• #Université, service public ou secteur productif ?

    L’#annonce d’une “vraie #révolution de l’Enseignement Supérieur et la Recherche” traduit le passage, organisé par un bloc hégémonique, d’un service public reposant sur des #carrières, des #programmes et des diplômes à l’imposition autoritaire d’un #modèle_productif, au détriment de la #profession.

    L’annonce d’une « #vraie_révolution » de l’Enseignement Supérieur et la Recherche (ESR) par Emmanuel Macron le 7 décembre, a pour objet, annonce-t-il, d’« ouvrir l’acte 2 de l’#autonomie et d’aller vers la #vraie_autonomie avec des vrais contrats pluriannuels où on a une #gouvernance qui est réformée » sans recours à la loi, avec un agenda sur dix-huit mois et sans modifications de la trajectoire budgétaire. Le président sera accompagné par un #Conseil_présidentiel_de_la_science, composé de scientifiques ayant tous les gages de reconnaissance, mais sans avoir de lien aux instances professionnelles élues des personnels concernés. Ce Conseil pilotera la mise en œuvre de cette « révolution », à savoir transformer les universités, en s’appuyant sur celles composant un bloc d’#excellence, et réduire le #CNRS en une #agence_de_moyen. Les composantes de cette grande transformation déjà engagée sont connues. Elle se fera sans, voire contre, la profession qui était auparavant centrale. Notre objet ici n’est ni de la commenter, ni d’en reprendre l’historique (Voir Charle 2021).

    Nous en proposons un éclairage mésoéconomique que ne perçoit ni la perspective macroéconomique qui pense à partir des agrégats, des valeurs d’ensemble ni l’analyse microéconomique qui part de l’agent et de son action individuelle. Penser en termes de mésoéconomie permet de qualifier d’autres logiques, d’autres organisations, et notamment de voir comment les dynamiques d’ensemble affectent sans déterminisme ce qui s’organise à l’échelle méso, et comment les actions d’acteurs structurent, elles aussi, les dynamiques méso.

    La transformation de la régulation administrée du #système_éducatif, dont nombre de règles perdurent, et l’émergence d’une #régulation_néolibérale de l’ESR, qui érode ces règles, procède par trois canaux : transformation du #travail et des modalités de construction des #carrières ; mise en #concurrence des établissements ; projection dans l’avenir du bloc hégémonique (i.e. les nouveaux managers). L’action de ces trois canaux forment une configuration nouvelle pour l’ESR qui devient un secteur de production, remodelant le système éducatif hier porté par l’État social. Il s’agissait de reproduire la population qualifiée sous l’égide de l’État. Aujourd’hui, nous sommes dans une nouvelle phase du #capitalisme, et cette reproduction est arrimée à l’accumulation du capital dans la perspective de #rentabilisation des #connaissances et de contrôle des professionnels qui l’assurent.

    Le couplage de l’évolution du système d’ESR avec la dynamique de l’#accumulation, constitue une nouvelle articulation avec le régime macro. Cela engendre toutefois des #contradictions majeures qui forment les conditions d’une #dégradation rapide de l’ESR.

    Co-construction historique du système éducatif français par les enseignants et l’État

    Depuis la Révolution française, le système éducatif français s’est déployé sur la base d’une régulation administrée, endogène, co-construite par le corps enseignant et l’État ; la profession en assumant de fait la charge déléguée par l’État (Musselin, 2022). Historiquement, elle a permis la croissance des niveaux d’éducation successifs par de la dépense publique (Michel, 2002). L’allongement historique de la scolarité (fig.1) a permis de façonner la force de travail, facteur décisif des gains de productivité au cœur de la croissance industrielle passée. L’éducation, et progressivement l’ESR, jouent un rôle structurant dans la reproduction de la force de travail et plus largement de la reproduction de la société - stratifications sociales incluses.

    À la fin des années 1960, l’expansion du secondaire se poursuit dans un contexte où la détention de diplômes devient un avantage pour s’insérer dans l’emploi. D’abord pour la bourgeoisie. La massification du supérieur intervient après les années 1980. C’est un phénomène décisif, visible dès les années 1970. Rapidement cela va télescoper une période d’austérité budgétaire. Au cours des années 2000, le pilotage de l’université, basé jusque-là sur l’ensemble du système éducatif et piloté par la profession (pour une version détaillée), s’est effacé au profit d’un pilotage pour et par la recherche, en lien étroit avec le régime d’accumulation financiarisé dans les pays de l’OCDE. Dans ce cadre, l’activité économique est orientée par l’extraction de la valeur financière, c’est à dire principalement par les marchés de capitaux et non par l’activité productive (Voir notamment Clévenot 2008).
    L’ESR : formation d’un secteur productif orienté par la recherche

    La #massification du supérieur rencontre rapidement plusieurs obstacles. Les effectifs étudiants progressent plus vite que ceux des encadrants (Piketty met à jour un graphique révélateur), ce qui entrave la qualité de la formation. La baisse du #taux_d’encadrement déclenche une phase de diminution de la dépense moyenne, car dans l’ESR le travail est un quasi-coût fixe ; avant que ce ne soit pour cette raison les statuts et donc la rémunération du travail qui soient visés. Ceci alors que pourtant il y a une corrélation étroite entre taux d’encadrement et #qualité_de_l’emploi. L’INSEE montre ainsi que le diplôme est un facteur d’amélioration de la productivité, alors que la productivité plonge en France (voir Aussilloux et al. (2020) et Guadalupe et al. 2022).

