• 21.09.2023 : #Pratiques_policières & préfectorales illégales en réponse à la demande de places d’hébergement d’urgence.

    La semaine dernière, la préfecture des #Hautes-Alpes a annoncé l’arrivée, dès le jeudi 21 septembre, de 84 effectifs supplémentaires dédiés au #renforcement des contrôles à la frontière franco-italienne. Depuis, des #interpellations se multiplient autour de la frontière, jusque dans la ville de #Briançon, et même au-delà, où la #police traque les personnes exilées pour les chasser de l’#espace_public. Or, si la préfecture se targue de respecter la loi, il n’en est rien et ces pratiques policières et préfectorales sont illégales et dangereuses.

    Les pratiques en matière de contrôles des personnes exilées dans la ville de Briançon ont changé depuis jeudi dernier : chaque jour, plus d’une dizaine de personnes ont été retenues au poste de police, parfois une nuit entière, suite à des contrôles d’identité dans la ville même, fait plutôt rare jusqu’ici. Les exilé.e.s sont poursuivi.e.s au-delà même de Briançon, dans le train, les bus, et jusqu’à Paris, où vendredi matin (29 septembre) une armada de policiers les attendaient à la descente du train de nuit à la gare d’Austerlitz. La présence policière est également renforcée à Marseille, Gap ou Grenoble.

    Ces contrôles ciblent les personnes racisées, et sont suivies par des retenues au commissariat pouvant aller jusqu’à 24 heures, qui se soldent par des #mesures_d’éloignement : des #OQTF (obligation de quitter le territoire français) sans délai, parfois suivies par des placements en #CRA (centre de rétention) dans des villes éloignées, comme Toulouse.

    Dans la ville frontalière de Briançon, ces vagues d’interpellations dissuadent les personnes exilées de circuler, elles ne sont donc à l’abri de ces contrôles que dans le seul lieu d’accueil actuellement ouvert, un bâtiment occupé en autogestion. La société publique locale Eau Service de la Haute Durance, dont le président n’est autre que le maire de Briançon, M. MURGIA, a coupé l’approvisionnement en eau courante de ce bâtiment le 17 août 2023. Aggravant la précarité des personnes accueillies, cette décision a de fortes répercussions pour la santé et le respect des droits fondamentaux des personnes. (Le lieu accueillant l’association Refuges solidaires a fermé fin août, ne pouvant assurer seul l’hébergement d’urgence à Briançon.)

    Des ordres ont été donné par le préfet pour augmenter la #présence_policière dans la ville de Briançon. L’augmentation des #contrôles_d’identité viserait à prévenir la recrudescence des « #incivilités » liées au contexte de pression migratoire. Les forces de l’ordre répètent que les contrôles qu’ils opèrent dans la ville de Briançon sont des contrôles dits « Schengen », possibles dans une bande de 20 km après la frontière, visant à rechercher et prévenir la #criminalité_transfrontalière.

    Or, le fait de franchir une frontière irrégulièrement, ou de se maintenir sur le territoire français irrégulièrement ne sont pas des infractions permettant de justifier un contrôle d’identité. En aucun cas, la police ne peut déduire que la personne est étrangère à cause d’un critère inhérent à la personne contrôlée (couleur de peau, d’yeux, de cheveux, vêtements, etc..). Ces contrôles sont restreints dans le temps : pas plus de douze heures consécutives. Or, ils sont permanents dans la zone frontalière briançonnaise. Dans les faits, ce sont bien des #contrôles_au_faciès qui sont menés, car ce sont bien les personnes racisées qui sont la cible de ces contrôles, qui ne semblent justifiés par aucun motif précis. A moins que le simple fait de dormir dans la rue soit considéré cyniquement comme une infraction par l’État, ou une « incivilité » alors même que celui-ci se place dans l’illégalité en n’ouvrant pas de places d’hébergement d’urgence dans le département ? Ces contrôles au faciès font plutôt penser à une réelle volonté du préfet de supprimer la présence des personnes exilées de l’espace public.

    Par ailleurs, la CJUE (Cour de justice de l’Union européenne) a bien rappelé dans sa décision du 21 septembre que la France met en place des pratiques illégales en termes de contrôles et d’enfermement aux frontières intérieures, et qu’elle est tenue de se conformer aux textes européens, ce qu’elle ne fait pas.

    Ces pratiques répondent à la même logique que celle dénoncée par nos associations depuis maintenant plusieurs années à la frontière : une volonté politique d’empêcher tout prix les personnes exilées de circuler, en faisant fi des textes de loi qui encadrent à la fois les contrôles d’identité et les procédures de non-admissions sur le territoire. Aussi, la réponse de l’Etat est une fois de plus de faire croire qu’il est possible « d’étanchéifier » la frontière, en déployant pour cela des moyens dispendieux.

    Or, Médecins du Monde et Tous migrants ont mené une enquête sur une semaine à la fin du mois d’août, et les résultats de nos observations confirment ce que nous documentons depuis plusieurs années : ce dispositif de contrôle de la frontière met en danger les personnes. Il n’empêche absolument pas les personnes exilées d’entrer en France, mais accroît par contre leur vulnérabilité en rendant le passage plus difficile, plus dangereux.

    Les récits des personnes qui traversent la frontière sont édifiants : contrôles par surprise, courses-poursuites par les forces de l’ordre, qui provoquent des chutes, avec des fractures, des entorses ou encore des pertes de connaissance. Marchant en moyenne 10 heures depuis l’Italie pour atteindre Briançon, les personnes font état de leur extrême #fatigue, de #déshydratation, et du #risque_de_se_perdre en #montagne. Certain.es ont passé plus de 48 heures en montagne, parfois sans boire ni manger. Cette énième traversée de frontières avec des tentatives de passage souvent multiples s’ajoute à un parcours migratoire extrêmement éprouvant et crée de plus des #reviviscences_traumatiques susceptibles ensuite de se traduire par des altérations de la #santé_mentale. Les #récits recueillis ces dernières semaines et les observations de Médecins du Monde lors des permanences médicales confirment ces pratiques.

    La plupart des personnes qui traversent la frontière sont originaires des pays d’Afrique sub-saharienne, et plus récemment du Soudan, et relèvent du droit d’asile ou de la protection subsidiaire. Les refouler en Italie de manière systématique et collective ignore le droit d’asile européen. De même, prendre à leur encontre des mesures d’éloignement (OQTF) vers leurs pays d’origine, où elles risquent la mort ou la torture, est contraire au principe de non-refoulement (article 33 de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés).

    https://www.medecinsdumonde.org/actualite/pratiques-policieres-prefectorales-illegales-en-reponse-a-la-demand

    #asile #migrations #réfugiés #frontières #France #Italie #frontière_sud-alpine #Alpes #contrôles_frontaliers #squat #refoulements #push-backs

  • Un mémoriel pour les mort·es aux frontières (région de l’Evros, Grèce) détruit

    Thread de Lena K. sur X :

    In August 2011, activists of the Welcome to Europe network & solidarians built a memorial for people who died while crossing the #Evros border: a water fountain at the village of Provatonas. The fountain now lies in ruin - visual proof of local hostility to border crossers.

    I found out about the fountain online, by chance. Like many aspects of the past of the local border regime and resistance to it, it’s been forgotten. I didn’t have time to investigate when, how and why it was destroyed (next time!) but one source suggests it was by locals:

    “Here we had built a fountain, as Greek tradition would have it, for travellers. To drink water, wash and rest before continuing their journey. Today this tap has been destroyed, they don’t even want the refugees to pass through here. On the one hand, I understand them

    A lot of people crossed then and never stopped crossing. People are tired. On the other hand, however, with what various people say and do, they have made people lose its humanity. I hope this broken fountain reminds us that we were human."

    https://www.avgi.gr/politiki/344653_ebros-thraysmata-pliroforisis

    The names of people who died crossing the #Evros were inscribed on the fountain. Its destruction erased them, rendering the dead nameless, dehumanising border crossers once again.

    https://athens.indymedia.org/post/1329456

    https://twitter.com/lk2015r/status/1692824778153787769

    #monument #mémoriel #mémoire #morts_aux_frontières #mourir_aux_frontières #asile #migrations #réfugiés #Grèce #frontières #destruction #Welcome_to_Europe #Provatonas

    • Μια βρύση-μνημείο των χαμένων μεταναστών-ριών στον Προβατώνα/Τυχερό Έβρου

      Όνομα και Αξιοπρέπεια για τους νεκρούς μετανάστες των συνόρων Μια βρύση-μνημείο των χαμένων μεταναστών-ριών στον Προβατώνα Έβρου

