issued guidance on how to search women’s homes for abortion drugs and check their phones for menstrual cycle tracking apps after unexpected pregnancy loss.

    (...)

    Details are also provided for how police could bypass legal requirements for a court order to obtain medical records about a woman’s abortion from #NHS providers.

    (...)

    Ah oui, c’est écrit en anglais, mais c’est pas chez Trump. C’est chez les gauchistes anglais dirigés par le marxiste Starmer.

  • En Turquie, le pouvoir interdit d’accoucher par césarienne, sauf en cas de raison médicale

    La polémique est partie d’une banderole brandie le 13 avril dernier par l’équipe de foot Sivassapor. Une banderole sur laquelle était écrit : « L’accouchement naturel est naturel ».

    Le nombre de césariennes en Turquie a explosé. Chaque année, plus de 60% des mères accouchent de cette façon. C’est le record mondial".

    Dans les pays de l’OCDE, les pays les plus développés de la planète, le taux moyen de césarienne est de 28%. En Belgique, ce taux est de 22%.
    . . . . .
    pour la correspondante RTBF, ce qui a vraiment joué un rôle majeur, c’est le développement massif des hôpitaux privés ces 20 dernières années. "Un secteur privé dans lequel le taux de césariennes, selon les chiffres officiels, atteint 80%, voire plus. Avec là, des explications qui sont plutôt financières ou logistiques puisque la césarienne est perçue comme plus rentable et aussi plus commode car souvent programmée.


    . . . . .
    Suite et source : https://www.rtbf.be/article/ici-le-monde-turquie-interdiction-d-accoucher-par-cesarienne-11547507

    #femmes #docteurs #accouchement #césarienne #santé #obstétrique #médecine #fric #rentabilité #médicalisation

  • Magdalena. Femmes du fleuve

    Magdalena. Femmes du fleuve est un roman graphique issu d’un processus de #recherche-création sur la vie des paysannes habitant sur les rives du #fleuve_Magdalena en #Colombie. Le livre part de la source dans les #montagnes andines et suit le cours du fleuve jusqu’à son embouchure dans la mer des Caraïbes. Il parcourt les histoires de huit #femmes et les #récits qu’elles tissent en relation avec les #gens_du_fleuve, l’#eau, la #faune, la #flore. Le roman montre également les #résistances de ces femmes face aux projets d’aménagement et extractifs qui interrompent le cours de l’eau, ainsi que les voies parallèles de réexistence pour réinventer la vie après certaines conséquences irréparables. L’objectif de ce livre, au croisement de la recherche scientifique en géographie et de la création artistique, est de mettre en lumière des #histoires_de_vie qui ne sont pas souvent racontées, des réalités invisibilisées par des récits sur le #fleuve essentiellement utilitaristes ou portés par des voix masculines. Magdalena souhaite faire exister non seulement les pluralités de formes selon lesquelles les femmes vivent sur et avec le fleuve Magdalena, ainsi que les continuités écologiques et culturelles qui unissent ce grand territoire de terre et d’eau.

    https://www.lcdpu.fr/books/56262F9A-AA2F-4EB3-B417-6E4660FC8A84
    #BD #livre #bande-dessinée #aménagement_du_territoire #extractivisme

  • La #colère pour s’affirmer ?
    https://www.youtube.com/watch?v=edN_QLbJrYU

    La colère est un sentiment que l’on attribue plus volontiers aux hommes. Chez les femmes, elle passe souvent pour de l’#hystérie, un manque de sang-froid ou la marque d’une #personnalité_difficile. Pourtant, elles auraient tellement de raisons de se fâcher : domination, discrimination, injustice, etc. « Twist » rencontre des artistes qui transforment leur colère en #énergie_créatrice.

    Égérie des #Femen, l’activiste ukrainienne #Inna_Shevchenko a trouvé en Paris une terre d’accueil il y a dix ans. Au péril de sa vie, elle lutte pour les droits des femmes et la liberté d’expression, bravant les condamnations et les persécutions. Dans son nouveau livre, elle donne une voix aux femmes ukrainiennes.

    #Tara-Louise_Wittwer, autrice et productrice de vidéos, combat le machisme à grand renfort d’humour. La Berlinoise compte des centaines de milliers de followers sur TikTok.

    Celles qui expriment publiquement leur colère doivent s’attendre à des réactions virulentes. Le collectif de tagueuses LGBTQI #PMS_Ultras en sait quelque chose. Armées de bombes de peinture, ces activistes s’approprient le paysage urbain berlinois et défendent les minorités contre le patriarcat et les idées d’extrême droite.

