• #Essais_nucléaires en #Polynésie : « Vu de Paris, ce n’était qu’un désert liquide »

    Près de 30 ans après la fin des essais nucléaires en Polynésie, une commission parlementaire tente de faire reconnaître le préjudice des populations locales. Pour le chercheur Alexis Vrignon, « l’histoire n’est pas terminée ».

    Pendant trente ans, entre 1966 et 1996, la France a effectué 193 essais nucléaires en Polynésie, sur les atolls de #Mururoa et de #Fangataufa. Dans l’air, puis sous l’océan à partir de 1974. Près de 170 000 habitants auraient été exposés à des radiations. Les explosions atmosphériques ont dispersé des substances radioactives, notamment de l’iode, susceptible d’entraîner des cancers. D’après les recherches de l’Institut national de la #santé et de la recherche médicale, entre 1998 et 2002, la Polynésie arrivait en tête du funeste classement du taux d’incidence du #cancer de la thyroïde le plus élevé au monde.

    Pour tenter de faire reconnaître le #préjudice et de réparer les conséquences de ces essais, la députée de Polynésie #Mereana_Reid-Arbelot (Gauche démocrate et républicaine) a initié une #commission_d’enquête à l’Assemblée nationale. Stoppés par la dissolution en juin 2024, les travaux ont repris mardi 6 mai. En filigrane, les auditions permettent de mettre en lumière la question du colonialisme et de ses survivances. Pour Alexis Vrignon, maître de conférences à l’université d’Orléans, coauteur de Des bombes en Polynésie, les essais nucléaires français dans le Pacifique (éd. Vendémiaire, 2022), cette commission d’enquête illustre la difficile « reconnaissance du fait nucléaire ».

    Reporterre — Les essais nucléaires en Polynésie ont pris fin en 1996, mais l’histoire est-elle pour autant terminée ?

    #Alexis_Vrignon — Pas du tout. Au départ, la communication officielle du Commissariat à l’énergie atomique a été de dire qu’une fois le Centre d’expérimentations du Pacifique (CEP) démantelé, 1996 marquait la fin du nucléaire en Polynésie. Tout l’effort d’une partie de la société polynésienne au début des années 2000 a consisté à rappeler combien cette histoire ne pouvait pas se conjuguer au passé et à souligner les implications présentes.

    Ces enjeux ont été peu à peu pris en compte de manière chaotique et la question n’a jamais vraiment quitté l’espace public polynésien. La commission d’enquête qui a lieu en ce moment à l’Assemblée nationale est l’héritière de tous ces tâtonnements, ces hésitations et ces erreurs, qui illustrent les problèmes des pouvoirs publics face à la reconnaissance du fait nucléaire.

    Dans quel contexte la #France a-t-elle démarré ces essais nucléaires en Polynésie ? Pourquoi ce territoire ?

    Ils émergent dans le contexte historique de la #décolonisation, puisque les premiers essais nucléaires français ont eu lieu dans l’#Algérie encore colonie française, mais il était évident qu’à partir des #accords_d’Évian de 1962, cette solution ne pouvait durer et qu’il fallait un autre lieu. Plusieurs localisations ont dès lors été envisagées, certaines en France métropolitaine, notamment dans les Alpes et en Corse, avant d’être rapidement écartées, parfois pour des raisons géologiques, mais aussi et surtout, politiques. Dès lors, la France s’est rapidement tournée vers les outre-mer.

    Les atolls de Moruroa et Fangataufa ont été choisis. Cette décision s’est prise au début des années 1960 dans un contexte particulier de réaffirmation impériale. En 1956, la loi-cadre Defferre avait permis aux outre-mer de bénéficier d’une plus grande autonomie. Sauf qu’à partir de l’arrivée au pouvoir du général de Gaulle en 1958, les choses ont changé, il n’a plus été question d’aller vers l’autonomie totale des anciennes colonies africaines et des territoires d’outre-mer. La Polynésie fut alors choisie, sans consulter la population, ni les élites politiques locales.

    Les essais nucléaires ont-ils continué malgré une connaissance de leurs effets sanitaires et environnementaux ?

    À travers les archives militaires et locales, on constate que l’administration avait claironné à toute la Polynésie que les essais nucléaires allaient être propres et qu’il n’y aurait aucun problème. Après l’#essai_Aldébaran de 1966, qui a exposé les habitants des #îles_Gambier aux rayonnements ionisants et contaminé les citernes d’eau de pluie qu’ils buvaient, elle a été mise en porte-à-faux et c’est à partir de là qu’une culture du secret s’est développée.

    Les autorités ont ensuite tenté de limiter les risques en déplaçant parfois des populations, mais les questions de #sécurité n’étaient clairement pas leur priorité. Elles ont par exemple envoyé un avion dans un nuage radioactif afin d’effectuer des prélèvements. Il y avait aussi des bateaux militaires qui traversaient des zones sous le panache radioactif et à qui on ne disait pas grand-chose.

    Y a-t-il eu des résistances à l’époque ?

    La société polynésienne n’a jamais été totalement unanime. Mais entre 1962 et 1966, la mobilisation locale a été importante, notamment derrière le député #John_Teariki, qui a tenté de faire revenir le gouvernement sur sa décision de création du site d’expérimentations. Il s’appuyait sur la documentation scientifique des conséquences des essais nucléaires américains entre 1946 et 1958 dans les îles Marshall.

    Il insistait aussi sur la connaissance qu’avaient les Polynésiens de leur propre environnement, notamment des poissons qui se déplacent sur de longues distances et peuvent passer dans des zones contaminées avant d’être pêchés. Seulement, les autorités françaises se sont efforcées de marginaliser ces oppositions et de favoriser la montée en puissance des partis politiques liés au gaullisme, plus proches du pouvoir en place à Paris.

    À partir de 1974, les essais nucléaires sont devenus souterrains. En quoi menacent-il encore aujourd’hui l’écosystème des atolls ?

    Pour des raisons avant tout diplomatiques, vis-à-vis des Australiens et des Néo-Zélandais, la France a fait ce choix et réalisé d’importants #forages_offshore. Puisque ces essais fragilisaient notamment l’anneau corallien autour de Fangataufa, la majorité d’entre eux ont été effectués sur l’atoll de #Mururoa. Ces sites sont encore aujourd’hui étroitement monitorés, car les experts redoutent qu’une partie des atolls se décroche et entraîne un tsunami menaçant tout l’archipel, ou bien qu’ils s’ouvrent et libèrent des radio-éléments susceptibles de se disperser partout.

    Plus globalement, que sait-on des effets à long terme des radiations en Polynésie ?

    À l’heure actuelle, il s’agit encore de la question la plus délicate, car on manque de données permettant de mesurer pleinement les effets sanitaires sur les populations. Certaines archives cruciales, comme celles de l’hôpital Jean-Prince de Papeete [à Tahiti] n’ont pas encore été consultées car elles viennent tout juste d’être localisées. La Polynésie est un territoire grand comme l’Europe, mais éclaté sur énormément d’îles, ce qui rend plus complexes les études historiques et épidémiologiques. Ce que l’on sait, c’est qu’en 2023, près de la moitié des #indemnisations acceptées par le Comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires provenaient de Polynésie.

    Dans quelle mesure ces essais relèvent-ils des mêmes logiques coloniales que pour le scandale du chlordécone aux Antilles ?

    Il y a bien sûr des parallèles : quand ces scandales se développent, ce sont sur deux territoires en situation coloniale, c’est-à-dire dont les institutions et les rapports sociaux sont déterminés par ce rapport qui perpétue une inégalité de statuts et de droits entre les populations locales colonisées et les populations colonisatrices.

    En Polynésie, personne n’a été consulté en amont et les essais nucléaires ont été beaucoup plus facilement envisagés par les autorités françaises en outre-mer que dans les Alpes ou en Corse. S’ajoute toute une série de présupposés sur ces espaces qui, vus depuis Paris, n’étaient rien d’autre qu’une sorte de désert liquide où il était plus facile d’installer une base d’essais nucléaires, peu importe les risques sanitaires et environnementaux.

    Peut-on imaginer qu’un jour une enquête parlementaire s’ouvre sur les essais nucléaires réalisés par la France en Algérie ?

    Pour la Polynésie, les procédures de déclassification et de dérogations d’archives ne datent que de 2021, elles ont permis d’établir une chronologie des faits et de documenter ce que les autorités savaient ou non. À ce moment-là, l’historien Renaud Meltz, chargé de la création de l’observatoire de l’héritage du CEP, avait soulevé la question : pourquoi ne pas faire la même chose pour les archives liées aux essais nucléaires en Algérie, qui sont encore peu connus ?

    Mais face aux relations complexes qu’entretiennent la France et l’Algérie, la ministre de la Mémoire et des Anciens combattants d’alors, Geneviève Darrieussecq lui avait opposé une fin de non-recevoir. Ce ne serait pas irréaliste et, en tant qu’historien, je ne peux qu’y être favorable. Mais l’accès aux archives ne sera qu’une première étape, car dès lors que l’on connaît mieux les faits, il faut tenter de les résoudre, et c’est là que les choses les plus difficiles commencent.

    https://reporterre.net/Essais-nucleaires-en-Polynesie-Vu-de-Paris-ce-n-etait-qu-un-desert-liqui

    #désert #désert_liquide #géographie_du_vide #radioactivité #histoire #colonialisme #colonisation

    ping @reka

  • Le #prix de l’#eau augmente partout en #France, en raison du #changement_climatique et de #coûts croissants de #dépollution

    Le mouvement touche toute la France. En Loire-Atlantique, les quelque 250 000 abonnés d’Atlantic’eau paient leur mètre cube hors taxe 1,46 euro au lieu de 1,40 euro depuis le 1er janvier. Dans le Calvados, les habitants de Bayeux verront aussi leur facture grimper : le mètre cube est passé de 1,33 euro à 1,37 euro, soit 3 % d’augmentation, tandis que l’abonnement augmente de 10 %. Des hausses aussi à Montluçon (Allier) – de « 5 % sur la consommation et 8 % sur l’abonnement » – ou à Quimper (Finistère), où les élus ont déjà prévu que les tarifs de l’eau potable et de l’assainissement progresseront de 10 % par an pendant quatre ans. Depuis la fin de 2024, ces hausses tarifaires se multiplient. Elles concernent tant l’eau potable que l’assainissement des eaux usées, autre composante du service de l’eau.

    Dès 2022, dernière année pour laquelle l’Observatoire des services publics d’eau et d’assainissement propose des chiffres consolidés, le prix moyen de l’#eau_potable a augmenté de 8 centimes d’euro par mètre cube toutes taxes comprises en un an – les précédentes hausses étaient de 4 centimes au maximum par an sur la période 2010-2021.

    Alors que le changement climatique bouleverse le cycle de l’eau, et que les coûts de dépollution de la ressource grimpent, « cette tendance devrait s’accélérer »,prévient Régis Taisne, chef du département cycle de l’eau à la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR).

    En cause, l’inflation, qui a augmenté le prix de l’énergie et des matières premières nécessaires au #traitement_des_eaux. Mais aussi et surtout la multiplication des #investissements liés directement ou indirectement au réchauffement climatique. En 2022 et en 2023 déjà, au moins une centaine de communes ont subi des coupures d’eau, d’autres, comme Chartres (Eure-et-Loir), ont vu leurs réserves atteindre un niveau « critique ».

