La réussite de Politico tient à plusieurs facteurs. Tout d’abord, il a fait appel à des journalistes de très bon niveau, empruntés aux principaux titres de la presse écrite et qui ont appliqué les méthodes d’#investigation des journaux les plus prestigieux. C’est ainsi, par exemple, qu’il a lancé en 2013, toujours sur le Web, Politico Magazine, consacré à des enquêtes en profondeur et dirigé par Suzann Glasser, une journaliste expérimentée venant du Washington Post et de Foreign Affairs. Par ailleurs, pour se financer, il a développé Politico Pro, un ensemble de lettres d’information spécialisées, vendues par #abonnement à des tarifs élevés, de l’ordre de 3000 dollars par an.
Politico n’est qu’un des exemples d’une évolution spectaculaire du monde des médias aux États-Unis. Celle-ci est marquée par l’éclosion d’un certain nombre de sites visant à transposer sur le Web ce qui a longtemps fait le succès des titres de #qualité. Dans une série d’articles publiés en 2015 par la New York Review of Books, le journaliste Michael Massing les passe en revue. Outre Politico, il en existe en effet beaucoup d’autres tels que le Huffington Post, Pro Publica, Vox, Quartz, The Intercept. Et cette liste est loin d’être exhaustive. Chaque branche d’activité, que ce soit l’environnement, la finance ou le renseignement a aussi ses sites spécialisés qui s’efforcent de fournir des informations inédites, non accessibles au grand public.
Comme pour la presse traditionnelle, celle que les observateurs américains appellent avec un peu de désinvolture les « legacy media », ces sites affrontent le redoutable défi du #financement. Comme le souligne Michael Massing, faire mener des enquêtes en profondeur à une trentaine de journalistes bien formés et compétents a un coût qui est le garant de la crédibilité. Dans la pratique, à l’instar de Politico, ces publications numériques cherchent à s’adosser à un groupe puissant qui acceptera, pendant au moins un temps, d’assumer les pertes en espérant arriver un jour à l’équilibre grâce à l’afflux des lecteurs et des annonceurs.