      Την Τρίτη 30 Αυγούστου με πρωτοβουλία του πανευρωπαϊκού δικτύου Welcome to Europe και πολλών αλληλέγγυων ανθρώπων, δημιουργήσαμε ένα μνημείο για τους χαμένους μετανάστες στα σύνορα του Έβρου. Για την Τζέιν και τον Μπασίρ που πνίγηκαν τον περασμένο χρόνο στο ποτάμι, αλλά και για τους εκατοντάδες άλλους, ανώνυμους νεκρούς και αγνοούμενους των συνόρων και των ναρκοπεδίων. Θελήσαμε να δώσουμε πίσω το Όνομα και την Αξιοπρέπεια, το σεβασμό που πρέπει σε κάθε νεκρό. Θελήσαμε, σε πείσμα των καιρών, να εκφράσουμε την Φιλοξενία και την αγωνία μας για τις διαστάσεις του εγκλήματος που λαμβάνει χώρα στα ευρωπαϊκά σύνορα. Θελήσαμε να πούμε όχι σε μια Ευρώπη που οχυρώνεται πίσω από το φόβο και χτίζει τείχη, σε μια Ευρώπη που μετατρέπει τους μετανάστες και μετανάστριες σε αποδιοπομπαίους τράγους της κρίσης. Να πούμε όχι σε μια Ευρώπη που μετατρέπει τους χιλιάδες νεκρούς των συνόρων σε αριθμούς και στατιστικές και που εξακολουθεί να τους μεταχειρίζεται ως ανεπιθύμητους ακόμη και μετά θάνατον. Όπως ανακαλύψαμε το 2010, υπάρχει ένας χώρος ταφής στο Σιδηρώ, που σε καμιά περίπτωση δεν μπορεί να χαρακτηριστεί νεκροταφείο, που προσβάλει τους νεκρούς και τους συγγενείς τους που έρχονται να τους αναζητήσουν. Από το 1995 μέχρι και το 2009, 104 άνθρωποι έχασαν τη ζωή τους από νάρκες και 187 ακρωτηριάστηκαν. Μόνο το 2011 έχουν σκοτωθεί στα σύνορα του Έβρου 70 άνθρωποι, 47 από τους οποίους δεν έχουν ταυτοποιηθεί. Λίγες ημέρες πριν, ένας ακόμη μετανάστης έπεφτε νεκρός όταν περιπολία της συνοριοφυλακής και της Frontex άνοιξε πυρ εναντίον ομάδας που διέσχιζε το ποτάμι. Πρόκειται για ένα έγκλημα που μένει ατιμώρητο, για μια βαρβαρότητα που ωστόσο δικαιολογούν και υποθάλπουν κυβερνήσεις και αξιωματούχοι. Στις 30 Αυγούστου βρεθήκαμε μαζί με συγγενείς και αγαπημένους δύο ανθρώπων που έχασαν τη ζωή τους στην περιοχή του Έβρου, με κατοίκους της περιοχής, με αντιρατσιστές-ριες που ήρθαν έπειτα από το Νο Border camp της Βουλγαρίας. Φτιάξαμε μια βρύση και τοποθετήσαμε μια επιγραφή με τα ονόματα των νεκρών, ένα μνημείο για όλους και όλες που έχουν χαθεί άδικα στα σύνορα. Η βρύση βρίσκεται στον Προβατώνα, στο δρόμο για το Τυχερό. Δίκτυο Welcome to Europe

      https://athens.indymedia.org/post/1329456

  • À la frontière italo-slovène, les migrants oubliés de la route balkanique

    L’extrême nord-est de l’Italie est la porte d’entrée dans le pays des migrants qui ont traversé l’Europe par la route des Balkans. Des centaines d’entre eux se retrouvent à survivre dans la rue. Les associations dénoncent un abandon de l’État.

    La Piazza della Libertà s’illumine des halos jaunes des réverbères. À mesure que les heures s’égrènent dans la nuit, de petits groupes d’hommes s’installent près des bancs verts. Ils sont presque tous afghans ou pakistanais, emmitouflés avec les moyens du bord, contraints de vivre à la rue depuis quelques jours pour les plus chanceux, quelques mois pour les autres. Juste en face, c’est la gare et ses promesses de poursuivre la route à bord d’un wagon chaud plutôt qu’à pied.

    S’y croisent ceux qui sont montés à bord à Ljubljana ou à Zagreb, les capitales slovène et croate, direction Trieste, et ceux qui poursuivent leur voyage vers l’Europe du Nord, avec Milan ou Venise comme étapes suivantes.

    Ce soir-là, une quinzaine d’Afghans arrivent tout juste de la frontière slovène, à moins de dix kilomètres du centre-ville de Trieste. Ils sont venus à pied. L’un d’eux, visiblement heureux d’être arrivé, demande à son ami de le prendre en photo, pouces vers le haut, dans l’air gelé des températures à peine positives. Demain ou après-demain, promet-il, il continuera sa route. En attendant, les autres lui indiquent le Silos, un ensemble de grands entrepôts de l’époque austro-hongroise s’étendant derrière la gare et devenus le refuge insalubre et précaire d’environ quatre cents migrants.

    Aziz Akhman est l’un d’eux. Ce Pakistanais de 32 ans a fui les attentats aux voitures piégées, l’insécurité et les rackets qui gangrènent sa région d’origine, à la frontière avec l’Afghanistan. Quand son magasin a été incendié, il est parti. « J’ai mis quatre mois à arriver en Italie, explique-t-il. J’ai déposé une demande d’asile. » Chaque nuit, seule une fine toile de tente le sépare de la nuit glacée qui enveloppe le Silos. Les heures de sommeil sont rares, grignotées par le froid de l’hiver.

    « La vie ici est un désastre », commente Hanif, un Afghan de 25 ans qui passe, lui aussi, ses nuits au Silos. Son rêve, c’est Montbéliard (Doubs), en France. « Tous mes amis et certains membres de ma famille vivent là-bas. J’y ai passé six mois avant d’être renvoyé en Croatie », raconte le jeune homme, qui avait donné ses empreintes dans le pays et y a donc été expulsé en vertu des accords de Dublin. À peine renvoyé en Croatie, vingt jours plus tôt, il a refait le chemin en sens inverse pour revenir en France. Trieste est juste une étape.

    « Ici convergent aussi bien ceux qui sont en transit que ceux qui restent », explique Gian Andrea Franchi. Ce retraité a créé l’association Linea d’Ombra avec sa femme Lorena Fornasir à l’hiver 2019. « On s’est rendu compte que de nombreuses personnes gravitaient autour de la gare et qu’une bonne partie dormait dans les ruines du vieux port autrichien, se remémore-t-il en pointant la direction du Silos. Ils ne recevaient aucune aide et vivaient dans des conditions très difficiles. » Depuis, l’association distribue des vêtements, des couvertures, des tentes, offre des repas et prodigue des soins médicaux.

    Sur l’un des bancs, Lorena Fornasir a déployé une couverture de survie dont les reflets dorés scintillent dans la pénombre. « Quand ces hommes arrivent, ils ont souvent les pieds dans un tel état qu’on dirait qu’ils reviennent des tranchées », explique cette psychothérapeute à la retraite qui panse, soigne, écoute chaque soir ceux qui en ont besoin.

    « Ceux qui dorment au Silos sont tous tombés malades à cause des conditions dans lesquelles ils vivent, c’est une horreur là-bas : ils ont attrapé des bronchites, des pneumonies, des problèmes intestinaux, et beaucoup ont d’énormes abcès dus aux piqûres d’insectes et aux morsures de rats qui s’infectent », poursuit Lorena Fornasir, avant d’aller chercher dans sa voiture quelques poulets rôtis pour les derniers arrivés de la frontière slovène, affamés et engourdis par le froid. Les soirs d’été, lorsque le temps permet de traverser les bois plus facilement, ce sont parfois près de cinq cents personnes qui se retrouvent sur celle que le couple de retraités a rebaptisée « La Place du Monde ».
    Une crise de l’accueil

    Dans les bureaux de l’ICS, Consortium italien de solidarité, Gianfranco Schiavone a ces chiffres parfaitement en tête et ne décolère pas. Derrière l’écran de son ordinateur, il remonte le fil de ses courriels. Devant lui s’ouvre une longue liste de noms. « On a environ 420 demandeurs d’asile qui attendent une place d’hébergement ! », commente le président de l’ICS, fin connaisseur des questions migratoires dans la région. « Depuis un an et demi, ces personnes sont abandonnées à la rue et ce n’est pas à cause de leur nombre, particulièrement élevé… Au contraire, les arrivées sont modestes », explique-t-il en pointant les chiffres publiés dans le rapport « Vies abandonnées ».

    En moyenne, environ quarante-cinq migrants arrivent chaque jour à Trieste. Le chiffre est plutôt stable et pourrait décroître dans les semaines à venir. La neige a souvent ralenti les départs en amont, le long des passages boisés et plus sauvages de la route balkanique.

    Selon les estimations de l’ICS, entre 65 et 75 % des migrants qui arrivent à Trieste repartent. Le quart restant dépose une demande d’asile. Selon les règles en vigueur en Italie, les demandeurs d’asile sont hébergés dans des centres de premier accueil, le temps que les commissions territoriales examinent leur demande. L’ICS gère deux de ces centres, installés à quelques centaines de mètres de la frontière slovène. Les migrants devraient y rester quelques jours puis être redispatchés dans d’autres régions au sein de centres de plus long accueil.

    Faute de redistribution rapide, les centres d’accueil temporaire sont pleins et les nouveaux arrivants se retrouvent à la rue, dépendant uniquement du système d’hébergement d’urgence, déjà sursollicité par les SDF de la ville. À Trieste même, les près de 1 200 places d’hébergement à long terme disponibles pour les demandeurs d’asile sont toutes occupées.

