• Épisode 1/4 : Des #bénévoles dans les airs face à l’agence européenne de garde-frontières et garde-côtes, #Frontex

      Depuis 2018, l’ONG #Pilotes_Volontaires survole le large des côtes libyennes pour localiser les bateaux de fortune en détresse qu’empruntent les migrants pour tenter de rejoindre l’Europe.

      #José_Benavente fait ce triste constat : « les agences européennes comme Frontex espéraient que mettre un terme à l’opération "#Mare_Nostrum" rendraient les traversées plus difficiles et opéreraient un effet de dissuasion pour les migrants qui tentent de traverser la mer ». Or depuis leur petit avion d’observation, le Colibri 2, ils aident les bateaux qui sont évidemment toujours présents dans la zone à opérer des sauvetages plus rapidement.

      D’autres avions, ceux de Frontex notamment, transitent aussi par là pour permettre aux gardes côtes libyens d’opérer toujours plus d’interceptions synonymes d’un retour en enfer pour les migrants qui tentent justement de fuir coûte que coûte ce pays en proie à la guerre civile. Comme le regrette #Charles_Heller « les migrants fuient la Libye, où ils sont réduits à l’esclavage, aux travaux forcés, à la torture. Les migrants sont devenus un objet qui circule de main en main, que ce soit les milices ou les centres de détention de l’Etat. Aucune opération de secours en mer dans la zone libyenne ne peut effectivement être terminée de manière adéquate et respectueuse du droit international, dès lors que les passagers sont ramenés dans un pays où leur vie est en danger ».

      Surveillance et interception d’un côté, contre surveillance et sauvetage de l’autre, ce documentaire retrace l’histoire récente de ce qui se trame dans les airs et en mer depuis l’arrêt en 2014 de l’opération "Mare Nostrum" initiée par la marine italienne et qui avait permis de sauver des dizaines de milliers de vies car comme le rappelle Charles Heller : « l’Union européenne a sciemment créé ce vide de secours d’abord, et ce système de refoulement indirect ensuite. Et les avions de surveillance européens sont au cœur de ce dispositif » et José Benavente ajoute « lorsqu’on survole la Méditerranée, on n’est pas au-dessus d’un cimetière. On est littéralement au-dessus d’une fosse commune ».

      Avec :

      – Jose Benavente, fondateur de l’ONG Pilotes Volontaires ONG Pilotes Volontaires
      - Charles Heller, chercheur et cinéaste, co-fondateur du projet Forensic Oceanography

      https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/des-benevoles-dans-les-airs-face-a-l-agence-europeenne-de-garde-frontier
      #frontières #sauvetage_en_mer #sauvetage #Méditerranée #mer_Méditerranée #asile #migrations #réfugiés #gardes-côtes_libyens #pull-backs #solidarité

    • Épisode 2/4 : De l’#apprentissage à l’#expulsion

      Les initiatives pour alerter sur la condition des jeunes majeurs étrangers en passe d’être expulsés se multiplient partout en France.

      La très médiatique grève de la faim de Stéphane Ravacley, boulanger à Besançon, tentant d’empêcher l’expulsion vers la Guinée de son apprenti Laye Fodé Traoré, a fait des émules : “j’ai reçu énormément d’appels de patrons qui étaient dans la même problématique que moi et ça m’a posé question. Je savais qu’il y avait des milliers de Laye en France, mais que je ne m’étais jamais posé la question. Et là, je me suis dit il faut faire quelque chose.”

      Dans la Marne, les militants épuisés, par l’aberration du système, comme l’explique Marie-Pierre Barrière : “il faut une autorisation de travail pour aller au CFA et il faut un titre de séjour. Donc ils ne peuvent pas travailler avec un patron parce qu’ils ne l’ont pas. C’est le serpent qui se mord la queue”.

      Pourtant quelques chefs d’entreprise commencent à timidement à protester contre les mesures d’expulsion de leurs apprentis étrangers. C’est le cas de Ricardo Agnesina : _“_je suis furax parce que quand on a justement des éléments comme Souleyman, on se dit il ne faut pas le louper parce que c’est réellement quelqu’un à qui il faut donner sa chance. Qu’il vienne de Guinée, de Pologne, de Normandie ou du sud de la France, peu importe, c’est quelqu’un qui a envie de travailler et qui a envie d’apprendre un métier donc on n’a pas le droit de lui dire non.”

      Ces patrons et artisans de secteurs dits "en tension" comme la restauration et le bâtiment se trouvent, par le biais de la défense de leurs intérêts, nouvellement sensibilisés à la question migratoire sont interdits face à l’arbitraire des décisions préfectorales qu’ils découvrent alors qu’ils peinent à embaucher des jeunes compétents. Bruno Forget, président de la foire de Châlons-en-Champagne s’indigne : “aujourd’hui, on vit une véritable hérésie. J’ai un cas précis d’une personne qui ne peut pas avoir de boulot parce qu’elle n’a pas de papiers. Et cette personne n’a pas de papiers parce qu’on ne peut pas fournir un certificat d’employeur. On se pince ! Il faut s’indigner ! ”

      Avec :

      – Mamadou, jeune apprenti guinéen
      - Souleimane, jeune apprenti guinéen
      - Laye Fodé Traoré, jeune apprenti guinéen
      - Marie-Pierre Barrière, militante Réseau Education Sans Frontières (RESF)
      – Stéphane Ravacley, boulanger, fondateur de l’association Patrons solidaires
      – Riccardo Agnesina, chef d’entreprise
      – Bruno Forget, directeur de la foire de Châlons-en-Champagne
      – M. et Mme Ansel, restaurateurs à Reims
      – Alexandrine Boia, avocate au barreau de Reims

      https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/de-l-apprentissage-a-l-expulsion-4412030
      #travail #sans-papiers

    • Épisode 3/4 : #Femmes migrantes invisibles

      Statistiquement plus nombreuses que les hommes sur les chemins de l’exil, les femmes sont pourtant les grandes absentes du récit médiatique et de la recherche scientifique dans le domaine des migrations.

      Pour comprendre l’invisibilité Camille Schmoll constate : “il y a aussi un peu d’auto-invisibilité de la part des femmes qui ne souhaitent pas forcément attirer l’attention sur leur sort, leur trajectoire. La migration reste une transgression” et remarque que cette absence peut servir un certain discours “ or, quand on veut construire la migration comme une menace, c’est probablement plus efficace de se concentrer sur les hommes.”

