• La precarietà lavorativa nel Nord-Est: tre città, tre facce dell’instabilità giovanile
    https://scomodo.org/la-precarieta-lavorativa-nel-nord-est-tre-citta-tre-facce-dellinstabilita-g

    Un viaggio tra Tolmezzo, Mestre e Bologna per raccontare come vivono la precarietà i giovani in una delle aree più produttive d’Italia L’articolo La precarietà lavorativa nel Nord-Est: tre città, tre facce dell’instabilità giovanile proviene da Scomodo.

    #Uncategorized #ebert #fondazione_Friedrich_Ebert #precarietà

  • Retraites : un conclave pour ouvrir la porte aux fonds de pension
    https://frustrationmagazine.fr/conclave-retraites

    Sans grande surprise, le conclave sur les retraites n’a débouché sur aucun accord. De toute façon, un compromis aurait probablement été catastrophique. Trois mois de réunions, de notes techniques, de débats sous contrôle et de tensions de façade n’auront pas fait bouger les lignes essentielles. Dans ce simulacre de négociation, l’âge légal restait figé à […]

    #Décrypter_-_Économie

  • Precarietà a Nord Ovest: l’instabilità che si fa letterale: la generazione senza casa
    https://scomodo.org/precarieta-a-nord-ovest-linstabilita-che-si-fa-letterale-la-generazione-sen

    Attraversando l’area di Nord Ovest, si incontrano città che fra loro non si somigliano, e che è difficile ordinare tramite tratti comuni. Milano, metropoli mito dell’opportunità e del successo; Ivrea, città piemontese in transizione post-industriale, e Chatillon, piccolo centro montano in Val d’Aosta. La scelta di questi luoghi nasceva dalla volontà di indagare la percezione […] L’articolo Precarietà a Nord Ovest: l’instabilità che si fa letterale: la generazione senza casa proviene da Scomodo.

    #Uncategorized #fondazione_Friedrich_Ebert

  • Les organismes de #foncier solidaires : les limites de la démarchandisation
    https://metropolitiques.eu/Les-organismes-de-foncier-solidaires-les-limites-de-la-demarchandisa

    Les organismes de fonciers solidaires (OFS) permettent-ils de démarchandiser le #logement ? Pierre Le Brun montre les limites de ce dispositif face aux logiques financières de la propriété privée du sol. Créés en France par la loi Alur, les organismes de foncier solidaires (OFS) bénéficient d’une attention soutenue dans le monde du logement (Rey-Lefebvre 2024 ; Union sociale pour l’habitat 2024). Si l’expérience est encore trop neuve pour avoir permis une évaluation complète de ces dispositifs et de #Débats

    / #économie_urbaine, #immobilier, foncier, #habitat, logement

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_lebrun.pdf

  • La precarietà al Nord-Ovest: tre facce di una condizione generazionale
    https://scomodo.org/la-precarieta-al-nord-ovest-tre-facce-di-una-condizione-generazionale

    Un viaggio tra Chatillon, Ivrea e Milano per raccontare come la precarietà si declina diversamente nelle realtà del Nord-Ovest: dall’isolamento montano alla nostalgia post-industriale, fino all’insostenibilità economica della metropoli L’articolo La precarietà al Nord-Ovest: tre facce di una condizione generazionale proviene da Scomodo.

    #Uncategorized #fondazione_Friedrich_Ebert #precarietà

    • À Bobigny, le policier, le frotteur et le godemiché

      Une fois par mois, on juge des flics à #Bobigny. En juin, un fonctionnaire de police relaxé, un condamné à une amende, un autre à du sursis.

      Ce 5 juin, plusieurs visages inquiets patientent sur les bancs de la 14e chambre correctionnelle du tribunal de Bobigny, celle qui juge chaque premier jeudi du mois des #fonctionnaires_de_police en poste en #Seine-Saint-Denis. Au menu cette semaine ? Un peu de canard et beaucoup de poulets : après une affaire de presse rapidement évacuée, un trio s’approche de la barre.

      Les deux premiers, que l’on comprend tremper dans de menus trafics de stup, auraient tenté de corrompre le troisième, lequel ne se serait pas trop fait prier. Contre rémunération, cet ancien gardien de la paix aurait transmis plusieurs données sensibles extraites en toute illégalité de différents fichiers de police. Aujourd’hui chauffeur de bus, le trentenaire a été placé sous contrôle judiciaire. Il a d’ailleurs déjà effectué une peine de six mois de prison pour des faits similaires, dont une partie derrière les barreaux. Sauf qu’il y a un problème, annonce d’emblée son avocate : le parquet lui a transmis une procédure incomplète, amputée de 266 pages. « Ça représente ça », annonce la juge qui brandit un classeur orange épais comme deux côtes de bœuf. Pas facile, dès lors, de correctement défendre son client, évalue la robe noire. Le tribunal acquiesce : l’affaire est renvoyée au 4 septembre.

      L’adolescent dit avoir été frappé à coups de clés de voiture par un premier policier avant qu’un deuxième, tatouage de serpent sur le bras, ne le gifle

      Le dossier suivant concerne un géant. Le quadragénaire qui s’avance à la barre est si charpenté que, lorsqu’il se meut, sa chemise bleue menace d’éclater sous la pression de ses biceps gonflés. Barbe fournie et crâne tout lisse, il affiche plusieurs tatouages au-dessus des oreilles ainsi que sur ses bras. Ce colosse est prévenu pour des faits de septembre 2022, à Stains, accusé par un mineur de 13 ans de l’avoir frappé lors d’une interpellation à son image : très musclée. Ce jour-là, d’après le minot, un équipage de trois policiers se serait stoppé face à lui parce qu’il portait un #cache-cou, que les fonctionnaires décrivent comme une #cagoule, avant de le poursuivre. Arrivé à son niveau, l’ado est balayé puis menotté au sol. Il aurait alors été frappé à coups de clés de voiture par un premier, le chauffeur pense le plaignant, avant que, dans ladite voiture, un deuxième, arborant un tatouage de serpent sur le bras, décrit le garçon, ne lui décolle de grandes gifles. Il est finalement récupéré au commissariat par sa mère, un poil courroucée de constater son visage tout éraflé. Un médecin lui accorde trois jours d’#incapacité_totale_de_travail (ITT), un autre avance que « les #lésions constatées sont compatibles avec les faits dénoncés ». Une plainte est déposée.

      Lors de l’enquête, débutée deux ans après la déposition, les trois fonctionnaires disent avoir pas mal oublié ces faits qu’ils nient en bloc. Déjà, ils l’assurent, impossible d’avoir cogné avec des clés de voiture puisque le véhicule en question, « une Passat » disent-il, n’a pas de clés mais une carte pour démarrer. Après vérification, c’est en fait une 308 qui s’actionne avec des clés en métal. Quant à notre costaud, il a bien un tatouage sur le bras. « Oui mais c’est un poisson japonais », oppose-t-il aux enquêteurs qui notent en procédure que, en partie caché par sa manche, ce tatouage laisse apparaître « une silhouette écaillée qui fait penser à un serpent », ce que décrit le plaignant.

      Autre souci : il n’y a aucune trace de cette procédure au commissariat, mise à part une petite main courante sur laquelle le golgoth est présenté comme le chauffeur. Dès lors, les limiers pensent que le mineur s’est trompé : un seul agent l’a tapé à la fois avec des clés et ses paluches, et non deux comme il l’a dénoncé dans sa plainte. Et c’est celui qui porte le tatouage de poisson-serpent. Mais face aux magistrats de Bobigny, la solidité, contestable, de leurs conclusions est battue en brèche par ce fonctionnaire aux états de service impeccables. Comment peut-il être au volant et aussi en train de poursuivre sa cible pour la menotter ? Comment peut-il être à la fois le chauffeur qui, par définition, conduit et le policier-passager qui frappe le gamin dans la voiture sur le trajet du commissariat ? Tout cela paraît compliqué, en effet. Estimant qu’il existe « un doute sur l’identification de la personne qui a pu causer les blessures », le tribunal prononce la #relaxe. Tant pis pour le gosse au visage abrasé.

      Guillaume F., le prévenu de l’affaire suivante, est poursuivi pour « #outrage_sexiste_et_sexuel » commis dans l’exercice de ses fonctions. Ce flic de 34 ans, un beau gosse en chemise rose, n’en mène pas large. Il y a de quoi : il a reconnu avoir, en février 2024 au commissariat de Saint-Denis, brandi un godemiché devant la cellule d’un homme interpellé, le menaçant que ce sextoy « pouvait lui tomber sur la tête s’il recommençait », cite la magistrate assesseure en lisant le dossier d’enquête de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). Guillaume F. baisse le menton, tout penaud.

      Face à lui se tient un petit monsieur assisté d’un traducteur en langue arabe. En 2024, ce dernier, surpris dans un tramway en train de se frotter à une femme, est interpellé. Il doit bientôt comparaitre pour ces faits d’agression sexuelle. Dans sa plainte à l’IGPN, il « a dénoncé des faits de violences bien plus conséquent, mais la seule chose qui est reproché à Guillaume F. est d’avoir exhibé ce godemiché », précise la magistrate. Pour cause, le frotteur est ressorti de sa garde à vue avec une côte cassée et quinze jours d’ITT au compteur. Entre autres violences, il dit que Guillaume F. et ses collègues lui auraient « touché le derrière » avec leur matraque pendant qu’ils l’auditionnaient. Et quand le policier est venu dans sa cellule, le plaignant jure qu’il ne se serait pas contenté d’agiter le godemiché sous ses yeux mais lui aurait aussi tapoté la tête avec. Aucun de ces faits n’a été retenu dans la prévention, au grand dam de son avocate qui dénonce « une certaine forme d’omerta ». Celle-ci pense plutôt que Guillaume F. est venu se dénoncer à l’IGPN pour éviter que tout le service ne trinque. Et s’il fallait se cantonner au seul geste effectué avec le godemiché, son client a été traumatisé, ayant « cru à un viol » à la vue de l’objet. Le prévenu, lui, réfute toute violence ou menace à caractère sexuel.

