• Réfugiés : #Riace, village d’accueil résistant à la haine

    #Riace, village de #Calabre, est connu pour avoir accueilli beaucoup de réfugiés, facilitant leur insertion, mais aussi pour la haine dont l’extrême droite a fait preuve pour combattre par tous les moyens cette action humanitaire. En vain. Deux films, de Shu Aiello et Catherine Catella, en rendent compte. Rencontre avec #Shu_Aiello.

    Il y a bien longtemps, un village de la pointe de la botte italienne (l’orteil de la botte, dit-on), en Calabre, se mourrait, quand, soudain, le 1er juillet 1998, une embarcation accosta, avec 200 migrants kurdes à bord. Le prêtre de Riace, 2000 habitants, demanda alors à un homme de la paroisse, Domenico Lucano, dit Mimmo, 40 ans, d’organiser l’accueil. Il fallut aménager des logements vacants (une centaine), assurer l’alphabétisation, insérer par diverses activités et par le travail. Mimmo s’acquitte si bien de la tâche qu’il est élu maire en 2004, réélu en 2009 et en 2014. Mais Riace est devenu un modèle dans toute l’Italie (et même en Europe), des milliers de migrants sont passés par là, ont été accueillis, hébergés, et ont été régularisés. L’Union Européenne a voulu accompagner le processus. Sauf que cela défrise l’extrême droite qui, après l’accession au pouvoir de Matteo Salvini, en 2018, va s’employer à briser les reins à cette expérience extraordinaire, en s’attaquant au fer de lance, Mimmo, en le discréditant. Non seulement ce dernier est accusé injustement de n’avoir pas respecté certaines règles administratives, mais encore un opposant de droite est promu par Salvini et soutenu pour être élu maire afin que le "modèle Riace" s’écroule. Mimmo, poursuivi en justice, est lourdement condamné (prison ferme) jusqu’à ce qu’une instance d’appel le blanchisse.

    Cette histoire incroyable, du village et de son maire, a été magnifiquement racontée dans deux films : Un paese di Calabria, puis récemment Un paese di Resistenza, tous deux réalisés par Shu Aiello et Catherine Catella. Shu Aiello, qui est autant à l’aise en Italie qu’en France (originaire comme sa co-réalisatrice du sud de l’Italie), accompagne son film dans une tournée dans toute la France : elle était à Auch (Gers) le 8 janvier. Je présente ici les deux films et la rencontre avec Shu.

    Aujourd’hui, Mimmo a non seulement été réélu le 9 juin dernier maire de Riace, pour un quatrième mandat (après l’interlude de la droite extrême) mais, le même jour, il a été élu député européen sur la liste de l’Alliance des Verts et de la Gauche. En 2016, le magazine Fortune l’a classé comme l’une des 50 personnalités les plus importantes au monde, et il a reçu en 2017 le prix Dresde pour la Paix.

    La solidarité dont une partie de la population de Riace a fait preuve est un exemple pour tous les militantes et militants des droits humains, de par le monde, et la façon dont l’extrême droite a tenté de salir et de détruire ce beau projet mérite d’être connue afin que les manœuvres des activistes fascisants soient anticipées et contrecarrées.
    Un paese di Calabria, quand Riace est revenu à la vie

    Ce film, sorti en 2016, réalisé par Shu Aiello et Catherine Catella, s’ouvre sur des paysages arides, plantés d’oliviers, des maisons abandonnées au bord de la mer. Un jour, 200 migrants, kurdes, ont accosté sur la plage, après huit jours de mer. Ce jour-là, une vieille femme pleurait : elle ne voulait pas descendre du bateau mais retourner en Turquie. Un exilé a raconté : les Libyens nous ont jetés à la mer, nous avons été emportés par les vagues puis secourus avant d’être débarqués ici. Avec un sourire nerveux, un Africain raconte avoir caboté en mer pendant six jours sur une embarcation « gâtée », des femmes, des enfants, on n’a pas mangé ni bu pendant six jours, on était tout maigres en arrivant, raconte-t-il toujours avec ce sourire gênant. Certains sont tombés à l’eau : « ça fait souffrir, dit-il, tellement des gens sont morts ».

    Le village d’accueil, dans la province de Reggio de Calabre, très beau, aux murs de pierres et aux ruelles étroites, est depuis devenu célèbre : il s’agit de Riace. Les plus vieux villageois ne parlent pas italien, mais seulement calabrais. Baïram, kurde, dit qu’en arrivant ici il se croyait au Kurdistan, ressemblance géographique et culturelle.

    La mafia régionale, la ‘Ndrangheta cherche à faire fuir ces migrants qui dérangent son trafic. Cette mafia existe depuis 1861 mais elle n’est reconnue comme telle que depuis une loi de 2010. On aperçoit des fresques murales : « contre ‘Ndrangheta on se donne la main ». Si l’on comprend que les habitants rejettent la ‘Ndrangheta, on ne voit pas bien dans le film quelles sont ses activités et son impact. En tout cas, Riace est la seule ville de la région qui a porté plainte contre cette mafia. Un commerçant avait été tué parce qu’il avait refusé de baisser le rideau de son magasin pour les obsèques d’un personnage important de la mafia.

    Domenico Lucano, le maire, dit qu’au Moyen-Âge déjà les gens arrivaient par la mer : les côtes de la Méditerranée ont été une succession de peuples. Des opposants ont commis des actes graves pour s’opposer à cette arrivée d’étrangers : kiosque et voitures brûlés, intimidations. Il confie qu’il a découvert et compris ce que sont les classes sociales quand un mineur de Riace est mort de la silicose : « j’ai compris, j’ai choisi alors le camp des plus faibles ».

    La réalisatrice interroge les migrants sur les raisons de leur exil : l’un est parti sans rien dire, même pas à sa mère ; un autre avait perdu son père, et sa mère était maltraitante ; un troisième rentrant de la guerre a trouvé un nouveau propriétaire sur ses terres. Ils ont vécu des mois dans des camps, frappés, femmes violées (l’une a accouché à Riace).

    Le film est parsemé de cérémonies, de processions (pour les saints, Cosmo et Damiano), un peu trop longues (de même qu’une interminable discussion sur la loterie me parait sans intérêt), de la ferveur des fidèles, de baptêmes, de danses dans l’église, de sermons du curé qui liste dans sa prière toutes les nationalités accueillies. Le jour, on entend ce chant : « Faites l’aumône aux miséreux que nous sommes Nous acceptons quoique vous nous donniez Ce que vous donnez sera bénédiction pour les morts Tous les pauvres nous ont donné Les riches ne nous ont même pas jeté un bout de pain Jésus Christ tu dois les faire mourir ». Les villageois ne semblent pas s’offusquer des quelques femmes voilées. La nuit, on devine quatre hommes récitant une prière musulmane.

    On assiste à l’apprentissage de la langue (enfants et adultes). Etrangement, à la fin du film seulement, sur un panneau avant le générique, on apprend que les migrants font deux ans de formation professionnelle et d’apprentissage de la langue et perçoivent une allocation. En effet, le film ne décrit pas vraiment comment ces exilés, qui réclament du travail au maire, trouvent à s’insérer, à part Baïram qui étant charpentier s’est vu proposer un emploi dans cette activité. Beaucoup aspirent à aller ailleurs, dans les grandes villes comme Rome ou Milan. Des maisons étaient depuis longtemps abandonnées, alors le maire a monté un projet de restauration pour y loger les migrants.

    On assiste aux élections municipales de 2014 et la longue attente avant l’annonce de la réélection de Domenico pour un troisième mandat, avec pour slogan : Cent pas vers le futur, tiré d’un film Cent pas sur la vie de Peppino, allusion à l’histoire d’un jeune communiste assassiné en 1978 par la ‘Ndrangheta (100 pas était la distance entre son domicile et celui du parrain, Badalamenti). Le père de Domenico témoigne : grâce à son fils, le village a repris vie (passé de 900 à 2100 habitants en 25 ans, plus de 6000 migrants accueillis sur la période). Des migrants attendent avec anxiété les résultats du scrutin. La victoire sera fêtée avec un feu d’artifice et au son de Bella Ciao.

    En contre-point, on a le récit de Rosa Maria, qui a quitté le village en 1931 pour fuir la misère. Elle a rejoint la France et se souvient de l’attitude des Français qui se bouchaient le nez en les voyant. « On a été des milliers à quitter le pays, beaucoup ne reviendront pas, d’autres arrivent, c’est l’histoire des hommes ».

    Un paese di Resistenza, quand Riace a résisté à la haine

    Ce second film (2023) rappelle l’accostage des 200 migrants, kurdes, le 1er juillet 1998, après huit jours de mer. Domenico Lucano (Mimmo) s’était vu confier la responsabilité d’assurer leur installation à Riace, devenu le "pays de l’accueil". Mais en octobre 2018, la lumière s’éteint sur ce village, quand Mimmo, devenu maire, plusieurs fois réélu, est arrêté pour aide à l’immigration clandestine.

    Les réalisatrices sont là pour filmer une manifestation de soutien : un vieil homme danse avec une jeune femme noire, la foule crie : « Regarde Salvini ». Mimmo salue de loin, il n’a pas le droit de prendre la parole. Sa faute ? : « avoir installer des personnes sans maison, dans des maisons sans personne ». Les fonds permettant l’accueil des migrants sont bloqués, les personnels de l’association qui gère ces fonds n’ont plus de travail. Salvini savoure sa victoire et proclame à l’intention des migrants : « Préparez vos valises ». Des bus embarquent les réfugiés, les maisons sont fermées, des commerces mettent la clé sous la porte. Quelques migrants restent mais ils n’ont plus droit à rien.

    Mimmo écope de 17 chefs d’inculpation, il ne peut rester à Riace, contraint de "s’exiler" à 30 kilomètres (à Caulonia, « une distance abyssal », se plaint-il). Des habitants viennent lui rendre visite. Tout ce qu’il a contribué à créer (moulin à huile, ferme pédagogique, épicerie solidaire, tourisme solidaire, cours d’alphabétisation) est discrédité. Il a réorienté les fonds alloués, il n’avait pas le droit ; il a construit des petites maisons, mais elles n’ont pas obtenu le certificat d’habitabilité ; il voulait montrer qu’ils pouvaient être autosuffisants, mais ça n’a pas plu au nouveau pouvoir d’extrême droite. Pourtant, Riace est devenu célèbre pour tout ce qui a été fait : « nous devons être fiers d’avoir envoyé un message d’humanité au monde entier », dit Mimmo.

    Son successeur, Trifoli, manipulé par Salvini, se réjouit que le "modèle Riace" soit mort, et que la Lega soit en tête à Riace et Lampedusa. A partir de là, on est méfiant à Riace, on s’épie. Le discours de Salvini consiste à accuser tout simplement Mimmo d’avoir voulu « remplir la Calabre d’immigrés et d’oublier les Italiens ». Comme un vulgaire Bardella (à moins que ce soit l’inverse), tout sourire, Salvini fait des selfies. Il ne s’attarde pas à Riace mais une voix off nous dit qu’« un vent mauvais souffle dans les ruelles du village ». L’épicerie solidaire brûle, une fresque fraternelle est blanchie, la fontaine d’eau gratuite détruite. Une jeune femme harcèle Mimmo : « pourquoi tu vends l’Italie aux migrants ». Lors du procès de Mimmo, la salle est interdite à ses soutiens. Le tribunal refuse qu’il puisse retourner dans son village, alors qu’il n’est plus maire. Procès politique par excellence, quand on sait de surcroit que le préfet qui le poursuit devient peu après collaborateur de Salvini !

    L’avocat de Mimmo, dans une visio avec le village, déroule une tirade percutante contre les « sépulcres blanchis, les Salvini ». Il ironise sur le discours raciste consistant à dire : « aidez-les chez eux », alors que les mêmes sont complices des bombardements ou des exactions qu’ils ont subis dans leurs pays. La majorité de ces gens ne viennent pas en Europe, ils se réfugient dans les pays voisins, seule une minorité émigre, et on ose les rejeter ! Salvini installe l’intolérance, opposant immigrés et pauvres d’ici, « mais nous savons que les pauvres d’ici sont nombreux, il n’y a pas de différence entre les pauvres d’ici et ces pauvres venus d’ailleurs ». En Italie, les chômeurs n’ont droit à presque rien, et le minimum pour un retraité ne permet pas de vivre (sans oublier que Georgia Meloni a considérablement réduit sinon supprimé le revenu minimum).

    Le film nous montre régulièrement de vieilles femmes, Calabraises, se déplaçant lentement dans le village, ayant des difficultés à marcher. On mesure que le problème de Riace n’est pas les quelques exilés mais le fait que ce village populaire, où le linge pend sur des fils d’étendage tirés à travers les ruelles, se meurt. Mimmo, gravement mis en cause, est accablé, désorienté, on assiste à son découragement. Le village compte plus que tout pour lui, il ressasse les lieux et les liens qu’il aime et qu’il ne peut plus voir : la place, la mairie, les amis, la famille… Il aimerait que tout cela cesse et qu’il retrouve une vie discrète, privée. Mais bien que proscrit, il reçoit beaucoup de visites, venues de toute l’Italie, il est harcelé pour des photos qu’il accepte la mort dans l’âme (« ça ne devrait pas être une attraction touristique »). Des youyous l’acclament, Bella Ciao est souvent chanté par des soutiens qui connaissent toutes les paroles, embrassades et nouveau slogan parodiant celui de Salvini : "forza Mimmo". Mgr Giancarlo Bregantini, évêque anti-mafia, proche du Pape François, le soutient.

    Mimmo a subi trois années de calvaire judiciaire puis le procureur requiert contre lui sept ans de prison pour "association de malfaiteurs" (« sans but lucratif », ajoutent ses soutiens) : le tribunal de Locri ne suit pas, il alourdit la peine à plus de 13 ans de prison ferme (sans parler des frais de procédure et l’amende), sentence hors norme, comme s’il était un assassin. La sentence est une terrible accusation, pire que s’il avait été mafieux alors même qu’il a combattu sans relâche la Mafia. Il est applaudi par la foule, mais il ne lui échappe pas que la salle d’audience proclame, de façon parodique sans doute : « La loi est la même pour tous ». Une collecte d’argent pour payer l’amende est refusée par Mimmo qui demande que cette somme, 370 00 euros, soit virée pour que l’accueil des migrants soit relancé.

    En 2023, en appel, la sentence est levée, subsiste juste une petite condamnation avec sursis (un an et demi) pour un délit administratif mineur. Les 17 sont relaxés.

    L’intérêt du film est non seulement de découvrir cette histoire de solidarité incroyable mais aussi de prendre la mesure, plus que jamais, de ce que l’extrême droite est capable de mobiliser comme manœuvres indignes pour briser la résistance des défenseurs des droits humains. Comme on le verra ci-après, Shu Aiello a apporté des précisions qui font froid dans le dos : tous les démocrates, les militants pour la justice sociale doivent connaître cette histoire. On peut d’ailleurs regretter qu’il n’y ait pas eu davantage de solidarité à l’échelle de l’Europe quand Mimo faisait l’objet d’une telle attaque de la part de néofascistes.