    Pour sécuriser l’approvisionnement quand les #forages peinent le plus à pourvoir aux besoins, notamment en été, « il faut parfois créer des interconnexions entre les différents réseaux, voire mobiliser de nouvelles ressources en eau, plus loin, et plus profondes, et éventuellement de moins bonne qualité »,explique M. Taisne.

    C’est notamment le cas dans les territoires les plus vulnérables face à la #sécheresse, comme en Bretagne où l’eau potable provient surtout des cours d’eau – des ressources qui s’amenuisent le plus en été. Ailleurs, si les précipitations ont globalement bien rempli les nappes souterraines cet hiver, les niveaux historiquement bas de certaines, comme celle de la Crau dans les Bouches-du-Rhône, incitent à se préparer à la raréfaction de la ressource.

    Coûteux renouvellements des #canalisations

    Les collectivités travaillent aussi à limiter les #fuites, par de coûteux renouvellements des canalisations. Au total , « nous gérons un réseau d’un peu moins de 1 000 kilomètres », commente Julien Laszlo, directeur des services à l’environnement de la Métropole d’Amiens, qui évoque « des investissements lourds ».

    « La sécheresse de 2022 a fait prendre conscience du besoin d’entretenir le réseau d’eau »,qui est en mauvais état, commente l’économiste Alexandre Mayol, chercheur à l’université de Lorraine. A la sortie de cet épisode de #stress_hydrique, Emmanuel Macron avait fait de la lutte contre les fuites un des piliers de son #Plan_Eau, qui vise un « cap de 10 % d’économies d’eau » d’ici à 2030. En France, « les pertes par fuites annuelles représentent environ 1 000 millions de mètres cubes, l’équivalent de la consommation annuelle d’environ dix-huit millions d’habitants », notait, en juin 2024, le dernier rapport de l’Observatoire des services publics d’eau et d’assainissement.

    Enfin, à ces investissements liés à la préservation d’une ressource en voie de #raréfaction viennent s’ajouter ceux, de plus en plus lourds, destinés à la rendre consommable. Face à la #contamination des réserves, notamment par les #pesticides et les #nitrates, les gestionnaires doivent installer de nouvelles #stations_de_traitement.

    Vendée Eau, qui couvre tout le département, construit par exemple, entre autres travaux, une nouvelle usine d’eau potable près de La Roche-sur-Yon, un chantier de 25 millions d’euros. « Les traitements sont de plus en plus poussés », explique Denis Guilbert, le directeur du syndicat, qui a augmenté le tarif de base de l’eau de 1,08 euro à 1,17 euro en 2024. Il peut s’agir, par exemple, d’investissements dans des #technologies de #nanofiltration ou d’#osmose_inverse.

    Les problématiques de #qualité et de #quantité d’eau ne doivent par ailleurs pas être considérées de façon isolée : avec la baisse des #réserves_souterraines, « les #pompages dans les forages en #eau_profonde ne vont pas durer »,s’inquiète le président de Val de Garonne Agglomération, Jacques Bilirit (divers gauche). Or, « quand on va prélever dans la Garonne, on sait qu’on récupère de la pollution », estime l’élu qui pronostique « des coûts de traitement de plus en plus élevés ». Le montant global est difficile à chiffrer, d’autant plus avec la détection de polluants comme les #PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées). L’ordre de grandeur donné par les acteurs de la filière atteint toutefois plusieurs milliards d’euros par an.

    Des collectivités inquiètes

    La facture inquiète les #collectivités, dont le budget est mis à mal. Son équilibre repose en effet sur un principe fixé par l’Etat, résumé par l’expression « l’eau paie l’eau ». Celui-ci implique que les dépenses réalisées pour prélever, traiter et distribuer la ressource soient financées par les usagers. De fait, les services de l’eau sont essentiellement rémunérés selon les volumes vendus, mais ceux-ci tendent à baisser, fruit d’une nécessaire sobriété hydrique.

    En 2023, la consommation d’eau potable aurait ainsi diminué de 3 % à 4 %, selon de premières estimations de la FNCCR, avec des disparités toutefois très fortes selon les territoires. Les pertes de recettes à prévoir sont d’autant plus difficiles à assumer que les coûts, eux, progressent fortement.

    Leur montant interroge, in fine, sur un point majeur : qui doit payer ? Les #agences_de_l'eau, qui accompagnent les investissements des collectivités, sont, elles aussi, essentiellement financées par des redevances versées par les ménages, qui contribuent à hauteur de plus de 80 % pour un quart de la consommation. En 2025, elles vont bénéficier d’une mise à contribution plus importante de l’industrie. Mais celle du secteur agricole reste mineure, l’ancienne première ministre Elisabeth Borne ayant renoncé, fin 2023, à une augmentation de la redevance pour pollution diffuse. Devant les professionnels du Carrefour des gestions locales de l’eau, organisé à Rennes fin janvier, la ministre de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a affirmé son souhait de « réinventer » le modèle de financement du secteur et a invité à reposer « la question du prix » de l’eau, sans plus s’avancer.

    Dans plusieurs communes, les hausses ont entraîné des contestations d’habitants mécontents. Elles achoppent parfois sur un autre enjeu majeur : trouver « des tarifs qui soient soutenables, y compris par les plus pauvres », estime M. Taisne.

    Pour un foyer consommant 120 mètres cubes, la facture moyenne annuelle de l’eau et de l’assainissement collectif était estimée, en 2022, à 540 euros. A Rouen, où la métropole a augmenté le prix de l’eau pour faire face à des investissements de 701 millions d’euros dans l’assainissement et de 578 millions d’euros dans l’eau potable , une enveloppe de 300 000 euros a été prévue pour aider quelque 6 000 foyers selon leurs ressources.

    https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/02/11/le-prix-de-l-eau-augmente-partout-en-france-en-raison-du-changement-climatiq

  • Malgré la loi hydrocarbures, l’État a autorisé près de 50 forages de pétrole depuis 2017
    https://disclose.ngo/fr/article/malgre-la-loi-hydrocarbures-letat-a-autorise-pres-de-50-forages-de-petrole

    La promesse d’Emmanuel Macron de « mettre fin à l’exploitation des hydrocarbures » sur le territoire français est figée dans la loi depuis 2017. Pourtant, au moins 47 nouveaux puits de pétrole ont été autorisés par l’État depuis l’adoption du texte, révèlent des données inédites obtenues par Disclose. Lire l’article

  • Les #voitures_électriques assoiffent les #pays_du_Sud

    Pour extraire des #métaux destinés aux voitures électriques des pays les plus riches, il faut de l’eau. Au #Maroc, au #Chili, en #Argentine… les #mines engloutissent la ressource de pays souffrant déjà de la sécheresse.

    #Batteries, #moteurs… Les voitures électriques nécessitent des quantités de métaux considérables. Si rien n’est fait pour limiter leur nombre et leur #poids, on estime qu’elles pourraient engloutir plusieurs dizaines de fois les quantités de #cobalt, de #lithium ou de #graphite que l’on extrait aujourd’hui.

    Démultiplier la #production_minière dans des proportions aussi vertigineuses a une conséquence directe : elle pompe des #ressources en eau de plus en plus rares. Car produire des métaux exige beaucoup d’eau. Il en faut pour concentrer le métal, pour alimenter les usines d’#hydrométallurgie, pour les procédés ultérieurs d’#affinage ; il en faut aussi pour obtenir les #solvants et les #acides utilisés à chacun de ces stades, et encore pour simplement limiter l’envol de #poussières dans les mines. Produire 1 kilogramme de cuivre peut nécessiter 130 à 270 litres d’eau, 1 kg de nickel 100 à 1 700 l, et 1 kg de lithium 2 000 l [1].

    Selon une enquête de l’agence de notation étatsunienne Fitch Ratings, les investisseurs considèrent désormais les #pénuries_d’eau comme la principale menace pesant sur le secteur des mines et de la #métallurgie. Elle estime que « les pressions sur la ressource, comme les pénuries d’eau localisées et les #conflits_d’usage, vont probablement augmenter dans les décennies à venir, mettant de plus en plus en difficulté la production de batteries et de technologies bas carbone ». Et pour cause : les deux tiers des mines industrielles sont aujourd’hui situées dans des régions menacées de sécheresse [2].

    L’entreprise anglaise #Anglo_American, cinquième groupe minier au monde, admet que « 75 % de ses mines sont situées dans des zones à haut risque » du point de vue de la disponibilité en eau. La #voiture_électrique devait servir à lutter contre le réchauffement climatique. Le paradoxe est qu’elle nécessite de telles quantités de métaux que, dans bien des régions du monde, elle en aggrave les effets : la sécheresse et la pénurie d’eau.

    Au Maroc, la mine de cobalt de #Bou_Azzer exploitée par la #Managem, qui alimente la production de batteries de #BMW et qui doit fournir #Renault à partir de 2025, prélèverait chaque année l’équivalent de la consommation d’eau de 50 000 habitants. À quelques kilomètres du site se trouvent la mine de #manganèse d’#Imini et la mine de #cuivre de #Bleida, tout aussi voraces en eau, qui pourraient bientôt alimenter les batteries de Renault. Le groupe a en effet annoncé vouloir élargir son partenariat avec Managem « à l’approvisionnement de #sulfate_de_manganèse et de cuivre ».

    Importer de l’eau depuis le désert

    Importer du cobalt, du cuivre ou du manganèse depuis la région de Bou Azzer, cela revient en quelque sorte à importer de l’eau depuis le désert. Les prélèvements de ces mines s’ajoutent à ceux de l’#agriculture_industrielle d’#exportation. À #Agdez et dans les localités voisines, les robinets et les fontaines sont à sec plusieurs heures par jour en été, alors que la température peut approcher les 45 °C. « Bientôt, il n’y aura plus d’eau, s’insurgeait Mustafa, responsable des réseaux d’eau potable du village de Tasla, lors de notre reportage à Bou Azzer. Ici, on se sent comme des morts-vivants. »

    Un des conflits socio-environnementaux les plus graves qu’ait connus le Maroc ces dernières années s’est produit à 150 kilomètres de là, et il porte lui aussi sur l’eau et la mine. Dans la région du #Draâ-Tafilalet, dans la commune d’Imider, la Managem exploite une mine d’#argent, un métal aujourd’hui principalement utilisé pour l’#électricité et l’#électronique, en particulier automobile. D’ailleurs, selon le Silver Institute, « les politiques nationales de plus en plus favorables aux véhicules électriques auront un impact positif net sur la demande en argent métal ». À Imider, les prélèvements d’eau croissants de la mine d’argent ont poussé les habitants à la #révolte. À partir de 2011, incapables d’irriguer leurs cultures, des habitants ont occupé le nouveau réservoir de la mine, allant jusqu’à construire un hameau de part et d’autre des conduites installées par la Managem. En 2019, les amendes et les peines d’emprisonnement ont obligé la communauté d’Imider à évacuer cette #zad du désert, mais les causes profondes du conflit perdurent.