    « On ne se retrouve pas avec quatre cents personnes arrivées en une journée qui ont mis en difficulté le système d’accueil, regrette Gianfranco Schiavone, mais avec de petits groupes volontairement laissés à la rue dont l’accumulation, jour après jour, a fini par donner ce résultat. » Il livre l’analyse suivante : « Ces conditions de vie poussent ces personnes vers la sortie. Le premier objectif est de réduire au maximum le nombre de demandeurs d’asile que l’État doit prendre en charge. Le deuxième, plus politique, est de créer une situation de tension dans l’opinion publique, de donner l’image de centaines de migrants à la rue et d’entretenir l’idée que les migrants sont vraiment trop nombreux et que l’Italie a été abandonnée par l’Europe. »

    Interrogée, la préfecture n’a pas souhaité répondre à nos sollicitations, renvoyant vers le ministère de l’intérieur. Le cabinet du maire, lui, renvoie aux prises de position déjà exprimées dans la presse locale. La position de l’édile de la ville est sans appel : il ne fera rien.
    L’accord Albanie-Italie suspendu

    Récemment, un important dispositif policier a été déployé dans la région. Le 18 octobre, après l’attentat contre des supporteurs suédois à Bruxelles, le gouvernement de Giorgia Meloni a décidé de fermer sa frontière avec la Slovénie. Le traité de Schengen a été provisoirement suspendu pour prévenir d’éventuelles « infiltrations terroristes » via la route balkanique.

    « C’est nécessaire, en raison de l’aggravation de la situation au Moyen-Orient, l’augmentation des flux migratoires le long de la route balkanique et surtout pour des questions de sécurité nationale », a justifié la cheffe du gouvernement. 350 agents ont été déployés dans le Frioul-Vénétie Julienne, le long des 230 kilomètres de la frontière italo-slovène. Initialement prévus pour dix jours, les contrôles aux frontières ont déjà été prolongés deux fois et sont actuellement en vigueur jusqu’au 18 janvier 2024.

    Avec ce tour de vis sur sa frontière orientale, l’Italie tente de maintenir une promesse qu’elle ne parvient pas à tenir sur son front méditerranéen : verrouiller le pays. Car après l’échec de sa stratégie migratoire à Lampedusa en septembre, Giorgia Meloni a redistribué ses cartes vers les Balkans. À la mi-novembre, la cheffe du gouvernement s’est rendue en visite officielle à Zagreb pour discuter, notamment, du dossier migratoire. Mais son dernier coup de poker, c’est l’annonce d’un accord avec l’Albanie pour y délocaliser deux centres d’accueil pour demandeurs d’asile.

    L’idée est d’y emmener jusqu’à 3 000 personnes, immédiatement après leur sauvetage en mer par des navires italiens. Sur place, la police albanaise n’interviendra que pour la sécurité à l’extérieur du centre. Le reste de la gestion reste entièrement de compétence italienne. La mise en service de ces deux structures a été annoncée au printemps. Le dossier semblait clos. À la mi-décembre, la Cour constitutionnelle albanaise a finalement décidé de suspendre la ratification de l’accord. Deux recours ont été déposés au Parlement pour s’assurer que cet accord ne viole pas les conventions internationales dont est signataire l’Albanie. Les discussions devraient reprendre à la mi-janvier.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/080124/la-frontiere-italo-slovene-les-migrants-oublies-de-la-route-balkanique
    #Slovénie #Italie #frontières #frontière_sud-alpine #asile #migrations #réfugiés #route_des_Balkans #Balkans #Trieste #sans-abrisme #SDF #hébergement #réfugiés_pakistanais #réfugiés_afghans #Silos #Linea_d’Ombra #solidarité #ICS

  • Le #lobbying sans #frontières de #Thales
    (publié en 2021, ici pour archivage)

    Pour vendre ses systèmes de surveillance aux confins de l’Union européenne, l’entreprise use de son influence. Indirectement, discrètement, efficacement.

    Ce 23 mai 2017, au sixième étage de l’immense tour vitrée qui héberge les locaux de #Frontex à Varsovie, en Pologne, les rendez-vous sont réglés comme du papier à musique. L’agence européenne de gardes-frontières et de gardes-côtes reçoit des industriels pour des discussions consacrées à l’utilisation de la biométrie aux confins de l’Union. Leonardo, Safran, Indra… Frontex déroule le tapis rouge aux big boss de la sécurité et de la défense. Juste après la pause-déjeuner, c’est au tour de #Gemalto, qui sera racheté deux ans plus tard par Thales (lire l’épisode 5, « Thales s’immisce dans ta face »), de déballer pendant quarante-cinq minutes ses propositions. Un document PowerPoint de 14 pages sert de support visuel. L’entreprise franco-néerlandaise y développe diverses utilisations de la reconnaissance faciale aux frontières : en collectant un selfie grâce à son téléphone avant de voyager, en plein vol dans un avion ou dans un véhicule qui roule. Oubliant de s’interroger sur la légalité et le cadre juridique de cette technologie, la présentation conclut : « La reconnaissance faciale en mouvement n’a pas été testée dans les essais de “frontières intelligentes” mais devrait. » Une manière à peine voilée de dire que Frontex devrait coupler des logiciels de reconnaissance faciale aux caméras de surveillance qui lorgnent les frontières extérieures de l’Europe, afin de mieux identifier et surveiller ceux qui tentent de pénétrer dans l’UE.

    Ce document est l’un des 138 dévoilés le 5 février dernier par les « Frontex Files », enquête diligentée par la chaîne de télévision publique allemande ZDF, en collaboration avec l’ONG européenne Corporate Europe Observatory. Ce travail lève le voile sur des réunions menées par Frontex avec 125 lobbyistes, reçus entre 2018 et 2019… ainsi que sur leur opacité, puisque 72 % d’entre elles se sont tenues très discrètement, en dehors des règles de transparence édictées par l’Union européenne.

    Depuis 2016, Frontex joue un rôle dans la lutte contre la criminalité transfrontalière. Son budget atteint 544 millions en 2021

    Fondée en 2004 pour aider les pays européens à sécuriser leurs frontières, Frontex est devenue une usine à gaz de la traque des réfugiés. Depuis 2016 et un élargissement de ses fonctions, elle joue désormais un rôle dans la lutte contre la criminalité transfrontalière. Alors qu’il plafonnait à 6 millions d’euros en 2005, son budget atteint 544 millions en 2021. Pour le prochain cycle budgétaire de l’UE (2021-2027), la Commission européenne a attribué une enveloppe de 12,7 milliards d’euros à la gestion des frontières et de 9,8 milliards à la migration.

    Thales et Gemalto trônent dans le top 10 des entreprises ayant eu le plus d’entretiens avec l’agence européenne : respectivement trois et quatre réunions. Mais les deux sociétés devraient être comptées comme un tout : en rachetant la seconde, la première a logiquement profité des efforts de lobbying que celle-ci avait déployés auparavant. Pour le géant français, l’enjeu des frontières est majeur, ainsi que nous le racontions précédemment (lire l’épisode 6, « Thales police les frontières »). #Murs, #clôtures, #barbelés, #radars, #drones, systèmes de reconnaissance d’#empreintes_digitales biométriques… Chaque année, les marchés attribués se comptent en millions d’euros. L’ONG Transnational Institute parle de « business de l’édification de murs », du nom d’un de ses rapports, publié en novembre 2019. Celui-ci met la lumière sur les trois entreprises qui dévorent la plus grosse part du gâteau : l’espagnole #Leonardo (ex-#Finmeccanica), #Airbus et bien sûr Thales. Un profit fruit de plus de quinze années de lobbying agressif.

    Thales avance à couvert et s’appuie sur l’#European_Organisation_for_Security, un think tank qui regroupe ses principaux alliés et concurrents

    Flash-back en 2003. Le traumatisme des attentats du 11-Septembre est encore vif. L’Union européenne aborde l’épineuse question de la sécurisation de ses frontières. Elle constitue un « groupe de personnalités », dont la mission est de définir les axes d’un futur programme de recherche européen sur la question. Au milieu des commissaires, chercheurs et représentants des institutions s’immiscent les intérêts privés de sociétés spécialisées dans la défense : Thales, Leonardo, mais aussi l’allemande #Siemens et la suédoise #Ericsson. Un an plus tard, le rapport suggère à l’UE de calquer son budget de recherche sur la sécurité sur celui des États-Unis, soit environ quatre dollars par habitant et par an, raconte la juriste Claire Rodier dans son ouvrage Xénophobie business : à quoi servent les contrôles migratoires ? (La Découverte, 2012). En euros, la somme s’élève à 1,3 milliard par an. La machine est lancée. Les lobbyistes sont dans la place ; ils ne la quitteront pas.