    Rencontre avec Shu Aiello, réalisatrice :

    Le 8 janvier, Shu Aiello est venue présenter son film, à Ciné 32 à Auch, dans le Gers (en Occitanie). Elle raconte sa volonté, avec Catherine Catella, de filmer une « utopie réaliste », qui a duré 20 ans (ce fut le premier film). Toutes deux tournaient un film en Grèce sur l’économie vertueuse, habituées qu’elles sont de faire des films sur les alternatives, comme à Lampedusa ou à Palerme. Elles ont alors appris que le maire de Riace avait été arrêté, pour encouragement à l’immigration clandestine. Elles se sont rendues aussitôt à Riace où avait lieu une manifestation de la population pour exprimer son soutien à Domenico. Elles ont filmé parce qu’elle avait une caméra, mais ne savaient pas qu’elles feraient un film. Au bout de trois jours, elles ont compris ce qui se jouait et que cela méritait d’en rendre compte. Que l’extrême droite jette son dévolu sur un village de moins de 2000 habitants, parce qu’il faisait vivre la dignité, l’humanité, alors même que ça le rendait célèbre, méritait d’être étudié, et montré.
    Les poursuites à l’encontre de Mimmo ont frappé le village de sidération. 17 personnes du village étaient inculpées, il allait donc être difficile pour elles d’accepter d’être filmées. Par ailleurs, beaucoup ont commencé à douter, des soupçons se faisaient jour, on se méfiait des uns et des autres. Les réfugiés ont été embarqués dans des bus, ceux qui étaient déjà là et installés avaient peur, rasaient les murs. La nuit, des magasins ont brûlé. Les rues étaient désertes. Comment faire un film dans ce contexte ? Mimmo n’avait pas le droit de s’approcher du village, il était assigné à résidence à 30 kilomètres (même pour rendre visite à son épouse hospitalisée, la route le rapprochait un peu de Riace sur un tronçon, il risquait l’arrestation et ne pouvait donc l’emprunter).

    Des gens sont venus de toute l’Italie pour le soutenir et ont occupé le terrain pas pendant quelques jours, pendant les quatre années du procès : « on a vu s’organiser une résilience incroyablement têtue ». A chaque audience, des manifestations avaient lieu devant le palais de justice. Et le syndicat CGIL, la CGT italienne, a été très engagé dans ce combat, du début à la fin. C’est la CGIL qui a racheté la boucherie pour qu’elle ne disparaisse pas. Des gens âgés étaient tout le temps présents, même domiciliés à Naples ! Des prêtres et religieuses se sont mobilisés.

    Même si Mimmo était très abattu, il a tenu, grâce à cette solidarité débordante, et les deux réalisatrices aussi, car elles mesuraient qu’elles pourraient faire un film qui ne serait pas désespérant (même avant de connaître les derniers événements réconfortants).

    C’est alors qu’elles ont découvert un conteur, Carlo, qui parle très bien le calabrais, se balade et met les événements à distance (un peu comme l’avocat dans Amarcord de Fellini, qui racontait le village de Borgo).

    Shu : « on voulait titrer notre film Le Venin, pour qualifier la tactique de l’extrême droite ». En réalité, l’opposant à Lucano, Antonio Trifoli, faisait tout de même depuis longtemps 48 % contre 52 (Lucano gagnait mais ne faisait pas davantage). Trifoli ne reprochait pas à Lucano d’accueillir des migrants, il ne déroulait pas des arguments racistes, parmi ses soutiens il y avait des militants des associations d’accueil des migrants, les divergences étaient classiques, comme dans beaucoup de villages. Shu atteste qu’elle n’avait jamais entendu auparavant de propos de rejet. Mais Salvini avait deux localités en ligne de mire : Riace et Lampedusa. Des émissaires ont été envoyés sur place garantissant la victoire, le ministre se déplaçait, colportait que les migrants volaient le pain de Riace, et les insinuations à l’encontre de Domenico Lucano ont fait leur chemin et ont divisé sa liste en deux, deux listes de "gauche", temps de la division, temps du soupçon. Le prêtre du village était prêt à renommer Riace "San Damiano et San Cosmo" (les saints honorés localement), le même prêtre qui auparavant pourtant laissait les musulmans prier dans l’église (ce qui est évoqué dans le premier film).

    « Riace s’était ouvert au monde, et là c’est le monde qui entrait dans Riace à coup de bottes ». Riace était inscrit dans un programme d’accueil de migrants relevant des communes avec un financement spécifique (le SPRAR, système de protection pour réfugiés et demandeurs d’asile). Ce réseau italien finance des projets locaux qui visent à aller au-delà de la seule prise en charge de l’hébergement et de la nourriture, visant l’insertion socio-économique. Pour ce faire, une subvention est versée aux villages qui ont un tel projet, favorisant le développement du village et l’intégration des migrants : 500 villages sont concernés. Riace avait inventé le modèle, et les bénévoles avaient dû innover, construisant des dispositifs sans règles strictes, c’est ce qui a permis à Salvini qui voulait casser les reins au modèle d’attaquer en prétendant des détournements de fonds. 30 euros étaient alloués à la commune, par jour et par personne. Mimmo trouvait que c’était trop, puisqu’il avait mis en place des logements sans loyer, la distribution gratuite de l’eau (jusqu’à une certain volume de consommation), et la coopérative agricole, alors il a utilisé cette somme différemment, dans l’intérêt général. Il a monté des moulins à huile. Il a monté une petite coopérative pour organiser le ramassage des ordures avec des ânes et le tri sélectif : il lui fut reproché de n’avoir pas lancé d’appels d’offres (tandis qu’à Naples, on le sait, c’est la mafia qui gère ce secteur, en toute impunité).

    Les migrants, conformément à la réglementation italienne, pouvaient travailler, même sans papiers. Le village s’enrichissait, des jeunes qui avaient quitté jadis Riace revenaient. C’est cela qu’il fallait démonter. Alors la fontaine d’eau a été détruite. Le successeur de Mimmo s’est empressé de passer contrat avec une filiale de Veolia ! Mimmo a été condamné à 13 ans et 4 mois de prison : c’est cette condamnation totalement délirante qui a provoqué une forte mobilisation, à se demander si les juges n’ont pas fait exprès. Une condamnation à un ou deux ans, avec sursis, aurait entretenu le soupçon, mais là ce n’est pas passé, alors qu’une semaine plus tôt un mafieux de la ’Ndrangheta, accusé de proxénétisme et suspecté de meurtre avait écopé de 12 ans et demi de prison.
    Illustration 8

    Mimmo était abasourdi, démoli, il était au bord du gouffre : son père avait été l’instituteur du village (auquel il n’a pas eu le droit de rendre visite, alors qu’il était mourant), lui-même avait des valeurs fortes qui expliquent son engagement, il craignait que l’on croit aux accusations farfelues. Alors qu’il avait courageusement combattu la mafia (les menaces de mort étaient constantes, au point que son épouse dut s’éloigner du village avec les enfants), on le condamnait comme un mafieux. Même s’il a été quasiment blanchi, il ne sera réhabilité que lorsqu’un procès se tiendra contre cette procédure éhontée. Il a été aussi accusé d’avoir procédé à une mariage blanc (un jeune homme du village et une femme nigériane : ils vivent ensemble depuis 8 ans et ont quatre enfants) et d’avoir délivré des papiers pour qu’un enfant malade puisse être soigné.

    Pour Shu, ce qui s’est passé, là, « en tout petit » à Riace c’est ce qui se passe en Europe. Les gens se divisent et, en face, les autres n’ont aucun scrupule. Il est rappelé qu’en France des centres d’accueil ont été combattus par des habitants avec le soutien ou à l’instigation de l’extrême droite (Callac, dans les Côtes-d’Armor, Bélâbre, dans l’Indre, Grande-Synthe dans le Nord, ou Saint-Lys, en Haute-Garonne). Un Paese di Calabria a été présenté à Callac : les gens pleuraient, ils s’en voulaient de s’être laissés faire par les activistes d’extrême droite, dont les soutiens à Zemmour.

    Un Paese di Resistanza est visible en Italie, il circule énormément, et ce grâce à la CGIL, aux prêtres et à Mgr Bregantini. Le film a été projeté à Mimmo mais pas encore aux habitants de Riace, car il montre ce qu’a été la trahison et risque de réveiller des déchirures. Pour le moment les habitants du village ne demandent pas à le voir (excepté en privé, le droit à l’image permettant à chacun de voir comment il apparait dans le film).

    Ciné 32 organisait cette soirée en partenariat avec le CADA (centre d’accueil des demandeurs d’asile dans le Gers) et CCM32 (coordination des 14 collectifs gersois d’aide aux migrants). Tiphaine Badorc, du CADA, a expliqué le travail qu’accomplit son équipe auprès des réfugiés, puis Daniele Moune, pour CCM32, a décrit l’action totalement bénévole menée par ces collectifs et a remercié les maires (dont certains étaient dans la salle) qui aident à trouver des solutions d’hébergement. Stephane Polya-Somogyi, également pour CCM32, a évoqué les 8 familles actuellement menacées d’être à la rue (13 adultes et 11 enfants) et donné des exemples dramatiques de personnes déjà à la rue, sollicitant de l’assistance un engagement bénévole et financier.

    Les organisateurs se sont réjouis de la mobilisation des spectateurs : la salle était comble (160 personnes), ce qui à cette date de l’année est exceptionnel et en dit long (et est donc réconfortant) sur la préoccupation de bien des citoyens sur cette résistance nécessaire aux tentatives de faire taire les principes fraternels de nos Républiques, que ce soit en Italie ou en France.

    https://blogs.mediapart.fr/yves-faucoup/blog/140125/refugies-riace-village-d-accueil-resistant-la-haine

    #résistance #accueil #réfugiés #migrations #Italie #Mimmo_Lucano #Domenico_Lucano #film #film_documentaire #documentaire

    ping @_kg_

  • Bonne année !
    https://www.youtube.com/watch?v=-lDQGLlVivA

    PARTY !!!!

    D.O.A.: A Right of Passage
    https://en.m.wikipedia.org/wiki/D.O.A.:_A_Rite_of_Passage

    Directed by: Lech Kowalski
    Written by: Lech Kowalski, Chris Salewicz
    Produced by: Tom Forcade, Lech Kowalski, Mike...

    Starring
    Sex Pistols
    Generation X
    The Rich Kids
    Joe Strummer
    Nancy Spungen

    Edited by: Val Kuklowsky
    Music by: Sex Pistols
    Distributed by: Tom Norman Films (US theatrical), Harmony Vision (US VHS)

    Release date: September 12, 1980 (TIFF)
    Running time: 95 min.
    Country: United States
    Language: English

    The Films Of Lech Kowalsky
    http://www.lechkowalski.com/en

    Biographie
    http://www.lechkowalski.com/previous_site/kowalski_bio.html

    Born in 1950’s London to Polish immigrants who had fled a Russian concentration camp during World War II, Lech Kowalski grew up in a milieu of nomadic displacement.

    His family finally settled in the post-industrial city of Utica, New York. By the age of ten, still struggling to become fluent in English, he was having a difficult time in school. A few years later, Kowalski received a gift that would turn his world around: a used Super-8 camera.

    At 14, he shot his first film, The Danger Halls, about high school potheads. The film marked a sinister debut for the budding auteur, soon to embark on a bleak series of films whose aesthetic malevolence was often mirrored by Kowalski’s current thematic drug of choice. Each film that followed retained an ambivalent obsession, on camera and off, with both legal confrontation and narcotic abuse.

    By 1971, Kowalski had fled Utica for New York City where he enrolled in the School of Visual Arts and discovered his two greatest influences, Shirley Clarke and Tom Reichman, both early purveyors of cinema vérité. Clarke was a middle-class, white woman who made films about black junkies. Reichman, an impoverished genius best known for his stark 1968 film portrait of jazz legend Charles Mingus, dabbled in everything from low-rent porn to industrial gigs and sporting events. He committed suicide in 1975.

    By 25, Kowalski had shot and directed over a dozen porn loops. Although these allegedly Mafia-financed films did not survive the 1970s, veteran New York arts writer Mark Kramer, who was a featured “player” in Kowalski’s Loops of Violence, called them “Grand Guignol on a beer budget” and “a disquieting homage to anti-sex.”

    Ironically, it was the porn industry, although still in its leather diapers, to which sex seemed to mean the least. Their disdain wasn’t even disguised by death and gore; the lost souls of New York’s burgeoning porn scene just did it – and they did it cheap. In 1977, Kowalski completed his first feature-length film, Sex Stars, a documentary about NYC porn actors.

    Soon afterwards, the punk movement began to espouse a credo far more heathen than hedonistic. Kowalski, however, only became interested in punk when a toxic double assault of heroin and commercial interest had virtually bled the movement to death – hence the title of his 1981 film, Dead On Arrival (a.k.a. D.O.A.). He used the Sex Pistols’s apocalyptic tour of America as an allegorical stage on which to set his vision of an entire subculture’s downfall. His unauthorized filming of the Sex Pistols mirrored the hostile climate, resulting in footage as violent and chaotic as the tour itself. D.O.A. was saturated in an oppressively post mortem atmosphere enhanced by the unique sound editing of frequent Kowalski collaborator, Val Kuklowsky. Producer Tom Forcade, who founded High Times magazine by smuggling large quantities of grass from Central America, died of a self-inflicted gunshot wound in November of 1978, suspending D.O.A.’s release for over a year.

    In 1985, Kowalski made his most shocking film to date, Gringo. A nearly unwatchable work of cold blooded yet oddly compassionate neutrality, the film blended fictional set pieces with authentic heroin abuse, depicting the life of a notorious New York dope fiend named John Spacely. Ann Barish, wife of blockbuster film producer and Planet Hollywood creator Keith Barish, bankrolled much of the project, and through her the film garnered heated testimonials from Stacy Keach and David Keith. Matt Dillon, who was dating an ex-girlfriend of Kowalski at the time, appeared briefly in the film’s opening scene. Gringo premiered at Riker’s Island penal colony and was also shown at the White House as an anti-drug message film. With endless scenes of bloody sinks, botched injections, and vomit-soaked overdoses, it was far too extreme for most viewers. Troma Films eventually eventually released it as Story of a Junkie.

    Over the next few years the plight of Manhattan’s homeless escalated to a level no one could ignore. No stranger to poverty, Kolwalski spent months in 1989 hanging out and filming habituates of a Lower East Side soup kitchen on the verge of seizure by the New York Housing Committee. The resulting film, Rock Soup, was aired on public television but, as in the past, Kowalski’s intensity often kept the viewing public at bay. The Sundance Film Festival invited Kowalski and Rock Soup to their 1989 event and then changed their mind abruptly when the director extended the invite to a fleet of homeless people who arrived by bus from Salt Lake City. In New York, a theatrical run at Film Forum was terminated when the film’s subjects smashed the windows of an adjacent restaurant where a post-premiere celebration was being held.

    It would be over a decade before Kowalski completed another feature, Born To Lose. The film proved to be his most complex and problematic venture since D.O.A. An early showing at the 1999 Toronto Film Festival marked the beginning of the end of a decade-long struggle to dissect a story only Kowalski could properly tell: the life of proto-punk guitarist and junkie figurehead Johnny Thunders.