    « Ici, on se sent comme des morts-vivants »

    Autre exemple : au Chili, le groupe Anglo American exploite la mine de cuivre d’#El_Soldado, dans la région de #Valparaiso. Les sécheresses récurrentes conjuguées à l’activité minière entraînent des #coupures_d’eau de plus en plus fréquentes. Pour le traitement du #minerai, Anglo American est autorisé à prélever 453 litres par seconde, indique Greenpeace, tandis que les 11 000 habitants de la ville voisine d’#El_Melón n’ont parfois plus d’eau au robinet. En 2020, cette #pénurie a conduit une partie de la population à occuper l’un des #forages de la mine, comme au Maroc.

    #Désalinisation d’eau de mer

    L’année suivante, les associations d’habitants ont déposé une #plainte à la Cour suprême du Chili pour exiger la protection de leur droit constitutionnel à la vie, menacé par la consommation d’eau de l’entreprise minière. Face au mouvement de #contestation national #No_más_Anglo (On ne veut plus d’Anglo), le groupe a dû investir dans une usine de désalinisation de l’eau pour alimenter une autre de ses mégamines de cuivre au Chili. Distante de 200 kilomètres, l’usine fournira 500 litres par seconde à la mine de #Los_Bronces, soit la moitié de ses besoins en eau.

    Les entreprises minières mettent souvent en avant des innovations technologiques permettant d’économiser l’eau sur des sites. Dans les faits, les prélèvements en eau de cette industrie ont augmenté de façon spectaculaire ces dernières années : l’Agence internationale de l’énergie note qu’ils ont doublé entre 2018 et 2021. Cette augmentation s’explique par la ruée sur les #métaux_critiques, notamment pour les batteries, ainsi que par le fait que les #gisements exploités sont de plus en plus pauvres. Comme l’explique l’association SystExt, composée de géologues et d’ingénieurs miniers, « la diminution des teneurs et la complexification des minerais exploités et traités conduisent à une augmentation exponentielle des quantités d’énergie et d’eau utilisées pour produire la même quantité de métal ».

    Réduire d’urgence la taille des véhicules

    En bref, il y de plus en plus de mines, des mines de plus en plus voraces en eau, et de moins en moins d’eau. Les métaux nécessaires aux batteries jouent un rôle important dans ces conflits, qu’ils aient lieu au Maroc, au Chili ou sur les plateaux andins d’Argentine ou de Bolivie où l’extraction du lithium est âprement contestée par les peuples autochtones. Comme l’écrit la politologue chilienne Bárbara Jerez, l’#électromobilité est inséparable de son « #ombre_coloniale » : la perpétuation de l’échange écologique inégal sur lequel est fondé le #capitalisme. Avec les véhicules électriques, les pays riches continuent d’accaparer les ressources des zones les plus pauvres. Surtout, au lieu de s’acquitter de leur #dette_écologique en réparant les torts que cause le #réchauffement_climatique au reste du monde, ils ne font qu’accroître cette dette.

    Entre une petite voiture de 970 kg comme la Dacia Spring et une BMW de plus de 2 tonnes, la quantité de métaux varie du simple au triple. Pour éviter, de toute urgence, que les mines ne mettent à sec des régions entières, la première chose à faire serait de diminuer la demande en métaux en réduisant la taille des véhicules. C’est ce que préconise l’ingénieur Philippe Bihouix, spécialiste des matières premières et coauteur de La ville stationnaire — Comment mettre fin à l’étalement urbain (Actes Sud, 2022) : « C’est un gâchis effroyable de devoir mobiliser l’énergie et les matériaux nécessaires à la construction et au déplacement de 1,5 ou 2 tonnes, pour in fine ne transporter la plupart du temps qu’une centaine de kilogrammes de passagers et de bagages », dit-il à Reporterre.

    « C’est un #gâchis effroyable »

    « C’est à la puissance publique de siffler la fin de partie et de revoir les règles, estime l’ingénieur. Il faudrait interdire les véhicules électriques personnels au-delà d’un certain poids, comme les #SUV. Fixer une limite, ou un malus progressif qui devient vite très prohibitif, serait un bon signal à envoyer dès maintenant. Puis, cette limite pourrait être abaissée régulièrement, au rythme de sortie des nouveaux modèles. »

    C’est loin, très loin d’être la stratégie adoptée par le gouvernement. À partir de 2024, les acheteurs de véhicules de plus de 1,6 tonne devront payer un #malus_écologique au poids. Les véhicules électriques, eux, ne sont pas concernés par la mesure.

    LES BESOINS EN MÉTAUX EN CHIFFRES

    En 2018, l’Académie des sciences constatait que le programme de véhicules électriques français repose sur « des quantités de lithium et de cobalt très élevées, qui excèdent, en fait et à technologie inchangée, les productions mondiales d’aujourd’hui, et ce pour satisfaire le seul besoin français ! » En clair : si on ne renonce pas à la voiture personnelle, il faudra, pour disposer d’une flotte tout électrique rien qu’en France, plus de cobalt et de lithium que l’on en produit actuellement dans le monde en une année.

    L’Agence internationale de l’énergie estime que la demande de lithium pour les véhicules électriques pourrait être multipliée par 14 en 25 ans, celle de cuivre par 10 et celle de cobalt par 3,5. Simon Michaux, ingénieur minier et professeur à l’Institut géologique de Finlande, a calculé récemment que si l’on devait électrifier les 1,4 milliard de voitures en circulation sur la planète, il faudrait disposer de l’équivalent de 156 fois la production mondiale actuelle de lithium, 51 fois la production de cobalt, 119 fois la production de graphite et plus de deux fois et demie la production actuelle de cuivre [3]. Quelles que soient les estimations retenues, ces volumes de métaux ne pourraient provenir du recyclage, puisqu’ils seraient nécessaires pour construire la première génération de véhicules électriques.

    https://reporterre.net/Les-voitures-electriques-assoiffent-les-pays-du-Sud
    #eau #sécheresse #extractivisme #résistance #justice #industrie_automobile #métaux_rares

    • #Scandale du « cobalt responsable » de BMW et Renault au Maroc

      Pour la fabrication des batteries de leurs véhicules électriques, BMW et Renault s’approvisionnent en cobalt au Maroc en se vantant de leur politique d’achat éthique. « Cette publicité est mensongère et indécente. L’extraction de cobalt dans la mine de Bou Azzer, au sud du Maroc, se déroule dans des conditions choquantes, au mépris des règles les plus élémentaires de sécurité, du droit du travail et de la liberté d’association », s’insurgent plusieurs responsables syndicaux et associatifs, basés en France et au Maroc.

      Pour la fabrication des batteries de leurs véhicules électriques, BMW et Renault s’affichent en champions de la mine responsable. Depuis 2020, la marque allemande s’approvisionne en cobalt au Maroc auprès de la Managem, grande entreprise minière appartenant à la famille royale. En 2022, Renault l’a imité en signant un accord avec le groupe marocain portant sur l’achat de 5000 tonnes de sulfate de cobalt par an pour alimenter sa « gigafactory » dans les Hauts de France. Forts de ces contrats, les deux constructeurs automobiles ont mené des campagnes de presse pour vanter leur politique d’achat de matières premières éthiques, BMW assurant que « l’extraction de cobalt par le groupe Managem répond aux critères de soutenabilité les plus exigeants » en matière de respect des droits humains et de l’environnement.

      Cette publicité est mensongère et indécente. L’extraction de cobalt dans la mine de Bou Azzer, au sud du Maroc, se déroule dans des conditions choquantes, au mépris des règles les plus élémentaires de sécurité, du droit du travail et de la liberté d’association. Elle est responsable de violations de droits humains, d’une pollution majeure à l’arsenic et menace les ressources en eau de la région, comme l’ont révélé l’enquête de Celia Izoard sur Reporterre et le consortium d’investigation réunissant le quotidien Süddeutsche Zeitung, les radiotélévisions allemandes NDR et WDR et le journal marocain Hawamich (2).

      Une catastrophe écologique

      Les constructeurs automobiles n’ont jamais mentionné que la mine de Bou Azzer n’est pas seulement une mine de cobalt : c’est aussi une mine d’arsenic, substance cancérigène et hautement toxique. Depuis le démarrage de la mine par les Français en 1934, les déchets miniers chargés d’arsenic ont été massivement déversés en aval des usines de traitement. Dans les oasis de cette région désertique, sur un bassin versant de plus de 40 kilomètres, les eaux et les terres agricoles sont contaminées. A chaque crue, les résidus stockés dans les bassins de la mine continuent de se déverser dans les cours d’eau.

      A Zaouit Sidi-Blal, commune de plus de 1400 habitants, cette pollution a fait disparaître toutes les cultures vivrières à l’exception des palmiers dattiers. Les représentants de la commune qui ont mené des procédures pour faire reconnaître la pollution ont été corrompus ou intimidés, si bien que la population n’a fait l’objet d’aucune compensation ou mesure de protection.

      Dans le village de Bou Azzer, à proximité immédiate du site minier, treize familles et une vingtaine d’enfants se trouvent dans une situation d’urgence sanitaire manifeste. Faute d’avoir été relogés, ils vivent à quelques centaines de mètres des bassins de déchets contenant des dizaines de milliers de tonnes d’arsenic, au milieu des émanations d’acide sulfurique, sans argent pour se soigner.

      Depuis vingt ans, la mine de Bou Azzer, exploitée en zone désertique, n’a cessé d’augmenter sa production. Le traitement des minerais consomme des centaines de millions de litres d’eau par an dans cette région durement frappée par la sécheresse. Les nappes phréatiques sont si basses que, dans certains villages voisins de la mine, l’eau doit être coupée plusieurs heures par jour. A l’évidence une telle exploitation ne peut être considérée comme « soutenable ».

      Mineurs sacrifiés

      Les conditions d’extraction à Bou Azzer sont aussi alarmantes qu’illégales. Alors que le recours à l’emploi temporaire pour les mineurs de fond est interdit au Maroc, des centaines d’employés de la mine travaillent en contrat à durée déterminée pour des entreprises de sous-traitance. Ces mineurs travaillent sans protection et ne sont même pas prévenus de l’extrême toxicité des poussières qu’ils inhalent. Les galeries de la mine s’effondrent fréquemment faute d’équipement adéquat, entraînant des décès ou des blessures graves. Les entreprises sous-traitantes ne disposent d’aucune ambulance pour évacuer les blessés, qui sont transportés en camion. Les nombreux mineurs atteints de silicose et de cancer sont licenciés et leurs maladies professionnelles ne sont pas déclarées. Arrivés à la retraite, certains survivent avec une pension de moins de 100 euros par mois et n’ont pas les moyens de soigner les maladies contractées dans les galeries de Bou Azzer.

      Enfin, si la Managem prétend « promouvoir les libertés syndicales et les droits d’association », la situation politique du Maroc aurait dû amener BMW et Renault à s’intéresser de près à l’application de ces droits humains. Il n’existe à Bou Azzer qu’un syndicat aux ordres de la direction, et pour cause ! En 2011-2012, lors de la dernière grande grève sur le site, les tentatives d’implanter une section de la Confédération des travailleurs ont été violemment réprimées. Les mineurs qui occupaient le fond et qui n’exigeaient que l’application du droit du travail ont été passés à tabac, des grévistes ont été torturés et poursuivis pour « entrave au travail », de même que les membres de l’Association marocaine pour les droits humains qui soutenaient leurs revendications.

