• UN Human Rights sur X :
    https://x.com/UNHumanRights/status/1854796565950402805

    Even in the face of the fiercest disagreements, attacks such as those we have recently seen against the Special Rapporteur on the Occupied Palestinian Territory - where her safety, that of her family members and colleagues is threatened - are unacceptable.

    As @volker_turk has said, aggressive verbal attacks, threats and reprisals against Special Procedures mandate holders must stop.

    #Francesca_Albanese

  • UN expert Francesca Albanese criticises global community on lack of empathy for Palestinians in Gaza - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=k0gRqStTHjw&pp=ygUPbWlkZGxlIGVhc3QgZXll

    “Is it possible that after 42,000 people killed, you cannot empathise with the Palestinians?”

    UN special rapporteur #Francesca_Albanese has expressed frustration and criticised those who ignore Israel’s war on Gaza and lack empathy for the Palestinians.

    Avec une partie sur le comportement des génocidaires vis-à-vis de leurs propres citoyens.

  • «Se muoio riportate il mio corpo in Guinea»
    https://www.meltingpot.org/2024/04/se-muoio-riportate-il-mio-corpo-in-guinea

    «Si je meurs jaimerais quon rianvoi mon corps en Afrique, ma mère serait ravie(…)les militaire Italien ne conait rien saufe largent,mon Afrique me manque beaucoup et ma mère aussi. Il ne faut que pleure a cause de moi, paix á mon âme que je repose en paix» Aveva lasciato un messaggio di addio su una parete della sua camerata: un suo autoritratto e qualche riga in francese, poi Ousmane Sylla, detenuto nel CPR di Ponte Galeria di Roma, muore. Solo 10 giorni dopo, attraverso le reti sociali, la famiglia apprende la triste notizia e fin da subito dichiara di non

    #Approfondimenti #CPR,_Hotspot,_CPA #Francesca_Reppucci #Nicoletta_Alessio

  • Une rapporteuse de l’ONU accuse Israël de commettre plusieurs « actes de génocide » à Gaza
    25 mars 2024
    https://www.france24.com/fr/moyen-orient/20240325-%F0%9F%94%B4-en-direct-le-conseil-de-s%C3%A9curit%C3%A9-de-l-onu-

    La rapporteuse spéciale des Nations unies pour les territoires palestiniens affirme dans un rapport publié lundi qu’il « existe des motifs raisonnables » de croire qu’Israël a commis plusieurs « actes de génocide », évoquant aussi un « nettoyage ethnique ».

    « La nature et l’ampleur écrasante de l’assaut israélien sur Gaza et les conditions de vie destructrices qu’il a causées révèlent une intention de détruire physiquement les Palestiniens en tant que groupe », indique Francesca Albanese, dans le rapport qu’elle doit présenter mardi au Conseil des droits de l’Homme à Genève.

  • Ferrara, manifestazione regionale contro l’apertura del CPR
    https://www.meltingpot.org/2024/02/ferrara-manifestazione-regionale-contro-lapertura-del-cpr

    Manifestazione regionale a Ferrara contro i C.P.R. promossa per sabato 2 marzo alle ore 15 da una variegata rete di oltre 50 associazioni e organizzazioni della società civile ferrarese che in questi mesi si sono mobilitate contro l’ipotesi di apertura di un nuovo Centro di Permanenza per il Rimpatrio, chiedendo nel contempo la chiusura di quelli esistenti. Una protesta a cui hanno aderito realtà sociali da tutta l’Emilia-Romagna che stanno condividendo un percorso regionale “No CPR” che, partito lo scorso ottobre con la manifestazione di Bologna, ha promosso diversi appuntamenti di mobilitazione e approfondimento. Ferrara, guidata dal leghista Alan (...)

    #Approfondimenti #CPR,_Hotspot,_CPA #Francesca_Reppucci #Nicoletta_Alessio

  • «Siamo vite sotto minaccia»
    https://www.meltingpot.org/2024/02/siamo-vite-sotto-minaccia

    di Monica Serrano Sul ciglio della strada lungo via Casilina, nel quartiere di Torpignattara, si sentono rumori laboriosi. È in corso la ristrutturazione dell’Associazione Dhuumcatu, in bengalese “Stella cometa” – un gruppo di persone straniere attive da più di un decennio in questo quartiere periferico di Roma, prima all’Esquilino e ancor prima ad Anagnina. Una lunga storia che tocca le zone della città più abitate dalle persone migranti e dove la ricerca di lavoro, il diritto alla casa e alla vita famigliare si uniscono alla lotta per un pezzo di carta che fa la differenza, il permesso di soggiorno. (...)

    #Approfondimenti #Francesca_Reppucci #Nicoletta_Alessio

  • Cronache di resistenza a Milano
    https://www.meltingpot.org/2024/02/cronache-di-resistenza-a-milano

    di Luna Selimovic e Sofia Mele Nel pomeriggio di giovedì 8 febbraio il grido dellə attivistə della città di Milano si è unito al coro delle proteste indette a Roma a seguito del suicidio di Ousmane Sylla nel CPR di Ponte Galeria. Numerose sono state le persone solidali accorse alla chiamata del presidio indetto dalla Rete Mai più Lager – No ai CPR per esprimere la rabbia e il dolore e rileggere ancora una volta insieme le parole di Ousmane scritte sul muro del CPR. Dopo la notizia dell’ennesima morte, il presidio sostiene ancora più fermamente l’importanza di denunciare la

    #Approfondimenti #CPR,_Hotspot,_CPA #Francesca_Reppucci #Nicoletta_Alessio

  • ​​Tra le macerie del CPR di Milo: voci da un’indegna reclusione, mentre la CEDU condanna l’Italia
    https://www.meltingpot.org/2024/02/tra-le-macerie-del-cpr-di-milo-voci-da-unindegna-reclusione-mentre-la-ce

    Un testo congiunto di ARCI, Associazione per gli Studi Giuridici sull’Immigrazione (ASGI), Borderline Europe, Campagna LasciateCIEntrare, Maldusa, Mem.Med – Memoria Mediterranea: “La Corte Europea dei Diritti Umani ha ordinato al Governo italiano l’immediato trasferimento dal CPR di Trapani di una persona trattenuta in condizioni materiali degradanti. Una sentenza che riguarda quanto accaduto al CPR di Milo nell’ultima settimana di gennaio e che riteniamo indispensabile ricostruire e condividere grazie alle voci delle persone trattenute”. Un cittadino tunisino richiedente asilo, insieme a numerose altre persone, a seguito dell’incendio del 22 gennaio, era trattenuto in condizioni degradate e totalmente inadeguate, senza alcuna (...)

    #Approfondimenti #CPR,_Hotspot,_CPA #Francesca_Reppucci #Nicoletta_Alessio

  • #Francesca_Albanese, UN Special Rapporteur oPt sur X :
    https://twitter.com/FranceskAlbs/status/1752523189102530861

    Western governments have suspended #UNRWA funds due to serious ALLEGATIONS agst 12 staff.

    Same governments have not suspended ties with the state whose army has killed 26k ppl in Gaza in 3.5m,though ICJ said it may plausibly constitute #GENOCIDE.

    Double standards? Yes, big time.

    #communauté_internationale
    #nos_valeurs

    • « Israël ne peut pas invoquer la légitime défense lorsque les menaces émanent d’un territoire qu’il occupe », appuie Francesca Albanese.

      Il y a une voix qu’on n’entend presque pas en francophonie depuis le début de la nouvelle guerre entre Israël et le Hamas. Celle de la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, Francesca Albanese.

      Avocate spécialiste du droit international et chercheuse à l’Université de Georgetown aux Etats-Unis, l’Italienne a pourtant une connaissance fine du terrain, notamment pour y avoir vécu lorsqu’elle travaillait pour l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

      Désormais interdite d’entrée en Israël et en territoires palestiniens par l’État hébreu, la quadragénaire a rendu son troisième rapport en juillet, documentant les « crimes de guerre » israéliens, la « ségrégation », le « régime d’apartheid », le « nettoyage ethnique », les détentions d’enfants et les « prisons à ciel ouvert » que sont — selon elle — devenus tous les territoires palestiniens, Cisjordanie comprise.

      Ce jeudi, Francesca Albanese, en poste depuis mai 2022, dénonce : l’opération militaire d’Israël à Gaza est « illégale ». Elle ne parle en revanche pas de « génocide » comme le président brésilien Lula, mais comprend l’utilisation du mot. « Les crimes les plus atroces commencent par la déshumanisation […], lâche-t-elle dans cette interview, menée lundi entre New York et Lausanne. Ce qui est en train de se passer [à Gaza] est clairement dangereux. »

      Francesca Albanese, vous appelez à un cessez-le-feu immédiat à Gaza. Comment expliquez-vous que les pays occidentaux ne fassent pas de même ?
      Je ne comprends pas ce qui dissuade des pays d’appeler à un cessez-le-feu dans une situation où l’usage de la force n’est pas en ligne avec le droit international.

      Vous dites que l’action militaire israélienne est illégale ?
      Israël a décidé de lancer une guerre en invoquant l’article 51 de la Charte des Nations unies (ndlr : le droit à la légitime défense en cas d’agression armée) contre le peuple qu’il occupe militairement. Je suis désolée, mais c’est illégal du point de vue des Nations unies.

      Pourquoi ?
      Cette façon de faire suit la doctrine étasunienne de légitime défense, mais pas la Charte des Nations unies et la jurisprudence de la Cour internationale de Justice.

      Israël a le droit de se défendre, non ?
      Bien sûr. Israël a le droit de se protéger, de protéger ses citoyens, etc. Mais le droit d’utiliser la force contre un autre État n’est reconnu que dans deux cas.

      Lesquels ?
      Premièrement, lorsqu’il y a une attaque ou une menace sérieuse d’une attaque émanant d’un autre État, et non d’un groupe armé faisant partie dudit État. Or Israël n’a jamais dit avoir été attaqué par l’État palestinien. Israël a toujours dit être en guerre contre le Hamas. Deuxièmement, comme l’écrit la Cour internationale de Justice dans un arrêt de 2004, Israël ne peut pas invoquer la légitime défense lorsque les menaces émanent d’un territoire qu’il occupe. Précisément parce qu’Israël occupe ces territoires, imposant un régime d’oppression et de répression à la population.

      « L’entier du territoire palestinien est une prison, contrôlée de l’intérieur par Israël, un panoptique »Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l’ONU pour les territoires palestiniens occupés

      Une population sous occupation qui a le droit de résister, insistent les Palestiniens.
      Le droit international reconnaît le droit de résister à un régime d’oppression et à une occupation étrangère. Mais est-ce que ça justifie ce que le Hamas a fait ? Jamais de la vie ! Non, non, non et non. Ce que le Hamas a fait ne relève pas de la résistance légitime. Les civils sont des civils et ne devraient jamais être visés, que ce soit par des acteurs étatiques, des militaires ou des groupes armés. Ce qu’a fait le Hamas est épouvantable.

      Concrètement, qu’aurait dû faire Israël ?
      Israël était autorisé à repousser l’attaque, à arrêter ou à neutraliser ceux qui devaient être repoussés. Dans le même temps, Israël aurait dû demander aux Nations unies de l’aider à démilitariser le Hamas, parce que c’est une cible militaire légitime, tout en réclamant une enquête pour que les auteurs soient traduits en justice. C’est ce que dit le droit international.

      En parlant de l’ONU, le secrétaire général Antonio Guterres s’est attiré les foudres d’Israël en disant que les événements du 7 octobre ne venaient pas de nulle part. Dans l’un de vos rapports, vous soulignez que la Cisjordanie, au même titre que Gaza, est une prison à ciel ouvert pour les Palestiniens.
      L’entier du territoire palestinien est une prison, contrôlée de l’intérieur par Israël, un panoptique. Mon rapport, présenté en juillet devant le Conseil des droits de l’homme, porte sur la privation arbitraire de liberté. Il montre ce que veut dire vivre sous un régime d’occupation, où l’occupant est là pour coloniser le territoire. Le nombre de personnes arrêtées et détenues — y compris des enfants de 12 ans — arrachées au milieu de la nuit au confort de leur lit est immense. Depuis 1967, environ 800’000 Palestiniens ont été arrêtés et détenus par Israël sur la base d’une loi martiale, écrite par des militaires, appliquée par des soldats qui se considèrent en guerre avec la population locale. Les décisions sont ensuite rendues par des cours militaires. C’est ça, la réalité : il n’y a pas de vie civile pour les Palestiniens.

      « La plupart des enfants arrêtés par Israël le sont parce qu’ils jettent des cailloux sur des tanks »Francesca Albanese

      Concrètement, qu’est-ce que ça représente ?
      Si vous êtes Palestinien, vous pouvez par exemple vous faire arrêter si vous participez à un rassemblement politique de plus de dix personnes non autorisé par l’armée. Ce qui peut mener à dix ans en prison. Encore davantage si vous êtes associé à une organisation qu’Israël considère comme hostile. Or Israël considère comme hostile des partis politiques palestiniens et des associations philanthropiques. Même les organisations de défense des droits humains les plus reconnues sont considérées comme terroristes.

      Pourquoi des enfants sont-ils arrêtés ?
      La plupart des enfants arrêtés par Israël le sont parce qu’ils jettent des cailloux sur des tanks. Je ne dis pas que lancer des cailloux est un geste gentil. Mais la réalité du terrain montre qu’un enfant peut être arrêté chez lui au milieu de la nuit par 25 soldats armés. L’ONG israélienne de vétérans Breaking The Silence dit que l’armée le fait pour terroriser une population entière.

      Que se passe-t-il ensuite ?
      Ensuite, ces enfants sont placés en isolement, maltraités et même torturés, selon l’ONG Save The Children. C’est féroce.

      « Il est impossible de dire que la population gazaouie jouit d’une quelconque liberté ou qu’elle soutient le Hamas »Francesca Albanese

      Que fait l’Autorité palestinienne ?
      Dans les faits, l’Autorité palestinienne contrôle tout au plus les municipalités de Cisjordanie, pas le reste du territoire (ndlr : sous contrôle militaire israélien).

      Quid du Hamas ?
      Le Hamas fait aussi partie du problème parce qu’il gère la bande de Gaza de manière très autoritaire. La jeunesse de Gaza a essayé durant les printemps arabes et à d’autres moments de se révolter et de renverser le Hamas. Pour obtenir un régime plus démocratique et pour s’unifier avec ceux qui vivent en Cisjordanie. Sans succès. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que le Hamas est une coconstruction d’Israël.

      Pourriez-vous développer ?
      Dans les années 1980, et probablement encore avant, le Hamas — une extension des Frères musulmans qui gouvernent comme des religieux — était fortement soutenu par les Israéliens dans le but de créer une faille au sein de la population palestinienne, traditionnellement laïque. Aujourd’hui, il est impossible de dire que la population gazaouie jouit d’une quelconque liberté ou qu’elle soutient le Hamas. Alors pourquoi punir une population entière pour les actes du Hamas ?

      Israël demande l’évacuation du nord de la bande de Gaza. Qu’est-ce que c’est si ce n’est pas du nettoyage ethnique ?Francesca Albanese

      Depuis le début de votre mandat, vous n’hésitez pas à parler de crimes de guerre commis par Israël.
      Je cite souvent ce chiffre : durant mon mandat, avant le 7 octobre, 60 Israéliens avaient été tués, contre 460 Palestiniens. Cette violence est caractéristique de la présence militaire et civile israélienne sur territoire palestinien. Depuis 1967, le Conseil de sécurité de l’ONU demande à Israël de s’en retirer. Non seulement Israël ne l’a pas fait, mais il a renforcé sa présence et a commencé à construire des colonies. Il y a actuellement 300 colonies illégales en Cisjordanie. Chacune de ces colonies est un crime de guerre.

      Pourquoi ?
      Parce que c’est un transfert de population civile de la force occupante vers le territoire occupé. Ce qui a mené à des confiscations de territoire et à des déplacements forcés de la population palestinienne.

      C’est pour cela que vous parlez de nettoyage ethnique ?
      Jusqu’ici, la population palestinienne a été déplacée en masse à deux reprises. Entre 1947 et 1949, 750’000 Palestiniens ont été déplacés et n’ont jamais été autorisés à revenir. En 1967, 350’000 Palestiniens ont été chassés de Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem Est, et n’ont jamais eu le droit de revenir. Et maintenant, ça continue : Israël demande l’évacuation du nord de la bande de Gaza. Qu’est-ce que c’est si ce n’est pas du nettoyage ethnique ?