    Thunders, whose band flyers would exclaim “See him while he’s still alive!”, invented the sound (with the New York Dolls) upon which later punk groundbreakers like The Ramones would base their musical style. But Thunders was no ordinary junkie; he made William Burroughs look like John The Baptist by comparison. His excess – almost pornographic in nature – was miraculously managed by rock ’n’ roll thanatos, until 1991, when he was found dead in a New Orleans flophouse with ample evidence of foul play.

    Born To Lose: The Last Rock ’n’ Roll Movie, received the most critical attention of any film Kowalski had previously done. Featuring a cast of the New York punk scene’s walking wounded, the film presents a hard-edged look at Kowalski’s familiar themes. Not simply a morbid, morally vacant gaze into the reality of suicide on the installment plan, Born To Lose is a remarkably powerful human drama, and the nightmare flip side to the rock-star dream of mansion life and limousines.

    The film was the basis of my frenetic working relationship with Lech Kowalski. In 1999, I designed the film’s theatrical one-sheet, covered the Toronto event, and most importantly, after shattering both of my feet in a whiskey soaked, second-story plunge only hours after a New York advance screening of the film, allowed him to document my bloody hands and knees crawling to a midtown hospital. No one said working with Kowalski would be easy.

    Thirty years after his emergence as the American underground’s answer to Werner Herzog, Lech Kowalski is working on a dark trilogy of European projects collectively titled The Wild, Wild East. The first of these is the recently completed The Boot Factory. ("Imagine if the Sex Pistols made boots instead of music," says Kowalski.) Second is Hitler’s Highway (an unscripted road trip on a sinister route paved by the Third Reich to facilitate the invasion of Eastern Europe). And finally, The Fabulous Art of Survival, which centers on the estimated 15,000 prostitutes currently walking the streets of Poland.

    The films of Lech Kowalski are finally coming of age in a period where reality may indeed become more profitable than fiction. There currently exists a marginal audience with a strange and terrible appetite for bitter reality in films that obsessively document the horror of this sickness called the human condition. The French, who devour Charles Bukowski like America does Stephen King, respect these films. America’s taste is decidedly more saccharine. But with the success of The Blair Witch Project and confrontational films like American Beauty and Fight Club, perhaps there is a stateside future for Kowalski’s work.

    #cinéma #film_documentaire #musique #punk

  • L’#encyclopédie des migrants

    L’Encyclopédie des migrants est un projet d’expérimentation artistique à l’initiative de l’artiste #Paloma_Fernández_Sobrino, qui vise à réunir dans une encyclopédie 400 #témoignages d’#histoires_de_vie de personnes migrantes. Il s’agit d’un travail contributif qui part du quartier du #Blosne à #Rennes et qui rassemble un réseau de 8 villes de la façade #Atlantique de l’Europe, entre le #Finistère breton et #Gibraltar.

    https://encyclopedie-des-migrants.eu
    #migrations #film #documentaire #film_documentaire

    ping @reka

  • Capitaine Thomas Sankara
    https://www.youtube.com/watch?v=qSGu8S9NW-A

    Constitué exclusivement d’images d’#archives, le film évoque le parcours de #Thomas_Sankara et la politique qu’il conduisit à la tête du #Burkina_Faso au cours de la première révolution burkinabé entre 1983 et 1987. Réalisé 25 ans après l’assassinat de celui qui demeure une icône de la jeunesse africaine, Capitaine Thomas Sankara est à la fois le premier long métrage de Christophe Cupelin, et le premier long métrage consacré à Thomas Sankara.

    edit mdr campiste critique. avant la revanche du fantochisme qui lui coûta la vie il avait eu le temps de faire voler la voiture de Kadhafi et tenté de faire de même avec un Boeing libyen

    #film_documentaire #Afrique #anti-impérialisme

  • #Lynx
    https://www.youtube.com/watch?v=_NnLSKyTO5Y

    Au cœur des #montagnes jurassiennes, alors que les brumes hivernales se dissipent, un appel étrange résonne à travers la forêt. La superbe silhouette d’un #lynx_boréal se faufile parmi les hêtres et les sapins. Il appelle sa femelle. Un couple éphémère se forme.

    C’est le début de l’histoire d’une famille de lynx. Leur vie s’écoule au rythme des saisons avec la naissance des petits, l’apprentissage des techniques de chasse, la conquête d’un territoire, mais aussi les dangers qui les guettent.

    En suivant le mâle, la femelle et ses chatons, nous découvrons un univers qui nous est proche et pourtant méconnu... Une histoire authentique où chamois, faucons pélerins, renards et hermines sont les témoins de la vie secrète du plus grand félin d’Europe. Prédateur indispensable à l’équilibre de la forêt, sa présence demeure néanmoins fragile dans un milieu largement accaparé par les humains.

    S’il est rarissime de croiser ce discret félin il est exceptionnel de découvrir son quotidien en milieu naturel.

    https://www.lynxlefilm.ch

    #Livre :


    https://boutique.salamandre.org/lynx-le-livre.pdt-1212
    #film #Jura #montagne #documentaire #film_documentaire

  • Walter Heynowski: Aufklärung und Abendlicht
    https://www.nd-aktuell.de/artikel/1186585.nachruf-walter-heynowski-aufklaerung-und-abendlicht.html

    Ein Whistleblower des 20. Jahrhunderts: Walter Heynowski Foto: Barbara Morgenstern

    7.11.2024 von Hans-Dieter Schütt - Zum Tod des Filmdokumentaristen Walter Heynowski, Studio H & S

    Wahrheit leistet sich groteske Erfindungen. Da heißt ein Deutscher Siegfried Müller. Ein Fetzen Heldenmythos, zusammengenäht mit einem Lappen Durchschnitt: Das ergibt die Uniform, die wird nicht schlechthin getragen, die trägt – und zwar durch Zeiten und Geographien. Es ist das Kleid eines Allzeitschlächters unter wechselnden Befehlsgebern. Immer Nibelungen, immer Müller – im Gewöhnlichsten wartet die Barbarei auf ihre Stunde. Das war Kongo-Müller. Zynischer, zähnefletschender Horrorheld des Dokumentarfilms »Der lachende Mann«. Eine internationale Sensation damals, 1966.

    Die Befragung dieses Dauer-Söldners, unter Zuhilfenahme von sehr viel Alkohol vor der Kamera und unter Geheimhaltung der Tatsache, dass die Befrager aus der DDR kamen: Der Film begründete den Weltruhm von Walter Heynowski, Gerhard Scheumann und Kameramann Peter Hellmich. Und Dramaturg Robert Michel. Alles Unverwechselbare des fortan legendären Studios H & S war in diesem Werk verdichtet angelegt: die Besonderheit eines Typs oder eines Fakts, verknüpft mit historischer Tiefenbohrung und politisch aktueller Polemik. Spürsinnig, kämpferisch scharf. Aufklärung: ein Kampfmittel, den Spionen und Kundschaftern und Dichtern und Denkern abgeschaut. Das Journalistische: ein exzellentes Handwerk dort, wo es auch verblüffend journalistig wird.

    Der gebürtige Ingolstädter Heynowski war nach dem Krieg, 22-jährig, Chefredakteur der Satirezeitschrift »Frischer Wind«, später »Eulenspiegel«; ein geistreicher Gründertyp. Beim Deutschen Fernsehfunk wurde er Programmdirektor, erfand das Sandmännchen. H & S: an die hundert Filme. Brillante Enthüllungskunst. Und Enthüllung – zielt sie denn erfolgreich kernwärts – ist ein Geheimdienst eigenen Rechts. Speziell in drei Richtungen ermittelten Heynowski und Scheumann: Da war der Krieg in Vietnam (»Piloten im Pyjama«), da regten und räkelten sich in der Bundesrepublik alte und neue Nazis (»Kamerad Krüger«), und in Chile putschte der Imperialismus gegen Allende (»Krieg der Mumien«, »Ich war, ich bin, ich werde sein«). 1982 wurde die Selbstständigkeit jenes Studios aufgehoben, dem damals Welt und Währungen offenstanden. Zu viel Eigensinn, jenseits von Defa und DDR-Fernsehen? Auf jeden Fall Neid, Missgunst, Anwürfe.

    Heynowski, Jahrgang 1927, gehörte zu jenen, die in gewisser Weise schuldlos schuldig wurden. Wie Günter Grass, Dieter Hildebrandt, Martin Walser. Eine ganze Generation, Faschismus und Krieg, und die uralte Lehre: Der Mensch wird erst mählich wissend – oft über den Weg des frühen Irrtums; man rutscht über naiven Glauben, über das Inhalieren von Propaganda, über die allgemeine Ohnmacht und auch über reichlich blinde Zufälle hinein ins Unglück. Die Zeit wirft den Menschen ins Leben, das ihm oft genug keine Wahl lässt, und dann stolpert der Mensch herum, und erst viel später reibt er sich die Augen.

    Einen ersten Band Erinnerungen, nach dem Ende der DDR erschienen in der Eulenspiegel-Verlagsgruppe, nannte Heynowski »Der Film meines Lebens«, Untertitel: »Zerschossene Jugend«. Bitterste Trefflichkeit. Ein Buch gegen eine verhängnisreiche Umgangsart: Könnte man eine Katastrophe verhindern, ruft der mittig laufende Mensch: Warum ich? Trifft ihn die Katastrophe, weint er: Warum mich?

    Heynowski gehörte in diesem Sinne zu jenen, die einem Verdrängen, einem Verlangen nach »normalem« Umgang mit deutscher Vergangenheit nie nachgaben. Er war einer, der sich immer wieder vor Augen führte, dass er nur unter stark belastenden Zusammenhängen jung sein durfte – und in eine stille Bitte um Verständnis drängte sich stets der ehrende, verpflichtende Gedanke, wie gering doch in Westdeutschland noch immer jene Wenigen gelten, die einst in Lagern oder unter Fallbeilen starben, junge Widerstandskämpfer, Kommunisten zuerst, Hitler-Gegner von Anfang an. Eine scheinbar sorgenlose Mehrheit, die Wohlstand mit Demokratie gleichsetzen durfte – sie beschäftigt die Öffentlichkeit seit jeher intensiver als das Leid und das Los gequälter politischer Minderheiten, die für das anständige Leben der Vielen einst das ihre opferten. Auch deshalb drehten H & S ihre Filme. Und Heynowski wird über seinen Bruder, der im Westen geblieben war, sarkastisch sagen: »Wir hielten uns für die Sieger der Geschichte, aber der wahre Sieger ist er gewesen.«

    Aus seiner Jugend kannte Walter Heynowski den Reiz der Irrung, er träumte sich sogar zum Kriegsberichter, zum Glück galt er nicht als reinrassig, also förderungswert. Er ging dann wissentlich zu den Kommunisten, aber nach deren staatlichem Ende ist er kein Gewissenswechsler geworden. Einst aus geistiger Not in den Osten gekommen und gerade mal so die Haut gerettet, wurde er doch keiner, der sich nun, im neuen alten Westen, ohne Not häutete. Auch wenn nach dem Ende des Staatssozialismus auf H & S der Stempel hernieder krachte: Agitation, Propaganda!

    Ja, natürlich: Eindeutigkeit gehörte zum Arsenal der Vielfalt. Schwarz-Weiß-Bilder sind eine hochfeine Ästhetik, entsprechendes Können vorausgesetzt und den mutigen Willen, nicht missverstanden werden zu wollen. »Jede Ordnung sucht sich ihre Elite.« Ein Satz von Heynowski. Ein wahrer Satz, er verweist auf Möglichkeiten, die eine Ordnung jenen Künstlern gewährt, die sich einsatzbereit zeigen.

    Günter Gaus hat einmal geschrieben. »Unter alten Kommunisten in der DDR habe ich immer wieder das Bedürfnis gefunden, das, was man nach so vielen Opfern politisch in die Hand bekommen und was man daraus gemacht hat, vor kritischen Nachfragen zu schützen. Diese Einstellung enthielt einen Teil Selbstbetrug. Vor allem aber war es ein Selbstschutz vor jenen, die ihr gutes friedliches Leben einem fremden Heldentum zu verdanken hatten.« Die Jahre nach der deutschen Einheit waren Auf- und Abrechnungsjahre. Verständlich, dass vor allem im Osten gekehrt wurde. Denn mit ihrem Ende durfte (musste!) die DDR endlich beim richtigen Namen jener Dinge genannt werden, die dieses Ende herbeigeführt hatten. Für viele kam die Frage »Haben wir umsonst gelebt?« auf die Tagesordnung. Auch darüber schrieb Heynowski.

    Ehrliches Bedenken aber musste sich auseinandersetzen mit pauschalem Hoheitsgebaren, mit einer westlichen Selbstgewissheit, die geradezu staatsanwaltsam daherkam. Mit moralsatter Fraglosigkeit wurde in den Biografien von Christa Wolf und Bernhard Heisig oder Stefan Heym herumgeklaubt. So, als sei nur all das menschlich und akzeptabel, was gewissermaßen von früh an auf westdeutsches Leben hinauslief. In der DDR sein? In der DDR bleiben? Anmaßender Duktus schnitt Wege zur Selbstkritik ab und rief oftmals nur noch die verständliche Abwehr feindseliger Abwertungen, also Rechtfertigungen, hervor.

    H & S? Kalte Krieger! So das Aburteil. Den Kommunisten Walter Heynowski hat diese Grundstimmung nach 1990 in einen würdig Schweigenden verwandelt. Er wurde trotzig und erhobenen Hauptes still. Stille bewältigte Bitterkeit. Es gibt Haltungen, in denen man Gefahr läuft, sich zu überstrapazieren, es bedarf dann einer Hilfe zur Balance. So entsteht immer wieder Literatur. So entstehen immer wieder Autoren und Leser. Schreiben und Lesen ist erträglich machen von Unerträglichem. Der Leser trifft in Literatur, die ihn wirklich erfasst, immer auf sich selbst. In den autobiografischen Büchern, die Heynowski schrieb, begegnet man einer einfachen Wahrheit: Nichts ist untiefer als die eigene Biografie. Du stehst vor dir selber und begegnest dabei einem Unbekannten. Du ahnst, dass dich von dort, wohin du so gern schweigen möchtest, andauernd einige wichtige Wahrheiten anstarren. So wird die einfache Wahrheit zum Labyrinth. Wärmend gegen die Kälte draußen.

    Gerhard Scheumann starb 1998, auf einem Kongress der Film- und Fernsehschaffenden hatte er gegen Ende der DDR mediale Schönfärberei und ideologische Farblosigkeit benannt und war hanebüchen abgekanzelt worden. Nun ist auch Walter Heynowski gestorben, im Alter von 96 Jahren. Sein Verleger teilt mit, er habe noch ein Belegexemplar seines zweiten autobiografischen Buches in den Händen halten dürfen: »Generation im Abendlicht«. H & S war eine Legende, die sich in Kämpfe warf, der Wahrheit willen. Es ist ein Werk entstanden, dessen Lehrstück-Charakter von gestern scheint, aber es kann warten, in Gewissheit einer Zukunft, die wieder ganz anders nach politischen Wahrheiten hinter den Fassaden fragen wird. Ich höre das Wort Whistleblower und denke auch an H & S.

