• BOGOTA’: Vertice dell’Gruppo dell’Aia contro il genocidio in Palestina
    https://radioblackout.org/2025/07/bogota-vertice-dellgruppo-dellaia-contro-il-genocidio-in-palestina

    Più di trenta paesi si sono riuniti a Bogotà il 15 e il 16 luglio per la Conferenza d’Emergenza convocata dal Gruppo dell’Aia, nato a gennaio 2025, con l’obiettivo di fermare il genocidio in corso a Gaza. La conferenza co-presieduta da #Colombia e #Sudafrica ha avuto inizio in una piazza germita di persone con il […]

    #L'informazione_di_Blackout #boicottaggio #Francesca_Albanese #GENOCIDIO_GAZA #Gruppo_dell'Aia
    https://cdn.radioblackout.org/wp-content/uploads/2025/07/VerticeGruppoAiaBogotà.mp3

  • Aix-Marseille Université va accueillir 31 chercheurs américains : « Ce qui se passe aux Etats-Unis, c’est l’antiscience, c’est l’arrivée de l’obscurantisme »
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2025/07/18/aix-marseille-universite-accueillera-31-chercheurs-americains-a-la-rentree_6

    Aix-Marseille Université va accueillir 31 chercheurs américains : « Ce qui se passe aux Etats-Unis, c’est l’antiscience, c’est l’arrivée de l’obscurantisme »
    Le Monde avec AFP
    Aix-Marseille Université (AMU) accueillera à la rentrée prochaine 31 chercheurs américains, menacés dans leur liberté académique par la politique de Donald Trump, dans le cadre de son programme Safe Place for Science (« un lieu sûr pour la science »), a annoncé vendredi 18 juillet son président Eric Berton sur France Inter.
    Au 31 mars, date limite des candidatures, l’AMU avait reçu 300 dossiers, et au total 600 chercheurs américains ont exprimé le souhait de venir travailler au sein de l’université marseillaise, l’une des plus importantes de France en nombre d’étudiants (80 000, dont 12 000 internationaux).Les 31 chercheurs sélectionnés « sont des profils seniors, des professeurs de haut niveau », qui travaillent dans les sciences environnementales, dans les domaines des humanités (études de genre, histoire, géographie), de la biologie, la santé, l’épidémiologie, l’immunologie, et « plus surprenant, des collègues qui viennent de la NASA et vont nous rejoindre dans nos laboratoires d’astrophysique », a ajouté M. Berton.
    « Le plus dur dans cet épisode, ce sont les messages poignants des gens qu’on n’a pas pris », a-t-il déclaré, estimant toutefois que « ces collègues vont pouvoir aussi trouver des solutions dans les autres universités françaises et en Europe » grâce au programme Choose France et à des bourses européennes. « Ils ont des pressions, les banques de données des collègues qui travaillent dans le domaine du climat sont parfois effacées, ils ne peuvent plus travailler, mais on leur demande de justifier leur salaire, ce qui est assez cocasse », a affirmé M. Berton.
    « Ce qui se passe aux Etats-Unis, ça influence le monde entier » : en France, « des programmes sont arrêtés parce qu’aux Etats-Unis c’est arrêté. Il faut se montrer à la hauteur de l’événement. Ce qui se passe aux Etats-Unis, c’est l’antiscience, c’est l’arrivée de l’obscurantisme. C’est l’honneur de l’université française d’amener une lueur d’espoir à ces collègues », a-t-il souligné.
    Le président d’AMU, qui défend au côté de l’ancien président François Hollande le statut de « réfugié scientifique », a rappelé qu’Aix-Marseille Université accueillait également « 25 collègues qui viennent d’Iran, du Liban, d’Ukraine, de Palestine ». « Au même titre qu’un opposant politique, le scientifique peut gêner le pouvoir en place, quand [celui-ci] est climatosceptique par exemple », a-t-il ajouté. Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son administration et des milliards de dollars en subventions de recherche ont été supprimés.

    #Covid-19#migration#migrant#france#etatsunis#refugiescientifique#université#recherche#sante#politiquemigratoire

  • Bayrou annonce un budget injuste, Attac se mobilise !

    François Bayrou a dévoilé ses orientations budgétaires pour 2026. Celles-ci reposent sur un dogme : le refus d’une véritable réforme fiscale pour mieux imposer les plus riches et les grandes entreprises, le démantèlement des services publics et de la protection sociale, quitte à augmenter encore la pauvreté et les inégalités.

    Attac se mobilise pour proposer des alternatives écologiques et sociales aux orientations austéritaires du gouvernement : un autre budget est vital !

    Dès le lendemain des annonces de François Bayrou, Attac a publié une analyse détaillée et critique des orientations budgétaires du gouvernement ainsi qu’une vidéo de réaction par notre porte-parole Youlie Yamamoto.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/07/10/qui-veut-gagner-des-milliards-en-finir-avec-les-niches-fiscales-injustes/#comment-67991

    #france

  • Omer Bartov

    Opinion | I’m a Genocide Scholar. I Know It When I See It. - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2025/07/15/opinion/israel-gaza-holocaust-genocide-palestinians.html

    My inescapable conclusion has become that Israel is committing genocide against the Palestinian people. Having grown up in a Zionist home, lived the first half of my life in Israel, served in the I.D.F. as a soldier and officer and spent most of my career researching and writing on war crimes and the Holocaust, this was a painful conclusion to reach, and one that I resisted as long as I could. But I have been teaching classes on genocide for a quarter of a century. I can recognize one when I see one.

    This is not just my conclusion. A growing number of experts in genocide studies and international law have concluded that Israel’s actions in Gaza can only be defined as genocide. So has #Francesca_Albanese, the U.N. special rapporteur for the West Bank and Gaza, and Amnesty International. South Africa has brought a genocide case against Israel at the International Court of Justice.

    • https://archive.ph/0dpn2
      Je suis spécialiste du génocide. Je sais reconnaître un génocide quand j’en vois un.
      Par Omer Bartov
      Le Dr Bartov est professeur d’études sur l’Holocauste et le génocide à l’université Brown.
      15 juillet 2025, 1 h 00 (heure de l’Est)

      Je suis arrivé à la conclusion inéluctable qu’Israël commet un génocide contre le peuple palestinien. Ayant grandi dans une famille sioniste, vécu la première moitié de ma vie en Israël, servi dans l’armée israélienne en tant que soldat et officier, et passé la majeure partie de ma carrière à faire des recherches et à écrire sur les crimes de guerre et l’Holocauste, cette conclusion a été douloureuse à accepter, et j’y ai résisté aussi longtemps que possible. Mais j’enseigne le génocide depuis un quart de siècle. Je sais reconnaître un génocide quand j’en vois un.

      Je ne suis pas le seul à cette conclusion. Un nombre croissant d’experts en études sur le génocide et en droit international ont conclu que les actions d’Israël à Gaza ne peuvent être qualifiées que de génocide. C’est également l’avis de #Francesca_Albanese, rapporteuse spéciale des Nations unies pour la Cisjordanie et Gaza, et d’Amnesty International. L’Afrique du Sud a porté plainte contre Israël pour génocide devant la Cour internationale de justice.

      Les scènes d’horreur quotidiennes à Gaza, dont le public israélien est protégé par l’autocensure de ses propres médias, révèlent le mensonge de la propagande israélienne selon laquelle il s’agit d’une guerre défensive contre un ennemi nazi. On frémit lorsque les porte-parole israéliens scandent sans vergogne le slogan creux selon lequel l’armée israélienne serait « l’armée la plus morale au monde ».
      (...)
      Certains pays européens, comme la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, ainsi que le Canada, ont timidement protesté contre les actions d’Israël, en particulier depuis qu’il a violé le cessez-le-feu en mars. Mais ils n’ont ni suspendu leurs livraisons d’armes ni pris de mesures économiques ou politiques concrètes et significatives susceptibles de dissuader le gouvernement de M. Netanyahu.

      Pendant un certain temps, le gouvernement américain a semblé se désintéresser de Gaza, le président Trump ayant initialement annoncé en février que les États-Unis prendraient le contrôle de Gaza, promettant d’en faire « la Riviera du Moyen-Orient », avant de laisser Israël poursuivre la destruction de la bande de Gaza et de tourner son attention vers l’Iran. Pour l’instant, on ne peut qu’espérer que M. Trump fera à nouveau pression sur M. Netanyahu, réticent, pour qu’il accepte au moins un nouveau cessez-le-feu et mette fin à ces massacres incessants.

      (...)

      Tout aussi inquiétante est la perspective que l’étude du génocide dans son ensemble ne survive pas aux accusations d’antisémitisme, nous privant ainsi de la communauté cruciale de chercheurs et de juristes internationaux qui se tiennent en première ligne à un moment où la montée de l’intolérance, de la haine raciale, du populisme et de l’autoritarisme menace les valeurs qui étaient au cœur des efforts scientifiques, culturels et politiques du XXe siècle.

      La seule lueur d’espoir au bout de ce tunnel très sombre est peut-être la possibilité qu’une nouvelle génération d’Israéliens affronte son avenir sans se réfugier dans l’ombre de l’Holocauste, même s’ils devront porter la tache du génocide perpétré à Gaza en leur nom. Israël devra apprendre à vivre sans se réfugier dans l’Holocauste pour justifier l’inhumanité. Malgré toutes les souffrances horribles auxquelles nous assistons actuellement, c’est une chose précieuse qui, à long terme, pourrait aider Israël à affronter l’avenir d’une manière plus saine, plus rationnelle, moins craintive et moins violente.

      Cela ne compensera en rien le nombre effroyable de morts et les souffrances des Palestiniens. Mais un Israël libéré du fardeau écrasant de l’Holocauste pourra enfin accepter la nécessité inéluctable pour ses sept millions de citoyens juifs de partager la terre avec les sept millions de Palestiniens vivant en Israël, à Gaza et en Cisjordanie dans la paix, l’égalité et la dignité. Ce sera le seul règlement juste.

  • Israël/Territoires palestiniens – Projet E1 de colonisation en Cisjordanie (15 juillet 2025)
    https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/israel-territoires-palestiniens/actualites-et-evenements/2025/article/israel-territoires-palestiniens-projet-e1-de-colonisation-en-cisjord

    La France s’oppose fermement à la reprise du projet de colonie E1, annoncée par le Conseil suprême de planification de l’administration civile israélien. Ce projet, gelé depuis 2021, prévoit la construction de plus de 3000 logements à l’est de Jérusalem.

    Ce projet ne doit pas voir le jour. Il est contraire au droit international et menace la perspective de la solution à deux États.

    La France renouvelle sa condamnation de la colonisation et de toutes les tensions et violences qu’elle suscite. Elle rappelle que seule la solution à deux États est à même de garantir une paix et une sécurité durables aux Israéliens et aux Palestiniens.

    #FranceDiplo

  • Mardi 15 juillet 2025 à Gaza : l’armée israélienne tue 70 personnes et blesse des dizaines d’autres
    16 juillet 2025 | - IMEMC News
    https://imemc.org/article/israeli-army-kills-and-injures-dozens-in-gaza-2

    Mardi, 647e jour du génocide en cours à Gaza et 118e jour depuis la violation par Israël de l’accord de cessez-le-feu négocié le 18 mars, des sources médicales ont rapporté qu’au moins soixante-dix Palestiniens ont été tués mardi, dont 49 dans la ville de Gaza, lors de frappes aériennes et de bombardements menés par les forces israéliennes dans toute l’enclave.
    Parmi les victimes figuraient trois civils touchés par une frappe de drone près de l’école Sha’ban Al-Rayyes, dans le quartier de Tuffah, à l’est de la ville.

    Trois Palestiniens ont été tués et au moins 16 autres blessés lorsque l’armée a tiré un obus sur une tente abritant des Palestiniens déplacés, à Nuseirat, dans le centre de Gaza.

    Lors d’une des dernières attaques, six Palestiniens, dont un enfant, ont été tués et de nombreux autres blessés lorsque des avions de combat israéliens ont pris pour cible deux immeubles résidentiels dans la ville de Gaza.

    Trois civils ont été tués et six blessés lorsqu’un appartement appartenant à la famille Bahtiti , près du carrefour Tammous, dans l’ouest de la ville de Gaza , a été touché par un missile israélien.

    Trois autres civils ont été tués et plusieurs blessés lors d’une autre frappe contre un appartement situé dans la rue Eidiyya, au sud du camp de réfugiés de Shati, à l’est de la ville de Gaza.

    Plus tôt, un drone israélien a pris pour cible un groupe de civils à Shati , tuant 12 Palestiniens, dont cinq enfants, et en blessant 20 autres.

    Au moins neuf Palestiniens, dont cinq enfants, ont été tués et plus de 25 autres blessés lors de frappes nocturnes dans le camp de réfugiés.
    Le camp de réfugiés a également été le théâtre d’une frappe aérienne meurtrière visant une maison appartenant à la famille Nassar, qui a fait cinq morts et de nombreux blessés parmi les civils.
    La frappe a provoqué un incendie et un effondrement partiel, des témoins oculaires rapportant que des personnes étaient encore coincées sous les décombres.
    https://www.youtube.com/watch?v=aUwRROgQq5E&t=15s


    Trois autres civils ont été tués dans une frappe près de la piscine Sheikh Radwan, dans le nord de la ville de Gaza , tandis qu’une autre frappe de drone près de l’école Shaban Al-Rayyes, dans le quartier d’Al-Tuffah, a tué trois autres personnes.

    Dans le quartier d’Al-Daraj, dans la ville de Gaza , une frappe israélienne sur un immeuble résidentiel a tué un civil et blessé plusieurs autres.

    À l’est de la ville, deux personnes ont été tuées dans une frappe près du carrefour de Sanfour, dans le quartier de Tuffah, tandis qu’une attaque précédente avait fait cinq morts dans une maison du quartier d’Az-Zarqa, au nord-est de la ville de Gaza.

    Plus tôt, trois membres de la famille Sabbagh ont été tués et plusieurs autres blessés lorsque leur maison a été touchée par des tirs d’artillerie dans la même zone.
    https://imemc.org/wp-content/uploads/2025/07/c4nX2PF2JhXSGbOY.mp4?_=2


    Les équipes de défense civile et de secours palestiniennes ont rapporté que 14 personnes restaient prisonnières sous les décombres d’une maison détruite lundi à Zarqa. Les efforts pour extraire leurs corps sont ralentis par le manque d’engins lourds dans cette zone largement dévastée.

    Une autre frappe sur une résidence près de la mosquée Hamza , dans l’ouest de la ville de Gaza, a fait un mort et plusieurs blessés.

    Plus de quatre Palestiniens ont été tués et des dizaines d’autres blessés lorsqu’une frappe israélienne a rasé des bâtiments le long de la rue Nadim, dans le quartier de Zeitoun ; parmi les blessés figuraient plusieurs journalistes qui couvraient les attaques.

    Faraj Al-Ghoul, membre du Conseil législatif palestinien, a également été tué lorsque sa maison, dans la ville de Gaza, a été bombardée.

    Le quartier de Daraj, dans l’est de la ville de Gaza, a fait d eux autres morts et de nombreux blessés lors du même barrage.

