• Jonathan Nossiter et le cinéma naturel, esquisse d’une nouvelle émotion ...
    http://blogs.mediapart.fr/blog/olivierbeuvelet/040314/jonathan-nossiter-et-le-cinema-naturel-esquisse-dune-nouvelle-emotio

    Cet été, sous le soleil d’Italie, attablé avec des amis vignerons1 et son ami Gian Luca Farinelli2autour de bouteilles de vins naturels, Jonathan Nossiter, avec l’aide de Paula Prandini, a tourné un film, presque spontanément, pour explorer in situ la manière dont les vignerons résistants pourraient dialoguer avec le cinéma. Ils étaient réunis pour parler d’un projet commun, prévu à la cinémathèque de Bologne, et défendre leurs positions vis-à-vis de la DOC (Denominazion di origine controllata – AOC). Norme administrative qui fait qu’aujourd’hui, par exemple, un Chianti de Giovanna Tiezzi et Stefano Borsa, réalisé selon la tradition toscane, dans le Chianti, à partir des cépages historiques, ne peut plus s’appeler Chianti …

    La conversation allait des anecdotes comiques racontant l’absurdité des normes industrielles appliquées à des produits du terroir à des considérations plus profondes sur le rapport des hommes à l’humus, à l’histoire des lieux et à l’éthique artisanale du geste créatif…

    La tribune de Jonathan Nossiter dans Libé
    http://next.liberation.fr/cinema/2014/02/16/apres-les-vignerons-naturels-les-cineastes-artisans_980612

    La prétendue « crise » est un euphémisme vendu par ceux qui n’ont rien perdu ces dernières années, pour adoucir le choc, sinon inadmissible, du nouvel ordre socio-économique. Entre autres victimes, la culture du geste artisanal, authentique et libre (aussi ancienne que la civilisation) est parmi les plus endommagées. Par miracle, il reste un petit village - plutôt gaulois, mais pas seulement - qui résiste : la tribu des vignerons « naturels ». En dix ans, des agriculteurs libres ont transformé la conception du vin ainsi que le marché du vin, surtout en France et en Italie, mais ailleurs aussi.

    Face à une culture dominante de marketing et d’uniformisation - à l’échelle industrielle certes, mais également chez des faux artisans -, des milliers de paysans et de paysans convertis ont déclaré d’abord leur liberté de pouvoir se rattacher à l’histoire artisanale d’un lieu. Ensuite, avec leurs vins libres, à la fois d’avant-garde et traditionnels, ils ont réussi à se faire une petite place (croissante) sur le marché mondial, suivi surtout par des jeunes, plus lucides que ceux de ma génération sur les escroqueries commerciales. Les vignerons naturels sont aussi hétéroclites que possible, unis dans le refus des règles dictées par le marché (ou par eux-mêmes !) et unis dans le respect absolu de la santé des sols, des hommes et des bêtes, les uns dépendant toujours des autres !

    Est-ce que mes collègues cinéastes s’inspireront de cette résistance ?

    #cinéma #financement_collaboratif #viticulture #vin_naturel #réflexion #industries #capitalisme