    Der zweite Band der Erinnerungen von Walter Heynowski, »Mäander der Erinnerung« (Das Neue Berlin, 352 S., geb., 28 €) erscheint am 11. November.

    #Allemagne #DDR #film_documentaire #nécrologue #antifascisme

  • Kinoempfehlungen für Berlin: Soundtrack zu einem Staatsstreich
    https://taz.de/Kinoempfehlungen-fuer-Berlin/!6043438

    Die 50er- und 60er-Jahre des vergangenen Jahrhunderts standen unter anderem im Zeichen der Dekolonialisierung Afrikas, wobei die Ereignisse rund um die Unabhängigkeit des damaligen Kongo von der Kolonialmacht Belgien sicher eines der trübsten Kapitel ausmachen. Denn freiwillig zogen sich die westlichen Mächte natürlich nicht wirklich zurück: Man war den Afrikanern gegenüber so rassistisch eingestellt wie von jeher, wollte sich die Ausplünderung der Bodenschätze des Kontinents nicht nehmen lassen.

    Man hatte – auf dem Höhepunkt des Kalten Krieges – immer die Angst, die ehemaligen Kolonien würden sich mit den Kommunisten der Sowjetunion verbünden. Im Falle des Kongo ergab sich daraus eine kaum mehr zu überschauende Gemengelage, die schließlich in der Ermordung des ersten frei gewählten Premierministers Patrice Lumumba gipfelte.

    In seinem spannenden Dokumentaressay „Soundtrack to a Coup d’Etat“, das diese Woche im Rahmen der Dokumentale zu sehen ist, dröselt der belgische Regisseur Johan Gimonprez all diese Aspekte auf und verbindet sie noch zusätzlich mit dem Aufkommen der Bürgerrechtsbewegung in den USA und einem von weltberühmten, vorwiegend US-amerikanischen Jazz­mu­si­ke­r:in­nen geschaffenen zeitgenössischen „Soundtrack“.

    Das ist vor allem auch deshalb schlüssig, weil sich viele der Mu­si­ke­r:in­nen seinerzeit mit ihren Gedanken und Aktionen eindeutig gegen den Kolonialismus und für die Rechte der Schwarzen in aller Welt positionierten (17.10., 20.30 Uhr, City Kino Wedding, 18.10., 20 Uhr, Colosseum).

    https://www.youtube.com/watch?v=_gK0ZXzSVj0

    UPCOMING RELEASES
    https://www.modernfilms.com/films

    SOUNDTRACK TO A COUP D’ETAT
    Dir. Johan Grimonprez
    Documentary | English, French, Dutch | 150 min
    Coming soon, November 15

    #cinéma #film_documentaire #Congo #histoire

  • Exposer ses #enfants sur les réseaux : et si un jour ils nous le reprochaient ?

    « Ma mère a surexposé ma vie entière sur les réseaux sociaux. Les détails les plus intimes, les informations médicales et des moments très embarrassants » : le témoignage de Cam, 24 ans, ouvre le documentaire d’Elisa Jadot « Enfants sous influence – Surexposés au nom du like » disponible sur Play RTS jusqu’au 3 décembre 2024.

    Cam confie aussi que sa mère a même fait état de ses règles sur les réseaux. Et un jour, « quelqu’un, dans la rue, que je ne connaissais même pas m’a dit : ’Félicitations, tu es devenue une femme.’ »

    La jeune Américaine est une des premières à témoigner et alerter sur les conséquences de ce déballage continu sur sa santé mentale comme sur sa relation avec sa mère. Cam souhaite faire entendre la voix des enfants qui ne peuvent pas s’exprimer, car ils n’ont pas conscience de l’impact de cette exposition sur leur vie privée.

    Le documentaire part aussi à la rencontre de parents pour tenter de comprendre comment certains en arrivent à partager toujours plus de contenus sans se rendre compte de ce que cela implique. Et pourquoi d’autres le font délibérément.

    « Si un jour, mon fils me reproche d’avoir parlé de sa maladie et donné des #informations_médicales sur les réseaux sociaux, je lui expliquerai que j’en avais besoin psychologiquement. C’était trop dur. Et le fait de partager sur les réseaux, ça m’a rendue forte. Les témoignages de soutien m’ont fait en arriver là », explique Jessica Thivenin, une des mamans influenceuses les plus connues de France avec 6 millions d’abonnés.

    Pour Concetta Scarfò, responsable en compétences numériques chez ProJuventute, ce besoin de soutien, de réconfort et finalement de reconnaissance en tant que parents est légitime. « Il y a un peu cette idée qu’il faut tout un village pour élever un enfant. Mais le vrai soutien, celui qui sera le plus efficace, c’est celui qu’on trouvera dans son entourage proche ou auprès de professionnels. Il y a quelque chose de déséquilibré dans le fait d’élever un enfant dans un environnement où le soutien n’est que virtuel. »

    « Ma mère est devenue tellement accro aux réseaux sociaux, aux #likes, aux commentaires bienveillants, à l’attention que c’était comme si tous les bons moments que je passais avec elle étaient des moments organisés uniquement pour pouvoir être publiés », témoigne Cam dans le documentaire. Pour elle, la relation avec sa mère a été complètement parasitée par cette dépendance au regard des autres.

    Etre avec ses enfants, sans être vraiment là

    « Lorsqu’on voit, par exemple, des parents faire une vidéo et parler à celles et ceux qui les suivent sur les réseaux... tout en disant bonne nuit à leurs enfants : ils sont avec leurs enfants, sans être vraiment là. Il s’agit d’un moment où toute leur attention devrait être pour les enfants », reprend Concetta Scarfò, de ProJuventute.

    « Le coucher est un moment où l’enfant doit pouvoir dire ce qu’il a sur le cœur et se sentir en sécurité, en privé. De mon point de vue, il s’agit d’une dérive où il n’y a plus de moment vraiment familial parce que des gens regardent. Il y a une différence entre faire des photos devant un gâteau d’anniversaire pour les partager avec d’autres et des moments intimes. La frontière n’est plus claire, ni pour l’enfant, ni pour l’adulte. »

    Concetta Scarfò rappelle que les parents sont responsables de garantir la #vie_privée de leurs enfants. D’autant plus, quand ils ne sont pas encore capables de donner leur #consentement éclairé.

    En Suisse, un parent sur dix partage des photos et vidéos de ses enfants sur internet, selon une étude de l’Université de Fribourg (https://www.kinderschutz.ch/fr/themes/violence-sexuelle/prevention-contre-la-violence-sexuelle-en-ligne/photos-d-enfants-sur-le-web). « Cette étude décrit notamment un profil de publication selon l’âge du parent et l’âge de l’enfant et met en évidence la génération des 36-40 ans qui à l’époque du lancement de Facebook était la génération cible pour les réseaux sociaux. Ces parents ont développé une habitude de ’tout publier’ dans la réalité virtuelle. »

    Pour la spécialiste, il est important d’ouvrir le débat en famille et avec son entourage afin d’établir des règles claires sur la manière de gérer les photos et vidéos de son enfant.

    https://www.rts.ch/info/societe/2024/article/exposer-ses-enfants-sur-les-reseaux-et-si-un-jour-ils-nous-le-reprochaient-28620
    #surexposition #réseaux_sociaux #documentaire #film_documentaire

  • Une veste tranquille

    « Dans un foyer spécialisé du Jura suisse, Roman, jeune adulte autiste, apprend la #foresterie avec Xaver, pédagogue à la douceur réfléchie. À cause, on le devine, d’un événement qui a lieu pendant son tournage, le film organise de discrets flash-forward qui entrelacent l’initiation humaine et professionnelle de Roman et sa première expérience du deuil. Très tôt, #Ramòn_Giger insère dans son portrait filmé le dialogue qu’il engage avec le jeune homme, qui s’exprime via un système d’#alphabet_manuel et une Interprète. »– Comment faire le film ? – En me racontant sans préjugé, lui répond Roman. – Qu’est-ce qu’un préjugé ? – Quand on ne me considère que comme un autiste." Comment, donc, faire un portrait qui inclue à la fois le handicap et son entour, ou son au-delà ? Faire simplement le portrait d’un « #homme_total » que Roman appelle de ses vœux ? Non seulement le jeune homme semble souvent frustré de ne pas parvenir à parler directement, mais durant ses fréquentes #crises_de_panique, la #communication devient impossible. Véritable exercice d’humilité, Eine ruhige Jacke s’offre en creux comme la « #veste_tranquille » dont le jeune homme dit qu’elle l’aiderait à s’apaiser. Il gagne par surcroît des propositions de mise en scène de celui qu’il filme, quand il s’empare de la caméra pour transmettre ce qu’il ressent sans le biais de la traduction."

    https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/33192_0

    #film #film_documentaire #documentaire #Suisse #autisme

  • #Biens_culturels en voie de #restitution

    Alors que sort en salle le #film_documentaire « #Dahomey », qui suit la restitution par la #France de vingt-six œuvres d’art au #Bénin, différentes équipes de recherche travaillent sur le retour des biens culturels africains à leurs communautés d’origine.

    Du fond de sa caisse en bois, dans laquelle les manutentionnaires aux gants blancs du musée du quai Branly-Jacques Chirac viennent de l’enfermer, la voix caverneuse de la statue anthropomorphe du roi Béhanzin, mi-homme mi-requin, s’interroge elle-même en langue fongbé, la langue du Bénin : « Reconnaîtrai-je quelque chose, me reconnaîtra-t-on ? » Aujourd’hui cette statue est un numéro, parmi les vingt-six œuvres que la France renvoie cette année-là (2021) par avion-cargo au pays qu’elle a colonisé de 1894 à 1958. La réalisatrice Mati Diop, née dans une famille franco-sénégalaise, est présente pour filmer cette première restitution officielle et accompagner les œuvres jusqu’au palais présidentiel de Cotonou, la capitale économique du pays, où des milliers de Béninois vont venir les découvrir, après cent trente ans d’absence.

    Le pillage a eu lieu en fait avant même la colonisation : de 1890 à 1892, des batailles font rage entre l’armée française et les troupes du roi Béhanzin, composées d’un tiers de combattantes, les « Agodjié », que les Français nomment « les Amazones ». Le 17 novembre 1892, sous les ordres du colonel Dodds, les Français entrent à Abomey, capitale de l’ancien royaume du Dahomey (actuel Bénin) où les palais royaux sont en feu : Béhanzin a déclenché l’incendie avant de prendre le maquis. Les militaires saisissent un grand nombre d’objets, dont trois grandes statues royales et quatre portes que Béhanzin et ses fidèles avaient enfouies dans le sol. Une petite partie sera donnée six mois plus tard, en 1893, au musée d’ethnographie du Trocadéro par le colonel Dodds, devenu général. Le reste sera écoulé sur le marché de l’art.
    Des appels à restitution depuis la fin du XIXe siècle

    La question de la restitution des œuvres aux pays africains, mais aussi aux autres anciennes colonies (Océanie notamment), n’est pas nouvelle. Les réclamations sont presque aussi anciennes que les spoliations elles-mêmes. L’une des premières demandes officielles émane sans doute de l’empereur Yohannes IV d’Éthiopie, lorsqu’il exige en 1880 la restitution de collections royales arrachées dans la forteresse de Maqdala en avril 1868. Ce joyau composé d’une coupole ornée des représentations des Apôtres et des quatre autres évangélistes, dérobé par un soldat britannique lors de l’attaque de la forteresse, trône toujours… au Victoria and Albert Museum, à Londres.

    Les appels à la restitution d’objets deviennent plus explicites au moment des indépendances, dans les années 1960. En 1970, l’Unesco adopte une convention qui établit notamment la légitimité du retour des biens culturels. En 1973, l’Assemblée générale des Nations unies adopte une résolution sur la restitution « prompte et gratuite » des œuvres d’art aux pays victimes d’expropriation, qui « autant qu’elle constitue une juste réparation du préjudice commis, est de nature à renforcer la coopération internationale ». Mais cette résolution est adoptée avec l’abstention des anciennes puissances coloniales… En 1978, le directeur général de l’Unesco lance un appel « pour le retour à ceux qui l’ont créé d’un patrimoine culturel irremplaçable » où il affirme avec force que « cette revendication est légitime ».

    « Mais, sur le terrain du droit, la colonisation a été qualifiée de “mission sacrée de civilisation” par le pacte de la Société des Nations en 1919 et aujourd’hui encore ne relève pas d’un fait internationalement illicite, en conséquence duquel pourrait être fixé un principe de réparation, rappelle le juriste Vincent Négri, à l’Institut des sciences sociales du politique1. La légalité internationale est ancrée sur une règle de non réactivité des traités internationaux, et aucune des conventions adoptées ne peut atteindre dans les rebours du temps les actes de dépossession des peuples pendant la période coloniale. »

    En France, c’est donc toujours le droit du patrimoine qui prévaut. En 2016, au gouvernement du Bénin qui réclamait la restitution, notamment du fait que « nos parents, nos enfants n’ont jamais vu ces biens culturels, ce qui constitue un handicap à une transmission transgénérationnelle harmonieuse de notre mémoire collective », le ministre des Affaires étrangères français adresse une fin de non-recevoir dans un pur langage administratif : « Les biens que vous évoquez sont inscrits parfois depuis plus d’un siècle au domaine public mobilier de l’État français, ils sont donc soumis aux principes d’inaliénabilité, d’imprescriptibilité et d’insaisissabilité. En conséquence leur restitution n’est pas possible ».

    Aux revendications argumentées sur l’histoire, l’identité, la reconstitution des patrimoines, la mémoire, est donc opposé un argument asymétrique fondé sur le droit des collections publiques, déplore Vincent Négri. Un argument qui jusqu’ici n’a été levé que dans trois cas : pour les biens spoliés aux familles juives pendant la Seconde Guerre mondiale, pour les restes humains quand ils peuvent être identifiés et pour les biens culturels ayant fait l’objet de trafics illicites.

    Dans ce contexte, le discours prononcé à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, par le président français Emmanuel Macron le 28 novembre 2017 fait date. En affirmant vouloir la « restitution temporaire ou définitive du patrimoine africain d’ici cinq ans », il introduit au sommet de l’État une parole dissonante. S’ensuit la commande d’un rapport aux universitaires Bénédicte Savoy, historienne de l’art française et Felwine Sarr, économiste sénégalais, qui dressent un état des lieux des spoliations et proposent un agenda de restitution, affirmant que plusieurs types de biens culturels africains peuvent nécessiter une restitution légitime : « Les butins de guerre et missions punitives ; les collectes des missions ethnologiques et “raids” scientifiques financés par des institutions publiques ; les objets issus de telles opérations, passés en mains privées et donnés à des musées par des héritiers d’officiers ou de fonctionnaires coloniaux ; enfin les objets issus de trafics illicites après les indépendances » .
    Vingt-six biens restitués : le premier petit pas de la France

    Les marchands d’art et certains conservateurs de musées tremblent, le débat est réanimé (et houleux) dans tous les pays européens, mais la France, après ce grand pas en avant, fait marche arrière. Elle ne s’engage pas dans une loi-cadre mais vote, en 2020, une « loi d’exception » pour restituer vingt-six biens culturels à la République du Bénin (choisis par la France) et un unique bien à la République du Sénégal (le sabre dit « d’El Hadj Omar Tall », du nom du chef de guerre toucouleur disparu en 1864). Vingt-six seulement, sur les milliers conservés en France, c’est peu ! D’autant que les Béninois n’ont pas eu leur mot à dire sur le choix des objets restitués, malgré leurs demandes répétées de voir notamment revenir le dieu Gou, exposé au pavillon des Sessions, au Louvre. « Pour passer de la “légitimité du retour” à un principe universel de “légalité des restitutions”, il faudra encore attendre », commente Vincent Négri… Mais les mentalités évoluent et de nombreux programmes de recherche et réseaux émergent pour identifier, cartographier ou documenter les biens culturels africains détenus dans les musées occidentaux. En France, Claire Bosc-Tiessé, directrice de recherches au CNRS, historienne de l’art africain et spécialiste de l’Éthiopie chrétienne entre le XIIIe et le XVIIIe siècle, avait devancé le mouvement et demandé dès 2017 à être détachée à l’Institut national d’histoire de l’art pour se lancer dans un inventaire des collections africaines conservées dans les musées français.