    Par ailleurs, la massification entraine une demande de différenciation de la part les classes dominantes qui perçoivent le #diplôme comme un des instruments de la reproduction stratifiée de la population. C’est ainsi qu’elles se détournent largement des filières et des établissements massifiés, qui n’assurent plus la fonction de « distinction » (voir le cas exemplaire des effectifs des #écoles_de_commerce et #grandes_écoles).

    Dans le même temps la dynamique de l’accumulation suppose une population formée par l’ESR (i.e. un niveau de diplomation croissant). Cela se traduit par l’insistance des entreprises à définir elles-mêmes les formations supérieures (i.e. à demander des salariés immédiatement aptes à une activité productive, spécialisés). En effet la connaissance, incorporée par les travailleurs, est devenue un actif stratégique majeur pour les entreprises.

    C’est là qu’apparaît une rupture dans l’ESR. Cette rupture est celle de la remise en cause d’un #service_public dont l’organisation est administrée, et dont le pouvoir sur les carrières des personnels, sur la définition des programmes et des diplômes, sur la direction des établissements etc. s’estompe, au profit d’une organisation qui revêt des formes d’un #secteur_productif.

    Depuis la #LRU (2007) puis la #LPR (2020) et la vague qui s’annonce, on peut identifier plusieurs lignes de #transformation, la #mise_en_concurrence conduisant à une adaptation des personnels et des établissements. Au premier titre se trouvent les instruments de #pilotage par la #performance et l’#évaluation. À cela s’ajoute la concurrence entre établissements pour l’#accès_aux_financements (type #Idex, #PIA etc.), aux meilleures candidatures étudiantes, aux #labels et la concurrence entre les personnels, pour l’accès aux #dotations (cf. agences de programmes, type #ANR, #ERC) et l’accès aux des postes de titulaires. Enfin le pouvoir accru des hiérarchies, s’exerce aux dépens de la #collégialité.

    La généralisation de l’évaluation et de la #sélection permanente s’opère au moyen d’#indicateurs permettant de classer. Gingras évoque une #Fièvre_de_l’évaluation, qui devient une référence définissant des #standards_de_qualité, utilisés pour distribuer des ressources réduites. Il y a là un instrument de #discipline agissant sur les #conduites_individuelles (voir Clémentine Gozlan). L’important mouvement de #fusion des universités est ainsi lié à la recherche d’un registre de performance déconnecté de l’activité courante de formation (être université de rang mondial ou d’université de recherche), cela condensé sous la menace du #classement_de_Shanghai, pourtant créé dans un tout autre but.

    La remise en question du caractère national des diplômes, revenant sur les compromis forgés dans le temps long entre les professions et l’État (Kouamé et al. 2023), quant à elle, assoit la mise en concurrence des établissements qui dépossède en retour la profession au profit des directions d’établissement.

    La dynamique de #mise_en_concurrence par les instruments transforme les carrières et la relation d’#emploi, qui reposaient sur une norme commune, administrée par des instances élues, non sans conflit. Cela fonctionne par des instruments, au sens de Lascoumes et Legalès, mais aussi parce que les acteurs les utilisent. Le discours du 7 décembre est éloquent à propos de la transformation des #statuts pour assurer le #pilotage_stratégique non par la profession mais par des directions d’établissements :

    "Et moi, je souhaite que les universités qui y sont prêtes et qui le veulent fassent des propositions les plus audacieuses et permettent de gérer la #ressource_humaine (…) la ministre m’a interdit de prononcer le mot statut. (…) Donc je n’ai pas dit qu’on allait réformer les statuts (…) moi, je vous invite très sincèrement, vous êtes beaucoup plus intelligents que moi, tous dans cette salle, à les changer vous-mêmes."

    La démarche est caractéristique du #new_management_public : une norme centrale formulée sur le registre non discutable d’une prétérition qui renvoie aux personnes concernées, celles-là même qui la refuse, l’injonction de s’amputer (Bechtold-Rognon & Lamarche, 2011).

    Une des clés est le transfert de gestion des personnels aux établissements alors autonomes : les carrières, mais aussi la #gouvernance, échappent progressivement aux instances professionnelles élues. Il y a un processus de mise aux normes du travail de recherche, chercheurs/chercheuses constituant une main d’œuvre qui est atypique en termes de formation, de types de production fortement marqués par l’incertitude, de difficulté à en évaluer la productivité en particulier à court terme. Ce processus est un marqueur de la transformation qui opère, à savoir, un processus de transformation en un secteur. La #pénurie de moyen public est un puissant levier pour que les directions d’établissement acceptent les #règles_dérogatoires (cf. nouveaux contrats de non titulaires ainsi que les rapports qui ont proposé de spécialiser voire de moduler des services).

    On a pu observer depuis la LRU et de façon active depuis la LPR, à la #destruction régulière du #compromis_social noué entre l’État social et le monde enseignant. La perte spectaculaire de #pouvoir_d’achat des universitaires, qui remonte plus loin historiquement, en est l’un des signaux de fond. Il sera progressivement articulé avec l’éclatement de la relation d’emploi (diminution de la part de l’emploi sous statut, #dévalorisation_du_travail etc.).