    L’artiste #Joséphine_Sagna lutte contre le stéréotype de la « femme noire agressive » avec des œuvres aussi colorées qu’expressives. La Germano-Sénégalaise dénonce le racisme quotidien et les préjugés à travers son art.

    Originaire de Hambourg, la rappeuse #Finna est membre du collectif hip-hop #Fe*Male_Treasure. Celle qui se décrit comme une « mère queer translesbienne body-positive » a la rage au ventre. C’est là qu’elle puise la force de hurler ses textes politiques en public.

    #rage #femmes #féminisme #colère_féminine #art #art_et_politique #solidarité #vidéo #female_rage #misogynie #ironie #sarcasme #espace_public #art_de_rue #street-art #rage_féministe

  • Jeannette Laot, figure historique de la CFDT, est morte
    https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2025/05/15/jeannette-laot-figure-historique-de-la-cfdt-est-morte_6606285_3382.html


    Jeannette Laot participe à une conférence de presse de la CFDT, le 10 juillet 1980, à Paris. PATRICK DE NOIRMONT / AFP

    Pionnière du féminisme dans le syndicalisme, cette catholique pratiquante, ancienne vice-présidente du Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception, est morte le 14 mai, à l’âge de 100 ans.
    Par Michel Noblecourt

    Pionnière du #féminisme dans le #syndicalisme, figure historique de la CFDT, Jeannette Laot est morte le 14 mai à Strasbourg, à l’âge de 100 ans. Née dans une famille bretonne, #catholique et de #gauche, le 15 janvier 1925, à Landerneau (Finistère), elle fréquente une école catholique et devient pupille de la nation en 1938 après le décès de son père qui avait été gazé pendant la première guerre mondiale. Elle obtient cette année-là son certificat d’études et quitte l’école pour aider sa mère dans sa boucherie.

    Durant l’Occupation, elle travaille chez une cousine modiste, la boucherie fermant certains jours faute d’approvisionnement. Jeannette Laot affirme vite sa volonté de concilier sa foi et son désir de justice sociale. En 1948, elle est embauchée à la manufacture de tabac de Morlaix comme #ouvrière dans un atelier d’écôtage des feuilles de tabac puis à la confection de cigares. Elle adhère d’abord à Force ouvrière, mais, heurtée par sa proximité avec la direction et son anticléricalisme, elle fonde une section de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC), avec le concours de militants de l’Action catholique ouvrière.

    Lutte des classes

    En 1954, secrétaire générale de la Fédération nationale de la Société d’exploitation industrielle des tabacs et des allumettes, elle monte à Paris et entre au conseil fédéral de la Fédération des finances de la CFTC. Elle s’investit dans le courant minoritaire #Reconstruction, qui milite pour une #déconfessionnalisation de la #CFTC – qui interviendra en novembre 1964 avec la naissance de la Confédération française démocratique du travail (#CFDT), une minorité décidant de maintenir la CFTC –, mais elle a le sentiment de n’exister que « dans les moments stratégiques » et se sent « marginale et isolée ».

    Mère célibataire – sa fille, Françoise, naît en 1957 –, Jeannette Laot, déracinée dans la capitale, est mal à l’aise dans une fédération dominée par les inspecteurs des finances. En 1963, elle entre au conseil confédéral de ce qui est encore la CFTC, alors qu’elle s’est déjà fortement impliquée au sein de la commission féminine, où elle siégera de 1961 à 1970. Oratrice écoutée et passionnée, toujours impeccablement mise, elle y fait entendre une voix singulière, engageant une réflexion sur la condition féminine. Déterminée à faire évoluer la place des #femmes dans la CFDT, sans jamais dissocier ce combat de la lutte des classes, elle doit surmonter bien des résistances dans l’appareil.

    Avec l’appui d’Edmond Maire, Jeannette Laot entre, en mai 1970, à la commission exécutive – le gouvernement de la centrale –, où elle est la seule femme. Chargée également, jusqu’en 1973, du secteur action sociale et cadre de vie, elle a l’impression de n’être perçue que comme la « porte-parole des femmes ». Elle est cataloguée « mairiste » : « J’ai été une fidèle [d’Edmond Maire], explique-t-elle, mais, en même temps, sa pratique ne me convenait pas toujours. » Catholique pratiquante, vice-présidente du Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception, de 1973 à 1975, elle conduit la CFDT à se prononcer pour « une procréation volontaire et consciente » et défend la loi Veil sur l’IVG.