      Et ces derniers temps ?
      Pendant que nous discutons, des communautés entières, des bergers et des Bédouins sont déplacés de force par des colons violents et armés. C’est une réalité depuis des années en territoire palestinien. Donc les Palestiniens font face à la violence de l’occupation, qui est ségrégationniste et avide de nouveaux territoires, mais aussi à celles commises par les soldats et les colons armés. Sans parler de la violence des attaques méthodiques sur Gaza. N’oublions pas que Gaza a été violemment bombardée en 2008, 2012, 2014, 2021 et 2022. La guerre de 2023 est une guerre sans commune mesure : plus de 8000 morts annoncés, dont 3500 enfants.

      « Ce dualisme légal est la colonne vertébrale d’un apartheid qui se traduit par des abus, de la violence et des humiliations quotidiennes »Francesca Albanese

      Vous parlez ouvertement de ségrégation. Parleriez-vous d’apartheid ?
      L’allégation d’apartheid est rejetée par certains États membres des Nations unies, qui font preuve de myopie stratégique pour des raisons politiques. Mais dans les territoires occupés, les Palestiniens évoluent sous la législation militaire alors que les colons, installés illégalement, répondent de la loi civile. C’est injustifiable. Ce dualisme légal est la colonne vertébrale d’un apartheid qui se traduit par des abus, de la violence et des humiliations quotidiennes. Je parle aussi de ségrégation parce que les Palestiniens sont séparés et isolés dans des enclaves. Gaza en est l’exemple le plus extrême. Mais même en Cisjordanie on compte 400 kilomètres de routes où les Palestiniens n’ont pas le droit d’aller, des barrières, des murs, des colonies fermées, des bases militaires, … Et puis, il y a la bureaucratie de l’occupation : une autre forme de confinement invisible pour les Palestiniens.

      Vous voulez parler des permis…
      Les Palestiniens ne peuvent rien faire sans la permission de l’armée. Ils ne peuvent pas construire une maison ou une école, ne peuvent pas travailler, cultiver leurs terres. Et ils sont continuellement surveillés et contrôlés à travers des systèmes d’intelligence artificielle et de surveillance numérique. C’est une prison hautement surveillée. Et un apartheid.

      Le terme de « génocide » est utilisé pour qualifier l’opération militaire d’Israël à Gaza, notamment par le président brésilien de gauche Lula. Est-ce un abus de langage ?
      J’ai lu la lettre signée par plus de 800 chercheurs et experts spécialisés dans l’étude de l’Holocauste et des génocides. Le 15 octobre, alors que le nombre de morts était bien inférieur à celui d’aujourd’hui, ils avertissaient sur le risque de génocide. Ils utilisent ce mot notamment parce qu’ils constatent le langage utilisé par les leaders israéliens. Les Palestiniens sont traités d’animaux. Naftali Bennett (ndlr : à la tête du parti nationaliste israélien Yamina) a même dit qu’il n’y avait pas de civils à Gaza. Les crimes les plus atroces commencent par la déshumanisation et ce genre de langage. Ce qui est en train de se passer est clairement dangereux. Et je comprends que ces chercheurs et le président Lula, comme d’autres, aient utilisé ce mot. Je suis inquiète.

      Mais vous, vous utiliseriez ce mot ?
      Je veux mener une enquête factuelle sur le terrain. Mais je souligne que le nombre de personnes tuées à Gaza a déjà dépassé celui de Srebrenica (ndlr : où 8372 Bosniaques avaient été massacrés en 1995 par les forces armées serbes de Bosnie), sans même compter les 4200 Palestiniens tués à Gaza dans les cinq guerres précédentes (ndlr : depuis 2008) ou ceux qui ont été tués durant la Grande marche du retour en 2018, manifestation largement pacifique à la frontière avec Israël. La situation est très, très, très sérieuse.

      Parlons de votre job. Vous n’êtes pas autorisée à entrer en territoires occupés puisque Israël vous l’interdit…
      C’était la même chose pour mes prédécesseurs Michael Link, Makarim Wibisono et Richard Falk. Ce dernier avait même été arrêté alors qu’il était en chemin pour les territoires occupés. Tout ceci dépasse les prérogatives d’une force d’occupation. Ceci dit, Israël ne délivre pas non plus de visas au staff international du Haut-Commissariat aux droits de l’homme.

      « Il y a eu une campagne publique et diffamatoire contre moi au début de mon mandat, qui s’est intensifiée au fil des ans »Francesca Albanese

      Comment travaillez-vous dans ces circonstances ?
      J’ai vécu sur place par le passé, j’ai une connaissance assez spécifique du terrain. J’ai notamment travaillé comme avocate pour l’UNRWA (ndlr : Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens au Proche-Orient). Et même après avoir quitté l’ONU, j’y suis retournée en tant que chercheuse. Depuis le début de mon mandat de rapporteuse spéciale, j’ai approché, de manière créative, tous les acteurs concernés sur le terrain. Les autorités israéliennes n’ont pas donné suite, mais j’ai, disons, des contacts plus informels avec des officiels. Je suis aussi en contact quotidien avec les associations de défense des droits humains, tant israéliennes que palestiniennes. J’ai aussi organisé des groupes de discussion en ligne, réunissant des centaines de personnes, des victimes et des experts. Pour mon rapport sur les enfants, j’ai interviewé des jeunes en Cisjordanie — à Masafer Yatta, à Jérusalem, à Hébron — et dans différentes parties de Gaza. Je ne sais même pas si ces gamins sont encore en vie.

      Vous subissez des pressions ?
      Israël et les sources pro-israéliennes disqualifient mon travail parce qu’ils me considèrent comme biaisée. Alors qu’ils me montrent ce qui est faux dans mes rapports et essayons ensemble de travailler à la construction d’une meilleure réalité pour les Palestiniens et les Israéliens, qui ont le droit de vivre en paix et dans la dignité, en bénéficiant de tous leurs droits. Il y a eu une campagne publique et diffamatoire contre moi au début de mon mandat, qui s’est intensifiée au fil du temps. Des mensonges, comme l’allégation selon laquelle je serais antisémite. Une allégation d’ailleurs rejetée par de nombreux chercheurs juifs de renom, qui ont pris ma défense sans même me connaître. On m’accuse aussi d’inciter à la violence simplement parce que je dis que la situation est si essentiellement violente qu’elle va forcément générer de la violence en retour. Ce sont de vieilles tactiques pour détourner l’attention de la réalité du terrain.

      « Je ne crois pas qu’exclure Israël de l’ONU serait nécessairement la meilleure option »Francesca Albanese

      On tire sur la messagère ?
      Oui, mais la messagère a le cuir solide.

      Est-ce que l’ONU sert encore à quelque chose aujourd’hui ? Personne ne semble l’écouter…
      C’est une question légitime et j’aurais aimé pouvoir amener une réponse positive. Mais je crois que nous avons atteint le point de rupture. Ce n’est pas seulement que les Nations unies ne sont pas écoutées. C’est qu’il y a un schisme au sein de l’ONU. Regardez le vote de l’Assemblée générale sur le cessez-le-feu. L’Assemblée générale a dû se réunir en urgence parce que le Conseil de sécurité n’a pas été capable de se mettre d’accord sur une résolution qui condamnait les événements du 7 octobre et qui appelait toutes les parties à se montrer responsables et à observer un cessez-le-feu pour laisser entrer l’aide humanitaire. Tout cela à cause du véto des États-Unis.

      Vous êtes précisément aux Etats-Unis en ce moment. Comment percevez-vous le débat politique autour de cette question ?
      En ce moment, c’est un anathème d’appeler à un cessez-le-feu parce qu’on considère que ce serait limiter le droit à la légitime défense d’Israël.

      Selon vous, est-ce qu’Israël, qui rejette les résolutions des Nations unies à son encontre, a toujours sa place au sein des Nations unies ?
      Je ne crois pas qu’exclure Israël serait nécessairement la meilleure option. Beaucoup de membres ont des bilans catastrophiques en matière de droits humains. Personne n’est complètement blanc. Reste que, selon moi, il devrait y avoir plus de pression pour qu’Israël respecte le droit international. Mais aujourd’hui, Israël affiche son orgueil au grand jour. L’ambassadeur israélien a demandé la démission du secrétaire général de l’ONU parce qu’il a dit qu’il fallait replacer les attaques du Hamas dans un contexte, qui est indiscutable et documenté. Celui d’un apartheid.

  • Mediterranea denuncia il Governo: «Ci ordinarono di deportare le persone in Libia»
    https://www.meltingpot.org/2023/11/mediterranea-denuncia-il-governo-ci-ordinarono-di-deportare-le-persone-i

    Illegittima fu la pretesa del Governo Italiano di consegnare alle “autorità libiche” le 69 persone soccorse a bordo e illegittime sono la sanzione e il fermo che ha colpito la Mare Jonio. È stato depositato venerdì 3 novembre al Tribunale di Trapani il ricorso contro i ministeri degli Interni, delle Infrastrutture e Trasporti, e dell’Economia e Finanze finalizzato a ottenere la cancellazione del verbale di “fermo amministrativo nave”, notificato al Comandante e all’armatore della Mare Jonio lo scorso 18 ottobre. Lo comunica Mediterranea Saving Humans che illustra i motivi del ricorso redatto dalle avvocate Cristina Laura Cecchini, Giulia Crescini (...)

    #Notizie #In_mare #Redazione #Approfondimenti #Francesca_Reppucci

  • Diritti umani in Palestina. La presentazione in Italia del primo rapporto della Relatrice speciale delle Nazioni Unite, #Francesca_Albanese

    In questo dossier -disponibile in formato digitale e scaricabile gratuitamente- abbiamo raccolto gli atti del convegno organizzato a Roma il 13 gennaio 2023 per presentare anche in Italia il primo rapporto della Relatrice speciale delle Nazioni Unite sulla situazione dei diritti umani nei Territori palestinesi occupati dal 1967, Francesca Albanese.

    Si tratta di contributi di straordinaria importanza, lampi di coraggio, onestà intellettuale e documentata informazione nel buio più tetro che caratterizza invece il dibattito pubblico italiano sulla questione. Perché sì, nel nostro Paese si fa una fatica bestiale a parlare della Palestina e della situazione dei diritti umani nei Territori occupati dal 1967. A farlo in maniera seria, approfondita, libera.

    Per noi di Altreconomia, invece, è stato e continua a essere importantissimo farlo. Ci tenevamo a organizzare il convegno in Parlamento, nella casa di tutte le cittadine e i cittadini. Non smetteremo perciò di ringraziare il senatore Tino Magni, che da subito ha raccolto la proposta e l’ha difesa, con coraggio. Grazie naturalmente alle relatrici e ai relatori, ad Amnesty International Italia e ad Anna Maria Selini per la moderazione.

    Questo lavoro è dedicato a Jana Zakarneh, ragazza di 16 anni uccisa dall’esercito israeliano mentre era sul tetto di casa a Jenin, l’11 dicembre 2022. L’anno più letale in Cisgiordania da quando, nel 2005, le Nazioni Unite hanno iniziato sistematicamente a contare le vittime.

    https://www.youtube.com/watch?v=eM1SLhtdw_c&embeds_euri=https%3A%2F%2Faltreconomia.it%2F&feature=em


    https://altreconomia.it/prodotto/dossier-palestina

    #droits_humains #droits_fondamentaux #Palestine #rapport #nations_unies

  • Efféminons-nous
    https://laviedesidees.fr/Effeminons-nous.html

    À propos de : Marie-Frédérique Pellegrin, Pensées du corps et différences des sexes à l’époque moderne. #Descartes, Cureau de la Chambre, Poulain de la Barre et Malebranche, Lyon, ENS Éditions,. La #Philosophie moderne à partir de Descartes possède des ressources insoupçonnées pour penser la question du sexe et du genre : il est possible de les exploiter encore aujourd’hui, montre Marie-Frédérique Pellegrin.

    #Société #féminisme #femmes
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/202206_pellegrin-2.docx

    • Excellente idée !

      Il faudrait inviter en France #Angela_Ferraro et #Francesca_Francoeur de l’Université Laval (Québec, Canada), dés qu’elles auront fait le tour des commissariats de la SQ, Sécurité Canada, afin que ses policiers cognent un peu moins fort sur les Canadiennes et Canadiens, et las habitant.e.s de Laval, banlieu pauvre.
      N’oublions pas le les actions des valeureux membres de la police canadienne envers les membres des Nations autochtones, entre autres.

      En France, ces deux universitaires feraient la tournée des commissariats, et de nos élus afin de féminiser les moeurs qui y règnent, aprés avoir discuté avec madame #élisabeth_borne.
      – Gazage aux lacrymogènes des voyageurs dont les trains sont en retard.
      – Cartons sur les automobilistes et autres.
      – Traitement des migrants.
      – Oeils crevés en membre arrachés des manifestantes et manifestants.
      – Mépris total, sans distinction de sexe, de la population du pays, la France, et d’ailleurs.

      N’oublions pas une tournée dans les éhpad français, afin d’expliquer qu’un seul pépito pour dessert, c’est assez peu, c’est même du violent.

      Que ces 2 dames ne s’attardent pas trop dans les diners des beaux quartiers parisiens, on y fait parfois de mauvaises rencontres.

      Qu’elles ensuite fassent un détour par l’Ukraine, afin de faire quelques conférences aux 6 millions de réfugiés ukrainiens

  • #Sangue_giusto. #Francesca_Melandri

    Roma, agosto 2010. In un vecchio palazzo senza ascensore, Ilaria sale con fatica i sei piani che la separano dal suo appartamento. Vorrebbe solo chiudersi in casa, dimenticare il traffico e l’afa, ma ad attenderla in cima trova una sorpresa: un ragazzo con la pelle nera e le gambe lunghe, che le mostra un passaporto. «Mi chiamo Shimeta Ietmgeta Attilaprofeti» le dice, «e tu sei mia zia.» All’inizio Ilaria pensa che sia uno scherzo. Di Attila Profeti lei ne conosce solo uno: è il soprannome di suo padre Attilio, un uomo che di segreti ne ha avuti sempre tanti, e che ora è troppo vecchio per rivelarli. Shimeta dice di essere il nipote di Attilio e della donna con cui è stato durante l’occupazione italiana in Etiopia. E se fosse la verità? È così che Ilaria comincia a dubitare: quante cose, di suo padre, deve ancora scoprire? Le risposte che cerca sono nel passato di tutti noi: di un’Italia che rimuove i ricordi per non affrontarli, che sopravvive sempre senza turbarsi mai, un Paese alla deriva diventato, suo malgrado, il centro dell’Europa delle grandi migrazioni.Con Sangue giusto Francesca Melandri si conferma un’autrice di rara forza e sensibilità. Il suo sguardo, attento e profondissimo, attraversa il Novecento e le sue contraddizioni per raccontare il cuore della nostra identità.

    https://rizzoli.rizzolilibri.it/libri/sangue-giusto
    #livre #littérature #Italie_coloniale #migrations #colonialisme #corne_d'Afrique #colonisation #histoire #fascisme #roman

    –—

    ajouté à la métaliste sur le colonialisme italien :
    https://seenthis.net/messages/871953
    Et plus précisément ici :
    https://seenthis.net/messages/871953#message900659

    • Le livre Sangue giusto a été traduit en français avec le titre

      Tous, sauf moi

      2010, Rome. Ilaria, la quarantaine, trouve sur le seuil de sa porte un jeune Éthiopien qui dit être à la recherche de son grand-père, Attilio Profeti. Or c’est le père d’Ilaria. À quatre-vingt-quinze ans, le patriarche de la famille Profeti est un homme à qui la chance a toujours souri : deux mariages, quatre enfants, une réussite sociale éclatante. Troublée par sa rencontre avec ce migrant qui déclare être son neveu, Ilaria commence à creuser dans le passé de son père.
      À travers l’enquête d’Ilaria qui découvre un à un les secrets sur la jeunesse de son père, Francesca Melandri met en lumière tout un pan occulté de l’histoire italienne : la conquête et la colonisation de l’Éthiopie par les chemises noires de Mussolini, de 1936 à 1941 – la violence, les massacres, le sort tragique des populations et, parfois, les liens qu’elles tissent avec certains colons italiens, comme le fut Attilio Profeti.
      Dans ce roman historique où l’intime se mêle au collectif, Francesca Melandri apporte un éclairage nouveau sur l’Italie actuelle et celle des années Berlusconi, dans ses rapports complexes avec la période fasciste. Naviguant habilement d’une époque à l’autre, l’auteur nous fait partager l’épopée d’une famille sur trois générations et révèle de façon bouleversante les traces laissées par la colonisation dans nos sociétés contemporaines.

      http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Du-monde-entier/Tous-sauf-moi
      #Tous_sauf_moi

    • « Tous, sauf moi », le roman qui met l’Italie face à son héritage colonial

      Francesca Melandri dynamite la #mémoire sélective entretenue sur le passé impérial de l’Italie en Afrique. Son dernier livre pulvérise les couches de silence accumulées depuis l’ère fasciste et combat le révisionnisme historique des années Berlusconi.