    Arrimer l’ESR au #régime_d’accumulation, une visée utilitariste

    L’État est un acteur essentiel dans l’émergence de la production de connaissance, hier comme commun, désormais comme résultat, ou produit, d’un secteur productif. En dérégulant l’ESR, le principal appareil de cette production, l’État délaisse la priorité accordée à la montée de la qualification de la population active, au profit d’un #pilotage_par_la_recherche. Ce faisant, il radicalise des dualités anciennes entre système éducatif pour l’élite et pour la masse, entre recherche utile à l’industrie et recherche vue comme activité intellectuelle (cf. la place des SHS), etc.

    La croissance des effectifs étudiants sur une période assez longue, s’est faite à moyens constants avec des effectifs titulaires qui ne permettent pas de maintenir la qualité du travail de formation (cf. figure 2). L’existence de gisements de productivité supposés, à savoir d’une partie de temps de travail des enseignants-chercheurs inutilisé, a conduit à une pénurie de poste et à une recomposition de l’emploi : alourdissement des tâches des personnels statutaires pour un #temps_de_travail identique et développement de l’#emploi_hors_statut. Carpentier & Picard ont récemment montré, qu’en France comme ailleurs, le recours au #précariat s’est généralisé, participant par ce fait même à l’effritement du #corps_professionnel qui n’a plus été à même d’assurer ni sa reproduction ni ses missions de formation.

    C’est le résultat de l’évolution longue. L’#enseignement est la part délaissée, et les étudiants et étudiantes ne sont plus au cœur des #politiques_universitaires : ni par la #dotation accordée par étudiant, ni pour ce qui structure la carrière des universitaires (rythmée par des enjeux de recherche), et encore moins pour les dotations complémentaires (associées à une excellence en recherche). Ce mouvement se met toutefois en œuvre en dehors de la formation des élites qui passent en France majoritairement par les grandes écoles (Charle et Soulié, 2015). Dès lors que les étudiants cessaient d’être le principe organisateur de l’ESR dans les universités, la #recherche pouvait s’y substituer. Cela intervient avec une nouvelle convention de qualité de la recherche. La mise en œuvre de ce principe concurrentiel, initialement limité au financement sur projets, a été élargie à la régulation des carrières.

    La connaissance, et de façon concrète le niveau de diplôme des salariés, est devenu une clé de la compétitivité, voire, pour les gouvernements, de la perspective de croissance. Alors que le travail de recherche tend à devenir une compétence générale du travail qualifié, son rôle croissant dans le régime d’accumulation pousse à la transformation du rapport social de travail de l’ESR.

    C’est à partir du système d’#innovation, en ce que la recherche permet de produire des actifs de production, que l’appariement entre recherche et profit participe d’une dynamique nouvelle du régime d’accumulation.

    Cette dynamique est pilotée par l’évolution jointe du #capitalisme_financiarisé (primauté du profit actionnarial sur le profit industriel) et du capitalisme intensif en connaissance. Les profits futurs des entreprises, incertains, sont liés d’une part aux investissements présents, dont le coût élevé repose sur la financiarisation tout en l’accélérant, et d’autre part au travail de recherche, dont le contrôle échappe au régime historique de croissance de la productivité. La diffusion des compétences du travail de recherche, avec la montée des qualifications des travailleurs, et l’accumulation de connaissances sur lequel il repose, deviennent primordiaux, faisant surgir la transformation du contenu du travail par l’élévation de sa qualité dans une division du travail qui vise pourtant à l’économiser. Cela engendre une forte tension sur la production des savoirs et les systèmes de transmission du savoir qui les traduisent en connaissances et compétences.

    Le travail de recherche devenant une compétence stratégique du travail dans tous les secteurs d’activité, les questions posées au secteur de recherche en termes de mesure de l’#efficacité deviennent des questions générales. L’enjeu en est l’adoption d’une norme d’évaluation que les marchés soient capables de faire circuler parmi les secteurs et les activités consommatrices de connaissances.

    Un régime face à ses contradictions

    Cette transformation de la recherche en un secteur, arrimé au régime d’accumulation, suppose un nouveau compromis institutionnalisé. Mais, menée par une politique néolibérale, elle se heurte à plusieurs contradictions majeures qui détruisent les conditions de sa stabilisation sans que les principes d’une régulation propre ne parviennent à émerger.

    Quand la normalisation du travail de recherche dévalorise l’activité et les personnels

    Durant la longue période de régulation administrée, le travail de recherche a associé le principe de #liberté_académique à l’emploi à statut. L’accomplissement de ce travail a été considéré comme incompatible avec une prise en charge par le marché, ce dernier n’étant pas estimé en capacité de former un signal prix sur les services attachés à ce type de travail. Ainsi, la production de connaissance est un travail entre pairs, rattachés à des collectifs productifs. Son caractère incertain, la possibilité de l’erreur sont inscrits dans le statut ainsi que la définition de la mission (produire des connaissances pour la société, même si son accaparement privé par la bourgeoisie est structurel). La qualité de l’emploi, notamment via les statuts, a été la clé de la #régulation_professionnelle. Avec la #mise_en_concurrence_généralisée (entre établissements, entre laboratoires, entre Universités et grandes écoles, entre les personnels), le compromis productif entre les individus et les collectifs de travail est rompu, car la concurrence fait émerger la figure du #chercheur_entrepreneur, concerné par la #rentabilisation des résultats de sa recherche, via la #valorisation sous forme de #propriété_intellectuelle, voire la création de #start-up devenu objectifs de nombre d’université et du CNRS.