      Depuis plus d’un demi-siècle, les bénévoles de l’Association meusienne d’accompagnement des trajets de vie des migrants (AMATRAMI) viennent en aide aux personnes migrantes présentes sur leur territoire, aux femmes notamment. Camille Schmoll rappelle cette situation : “il y a toujours eu des femmes en migration. On les a simplement occultés pour différentes raisons. En fait, ce sont à l’initiative de femmes, de chercheuses féministes que depuis les années 60-70, on redécouvre la part des femmes dans ces migrations. On sait qu’elles étaient très nombreuses dans les grandes migrations transatlantiques de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème siècle. "

      Confrontées tout au long de leurs parcours migratoires mais également dans leur pays de destination à des violences de genre, ces femmes ne sont que trop rarement prises en compte et considérées selon leur sexe par les pouvoirs publics. Majoritairement des femmes, les bénévoles de l’AMATRAMI tentent, avec le peu de moyens à leur disposition de leur apporter un soutien spécifique et adapté.  Lucette Lamousse se souvient “elles étaient perdues en arrivant, leur première demande c’était de parler le français”. Camille Schmoll observe un changement dans cette migration : “les femmes qui partent, partent aussi parce qu’elles ont pu conquérir au départ une certaine forme d’autonomie. Ces changements du point de vue du positionnement social des femmes dans les sociétés de départ qui font qu’on va partir, ne sont pas uniquement des changements négatifs”.

      Avec

      - Aïcha, citoyenne algérienne réfugiée en France
      - Mire, citoyenne albanaise réfugiée en France
      - Salimata, citoyenne ivoirienne réfugiée en France
      - Lucette Lamousse, co-fondatrice de l’Association meusienne d’accompagnement des trajets de vie des migrants (AMATRAMI)
      - Colette Nordemann, présidente de l’AMATRAMI
      - Camille Georges, médiatrice socioculturelle à l’AMATRAMI
      – Khadija, employée à l’AMATRAMI
      – Camille Schmoll, géographe, autrice de Les damnées de la mer (éd. La Découverte)
      - Élise Buliard, animatrice famille à l’AMATRAMI

      https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/femmes-migrantes-invisibles-6230660
      #femmes_migrantes #invisibilisation

    • Épisode 4/4 : Une famille afghane en #Touraine

      Comment Aziz et les siens négocient-ils leur exil en Touraine ? 

      Après des années d’une attente angoissée que la France veuille bien lui fournir un sauf conduit pour fuir la menace des Talibans en Afghanistan, Aziz, ancien Personnel Civil de Recrutement local (PCRL) de l’armée française est en sécurité dans le village d’#Avoine (Indre-et-Loire) avec son épouse et leurs six enfants. Mais comme le précise le maire de la commune d’Avoine : “une petite commune comme nous de 1900 habitants quand vous avez 10 réfugiés sur le terrain de la commune, ils sont acceptés, les gens sont très généreux avec eux et ils sont très acceptés. Si demain vous m’en mettez 200 sur un terrain de la commune, là vous risquez d’avoir des problèmes”.

      Quoique libéral car il a créé un lycée pour filles, Aziz est originaire d’une petite ville de province, patriarcale, religieuse et conservatrice qu’il a laissée derrière lui pour découvrir le monde jusque-là inconnu d’une société sécularisée. Ancien notable de cette petite ville qui l’a vu naître, il doit désormais vivre l’expérience du déclassement et de l’anonymat : “j’ai tout laissé derrière et j’ai le sentiment de ne plus avoir de valeur” . Mais il doit aussi faire face et tenter d’accepter la transformation de ses plus jeunes enfants qu’il a confiés aux bons soins de l’école de la République. Et l’adaptation n’est pas toujours évidente, ainsi son épouse qui à la nostalgie du pays, se sent mise à nue depuis le jour où elle a dû quitter sa burka : “c’était la première fois que je n’avais pas le visage caché. Nous portions toujours le voile avant. Je me sentais très bizarre. Je ne pouvais pas regarder les gens. C’était étrange, difficile”

      Le couple est vigilant et craint que leurs enfants perdent peu à peu l’usage de leur langue, le pashto : "j’espère que mes filles et mes fils n’oublieront pas l’islam, leur langue maternelle et leur éducation. Les quatre plus grands sont âgés et nous devons faire attention aux deux petites filles parce qu’elles sont petites. Elles oublient facilement la culture.”

      Avec :

      - Aziz Rahman Rawan, citoyen afghan réfugié en France, son épouse Bibi Hadia Azizi et leurs enfants
      - Julie Vérin, artiste
      – Françoise Roufignac, enseignante à la retraite
      – Didier Godoy, maire d’Avoine (Indre-et-Loire)
      – Christelle Simonaire, parente d’élève
      – M. Galet, directeur de l’école primaire d’Avoine
      – Mme Camard, enseignante à l’école primaire d’Avoine
      – Pauline Miginiac, coordinatrice régionale en Formation professionnelle à l’Union française des centres de vacances (UFCV)

      https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/une-famille-afghane-en-touraine-6456038
      #réfugiés_syriens

  • #Canada Les recherches ne révèlent aucun reste humain sur le site de l’ancien Hôpital Camsell D’après les informations de Stephen David Cook
    https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1834031/hopital-camsell-edmonton-autochtones-arret-fouilles

    Des fouilles pour trouver des restes humains sur le site de l’ancien Hôpital Camsell, à Edmonton, ont pris fin vendredi après que des équipes n’en ont découvert aucun.

    L’établissement avait accueilli des patients autochtones du nord de l’Alberta et des Territoires du Nord-Ouest pendant des dizaines d’années, notamment pour traiter des cas de tuberculose. Le site situé au coin de la 128e Rue et de la 144e Avenue est prévu d’accueillir des propriétés résidentielles.

    L’été dernier, un radar à pénétration de sol avait permis de creuser dans 13 endroits, mais les recherches ont été infructueuses. Jeudi et vendredi, 21 anomalies ont fait l’objet de trous dans la terre, mais seuls des débris ont été remontés à la surface.

    D’autres recherches ne sont pas prévues sur le site.

    Selon le chef de la Première Nation Papaschase, Calvin Bruneau, des préoccupations persistent étant donné que tant de personnes ont déclaré que des gens avaient été enterrés à cet endroit : “Que leur est-il arrivé ? Ont-ils été retirés et enterrés autre part ? ”

    Il dit avoir entendu des témoignages au fil des ans de projets de développement qui ne prenaient pas en compte que des restes humains pouvaient exister à certains endroits.

    “L’ennui, c’est que personne ne veut parler, affirme le chef Bruneau, qu’il s’agit d’anciens employés, d’anciens promoteurs ou de constructeurs [ …] Tout est passé sous silence. ”

    Les recherches sur le site de l’ancien Hôpital Camsell ont été financées par le promoteur immobilier. L’architecte, Gene Dub, dit avoir fait ce geste après avoir été bouleversé par la découverte au printemps des restes de 215 enfants enterrés sur le site d’un ancien pensionnat autochtone à Kamloops, en Colombie-Britannique.