    Dans le nord de Gaza, dans le quartier de Sheikh Radwan, une femme a été tuée et plusieurs autres personnes blessées lors d’une frappe visant une tente abritant des personnes déplacées dans la rue Al-Lababidi. Une autre frappe sur une autre tente dans le quartier de Rimal a fait plusieurs blessés.

    Un civil qui attendait l’aide humanitaire a été abattu par les forces israéliennes dans le quartier d’Al-Sudaniya, au nord-ouest de Gaza.

    Les forces israéliennes ont continué à démolir des maisons et des infrastructures à l’est de Jabalia, provoquant des explosions massives dans toute la zone.

    Plus au sud, sept civils ont été tués lorsqu’une frappe de drone a visé une foule au rond-point de Bani Soheila, à l’est de Khan Younis, dans le sud de Gaza.

    Dans le sud de Gaza, deux femmes ont été abattues par des soldats israéliens près d’un centre de distribution d’aide américain-israélien à l’ouest de Rafah .

    Un autre civil a été tué lorsque la tente d’une famille déplacée près de l’école Jarrar Al-Qudra, dans la région d’Al-Mawasi, à l’ouest de Khan Younis, a été prise pour cible. À Bani Soheila, à l’est de Khan Younis, sept Palestiniens ont été tués et de nombreux autres blessés lors d’une autre frappe.

    Deux femmes ont été tuées et de nombreux Palestiniens blessés près d’un centre de distribution d’aide humanitaire à l’ouest de la ville de Rafah.

    Al-Jazeera a déclaré qu’une autre attaque israélienne avait blessé plus de 30 Palestiniens qui attendaient l’aide humanitaire au nord de Rafah.
    Le ministère palestinien de la Santé a rapporté qu’au cours des dernières 24 heures, 93 corps, dont cinq victimes retrouvées sous des bâtiments effondrés, et 278 blessés avaient été transférés vers des hôpitaux de Gaza. Il a ajouté que six civils avaient été tués et 29 blessés alors qu’ils tentaient d’obtenir une aide humanitaire.
    https://imemc.org/wp-content/uploads/2025/07/HBpfFK-7D7yHOFli.mp4?_=3


    Depuis le 29 mars, date à laquelle les États-Unis, par l’intermédiaire de la soi-disant Fondation humanitaire pour Gaza, ont mis en place des centres de distribution d’aide humanitaire, au moins 870 Palestiniens à la recherche de nourriture ont été tués et plus de 4 000 blessés, souvent par des tirs israéliens ou par des agents de sécurité privés engagés par la fondation.

    L’Organisation mondiale de la santé a averti que les services médicaux de Gaza risquent de s’effondrer totalement si les fournitures d’urgence ne sont pas autorisées à entrer sur le territoire.
    L’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (#UNRWA) a déclaré mardi que depuis le 7 octobre 2023, Israël, en tant que puissance occupante, était responsable du meurtre quotidien de l’équivalent d’« une classe entière d’enfants », les classes comptant généralement entre 35 et 45 élèves.
    Le directeur de l’UNRWA à Gaza, Sam Rose, a déclaré : « Chaque jour depuis le début de la guerre à Gaza, l’équivalent d’une classe d’enfants a été tué. »

    Avant ce que l’UNRWA qualifie de génocide, la plupart des écoles accueillaient entre 35 et 45 élèves ; aujourd’hui, presque toutes servent d’abris pour les familles déplacées.
    Selon des sources médicales, plus de 18 000 enfants ont été tués et environ 16 854 ont été hospitalisés. Les déplacements répétés, la faim et la soif, aggravés par la destruction des systèmes d’approvisionnement en nourriture et en eau et la fermeture des points de passage frontaliers, continuent d’aggraver leurs souffrances.
    Le 8 juillet, l’UNRWA a noté que les enfants constituent la moitié des 2,4 millions d’habitants de Gaza et que leur vie reste marquée par la guerre et la destruction.
    https://imemc.org/wp-content/uploads/2025/07/zJWge2XSE5RHZgkK.mp4?_=4

    Adnan Abu Hasna, conseiller médiatique de l’UNRWA, a averti que les propositions israéliennes visant à construire une soi-disant « ville humanitaire » dans le sud de Gaza deviendraient en réalité des camps d’internement de masse.
    « L’occupant prépare cette initiative depuis la mise en place de points de distribution d’aide au sud de Gaza », a-t-il déclaré. « Cette fois-ci, les intentions sont claires : déplacer de force la population de Gaza vers des camps de détention à Rafah, prélude à son expulsion de sa terre natale. »
    Abu Hasna a critiqué la pression croissante exercée sur les Palestiniens, de l’effondrement des services de santé à la pénurie de carburant et à l’absence quasi totale d’aide, qualifiant ces mesures de tactiques visant à provoquer des « déplacements volontaires ».

    Il a averti que le fait de forcer près de deux millions de personnes à s’installer dans une zone dévastée de 60 kilomètres carrés, sans conditions de vie viables ni perspectives d’avenir digne, aurait des conséquences catastrophiques.
    Selon Israel Hayom, une réunion du « mini-cabinet » se tiendra prochainement pour examiner le projet controversé de « ville humanitaire » à Rafah.

    Le chef d’état-major, le lieutenant-général Eyal Zamir, devrait « dévoiler une proposition plus rentable après une estimation initiale qui prévoyait un coût de 4 milliards de dollars ».
    Les responsables seront également informés de l’état d’avancement des négociations indirectes sur le cessez-le-feu et l’échange de prisonniers. Des sources israéliennes font état de progrès dans l’élaboration de cartes définissant les zones de retrait des forces israéliennes à Gaza.
    Selon des sources citées par le média hébreu Walla, l’armée israélienne « mène des opérations d’ingénierie de grande envergure dans la bande de Gaza, qui témoignent d’intentions stratégiques à long terme ».
    Ces activités comprennent « l’extension des bases militaires dans la zone tampon et la construction de nouvelles voies d’accès destinées à renforcer sa présence ».
    Les opérations d’ingénierie visent à remodeler le terrain « afin de permettre un contrôle plus efficace pendant tout futur cessez-le-feu et au-delà ».
    Selon les analystes, l’ampleur et la nature de ces opérations envoient un message clair : « l’armée israélienne se prépare à maintenir une présence prolongée à Gaza ».

    Depuis la violation du cessez-le-feu indirect le 18 mars 2025, Israël a tué au moins 7 656 Palestiniens et blessé plus de 27 314 personnes.
    Selon des sources médicales et des organisations de défense des droits humains, le génocide en cours à Gaza a également des conséquences dévastatrices pour le personnel médical et humanitaire, puisque 1 580 travailleurs de la santé et 467 membres du personnel humanitaire ont été tués et des milliers d’autres blessés.
    Les installations médicales, les ambulances et les équipes de terrain ont été systématiquement prises pour cible, paralysant gravement les infrastructures de santé et les capacités d’intervention d’urgence de Gaza.

    Le bilan parmi les enfants est particulièrement effroyable. Chaque jour, en moyenne dix enfants à Gaza perdent une jambe ou les deux à la suite de blessures causées par les violences en cours. Plus de 40 000 enfants ont été blessés, dont beaucoup de manière irréversible.
    En outre, le déplacement forcé répété d’environ 90 % de la population de Gaza a infligé de profondes souffrances psychologiques et physiques, en particulier aux personnes âgées et aux personnes handicapées, qui sont confrontées à des difficultés accrues dans ces conditions.

    Des centaines de milliers de Palestiniens ont été déplacés à plusieurs reprises, fuyant d’une zone à l’autre de l’enclave côtière détruite, tandis que la famine continue de faire des centaines de victimes parmi les Palestiniens, dont des dizaines d’enfants.

    Depuis le 7 octobre 2023, le blocus et la destruction des infrastructures sanitaires de Gaza ont entraîné la mort d’au moins 326 Palestiniens, victimes de la famine et de l’effondrement des services médicaux.

    Parmi les victimes, on compte au moins 67 enfants morts de faim à la mi-juillet 2025, selon les responsables de la santé et le Bureau des médias du gouvernement de Gaza.

    Le système médical a été gravement endommagé, entraînant la mort d’au moins 26 patients dépendants d’un traitement par dialyse. Les professionnels de santé avertissent que le manque d’accès aux médicaments essentiels, aux équipements et à l’électricité rend les hôpitaux incapables de répondre même aux urgences les plus élémentaires.

    Les organisations humanitaires décrivent la situation comme une campagne délibérée d’affamement, avec plus de 1,25 million d’habitants confrontés à une insécurité alimentaire extrême. Les enfants sont particulièrement vulnérables, avec plus de 650 000 enfants de moins de cinq ans exposés à un risque élevé de malnutrition aiguë.

    Les efforts pour acheminer l’aide continuent d’être entravés par des restrictions, des obstacles logistiques et des attaques ciblées contre les convois humanitaires. Les effets combinés de la guerre, des déplacements et des privations systémiques ont plongé Gaza dans l’une des pires catastrophes humanitaires de l’histoire récente.

    Le #Groupe_de_La_Haye, une coalition internationale formée en janvier 2025 pour faire respecter le droit international et coordonner l’action juridique et diplomatique contre l’offensive israélienne à Gaza, a publié des chiffres alarmants sur le bilan humain de la guerre. Selon le groupe, au moins 1 580 travailleurs de la santé ont été tués dans la bande de Gaza depuis le début du conflit, ainsi que plus de 467 membres du personnel humanitaire.

    Le groupe a également rapporté que dix enfants perdent une jambe ou les deux chaque jour à cause de blessures subies pendant la guerre, et que plus de 40 000 enfants ont été blessés dans des attaques liées aux hostilités en cours.

    Les hôpitaux, les ambulances et les équipes médicales ont été la cible d’attaques systématiques, ce qui a gravement compromis la capacité de Gaza à fournir des soins d’urgence et des services de santé de base.
    Les déplacements forcés répétés d’environ 90 % de la population de Gaza ont eu un impact dévastateur sur les groupes vulnérables, en particulier les personnes âgées et les personnes handicapées, qui sont exposées à des risques accrus dans ces conditions.

    Le Groupe de La Haye, composé de pays tels que la Colombie, l’Afrique du Sud, la Bolivie, Cuba, la Malaisie et le Sénégal , a appelé à une intervention internationale urgente pour mettre fin à ce qu’il qualifie de campagne d’extermination. La coalition continue de faire pression pour que les décisions des tribunaux internationaux soient appliquées et que les responsables de violations du droit humanitaire soient tenus de rendre des comptes.
    Francesca Albanese, rapporteure spéciale des Nations unies sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens, a appelé à une action internationale urgente pour mettre fin à ce qu’elle a qualifié de génocide à Gaza.
    Dans une récente déclaration, Mme Albanese a affirmé que l’économie israélienne est délibérément structurée pour soutenir son occupation et qu’elle s’est désormais transformée en un système d’extermination.
    Elle a exhorté les gouvernements et les entités du secteur privé du monde entier à réévaluer et à suspendre leurs relations avec Israël, soulignant que la poursuite de cet engagement risque de constituer une complicité dans de graves violations du droit international.
    Les remarques de Mme Albanese interviennent dans un contexte de pression mondiale croissante en faveur de la responsabilité et d’un consensus grandissant parmi les experts en droits humains selon lequel la situation à Gaza constitue une catastrophe humanitaire d’une ampleur sans précédent.

    Au total, depuis le 7 octobre 2023, le nombre de morts dépasse 58 479, dont plus de 18 000 enfants, 10 190 femmes et 257 journalistes, et au moins 11 000 personnes sont toujours portées disparues sous les décombres. Plus de 139 255 personnes, principalement des femmes et des enfants, ont été blessées dans toute la bande de Gaza.
    Publié pour la première fois le 15 juillet 2025 à 21h28 .

    #Génocide #Bilan

    • Le point de la situation au matin du mercredi 16 juillet 2025, 05 h 02 BST | Middle East Eye
      https://www.middleeasteye.net/live-blog/live-blog-update/morning-update-371?nid=425676&topic=Israel%2527s%2520war%2520on%2520G


      Voici quelques-unes des dernières informations concernant la guerre entre Israël et Gaza :

      • Le président américain Donald Trump rencontrera l’émir du Qatar Mohammed Al Thani à la Maison Blanche mercredi. Avant cela, Trump rencontrera le Premier ministre de Bahreïn, Salman bin Hamad Al Khalifa, selon Axios.

      • La rapporteuse spéciale des Nations unies sur les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese, a déclaré mardi qu’il était temps que les nations du monde entier suspendent toutes leurs relations avec Israël afin de mettre fin à ce qu’elle a qualifié de « génocide » à Gaza.

      • Dans un message publié sur X, l’ambassade de France en Israël a déclaré que la reprise du projet de colonisation E1 en Cisjordanie occupée « ne doit pas être mise en œuvre. Elle est contraire au droit international et compromet la possibilité d’une solution à deux États ».

      • Les attaques israéliennes sur Gaza ont tué 88 Palestiniens et blessé 278 autres en 24 heures mardi, selon le ministère de la Santé de Gaza.