    Au sein du registre de transparence de l’Union européenne, Thales publie les détails de ses actions d’influence : un lobbyiste accrédité au Parlement, entre 300 000 et 400 000 euros de dépenses en 2019 et des réunions avec des commissaires et des membres de cabinets qui concernent avant tout les transports et l’aérospatial. Rien ou presque sur la sécurité. Logique. Thales, comme souvent, avance à couvert (lire l’épisode 1, « Nice, le “little brother” de Thales ») et s’appuie pour faire valoir ses positions sur l’#European_Organisation_for_Security (EOS), un think tank qui regroupe ses principaux alliés et concurrents : #Airbus, Leonardo ou les Français d’#Idemia. Bref, un lobby. L’implication de Thales dans #EOS est tout à fait naturelle : l’entreprise en est la créatrice. Un homme a longtemps été le visage de cette filiation, #Luigi_Rebuffi. Diplômé en ingénierie nucléaire à l’université polytechnique de Milan, cet Italien au crâne dégarni et aux lunettes rectangulaires doit beaucoup au géant français. Spécialisé dans la recherche et le développement au niveau européen, il devient en 2003 directeur des affaires européennes de Thales. Quatre ans plus tard, l’homme fonde EOS. Détaché par Thales, il en assure la présidence pendant dix ans avant de rejoindre son conseil d’administration de 2017 à 2019.

    Depuis, il a fondé et est devenu le secrétaire général de l’#European_Cyber_Security_Organisation (#Ecso), représentant d’influence enregistré à Bruxelles, dont fait partie #Thales_SIX_GTS France, la filiale sécurité et #systèmes_d’information du groupe. À la tête d’Ecso, on trouve #Philippe_Vannier, également président de la division #big_data et sécurité du géant français de la sécurité #Atos… dont l’ancien PDG #Thierry_Breton est depuis 2019 commissaire européen au Marché intérieur. Un jeu de chaises musicales où des cadres du privé débattent désormais des décisions publiques.

    Entre 2012 et 2016, Luigi Rebuffi préside l’European Organisation for Security… et conseille la Commission pour ses programmes de recherche en sécurité

    Luigi Rebuffi sait se placer et se montrer utile. Entre 2012 et 2016, il occupe, en parallèle de ses fonctions à l’EOS, celle de conseiller pour les programmes de recherche en sécurité de la Commission européenne, le #Security_Advisory_Group et le #Protection_and_Security_Advisory_Group. « C’est une position privilégiée, analyse Mark Akkerman, chercheur et coauteur du rapport “Le business de l’édification de murs” de l’ONG Transnational Institute. Rebuffi faisait partie de l’organe consultatif le plus influent sur les décisions de financement par l’UE de programmes de recherche et d’innovation dans le domaine de la sécurité. »

    Ce n’est donc pas un hasard si, comme le note le site European Research Ranking, qui compile les données publiées par la Commission européenne, Thales est l’un des principaux bénéficiaires des fonds européens sur la #recherche avec 637 projets menés depuis 2007. La sécurité figure en bonne place des thématiques favorites de la société du PDG #Patrice_Caine, qui marche main dans la main avec ses compères de la défense Leonardo et Airbus, avec lesquels elle a respectivement mené 48 et 109 projets.

    Entre 2008 et 2012, l’Union européenne a, par exemple, attribué une subvention de 2,6 millions d’euros à un consortium mené par Thales, dans le cadre du projet #Aspis. Son objectif ? Identifier des systèmes de #surveillance_autonome dans les #transports_publics. Des recherches menées en collaboration avec la #RATP, qui a dévoilé à Thales les recettes de ses systèmes de sécurité et les coulisses de sa première ligne entièrement automatisée, la ligne 14 du métro parisien. Un projet dont l’un des axes a été le développement de la #vidéosurveillance.

    Thales coordonne le projet #Gambas qui vise à renforcer la #sécurité_maritime et à mieux repérer les bateaux de réfugiés tentant de rejoindre l’Europe

    À la même période, Thales s’est impliqué dans le projet #Oparus, financé à hauteur de 1,19 million d’euros par la Commission européenne. À ses côtés pour penser une stratégie européenne de la surveillance terrestre et maritime par #drones, #EADS (ancien nom d’#Airbus) ou #Dassault_Aviation. Depuis le 1er janvier dernier, l’industriel français coordonne aussi le projet Gambas (1,6 million de financement), qui vise à renforcer la sécurité maritime en améliorant le système de surveillance par #radar #Galileo, développé dans le cadre d’un précédent #projet_de_recherche européen pour mieux repérer les bateaux de réfugiés tentant de rejoindre l’Europe. Une #technologie installée depuis 2018 aux frontières européennes.

    Des subventions sont rattachées aux derniers programmes de recherche et d’innovation de l’Union européenne : #PR7 (2007-13) et #Horizon_2020 (2014-20). Leur petit frère, qui court jusqu’en 2027, s’intitule, lui, #Horizon_Europe. L’une de ses ambitions : « La sécurité civile pour la société ». Alors que ce programme s’amorce, Thales place ses pions. Le 23 novembre 2020, l’entreprise s’est entretenue avec #Jean-Éric_Paquet, directeur général pour la recherche et l’innovation de la Commission européenne. Sur quels thèmes ? Ont été évoqués les programmes Horizon 2020 et Horizon Europe, et notamment « dans quelles mesures [les] actions [de la Commission] pourraient susciter l’intérêt de Thales, en vue d’un soutien renforcé aux PME mais aussi aux écosystèmes d’innovation au sein desquels les groupes industriels ont un rôle à jouer », nous a répondu par mail Jean-Éric Paquet.

    L’European Organisation for Security s’intéresse aussi directement aux frontières européennes. Un groupe de travail, coprésidé par #Peter_Smallridge, chef des ventes de la division « #borders_and_travel » de Thales et ancien de Gemalto, poursuit notamment l’ambition « d’encourager le financement et le développement de la recherche qui aboutira à une industrie européenne de la sécurité plus forte ». Entre 2014 et 2019, EOS a organisé 226 réunions pour le compte d’Airbus, Leonardo et Thales, dépensant 2,65 millions d’euros pour la seule année 2017. Le chercheur Mark Akkerman est formel : « Toutes les actions de lobbying sur les frontières passent par l’EOS et l’#AeroSpace_and_Defence_Industries_Association_of_Europe (#ASD) », l’autre hydre de l’influence européenne.

    L’AeroSpace and Defence Industries Association of Europe a particulièrement souligné la nécessité de renforcer les liens entre les politiques de sécurité européennes et l’industrie de la sécurité.
    Sonya Gospodinova, porte-parole de la Commission chargée de l’industrie de la défense

    Dans ses derniers comptes publiés, datés de 2018, EOS déclare des dépenses de lobbying en nette baisse : entre 100 000 et 200 000 euros, un peu moins que les 200 000 à 300 000 euros de l’ASD. La liste des interlocuteurs de ces structures en dit beaucoup. Le 12 février 2020, des représentants d’EOS rencontrent à Bruxelles #Despina_Spanou, cheffe de cabinet du Grec #Margarítis_Schinás, vice-président de la Commission européenne chargé des Migrations. Le 11 juin, c’est au tour de l’ASD d’échanger en visioconférence avec Despina Spanou, puis début juillet avec un autre membre du cabinet, #Vangelis_Demiris. Le monde de l’influence européenne est petit puisque le 30 juin, c’est Ecso, le nouveau bébé de Luigi Rebuffi, d’organiser une visioconférence sur la sécurité européenne avec le trio au grand complet : Margarítis Schinás, Despina Spanou et Vangelis Demiris. Pour la seule année 2020, c’est la troisième réunion menée par Ecso avec la cheffe de cabinet.

    Également commissaire chargé de la Promotion du mode de vie européen, Margarítis Schinás a notamment coordonné le rapport sur la « stratégie de l’UE sur l’union de la sécurité ». Publié le 24 juillet 2020, il fixe les priorités sécuritaires de la Commission pour la période 2020-2025. Pour lutter contre le terrorisme et le crime organisé, le texte indique que « des mesures sont en cours pour renforcer la législation sur la sécurité aux frontières et une meilleure utilisation des bases de données existantes ». Des points qui étaient au cœur de la discussion entre l’ASD et son cabinet, comme l’a confirmé aux Jours Sonya Gospodinova, porte-parole de la Commission chargée de l’industrie de la défense. « Lors de cette réunion, l’ASD a particulièrement souligné la nécessité de renforcer les liens entre les politiques de sécurité européennes et l’industrie de la sécurité », confie-t-elle. Difficile d’avoir le son de cloche des lobbyistes. Loquaces quand il s’agit d’échanger avec les commissaires et les députés européens, Luigi Rebuffi, ASD, EOS et Thales n’ont pas souhaité répondre à nos questions. Pas plus que l’une des autres cibles principales des lobbyistes de la sécurité, Thierry Breton. Contrairement aux Jours, l’AeroSpace and Defence Industries Association of Europe a décroché deux entretiens avec l’ancien ministre de l’Économie de Jacques Chirac en octobre dernier, pour aborder des sujets aussi vastes que le marché international de l’#aérospatiale, la #défense ou la #sécurité. À Bruxelles, Thales et ses relais d’influence sont comme à la maison.

    https://lesjours.fr/obsessions/thales-surveillance/ep7-lobbying-europe

    #complexe_militaro_industriel #surveillance_des_frontières #migrations #réfugiés #contrôles_frontaliers #lobby

    • Thales police les frontières

      De Calais à Algésiras, l’entreprise met ses technologies au service de la politique antimigratoire de l’Europe, contre de juteux contrats.