      « J’étais de permanence ce jour-là. J’avais trouvé ce jouet, j’en rigolais avec les collègues, raconte-t-il à la barre. Je suis allé dire [au plaignant] qu’il allait être déféré. Je lui ai montré le sextoy et je lui ai dit qu’il ne pouvait pas faire ce genre d’infraction, en lui disant que ça pouvait lui tomber sur la tête.

      “Lui tomber sur la tête”, ça veut dire quoi ?, interroge la juge. Un sextoy ça ne sert pas à tomber sur la tête, monsieur…

      C’était de mauvais goût, c’était une blague », articule le policier gêné, qui a reçu un blâme pour cette glissante histoire de godemiché.

      En poste depuis trois ans, Guillaume F. a reçu onze lettres de félicitations de la part d’une hiérarchie qui n’a rien à reprocher à ce fonctionnaire « motivé » et « respectueux ». Mise à part, en début de carrière, « une certaine immaturité »… La procureure Fanny Bussac requiert 1 500 euros d’amende. Le tribunal double la mise : cela sera 3 000, entièrement assortis d’un sursis.

      Pour la troisième affaire, un bonhomme hirsute, engoncé dans une parka usée, s’avance à la barre. Cheveux bouclés poivre et sel et barbe en pagaille, ce quadragénaire sur le tard a longtemps été en poste au service des fourrières à Saint-Denis et Épinay-sur-Seine. Aujourd’hui, Grégory A. est poursuivi pour avoir refusé de donner son code de téléphone lors de sa garde à vue. Et aussi parce qu’il a effectué des levées d’immobilisation, a priori frauduleuses, concernant plusieurs dizaines de voitures. Tout commence lorsque le groupe interministériel de recherche des Hauts-de-Seine s’étonne que le contrat d’assurance d’une Mercedes qu’ils ont saisie a changé à l’occasion de la vente de cette voiture, pourtant immobilisée. Il s’avère que celle-ci n’est plus à la fourrière et a été, en toute illégalité, remise en circulation. Une enquête a été ouverte et les bœufs-carottes découvrent alors que plus d’une cinquantaine de véhicules sont concernés, dont certains jusqu’en Savoie. Toutes ces levées d’immobilisation ont été ordonnées à partir d’un seul compte : celui de Grégory A.

      Pourquoi Grégory A. a-t-il remis illégalement en circulation des voitures immobilisées à la fourrière ? Incompréhensible

      « Comment expliquez-vous avoir pu procéder à des levées d’immobilisation dans d’autres départements ? », lui demande la présidente du tribunal, Dominique Pittilloni. Et là, tout devient hyper flou. Pour ne rien vous cacher, Les Jours n’ont rien compris à cette affaire tant Grégory A. s’embrouille dans ses explications, s’agace de ce qu’on lui reproche, promet ne jamais savoir pour quelle raison il lève des immobilisations, ni quand, ni comment.

      Ce qu’on a compris en revanche, c’est que cet ours déteste la police dont il ne veut plus entendre parler. « Ça m’a détruit en partie ce métier. Mon vrai métier, c’est électricien. Depuis 2008, ça ne va pas », indique celui à qui l’institution aurait refusé la démission il y a quelques années. Et qui, depuis, collectionne les sanctions administratives et les mois de suspension. Alcoolique, dépressif et grand absentéiste, on ne saisit pas bien, non plus, comment il a pu poursuivre ses fonctions si longtemps. En arrêt de travail longue maladie, Grégory A. est aujourd’hui désarmé. Mais à l’audience, personne ne semble vraiment en mesure de lui trouver un mobile : ses comptes n’affichent aucun virement suspect, il ne mène pas grand train, et l’enquête n’a rien éclairé sur ce point crucial.

      La procureure Bussac réclame dix-huit mois de prison avec sursis ainsi qu’une interdiction définitive d’exercer. Il sera finalement relaxé pour les levées d’immobilisation. « Ce sont peut-être des fautes professionnelles, mais cela ne nous concerne pas », tranche le tribunal, qui prononce toutefois une peine de quatre mois de prison avec sursis en raison de son refus de donner son code de téléphone lors de sa garde à vue. « Vous avez tout bien compris ? », lui demande Dominique Pittilloni. Grégory A. hausse les épaules, comme pour dire « pas trop sûr ». Sur les bancs de la 14e chambre correctionnelle de Bobigny, Les Jours affichaient probablement le même air.

      https://lesjours.fr/obsessions/proces-policiers/ep10-godemiche
      #police #justice

  • #Journal du regard : Mai 2025

    https://liminaire.fr/chronique/journal/article/journal-du-regard-mai-2025

    https://www.youtube.com/watch?v=8FLCqozCzqs

    Chaque mois, un film regroupant l’ensemble des images prises au fil des jours, le mois précédent, et le texte qui s’écrit en creux. « Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” ». Jorge Luis Borges, Fictions

    (...) #Journal, #Vidéo, #Architecture, #Art, #Écriture, #Voix, #Sons, #Mémoire, #Paysage, #Ville, #Journal_du_regard, #Regard, #Dérive, #Paris, #Fontainebleau, #Photographie, #Jardin, #Cimetière, #Création, #IA, #Printemps, #Musée (...)

  • #Lucienne, la #bibliothèque numérique de l’#ENS

    L’ENS (École normale supérieure) et PSL (Université Paris Sciences & Lettres) inaugurent « Lucienne », une bibliothèque numérique accessible à tous, qui réunit plus de 900 documents issus de ses #fonds_patrimoniaux.

    Disponible gratuitement en ligne, cette plateforme rend consultables en haute définition des incunables (livres imprimés au cours du XVᵉ siècle en Europe), #manuscrits, #affiches, #photographies et #archives, avec des outils de recherche avancée adaptés aussi bien aux chercheurs qu’aux simples curieux. Le projet s’inscrit dans la dynamique des humanités numériques et entend valoriser l’histoire intellectuelle de l’institution.

    Nommée en hommage à Lucien Herr, bibliothécaire et figure historique de l’École, la plateforme « Lucienne » propose une sélection de documents issus du patrimoine normalien. Parmi les pièces notables : le Traité du pape Pie II (1472), un des incunables les plus anciens de la bibliothèque, ou encore De consolatione philosophiae de #Boèce (1498), connu pour ses gravures.

    Le #fonds_photographique rassemble des clichés emblématiques de promotions historiques, comme celles de 1878 (Durkheim, Jaurès, Bergson) ou de 1924 (Sartre, Aron, Canguilhem).

    Outre les textes, la bibliothèque présente également des affiches artistiques d’anciens élèves et illustrateurs, dont #Jean_Effel ou #Mona_Sohier-Ozouf, qui donnent à voir des moments marquants de la vie normalienne (Bal de 1947, Garden Party de 1950).

    Pensée comme un outil de diffusion des savoirs, « Lucienne » intègre des fonctionnalités enrichies, elle répond ainsi aux impératifs de conservation tout en facilitant l’exploration des collections.

    La plateforme s’accompagne d’un espace d’exposition virtuelle intégré à la programmation culturelle des bibliothèques de l’ENS-PSL, prolongeant l’expérience en ligne par des parcours éditorialisés autour des documents.

    https://actualitte.com/article/124029/numerisation/lucienne-la-bibliotheque-numerique-de-l-ens
    #bibliothèque_numérique

  • #Budget : « On a une image totalement déformée de la #dépense_publique »

    « Nous dépensons trop », a déclaré #François_Bayrou le 15 avril sur le budget 2026. Le gouvernement prévoit de nouvelles #coupes_budgétaires, de 40 milliards d’euros, pour l’année prochaine. Décryptage avec l’économiste #Christophe_Ramaux.

    Deux mois après avoir fait adopter un budget 2025 qui rognait déjà sur les dépenses publiques, le ministre de l’Économie, #Eric_Lombard, a annoncé, en fin de semaine dernière, de nouvelles coupes budgétaires de l’ordre de 40 milliards d’euros. Le 15 avril, François Bayrou a confirmé cette annonce permettant, selon lui, de maintenir l’objectif de #déficit à 4,6 % du PIB en 2026.

    Pour Christophe Ramaux, enseignant à l’université Paris 1, chercheur au Centre d’économie de la Sorbonne, la dépense publique n’est pas un #indicateur_économique pertinent. Entretien avec cet enseignant à l’université Paris 1, chercheur au centre économique de la Sorbonne et membre des Économistes atterrés, qui préconise plutôt d’aller chercher des #recettes pour combler le #déficit.

    Basta ! : Le ministre de l’Économie, Eric Lombard, ne cesse de rabâcher un chiffre : 57% de notre produit intérieur brut (PIB) serait consacré à la dépense publique. En répétant ce montant, qu’il juge colossal, il sous-entend que l’État est déjà très généreux. Couper dans la dépense publique serait donc sans grandes conséquences sociales. Mais la France est-elle réellement ce pays qui dépense de l’argent public à tout va ?

    Christophe Ramaux : On a une image totalement déformée de la dépense publique. Quand on dit que la dépense publique c’est 57% du PIB, la plupart des gens imagine que l’on prélève plus de la moitié de la richesse créée par le privé, qui serait le seul secteur productif, pour payer les fonctionnaires. Tout est faux dans cette phrase.

    La dépense publique est un indicateur très imparfait. On mélange un peu tout dedans et on fait des doubles comptes. Par exemple, elle comprend les salaires versés aux fonctionnaires, dont les cotisations sociales… Mais ces mêmes cotisations sont à nouveau comptées dans les dépenses de retraite ! Le chiffre de 57% du PIB n’est pas faux, mais il ne correspond pas à une part du PIB. Ce n’est pas parce que la dépense publique est à 57% que la dépense privée est à 43%. Au contraire, si on calculait la dépense privée de la même manière que l’on calcule la dépense publique, elle serait de l’ordre de 200% du PIB.

    Même si le gouvernement refuse d’employer le mot. Sommes-nous face à une politique austéritaire ?

    La part des #services_publics dans le PIB n’a pas augmenté depuis 40 ans. Donc il y a bien eu de l’#austérité. Pourquoi je dis ça ? Parce que, normalement, plus une société est riche, plus elle consacre de l’argent pour ce qu’on appelle les « #biens_supérieurs » : l’#éducation, la #santé, la #culture. Il ne vous a pas échappé que ce sont les terres d’excellence des services publics.