    #peuples_autochtones #histoire #disparitions #fosse_commune #enfants #pensionnat #école #cadavres #vol #viols #peuples_premiers #nations_premières #premières_nations #autochtones #colonialisme #extermination #génocide #tuberculose

  • Tombes découvertes au Canada : l’Église catholique versera 30 millions de dollars aux autochtones
    https://www.ouest-france.fr/monde/canada/tombes-decouvertes-au-canada-l-eglise-catholique-versera-30-millions-de

    Après des excuses formelles prononcées la semaine passée, l’Église catholique a annoncé, lundi, le versement de 30 millions de dollars aux survivants des pensionnats des peuples autochtones. Ces derniers mois, plus d’un millier de tombes ont été découvertes près d’anciennes institutions religieuses du pays.


    Des personnes s’embrassent devant un mémorial de fortune érigé, au niveau de l’ancien pensionnat indien de Kamloops, en hommage aux 215 enfants dont les restes ont été découverts enterrés près de cet établissements situé en Colombie-Britannique. | COLE BURSTON / AFP

    Les évêques catholiques du Canada se sont engagés lundi à verser 30 millions de dollars canadiens pour soutenir les initiatives en faveur des survivants des pensionnats pour autochtones après avoir présenté des « excuses formelles » la semaine dernière.

    Ces fonds seront débloqués sur cinq années pour « remédier à la souffrance causée par les pensionnats au Canada », expliquent les évêques dans un communiqué publié lundi 27 septembre.

    Il s’agira de « soutenir des programmes et des projets dédiés à l’amélioration de la vie » des survivants des pensionnats et de leur communauté, a déclaré Mgr Raymond Poisson, président de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC).

    Vendredi dernier, les évêques avaient exprimé leur « profond remords » et présenté « leurs excuses sans équivoque » aux peuples autochtones après la découverte ces derniers mois de plus d’un millier de tombes près d’anciens pensionnats dirigés par l’église catholique.

    « Traumatisme historique »
    Une nouvelle fois, les évêques reconnaissent dans le communiqué publié lundi l’existence d’un « traumatisme historique et toujours présent, causé par le système des pensionnats ».

    Dans le pays, très marqué par ces révélations, de nombreuses voix s’étaient élevées pendant l’été pour demander des excuses de l’Eglise et même du pape en personne.

    Au total, plus d’un millier de tombes anonymes près d’anciens pensionnats catholiques pour autochtones ont été retrouvées cet été, remettant en lumière une page sombre de l’histoire canadienne et sa politique d’assimilation forcée des Premières Nations.

    Quelque 150 000 enfants amérindiens, métis, et inuits ont été enrôlés de force dans 139 pensionnats à travers le pays, où ils ont été coupés de leurs familles, de leur langue et de leur culture.

    #Canada #peuples_autochtones #histoire #disparitions #fosse_commune #enfants #pensionnat #école #cadavres #vol #viols #peuples_premiers #nations_premières #premières_nations #autochtones #colonialisme #extermination #génocide

    • Toujours plus ignoble l’église catholique

      Les survivants des pensionnats des peuples autochtones devront donc faire approuver leur #projet par ceux qui :
      – Les ont volé.
      – Tué, entre autres par contamination de maladies.
      – Violé leurs enfants.
      – Tué leurs enfants dans d’immondes soit disant pensionnats.

      Et il ne faudra pas qu’ils oublient de dire merci.

  • Militarisation of the Evros border is not a new thing, it’s between Greece and Turkey after all. 12 km of land border used to have a minefield. This is at a cemetery in Alexandroupolis. It’s not a vacant plot but a grave for dozens of unidentified migrant mine victims from 1990s.


    https://twitter.com/vvlaakkonen/status/1436561164423634946

    #Evros #Grèce #mourir_aux_frontières #morts_aux_frontières #asile #migrations #histoire #réfugiés #frontières #mines_antipersonnel #cimetière #Alexandroupolis #fosse_commune #militarisation_des_frontières
    #Ville_Laakkonen

    –—

    En 2012, quand @albertocampiphoto et moi étions dans la région, nous avons visité le cimetière de #Sidirò où les victimes du passage frontaliers (à partir des années 2010, soit une fois le terrain déminé) ont été enterrées :


    https://visionscarto.net/evros-mur-inutile
    et
    https://journals.openedition.org/espacepolitique/2675

  • En Ukraine, découverte des restes de milliers de victimes des purges staliniennes
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/08/25/en-ukraine-decouverte-des-restes-de-milliers-de-victimes-des-purges-stalinie

    Des fosses contenant les restes de quelque 5 000 à 8 000 personnes ont été localisées sur un terrain de presque cinq hectares situé près de l’aéroport d’Odessa.

    Des fosses communes contenant les dépouilles de milliers de personnes massacrées dans les années 1930 lors de purges staliniennes ont été découvertes à Odessa, dans le sud de l’Ukraine, ont annoncé les autorités, mercredi 25 août. Il s’agit de l’un des plus vastes sites de ce type en Ukraine, qui fut membre de l’Union soviétique.

    A ce jour, vingt-neuf fosses contenant les restes de quelque 5 000 à 8 000 personnes ont été localisées sur un terrain de presque 5 hectares situé près de l’aéroport d’Odessa, a détaillé Sergui Goutsaliouk, chef de l’antenne régionale de l’Institut de la mémoire nationale. Ce nombre pourrait encore augmenter, les opérations étant toujours en cours.

    Les restes ont été découverts après que les autorités municipales ont ordonné des fouilles exploratoires en vue d’autoriser des travaux d’élargissement de l’aéroport, car des fosses communes avaient déjà été mises au jour par le passé dans cette zone.

    Plusieurs centaines de milliers de victimes
    Selon M. Goutsaliouk, la plupart des victimes, des habitants de la région, ont été tuées d’une balle dans la nuque par le NKVD, la police secrète soviétique et ancêtre du KGB. Ces exécutions remontent aux années 1937-1939, pendant la Grande terreur stalinienne. Toujours d’après M. Goutsaliouk, il ne sera pas possible d’identifier les victimes, les documents concernant ces purges étant classés secrets et conservés à Moscou, « qui ne les donnera pas » à l’Ukraine en raison des relations tendues entre les deux pays.