      Comment, dans ces conditions, les firmes BMW et Renault osent-elles vanter leurs politiques d’achat de « cobalt responsable » ? Au regard ne serait-ce que des lois sur le devoir de vigilance des entreprises, elles auraient dû prendre connaissance de la situation réelle des mineurs et des riverains de Bou Azzer. Elles auraient dû tout mettre en œuvre pour faire cesser cette situation qui découle d’infractions caractérisées au droit du travail, de l’environnement et de la santé publique. Mieux encore, elles devraient renoncer à la production en masse de véhicules qui ne sauraient être ni soutenables ni écologiques. Les luxueuses BMW i7 pèsent 2,5 tonnes et sont équipées de batteries de 700 kg. La justice sociale et l’urgence écologique imposent aux constructeurs automobiles et aux dirigeants de prendre leurs responsabilités : adopter des mesures drastiques pour réduire le poids et le nombre des véhicules qui circulent sur nos routes. La « transition » pseudo-écologique portée par les pouvoirs publics et les milieux économiques ne doit pas ouvrir la voie au greenwashing le plus éhonté, condamnant travailleurs et riverains à des conditions de travail et d’environnement incompatibles avec la santé et la dignité humaines et renforçant des logiques néocoloniales.

      (1) Tous nos remerciements à Benjamin Bergnes, photographe, qui nous cède le droit de disposer de cette photo dans le cadre exclusif de cette tribune.

      Premiers signataires :

      Annie Thébaud-Mony, Association Henri-Pézerat

      Alice Mogwe, présidente de la Fédération internationale pour les droits humains

      Patrick Baudouin, président de la Ligue des droits de l’Homme

      Agnès Golfier, directrice de la Fondation Danielle-Mitterrand

      Lawryn Remaud, Attac France

      Jawad Moustakbal, Attac Maroc/CADTM Maroc

      Hamid Majdi, Jonction pour la défense des droits des travailleurs, Maroc

      Pascale Fouilly, secrétaire générale du syndicat national des mineurs CFDT, assimilés et du personnel du régime minier de sécurité sociale

      Marie Véron, coordinatrice de l’Alliance écologique et sociale (qui réunit les Amis de la Terre, Attac, la Confédération paysanne, FSU, Greenpeace France, Oxfam France et Solidaires)

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      https://reporterre.net/BMW-et-Renault-impliques-dans-un-scandale-ecologique-au-Maroc

      https://reporterre.net/Mines-au-Maroc-la-sinistre-realite-du-cobalt-responsable

      https://reporterre.net/Au-Maroc-une-mine-de-cobalt-empoisonne-les-oasis

      https://www.tagesschau.de/investigativ/ndr-wdr/umweltstandards-bmw-zulieferer-kobalt-marokko-100.html

      https://www.sueddeutsche.de/projekte/artikel/wirtschaft/bou-azzer-arsen-umweltverschmutzung-e-autos-bmw-e972346

      https://www.ndr.de/der_ndr/presse/mitteilungen/NDR-WDR-SZ-Massive-Vorwuerfe-gegen-Zulieferer-von-BMW,pressemeldungndr24278.html

      https://www.br.de/nachrichten/bayern/schmutzige-kobalt-gewinnung-vorwuerfe-gegen-bmw-zulieferer,TvPhd4K

      https://www.dasding.de/newszone/bmw-zulieferer-marokko-verdacht-umwelt-arbeit-kobalt-100.html

      https://hawamich.info/7361

      https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/131123/scandale-du-cobalt-responsable-de-bmw-et-renault-au-maroc

    • Scandale du cobalt marocain : lancement d’une enquête sur BMW

      À la suite de l’enquête de Reporterre et de médias internationaux sur l’extraction de « cobalt responsable » au Maroc pour les voitures électriques, l’autorité fédérale allemande de contrôle a engagé une procédure contre BMW.

      La mine de cobalt de Bou Azzer, qui alimente la production de batteries de BMW et qui doit fournir Renault à partir de 2025, intoxique les travailleurs et l’environnement. À la suite de nos enquêtes sur ce scandale, l’Office fédéral allemand du contrôle de l’économie et des exportations (Bafa) a ouvert une enquête sur le constructeur automobile BMW. Le gouvernement a confirmé cette information après une question écrite du groupe parlementaire de gauche Die Linke le 25 novembre, selon le quotidien Der Spiegel.

      L’autorité de contrôle pourrait infliger des sanctions à BMW pour avoir enfreint la loi sur le devoir de vigilance des entreprises. Depuis 2020, BMW fait la promotion de son « approvisionnement responsable » au Maroc sans avoir mené d’audit dans cette mine de cobalt et d’arsenic, comme l’a révélé notre investigation menée conjointement avec le Süddeutsche Zeitung, les chaînes allemandes NDR et WDR et le média marocain Hawamich.
      Les mineurs en danger

      Privés de leurs droits syndicaux, les mineurs y travaillent dans des conditions illégales et dangereuses ; les déchets miniers ont gravement pollué les oasis du bassin de l’oued Alougoum au sud de Ouarzazate, où l’eau des puits et les terres présentent des concentrations en arsenic plus de quarante fois supérieures aux seuils.

      En vigueur depuis janvier 2023, la loi allemande sur le devoir de vigilance vise à améliorer le respect des droits humains et de l’environnement dans les chaînes d’approvisionnement mondiales. Comme dans la loi française, les grandes entreprises ont l’obligation de prévenir, d’atténuer ou de mettre fin à d’éventuelles violations.

      Mais les moyens de contrôle de l’autorité fédérale sont ridiculement insuffisants pour faire appliquer cette loi, estime Cornelia Möhring, députée et porte-parole du parti de gauche Die Linke au Bundestag, interviewée par Reporterre : « Le cas de BMW, qui se vante d’exercer sa responsabilité environnementale et sociale “au-delà de ses usines” et qui a préféré ignorer la réalité de cette extraction, est emblématique, dit-elle. Il montre que le volontariat et l’autocontrôle des entreprises n’ont aucun sens dans un monde capitaliste. Face au scandale du cobalt, le gouvernement fédéral doit maintenant faire la preuve de sa crédibilité en ne se laissant pas piétiner par l’une des plus grandes entreprises allemandes. »

      « L’autocontrôle des entreprises n’a aucun sens »

      Le propriétaire de BMW, Stefan Qandt, est le quatrième homme le plus riche d’Allemagne, souligne Cornelia Möhring. En cas d’infraction avérée au devoir de vigilance, les sanctions maximales prévues par l’autorité de contrôle allemande sont une exclusion des marchés publics pour une durée de trois ans ou une amende allant jusqu’à 2 % du chiffre d’affaires annuel du groupe (celui de BMW était de 146 milliards d’euros en 2022). Le constructeur s’est déclaré prêt à « exiger de son fournisseur des contre-mesures immédiates » pour améliorer la situation à Bou Azzer. De son côté, la députée Cornelia Möhring estime qu’« une action en justice à l’encontre de BMW pour publicité mensongère serait bienvenue ».

      Quid de Renault, qui a signé en 2022 un accord avec l’entreprise Managem pour une fourniture en cobalt à partir de 2025 pour les batteries de ses véhicules ? Il a lui aussi fait la promotion de ce « cobalt responsable » sans avoir enquêté sur place. Interrogé par Reporterre, le constructeur automobile assure qu’« un premier audit sur site mené par un organisme tiers indépendant » sera mené « très prochainement », et qu’« en cas de non-respect des normes et engagements ESG [environnementaux, sociaux et de gouvernance] du groupe, des mesures correctives seront prises pour se conformer aux normes ». Reste à savoir quelles « normes » pourraient protéger les travailleurs et l’environnement dans un gisement d’arsenic inévitablement émetteur de grands volumes de déchets toxiques.

      https://reporterre.net/Scandale-du-cobalt-marocain-l-Etat-allemand-va-enqueter-sur-BMW

  • #Controverses mode d’emploi

    Pratique pédagogique pionnière en sciences sociales, la cartographie des controverses apprend à regarder le monde sans jamais séparer sciences, techniques et société. À tenir compte de tous les points de vue et du contexte dans lequel ils sont émis. À analyser finement l’écosystème qui fait naître un objet, une invention, un phénomène.
    Face aux problèmes environnementaux et sanitaires qui nous submergent, face à la cadence inédite des innovations technologiques, les expert·e·s s’affrontent, se contredisent ou s’avouent sans réponse. Les controverses surgissent à un rythme bien plus rapide que la production des savoirs. Dans cet âge d’#incertitude, où la décision doit souvent précéder la connaissance, il nous faut imaginer de nouvelles manières de penser et d’agir collectivement.

    La cartographie des controverses fournit ce cadre. Pratique pédagogique pionnière en sciences sociales, elle apprend à regarder le monde sans jamais séparer sciences, techniques et société. À tenir compte de tous les points de vue et du contexte dans lequel ils sont émis. À analyser finement l’écosystème qui fait naître un objet, une invention, un phénomène.

    Pour se repérer dans l’incertitude, nous dit-elle, il faut d’abord se perdre dans la complexité.

    Ce livre en offre le mode d’emploi, en s’appuyant sur des exemples de controverses contemporaines soigneusement sélectionnées pour leur diversité et la richesse de leurs enseignements.

    https://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?gcoi=27246100412870#h2tabtableContents

    #livre #controverse #eau #vélo #femmes #hystérie #burn-out #glyphosate #Romainville #rats #Paris #forages #eaux_profondes #enquête

    @reka : dans le résumé du livre on parle de « cartographie des controverses », mais je ne sais pas ce qui se cache derrière #cartographie, si c’est « mapping » en anglais qui pourrait donc comporter zéro visualisation :-)

  • Energia Minerals begins trading as Alta Zinc after rebranding

    #Alexander_Burns, de Alta Zinc interviewé dans l’émission « Corporate News Update » de Stock Tube (probablement décembre 2017)...

    Burn explique le changement de nom de Energia Minerals en « Alta zinc », expliquant que « alta » signifie « haut/altitude » en italien...

    Il explique aussi qu’ils ont dépensé 24 mio (de dollars australiens j’imagine) pour les #forages et les études.

    Les résultats...
    3.3 millions de tonnes de matériel à 6.1% de plomb et zinc (et ce n’est qu’une partie d’un seul dépôt, il y en a beaucoup d’autres, dit Burn, qui s’appuie sur les connaissances déjà existantes sur ces mines). Mais ils espèrent, grâce à de nouveaux forages, arriver au double de ce résultat.

    Et Burn est tout content du fait qu’il y a déjà plein de documentation et que l’infrastructure historique est encore là et exploitable... et qu’ils ont les permis... et qu’en plus le matériel est « clean », qu’il a très peu d’impuretés...

    Intention : commencer la production en 2021.

    Et il explique qu’ils sont en train de chercher d’autres opportunités ailleurs en Europe...

    https://vimeo.com/245864443

    –—

    Energia Minerals begins trading as Alta Zinc after rebranding (05 Dec 2017)

    #Alta_Zinc_Limited (#ASX:AZI) managing director Alexander Burns speaks to Proactive following the miner’s name change from Energia Minerals (ASX:EMX).

    Burns says they’ve spent around $24mln in the last three years on drilling and studies at their flagship #Gorno_Zinc_Project in northern Italy.

