• Paysans, artisans : ils se battent pour une activité qui respecte les #sans-papiers

    En France, l’association #A4 aide des personnes migrantes à être régularisées en les accompagnant vers une activité agricole ou artisanale. Une démarche à rebours de l’immigration utilitariste prônée par le gouvernement.

    « Le but n’est pas de forcer l’installation, seulement d’ouvrir des portes », explique Habib, membre fondateur et salarié de l’#association_d’accueil_en_agriculture_et_artisanat (A4). Depuis 2022, l’organisation aide les personnes migrantes à être régularisées en les accompagnant dans le développement d’une activité agricole ou artisanale décente. Le tout, en préservant les #terres_agricoles au profit de la #paysannerie. Du 9 au 14 octobre, ses membres étaient réunis à La Demeurée, un lieu de création à Saint-Contest près de Caen (Calvados), pour faire le point sur une année et demie d’activité intense.

    L’association gère depuis mai 2023 une ancienne serre industrielle de 3 000 mètres carrés à Lannion (Côtes-d’Armor), mise à disposition par un agriculteur retraité. Omar [], originaire du Soudan, Marie [], Congolaise, et Uma Marka [*], venue d’Amérique du Sud, ont pu y lancer des expérimentations pour la culture de plantes exotiques et tropicales : cacahuètes, gingembre, pastèques, melons, ananas, dattes, etc. Mais l’avenir de cette ferme reste incertain, alors qu’un nouveau PLU est prévu pour 2025.

    « Soit la mairie décide de rendre la parcelle constructible et les serres seront détruites ; soit la parcelle reste agricole et d’autres perspectives peuvent s’ouvrir pour ce lieu », explique Marie. Pour éviter l’artificialisation de ces terres, l’association travaille sur d’autres projets : un #fournil_mobile pour vendre du pain et organiser des ateliers sur le levain, un atelier de #réparation_de_vélos, un lieu de rencontre pour les associations et collectifs locaux. Reste à savoir si cela suffira à faire pencher la balance. « C’est le même problème dans toute la #Bretagne : les terres se vendent à des prix affolants », soupire Tarik, membre fondateur d’A4.

    Outre Lannion, d’autres lieux ont été prospectés dans le #Limousin, en région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, dans les départements de l’#Isère et de la #Drôme et à #Saint-Affrique, dans l’Aveyron. Un sixième « voyage-enquête » est prévu en Ariège en 2024. L’objectif est de « faire émerger un réseau de fermes et d’artisans complices » qui pourraient accueillir et embaucher les exilés dans de bonnes conditions, explique Gaël Louesdon, membre du collectif #Reprise_de_terres, qui conseille A4 dans sa recherche de #foncier_agricole.

    Au-delà, ces voyages sont des moments de « découverte des luttes en milieu agricole », insiste Marie. Logique, alors que l’idée de l’association est née dans le cadre des rencontres Reprise de terres, au printemps 2021 sur la zad de Notre-Dame-des-Landes.

    Cette démarche s’inspire des premières enquêtes ouvrières des XIXᵉ et XXᵉ siècles, basées sur des questionnaires remplis par les ouvriers eux-mêmes. Ces dernières visaient à améliorer les conditions de travail en dénonçant le capitalisme, le productivisme et l’exploitation ouvrière. « Seuls les travailleurs connaissent leurs conditions. Et quand on mène une enquête sur ses conditions de vie, on les transforme », explique Paul, membre de l’association et du collectif d’enquêtes militantes Strike.

    En parallèle, l’association travaille sur un guide juridique à destination des personnes migrantes et des artisans et agricultures qui souhaitent les aider. Ce gros projet devait occuper une bonne partie de la réunion de l’association à Caen.

    Savoir-faire et aspirations

    L’objectif est double. D’une part, lutter contre l’#accaparement_des_terres agricoles par l’agro-industrie, qui mobilise « la violence mais aussi les outils juridiques et le droit existants », selon Gaël Louesdon. Mais aussi respecter les savoir-faire et les aspirations des personnes exilées, à l’heure où le gouvernement favorise une « optique utilitariste » de l’immigration, insiste Élise Costé, juriste spécialisée en droit des étrangers et salariée de l’antenne caennaise de l’association de solidarité pour tous les immigrés (Asti).

    De fait, dans le projet de loi asile et immigration, dont l’examen commence ce lundi 6 novembre au Sénat, l’exécutif veut permettre aux #travailleurs_sans-papiers présents sur le territoire depuis trois ans d’obtenir un titre de séjour « métiers en tension » valide un an — une proposition rejetée avec vigueur par la droite et l’extrême droite.

    Cette dérive alimente, selon A4, des scandales d’embauche de travailleurs sans-papiers dans des conditions indignes. « Il faut casser la tentation de l’#agro-industrie d’exploiter des gens », plaide Tarik, qui évoque les entreprises bretonnes #Aviland et #Prestavic, respectivement poursuivies et condamnées pour traite d’êtres humains — en l’occurrence, de dizaines de travailleurs migrants sans-papiers.

    Pour toutes ses actions, l’association cultive l’#entraide et prône une organisation « d’égal à égal », sans distinction entre les aidants et les aidés. Parmi le noyau dur des dix membres les plus actifs d’A4, certains sont passés d’un statut à l’autre, comme Awad, garagiste à Paris devenu chauffeur pour les voyages-enquêtes, Amine, qui développe un projet d’agriculture et de vie en collectif avec des amis, ou encore Habib, soudeur spécialisé dans les fours à pain qui aspire à devenir écrivain. Une approche réparatrice pour des membres souvent éprouvés par leurs expériences passées. « Ça soigne les blessures, sourit Habib. Si ça continue comme ça, on peut changer le monde ! »

    https://reporterre.net/Paysans-artisans-ils-se-battent-pour-une-activite-qui-respecte-les-sans-
    #travail #régularisation #artisanat #agriculture #France #industrie_agro-alimentaire #conditions_de_travail

  • #Propriété_collective des #terres : « Des espaces de résistance face à l’agriculture industrielle et capitaliste »

    basta ! : Dans le secteur agricole, on compte seulement une installation pour deux à trois cessations d’activité, alors qu’un agriculteur sur quatre doit partir à la retraite d’ici 2030. L’accès à la terre est-il le frein principal à l’activité agricole en France ?

    Tanguy Martin : L’accès à la terre est clairement un frein, économique d’abord. La terre, selon les régions, peut coûter assez cher. S’y ajoutent les coûts des bâtiments, du cheptel, des machines, dans un contexte où les fermes n’ont cessé de grandir en taille depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

    Il y a aussi un principe de défiance : c’est plus facile de vendre ses terres, ou de les louer à son voisin qu’on connaît depuis très longtemps, qu’à quelqu’un qu’on ne connaît pas, qui peut vouloir faire différemment, non issu du territoire... Or, 60 % des gens qui veulent s’installer aujourd’hui ne sont pas issus du milieu agricole. Les freins administratifs se combinent à ce parcours du combattant.