  • Canada : découverte macabre dans un ancien établissement pour enfants autochtones
    https://www.rfi.fr/fr/am%C3%A9riques/20210530-canada-d%C3%A9couverte-macabre-dans-un-ancien-%C3%A9tablissement-pour-e

    Les restes d’au moins 215 enfants seraient enterrés sur le terrain de cette école où des élèves de plusieurs nations autochtones dormaient et étudiaient entre 1890 et 1963. Des experts tentent maintenant d’identifier et de rapatrier ce qu’il reste des corps.

    Les chefs autochtones de Colombie-Britannique tentent de mettre sur pied un plan pour pouvoir rendre les restes de corps à leur famille, plusieurs décennies après leur disparition. Des historiens fouillent d’ailleurs les archives laissées par la congrégation religieuse qui gérait le pensionnat pour trouver trace des décès et des enterrements d’écoliers.

    Quatre mille enfants disparus

    Cela fait 20 ans que la communauté autochtone, où se trouve cette école, s’emploie à vérifier ce que racontent les survivants qui l’ont fréquentée. Plusieurs témoignaient des décès de leurs camarades suite à des privations, à des mauvais traitements, dans parler des épidémies. L’utilisation d’un radar a permis de détecter la présence de dépouilles dans ce pensionnat que fréquentaient environ 500 enfants autochtones chaque année.

    De tels établissements existaient aux quatre coins du Canada. Ils visaient à éduquer les jeunes selon la culture dominante, en les détournant de celle de leurs parents. Au fil du temps, plus de 4 000 enfants auraient disparu, sans que bien souvent leurs familles ne soient prévenues, ni qu’elles puissent se recueillir sur leurs tombes.

  • Spatialités des mémoires

    Ce numéro de Géographie et cultures consacré aux spatialités des mémoires propose de poursuivre les voies ouvertes par de nombreux chercheurs appartenant à différentes disciplines des sciences sociales, et d’examiner comment la géographie contemporaine se situe dans le champ des #Memory_Studies.
    Si la mémoire, abordée dans ses dimensions individuelles et collectives, exprime d’emblée un rapport au passé, elle articule et produit conjointement de nombreuses interactions, entre soi et les autres, entre le temps et l’espace. La mémoire, plus ou moins visible et lisible, d’un passé réactivé, remodelé, nié ou instrumentalisé n’est pas sans lien avec des stratégies d’acteurs diversifiés. Qu’il s’agisse de mémoires institutionnalisées dans des #sites, #musées ou #mémoriaux, ou d’espaces dans lesquels les mémoires sont échafaudées à partir de traces, la (re)production d’#espaces_mémoriels s’organise autour d’une subtile articulation #identités/#mémoires/#territoires, laquelle rend compte d’une dialectique de l’#ancrage et de la #mobilité, fût-elle éphémère.
    Les articles de ce numéro thématique explorent différentes formes de productions (ou d’empêchement de productions) spatiales mémorielles liées aux diverses recompositions politiques, sociales et économiques qui affectent les sociétés.


    https://journals.openedition.org/gc/6318
    #mémoire #géographie

    Les articles :

    Dominique Chevalier et Anne Hertzog
    Introduction [Texte intégral]

    Laurent Aucher
    Devant le mémorial, derrière le paradoxe [Texte intégral]
    Réflexions sur les pratiques de visite au monument berlinois de la #Shoah
    In front of the memorial, behind the paradox:
    thoughts about practices of visiting the Berliner memorial of Shoah

    Thomas Zanetti
    #Matérialité et spatialité d’une mémoire meurtrie [Texte intégral]
    La reconnaissance mémorielle des #maladies_professionnelles des anciens verriers de #Givors
    Materiality and spatiality of a bruised memory: the memorial recognition of the occupational diseases of the former glassmakers of Givors

    Cécile Tardy
    Les infra-espaces des mémoires du Nord [Texte intégral]
    The infra-spacies of memories of the “Nord” region of #France

    Noémie Beltramo
    Le #territoire_minier [Texte intégral]
    Vecteur ou support de la mémoire de l’#immigration_polonaise ?
    The territory: vector or support of the Polish immigration’s memory?
    #migrants_polonais #extractivisme #mines

    André-Marie Dendievel et Dominique Chevalier
    Topos et mémoires des deux rives de La Loire amont (XVIIIe–XXe siècles) [Texte intégral]
    L’exemple de Chassenard (Allier) et Digoin (Saône-et-Loire)
    Topos and memories on both sides of the upstream section of the Loire River (XVIIIth‑XXth centuries AD): the example of #Chassenard (Allier) and Digoin (Saône-et-Loire)

    Patrick Naef
    L’escombrera de #Medellin [Texte intégral]
    Une #fosse_commune entre #reconnaissance et #oubli

    Sophie Didier
    #Droit_de_mémoire, Droit à la Ville [Texte intégral]
    Essai sur le cas sud-africain
    Right to memory, Right to the City: an essay on the South African case
    #afrique_du_sud

    Florabelle Spielmann
    Combats de bâtons de #Trinidad [Texte intégral]
    Fabrique géographique, sociale et culturelle de la mémoire
    Trinidad stick-fight: shaping memorial places through geographic, social and cultural spaces

    ping @reka @albertocampiphoto

  • Faut-il craindre un #Brexit ?
    CHRISTIAN CHAVAGNEUX
    http://www.alterecoplus.fr/europe/christian-chavagneux/faut-il-craindre-un-brexit-201606201241-00003684.html

    Enfin, un Brexit serait le sale révélateur d’une Europe en train de mourir par la faute de ses #dirigeants. Il est malheureusement à craindre que si un #référendum était tenu dans d’autres pays, le résultat pourrait être négatif.

    L’#Europe d’aujourd’hui, c’est une zone qui prône l’#austérité permanente, qui obéit aux ordres des #lobbys du privé – comme le montre encore récemment le refus d’interdire les perturbateurs endocriniens sous la pression de l’industrie chimique -, un désert numérique, une zone qui n’engage pas franchement sa transition écologique, qui accepte des paradis fiscaux en son sein, un #nain_politique, technocratique, une zone qui transforme la #Méditerranée en #fosse_commune.

    • Au nom de tous les morts

      Une poignée de vivants redonne une dignité aux migrants ayant péri aux frontières gréco-turques.

      Il se tient droit, immobile et ferme ses yeux sombres. Une pluie régulière trempe ses mains qui se lèvent au ciel. Il entonne une prière en arabe, ce matin gris de janvier. Mustafa Dawa est seul au milieu d’un champ cerné d’oliviers perdu dans la brume de Kato Tritos, dans le sud de Lesbos.