      #Francediplo

  • A Paris, un centre psychiatrique pour « soulager » les migrants
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/07/14/a-paris-un-centre-psychiatrique-pour-soulager-les-migrants_6621196_3224.html

    A Paris, un centre psychiatrique pour « soulager » les migrants
    Par Mustapha Kessous
    Lancée en 2021, une unité du groupe hospitalier universitaire psychiatrie & neurosciences de la capitale accueille les migrants en situation de précarité. Son but : atténuer l’anxiété et les traumatismes liés à la route migratoire et leur arrivée en France.
    Elle se répète pour qu’on la croie. En pleurs, cette Sri-Lankaise a peur d’oublier le visage de son fils de 10 ans, resté au pays. « J’oublie tout ce que je fais. Pourquoi ça m’arrive ? », lance la quadragénaire en anglais, montrant son poignet couvert de pense-bêtes. L’infirmier, qui la suit et la rassure, s’éclipse pour chercher une collègue. La psychiatre Maria Vittoria Carlin écoute à son tour la patiente – arrivée en France en 2024 et qui redoute d’en être expulsée – puis lui saisit la main : « Votre cerveau est trop stressé, il n’en peut plus. »
    La scène se déroule dans l’unité consultation d’accompagnement psychiatrique et social (Capsys), lancée en mars 2021, du groupe hospitalier universitaire psychiatrie & neurosciences de Paris. Situé dans un bâtiment discret du 1er arrondissement, ce service est exclusivement dédié à la santé mentale des migrants en situation de précarité en Ile-de-France, qu’ils soient demandeurs d’asile, réfugiés ou sans-papiers.
    Trois psychiatres, une psychologue, un infirmier, tous accompagnés d’interprètes, si nécessaire, y reçoivent – avec ou sans rendez-vous –, du lundi au vendredi (sauf le mercredi), une trentaine d’exilés venus le plus souvent d’Afghanistan, mais aussi de Guinée, du Soudan, ou encore d’Ukraine. Les écouter, saisir leurs tourments, les soigner : telle est la mission de ce dispositif du secteur public financé par l’agence régionale de santé Ile-de-France. Ici, pas de carte Vitale et son accès est gratuit. Le Monde a assisté à plusieurs consultations.
    En cette fin de matinée de juillet, la salle d’attente est déjà saturée. A l’autre bout du couloir exigu, Maria Vittoria Carlin, visage rassurant et sourire immuable, vient de passer cinquante-six minutes avec Fatou (les prénoms des patients ont été modifiés). Cette Sénégalaise, accompagnée d’une interprète diakhanké, consulte pour la première fois une spécialiste de la santé mentale. Son assistante sociale a pris rendez-vous en signalant que « madame semble très à distance de son histoire et n’arrive pas à se connecter (…), ce qui nous met en difficulté dans son accompagnement ».
    Maria Vittoria Carlin explique son rôle. Il le faut, le plus souvent, car ces migrants n’ont jamais eu affaire à un « psy » et peinent à décrire leur mal-être. La médecin invite Fatou à se confier, celle-ci se lance : elle évoque un mariage forcé, un époux violent, ses cicatrices dans le dos. Puis, un jour, le mari a brûlé des ordures, le feu s’est propagé à une maison, un enfant est mort. « Mon mari s’est enfui, raconte-t-elle. Le chef de village a décidé de me donner au monsieur qui a perdu son petit. » Paniquée, elle a confié ses trois enfants à une proche avant de fuir. Direction l’Europe, après trois jours en mer. En France, sa demande d’asile a été rejetée. Quand elle ne dépend pas du 115, Fatou dort dans le métro. « Je suis bloquée, je n’arrive pas à avancer », souffle-t-elle.
    Le Capsys est un concentré de détresse et de tristesse. Tout y est intense : les regards, les silences, les journées. Et ces récits d’exil qui, entre ces murs, n’étonnent plus. « C’est plus qu’un centre de consultation, nous traitons le désespoir d’une population invisible avec des symptômes invisibles », explique la psychiatre Andrea Tortelli, responsable de l’unité, également à l’origine de sa création. « Nous sommes là pour les apaiser », lui fait écho Gilles Charel, l’infirmier. L’objectif est d’atténuer l’anxiété et les traumatismes liés à la route migratoire ou aux épreuves de l’arrivée en France : démarches administratives ardues, hébergement de plus en plus rare, vie dans la rue.
    Le plus souvent, travailleurs sociaux, associations ou services d’urgences orientent ces personnes vers l’unité Capsys afin d’obtenir de l’aide. Les médecins peuvent leur prescrire des antidépresseurs, somnifères ou anxiolytiques. L’unité est d’ailleurs dotée d’une pharmacie pour ceux qui n’ont pas de complémentaire santé solidaire ou d’aide médicale d’Etat. « C’est le lieu du soulagement, note Abdulraziq Mangual, réfugié et interprète afghan. Ils ont la possibilité de comprendre pourquoi ils vont mal, c’est une chance. »
    Pascal, un jeune Congolais, a le moral en berne depuis le refus, en juin, de sa demande d’asile. Les agents n’ont pas cru à son histoire, celle d’un homme torturé dans son pays en raison de son homosexualité. « Je suis sous le choc », décrit-il à Maria Vittoria Carlin. « Il faut s’accrocher », répond-elle. Il est venu renouveler son traitement pour un mois. « Si je n’ai pas de médicaments, je peux faire des dégâts. Avec la dépression, tous les jours, j’irais en garde à vue, explique-t-il en aparté au Monde. Parler avec Mme Carlin me fait du bien. Sans elle, tout serait difficile. »
    Au Capsys, il n’est pas question de juger la sincérité du parcours des migrants. « Il faut que je croie en la souffrance pour soigner et, jusqu’à présent, je n’en ai jamais douté », souligne la psychiatre. Au bout de plusieurs semaines de traitement, les patients vont mieux, assurent les médecins. « Le cerveau reposé, ils reviennent nous voir, nous recommandent à d’autres », atteste Andrea Tortelli. « On redonne une identité de sujet à ces personnes qui n’ont pas de statut social, insiste Gilles Charel. Cela participe à leur redonner de l’estime [d’eux-mêmes]. »
    La prévention est l’autre enjeu de ce dispositif : « Plus nous traitons tôt et rapidement le stress des migrants, moins les troubles psychiatriques sévères se développent, et moins cela coûte à la collectivité », admet Andrea Tortelli. La psychiatre alerte toutefois sur l’impact des décisions politiques, comme lorsque Bruno Retailleau, le ministre de l’intérieur, avait décidé de déployer 4 000 membres des forces de l’ordre pour interpeller des « clandestins » dans les gares et les bus, en juin. « Des rendez-vous ont été annulés, les gens ont eu peur de venir, affirme-t-elle. C’est un risque de rupture de soins. »
    Il est 15 h 11. Divine arrive, accompagnée d’une traductrice. Cette Congolaise d’une vingtaine d’années a les yeux cernés d’un noir intense, une chevelure en désordre, le visage épuisé et abîmé par le chagrin. La demandeuse d’asile dit entendre des voix et être tourmentée par les cauchemars. Pourtant, pour Maria Vittoria Carlin, qui l’a déjà rencontrée, Divine va mieux, ces voix sont moins récurrentes que l’an passé. La psychiatre veut en savoir plus sur elle, car elle ne connaît pas son histoire. Divine accepte.
    D’un ton à peine audible, elle raconte qu’à l’âge de 16 ans, son père a voulu la marier à un homme influent et riche. Elle a refusé. Pourtant, un jour, en revenant de l’école, elle s’est fait enlever par deux inconnus. « Je me suis retrouvée dans une chambre, l’homme influent était en face de moi, il m’a dit : “Désormais, tu es chez toi”, relate-t-elle. Il voulait avoir un rapport sexuel avec moi. » Et puis, plus rien. Elle se fige, son visage aussi. Elle est ailleurs, le regard perdu. « Divine ? Vous êtes en France, vous savez qui je suis ? Vous pouvez dire mon nom ? » Silence. « Vous reconnaissez ma voix ? Vous êtes en sécurité. » Après de longues minutes, elle revient à elle. Divine veut rentrer. Maria Vittoria Carlin lui renouvelle son ordonnance.
    En 2024, le Capsys a réalisé 6 280 consultations, contre 1 416 en 2021. Face à une telle croissance, « il faudrait que nous soyons le double [de soignants] », assure Andrea Tortelli. « Cette unité nous redonne confiance, glisse un demandeur d’asile mauritanien, torturé dans son pays, dit-il, pour ses idées politiques. J’ai pu dominer ma peur. Leur travail est vital. »

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#santementale#routemigratoire#psychiatrie#traumatisme

  • Migrantes : le calvaire de la route de l’exil - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/65740/migrantes--le-calvaire-de-la-route-de-lexil

    Migrantes : le calvaire de la route de l’exil. Capture d’écran du reportage de France 24.
    Par FRANCE 24 Publié le : 14/07/2025
    Les femmes représentent 51 % des flux migratoires dans le monde, selon l’ONU, mais elles sont bien souvent invisibilisées... Leur chemin d’exil est une longue succession d’obstacles et nombre d’entre elles seront victimes de violences sexuelles. Arrivées en France, que ce soit leur destination finale ou une étape avant le Royaume-Uni, leur calvaire n’est pas fini car leur situation précaire les désigne comme des victimes contraintes au silence et les empêche de porter plainte. Lucie Feutrier-Cook, experte en migration et droit d’asile, décrypte la réalité des migrantes et raconte la réalité de leur voyage.
    La France s’enorgueillit d’être le pays des droits de l’Homme mais les violences n’y sont pas moins graves qu’ailleurs, sur la route de l’exil de ces dizaines de milliers de femmes qui se cherchent un destin meilleur. À Grande Synthe, le Refugee Women’s Center leur apporte, à elles et aux enfants, une aide psychologique autant que logistique. Ici, les femmes ne représentent que 10 % à 15 % des migrants et elles évitent autant que possible d’attirer l’attention. Les passeurs ou les autres migrants sont des agresseurs potentiels alors la nuit, impossible de se soulager. L’association leur délivre donc des couches pour adultes, afin qu’elles puissent faire leurs besoins sans avoir à sortir de la tente ou de se déshabiller. Outre le risque de viol, certaines y sont contraintes à la prostitution, prises au piège de passeurs qui leur font ainsi payer la dette du voyage. Parfois, les enfants aussi en sont victimes. Pour eux, le travail forcé est un autre risque également.
    Le démantèlement de la jungle de Calais en 2016 était censé avoir réglé ces problèmes : les autorités françaises font en sorte de déloger les populations migrantes avec la destruction des campements toutes les 48 h et le soutien du Royaume-Uni, qui fait pression sur Paris pour que la France retienne sur son territoire les personnes qui veulent tenter la traversée de la Manche. Entre janvier et juillet 2025, 20 000 migrants sont parvenues à rejoindre l’Angleterre, soit une augmentation de 48 % par rapport à 2024 à la même période. La police française peine à endiguer le flux migratoire, au point que depuis 2018 et la signature du traité de Sandhurst, Londres la finance en partie pour l’aider dans sa mission… et met la pression pour qu’elle renforce ses mesures. Le thème était d’ailleurs au menu des discussions du Sommet franco-britannique qui s’est conclu par une poignée de main entre les dirigeants des deux partenaires. Emmanuel Macron et Keir Starmer se sont d’ailleurs mis d’accord sur un programme de retour des migrants : pour chaque migrant illégal renvoyé vers la France, le Royaume-Uni s’est engagé à prendre en charge un demandeur d’asile sur le territoire britannique.
    Mais la politique reste détachée des réalités du terrain. Selon le centre Primo-Levi, 90 % des femmes qui prennent la route de l’exil seront victimes de violences sexuelles. En Libye, au Maroc ou en Grèce, la violence sexuelle est systématique et vient autant des passeurs que des membres de forces de sécurité, détaille le Centre. Avant le départ, les femmes se renseignent bien sûr et mettent en place des stratégies pour limiter les risques d’agression… ou leurs effets. À la frontière entre l’Italie et la France, des femmes érythréennes avaient ainsi pris l’habitude de voyager ensemble, misant sur l’effet de groupe pour dissuader les hommes de s’en prendre à elles mais elles prenaient aussi une contraception de manière préventive. Pour éviter une grossesse indésirée en cas de viol, explique Lucie Feutrier-Cook.
    Malheureusement, il n’existe pas de solution miracle pour empêcher les violences sexuelles et à l’arrivée en Europe, la police n’aide pas à sécuriser ces femmes qui ont déjà traversé un continuum de violences, parfois tout une vie. Les autorités, les services en charge des demandes d’asile non plus ne prennent pas forcément la mesure du calvaire vécu par ces femmes, contrainte de revivre et répéter tout ce qu’elles ont vécu, elles qui ne sont pas des migrants comme les autres.

    #Covid-19#migrant#migration#france#routemigratoire#sante#santementale#violencesexuelle#femmes

  • France : un rapport d’associations dénonce d’importantes disparités territoriales dans la prise en charge des mineurs isolés étrangers - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/65573/france--un-rapport-dassociations-denonce-dimportantes-disparites-terri