    Aujourd’hui l’accès à la terre se fait par le marché : les terres sont allouées aux gens capables de rentabiliser une ressource, et pas forcément aux gens capables de nourrir un territoire ou de préserver un environnement.

    À partir de quel moment la terre agricole est-elle devenue une marchandise ?

    Jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, la terre est restée un bien de prestige et de pouvoir à travers lequel on maîtrise la subsistance de la population. Mais après 1945, l’agriculture est entrée dans le capitalisme : on commence à faire plus de profit avec la terre et la production de nourriture, voire à spéculer sur le prix de la terre.

    La terre est même depuis devenue un actif financier. Aujourd’hui, les sociétés dites à capitaux ouverts (financiarisées), dont le contrôle peut être pris par des non-agriculteurs, ont fait main basse sur 14 % de la surface agricole utile française. C’est plus d’une ferme sur dix en France [1]. Le phénomène a doublé en 20 ans !

    Peut-on vraiment parler de spéculation sur les terres en France alors même que le prix stagne en moyenne à 6000 euros par hectare depuis plusieurs années ? Il est quand même de 90 000 euros par hectare aux Pays-Bas !

    Depuis quelques années, le prix de la terre stagne et on pourrait en conclure qu’il n’y a pas de spéculation. En réalité, le prix de la terre a globalement augmenté en France sur les 20 dernières années.

    Actuellement, ce prix augmente dans certaines régions et baisse dans d’autres. Les endroits où l’on peut spéculer sur la terre sont globalement ceux où l’agriculture s’est industrialisée : les zones céréalières dans le centre de la France, de betteraves en Picardie, de maïs dans le Sud-Ouest... Là, le prix de la terre continue à augmenter.

    En revanche, il y a des endroits en déprise, notamment les zones d’élevage comme le Limousin, où le prix de la terre peut baisser. Les prix augmentent aussi à proximité des villes et des zones touristiques, où la terre risque de devenir constructible.

    En France, ce sont les Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer) qui sont en charge de réguler le marché des ventes des terres agricoles. Elles sont très critiquées. Que faut-il faire de ces organisations ?

    Les Safer ont participé à limiter les inégalités d’accès à la terre et un prix de la terre relativement bas en France. C’est vrai, même s’il y a d’autres explications aussi, comme la plus faible valeur ajoutée produite par hectare en France.

    Pour autant, les Safer doivent encore évoluer pour pouvoir répondre aux enjeux alimentaires et agricoles du 21e siècle, il faut arriver à démocratiser leur gouvernance. Celles-ci restent aujourd’hui très liées aux décisions du syndicalisme majoritaire (de la FNSEA, ndlr). Les Safer doivent aussi devenir plus transparentes. Actuellement, les réunions de décision se tiennent à huis clos : c’est censé protéger les gens qui prennent les décisions pour qu’ils soient éloignés de certaines pressions, mais cela crée une opacité très délétère pour l’institution.

    Un autre élément à revoir, c’est la façon dont on fixe les objectifs politiques des Safer. Ces dernières, quand elles achètent une terre, doivent la revendre à la personne qui répond aux objectifs politiques qui sont notamment fixés dans des documents nommés « schémas directeurs régionaux des exploitations agricoles ».

    Ces documents, écrits par l’État et validés par arrêté préfectoral, décrivent quel type d’agriculture vont viser les Safer et d’autres instances de régulation foncière. Or, ces documents, du fait que le syndicat majoritaire est largement consulté, défendent plutôt la prolongation de l’agriculture vers son industrialisation. Il y a donc un enjeu à ce que ces documents soient écrits pour défendre une agriculture du 21e siècle qui défend l’agroécologie, et des paysannes et paysans nombreux sur les territoires. À ces conditions-là, il n’y a pas de raison de vouloir se passer des Safer.

    Le fait que nous ayons un système qui alloue la terre, non pas en fonction de l’offre et de la demande, mais en vertu d’un projet politique censé répondre à l’intérêt général, est un trésor inestimable en France qu’il faut absolument garder.

    En creux de votre ouvrage se pose la question du rapport à la propriété. Est-il possible de dépasser le modèle du paysan propriétaire ?

    Sur le principe, rien ne justifie le fait qu’à un moment, une personne ait pu dire « cette terre m’appartient ». La terre étant à la fois un lieu d’accueil du vivant et le lieu où l’on produit la nourriture, on peut estimer que la propriété de la terre doit être abolie. Sauf que, dans une société très attachée à la propriété privée, cela paraît utopique.

    Prenons donc le problème d’une autre façon, et voyons ce qu’on peut déjà faire à court terme. Il faut avoir en tête que les agriculteurs ne sont pas majoritairement propriétaires des terres qu’ils travaillent : 60 % de cette surface est louée dans le cadre du fermage. Il y a même des paysan·nes qui décident parfois de ne pas acheter la terre et préfèrent la louer pour éviter de s’endetter.

    D’autre part, on dispose d’une régulation foncière selon laquelle la terre n’est pas une marchandise comme les autres et ne doit pas être uniquement dirigée par le marché. Ces mécanismes juridiques permettent à l’État, aux collectivités locales et aux syndicats agricoles, de définir ensemble qui va accéder à la terre indépendamment du fait que ces personnes soient riches ou pas.

    On a là un embryon qui pourrait faire imaginer un droit de l’accès à la terre en France institué en commun. Il faut renforcer et orienter ces mécanismes – qui ont plein d’écueils ! – vers des enjeux d’alimentation, d’emploi, d’environnement... Chercher à démocratiser la question de l’accès à la terre et « le gouvernement des terres », c’est à la fois une capacité à se prémunir des effets mortifères du capitalisme, et cela permet de penser comment on pourrait gérer les terres autrement.

    Le capitalisme n’est pas une fatalité : il y a d’autres manières d’être au monde, de produire de l’alimentation, de vivre, de sortir d’un monde où le but n’est que la recherche du profit. C’est comme quand on milite pour la sécurité sociale de l’alimentation : la Sécurité sociale en 1946 n’a pas renversé le capitalisme, mais elle a créé des espaces de répits face au capitalisme, extrêmement importants pour que les gens vivent bien et envisagent de transformer la société.

    Le livre dresse un panorama des organisations qui travaillent au rachat des terres pour les mettre à disposition de paysan·nes répondant à des critères socio-environnementaux, avec des règles transparentes d’attribution de l’accès au foncier. Les surfaces acquises restent toutefois modestes. Peut-on uniquement compter sur ce type d’initiatives ?