    ’’We will be going back to drill the extensions of the current resource in the new year using the existing underground access and our existing contractors’’.

    https://www.proactiveinvestors.com.au/companies/news/308476/energia-minerals-begins-trading-as-alta-zinc-after-rebranding

    #vidéo #Alta_zinc
    #mines #extractivisme #Italie #Alpes #montagne #Gorno #zinc #Altamin #Energia_Minerals #zinc #Gorno_zinc_project

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    ajouté à la métaliste sur l’#extraction de #terres_rares dans les #Alpes :
    https://seenthis.net/messages/1013289

  • À #Volvic, #Danone pompe malgré la #pénurie d’#eau

    Dans le #Puy-de-Dôme, les habitants sont priés de réduire leur consommation en eau potable. Des #restrictions auxquelles échappe la #Société_des_eaux_de_Volvic, propriété de Danone.

    En mai, ferme les robinets. Depuis la semaine dernière, quarante-quatre communes du Puy-de-Dôme sont visées par un #arrêté_préfectoral de restriction sur l’eau potable « pour éviter les risques de #pénuries ». Au nord de Clermont-Ferrand, interdiction jusqu’à fin juin de laver sa voiture, remplir une piscine et arroser son jardin entre 10 et 18 heures. Les entreprises du territoire sont également tenues de diminuer d’un quart leurs prélèvements sur le réseau.

    C’est la conséquence d’une #sécheresse_hivernale durable et de la chute du débit de la source principale du secteur, le #Goulet, sur la commune de Volvic. Pourtant, la Société des eaux de Volvic (#SEV), filiale de Danone, qui embouteille plus d’un quart de l’eau de la #nappe_souterraine, n’est, elle, pas concernée par ces restrictions. La raison ? « Les activités de Volvic n’ont pas d’impact » sur le réseau d’eau potable car elles sont « effectuées en aval de la source », explique l’entreprise. C’est même « en solidarité avec les acteurs du territoire » que la SEV applique d’elle-même « une baisse 5 % de ses autorisations de prélèvements ».

    Restriction symbolique

    Est-ce là une belle « contribution à l’effort collectif » de la part d’une entreprise qui exporte des pleins camions de bouteilles en plastique et revend une ressource souterraine commune 100 à 300 fois plus cher que l’eau du robinet ? Pas vraiment. La SEV se borne en fait à appliquer des mesures qu’elle a elle-même établies dans son #plan_d’utilisation_rationnelle_de_l’eau (#PURE). Ce document, non rendu public, a été cosigné entre la SEV et la préfecture en septembre 2021 et engage l’entreprise à réduire son niveau maximum de #prélèvement mensuel autorisé en cas d’alerte #sécheresse.

    Un engagement jugé « ridicule » par Marc Saumureau, président de la Frane, association environnementale auvergnate. « La SEV a perdu des marchés, notamment au Japon, et ne produit déjà plus depuis longtemps au maximum autorisé », assure-t-il. Des éléments confirmés par une commission d’enquête parlementaire de 2021 sur la mainmise des intérêts privés sur l’eau. Celle-ci relevait qu’à Volvic, les volumes réellement utilisés sont « en nette baisse » depuis 2017 jusqu’à tomber à moins de 84 % des 2,79 millions de mètres cubes, la limite autorisée. Dès lors, abaisser ce maximum, même de 10 %, ne change pas grand-chose à la réalité du pompage quotidien.

    Des phénomènes d’interférence

    Si Danone peut s’exonérer des obligations touchant les autres industriels — contraints, eux, de baisser de 25 % leurs prélèvements par la préfecture — c’est qu’elle sépare la nappe de Volvic en deux masses d’eau distinctes : les #eaux_de_surface, qui alimentent le réseau d’eau potable avec lequel Danone estime n’avoir rien à voir, et la #nappe_profonde, là où l’entreprise exploite le filon liquide. Si, de fait, les relations hydrologiques entre les deux zones ne sont pas pleinement établies, cela ne veut pas dire qu’elles ne sont pas étanches. Mais l’hydrosystème de la nappe est « encore mal connu », selon la commission d’enquête parlementaire, ce qui ne permet pas de conclure.

    Début 2023, la publication d’une thèse de l’École des Mines, publiée une dizaine d’années après avoir été terminée, relevait « des phénomènes d’interférence entre le #pompage des #forages_d’eau_minérale et la galerie du Goulet dans laquelle est puisée l’eau potable ». Mais de préciser que : « L’impact de ces pompages [en profondeur] sur le débit de la galerie est très faible ». La préfecture a bien lancé sa propre étude d’hydrogéologie, mais les résultats ne seront connus que d’ici une à plusieurs années.

    « C’est la même eau ! » assure, de son côté, Jacky Massy, le président de l’association Preva qui se bat depuis 2018 pour une gestion durable de l’eau dans la région. Pour lui, le lien entre l’abaissement des niveaux d’eaux de surface et l’activité de Danone est évident : « Ils exploitent durement la nappe, jusqu’à dépasser sa capacité de régénération ».

    « Ne pas focaliser sur Volvic »

    Et si la SEV échappe aux contraintes, selon ce militant, c’est en raison de son poids économique local : 900 salariés et 200 intérimaires et sous-traitants. Mais aussi parce que nationalement, « plusieurs proches de Macron ont travaillé pour Danone », accuse Jacky Massy. Plus nuancée, Isabelle Aledo-Piedpremier, présidente de France Nature Environnement 63 (FNE), convient que l’on puisse « s’interroger » sur ce lien, même si pour elle il ne faut « pas focaliser sur Volvic, c’est toute la région qui manque d’eau ».

    Les tensions sur les usages industriels de l’eau ne sont pas nouvelles. En 2019, le préfet du Puy-de-Dôme avait pris un arrêté-cadre sécheresse qui exonérait l’ensemble des industriels des mesures d’économie. Une décision attaquée en justice par FNE 63, UFC Que Choisir et trois autres associations. La justice n’a pas encore statué, demandant des expertises complémentaires.

    Reste qu’en attendant d’en savoir plus sur les interactions entre les couches souterraines, Danone continue pour l’heure à produire presque comme si de rien n’était. Au même moment, dans les Vosges, le groupe Nestlé vient d’annoncer qu’il suspendait l’exploitation de deux de ses forages en raison des conditions climatiques qui se détériorent.

    https://reporterre.net/A-Volvic-Danone-pompe-malgre-la-penurie-d-eau

    #eau_en_bouteilles #eau_potable

  • À sec, la grande soif des multinationales

    Depuis des décennies, les grandes multinationales de l’eau en bouteille amplifient leur pression sur les nappes phréatiques, au détriment des populations locales. Dans la région auvergnate de Volvic, l’État a accordé à la multinationale Danone de nouveaux droits de prélèvement, alors même que le niveau des réserves d’eau atteignait un niveau alarmant. Plusieurs sources historiques sont désormais taries, laissant sinistré le secteur autrefois florissant de la pisciculture. À Vittel, dans les Vosges, Nestlé Waters - premier employeur de la région - contrôle le territoire dont il surexploite sciemment l’aquifère. La firme suisse se trouve désormais embourbée dans une affaire de prise illégale d’intérêts doublée d’un scandale de pollution des sols. De l’autre côté du Rhin, c’est le géant Coca-Cola qui projette d’exploiter un troisième puits.

    https://www.linternaute.com/television/documentaire-a-sec-la-grande-soif-des-multinationales-p5559982/a-sec-la-grande-soif-des-multinationales-e5524003
    #film #film_documentaire #documentaire
    #Volvic #Lüneburg #eau #eau_en_bouteilles #extractivisme #Danone #multinationales #transparence #Nestlé #Vittel #nappe_phréatique #eau_potable #collectif_eau_88 #nappe_profonde #vigie_de_l'eau #conflits_d'intérêts #plainte #justice #pipeline #Coca-Cola #Nestlé_Waters #Contrex #Hépar #forages_profonds

    A participé aux enquêtes l’équipe de @wereport
    https://www.wereport.fr/articles/asec

  • A #Volvic, #Danone puise et épuise l’eau

    À Volvic, Danone assure « ne pas prendre à la nature plus que ce qu’elle est capable de nous donner ». En réalité, la multinationale augmente ses prélèvements pendant les mois les plus chauds, portant atteinte aux riverains et aux eaux de surface. En toute connaissance de cause et sous le regard bienveillant des autorités.

    Tapie derrière l’image verte de son « eau des volcans », la #Société_des_eaux_de_Volvic (#SEV) se targue d’« encourager des pratiques d’hydratation plus saines et durables dans le respect de notre écosystème ». Cette communication cache pourtant une vérité dérangeante : la SEV a augmenté le débit de ses forages en pleine période de sécheresse, en 2015, 2017 et 2018, comme le montrent des documents confidentiels que Mediapart a pu obtenir. Loin de porter le fer contre la multinationale, les services de l’État ont fermé les yeux sur ces pratiques et permis à l’entreprise de doubler ses prélèvements en vingt ans. L’entreprise consomme aujourd’hui dix fois plus d’eau que la population locale.

    En plein mois de juillet 2015, alors que la sécheresse ravage le Puy-de-Dôme, obligeant la préfecture à constituer une mission d’enquête sur l’étendue des dégâts, le minéralier français appuie sur l’accélérateur. Plus de 250 millions de litres d’eau sont extraits de la nappe en quatre semaines, soit 15 % de plus que la moyenne annuelle. De quoi continuer à remplir plusieurs millions de bouteilles par jour, exportées ensuite vers des dizaines de pays à travers le monde.

    Ce comportement, en contradiction totale avec toutes les affirmations de la multinationale, se reproduit en juillet et en août 2017. Dans un compte-rendu du comité de suivi de « l’aquifère de Volvic », qui réunit services de l’État, syndicat des eaux et représentants de la multinationale, il est question de « légère augmentation » des prélèvements pendant ces deux mois. Sans que les représentants de l’État présents n’y trouvent à redire. L’été 2017 est pourtant une période particulièrement chaude qui pousse la préfecture à prendre des mesures drastiques de réduction de la consommation d’eau pour tous les usagers du département… à l’exception notable de la SEV*.

    Interrogé sur cette pratique, Danone nie en bloc. « Dans le contexte de sécheresse, depuis 2017, nous réduisons chaque année nos prélèvements lors des mois d’été », affirme une agence spécialisée dans la communication de crise, au nom du géant de l’agroalimentaire, avançant même le chiffre invérifiable de « 500 millions de litres d’eau économisés entre 2017 et 2020 ». Une affirmation contredite par les chiffres en possession de Mediapart.

    En 2018, c’est bien en janvier, puis de juin à août, que les forages de Danone ont été les plus performants, comme le montre un document confidentiel de la Direction départementale des territoires du Puy-de-Dôme. Encore une fois, cette augmentation des prélèvements intervient pendant un été particulièrement aride, au point que la préfecture du Puy-de-Dôme reconnaît l’état de catastrophe naturelle sécheresse pour 75 communes du département. Et, encore une fois, les services de l’État en sont informés et ne réagissent pas, ces prélèvements respectant de justesse les limites autorisées par la préfecture. « Les prélèvements sont plafonnés mensuellement, dans l’arrêté d’autorisation. Chaque année le service police de l’eau s’assure du respect de l’intégralité de l’arrêté, notamment des prélèvements réalisés en été », se contente de préciser la préfecture.

