• Que sont devenus les foyers de travailleurs #migrants ?
    https://metropolitiques.eu/Que-sont-devenus-les-foyers-de-travailleurs-migrants.html

    Retraçant vingt-cinq ans d’histoire des foyers de travailleurs migrants, Laura Guérin montre comment leur transformation en « résidences sociales » bouleverse à la fois leur architecture et leur peuplement, et met en péril le droit à la ville de leurs occupants historiques. Vingt-cinq ans après le lancement du Plan de traitement des foyers de travailleurs migrants (PTFTM), les objectifs de cette politique nationale semblent être atteints : les derniers foyers ont débuté leur transformation et tous #Terrains

    / #foyer, #foyer_de_travailleurs, migrants, #logement


    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_guerin.pdf

  • Dans les #foyers, une protection au conditionnel ; Interview d’Ali El Baz, membre du #Gisti et du #Copaf, propos recueillis par Christophe Daadouch
    https://www.gisti.org/spip.php?article6534

    Caractérisés par une forte promiscuité, les foyers de travailleurs migrants se retrouvent être les lieux avec le plus fort taux de prévalence de la #Covid-19. Difficiles à mettre en œuvre, les consignes sanitaires fixées par les notes ministérielles ou préfectorales y sont souvent restées lettre morte ou appliquées avec laxisme par des sociétés gestionnaires prenant prétexte de l’absence de personnel, lui-même confiné. Sans accès aux espaces collectifs, privés des liens de solidarité, les chibanis les plus âgés ont été abandonnés, comme le montre Ali El Baz, membre du Collectif pour l’avenir des foyers.

    Dispose-t-on de données sur le nombre de chibanis qui ont contracté la Covid ?

    À notre connaissance, aucune statistique nationale n’existe à ce jour [1], qu’il s’agisse des malades ou des décès. Les chiffres recueillis lors d’entretiens que nous avons pu avoir avec des résidents montrent un important décalage avec ceux affichés par l’ARS ou les gestionnaires.

    Quoi qu’il en soit, une récente étude réalisée, entre juin et juillet 2020 par Médecins sans frontières et le centre d’épidémiologie #Epicentre auprès de populations vivant en #foyer_de_travailleurs_migrants https://epicentre.msf.org/sites/default/files/2020-10/High_seroprevalence_of_SARS-CoV-2_antibodies_among_people_living_in_p montre que la #précarité additionnée à la #promiscuité constitue une véritable bombe sanitaire.

    Alors que la prévalence s’élève à 50,5% dans les dix centres d’hébergement étudiés (gymnases, hôtels, etc.), qu’elle est de 28% sur les sites de distribution alimentaire, elle atteint 88% dans les deux foyers de Seine-Saint-Denis examinés. Pour les auteurs, ces chiffres confirment ce qu’on pouvait logiquement craindre : plus la densité d’hébergés est élevée, plus les gestes barrières sont difficiles à appliquer, et plus la prévalence est forte. Du coup, les foyers de travailleurs migrants se retrouvent être les lieux avec le plus fort taux de prévalence.

    Aucune campagne systématique de tests n’a malheureusement été menée ; celles effectuées, en raison d’une volonté municipale par exemple, n’ont relevé que du cas par cas. Le centre municipal de santé de Gennevilliers a ainsi organisé des tests dans un foyer Coallia, mais pas dans les cinq autres foyers de la commune gérés par Adoma.

    Dans le même temps, l’ARS, bien qu’interpellée par le Collectif pour l’avenir des foyers (Copaf) à plusieurs reprises lors de cas de contamination dans deux foyers d’Asnières et Gennevilliers, n’a pas jugé bon de venir tester l’ensemble des résidents.

    À Paris, des tests ont été effectués, mais sans aucune concertation avec les délégués des résidents, ce qui a conduit à un boycott des tests dans certains foyers.

    En quoi les règles sanitaires ont-elles été difficiles, voire impossibles à mettre en œuvre au sein des foyers ?

    La configuration même des établissements rend le respect des règles pour le moins difficile. À la différence des résidences sociales, nombre de foyers de travailleurs migrants sont sur-occupés, particulièrement en Île-de-France. La promiscuité y prend différentes formes : chambres collectives pouvant contenir jusqu’à huit lits, couloirs étroits, espaces communs réduits, laverie, douches et sanitaires partagés. Comme le constate l’ARS dans une note : « Les Résidences sociales sont composées de logements autonomes où les résidents peuvent être confinés. En Foyer de travailleurs migrants à chambres à lits multiples ou en Unité de vie, le confinement est plus difficile [3]. »

    À la différence des Ehpad qui n’accueillent que des personnes âgées, les foyers hébergent aussi bien des personnes âgées que des travailleurs migrants. Selon leurs métiers, certains ont continué à travailler pendant le confinement, en particulier dans les métiers de la sécurité, du nettoyage, ou comme chauffeurs Uber ou livreurs Deliveroo. Après une journée de #travail et de transport en commun (sur la fameuse ligne 13, la plus surchargée du réseau, qui dessert tous les foyers de Seine-Saint-Denis et ceux du nord des Hauts-de-Seine), ils étaient en contact proche avec des personnes âgées au sein de leur établissement d’hébergement.