      Cette journée d’octobre, Calais ne fait pas mentir les préjugés. Le ciel est gris, le vent âpre. La pluie mitraille les vitres de la voiture de Stéphanie. La militante de Calais Research, une ONG qui travaille sur la frontière franco-anglaise, nous promène en périphérie de la ville. Un virage. Elle désigne du doigt un terrain poisseux, marécage artificiel construit afin de décourager les exilés qui veulent rejoindre la Grande-Bretagne. À proximité, des rangées de barbelés brisent l’horizon. Un frisson claustrophobe nous saisit, perdus dans ce labyrinthe de clôtures.

      La pilote de navire marchand connaît bien la région. Son collectif, qui réunit chercheurs et citoyens, effectue un travail d’archiviste. Ses membres collectent minutieusement les informations sur les dispositifs technologiques déployés à la frontière calaisienne et les entreprises qui les produisent. En 2016, ils publiaient les noms d’une quarantaine d’entreprises qui tirent profit de l’afflux de réfugiés dans la ville. Vinci, choisi en septembre 2016 pour construire un mur de 4 mètres de haut interdisant l’accès à l’autoroute depuis la jungle, y figure en bonne place. Tout comme Thales, qui apparaît dans la liste au chapitre « Technologies de frontières ».

      Thales vend son dispositif comme un outil pour protéger les employés, mais on voit bien que c’est pour empêcher les réfugiés de passer.
      Stéphanie, militante de l’ONG Calais Research

      Stéphanie stoppe sa voiture le long du trottoir, à quelques mètres de l’entrée du port de Calais. Portes tournantes et lecteurs de badges, qui permettent l’accès aux employés, ont été conçus par Thales. Le géant français a aussi déployé des dizaines de caméras le long de la clôture de 8 000 mètres qui encercle le port. « Thales vend son dispositif comme un outil pour protéger les employés, glisse Stéphanie, mais on voit bien que c’est pour empêcher les réfugiés de passer. » Le projet Calais Port 2015 – année initialement fixée pour la livraison –, une extension à 863 millions d’euros, « devrait être achevé le 5 mai 2021 », d’après Jean-Marc Puissesseau, PDG des ports de Calais-Boulogne-sur-Mer, qui n’a même pas pu nous confirmer que Thales en assure bien la sécurité, mais chiffre à 13 millions d’euros les investissements de sécurité liés au Brexit. Difficile d’en savoir plus sur ce port 2.0 : ni Thales ni la ville de Calais n’ont souhaité nous répondre.

      Les technologies sécuritaires de Thales ne se cantonnent pas au port. Depuis la mise en place du Brexit, la société Eurotunnel, qui gère le tunnel sous la Manche, a mis à disposition de la police aux frontières les sas « Parafe » (« passage automatisé rapide aux frontières extérieures ») utilisant la reconnaissance faciale du même nom, conçus par Thales. Là encore, ni Eurotunnel ni la préfecture du Pas-de-Calais n’ont souhaité commenter. L’entreprise française fournit aussi l’armée britannique qui, le 2 septembre 2020, utilisait pour la première fois le drone Watchkeeper produit par Thales. « Nous restons pleinement déterminés à soutenir le ministère de l’Intérieur britannique alors qu’il s’attaque au nombre croissant de petits bateaux traversant la Manche », se félicite alors l’armée britannique dans un communiqué. Pour concevoir ce drone, initialement déployé en Afghanistan, Thales a mis de côté son vernis éthique. Le champion français s’est associé à Elbit, entreprise israélienne connue pour son aéronef de guerre Hermes. En 2018, The Intercept révélait que ce modèle avait été utilisé pour bombarder Gaza, tuant quatre enfants. Si le patron de Thales, Patrice Caine, appelait en 2019 à interdire les robots tueurs, il n’éprouve aucun état d’âme à collaborer avec une entreprise qui en construit.

      Du Rafale à la grande mosquée de la Mecque, Thales s’immisce partout mais reste invisible. L’entreprise cultive la même discrétion aux frontières européennes

      À Calais comme ailleurs, un détail frappe quand on enquête sur Thales. L’entreprise entretient une présence fantôme. Elle s’immisce partout, mais ses six lettres restent invisibles. Elles ne figurent ni sur la carlingue du Rafale dont elle fournit l’électronique, ni sur les caméras de vidéosurveillance qui lorgnent sur la grande mosquée de la Mecque ni les produits informatiques qui assurent la cybersécurité du ministère des Armées. Très loquace sur l’efficacité de sa « Safe City » mexicaine (lire l’épisode 3, « Thales se prend un coup de chaud sous le soleil de Mexico ») ou les bienfaits potentiels de la reconnaissance faciale (lire l’épisode 5, « Thales s’immisce dans ta face »), Thales cultive la même discrétion sur son implication aux frontières européennes. Sur son site francophone, une page internet laconique mentionne l’utilisation par l’armée française de 210 mini-drones Spy Ranger et l’acquisition par la Guardia civil espagnole de caméras Gecko, œil numérique à vision thermique capable d’identifier un bateau à plus de 25 kilomètres. Circulez, il n’y a rien à voir !

      La branche espagnole du groupe est plus bavarde. Un communiqué publié par la filiale ibérique nous apprend que ces caméras seront installées sur des 4x4 de la Guardia civil « pour renforcer la surveillance des côtes et des frontières ». Une simple recherche sur le registre des appels d’offres espagnols nous a permis de retracer le lieu de déploiement de ces dispositifs. La Guardia civil de Melilla, enclave espagnole au Maroc, s’est vue attribuer une caméra thermique, tout comme celle d’Algésiras, ville côtière située à quelques kilomètres de Gibraltar, qui a reçu en complément un logiciel pour contrôler les images depuis son centre de commandement. Dans un autre appel d’offres daté de novembre 2015, la Guardia civil d’Algésiras obtient un des deux lots de caméras thermiques mobiles intégrées directement à un 4x4. Le second revient à la police des Baléares. Montant total de ces marchés : 1,5 million d’euros. Des gadgets estampillés Thales destinés au « Servicio fiscal » de la Guardia civil, une unité dont l’un des rôles principaux est d’assurer la sécurité aux frontières.

      Thales n’a pas attendu 2015 pour vendre ses produits de surveillance en Espagne. D’autres marchés publics de 2014 font mention de l’acquisition par la Guardia civil de Ceuta et Melilla de trois caméras thermiques portables, ainsi que de deux systèmes de surveillance avec caméras thermiques et de quatre caméras thermiques à Cadix et aux Baléares. La gendarmerie espagnole a également obtenu plusieurs caméras thalesiennes « Sophie ». Initialement à usage militaire, ces jumelles thermiques à vision nocturne, dont la portée atteint jusqu’à 5 kilomètres, ont délaissé les champs de bataille et servent désormais à traquer les exilés qui tentent de rejoindre l’Europe. Dans une enquête publiée en juillet dernier, Por Causa, média spécialisé dans les migrations, a analysé plus de 1 600 contrats liant l’État espagnol à des entreprises pour le contrôle des frontières, dont onze attribués à Thales, pour la somme de 3,8 millions d’euros.

      Algésiras héberge le port le plus important du sud de l’Espagne, c’est depuis des années l’une des portes d’entrées des migrants en Europe.
      Salva Carnicero, journaliste à « Por Causa »

      Le choix des villes n’est bien sûr pas anodin. « Algésiras héberge le port le plus important du sud de l’Espagne, c’est depuis des années l’une des portes d’entrées des migrants en Europe », analyse Salva Carnicero, qui travaille pour Por Causa. Dès 2003, la ville andalouse était équipée d’un dispositif de surveillance européen unique lancé par le gouvernement espagnol pour contrôler sa frontière sud, le Système intégré de surveillance extérieure (SIVE). Caméras thermiques, infrarouges, radars : les côtes ont été mises sous surveillance pour identifier la moindre embarcation à plusieurs dizaines de kilomètres. La gestion de ce système a été attribuée à l’entreprise espagnole Amper, qui continue à en assurer la maintenance et a remporté plusieurs appels d’offres en 2017 pour le déployer à Murcie, Alicante et Valence. Une entreprise que Thales connaît bien, puisqu’elle a acquis en 2014 l’une des branches d’Amper, spécialisée dans la création de systèmes de communication sécurisés pour le secteur de la défense.

      Ceuta et Melilla, villes autonomes espagnoles ayant une frontière directe avec le Maroc, sont considérées comme deux des frontières européennes les plus actives. En plus des caméras thermiques, Thales Espagne y a débuté en septembre 2019, en partenariat avec l’entreprise de sécurité suédoise Gunnebo, l’un des projets de reconnaissance faciale les plus ambitieux au monde. Le logiciel thalesien Live Face Identification System (LFIS) est en effet couplé à 35 caméras disposées aux postes-frontières avec l’Espagne. L’objectif : « Surveiller les personnes entrant et sortant des postes-frontières », et permettre « la mise en place de listes noires lors du contrôle aux frontières », dévoile Gunnebo, qui prédit 40 000 lectures de visages par jour à Ceuta et 85 000 à Melilla. Une technologie de plus qui complète l’immense clôture qui tranche la frontière. « Les deux vont de pair, le concept même de barrière frontalière implique la présence d’un checkpoint pour contrôler les passages », analyse le géographe Stéphane Rosière, spécialisé dans la géopolitique et les frontières.