    Pour Jacky Massy, de l’association environnementale Preva*, l’appétit du géant français de l’eau met directement en danger les cours d’eau qui dépendent de la nappe exploitée, dont le Gargouilloux. « Tout type de prélèvements opérés sur la nappe impacte l’aval (et les cours d’eau) », explique-t-il. Pour réduire son empreinte écologique, l’activiste aimerait que Danone se limite « au marché national » et ne produise plus que des bouteilles en verre. « Aujourd’hui, avec cinq forages, il est clair qu’ils [Danone] ajoutent aux ennuis qu’on rencontre », conclut-il.

    Massy n’est pas le seul à s’inquiéter des méthodes de la multinationale et de l’attitude de l’État. Le ruisseau du Gargouilloux passe sur le domaine d’Édouard de Féligonde, situé à quelques encablures en aval de l’usine de Volvic. En cette mi-septembre, il n’est plus qu’un mince filet d’eau et les dizaines de bassins de pisciculture du propriétaire des lieux sont quasiment tous à sec. Pour Édouard de Féligonde, qui a d’abord pris la parole dans les colonnes du Monde, c’est bien l’activité de la multinationale qui est à l’origine de la pénurie. « Le comité de suivi de l’aquifère ne suit que les intérêts de Danone », cingle-t-il à propos de l’organe réunissant, depuis 2016, des représentants publics et de Danone afin de surveiller les prélèvements en eau. S’estimant lésé, Féligonde réclame plusieurs millions d’euros à la SEV, dont huit millions d’euros pour la seule remise en état de la partie de sa pisciculture classée monument historique.

    Des accusations confirmées par un document confidentiel de la Société des eaux de Volvic datant de 2017, que Mediapart a pu consulter. Il y est écrit que « l’impact des prélèvements au captage du Gargouilloux » a pu être mis « en évidence » en 2015. Sur le plus long terme, et avec l’aval des autorités, l’embouteilleur a quasiment doublé ses prélèvements depuis 1998, passant de 1,5 million de m3 à 2,7 millions en 2018 (page 29 sur 89 du document). Soit dix fois plus que la consommation annuelle d’eau potable des quelque 4 500 habitants de Volvic (page 5 sur 6 du rapport 2018 de la commune de Volvic). Parallèlement à cette explosion des prélèvements, le débit du Gargouilloux, situé à proximité immédiate du site industriel, a été divisé par sept entre 2013 et 2019, selon les chiffres de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) d’Auvergne.

    Danone continue pourtant de relativiser : « Nos analyses mettent en évidence le fait que la modification du débit s’explique essentiellement par des facteurs naturels », fait savoir l’entreprise. Sur son site, elle se veut encore plus rassurante : « L’Auvergne subit depuis plusieurs années un phénomène de sécheresse. Cela renforce les interrogations des citoyens, que nous comprenons aisément, sur la pérennité des ressources en eau. » Afin de préserver cette « ressource essentielle », Danone explique faire toute confiance à ses « experts [qui] veillent à sa gestion raisonnée ». Concernant l’eau pompée par ses soins, Danone se contente de renvoyer aux autorisations préfectorales en vigueur, sans évoquer les variations estivales : « Les quantités prélevées sont toujours en deçà des quantités autorisées par notre arrêté préfectoral. »

    Hasard malheureux du calendrier, c’est en plein bras de fer autour de la gestion de l’eau, et alors que la préfecture a annoncé pour la première fois dans la presse envisager une « baisse » des autorisations accordées à Danone, que l’État vient de valider en catimini, par un arrêté du 26 août 2020, « l’augmentation temporaire des débits » de forage de l’entreprise. Une autorisation qui intervient en pleine période de « vigilance sécheresse » et qui reste valable six mois, renouvelable une fois. « Les eaux du forage pompées durant les phases d’essai seront réinjectées dans l’aquifère en aval », précise l’arrêté, laissant à Danone le soin de réaliser lui-même le « bilan global » de cette opération, sans en préciser les modalités.

    Le but de cette dérogation ? Permettre à la firme de mener à bien la phase test de son tout nouveau forage, supposé remplacer un autre ouvrage, datant de 1968. Une opération qui ne devrait donc pas modifier les quantités globales prélevées par la SEV au cours de l’année, mais qui pourrait bien raviver les tensions, à quelques semaines d’une réunion entre les associations environnementales et le préfet. Malgré ce couac, la préfecture assure être consciente des enjeux. « Une approche globale est nécessaire et nous examinons depuis plusieurs mois, suite notamment à la sécheresse exceptionnelle de 2019, comment l’eau est consommée pour dégager des solutions à différents niveaux, expliquent les services préfectoraux du Puy-de-Dôme. L’approche doit concerner l’ensemble des prélèvements. »

    Si Danone continue de mettre en doute le lien direct entre ses prélèvements et la baisse des nappes souterraines, la corrélation a été confirmée en 2012 par une thèse de l’Institut de sciences et technologie de Paris. Mediapart a pu consulter ce document scientifique, classé confidentiel jusqu’au 31 décembre 2022. Une confidentialité à la demande du commanditaire des travaux, la Société des eaux de Volvic. L’auteur, Simon Rouquet, est formel : « On peut donc penser que le débit pompé au niveau du forage de Clairval [appartenant à Danone – ndlr] a une incidence sur le débit de la galerie du Goulet sur une durée de quelques jours. »

    Cette « galerie du Goulet » alimente plusieurs cours d’eau ainsi qu’une source utilisés pour alimenter les communes alentour en eau potable. Des données que Jean-François Béraud, expert hydrogéologue mandaté par les avocats de Féligonde, résume ainsi : « Quand on pompe davantage en haut, il y a moins d’eau en bas. »

    Une analyse que Danone réfute, préférant voir le verre à moitié plein. « Il ressort de nos études auprès des plus grands scientifiques hydrogéologues que la cause essentielle de la réduction du débit en aval consiste en des facteurs naturels (climat principalement, couvert forestier, etc.) », avance la firme. Avant de conclure : « Nos prélèvements en amont n’ont pas d’impacts significatifs sur le débit des sources de front de coulée en aval et permettent à l’aquifère de se renouveler. »

    Depuis la parution de la thèse de Simon Rouquet, il y a près de huit années, et en dépit de la communication récurrente du minéralier français, le lien entre les prélèvements de Danone et les ressources en eau de la région est clairement prouvé. Et bien connu des services de l’État, qui ont accordé une nouvelle autorisation de pomper à Danone, valable jusqu’en 2032, seulement deux ans après la publication doctorale.

    C’est un fonctionnaire d’une agence environnementale publique qui fut, à l’époque, rapporteur de la thèse de Simon Rouquet. Ce haut fonctionnaire est, entre-temps, passé avec armes et bagages chez… #Danone_Waters.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/250920/volvic-danone-puise-et-epuise-l-eau
    #eau #eau_potable #France #multinationales #extractivisme #forages #sécheresse #Puy-de-Dôme #eau_minérale #Gargouilloux #pisciculture #pénurie_d'eau #dérogation #Clairval #galerie_du_Goulet

    Une enquête signée @wereport

    • Wasser marsch !

      In der Werbung wirkt das Land bei Volvic wie eine grüne Idylle. Uralte Vulkane prägen die Landschaft rund um die kleine Gemeinde in der zentralfranzösischen Auvergne, aus der das Volvic-Mineralwasser stammt. Der Konzern Danone lässt es hier fördern, in Flaschen füllen und verspricht dabei, stets „nur so viel Wasser zu entnehmen, wie es die Natur erlaubt“.

      Viele Bewohner der Gegend bezweifeln das. Seit Jahren beobachten Bürger und Bauern, dass die Bäche weniger Wasser führen. An nur einem Tag, so hat eine Bürgerinitiative gezählt, hätten mehr als 200 Lastwagen und einige Dutzend Güterzüge die Abfüllanlage von Danone in Volvic verlassen. Ihre Ladung: Mineralwasser in Plastikflaschen für die Supermärkte der Welt.

      https://www.wereport.fr/articles/wasser-marsch-die-zeit

      #paywall, mais...

      Notre enquête #Volvic avec @dergrenzgaenger est l’article le plus lu et le plus partagé de la journée sur @zeitonline avec près de 150 000 vues

      https://twitter.com/alexabdelilah/status/1310231866499366914

    • À Volvic, la justice s’interroge sur les prélèvements d’eau de Danone

      L’État a-t-il accordé trop de droits de pompage à Danone sur les eaux de Volvic ? Ce 25 mai, la #justice a demandé de nouvelles expertises pour déterminer la #responsabilité de l’État dans l’asséchement d’une #pisciculture à Volvic.

      La justice demande des investigations supplémentaires. À Volvic, la #multinationale Danone est accusée d’avoir asséché une des plus vieilles piscicultures d’Europe pour remplir ses bouteilles. Mercredi 25 mai, le #tribunal_administratif de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) a ordonné une première expertise en géologie et hydrologie, pour déterminer si, oui ou non, il y a eu une réduction du débit des sources de l’élevage de poissons — et si cela est lié aux prélèvements de Danone. Une seconde expertise, économique celle-ci, devrait évaluer le préjudice lié à la perte d’exploitation et à la détérioration de la pisciculture.

      Petit retour en arrière. Les #eaux_souterraines de Volvic surgissent en surface à #Saint-Genès-l’Enfant, là où se situe le domaine de la famille d’#Édouard_de_Féligonde. « Les Romains nommaient cet endroit “les sources du dragon”, tant l’eau jaillissait dans un vacarme assourdissant », raconte le notable, propriétaire d’élevage de poissons. En 1927, date des premières mesures, le débit s’établissait à 470 litres par seconde. Mais depuis quelques années, la ressource s’est amoindrie, jusqu’à se tarir. À l’été 2017, les gérants de la pisciculture ont vu les bassins se vider et des centaines de poissons mourir. L’élevage a fermé en octobre 2018.

      Pour Édouard de Féligonde, le responsable est tout indiqué : « Le débit de ma source a été divisé par dix. Dans le même temps, les prélèvements de Danone n’ont fait qu’augmenter. » En 1965, la Société des eaux de Volvic puisait 15,6 litres par seconde. Depuis 2014, l’entreprise, rachetée par Danone, est autorisée par l’État à pomper 88,6 litres par seconde, soit 2,7 millions de mètres cubes par an. Le groupe agroalimentaire assure limiter ses prélèvements — 2,33 millions de mètres cubes en 2020 —, et économiser l’eau au maximum. « Nous avons investi 25 millions d’euros pour réduire notre consommation de 350 millions de litres, nous affirme le service presse du groupe. Volvic prend le sujet avec beaucoup d’attention. »

      « Après l’État, j’attaquerai Danone »

      Insuffisant, selon Édouard de Féligonde, qui a donc attaqué les #autorisations_préfectorales. Il est soutenu dans sa démarche par le collectif Eau bien commun 63 : « Danone et #Limagrain, les deux plus gros “préleveurs” privés du département, ne sont quasiment pas limités dans leurs #prélèvements en période de #sécheresse », dénonce Laurent Campos-Hugueney, porte-parole du collectif et maraîcher près de Volvic. Le préfet a en effet délivré une #autorisation_annuelle : Danone peut ainsi, en théorie, pomper autant qu’il veut en #été, tant qu’il ne dépasse pas la limite annuelle de 2,7 millions de mètres cubes. Les consommateurs s’hydratant plus en période chaude, le groupe embouteille effectivement plus en été qu’en hiver.