    Les gens qui s’intéressent à la terre aujourd’hui ont bien compris qu’on n’allait pas abolir la propriété privée demain. Ils ont aussi compris que s’ils voulaient expérimenter d’autres manières de faire de l’agriculture et de l’alimentation, il fallait accéder à la propriété des terres.

    L’idée de la propriété collective, ce n’est pas l’abolition de la propriété privée, mais que des gens se mettent ensemble pour acheter de la terre. C’est ce que fait Terre de Liens en louant ensuite la terre à des paysan·nes qui mettent en œuvre des projets répondant aux enjeux de société, d’emploi, d’environnement, d’entretien du territoire... Mais c’est aussi ce que font d’autres structures de propriété foncière – la Société civile des terres du Larzac, la Terre en commun sur la Zad de Notre-Dame des Landes, Lurzaindia dans le Pays basque, la foncière Antidote, et bien d’autres.

    Tout un tas de gens essaient d’acheter des terres pour en faire des espaces de résistance face à l’agriculture industrielle et capitaliste. Cela permet d’imaginer d’autres rapports à la propriété. Ce sont des lieux d’expérimentation très importants pour susciter de nouveaux imaginaires, apprendre à faire autrement, créer de nouvelles manières d’être au monde.

    Le problème de ces lieux-là, c’est qu’ils ne peuvent pas permettre un changement d’échelle. Cela ne peut pas être la solution de sortie des terres du capitalisme. Comme elles n’abolissent pas la propriété, s’il fallait racheter toutes les terres, cela coûterait des centaines de milliards d’euros.

    Par ailleurs, ces terres ne sont pas à vendre à court terme – une terre se vend en moyenne tous les 75 ans. D’où la nécessité de faire à la fois des expérimentations de propriété collective, tout en ravivant la question de la régulation foncière pour sortir l’agriculture du capitalisme.

    En quoi la lutte de Notre-Dame des Landes, victorieuse en 2018, a reconfiguré les luttes, notamment anticapitalistes, autour des terres ?

    La question agricole et foncière, en France et même en Europe, était très peu investie par les milieux anticapitalistes. L’activisme des gens qui vont s’installer dans la Zad, les coopérations menées avec des syndicats agricoles comme la Confédération paysanne, ont – non sans débats houleux et conflits internes – mené à une lutte assez exemplaire sur un territoire.

    La répression peut être énorme, mais la capacité de résistance aussi. Cette lutte a produit des façons de faire sur le territoire – en termes d’habitat, d’agriculture collective, de vivre ensemble – inspirantes pour toute une génération militant contre le néolibéralisme et le capitalisme. Beaucoup de milieux politiques aujourd’hui parlent de subsistance, d’alimentation, de terres.

    Notre-Dame des Landes marque aussi le fait qu’avec de moins en moins d’agriculteurs dans la société (2,5 % des gens sont des travailleurs de la terre dont 1,9 % sont des agriculteurs au sens légal), les enjeux agricoles ne peuvent être uniquement du ressort des luttes paysannes. La centralité de ces luttes doit être partagée avec d’autres types d’acteurs politiques, notamment des gens qui habitent le territoire sans être forcément paysans.

    La dynamique des Soulèvements de la Terre est-elle un prolongement de Notre-Dame des Landes ?

    En effet, il me semble que Notre-Dame-des-Landes est une inspiration forte de la pensée qui s’agrège autour des Soulèvements, mouvement riche de sa pluralité. Les Soulèvements montrent que les espoirs nés de l’expérimentation à Notre-Dame-des-Landes sont possibles partout et qu’il va falloir faire différemment dans tous les territoires – chaque endroit ayant ses spécificités.

    Les questions de rapport à la terre ont aussi émergé dans l’espace politique des années 1990, avec les luttes au Chiapas, au Mexique, qui continuent d’inspirer les milieux politiques en Europe et en France. Cette circulation des imaginaires de luttes permet de penser des mondes différemment. Les Soulèvements arrivent à fédérer de manière assez importante et repolitisent très clairement ces questions de la terre. Ils portent ces questions sur tous les territoires qui ont envie de s’en emparer en disant : « C’est possible aussi chez vous ».

    Peut-on sortir l’agriculture du capitalisme ? Pour Tanguy Martin, auteur de Cultiver les communs, il faut combiner les expérimentations de propriété collective tout en s’attachant à la régulation foncière.

    https://basta.media/Propriete-collective-des-terres-des-espaces-de-resistance-face-a-l-agricult
    #agriculture #résistance #capitalisme #accès_à_la_terre #terre #financiarisation #spéculation #Sociétés_d’aménagement_foncier_et-d’établissement_rural (#Safer)

  • Quand l’industrie rachète la terre
    Par Lucile Leclair

    https://aoc.media/opinion/2022/05/11/quand-lindustrie-rachete-la-terre

    Les #terres_agricoles recouvrent la moitié du territoire français. Ressources convoitées depuis toujours, elles font l’objet de luttes entre agriculteurs, mais pas seulement : elles sont aujourd’hui menacées par des #industries désireuses de maîtriser les matières agricoles. Avançant à bas bruit, elles posent une nouvelle question pour la campagne : assiste-t-on à un #accaparement qu’on croyait réservé aux pays de l’hémisphère Sud ?

    Depuis le début de la guerre opposant deux gros producteurs de céréales, les cours de l’huile, colza, blé ou maïs ont atteint des taux record. Des droits exceptionnels pourraient être accordés aux agriculteurs français, pour leur permettre d’utiliser les terres obligatoirement au repos. « La Commission va proposer d’adopter une suspension (des règles), afin qu’on puisse utiliser ces #terres pour la production protéinique, car il y a évidemment un manque de nourriture pour les #élevages » a indiqué à l’AFP le commissaire européen à l’agriculture Janusz Wojciechowski.
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    Il faut se représenter la terre comme le réservoir alimentaire du pays. Lorsque les incertitudes politiques se multiplient, le #foncier_agricole apparaît sous une lumière un peu plus crue. La terre, essentielle et stratégique, est gouvernée d’un peu plus près. Mais à qui revient-elle ? Depuis une dizaine d’années, la terre attire les grandes entreprises. Après avoir avalé la transformation des produits agricoles et la #distribution, elles investissent la production agricole elle-même. Enseignes de la grande distribution, leaders de l’#agroalimentaire, du secteur pharmaceutique ou du secteur cosmétique : ils sont de plus en plus nombreux à convoiter le patrimoine agricole.

    Au sud d’Orléans, Fleury Michon possède un élevage où naissent six-mille porcelets par an. À la ferme, des ouvriers font les travaux agricoles. À des centaines de kilomètres, les dirigeants de Fleury Michon surveillent sur leurs écrans les cours des matières premières. Ayant fondé sa croissance à l’origine dans le secteur commercial, cette entreprise fait à présent du contrôle de l’activité agricole un élément clé de sa stratégie.