    La réponse publique à la #dévalorisation_salariale évoquée plus haut, passe par une construction différenciée de la #rémunération, qui rompt le compromis incarné par les emplois à statut. Le gel des rémunérations s’accompagne d’une individualisation croissante des salaires, l’accès aux ressources étant largement subordonné à l’adhésion aux dispositifs de mise en concurrence. La grille des rémunérations statutaires perd ainsi progressivement tout pouvoir organisationnel du travail. Le rétrécissement de la possibilité de travailler hors financements sur projet est indissociable du recours à du #travail_précaire. La profession a été dépossédée de sa capacité à défendre son statut et l’évolution des rémunérations, elle est inopérante à faire face à son dépècement par le bloc minoritaire.

    La contradiction intervient avec les dispositifs de concurrence qui tirent les instruments de la régulation professionnelle vers une mise aux normes marchandes pour une partie de la communauté par une autre. Ce mouvement est rendu possible par le décrochage de la rémunération du travail : le niveau de rémunération d’entrée dans la carrière pour les maîtres de conférences est ainsi passé de 2,4 SMIC dans les années 1980 à 1,24 aujourd’hui.

    Là où le statut exprimait l’impossibilité d’attacher une valeur au travail de recherche hors reconnaissance collective, il tend à devenir un travail individualisable dont le prix sélectionne les usages et les contenus. Cette transformation du travail affecte durablement ce que produit l’université.

    Produire de l’innovation et non de la connaissance comme communs

    Durant la période administrée, c’est sous l’égide de la profession que la recherche était conduite. Définissant la valeur de la connaissance, l’action collective des personnels, ratifiée par l’action publique, pose le caractère non rival de l’activité. La possibilité pour un résultat de recherche d’être utilisé par d’autres sans coût de production supplémentaire était un gage d’efficacité. Les passerelles entre recherche et innovation étaient nombreuses, accordant des droits d’exploitation, notamment à l’industrie. Dans ce cadre, le lien recherche-profit ou recherche-utilité économique, sans être ignoré, ne primait pas. Ainsi, la communauté professionnelle et les conditions de sa mise au travail correspondait à la nature de ce qui était alors produit, à savoir les connaissances comme commun. Le financement public de la recherche concordait alors avec la nature non rivale et l’incertitude radicale de (l’utilité de) ce qui est produit.

    La connaissance étant devenue un actif stratégique, sa valorisation par le marché s’est imposée comme instrument d’orientation de la recherche. Finalement dans un régime d’apparence libérale, la conduite politique est forte, c’est d’ailleurs propre d’un régime néolibéral tel que décrit notamment par Amable & Palombarini (2018). Les #appels_à_projet sélectionnent les recherches susceptibles de #valorisation_économique. Là où la #publication fait circuler les connaissances et valide le caractère non rival du produit, les classements des publications ont pour objet de trier les résultats. La priorité donnée à la protection du résultat par la propriété intellectuelle achève le processus de signalement de la bonne recherche, rompant son caractère non rival. La #rivalité exacerbe l’effectivité de l’exclusion par les prix, dont le niveau est en rapport avec les profits anticipés.

    Dans ce contexte, le positionnement des entreprises au plus près des chercheurs publics conduit à une adaptation de l’appareil de production de l’ESR, en créant des lieux (#incubateurs) qui établissent et affinent l’appariement recherche / entreprise et la #transférabilité à la #valorisation_marchande. La hiérarchisation des domaines de recherche, des communautés entre elles et en leur sein est alors inévitable. Dans ce processus, le #financement_public, qui continue d’endosser les coûts irrécouvrables de l’incertitude, opère comme un instrument de sélection et d’orientation qui autorise la mise sous contrôle de la sphère publique. L’ESR est ainsi mobilisée par l’accumulation, en voyant son autonomie (sa capacité à se réguler, à orienter les recherches) se réduire. L’incitation à la propriété intellectuelle sur les résultats de la recherche à des fins de mise en marché est un dispositif qui assure cet arrimage à l’accumulation.

    Le caractère appropriable de la recherche, devenant essentiel pour la légitimation de l’activité, internalise une forme de consentement de la communauté à la perte du contrôle des connaissances scientifiques, forme de garantie de sa circulation. Cette rupture de la non-rivalité constitue un coût collectif pour la société que les communautés scientifiques ne parviennent pas à rendre visible. De la même manière, le partage des connaissances comme principe d’efficacité par les externalités positives qu’il génère n’est pas perçu comme un principe alternatif d’efficacité. Chemin faisant, une recherche à caractère universel, régulée par des communautés, disparait au profit d’un appareil sous doté, orienté vers une utilité de court terme, relayé par la puissance publique elle-même.

    Un bloc hégémonique réduit, contre la collégialité universitaire

    En tant que mode de gouvernance, la collégialité universitaire a garanti la participation, et de fait la mobilisation des personnels, car ce n’est pas la stimulation des rémunérations qui a produit l’#engagement. Les collectifs de travail s’étaient dotés d’objectifs communs et s’étaient accordés sur la #transmission_des_savoirs et les critères de la #validation_scientifique. La #collégialité_universitaire en lien à la définition des savoirs légitimes a été la clé de la gouvernance publique. Il est indispensable de rappeler la continuité régulatrice entre liberté académique et organisation professionnelle qui rend possible le travail de recherche et en même temps le contrôle des usages de ses produits.