      Le roman s’ouvre en 2012 à Rome, sur le décès d’un vieillard de 97 ans. « Tous, sauf moi » était le mantra d’Attilio Profeti, obsédé par l’idée d’être le dernier de sa génération à quitter ce bas monde. Depuis bien longtemps, les enfants issus de sa double vie avaient découvert leur existence mutuelle. Mais cela ne faisait que deux ans que sa fille Illaria avait vu débarquer sur son palier un certain Shimeta Ietmgeta Attilaprofeti. Venu d’Éthiopie, celui-ci s’était présenté comme son neveu, c’est-à-dire le petit-fils dudit vieillard, à la mémoire déjà trop effilochée pour confirmer quoi que ce soit.

      Ce point de départ fournit le prétexte à une investigation filiale qui tient le lecteur en haleine pendant plus de 500 pages facilement dévorées, en lui faisant remonter le temps jusqu’à cent ans en arrière. Dans cet ouvrage publié en 2019, à (re)découvrir dans les librairies déconfinées, l’écrivaine Francesca Melandri enchevêtre plusieurs récits de vie qui éclairent de manière sensible l’histoire récente de l’Italie. Sa prose alterne subtilement entre l’empathie pour ses personnages, un humour féroce, des descriptions cliniques et quelques rebondissements surprises.

      On suit ainsi le long parcours d’Attilio Profeti, fils d’un cheminot étranger aux idées fascistes, dont l’enfance sera néanmoins tout entière marquée par le régime de Mussolini. Engagé en Éthiopie, dont la conquête en 1936 fit beaucoup pour l’adhésion populaire au nouveau régime, il y laissera une femme et une progéniture qu’il ne reconnaîtra jamais, au contraire de certains compagnons « ensablés », émigrés ou anciens soldats jamais repartis du pays. Beau et chanceux, il trouvera après la guerre un protecteur auprès de qui bénéficier des nombreux avantages d’une démocratie chrétienne hégémonique et corrompue.

      Avec sa fille Illaria, une femme indépendante ayant grandi pendant la dégénérescence du système de partis de la Première République, voilà le lecteur plongé dans les années Berlusconi, cauchemardesques pour quiconque ayant conservé des idéaux de gauche, ou tout simplement une haute idée de l’action publique. Son enquête l’incitant à s’accommoder avec les principes moraux qu’elle s’était fixés, Illaria voit s’échapper son fantasme de rester imperméable au climat d’abaissement et de compromission encouragé par le magnat transalpin des médias.

      Motivée par une oppression politique bien plus directe et brutale, l’odyssée du jeune Éthiopien jusqu’à Rome fait écho aux tragédies migratoires vécues ces dernières années entre la Corne de l’Afrique et les côtes européennes, en passant par le Soudan et la Libye. « Qu’est-ce qu’une frontière au milieu du désert ?, lit-on au commencement de son parcours éprouvant. Une ligne invisible au-delà de laquelle il y a ceux qui te frappent, ceux qui te donnent à boire, ceux qui volent ton argent et ceux qui font un peu tout ça à la fois. Ou bien encore, là où il n’y a plus personne parce que le chauffeur a perdu la piste et alors on meurt. »

      La grande réussite de Melandri est de ne pas dérouler ces récits en silos, mais de les faire résonner les uns avec les autres. Elle nous fait ainsi découvrir, ou mieux entendre, les échos du passé impérialiste italien dans la vie politique contemporaine, par exemple lors de la réception de Kadhafi par Berlusconi en 2010. En reliant par la fiction des destins individuels, la romancière réunit dans le même geste des fragments d’histoire nationale artificiellement séparés – et surtout excessivement négligés – dans la mémoire collective.

      C’est en effet l’impensé colonial de son pays (lire l’article de Ricardo Antoniucci) que Melandri met au jour, dans une sorte de forage impitoyable de la psyché nationale. Elle le fait sans ménagement, n’épargnant pas au lecteur les récits atroces – sans être gratuits – des violences sexuelles et crimes de guerre commis par l’armée italienne. Sur la base d’une documentation solide, et avec les armes d’un art populaire, elle entreprend de défaire les couches de silence qui ont enveloppé cette histoire qui n’a rien eu d’anecdotique.

      Par honte, peur de la justice ou déni psychologique, les « revenants » d’Abyssinie avaient été avares de témoignages : « Tous se taisaient. Chacun de ces petits ruisseaux de silence confluait avec le grand fleuve des omissions officielles, qui, à son tour, alimentait la grande mer de la propagande sur l’Afrique orientale. »

      Une fois le fascisme vaincu, la reconstruction mémorielle du pays a débouché sur le mythe d’un pays victime d’un phénomène politique aberrant : « Tout ce qui, à tort ou à raison, était associé au fascisme était considéré comme un corps étranger, une parenthèse, une déviation du vrai cours de l’histoire de la patrie, celui qui reliait l’héroïsme du Risorgimento à celui de la Résistance. L’Italie était un ancien alcoolique qui, comme tout nouvel adepte de la sobriété, ne voulait pas être confondu avec le comportement qu’il avait eu lors de sa dernière cuite. »

      Tout en rappelant que l’entreprise coloniale a été lancée plus de vingt ans avant l’avènement du régime mussolinien, Melandri insiste sur la centralité de l’impérialisme dans le fascisme italien. Elle s’inscrit dans le sillage de réflexions similaires menées dans le champ académique, comme chez Marie-Anne Matard-Bonucci. Dans un ouvrage important, Totalitarisme fasciste, celle-ci insiste sur le fait que le culte de la violence se situait bien au cœur du mouvement puis du régime politique de Mussolini (voir notre entretien vidéo).

      « Pour le pouvoir fasciste, écrit l’historienne, la terreur [dans les colonies] n’était pas une dérive, mais une façon de faire de la politique. » Un chapitre entier de son ouvrage est d’ailleurs consacré à la propagande viriliste déployée en arrière-fond des conquêtes coloniales, dans lequel elle explique comment le « spectre du métissage », signe d’une radicalisation raciste du régime, a finalement débouché sur une réglementation stricte de la sexualité en terrain colonial.

      Or, c’est précisément dans cette torsion idéologique que s’inscrit la biographie inventée d’Attilio Profeti : adolescent contemplant des cartes postales de corps animalisés et « exotisés », soldat parmi ceux confrontés à leur disponibilité au cours d’une conquête militaire les ayant transformés en proies faciles, amoureux préférant délaisser l’objet de sa fascination plutôt que d’hypothéquer son avenir au sein d’un régime ne tolérant pas l’altération du pur sang italien.

      À plusieurs reprises, dans les pages les plus contemporaines, la romancière étrille le révisionnisme historique encouragé par Berlusconi et ses alliés de droite dès leur arrivée au pouvoir. Comme l’a montré un autre historien, Olivier Forlin, les années 1990 ont de fait été le moment d’une « relativisation de l’héritage fasciste » et d’une mise en équivalence douteuse entre partisans et fascistes pendant la guerre civile de 1943-45, présentée comme un moment regrettable de division nationale.

      De façon plus générale, c’est la dégénérescence morale incarnée par Berlusconi dont témoignent les personnages du roman. Parmi eux, l’amant d’Illaria, Piero Casati, est décrit comme un élu « entré en politique avec une idée d’efficacité conservatrice [...] ; où les excès des hommes d’État de la Première République seraient corrigés par un peu de marché sain, par l’allègement de la lourdeur du fonctionnement de l’administration », mais qui se retrouve plongé dans « un climat de Bas-Empire, de foire d’empoigne, avec des rats dans la soute qui rongent les dernières croûtes avant que le bateau ne s’écrase sur les rochers ».

      Les adversaires de centre-gauche de Berlusconi ne sont pour autant pas épargnés dans le roman. À plusieurs occasions, Melandri souligne leur responsabilité partagée dans l’absence de travail mémoriel satisfaisant, et dans la mise en œuvre de lois désastreuses pour la dignité et l’intégrité physique des migrants ayant tenté leur chance depuis l’autre côté de la Méditerranée.

      Épique et subtil autant qu’éprouvant, Tous, sauf moi s’inscrit dans un mouvement de pluralisation de la mémoire italienne, que d’autres romanciers et chercheurs ont lancé à la lumière d’une histoire impériale réévaluée. L’originalité de Melandri est de montrer en quoi le legs colonial pèse encore dans l’inconscient, les représentations et les affects contemporains. Il est heureux que les lectrices et lecteurs français y aient aujourd’hui accès, deux ans après sa parution en Italie.

      https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/010620/tous-sauf-moi-le-roman-qui-met-l-italie-face-son-heritage-colonial
      #impensé_colonial

    • “I wanted to become an Abyssinian”: Rewriting Indro Montanelli’s memories of colonial Africa in Francesca Melandri’s Sangue giusto (2017)

      This article focuses on journalist Indro Montanelli’s memories of Destà/Fatìma or Fatuma, the 12-year-old child he bought as his “wife” while he was a volunteer in the 1935 Italo-Ethiopian war, and on a colonial narrative echoing his story in the 2017 novel Sangue giusto by Francesca Melandri. It considers the roles of race, gender, sexuality, and national memory in the texts, moving from the debate around the monument dedicated to the prominent journalist in the city of Milan to the analysis of the power dynamics in the novel. John Akomfrah’s notion of memory as “a deconstructive gesture against white mythologies” and Aimé Césaire’s and Michel Foucault’s idea of memory as counter-cartography are used to analyse both Montanelli’s recollections of Destà and the relationship between Attilio Profeti, the main character of Melandri’s novel, and Ababa, the girl he turned into his servant and lover during the fascist occupation of Ethiopia.

      https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/17449855.2022.2158359

  • L’oublieuse mémoire coloniale italienne

    Commencée avant le fascisme, galvanisée par Mussolini, la colonisation par l’Italie de la Libye, de la Somalie et de l’Ethiopie fut marquée par de nombreuses atrocités,loin du mythe d’une occupation douce. Longtemps refoulés, ces souvenirs commencent à ressurgir

    Tout commence dans le centre de Rome, sur l’Esquilin, la plus haute des sept collines antiques. Plus précisément dans la cage d’escalier d’un immeuble sans ascenseur, situé à deux pas de la piazza Vittorio. Dans ce quartier à deux pas de la gare Termini, les prix de l’immobilier sont beaucoup plus modestes que dans le reste du centre, si bien que l’Esquilin est devenu, depuis une vingtaine d’années, un lieu de concentration de l’immigration africaine et asiatique, ce qui n’est pas sans provoquer des tensions le squat, occupé depuis 2003 par les militants néofascistes de CasaPound, est juste à côté.

    C’est donc là, en rentrant chez elle, épuisée, dans la touffeur d’une après-midi de fin d’été 2010, qu’Ilaria Profeti se retrouve nez à nez avec un jeune homme arrivé d’Ethiopie par la route des migrants. Dans un italien presque sans accent, celui-ci lui assure, documents à l’appui, qu’il est le petit-fils de son père, Attilio, un homme de 95 ans qui est resté, sa longue vie durant, plus que discret sur ses jeunes années de « chemise noire » fasciste, en Abyssinie.

    Levons toute ambiguïté : la scène qui vient d’être décrite est tout à fait vraisemblable, mais elle est issue d’une oeuvre de fiction. Il s’agit en réalité des premières pages d’un roman, le superbe Tous, sauf moi (Sangue giusto), de Francesca Melandri (Gallimard, 2019), qui dépeint avec une infinie subtilité les angles morts de la mémoire coloniale italienne. Le fil conducteur de la narration est le parcours sinueux d’un vieil homme dont le destin finalement assez ordinaire a valeur d’archétype.

    Issu d’un milieu plutôt modeste, Attilio Profeti a su construire à sa famille une position plutôt enviable, en traversant le mieux possible les différents mouvements du XXe siècle. Fasciste durant sa jeunesse, comme l’immense majorité des Italiens de son âge, il est parti pour l’Ethiopie, au nom de la grandeur impériale. Après la chute de Mussolini et la fin de la guerre, il parviendra aisément à se faire une place au soleil dans l’Italie du miracle économique, jouant de son physique avantageux et de ses amitiés haut placées, et enfouissant au plus profond de sa mémoire le moindre souvenir de ses années africaines, les viols, les massacres, les attaques chimiques. C’est ce passé, refoulé avec une certaine désinvolture, qui revient hanter ses enfants, trois quarts de siècle plus tard, sous les traits d’un jeune homme d’une vingtaine d’années, arrivé à Rome après une interminable traversée.

    Comme l’héroïne de Tous, sauf moi, Francesca Melandri vit sur l’Esquilin, au dernier étage d’un immeuble à la population mélangée. Et à l’image d’Ilaria, c’est sur le tard qu’elle a découvert ce pan escamoté de l’histoire italienne. « Quand j’étais à l’école, on ne parlait pas du tout de ce sujet-là, confie-t-elle depuis sa terrasse dominant les toits de la ville. Aujourd’hui ça a changé, il y a eu une prise de conscience, et de nombreux travaux universitaires. Pourtant cette histoire n’est jamais rappelée par les médias. Lorsqu’on parle du dernier attentat à la bombe à Mogadiscio, qui se souvient des liens entre Italie et Somalie ? Quand des bateaux remplis de migrants érythréens sont secourus ou coulent avant d’être sauvés, qui rappelle que l’Erythrée, nous l’appelions "l’aînée des colonies" ? »

    Le plus étrange est qu’à Rome, les traces du passé colonial sont légion, sans que personne n’ait jamais pensé à les effacer. Des stèles près desquelles personne ne s’arrête, des bâtiments anonymes, des noms de rue... rien de tout cela n’est explicité, mais tout est à portée de main.

    Comprendre les raisons de cette occultation impose de revenir sur les conditions dans lesquelles l’ « Empire » italien s’est formé. Création récente et n’ayant achevé son unité qu’en 1870, alors que la plus grande partie du monde était déjà partagée en zones d’influence, le royaume d’Italie s’est lancé avec du retard dans la « course » coloniale. De plus, il ne disposait pas, comme l’Allemagne qui s’engage dans le mouvement à la même époque, d’une puissance industrielle et militaire susceptible d’appuyer ses prétentions.

    Visées impérialistes

    Malgré ces obstacles, l’entreprise coloniale est considérée par de nombreux responsables politiques comme une nécessité absolue, à même d’assurer une fois pour toutes à l’Italie un statut de grande puissance, tout en achevant le processus d’unification du pays nombre des principaux avocats de la colonisation viennent de la partie méridionale du pays. Les visées impérialistes se dirigent vers deux espaces différents, où la carte n’est pas encore tout à fait figée : la Méditerranée, qui faisait figure de champ naturel d’épanouissement de l’italianité, et la Corne de l’Afrique, plus lointaine et plus exotique.

    En Afrique du Nord, elle se heurta vite à l’influence française, déjà solidement établie en Algérie. Ses prétentions sur la Tunisie, fondées sur la proximité de la Sicile et la présence sur place d’une importante communauté italienne, n’empêcheront pas l’établissement d’un protectorat français, en 1881. Placé devant le fait accompli, le jeune royaume d’Italie considérera l’initiative française comme un véritable acte de guerre, et la décennie suivante sera marquée par une profonde hostilité entre Paris et Rome, qui poussera le royaume d’Italie à s’allier avec les grands empires centraux d’Allemagne et d’Autriche-Hongrie plutôt qu’avec sa « soeur latine .