    Posséder la terre présente trois atouts majeurs. D’abord, l’industriel assure lui-même son approvisionnement sans passer par les producteurs. Ensuite, ce contrôle direct des matières premières apporte plus de flexibilité pour répondre aux attentes changeantes du consommateur. Enfin, l’exploitation directe lui permet de se passer d’intermédiaires coûteux : agriculteurs, coopératives, négociants, etc.

    Mais le modèle de l’#agriculture de firme signifie la disparition du savoir-faire et de l’authenticité du métier agricole. Le paysan se transforme en exécutant au service d’un groupe industriel. En quoi est-ce un problème ? Le sol est un organe vivant, seul un agriculteur connaît sa terre. Une fois gérée à distance, la connaissance de la terre se perd.

    Ainsi, l’agriculture de firme contraint à une standardisation du vivant. Car organiser une ferme en fonction de schémas tout faits oblige à conformer le vivant. L’industrie a besoin de produits tous identiques, sa chaîne de production est conçue pour des poulets ou des cochons d’une taille adéquate, pour du riz ou des pommes de terre d’une variété donnée et d’un calibre unique. Le contraire d’une agriculture de proximité approvisionnant des marchés locaux.

    Déjà, les agriculteurs n’étaient plus entièrement maîtres de leurs décisions. Les industriels étaient souvent accusés de faire la pluie et le beau temps en matière de prix. Mais un autre glissement s’opère, un saut de plus dans l’histoire de l’#industrialisation de l’agriculture. À l’image d’autres secteurs de l’économie – la production de voitures ou l’industrie numérique avec les GAFAM –, il en découle une concentration des sociétés sans précédent. On avait déjà vu le remplacement de la supérette de quartier par une grande chaîne. Les petites et moyennes entreprises (PME) disparaissent, au profit des plus grandes. Ce mouvement gagne à présent l’agriculture.

    Mais pourquoi la terre voit-elle arriver des investisseurs auxquels elle avait échappé jusque-là ? Le monde rural, tout bucolique qu’il semble être, n’est pas simple. Un agriculteur sur cinq vit sous le seuil de pauvreté. À force de travailler soixante heures par semaine pour quelques centaines d’euros, avec des montagnes de crédit dont on ne voit pas le bout, l’amertume des agriculteurs grandit. Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que les fortunes de l’industrie soient bienvenues là où l’argent manque.

    Les autorités de leur côté, ont de moins en moins de moyens pour faire garde-fou. Pour le comprendre, il faut se pencher sur les Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer). Il en existe une par département. Placées sous tutelle du ministère de l’Agriculture et du ministère de l’Économie et des Finances, les Safer sont des sociétés anonymes sans but lucratif. Leur création en 1960 devait permettre à la puissance publique d’intervenir sur le marché des terres pour exercer une mission d’intérêt général, celle de redistribuer le foncier agricole en faveur des agriculteurs.

    Chaque Safer locale se voit obligatoirement informée lorsqu’une transaction est en vue, notamment quand un agriculteur vend ses terres au moment de partir à la retraite. Le code rural leur confère un pouvoir important avec un droit de préemption, qui leur permet d’acquérir le bien avant tout autre acheteur afin de fixer un nouveau prix et de faire un appel à candidature.

    Mais, en pratique, les exemples d’écarts abondent. Pourquoi les Safer acceptent-elles de vendre des terres à Fleury Michon ? Contacté au sujet de ce type d’opérations, Emmanuel Hyest, le président de la Fédération nationale des Safer, ne souhaite pas s’exprimer. Comment comprendre le dévoiement d’un organe d’État ? Déjà en 2014, la Cour des comptes critiquait une gestion « peu transparente » et recommandait un « meilleur encadrement ». Un écrit fut publié, il s’intitulait : « Les dérives d’un outil de politique d’aménagement agricole et rural ». Dans ce rapport, les magistrats reprochaient aux Safer de perdre de vue leur mission initiale : elles n’installent plus suffisamment de jeunes agriculteurs.

    La baisse drastique des moyens accordés aux Safer y est-elle pour quelque chose ? À leur création, elles étaient financées à 80% par des fonds publics. Mais ces subventions de l’État n’ont cessé de fondre et, depuis 2017, l’État ne finance plus du tout les Safer, sauf en Outre-mer. Le peu d’argent public qui reste – 2 % du budget en moyenne – provient essentiellement des régions. Aujourd’hui, 90 % du budget des Safer viennent des commissions qu’elles touchent sur les ventes. Et les 8 % restants sont issus d’études et de conseils, principalement à destination des collectivités territoriales.

    Quand le prix de la terre atteint de tels sommets, les jeunes agriculteurs ne peuvent pas suivre.

    Ainsi, la plupart de leurs recettes est désormais apportée par les transactions qu’elles réalisent pour vivre. Aujourd’hui sous-équipées, elles peinent à remplir leur mission. Pour maintenir leurs finances en bonne santé, elles ont intérêt à enchaîner les transactions et peuvent parfois mettre de côté leur objectif premier.

    En théorie, il est prévu que les Safer facilitent l’installation des jeunes agriculteurs. Mais lorsqu’un gros industriel se présente, elles ont du mal à dire non. À côté de Grasse, Chanel achète l’hectare à un million d’euros pour cultiver les fleurs qui entrent dans la composition de ses parfums. En proposant de tels prix, la société Chanel était sûre d’emporter le marché. À moins que la Safer locale ne s’y oppose : le code rural lui attribue la faculté d’utiliser son droit de préemption « avec révision de prix ».

    Si le tarif est surévalué, elle peut exiger une baisse. La Safer diffère alors la transaction, le temps de proposer au vendeur de nouvelles conditions conformes au prix local de la terre, fixé chaque année dans un document officiel, « Le Prix des terres ». Mais Chanel ne semble pas soumis aux mêmes lois que tous. La Safer locale autorise la vente. À ce sujet Emmanuel Hyest, le président national des Safer, ne souhaite pas non plus s’exprimer.

    Les perturbations pour le marché foncier sont pourtant réelles. La terre agricole voit s’affronter des prétendants à armes inégales. Quand le prix de la terre atteint de tels sommets, les jeunes agriculteurs ne peuvent pas suivre. Florian Duchemin se dit écœuré par cette « bagarre de l’hectare ». Après avoir recherché pendant quatre ans une parcelle pour s’installer en maraîchage dans la Drôme, il a dû trouver un travail dans l’informatique : « Vu le prix, bientôt il sera plus facile d’acquérir un trois-pièces à Paris qu’un hectare de terre arable. » « La concurrence est déloyale », conclut ce trentenaire en pointant des acheteurs qui viennent du monde industriel.

    Leur arrivée remonte au début des années 2010. Cette évolution survient au mauvais moment : un agriculteur sur quatre a plus de 60 ans. Dans les trois années à venir, 160 000 exploitations devront trouver un successeur. Qui seront les prochains paysans ?