    Or, il y a beaucoup plus de bacheliers aujourd’hui que dans les années 1980, on aurait donc dû consacrer plus d’argent à l’éducation. On ne l’a pas fait. De même, la population vieillit donc on aurait dû augmenter les dépenses de santé. Cela n’a pas été le cas. Donc il y a bien eu de l’austérité.

    A quoi servent précisément les 1670 milliards d’euros de dépense publique ?

    Contrairement aux idées reçues, sur les 1670 milliards, un quart seulement sert à payer les #fonctionnaires. Environ une moitié (710 milliards) est consacrée aux « #prestations_sociales » et aux « transferts sociaux en nature de produits marchands » – la part remboursée des médicaments et des consultations médicales.

    Les prestations sociales (530 milliards, en 2023) financent essentiellement les #retraites (380 milliards), mais aussi le #chômage, le #revenu_de_solidarité_active (#RSA), l’#allocation_adulte_handicapé (#AAH), les #allocations_familiales… Les transferts sociaux en nature de produits marchands comptent pour 180 milliards. Quant au quart restant, il constitué de divers postes : aide aux ménages et aux entreprises, intérêts de la #dette (50 milliards), etc.

    La dépense publique n’est pas un puits sans fond. Et il faut savoir que le secteur public est productif ! Le calcul du PIB le prend d’ailleurs en compte. Sur les 3000 milliards de PIB actuel, environ 20% est ajouté par les fonctionnaires, soit 470 milliards. L’argent n’est donc pas dilapidé, puisqu’un quart de la dépense publique (salaire des fonctionnaires) augmente le #PIB !

    De même, les trois autres quarts offrent des débouchés pour le privé. Les retraités, que font-ils de leur retraite ? Ils font les courses, ils consomment. De même pour les chômeurs. La #commande_publique ? Elle finance en grande partie le privé, notamment le secteur du BTP si on pense à la construction d’écoles, de routes… Ce ne sont pas les fonctionnaires qui manient la truelle ! Donc quand on réduit la dépense publique, cela a inévitablement un effet sur le privé.

    Si on préserve la dépense publique, comment réduire le déficit ?

    Le #déficit_public est avant tout un problème de #recettes. Depuis 2017, premier mandat d’Emmanuel Macron, la dépense publique en pourcentage du PIB n’a pas augmenté. Ce qui a baissé, ce sont les #prélèvements_obligatoires (#impôts et #cotisations_sociales). On n’a jamais eu de baisse aussi élevée des ces prélèvements en un temps aussi court. On pense bien sûr à la suppression de l’#impôt_sur_la_fortune, #ISF, du prélèvement forfaitaire unique, à la baisse de l’#impôt sur les sociétés ou encore à la suppression de la #taxe_d’habitation (20 milliards d’euros), essentiellement payée par les ménages les plus riches. En tout, on arrive sur une baisse de 60 à 70 milliards de recettes.

    Au lieu de réduire la dépense publique, on pourrait évidemment aller chercher de nouvelles recettes. Déjà en revenant sur cette contre-révolution fiscale mise en place par Emmanuel Macron. On pourrait aussi remettre en cause certaines niches fiscales et sociales. Une part du déficit de la sécu pourrait être comblée si on cessait de ne pas soumettre à cotisation sociale une partie des revenus comme les heures supplémentaires, l’intéressement la participation, la prime de partage de la valeur (ex « #prime_Macron »)…

    https://basta.media/budget-on-a-une-image-totalement-deformee-de-la-depense-publique
    #dépenses_publiques #France #économie #fiscalité

  • Fondamentalisme islamique : un mouvement embourgeoisé et néolibéral, entretien avec Joseph Daher
    https://www.revolutionpermanente.fr/Fondamentalisme-islamique-un-mouvement-embourgeoise-et-neoliber
    https://www.revolutionpermanente.fr/IMG/arton22824.jpg?1605356083

    ... le parti fondamentaliste chiite libanais Hezbollah (fondé officiellement en 1985) a constamment exprimé sa préférence pour un État islamique comme système politique de référence. Il fait valoir, toutefois, qu’en raison de la démographie confessionnelle et de l’arrangement politique constitutionnel du pays qui attribue le pouvoir politique par appartenances confessionnelles et ethniques, sa mise en œuvre est irréalisable dans les circonstances actuelles. Cela, cependant, n’a pas empêché le Hezbollah de s’opposer à plusieurs initiatives pour séculariser l’État libanais, les caractérisant toutes comme anti-islamiques. Par exemple, le mouvement islamique chiite a dénoncé le mariage civil comme « une mise en œuvre de l’athéisme ».

    [...]

    Malgré leurs différences stratégiques, ces mouvements partagent tous un programme politique et une vision de la société réactionnaires et autoritaires. Cela se voit de façon assez claire et marquée dans leurs attitudes envers les femmes. Tous les courants du #fondamentalisme_islamique promeuvent une vision sexiste qui soutient la domination masculine et réduit les femmes à des rôles subordonnés dans la société. D’abord et avant tout, ils définissent la principale fonction féminine comme la « maternité » et, en particulier, l’éducation de la prochaine génération basée sur les principes islamiques. Ils imposent des codes vestimentaires et des comportements censés préserver l’honneur des femmes et celui de la famille.

    Tout éloignement de ces normes et restrictions est considéré par les mouvements fondamentalistes islamiques comme une concession à l’impérialisme culturel occidental. Les fondamentalistes islamiques ont des opinions réactionnaires semblables sur les populations LGBTQI. Par exemple, le leader du #Hezbollah, Hassan Nasrallah, a accusé les homosexuels de « détruire les sociétés ». Il a décrit les personnes LGBTQI comme une importation étrangère qui menacerait la société islamique de déviances morales et de modes de vie étranges.

    [...]

    La base sociale historique du fondamentalisme islamique s’est située, dès l’aube du vingtième siècle, dans la petite bourgeoisie. Bien sûr, les formations fondamentalistes de chaque pays ont leur histoire propre et particulière, mais elles partagent toutes des racines dans divers éléments de la petite bourgeoisie. En Égypte, par exemple, le fondamentalisme s’est développé parmi les éléments ruraux de cette classe qui se sont déplacés vers les villes dans le cadre des changements économiques et sociaux des années 1960 et 1970. Une fois urbanisé dans les années 1980 et 1990, son leadership a tendance à provenir de couches professionnelles telles que les médecins, les ingénieurs et les avocats. Un nombre croissant d’adhérents des FM à cette période est issu des jeunes instruits laissés sans opportunités d’avenir par l’imposition du néolibéralisme.

    Tout comme la petite bourgeoisie en général, les organisations fondamentalistes islamiques sont tiraillées entre deux directions – vers la rébellion contre la société existante et vers un compromis avec elle. Quoi qu’il en soit, leur projet réactionnaire n’offre aucune solution aux secteurs de la paysannerie et de la classe des salarié-e-s qui y sont attirés. Les partis fondamentalistes islamiques cherchent à rétablir la Ummah, une entité religio-politique qui rassemblerait tous les musulmans et transcenderait les clivages qui les divisent aujourd’hui. La lutte des classes est donc considérée comme une chose négative car elle fragmente la Ummah.

    Au fil du temps, les dirigeants petits-bourgeois des mouvements fondamentalistes ont de plus en plus approfondi leurs liens avec la bourgeoisie, même s’ils tentent de préserver leur base de soutien dans diverses classes sociales. L’Arabie Saoudite a joué un rôle clé dans ce processus. Elle a fourni aux FM égyptiens et à d’autres groupes un accès privilégié aux opportunités commerciales et professionnelles pendant le boom pétrolier des années 1970 et 1980. Cette situation a accéléré le processus d’embourgeoisement du mouvement fondamentaliste. De plus en plus de capitalistes ont commencé à jouer un rôle de premier plan au sein du mouvement.

    Au Liban, le Hezbollah a subi une transformation similaire. À l’origine, il possédait un leadership et des cadres issus en grande majorité de la petite bourgeoisie, qui attiraient une base sociale populaire parmi les classes moyennes et pauvres libanaises chiites. Au fil du temps, une fraction chiite de la bourgeoisie au Liban et dans la diaspora est devenue de plus en plus influente au sein du parti. Le Hezbollah a maintenant une base de soutien majeure parmi les hommes d’affaires libanais chiites ainsi que parmi les classes moyennes supérieures, en particulier au sein des professions libérales.

    Leurs sources de financement de plus en plus bourgeoises expliquent le soutien des fondamentalistes au système capitaliste et à son régime d’accumulation néolibéral actuel. Ils reçoivent non seulement des donations importantes de différents États, mais aussi des dons religieux privés (la zakat), ou provenant de réseaux constitués de secteurs bourgeois et de petites entreprises de la société. Par exemple, le Hezbollah reçoit un financement massif de l’Iran ainsi que de la bourgeoisie et la petite bourgeoisie chiites libanaises.

    Le Hezbollah reçoit également des « dons de particuliers, de groupes, de magasins, d’entreprises et de banques, ainsi que de leurs homologues dans des pays comme les États-Unis, le Canada, l’Amérique Latine, l’Europe et l’Australie ». Avec son processus de d’embourgeoisement, le Hezbollah possède des dizaines de supermarchés, des stations-services, des grands magasins, des restaurants, des entreprises de construction et des agences de voyages. Tous ces éléments encouragent l’intégration des #fondamentalistes dans l’ordre existant.

  • #Maladies_neurologiques : quand les #pesticides s’attaquent au #cerveau

    Des agriculteurs retraités se retrouvent atteints de graves maladies neurologiques causées par l’exposition aux pesticides. Commence alors un #parcours_du_combattant pour leurs familles, qui espèrent faire reconnaître la maladie comme professionnelle.

    Michel, ancien agriculteur âgé de 77 ans, est imprévisible. Sa fille Valérie, qui est aussi sa tutrice, cherche sur son téléphone des vidéos qui montrent ses changements d’humeurs et de comportements, si désarmants. Elle finit par en trouver et l’on voit Michel, tranquillement assis dans son fauteuil, rire doucement avec son épouse. Et soudain, il se met à crier, battre des bras et des mains, puis il se dirige vers la table pour y donner quelques coups de poing.