    Sur les bords de la mer Rouge, en revanche, la concurrence est plus faible. La première tête de pont remonte à 1869, avec l’acquisition de la baie d’Assab (dans l’actuelle Erythrée) par un armateur privé, pour le compte de la couronne d’Italie. Cette présence s’accentue au cours des années 1880, à mesure du recul de l’influence égyptienne dans la zone. En 1889, est fondée la colonie d’Erythrée, tandis que se structure au même moment la Somalie italienne. Mais l’objectif ultime des Italiens est la conquête du my thique royaume d’Abyssinie, qui s’avère plus difficile que prévu.

    En 1887, à Dogali, plusieurs centaines de soldats italiens meurent dans une embuscade menée par un chef abyssin, le ras Alula Engida. Cette défaite marque les esprits, mais ce n’est rien à côté de la déconfiture des forces italiennes lors de la bataille d’Adoua, le 1er mars 1896, qui porte un coup d’arrêt durable aux tentatives italiennes de conquête.

    Seul pays africain indépendant (avec le Liberia), l’Ethiopie peut désormais se targuer de devoir sa liberté à une victoire militaire. Le négus Menelik II y gagne un prestige considérable. Côté italien, en revanche, cette défaite est un électrochoc. Ressentie comme une honte nationale, la déroute des troupes italiennes entraîne la chute du gouvernement Crispi et freine durablement l’im périalisme italien.

    Adoua est un tournant. L’historien et ancien sénateur de gauche Miguel Gotor est l’auteur d’une remarquable synthèse sur le XXe siècle italien, L’Italia nel Novecento. Dalla sconfitta di Adua alla vittoria di Amazon (« L’Italie du XIXe siècle. De la défaite d’Adoua à la victoire d’Amazon » Einaudi, 2019, non traduit). Pour lui, c’est là-bas, sur les hauteurs de la région du Tigré, par cette humiliation retentissante, que le XXe siècle italien a commencé.

    L’aventure coloniale italienne s’est ouverte de façon peu concluante, mais l’aspiration à l’empire n’a pas disparu. La décomposition de l’Empire ottoman offrira à Rome une occasion en or, en lui permettant, en 1911-1912, de s’implanter solidement en Cyrénaïque et en Tripolitaine. « Souvent la conquête de ce qui allait devenir la Libye est évacuée un peu vite, mais c’est un moment très important. Pour l’armée italienne, c’est une répétition, un peu comme a pu l’être la guerre d’Espagne, juste avant la seconde guerre mondiale », souligne Miguel Gotor. Ainsi, le 1er novembre 1911, un aviateur italien lâche quatre grenades sur des soldats ottomans, réalisant ainsi le premier bombardement aérien de l’histoire mondiale.

    « La conquête des côtes d’Afrique du Nord est importante, certes, mais la Libye est juste en face de la Sicile, au fond c’est du "colonialisme frontalier". La colonie au sens le plus "pur", celle qui symboliserait le mieux l’idée d’empire, ça reste l’Abyssinie », souligne Miguel Gotor. Aussi les milieux nationalistes italiens, frustrés de ne pas avoir obtenu l’ensemble de leurs revendications territoriales au sortir de la première guerre mondiale, continueront à nourrir le rêve de venger l’humiliation d’Adoua.

    Le fascisme naissant ne se privera pas d’y faire référence, et d’entretenir le souvenir : les responsables locaux du parti se feront appeler « ras », comme les chefs éthiopiens. A partir de la fin des années 1920, une fois le pouvoir de Mussolini solidement établi, les prétentions coloniales deviendront un leitmotiv des discours officiels.

    Aussi la guerre de conquête déclenchée contre l’Ethiopie en 1935 est-elle massi vement soutenue. L’effort est considérable : plus de 500 000 hommes sont mobilisés. Face à un tel adversaire, le négus Haïlé Sélassié ne peut résister frontalement. Le 5 mai 1936, les soldats italiens entrent dans la capitale, Addis-Abeba, et hissent le drapeau tricolore. Quatre jours plus tard, à la nuit tombée, depuis le balcon du Palazzo Venezia, en plein coeur de Rome, Mussolini proclame « la réapparition de l’Empire sur les collines fatales de Rome » devant une foule de plusieurs centaines de milliers de personnes.

    « C’est bien simple, à ce moment-là, en Italie, il est à peu près impossible d’être anti fasciste », résume Miguel Gotor. Dans la foulée de ce succès, le roi Victor-Emmanuel III est proclamé empereur d’Ethiopie ; Benito Mussolini peut désormais se targuer d’avoir bâti un empire. La faillite d’Adoua avait été causée par un régime parle mentaire inefficace et désorganisé ? La victoire de 1936 est due, elle, aux vertus d’une Italie rajeunie et revigorée par le fascisme. La machine de propagande tourne à plein régime, l’assentiment populaire est à son sommet. « Ce moment-là est une sorte d’apogée, et à partir de là, la situation du pays se dégrade, analyse Miguel Gotor. Ar rivent les lois raciales, l’entrée en guerre... tout est réuni pour nourrir une certaine nostalgie de l’épopée éthiopienne. »

    Mécanisme de refoulement

    Le rêve impérial sera bref : il ne survivra pas à la défaite militaire et à la chute du fascisme. L’Ethiopie est perdue en 1941, la Libye quelques mois plus tard... Le traité de Paris, conclu en 1947, met officiellement un terme à une colonisation qui, dans les faits, avait déjà cessé d’exister depuis plusieurs années. Tandis que l’Ethiopie indépendante récupère l’Erythrée, la Libye est placée sous la tutelle de la France et du Royaume-Uni. Rome gardera seulement une vague tutelle sur la Somalie, de 1949 à 1960.

    Le projet d’empire colonial en Méditerranée et en Afrique, qui fut un des ciments de l’assentiment des Italiens à Mussolini, devient associé pour la plupart des Italiens au régime fasciste. L’un et l’autre feront l’objet du même mécanisme de refoulement dans l’Italie de l’après-guerre. Les dirigeants de l’Italie républicaine font rapidement le choix de tourner la page, et ce choix est l’objet d’un profond consensus qui couvre tout le spectre politique (le premier décret d’amnistie des condamnations de l’après-guerre remonte à 1946, et il porte le nom du dirigeant historique du Parti communiste italien Palmiro Togliatti). Les scènes de liesse de la Piazza Venezia ne seront plus évoquées, et avec elles les faces les plus sombres de l’aventure coloniale. Même la gauche transalpine, qui prendra fait et cause pour les mouvements anticoloniaux africains (notamment le FLN algérien) n’insistera jamais sur le versant italien de cette histoire.

    « Cela n’est pas étonnant, la mémoire est un phénomène sélectif, et on choisit toujours, consciemment ou non, ce qu’on va dire à ses enfants ou ses petits-enfants », remarque le jeune historien Olindo De Napoli (université de Naples-Frédéric-II), spécialiste de la période coloniale. « Durant l’immédiat après-guerre, ce sont les témoins qui parlent, ce sont eux qui publient », remarque l’his torien. Ainsi de la collection d’ouvrages L’Italia in Africa éditée sous l’égide du ministère des affaires étrangères, emblématique de la période. « Ces volumes sont passionnants, mais il y a certains oublis, qui vont vite poser des problèmes. »

    Parmi ces « oublis », la question la plus centrale, qui fera le plus couler d’encre, est celle des massacres de civils et de l’usage de gaz de combat, malgré leur interdiction par les conventions de Genève, lors de la guerre d’Ethiopie. Dans les années 1960, les études pionnières d’Angelo Del Boca et Giorgio Rochat mettront en lumière, documents officiels à la clé, ce pan occulté de la guerre de 1935-1936. Ils se heurteront à l’hostilité générale des milieux conservateurs.

    Un homme prendra la tête du mouvement de contestation des travaux de Del Bocaet Rochat : c’est Indro Montanelli (1909-2001), considéré dans les années 1960 comme le journaliste le plus important de sa géné ration. Plume du Corriere della Sera (qu’il quittera pour fonder Il Giornale en 1974), écrivain d’essais historiques à l’immense succès, Montanelli était une figure tutélaire pour toute la droite libérale.

    Comme tant d’autres, il avait été un fasciste convaincu, qui s’était porté volontaire pour l’Ethiopie, et il n’a pris ses distances avec Mussolini qu’en 1943, alors que la défaite était apparue comme certaine. Ra contant « sa » guerre à la tête d’une troupe de soldats indigènes, Montanelli la décrit comme « de longues et belles vacances », et qualifie à plusieurs reprises d’ « anti-Italiens » ceux qui font état de massacres de civils et d’usage de gaz de combat. La polémique durera des années, et le journaliste sera bien obligé d’admettre, à la fin de sa vie, que les atrocités décrites par Rochat et Del Bocaavaient bien eu lieu, et avaient même été expressément ordonnées par le Duce.

    A sa manière, Montanelli incarne parfaitement la rhétorique du « bon Italien » (« Italia brava gente »), qui sera, pour toute une génération, une façon de disculper l’homme de la rue de toute forme de culpabilité collective face au fascisme. Selon ce schéma, contrairement à son allié allemand, le soldat italien ne perd pas son humanité en endossant l’uniforme, et il est incapable d’actes de barbarie. Ce discours atténuant la dureté du régime s’étend jusqu’à la personne de Mussolini, dépeint sous les traits d’un chef un peu rude mais bienveillant, dont le principal tort aura été de s’allier avec les nazis.

    Ce discours trouve dans l’aventure coloniale un terrain particulièrement favorable. « Au fond, on a laissé s’installer l’idée d’une sorte de colonisation débonnaire, analyse Olindo De Napoli, et ce genre de représentation laisse des traces. Pourtant la colonisation italienne a été extrêmement brutale, avant même le fascisme. En Ethiopie, l’armée italienne a utilisé des soldats libyens chargés des basses oeuvres, on a dressé des Africains contre d’autres Africains. Et il ne faut pas oublier non plus que les premières lois raciales, préfigurant celles qui seront appliquées en 1938 en Italie, ont été écrites pour l’Ethiopie... Il ne s’agit pas de faire en sorte que des enfants de 16 ans se sentent coupables de ce qu’ont fait leurs arrière-grands-pères, il est seulement question de vérité historique. »

    Désinvolture déconcertante

    Malgré les acquis de la recherche, pour le grand public, la colonisation italienne reste souvent vue comme une occupation « douce », par un peuple de jeunes travailleurs prolétaires, moins racistes que les Anglais, qui se mélangeaient volontiers avec les populations locales, jusqu’à fonder des familles. L’archétype du colon italien tombant amoureux de la belle Abyssine, entretenu par les mémoires familiales, a lui aussi mal vieilli. Là encore, le parcours d’Indro Montanelli est plus qu’éclairant. Car aujourd’hui, si sa défense de l’armée italienne apparaît comme parfaitement discréditée, ce n’est plus, le concernant, cet aspect de sa vie qui fait scandale.

    En effet, on peut facilement trouver, sur Internet, plusieurs extraits d’entretiens télévisés remontant aux années 1970 et 1980, dans lesquelles le journaliste raconte avec une désinvolture déconcertante comment, en Ethiopie, il a « acheté régulièrement » à son père, pour 350 lires, une jeune fille de 12 ans pour en faire sa femme à plusieurs reprises, il la qualifie même de « petit animal docile », devant un auditoire silencieux et appliqué.

    Célébré comme une gloire nationale de son vivant, Indro Montanelli a eu l’honneur, à sa mort et malgré ces déclarations sulfureuses, de se voir dédié à Milan un jardin public, au milieu duquel trône une statue de lui. Au printemps 2019, cette statue a été recouverte d’un vernis de couleur rose par un collectif féministe, pour rappeler cet épisode, et en juin 2020, la statue a de nouveau été recouverte de peinture rouge, en lointain écho au mouvement Black Lives Matter (« les vies noires comptent ») venu des Etats-Unis.

    Indro Montanelli mérite-t-il une statue dans l’Italie de 2021 ? La question a agité les journaux italiens plusieurs jours, au début de l’été, avant que la polémique ne s’éteigne d’elle-même. Pour fondée qu’elle soit, la question semble presque dérisoire eu égard au nombre de témoignages du passé colonial, rarement explicités, qui subsistent un peu partout dans le pays.

    Cette situation n’est nulle part plus visible qu’à Rome, que Mussolini rêvait en capitale d’un empire africain. L’écrivaine italienne Igiaba Scego, née en 1974 de parents réfugiés somaliens, y a dédié un passionnant ouvrage, illustré par les photographies de Rino Bianchi (Roma negata, Ediesse, réédition 2020, non traduit).

    Passant par la stèle laissée à l’abandon de la piazza dei Cinquecento, face à la gare Termini, dont la plupart des Romains ignorent qu’elle a été baptisée ainsi en mémoire des 500 victimes italiennes de l’embuscade de Dogali, ou l’ancien cinéma Impero, aujourd’hui désaffecté, afin d’y évoquer l’architecture Art déco qui valut à la capitale érythréenne, Asmara, d’être classée au patrimoine de l’Unesco, la romancière fait une station prolongée devant le siège romain de la FAO (l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), construit pour abriter le siège du puissant ministère de l’Afrique italienne.

    Devant ce bâtiment tout entier dédié à l’entreprise coloniale, Benito Mussolini avait fait ériger en 1937 un obélisque haut de 24 mètres et vieux d’environ seize siècles, ramassé sur site d’Axoum, en Ethiopie. Il s’agissait, rappelle Igiaba Scego, de faire de ce lieu « le centre de la liturgie impériale .

    La république née sur les ruines du fascisme s’était engagée à restituer cette prise de guerre à la suite des traités de 1947, mais après d’innombrables vicissitudes, le monument est resté en place jusqu’en 2003, où le gouvernement Berlusconi choisit de le démonter en trois morceaux avant de le renvoyer à Axoum, à ses frais.

    En 2009, la mairie de Rome a fait installer sur la même place, à deux pas de cet espace vide, une stèle commémorative afin « de ne pas oublier le passé . Mais curieusement, celle-ci a été dédiée... à la mémoire des attentats du 11-Septembre. Comme s’il fallait enfouir le plus profondément possible ce souvenir du rêve impérial et de la défaite, la ville a choisi de faire de ce lieu le symbole d’une autre tragédie. « Pourquoi remuer ces his toires horribles ? Pensons plutôt aux tragédies des autres. Le 11-Septembre était parfait », note, sarcastique, Igiaba Scego.

    A une quinzaine de kilomètres de là, dans le décor grandiose et écrasant du Musée de la civilisation romaine, en plein centre de ce quartier de l’EUR où la mémoire du fascisme est omniprésente, l’ethno-anthropologue Gaia Delpino est confrontée à un autre chantier sensible, où s’entrechoquent les mémoires. Depuis 2017, elle travaille à fusionner en un même lieu les collections du vieux musée ethnologique de Rome (Musée Pigorini) et du sulfureux Musée colonial inauguré en 1923, dont les collections dormaient dans des caisses depuis un demi-siècle.

    D’une fascinante complexité

    Lorsqu’on lui parle de l’odyssée de l’obélisque d’Axoum, elle nous arrête tout de suite : « C’est bien simple : ce qui a été réalisé là-bas, c’est exactement l’inverse de ce qu’on veut faire. » Restituer ces collections dans leur contexte historique tout en articulant un message pour l’Italie d’aujourd’hui, permettre à toutes les narrations et à toutes les représentations de s’exprimer dans leur diversité... L’entreprise est d’une fascinante complexité.

    « Les collections du MuséePigorini ont vieilli bien sûr, comme tous ces musées ethnographiques du XIXe siècle qui véhiculaient l’idée d’une supériorité de la civilisation occidentale. Le Musée colonial, lui, pose d’autres problèmes, plus singuliers. Il n’a jamais été pensé comme autre chose qu’un moyen de propagande, montrant à la fois les ressources coloniales et tout ce qu’on pourrait en tirer. Les objets qui constituent les collections n’ont pas vu leur origine enregistrée, et on a mis l’accent sur la quantité plus que sur la qualité des pièces », expliqueGaia Delpino.

    Sur des centaines de mètres de rayonnages, on croise pêle-mêle des maquettes de navires, des chaussures, des outils et des objets liturgiques... L’accumulation donne le vertige. « Et ce n’est pas fini, nous recevons tous les jours des appels de personnes qui veulent offrir des objets ayant appartenu à leur père ou à leur grand-père, qu’ils veulent nous confier comme une réparation ou pour faire un peu de place », admet l’anthropologue dans un sourire.