      Pour l’État, le coupable n’est pas Danone, mais le #changement_climatique : « Les conditions environnementales, et notamment la sécheresse, ont conduit à une baisse de la recharge de l’#aquifère sans qu’elle puisse être imputée à notre sens aux prélèvements réalisés en aval par la Société des eaux de Volvic », indiquait le préfet lors de son audition par des députés, en 2021. Autrement dit : s’il y a moins d’eau sous Volvic, c’est avant tout parce qu’il a moins plu et fait plus chaud. La température moyenne à l’année dans le Puy-de-Dôme a ainsi augmenté de 2,2 °C depuis les années 1980, diminuant la capacité de la nappe phréatique de 30 %.

      « On est dans une situation de #raréfaction de l’eau liée au changement climatique, dit Laurent Campos-Hugueney. Avant, les prélèvements massifs de Danone passaient inaperçus, maintenant, ce n’est plus le cas. » Pour le maraîcher, il est donc grand temps que la multinationale se sert la ceinture. « On défend des intérêts citoyens pour un usage de l’eau vraiment partagé, souligne-t-il. Mais cette revendication, pourtant légale, n’est pas prise en compte par l’État, il faut aller au tribunal pour espérer se faire entendre. » La mobilisation des citoyens semble avoir porté ses premiers fruits : en septembre dernier, le directeur du groupe à Volvic et le préfet du Puy-de-Dôme ont signé un « plan d’utilisation rationnelle de l’eau ». Volvic s’est engagé à prélever 10 % d’eau en moins sur l’année, avec une attention particulière en cas de sécheresse.

      Comme M. de Féligonde, le collectif #Eau_bien_commun_63 espère que la décision du tribunal de Clermont-Ferrand permettra d’ouvrir le débat sur l’avenir de l’eau sur le territoire. « Avec l’eau de Volvic, on pourrait remettre en culture 3 600 hectares de terres, qui étaient jadis couvertes de potagers et de vergers, dit M. Campos-Hugueney. Plutôt que de profiter aux #multinationales, cette eau pourrait permettre de créer des emplois paysans et de soutenir notre résilience alimentaire. »

      Le propriétaire d’élevage de poissons, Édouard de Féligonde, s’est dit déterminé à ne pas en rester là : « Mon nom provient de “felix onda”, l’eau féconde... autant vous dire que je n’accepte pas de me retrouver à marée basse, soutient-il à Reporterre. Après l’État, j’attaquerai Danone. »

      https://reporterre.net/A-Volvic-la-justice-s-interroge-sur-les-prelevements-d-eau-de-Danone

  • Offshore drilling to begin in federal Arctic waters off Alaska

    The Trump administration has approved the first series of oil drilling in the Arctic Ocean. Critics say the move could pose serious environmental risks, while the oil company Hilcorp promises jobs and investment.


    https://www.csmonitor.com/USA/2018/1025/Offshore-drilling-to-begin-in-federal-Arctic-waters-off-Alaska?cmpid=TW
    #Arctique #Alaska #énergie #pétrole #extractivisme #exploitation_pétrolière #forages
    ping @reka

  • #Fonds_marins : « 75 % des zones très profondes restent #inexplorées »
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2012/03/26/fonds-marins-75-des-zones-tres-profondes-restent-inexplorees_1676015_1650684

    La #fosse_des_Mariannes est la #fosse_océanique la plus profonde actuellement connue, avec un point à - 11 034 m. A seulement 150 mètres de #profondeur, 99 % de la #lumière solaire a été absorbée, puis, au-delà de 1 000 m, la #nuit est complète, le #froid intense et la #pression colossale.

    Cet #article de #Anne-Gaëlle_Rico est paru en #2012 dans #Le_Monde. Il traite de l’#évolution de l’ #exploration des fonds marins. Ainsi, selon #Gabriel_Gorsky, les trois quarts des abysses ne seraient pas encore #explorées. De quoi poser un véritable problème #géographique et #économique : en effet, les #océans sont riches de différentes #ressources_naturelles dont l’#enjeu économique est très important.

    Les #profondeurs des #océans restent #inconnues à 95 %, et elles nous réservent des #surprises. C’est un espace que les hommes sont appelés à #découvrir et à #exploiter. L’eau y est très riche en #minerais. Il y a des #terres_rares, indispensables au développement de produits de #haute_technologie dans un contexte où la #Chine, qui en possède une grande partie, est de plus en plus réticente à #exporter. Les #forages #pétrolifères sont également de plus en plus profonds.
    Le problème est que plus la #vie est profonde plus elle est vulnérable. Dans les #abysses, toutes les #formes_de_vie sont très fragiles. Lorsqu’un #humain ou une #machine détruit un #écosystème, en soulevant de la poussière ou avec un simple contact, la vie détruite met longtemps à se reformer. Parfois elle disparaît même complètement, ce qui pose d’importantes #questions_environnementales.

  • Protection accrue de l’eau potable : 230 villes essuient un refus de Québec Le Devoir - Alexandre Shields - 5 septembre 2017
    Elle veulent des règles plus strictes pour encadrer les forages pétroliers
    http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/507242/forages-petroliers-et-gaziers

    Même s’il en a le pouvoir, le ministre de l’Environnement, David Heurtel, refuse d’accorder à 230 municipalités le droit d’adopter des règles plus strictes que celles mises en place par le gouvernement Couillard pour protéger les sources d’eau potable lors des forages pétroliers et gaziers, a appris Le Devoir. Il demande plutôt à chacune d’elles de produire une analyse étoffée pour démontrer la nécessité de mesures plus sévères, ce qu’elles refusent de faire.
     
    Pas moins de 230 municipalités ont envoyé en juin au ministre Heurtel un projet de règlement qui permettrait d’élargir les zones de protection de l’eau potable sur leur territoire. Alors que le Règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection (RPEP) mis en place par Québec prévoit une distance minimale de 500 mètres entre une source d’eau et un forage, elles souhaitent porter cette distance à un minimum de deux kilomètres.
     
    Or, toutes les municipalités qui ont demandé une telle dérogation au règlement provincial ont essuyé un refus de la part du gouvernement Couillard. Il a été transmis par écrit, selon un libellé similaire d’une lettre à l’autre. Celles-ci portent l’en-tête de la « Direction générale des politiques de l’eau » du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC).
     

    Analyse scientifique
    Les lettres obtenues par Le Devoir indiquent ainsi que, pour accorder une dérogation, « le ministre doit s’appuyer sur une analyse qui tient compte des conditions particulières du territoire de la municipalité ». Jugeant que le projet de règlement soumis au ministre Heurtel ne lui permet pas de démontrer la nécessité d’appliquer de telles normes, le MDDELCC exige que chaque municipalité produise une analyse scientifique étoffée, sans quoi le ministère n’évaluera pas la demande.
     
    « À cet effet, vous devez nous transmettre un document technique qui démontre que les caractéristiques de votre territoire (contexte hydrogéologique et hydrologique local, disponibilité en eau, vulnérabilité des sources d’alimentation en eau face aux risques que représente l’industrie visée, etc.) font en sorte que les normes du RPEP ne sont pas adéquates pour protéger les prélèvements d’eau effectués à des fins de consommation humaine ou de transformation alimentaire qui s’y retrouvent », peut-on lire dans les lettres transmises aux municipalités.
     
    « De plus, ce document doit démontrer que les normes incluses à votre règlement municipal sont précisément celles qui répondent à ces mêmes caractéristiques particulières de votre territoire. Ce n’est qu’à la suite de la réception d’un tel document technique que le ministère sera en mesure de réaliser l’analyse de votre demande d’approbation », ajoute-t-on, en guise de conclusion.
     
    Affrontement en vue
    Le cabinet du ministre Heurtel confirme la démarche menée au cours des dernières semaines. « Considérant que les municipalités n’ont pas, jusqu’à présent, fait cette démonstration technique, le ministre ne peut approuver leur règlement », précise son attachée de presse, Émilie Simard.
     
    Le « comité de pilotage des municipalités qui réclament une dérogation au RPEP » ne l’entend évidemment pas ainsi. Dans une réponse transmise au ministre, il souligne que les 230 municipalités « n’ont aucunement l’intention de satisfaire à ladite exigence ». En s’appuyant sur les dispositions de la Loi sur la qualité de l’environnement, le comité affirme que la demande de dérogation n’a pas à être accompagnée d’une « justification locale ».
     
    Tout indique donc qu’un affrontement se dessine entre le gouvernement et les municipalités qui disent vouloir mieux protéger l’eau potable de leurs citoyens. Elles seront d’ailleurs plus de 300 à exiger une dérogation au RPEP dès le 10 septembre, puisque le comité compte effectuer un nouveau dépôt de demandes de dérogations.
     
    Les municipalités pourraient-elles aller jusqu’à recourir aux tribunaux pour obtenir gain de cause contre le gouvernement du Québec ? « Si le ministre dit non, nous n’allons pas en rester là », laisse tomber le maire de Ristigouche Sud-Est, François Boulay, membre du comité. « S’il faut aller devant le tribunal pour obtenir le droit d’exercer cette compétence fondamentale, c’est ce que nous allons faire », ajoute-t-il.
     
    Procès Gastem contre Ristigouche Sud-Est
    Fait à noter, le règlement que les 300 municipalités souhaitent pouvoir adopter imposerait des normes similaires à celles mises en place par Ristigouche Sud-Est en 2013, soit avant l’élaboration du RPEP. À la suite de l’adoption de ce règlement, l’entreprise pétrolière Gastem a intenté une poursuite contre la petite municipalité gaspésienne de 157 habitants.
     
    Gastem réclame 1,5 million de dollars, puisque le règlement municipal a eu pour effet de bloquer un projet de forage. Ce montant équivaut à cinq fois le budget annuel de Ristigouche. Un cas sans précédent qui a suscité des craintes, selon François Boulay. « Les élus municipaux ont vraiment peur d’être poursuivis s’ils adoptent un tel règlement », insiste-t-il.
     
    Le gouvernement Couillard n’a pas offert son appui à la petite municipalité dans ce dossier. La Fédération québécoise des municipalités a toutefois décidé d’appuyer financièrement Ristigouche Sud-Est, jugeant que cette cause pourrait faire « jurisprudence » au Québec.
     
    L’Union des municipalités du Québec a aussi offert son appui. « On trouvait cela tellement heurtant, de voir une municipalité de 157 habitants être poursuivie pour 1,5 million de dollars. On trouvait qu’il y avait quelque chose de heurtant dans cela, pour ne pas dire odieux », souligne son président, Bernard Sévigny.
     
    Sans aller jusqu’à parler de craintes dans le monde municipal, M. Sévigny reconnaît que certains sont préoccupés. « Il y a une préoccupation. Si Ristigouche perdait, qu’est-ce que ça signifierait pour la suite des choses, en terme de précédent ? »
     
    Pour le moment, l’UMQ surveille surtout la révision du RPEP, qui est en cours au MDDELCC. « C’est à la lumière de cet exercice, donc de l’évolution des connaissances scientifiques et techniques, que le gouvernement jugera de la pertinence d’apporter ou non des modifications au RPEP », précise le cabinet de David Heurtel.