    Avec la participation du musée d’Angoulême, la cartographie « Le monde en musée. Collections des objets d’Afrique et d’Océanie dans les musées français » est désormais accessible en ligne2. Outre l’inventaire, elle rassemble aussi « des éléments pour des recherches futures sur la constitution des collections et les processus d’acquisition, en indiquant les archives afférentes (inventaires anciens, carnets de voyage des acquéreurs, etc.) et en répertoriant, quand c’est possible, donateurs et vendeurs, explique Claire Bosc-Tiessé. En 2021, nous avons recensé près de 230 musées en France qui possèdent des objets africains et 129 des objets océaniens. Par exemple, on trouve des biens culturels du Bénin au musée du quai Branly, mais il y en a également dans soixante autres musées français ! »

    Au total, Claire Bosc-Tiessé estime à environ 150 000 le nombre de biens culturels africains dans les musées de France (à comparer aux 121 millions d’objets qu’ils détiennent), dont 70 000 sont au musée du quai Branly. Il suffit de glisser sa souris sur la carte de France pour tomber sur des trésors conservés , dans des lieux tout à fait confidentiels.

    Ces biens ne sont parfois même plus exposés, comme ceux conservés dans ce petit musée du Jura, à Poligny, (4 000 habitants), depuis longtemps fermé au public : pagaies de Polynésie, petit sac en filet de Nouvelle-Calédonie, collier en dents de mammifère marin des îles Marquises, ornement d’oreille masculin en ivoire (de cachalot ?, s’interroge la notice), lampe à huile à six becs d’Algérie, sont bien référencés sur le site internet de ces salles devenues virtuelles. Et ici comme ailleurs, c’est un véritable inventaire à la Prévert qui s’égrène, d’objets dont on ne sait s’ils ont été achetés ou volés, mais qui se retrouvent éparpillés aux quatre coins de la France.

    « Reconstituer l’histoire de ces objets, c’est raconter à la fois la colonisation et celle de la constitution des musées en France à la fin du XIXe siècle, explique Claire Bosc-Tiessé. Le musée d’ethnographie du Trocadéro (aujourd’hui musée de l’Homme) a envoyé dans les musées de province beaucoup de pièces qu’il possédait en double. Par ailleurs, les particuliers étaient souvent heureux, notamment à la fin de leur vie, de faire don au musée de leur ville natale des objets qu’ils avaient achetés, volés ou reçus en cadeau dans le cadre de leur vie professionnelle, qu’ils aient été missionnaires, médecins, enseignants, fonctionnaires ou militaires dans les colonies.

    À Allex, village de 2 500 habitants dans la Drôme, ce sont ainsi les missionnaires de la congrégation du Saint-Esprit qui, au XIXe siècle, ont rapporté de leurs campagnes d’évangélisation du Gabon, du Congo-Brazzaville et du Congo-Kinshasa quantité d’objets : amulettes ou effigies gardiennes de reliquaire du peuple fang au Gabon, statuettes anthropomorphes du peuple bembé au Congo, couvercle à proverbes du peuple hoyo en Angola… Tous ces biens culturels témoins de la vie quotidienne, des traditions et des croyances des populations africaines viennent de trouver place dans un musée local flambant neuf, ouvert en 2018. « Alors que le principe de la restitution semble faire l’unanimité en Afrique, la question du retour concret des biens suscite parfois des réticences dans les pays concernés », explique Saskia Cousin, anthropologue, responsable des programmes de recherche pluridisciplinaires ReTours3 et Matrimoines/Rematriation4, constitué chacun d’une vingtaine de chercheurs, artistes et opérateurs culturels internationaux.
    De la « restitution » au « retour »

    « La première réticence, alimentée par les marchands et les conservateurs occidentaux, consiste à dire que l’Afrique ne dispose pas d’institutions capables de conserver ses collections et de lutter contre le trafic illicite ». L’ouverture et la construction de musées un peu partout sur le continent sont autant de réponses à ces critiques. Rien qu’au Bénin, quatre musées sont en construction ! « Le deuxième problème soulevé est celui des coûts de ce retour, poursuit Saskia Cousin. Effectivement, la construction de musées se fait au moyen d’emprunts, contractés notamment auprès de la France. C’est la raison pour laquelle les pays concernés souhaitent développer le tourisme notamment de leurs diasporas. Le troisième problème est celui du devenir des biens. En bref, doivent-ils revenir au temple ou au musée ? C’est une question de souveraineté qui concernent les pays du retour, et surtout, les choses sont un peu plus compliquées que le laissent entendre les polémiques françaises ».

    D’une part, le retour aux espaces sacrés ne signifie pas l’interdiction au public ; d’autre part, la vision française d’un musée devant être vidé de toute vitalité et de toute sacralité est loin d’être universelle. « Ainsi, souligne Saskia Cousin, si les vingt-six objets restitués au Bénin l’ont été sous le titre de “Trésors royaux du Bénin”, expression empruntée au marché de l’art, et exposés sous vitrines, selon des critères bien occidentaux, de nombreux Béninois et notamment les princesses d’Abomey sont venus les honorer aux moyens de gestes et de chants ».

    Dans le film Dahomey, on voit l’artiste Didier Donatien Alihonou – sur l’affiche du film – converser avec le roi ancêtre Gbéhanzin. Pour lui, comme pour beaucoup, ces statues ne sont pas seulement des biens matériels, elles incarnent un héritage revenu, une force de retour, avec lesquelles il est enfin possible de se reconnecter. « Il faudrait cesser de penser cette question des retours seulement comme un arbitrage entre des pays qui formulent une demande de restitution et des États qui y répondent favorablement ou non, estime Claire Bosc-Tiessé. Il est d’ailleurs symptomatique que ce sujet au niveau gouvernemental soit confié au ministère de la Culture et à celui des Affaires étrangères, tandis que la recherche et l’enseignement sont laissés en dehors d’un débat rarement appréhendé sous l’angle scientifique. Il serait pourtant souhaitable de solliciter les chercheurs, afin de faire le récit de la façon dont ces œuvres sont arrivées sur le territoire, de la violence des captures peu prise en compte jusqu’ici, et donc écrire cette histoire occultée de la colonisation, et de le faire dans toute sa complexité. »

    Il serait temps aussi de déplacer la question de la « restitution » à celle du « retour », en prenant en compte le point de vue des populations et des États d’origine, complète Saskia Cousin. « Dans le cadre des programmes ReTours et Matrimoines/Rematriations, nous travaillons donc avec des chercheurs du Bénin, du Cameroun, du Mali, du Togo, du Sénégal et leurs diasporas, selon les méthodes inspirées de l’anthropologie collaborative. Par exemple dans le cas du Bénin, les mémoires sont essentiellement transmises par les “héritières”, des femmes qui héritent des savoirs, explique l’anthropologue. Nous les rencontrons et nous leurs présentons des photos ou des dessins de statues ou d’amulettes dont elles connaissent les noms, les usages et les panégyriques (discours à la louange de certaines personnes) associés. Dans les mondes féminins non francophones, cette mémoire est restée extrêmement vivante ».

    Dans le cadre du programme ReTours, une charte5 a été élaborée qui vise à considérer les musées et les espaces de conservation traditionnels comme complémentaires, légitimes et non exclusifs. L’enjeu est à la fois de faire reconnaître l’expertise des héritières et de faciliter l’accès des collègues du Sud aux ressources nécessaires à leurs enquêtes, y compris dans les pays du Nord : biens exposés, réserves, inventaires, dossiers d’œuvres, sources orales, etc. « Les musées belges, néerlandais et allemands sont très ouverts à l’accueil et à l’intégration des diasporas, des chercheurs et des héritiers concernés, c’est beaucoup plus compliqué en France où les musées veulent contrôler les récits relatifs à leurs collections », remarque Saskia Cousin.
    Un débat européen

    Outre la France, la question de la restitution anime tous les pays européens. Si en Angleterre le British Museum est le plus réticent, les musées universitaires de Cambridge, Oxford et Manchester ont rendu ou s’apprêtent à rendre des œuvres. En Belgique, un inventaire complet des objets d’art originaires du Congo, détenus par le musée de l’Afrique de Tervuren, a été réalisé. Et les Allemands ont largement entamé ce mouvement. Felicity Bodenstein, chercheuse en histoire de l’art au Centre André Chastel6, est à l’initiative du projet numérique « Digital Benin7 », qui documente les œuvres pillées dans l’ancien royaume du Bénin (actuel Nigeria, à ne pas confondre avec l’actuel Bénin, ancien Dahomey).

    À l’origine, ces œuvres ont été saisies par l’armée britannique lors d’une expédition punitive menée par 1 800 hommes en février 1897. À l’époque, les soldats prennent la capitale, Edo (aujourd’hui Benin City), au prix de lourdes pertes et mettent la main, de façon organisée ou individuelle, sur le trésor de l’Oba (le souverain).

    C’est ainsi que sont dispersés et en partie perdus plus de 5 000 « Bronzes du Bénin », dont des plaques en laiton fabriquées entre le milieu du XVIe et le milieu du XVIIe siècle. Représentant des individus, des symboles, des scènes de la cour, elles se retrouvent sur le marché de l’art puis en grande partie dispersées dans 136 musées de vingt pays, principalement en Angleterre et en Allemagne.

    À l’époque, contrairement à la France qui n’y consacrait que peu d’argent, les Allemands et les Anglais avaient une véritable politique d’achat de ce type d’objets pour leurs musées, explique Felicity Bodenstein. De plus, à la fin du XIXe siècle, chaque ville un peu importante en Allemagne créait son propre musée d’ethnographie, pour se montrer cosmopolite et ouverte sur le monde, notamment dans l’espoir de se voir désigner comme capitale de ce pays8. C’est ainsi que l’Allemagne s’est retrouvée avec dix fois plus d’objets africains que la France, qui fut pourtant présente bien plus longtemps sur ce continent avec ses colonies ». Le but du site web Digital Benin, réalisé par une équipe d’une douzaine de personnes, financé en partenariat avec le musée des Cultures et des Arts du monde de Hambourg et la fondation Siemens, est de relier les données de plus de 5 000 objets dont il fait l’inventaire et de les resituer dans une culture locale, de façon vivante, en mêlant archives visuelles et sonores, fixes et animées. Une partie du site, notamment la classification des objets, est en langue Edo, la langue vernaculaire du royaume dans lequel ils ont été élaborés puis pillés.

    Au-delà de ce site exemplaire, qu’en est-il de la politique de restitution des œuvres en Allemagne ? « La façon de procéder des Allemands est très différente de celle des français », explique Felicity Bodenstein, qui a commencé sa carrière de chercheuse dans ce pays, aux côtés de Bénédicte Savoy, à l’université technique de Berlin. « L’importance des collections qu’ils possèdent, mais aussi les questions très sensibles de mémoire liées à la Seconde Guerre mondiale font que le sujet des provenances est bien plus politique et inflammable en Allemagne qu’ailleurs en Europe ». En 2021, un accord national de restitution a donc été trouvé avec le Nigeria, à chaque musée ensuite d’élaborer son propre accord suivant les principes de l’État fédéral. Plusieurs centaines d’œuvres ont déjà été physiquement renvoyées par les musées au Nigeria.

    « Mais toutes les communautés d’origine, c’est du moins le cas pour le Bénin, ne souhaitent pas forcément récupérer toutes leurs œuvres, souligne l’anthropologue. Ils veulent surtout en retrouver la propriété et être associés au discours culturel et politique qui accompagne leur patrimoine. » Ainsi, lors des discussions pour l’ouverture au centre de la ville de Berlin du Humboldt Forum, immense musée qui prévoyait d’exposer une partie importante de cette collection de bronzes du Bénin, un débat très vif a permis de poser les bases d’une nouvelle façon de faire. L’espace d’exposition de ces objets est aujourd’hui cogéré avec les chercheurs et muséographes de Bénin City. Toutes les œuvres de Bénin City qui ont été identifiées ont d’abord été officiellement rendues au Nigeria qui les prête désormais à l’Allemagne, un écusson témoignant de ce processus étant apposé sur les vitrines d’exposition.

    En Allemagne toujours, une grande enquête collective, menée conjointement par l’université de Dschang et l’université technique de Berlin entre 2020 et 2023, intitulée « Provenances inversées9 », fait le point sur l’état du patrimoine camerounais pillé pendant la période coloniale : 40 000 objets qui font de l’Allemagne le premier pays détenteur d’œuvres camerounaises au monde ! « Il existe dans l’Allemagne contemporaine un “Cameroun fantôme” – pour reprendre le titre du célèbre ouvrage anticolonial de Michel Leiris, L’Afrique fantôme (1934) –, expliquent les auteurs de cette enquête, parmi lesquels Bénédicte Savoy. Malgré leur présence invisible (en Allemagne) et leur absence oubliée (au Cameroun), ces collections, qui sont aussi, du point de vue qualitatif, les plus anciennes et les plus variées au monde, continuent d’agir sur les sociétés qui les gardent ou les ont perdues ». L’objectif de l’enquête fut donc d’analyser et de publier les sources inédites permettant de confirmer cette présence massive. Et parallèlement d’aller à la rencontre, au Cameroun, des communautés privées de pièces matérielles importantes de leurs cultures respectives et de cerner, autant que faire se peut, les effets produits par cette absence patrimoniale prolongée.