    Avant de se rasseoir, un peu plus loin. « Au départ, les médecins croyaient qu’il était atteint de la maladie de Creutzfeldt-Jakob [version humaine de la maladie de la vache folle, ndlr] », décrit Valérie. Très investie dans le soutien qu’elle apporte à son père, elle a multiplié les rendez-vous médicaux, tests en tout genre et allers-retours épuisants entre les hôpitaux de Rennes, le domicile de ses parents et son travail salarié.

    Comment payer un Ehpad avec 1000 euros ?

    Le diagnostic, terrible, est tombé dans les premiers jours de l’année 2021 : démence fronto-temporale. « Au départ, maman a pu s’en occuper, et je venais l’aider. Mais c’est devenu trop dur. Il se roulait par terre et ne voulait pas qu’on l’aide. Nous avons dû le placer en Ehpad, dans une unité d’hébergement renforcée », poursuit Valérie, très affectée par ce qu’elle vit comme « un abandon ». Ce placement en Ehpad est d’autant plus difficile que la petite retraite de Michel – 1100 euros par mois – ne couvre que la moitié du coût mensuel total, qui s’élève à 2200 euros. « Je prends dans ses économies, mais j’arrive au bout. La retraite de maman est très faible aussi. On va être obligées de vendre sa maison pour faire face. Mais je ne trouve pas de nouveau logement pour elle. »

    La reconnaissance du caractère professionnel de la maladie de Michel et le versement d’une #rente en reconnaissance du #préjudice subi pourraient leur apporter un peu d’air… Valérie a entamé les démarches à l’automne 2022, avec l’aide du Collectif de soutien aux victimes des pesticides, que sa mère a découvert via la presse locale. « Papa, il a utilisé beaucoup de pesticides. Il a fait beaucoup de mélanges, et il n’avait pas de cabine sur le tracteur, aucune protection. » Comme de nombreux enfants à cette époque, Valérie a souvent aidé son père dans les travaux des champs, y compris quand il faisait des traitements : « On ne savait pas que c’était dangereux, personne ne parlait de ça autour de nous. »

    Toute la sphère neurologique affectée

    La démence fronto-temporale ne figure dans aucun des tableaux qui listent les #pathologies_professionnelles dues à l’exposition aux pesticides, mais ceux-ci évoluent au fil des luttes et recherches scientifiques. « Historiquement, on a commencé le combat judiciaire avec la maladie de Parkinson puis le lymphome, situe l’avocat François Lafforgue, dont le cabinet accompagne de nombreuses #victimes des pesticides. Ensuite, nous avons travaillé sur les hémopathies et on a obtenu la création ou l’extension des tableaux pour toutes ces pathologies. »

    Ces victoires ne sont pas anecdotiques. Elles permettent de mettre en place ce que l’on appelle la « #présomption_d’imputabilité », qui évite aux victimes de documenter elles-mêmes les liens entre leur maladie et leur exposition. Aujourd’hui, par exemple, toute personne atteinte de la #maladie_de_Parkinson et exposée pendant au moins dix ans aux pesticides dans le cadre de son travail peut obtenir la reconnaissance du caractère professionnel de sa maladie.

    « Au fil des années et des prises de contacts avec des malades, on s’est rendu compte que toute la sphère neurologique était affectée, poursuit François Lafforgue. Nous avons aussi découvert qu’il existe de la littérature scientifique sur les liens entre plusieurs des maladies de cette sphère neurologique et les pesticides. Nous avons donc décidé de défendre la reconnaissance de ce lien devant les tribunaux. » C’est ainsi qu’en juin 2024, la #démence_à_corps_de_Lewy (type de démence partageant des caractéristiques avec la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson) de Joseph Lendormy, ancien agriculteur, a officiellement été reconnue comme étant liée à son exposition aux pesticides. C’est une première qui donne bon espoir au collectif pour le dossier de Michel.

    « Mon père a été exposé pendant plus de trente ans aux pesticides, retrace son fils Philippe Lendormy. Il avait une petite ferme d’élevage bovin-lait et polycultures (maïs, blé, colza...), mais c’est surtout comme chauffeur de la #Cuma [coopérative d’utilisation du matériel agricole, ndlr] qu’il a été exposé. » Joseph a occupé ce poste de 1961 jusqu’à son départ à la retraite en 1999.

    « Il s’agissait d’une grosse Cuma, avec douze fermes, et mon père faisait tous les traitements : #herbicides, #fongicides, #insecticides. Je me souviens qu’au printemps, il avait les mains et les bras orange, car il brassait les mélanges à la main. Il stockait les produits à la maison, y faisait ses mélanges et y rinçait ses cuves, le liquide dévalait la cour. » Sur la liste que Philippe Lendormy a reconstituée pour le dossier de son père, figurent de nombreux produits aujourd’hui interdits, dont plusieurs susceptibles de porter atteinte à la sphère neurologique.

    Des malades toujours plus nombreux

    « Mon père est mort en 2022, mais il est tombé malade huit ans avant, à 72 ans », reprend Philippe Lendormy. Joseph a commencé par oublier où il posait ses affaires, puis à ne plus savoir pourquoi il se trouvait à tel endroit à tel moment. Au fil des mois et des années, son état s’est aggravé. « Il faisait n’importe quoi : un jour, il a mis le feu à un balai et s’est promené avec dans la maison. Rien n’allait plus. Ma mère s’est occupée de lui pendant six ans, elle a été au bout de ses forces. Et il a finalement intégré un Ehpad. » Aucun médecin n’a établi de liens avec les pesticides. C’est Philippe qui a fini par y penser, un peu par hasard, suite à des discussions avec des amis, qui avaient entendu parler du sujet par la presse.

    « C’est un peu toujours la même histoire, commente Michel Besnard du Collectif de soutien aux pesticides de l’Ouest. À chaque fois que l’on médiatise un cas, de nouvelles personnes se manifestent. Si les maladies qu’ils ont ne sont pas dans les tableaux, on les accompagne quand même. » Les démarches sont plus longues, mais elles aboutissent cependant assez souvent, encourageant de nouveaux malades à les entreprendre. « On rencontre de plus en plus de gens avec des démences à corps de Lewy, précise Michel Besnard. Souvent, les neurologues disent d’abord que c’est la maladie de Parkinson (40 % des victimes accompagnées par le collectif en sont atteintes). Puis le diagnostic s’affine et on arrive à cette démence. C’est important de faire circuler ces informations pour que d’autres personnes puissent se manifester. »

    Un soutien inégal de la part des médecins

    « Ce n’est pas parce que l’on n’a pas beaucoup de cas qu’il ne faut pas les prendre en compte, ajoute François Lafforgue. La maladie à corps de Lewy, seconde cause de #démence_neurodégénérative après la maladie d’Alzheimer, est une affection dont les mécanismes sont très proches de ceux de la maladie de Parkinson. Or, les études scientifiques établissent un lien clair entre la maladie de Parkinson et une exposition aux pesticides. »

    Le lien entre la maladie de Joseph Lendormy et son travail a aussi été reconnu comme possible par l’experte du Centre régional de pathologies professionnelles et environnementales de Bretagne, où Philippe avait emmené son père, sur les conseils de l’avocat. « Le rapport d’expertise de l’Inserm de 2021 sur les pesticides rapporte un niveau de présomption fort entre l’exposition aux pesticides et les troubles cognitifs chez les agriculteurs », cite-t-elle dans son courrier bilan, considérant qu’une déclaration de reconnaissance peut être proposée à Joseph.

    Un avis encourageant qui tranche avec la frilosité du médecin de la Mutualité sociale agricole (MSA) qui avait commenté, après avoir écouté le CV de Joseph Lendormy : « L’ensemble des informations recueillies laissent supposer que Mr Lendormy a probablement été exposé à des pesticides au cours de sa vie professionnelle. » Cette prudence dans les propos avait ulcéré Philippe Lendormy. « Ce médecin est venu chez mes parents. On lui avait donné la liste des produits que mon père avait utilisés, car les vendeurs de la coop, c’étaient des amis de mes parents. Il a été exposé toute sa vie, c’est évident, et non "probable". »

    Une vie de travail et pas de retraite

    Récemment, le cabinet de François Lafforgue a obtenu la reconnaissance en maladie professionnelle pour un agriculteur atteint d’Alzheimer. « Mon père a travaillé des années 1960 aux années 2000, explique son fils, Benoît Laurent. Ils étaient six associés et lui était préposé à l’épandage des pesticides. C’était leur organisation. Il travaillait sans protection, je me souviens qu’il versait les produits et qu’il les mélangeait avec un bâton, à mains nues. Souvent, il avait des maux de tête et il saignait du nez. Il est tombé malade en fin de carrière et a été diagnostiqué en 2008, à 68 ans, cinq ans après avoir pris sa retraite. » La reconnaissance obtenue par Martial Laurent est due à un vice de procédure : la MSA n’a pas respecté certains délais, ce qui a entraîné une reconnaissance « implicite ». Il est donc difficile d’affirmer que les institutions valident le lien entre exposition aux pesticides et maladie d’Alzheimer.

    Selon François Lafforgue, « une action engagée a abouti favorablement, ce n’est pas comme s’il ne s’était rien passé ». L’expertise Inserm de 2021, qui s’est intéressée à des centaines d’études à propos des effets sanitaires des pesticides, considère que la présomption de lien entre pesticides et Alzheimer est « moyenne ». Elle cite une analyse réunissant sept études qui « estime à 34 % l’élévation du risque – significative – de maladie d’Alzheimer chez les personnes exposées aux pesticides ».