      Cette terre qu’il connaît par cœur, il y consacre désormais sa vie. En quelques années Mustafa l’a transformée en cimetière. Face à lui se dressent des dizaines de monticules de terre retournée. Des tombes, celles des migrants décédés en ayant voulu venir depuis la Turquie voisine, séparée par un bras de mer.

      Le dernier enterré est un petit Afghan de 10 ans, mort en décembre, piétiné lors d’un mouvement de panique dans un bateau pneumatique. « Je l’ai mis en terre selon le rite musulman », regard tourné vers la Mecque, corps enveloppé d’un linceul, comme les autres résidents du cimetière. Mustafa Dawa montre du doigt sa sépulture à droite, petite montagne de terre mouillée. « On reconnaît les dernières tombes car moins de végétation y a poussé ». Au centre, les tombes les plus anciennes sont recouvertes d’herbes folles. Il en compte aujourd’hui une centaine.

      C’était il y a deux ans et demi mais pour lui c’était hier. Une succession de naufrages, l’indignation et la naissance de ce cimetière. Printemps 2015. Les bateaux gonflables surchargés affluent chaque jour au nord de l’île, à quelque douze kilomètres de la Turquie. À bord, des hommes, femmes, enfants, venus de Syrie, d’Irak, d’Afghanistan...

      L’île aux airs idylliques, dominée par les collines verdoyantes et encerclée d’une mer azur, devient une escale tragique pour près de 600 000 migrants en quête d’Europe. Lesbos est dépassée, les services d’accueil inexistants, les réfugiés qui fuient la misère en retrouvent une autre.

      Un peu perdu au milieu de ces drames, Mustafa Dawa, étudiant en philosophie grecque de 27 ans, est venu du continent pour aider une ONG comme traducteur en arabe. Puis vient octobre, noir. « Ce mois-là, il y a eu trois naufrages. Le cimetière de Mytilène était plein. En plus, les responsables n’y faisaient pas de rituel musulman pour les défunts ». La morgue de Mytilène, aussi, est surchargée. Mustafa a la mémoire des chiffres morbides :

      Environ 80 personnes sont restées dans cette morgue, dont 46 dans un container à côté de l’hôpital pendant 38 jours.

      Mustafa Dawa, traducteur pour une ONG

      « On parle là de dignité »

      Ce container blanc hante toujours aujourd’hui Mustafa. « Les corps étaient entreposés dans des positions déstructurées, nus, raconte-t-il écœuré. Personne n’en parlait, ni les politiques ni les associations ».

      Il croise alors le chemin d’une Syrienne venue d’Allemagne. « Elle cherchait sa sœur et ses enfants. Elle avait une photo de celle-ci, mais c’était très difficile de l’identifier ». Mustafa finit par la trouver « dans le container… reconnaissable seulement grâce à une cicatrice qu’elle portait sur le corps ». Les vagues rejettent sur les plages de galets des cadavres souvent abîmés par la mer.

      La colère de Mustafa se mélange à sa sidération. « Je ne pensais qu’à ça, à ce container, je ne pouvais plus manger, plus dormir, il fallait que je fasse quelque chose ». Il a choisi de leur donner un lieu pour inhumer ces naufragés.

      l se tourne vers la municipalité de Mytilène pour obtenir un terrain. Elle lui demande d’attendre « des autorisations ». Mais il y a urgence, dit Mustafa. « Les questions politiques je m’en fiche, on parle là de dignité ». Un adjoint au maire, George Katzanos, pleure lorsque Mustafa lui décrit ce container. Il lui octroie finalement un champ d’oliviers, à vingt minutes de Mytilène où Mustafa va mettre en terre, à la chaîne.

      En sept jours, en novembre, j’ai enterré 57 personnes. Depuis, je fais ça régulièrement.

      Mustafa Dawa

      Entre 2015 et 2018, Mustafa organise « 96 funérailles ». Quelques familles viennent, d’autres le contactent aussi lorsqu’elles cherchent des proches. « Ce n’est pas mon travail, mais je ne partirai pas de Lesbos tant que le cimetière ne sera pas reconnu et légal. Le gouvernement doit faire venir un imam ». Mustafa explique qu’ « un propriétaire du village veut (le) poursuivre en justice pour fermer le cimetière ».

      Pour cet Égyptien, comment « imaginer un seul instant » déplacer ces tombes ? « Parfois, il y a deux enfants dans une même sépulture. J’ai aussi dû enterrer un homme sans tête à côté d’une autre personne… Je ne voulais pas le laisser seul ».
      Enfouis dans le sable, gisant sur le rivage

      Alexandros Karagiorgis, lui aussi, est resté médusé devant ce corps sans tête. Celui qu’il a ramassé dans un mélange de vase et d’eau, un jour d’octobre 2015. « C’est quelque chose que tu ne peux pas oublier, tu le gardes toute ta vie », exprime ému ce responsable des pompes funèbres pourtant « habitué aux morts ». Deux ans et demi après ce jour, Alexandros Karagiorgis parle vite, dans le désordre et sans silences.

      Fin 2015, il sillonne les côtes de l’île à la recherche des défunts pour les acheminer à la morgue de Mitylène. Les gardes-côtes l’appellent, lui indiquent la présence des morts. Avec sa camionnette, l’homme de 59 ans arpente les routes sinueuses jusqu’à la mer, puis guette les groupes de mouettes dans le ciel. « Elles tournoient autour des cadavres, cela indique leur présence ». Recrachés par les vagues, les naufragés décédés « sont éparpillés », dit-il, « parfois enfouis dans le sable, gisant sur les rivages ou bloqués sur des rochers au loin ».

      Les corps sont déformés par l’eau. Il montre sur son téléphone portable le tronc d’un enfant de 9 ans retrouvé en janvier 2016, boursouflé, méconnaissable.

      Je prenais des photos des cadavres pour les gardes-côtes. J’ai vu de tout. Des femmes, des enfants, des hommes. Un jour j’ai pris le bras d’un homme, il est resté dans ma main. J’ai vu des gens sans bouche, sans yeux…

      Alexandros Karagiorgis, entrepreneur de pompes funèbres

      Sans répit, il travaille « sans penser », des allers et retours incessants entre plage et morgue. « Une fois, j’ai ramené 19 personnes dans la même journée, j’ai cru défaillir. J’ai dû embaucher quatre personnes pour m’aider. Parfois il y avait tellement de corps que je les ai gardés quelques jours dans mes frigos, aux pompes funèbres ».

      Trois ans après, lui aussi vit avec ces fantômes, et ses dettes. « J’ai perdu beaucoup d’argent, je n’ai jamais été payé par la municipalité pour ce que j’ai fait », s’énerve-t-il. La mairie n’a pas répondu à nos sollicitations. Alexandros rappelle que les « sacs pour emballer les corps coûtent 30 euros. Frontex (l’agence européenne des gardes-côtes) m’en a donné 15 ou 20, le reste je les ai financés moi-même et réutilisés ».