    Des femmes « complexées, mutilées »

    Quand, en 1974, la CFDT participe aux Assises du socialisme organisées par le Parti socialiste, Jeannette Laot ne décolère pas : « Vous vous rendez compte de ce que vous faites ? La direction confédérale qui prend une position politique comme celle-là. C’est impensable ! On est pour le socialisme démocratique, mais le nôtre ! » Elle publie, en 1977, Stratégie pour les femmes (Stock) : « L’organisation, écrit-elle, ne nous offrait que deux possibilités : nous identifier à son analyse, son champ d’activité. Ou nous autocensurer. C’est ce qui se produisait. (…) Nous restions souvent complexées, mutilées. »

    En 1981, elle devient conseillère sociale de François Mitterrand, chargée des conditions de travail et des femmes. Elle apprécie cette mission, jusqu’en 1986, mais elle a « le sentiment d’être un peu exclue de sa “famille” d’origine ». « Edmond [Maire] ne passait pas par moi », regrette-t-elle. Inspectrice générale des PTT jusqu’à sa retraite, en 1990, elle avait pris ses distances avec l’orientation de la CFDT : « Quelle différence, s’interroge-t-elle dans Le Monde, le 17 avril 2004, entre le “réformisme” du Medef, celui de la droite, celui du social-libéralisme et celui de la CFDT ? » Ces dernières années, elle vivait à Strasbourg où habitait sa fille, Françoise, libraire, et avait perdu progressivement la vue. Ce qui la privait de son plaisir de la lecture.

    Pour se souvenir (avec cette nouille de Noblecourt), d’à quel point le CFDT a été poreuse, avant même les gauchistes, à des « enjeux sociaux » extérieurs à la gauche et au syndicat - et pas seulement quant aux femmes - avant que ses cadres soient, comme Laot, intégrés à l’appareil d’État socialiste en 1981, un processus initié dès ’l’union de la gauche" en 1978, lors du « recentrage » de la CFDT, loin des prolos et autres O.S, des « bougnoules » et autres métèques, et des « gonzesses » dont la #CFDT fut, dans l’après 68, l’actif refuge (c’est suite à ce recentrage et à cette absorption par l’appareil d’État que nait Sud qui deviendra Solidaires, d’une exclusion par la CFDT de son syndicat des Postes).

    Et aussi que le catholicisme n’est pas par essence conservateur et de droite.

    #ACO #MLAC #planing_familial #histoire #syndicat

  • « Elles ont été oubliées » : une professeure explore les causes de l’invisibilité des #femmes artistes dans l’histoire de l’#art
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/herault/montpellier/elles-ont-ete-oubliees-une-professeure-explore-les-caus
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/image/4OD4HM1NUUzeQqbChHbAbTE-0nU/930x620/regions/2025/05/01/corine-girieud-portrait-2-6813779cadc97243789754.jpg

    « Il y a plus inconnu qu’un artiste inconnu, sa femme artiste ». C’est le titre de l’essai de Corine Girieud. Il est peut-être long mais il a du sens car c’est un emprunt à un slogan féministe des années 70 : « Il y a plus inconnu que le soldat inconnu, sa femme », inscrit sur une banderole le 26 août 1970 sous l’Arc de Triomphe. Ce n’est pas anodin. Aujourd’hui, comme le souligne l’essayiste : « Nous sommes dans une période ascendante. Il y a pas mal d’expositions d’artistes femmes, de beaux catalogues ».

  • L’allemand SAP supprime ses programmes de diversité pour se plier à l’administration Trump
    https://www.lefigaro.fr/flash-eco/l-allemand-sap-supprime-ses-programmes-de-diversite-pour-se-plier-a-l-admin

    Le géant allemand des logiciels SAP va supprimer plusieurs de ses mesures d’inclusion et de diversité pour se plier à l’administration Trump, a indiqué un de ses porte-parole ce dimanche 11 mai, confirmant une information de presse. Selon un mail interne consulté par le journal Handelsblatt, SAP va abandonner son objectif d’atteindre 40% de femmes parmi ses employés.

    Les quotas de femmes dans les postes de direction ne seront plus appliqués aux États-Unis, où SAP emploie 17.000 personnes, soit 16% de sa masse salariale, et a réalisé près d’un tiers de son chiffre d’affaires en 2024. Par ailleurs, l’entreprise basée à Walldorf ne prendra plus en compte la diversité des sexes comme critère de rémunération de son directoire.

    Son département dédié à la diversité et à l’inclusion va aussi perdre son autonomie pour être fusionné avec un autre. Dans un communiqué paru vendredi, le groupe côté au Dax à la Bourse de Francfort « s’engage à créer un lieu de travail inclusif » tout en « se conform[ant] pleinement aux exigences légales dans chaque pays où elle opère ».

  • Artemisia la baroque
    https://laviedesidees.fr/Artemisia-la-baroque

    Entre épreuves personnelles, contraintes d’atelier et conquête artistique, Artemisia Gentileschi est une figure singulière de peintre femme au XVIIᵉ siècle. À partir de son parcours, Pierre Curie éclaire les spécificités des trajectoires féminines parmi les artistes de l’Europe baroque.