    Alors que le travail des historiens peine à se diffuser dans le grand public, où les représentations caricaturales du système colonial, parfois instrumentalisées par la politique, n’ont pas disparu, le futur musée, dont la date d’ouverture reste incertaine pour cause de pandémie, risque d’être investi d’un rôle crucial, d’autant qu’il s’adressera en premier lieu à un public scolaire. « Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que parallèlement à ce difficile travail de mémoire, la population change. Aujourd’hui, dans nos écoles, il y a aussi des descendants de victimes de la colonisation, italienne ou autre. Nous devons aussi penser à eux », précise Gaia Delpino.

    Retournons maintenant au centre de Rome. En 2022, à mi-chemin du Colisée et de la basilique Saint-Jean-de-Latran, une nouvelle station de métro doit ouvrir, dans le cadre du prolongement de la ligne C. Depuis le début du projet, il était prévu que celle-ci soit baptisée « Amba Aradam », du nom de la large artère qui en accueillera l’entrée, appelée ainsi en souvenir de la plus éclatante des victoires italiennes en Ethiopie.

    Ce nom était-il opportun, alors que les historiens ont établi que cette victoire écrasante de l’armée fasciste avait été obtenue au prix de 10 000 à 20 000 morts, dont de nombreux civils, et que les troupes italiennes avaient obtenu la victoire en faisant usage d’ypérite (gaz moutarde), interdit par les conventions de Genève ? Le 1er août 2020, la mairie a finalement fait savoir que la station serait dédiée à la mémoire de Giorgio Marincola.

    Pour le journaliste Massimiliano Coccia, qui a lancé cette proposition avec le soutien de collectifs se réclamant du mouvement Black Lives Matter, « revenir sur notre passé, ce n’est pas détruire ou incendier, mais enrichir historiquement notre cité . Et on peut choisir de célébrer la mémoire d’un résistant italo-somalien tué par les nazis plutôt que celle d’une des pages les plus sombres de l’histoire coloniale italienne.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/02/05/libye-somalie-ethiopie-l-oublieuse-memoire-coloniale-italienne_6068846_3232.

    #Italie #colonialisme #colonisation #Mussolini #fascisme #Libye #Somalie #Ethiopie #atrocités #occupation_douce #mémoire #mémoire_coloniale #occultation #impérialisme #Corne_de_l'Afrique #baie_d'Assab #royaume_d'Abyssinie #Alula_Engida #bataille_d'Adoua #Menelik_II #Crispi #Adoua #Tigré #Cyrénaïque #Tripolitaine #colonialisme_frontalier #Abyssinie #Haïlé_Sélassié #propagande #traité_de_Paris #refoulement #mémoire #massacres #gaz #Indro_Montanelli #gaz_de_combat #bon_Italien #Italia_brava_gente #barbarie #humanité #lois_raciales #vérité_historique #culpabilité #viol #culture_du_viol #passé_colonial #Igiaba_Scego #monuments #toponymie #toponymie_politique #Axoum #stèle #Musée_Pigorini #musée #Musée_colonial #Amba_Aradam #ypérite #gaz_moutarde #armes_chimiques #Giorgio_Marincola #Black_Lives_Matter

    L’article parle notamment du #livre de #Francesca_Melandri, « #sangue_giusto » (traduit en français par « Tous, sauf moi »
    https://seenthis.net/messages/883118

    ajouté à la métaliste sur le #colonialisme_italien :
    https://seenthis.net/messages/871953

    ping @cede

  • #Maria_Uva
    Je découvre Maria Uva en lisant le #livre « #Sangue_giusto » de #Francesca_Melandri (en italien) :

    https://bur.rizzolilibri.it/libri/sangue-giusto-2

    sur le livre voir aussi ce fil de discussion :
    https://seenthis.net/messages/904517
    –—

    Era nota col nomignolo di «l’#animatrice_di_Said». Maria era nata in Francia a Villeneuve, presso Lourdes, nella famiglia De Luca, d’origine piemontese. Suo marito, Pasquale Uva, era nato invece in Egitto da genitori pugliesi.

    Avendo intrapreso corsi da soprano, Maria Uva accompagnava le navi dei coloni italiani che passavano nel Canale di Suez per la guerra d’Etiopia del 1935-36 con inni patriottici.

    Ben presto la sua divenne una vera e propria organizzazione con la collaborazione del marito e del resto della comunità italiana in Egitto. La Uva e i «suoi» fornirono ai soldati italiani ogni genere di conforto sia economico che morale.

    Per questo la donna ebbe molto spesso problemi con la comunità inglese presente sul suolo e fu costretta a trasferirsi in Italia nel 1937.

    Finita la guerra, Maria Uva si trovò in una profonda crisi finanziaria che però ebbe termine grazie all’aiuto di un diplomatico francese che aiutò il marito a trovare un nuovo lavoro.

    Umberto II dall’esilio conferì a Maria Uva l’onorificenza di «Dama della Corona d’Italia».

    Maria Uva è morta all’età di 97 anni.

    https://it.m.wikipedia.org/wiki/Maria_Uva

    #musique #chansons #musique_et_politique #fascisme #colonialisme #histoire #patriotisme #guerre_d'Ethiopie #Italie #musique_et_fascisme #Canal_de_Suez #Port_Said #colonialisme_italien

    ping @sinehebdo @olivier_aubert

    • En fait, Maria Uva était une chanteuse qui chantait des chants patriotiques (et fascistes) au passage des soldats italiens à travers le canal de Suez... et qui rejoignaient l’Erythrée et l’Ethiopie...
      Mais j’ai pas trouvé des enregistrements d’elle... peut-être le lien est un peu faible ;-)

    • Et en voici une autre :
      #Africanina

      Tre conti son già stati regolati
      Con #Adua, #Macallè ed #Amba_Alagi
      Tra poco chiuderemo la partita
      Vincendo la gloriosa impresa ardita.

      Pupetta mora, africanina,
      Tu della libertà sarai regina
      Col legionario liberatore
      Imparerai ad amare il tricolore

      Due ottobre ricordatelo a memoria
      Nell’Africa Orientale avrà una storia
      Romana civiltà questa è missione
      Ed ha fiorito cento e una canzone

      Pupetta mora, africanina
      Saprai baciare alla garibaldina
      Col bel saluto alla romana
      Sarai così una giovane Italiana

      Avanti Italia nuova che sia gloria
      All’armi tu e volontà vittoria
      Vittoria contro i barbari abissini
      E contro i sanzionisti ginevrini

      Pupetta mora, africanina
      Piccolo fiore di orientalina
      Labbra carnose dolce pupilla
      Tutti i tuoi figli si chiameran #Balilla

      Labbra carnose dolce pupilla
      Tutti i tuoi figli si chiameran Balilla

      https://www.youtube.com/watch?v=jKM9TquhLlo

      #chansons_coloniales

    • Et encore une...
      #Fischia_il_sasso (#Inno_dei_balilla)

      Fischia il sasso, il nome squilla
      del ragazzo di Portoria,
      e l’intrepido #Balilla
      sta gigante nella storia.

      Era bronzo quel mortaio
      che nel fango sprofondò
      ma il ragazzo fu d’acciaio
      e la madre liberò.

      Fiero l’occhio, svelto il passo
      chiaro il grido del valore.
      Ai nemici in fronte il sasso,
      agli amici tutto il cuor.

      Fiero l’occhio, svelto il passo
      chiaro il grido del valore.
      Ai nemici in fronte il sasso
      agli amici tutto il cuor.

      Sono baldi aquilotti
      come sardi tamburini
      come siculi picciotti
      o gli eroi garibaldini.

      Vibra l’alma lì nel petto
      sitibonda di virtù,
      dell’Italia il gagliardetto
      e nei fremiti sei tu.

      Fiero l’occhio, svelto il passo
      chiaro il grido del valore.
      Ai nemici in fronte il sasso,
      agli amici tutto il cuor.

      Fiero l’occhio, svelto il passo
      chiaro il grido del valore.
      Ai nemici in fronte il sasso
      agli amici tutto il cuor.

      Siamo nembi di sementi,
      siamo fiamme di coraggio:
      per noi canta la sorgente,
      per noi brilla e ride maggio.

      Ma se un giorno la battaglia
      Alpi e mare incendierà,
      noi saremo la mitraglia
      della santa Libertà.

      Fiero l’occhio, svelto il passo
      chiaro il grido del valore.
      Ai nemici in fronte il sasso,
      agli amici tutto il cuor.

      Fiero l’occhio, svelto il passo
      chiaro il grido del valore.
      Ai nemici in fronte il sasso
      agli amici tutto il cuor.

      https://www.youtube.com/watch?v=cfo0sXxIcHE

      Igiaba Scego, dans le livre Roma negata , en parle ainsi :

      «Ci ho messo del tempo a capire che quella canzonetta (che confesso mi piaceva pure da piccoletta per la sua cadenza marziale un po’ zmpappà zumpappà) non era una ninna nanna, ma uno dei peggiori prodotti del fascismo più becero.»

      (p.102)

    • #Tripoli bel suol d’amore

      https://www.youtube.com/watch?v=yslUUVO2Rnc

      https://www.youtube.com/watch?v=BjoS5tfaDkU

      Sai dove s’annida più florido il suol?
      Sai dove sorride più magico il sol?
      Sul mar che ci lega con l’Africa d’or,
      la stella d’Italia ci addita un tesor.
      Ci addita un tesor!

      Tripoli, bel suol d’amore,
      ti giunga dolce questa mia canzon!
      Sventoli il tricolore
      sulle tue torri al rombo del cannon!
      Naviga, o corazzata:
      benigno è il vento e dolce la stagion.
      Tripoli, terra incantata,
      sarai italiana al rombo del cannon!

      A te, marinaro, sia l’onda sentier.
      Sia guida Fortuna per te, bersaglier.
      Và e spera, soldato, vittoria è colà,
      hai teco l’Italia che gridati:”Và!”

      Tripoli, bel suol d’amore,
      ti giunga dolce questa mia canzon!
      Sventoli il tricolore
      sulle tue torri al rombo del cannon!
      Naviga, o corazzata:
      benigno è il vento e dolce la stagion.
      Tripoli, terra incantata,
      sarai italiana al rombo del cannon!

      Al vento africano che Tripoli assal
      già squillan le trombe,
      la marcia real.
      A Tripoli i turchi non regnano più:
      già il nostro vessillo issato è lassù…

      Tripoli, bel suol d’amore,
      ti giunga dolce questa mia canzon!
      Sventoli il tricolore
      sulle tue torri al rombo del cannon!
      Naviga, o corazzata:
      benigno è il vento e dolce la stagion.
      Tripoli, terra incantata,
      sarai italiana al rombo del cannon!

  • Roma, la fermata della metro C #Amba_Aradam cambia nome: approvata l’intitolazione al partigiano #Marincola. Il vox tra i cittadini

    E’ stata approvata questo pomeriggio la mozione che impegna l’amministrazione capitolina ad intitolare la futura fermata della Metro C Amba Aradam al partigiano italo-somalo #Giorgio_Marincola. Mentre nell’Aula Giulio Cesare l’assemblea capitolina votava la mozione, appoggiata dalla sindaca Virginia Raggi, per cambiare quel nome simbolo del colonialismo italiano e di una delle peggiori stragi compiute dal regime fascista in Africa, i residenti che abitano nel quartiere vicino l’omonima via Amba Aradam, nell’area di San Giovanni, si dividono sull’iniziativa.


    C’è chi difende l’iniziativa del Campidoglio. Chi vuole conservare il vecchio nome scelto per la stazione metro C di Roma, ‘Amba Aradam‘, affinché “anche gli errori e le atrocità non vengano dimenticate”. Ma anche chi rivendica che “la storia non si debba cambiare”, quasi ‘nostalgico’ del periodo coloniale di matrice fascista.

    Lì, dove è in costruzione una nuova fermata della metropolitana (che dovrebbe essere ultimata entro il 2024, ndr) erano state le azioni dimostrative degli attivisti di #Black_Lives_Matter, seguite da appelli della società civile, a porre il problema di quella controversa toponomastica. Chiedendo di sostituire quel nome e di rendere invece omaggio al partigiano Marincola. Figlio di un soldato italiano e di una donna somala, da giovanissimo scelse di combattere per la Resistenza, contro l’occupazione nazifascista, ucciso dalle SS in Val di Fiemme il 4 maggio 1945.

    “Una scelta giusta, omaggiare un partigiano di colore può essere un atto di grande valore simbolico”, c’è chi spiega. Altri concordano: “Perché no?”. Una proposta che ha anche permesso di conoscere una storia spesso dimenticata: “Non lo conoscevo, ho letto sui giornali. Ma ora sono convinto che sia giusto dedicargli questo riconoscimento”, spiega una ragazza.

    Altri invece sono contrari: “Deve restare il nome ‘Amba Aradam’, si è sempre chiamata così anche la via”. Eppure, tra i sostenitori del vecchio nome (ma non solo), quasi nessuno conosce la storia della strage fascista che si consumò nel massiccio montuoso a nord di Addis Abeba, lungo il Tigre, quando, nel 1936, le truppe del maresciallo Badoglio e l’aviazione italiana massacrarono 20mila etiopi, compresi civili, donne e bambini, usando gas vietati già allora dalle convenzioni internazionali, come l’iprite. Altre centinaia persero la vita tre anni più tardi, all’interno di una profonda grotta dell’area, con le truppe fasciste che fecero uso di gas e lanciafiamme contro la resistenza etiope, per poi murare vivi gli ultimi sopravvissuti.

    Una storia che quasi nessuno conosce, anche chi difende il nome ‘Amba Aradam’. Certo, chi concorda con la nuova intitolazione è convinto che, al di là dei simboli, siano necessarie altre azioni concrete sul tema immigrazione, compreso il diritto alla cittadinanza per chi nasce, cresce e studia in Italia: “Ius soli e Ius culturae? Sono favorevole”, spiegano diversi residenti. Ma non solo: “Serve anche ripartire dalle scuole e dalla formazione per debellare il razzismo”.

    https://www.ilfattoquotidiano.it/2020/08/04/roma-la-fermata-della-metro-c-di-via-amba-aradam-sara-intitolata-al-partigiano-marincola-il-vox-tra-i-residenti-sulliniziativa-del-campidoglio/5889280
    #toponymie #toponymie_politique #Italie #colonialisme #Rome #partisans #métro #station_de_métro #colonialisme_italien #passé_colonial #mémoire #guerre_d'Ethiopie #Ethiopie #massacre #Badoglio

    –-

    ajouté à la métaliste sur le colonialisme italien:
    https://seenthis.net/messages/871953

    ping @isskein @albertocampiphoto

    • Prossima fermata: Giorgio Marincola

      Sulla scia di Black Lives Matter, un piccolo movimento d’opinione ha proposto di rinominare una stazione della metro C in costruzione. Sarà intitolata al partigiano nero che morì combattendo i nazisti in val di Fiemme.

      La zona intorno a via dell’Amba Aradam a Roma, alle spalle della basilica di San Giovanni in Laterano, è da tempo sottosopra per la presenza di un grande cantiere. Sono i lavori della linea C della metropolitana: uno dei tanti miti romani che si spera possa un giorno, chissà, diventare realtà. Se tutto andrà bene, nel 2024 la città avrà una fermata della nuova metro chiamata per l’appunto «Amba Aradam».

      Anzi, non più. Martedì 4 agosto l’Assemblea capitolina ha approvato – con l’appoggio della sindaca Virginia Raggi – una mozione che vincola l’Amministrazione cittadina a cambiare quel nome. Niente Amba Aradam: la stazione si chiamerà «Giorgio Marincola». Alla grande maggioranza degli italiani nessuno di questi due nomi – di luogo il primo, di persona il secondo – dice alcunché. Il primo è da tempo dimenticato dai più; il secondo nemmeno l’hanno mai sentito. Eppure la decisione di sostituire l’uno con l’altro, maturata nelle settimane recenti sulla scia del movimento Black Lives Matter e delle sue ripercussioni in Italia, è una svolta importante, di rilevante significato politico. Certifica l’opposta curva che la reputazione, l’eco dei due nomi percorre nella coscienza dei contemporanei.