      Aujourd’hui, il affirme qu’on « lui a dit d’aller en justice pour être payé ». Il n’ira pas. « Trop cher ». « Tout le monde ne peut pas faire ce travail, il faut avoir des sentiments et paradoxalement de la compassion pour les victimes et les familles. Il faut pouvoir montrer du respect aux morts ». Pour lui « l’Europe et les politiques n’en n’ont aucun, conclut-il amer. Ils n’ont jamais donné d’argent pour ces funérailles. Alors qu’il doit y avoir une dignité pour ces gens ».

      Une simple plaque de marbre

      Alexandros Karagiorgis a ramassé plus de 90 corps. Ils sont au cimetière informel de Mustafa Dawa. Sur chaque tombe, une plaque de marbre offerte par un artisan du coin, avec l’âge, le jour estimé du décès, et lorsque cela est possible, le nom.

      Sur certaines plaques la mention Agnosto (άγνωστο) pour les anonymes. Eux n’ont malheureusement qu’un numéro, celui du protocole d’identification, donné par le médecin légiste de Lesbos Théodoros Noussias. « Les corps étaient acheminés ici, des policiers prenaient ensuite des photos, puis on procédait à l’analyse ADN », détaille-t-il.

      L’échantillon est ensuite envoyé au laboratoire d’Athènes. « Si les familles recherchent leurs proches, elles contactent la Croix-Rouge, et s’organisent pour donner de leur côté leur ADN à leur ambassade, qui le transmet en Grèce pour faire des comparaisons ».

      Certains n’ont jamais été identifiés, les Agnosto. Mais l’ADN a parfois parlé, dit-il. Il lève son regard derrière ses fines lunettes sur un avis de recherche plaqué au mur où quatre visages juvéniles figés apparaissent. Une fille de 12 ans affublée d’un foulard jaune, ses trois frères, âgés de 10 à 16 ans.

       Les parents étaient morts dans un naufrage, ils avaient été retrouvés mais les enfants avaient disparu ». L’oncle a cherché sans répit. Il a sillonné l’île, la côte turque aussi, parlé aux ONG. « On a comparé les ADN. Trois enfants avaient finalement été inhumés à Lesbos, sans identité ». L’un d’eux, l’aîné de 16 ans, n’a jamais été retrouvé, d’après Theodoros Noussias.

      L’identification de ces victimes est un travail de Titan. Les proches des défunts font parfois partie du naufrage mais d’autres anonymes voyagent seuls. Pour leurs familles, laissées loin derrière eux, c’est l’incertitude. Elles n’ont plus de nouvelles, ne connaissent pas leur localisation, les imaginent parfois heureux dans un pays d’Europe.

      Pour trouver les leurs, elles peuvent alors contacter la Croix-Rouge qui a lancé le site « Trace the face », rassemblant des avis de recherche. Pour les proches, chaque détail post mortem qui aide à la reconnaissance d’un disparu est indispensable : tatouage, vêtements mais aussi les rares objets qu’ils portent : livres, bijoux...

      C’est ce que garde méticuleusement dans ses tiroirs Pavlos Pavlidis, médecin légiste à Alexandroupoli, au nord-est de la Grèce, depuis dix-huit ans.
      Les oubliés de la rivière Evros

      L’imposant hôpital d’Alexandroupoli se situe à une cinquantaine de kilomètres de la frontière terrestre gréco-turque. Un autre chemin que des milliers de migrants ont foulé dans l’espoir de trouver asile en Europe. 186 kilomètres délimités naturellement par la rivière Evros et 12 kilomètres de barbelés.

      Médiatiquement oubliée lors des flux importants en 2015 via les îles égéennes, cette frontière reste un point de passage. Une grande partie des exilés franchissent ce long fleuve étroit aux courants parfois intenses, sur des bateaux gonflables. « Les arrivées ont commencé dans les années 1990, au départ des hommes, des Irakiens, Pakistanais, Bangladais, Somaliens… Et en 2010, un pic soudain, avec la venue de femmes, dû aux conflits du Proche-Orient », détaille le médecin.

      Ils se noient pour une grande majorité, mais meurent aussi d’hypothermie ou tués par des mines disposées, avant 2008, entre Grèce et Turquie. Grand homme au regard impassible, Pavlos Pavlidis, 45 ans, vit avec les morts de la frontière, comme ses homologues de Lesbos. Il demeure stoïque lorsqu’il évoque son travail de légiste. Froideur qui lui permet d’avoir du recul sur cette mission de longue haleine.

      Depuis 2000, il a « autopsié plus de 342 corps de migrants », dans le sous-sol frais de l’hôpital. Sur la table basse de son bureau sans fenêtre, le médecin étale les pochons de plastique contenant montres à l’arrêt, cartes sim usées, téléphones ayant trempé dans l’eau…

      « Je veux respecter ces gens, tout faire pour retrouver leurs proches, leur redonner une identité. Garder les objets, c’est mettre toutes les chances de notre côté ». Au total, Pavlos Pavlidis est parvenu à identifier 103 personnes. 

      Le problème de la rivière est qu’elle abîme les corps, les courants, la boue, les poissons créent des blessures post-mortem. Les personnes sont souvent difficiles à identifier.

      Pavlos Pavlidis, médecin légiste

      Il fait défiler des photos de corps sur l’écran de son ordinateur. Des hommes et femmes couverts de terre, visages blanchâtres gonflés ou membres manquants… Peu d’enfants. « Les plus petits êtres sont malheureusement rapidement mangés par les ­animaux ».
      « Tout le monde s’en fiche »

      Alexandros Koutsidis, lui, reste marqué par l’un de ces corps. Celui d’un homme qu’il a découvert alors qu’il chassait à l’aube aux abords de la rivière trouble en décembre. « Il faisait très froid, l’homme flottait, bloqué par un tronc d’arbre, il avait du sang au coin de sa lèvre, son visage était déformé ».

      Ce fermier vit dans le village frontalier de Poros, 300 âmes. En voiture, il longe les champs de blé ou de coton, emprunte des sentiers marécageux pour rejoindre les rives de l’Evros. Dans cette zone militaire interdite au public, seules quelques silhouettes de soldats grecs et turcs se distinguent au loin.

      Les yeux plissés par le soleil, Alexandros, treillis militaire, fixe ce matin de janvier le fleuve large d’environ 10 ou 15 mètres. Sur l’autre rivage, derrière les branches des arbres morts « la Turquie », dit-il. Le bruissement du courant régulier comble le silence. « L’Evros est un piège, elle paraît calme et tranquille, mais en réalité, on s’enfonce dans la boue si on tombe ». Le jour de sa macabre découverte, Alexandros a « tout de suite appelé la police ».