    [...]

    Article extrait du Plein droit n° 127, décembre 2020
    « Covid partout, justice nulle part » https://www.gisti.org/spip.php?article6520

    #crise_sanitaire

  • Les sans-papiers au risque du Covid-19 - Entre « protocole compassionnel » et déni de droit, Claire Lévy-Vroelant, le 01/05/2020 Métropolitiques
    https://www.metropolitiques.eu/Les-sans-papiers-au-risque-du-Covid-19.html


    © Frédérick Péchin/BARA’Land.

     
    Que change la pandémie à la situation des sans-papiers ? Le cas d’un groupe de travailleurs africains à Montreuil est selon Claire Lévy-Vroelant emblématique du déni de droits qui caractérise l’histoire récente des migrations en France.

    La situation des étrangers en situation irrégulière vient d’être mise sur la place publique à nouveaux frais. Dans le contexte de la crise sanitaire et après la décision du gouvernement portugais d’accorder un titre de séjour jusqu’au 30 juin 2020 à tous les migrant·e·s présent·e·s sur son territoire, des convergences se dessinent en faveur d’une régularisation massive en France et en Europe. Ce contexte inédit soulève des questions qui le sont moins. Qu’est-ce que protéger veut dire ? Qui doit être protégé, et comment ? Quels registres discursifs sont mobilisés, quelles priorités désignées dans les actions mises en place ou annoncées ? Comment saisir les paroles et les actes de ceux qui sont d’ordinaire réduits au silence ? Le cas des « ex-Bara » de Montreuil est à cet égard édifiant.

    Les ex-Bara ou la fabrique des sans-droits

    La situation des ex-Bara résulte d’un tri opéré à la faveur d’une double expulsion : de leur foyer historique de la rue Bara d’abord, le 29 novembre 2018, des locaux de l’Afpa [1] ensuite, le 29 octobre 2019 (à trois jours de la trêve hivernale). Le groupe est alors scindé en deux : d’un côté, les titulaires d’un contrat avec Coallia [2] sont relogés dans un foyer provisoire en attendant la livraison des nouveaux sites ; de l’autre, ceux qu’on appellera dès lors les « ex-Bara », les « petits frères » qui n’ont pas de titre bien que présents à Montreuil depuis des années, passent plusieurs nuits à la rue. Ils sont soutenus par des associations qui les aident à monter un campement de fortune. Ce groupe compte quelque 270 hommes, plutôt jeunes, qui logent depuis le 29 octobre 2019 dans un hangar de 700 m², une ancienne entreprise de nettoyage dont le propriétaire actuel des murs est l’Établissement public foncier d’Île-de-France.

    La crise sanitaire et les mesures de confinement en vigueur depuis le 17 mars 2020 les ont placés dans une situation inédite. Qualifié de « bombe sanitaire » par certains médias [3], le regroupement de ces travailleurs étrangers sans papiers, tous originaires d’Afrique de l’Ouest et soutenus par une solidarité active [4], est aussi l’occasion de tenter de comprendre les contradictions de l’action publique, et ce qu’elles disent de notre temps.

    Le temps, il convient de le remonter pour ne pas céder à la fascination exercée par l’étrangeté du moment et pour que les particularités du présent prennent sens. Les racines de cette histoire plongent en effet dans une matière séculaire tissée par l’exil, la marche de la production industrielle nationale et la mondialisation économique (Bruneteau et Terrolle 2010).

    Les #Baras #sans-papiers | #foyer_de_travailleurs | #migrants | #foyer | #histoire | #Seine-Saint-Denis | #Montreuil #crise_sanitaire

  • Chibanis, l’éternel exil des travailleurs maghrébins
    http://webdoc.france24.com/chibanis-france-travailleurs-immigration-maghreb

    On les appelle les chibanis. Ces petits vieux (littéralement cheveux blancs en arabe dialectal) représentent environ 235 000 personnes, majoritairement des hommes âgés de plus de 65 ans. Ils ont quitté l’Algérie, le Maroc et la Tunisie alors qu’ils étaient de jeunes adultes, voire adolescents pour certains, dans l’espoir de construire un avenir meilleur en France. Arrivés durant les Trente Glorieuses pour reconstruire un pays meurtri par la Seconde Guerre mondiale, ils ont passé toute leur vie à travailler. Aujourd’hui à la retraite, ces « invisibles », ces « sans-voix » n’ont pas retrouvé leur terre natale. Un choix pour certains, une obligation pour d’autres.

    #chibanias #chibanis
    #postcolonialisme
    #retraite #Aspa
    #guerre_aux_pauvres