    Le film Dahomey se termine par un débat organisé par la réalisatrice entre étudiants béninois, discutant de cette première rétrocession française. Premier pas ou insulte à leur peuple devant le peu d’objets revenus ? "Il était nécessaire de créer un espace qui permette à cette jeunesse de s’emparer de cette restitution comme de sa propre histoire, de se la réapproprier explique Mati Diop. Comment vivre le retour de ces ancêtres dans un pays qui a dû se construire et composer avec leur absence ? Comment mesurer la perte de ce dont on n’a pas conscience d’avoir perdu ?
    Dans l’attente d’une loi en France sans cesse reportée, les protagonistes de Dahomey soulignent l’urgence d’apporter une réponse à cette demande de restitution portée par tout un continent.

    https://lejournal.cnrs.fr/articles/biens-culturels-en-voie-de-restitution

    #oeuvres_d'art #art #décolonial #film #documentaire #Afrique #pillage #musées #colonisation #droit_du_patrimoine #patrimoine #identité #mémoire #visualisation #cartographie #retour

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    • Le monde en musée. Cartographie des collections d’objets d’Afrique et d’Océanie en France

      Cette cartographie propose de faire mieux connaître les collections d’objets d’Afrique et d’Océanie en France afin de faciliter leur étude. Elle signale les fonds ouverts au public qu’ils soient publics ou privés, elle décrit rapidement l’histoire de la collection et donne quelques éléments sur son contenu. Elle indique l’état des connaissances et donne les informations pour aller plus loin.

      https://monde-en-musee.inha.fr

    • #ReTours (programme de recherche)

      Résumé du programme de recherche collaboratif financé par l’Agence Nationale de la Recherche / 15 chercheurs, 7 pays. (in english below) – présentation du projet ici

      Alors que la question de la restitution des collections africaines fait polémique en France et en Europe, le programme comparatif, diachronique et multiscalaire ReTours vise à déplacer l’enquête 1) de l’Occident aux pays africains concernés, 2) des questions de restitution aux problématiques du retour, 3) de la vision muséo-centrée aux rôles des diasporas et du tourisme, 4) des instances et autorités officielles du patrimoine aux lieux, récits et transmissions considérés comme marginaux, secondaires ou officieux.

      ReTours est un programme novateur tant dans ses objectifs de recherche critiques que par ses méthodes d’enquêtes et ses collaborations culturelles. Constitué d’un consortium international et pluridisciplinaire de 15 chercheurs, ReTours travaillera à partir du Bénin, du Cameroun, du Mali et du Sénégal et sur leurs diasporas.

      L’objectif du programme est de saisir les enjeux politiques, les rôles économiques, les usages sociaux du retour. Il s’organise à partir de trois axes qui sont autant de manières de désigner les biens culturels : 1) Géopolitique du patrimoine, autour des mobilisations pour ou contre la restitution des “oeuvres”, 2) Économies du retour et imaginaires du tourisme, à propos des dispositifs d’accueil notamment touristiques des “pièces muséales” ; 3) Appropriations et resocialisations autour des mémoires sociales, de l’agency des “choses” revenues, des transformations des significations et des créations contemporaines.

      https://retours.hypotheses.org

  • Le Liseré vert

    Une frontière matérialisée par 4056 bornes, posées sur notre territoire après la défaite de 1870. Elles marquent la limite des provinces perdues de l’Alsace-Lorraine. Ces bornes forment aujourd’hui une cicatrice intérieure, un #no_man’s_land de la #mémoire que j’arpente. Que me disent-elles de mon histoire ? Des relations de voisinage franco-allemandes ? De notre horizon commun, l’Europe ?
    Suivre le bornage sur la crête des Vosges puis dans le bassin lorrain, à la rencontre des paysages et des habitants. Bâtir un itinéraire de pensée, pour offrir une visibilité et un statut à cette frontière oubliée, en faire un monument.

    https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/60207_0
    #film #film_documentaire #documentaire #frontières #bornes #bornage #Alsace-Lorraine #Allemagne #France #paysage

  • Les #Voix_croisées - #Xaraasi_Xanne



    Using rare cinematic, photographic and sound archives, Xaraasi Xanne (Crossing Voices) recounts the exemplary adventure of #Somankidi_Coura, an agricultural #cooperative created in #Mali in 1977 by western African immigrant workers living in workers’ residences in France. The story of this improbable, utopic return to the Sahel region follows a winding path that travels through the ecological and decolonial challenges and conflicts of agriculture practices and sensing from the 1970s to the present day. One of the major actors of the movement, #Bouba_Touré, tells this story by plunging into the heart of his personal archives, which document the fights of farmers in France and in Mali, as well as those of immigrant workers, over a period of decades. The film is also a story about dialogues and transmission, friendships and cinematic geographies. Over the course of the film, different voices, enter the sound-scape to accompany Bouba Touré’s telling; they bring the tale of a forgotten memory toward a possible future sung by a polyphonic griot.

    https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/64570
    #film #documentaire #film_documentaire #travailleurs_immigrés #coopérative_agricole #Somankidi #agriculture #retour_au_pays #fleuve_Sénégal #régularisation #sans-papiers #travailleurs_sans-papiers #travail #exploitation #logement #racisme #mal-logement #foyer #marchands_de_sommeil #conditions_de_vie #taudis #tuberculeuse #Fode_Sylla #lutte #grève_des_loyers #université_libre_de_Vincennes #L'Archer #Djiali_Ben_Ali #Association_culturelle_des_travailleurs_africains_en_France (#ACTAF) #manoeuvres #main_d'oeuvre_non_qualifiée #grève #Sahel #famine #1971 #sécheresse #Haute-Volta #aide_humanitaire #exode_rural #Larzac #récupération_des_sols #charité #luttes_de_libération #termites #Samé #aide_au_retour #luttes #arachide #travail_forcé #modernisation #mécanisation #graines #semences #endettement #Kayes #autonomie #femmes #genre #irrigation #radio #radio_rurale_Kayes #radio_rurale #permaculture #intelligence_collective

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    A partir de 1h07’14, où l’on explique que les lois restrictives contre les migrations fixent les gens... alors qu’avant il y avait de la #migration_circulaire : beaucoup de personnes venaient en France 1-2 ans, repartaient au pays et ne revenaient plus jamais en France...
    #fermeture_des_frontières #sédentarisation #agroécologie

  • Selling a Colonial War

    "In the Netherlands, colonial history is slowly but surely being rewritten. It has long been clear that what the Dutch government at the time described as “police actions” - the deployment of the army in response to Indonesia’s declaration of independence in 1945 - was in fact an unlawful war. Nonetheless, the use of the term “war crimes” is still sensitive.
    This documentary reveals how far the Dutch rulers went in selling the war as a domestic affair, intended to restore peace among the population. Unique, often shocking images tell a different story. Filmmaker In-Soo Radstake holds extensive interviews with international experts who explain the complex relationships in the former colony and set out the global context.
    Under international pressure, the Dutch government gave up its colonial war, but the carefully composed political message from the past still hangs over the current public debate in the Netherlands. This is just one of the insights that emerge from this broad-based investigation of colonial history, which consistently looks beyond the established frameworks."

    https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/69501

    #colonialisme #film #film_documentaire #documentaire #Pays-Bas #Indonésie #guerre #histoire #histoire_coloniale #guerre_coloniale #histoire_coloniale

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  • The Great Abandonment: the extraordinary exodus of India’s migrant labourers | India | The Guardian
    https://www.theguardian.com/world/ng-interactive/2022/nov/23/the-great-abandonment-the-extraordinary-exodus-of-indias-migrant-labour

    In 2020, the Indian prime minister, Narendra Modi, announced one of the harshest Covid lockdowns in the world, causing nearly 200 million migrant labourers to be stranded without wages, food and housing. Many undertook long journeys to return to their home villages, while others, caught in limbo with their families, were forced to wait, living on the street or under flyovers they had once laboured to build. And as workers’ rights eroded, the push for unionisation gathered momentum in the country. Filmed in Mumbai, this documentary reveals the deep divide between those who have and those who do not, while questioning the actions of India’s leader

    ...

    2020 में भारतीय प्रधान मंत्री नरेंद्र मोदी ने दुनिया के सबसे कठोर कोविड लॉकडाउन में से एक की घोषणा की, जिससे लगभग 20 करोड़ प्रवासी मज़दूर, मज़दूरी, भोजन और आवास के बिना फंसे रह गए। कई लोगों ने अपने घर गाँव लौटने के लिए लंबी यात्राएँ कीं, जबकि अन्य, अपने परिवारों के साथ अधर में लटके हुए, सड़क पर या उन फ्लाईओवरों के नीचे रहने के लिए मजबूर हुए, जिन्हें उन्होंने कभी बनाया था। और जैसे-जैसे श्रमिकों के अधिकारों का ह्रास हुआ, देश में मजदूर संघीकरण ज़ोर पकड़ने लगा। मुंबई में फिल्माया गया यह वृत्तचित्र भारत के नेता के कार्यों पर सवाल उठाते हुए, अमीर-गरीब के बीच की खाई को दर्शाता है।

    #Inde #covid #lockdown #film_documentaire

  • Sowing Somankidi Coura: A Generative Archive

    #Sowing_Somankidi_Coura, a Generative Archive is a long-term research endeavor by #Raphaël_Grisey in collaboration with #Bouba_Touré around the permacultures and archives of Somankidi Coura, a self-organized agricultural cooperative along the Senegal river founded by a group of former African migrant workers and activists in France in 1977 after the Sahel drought of 1973. Sowing Somankidi Coura unfolds and generates cine-geographies that reveal the boundaries between the liberation struggles of migrant workers in France, the Pan-African history of the cooperative and potentialities of #permaculture.

    Through a practice of filmmaking, archiving, publication, workshop and theatre, Sowing Somankidi Coura, engages in the articulation of liberation narratives, collective care and peasant alliances towards a denaturalisation and decolonization of development politics.

    The research navigates the liaisons across partial perspectives; situated knowledges and ecosystems; hetero-temporalities; affinities between soils, plants, animals and farming technologies; archives and reservoirs. Deploying diverse modes of image circulation, the work aimed at resisting forces of erosion, determination, national migration management politics, and the patenting of colonial agro-industries.

    https://raphaelgrisey.net/research
    #Sénégal #coopérative #agriculture #sécheresse #décolonial #Mali #diaspora #archive #histoire #histoire_coloniale

    ping @reka @cede

    • #Xaraasi_Xanne – Crossing Voices
      https://vimeo.com/678901326

      Using rare cinematic, photographic and sound archives, Crossing Voices recounts the exemplary adventure of Somankidi Coura, an agricultural cooperative created in Mali in 1977 by western African immigrant workers living in workers’ residences in France. The story of this improbable, utopic return to the homeland follows a winding path that travels through the ecological challenges and conflicts on the African continent from the 1970s to the present day. To tell this story, Bouba Touré, one of its principal actors, returns to the heart of his personal archives. They document peasant struggles in France and Mali as well as following the personal stories of migrant workers over many decades. Furthermore, the film is a story of transmission, kinship and cinematographic geographies. Throughout the film, voices come to accompany Bouba and bring forth the narrative of a forgotten memory leading towards the future.

      https://raphaelgrisey.net/works/xaraasi-xanne-crossing-voices-in-production

      #film #documentaire #film_documentaire

  • #CONTRADE_RIBELLI – Short Movie
    https://www.youtube.com/watch?v=c_WE3QgZMlU

    L’anteprima del cortometraggio Contrade Ribelli sulle narrazioni meticce del cantiere permanente Resistenze in Cirenaica, attivo dal 2015 nel rione bolognese.
    Una produzione RIC, Solipsia e Studio Banshee.

    “CONTRADE RIBELLI” è il primo documentario autoprodotto da SOLIPSIA in collaborazione con STUDIO BANSHEE e RESISTENZE IN CIRENAICA.

    Negli scorsi mesi, qui a Bologna, abbiamo avuto il piacere di conoscere le sorelle e i fratelli di Resistenze In Cirenaica. Fin dal primo giorno la sinergia sprigionatasi nelle lotte, negli intenti e negli animi ha fatto sì che i nostri cammini siano tutt’oggi stabilmente incrociati.
    Da allora, percorriamo insieme le strade e i quartieri di questa città: loro ci hanno raccontato le incredibili storie, gli incantesimi, le evocazioni e gli esorcismi che hanno segnato queste strade, con una particolare – quanto dovuta – attenzione a un rione: la Contrada Ribelle della Cirenaica.
    Noi, dal canto nostro, non potevamo che raccogliere quelle incredibili testimonianze, rimanendo ammaliati da quanto ascoltavamo e guardando con occhi diversi per la prima volta quelle che, fino ad allora, ci erano sempre sembrate apparentemente strade come tante.
    Durante queste notti, spesso siamo stati i testimoni di alcune “apparizioni”: quelle strade, al nostro congiunto passaggio, cambiavano nome e “luce”, riportando in vita i fantasmi e i numi tutelari benevoli che ne hanno nel tempo caratterizzato le cronache e svelato la loro profonda natura rivoltosa. Insomma, insieme abbiamo vissuto vere e proprie Evocazioni.

    Tuttavia tali apparizioni, effimere per natura, sono “condannate”, almeno visivamente, alla sparizione, provocando un leggero rammarico per lo svanire di una presenza, non solo nel suo autore.
    Per questo, abbiamo deciso di realizzare insieme, in collaborazione con Studio Banshee, un documentario che raccontasse proprio Resistenze In Cirenaica, cercando di racchiudere in un cortometraggio la storia di questo incredibile “cantiere permanente”, attivo sin dal 2015.

    Proprio nel giorno in cui il malfermo ponte di Via Libia viene chiuso per lavori di riqualificazione e inizia il percorso di cancellazione delle tracce del rituale che ha visto l’apparizione dei custodi della memoria partigiana e dei fantasmi del rimosso coloniale, siamo lieti di presentarvi finalmente il teaser, primo estratto di “CONTRADE RIBELLI”.

    https://www.solipsia.it/contrade-ribelli-short-movie

    #court-métrage #vidéo #film #film_documentaire
    #toponymie #toponymie_politique #toponymie_coloniale #Cirenaica #Bologne #Italie #diversité #métissage #colonialisme #néo-colonialisme #histoire_coloniale #odonomyie #noms_de_rue #magie_blanche #partisans #Lorenzo_Giusti #guérilla_odonymique

    –-

    ajouté à la métaliste sur le colonialisme italien :
    https://seenthis.net/messages/871953

  • #Mothership

    In the middle of the Mediterranean Sea, the crew of the #Ocean_Viking is rescuing people in exile fleeing Libya, crammed in unseaworthy boats. Once rescued and welcomed on board, survivors receive first aid, then accompanied to a safe port. On this ship, like a refuge within a refuge, the Women’s Shelter is a listening and care center for women and children.

    To ensure that people in distress are rescued in compliance with human rights and maritime law, a tug-of-war between authorities and humanitarian aid workers occurs on a daily basis.

    https://www.thepartysales.com/movie/mothership
    https://vimeo.com/943563441/3f3fb81516?share=copy

    #sauvetage #mer #Méditerranée #migrations #réfugiés
    #film #film_documentaire #Muriel_Cravatte

  • La Fleur de Buriti

    A travers les yeux de sa fille, Patpro va parcourir trois époques de l’histoire de son peuple indigène, au cœur de la #forêt brésilienne. Inlassablement persécutés, mais guidés par leurs rites ancestraux, leur amour de la nature et leur combat pour préserver leur liberté, les #Krahô n’ont de cesse d’inventer de nouvelles formes de #résistance.

    https://www.youtube.com/watch?v=sWDHI-T50c8


    https://www.advitamdistribution.com/films/la-fleur-de-buriti
    #peuples_autochtones #Brésil #film #documentaire #film_documentaire #persécution #massacre_de_Krahô #Amérique_latine

  • L’#amiante, l’histoire sans fin

    Toujours produite et vendue, la fibre cancérigène continue de faire des ravages. Cette enquête souligne l’impossible défi du #désamiantage et dénonce les scandales des multinationales prédatrices ou le cynisme de certains pays. Accablant.