      L’Amba Aradam, gruppo montuoso della regione del Tigrè, fu teatro a metà febbraio 1936 di una battaglia nel corso dell’aggressione fascista all’Etiopia. All’epoca venne celebrata in Italia come una grande vittoria, tacendo che era stata ottenuta con l’uso massiccio e indiscriminato di gas asfissianti proibiti dalla Convenzione di Ginevra. Ventimila morti tra combattenti e civili inermi abissini: una strage, un crimine di guerra per il quale nessuno è mai stato processato. Il Negus, costretto all’esilio, denunciò l’accaduto dalla tribuna della Società delle Nazioni, attirando sull’Italia l’obbrobrio delle democrazie. Oggi gli italiani in massima parte non sanno o non vogliono sapere. Restano i nomi di strade e piazze in varie località del Paese e un’espressione, «ambaradàn», di cui s’è scordata l’origine e che sta a significare una gran confusione.

      All’epoca della battaglia Giorgio Marincola aveva 12 anni e mezzo e frequentava la scuola media a Roma. La sua esistenza, sia prima che dopo, non ebbe nulla dell’apparente banalità che sembrano indicare queste scarne notizie. E merita di essere raccontata, perché troppo pochi ancora la conoscono.

      Giorgio era nato in Somalia nel settembre del ’33. Suo padre Giuseppe era un maresciallo maggiore della Regia Fanteria; sua madre, Askhiro Hassan, era somala; la sua pelle era color caffellatte. Prendere una concubina del posto, per gli italiani che a vario titolo si trovavano nella colonia somala era, all’epoca, comportamento diffuso. Per niente diffusa, viceversa, la scelta di riconoscere i figli nati da quelle unioni: ma Giuseppe Marincola volle comportarsi così, e li portò con sé in Italia. Giorgio, negli anni dell’infanzia, fu affidato a una coppia di zii che vivevano in Calabria e non avevano figli. La sorellina Isabella, di due anni più giovane, crebbe invece presso il padre e la moglie italiana che Giuseppe aveva nel frattempo sposato. Questa precoce separazione segnò le vite dei bambini: il maschio fu avvolto dall’affetto degli zii come fosse figlio loro; Isabella fu respinta dalla cattiveria e dai maltrattamenti di una matrigna che non l’amava. (La sua storia è narrata nel bel libro di Wu Ming 2 e Antar Mohamed Timira, pubblicato da Einaudi nel 2012, dal quale sono tratte la maggior parte delle informazioni qui riferite).

      Adolescente, Giorgio Marincola fu riunito alla sua famiglia a Roma. Negli anni del liceo, iscritto all’Umberto I, ebbe come insegnante di Storia e Filosofia Pilo Albertelli, al quale quello stesso istituto scolastico è oggi dedicato. Il professor Albertelli, partigiano, eroe della Resistenza, medaglia d’oro al valor militare, fu arrestato il primo marzo del ’44 mentre faceva lezione, torturato, infine trucidato tra i martiri dell’eccidio delle Fosse Ardeatine. A quel punto Giorgio, che nel frattempo aveva terminato le superiori e si era iscritto a Medicina, ne aveva già seguito l’esempio unendosi ai gruppi partigiani legati a Giustizia e Libertà attivi a Roma e nel Lazio.

      Nel giugno del ’44 i tedeschi lasciarono Roma e i compagni d’avventura di Giorgio, deposte le armi, si apprestarono a tornare all’università. Lui volle invece continuare a combattere: raggiunse la Puglia, dove ricevette una sommaria formazione da parte delle forze speciali alleate, e qualche settimana dopo fu paracadutato sul Biellese. Si unì alle formazioni partigiane di GL in Piemonte, finché non fu catturato. I fascisti repubblichini usavano costringere i prigionieri a lanciare appelli dalla loro emittente Radio Baita, affinché convincessero i compagni a deporre le armi. Messo davanti al microfono, Marincola pronunciò invece parole che andrebbero riportate su ogni manuale scolastico di storia: «Sento la patria come una cultura e un sentimento di libertà, non come un colore qualsiasi sulla carta geografica… La patria non è identificabile con dittature simili a quella fascista. Patria significa libertà e giustizia per i popoli del mondo. Per questo combatto gli oppressori…».

      Così il giovane eroe fu consegnato ai tedeschi, che lo deportarono nel campo di transito di Gries, alle porte di Bolzano. Lì lo raggiunse la Liberazione, all’indomani del 25 aprile 1945. La guerra in Italia era finita ma ancora una volta Giorgio si mise a disposizione dei comandi militari di Giustizia e Libertà. Insieme ad altri cinque o sei ragazzi, fu incaricato di presidiare un bivio in località Stramentizzo in Val di Fiemme, poco a nord di Trento, sulla strada della ritirata delle colonne tedesche le quali, in base agli accordi di resa, avevano avuto concesso libero transito verso il loro Paese. Per evitare incidenti, la piccola unità partigiana aveva ricevuto ordine di non portare le armi: si trattava insomma soltanto di dirigere il traffico.

      Alle prime ore di una bella mattina di maggio, il giorno 5, una colonna di SS si presentò all’incrocio, preceduta da bandiere bianche. I soldati scesero dai camion e fecero fuoco. Poi procedettero verso il paese di Stramentizzo, seminando morte tra le case: fu l’ultima strage nazista in territorio italiano. L’episodio è stato variamente raccontato: sta di fatto che così finì la giovane vita di Giorgio Marincola, a 22 anni non ancora compiuti. Quando i comandi di GL ricevettero le prime confuse notizie dell’accaduto, furono informati che tra i morti c’era un ufficiale di collegamento americano: nessuno immaginava che un uomo dalla pelle nera potesse essere italiano.

      Da molti decenni Stramentizzo non esiste più: alla metà degli anni Cinquanta finì sul fondo del lago artificiale creato dalla diga costruita sul corso del torrente Avisio. A Marincola fu conferita la medaglia d’oro al valor militare alla memoria; nel ’46 l’Università di Roma gli attribuì la laurea in Medicina honoris causa. Poi il suo nome finì nel dimenticatoio: una via a Biella, nelle cui vicinanze aveva combattuto; un’aula della scuola italiana a Mogadiscio, in Somalia, in seguito demolita. Nient’altro. Finché, piano piano, con una lotta sorda e ostinata per salvarne la memoria, si è tornati a parlare di lui: un libro, Razza partigiana, di Carlo Costa e Lorenzo Teodonio; l’aula di Scienze del liceo Albertelli di Roma, dove oggi ai ragazzi viene raccontata la sua storia. E, nel prossimo futuro, una stazione delle metropolitana, affinché i romani ricordino.

      https://www.azione.ch/attualita/dettaglio/articolo/prossima-fermata-giorgio-marincola.html

    • Metro C, nuova stazione Amba Aradam-Ipponio sarà intitolata a partigiano Giorgio Marincola

      Approvata in Campidoglio una mozione per intitolare la futura fermata della metro C Amba Aradam/Ipponio al partigiano antifascista Giorgio Marincola. Figlio di un sottufficiale italiano e di una donna somala, vissuto a Roma nel quartiere di Casalbertone, scelse di contribuire alla liberazione d’Italia nel periodo della Resistenza. Morì in Val di Fiemme nel maggio 1945.

      L’iniziativa per l’intitolazione era stata lanciata, nelle scorse settimane, con una petizione su change.org che ha raccolto numerose adesioni.

      https://www.comune.roma.it/web/it/notizia/metro-c-nuova-stazione-amba-aradam-ipponio-sara-intitolata-a-partigiano-

      –—

      Le texte de la motion:
      Mozione n.68 del 4agosto 2020
      https://www.carteinregola.it/wp-content/uploads/2016/09/moz68-20-intitolazione-stazione-metro-marincola.pdf

    • La pétition sur change.org:
      Fanpage - "Perché intitolare al partigiano meticcio Marincola la stazione della metro C Amba Aradam

      «Giorgio Marincola, figlio di una madre somala e di un soldato italiano, è stato un partigiano che ha combattuto da Roma al Nord Italia fino agli ultimi giorni della Liberazione. Sarebbe meglio intitolare la nuova stazione della metro C a lui, piuttosto che con il nome Amba Aradam, che ricorda uno degli episodi più atroci dell’occupazione italiana in Etiopia. La proposta, rilanciata anche da Roberto Saviano, ora è diventata una petizione online rivolta alla sindaca Virginia Raggi.»

      https://www.change.org/p/virginia-raggi-intitoliamo-la-stazione-della-metro-c-di-via-dell-amba-aradam-a-giorgio-marincola/u/27093501

      –---
      Perché intitolare al partigiano meticcio Giorgio Marincola la stazione della metro C di Amba Aradam

      Giorgio Marincola, figlio di una madre somala e di un soldato italiano, è stato un partigiano che ha combattuto da Roma al Nord Italia fino agli ultimi giorni della Liberazione. Sarebbe meglio intitolare la nuova stazione della metro C a lui, piuttosto che con il nome Amba Aradam, che ricorda uno degli episodi più atroci dell’occupazione italiana in Etiopia. La proposta, rilanciata anche da Roberto Saviano, ora è diventata una petizione online rivolta alla sindaca Virginia Raggi.

      Nella notte tra giovedì e venerdì un’azione da parte di un gruppo di attivisti antirazzisti ha portate anche nella capitale la mobilitazione che, partita dagli Stati Uniti e allargatasi all’Europa e non solo, mette in discussione i simboli del passato coloniale e schiavista, siano essi statue, targhe, intitolazioni di vie e piazze. A Milano a finire (di nuovo) nel mirino è stata la statua dedicata al giornalista Indro Montanelli. A Roma, con l’hashtag Black Lives Matter, a essere presa di mira è stata la statua del generale #Antonio_Baldissera, protagonista degli orrori dell’avventura coloniale fascista, il cui busto al Pincio è stato coperto di vernice. Contemporaneamente largo dell’Amba Aradam e via dell’Amba Aradam venivano reintitolati a #George_Floyd e a #Bilal_Ben_Messaud. «#Nessuna_stazione_abbia_il_nome_dell'oppressione», con questo cartello gli attivisti hanno posto il problema del nome della stazione della Metro C di prossima apertura, che richiama uno degli episodi più sanguinosi e brutali della repressione della resistenza etiope all’occupazione italiana.

      Una questione, quella del nome della nuova stazione, che ha visto un’apertura da parte dell’assessore ai Trasporti di Roma Capitale Pietro Calabrese. “Ci stavamo già pensando, anche perché, al di là di tutto, la stazione non è su viale dell’Amba Aradam”, ha dichiarato al Fatto Quotidiano. Intanto in rete ha cominciato a circolare una proposta: perché non intitolarla al partigiano Giorgio Marincola? Figlio di un soldato italiano e di una donna somala, il padre Giuseppe Marincola era stato caporale maggiore e, decise di riconoscere i due figli avuti dall’unione con Askhiro Hassan.

      Una proposta che è stata rilanciata da Roberto Saviano e che è diventata ora una petizione su Change.org indirizzata alla sindaca Virginia Raggi, lanciata dal giornalista Massimiliano Coccia: «La fermata della Metro C di Roma che sorge a ridosso di Porta Metronia in via dell’Amba Aradam sia intitolata a Giorgio Marincola, partigiano nero, nato in Somalia e ucciso dai nazisti in Val di Fiemme. Giorgio liberò Roma e scelse di liberare l’Italia. Una storia spesso dimenticata dalla storiografia attuale ma che racconta una pagina generosa della nostra Resistenza». Sarebbe questa una scelta simbolica certo, ma di grande impatto, per affrontare la questione del colonialismo italiano e cominciare a fare i conti con il mito degli «italiani brava gente» che, appunto altro non è che un mito. Giorgio Marincola non è stato solo una partigiano, ma la vicenda della sua famiglia già dagli anni ’20 del secolo pone la questione dell’esistenza di una black Italy misconosciuta e negata.
      La storia di Giorgio e Isabella Marincola è la storia di un’Italia meticcia

      Giorgio Marincola arriva in Italia poco dopo la sua nascita e si iscrisse nel 1941 alla facoltà di Medicina cominciando ad avvicinarsi al Partito d’Azione con cui poi decise di partecipare alla Resistenza, prima a Roma poi nel Nord Italia. Catturato dalle SS fu tradotto dopo percosse e torture in carcere a Torino e poi a Bolzano. Qui fu liberato dagli Alleati ma invece di portarsi in Svizzera con un convoglio della Croce Rossa, decise di proseguire la Resistenza in Val di Fiemme e qui sarà ucciso il 4 maggio 1945 a un posto di blocco dai soldati tedeschi ormai in rotta. Alla sua storia è stato dedicato un libro «Razza Partigiana», che è anche un sito internet, scritto da Carlo Costa e Lorenzo Teodonio ed edito da Iacobelli. Anche la storia della sorella di Giorgio, Isabella Marincola, è entrata in un libro scritto dal figlio Antar Mohamed e dallo scrittore Wu Ming 2, è intitolato «Timira. Romanzo Meticcio» (Einaudi) e indaga attraverso il caleidoscopio biografico di Isabella e di Antar la storia coloniale italiana e il suo presente di rimozione, una storia che attraversa tutto il Novecento e l’inizio del nuovo secolo attraverso la vicenda a tratti incredibile di una «italiana nera».

      https://roma.fanpage.it/perche-intitolare-al-partigiano-meticcio-giorgio-marincola-la-stazione-

    • Il blitz: via Amba Aradam intitolata a George Floyd e Bilal Ben Messaud

      Raid antirazzista nella notte in via dell’Amba Aradam in zona San Giovanni a Roma. Cartelli della toponomastica modificati con fogli con su scritto il nome di George Floyd e Bilal Ben Messaud ed esposto uno striscione con su scritto «Nessuna stazione abbia il nome dell’oppressione» firmato Black Lives Matter. Sul posto la polizia. Inoltre, sempre durante la notte, il busto di Antonio Baldissera, generale a capo delle truppe italiane in Eritrea, è stata imbrattata con vernice rossa. I raid antirazzisti sono stati messi a segno dal gruppo Restiamo umani. «Smantelleremo i simboli del colonialismo nella Capitale», annunciano su Facebook dando «il sostegno ai manifestanti che a partire da Minneapolis hanno riempito le piazze di decine di città del mondo» e rifiutando «ogni contestualizzazione storica». I componenti del gruppo Restiamo umani dunque prendono come bersaglio «le strade che richiamano stragi vergognose compiute dai soldati italiani in Etiopia, come via dell’Amba Aradam» o i «monumenti che conferiscono invece gloria eterna a uomini colpevoli delle peggiori atrocità verso il genere umano: tra gli “illustri” della storia italiana al Pincio c’è un busto di Antonio Baldissera, generale a capo delle truppe italiane in Eritrea e successivamente governatore della colonia italiana di Eritrea alla fine del XIX secolo, quasi che il passato coloniale italiano fosse un lustro invece che un crimine che come tale va ricordato».

      https://video.corriere.it/blitz-via-amba-aradam-intitolata-george-floyd-bilal-ben-messaud/bd76d308-b20b-11ea-b99d-35d9ea91923c

    • Fantasmi coloniali

      Nella notte di giovedì 18 giugno, la Rete Restiamo Umani di Roma ha compiuto un’azione di #guerriglia_odonomastica in alcuni luoghi della città che celebrano gli orrori del colonialismo italiano in Africa. In particolare sono stati colpiti la via e il largo «dell’Amba Aradam», insieme alla futura stazione «Amba Aradam/Ipponio» sulla linea C della metropolitana.

      Le targhe stradali sono state modificate per diventare «via George Floyd e Bilal Ben Messaud», mentre lungo le barriere che delimitano il cantiere della nuova fermata sotterranea sono comparsi grandi manifesti con scritto: «Nessuna stazione abbia il nome dell’oppressione».

      Il gesto degli attivisti romani intende denunciare la rimozione, il silenzio e la censura sui crimini del colonialismo, poiché questi contribuiscono a rafforzare e legittimare il razzismo di oggi. Amba Aradam è infatti il nome di un’altura dell’Etiopia dove l’esercito italiano, guidato da Pietro Badoglio, sconfisse i soldati di Hailé Selassié, sparando anche 1.367 proietti caricati ad arsine, un gas infiammabile e altamente tossico, in aperta violazione del Protocollo di Ginevra del 1925, contro l’impiego in guerra di armi chimiche.