    Alors que l’université doit faire face à une masse d’étudiants, elle est évaluée et ses dotations sont accordées sur la base d’une activité de recherche, ce qui produit une contradiction majeure qui affecte les universités, mais pas toutes. Il s’effectue un processus de #différenciation_territoriale, avec une masse d’établissements en souffrance et un petit nombre qui a été retenu pour former l’élite. Les travaux de géographes sur les #inégalités_territoriales montrent la très forte concentration sur quelques pôles laissant des déserts en matière de recherche. Ainsi se renforce une dualité entre des universités portées vers des stratégies d’#élite et d’autres conduites à accepter une #secondarisation_du_supérieur. Une forme de hiatus entre les besoins technologiques et scientifiques massifs et le #décrochage_éducatif commence à être diagnostiquée.

    La sectorisation de l’ESR, et le pouvoir pris par un bloc hégémonique réduit auquel participent certaines universités dans l’espoir de ne pas être reléguées, ont procédé par l’appropriation de prérogatives de plus en plus larges sur les carrières, sur la valorisation de la recherche et la propriété intellectuelle, de ce qui était un commun de la recherche. En cela, les dispositifs d’excellence ont joué un rôle marquant d’affectation de moyens par une partie étroite de la profession. De cette manière, ce bloc capte des prébendes, assoit son pouvoir par la formation des normes concurrentielles qu’il contrôle et développe un rôle asymétrique sur les carrières par son rôle dominant dans l’affectation de reconnaissance professionnelle individualisée, en contournant les instances professionnelles. Il y a là création de nouveaux périmètres par la norme, et la profession dans son ensemble n’a plus grande prise, elle est mise à distance des critères qui servent à son nouveau fonctionnement et à la mesure de la performance.

    Les dispositifs mis en place au nom de l’#excellence_scientifique sont des instruments pour ceux qui peuvent s’en emparer et définissant les critères de sélection selon leur représentation, exercent une domination concurrentielle en sélectionnant les élites futures. Il est alors essentiel d’intégrer les Clubs qui en seront issus. Il y a là une #sociologie_des_élites à préciser sur la construction d’#UDICE, club des 10 universités dites d’excellence. L’évaluation de la performance détermine gagnants et perdants, via des labels, qui couronnent des processus de sélection, et assoit le pouvoir oligopolistique et les élites qui l’ont porté, souvent contre la masse de la profession (Musselin, 2017).

    Le jeu des acteurs dominants, en lien étroit avec le pouvoir politique qui les reconnait et les renforce dans cette position, au moyen d’instruments de #rationalisation de l’allocation de moyens pénuriques permet de définir un nouvel espace pour ceux-ci, ségrégué du reste de l’ESR, démarche qui est justifié par son arrimage au régime d’accumulation. Ce processus s’achève avec une forme de séparatisme du nouveau bloc hégémonique composé par ces managers de l’ESR, composante minoritaire qui correspond d’une certaine mesure au bloc bourgeois. Celles- et ceux-là même qui applaudissent le discours présidentiel annonçant la révolution dont un petit fragment tirera du feu peu de marrons, mais qui seront sans doute pour eux très lucratifs. Toutefois le scénario ainsi décrit dans sa tendance contradictoire pour ne pas dire délétère ne doit pas faire oublier que les communautés scientifiques perdurent, même si elles souffrent. La trajectoire choisie de sectorisation déstabilise l’ESR sans ouvrir d’espace pour un compromis ni avec les personnels ni pour la formation. En l’état, les conditions d’émergence d’un nouveau régime pour l’ESR, reliant son fonctionnement et sa visée pour la société ne sont pas réunies, en particulier parce que la #rupture se fait contre la profession et que c’est pourtant elle qui reste au cœur de la production.

    https://laviedesidees.fr/Universite-service-public-ou-secteur-productif
    #ESR #facs #souffrance

  • Pourquoi la #vaccination contre certains virus (par exemple ceux de la #fièvre_jaune et de la #rougeole) ne nécessite pas (ou nécessite peu) d’être renouvelée, contrairement à d’autres virus (celui de la #grippe, du #Covid-19...) ?

    Réponse d’un ami :

    « Ces #virus possèdent des surfaces très stables qui ne tolèrent aucune modification… du coup quand ils mutent , ils ne pénètrent plus les cellules hôtes, et ne sont donc plus pathogènes, »

    #vaccins #vaccin

  • Au Nigeria, les camps de déplacés face à l’urgence sanitaire
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/12/07/au-nigeria-les-camps-de-deplaces-face-a-l-urgence-sanitaire_6062536_3212.htm

