• Au-delà des questions de mémoire et d’histoire, les négociations entre Etat français et algériens donnent à voir la consistance du régime du président Tebboune

    Trente et unième anniversaire du coup d’État algérien de 1992 : les enseignements d’un étrange déjeuner au sommet – Algeria-Watch
    https://algeria-watch.org/?p=85027

    Trente et unième anniversaire du coup d’État algérien de 1992 : les enseignements d’un étrange déjeuner au sommet

    François Gèze, Algeria-Watch, 11 janvier 2023

    L’année 2022 a été marquée par un net réchauffement dans les relations entre les gouvernements français et algérien, à l’occasion de la visite à Alger d’Emmanuel Macron, accompagné d’une importante délégation, du 25 au 27 août. Une « avancée historique » pour le président français, une « visite très réussie » pour son homologue algérien. Ce moment a été immortalisé par une photo proprement extraordinaire : celle du déjeuner réunissant, le 26 août, les deux présidents et leurs plus importants responsables des forces de sécurité.
     
    On y reconnaît, à la gauche d’Emmanuel Macron, le général d’armée Thierry Burkhard, chef d’état-major de l’armée française ; et à sa droite, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, et Bernard Émié, directeur de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE, le contre-espionnage français). Côté algérien, le président Abdelmadjid Tebboune était significativement encadré par quatre galonnés : à sa gauche, le général-major M’henna Djebbar, directeur depuis décembre 2021 de la Direction générale de la lutte contre la subversion, et le général-major Abdelghani Rachedi (hors cadre de la photo de l’AFP1), directeur de la Direction générale de la documentation et de la sécurité extérieure (DGDSE) ; à sa droite, le général d’armée Saïd Chengriha, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), et le général-major Djamel Kehal Medjdoub, directeur de la Direction générale de la documentation et de la sécurité intérieure (DGDSI).

    Extraordinaire, la photo de cette rencontre l’est à un double titre. C’était la première fois que les chefs militaires du régime algérien se donnaient ainsi à voir aux côtés du « président marionnette » dont ils tirent les fils. Et, surtout, c’était la première fois que les dirigeants français reconnaissaient ainsi officiellement la « double nature » de ce régime, en place depuis plus de quarante ans : d’un côté une façade civile, incarnée actuellement par le président Tebboune (« élu » en décembre 2019 avec au moins 85 % d’abstentions2), de l’autre le pouvoir réel, exercé par les chefs de l’armée (ANP) et de la police politique (hier Sécurité militaire puis Département de renseignement et de sécurité, aujourd’hui structurée en différents services moins visibles, mais toujours au cœur du pouvoir).

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    #France #Algérie #Françalgérie

  • https://www.lemonde.fr/politique/article/2022/01/26/guerre-d-algerie-emmanuel-macron-fait-un-geste-envers-les-pieds-noirs-en-rec

    Guerre d’Algérie : Emmanuel Macron fait un geste envers les pieds-noirs en reconnaissant deux « massacres » commis à Alger et à Oran en 1962
    « La vérité doit être de mise, et l’histoire transmise », a insisté le chef de l’Etat, mercredi, devant un parterre de rapatriés réunis à l’Elysée .

    Le Monde avec AFP Publié le 26 janvier

    Emmanuel Macron a fait un geste fort, mercredi 26 janvier, aux rapatriés d’Algérie en qualifiant d’« impardonnable pour la République » la fusillade de la rue d’Isly, à Alger, en mars 1962, et en estimant que le « massacre du 5 juillet 1962 » à Oran devait être « reconnu ».
    Devant un parterre de rapatriés réunis à l’Elysée, le président de la République est revenu sur la fusillade de la rue d’Isly, dans laquelle des dizaines de partisans de l’Algérie française furent tués par l’armée en mars 1962. « Ce jour-là, les soldats français déployés à contre-emploi, mal commandés, ont tiré sur des Français (…). Ce jour-là, ce fut un massacre », a déclaré M. Macron, ajoutant que « soixante ans après » ce « drame passé sous silence », « la France reconnaît cette tragédie ». « Et je le dis aujourd’hui haut et clair : ce massacre du 26 mars 1962 est impardonnable pour la République. Toutes les archives françaises sur cette tragédie pourront être consultées et étudiées librement. »

    Evoquant la « surenchère atroce d’insécurité et de violence », « d’attentats et d’assassinats » qui scandèrent la fin de la guerre d’Algérie, le chef de l’Etat a également exhorté à reconnaître et à « regarder en face » le « massacre du 5 juillet 1962 » à Oran, qui toucha « des centaines d’Européens, essentiellement des Français ». « La vérité doit être de mise, et l’histoire transmise », a encore insisté le président de la République.

    Des rapatriés « incompris » et « méprisés »

    Face aux rapatriés, M. Macron a par ailleurs souligné la difficulté de « ces mois d’adieu et de déchirure » qui ont frappé des milliers de familles :
    « Votre arrivée en métropole est un soulagement, car vous vous savez ici en sécurité, mais elle n’est pas une consolation, car vous vous sentez vite incompris, méprisés pour vos valeurs, votre langue, votre accent, votre culture. »
    Le chef de l’Etat a déploré que « la plupart » se soient « heurtés à l’indifférence quand ce n’était pas aux préjugés ». « Il y a soixante ans, les rapatriés d’Algérie ne furent pas écoutés. Il y a soixante ans, ils ne furent pas reçus avec l’affection que chaque citoyen français en détresse mérite », a-t-il ajouté. Désormais, « le chemin qu’il nous revient de faire est celui de cette réconciliation », a-t-il plaidé.

    Cette « reconnaissance » s’inscrit dans une série d’actes mémoriels, depuis le début du quinquennat et à l’approche du 60e anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie avec les Accords d’Evian, puis l’indépendance de ce pays – le 5 juillet 1962.
    Le 20 septembre 2021, le chef de l’Etat avait demandé « pardon » aux harkis, supplétifs algériens de l’armée française, qui furent « abandonnés » par la France. Un projet de loi, pour acter ce « pardon » et tenter de « réparer » les préjudices subis, est en cours d’examen au Parlement et devrait être adopté d’ici à la fin du mois de février.

    Le Monde avec AFP

    #Algerie #Françalgérie #mémoirecoloniale #Macron