    « Nous vous proposons ce matériau pour les murs de votre maison. Conçu pour durer toute une vie. Comme votre toit en amiante, comme le revêtement de votre sol. Une vie sans souci. » Certes, l’époque n’est plus aux publicités vantant les qualités d’un minerai censé convenir aux rêves de perfection domestique des Trente Glorieuses : l’amiante est en effet interdite en France depuis 1997 et dans toute l’Union européenne depuis 2005. Mais ceux qui pensent que son impact mortifère sur la santé mondiale appartient au passé se trompent lourdement. L’OMS estime qu’elle provoque encore la mort de plus de 100 000 personnes chaque année à travers le monde, cancers et #maladies_pulmonaires ne se déclarant souvent que plusieurs décennies après l’exposition. Flexible, résistante, formidable isolant et bon marché, l’amiante est utilisée en masse depuis la seconde partie du XXe siècle lorsque pouvoirs publics ou secteur privé en inondent le marché du textile puis du bâtiment, malgré une nocivité attestée par des études scientifiques dès les années 1930. De cet aveuglement volontaire résulte un défi colossal : en Europe, par exemple, il faudra cent ans et plusieurs milliards d’euros pour se débarrasser de la fibre cancérigène, sans parler des dégâts causés par la #contamination des déchets répandus dans la nature.

    Les métastases du profit

    Loin de se contenter de consigner les errements du passé, ce documentaire radiographie aussi notre époque : les symptômes d’une course au profit sont plus prégnants que jamais et les scandales se multiplient comme les métastases d’un capitalisme sans scrupule. L’amiante, elle, gagne de nouveaux marchés. En #Russie, la plus grande mine du monde permet d’en exporter 600 000 tonnes chaque année, tout en niant l’idée de maladie professionnelle pour ses ouvriers... mais pas pour ses cadres. Au #Bangladesh, des « petites mains » démantèlent cargos et supertankers européens farcis d’amiante sans information sur les dangers qu’elles courent. En Amérique latine, la colère gronde contre certaines entreprises européennes, comme le groupe franco-belgo-suisse #Eternit, qui continuent d’exporter un produit pourtant interdit sur le Vieux Continent. Recueillant la parole d’experts, de scientifiques, de militants ou de personnes malades, cette investigation aux séquences chocs, expose une vérité sidérante : malgré les morts, la science et les évidences, la fibre tueuse a encore de beaux jours devant elle.

    https://www.arte.tv/fr/videos/096315-000-A/l-amiante-l-histoire-sans-fin

    #amiante #documentaire #film_documentaire #santé #cancer

    signalé par @vanderling en 2022 : https://seenthis.net/messages/974040

  • #Éclairages, de #Neus_Viala : un #documentaire original sur les migrants

    Après Contre les murs (2012) et La spirale (2023), la documentariste toulousaine Neus Viala propose un nouvel opus sur les migrants, ou plutôt sur les effets des politiques migratoires sur le quotidien de ces étrangers venus d’ailleurs, pour mille et une bonnes raisons.

    La Loi du 26 janvier 2024 pour « contrôler l’immigration, améliorer l’intégration » a commencé à produire ses effets... Pendant ce temps là, les premiers concernés sont toujours un peu plus stigmatisés, un peu plus mis au ban de la société, aucune amélioration notable. La vie continue après la loi... mais les médias n’en ont cure.

    Le documentaire « Eclairages » ouvre une perspective inédite sur les Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF), la manière dont la justice est rendue et questionne les politiques publiques actuelles envers les immigrés.

    Après avoir exploré les défis auxquels sont confrontés les migrants sans papiers quand ils sont enfermés en Centre de la Rétention Administrative dans son précédent documentaire « La spirale », Neus Viala revient avec une œuvre tout en nuances : entre non-dits, aspérités, incongruité et silence des politiques d’immigration en France, il est des gens qui souffrent, profondément, durablement. Peut-on l’éviter ? Comment ?

    « Éclairages » n’est pas seulement une interpellation, c’est également une prise directe sur les pratiques administratives et judiciaires qui régissent le sort des personnes immigrées privées de papiers.

    Le documentaire explore des parcours d’immigrés, marqués par l’incertitude et l’angoisse, mais aussi par l’espoir et la détermination à vivre, aimer et travailler malgré les obstacles.

    Le langage cinématographique de Neus Viala capture les émotions pour expliquer et montrer les luttes de ces personnes, chacune plus attachante que l’autre, tout en mettant en lumière les failles et les contradictions des systèmes en place.

    Un documentaire salvateur, au cœur de débats essentiels sur la manière dont la France gère l’immigration et l’intégration de ceux qui cherchent refuge et une nouvelle vie sur son sol. Un débat qui aurait dû avoir lieu au Parlement lors de l’énième loi sur l’immigration… mais qui n’a pas eu lieu !

    La sortie d’"Éclairages" est le 25 avril 2024, avec une avant-première au cinéma Utopia à Toulouse Borderouge, suivie d’un échange avec la réalisatrice Neus Viala. De quoi mettre en lumière les réalités souvent invisibles de ceux qui vivent dans l’ombre des OQTF, de ceux aussi qui se sont intégrés à notre société à l’issue de parcours étonnants.

    Un film qui appelle à repenser la dignité. Celle de chacun à la lumière de celle des autres.

    https://www.youtube.com/watch?v=jmbfCjcfWCg

    https://blogs.mediapart.fr/sebastien-nadot/blog/230424/eclairages-de-neus-viala-un-documentaire-original-sur-les-migrants
    #film_documentaire #film #OQTF #migrations #asile #réfugiés

    • Éclairages

      Questionner nos certitudes, ouvrir la réflexion et les débats sur la loi immigration, intégration et asile, c’est l’objectif poursuivi par Neus Viala dans Éclairages, le documentaire qui ferme sa trilogie sur ce sujet.

      Elle revient sur la justice et son application en rentrant par la grande porte du Tribunal, bien que parfois, nous dit-elle, il faille la forcer pour défendre les droits des citoyens et rappeler que la justice est rendue au nom du peuple français.
      Elle recueille la revendication de bénévoles d’associations présents aux audiences des juges des libertés et de la détention devant lesquels doivent comparaître les personnes immigrées privées de papiers, enfermées au Centre de rétention administrative.
      Un avocat décrit en quoi « le droit des étrangers est devenu de plus en plus répressif, tout est construit autour de l’enfermement, de la privation de liberté et de plus en plus longtemps. On crée beaucoup de clandestinité … ».

      Un député, président de la commission d’enquête parlementaire sur l’immigration, expose l’origine de celle-ci : l’alerte par plusieurs associations par une tribune dans Le Monde, disant « Ce qui se passe sur ce terrain est inacceptable ».
      Et nous faisons un constat : il y a beaucoup de manquements de la part des services publics.
      Deux personnes racontent leurs parcours d’immigrés : un passé d’incertitudes et d’angoisse, un présent plus serein et un avenir ouvert aux projets : vivre, aimer, travailler…

      Dans Éclairages, nous retrouvons les accents du langage cinématographique des documentaires de la réalisatrice : le choix des cadres, des sons, des lumières et des obscurités, le choix des dessins du tribunal et des photos de l’intérieur du CRA, les barbelés. Le bruit incessant et la musique originale pour le film sont là, pour créer l’ambiance d’angoisse ou d’espoir qui entoure les personnes immigrées privées de papiers.
      La loi sur l’immigration, de l’intégration et de l’asile est un sujet de grande actualité… on en parle, mais sommes-nous bien informés… Pas si sûr !

      https://cultures-et-communication.com/film-documentaire-eclairages

      #OQTF #justice #CRA #rétention #détention_administrative #France #enfermement #privation_de_liberté

  • Maka – The Documentary
    https://www.meltingpot.org/2024/04/maka-the-documentary

    Maka presenta la storia della prima donna nera ad avere ricevuto un dottorato e ad essere diventata direttrice di un quotidiano in Italia: Geneviève Makaping (Maka). Questo documentario ispirato alla biografia e al pensiero di Maka e distribuito da OpenDDB, racconta la sua dolorosa storia di migrazione dal Camerun attraverso il deserto, l’arrivo in Calabria nel 1982 in seguito alla tragica morte del compagno di viaggio, il successo come giornalista e conduttrice televisiva, e il recente trasferimento e l’attuale attività di insegnante a Mantova. La storia di Maka offre lo spunto per ripensare l’appartenenza nazionale, e il modo in (...)

  • #Liban. Sur les #traces des #disparus de la #guerre_civile

    Comment filmer la #disparition ? Traduire par l’image ce qui n’est plus ? C’est un travail de #remémoration contre l’#amnésie_officielle et collective, et donc un travail pour l’histoire, que propose l’équipe du film The Soil and the Sea (« La terre et la mer »), qui sillonne le Liban sur les traces des #charniers de la guerre civile.

    Image trouble, son étranglé, vagues menaçantes… The Soil and the Sea (« La terre et la mer ») commence littéralement à contre-courant, la caméra submergée dans une lutte contre les vagues, dont nous tire la voix de l’écrivain libanais Elias Khoury lisant en arabe son poème « La mer blanche ». Ce sauvetage n’est pourtant qu’une illusion : c’est bien une noyade longue d’un peu plus d’une heure qui commence avec le film réalisé par Daniele Rugo, véritable plongée cinématographique dans la violence de la guerre civile libanaise.

    Partant de la côte beyrouthine, le film nous fait entrer au Liban par le charnier méditerranéen qui le borde, cette mer dans laquelle la guerre a souvent dégurgité ses #cadavres. The Soil and the Sea interroge les disparitions, exhume les histoires des #victimes et de leurs familles, creuse les bas-fonds de près de quinze années de #guerre_civile.

    Un pays amnésique et imprégné de #violence

    Au Liban, 17 415 personnes auraient disparu de 1975 à 1990, pendant la guerre civile qui a opposé de très nombreuses factions locales et internationales, mais dont les victimes ont été en majorité libanaises, palestiniennes et syriennes. Ce chiffre est tiré de la recherche constituée par le Lebanon Memory Archive, un projet piloté par l’équipe du film qui met en lumière cinq sites libanais abritant des #fosses_communes datant de la guerre1. Massacres délibérés, emprisonnements, torture, enlèvements, assassinats arbitraires ou ciblés, des lieux tels que #Damour, #Chatila, #Beit_Mery, #Aita_Al-Foukhar ou #Tripoli, sont emblématiques de toutes les facettes de la violence devenue routinière dans le Liban des années 1980. Leurs noms seuls suffisent à réveiller le souvenir d’une opération militaire, d’une prison ou d’une hécatombe dont les histoires sont tues dans un pays qui s’est remis de la guerre civile en instaurant un fragile statu quo.

    Afin de saisir la force de The Soil and the Sea, il faut comprendre la portée politique du simple geste de prise de parole proposé par le film. Dans les années 1990, la principale barrière mise en place pour éviter de retomber dans les méandres d’un affrontement civil a été le #silence. Aucune #politique_mémorielle n’a été mise en place à l’échelle du pays, les programmes scolaires s’arrêtent notoirement à la veille de la guerre civile, et la guerre est un arrière-plan anecdotique dans les conversations des Libanais·es. Des organisations de la société civile plaident pourtant depuis longtemps en défense des familles des personnes disparu·es, et une loi de 2018 promettait même d’éclaircir leur sort, mais le silence reste de mise pour la majorité de la société libanaise. La faute en revient surtout à l’absence de politiques publiques et d’institutions dédiées : il n’existe pas au Liban d’histoire « objective » de la guerre, scientifiquement constituée, et admise par l’État et la population. The Soil and the Sea donne un exemple saisissant de cette #amnésie_collective avec l’anecdote d’une mère qui pose une plaque et plante un olivier en mémoire de son fils Maher, disparu devant la faculté des sciences dans la banlieue sud de la capitale. Alors que cette faculté relève du seul établissement supérieur public du pays - l’Université libanaise -, les étudiant·es et les professeur·es rencontré·es par la mère de Maher sont effaré·es d’apprendre qu’une fosse commune « de trente mètres de long » a été enfouie sous les dalles de leur campus à la suite d’une bataille entre des factions libanaises et l’armée israélienne pénétrant dans Beyrouth en 1982.

    Pour recomposer l’histoire d’un pays amnésique, The Soil and the Sea choisit d’enchaîner les #témoignages, comme celui de la mère de Maher. Les #récits sont racontés en « voix off », superposés à des images montrant les lieux banals, gris, bétonnés, où les Libanais·es foulent souvent sans s’en douter - ou sans y penser - les corps de centaines de leurs semblables. Les voix des proches ou des survivant·es qui témoignent sont anonymes. Seuls ces lieux du quotidien incarnent la violence. Le film offre l’image d’un Liban pâle et quasi désert, où l’immobilier aussi bien que la végétation ont recouvert les plaies mal cicatrisées de la guerre. Des silhouettes lointaines parcourent ruines antiques et bâtiments modernes, gravats et pousses verdoyantes, mais on ne verra jamais les visages des voix qui racontent, par-dessus des plans savamment composés, les disparitions des proches, l’angoisse des familles, parfois de précieuses retrouvailles, plus souvent des vies passées dans l’errance et la nostalgie. Filmant le présent pour illustrer les récits du passé, The Soil and the Sea met au défi l’expérience libanaise contemporaine en montrant des lieux imprégnés jusque dans leurs fondations par une violence rarement nommée, qui prend enfin corps à l’écran dans les récits des familles laissées pour compte. Le travail de mise en scène du témoignage oral est aussi soigné du point de vue de l’image que du son, les mots crus des proches étant délicatement accompagnés par les arrangements légers et angoissants de Yara Asmar au synthétiseur.

    Géographie de l’oubli

    Faut-il déterrer les cadavres ? Serait-ce rendre justice aux familles que de retourner aujourd’hui la terre, et risquer ainsi de raviver les blessures d’un pays jamais guéri de la violence ? Ces questions, posées par un survivant du massacre commis par les milices palestiniennes à Damour en 1976, reçoivent plus tard une réponse indirecte de la part de la mère de Maher : « S’ils exhument des restes, où est-ce que je les mettrais ? » Juxtaposant des témoignages qui se font écho, The Soil and the Sea devient un jeu de questions et réponses qui exprime le paradoxe de l’#amnésie libanaise. Aux dépens de nombreuses victimes et de leurs familles, l’oubli a été un geste d’amnistie qui a permis à la société libanaise de se reconstruire, d’élever des banques et de déployer des champs sur une terre ravagée par le conflit. Beaucoup de victimes ont aussi été acteur·rices de la violence, à commencer par Maher, mort au service d’une milice, dont le récit de la disparition entame et conclut le film. En exhumant leurs corps, on risquerait de raviver des colères enfouies avec eux. Au lieu de prendre un tel risque, et outre l’impossibilité matérielle et politique d’une telle entreprise, le documentaire et le projet de recherche auquel il s’adosse se contentent de recueillir des #souvenirs sans les commenter autrement que par des images du quotidien, familières à tous·tes les Libanais·es.