    France : un rapport d’associations dénonce d’importantes disparités territoriales dans la prise en charge des mineurs isolés étrangers
    Par Clémence Cluzel Publié le : 11/07/2025
    Publié jeudi 3 juillet, le rapport de deux associations de défense des droits des migrants alerte sur les nombreuses défaillances et disparités d’un département à un autre dans la prise en charge des mineurs non accompagnés étrangers en France. Ces inégalités dans l’accès au droit affectent aussi la reconnaissance de leur statut de mineur et contraignent des centaines de jeunes à survivre sans protection, dans la rue.
    "Critères subjectifs" pour déterminer l’âge, mineurs laissés à la rue, traumatismes ignorés, évaluation sommaire des documents d’identité, manque de structures adaptées... sont autant de défaillances dans la prise en charge des mineurs non accompagnés (MNA) en France dénoncées dans le rapport "Des droits au hasard du département d’arrivée ?” des associations Utopia 56 et l’Association d’Accès aux Droits des Jeunes et d’Accompagnement vers la Majorité (AADJAM), publié ce 3 juillet. L’enquête, menée entre fin 2024 et début 2025, dans 53 structures réparties dans 38 départements, dresse un constat accablant. Des "défaillances systémiques", des "dysfonctionnements administratifs" et des "disparités majeures" ont été relevés dans les départements de l’Hexagone concernant l’accueil et la prise en charge provisoire d’urgence des mineurs isolés étrangers. L’évaluation de la minorité ainsi que la mise à l’abri relèvent de la responsabilité des départements - et non de l’État - au regard de leurs compétences en matière de protection de l’enfance.
    Ainsi, "iI y a des différences de traitement importantes selon l’endroit du territoire où les jeunes arrivent", rapporte à l’AFP Angelo Fiore, membre d’Utopia 56, et corédacteur du rapport. "Cela a de lourdes conséquences dans la construction de leur avenir".
    Cet accès au droit, qui se fait “au hasard des départements d’arrivées des MNA”, entrave aussi la reconnaissance de leur minorité et accentue leur vulnérabilité. Chaque mois, de nombreuses personnes se déclarant mineures se retrouvent sans protection à la rue après avoir été décrétées majeures par les départements. Or, après dépôt d’un recours, un mineur sur deux est finalement reconnu comme tel par un juge des enfants. Durant le traitement de ce recours, qui peut durer un an et demi, les jeunes ne sont pas pris en charge par les autorités et sont ainsi livrés à eux-mêmes.
    Ces dernières années, la mission de la protection de l’enfance assurée par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) se retrouve confrontée à la politique migratoire toujours plus répressives des autorités françaises. Celle-ci s’illustre notamment par des expulsions brutales des lieux occupés par les personnes se déclarant mineures. Selon le collectif Le Revers de la Médaille entre février et mai 2024, 828 jeunes ont été expulsés de leurs lieux de vie à Paris.
    Ces MNA sont principalement originaires de Guinée, Côte d’Ivoire, Tunisie, Bangladesh mais aussi de Gambie et du Cameroun. Majoritairement masculins, ces jeunes ont fui des conflits, des situations de violences, la pauvreté ou sont en rupture familiale. En 2024, l’ASE protégeait officiellement 13 554 MNA en France.
    Si dès son arrivée en France un mineur isolé exilé peut demander une protection dans son département d’arrivée, son premier défi est de "comprendre où et comment accéder à celle-ci", note le rapport, avec de plus grandes difficultés pour identifier un interlocuteur la nuit et les weekends. Déjà confrontés à un long parcours d’exil souvent émaillé de violences, des jeunes ont rapporté avoir été confrontés à un refus de prise en charge dans certains départements.Pourtant, la loi leur impose d’assurer un accueil provisoire d’urgence auprès des MNA pour une durée maximum de cinq jours, renouvelable par deux fois. Depuis 2013, les frais de prise en charge reviennent aux départements qui peuvent être remboursés par l’État, suivant conditions. Le montant s’élève à 90 euros journaliers durant 14 jours.
    Dans la capitale, c’est l’association France Terre d’asile qui gère l’évaluation et la mise à l’abri de ces jeunes, au sein de l’Accueil des mineurs non accompagnés (AMNA). "En moyenne, nous avons 130 jeunes qui arrivent par semaine" rapportait en avril dernier Béatrix Allan, directrice du service d’évaluation au sein de l’AMNA.“Depuis 2015, nous faisons le constat d’une augmentation croissante du nombre de jeunes se déclarant mineurs non accompagnés venus de différents pays. Alors que 1 500 jeunes se présentaient pour une évaluation en 2015, ils étaient 10 500 en 2023, avec un nombre de présentations totalement inédit. En 2024, nous estimons le nombre à 8 500” indique la Ville de Paris. Les MNA représentent aujourd’hui 30% des enfants pris en charge par cette mairie qui, de par ses compétences départementales en matière de protection de l’enfance, leur consacre un budget global de 80 millions d’euros.
    “L’année 2023 a été marquée par une forte augmentation du nombre de mineurs non accompagnés pris en charge ainsi que de personnes se présentant comme MNA entraînant une saturation des dispositifs d’accueil”, appuie la Direction générale de la Cohésion Sociale (DGCS). En juin dernier, la commission d’enquête parlementaire définissait la protection sociale de l’enfance comme un “système qui craque de toutes parts” et dans lequel les MNA sont les “oubliés des oubliés”.La Direction indique que "les services de l’État sont attentifs aux situations et aux difficultés rencontrées par les départements” et “sont pleinement mobilisés pour les soutenir". En 2024, la création d’une “instance de dialogue renforcée avec les départements” et le gouvernement a permis de dégager "sept chantiers prioritaires” dont l’un portait sur la prise en charge des mineurs non accompagnés.
    Mais si la DGCS juge qu’il y a une "bonne appropriation par les départements" du guide de bonnes pratiques édité en 2019 par le ministère en charge des Solidarités afin d’harmoniser le traitement des mises à l’abri et évaluation de minorités, les conclusions du récent rapport dressent un autre constat.
    L’accueil est loin d’être uniforme sur le territoire, certains départements mènent en effet une fronde contre ce dispositif d’accueil et prise en charge qui est coordonné par la direction de la protection judiciaire de la jeunesse (DPJJ). La Seine Saint-Denis a suspendu temporairement l’accueil de nouveaux MNA en 2011 tout comme la Mayenne et l’Alsace en 2013. Aujourd’hui encore, plusieurs départements sont peu enclins à s’acquitter de ce devoir. Sollicité par la rédaction, le département des Alpes-Maritimes, qui connait un fort afflux de migrants, dont de MNA, depuis l’Italie depuis ces dix dernières années n’a pas répondu à nos questions.
    Manque de structures adaptées, placement dans des hôtels en violation de la loi Taquet, encadrement aléatoire faute de personnel, non-respect du temps de répit avant l’évaluation, absence de bilan de santé pourtant obligatoire… Les défaillances dans la prise en charge sont nombreuses et discriminantes par rapports aux traitements appliqués aux autres enfants en France.
    “Les pratiques observées varient d’un territoire à un autre, ce qui questionne doublement sur le traitement accordé à ces enfants migrants en France” souligne le rapport. Preuve d’un manque d’harmonisation des pratiques, un jeune reconnu non mineur dans un département peut l’être dans un autre après un nouveau dépôt.
    Le déroulement des enquêtes sociales destinées à évaluer la minorité de la personne a aussi déjà été plusieurs fois épinglé, notamment en 2018 dans un rapport de l’ONG Human Rights Watch (HRW). Les entretiens express, parfois sans interprète, ainsi que la mise en doute quasi systématique de l’authenticité des documents d’identité transmis sont décriés par les associations. L’évaluation de l’âge se base également sur des critères "très subjectifs", pointe Angelo Fiore. Des "délits au facies" selon les associations qui ne prennent pas toujours en compte les traumatismes vécus et les stigmates qui peuvent affecter l’apparence physique de la personne.
    “Les consignes données aux évaluateurs sont claires : tout doute sur la minorité doit profiter au jeune”, se défend la ville de Paris qui indique avoir créé une plateforme pour renforcer les compétences des travailleurs sociaux à travers une permanence juridique et des formations pour permettre un meilleur accompagnement des MNA dans leur parcours. C’est en grande partie sur cette évaluation sociale que se base ensuite le président du conseil départemental pour statuer sur la minorité et l’isolement d’un jeune étranger isolé.
    Alors que la loi stipule effectivement qu’en cas de suspicion, le doute doit bénéficier à l’individu, la réalité est autre. Au niveau national, le taux de reconnaissance de la minorité est en baisse constante ces dernières années : d’environ 52% en 2016, il est descendu à 19% en 2021 pour légèrement remonter à 23% en 2023.
    L’accès à l’information et à la justice restent aussi difficile d’accès pour des mineurs isolés, ne parlant pas toujours la langue et ne maitrisant pas les rouages administratifs. Le recours gracieux devant un juge des enfants, seul habilité à reconnaitre la minorité, pour contester une non-reconnaissance de minorité est souvent ignoré de ces jeunes. Les délais d’attente de la procédure sont également assez longs et éprouvants.
    Jusqu’à la décision de la justice, "la présomption de minorité" doit être garantie rappelle la commission d’enquête parlementaire et permettre au présumé mineur de continuer à bénéficier de l’accueil provisoire et d’un accompagnement. Le juge des enfants a en effet la possibilité de prononcer un placement provisoire pendant le temps de l’instruction. Or selon le recensement de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) de mars 2024, un mineur en recours sur trois vivait à la rue au niveau national. Une proportion probablement sous-estimée. En situation d’extrême vulnérabilité, nombre de MNA se retrouvent à survivre dans la rue, sans aucun soutien. “Chaque jour, dix jeunes sont mis à la rue et se retrouvent sans protection”, y compris lorsqu’ils présentent des graves problèmes de santé ou qu’il s’agit de jeunes filles enceintes.
    Pourtant “dans un cas sur deux, ils sont reconnus comme mineurs après leur recours auprès d’un juge pour enfants, parfois après avoir passé plus de 18 mois à survivre à la rue”, assure le rapport. Sur 2 550 jeunes ayant saisi un juge des enfants en 2023 suite à un refus par le département, 1 550 ont été reconnus mineurs, soit 61% des cas. Cependant, beaucoup restent exclus du dispositif et sortent des radars de la protection de l’enfance. D’autres sont devenus majeurs entre temps.Les associations, à qui les départements peuvent également déléguer la prise en charge des MNA, jouent alors un rôle crucial pour pallier les carences institutionnelles dans l’hébergement, l’accompagnement ainsi que l’aide à la scolarisation des MNA. En l’absence de protection, ils sont privés d’accès à l’éducation, d’un logement ainsi que d’un suivi social, médical et psychologique. Déjà très vulnérables, ils subissent durement cette exclusion qui aggrave leur santé mentale et peut accentuer leurs traumatismes. L’insécurité et leur situation irrégulière les rendent aussi plus susceptibles d’être victimes d’exploitation par des réseaux criminels et soumis aux violences.

    #Covid-19#migrant#migration#france#MNA#politiquemigratoire#ASE#politiquemigratoire#sante#santementale#droit#minorite

  • France Travail : ce profil de chômeurs ciblé par la suspension des allocations chômage et la radiation - Capital.fr
    https://www.capital.fr/votre-carriere/france-travail-ce-profil-de-chomeurs-cible-par-la-suspension-des-allocations


    © Illustration Capital / Freepik

    Ce jeudi 10 juillet, la Dares a publié une étude retraçant le parcours des demandeurs d’emploi radiés de France Travail. Certains profils sont bien plus fréquemment ciblés.

    Un petit oubli qui peut vous coûter cher. Lorsque vous vous inscrivez à #France_Travail, vous vous engagez auprès de l’opérateur sur deux choses. D’abord, effectuer une #recherche_active_d’emploi ; et surtout, répondre aux convocations de votre conseiller. Des obligations auxquelles vous ne pouvez pas vous soustraire, sous peine de « radiation des listes de France Travail pour une durée variant d’un à douze mois », rappelle la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques, dans une note publiée le jeudi 10 juillet. Résultat, vos allocations #chômage sont suspendues, partiellement (uniquement le temps de la radiation) ou totalement.

    En 2024, ces #radiations représentaient 10% des sorties des inscrits en catégories A, B et C. Autrement dit, chaque mois, 1 chômeur sur 10 (soit 55 000) quitte France Travail non pas parce qu’il a retrouvé un job, mais parce qu’il y a été contraint. Dans la grande majorité des cas (62%), la sanction tombe pour une raison simple : ne pas avoir répondu à une #convocation de son conseiller France Travail. Viennent ensuite les radiations pour ne pas avoir suffisamment cherché un job dans 1 cas sur 3 (35%). Les sorties pour fraude, quant à elles, restent anecdotiques (3%).

    Une majorité de jeunes hommes, peu diplômés et au RSA

    Mais alors, qui sont ces radiés ? Selon la Dares, ce sont « le plus souvent de jeunes hommes, moins diplômés et bénéficiaires du RSA ». Plus précisément, 61% des radiés sont des hommes (qui ne représentent que 50% des chômeurs non sanctionnés), et 28% ont moins de 25 ans. La différence saute aussi aux yeux côté diplôme : seuls 5% des radiés ont un bac +3 ou plus, quand ils sont 15% parmi les autres inscrits. Les #radiés vivent aussi plus souvent seuls, sans enfant (58% contre 49%), et sont davantage concentrés dans les quartiers prioritaires (18% contre 13%). Enfin, 19% touchent le RSA, contre 12% chez les non-radiés. A noter bien souvent, les radiés n’en sont pas à leur coup d’essai [ ?!]. Entre 2023 et 2024, 1 radié sur 3 (30%) avait déjà été exclu entre 2021 et 2022.

    • (Contre l’inversion et l’amnésie, pour une pensée critique renouvelée)

      paru dans lundimatin#483, le 8 juillet 2025

      Le 3 juillet dernier se tenait le diner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), avec entre autres invités François Bayrou, les ministres Bruno Retailleau, Elisabeth Borne, Gérald Darmanin, Benjamin Haddad, ainsi que le président du Sénat, Gérard Larcher. Si le CRIF est l’objet de tous les fantasmes antisémites les plus crasses, il a aussi été régulièrement et légitimement épinglé pour sa proximité avec le pouvoir israélien. Le réalisateur, écrivain et metteur en scène Sylvain George a patiemment décortiqué ce qui s’est dit lors de ce 39e dîner. Contre l’inversion et l’amnésie [1], il propose une pensée critique renouvelée.

      Introduction : Inverser pour régner, la rhétorique de l’impunité

      Qu’est-ce qui s’est dit au discours du CRIF, le 3 juillet 2025 ?

      Le discours prononcé par Yonathan Arfi lors du 39e dîner du CRIF [2], en présence du Premier ministre François Bayrou, ne saurait être réduit à une simple prise de position politique : il constitue un acte performatif, un dispositif de reconfiguration discursive, où se trouvent redéfinies les catégories de victime, de violence, et de légitimité. En inversant les responsabilités, en amalgamant critique et haine, en sanctuarisant certains mots et en criminalisant d’autres, ce discours opère un glissement rhétorique majeur : il ne cherche pas tant à répondre à l’indignation qu’à la neutraliser, en la retournant contre ceux qui l’expriment.

      Ce renversement repose sur une triple opération. Premièrement, il redéfinit les termes du débat en s’appropriant la mémoire des persécutions passées pour en faire un bouclier contre toute interpellation du présent. Deuxièmement, il substitue à la confrontation démocratique des idées une logique d’exclusion morale, où tout désaccord est disqualifié comme haine. Enfin, il instaure un espace discursif verrouillé, où les voix dissidentes sont d’avance suspectes, rendues inaudibles ou accusées d’intentions meurtrières. Le langage n’y sert plus à comprendre, mais à décréter ; il ne dévoile pas le réel, il l’occulte.

      Ce discours, en apparence solennel, est traversé par une logique accusatoire profondément asymétrique. Ainsi, ceux qui dénoncent les massacres à Gaza sont assimilés à des apologues de la terreur ; ceux qui appellent à un cessez-le-feu sont soupçonnés de haine des Juifs ; ceux qui réclament justice sont relégués hors du champ républicain. La critique est ainsi transformée en crime, la compassion en complicité, l’appel à la paix en nihilisme politique. Le langage est retourné comme un gant, et l’histoire, elle-même, devient un arsenal au service d’une impunité justifiée.

      C’est cette architecture discursive qu’il s’agit d’interroger, non pas pour vainement polémiquer, mais pour désamorcer les mécanismes de confiscation du sens, de manipulation de la mémoire, et de déshumanisation non seulement symbolique mais effective. On verra que l’un des ressorts les plus sophistiqués de cette stratégie consiste précisément à dénoncer chez autrui l’inversion que l’on est soi-même en train d’opérer. Arfi accuse les critiques d’Israël de manipuler les faits, de travestir la réalité, de retourner les rôles entre victime et bourreau ; mais en le faisant, il déploie lui-même ce qu’il reproche, transformant le soupçon en arme et le langage en barrage. Il ne s’agit pas là d’un simple effet de miroir, mais d’une opération idéologique structurée, qui vise à produire un espace discursif verrouillé, où toute parole dissidente est rendue inaudible avant même d’être énoncée.

      Ou encore : par un usage maîtrisé de la rhétorique, ce discours opère un basculement stratégique des cadres de légitimation. La critique est immédiatement disqualifiée comme haineuse, la mémoire historique mobilisée comme un rempart contre toute interpellation du présent, et la parole dissidente repoussée hors du champ du raisonnable. Ce geste repose sur une logique d’inversion systémique, où l’accusateur devient accusé, où la dénonciation d’un crime devient elle-même suspecte de malveillance, voire d’antisémitisme.

      Ce qui est en jeu ici, ce n’est donc pas simplement une divergence d’interprétation, mais une tentative de reconfiguration autoritaire du visible, du dicible, du pensable. Une tentative qui prépare, justifie et légitime des actes concrets de violence et d’effacement.

      1.Inversion sémantique, appropriation mémorielle

      Un des passages le plus problématique du discours de Yonathan Arfi réside dans l’analogie qu’il établit entre l’accusation de génocide portée contre Israël et l’antique accusation chrétienne de peuple déicide. En prétendant que qualifier de « génocide » ce qui se déroule aujourd’hui à Gaza reviendrait à essentialiser les Juifs comme jadis on les rendait collectivement responsables de la mort du Christ, le président du CRIF cherche à placer toute critique dans la continuité d’un antisémitisme supposé éternel, rendant ainsi impossible toute mise en cause de la politique israélienne.

      La formule selon laquelle l’« accusation de #génocide » serait un « #sacrilège sécularisé », autrement dit un avatar moderne de la haine antijuive, institue une zone d’immunité discursive autour de l’État d’ #Israël. Cette stratégie repose sur une double opération : d’un côté, elle érige une barrière symbolique qui rend inopérante toute énonciation critique, même lorsqu’elle s’appuie sur des données massives, vérifiées, irréfutables ; de l’autre, elle opère une captation mémorielle, en transformant l’histoire des persécutions juives en dispositif de légitimation inconditionnelle de l’ordre établi.

      Ce type d’argument relève de ce que l’architecte et théoricien Eyal Weizman nomme la « #forensique inversée » : une stratégie par laquelle l’enquête n’a pas pour but d’établir la vérité des faits, mais de les neutraliser en amont, en présupposant la #moralité ou l’ #innocence de celui qui est accusé. Les crimes documentés - destructions massives, enfants démembrés, hôpitaux bombardés - deviennent ainsi méconnaissables, inaudibles, car disqualifiés comme antisémites dès lors qu’ils sont nommés.