    #Eau #Pollution #pétrole #libéralisme #Quebec #Canada #multinationnale #forages #couillard

  • Obama Said to Block Selling New Drilling Rights in U.S. Arctic - Bloomberg Politics
    http://www.bloomberg.com/politics/articles/2016-11-16/obama-said-to-block-selling-new-drilling-rights-in-u-s-arctic-ivl28guc

    The Obama administration is set to block the sale of new oil and gas drilling rights in U.S. Arctic waters under a five-year blueprint, handing a victory to environmentalists who said the activity threatened whales, walruses and other wildlife in the region.

    The details were confirmed by people familiar with the plan who were not authorized to speak publicly before it is issued, something that is expected within days. It is subject to a 60-day congressional review and could be rewritten by President-elect Donald Trump, in a process that could take months or years.

    Because the Interior Department had already removed Atlantic waters from consideration, the decision to leave out the Chukchi and Beaufort seas north of Alaska largely limits new drilling lease auctions between 2017 and 2022 to the Gulf of Mexico. The fate of a proposed sale in Alaska’s Cook Inlet could not be learned.

    The move is a blow to oil companies that have pressed the Obama administration to open up more areas for offshore drilling, arguing new territory is needed to build on decades of energy development in the Gulf of Mexico. Oil companies had largely abandoned existing tracts in the Chukchi Sea, after Royal Dutch Shell Plc’s 2015 drilling campaign there did not yield a commercial discovery.

    Environmental activists have pressed President Barack Obama to go further and use a provision in a 1953 law to permanently restrict oil development in U.S. Atlantic and Arctic waters.

    #Mer_des_Tchouktches #Mer_de_Beaufort #Alaska
    #Arctique #forages_pétroliers

  • 30 millions de litres d’eau pour 3 forages fracturation hydraulique, Canada, Anticosti 4 juillet 2016 |Alexandre Shields Le Devoir
    L’eau sera extraite de rivières abritant des saumons en voie de disparition avant d’être rejetée dans le golfe

    Québec a autorisé le prélèvement de plus de 30 millions de litres d’eau dans des rivières d’Anticosti afin de réaliser les trois premiers forages avec fracturation sur l’île, a appris Le Devoir. La majorité de cette eau sera puisée dans des cours d’eau abritant une population de saumon en voie de disparition. Quant aux eaux usées, elles seront traitées sur place selon une méthode encore inconnue, puis rejetées directement dans le golfe du Saint-Laurent.


    Le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC) a accepté de préciser, à la suite d’une demande officielle, « les quantités maximales » d’eau pouvant être utilisées pour chacun des trois forages du programme de recherche de pétrole et de gaz de schiste. Ces travaux financés majoritairement par l’État québécois doivent débuter cet été, pour être achevés en 2017.

    Un premier forage, nommé « Canard », pourra être réalisé avec 10,57 millions de litres d’eau. Un deuxième, désigné comme le forage « La Loutre », pourrait pomper jusqu’à 11,15 millions de litres d’eau dans une des rivières désignées par le MDDELCC. Enfin, le forage « Jupiter », situé près de la rivière à saumon du même nom, aura droit à un maximum de 9 millions de litres.

    Au total, le gouvernement du Québec a donc autorisé le prélèvement de 30 720 000 litres d’eau dans des rivières réputées pour la qualité de leurs eaux. À titre de comparaison, un tel volume équivaut à la quantité nécessaire pour remplir pas moins de 10 piscines olympiques, ou alors un total de 1000 camions-citernes.
    Les 30 millions de litres d’eau prévus pour réaliser ces forages ne représentent toutefois qu’une infime partie de l’eau qui serait nécessaire en cas d’exploitation d’énergies fossiles sur Anticosti. Selon les résultats de l’évaluation environnementale stratégique (EES) menée par le gouvernement, « un total d’environ 4155 puits » pourraient être nécessaires pour cette phase, qui durerait plus de 50 ans. Pour chacun, la quantité d’eau nécessaire pourrait atteindre 16 millions de litres, toujours selon les conclusions de l’EES.
     
    Or, les rivières de l’île ne suffiraient absolument pas pour répondre à une telle demande, qui dépasserait les 45 milliards de litres, ou 15 000 piscines olympiques. Le rapport de l’EES publié à la fin du mois de mai suggérait donc « d’envisager l’utilisation de l’eau du golfe du Saint-Laurent », ou encore de recourir au gaz propane.

    Rivières à saumon
    Au moment d’autoriser les trois forages exploratoires prévus dans le contrat signé par le gouvernement du Québec, le MDDELCC a d’ailleurs indiqué le nom des quatre rivières qui pourront être utilisées pour y pomper de l’eau. Deux d’entre elles, la Jupiter et la Sainte-Marie, abritent des populations de saumon de l’Atlantique. La population de saumons de l’île est considérée comme en voie de disparition par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada.
     
    Le gouvernement Couillard a tout de même autorisé le prélèvement d’eau dans la plus importante rivière de l’île, la rivière Jupiter, qui abrite près de 30 % de tous les saumons d’Anticosti. Cette rivière est très réputée pour la pêche. La Société des établissements de plein air du Québec, qui vante la « limpidité sans égale » de ses eaux, vend d’ailleurs des forfaits de pêche à 6000 $.
     
    Les importantes quantités d’eaux usées des forages seront par la suite traitées directement sur l’île d’Anticosti. L’« autorisation » accordée le 15 juin dernier au nom du ministre de l’Environnement, David Heurtel, précise cependant très peu de choses au sujet du processus de traitement.
     
    Le document indique simplement qu’un « fournisseur » non identifié pour le moment devra exploiter « un système de traitement » pour décontaminer les eaux, qui peuvent contenir plusieurs produits toxiques. Ce système devra notamment pouvoir traiter des eaux usées « chargées en solide » jusqu’à une certaine concentration, qui n’est pas précisée.
     
    Les rejets devront respecter les normes inscrites dans les règles « provisoires » fixées par Québec pour l’exploitation de pétrole et de gaz. Le document ne fait pas mention des dispositions du projet de loi sur les hydrocarbures, qui n’a pas encore été adopté.
     
    Eaux dans le golfe
    Si plusieurs éléments concernant le traitement des eaux usées restent à préciser, on sait d’ores et déjà que ces millions de litres se retrouveront ensuite dans le Saint-Laurent. « Les eaux seront rejetées dans le golfe après traitement », a indiqué le MDDELCC, dans une réponse transmise deux semaines après la demande du Devoir.
     
    Selon les coordonnées géographiques inscrites dans l’autorisation accordée au nom du ministre Heurtel, trois points de rejets sont prévus. Tous sont situés sur la rive sud de l’île, reconnue pour la richesse de sa biodiversité marine. Tout indique qu’un point de rejet sera même situé directement dans l’embouchure de la rivière Jupiter. On retrouve à cet endroit une grande concentration d’oiseaux marins, mais aussi de mammifères marins.
     
    Pour le biologiste Sylvain Archambault, de la Société pour la nature et les parcs, la décision gouvernement d’autoriser le prélèvement de 30 millions de litres est une grave erreur.
     
    « Il est inconcevable qu’on permette des prélèvements d’une telle ampleur dans l’habitat du saumon, une espèce menacée de disparition sur Anticosti, et de surcroît dans des rivières au débit déjà très faible, a-t-il fait valoir, à la lumière des informations obtenues par Le Devoir. Qu’en est-il de la responsabilité du Québec face aux espèces menacées de disparition ? »
     
    La rivière Jupiter a été ciblée depuis longtemps « comme territoire d’intérêt pour une aire protégée », a-t-il également rappelé. « Alors qu’Anticosti ne compte que 7,7 % d’aires protégées, bien en deçà de l’objectif de 17 % pour 2020 auquel le Québec a adhéré, le ministère donne clairement préséance à l’industrie pétrolière. »
     
    C’est l’opérateur des travaux sur le terrain, l’entreprise Pétrolia, qui dirigera les opérations au nom de la Société en commandite Hydrocarbures Anticosti. L’État québécois est le principal bailleur de fonds de ce projet d’exploration, avec un investissement minimal de 57,7 millions.
    Source : http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/474713/anticosti-30-millions-de-litres-d-eau-pour-3-forages

    Remarque  : Selon un scénario « optimisé » de développement commercial, l’exploitation sur l’île pourrait durer 75 ans. Au cours de cette période, qui doit en théorie mener à une élimination mondiale du recours aux énergies fossiles, l’industrie pourrait forer pas moins de 4155 puits répartis sur 445 plateformes.
    http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/474831/anticosti-un-contrat-malheureux-mais-qui-doit-etre-respecte-dit-couillard

    #politique_du_désastre #extractivisme #foutage_de_gueule #Anticosti #pétrole #canada #gaz_propane #Saumon

  • #Monténégro : les #forages pétroliers en #Adriatique font polémique

    Comme le Parlement monténégrin s’apprête à approuver les contrats de #concession pour le forage pétrolier et gazier dans la mer Adriatique, l’ONG MANS met en doute l’intérêt public dans les contrats passés avec des compagnies russes et italienne.

    http://www.courrierdesbalkans.fr/le-fil-de-l-info/montenegro-les-forages-petroliers-en-mer-adriatique-contestes-par
    #pétrole #énergie #gaz

  • Shell va cesser ses #forages en #Alaska
    http://www.lemonde.fr/energies/article/2015/09/28/shell-va-cesser-ses-forages-en-alaska_4774720_1653054.html

    La compagnie Royal Dutch Shell a annoncé, lundi 28 septembre, qu’elle allait arrêter ses explorations à la recherche de pétrole et de gaz en Alaska après une première série de forages jugée décevante.

    Le président américain Barack Obama avait provoqué la colère des écologistes en autorisant en mai Shell à forer sous la mer des Tchouktches dans l’Arctique. Mais après moins de deux mois de forage, Shell a estimé que le résultat de l’exploration était « clairement décevant », le poussant à abandonner des recherches plus poussées.
    […]
    Les ressources de la partie américaine des mers de Tchouktches et de Beaufort sont considérables, selon une estimation du département de l’intérieur : 22 milliards de barils de brut techniquement récupérables et 2,6 milliards de m3 de gaz.

    Shell a englouti 7 milliards de dollars dans ces opérations sans avoir extrait le premier baril d’or noir. D’autres compagnies y ont des permis, comme l’américaine ConocoPhillips et la norvégienne Statoil, mais elles ne les utilisent pas encore.

  • #Forages_pétroliers en #Adriatique : OMV et #Marathon_Oil se retirent

    Une victoire pour la coalition SOS Adriatique, un réseau d’ONG, dont Les amis de la terre de Croatie/Zelena akzija et Greenpeace Croatie : l’annonce du retrait, le 28 juillet, des deux compagnies pétrolières Marathon Oil et OMV pour l’exploration et l’exploitation du #gaz et du pétrole en mer Adriatique.

    http://www.courrierdesbalkans.fr/le-fil-de-l-info/forages-petroliers-en-adriatique-omv-et-marathon-oil-se-retirent.
    #pétrole #mer_Adriatique

  • #Pays-Bas : le #risque_sismique des #forages de #gaz était ignoré

    Un rapport officiel reconnaît que pendant plusieurs décennies, les autorités néerlandaises ont refusé de voir le lien entre tremblements de terre et extraction de #gaz_naturel à #Groningue, en donnant carte blanche à l’industrie.


    http://www.courrierinternational.com/article/2015/02/19/pays-bas-le-risque-sismique-des-forages-de-gaz-etait-ignore