    Rentrer chez elle, Anita n’y songe même pas. « C’est trop dangereux. Souvent, ceux qui partent pour reprendre la culture de leurs champs ne reviennent pas. Au moins ici nous avons accès à une clinique et nous recevons parfois une aide alimentaire », considère la vieille femme, affaiblie par une vie de labeur et de privations. La nuit, jusqu’à 30 familles s’entassent dans une seule pièce humide. Faute de place, beaucoup sont forcés de dormir dehors, souvent à même le sol, comme Anita à son arrivée au camp. Avant avril, l’hygiène générale était déplorable, aux dires de la population et des quelques travailleurs humanitaires présents sur place. « Vous n’auriez pas pu poser un pied devant l’autre », assure Josephine Pitila, qui a enquêté sur l’hygiène des plus de 13 000 habitants du camp de Daudu 2 pour le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef). « Il y avait des excréments humains et des ordures partout, jusque là où les enfants dorment. C’était terrible », résume l’humanitaire.
    Au début de la pandémie de Covid-19, le gouvernement local et les bailleurs de fonds « se sont énormément inquiétés » de la situation de ces agriculteurs déplacés, toujours plus nombreux. « Nous avons lancé une campagne de sensibilisation sur les questions d’hygiène », indique Toyin Adesina, qui gère le programme « Water Acces, Sanitation, Hygiene » (WASH) dans la province de Benue. Ces derniers mois, des puits motorisés sont finalement sortis de terre, alors que les déplacés devaient jusque-là tirer l’eau à la main et en quantité bien insuffisante. Des sanitaires ont été construits, d’autres réhabilités, des points d’eau ont été installés dans chacun des camps.Regina Abaaga est l’une des volontaires formés aux bonnes pratiques d’hygiène et chargés de sensibiliser la population : « En arrivant, j’ai tout de suite vu que le camp était très sale. La seule solution, c’était de faire ses besoins dehors puis de les enterrer. » Soit le quotidien des 47 millions de personnes qui n’ont pas accès à des sanitaires salubres au Nigeria – le deuxième pire pays au monde en la matière, après l’Inde.
    Avant la sensibilisation, le lien entre mauvaise hygiène et maladies n’allait pas de soi pour beaucoup. « Maintenant, nous pensons à nous laver les mains avant de manger et il y a moins d’enfants malades », affirme Régina, un brin de fierté dans la voix. Lynn Van Beek, qui coordonne depuis mai les actions de Médecins sans frontières (MSF) pour les 7 000 habitants du camp de Mbawa, confirme que le message est bien passé : « Les gens ont très vite compris que la pandémie nécessitait d’insister sur l’hygiène. En revanche, la distanciation physique, elle, est restée totalement illusoire. » Près de la clinique agrandie récemment, « la foule reste bien trop importante » pour les bancs disposés à l’ombre d’un toit de tôle.
    Si les patients suspects sont régulièrement testés, selon Lynn Van Beek, le coronavirus est loin d’être la priorité dans le camp. « Nous n’avons jamais eu un seul cas positif au Covid-19, observe l’humanitaire. En revanche, le paludisme est à l’origine de près de 30 % des consultations. » Le docteur Sunday Oduwa voit même « beaucoup d’enfants de moins de 5 ans qui présentent de graves complications car ils ont été amenés trop tard à la clinique. » Dans son rapport annuel publié fin novembre, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’inquiète du recul de la lutte contre le paludisme, qui a fait 440 000 morts dans le monde l’an dernier. En 2019, le Nigeria (pays le plus peuplé du continent africain) comptait à lui seul 27 % des quelque 229 millions d’infections de cas que compte la planète.
    Victoria sait à quel point il est difficile de se protéger des moustiques dans les tentes étouffantes où ils pullulent. Trois de ses enfants sont tombés malades coup sur coup ces dernières semaines, malgré leur moustiquaire. Pourtant, ce matin-là, c’est contre la fièvre jaune qu’elle vient se faire vacciner avec d’autres volontaires. « Je dois piquer 200 personnes dans ce camp aujourd’hui », indique Anthanasius Gbangun, qui supervise les opérations pour le gouvernement local. Début novembre, la maladie mortelle a refait son apparition dans quatre Etats du Nigeria – dont Benue –, faisant au moins 76 victimes selon les autorités.

    #Covid-19#migrant#migration#nigeria#sante#camp#personnedeplacee#paludisme#fievrejaune#mesuresanitaire

  • Opinion | The Dangerous History of Immunoprivilege - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2020/04/12/opinion/coronavirus-immunity-passports.html?campaign_id=2&emc=edit_th_200413&instan

    The Dangerous History of Immunoprivilege

    We’ve seen what happens when people with immunity to a deadly disease are given special treatment. It isn’t pretty.

    By Kathryn Olivarius

    Ms. Olivarius is an assistant professor of history at Stanford University.

    April 12, 2020

    The article was widely discredited by public health experts and economists, as both logically dubious and ethically specious, but such thinking has already metastasized. The likes of Glenn Beck and Lt. Gov. Dan Patrick of Texas have fashioned the willingness to endure a bout with coronavirus as a patriotic, pro-economy act; Germany, Italy, and Britain are all toying with notions of “immunity passports” — proof that a person has beaten Covid-19 — that would allow people with antibodies to go back to work faster.

    That people could wield their hard-earned “immunocapital” to save the economy sounds like science fiction. But as we wait months or years for a viable vaccine, leveraging peoples’ antibodies may well be part of our economic strategy. If so, we should heed lessons from the past and beware of the potential social perils. As a historian, my research has focused on a time and place — the 19th-century Deep South — that once operated by a very similar logic, only with a far more lethal and fearsome virus: yellow fever. Immunity on a case-by-case basis did permit the economy to expand, but it did so unevenly: to the benefit of those already atop the social ladder, and at the expense of everyone else. When a raging virus collided with the forces of capitalism, immunological discrimination became just one more form of bias in a region already premised on racial, ethnic, gender and financial inequality.