    #Arts #femmes #peinture #beaux-arts

  • Les femmes vivent plus longtemps mais en moins bonne santé : un projet de recherche tente de comprendre ce paradoxe
    https://theconversation.com/les-femmes-vivent-plus-longtemps-mais-en-moins-bonne-sante-un-proje

    Un projet de recherche tente d’expliquer le paradoxe mortalité-morbidité en mettant en perspective des populations présentant des organisations sociales différentes mais partageant un environnement écologique et économique similaire.

    Alors que les hommes sont plus à risque pour les maladies cardiovasculaires, les femmes ont une incidence plus élevée de maladies inflammatoires ainsi que pour les dépressions. Ce raisonnement ne s’applique pas à l’individu – imaginairement isolé et maître de sa destinée – mais se déploie à l’échelle des populations humaines.

    Le programme EpiGender « influence des normes de genre sur les marqueurs épigénétiques de santé » est une des toutes premières recherches à évaluer par enquête interdisciplinaire l’influence d’une pratique sociale (règle de filiation associée à des règles de résidence) sur la santé des femmes et des hommes en utilisant des marqueurs épigénétiques de santé. L’objectif vise à mettre en lumière les facteurs socioculturels qui influencent la santé humaine suivant le sexe en reliant trois domaines d’investigation scientifiques : les perspectives anthropologiques sur les normes de genre, la science du stress et l’épigénétique sociale.

    #santé #genre #organisation_sociale #épigénétique

  • À quoi servent les puces électroniques dans les implants mammaires ? RTS

    Une auditrice de l’émission On en parle a été surprise de découvrir, au détour d’un courriel lié à son passeport d’implant, que celui-ci contenait une mini-puce RFID. Cet acronyme, qui signifie « Radio Frequency Identification », désigne une technologie qui se retrouve dans les cartes de crédit par exemple. Elle permet d’identifier des objets, des personnes ou encore des animaux. L’auditrice craint que ses déplacements ne soient pistés électroniquement, par exemple via GPS.

    Des informations sur l’implant
    « Une grande majorité des implants mammaires contiennent des puces », explique la doctoresse Tessa Mermod, médecin agréée FMH en chirurgie plastique, reconstructive et esthétique, dans l’émission On en parle lundi. Elle rassure : dans les implants mammaires, ces puces électroniques ne permettent pas de tracer les déplacements. « Il s’agit de toutes petites puces de quelques millimètres, visibles dans la prothèse lorsqu’on la met en place. Elles stockent l’information de l’implant, notamment le numéro de série, la date de fabrication et surtout son volume et de son modèle. »
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    Suite et Source : https://www.rts.ch/info/sante/2025/article/a-quoi-servent-les-puces-electroniques-dans-les-implants-mammaires-28873781.html

    #puçage des humains #surveillance #rfid #nécrotechnologies #traçabilité #implants #puces #femmes

  • 15’000 agressions sexuelles durant l’Eurovision, le chiffre-choc de Bâle pour sensibiliser RTS

    Le Service de protection contre la violence et l’aide aux victimes du canton de Bâle-Ville a formulé mercredi lors d’une conférence de presse ce chiffre vertigineux : il estime qu’environ 3% des quelque 500’000 visiteurs et surtout visiteuses de l’Eurovision subiront du harcèlement ou des violences sexuelles durant l’événement, ce qui représente quelque 15’000 personnes.

    Différentes études mais un même constat
    Pour arriver à cette hypothèse, le canton s’est principalement appuyé sur un sondage réalisé en 2019 au Royaume-Uni par l’Académie britannique des sciences humaines et sociales. Sur 450 personnes interrogées, un tiers des femmes disent avoir subi du harcèlement lors d’un festival au cours des douze derniers mois, tandis que 8% des femmes et 1% des hommes ont été victimes d’une agression sexuelle. Par ailleurs, parmi les victimes, seule une minorité rapportent l’incident aux autorités.


    Une autre étude américaine de l’Université du Nevada montrait en 2018 que plus de 90% des festivalières avaient subi une forme de harcèlement, allant de commentaires sur le physique pour plus de 60% des répondantes à des agressions ou des viols pour 3% d’entre elles, en passant par des attouchements pour plus de la moitié.
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    Source et suite : https://www.rts.ch/info/societe/2025/article/eurovision-a-bale-15-000-agressions-sexuelles-estimees-prevention-renforcee-2887

    #viol #viols #culture_du_viol #femmes #violence #violences_sexuelles #agression #agressions #Eurovision #harcèlement