      Ces derniers ont convoqué Pavlos Pavlidis qui a emporté le corps. Alexandros « ne sait pas » où vont ensuite les morts. Dans la région de Thrace-Macédoine, où près de 400 migrants ont perdu la vie en passant la frontière, peu savent en réalité où sont enterrés les fantômes de la rivière. Les autorités locales fournissent peu de sépultures. Alors, c’est le mufti, Mehmet Serif Damadoglou, à Sidero, village isolé dans la vallée qui a pris les choses en main, dans les années 1990.

      C’est au sommet d’une colline inaccessible en voiture, sur un terrain d’herbes sauvages cerné d’une grille, qu’il a placé les dépouilles. Des monceaux de terre déforment le sol, recouvert de ronces où les pieds s’enfoncent. Seules deux plaques de marbre, payées par une famille syrienne indiquent la présence de sépultures.

      Ce « cimetière » de migrants qui n’en a pas l’air est informel, aussi anonyme que ses quelque 400 tombes sans stèle. Certaines contiennent plusieurs corps. « Les politiques n’en ont rien à faire de ces morts. De l’argent est donné mais presque rien, de quoi payer l’acheminement de corps jusqu’au cimetière, s’énerve Akram, le fils du mufti qui a aujourd’hui quitté Sidero. Un jour, un Syrien est venu chercher son frère disparu, personne ne lui a indiqué l’existence de ce cimetière. Je l’ai appris après qu’il soit parti. C’est la réalité, tout le monde s’en fiche ».

      Sur l’une des premières tombes à l’entrée du lieu, un fragment de tissu bleu ondule sous le vent. Des ossements humains dépassent de la terre fouillée, comme le confirme le médecin légiste Pavlos Pavlidis. Les animaux errants sont les seuls visiteurs ou presque de ce cimetière oublié.

      https://www.amnesty.fr/refugies-et-migrants/actualites/au-nom-de-tous-les-morts
      #frontière_greco-turque #Grèce #Evros #Pavlos_Pavlidis #Evros

  • Frontières / 4. Autour de #Laetitia_Tura

    Depuis une dizaine d’années, la photographe Laetitia Tura mène un projet photographique et audiovisuel autour de la mise en scène des frontières, l’invisibilité et la mémoire des parcours migratoires.

    En présence de l’artiste et de Michel Lussault.

    Projection-débat avec #Michel_Lussault, géographe, président du Conseil supérieur des programmes, directeur de l’Institut français de l’éducation (Lyon), professeur des universités à l’École Normale Supérieure de Lyon et #Chowra_Makaremi, docteure en anthropologie, chargée de recherche au CNRS.

    Laetitia Tura présente notamment trois séries de photographies

    « Linewatch », consacré au dispositif frontalier entre le Mexique et les États-Unis (2004-2006), où elle s’interroge sur la mise en scène de la frontière.
    « Je ne suis pas mort, je suis là », travail consacré à la frontière Maroc / Melilla, où elle s’intéresse à la mise à l’écart et la disparition de migrants (2007-2012).
    « Ils me laissent l’exil », série réalisée autour de la Retirada des Républicains Espagnols en 1939, où elle pose la question de la mémoire de cet exode.

    Laetitia Tura appartient au collectif photographique « Le bar Floréal ».

    http://www.dailymotion.com/video/x2v2gnn

    #spectacle #mise_en_scène #visibilité #invisibilité #lumière #ombre #photographie #murs #barrières_frontalières #frontières #San_Diego #Tijuana #Mexique #USA #Etats-Unis #dispositif_frontalier #traces #Maroc #Melilla #Espagne #blocage #zone_de_transit #disparition #mourir_aux_frontières #mise_à_l'écart #campement #tranquilo #mort #corps #fosse_commune #Tunisie #tombe #cimetière #dueil #Mauritanie #déshumanisation #monument #migrations #asile #réfugiés
    #guerre_d'Espagne #guerre_civile_espagnole #camp_d'internement #franquisme #Retirada #mémoire #loi_de_mémoire_historique #Espagne #déni

    Quelques extraits qui me semblent particulièrement intéressants dans ce débat fort passionnant....

    Michel Lussault : « Autant la frontière se voit, autant le passage se masque. La #traque en revanche se documente, se montre. (...) Le mur est partout, le passage nulle part » (minute 31’00)

    Michel Lussault : « Le spectacle de la puissance que la frontière montre est toujours hanté par le spectre de l’impuissance. Et ce fantôme est le migrant »

    Chowra Makaremi : Il faut parler de « drames du contrôle migratoire » et non pas de « drames de la migration »

    Chowra Makaremi : « L’humanitaire est devenu une façon de regarder le monde, donc la mort est devenue une limite : la mort est devenue une limite : on ne peut pas supporter que des gens meurent, c’est publiquement insupportable. Et le sécuritaire aussi est devenu une façon de regarder le monde : on ne peut pas accepter que nos frontières s’ouvrent. On ne peut ni supporter de les voir mourir, ni supporter qu’ils circulent. Les frontières sont une ligne de #front politique, parce qu’il y a le risque de mourir, mais ’on le prend quand même’. L’enjeu est donc entre la vie et la mort, ce qui ramène à un enjeu révolutionnaire : risquer sa vie pour avoir une vie meilleure. C’est éminemment politique. C’est très rare que dans nos démocraties qu’on arrive sur des lignes de front pareil. La migration est une ligne de front de ce genre-là ».

    La question du #monument aux morts aux frontières... 1’’19’00
    Laetitia Tura fait un parallèle entre un éventuel monument aux morts aux frontières et l’Arc de Triomphe pour le #soldat_inconnu et elle dit : « On en est pas là, puisque la guerre, cette guerre qui n’est pas dite, a encore lieu. Personne, à part quelques rares individus dans des endroits donnés, par leur propre initiative, n’est en mesure de porter et de faire cet acte symbolique du monument »

    La question de la guerre d’Espagne débute à 1’’22’00 —> « Ils me laissent l’exil »

    (merci à @odilon de m’avoir signalé la vidéo)

    @albertocampiphoto @marty @daphne : je vous conseille de le voir...