    « Cette reconnaissance, et la rente qui a été versée, nous permettent de financer l’Ehpad où mon père vit depuis 2020, intervient Benoît Laurent. Son petit pécule de retraite fondait comme neige au soleil. Ils n’avaient pas beaucoup d’argent, mes parents, même s’ils avaient travaillé toute leur vie. » « La rente ne va pas ramener mon père, ajoute Philippe Lendormy, mais cela va soulager un peu ma mère, qui s’est épuisée à l’accompagner. Elle va pouvoir se faire aider pour les travaux quotidiens. Pour moi, c’est aussi important symboliquement cette reconnaissance. Mon père a été un bon soldat, il a nourri la France comme on le lui a demandé. Il a bossé très dur. Et en est tombé malade. C’est bien de le rappeler. »

    Pour Valérie Vivien, « c’est douloureux de savoir qu’ils n’ont pas été prévenus qu’il allait y avoir des conséquences s’ils utilisaient des pesticides. Personne ne leur a jamais dit. C’est injuste. Ils ont travaillé toute leur vie et n’ont pas profité de leur retraite ensemble. » Elle espère que les démarches qu’elle a entamées « faciliteront les choses pour les suivants ». Et en attendant que son père touche, enfin, l’argent nécessaire à sa prise en charge, elle a dû lancer une cagnotte en ligne (https://www.leetchi.com/fr/c/cout-d-un-ehpad-2200mois-et-comptes-bientot-a-0-7503176.

    https://basta.media/maladies-neurologiques-quand-les-pesticides-s-attaquent-au-cerveau
    #santé #maladie #industrie_agro-alimentaire #agriculteurs #agriculture #conditions_de_travail #travail #maladies_professionnelles

  • Le virage à 392 milliards d’euros de l’UE pour la défense au détriment des régions
    https://www.euractiv.fr/section/politique/news/le-virage-a-392-milliards-deuros-de-lue-pour-la-defense-au-detriment-des-re

    Au lieu de financer de petites entreprises dans des régions économiquement peu performantes, l’argent devrait plutôt aller à de grands acteurs partout en Europe, de préférence dans le secteur de la #défense.

    #union_européenne #fonds_de_cohésion

  • Frédérique Vidal va présider une fondation de lutte contre la précarité étudiante. Et moi j’ai vomi. – affordance.info
    https://affordance.framasoft.org/2025/03/frederique-vidal-va-presider-une-fondation-de-lutte-contre-la-


    Frédérique Vidal dans son biotope médiatique naturel : l’extrême-droite torcheculatoire.

    Voilà. Frédérique Vidal va présider une fondation de lutte contre la précarité étudiante. Et moi j’ai vomi. J’ai vomi métaphoriquement, j’ai vomi dans ma tête, j’ai rêvé de vomir sur la tête de Frédérique Vidal. J’espère bien sûr que c’est purement un titre honorifique qu’elle assurera à titre bénévole (rien n’est très clair là-dessus) parce que s’il devait en être autrement, en plus de lui vomir dessus, c’est d’un tombereau de matière fécales à déverser dont j’aimerais également pouvoir me fendre auprès de Frédérique Vidal.

    Frédérique Vidal, je vous en ai souvent parlé sur ce blog, c’est l’ancienne ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche d’Emmanuel Macron. C’est elle qui était là pendant la période du Covid et qui s’est torchée autant qu’il est possible de le faire avec la misère et la détresse étudiante. Frédérique Vidal c’est elle qui après l’immolation par le feu d’un étudiant a mis en place un numéro d’appel payant. Frédérique Vidal c’est elle qui a fait passer la 1ère loi discriminatoire et raciste à l’encontre des étudiants étrangers hors de la communauté européenne en ouvrant la boîte de Pandore de l’augmentation des frais d’inscription les concernant, et qui joignant la pure saloperie au plus dégueulasse cynisme, a osé appeler ça « Bienvenue en France ». Si beaucoup de ministres de l’enseignement supérieur et de la recherche, du gouvernement Macron comme de ceux précédents, ont contribué à désosser et à détruire l’université, et ce depuis la loi LRU dite « d’autonomie » voulue et portée par Valérie Pécresse et le gouvernement Fillon, Frédérique Vidal est sans conteste celle qui aura le plus abîmé ce bien commun que constitue la possibilité, pour chacun.e, d’accéder à l’université dans des conditions dignes. Frédérique Vidal fut aussi le poste avancé de l’extrême-droite en lançant la plus vaste campagne de désinformation dont l’université et ses enseignant.e.s furent victimes en accréditant la rumeur d’une gangrène islamo-gauchiste de l’université et en prétendant mobiliser les moyens de l’état et du CNRS au service de l’agenda de ce qui était déjà, une internationale réactionnaire à l’initiative non pas d’Elon Musk mais de Blanquer, de Macron, d’elle-même et de quelques autres.

     

    Et aujourd’hui voilà qu’après avoir totalement disparue de la vie médiatique, et tenté diverses reconversions ratées pour s’immiscer au board d’écoles de commerce pourries dont elle avait elle-même augmenté les subventions lorsqu’elle était ministre (parce que vraiment non seulement elle née avant la honte mais dans l’insémination artificielle de son éprouvette politique il y avait un donneur de sperme à forte teneur en cynisme et des ovocytes chargés en crapulerie), Frédérique Vidal va donc présider une fondation de lutte contre la précarité étudiante. Et à ce moment là de l’histoire de nos sociétés, alors tout devient possible : que Marc Dutroux soit en charge d’un ministère de la petite enfance, que Xavier Dupont de Ligonnès soit nommé à la tête du ministère de la famille, et qu’Emile Louis prenne la tête d’une fondation pour l’inclusion des personnes handicapées.

    Donc j’ai appris que Frédérique Vidal allait présider une fondation de lutte contre la précarité étudiante et j’ai vomi. Et derrière cette nomination et ce pantouflage en mode recyclage d’ordure ministérielle, on trouve des assureurs, « Abeille Assurances » derrière qui se trouve l’assureur Aviva, bien connu pour ses pratiques délétères y compris contre ses propres assurés. On saluera donc cette forme de cohérence dans la mise en avant de l’ex-ministre qui aura le plus agi contre les intérêts des étudiantes et étudiants.

    #étdiants #précarité_étudiante #alimentation #logement #fondation_Abeille_assurances

    • Et autre alternative au #teflon (pas essayé) :
      COOK-PAL

      We have successfully developed supreme rust-resistant and anti-caking steel woks and frying pans.

      Oil soaks smoothly into our woks and frying pans letting you cook with greater ease.

      Most steel woks and frying pans suffer from rusting and caking but our products overcome these problems as they have been optimised with a high heat treatment which keeps them free from rust and gives them lifetime protection.

      YOSHIKAWA Innovation with confidence. A genuine “steel made product”. Try out products and you will be using them for a lifetime.

      https://www.yoshikawa-group.co.jp/e/kitchen/products/cook-pal_ren.htm

      #japon #cook-pal #cookpal #Nitruration #Fonte #YOSHIKAWA

    • Et une autre alternative, que j’ai, celle-ci, testée et adoptée :

      Poêles en Acier Mineral B

      Héritage de la Gastronomie Française, l’ustensile en acier est emblématique de la cuisine de nos grands-mères.

      Indémodable, pour saisir, griller, dorer, il détient jalousement les secrets de la réaction de Maillard : une caramélisation en surface des sucs naturels des aliments et un moelleux à l’intérieur.

      Naturellement sans revêtement, inusable, se bonifiant avec le temps, il se transmet de génération en génération.

      En tôle d’acier protégée avec de la cire d’abeille, Mineral B est naturelle et robuste.

      Sa coupe lyonnaise évasée et bombée, favorise la glisse des aliments. La queue rivetée, courbée à la française est confortable et éloignée de la source de chaleur.

      https://www.debuyer.com/fr/content/95-poeles-en-acier-mineral-b
      #acier #De_Buyer

      déjà signalé ici :
      https://seenthis.net/messages/1048671#message1053817

    • #Cookut


      https://www.cookut.com
      –-> poêle légère, sans PFAS et dont le revêtement est durable (sauf si ça chauffe trop)

      Plus en détail :

      Un revêtement 100% minéral SANS PFAS au contact des aliments

      L’Incroyable Cocotte et les autres accessoires de cuisson possèdent un revêtement totalement minéral et naturel : sans PFAS, sans BPA, sans PTFE, sans cadmium, sans PFTE, sans nickel.

      Concrètement ce revêtement est obtenu simplement lors de la #vitrification à haute température du principal composant du sable (silice) et d’eau. Il n’y a aucune substance organique controversée issue du pétrole.

      Cela signifie que cuisiner dans un ustensile Cookut est 100% sain, ce qu’attestent les nombreux tests réalisés par des laboratoires indépendants.

      En plus d’être totalement inerte pour la santé, le revêtement obtenu est à la fois antiadhérent et solide.

      Un coeur en alliage d’aluminium

      Afin d’obtenir les meilleures performance de chauffe et un poids réduit, nous avons choisi un alliage d’aluminium haute performance. L’aluminium présent dans cet alliage ne peut pas se diffuser dans la nourriture, même en présence de traces d’usure normales. Les tests indépendants en laboratoire prouvent la non diffusion d’Aluminium dans la nourriture.

      L’aluminium a souvent mauvaise presse car pendant longtemps des casseroles « tout en aluminium » ont été utilisées. Ces produits qui pouvaient présenter un risque sur la durée sont interdits depuis des années en Europe. Le coeur en aluminium encapsulé dans le sable vitrifié de notre cocotte n’a aucun rapport avec ces produits anciens.

      Pour rappel, l’aluminium est le 2ème composant le plus présent dans la croute terrestre. Les quantités ingérés dans l’alimentation sont de loin les plus importantes au quotidien. A titre d’exemple, la plupart des légumes contiennent 5 à 10 mg d’Aluminium par kg.

      https://www.cookut.com/fr/ma-cocotte-personnalisable

      –—

      J’ai décidé d’aller voir L’incroyable cocotte dans un magasin pour poser 2-3 questions, notamment sur la durabilité.
      La vendeuse m’a dit « c’est sans PFAS et autres produits nocifs, mais ça reste un revêtement... du coup, au bout d’un temps il partira et la poêle ne sera plus anti-adhérante ». Elle dit « après 4-5 ans, quand le revêtement ne sera plus fonctionnel, il faudra changer la poêle/cocotte ». Du coup, pour moi, c’est niet.

  • États-Unis : #Trump signe un décret pour retirer de certains musées toute « #idéologie_inappropriée »

    Donald Trump a signé jeudi 27 mars 2025 un décret exécutif visant à reprendre le #contrôle du contenu des musées #Smithsonian de Washington. Le président américain accuse ces institutions fréquentées de la capitale de mener un « #endoctrinement_idéologique » racial.

    Donald Trump a signé jeudi 27 mars un décret exécutif visant à reprendre le contrôle du contenu des musées Smithsonian de Washington, des institutions de la capitale accusées par le président américain de mener un « endoctrinement idéologique » racial.