      Il ne s’agit donc pas seulement d’un excès rhétorique, mais d’un geste profondément politique qui consiste à inverser les rapports entre victime et bourreau, entre parole et silence, entre mémoire et effacement. Une telle inversion, sous prétexte de protéger une mémoire, en altère la portée véritable, car la mémoire n’est ni un capital identitaire, ni un privilège historique, mais une responsabilité ouverte et partagée, une exigence de lucidité face à ce qui fut infligé, et non un permis de domination renouvelée, un passe-droit pour opprimer à son tour.

      1.1. Qui a le droit d’être pleuré ?

      Une autre dimension essentielle du discours consiste à monopoliser la position de #vulnérabilité, à la fois symbolique, historique et actuelle, en refusant de reconnaître celle des Palestiniens autrement que comme victimes secondaires de la « guerre du #Hamas ». Cette stratégie s’inscrit dans une configuration d’asymétrie radicale : une puissance nucléaire, dotée de l’une des armées les plus sophistiquées du monde, affame, bombarde et dévaste une population civile enfermée, déplacée, mutilée. Parler alors de « juste guerre » revient à effacer les corps, à dissimuler les ruines, à recouvrir les cris. Cela revient à ne pas voir les enfants brûlés vifs, calcinés, les hôpitaux effondrés, les cortèges de cadavres... Cela revient à effacer ce que #Gaza endure : les files d’attentes-abattoirs aux abords des rares points de distribution humanitaire, ces « hungers games » mortels où sont abattus ceux qui tentent de se nourrir, comme tout autant ces petites embarcations frappées par les drones alors qu’elles tentent de pêcher un peu de poisson.

      À cette #invisibilisation s’ajoute une #hiérarchisation assumée de la #souffrance. Le discours d’Arfi est ainsi traversé par ce que Judith Butler appelle une hiérarchie du deuil légitime [3], ou comment seuls certains morts méritent d’être pleurés, seuls certains corps peuvent être reconnus comme dignes de deuil. Les autres, ceux de Gaza, ceux de #Rafah, ceux de Nuseirat, ceux que la photographe Fatem Hassona, et bien d’autres avec elle, photographiait, n’ont droit qu’à une mention convenue, neutralisée, aussitôt diluée dans l’argumentaire d’une guerre « nécessaire » ou « juste ». Ils sont niés, tout en étant mentionnés, posés ainsi comme les variables certes regrettables, mais inévitables, d’une équation guerrière censée rester légitime.

      Ainsi se met en place un monopole discursif sur la #souffrance et l’innocence. Celui-ci transforme les faits en affects manipulés, les morts en outils d’un récit unilatéral, les survivants en suspects. Il devient alors possible, dans l’espace public, d’effacer des massacres en cours au nom de la mémoire d’un autre massacre. Ce déplacement n’est pas seulement rhétorique. Il constitue l’un des piliers de l’impunité contemporaine. Il interdit, dès l’origine, toute politique de justice. Il incarne, à ce titre, l’un des signes les plus manifestes de notre faillite morale collective.

      1.2. Le bannissement de la critique, la stratégie de la criminalisation politique

      Le discours de Yonathan Arfi procède à une opération de brouillage sémantique particulièrement préoccupante. Il amalgame de manière volontaire et systématique l’ #antisionisme à l’ #antisémitisme, la critique de l’État d’Israël à une haine des Juifs, et toute dénonciation des massacres à Gaza à un soutien implicite ou explicite au Hamas. Cette confusion, souvent dénoncée mais ici institutionnalisée, vise à rendre indistincts les registres politiques, moraux et historiques, pour disqualifier d’emblée toute parole critique.

      L’appel explicite à l’adoption d’une loi contre l’antisionisme constitue à cet égard un tournant grave. Il érige en dogme ce qui devrait relever du débat public, criminalise une position politique - la critique d’un régime, d’une idéologie, d’un projet colonial - et fait glisser la République vers une forme de religion civile autoritaire, où certaines opinions deviennent sacrilèges. Cette volonté de judiciarisation du désaccord transforme la démocratie en terrain miné, où penser autrement revient à risquer la mise au ban.

      Mais le sommet de cette stratégie est atteint lorsque Arfi accuse des responsables politiques, notamment de La France Insoumise, Rima Hassan ou Jean-Luc Mélenchon, de « souhaiter un génocide » afin de « mieux accabler Israël ». [4]

      Cette accusation, dont la violence symbolique est inouïe, ne se contente pas de délégitimer les critiques : elle les moralise à l’extrême, en les projetant dans un espace de perversion intentionnelle. Ce n’est plus une bataille d’idées, c’est une disqualification radicale de l’adversaire, une tentative de le priver même de légitimité à exister dans le débat. Les opposants ne sont plus seulement des adversaires : ils sont posés comme monstres, animés par le désir de mort.

      Ces propos infâmes, scandaleux dans leur formulation et ignobles dans leurs implications, font écho à ceux tenus par Ivan Attal le 30 mars 2025 sur Radio J, lorsque, interviewé par le journaliste Frédéric Haziza, il n’hésitait pas à affirmer que les palestiniens « envient notre shoah », qu’ils « veulent absolument un génocide » pour obtenir un état, que leur identité s’est construite en « miroir d’Israël », et qu’ils veulent se “réapproprier l’histoire juive ». [5]

      ...
      Ce type de rhétorique fonctionne comme un miroir déformant et attribue aux autres une pulsion génocidaire précisément pour occulter ou neutraliser les accusations formulées à l’égard de la politique israélienne. C’est un renversement stratégique, fondé non sur les faits, mais sur une assignation morale délirante.

      Il faut souligner que cette inversion repose aussi sur un usage pervers du langage républicain. L’universalisme revendiqué devient ici un masque commode pour une entreprise d’exclusion : on invoque la République, la démocratie, l’humanisme… mais pour mieux refuser aux dissidents le droit de s’exprimer, de manifester, de dénoncer. La République ainsi mobilisée devient un mot creux, une incantation vide, un dispositif rhétorique de clôture. Loin d’ouvrir l’espace démocratique, elle le referme sur une identité close, saturée, communautarisée à rebours.

      À travers cette séquence, se dessine une mécanique redoutable : l’enfermement du débat, la stigmatisation des voix critiques, la diabolisation des opposants, et l’institutionnalisation d’une confusion meurtrière entre justice pour les victimes et fidélité aveugle à un État. Cette mécanique ne sert ni la mémoire, ni la justice, ni la République. Elle sert une politique de la peur, de la censure, et de la falsification.

      1.3. Essentialisation, réduction du judaïsme au sionisme, et langage de la déshumanisation

      L’essentialisation opérée par Yonathan Arfi se double d’une confusion entre judaïsme et sionisme. En assimilant les Juifs du monde entier à la politique menée par Israël, il réduit la complexité plurielle du judaïsme à un soutien inconditionnel à l’État israélien. Or, le judaïsme, en tant qu’héritage culturel, éthique et spirituel, ne saurait se réduire à un projet nationaliste. Cette confusion empêche une critique nécessaire et légitime de l’État d’Israël, et met en danger ceux qui refusent cette assimilation forcée.

      Cette réduction est d’autant plus grave qu’elle trahit une longue tradition juive de désobéissance et de critique radicale représentée par des figures telles que Spinoza [6] Walter Benjamin [7], Hannah Arendt [8], Emmanuel Levinas [9], ou encore Yeshayahu Leibowitz [10]. ... Comme on le verra après, penser depuis cette tradition, penser depuis l’éthique juive implique, selon Benjamin, une fidélité au fragment, au reste, à ce qui échappe à toute souveraineté constituée. Ce geste critique empêche toute justification de l’impunité étatique. Il rend possible un judaïsme fidèle à la mémoire des opprimés, et non aux puissances en place.

      Mais cette essentialisation ne se contente pas de réduire le judaïsme. Elle participe d’un langage de la déshumanisation de l’autre. Elle contribue à délégitimer toute souffrance palestinienne, à la rendre inaudible, voire suspecte. Ce processus n’est pas abstrait : il se manifeste dans des déclarations officielles, explicites et répétées. Deux jours après l’attaque du 7 octobre, le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant déclarait que l’armée israélienne « combattait des animaux » [11], justifiant un siège complet de Gaza. Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, affirmait qu’il fallait « tirer sur les femmes et les enfants pour la sécurité d’Israël » [12]. Le vice-président de la Knesset, Nissim Vaturi, appelait à « effacer Gaza de la surface de la Terre » [13], tandis que le ministre du Patrimoine, Amichay Eliyahu, évoquait l’usage d’une bombe nucléaire en affirmant qu’il n’y avait « aucun civil non impliqué à Gaza ». [14]

      Comme l’a rappelé l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice, ces propos ne sont pas des écarts marginaux : ils incarnent une grammaire génocidaire inscrite au cœur du langage d’État. Ce ne sont pas seulement des mots, mais des cadres d’intelligibilité, des permissions d’agir. Le génocide ne commence pas avec les bombes, mais avec les énoncés qui rendent ces bombes pensables.

      1.4. La complaisance républicaine et la contradiction permanente : François Bayrou et Emmanuel Macron

      La posture du gouvernement français face à Israël ne relève pas d’une simple ambivalence, mais d’une convergence de fond. Contrairement à la politique d’indépendance vis-à-vis des États-Unis incarnée en son temps par le général de Gaulle - qui, en 1967, dénonçait publiquement l’agression israélienne contre ses voisins arabes [15] - Emmanuel Macron n’a jamais exprimé de désaccord fondamental avec la stratégie israélo-américaine. Au contraire, il en épouse les contours majeurs, tout en opérant à la marge quelques gestes à peine symboliques.

      Ainsi, tandis qu’il qualifie publiquement les actions israéliennes à Gaza de « honteuses » et appelle à un cessez-le-feu immédiat, la France maintient et développe ses contrats d’armement avec Israël, soutient le blocus de Gaza en ne le contestant jamais formellement, continue d’observer un silence stratégique sur les nombreuses violations du droit international, contribuant ainsi de manière « indirecte » mais décisive à la poursuite de l’entreprise de destruction. Cette posture schizophrène fragilise la parole de la France, la prive de toute autorité morale, et enracine sa position dans une logique de double langage permanent.

      Ce décalage entre les mots et les actes est rendu encore plus manifeste dans le discours de François Bayrou au dîner du CRIF [16] – qui fait suite à celui tenu l’an dernier par Gabriel Attal, alors premier ministre, et dans lequel il avait dénoncé une « vague d’antisémitisme » en France - où il évoque Israël comme un « miracle », inscrit dans une longue téléologie biblique, et qualifie les violences du 7 octobre de « pogrom le plus grave depuis la Shoah ». Une telle rhétorique sacralise l’État d’Israël tout en escamotant la réalité présente du massacre de masse à Gaza. Elle reconduit la mémoire de la Shoah non comme avertissement universel, mais comme dispositif d’immunisation morale. Elle empêche toute pensée complexe, et neutralise d’avance toute critique comme sacrilège.

      Ce langage du premier ministre s’accompagne d’une rhétorique sécuritaire qui convoque sans cesse le spectre de « la bête immonde » qui prend aujourd’hui la gueule de l’islamisme radical. Ainsi, sous couvert d’une vigilance démocratique, c’est une réactivation continue des figures ennemies qui est opérée : les défenseurs des droits des Palestiniens sont discrédités comme agents d’un islamisme rampant, quand bien même ils en dénoncent les violences. Cette stratégie empêche toute critique autonome d’Israël sans tomber sous le soupçon d’une compromission extrême.

      Comme l’a rappelé la Rapporteuse spéciale des Nations Unies, Francesca Albanese, dans son rapport de juin 2025, cette posture de soutien implicite s’inscrit dans une architecture de responsabilités globalisée. Ce rapport pointe l’implication directe de nombreuses entreprises internationales, y compris européennes, dans l’infrastructure matérielle du génocide en cours. L’exportation d’armes, les systèmes de surveillance, les partenariats technologiques, les soutiens logistiques au blocus participent d’une complicité active, et non d’un simple silence. La France, loin d’être extérieure à cette architecture, y est pleinement intégrée.

      Face à une telle configuration, l’appel à l’éthique ou au droit international ne peut se contenter de formules creuses. Il exige une rupture réelle, matérielle, diplomatique. Il exige que la France cesse d’entretenir des relations stratégiques, militaires et économiques avec un État engagé dans des actes qualifiés de génocidaires par les instances mêmes qu’elle prétend défendre. Faute de quoi, la parole républicaine devient une coquille vide, et le droit une fiction instrumentalisée.

      Dans une telle configuration, invoquer les valeurs républicaines ou le droit international sans en tirer de conséquences concrètes revient à s’en faire les fossoyeurs. L’éthique n’a de sens que si elle interrompt. La mémoire n’a de valeur que si elle oblige. Et la République, si elle ne veut pas devenir le masque d’un ordre inhumain, doit cesser d’armer ceux qui bombardent des enfants.

      II. Pour une pensée critique renouvelée : réaffirmer le sens de la justice

      Face à un tel dispositif discursif, où les mots sont retournés contre les faits, où la mémoire devient une arme de légitimation, où la souffrance est monopolisée et la critique disqualifiée, il est urgent de refonder les termes mêmes du débat. Il ne s’agit pas seulement de répondre, mais de déplacer l’axe du discours, de faire émerger une autre intelligibilité des événements.

      Il s’agit de réarmer la pensée. De sortir de la sidération provoquée par l’ampleur de la violence, comme par le retournement des valeurs. Il s’agit de restaurer la puissance critique du langage, de renouer avec les exigences de justice, de vérité, d’universalité concrète, et non d’un universalisme rhétorique devenu instrument de domination.

      Cette tâche n’est pas secondaire. Elle est à la racine de toute possibilité d’agir politiquement, de nommer l’intolérable, de lutter contre les formes contemporaines de l’effacement. Elle exige un travail rigoureux, lucide, sans surplomb, sans illusion, mais habité par une éthique de la responsabilité et de la rupture.

      2.1. La nécessité de nommer le génocide

      Dans ce contexte apocalyptique, face à l’ampleur vertigineuse des destructions - plus de 42 000 bâtiments détruits ou endommagés selon les données satellitaires de l’ONU (UNOSAT) [17], 32 hôpitaux visés ou anéantis d’après Médecins Sans Frontières [18], environ 400 écoles endommagées ou détruites, laissant plus de 600 000 enfants sans accès à l’éducation. Le bilan humain est effroyable : plus de 15 000 enfants tués, soit 44 % des victimes recensées parmi les quelque 57 000 personnes décédées depuis le début du conflit selon les chiffres croisés du ministère de la santé de Gaza et des agences internationales [19] - ces logiques d’effacement s’accompagnent d’un silence politique d’autant plus assourdissant qu’il est masqué par la rhétorique humanitaire ou l’abstention diplomatique. Les chiffres ne sont pas seulement des données : ils sont les traces d’un monde détruit, d’une réalité que la langue officielle refuse de dire. L’usage du mot génocide n’est ni une outrance militante, ni une provocation rhétorique. Il s’agit d’un impératif éthique, intellectuel et juridique. Ne pas nommer, c’est consentir. Ne pas nommer, c’est effacer, et au moins à deux reprises : d’abord les corps ; puis le sens même de leur disparition.