      Nei giorni successivi, l’aviazione italiana bombardò le truppe nemiche in fuga. Nella sua relazione al Ministero delle Colonie, Badoglio scrisse che: «in complesso 196 aerei sono stati impiegati per il lancio di 60 tonnellate di yprite (sic) sui passaggi obbligati e sugli itinerari percorsi dalle colonne».

      La strada si chiama così dal 21 aprile 1936, quando venne inaugurata da Mussolini in persona. Il suo nome precedente era «Via della Ferratella», forse per via di una grata, nel punto in cui il canale della Marana passava sotto Porta Metronia. Per non cancellare quell’odonimo, venne ribattezzata «via della Ferratella in Laterano» una strada subito adiacente.

      Negli ultimi anni, molte azioni di guerriglia odonomastica si sono ripetute nelle città italiane, dimostrando che i simboli del passato parlano al presente anche quando li si vorrebbe anestetizzare e seppellire nell’indifferenza. L’intervento di giovedì scorso ha avuto grande risonanza non perché sia il primo di questo genere, ma in quanto si collega esplicitamente alle proteste per l’assassinio di George Floyd, al movimento Black Lives Matter e al proliferare di attacchi contro statue e targhe odiose in tutto il mondo.

      Tanta attenzione ha prodotto, come primo risultato, la proposta di intitolare la nuova stazione della metro Ipponio/Amba Aradam al partigiano italo-somalo Giorgio Marincola, con tanto di petizione on-line alla sindaca Raggi. Quest’idea ci rende ovviamente felici, perché da oltre dieci anni ci sforziamo di far conoscere la storia di Giorgio e di sua sorella Isabella, con libri, spettacoli, ricerche, interventi nelle scuole e progetti a più mani.

      Ci sembra anche molto significativo che un luogo sotterraneo porti il nome di Giorgio Marincola, dal momento che la sua resistenza fu ancor più clandestina di quella dei suoi compagni, visto il colore molto riconoscibile della sua pelle, specie quando agiva in città, nelle file del Partito d’Azione. E d’altra parte, la miglior memoria della Resistenza è quella che si esprime dal basso, underground, senza bisogno di grandi monumenti, riflettori e alzabandiera: una memoria tuttora scomoda, conflittuale, che fatica a vedere la luce del sole.

      Ben venga quindi la stazione “Giorgio Marincola” della Metro C, ma ci permettiamo di suggerire che quell’intitolazione sia vincolata a un’altra proposta. Non vorremmo infatti che il nome di Giorgio facesse dimenticare quell’altro nome, Amba Aradam. Non vorremmo che intitolare la stazione a un “bravo nero italiano” finisse per mettere tra parentesi la vera questione, quella da cui nasce la protesta della Rete Restiamo Umani, ovvero la presenza di fantasmi coloniali nelle nostre città: una presenza incontestata, edulcorata e in certi casi addirittura omaggiata. Non vorremmo che uscendo dalla stazione Giorgio Marincola si continuasse a percorrere, come se niente fosse, via dell’Amba Aradam. Sarebbe davvero un controsenso.

      Roberto Saviano, appoggiando l’idea della “stazione Giorgio Marincola” ha scritto: «la politica sia coraggiosa, almeno una volta». Ma che coraggio ci vuole per intitolare una fermata della metro a un italiano morto per combattere il nazifascismo? Davvero siamo arrivati a questo punto? Siamo d’accordo con Saviano, c’è bisogno di gesti coraggiosi, non di gesti spacciati per coraggiosi che ci esimano dall’avere coraggio.

      Sappiamo che cambiare ufficialmente il nome a via dell’Amba Aradam sarebbe molto difficile, anche se l’esempio di Berlino dimostra che quando davvero si vuole, certe difficoltà si superano: nella capitale tedesca, tre strade intitolate a protagonisti del colonialismo in Africa sono state dedicate a combattenti della resistenza anti-coloniale contro i tedeschi.

      Ci piacerebbe allora che la stazione “Giorgio Marincola” venisse inaugurata insieme a un intervento “esplicativo” su via dell’Amba Aradam, come si è fatto a Bolzano con il bassorilievo della Casa Littoria e con il Monumento alla Vittoria. Si potrebbero affiggere alle targhe stradali altri cartelli, che illustrino cosa successe in quel luogo e in quale contesto di aggressione; si potrebbe aggiungere una piccola chiosa, sul cartello stesso, sotto il nome della via: «luogo di crimini del colonialismo italiano», o qualunque altro contributo che risvegli i fantasmi, che li renda ben visibili, che non ci lasci tranquilli e pacificati, convinti che l’ambaradan sia solo un ammasso di idee confuse.

      https://comune-info.net/che-il-colonialismo-non-riposi-in-pace
      #guerilla_toponymique #Via_della_Ferratella #fascisme #via_della_Ferratella_in_Laterano #Indro_Montanelli #Partito_d’Azione #Francesco_Azzi #Azzi #Magliocco

    • Siamo molto content* che l’amministrazione capitolina abbia scelto di dedicare a Giorgio Marincola la stazione inizialmente nominata «Amba Aradam», e siamo content* che il processo che ha portato a questa scelta sia iniziato grazie alla nostra azione del 18 giugno scorso. Crediamo però che questo sia solo un primo passo. La via e il largo di fronte alla stazione, dedicati all’ignobile eccidio compiuto dal nostro esercito colonizzatore in Etiopia devono al più presto seguire la stessa strada e cambiare nome. Il percorso per decolonizzare la toponomastica razzista e colonialista ancora presente nella nostra città ha avuto solo un inizio e deve necessariamente continuare. Lo dobbiamo a chi è morto per le atrocità compiute dall’esercito tricolore, lo dobbiamo a chi è discriminato per razzismo oggi, lo dobbiamo a chi muore in mare per l’ignavia del nostro governo. Ricordiamo che il governo Conte e la sua maggioranza hanno vergognosamente confermato gli accordi con le milizie libiche responsabili di atroci violazioni a diritti umani della popolazione migrante africana. In forme diverse e più mediate, ma la violenza coloniale e razzista del nostro paese continua tutt’oggi e non smetteremo di lottare perché abbia fine.

      https://www.facebook.com/ReteRestiamoUmani

    • Why a Somali-born fighter is being honoured in Rome

      Rome’s city council voted earlier this month to name a future metro station in the Italian capital in honour of Giorgio Marincola, an Italian-Somali who was a member of the Italian resistance.

      He was killed at the age of 21 by withdrawing Nazi troops who opened fire at a checkpoint on 4 May 1945, two days after Germany had officially surrendered in Italy at the end of World War Two.

      The station, which is currently under construction, was going to be called Amba Aradam-Ipponio - a reference to an Italian campaign in Ethiopia in 1936 when fascist forces brutally unleashed chemical weapons and committed war crimes at the infamous Battle of Amba Aradam.

      The name change came after a campaign was launched in June, in the wake of Black Lives Matter protests around the world following the killing of African American George Floyd by US police.

      Started by journalist Massimiliano Coccia, he was supported by Black Lives Matter activists, other journalists and Italian-Somali writer Igiabo Scego and Marincola’s nephew, the author Antar Marincola.
      The ’black partisan’

      Activists first placed a banner at the metro site stating that no station should be named after “oppression” and pushed for Marincola’s short, but remarkable life to be remembered.

      He is known as the “partigiano neroor” or “black partisan” and was an active member of the resistance.

      In 1953 he was posthumously awarded Italy’s highest military honour, the Medaglia d’Oro al Valor Militare, in recognition of his efforts and the ultimate sacrifice he made.

      Marincola was born in 1923 in Mahaday, a town on the Shebelle River, north of Mogadishu, in what was then known as Italian Somaliland.

      His mother, Ashkiro Hassan, was Somali and his father an Italian military officer called Giuseppe Marincola.

      At the time few Italian colonists acknowledged children born of their unions with Somali women.

      But Giuseppe Marincola bucked the trend and later brought his son and daughter, Isabella, to Italy to be raised by his family.

      Isabella went on to become an actress, notably appearing in Riso Amaro (Bitter Rice), released in 1949.

      Giorgio Marincola too was gifted, excelling at school in Rome and went on to enrol as a medical student.

      During his studies he came to be inspired by anti-fascist ideology. He decided to enlist in the resistance in 1943 - at a time his country of birth was still under Italian rule.

      He proved a brave fighter, was parachuted into enemy territory and was wounded. At one time he was captured by the SS, who wanted him to speak against the partisans on their radio station. On air he reportedly defied them, saying: “Homeland means freedom and justice for the peoples of the world. This is why I fight the oppressors.”

      The broadcast was interrupted - and sounds of a beating could be heard.

      ’Collective amnesia’

      But anti-racism activists want far more than just the renaming of a metro stop after Marincola - they want to shine the spotlight on Italy’s colonial history.

      They want the authorities in Rome to go further and begin a process of decolonising the city.

      This happened unilaterally in Milan when, amid the Black Lives Matter protests, the statue of controversial journalist Indro Montanelli, who defended colonialism and admitted to marrying a 12-year-old Eritrean girl during his army service in the 1930s, was defaced.

      Yet to bring about true change there needs to be an awareness about the past.

      The trouble at the moment is what seems to be a collective amnesia in Italy over its colonial history.

      In the years I have spent reporting from the country I am always struck at how little most Italians seem to know about their colonial history, whether I’m in Rome, Palermo or Venice.

      The extent of Italy’s involvement in Eritrea, Somalia, Libya and Albania to Benito Mussolini’s fascist occupation of Ethiopia in the 1930s is not acknowledged.
      Somali bolognese

      Last month, Somalia celebrated its 60th anniversary of independence.

      Reshaped by 30 years of conflict, memories of colonial times have all been lost - except in the kitchen where a staple of Somali cuisine is “suugo suqaar”- a sauce eaten with “baasto” or pasta.

      But for this Somali bolognese, we use cubed beef, goat or lamb with our version of the classic Italian soffritto - sautéed carrots, onion and peppers - to which we add heady spices.

      I love to cook these dishes and last summer while I was in Palermo did so for Italian friends, serving it with shigni, a spicy hot sauce, and bananas.

      It was a strange pairing for Italians, though my friends tucked in with gusto - with only the odd raised eyebrow.

      And Somalis have also left their own imprint in Italy - not just through the Marincola siblings - but in the literature, film and sports.

      Cristina Ali Farah is a well-known novelist, Amin Nour is an actor and director, Zahra Bani represented Italy as a javelin thrower and Omar Degan is a respected architect.

      And today Somalis constitute both some of Italy’s oldest and newest migrants.

      In spring 2015 I spent a warm afternoon meandering throughout the backstreets near Rome’s Termini station meeting Somalis who had been in Italy for decades and Somalis who had arrived on dinghies from Libya.

      Those new to Italy called the older community “mezze-lira” - meaning “half lira” to denote their dual Somali-Italian identities.

      In turn they are called “Titanics” by established Somalis, a reference to the hard times most migrants have faced in making the perilous journey across the Mediterranean to reach Europe, and the lives they will face in Italy with the political rise of anti-migration parties.

      The naming of a station after Marincola is an important move for all of them - and a timely reminder for all Italians of the long ties between Italy and Somalia.

      https://www.bbc.com/news/world-africa-53837708

    • «La Casati era una delle varie imprese satelliti di una società, molto più grande, che da decenni dominava lo sviluppo urbanistico di Roma in serena continuità con il fascismo. Era già stata protagonista dello sviluppo della Città Eterna quando essa era diventata capitale dell’Italia unita, e aveva costruito interi quartieri in quella che un tempo era campagna. A molto delle nuove strade tracciate a inizio secolo e poi durante il Ventennio erano stati dati nomi coloniali - Viale Libia, via Eritrea, Via Dire Daua - che finita la guerra nessuno, nonostante la fine congiunta di fascismo e possedimenti d’oltremare, pensò di sostituire. Nemmeno quelli, come viale Amba Aradam, intitolati a carneficine».

      (pp.240-241)

      «In seguito certi soldati, quando furono tornati in Italia, presero a usare il nome di quel luogo come sinonimo dell’indescrivibile orrore. Come però succede da sampre i reduci di ogni guerra, non li capì nessuno. Chi non c’era stato non poteva immaginare il tappeto di carne che significavano quelle due parole: Amba Aradam. Anche perché il Duce le dichiarò il nome di una vittoria, qualcosa a cui intitolare piazze e strade. Gli italiani, come massaie che lavano imbarazzanti macchie dalle lenzuola prima di stenderle, ne eliminarono ogni retrogusto di orrore e le unirono in una sola dal suono buffo.
      ’Non fare questo ambaradam’ presero a dire le madri ai loro piccoli capricciosi’»

      (pp.354-355)

      in : #livre « #Sangue_giusto » de #Francesca_Melandri


      http://bur.rizzolilibri.it/libri/sangue-giusto-

  • Affaire Gabriel #Matzneff : l’ancienne ministre de la santé Michèle Barzach entendue par la police
    Selon nos informations, l’ex-ministre de la santé de Jacques Chirac a été auditionnée en tant que gynécologue ayant prescrit la pilule aux jeunes filles que l’écrivain lui amenait dans son cabinet.

    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2020/04/27/affaire-matzneff-l-ancienne-ministre-de-la-sante-michele-barzach-entendue-pa

    Le scandale a éclaté en janvier, lors de la parution du livre de Vanessa Springora, Le Consentement (Grasset). La quadragénaire, devenue éditrice, y raconte dans le détail sa relation avec Matzneff, en 1986, alors qu’elle avait 14 ans et lui 49. Encouragée par ce premier témoignage et l’­ouverture d’une enquête, à la demande du parquet, une autre ancienne victime présumée de l’écrivain, Francesca Gee, a, à son tour, décidé de rompre le silence dans le New York Times, dénonçant l’emprise que Matzneff a exercée sur elle pendant trois ans à partir de 1973, lorsqu’elle avait 15 ans, et lui 37… C’est cette dernière, aujourd’hui âgée de 62 ans, qui a confirmé aux enquêteurs, le 20 février, le rôle que jouait Michèle Barzach, alors gynécologue avenue Félix-Faure, à Paris, dans le 15e arrondissement : au début des années 1970, la doctoresse, en toute connaissance de cause, prescrivait la pilule à des jeunes filles mineures que Matzneff mettait dans son lit.

    Beaucoup, en réalité, avait déjà été dévoilé par Gabriel Matzneff lui-même dans plusieurs de ses récits. Dès 1991, dans Élie et Phaéton, la partie de son « journal intime » qui couvre la période 1970 à 1973, il racontait son inquiétude, au bout de trois mois de relation avec la très jeune Francesca : « J’achète un truc à la pharmacie pour savoir si on attend un bébé ou non. Francesca sèche l’école, vient chez moi faire le test. Ouf ! c’est négatif. Toutefois, il faut que nous trouvions un gynécologue qui accepte de lui prescrire la pilule sans prévenir sa mère. Si nous tombons sur un médecin réac, hyper-catho, c’est fichu. » L’écrivain est un mondain, connecté au Tout-Paris. À l’automne 1973, après quelques coups de fil, Matzneff emmène Francesca prendre un café près des Champs-Élysées avec une connaissance, la journaliste Juliette Boisriveaud.