    À l’origine de la création des Safer, le ministre du général de Gaulle puis de François Mitterrand, Edgard Pisani, avait imaginé cet outil comme des « offices fonciers » pour extraire les terres agricoles des logiques de marché : « J’ai longtemps cru que le problème foncier était de nature juridique, technique, économique et qu’une bonne dose d’ingéniosité suffirait à le résoudre. J’ai lentement découvert qu’il était le problème politique le plus significatif qui soit[1]. » Les Safer ne remplissent plus guère leur mission.

    En témoigne une autre transaction emblématique. En avril 2016, le groupe pékinois Reward, spécialisé dans l’agroalimentaire, faisait la « une » des médias. Ses achats mettaient au jour les failles du système français de protection des ressources agricoles. La société du milliardaire Hu Keqin venait d’acquérir 1 700 hectares de terre céréalière dans l’Indre et l’Allier – soit plus de vingt fois la surface moyenne d’une exploitation. À quoi étaient destinées les farines françaises ? À alimenter la chaîne chinoise de boulangeries Chez Blandine.

    Si l’affaire a choqué l’opinion publique, elle n’est pourtant que la partie émergée de l’iceberg. Et les industries acquéreuses de terre agricole sont aussi celles qui nous sont familières. Sur le marché des terres en France, on ne compte que peu d’acheteurs étrangers (2%). La médiatisation des acheteurs chinois masque les vrais enjeux. Il semble facile de regarder ailleurs, quand les entreprises nationales ou régionales jouent les premiers rôles.

    L’opération de la firme Reward a au moins amené une prise de conscience : les Safer manquent aussi de moyens juridiques, il faut les moderniser. Au milieu des années 2010, le monde agricole réclame une grande loi foncière pour adapter l’arbitre du marché foncier aux dernières évolutions. Un combat qui portera finalement ses fruits : le 14 décembre 2021, le Parlement français a adopté une loi « portant mesures d’urgence pour assurer la régulation de l’accès au foncier agricole au travers de structures sociétaires ». Le texte prévoit la mise en place de nouveaux contrôles par les Safer, sous l’autorité du préfet qui devra donner son accord lorsqu’une entreprise (ou un groupe industriel) cherche à acquérir du foncier.

    Mais cette loi autorise de nombreuses « dérogations » qui la rendent en partie inefficace. Les Safer devront notamment apprécier également le « développement du territoire » au regard « des emplois créés et des performances économiques, sociales et environnementales ». Présentée comme une « étape », cette loi ne peut remplacer la grande loi foncière que les organisations agricoles appellent de leurs vœux.

    Sans réelle opposition pour les freiner, les firmes avancent dans l’espace rural.

    Première organisation de la profession, la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) indique poursuivre la « réflexion en interne » pour protéger plus durablement les agriculteurs. « Il faut un changement de politique publique pour répartir autrement la terre », affirme la Confédération paysanne. Tandis que le Mouvement de défense des exploitants familiaux (Modef) demande, lui, qu’une loi « encadre les prix des terres agricoles de sorte qu’ils soient en corrélation avec le revenu agricole qui peut être dégagé sur ces terres ».

    La mission d’information parlementaire créée en décembre 2018 avait évoqué la création d’un outil centralisé de régulation du foncier agricole confié à une autorité administrative indépendante. La Commission européenne a d’ores et déjà autorisé des mesures de régulations fortes comme le droit de préemption en faveur des agriculteurs, un plafonnement de la taille des propriétés foncières, voire des mesures contre la spéculation. Il manque encore une volonté plus largement partagée, afin que la terre demeure un « espace politique », comme le définissait le sociologue et philosophe Henri Lefebvre. Autrement dit, un espace façonné́ par les décisions de tous et non de quelques-uns.

    Sans réelle opposition pour les freiner, les firmes avancent dans l’espace rural. Leurs fermes passent souvent inaperçues. À qui appartient la terre ? Il n’y a aucune marque dans le paysage. Toute une cohorte d’entreprises prend du pouvoir à la campagne : elles achètent ou louent les terres, les cultivent et organisent les récoltes à l’insu du plus grand nombre. À l’heure où l’agriculture paysanne a la cote, cette mutation discrète est en cours.

    Il faut contribuer à révéler cette dynamique qui échappe à l’appareil statistique. Sur les 26,7 millions d’hectares que compte la France, les grandes entreprises en possèdent-elles 100 000 ou 1 million ? Personne ne peut le dire aujourd’hui. Il est temps que les décideurs politiques s’emparent du sujet pour que l’on puisse mesurer sa valeur statistique exacte.

    Au fil des mois d’enquête, je me suis souvent confrontée à la difficulté d’accéder à l’information. Lorsque les portes sont fermées, il semble d’autant plus urgent de s’immiscer dans les rouages des transactions foncières. Car les nouveaux propriétaires fonciers font l’agriculture de demain. Qui sont-ils ? Dans quel intérêt investissent-ils ? À qui doivent-ils rendre des comptes ? Nous avons le droit de connaître les ressorts de ce que nous achetons.

    Quand une terre est cultivée par un groupe industriel, où est l’intérêt de la population ? La question devrait pouvoir être posée dans l’instance de la Safer. Problème, les commissions où se déroulent les ventes de terre se déroulent à huis-clos. Ainsi, les instances en charge des affaires foncières ne sont pas ouvertes au public.

    Les Safer ont tous les attributs d’un parlement pour partager le foncier – sauf la transparence. « Nous ne connaissons pas la teneur des échanges, nous n’avons aucun renseignement sur les débats, mais seulement sur la décision prise », explique Thomas, agriculteur en Loire-Atlantique. Pour lui, la démocratie pratiquée à la Safer ne devrait pas se passer à huis clos. « Pourquoi ne peut-on pas s’inscrire pour assister à un comité technique comme on peut le faire dans un conseil municipal ? »

    Dans les années à venir, les hectares qui se vendront vont-ils conforter l’agriculture de firme ou un autre modèle agricole ? C’est le rôle de nos Safer d’en décider. L’arbitrage des autorités sur un acte aussi primordial pour la vie, celui de manger, doit être davantage compris et mis en lumière.

    NDLR : Lucile Leclair a publié en novembre dernier Hold-up sur la terre aux éditions du Seuil.