      L’accusation de génocide repose ici sur des critères définis dans la Convention des Nations Unies de 1948 : volonté d’anéantir, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique ou religieux, par des actes de meurtre, de destruction des conditions de vie, d’empêchement de reproduction, de transfert d’enfants, etc. Or, ce ne sont pas les intentions seules qui qualifient juridiquement un génocide, mais le caractère systématique et délibéré des actes. À Gaza, ces éléments sont présents, documentés, publics, assumés.

      Nommer le #génocide, c’est donc rétablir une ligne de discontinuité dans l’espace discursif et politique, là où le langage tend à se neutraliser lui-même par euphémisation, relativisme ou saturation. C’est dire qu’il existe encore un seuil à ne pas franchir, un interdit structurant pour toute éthique politique digne de ce nom. C’est refuser de laisser s’installer un régime d’indifférence absolue, où l’extermination devient un bruit de fond, une donnée parmi d’autres.

      Nommer le génocide, enfin, ce n’est pas désigner un coupable abstrait, mais désigner un processus historique et une logique d’État à l’œuvre, au nom d’une souveraineté sacralisée, au nom d’un mythe sécuritaire devenu absolu. C’est réinscrire la mémoire des événements dans un ordre symbolique clair, qui redonne aux morts un nom, une adresse, une vérité. C’est, comme le disait Robert Antelme, affirmer que l’homme, même au fond de sa déchéance imposée, demeure l’homme, et qu’aucun appareil militaire, aucun récit national, ne peut révoquer cette part commune.

      2.2. Redonner sens à la République : le dissensus comme impératif démocratique

      La République, telle qu’elle est invoquée dans les discours de Yonathan Arfi ou de François Bayrou, tend à devenir une forme vidée de son contenu démocratique, réduite à un consensus d’exclusion. Présentée comme l’ultime rempart contre les extrémismes, elle se mue pourtant en instance de disqualification systématique de toute voix dissidente, notamment dès lors qu’il s’agit de critiquer la politique d’Israël ou de dénoncer les massacres à Gaza. Cette République-là ne protège certainement pas les marges, elle les stigmatise. Cette République-là n’écoute certainement pas les minorités critiques, elle les criminalise. Cette République-là ne débat certainement pas, elle sanctuarise.

      Or, l’histoire même de la République française enseigne que sa force ne réside pas dans l’effacement du conflit, mais dans sa mise en forme politique. Le dissensus, entendu comme confrontation réelle, parfois violente, mais toujours nécessaire des positions, des mémoires, des visions du juste, est constitutif de toute politique républicaine authentique (Rancière ; Abensour etc.). Ce n’est pas le silence imposé qui fonde la démocratie, mais la parole plurielle, risquée, conflictuelle. Rappelons qu’à l’époque de l’Affaire Dreyfus, ce sont les voix dissonantes de Zola, Jaurès, Lucien Herr, ou Bernard Lazare, souvent marginalisées, diffamées, qui ont permis de faire éclater la vérité, contre l’ordre établi, contre les institutions, contre les évidences supposées.

      C’est pourquoi l’exclusion actuelle de figures critiques, qu’elles soient universitaires, militantes, artistiques ou politiques, ne relève pas d’un sursaut républicain, mais d’un tournant autoritaire du discours public. Assimiler toute critique du sionisme à une forme d’antisémitisme, tout appel à la justice pour Gaza à une apologie du terrorisme, c’est criminaliser la pensée, inverser la charge de la violence, et trahir l’héritage conflictuel de la République elle-même.

      Ce glissement est d’autant plus préoccupant qu’il se prétend fidèle à l’universalisme. Mais il s’agit ici d’un universalisme mutilé, amputé de ceux qu’il refuse d’écouter. L’universel ne se décrète pas, il se conquiert, il se réinvente depuis les blessures, les exils, les révoltes. Comme le rappelait Aimé Césaire, « il n’y a pas de mission civilisatrice, il n’y a que des missions d’humanité. » [20] Et l’humanité véritable commence toujours par l’attention au dissensus, par l’accueil de ce qui dérange, de ce qui résiste, de ce qui s’élève.

      Redonner sens à la République, aujourd’hui, ce n’est donc pas réaffirmer une identité figée, communautarisée, alignée sur une géopolitique, mais retrouver sa capacité d’écoute, sa plasticité conflictuelle, sa mémoire des luttes. C’est rouvrir le champ du pensable et du dicible, là où l’indignation est rendue suspecte, là où la douleur des enfants palestiniens devient un silence stratégique.

      2.3. Judaïsme, pensée critique et exigence de justice universelle

      Réduire le #judaïsme à un simple soutien à la politique de l’État d’Israël constitue une double trahison. Une trahison théologique tout d’abord, car le judaïsme n’est pas une idéologie étatique. Une trahison éthique ensuite, car il porte en lui une exigence millénaire de justice, de mémoire, de fidélité au fragment et à l’exilé, une attention radicale à la vulnérabilité, à l’opprimé, à l’étranger. C’est cette tradition-là qui est trahie lorsqu’on l’assimile à un nationalisme d’État fondé sur l’ #exclusion, la #colonisation, et la violence d’annihilation.

      Walter Benjamin rappelait que la « tradition véritable » n’est jamais celle des puissants, mais celle des opprimés. Elle ne sacralise pas l’histoire établie, elle en sauve les éclats, les ruines, les fragments. Ce que Benjamin appelle la « tradition des opprimés » se situe à rebours de toute entreprise de légitimation d’un ordre dominant. Elle ouvre un espace critique à l’intérieur même de l’héritage, en le réactivant depuis ce qui a été brisé, effacé, nié.

      Nombreuses aussi sont les voix juives, en Israël, en diaspora, en France, qui refusent cette équation réductrice entre judaïsme et sionisme, entre #judaïcité et allégeance à un État. Leur position n’est pas marginale, mais constitutive d’un courant profond du judaïsme diasporique, de l’anti-idolâtrie prophétique à la dissidence messianique.

      Penser depuis une telle « tradition », c’est refuser que le judaïsme devienne l’instrument d’une hégémonie, et c’est exiger, au contraire, que la mémoire juive reste du côté des humiliés, des déplacés, des sans-voix. C’est depuis cette fidélité critique, et non depuis une solidarité identitaire aveugle, que peut s’exprimer une voix juive fidèle à son histoire de persécutions, de diasporas, d’exodes. La mémoire de la Shoah ne peut être invoquée pour justifier un déni de justice à d’autres peuples. Elle oblige au contraire à refuser qu’un peuple en opprime un autre au nom de sa propre souffrance. Le judaïsme ne peut être confisqué par un État ni réduit à une politique d’anéantissement. La fidélité à cette tradition ne se mesure pas à l’adhésion au pouvoir, mais à la capacité de se tenir auprès de celles et ceux que le pouvoir efface.

      C’est au nom de cette tradition, et non en dépit d’elle, qu’il devient impératif de dénoncer l’oppression exercée sur le peuple palestinien. S’en réclamer aujourd’hui implique non pas le silence, mais l’insurrection éthique.

      Ce que le judaïsme offre au monde, ce n’est pas une forteresse, mais une ouverture, une manière de penser la blessure, la mémoire, la transmission, le refus de l’injustice. Il ne peut être confisqué par un État ni réduit à une politique d’anéantissement. La fidélité à cette tradition ne se mesure pas à l’adhésion au pouvoir, mais à la capacité de se tenir auprès de celles et ceux que le pouvoir efface. C’est cette responsabilité universelle qu’il nous faut réaffirmer, aujourd’hui plus que jamais, depuis #Gaza.

      2.4. La voix des victimes contre le discours dominant

      Alors que Yonathan Arfi et François Bayrou discourent, alors que la scène politique française multiplie les déclarations d’allégeance et les postures morales sélectives, les enfants de Gaza brûlent dans l’indifférence organisée. Les civils palestiniens sont bombardés, privés d’eau, de nourriture, de soins, réduits à l’errance dans les ruines, et toute tentative de dénoncer cette destruction systémique est aussitôt criminalisée, renvoyée à un prétendu antisémitisme.

      L’enjeu n’est pas seulement politique ou diplomatique : il est philosophique, éthique et civilisationnel. Il s’agit d’entendre , non comme un geste compassionnel ou humanitaire, mais comme une exigence de justice, les récits, les cris, les silences de celles et ceux qui vivent sous les bombes. Il s’agit de ne pas détourner le regard, de ne pas se réfugier dans la neutralité commode des institutions, dans la passivité de l’impuissance politique organisée. Car la vérité ne réside pas dans les salons officiels ni dans les communiqués de presse, mais dans les marges, les corps fracassés, les voix étouffées, les images interdites. Ce qui est à entendre ne demande ni charité, ni pitié, ni commisération, mais une rupture avec l’ordre du discours dominant, une interruption de l’aveuglement organisé.

      Comme l’écrivait Frantz Fanon dans Les Damnés de la terre : « Quand on entend dire que l’humanité est une chose admirable, on cherche des hommes. » [21] Cette phrase condense une critique radicale du discours humaniste tenu par les puissances coloniales, un humanisme d’apparat, purement rhétorique, démenti dans les faits par la violence systémique infligée aux colonisés. A cela, Fanon y oppose la nécessité d’une réhumanisation concrète, arrachée au réel des corps niés, des existences mutilées, des subjectivités écrasées. Cette phrase ne désigne certainement pas une essence, mais une exigence. Celle de retrouver, dans un monde dévasté, la trace de ce qui peut encore faire humanité. Aujourd’hui, ce sont les enfants de Gaza, privés de maisons, d’écoles, de funérailles dignes, qui incarnent cette vérité. Non parce qu’ils seraient meilleurs ou plus innocents que d’autres, mais parce qu’ils sont déshumanisés, niés, effacés, dans un silence médiatique et politique qui redouble la violence qu’ils subissent.

      Faire entendre leur voix, ce n’est pas simplement plaider pour une cause mais tenter de sauver quelque chose de l’idée même de justice, de « l’universalité réelle », contre toutes les rhétoriques d’exception.

      Conclusion : penser contre l’effacement

      Face à cette inversion et cette complicité institutionnelle, nombreux sont ceux qui se mobilisent et pensent autrement, cherchant à reconstruire une pensée capable de désamorcer ces pièges discursifs. Il est urgent de renforcer cette dynamique critique pour retrouver le sens profond de la justice, au nom de toutes les victimes, sans hiérarchisation, sans essentialisation, sans exclusion. C’est cette pensée critique renouvelée qui constitue aujourd’hui une exigence vitale.

      Ceux qui n’ont plus de maison, plus d’école, plus de ville, ce sont eux aujourd’hui qui nous obligent à réinterroger ce que signifie encore « être humain ». Ce sont les enfants de Gaza. Ce sont les femmes de Gaza. Ce sont les hommes de Gaza. Ce sont aussi les ruines de Gaza, les quartiers entiers effacés, les vergers dévastés, les nappes phréatiques polluées, les infrastructures vitales broyées, signes d’un urbicide, d’un écocide, d’une stratégie de destruction intégrale d’un territoire, de ses milieux de vie, de ses formes d’hospitalité. C’est l’ensemble du tissu vivant, humain, architectural, végétal, qui se trouve ainsi visé, disloqué, anéanti.

      La honte ne doit pas simplement changer de camp. Elle doit retrouver une adresse, non pas dans une instance de jugement ou une autorité morale, mais dans ce point de disjonction où l’histoire vacille, où la parole s’interrompt, où la vérité, non juridiquement instituée mais historiquement insupportable, exige d’être dite. Elle ne se formule pas comme une sentence, mais comme un contre-temps. Elle devient alors force de transformation, non pas en tant qu’instrument de réprobation morale, mais comme une puissance de réveil et de désajointement, capable de fracturer le présent, d’arracher l’histoire à ses enchaînements supposés, de restituer à ce qui fut détruit la possibilité d’un nom, d’un geste, d’une survivance.

      Ce n’est pas la responsabilité au sens de l’assignation qu’elle convoque, ni devoir juridique, ni charge morale fondée sur une faute établie, ni sentence articulée à une autorité institutionnelle. Ce type de responsabilité présuppose un sujet défini, une causalité repérable, un jugement prononçable. Il relève d’une économie du compte rendu, du blâme, de la réparation. Or ce qui se manifeste ici procède d’un tout autre régime : non celui de la causalité, mais celui de l’appel. Un appel sans visage, sans origine identifiable, sans visée accusatoire. Un appel muet, anonyme, comparable au messager dont parle Walter Benjamin, porteur d’une vérité qui ne s’impose pas mais expose. Cet appel n’émane pas d’un futur désirable ni d’une transcendance justicière. Il surgit du fond même de l’irréparable, non pas pour réclamer une réparation impossible, mais pour maintenir ouverte la blessure de ce qui fut détruit sans recours. L’irréparable, ici, n’est pas un constat de défaite mais la source d’une exigence éthique radicale, une fidélité inquiète à ce qui, n’ayant pas été sauvé, continue pourtant d’appeler. En ce sens, la honte ne retrouve pas un visage, mais une adresse : ce lieu de disjonction où l’histoire vacille, où la vérité ne se décrète pas, mais insiste. Et l’écoute de cet appel engage, non par injonction extérieure, mais depuis la rupture même qu’il creuse dans le présent. « (…) si l’ennemi triomphe, même les morts ne seront pas en sûreté » [22] écrivait Walter Benjamin dans ses thèses sur la philosophie de l’histoire, ce qui oblige à penser une autre forme de responsabilité comme étant non plus tournée vers la réparation ou le tribunal, mais vers l’interruption, le contretemps, le surgissement d’un devoir depuis ce qui ne peut plus être sauvé, mais ne doit pas être oublié.

      Ce n’est pas dans les palais, les dîners officiels, les discours bien ordonnés ; ni dans les postures confortables de ceux qui se croient, par automatisme ou bonne conscience, du bon côté de l’histoire ; ni dans les silences feutrés d’une certaine gauche progressiste, qui préfère l’abstention morale à l’engagement réel ; ni dans l’assurance de certains qui, convaincus de détenir la vérité, s’exonèrent de toute écoute, que cette exigence prend corps. Elle surgit dans les ruines, les cris, les gestes, ici et ailleurs, de celles et ceux qui, sans honte ni paralysie - ce qui n’excluent pas un profond désespoir - refusent de détourner le regard et organisent le pessimisme. Gaza ne demande pas des #lamentations rituelles, mais une réactivation de la capacité à dire non. À dire, non, plus jamais cela, et faire de ce refus une puissance agissante en inventant des gestes d’ #interruption, des stratégies de #désobéissance, des hospitalités dissidentes, des contre-cartographies concrètes, des formes collectives de #désalignement.

      À dire : non, plus jamais cela. Pour personne, ni humain, ni vivant, ni forme de vie vouée à l’anéantissement.