  • Le #cimetière des migrants inconnus

    Un homme marche entre les futures #tombes de migrants non-identifiés près de #Tripoli en #Libye. En 2015, un million de migrants ont tenté de traverser la #Méditerranée pour rejoindre l’Europe. Mais des centaines y ont aussi laissé leur vie. Photo AFP


    http://portfolio.lesoir.be/v/en_images/776TOPSHOT-LIBYA-TUNISIA-MIGRANTS-CEMETERY-G5T5S8CT5_1.jpg.html
    #migrations #asile #réfugiés #cadavres #fosse_commune #mourir_en_mer

  • #Bosnie-Herzégovine : découverte d’un nouveau #charnier près de #Zvornik

    Les habitants d’un village proche de Zvornik, dans le Nord-Est de la Bosnie-Herzégovine, ont découvert une charnier contenant les dépouilles de civils bosniaques tués lors de la guerre des années 1990.


    http://www.courrierdesbalkans.fr/le-fil-de-l-info/bosnie-herzegovine-decouverte-d-une-nouvelle-fosse-commune-a-zvor
    #fosse_commune #Balkans #guerre_des_Balkans

  • Marina Albiol: “Sus políticas han convertido el Mediterráneo en una gran fosa común y ahora quieren hacer creer que se preocupan por los muertos” | IZQUIERDA UNIDA
    http://www.izquierda-unida.es/node/15436

    La portavoz de Izquierda Unida en el Parlamento Europeo, Marina Albiol, ha criticado con dureza la actitud del Consejo europeo y la hipocresía con la que conservadores, socialdemócratas y liberales están tratando en la Unión Europea el último naufragio en el Canal de Sicilia de un barco con más de 900 personas a bordo, al tiempo que ha señalado a su política “exterior, económica y de seguridad de fronteras” como la causa que está llevando a miles de personas cada año a jugarse la vida en el mar.

    Sin duda estamos gobernados por una banda de hipócritas, porque es realmente indecente que los responsables de haber convertido el Mediterráneo en una gran fosa común ahora pretendan hacer creer a la opinión pública que se preocupan por los miles de muertos”, ha dicho la eurodiputada de IU durante su intervención en el debate sobre las muertes en el Mediterráneo.

    Albiol ha afirmado que la actual política exterior, económica, y de cierre de las fronteras de la UE es incompatible con el mensaje de “salvar vidas” que estos días están lanzando los dirigentes y eurodiputados de los partidos mayoritarios, además de ser “la causa de las muertes” en el Mediterráneo, donde en lo que va de año se calculan que han perdido la vida más de 2.000 personas.

    Primero se dedican a intervenir en Libia y Siria, o a saquear los recursos naturales de países como la República del Congo. Después pagan a Túnez o Egipto para que las personas que huyen no lleguen al mar. Para que mueran igual, pero no en el Mediterráneo porque es molesto para nuestros ojos europeos. Y a los que consiguen llegar al Continente, los mandan rápido en un avión de vuelta a las bombas y al hambre, o con una devolución en caliente para que la Policía marroquí haga el trabajo sucio”, ha denunciado Albiol, quien ha pedido que “los responsables” no pueden venir ahora “con discursos compasivos”.

    https://www.youtube.com/watch?v=OBhDF2S75cQ

  • #République_démocratique_du_Congo. Les mystères de la #fosse_commune de #Maluku

    Que cache la fosse commune avec près de 400 corps ? Sa découverte alimente toutes les hypothèses : l’opposition soupçonne une tentative de dissimulation de la répression policière de janvier, le gouvernement évoque un enterrement collectif de corps abandonnés.


    http://www.courrierinternational.com/article/republique-democratique-du-congo-les-mysteres-de-la-fosse-com
    #RDC #massacre

  • Slaviansk découvre ses fosses communes
    http://www.lapresse.ca/international/dossiers/ukraine/201407/25/01-4786691-slaviansk-decouvre-ses-fosses-communes.php

    Plus de trois heures que les recherches ont commencé. Soudain tout le monde se fige. Un morceau de toile blanche se détache de la terre. Quelques minutes plus tard, quatre corps sont exhumés : Slaviansk vient d’ouvrir sa première fosse commune.

    #Exécution #Fosse_commune #Guerre #Sloviansk #Ukraine

  • Mass graves of migrants found in Falfurrias (+ Video)
    http://www.caller.com/news/local-news/immigration/mass-graves-of-migrants-found-in-falfurrias_23365419

    FALFURRIAS - Unidentified #migrants who died entering the United States were buried in mass graves in a South #Texas cemetery, with remains found in trash bags, shopping bags, body bags, or no containers at all, researchers discovered.

    In one burial, bones of three bodies were inside one body bag. In another instance, at least five people in body bags and smaller plastic bags were piled on top of each other, Baylor University anthropologist Lori Baker said. Skulls were found in biohazard bags — like the red plastic bags in receptacles at doctors’ offices — placed between coffins.

    “To me it’s just as shocking as the mass grave that you would picture in your head, and it’s just as disrespectful,” said Krista Latham, a forensic anthropologist at the University of Indianapolis.

    #Etats-Unis #mort #fosse_commune

  • #Mare_Nostrum - Documentario di #Stefano_Mencherini

    Il film-inchiesta mette a nudo alcuni aspetti dell’incostituzionalita’ della legge sull’immigrazione (la 189 del 30 luglio 2002) detta Bossi-Fini.
    Alcune immagini di questo film hanno permesso alla magistratura salentina di istruire un processo contro i gestori di un «Centro di permanenza temporanea» gestito dalla Curia arcivescovile di Lecce, la Fondazione «Regina pacis».
    Il documentario è un viaggio in presa diretta nell’Italia dei diritti negati agli stranieri.

    «Dopo 4 anni dalla autoproduzione questo film-inchiesta è ancora più attuale che mai, lo testimoniano le decine di proiezioni che vengono ancora richieste all’autore da Università, scuole, centri sociali, parrocchie, associazioni. Soprattutto alla luce di una delle denunce contenute in apertura di Mare Nostrum: quella che riguarda una storia di violenze e sevizie dentro ad un Cpt, quello di Lecce, fondato e gestito per quasi 10 anni dalla Curia salentina.
    Da sottolineare che il lavoro che vedrete non è mai stato mandato in onda integralmente da nesuna televisione italiana, neppure dalla Rai di cui Mencherini è regista e autore da circa 15 anni»
    Stefano Mencherini

    http://www.youtube.com/watch?v=AGgOww84fps

    #film #documentaire #migration #Italie #CPT #centre_de_permanence_temporaire #loi_Bossi-Fini #Lecce #Regina_Pacis #détention #rétention #église #carabinieri #Pouilles #Lecce #Albanie #trafic_de_drogue #mourir_en_mer #naufrage #fosse_commune #legge_Bossi-Fini

    Interview avec le régisseur :
    https://www.youtube.com/watch?v=7-f_DDVebds