  • Le #foncier_agricole dans une société urbaine : #Innovations et enjeux de #justice

    Résumé : Dans des sociétés de plus en plus urbaines, l’aménagement des espaces agricoles redevient d’actualité. La gestion durable du foncier apparaît comme un principe pour soutenir l’adaptation de l’agriculture à la proximité urbaine et aux attentes de la société en matière d’alimentation, de paysage, d’environnement, d’insertion sociale et de revitalisation des territoires ruraux. Les acteurs locaux innovent. Un enjeu majeur dans ces innovations est d’articuler justice sociale et préservation de l’environnement. C’est la thèse développée ici à travers différentes études de cas. Cet ouvrage présente une série d’initiatives locales de gestion publique du foncier et du bâti agricoles, en #France méditerranéenne, en #Suisse, en #Italie et en #Algérie. Replacées dans leur contexte territorial, ces initiatives témoignent de nouveaux agencements spatiaux, de nouvelles relations entre acteurs urbains et agricoles. Elles sont analysées à travers deux prismes : celui de l’innovation, pour éclairer la part du « nouveau » dans les processus de changement, et celui des enjeux de justice, pour montrer les répercussions sociales de ces changements. Ce livre combine des regards disciplinaires pluriels, en géographie, sociologie, urbanisme, architecture et économie. Il s’adresse à la communauté scientifique, aux étudiants et aux décideurs intéressés par le foncier agricole, l’aménagement rural et l’urbanisme.

    https://hal.inrae.fr/hal-02945439
    #livre #foncier

  • 1% of farms operate 70% of world’s farmland | Farming | The Guardian
    https://www.theguardian.com/environment/2020/nov/24/farmland-inequality-is-rising-around-the-world-finds-report

    One per cent of the world’s farms operate 70% of crop fields, ranches and orchards, according to a report that highlights the impact of land inequality on the climate and nature crises.

    Since the 1980s, researchers found control over the land has become far more concentrated both directly through ownership and indirectly through contract farming, which results in more destructive monocultures and fewer carefully tended smallholdings.

    Taking the rising value of property and the growth of landless populations into account for the first time, the report calculates land inequality is 41% higher than previously believed.

    Land inequalities at the heart of unequal societies
    https://www.landcoalition.org/en/uneven-ground

    The “uneven ground” in the title of this synthesis report is where the majority of rural people are increasingly finding themselves. This research report sheds new light on the scale and speed of growing land inequality.

    It provides the most comprehensive picture available today, informed by 17 specially-commissioned research papers as well as analysis of existing data and literature. It lays out in detail the causes and consequences of land inequality, the contributing factors and interconnected global crises, and analyses potential solutions and offers a potential pathway to change.

    #terres #inégalités #foncier_agricole #prédation #agriculture #alimentation

  • Quand l’effort environnemental renforce la dépossession foncière | Cairn.info
    https://www.cairn.info/revue-internationale-des-etudes-du-developpement-2019-2-page-245.htm

    Quand l’effort environnemental renforce la dépossession foncière
    Le cas des agriculteurs de Piton l’Ermitage (La Réunion, océan Indien)
    Jacqueline Candau et Anne Gassiat
    Dans Revue internationale des études du développement 2019/2 (N° 238),

    Dans cet article les autrices expliquent comment les élus, les industriels du sucre, la #Safer et le Crédit agricole ont contraint les agriculteurices précaires qui souhaitaient s’installer à faire de la canne à sucre irriguées, nécessitant de lourds investissements, sans sécuriser l’accès à la terre : interdiction du bio et du maraîchage pour les populations locales, l’objectif étant de fournir de la canne aux usines de transformation. Le truc à foirer les terres n’étant pas propices à la canne à sucre. Depuis, tourisme oblige, une partie de ces parcelles ont été détournées pour l’aménagement d’un écoquartier... les autres parcelles pouvant maintenant être cultivées en bio. Et les autrices décrivent surtout une bureaucratie, comment dire...
    #terres #foncier_agricole #Piton_l'Hermitage

  • L’Afrique, du #Sahel et du #Sahara à la #Méditerranée : intégrations, #circulations et #fragmentations

    Catherine Fournet-Guérin et Géraud Magrin
    L’Afrique, du Sahel et du Sahara à la Méditerranée : intégrations, circulations et fragmentations [Texte intégral disponible en juillet 2019]
    Africa, from the Sahel and the Sahara to the Mediterranean Sea. Integrations, circulations and fragmentations
    Alexis Gonin

    Le #foncier_pastoral au Sahel, des #mobilités fragilisées [Texte intégral disponible en juillet 2019]
    Pastoral land tenure in Sahel : jeopardized mobilities)
    #pastoralisme
    Ronan Mugelé

    La #Grande_muraille_verte au Sahel : entre ambitions globales et ancrage local [Texte intégral disponible en juillet 2019]
    The great green wall in Sahel : from global to local ambitions
    Géraud Magrin et Christine Raimond

    La région du lac #Tchad face à la crise #Boko_Haram : interdépendances et vulnérabilités d’une charnière sahélienne [Texte intégral disponible en juillet 2019]
    The Lake Chad region and Boko Haram crisis : links and vulnerability of a sahelian hinge
    Anne Bouhali

    Les places marchandes du #made_in_China au #Caire et à# Oran : #mondialisation et transformations des espaces et des pratiques de consommation [Texte intégral disponible en juillet 2019]
    The marketplaces of made-in-China goods in Cairo and Oran : globalization and transformations of consumption spaces and practices
    Nora Mareï et Olivier Ninot
    #Chine #Chinafrique

    Entre Afrique du Nord et de l’Ouest, les #relations_transsahariennes à un moment charnière [Texte intégral disponible en juillet 2019]
    Between north Africa and west Africa : trans-Saharan relations at a key moment
    Alice Franck

    L’échec de la partition d’un État à la charnière entre monde arabe et Afrique subsaharienne : le cas du #Soudan [Texte intégral disponible en juillet 2019]
    The failure of the partition of a pivotal State between the arab world and sub-saharan Africa : the case of Sudan
    Raphaëlle Chevrillon-Guibert et Géraud Magrin

    Ruées vers l’#or au #Soudan, au #Tchad et au Sahel : logiques étatiques, mobilités et contrôle territorial [Texte intégral disponible en juillet 2019]
    Gold rushes in Sudan, Chad and the Sahel : state logic, mobility, territorial control
    Laurent Gagnol
    #extractivisme #mines_d'or #mines

    Marginalité, spécificités et instabilité du #tourisme saharien [Texte intégral disponible en juillet 2019]
    Marginality, specificities and instability of Saharan tourism
    Pierre-Arnaud Chouvy

    Du #kif au #haschich : évolution de l’industrie du #cannabis au #Maroc [Texte intégral disponible en juillet 2019]
    From kif to hashish. the evolution of the cannabis industry in Morocco

    #drogues


    https://journals.openedition.org/bagf/2953
    #revue

  • Qualifier les aires urbaines en forte expansion dans les Suds | Cairn.info

    https://www.cairn.info/revue-espace-geographique-2015-4-page-307.htm

    Les métropoles des pays du Sud marquées par une croissance économique forte, celles des émergents en particulier, sont gagnées par l’étalement urbain, indéniable, puissant (Seto et al., 2011). Il implique des mutations foncières d’une ampleur sans précédent (Denis, 2014), le plus souvent incontrôlées et parfois brutales – caractérisées par des expropriations trop faiblement compensées (Kennedy, 2014) et des « évictions par le marché » (Durand-Lasserve, 2006). Massivement, le foncier agricole, des forêts, des pacages communautaires ou des franges désertiques sont convertis en foncier urbain et industriel, que ce soit aux portes des métropoles, des villes secondaires, des petites villes ou des villages. Cette expansion est partagée sous toutes les latitudes tropicales et étroitement associée au rythme de croissance et à l’ouverture économique, tout en étant localement multiformes par les configurations que tant par les modalités et les causes.