  • 211 milliards d’euros d’aides publiques aux entreprises : un pactole masculin

    Un rapport sénatorial « stupéfiant » pointe l’ampleur et le faible contrôle des aides publiques distribuées aux entreprises. Mais il omet de vérifier si les fonds publics bénéficient autant aux femmes qu’aux hommes. L’éga-conditionnalité est encore ignorée. Stupéfiant !

    https://www.lesnouvellesnews.fr/211-milliards-deuros-daides-publiques-aux-entreprises-un-pactole-ma

    #france

  • Une Gazaouie obtient le statut de réfugiée en France en raison des « persécutions » de l’armée israélienne à l’encontre des Palestiniens
    https://www.lemonde.fr/guerre-au-proche-orient/article/2025/07/11/une-gazaouie-obtient-le-statut-de-refugiee-en-raison-des-persecutions-de-l-a

    Une Gazaouie obtient le statut de réfugiée en France en raison des « persécutions » de l’armée israélienne à l’encontre des Palestiniens
    Par Julia Pascual
    La situation de violence à Gaza est telle que les Palestiniens qui y vivent peuvent obtenir le statut de réfugié en raison des persécutions qu’ils subissent de la part des forces armées israéliennes, estime la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Vendredi 11 juillet, la juridiction administrative a rendu une décision qui fait jurisprudence, en se fondant sur les méthodes de guerre utilisées par l’armée israélienne depuis la fin du cessez-le-feu en mars.
    Jusque-là, les Palestiniens de Gaza pouvaient se voir accorder une protection subsidiaire en France compte tenu de la situation de violence aveugle d’intensité exceptionnelle résultant du conflit armé entre les forces du Hamas et l’armée israélienne. La décision de vendredi marque une étape, puisqu’elle reconnaît une « persécution » à leur encontre, qui justifie l’octroi du statut de réfugié, mieux-disant que la protection subsidiaire.
    « La portée en fait est très limitée car les sorties de Gaza sont peu nombreuses, mais en droit, c’est important », insiste Maya Lino, l’avocate de la requérante gazaouie à l’origine de la décision et membre du Collectif des avocats France-Palestine. La CNDA avait déjà jugé, en 2024, que les Palestiniens protégés par l’ONU pouvaient bénéficier du statut de réfugiés, au vu de la situation à Gaza et de la défaillance de l’ONU sur place.
    Mme H. et son fils mineur ne relevaient pas de cette catégorie. Ils avaient saisi la CNDA en faisant valoir le fait que l’« armée israélienne a recours à des techniques de guerre indiscriminées contre les populations civiles [qui] reposent sur leur nationalité palestinienne ». Mme H. estimait donc relever de la convention de Genève de 1951 sur les réfugiés. Agée de 47 ans, elle résidait à Beit Lahya, dans le nord de la bande de Gaza. Sa maison a été partiellement détruite lors d’un bombardement et son fils de 11 ans a alors été blessé aux jambes. Pris en charge par l’ambassade de France, ils ont été exfiltrés en Egypte, puis accueillis en France en janvier 2024.
    Pour examiner leur demande, la CNDA s’est appuyée sur les sources documentaires publiques disponibles, en particulier celles des Nations unies. Elle relève ensuite que « les méthodes de guerre employées par les forces israéliennes dans la bande de Gaza conduisent à un nombre important de victimes et de blessés civils dont une majorité de femmes et d’enfants, une destruction à grande échelle d’infrastructures essentielles à la population civile, comme des points d’approvisionnement et de distribution d’eau et d’électricité, d’hôpitaux ou des écoles et des déplacements forcés de population ».
    En outre, « les entraves et blocages à l’acheminement de l’aide humanitaire créent un niveau de crise d’insécurité alimentaire pour l’ensemble de la population gazaouie ». Des méthodes « suffisamment graves du fait de leur nature et de leur caractère répété pour pouvoir être regardées comme des actes de persécution ».Ensuite, la juridiction française estime que ces persécutions sont liées à une « nationalité ». En octroyant le statut de réfugié à Mme H. et son fils, elle considère qu’« ils craignent, avec raison, en cas de retour (…) d’être personnellement persécutés du fait de cette “nationalité” par les forces armées israéliennes qui contrôlent une partie substantielle de [la bande de Gaza] », détaille la Cour dans un communiqué de presse publié vendredi.
    Pour examiner la requête de Mme H. , la CNDA s’était réunie en grande formation, une composition de neuf juges (dont le président de la CNDA), au lieu de trois habituellement, qui permet d’harmoniser la jurisprudence soit sur une question juridique nouvelle, soit sur l’appréciation d’une situation géopolitique.
    La France traite peu de demandes d’asile en provenance des Territoires palestiniens occupés. En 2023, l’Office français de protection des réfugiés et apatrides a ainsi reçu 204 premières demandes, puis 230 en 2024 et 100 entre janvier et mai 2025. L’offensive israélienne menée en représailles des attaques terroristes du 7 octobre 2023 a fait près de 58 000 morts à Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la santé du Hamas, dont les chiffres sont jugés fiables par l’ONU.

    #Covid-19#migrant#migration#france#palestine#gaza#israel#refugie#CNDA#sante#droit

  • Une proposition de loi au sénat qui attaque le 1er mai, seul jour chômé et payé

    Après avoir réduit de 2 années la vie à la retraite et développé le travail du dimanche, le gouvernement et les organisations patronales ont lancé de nouvelles offensives pour attaquer le 1er mai, seule journée fériée obligatoirement chômée, rémunérée et symbolique pour les travailleurs·euses à l’international. Leur but est de renier les droits des salarié·es, toujours, sur les acquis sociaux.

    C’est le sens d’une proposition de loi sénatoriale, « Permettre aux salariés de certains secteurs de travailler le 1er mai » largement appuyée par le gouvernement, qui a engagé la procédure accélérée, comme si l’urgence était de faire travailler les salarié·es le 1er mai !

    La loi actuelle prévoit que seuls « les établissements et services qui, en raison de la nature de leur activité, ne peuvent interrompre le travail » peuvent faire travailler leurs salarié·es. La proposition de loi étend la dérogation à un ensemble de secteurs professionnels.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/07/12/une-proposition-de-loi-au-senat-qui-attaque-le

    #france

  • Grève et motion de rejet contre la réforme de l’audiovisuel public - Acrimed | Action Critique Médias
    https://www.acrimed.org/Greve-et-motion-de-rejet-contre-la-reforme-de-l

    Réforme de l’audiovisuel public : le texte adopté au Sénat après le « vote bloqué » imposé par Rachida Dati
    https://video.lefigaro.fr/figaro/video/reforme-de-laudiovisuel-public-le-texte-adopte-au-senat-apres-le-vote

    La ministre de la Culture a décidé à la surprise générale, de dégainer l’article 44.3 de la Constitution, dit du « vote bloqué » ce vendredi 11 juillet 2025 au Sénat. Elle a ainsi demandé aux sénateurs de se prononcer par un vote unique sur l’ensemble du texte de la proposition de loi controversée sur la réforme de l’audiovisuel public, finalement adopté par la chambre haute.

    #Rachida_Dati #audiovisuel_public #Radio_France #France_Télévisions #INA

  • Le superyacht sea lady II , long de 41 mètres, en feu dans le port de saint-tropez

    Un yacht de luxe de 41 mètres était en flammes jeudi soir dans le port de saint-tropez (Var), a-t-on appris auprès des pompiers qui ont mis en place des barrières antipollution. Le feu s’est déclaré pour une raison inconnue peu après 20h15 sur le superyacht sea lady II, amarré dans le vieux port de cette station huppée de la Côte d’Azur, très prisée par la jet-set internationale.


    Peu avant 22H, le feu n’était « toujours pas éteint », a déclaré à l’AFP un porte-parole des pompiers du Var, faisant état de « difficultés pour monter à bord du navire ». Selon des images diffusées sur les réseaux sociaux, l’incendie dégageait d’épaisses fumées noires dans le ciel de saint-tropez, où de nombreux badauds filmaient la scène le long du quai. « Les yachts alentour ont pu être rapidement dégagés et nous avons mis en place des barrières antipollution », a précisé le porte-parole des pompiers, jugeant « probable que le bateau coule dans le port ».

    Une trentaine de sapeurs pompiers assistés de quatre engins sont mobilisés pour lutter contre l’incendie. Deux hommes se sont présentés aux secours se plaignant d’avoir inhalé des fumées, sans qu’il puisse être précisé s’il s’agit de passagers du yacht. Le sea lady II est un superyacht de 41,2 mètres battant pavillon maltais. Construit en 1986 et rénové en 2024, il est proposé à la location 80.000 euros la semaine hors frais en haute saison . Outre ses huit membres d’équipage, il peut accueillir jusqu’à dix passagers avec ses cinq cabines, toutes équipées d’une salle de bains privée, selon le site de location de yachts Charterindex.
    Source et suite payante : https://www.lefigaro.fr/faits-divers/le-superyacht-sea-lady-ii-long-de-41-metres-en-feu-dans-le-port-de-saint-tr
    #yacht #superyacht #riches #saint-tropez #France

  • La mise à mort programmée du système ferroviaire français
    https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/090725/la-mise-mort-programmee-du-systeme-ferroviaire-francais

    Cela leur a pris trente ans. Mais ils y sont en train d’y parvenir : le dernier clou dans le cercueil de la SNCF et du système ferroviaire français est en train d’être enfoncé. Selon des informations publiées le 4 juillet par le site l’Informé, les concurrents de l’entreprise publique ferroviaire qui s’apprêtent à exploiter des lignes TGV en France seront dispensés de toute obligation de service public en France.

    [...]

    « Comment s’en étonner. C’est la logique même de l’ouverture à la concurrence. Nous l’avions annoncé depuis des années : le privé va exploiter tout ce qui ce qui est rentable et laisser tout le reste. La SNCF est la vache à lait du privé », constate Julien Troccaz, responsable du syndicat Sud-Rail.

    Le gouvernement – et tous ceux qui l’ont précédé – a décidé d’appliquer à la SNCF la même logique que celle qui a été imposée à EDF lors de l’ouverture des marchés de l’énergie : faire subventionner par le public les profits futurs du privé. Au nom de la concurrence libre et non faussée, les entreprises publiques sont priées de céder à leurs concurrents une partie des bénéfices et des avantages dont elles bénéficient historiquement pour permettre au privé d’exister.

    Dans le cas d’EDF, cela s’est traduit par l’accès régulé à l’électricité nucléaire historique (ARENH), avec le succès que l’on sait : une explosion des prix, des milliards de bénéfices pour des intermédiaires privés sans aucun profit pour les usagers, la sécurité du système et l’intérêt général. Tout est en place que les mêmes effets se produisent à la SNCF, en pire.

    [...]

    Ce qui pourrait sembler des coups de canifs dans l’organisation ferroviaire française risque, de l’avis de nombreux experts, de mettre tout à terre. Car la SNCF est tenue de respecter la règle d’or, c’est-à-dire d’assurer constamment son équilibre financier. Une clause qui a été imposée par la Commission européenne et qui n’a jamais été contestée par la présidence française – à la différence d’autres États membres –, en contrepartie d’une reprise partielle de la dette de la compagnie ferroviaire.

    Privée d’une partie des recettes des lignes à grande vitesse, qui constituent l’essentiel de son chiffre d’affaires, la SNCF risque de ne pas pouvoir faire face à toutes ses charges. Tous les principes de péréquation territoriale, qui permettaient d’assurer le financement des lignes déficitaires grâce aux lignes rentables, sont ébranlés.

    Désormais, chaque ligne va devoir être rentable par elle-même. Des dessertes considérées comme vitales dans toute la France sont déjà menacées notamment dans le Centre-Val-de-Loire, la Savoie ou une partie de la Bretagne. « Une ligne qui ferme ne rouvre jamais », prévient Bérenger Cernon, ayant en tête des centaines d’exemples de voies ferrées démantelées, converties en pistes cyclables alors qu’elles assuraient auparavant un maillage dense du territoire.

    [...]

    Nombre d’historiens, à commencer par Fernand Braudel, ont souligné le rôle majeur qu’ont joué les chemins de fer pour la cohésion territoriale et sociale de la France moderne. C’est toute cette cohésion qui est en train de se défaire. Après avoir vu disparaître leur palais de justice, leur centre d’impôt, leur hôpital, c’est leur gare qui est appelée à être supprimée dans nombre de villes moyennes. La France, selon les vues de la technostructure partagées par les groupes privés, ce n’est que neuf à dix métropoles : Paris, Strasbourg, Lille, Rennes, Nantes, Bordeaux, Toulouse, Marseille et Lyon et Grenoble. En dehors de ces grandes villes, point de salut.

    Tout cela ne peut participer qu’au sentiment de déclassement et d’injustice sociale qui anime la majorité des Français, et fait le lit du populisme d’extrême droite. Mais l’exécutif, comme nombre d’élus politiques, s’en moque. Après tout, dans les gares, il n’y a que « des gens qui ne sont rien ».

  • Le Royaume-Uni annonce un accord pilote pour renvoyer en France des migrants qui arrivent illégalement par la Manche
    https://www.lemonde.fr/international/article/2025/07/10/le-premier-ministre-britannique-keir-starmer-annonce-un-accord-avec-paris-po

    Le Royaume-Uni annonce un accord pilote pour renvoyer en France des migrants qui arrivent illégalement par la Manche
    Le Monde avec AFP
    Le premier ministre britannique, Keir Starmer, a annoncé, jeudi 10 juillet, un accord pilote pour un échange de migrants avec la France, qui doit entrer en vigueur dans les « prochaines semaines ». Cet accord, qui doit encore être soumis à la Commission européenne avant d’être signé, repose sur le principe du « un pour un ».
    « J’ai le plaisir d’annoncer aujourd’hui notre accord sur un projet pilote inédit : pour la première fois, les migrants arrivant par petits bateaux seront arrêtés puis renvoyés rapidement en France », a déclaré le dirigeant travailliste, ajoutant qu’« en échange de chaque retour » une autre personne pourrait venir via un itinéraire contrôlé et légal. Cette dernière devra, au préalable, exprimer sa volonté, via une plateforme en ligne, de s’installer au Royaume-Uni et justifier de liens avec ce pays.
    Seuls les individus « qui n’ont pas essayé d’entrer illégalement au Royaume-Uni » seront éligibles pour cet échange, a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse avec le président français, Emmanuel Macron, à l’occasion d’une visite d’Etat de trois jours au Royaume-Uni.« Pour la première fois, les migrants arrivant par petits bateaux seront arrêtés puis renvoyés rapidement en France », a ajouté le premier ministre britannique, se réjouissant d’un accord « révolutionnaire » sur un projet susceptible de démarrer « dans les prochaines semaines ». Le sujet est délicat alors que sur les six premiers mois de l’année 2025, plus de 20 000 personnes sont parvenues à rejoindre les côtes britanniques à bord de small boats, une hausse de presque 50 % par rapport à la même période l’an dernier.
    Le président français a également déploré une « incitation » à traverser la Manche depuis le Brexit, en 2020, en expliquant qu’il n’existait depuis plus « aucun accord migratoire avec l’Union européenne ». « Il n’existe pour les candidats à la traversée ni voie d’admission légale alternative ni dispositif de réadmission à l’issue d’une traversée, et la situation actuelle crée en réalité une incitation à réaliser la traversée », a détaillé Emmanuel Macron. Il a estimé que ce projet pilote « exercera[it] un effet très dissuasif sur le modèle des passeurs et sur les traversées ». Aucune précision chiffrée n’a été donnée sur le nombre de migrants que l’accord pourrait concerner. Il doit encore être soumis à vérification juridique, selon Emmanuel Macron. L’ONG Médecins sans frontières a de son côté jugé que ce projet n’était « pas seulement absurde » mais « aussi extrêmement dangereux ».(...).