    « Au cours de la dernière décennie, les Américains ont été témoins d’un vaste effort coordonné pour réécrire l’histoire de notre pays, remplaçant des faits objectifs par un récit déformé, inspiré par une #idéologie plus que la #vérité », écrit Donald Trump dans son décret.

    « Sous ce #révisionnisme_historique, l’héritage sans égal de notre pays dans la promotion de la liberté, des droits individuels, et du bonheur humain est reconstruit comme étant de manière inhérente raciste, sexiste, tyrannique, ou avec des défauts irrémédiables », ajoute-t-il, en ciblant particulièrement l’institution Smithsonian.

    Les musées et le zoo Smithsonian à Washington sont parmi les principales attractions touristiques de la capitale américaine, en raison notamment de leur caractère gratuit. Parmi les plus prisés, figurent notamment le musée d’histoire naturelle, la galerie nationale d’art, ou encore le musée national de l’histoire et de la culture afro-américaine, inauguré en 2016 par Barack Obama.

    « Retirer toute idéologie inappropriée »

    Le vice-président J. D. Vance sera ainsi chargé, grâce à son siège au conseil d’administration du Smithsonian, de « chercher à retirer toute idéologie inappropriée » de ces établissements. Il devra aussi travailler avec le Congrès pour empêcher que des #fonds_publics fédéraux financent des « #expositions ou programmes qui déshonorent les #valeurs américaines partagées, et divisent les Américains sur la base de la #race ».

    « Les musées dans la capitale de notre pays devraient être des endroits où les individus viennent pour apprendre, pas pour subir un endoctrinement idéologique », ajoute Donald Trump dans son décret.

    Pendant la campagne électorale, Donald Trump s’était engagé à supprimer tout #financement fédéral des écoles ayant adopté la « #théorie_critique_de_la_race ». Un concept qui désigne au départ un courant de recherche et est utilisé de manière péjorative par les conservateurs pour dénoncer les enseignements de sensibilisation au #racisme.

    Le président américain ordonne en outre à son gouvernement de déterminer si depuis 2020, des #monuments ou #statues sous juridiction fédérale ont été « retirés ou changés pour perpétuer une reconstruction erronée de l’histoire américaine », et si c’est le cas, de réinstaurer ceux-ci.

    En 2020, la mort de l’Afro-Américain George Floyd sous le genou d’un policier blanc avait déclenché des manifestations à travers les États-Unis sous la bannière « Black Lives Matter » (les vies noires comptent) et provoqué des débats véhéments sur le racisme et la présence dans l’espace public de symboles du passé esclavagiste du pays.

    Plusieurs monuments confédérés ont dans la foulée été démontés et de nombreux établissements (écoles et même bases militaires) ont changé de nom.

    https://www.la-croix.com/international/etats-unis-trump-signe-un-decret-pour-retirer-de-certains-musees-toute-ide
    #décret #musées #trumpisme

  • En #Algérie, la France coloniale a aussi détruit la #nature

    L’accaparement colonial de la terre en Algérie a détruit des modes d’organisation et de gestion de la terre en commun. Le développement des monocultures et d’une agriculture d’exportation a aussi bouleversé l’environnement.

    Après avoir été suspendu de RTL début mars pour avoir évoqué les massacres français en Algérie au XIXe siècle, Jean-Michel Apathie a décidé de quitter la station. En pleine surenchère du ministre Bruno Retailleau avec l’Algérie et face à une extrême droite qui clame les bienfaits de la colonisation, le flot de réactions hostiles aux propos de l’éditorialiste rappelle que nombre de Français ne connaissent pas l’ampleur des crimes coloniaux commis par la France en Algérie.

    Face aux tentatives de révisionnisme historique, Reporterre s’est intéressé à un pan méconnu de la colonisation française en Algérie : ses dégâts sur la nature. À l’aube de la colonisation, le socle de la société algérienne reposait sur la paysannerie, l’agriculture était la principale source de richesse et rythmait la vie des populations qui alternait entre le travail de la terre et les transhumances saisonnières. Mais de 1830 jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale, l’accaparement des terres par les colons a complètement bouleversé cet équilibre.

    « L’arrivée des colons en Algérie signe l’accaparement des ressources environnementales et celle du foncier. C’était une pratique d’expropriation sans explication, sans excuse et avec une grande brutalité. Pour les Algériens, c’est un monde qui s’effondre littéralement », relate Antonin Plarier, maître de conférence à l’université Lyon 3 et spécialiste de l’histoire environnementale des sociétés coloniales.

    Au total, d’après ses calculs, plus d’1,2 million d’hectares ont été transférés aux Européens entre 1830 et 1917 : soit l’équivalent de 1 000 fois la superficie de Paris, et trois fois celle de la Belgique.

    Pour réquisitionner des terres algériennes, la France a développé un arsenal juridique légalisant un paradoxe : celui d’une société qui défendait le droit à la propriété et d’une colonisation qui foulait au pied celle des Algériens. L’administration coloniale pouvait ainsi s’emparer de n’importe quelle propriété algérienne, qu’elle soit celle d’un individu comme d’une tribu entière.
    Détruire la paysannerie pour « soumettre le pays »

    La doctrine coloniale et militaire se lit à travers les écrits du maréchal Bugeaud, le militaire qui a permis d’étendre la conquête de l’Algérie. Voici notamment ce que précise cette violente figure de la colonisation, spécialiste des enfumades (pratique consistant à asphyxier des personnes réfugiées ou enfermées dans une grotte en allumant devant l’entrée des feux) : « J’y ai réfléchi bien longtemps, en me levant, en me couchant ; eh bien ! Je n’ai pu découvrir d’autre moyen de soumettre le pays que de saisir l’intérêt agricole ». Il faut donc empêcher les populations « de semer, de récolter, de pâturer », pour les priver des moyens d’existence, souligne l’historien Hosni Kitouni, chercheur en histoire à l’université d’Exeter.

    En filigrane, il s’agissait de punir tous ceux qui tentaient de se révolter, et de dissuader ceux qui en avaient l’intention. En 1838, l’ordonnance royale du maréchal Bugeaud indiquait que toute tribu s’insurgeant contre la domination française pouvait voir ses terres séquestrées. Cette politique monta encore d’un cran en 1871 à la suite d’une insurrection initiée contre la puissance coloniale.

    Cette « tempête des spoliations », selon l’expression d’Hosni Kitouni, a non seulement dispersé les populations, contraintes d’abandonner leurs maisons, leurs cultures, leur bétail, mais a également entraîné leur paupérisation, voire pire, leur famine, puis leur mort. En parallèle, la violence des razzias, ces opérations militaires menées dans des campements, a détruit les habitations et les récoltes. Les arbres fruitiers étaient rasés dans les zones de guerre.
    Spoliation de l’eau et des forêts

    « Devenus des paysans sans terre, sans bétail, sans abris, n’ayant que la force de leurs bras à vendre, ils vont alimenter la masse des candidats à toutes les servitudes », écrit Hosni Kitouni. D’anciens propriétaires algériens sont alors parfois revenus sur leurs terres louer leur force de travail aux colons français. « Des paysans algériens vont revenir cultiver la terre, fournir les semences, et les instruments agraires, en échange de quoi ils vont pouvoir récupérer un ou deux cinquièmes de la récolte, le reste revenant au propriétaire », raconte à Reporterre Antonin Plarier.

    Au-delà des terres, la colonisation s’est emparée des communs que sont les forêts et l’eau. Au XIXe siècle, plusieurs opérations de maîtrise des cours d’eau ont fleuri, toujours dans le but d’irriguer les terres des colons. Dans les années 1860, un projet de barrage a vu le jour dans le département d’Oran. Antonin Plarier pointe ainsi ce qui tient de l’évidence : « Lorsqu’une source en eau est maîtrisée, elle l’est uniquement au bénéfice des colons, et donc au détriment des agriculteurs algériens qui en sont de fait dépossédés. »

    La question de l’eau a entraîné plusieurs conflits, tout comme celle des forêts. Dès les années 1830, l’imposition du Code forestier par les colons a restreint peu à peu aux Algériens l’artisanat, le passage du bétail, le ramassage du bois de chauffe, et la coupe de bois pour les diverses constructions.

    Résultat : entre un tiers et la moitié des ressources économiques de la paysannerie algérienne a été menacée par ce nouveau cadre légal, estime Antonin Plarier. Il faut dire que l’administration coloniale y a très vite vu un filon : l’exploitation des forêts en vue de leur commercialisation.

    Dans la montagne de Beni Khalfoun, dans la vallée de l’Isser, l’administration octroya par exemple une concession d’environ 1 000 hectares de chênes-lièges, un bois cher et prisé pour la fabrication de bouchons, à un exploitant français. Difficile de donner un chiffre précis, mais cet accaparement de ressources essentielles n’a pas été sans conséquences sur l’écosystème algérien.

    « C’est toute une série d’éléments liés à la colonisation qui vont contribuer à dégrader l’environnement algérien. En asséchant les sols via la déforestation, l’État colonial a par exemple favorisé l’érosion des sols », dit l’historienne Hélène Blais, professeure d’histoire contemporaine à l’ENS et autrice de L’empire de la nature. Une histoire des jardins botaniques coloniaux.
    Monocultures et rentabilité

    En Algérie, comme ailleurs, la colonisation s’est accompagnée de l’introduction de nouvelles espèces jugées plus rentables, et d’un bouleversement dans les pratiques agricoles tournées vers une pratique intensive et exportatrice correspondant davantage aux besoins de la métropole.

    Ce qui fait dire à Alain Ruscio, historien spécialiste de la période coloniale, que « la totalité de l’écosystème algérien a été affectée par la colonisation » : « Au fur et à mesure que l’armée française considérait qu’une région était complètement contrôlée, des monocultures étaient rapidement mises en place. D’où aussi la construction de routes servant à acheminer ces marchandises vers la France », nous explique-t-il.

    C’est l’exemple de la vigne et de sa vinification, qui priva une partie de la population d’un accès à la culture de céréales, et entraîna la disparition de terres en jachères — qui fournissaient des pâturages jusqu’ici essentiels pour le bétail des paysans algériens. Mais aussi de l’introduction massive de l’eucalyptus, cette plante endémique d’Australie, dès les années 1860 pour tenter d’assainir les zones humides dans lesquelles le paludisme décimait des colons.