    L’absence de protagonistes à l’écran, le choix de filmer les lieux représentés à des moments où ils sont inhabituellement déserts, illustrent d’abord la #disparition, thème principal de l’œuvre. Nous, spectateurs et spectatrices, sommes invité·es dans ces espaces comme dans des arènes cinématographiques qui réverbèrent les récits de la violence et abattent le quatrième mur, nous mettant au centre d’un récit oral, musical et visuel. Nous qui foulons le sol libanais, nous qui partageons sa mer et contemplons ses espaces, sommes responsables de constater la violence gravée en eux, nous dit le film. Si on ne peut résoudre les disparitions sans raviver la violence qui les a causées, si on ne peut déterrer les cadavres sans risquer d’exhumer la guerre qui les a tués, on peut au moins admettre l’amnésie, s’en reconnaître responsable, et apaiser par des #actes_mémoriels la violence fantôme qui hante le Liban.

    The Soil and the Sea apporte sa pierre à l’édifice mémoriel par la constitution d’une #géographie qui relève un à un des #lieux de l’oubli libanais. Les récits qui permettent l’enquête ne sont jamais exhaustifs. Ils permettent d’incarner cette géographie, lui donnant le relief et la profondeur qui manquent aux images du quotidien libanais contemporain. Par des procédés fins et dépouillés, le film de #Daniele_Rugo nomme l’innommable, montre ce qui ne peut être montré, et parvient ainsi à nous remémorer notre #oubli.

    https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/liban-sur-les-traces-des-disparus-de-la-guerre-civile,7167
    #film #documentaire #film_documentaire

  • Veilleurs de nuit

    À #Montgenèvre, station de ski idyllique, une immense « chasse aux migrants » se déploie la nuit tombée. Nuit et jour, des bénévoles se relaient pour leur porter secours. Le documentaire propose une immersion dans la maraude le temps d’une nuit.

    « Derrière les pistes de ski de Montgenèvre se cache un tout autre paysage : celui de la périlleuse traversée nocturne empruntée par de nombreux·ses migrant·e·s pour entrer sur le territoire français. Bien que la loi permette aux réfugié·e·s de demander l’asile dès leur arrivée dans le pays, en réalité, beaucoup sont renvoyé·e·s en Italie par les autorités sans même avoir eu la possibilité de déposer une demande. Afin d’exercer leurs droits fondamentaux, ils·elles empruntent des chemins de plus en plus haut dans la montagne, mettant leur vie en danger. Au sommet, des veilleur·euse·s de nuit se tiennent prêt·e·s à leur venir en aide et à les guider vers un lieu de refuge. La réalisatrice Juliette de Marcillac réalise un premier long métrage admirable qui suit le travail des bénévoles et des secouristes qu’elle accompagne lors de maraudes, de patrouilles dans la neige et de rondes en voiture. Grâce à une approche en cinéma direct, elle offre un regard subtil au plus proche de l’engagement d’un précieux réseau solidaire. »

    https://vimeo.com/814187896


    https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/68075_0
    #frontière_sud-alpine #film #documentaire #film_documentaire #Alpes #maraudes #solidarité #maraudeurs #frontières #migrations #réfugiés #Hautes-Alpes #Briançonnais #France #Italie #maraudes_solidaires

  • #Ikea, le seigneur des forêts

    Derrière son image familiale et écolo, le géant du meuble suédois, plus gros consommateur de bois au monde, révèle des pratiques bien peu scrupuleuses. Une investigation édifiante sur cette firme à l’appétit démesuré.

    C’est une des enseignes préférées des consommateurs, qui équipe depuis des générations cuisines, salons et chambres d’enfants du monde entier. Depuis sa création en 1943 par le visionnaire mais controversé Ingvar Kamprad, et au fil des innovations – meubles en kit, vente par correspondance, magasins en self-service… –, la petite entreprise a connu une croissance fulgurante, et a accompagné l’entrée de la Suède dans l’ère de la consommation de masse. Aujourd’hui, ce fleuron commercial, qui participe pleinement au rayonnement du pays à l’international, est devenu un mastodonte en expansion continue. Les chiffres donnent le tournis : 422 magasins dans cinquante pays ; près d’un milliard de clients ; 2 000 nouveaux articles au catalogue par an… et un exemplaire de son produit phare, la bibliothèque Billy, vendu toutes les cinq secondes. Mais le modèle Ikea a un coût. Pour poursuivre son développement exponentiel et vendre toujours plus de meubles à bas prix, le géant suédois dévore chaque année 20 millions de mètres cubes de bois, soit 1 % des réserves mondiales de ce matériau… Et si la firme vante un approvisionnement responsable et une gestion durable des forêts, la réalité derrière le discours se révèle autrement plus trouble.

    Greenwashing
    Pendant plus d’un an, les journalistes d’investigation Xavier Deleu (Épidémies, l’empreinte de l’homme) et Marianne Kerfriden ont remonté la chaîne de production d’Ikea aux quatre coins du globe. Des dernières forêts boréales suédoises aux plantations brésiliennes en passant par la campagne néo-zélandaise et les grands espaces de Pologne ou de Roumanie, le documentaire dévoile les liens entre la multinationale de l’ameublement et l’exploitation intensive et incontrôlée du bois. Il révèle comment la marque au logo jaune et bleu, souvent via des fournisseurs ou sous-traitants peu scrupuleux, contribue à la destruction de la biodiversité à travers la planète et alimente le trafic de bois. Comme en Roumanie, où Ikea possède 50 000 hectares de forêts, et où des activistes se mobilisent au péril de leur vie contre une mafia du bois endémique. Derrière la réussite de l’une des firmes les plus populaires au monde, cette enquête inédite éclaire l’incroyable expansion d’un prédateur discret devenu un champion du greenwashing.

    https://www.arte.tv/fr/videos/112297-000-A/ikea-le-seigneur-des-forets
    #film #film_documentaire #documentaire #enquête
    #greenwashing #green-washing #bois #multinationale #meubles #Pologne #Mazovie #Mardom_House #pins #Ingvar_Kamprad #délocalisation #société_de_consommation #consumérisme #résistance #justice #Fondation_Forêt_et_citoyens #Marta_Jagusztyn #Basses-Carpates #Carpates #coupes_abusives #exploitation #exploitation_forestière #consommation_de_masse #collection #fast-furniture #catalogue #mode #marketing #neuro-marketing #manipulation #sous-traitance #chaîne_d'approvisionnement #Sibérie #Russie #Ukraine #Roumanie #accaparement_de_terres #Agent_Green #trafic_de_bois #privatisation #Gabriel_Paun #pillage #érosion_du_sol #image #prix #impact_environnemental #FSC #certification #norme #identité_suédoise #modèle_suédois #nation_branding #Estonie #Lettonie #Lituanie #lobby #mafia_forestière #coupes_rases #Suède #monoculture #sylviculture #Sami #peuples_autochtones #plantation #extrême_droite #Brésil #Parcel_Reflorestadora #Artemobili #code_de_conduite #justice #responsabilité #abattage #Nouvelle-Zélande #neutralité_carbone #compensation_carbone #maori #crédits-carbone #colonisation

    • #fsc_watch

      This site has been developed by a group of people, FSC supporters and members among them, who are very concerned about the constant and serious erosion of the FSC’s reliability and thus credibility. The group includes Simon Counsell, one of the Founder Members of the FSC; Hermann Edelmann, working for a long term FSC member organisation; and Chris Lang, who has looked critically at several FSC certifications in Thailand, Laos, Brazil, USA, New Zealand, South Africa and Uganda – finding serious problems in each case.

      As with many other activists working on forests worldwide, we share the frustration that whilst the structural problems within the FSC system have been known for many years, the formal mechanisms of governance and control, including the elected Board, the General Assembly, and the Complaints Procedures have been highly ineffective in addressing these problems. The possibility of reforming – and thus ‘saving’ – the FSC through these mechanisms is, we feel, declining, as power within the FSC is increasingly captured by vested commercial interest.

      We feel that unless drastic action is taken, the FSC is doomed to failure. Part of the problem, in our analysis, is that too few FSC members are aware of the many profound problems within the organisation. The FSC Secretariat continues to pour out ‘good news stories’ about its ‘successes’, without acknowledging, for example, the numerous complaints against certificates and certifiers, the cancellation of certificates that should never have been awarded in the first place, the calls for FSC to cease certifying where there is no local agreement to do so, the walk-outs of FSC members from national processes because of their disillusionment with the role of the economic chamber, etc. etc. etc.

      There has been no honest evaluation of what is working and what is not what working in the FSC, and no open forum for discussing these issues. This website is an attempt to redress this imbalance. The site will also help people who are normally excluded from the FSC’s processes to express their views and concerns about the FSC’s activities.

      Please share your thoughts or information. Feel free to comment on our postings or send us any information that you consider valuable for the site.

      UPDATE (25 March 2010): A couple of people have requested that we explain why we are focussing on FSC rather than PEFC. Shortly after starting FSC-Watch we posted an article titled: FSC vs PEFC: Holy cows vs the Emperor’s new clothes. As this is somewhat buried in the archives, it’s reproduced in full here (if you want to discuss this, please click on the link to go to the original post):
      FSC vs PEFC: Holy cows vs the Emperor’s new clothes

      One of the reasons I am involved in this website is that I believe that many people are aware of serious problems with FSC, but don’t discuss them publicly because the alternative to FSC is even worse. The alternative, in this case is PEFC (Programme for the Endorsement of Forest Certification schemes) and all the other certification schemes (Cerflor, Certflor, the Australian Forestry Standard, the Malaysian Timber Certification Council and so on). One person has suggested that we should set up PEFC-Watch, in order “to be even-handed”.

      The trouble with this argument is that PEFC et al have no credibility. No NGOs, people’s organisations or indigenous peoples’ organisations were involved in setting them up. Why bother spending our time monitoring something that amounts to little more than a rubber stamp? I can just see the headlines: “Rubber stamp PEFC scheme rubber stamps another controversial logging operation!” Shock, horror. The Emperor is stark bollock naked, and it’s not just some little boy pointing this out – it’s plain for all to see, isn’t it?

      One way of countering all these other schemes would be to point out that FSC is better. But, if there are serious problems with FSC – which there are, and if we can see them, so can anyone else who cares to look – then the argument starts to look very shaky.

      FSC standards aren’t bad (apart from Principle 10, which really isn’t much use to anyone except the pulp and paper industry). They say lots of things we’d probably want forest management standards to say. The trouble is that the standards are not being applied in practice. Sure, campaign against PEFC, but if FSC becomes a Holy Cow which is immune to criticism (not least because all the criticism takes place behind closed doors), then we can hardly present it as an alternative, can we?…”

      By the way, anyone who thinks that PEFC and FSC are in opposition should read this interview with Heiko Liedeker (FSC’s Executive Director) and Ben Gunneberg (PEFC’s General Secretary). In particular this bit (I thought at first it must be a mix up between FSC and PEFC, or Liedeker and Gunneberg):

      Question: As a follow-up question, Heiko Liedeker, from your perspective, is there room ultimately for programs like the Australian Forestry Standard, Certfor and others to operate under the FSC umbrella?

      Heiko Liedeker: Absolutely. FSC was a scheme that was set-up to provide mutual recognition between national standard-setting initiatives. Every national initiative sets its standard. Some of them are called FSC working groups, some of them are called something else. In the UK they are called UKWAS. We’ve been in dialogue with Edwardo Morales at Certfor Chile. They are some of the FSC requirements listed for endorsement, we certainly entered into discussion. We’ve been in discussion with the Australian Forestry Standard and other standard-setting initiatives. What FSC does not do is, it has one global scheme for recognizing certification. So we do not, and that’s one of the many differences between FSC and PEFC, we do not require the development of a certification program as such. A standard-setting program is sufficient to participate in the network.

      https://fsc-watch.com

    • Complicit in destruction: new investigation reveals IKEA’s role in the decimation of Romania’s forests

      IKEA claims to be people and planet positive, yet it is complicit in the degradation and destruction of Romania’s forests. A new report by Agent Green and Bruno Manser Fonds documents this destruction and presents clear requests to the furniture giant.

      A new investigative report (https://www.bmf.ch/upload/Kampagnen/Ikea/AG_BMF_report_IKEA_web_EN.pdf) by Agent Green and Bruno Manser Fonds shows a consistent pattern of destructive logging in IKEA-linked forests in Romania, with massive consequences for nature and climate. The findings are based on an analysis of official documents and field investigations of nine forest areas in Romania. Seven of them are owned by the IKEA-related company Ingka Investments and two are public forests supplying factories that produce for IKEA. The analysis uncovers over 50 suspected law violations and bad forest management practices. Biodiversity rich forest areas cut to the ground, intensive commercial logging conducted in ecologically sensitive or even old-growth forests without environmental assessments, dozens of meters deep tractor roads cutting through the forest are just a few of the issues documented.

      Most of the visited forests are fully or partially overlapping with EU protected areas. Some of these forests were strictly protected or under low-intensity logging before Ingka took over. Now they are all managed to maximize wood extraction, with no regard to forest habitats and their vital role for species. Only 1.04% of the total Ingka property in Romania are under a strict protection regime and 8.24% under partial protection. This is totally insufficient to meet EU goals. The EU biodiversity strategy requires the protection of a minimum of 30% of EU land area, from which 10% need to be strictly protected. One key goal is to strictly protect all remaining primary and old-growth forests in the EU.

      At the press conference in Bucharest Gabriel Păun, President of Agent Green, stated: “IKEA/Ingka seem to manage their forests like agricultural crops. Letting trees grow old is not in their culture. Removing entire forests in a short period of time is a matter of urgency for IKEA, the tree hunter. The entity disregards both the written laws and the unwritten ways of nature. IKEA does not practice what they preach regardless of whether it is the European Union nature directives, Romanian national legislation, or the FSC forest certification standard. But as a company with revenues of billions of Euros and Romania’s largest private forest owner, IKEA / Ingka should be an example of best practice.”

      Ines Gavrilut, Eastern Europe Campaigner at the Bruno Manser Fonds, added: “It is high time that IKEA started to apply its declared sustainability goals. IKEA could do so much good if it really wanted to set a good example as a forest owner, administrator, and large wood consumer in Romania and beyond. Needs could also be covered without resorting to destructive logging, without converting natural forests into plantations – but this requires tackling difficult issues such as the core of IKEA’s business model of “fast furniture”. Wood products should not be for fast consumption but should be made to last for decades.”

      Agent Green and Bruno Manser Fonds urge IKEA and the Ingka Group to get a grip on their forest operations in Romania to better control logging companies, not to source wood from national or natural parks, to effectively increase protection and apply forestry close to nature in own forests, to ensure full traceability and transparency of the IKEA supply chain, and allow independent forest oversight by civil society and investigative journalists.

      In August 2021, Agent Green published its first report documenting destruction in IKEA-linked forests in Romania. In May 2023, Agent Green and Bruno Manser Fonds sent an open letter of concern to the Ingka Group and IKEA Switzerland. BMF also started a petition demanding IKEA to stop deforestation in Romania’s protected forest areas and other high conservation value forests.

      The ARTE documentary IKEA, the tree hunter brilliantly tells the story of the real cost of IKEA furniture, the uncontrolled exploitation of wood and human labour.

      https://bmf.ch/en/news/neue-untersuchung-belegt-ikeas-beteiligung-an-der-waldzerstorung-in-rumanien-256

      #rapport