    Alors âgée de 41 ans, cette ancienne voix de RTL, militante féministe revendiquée, est débordée : elle s’apprête à lancer le magazine Cosmopolitan, qu’elle pilotera pendant des années. « Je garde le souvenir d’une femme très sympathique, se souvient Francesca Gee. Elle a chaleureusement recommandé Michèle Barzach en expliquant que c’était… la nouvelle petite amie de son ex-mari ! Mes propres parents étaient en train de divorcer et ça se passait plutôt mal, j’étais donc stupéfaite. » En ce début des années 1970, Michèle Barzach, gynécologue férue de psychologie, a organisé des colloques avec le psychologue Bruno Bettelheim, participé à des séances de thérapie de groupe, suivi une psychanalyse et même fondé une consultation de gynécologie à Aubervilliers avec Joëlle Kauffmann, militante historique du Groupe Information Santé (GIS)… « Matzneff a pris rendez-vous avec Michèle Barzach et m’a conduite à son cabinet, rapporte Francesca Gee. La conversation entre eux a commencé sur un ton assez mondain, puis il est allé s’asseoir dans la salle d’attente et est revenu dans le cabinet pour régler la consultation. »

    À l’issue du premier rendez-vous, le 13 novembre 1973, Matzneff s’extasie : « Nous y sommes allés avec la crainte d’être critiqués, sermonnés, aussi avons-nous été très agréablement surpris. Michèle Barzach est une jeune femme douce, jolie, attentive, qui à aucun moment n’a cru devoir faire la morale à ce monsieur de 37 ans et à sa maîtresse de 15. Elle a, je pense, tout de suite compris que nous formons un vrai couple, que nous nous aimons. » Francesca Gee affirme avoir consulté la gynécologue « 5 ou 6 fois en trois ans », toujours en compagnie de Matzneff : « Il m’a toujours accompagnée chez elle, j’ai la vague impression qu’il était content d’entretenir des relations avec elle. En tout cas, il ne se plaignait jamais de devoir y aller. »

    Francesca Gee a gardé trace de ces visites : une ancienne prescription pour une prise de sang, signée en février 1974 par la gynécologue, sur laquelle ne figure pas le nom de la patiente. En ce temps, la loi Neuwirth permettait la vente de produits contraceptifs aux mineures, mais elle était soumise à autorisation parentale jusqu’à la loi Veil de décembre 1974… Qu’importe, Michèle Barzach, comme bien des médecins progressistes à l’époque, assumait de violer la loi. Pourtant, Matzneff ne cache pas ses penchants. À l’automne 1974, il publie même Les moins de seize ans, une apologie de la pédophilie, où il reproduit des lettres de Francesca. « Elle ne m’a jamais posé de questions, mais à l’époque personne ne trouvait à redire à ma relation avec Matzneff, observe Francesca Gee. Alors que j’étais juste une gamine dont les parents ne s’occupaient pas, sous l’emprise d’un prédateur expérimenté. »

    #pedocriminalite

    • je cite pour tagger les noms... ça fait un joli paquet de fils entrecroisés tout ça...

      À l’automne 1973, après quelques coups de fil, Matzneff emmène Francesca prendre un café près des Champs-Élysées avec une connaissance, la journaliste #Juliette_Boisriveaud.

      Alors âgée de 41 ans, cette ancienne voix de #RTL, militante féministe revendiquée, est débordée : elle s’apprête à lancer le magazine #Cosmopolitan, qu’elle pilotera pendant des années. « Je garde le souvenir d’une femme très sympathique, se souvient #Francesca_Gee. Elle a chaleureusement recommandé Michèle Barzach en expliquant que c’était… la nouvelle petite amie de son ex-mari !

      @touti

    • La majorité sexuelle était déjà à 15 ans en 1970 et ce, depuis 1945 (ou elle était à 13 ans…), donc, stricto senso Barzach a correctement fait son job de gynéco en commençant par protéger sa patiente du risque d’une grossesse à une époque où ce n’était hélas pas encore une priorité.

      La question de l’attentat à la pudeur se posait, mais pas forcément pour la gynéco.

    • il n’y pas un truc légal qui reconnaisse l’ascendant, ou la différence de... « pouvoir » entre quelqu’un de 15 ans et un autre de 37 ? ça lance peut-être un débat trop long... chai pas... c’est quand même juste une évidence...

    • @monolecte, je me disais cela aussi hier, mais entre une fille de 15 ans qu’une gynéco souhaite aider en lui donnant la pilule parce que c’est SA demande et un homme de 37 ans qui accompagne et paye pour cela… y’a un gap. Dans ce cas là, ce n’est pas une question de légalité mais d’humanité, la gynéco elle doit bien pouvoir s’entretenir avec la jeune fille pour savoir si elle est en âge (peut importe ici l’âge légal) de comprendre la situation ?
      Il faudrait que je retrouve (mézoù ?) un témoignage d’une de ses jeunes victimes qui avait du avorter et pour laquelle il y a eu des répercussions.

    • Cette lettre, envoyée d’Italie, comme une bouteille à la mer...

      Lettre d’Italie,

      Il est 00h28 à Brescia.

      « Je vous écris d’Italie, je vous écris donc depuis votre futur. Nous sommes maintenant là où vous serez dans quelques jours. Les courbes de l’épidémie nous montrent embrassés en une danse parallèle dans laquelle nous nous trouvons quelques pas devant vous sur la ligne du temps, tout comme Wuhan l’était par rapport à nous il y a quelques semaines. Nous voyons que vous vous comportez comme nous nous sommes comportés. Vous avez les mêmes discussions que celles que nous avions il y a encore peu de temps, entre ceux qui encore disent « toutes ces histoires pour ce qui est juste un peu plus qu’une grippe », et ceux qui ont déjà compris.

      D’ici, depuis votre futur, nous savons par exemple que lorsqu’ils vous diront de rester confinés chez vous, d’aucuns citeront Foucault, puis Hobbes. Mais très tôt vous aurez bien autre chose à faire. Avant tout, vous mangerez. Et pas seulement parce que cuisiner est l’une des rares choses que vous pourrez faire. Sur les réseaux sociaux, naîtront des groupes qui feront des propositions sur la manière dont on peut passer le temps utilement et de façon instructive ; vous vous inscrirez à tous, et, après quelques jours, vous n’en pourrez plus. Vous sortirez de vos étagères La Peste de Camus, mais découvrirez que vous n’avez pas vraiment envie de le lire.

      Vous mangerez de nouveau.

      Vous dormirez mal.

      Vous vous interrogerez sur le futur de la démocratie.

      Vous aurez une vie sociale irrésistible, entre apéritifs sur des tchats, rendez-vous groupés sur Zoom, dîners sur Skype.

      Vous manqueront comme jamais vos enfants adultes, et vous recevrez comme un coup de poing dans l’estomac la pensée que, pour la première fois depuis qu’ils ont quitté la maison, vous n’avez aucune idée de quand vous les reverrez.

      De vieux différends, de vieilles antipathies vous apparaîtront sans importance. Vous téléphonerez pour savoir comment ils vont à des gens que vous aviez juré de ne plus revoir.

      Beaucoup de femmes seront frappées dans leur maison.

      Vous vous demanderez comment ça se passe pour ceux qui ne peuvent pas rester à la maison, parce qu’ils n’en ont pas, de maison.

      Vous vous sentirez vulnérables quand vous sortirez faire des courses dans des rues vides, surtout si vous êtes une femme. Vous vous demanderez si c’est comme ça que s’effondrent les sociétés, si vraiment ça se passe aussi vite, vous vous interdirez d’avoir de telles pensées.

      Vous rentrerez chez vous, et vous mangerez. Vous prendrez du poids.

      Vous chercherez sur Internet des vidéos de fitness.

      Vous rirez, vous rirez beaucoup. Il en sortira un humour noir, sarcastique, à se pendre.

      Même ceux qui prennent toujours tout au sérieux auront pleine conscience de l’absurdité de la vie.

      Vous donnerez rendez-vous dans les queues organisées hors des magasins, pour rencontrer en personne les amis - mais à distance de sécurité.

      Tout ce dont vous n’avez pas besoin vous apparaîtra clairement.

      Vous sera révélée avec une évidence absolue la vraie nature des êtres humains qui sont autour de vous : vous aurez autant de confirmations que de surprises.

      De grands intellectuels qui jusqu’à hier avaient pontifié sur tout n’auront plus de mots et disparaîtront des médias, certains se réfugieront dans quelques abstractions intelligentes, mais auxquelles fera défaut le moindre souffle d’empathie, si bien que vous arrêterez de les écouter. Des personnes que vous aviez sous-estimées se révéleront au contraire pragmatiques, rassurantes, solides, généreuses, clairvoyantes.

      Ceux qui invitent à considérer tout cela comme une occasion de renaissance planétaire vous aideront à élargir la perspective, mais vous embêteront terriblement, aussi : la planète respire à cause de la diminution des émissions de CO2, mais vous, à la fin du mois, comment vous allez payer vos factures de gaz et d’électricité ? Vous ne comprendrez pas si assister à la naissance du monde de demain est une chose grandiose, ou misérable.

      Vous ferez de la musique aux balcons. Lorsque vous avez vu les vidéos où nous chantions de l’opéra, vous avez pensé « ah ! les Italiens », mais nous, nous savons que vous aussi vous chanterez la Marseillaise. Et quand vous aussi des fenêtres lancerez à plein tube I Will Survive, nous, nous vous regarderons en acquiesçant, comme depuis Wuhan, où ils chantaient sur les balcons en février, ils nous ont regardés.

      Beaucoup s’endormiront en pensant que la première chose qu’ils feront dès qu’ils sortiront, sera de divorcer. Plein d’enfants seront conçus.

      Vos enfants suivront les cours en ligne, seront insupportables, vous donneront de la joie. Les aînés vous désobéiront, comme des adolescents ; vous devrez vous disputer pour éviter qu’ils n’aillent dehors, attrapent le virus et meurent. Vous essaierez de ne pas penser à ceux qui, dans les hôpitaux, meurent dans la solitude. Vous aurez envie de lancer des pétales de rose au personnel médical.

      On vous dira à quel point la société est unie dans un effort commun, et que vous êtes tous sur le même bateau. Ce sera vrai. Cette expérience changera à jamais votre perception d’individus. L’appartenance de classe fera quand même une très grande différence. Etre enfermé dans une maison avec terrasse et jardin ou dans un immeuble populaire surpeuplé : non, ce n’est pas la même chose. Et ce ne sera pas la même que de pouvoir travailler à la maison ou voir son travail se perdre. Ce bateau sur lequel vous serez ensemble pour vaincre l’épidémie ne semblera guère être la même chose pour tous, parce que ça ne l’est pas et ne l’a jamais été.
      À un certain moment, vous vous rendrez compte que c’est vraiment dur.

      Vous aurez peur. Vous en parlerez à ceux qui vous sont chers, ou alors vous garderez l’angoisse en vous, afin qu’ils ne la portent pas. Vous mangerez de nouveau.

      Voilà ce que nous vous disons d’Italie sur votre futur. Mais c’est une prophétie de petit, de très petit cabotage : quelques jours à peine. Si nous tournons le regard vers le futur lointain, celui qui vous est inconnu et nous est inconnu, alors nous ne pouvons vous dire qu’une seule chose : lorsque tout sera fini, le monde ne sera plus ce qu’il était. »

      #lettre #11_jours #futur #Italie #cuisiner #démocratie #vie_sociale #rire #humour_noir #confinement #monde_de_demain #balcons #unité_nationale #classe_sociale #inégalités #épidémie #travail #peur #prophétie

  • #images et #pouvoirs : #Berlusconi et les « #veline ». Entretien avec #Francesca_Martinez_Tagliavia

    Quels sont les effets de la #culture_visuelle sur la construction du pouvoir politique ? Loin d’une vision instrumentale qui ne verrait dans les images que des moyens neutres utilisés par les chefs et leur entourage pour asseoir leur pouvoir, Francesca Martinez Tagliavia pense leur signification politique à partir de la manière dont elles sont produites, tant par les acteur-ices que par les spectateurs·ices. En étudiant le rôle et l’histoire des veline, ces femmes qui accompagnaient Silvio Berlusconi sur les plateaux de télévision, l’autrice propose de déconstruire le pouvoir d’un chef à partir du discours de celles qui ont contribué, par leur image, à produire son charisme. C’est par une critique venue des marges du pouvoir qu’on peut, selon elle, élaborer un discours à la hauteur de nos exigences politiques.


    https://vacarme.org/article3078.html
    #velina #télévision #femmes #patriarcat #publicité #corps #image #pouvoir

    • Faire des corps avec les images : La contribution visuelle de la velina au charisme de Berlusconi

      À la fin des années 2000, l’image de la velina – soubrette hyper-érotisée de la télévision italienne – endosse dans les discours de la critique anti-berlusconienne le rôle de symbole de la marchandisation des corps féminins et de la subalternité féminine dans l’espace public, qui caractérise le ventennio berlusconien. Puisant ses outils dans l’épistémologie des Visual Studies anglo-saxons et dans la culture visuelle italienne contemporaine, la thèse vise d’abord à analyser les manières dont les images font le corps de la velina. La généalogie de la velina rassemble des images emblématiques et opposées de la féminité comme les Jeunes Italiennes fascistes, les Tiller Girls américaines et les héroïnes du cinéma softcore italien des années soixante-dix, pour se cristalliser ensuite dans cette image, au moment où elle fait irruption dans l’émission télévisuelle Striscia la notizia (Mediaset, groupe Berlusconi) en 1989. Par l’analyse d’une étude de cas spécifique – les pratiques et les micropolitiques quotidiennes de l’image de Giulia Calcaterra, velina de l’édition 2012-2013 de Striscia la notizia – on déconstruit ensuite le point crucial des argumentaires excluant les veline du savoir et de la politique. Selon la critique mainstream, la velina serait un sujet aliéné, ornement passif du Spectacle. À partir de sa propre parole au sujet de son action, elle émerge au contraire comme un sujet autoréflexif et intelligent, et comme une actrice privilégiée de l’économie esthétique et culturelle, sur la base de laquelle Silvio Berlusconi a construit son consensus politique à partir de la fin des années soixante-dix. La thèse se concentre ensuite sur le rapport entre l’image de la velina et l’image de Berlusconi, par l’analyse d’images qui connectent la velina au « chef » Berlusconi. Le « charisme » de Berlusconi est visuellement construit par Berlusconi lui-même, par les intermédiaires culturels de son parti, la presse anti-berlusconienne, le cinéma et d’autres productions visuelles, en connexion avec l’image de la velina. On retrace différents moments-clés de l’exercice d’une propagande politique fondée sur des politiques et des pratiques visuelles qui s’entrelacent à des pratiques discursives et à d’autres types de pratiques politiques, scientifiques, techniques et sociales visant à susciter dans l’électorat un « amour de la domination », à travers une « domination de l’amour ». Si l’image de la velina contribue activement au « charisme » de Berlusconi, c’est parce qu’elle attribue au chef le pouvoir érotique nécessaire pour que celui-ci inspire du désir pour sa domination.

      https://journals.openedition.org/acrh/7103
      #thèse_de_doctorat

  • Memorie oltre confine. La letteratura postcoloniale in prospettiva storica

    Negli ultimi decenni si sono sviluppate forme di storia, di filosofia, di antropologia postcoloniale, ma la letteratura resta ancora una via maestra per comprendere che cosa stia succedendo nella cultura che fa da sfondo agli studi postcoloniali e che tocca continuamente nuove frontiere.
    Il libro di Gabriele Proglio si pone su questa strada, affrontando un tema di grande attualità: la necessità di sviluppare un approccio postcoloniale in prospettiva storica per quanto riguarda l’Italia. La letteratura postcoloniale in lingua italiana consente l’accesso a quella sfera della soggettività che il fascismo tentò di colonizzare - come parte integrante della colonizzazione materiale - incontrando per altro resistenze di vario genere. L’Italia attuale, da cui muove esplicitamente il lavoro, è inserita nel mondo globale e si caratterizza come punto di incrocio di una rete di canali di migrazione. La figura del migrante sta quindi al centro della trattazione. Appoggiandosi alle proposte dei principali teorici di studi postcoloniali, essa articola la riflessione sull’ibridazione delle culture nell’esperienza e nella scrittura dei soggetti delle migrazioni (ma anche dei loro discendenti e dei loro interpreti). Si delinea così un universo terzo, che si confronta con quello di partenza e con quello di arrivo, illuminando le strategie di vita dei migranti e i loro movimenti attraverso il tempo e lo spazio.
    Dalla lettura di questo libro si trae il senso della creazione di nuove forme espressive, nelle quali gli ambiti culturali attribuiti in passato a colonizzati e colonizzatori ora si mescolano, cambiano posto e valenza, indicando che sono in formazione spazi nuovi e trasversali, a cui possono avere accesso persone di diverse origini culturali.


    http://www.ombrecorte.it/more.asp?id=282&tipo=novita
    #post-colonialisme #littérature #Italie #postcolonialisme #livre #colonialisme #colonisation
    cc @albertocampiphoto

    D’autres publications intéressantes de #Gabriele_Proglio sur le colonialisme et l’Italie :
    https://babe.eui.eu/wp-content/uploads/sites/21/2015/10/Proglio_Publications_2015.pdf