    #urban_matter #extension_urbaine

  • Women farmers join ’long march’ to Mumbai to demand land, forest rights | PLACE
    http://www.thisisplace.org/i/?id=7ee778e9-0a57-4fb7-8ca6-9ff7cb1dd694&cid=social_20180316_75836317&a

    Thousands of women farmers marched into Mumbai alongside their male peers on Monday demanding the government recognises their rights over forests and stops the takeover of land for industrial projects.

    The protesters, who over several days walked 180 kilometres (112 miles) from the town of Nashik, northeast of Mumbai, also demanded waivers of farm loans, and higher prices for cereals and vegetables.

    Among the more than 30,000 protesters, many wearing red caps and waving communist party flags, were groups of women farmers. Many till land they do not own, often because their husbands have migrated to the cities for jobs or committed suicide.

    #Inde #agriculture #protestation #droit_foncier #foncier_rural #terres

  • Des parlementaires s’accaparent la question du foncier agricole
    https://www.farmlandgrab.org/post/view/27826-des-parlementaires-saccaparent-la-question-du-foncier-agricole

    « La question du #foncier_agricole concentre les préoccupations sociétales, interroge la justice sociale et l’avenir du monde agricole, notamment en ce qui concerne l’installation de nos jeunes agriculteurs qui éprouvent de plus en plus de difficultés », précise Jean-Bernard Sempastous, son président. Plusieurs problèmes secouent le monde agricole. Comme l’artificialisation des sols, avec 28.000 ha consommés en 2016 pour des usages non agricoles, a calculé la FNSafer[1]. Après 7 années de baisse, le grignotage par les urbains des terres agricoles de petites surfaces (moins d’un hectare) -que celles-ci soient destinées au logement, à des équipements collectifs ou à la construction d’infrastructures-, est reparti à la hausse en 2015. L’arrivée d’investisseurs sans lien avec le monde paysan préoccupe aussi grandement la profession, qui a réussi à pousser un texte contre l’accaparement des terres l’année dernière déjà porté par Dominique Potier. Mais le compte n’y est toujours pas pour bloquer efficacement ces acquisitions. Le tout dans un contexte préoccupant, avec des départs massifs à la retraite dans les prochaines années, qui posent la question du partage du foncier entre agriculteurs (#transmission et #installation des exploitations).

    #agriculture

  • Insécurité foncière généralisée à #Khartoum : quand les titres de propriété ne protègent plus des prédations publiques

    Le contexte économique et politique instable au Soudan incite les gens à investir massivement dans le #foncier_urbain. À Khartoum, la ruée vers les terres est le fait de tous, élites comme classes populaires, et surtout les autorités, qui conservent la mainmise sur ces bien précieux. Les titres de propriété sont régulièrement remis en cause, donnant l’impression d’une insécurité foncière croissante.


    http://www.metropolitiques.eu/Insecurite-fonciere-generalisee-a.html
    #terres #Soudan #foncier #propriété_privée #urban_matter #Kafouri
    via @ville_en

  • Ferme des Bouillons évacuée par les militants sous la pression des CRS, c’était hier.
    http://seenthis.net/messages/399789
    Reporterre nous apporte un compléments d’infos sur les repreneurs « légaux » (les frères Mégard) et leurs projets de SCI. Et ils apparaissent dans une petite vidéo bien sympathique pour nous présenter leur bébé sous couvert de permaculture. C’est dégoulinant à souhait de bons sentiments (donc ça pue).

    Le mauvais coup de l’été : l’Etat évacue la ferme des Bouillons et la cède à des proches du groupe Auchan
    http://www.reporterre.net/Le-mauvais-coup-de-l-ete-l-Etat-evacue-la-ferme-des-Bouillons-et-la-cede

    Le groupe Auchan a acheté la ferme de quatre hectares il y a trois ans. Depuis décembre 2012, elle est occupée par des militants de tous bords. Sur place, le quotidien s’organisait entre le travail aux champs, les conférences, formations et concerts organisés. Agriculture, culture et éducation populaire sont au cœur de cette occupation qui draine de nombreux soutiens allant de la Confédération paysanne à EELV en passant par l’ancien maire de la commune, Patrice Colasse (PS). La société civile est également présente, en masse sur le site. A titre d’exemple, le festival La Tambouille organisé en septembre 2014 avait attiré 3 000 personnes durant un week-end.

    Ces presque trois années d’occupation ont porté leurs fruits. En janvier 2013, la ferme a été classée en zone naturelle protégée, et six mois plus tard, le permis de démolition d’Auchan n’a pas été reconduit. A l’été 2014, la ferme était sauvée. Dernier obstacle pour la rendre pérenne avec un projet légal de maraîchage et d’éducation populaire, le propriétaire : Auchan, qui ne voulait pas négocier avec ses détracteurs.

    Des nouveaux propriétaires proches de la famille Mulliez et de l’extrême-droite

    Un an plus tard, presque jour pour jour, l’association de protection de la ferme apprend donc qu’un compromis de vente est signé. Les acheteurs sont deux frères réunis au sein d’une SCI (société civile immobilière) nommée In memoriam, les frères Mégard. Un faisceau d’éléments permettent de douter de leurs intentions affichées. Avant tout chose, laissons-les se présenter, dans une vidéo où ils remercient le groupe Immochan de son aide.

    Le statut juridique de SCI est assez commun. Dans le cas de la ferme, il est particulièrement utile. Une fois rachetée, la SCI pourra revendre des parts à qui bon lui semble sans que la Safer, ni les pouvoirs publics ne puissent s’y opposer. La Safer elle-même dénonce ces pratiques. Cette manière de faire est bien connue, par exemple à travers le dossier de la ferme-usine des mille vaches. C’est par ce biais que Michel Ramery est parvenu à acquérir autant de terres.

    Les militants dénoncent cette opacité et mettent en avant leur modèle économique fondé sur l’épargne citoyenne, avec le soutien de Terre de Liens, et le contrôle de la société civile afin de garantir la vocation agricole du site. A cet argument, la Safer a répondu en ajoutant au compromis de vente une clause garantissant la vocation agricole du lieu pendant au moins 25 ans.