      Chercheur pour Stop Wapenhandel, association néerlandaise qui milite contre le commerce des armes, Mark Akkerman travaille depuis des années sur la militarisation des frontières. Ses rapports « Border Wars » font figure de référence et mettent en exergue le profit que tirent les industriels de la défense, dont Thales, de la crise migratoire. Un des documents explique qu’à l’été 2015, le gouvernement néerlandais a accordé une licence d’exportation de 34 millions d’euros à Thales Nederland pour des radars et des systèmes C3. Leur destination ? L’Égypte, un pays qui viole régulièrement les droits de l’homme. Pour justifier la licence d’exportation accordée à Thales, le gouvernement néerlandais a évoqué « le rôle que la marine égyptienne joue dans l’arrêt de l’immigration “illégale” vers Europe ».

      De l’Australie aux pays du Golfe, l’ambition de Thales dépasse les frontières européennes

      L’ambition de Thales dépasse l’Europe. L’entreprise veut surveiller aux quatre coins du monde. Les drones Fulmar aident depuis 2016 la Malaisie à faire de la surveillance maritime et les caméras Gecko – encore elles –, lorgnent sur les eaux qui baignent la Jamaïque depuis 2019. En Australie, Thales a travaillé pendant plusieurs années avec l’entreprise publique Ocius, aidée par l’université New South Wales de Sydney, sur le développement de Bluebottle, un bateau autonome équipé d’un radar dont le but est de surveiller l’espace maritime. Au mois d’octobre, le ministère de l’industrie et de la défense australien a octroyé à Thales Australia une subvention de 3,8 millions de dollars pour développer son capteur sous-marin Blue Sentry.

      Une tactique rodée pour Thales qui, depuis une quinzaine d’années, profite des financements européens pour ses projets aux frontières. « L’un des marchés-clés pour ces acteurs sont les pays du Golfe, très riches, qui dépensent énormément dans la sécurité et qui ont parfois des problèmes d’instabilité. L’Arabie saoudite a barriérisé sa frontière avec l’Irak en pleine guerre civile », illustre Stéphane Rosière. En 2009, le royaume saoudien a confié la surveillance électronique de ses 8 000 kilomètres de frontières à EADS, aujourd’hui Airbus. Un marché estimé entre 1,6 milliard et 2,5 milliards d’euros, l’un des plus importants de l’histoire de la sécurité des frontières, dont l’attribution à EADS a été vécue comme un camouflet par Thales.

      Car l’entreprise dirigée par Patrice Caine entretient une influence historique dans le Golfe. Présent aux Émirats Arabes unis depuis 45 ans, l’industriel y emploie 550 personnes, principalement à Abu Dhabi et à Dubaï, où l’entreprise française est chargée de la sécurité d’un des plus grands aéroports du monde. Elle y a notamment installé 2 000 caméras de vidéosurveillance et 1 200 portillons de contrôle d’accès.

      Au Qatar, où elle comptait, en 2017, 310 employés, Thales équipe l’armée depuis plus de trois décennies. Depuis 2014, elle surveille le port de Doha et donc la frontière maritime, utilisant pour cela des systèmes détectant les intrusions et un imposant dispositif de vidéosurveillance. Impossible de quitter le Qatar par la voie des airs sans avoir à faire à Thales : l’entreprise sécurise aussi l’aéroport international d’Hamad avec, entre autres, un dispositif tentaculaire de 13 000 caméras, trois fois plus que pour l’intégralité de la ville de Nice, l’un de ses terrains de jeu favoris (lire l’épisode 1, « Nice, le “little brother” de Thales »).

      La prochaine grande échéance est la Coupe du monde de football de 2022, qui doit se tenir au Qatar et s’annonce comme l’une des plus sécurisées de l’histoire. Thales participe dans ce cadre à la construction et à la sécurisation du premier métro qatari, à Doha : 241 kilomètres, dont 123 souterrains, et 106 stations. Et combien de milliers de caméras de vidéosurveillance ?

      https://lesjours.fr/obsessions/thales-surveillance/ep6-frontieres-europe

  • La Cour des comptes étrille les politiques de lutte contre l’immigration irrégulière
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/01/05/la-cour-des-comptes-etrille-les-politiques-de-lutte-contre-l-immigration-irr

    La Cour des comptes étrille les politiques de lutte contre l’immigration irrégulière
    Par Antoine Albertini
    Un coût annuel de l’ordre de 1,8 milliard d’euros, un contrôle aux frontières « peu dissuasif », un taux d’exécution des obligations de quitter le territoire français (OQTF) anecdotique : tout, dans les 141 pages du rapport rendu public par la Cour des comptes, semble témoigner de l’impuissance de l’Etat en matière de lutte contre l’immigration irrégulière. Un constat chiffré, documenté, qui heurte de plein fouet les déclarations réitérées de l’exécutif, comme celles formulées par le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, qui maintenait, en octobre 2022, l’objectif affiché par Emmanuel Macron dès 2019 à l’occasion d’un entretien accordé à Valeurs actuelles : assurer l’exécution de 100 % des OQTF – une prétention « fantasmatique », a tranché le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, au cours d’une conférence de presse, jeudi 4 janvier, au siège de la Cour des comptes.
    Certes, entre les contraintes juridiques imposées par les engagements communautaires de la France et le manque de coopération de certains Etats dans la délivrance de laissez-passer consulaires, la responsabilité ne saurait être intégralement imputable aux gouvernements successifs. Il en va autrement de l’organisation des services chargés de la lutte contre l’immigration irrégulière, de la faible entente interministérielle ou d’une inflation législative – « 133 modifications en moins de dix ans » – parfois motivée par la médiatisation de faits divers.
    A mesure que le droit « se complexifie », la pression mise sur les préfectures par des circulaires ministérielles afin d’obtenir mesures d’éloignement, placements en rétention administrative ou assignations à résidence dévoile ses effets pervers : un engorgement des juridictions aggravé par l’existence de multiples voies de recours. Le contentieux des étrangers représentait ainsi « 41 % des affaires enregistrées par les tribunaux administratifs en 2021 (…) et 61 % devant les cours administratives d’appel ». Conséquence : le caractère dissuasif de cette politique reste très discutable, puisque « le nombre de franchissements irréguliers des frontières françaises est en hausse depuis 2015 ». Pis, en 2022, le taux de réalisation des 134 280 OQTF définitives réputées exécutoires prononcées par les préfectures et juridictions françaises n’excédait pas 12 %. « Consciente de sa faible capacité à faire respecter les OQTF, tempère la Cour des comptes, l’administration concentre ses efforts sur les profils présentant une menace à l’ordre public ou ayant une condamnation pénale récente, en les plaçant davantage en rétention. Dès lors, ces profils ont des taux d’éloignement plus élevés. » L’organisation même des services spécialisés montre ses limites. Le 19 janvier 2023, jour de déplacement des magistrats de la Rue Cambon le long des 117 kilomètres de frontière italienne sous contrôle renforcé, moins de 60 personnes en assuraient la surveillance, dont une dizaine de réservistes de la police nationale. Les centres de rétention administrative, en état de sous-effectif chronique, ne sont guère mieux lotis : sur un effectif théorique de 367 postes, celui de Vincennes (Val-de-Marne) compte 307 agents seulement, dont 80 % de jeunes policiers à peine sortis de l’école.
    Quant à la création d’un Office de lutte contre le trafic illicite de migrants en remplacement de l’Office central pour la répression de l’immigration irrégulière et de l’emploi d’étrangers sans titre, elle a certes entraîné le doublement de ses effectifs, « soit 138 nouveaux emplois », mais « si la police nationale a consenti à la création de 75 postes (…), la gendarmerie nationale a fourni un seul des 42 militaires promis, tandis que les douanes, les finances publiques, Tracfin [la cellule française de renseignement financier] et le ministère du travail n’ont encore envoyé aucun des agents promis ».
    Le dispositif souffre également d’une répartition incohérente des moyens. Sur les 126 points de passage frontaliers recensés en France, 45 seulement sont tenus par la police aux frontières, service de pointe dans la lutte contre l’immigration clandestine et théoriquement affecté à ces points de passage soumis à un « trafic permanent significatif en provenance de pays sources d’immigration ». Dans la pratique, des douaniers, moins formés que leurs collègues policiers, et dont le travail est davantage tourné vers le contrôle de marchandises, se voient confier des points de passage connaissant des flux humains considérables, comme la gare de Montpellier, « point d’arrivée des trains en provenance d’Espagne », quand la police aux frontières s’occupe de certains points présentant des risques quasi inexistants, à l’image de l’aéroport de Calvi-Sainte-Catherine.
    Demeure donc, note diplomatiquement la Cour des comptes, une « cohérence à construire », en renforçant notamment les services préfectoraux compétents, en simplifiant le contentieux de l’éloignement ou en assouplissant le dispositif d’aide au retour volontaire, encore insuffisamment développé et moins dispendieux qu’une procédure d’expulsion.Autant de considérations que l’institution a préféré formuler trois semaines après la date initialement prévue pour la parution de son rapport. Dans un exercice de transparence, M. Moscovici a assumé avoir pris la « responsabilité personnelle » de différer sa communication, programmée le 13 décembre 2023, en raison de l’adoption d’une motion de rejet du projet de loi sur l’immigration porté par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, le 11 décembre. « Je ne souhaitais pas, a-t-il précisé, que cette publication puisse interférer dans un débat législatif passionné et passionnel. »

    #Covid-19#migration#migrant#france#coursdescomptes#retourvolontaire#immigrationirreguliere#expulsion#OQTF#frontiere

  • Weaponizing the law against the vulnerable: the case of the #El_Hiblu_3

    In March 2019, three teenagers were rescued from a sinking rubber boat in the Mediterranean Sea. Amara was 15 years old and had already travelled from Guinea to Libya before attempting the crossing to Europe. Unknown to him at the time were two other teenagers: Kader was 16, a football enthusiast and from the Ivory Coast; and Abdalla at 19 was also from Guinea and travelling with his wife, Souwa. The three teenagers travelled with 100 other people, and were rescued by an oil tanker, the #El_Hiblu_1, after their boat began to deflate.