    We know that epidemics and pandemics exacerbate existing inequalities. In the last three weeks, more than 16 million Americans — many of them waiters, Uber drivers, cleaners, cooks, caretakers — have filed for unemployment insurance. Meanwhile, tech executives, lawyers, and university professors like myself can sequester at home, work online, and still take home a paycheck and retain health insurance. Already, richer and poorer Americans are experiencing corona-capitalism differently.

    Once again, American politicians are arguing that viral immunity could be mobilized for economic benefit. While some version of this strategy seems possible, perhaps even likely, we should not allow an official stamp of immunity to Covid-19, or personal willingness to risk the disease, to become a prerequisite for employment. Nor should immunity be used to double down on our pre-existing social inequalities. There is already racial and geographic inequality in exposure to and testing for this virus. The most vulnerable people in our society cannot be punished twice over: first by their circumstance and then by the disease. We have been here before and we do not want to go back.

    #Coronavirus #Carte_immunité #Segregation_sociale

    • #fièvre_jaune #esclavage

      Yellow fever did not make the South into a slave society, but it widened the divide between rich and poor. High mortality, it turns out, was economically profitable for New Orleans’s most powerful citizens because yellow fever kept wage workers insecure, and so unable to bargain effectively. It’s no surprise, then, that city politicians proved unwilling to spend tax money on sanitation and quarantine efforts, and instead argued that the best solution to yellow fever was, paradoxically, more yellow fever. The burden was on the working classes to get acclimated, not on the rich and powerful to invest in safety net infrastructure.

  • Ugandans Grow Anxious Over Incidents of Deadly Viral Fever · Global Voices
    https://globalvoices.org/2018/01/24/ugandans-grow-anxious-over-incidents-of-deadly-viral-fever

    The death of nine-year-old Bridget Nalunkuuma in the central Ugandan town of Nakaseke has rattled residents who fear the girl may have suffered from Crimean-Congo Hemorrhagic Fever.

    Eight other people have reportedly died in recent months after experiencing similar symptoms.

    Present in Sub-Saharan Africa, parts of the Middle East and Asia, Crimean-Congo Hemorrhagic Fever is transmitted through insect bites or direct contact with bodily fluids of an infected person or animal. It bears symptoms similar to Ebola, the deadly viral infection that killed 11,217 people in three West African countries in 2014. But they are not in the same viral family.

    #ouganda #santé #fièvre_hémorragique #épidémies

  • Dead Mall: A mall with a high vacancy rate, low consumer traffic level, or is dated or deteriorating in some manner. For purposes of inclusion on this site, Deadmalls.com defines a dead mall as one having a occupancy rate in slow or steady decline of 70% or less.
    http://deadmalls.com/index.html
    Mais qu’est-ce qu’on va faire des centres commerciaux ??
    par Sébastien Navarro dans @cqfd n°152
    #récession #fièvre_acheteuse #centres_commerciaux #enseignes #friches_urbaines #consumérisme #cauchemar_climatisé
    Que notre règne arrive


    https://www.noosfere.org/icarus/livres/niourf.asp?NumLivre=2146570128
    #JG_Ballard

    • Nous avons donc de bonnes raisons de nous opposer à ces mégacentres commerciaux qui sont autant de grand projets inutiles imposés tout comme les complexes géants de cinéma, les aéroports comme celui de Notre-Dame-desLandes, les stades géants comme OL-land, etc. On ne peut donc que se réjouir que se développent partout en Europe des résistances contre ces projets. Ces mégacentres déferlent sur l’Europe parce qu’ils régressent fortement aux états-Unis. Sur plus de 11000 malls, un tiers a fait faillite, non pas en raison de la crise mais de la saturation du désir. Ne boudons donc pas notre plaisir face à ces échecs que subissent le capitalisme et le productivisme, mais avouons cependant que la plus forte probabilité n’est pas celle du passage vers une société écologiquement et socialement responsable, vers un éco-socialisme, un socialisme gourmand (par opposition au socialisme de la misère et de la grisaille des gauches productivistes), mais celle de l’adaptation de la planète et de l’humanité avec les courants transhumanistes, aux besoins du capitalisme et du productivisme. On peut le dire autrement : malgré ces crises, malgré le pic de pétrole, malgré la récession, ce système ne s’effondrera pas de lui-même (du moins pas avant d’avoir été jusqu’au bout de sa propre logique d’accumulation, de marchandisation, de mortification).

      #Paul_Ariès
      http://www.kairospresse.be/article/le-buen-vivir-contre-les-megacentres-commerciaux

  • A quoi servent donc ces cameras intégrées aux panneaux publicitaires de Clear Channel ?
    https://www.rtbf.be/info/regions/bruxelles/detail_a-quoi-servent-donc-ces-cameras-integrees-aux-panneaux-publicitaires-de-

    Dix panneaux publicitaires à écran tactile avec caméra intégrée viennent d’être installés par la société Clear Channel qui loue ces espaces publicitaires. Ce procédé interpelle. Céline Delforge, députée bruxelloise Ecolo, attendait patiemment le tram à l’arrêt Louise quand elle découvre « dans un montant (du panneau), un objectif caché discrètement derrière la vitre teintée. » La caméra comme « miroir de l’image en temps réel » Ces caméras seraient couplées à des écrans tactiles. Michel Jadoul, directeur Marketing (...)