    Mais qui sont ces repreneurs sortis du chapeau ? L’aîné Thibault Mégard qui attire l’attention. Il détient plusieurs entreprises, surtout dans le secteur immobilier. Un secteur plus proche des activités d’Auchan que du projet de maraîchage bio qu’il met en avant avec son frère.

    Du côté de la sensibilité à l’environnement, Thibault Mégard fait aussi partie de l’entreprise paysagiste Œuvre d’arbre. La structure se vante de son Certiphyto, un certificat qui garantit les bonnes pratiques dans l’usage des biocides. Pratiques éloignées des soucis de culture biologique et permacole.
    Merci Auchan

    Homme aux multiples casquettes, Thibault Mégard est aussi engagé en politique. Lors des élections européennes de 2014, il était candidat sur une liste divers droite à Villiers-sous-Mortagne (Basse-Normandie). La tête de liste n’est autre qu’André-Paul Leclercq, membre de la famille Mulliez en charge du développement du groupe Auchan dans les pays de l’Est.

    A cela s’ajoute le prix de vente : 150 000 euros. Auchan a acheté le site en 2012 plus de 700 000 euros, une fois reclassé en zone naturelle protégée, le site ne valait plus que 300 à 350 000 euros selon les expertises commandées par l’association de protection de la ferme. Les Mégard seraient donc de très bons négociateurs, à moins qu’Auchan ne leur ait fait une fleur. Un geste commercial qu’il conviendrait de qualité d’étonnant de la part de la famille Mulliez, plutôt proche de son argent vu son implantation massive en Belgique.

    C’est peut-être la cerise sur le gâteau, les orientations politiques des deux frères sont diamétralement opposées à celles portées par l’association de la ferme des Bouillons. Thibault Mégard s’est porté candidat lors des élections législatives de 2007 à Rouen sur une liste Mouvement pour la France, son leader national étant Philippe de Villiers.

    Étonnant, non ?

  • En France voisine, #Initiaterre couve des jeunes agriculteurs
    http://www.lecourrier.ch/131476/en_france_voisine_initiaterre_couve_des_jeunes_agriculteurs

    Audrey Abbou est l’une des deux « couvées » actuelles d’Initiaterre. Marie-Laure Henriau, elle, est installée sur l’espace test de la ferme de Quincy, à Massongy. Elle y développe un projet de plantes aromatiques et médicinales. « Le problème est que la demande de produits plus sains et de proximité croît, mais qu’il n’y a que peu de nouvelles installations, et plus de repreneurs pour les exploitations existantes », s’inquiète Isabelle Chenal, coordinatrice d’Initiaterre. Les problématiques actuelles sont la difficulté de l’installation agricole, la préservation du #foncier_cultivable et la promotion d’une #agriculture_durable et de proximité. C’est à ces défis que l’association, créée en 2011, entend répondre.

    La couveuse s’adresse en particulier à des porteurs de projets en reconversion ou qui ne sont pas issus du monde agricole. Elle leur permet, grâce au Contrat d’appui au projet d’entreprise (CAPE), d’expérimenter leur activité durant un à trois ans tout en ayant accès aux droits sociaux des salariés (charges sociales pour les accidents du travail, sécurité sociale), ainsi qu’au maintien de droits antérieurs (comme l’assurance-chômage). La couveuse met à leur disposition des terrains, du matériel, un local technique, mais aussi un encadrement professionnel pour assurer un suivi technique et comptable durant cette période. Les « couvés » choisissent, en fonction de leur activité économique, de se rémunérer ou non. « Cela permet d’évaluer la viabilité économique du projet, mais aussi les capacités gestionnaires des couvés », explique Isabelle Chenal.

    « J’étais prête à tenir »
    La première « couvée », Audrey Roggeman, a quitté le nid après dix-huit mois d’essai. En reconversion, elle voulait reprendre une entreprise existante de #cueillette et de transformation de plantes sauvages, « La marmite enchantée ». Elle n’a pas besoin de terrain pour son activité, mais cette expérience lui a permis d’être accompagnée, et d’avoir du temps pour établir le statut juridique de son entreprise. Elle explique : « L’idée c’est quand même de se lancer seule à un moment et grâce au test, je savais que, psychologiquement, j’étais prête à tenir. » L’association est financée à 80% par la Région Rhône-Alpes. Le reste de ses fonds provient de fondations privées, de « petits » loyers sur le matériel à la charge du « couvé », et de 10% du chiffre d’affaires de celui-ci.

    #maraîchage #plantes_aromatiques #plantes_médicinales

  • Terres agricoles : comment des speculateurs contournent la loi
    http://farmlandgrab.org/post/view/25126-terres-agricoles-comment-des-speculateurs-contournent-la-loi

    « Plus personne ne peut acheter ici. Le propriétaire rachète tout ce qui est à la vente », peste un agriculteur. Qui se demande : « Quand il n’y aura plus qu’un homme sur un tracteur pour 500 hectares, il n’y aura plus personne dans les boulangeries, les écoles. Ce sera la mort totale de nos campagnes. »

    Sur le sujet, l’omertà est de mise, l’anonymat : la règle. Cap sur Bioussac, Condac, le Nord-Charente et le Sud-Vienne. Là, c’est un groupe financier irlandais qui met la main sur les terres. « Ils font cultiver les terres par un entrepreneur agricole. Il passe une fois de temps en temps avec un tracteur de 300 chevaux et c’est tout », râle un élu, impuissant.

    Pour mettre la main sur ces #terres sans passer par la case Safer, ces groupes ou très gros céréaliers incitent les vendeurs à créer une société. Le foncier est ensuite apporté au capital de la société. « Et les groupes rachètent des parts sociales, qui ne sont pas soumises au droit de préemption de la Safer. » Il y a un simple devoir d’information : « Et on se rend compte que 50% du marché se font hors Safer », regrette Benoît Biteau.

    Pour les investisseurs, l’intérêt est sonnant et trébuchant et le retour sur investissement rapide. Pour schématiser : les récoltes paient les charges courantes. L’évolution du prix du #foncier_agricole, de 3 à 4% par an, assure une bonne rentabilité à long terme. Et les hectares achetés permettent de récolter les aides de la politique agricole commune, indexées sur la surface des exploitations.

    #spéculation #désertification_des_campagnes

  • L’accès des femmes à la propriété en Asie pour lutter contre la pauvreté
    http://www.alterasia.org/201310074450/lacces-des-femmes-a-la-propriete-en-asie-un-moyen-de-lutte-contre-la-pauv


    Pour archive

    En Asie, le droit des femmes à la propriété foncière est quasi-inexistante dans certains pays, contribuant ainsi à la pauvreté et à la privation, non seulement pour elles mais aussi pour leurs familles.

    #foncier_rural #femmes