    #Covid-19#migrant#migration#france#royaumeuni#politiquemigratoire#migrationirreguliere#droit#sante

  • Un Tunisien menacé d’expulsion en dépit des risques de torture encourus
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/07/10/un-tunisien-menace-d-expulsion-en-depit-des-risques-de-torture-encourus_6620

    Un Tunisien menacé d’expulsion en dépit des risques de torture encourus
    Par Julia Pascual et Simon Roger
    C’est un cas qui interroge autant sur la nature du système judiciaire tunisien que sur les pratiques du gouvernement français. Vendredi 11 juillet, Mohamed Fahem devrait franchir les portes du centre pénitentiaire de Nanterre après avoir purgé une peine de six ans de prison pour association de malfaiteurs terroriste. Mais ce ressortissant tunisien de 35 ans est également passible d’une peine de cent trente-deux années d’emprisonnement en Tunisie, où il est poursuivi pour des faits de terrorisme. Le régime de Kaïs Saïed a d’ailleurs émis à son encontre une demande d’extradition, rejetée le 22 janvier par la cour d’appel de Paris.
    Malgré cela, le ministère de l’intérieur entend expulser Mohamed Fahem vendredi. Un arrêté a été pris en ce sens par la préfecture des Hauts-de-Seine, mercredi. La cour d’appel de Paris avait pourtant estimé, en suspendant son extradition, que Mohamed Fahem encourait dans son pays un « risque réel de subir des actes de torture ». Dans son arrêt de janvier, consulté par Le Monde, la justice estime par ailleurs que la « remise de Mohamed Fahem aux autorités tunisiennes lui ferait encourir un risque réel et sérieux de subir un déni de justice flagrant en l’absence de garanties suffisantes sur l’exercice effectif des droits de la défense, sur l’indépendance des magistrats du siège et sur la publicité des débats ». Elle motive sa décision sur des « éléments documentés de sources diverses et concordantes » et « l’absence de réponse satisfaisante du gouvernement tunisien au complément d’information [qui lui a été demandé] ».
    Dans son arrêté du 9 juillet, la préfecture des Hauts-de-Seine balaye ces arguments, au prétexte que si la torture « n’a pas été totalement éradiquée en Tunisie », les personnes les plus exposées seraient les « opposants politiques ». Plusieurs rapports, rédigés notamment par les organisations non gouvernementales Amnesty International et Human Rights Watch, documentent la mise au pas de l’appareil judiciaire tunisien enclenché, en 2022, par Kaïs Saïed. Le 12 février de cette année-là, le chef de l’Etat décidait de dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature et de le remplacer par un conseil provisoire, dont il a nommé une partie des membres. Le 1er juin 2022, il s’arrogeait le pouvoir de révoquer les magistrats et limogeait aussitôt 57 d’entre eux. La suspension de 49 de ces révocations, prononcée quelques semaines plus tard par le tribunal administratif de Tunis, ne sera pas suivie d’effet.
    « L’arrêt de la cour d’appel de Paris est inédit, estiment Raphaël Kempf et Romain Ruiz, les avocats de M. Fahem. La juridiction dit clairement qu’aujourd’hui, on ne peut pas être jugé sereinement en Tunisie. » « L’interdiction de la torture est un impératif absolu, poursuivent-ils. Il s’applique à tous, y compris aux personnes condamnées pour les faits les plus graves. »
    Lorsque débute le mouvement prodémocratique du printemps arabe, fin 2010 en Tunisie, M. Fahem s’est rapproché de la mouvance salafiste. Comme certains de ses membres, il est tenté par le djihad. Arrêté à plusieurs reprises par la police tunisienne, il rejoint l’organisation Etat islamique (EI) en 2014 à Rakka, en Syrie. En désaccord par la suite avec l’EI, qu’il quitte en 2015, selon le témoignage qu’il livre à un journaliste tunisien rencontré en Turquie, M. Fahem fuit en Allemagne, où il se marie à une Allemande convertie à l’islam. Il se rend ensuite en France où il est interpellé en octobre 2019. Il est condamné, le 8 décembre 2023, par le tribunal judiciaire de Paris à six ans d’emprisonnement pour association de malfaiteurs terroristes. Outre son appartenance à l’organisation Etat islamique en Syrie, il a participé à un trafic de faux papiers.
    Il écope d’une peine complémentaire d’interdiction définitive du territoire français, qui s’ajoute à une obligation de quitter le territoire français (OQTF). M. Fahem va être libéré de prison et la France va-t-elle l’expulser alors qu’une juridiction française a interdit son extradition ? Sollicitées, les préfectures des Hauts-de-Seine (où le Tunisien est incarcéré) et de l’Oise (qui a émis l’OQTF) n’ont pas donné suite à nos sollicitations.
    Les avocats de M. Fahem devaient contester, jeudi 10 juillet après-midi, devant le tribunal de Cergy-Pontoise, l’arrêté préfectoral pris mercredi. Me Raphaël Kempf et Me Romain Ruiz ont également saisi la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) pour empêcher, dans l’urgence, l’expulsion. Jeudi, elle n’avait pas encore statué.
    Si M. Fahem était expulsé, ce ne serait pas la première fois que les autorités françaises outrepassent des décisions de justice. En 2024, un autre Tunisien, Houssem J., avait été mis dans un avion en direction de Tunis, où il avait été incarcéré à son arrivée. Pourtant, la veille de son expulsion, le tribunal administratif de Paris avait suspendu en urgence l’interdiction administrative du territoire dont il faisait l’objet, sur la base de soupçons de radicalisation islamiste.
    En 2023, un ressortissant ouzbek et un Haïtien ont aussi été expulsés alors même que des décisions de la CEDH défendaient aux autorités françaises de le faire, en raison des risques de torture encourus. A l’association La Cimade, Paul Chiron pense que des « personnes passent nécessairement en dessous des radars et d’autres décisions de justice ont été bafouées ».

    #Covid-19#migrant#migration#france#CEDH#droit#sante#politiquemigratoire#tunisie

  • Loi dite du « plein emploi » : le gouvernement attaque les travailleur·euses des métiers du care et les minorités - Mouvement des mères isolées
    https://paris-luttes.info/loi-dite-du-plein-emploi-le-19737

    (...) Les étranger-es non européen·nes, qui auraient signé le contrat d’intégration républicaine (#CIR) de leur côté, seront désormais également inscrit·es automatiquement à France Travail sans savoir s’ils cherchent ou non un emploi. De fait, ils seront soumis au contrat d’engagement et aux 15h de mises à disposition hebdomadaire.

    Un dispositif conçu pour contrôler et exploiter les étranger·es non européen·nes

    La perversité de ce dispositif se dévoile encore davantage lorsqu’on observe sa mise en application. Le CIR est déjà contraignant par nature, car le préfet peut résilier le contrat sur proposition de l’#Ofii (Office Français de l’Immigration et de l’Intégration) notamment en cas de non participation à une formation prescrite. Or, un plan d’action a été mis en place à France Travail, qui permet de flécher tous·tes les étranger·es hors-UE vers des postes de métiers en tension : aides-soignant·es, aides à domicile et commis·es de cuisine, quelles que soient leurs qualifications initiales. Ces postes souffrent de conditions de travail précaires et difficiles, d’horaires fractionnés, de conventions collectives délétères qui maintiennent les rémunérations à des niveaux extrêmement bas.

    [...]

    Rappelons-nous des propos sans équivoque de Fabien Roussel : la gauche doit défendre le #travail et le salaire et ne pas être la gauche des allocations, minimas sociaux et revenus de substitution", qui ont sans doute contribué à ce que la direction de la confédération de la CGT ne se saisisse d’aucun levier pour faire abroger cette loi. L’appel à la grève de l’intersyndicale de France Travail en février 2025 aurait-il pu déboucher sur l’abrogation de cette loi, s’il n’avait pas été annulé par l’intersyndicale qui l’avait pourtant convoqué ? Seules les associations de terrain ont mené la bataille contre cette loi abjecte qui transforme radicalement la société.

    La gauche sociale démocrate avait par ailleurs emboîté le pas de la Macronie en signant une tribune qui exigeait « la régularisation (...) des sans-papiers dans les métiers en tension », avec Ruffin en tête des signataires. Les étranger·es y étaient déjà perçu·es comme la variable d’ajustement d’un marché de l’emploi en berne, et servi·es sur un plateau par celles et ceux qui prétendent être des forces de progrès, les mêmes qui jouent aux équilibristes en parlant de l’extrême-droite comme d’un fantôme du futur. (...)

    #loi_Plein_emploi #étranger-es_non_européen·nes #France_Travail #emploi #métiers_en_tension #minimas_sociaux

  • L’évêque de Manchester en faveur d’une exemption religieuse à la loi sur la maltraitance des enfants

    Un évêque de l’église d’Angleterre a profité de son siège « de droit » à la chambre des lords pour plaider en faveur d’exemptions religieuses au signalement obligatoire des abus sexuels sur les enfants. L’évêque de Manchester, David Walker a déclaré qu’il existait des « arguments plausibles » en faveur de l’exemption des abus sexuels sur enfants révélés lors de la confession.
    . . . . .
    Source : Newsline, lettre électronique hebdomadaire de la National Secular Sociéty, La Raison N°703
    https://www.secularism.org.uk/news/2025/04/lord-spiritual-argues-for-religious-exemption-to-child-abuse-law

    Lord spiritual argues for religious exemption to child abuse law Posted: Wed, 23rd Apr 2025
    Bishop of Manchester, who sits by right in the Lords, suggests abuse revealed during confession should be exempt from reporting law.


    A Church of England bishop has used his reserved seat in the House of Lords to argue for religious exemptions to mandatory reporting of child sexual abuse.

    Speaking in a debate on Tuesday, the bishop of Manchester David Walker (pictured) said there was an “arguable case” for exempting child sexual abuse revealed during confession.

    The bishop’s claim contradicts the recommendation of the Independent Inquiry into Child Sexual Abuse (IICSA) that mandatory reporting should “not be subject” to religious exemptions, including abuse revealed during “sacramental confession”.

    Walker said the tradition of “the seal of the confessional” had been "honoured for many centuries "and was “established in canon law in this land”.

    “I know my Catholic colleagues will particularly be concerned around that”, he added.

    Research has found that sexual abusers within Catholic clergy have used confession to disclose their abuse and absolve themselves of guilt, in the knowledge that their abuse would not be reported. This enabled the continuation of abuse.

    Walker’s intervention comes as the Government seeks to introduce a mandatory reporting law through its Crime and Policing Bill.

    The National Secular Society has long campaigned for mandatory reporting with no religious exemptions. It also works to end reserved seats for 26 Church of England bishops in the Lords.

    In November, the erstwhile archbishop of Canterbury Justin Welby was forced to resign after a review found he “could and should” have done more in response to abuse perpetrated by John Smyth.
    . . . . . . .
    https://www.secularism.org.uk/news/2025/04/lord-spiritual-argues-for-religious-exemption-to-child-abuse-law
    #église d’#Angleterre #enfants #pédophilie #sexe #viols chambre des #lords

  • Le monde des revues scientifiques au bord de l’#asphyxie

    Plus de trois millions d’articles sont publiés chaque année dans les revues scientifiques, les chercheurs étant incités à les multiplier pour se distinguer. Une logique économique perverse s’est installée, qui profite d’abord aux grands éditeurs et encourage les #fraudes les plus inattendues. Des propositions alternatives émergent pour sauver le partage des connaissances.

    Alerte. L’un des piliers de la recherche scientifique est en train de trembler, de se fissurer, voire menace de s’effondrer. Ce pilier, c’est l’article de recherche, sélectionné et évalué par des journaux ou des revues scientifiques. C’est par ce biais qu’Albert Einstein explique sa théorie de la relativité restreinte en 1905 (dans les Annalen der Physik). Ou qu’Alexander Fleming, en 1929, décrit l’action de la pénicilline (dans le British Journal of Experimental Pathology). Ou encore que James Watson et Francis Crick décrivent la structure de l’ADN en 1953 (dans les colonnes de la revue Nature).

    Ce qui est remis en question n’est pas l’article lui-même, quoiqu’il se transforme aussi, mais la place qu’il occupe dans le paysage savant, la manière dont il est distribué, évalué ou « consommé ». L’article de recherche a en effet changé de nature. « Il n’est plus une unité de #connaissance, mais est devenu une unité d’#évaluation », a rappelé Philippe Huneman, chercheur à l’Institut d’histoire et de philosophie des sciences et des techniques au CNRS, lors de l’Agora sciences université recherche. Réunie les 16 et 17 juin à Paris pour « refonder l’université et la recherche », elle a consacré une session à ce sujet. « C’est une machine à transformer de la connaissance en gains symboliques et financiers. L’article est donc au cœur du système de recherche et la source de nombreux problèmes », a-t-il précisé.

    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2025/07/07/le-monde-des-revues-scientifiques-au-bord-de-l-asphyxie_6619660_1650684.html

    #revues_scientifiques #édition_scientifiques #compétition #revues_prédatrices #alternative #ESR #science #recherche_scientifique #recherche #université

  • L’immeuble en flammes et le sauveur : en #France, lorsqu’on est étranger, il faut accomplir l’extraordinaire pour être considéré

    La belle histoire de #Fousseynou_Cissé, homme courageux qui sera décoré après avoir sauvé une famille d’un immeuble en flammes vendredi 4 juillet, montre encore une fois la nécessité d’accomplir un acte héroïque pour devenir « un bon étranger ».

    https://www.liberation.fr/societe/limmeuble-en-flammes-et-le-sauveur-en-france-lorsquon-est-etranger-il-fau
    #sans-papiers #héros #héroïsation

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    voir aussi :
    Après l’histoire de #Mamoudou_Gassama, un sans-papiers de 25 ans menacé d’expulsion questionne « la hiérarchie des actes de bravoure »
    https://seenthis.net/messages/699454

    et le cas de #Mohssen_Oukassi :
    https://seenthis.net/messages/699454#message699474

    et #Kader_Salmi, cet autre héros pas reconnu :
    https://seenthis.net/messages/699733

    signalés par @simplicissimus et @sinehebdo

  • #France-Algérie : quand la politique intérieure sacrifie la diplomatie
    https://lvsl.fr/france-algerie-quand-la-politique-interieure-sacrifie-la-diplomatie

    Le lien franco-algérien s’était-il à ce point délité depuis l’indépendance ? Tandis qu’Alger réactive un imaginaire anticolonial à l’encontre de Paris, de nombreux dirigeants français dénoncent les accords bilatéraux de 1968. Au-delà des contentieux bien réels entre les deux pays, cette crise semble moins résulter d’enjeux diplomatiques que de questions de politique intérieur. Des deux côtés […]

    #International #Accords_de_1968 #Alger #Algérie #Colonialisation #droite #extrême_droite #Macron #OQTF #Tebboune