    That night, the El Hiblu 1 crew tried to return the travellers to Libya, despite assurances of helping them to reach Europe. In the early hours of the morning, people spotted Tripoli’s coastline and began to protest, terrified at the prospect of being returned to the violence they had known in Libya. Desperation was so high that people were ready to jump overboard. In this tense situation, the first mate called on Amara to translate, having identified him the day before as someone who spoke English. Eventually, the crew also called on the young Kader and Abdalla. The three acted as mediators and translators between frightened travellers and scared crew members.

    The wider group’s protests convinced the captain to change course; he turned the ship north and motored towards Malta. Speaking to the Maltese authorities en route, he claimed his ship was no longer under his control - although testimonies in the subsequent compilation of evidence cast doubt on this claim. Nevertheless, upon arrival in Malta’s Valletta harbour, the three were arrested and immediately charged with nine crimes, including terrorism and confining someone against their will. These charges carry multiple life sentences, and echo the media narrative that took hold before the three even arrived in Malta, a narrative that painted them as pirates and hijackers.

    Abdalla, Amara, and Kader – now also known as the El Hiblu 3 – have never known Malta as free men. Imprisoned for 8 months, initially in the maximum-security wing of the adult prison despite their young age, they were released on bail in November 2019 but required to register with the police every day and restricted in their daily movements. Legal experts and international organisations describe the charges that condition their lives as ‘grossly unjust’, ‘baseless’, and a ‘farce’.

    For almost five years, the three young men have attended court hearings every month. As a whole, the testimonies corroborate what the El Hiblu 3 have always maintained: that they are innocent. Moreover, the compilation of evidence, only the initial stage in the judicial process, has been painfully slow and riddled with failures, silences and erasures. Despite calling numerous people to testify, including crew members and officials from the Armed Forces of Malta, the prosecution failed to call any of the 100 people who travelled with the El Hiblu 3 for two years. They only did so in March 2021 after the defence submitted an application to the court reminding the prosecution of its legal obligation to impartiality and its duty to bring forward all evidence at its disposal. Predictably, many of these key eyewitnesses had already left the island after two years, as secondary movements to other European countries are common.

    Even when a handful were eventually given the opportunity to testify, silencing continued. Requests by some to testify in Bambara, a language widely spoken in West Africa, were denied. Witnesses also questioned the accuracy of the translation occurring in court, with the defence requesting a new translator. Yet, those who did testify confirmed Amara, Abdalla and Kader’s role as translators, and not as ring leaders.

    Over these last years, a vast, transnational solidarity network has developed between local, international and intergovernmental organisations, convinced of the El Hiblu 3’s innocence and motivated by the injustice of pressing such charges against three teenagers. As the compilation of evidence unfolded, anger grew as information emerged that no weapons were found on board and no violence took place, and as people got to know the three. Despite their young age, despite the trial having already stolen much of their youth, they have displayed incredible strength and courage in the face of injustice. They have withstood imprisonment, adhered to strict bail conditions, appeared in court every month, all while building lives in Malta: studying, working, raising children, making friends and building a community.

    As we have explored elsewhere, the solidarity network that has emerged to support and stand with Amara, Abdalla, and Kader reflects a transgressive form of solidarity that resists dominant state narratives and categories, and also creates counter-narratives through direct action. Alongside many protests, concerts, and conferences, the campaign to free the El Hiblu 3 published a book in 2021 which reflects the diverse voices of this network, with central contributions from Abdalla, Amara, and Kader. The El Hiblu case allows us to explore the ways in which transgressive acts—from autonomous migration to solidarity practices that occur at sea and within European territory—connect and challenge our conceptualization of borders, nation-states, and citizenship.

    This case highlights the persistent criminalisation of people on the move in Europe today. The EU and its southern member states have attempted to contain people in Libya: they have turned militias into ‘EU partners’, funded detention centres, and coordinated pushbacks, with complete disregard for severe human rights violations carried out by these actors. In the name of deterrence, people in distress at sea are abandoned and those carrying out search and rescue activities are criminalised. Those who arrive face further punishment. Among other countries, Italy and Greece have used the law to target those they consider ‘boat drivers’. Malta, similarly, has weaponised the law against the El Hiblu 3, using them as political pawns in a spectacle of deterrence. The use of the law, by liberal democratic states, to undermine human rights raises questions of democracy, rule of law, and justice.

    A few weeks ago, in November 2023, the Attorney General issued a bill of indictment formally charging Abdalla, Amara, and Kader with all the original accusations, despite the testimonies heard in the intervening period that point to their innocence and despite condemnation of the judicial process from legal scholars, international organisations and activists. According to Amnesty International, Malta’s Attorney General made the ‘worst possible decision’ when she issued a bill of indictment that could lead to life sentences for the El Hiblu 3. Indeed, many have hailed the three young men as heroes whose mediation helped prevent an illegal pushback to Libya. With countless supporters, in Malta and beyond, we continue to stand with them in their fight for justice.

    https://blogs.law.ox.ac.uk/border-criminologies-blog/blog-post/2024/01/weaponizing-law-against-vulnerable-case-el-hiblu-3
    #migrations #asile #réfugiés #criminalisation #El_Hiblu #Libye #Méditerranée #pull-back #résistance #justice #Malte #Abdalla #Amara #Kader #solidarité #frontières #scafisti #scafista

  • La politique de lutte contre l’#immigration_irrégulière

    À la suite d’une première publication en avril 2020, qui portait sur l’intégration des personnes immigrées en situation régulière et sur l’exercice du droit d’asile, la Cour publie ce jour un rapport consacré à la politique de #lutte_contre_l’immigration_irrégulière, et notamment aux moyens mis en œuvre et aux résultats obtenus au regard des objectifs que se fixe l’État. À ce titre, la Cour a analysé les trois grands volets de cette politique : la #surveillance_des_frontières, la gestion administrative des étrangers en situation irrégulière sur le territoire national et l’organisation de leur retour dans leur pays d’origine. Il convient de souligner que ce rapport a été inscrit à la programmation des publications de la Cour plusieurs mois avant la présentation du projet de loi au Conseil des ministres puis au Parlement en février 2023, et qu’il a été réalisé et contredit avant la loi immigration de décembre 2023.

    https://www.ccomptes.fr/fr/publications/la-politique-de-lutte-contre-limmigration-irreguliere

    #cour_des_comptes #France #migrations #rapport #frontières #contrôles_frontaliers #efficacité #contrôles_systématiques_aux_frontières #coopération_transfrontalière #Frontex #surveillance_frontalière #force_frontière #sans-papiers #OQTF #éloignement #renvois #expulsions #rétention #détention_administrative #renvois_forcés #laissez-passer_consulaires #aide_au_retour #retour_volontaire #police_aux_frontières (#PAF) #ministère_de_l'intérieur #chiffres #statistiques

    ping @karine4

    • #Pierre_Moscovici s’explique sur le report de la publication de la Cour des comptes sur l’immigration irrégulière : « Je n’ai rien cherché à dissimuler »

      Plusieurs élus ont dénoncé une entrave volontaire au débat démocratique. Auprès de « CheckNews », le président de la Cour des comptes se défend et dit qu’il n’a « rien cherché à dissimuler ».

      Un timing qui interroge. Le 4 janvier, soit deux semaines après la #commission_mixte_paritaire (#CMP) qui s’est réunie pour l’examen de la loi immigration sur fond de crise politique sévère – et qui a finalement abouti à l’adoption d’un texte plus dur que la version initiale proposée par le gouvernement – la Cour des comptes a publié son rapport sur la politique de lutte contre l’immigration irrégulière.

      Ses conclusions dressent notamment le bilan médiocre de la politique migratoire de l’Etat. Et pointent une « stratégie globale illisible et incohérente » de l’Intérieur. Mais au-delà du propos, c’est aujourd’hui le choix de son président, le socialiste Pierre Moscovici, de repousser la publication de ce rapport, qui se retrouve sous le feu des critiques. A l’origine, le texte devait en effet être publié le 13 décembre. C’était sans compter, deux jours plus tôt, sur la motion de rejet de l’Assemblée, qui a ouvert la voie à une CMP.

      Lors de sa présentation du rapport, Moscovici a expliqué qu’il n’avait pas souhaité que ce texte « puisse interférer en quoi que ce soit avec un débat passionné voire passionnel ».