    « Des millions d’arbres ont ainsi été plantés. Dans certains endroits, cela a asséché plus qu’il était nécessaire, au détriment d’autres espèces endémiques qui ont été abattues ou abandonnées dans ce cadre », analyse Hélène Blais. L’historienne a également observé des tentatives d’introduction de moutons mérinos, apporté pour sa laine prisée en Europe.
    Chasses coloniales

    Sans oublier les chasses coloniales qui attiraient des Français originaires de tout l’Hexagone venus traquer hyènes, panthères, lions et autres animaux sauvages. Considérés comme des animaux nuisibles, leurs têtes furent mises à prix via une circulaire du général Bugeaud de 1844 offrant une récompense pour tout animal tué « proportionné à la puissance de chaque bête ». D’après les recherches d’Hosni Kitouni, rien qu’en 1860, ce ne furent pas moins de 61 panthères et 38 lions qui avaient été abattus. Si bien qu’à la fin du XIXe siècle, le plus gros de la faune sauvage avait disparu. Le dernier lion fut abattu en 1958.

    « L’ordre colonial s’accommode peu avec la différence biologique, écologique, humaine qui résiste à sa domination, conclut l’historien auprès de Reporterre. D’où la politique de mise en ordre à force de violence et de juridictions d’exception, empêchant la société autochtone de se développer à son rythme selon ses lois naturelles. »

    Au-delà des crimes commis sur les Algériens, peu d’historiens se sont jusqu’ici emparés des destructions des écosystèmes. L’ampleur d’un éventuel écocide lié à la colonisation française reste à quantifier et est un angle de mort de la recherche.

    https://reporterre.net/En-Algerie-la-France-coloniale-a-aussi-detruit-la-nature
    #destruction #paysage #colonisation #France #France_coloniale #histoire #terres #accaparement_des_terres #communs #agriculture #exportation #monoculture #paysannerie #foncier #expropriation #brutalité #violence #réquisition #droit_à_la_propriété #lois #maréchal_Bugeaud #enfumades #moyens_d’existence #insurrection #paupérisation #famine #razzias #arbres_fruitiers #eau #forêts #forêt #barrage #conflits #Code_forestier #érosion_des_sols #ressources #montagne #déforestation #environnement #érosion_des_sols #rentabilité #routes #vigne #jachères #terres_en_jachères #céréales #pâturages #eucalyptus #zones_humides #paludisme #arbres #laine #chasse #chasses_coloniales #ordre_colonial #animaux_sauvages #écocide
    #géographie_culturelle #géographie_du_droit #legal_geography

  • [Fontenay-le-Comte] – Contre les fascismes et contre tous les racismes, sous toutes leurs formes
    https://nantes.indymedia.org/events/142073/fontenay-le-comte-contre-les-fascismes-et-contre-tous-les-racismes

    Nous avons la volonté commune de mener le combat essentiel pour l’égalité des droits pour toutes et tous, pour la justice sociale contre le fascisme, l’autoritarisme, l’antisémitisme et contre le racisme sous toutes ses formes. À Nantes, le racisme, c’est aussi : – les contrôles massifs « au faciès »…

    #Antiracisme #Fontenay-le-Comte #Vendée

  • Federal workers say they increasingly distrust platforms like Facebook
    https://www.theverge.com/news/610951/federal-workers-privacy-surveillance-signal-facebook-messenger

    Contrairement aux fonctionnaires allemands il y a exactement 92 ans les employés fédéraux états-uniens ne font pas confiance à leur employeur et savent se défendre.

    Pourtant la position d’un Beamter même sous le régime nazi est systématiquement plus forte que celle de son homologue aux États-Unis. Pour les fonctionnaires allemands le licenciement n’existe pas. Pourtant il y a deux exceptions à ce principe pour les Beamte soupçonnés de gauchisme et, à l’époque, les juifs suivant la définition nazie.

    Heureusement qu’il y a Signal pour les victimes de surveillance et de répressson dans le monde.

    13.2.2025 by Mia Sato - Federal workers say platforms they once used to communicate with their coworkers and friends increasingly feel insecure.

    As Elon Musk and President Donald Trump have sought to gut and remake the federal government to their liking, federal workers have changed how they communicate with one another and with friends. They have locked down communication channels, migrated to new platforms, and what was once skepticism has grown into deep distrust — not just of their boss’s boss’s boss, but of the very services they use to communicate with one another, worried that their messages will be leaked to the government.

    Multiple federal workers who spoke to The Verge on the condition of anonymity said they’ve moved sensitive conversations from text messages and Facebook Messenger to the encrypted messaging app Signal. Many are downloading and using Signal for the first time to communicate with each other — away from the eyes of Trump and Musk loyalists but also from mainstream tech companies. For some, everything but the most innocuous conversations have been moved. Photos of pets might stay on typical channels; almost everything else is on Signal.

    “I have to have two separate conversations with someone over two different platforms,” says a person who works for the US Agency for International Development (USAID). “But that’s how wary people are of trusting their messages.”

    Another federal employee told The Verge that peers have asked them not to contact them on platforms like Facebook Messenger and to move any conversations about work or the federal government to Signal. Civil servants said they fear that technology companies aligned with the Trump administration, like Meta, could turn over user information to the government. One worker said they feared their data across platforms could be fed into artificial intelligence tools that would then be used to identify people who disagree with the administration.

    “I know that’s such an extreme take, and the sane part of me is saying that would never happen — but a lot of the stuff we said would never happen, did,” they said.

    Another person said day-to-day communication in work channels has also gotten more guarded.

    “Normally we’ll chitchat and maybe make snarky comments about leadership and general complaining stuff,” they say. “But for the past three weeks, no more. I’m more circumspect, and I’ve noticed my colleagues are also more circumspect.”

    At the heart of some of the distrust is how technology companies zied up to the Trump administration: companies including Meta, Google, and Apple’s Tim Cook all donated $1 million to Trump’s inauguration fund. For months, Mark Zuckerberg has laid it on thick in an attempt to curry favor with the administration, flattering Trump publicly and preaching the right-wing gospel on podcasts. One worker also pointed to a recent change made by Google to its calendar of holidays that removed celebrations like Pride Month and Black History Month. (A Google spokesperson told The Verge the calendar was switched to display only default entries for public holidays and national observances.)

    Privacy experts have long raised concerns about how data held by technology companies could be used against users on the platform. In 2022, in response to a police search warrant, Meta turned over unencrypted chat logs in which two women discussed abortion pills in a state in which abortion access was restricted.

    The Verge asked Meta if the company would hand over user data requested without a court order by Musk’s pseudo-agency, “The Department of Government Efficiency,” or DOGE. Meta spokesperson Thomas Richards said the company’s policies had not changed and noted that the “vast majority” of personal messages on Messenger are end-to-end encrypted.

    Meta says it follows “applicable law and [its] terms of service” when the company receives government requests for data, and publishes top-level reports on requests it receives. From January to June 2024, for example, Meta reported it received more than 14,000 requests via subpoena in the US, and some amount of data was produced in 85 percent of cases. Data requests to companies like Meta are governed by the Fourth Amendment as well as the Electronic Communications Privacy Act (ECPA), including the Stored Communications Act (SCA), says Andrew Crocker, surveillance litigation director at the Electronic Frontier Foundation.

    “To my knowledge DOGE itself does not have access to any of these types of legal requests — it would have to have the assistance of a law enforcement agency like the FBI,” Crocker told The Verge in an email.

    Privacy advocates have pointed to ways law enforcement have tried to get around having a court order, like Immigration and Customs Enforcement using administrative subpoenas that aren’t signed off by a judge to attempt to obtain user data from tech companies. In fact, Twitter (pre-Musk) fought a request by the Department of Homeland Security in 2017 that attempted to unmask an anonymous “alt-gov” account that was critical of policies during the first Trump administration.

    “When you have companies that are functioning as large data dragnets, they could be an incredibly rich target for agencies trying to investigate or retaliate against federal employees,” said Darío Maestro, senior legal fellow at the Surveillance Technology Oversight Project. “Law enforcement already has an alarming number of ways to seize digital communications, whether through subpoenas, court orders under the Electronic Communications Privacy Act, national security letters, or warrants, often with little transparency and no notification to those affected.”

    Both Crocker and Maestro stressed the importance of strong privacy and security measures like default end-to-end encryption.

    On forums like r/fednews, users share security tips and warnings about how workers’ activities could be monitored. The Signal app offers end-to-end encrypted messages, meaning the company doesn’t retain or have access to messages. But that means a user’s security settings on their device are all the more important: users can set messages to disappear after a set amount of time and set up a username rather than connect with other people using a phone number.

    Even on Signal, there’s heightened vigilance. Some federal employees have taken extra steps to shield their identities, like changing their display names to be anonymous, fearing someone could screenshot their messages. Signal did not immediately respond to a request for comment about whether it has seen an increase in new users over the past several weeks. But according to data from Pew Research Center, as of November the federal government employed over 3 million people, or 1.87 percent of the entire US workforce.

    Do you work for the federal government? I’d love to hear from you. Contact me on Signal (@miasato.11) using a non-work device. You can be anonymous.

    Mia Sato is platforms and communities reporter with five years of experience covering the companies that shape technology and the people who use their tools .

    #USA #fonctionnaires #surveillance #répressson #Elon_Musk #trumpisme #nazis

  • A San Ferdinando, in #Calabria, si cerca di recuperare un centro di #accoglienza che non ha mai accolto nessuno
    https://scomodo.org/a-san-ferdinando-in-calabria-si-cerca-di-recuperare-un-centro-di-accoglienz

    La #Casa_del_Marinaio, una storia di spreco di fondi europei per lo sviluppo urbano. Erano stati stanziati quasi 9 milioni di euro per un albergo di lusso destinato ai marinai di passaggio nel porto di Gioia Tauro, ma la struttura è rimasta abbandonata per anni. Cosa ne sarà ora della Casa del Marinaio? L’articolo A San Ferdinando, in Calabria, si cerca di recuperare un centro di accoglienza che non ha mai accolto nessuno proviene da Scomodo.