    #Clear_Channel #CCTV #vidéo-surveillance

  • #Espagne : un mort de la #fièvre_du_Congo après une piqure de #tique

    Pour la première fois en Espagne, un homme est mort de fièvre hémorragique de Crimée-Congo transmise par une tique et une infirmière qui l’a soigné a également contracté la maladie, ont annoncé jeudi les autorités.

    http://www.courrierinternational.com/sites/ci_master/files/styles/image_original_765/public/afp/3066801f1272794e35a14dc1d39e1efb12cacce9.jpg?itok=4TyukKRF
    http://www.courrierinternational.com/depeche/espagne-un-mort-de-la-fievre-du-congo-apres-une-piqure-de-tiq
    #santé

  • Can You Stop Disease With Smart Devices ? - Fortune

    http://fortune.com/2015/12/28/stop-disease-smart-devices

    Intéressant mais juste « un peu » inquiétant tout de même.

    https://fortunedotcom.files.wordpress.com/2015/12/tec_map2.jpg?quality=80

    WHAT: Track the spread of disease using connected thermometers.

    THE PROBLEM: For public health officials, tracking how a disease spreads is as important as understanding its symptoms. But today’s methods are unreliable or too slow.

    THE PROPONENT: Kinsa CEO Inder Singh believes that giving away a low-cost, Internet-connected thermometer to the parents of schoolchildren will enable his company to reliably track the spread of illness—no pediatrician necessary.

    #santé #contrôle #surveillance #vie_privée #new_york #états-unis #fièvre

  • Ebola : comment un algorithme a détecté l’épidémie avant l’homme
    http://lesclesdedemain.lemonde.fr/revue-de-web/ebola-comment-un-algorithme-a-detecte-l-epidemie-avant-l-hom

    Afin de détecter les épidémies naissantes, l’outil, doté d’une intelligence artificielle et d’une capacité d’apprentissage, s’appuie sur des montagnes de données issues des médias sociaux, des sites gouvernementaux, spécialisés et des organisations de santé internationales. Healthmap passe également au peigne fin les comptes Twitter et les blogs personnels des professionnels de la santé opérant dans des zones touchées.

    http://healthmap.org
    http://vimeo.com/27433633

    #Algorithme #Big_data #Cartographie #Fièvre_hémorragique_Ebola #Numérique #Santé #Épidémie #Épidémiologie

    • je ne comprends pas bien, car 9 jours c’est sans doute aussi à peu près le temps qu’il a fallu à l’OMS pour valider ses infos avant de faire une annonce

    • Oui, bonne remarque... Mais deux choses :

      – d’abord on pourrait considérer que le temps de validation des résultats par l’OMS fait parti de la période où l’épidémie est inconnue, là où l’algorithme l’a déjà annoncée (et validé à sa manière). Mais bien entendu ça n’a rien à voir en terme de rigueur.

      – mais finalement, et en dépit du titre de l’article comme toujours réducteur, c’est à mon sens moins le fait qu’il l’a « prédit » avant ou en même temps que l’OMS qui est intéressant, que simplement sa faculté à identifier l’information dans la masse de données décrite. Enfin moi c’est ce qui m’impressionne. Mais d’ailleurs il faudrait voir combien d’erreurs il commet (fausse alerte et alerte manquée) pour une réussite comme celle là.
      En même temps il faut dire que l’on connaissait déjà ça de Google avec son outils de suivi des grippes :
      http://www.google.org/flutrends
      http://www.google.org/flutrends/about/how.html

      Nous avons remarqué que certains termes de recherche étaient des indicateurs efficaces de la propagation de la grippe. Google Suivi de la grippe rassemble donc des données de recherche Google pour fournir une estimation quasiment en temps réel de cette propagation à l’échelle mondiale.

    • justement une petite recherche dans les archives de seenthis sur « google grippe » aurait tendance à montrer que ça ne marche pas si bien qu’on l’a fait (voulu) croire

    • Ah oui... en effet ! Merci. Donc en particulier :
      http://alireailleurs.tumblr.com/post/82132062669/big-data-faisons-nous-une-grosse-erreur-ft-com

      J’en profite pour ajouter à titre (faussement) exhaustif et donc discutable :
      Cell-Phone Data Might Help Predict Ebola’s Spread
      http://www.technologyreview.com/news/530296/cell-phone-data-might-help-predict-ebolas-spread

      A West African mobile carrier has given researchers access to data gleaned from cell phones in Senegal, providing a window into regional population movements that could help predict the spread of Ebola.

      Et du dernier lien on peut aussi penser à ce que je lisais ce matin :
      http://seenthis.net/messages/203945

      Cela signifie qu’à partir d’un profil d’usage de votre téléphone, pris comme une simple ligne de chiffres dans une énorme base de données où chacun paraît protégé par la masse, on peut en déduire vos caractéristiques psychologiques… c’est-à-dire des choses qui n’ont rien à voir avec l’usage de votre mobile a priori. Et pourtant… Votre personnalité se dévoile dans le moindre de vos comportements et à l’heure où tous nos comportements sont enregistrés, nos personnalités sont dans toutes les traces de nos activités.