Sans un nomade marocain et son coup d’oeil hors du commun, nous n’en saurions pas autant sur les débuts de la vie sur Terre.
Comment font les paléontologues pour écrire l’histoire de la Vie ? Ils cherchent des fossiles, les trient, les classent, les étudient, puis, à partir de cette matière première appelée registre fossile, reconstituent patiemment notre histoire, comme on place de petites pièces sur un immense puzzle. Sans fossiles, il n’y a pas de grande image. Avec des fossiles peu nombreux ou en mauvais état, l’image est floue ou inexacte.
La découverte d’un nouveau gisement de fossiles est donc un événement scientifique majeur. Plus encore quand il s’agit d’un site à préservation exceptionnelle, où l’on trouve des fossiles si parfaitement conservés que même leurs organes sont encore en bon état. Jusqu’à 2010, on comptait cinq de ces sites à travers le monde (l’un d’eux est en France, à La-Voulte-sur-Rhône en Ardèche). Bertrand Lefebvre, paléontologue au Laboratoire de géologie de Lyon Terre, Planètes, Environnement, a contribué à en placer un sixième sur la carte : le gisement des Fezouata, au Maroc. Mais sans un nomade du nom de Mohamed Oussaid Ben Moula, dit Ben Saïd, cette incroyable découverte n’aurait jamais eu lieu.