    #Territori #europa #fondi_pubblici #italia #locale #territori

  • « Le #carburant des avions est mieux remboursé que nos médicaments »

    L’#Union_européenne va subventionner les #compagnies_aériennes qui utilisent des « #carburants_d’aviation_durables ». 1,6 milliard d’euros de cadeaux supplémentaires pour le secteur, dénonce l’UFCNA dans cette tribune.

    Le lobby aérien s’active et presse les élus pour obtenir aides, subventions et #exonérations, pour adoucir l’impact financier d’une nouvelle réglementation qui s’imposera à partir de 2026 : l’obligation d’acheter des #quotas d’émission de gaz à effet de serre.

    Pour lui répondre, la Commission européenne a adopté le 6 février un généreux programme de soutien à l’achat de « carburants d’aviation durables » (#Sustainable_Aviation_Fuels, #SAF, en anglais), des #hydrocarbures liquides qui peuvent être utilisés par les avions à la place du #kérosène dérivé du #pétrole. L’appellation regroupe les #biocarburants produits à partir de #biomasse et les #carburants_synthétiques (#e-carburants) produits à partir de sources non biologiques (principalement l’#hydrogène). Si les premiers empiètent sur les ressources naturelles (terres agricoles et déforestations), et menacent l’environnement et la biodiversité, la production des seconds nécessite des quantités considérables d’#énergie.

    La Commission européenne impose pour l’aviation un taux d’utilisation progressif de 2 % de SAF en 2025, et jusqu’à 70 % en 2050. Mais depuis vingt ans, l’#industrie_aéronautique n’a cessé de décaler ou modifier à la hausse ses engagements [1]. Résultat, en 2024, les #carburants_durables n’ont représenté que 0,53 % de la consommation mondiale. Et les émissions liées au #transport_aérien explosent de 33 % depuis 2013. Dès lors, de nombreuses voix s’élèvent pour alerter que la croissance du #trafic_aérien est incompatible avec ces objectifs, et fera peser un poids insupportable sur les #ressources_naturelles d’intérêt général.

    « Il faut maintenant subventionner le carburant des avions ! »

    Dans son projet présenté en février, la Commission européenne propose de financer elle-même la croissance des carburants synthétiques, en offrant aux compagnies aériennes une #compensation_financière qui amortira la différence de prix avec le kérosène classique. Cette aide leur sera versée sous la forme de nouveaux #droits_à_polluer : 20 millions de tonnes de quotas carbone seront offertes. Au prix de 80 euros la tonne de carbone, cela représente 1,6 milliard d’euros de cadeaux supplémentaires pour les compagnies aériennes, et 2 à 3 fois plus en coûts collatéraux pour la société.

    Alors que l’absence de #taxe sur le kérosène représente un manque à gagner de presque 27 milliards d’euros pour les pays de l’UE et 4,7 milliards par an pour la France, il faut maintenant subventionner le carburant des avions !

    Et ensuite ? Les contribuables devront-ils aussi compenser les surcoûts des 20 % de SAF en 2035 et faire monter la facture à plusieurs dizaines de milliards d’euros, alors que la majorité ne prend jamais l’avion ou rarement ?

    Le contribuable paie deux fois

    Ce n’est pas tout, car ce cadeau ne porte « que » sur les vols intra-européens. Une poignée de députés et sénateurs de droite n’ont donc pas trouvé d’autre priorité que d’étendre cette niche fiscale aux vols internationaux au départ de #France.

    #Vincent_Capo-Canellas et sept parlementaires [2] ont fait adopter un amendement au projet de loi de finances 2025, prévoyant que l’État rembourse 50 % de la différence entre le prix d’achat des carburants d’aviation « durables » et celui du kérosène, pour les vols hors UE. Nos élus ont ainsi, selon leur propre estimation, alourdi les dépenses de l’État de 150 à 200 millions d’euros en 2025.

    Les économies liées à l’enterrement du #plan_vélo vont donc servir à payer une année de carburant pour les #avions. Les coupes sur le #Fonds_vert, adoptées juste avant la censure du gouvernement, entérinent une baisse de 400 millions d’euros de dotations. La baisse de 5 % des remboursements de la Sécu sur les consultations médicales et les médicaments en 2025 devait permettre d’économiser 900 millions d’euros… Toutes économies qui seront vite balayées par ces nouvelles subventions offertes aux carburants des avions !

    « Ne plus céder aux intérêts corporatistes et aux lobbies »

    Car nul n’ignore qu’une fois une niche installée, il devient impossible de revenir en arrière puisque l’effet d’aubaine fait se développer une activité économique dépendante. Et c’est bien déjà le problème pour l’aviation qui ne peut proposer des billets low cost à des tarifs ridicules que grâce aux multiples subventions, exonérations et aides publiques.

    L’Association du transport aérien international (#Iata) se vante dans son dernier rapport que les compagnies aériennes devraient réaliser 36,6 milliards de dollars de bénéfices à l’échelle mondiale. Plus de 10 milliards d’euros de dividendes ont été versés entre 2010 et 2020 par les groupes aéronautiques français à leurs actionnaires.

    Quelle aubaine de bénéficier d’un carburant mieux remboursé par l’État que de nombreux médicaments, pour maintenir des prix artificiellement hauts et engranger de somptueux bénéfices. Ce sont des milliards d’euros d’argent public perdus au seul service d’une corporation championne du #greenwashing, et qui continuent d’en demander encore et toujours plus.

    Ainsi le contribuable paie deux fois : la première pour subventionner des intérêts industriels corporatistes, puis pour réparer les dégâts environnementaux qu’ils ont générés. L’explosion du coût pour la société des catastrophes climatiques, des coûts sociaux et de santé causés par les pollutions aériennes va dépasser de très loin les bénéfices privés.

    Nous appelons les élus de la République à ne plus céder aux intérêts corporatistes et aux lobbies, à mettre fin aux niches fiscales et exonérations qui grèvent les finances publiques et à œuvrer pour une meilleure protection des populations face aux pollutions aériennes.

    https://reporterre.net/Le-carburant-des-avions-est-mieux-rembourse-que-nos-medicaments
    #France #subventions #aviation #green-washing

  • « Le Cube », de Claire Marchal : une enquête sur les « usines à étudiants » du groupe #Galileo
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/03/04/les-piou-pious-tu-les-serres-ils-couinent-un-peu-au-debut-mais-ca-passe-les-

    C’est l’histoire de deux mondes qui n’auraient jamais dû se rencontrer : d’une part, des écoles d’#enseignement_supérieur ; de l’autre, des #fonds_d’investissement. En 2011, les bases d’un empire sont posées lorsque le fonds américain Providence Equity Partners acquiert l’école de mode italienne Istituto Marangoni et fonde la holding Galileo Global Education. Quinze ans après, le groupe – qui a été revendu en 2020 à d’autres fonds d’investissement pour un montant de 2,3 milliards d’euros – compte 61 écoles, 106 campus dans 18 pays et 210 000 #étudiants sur la planète. Ce n’est qu’un début : Galileo a pour objectif d’atteindre le million d’étudiants dans les cinq années à venir.

    Il a fallu deux ans à la documentariste Claire Marchal pour comprendre les ressorts d’une véritable machine financière que l’Etat français contribue à huiler à la faveur des aides à l’#apprentissage et à la #formation_continue. Dans Le Cube (Flammarion, 384 pages, 22 euros), l’autrice, qui s’appuie sur des centaines d’entretiens et quelque 900 documents confidentiels, décrit l’obsession des managers de Galileo à augmenter les effectifs de leurs écoles, réduire leurs coûts, optimiser leurs rendements. La martingale porte un nom, « le Cube », le logiciel de gestion clients du groupe, un « outil informatique infaillible, conçu pour gérer les statistiques nécessaires à la satisfaction de sa soif de rentabilité ».

    A chaque rachat d’école, Galileo procède à de lourdes modifications dans la gestion des ressources humaines, dans la pédagogie et dans les modes de comptabilité. Il suffit alors de quelques années pour détruire de l’intérieur de jolies marques connues du grand public comme Penninghen, Bellecour, Strate, le Cours Florent…
    Mués en « usines à étudiants », ces établissements génèrent une casse énorme. En interne, il faut que les équipes se plient à la seule règle qui soit, celle de la rentabilité. Dans les salles de classe, bien trop remplies, le désarroi envahit des jeunes qui n’ont parfois pas de chaise pour s’asseoir ou qui subissent d’incessants reports de cours. Le tout en versant entre 5 000 et 10 000 euros par an.

    Responsabilité des pouvoirs publics

    Le violent contraste entre « la détresse de nombreux étudiants et la toute-puissance exponentielle de Galileo » est le fil rouge de Claire Marchal qui finit par interroger la responsabilité des pouvoirs publics. Car l’enseignement supérieur privé lucratif « est nourri de la main de l’Etat » depuis la loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel : « Ils avancent main dans la main, travaillent ensemble, des cabinets ministériels aux conseils d’administration, de la haute fonction publique aux directions des groupes. »

    Autour du président de la holding, Marc-François Mignot Mahon, gravitent Muriel Pénicaud, ancienne ministre du travail des gouvernements d’Edouard Philippe (2017-2020) et membre du conseil d’administration, Guillaume Pepy, ancien patron de la SNCF et président du conseil de surveillance d’EM Lyon Business School dont Galileo est actionnaire, ou encore, jusqu’en juillet 2024, l’ancien patron de l’AP-HP Martin Hirsch, qui a été vice-président de la multinationale.

    Il manque à Claire Marchal une pièce au puzzle : malgré ses relances, aucun membre de la direction de la holding n’a répondu à ses questions. Les directions des écoles du groupe sont restées muettes elles aussi. Seul Olivier Aptel, qui dirige depuis la rentrée 2024 la Paris School of Business, a fait preuve d’un certain courage en déclarant être « sensible aux retours exprimés [par les étudiants], notamment en ce qui concerne les conditions d’enseignement et l’organisation administrative ».

    « Les piou-pious, tu les serres, ils couinent un peu au début, mais ça passe ! » : les extraits du livre-enquête sur le groupe Galileo et ses « usines à étudiants »
    https://justpaste.it/dwajx

    #enseignement_supérieur_privé