      Le lendemain, il revient sur ce choix, et défend sur LCI une « décision prise personnellement et que j’assume totalement. La Cour publie ses rapports quand elle le veut. Nous avions programmé de le faire le 13 décembre. C’était le surlendemain du vote sur la motion de rejet de la loi sur l’immigration. Je sais pas si vous imaginez un tel rapport qui sort à ce moment-là, trois jours avant la commission mixte paritaire ? Qu’est-ce qu’on aurait dit ? Certains, à droite ou à l’extrême droite, auraient dit : “Quel scandale, rien ne marche, il faut être beaucoup plus dur”. Les autres : “Déjà ça ne marche pas, donc on n’a pas besoin d’une loi”. »
      « Je n’ai pas voulu que ce rapport soit déformé »

      Face au présentateur Darius Rochebin qui lui oppose qu’il s’agit là du fondement du « débat démocratique », Pierre Moscovici répond : « Oui, mais nous étions dans une crise politique, dans un moment où les arguments rationnels se faisaient peu entendre. Je n’ai pas voulu que ce rapport soit déformé et je n’ai pas voulu interférer avec un vote sous pression. »

      Ce dimanche 7 janvier, ils sont nombreux à s’indigner davantage de cette justification. A droite, Laurent Wauquiez appelle à la démission de Pierre Moscovici, dénonçant un « manquement grave à notre démocratie et aux obligations les plus élémentaires qui s’imposent à la Cour des comptes ». De son côté, Rachida Dati estime que « Pierre Moscovici a utilisé son pouvoir personnel pour priver le Parlement d’éléments factuels pour légiférer sur l’immigration ».

      Des critiques auxquelles se joignent certaines voix de gauche. Le député LFI Thomas Portes parle ainsi de « magouilles d’un autre âge » et d’un « mépris profond pour les citoyens et les élus ». Quant à Antoine Léaument, élu insoumis aussi, il déplore des « propos incroyables du président de la Cour des comptes » qui « a décidé de garder cachée une information qui pouvait être d’utilité publique ».

      « Je n’avais pas d’autres choix »

      Pierre Moscovici, joint par CheckNews ce dimanche matin, note que ces critiques ne proviennent ni de « toute la droite, ni de toute la gauche ». Sur le fond, contrairement à sa justification initiale du 4 janvier (où il indiquait qu’il ne souhaitait pas que la publication « puisse interférer en quoi que ce soit avec un débat passionné voire passionnel »), il indique aujourd’hui que le 13 décembre, date à laquelle le rapport devait être initialement publié, « le débat était clos par la motion de rejet ».

      Et de préciser : « Il n’y avait plus de débat parlementaire mais une crise politique, à dénouer par une procédure particulière. Si le rapport avait été publié comme prévu, il y aurait eu un déluge de réactions qui n’auraient pas alimenté le débat mais les passions. L’institution est là pour éclairer les citoyens, pas pour nourrir les controverses entre partis pendant une CMP. Je n’avais pas d’autre choix. Les mêmes qui poussent des cris d’orfraie auraient assuré que la Cour des comptes ne laissait pas le parlement travailler librement, et lui auraient reproché de s’immiscer dans sa souveraineté. Aucune de nos analyses n’aurait été reprise sereinement. Mes raisons sont de bon sens, je n’ai rien cherché à dissimuler : j’ai simplement joué mon rôle en protégeant l’indépendance, la neutralité et l’impartialité de l’institution que je préside. Ces critiques de mauvaise foi montrent aujourd’hui en quoi la publication du rapport le 13 décembre aurait simplement nourri la violence du combat politique. »

      https://www.liberation.fr/checknews/pourquoi-pierre-moscovici-a-t-il-differe-la-publication-du-rapport-de-la-

  • L’espace Schengen s’ouvrira partiellement à la Bulgarie et la Roumanie à partir du 31 mars
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/31/l-espace-schengen-s-ouvrira-partiellement-a-la-bulgarie-et-la-roumanie-a-par

    L’espace Schengen s’ouvrira partiellement à la Bulgarie et la Roumanie à partir du 31 mars
    Les contrôles aux frontières aériennes et maritimes, internes à l’Union européenne, seront levés pour les deux pays, ont confirmé les Vingt-Sept, après pas moins de douze années de négociations. Le sort des frontières terrestres doit être décidé plus tard.
    Le Monde avec AFP
    La Roumanie avait récemment vendu la mèche, mais il restait la confirmation officielle. Elle est arrivée dans la nuit du samedi 30 au dimanche 31 décembre 2023 lorsque les vingt-sept Etats membres de l’Union européenne (UE) ont annoncé que la Bulgarie et la Roumanie allaient partiellement intégrer l’espace Schengen de libre circulation, à partir du 31 mars. Cette date a été choisie car elle correspond au passage des horaires d’hiver à ceux prévus pour l’été par l’Association internationale du transport aérien (IATA), selon le communiqué des Vingt-Sept qui se sont mis d’accord à l’unanimité pour lever les contrôles aux frontières aériennes et maritimes, internes à l’UE, de ces deux pays. Ils devront prendre une nouvelle décision pour choisir la date de levée des contrôles aux frontières terrestres, internes à l’UE, ajoute ce communiqué du Conseil de l’UE, institution qui représente les Etats membres. La Commission européenne s’est de son côté félicitée de cette décision, qui intervient après pas moins de douze années de négociations. « Aujourd’hui marque un moment historique pour la Bulgarie et la Roumanie, et un jour de grande fierté pour les citoyens bulgares et roumains », s’est félicitée dans un communiqué la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. La Commission a rappelé qu’elle estimait depuis 2011 que ces deux pays étaient prêts à rejoindre l’espace Schengen. La Bulgarie et la Roumanie, membres de l’UE depuis 2007, avaient été recalées par l’Autriche fin 2022 de l’espace Schengen au sein duquel plus de 400 millions de personnes peuvent voyager librement sans contrôles aux frontières intérieures. Vienne avait mis son veto pour protester contre une arrivée trop importante de clandestins sur son territoire, avant d’accepter de le lever en échange de garanties.
    Sofia et Bucarest ont accepté de lutter davantage contre l’immigration clandestine dans une déclaration commune signée samedi avec l’Autriche. La Bulgarie et la Roumanie s’engagent aussi à appliquer pleinement le droit européen, qui prévoit que les demandes d’asiles soient prises en charge dans le pays d’arrivée des migrants. Créée en 1985, l’espace Schengen comprend 23 des 27 pays membres de l’UE ainsi que leurs voisins associés que sont la Suisse, la Norvège, l’Islande et le Liechtenstein.

    #covid-19#migrant#migration#UE#espaceschengen#bulgarie#roumanie#frontiere#migrantionirreguliere#librecirculation

  • Le « rêve américain » des Indiens, de plus en plus nombreux à migrer illégalement vers les Etats-Unis
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/30/le-reve-americain-des-indiens-de-plus-en-plus-nombreux-a-migrer-illegalement

    Le « rêve américain » des Indiens, de plus en plus nombreux à migrer illégalement vers les Etats-Unis
    Par Carole Dieterich (New Delhi, correspondance)
    L’affaire se poursuit désormais en Inde. Après avoir passé cinq jours bloqués à l’aéroport de Vatry, dans la Marne, en raison de soupçons d’immigration clandestine, les passagers indiens du vol Legend Airlines ont commencé à être interrogés par la police locale des différents Etats dont ils sont originaires, principalement du Gujarat et du Pendjab. L’A340 de la petite compagnie aérienne roumaine, avec quelque 300 Indiens à son bord, avait été cloué au sol le 21 décembre par les autorités françaises. L’avion ne devait initialement effectuer qu’une escale technique, le temps de faire le plein sur son trajet reliant les Emirats arabes unis au Nicaragua. Il a finalement été renvoyé vers Bombay, où il a atterri mardi 26 décembre. Vingt-cinq passagers, dont cinq mineurs, sont restés en France, où ils ont demandé l’asile.
    Selon les premiers éléments dévoilés par la police du Gujarat, les passagers restés bloqués à Paris avaient pour projet de se rendre au Mexique via le Nicaragua, afin de traverser ensuite la frontière illégalement vers les Etats-Unis. Ils auraient versé des sommes allant de 43 500 euros à 130 500 euros à des passeurs. Ces routes de l’immigration illégale sont bien connues en Inde. On les surnomme les « donkey routes » du terme pendjabi dunki, qui signifie « passer d’un endroit à un autre ». Pour les aspirants à l’expatriation, la méthode consiste à obtenir un titre de séjour dans un pays proche des Etats-Unis ou encore du Royaume-Uni, pour lequel il est plus facile d’obtenir un visa, avant de rejoindre la terre convoitée.
    L’incident met en lumière l’augmentation spectaculaire de l’immigration illégale indienne vers les Etats-Unis au cours des cinq dernières années. En 2021, ils étaient quelque 725 000 Indiens en situation irrégulière aux Etats-Unis, selon une estimation du Pew Research Center. Un chiffre qui n’a cessé d’augmenter depuis 2017. Les Indiens sont le troisième plus important groupe de migrants illégaux aux Etats-Unis, derrière les Mexicains et les Salvadoriens. Le nombre de migrants indiens tentant de traverser l’une des frontières des Etats-Unis a été multiplié par plus de 10 depuis 2019. Le service des douanes et de la protection des frontières américain aurait recensé 96 917 migrants illégaux indiens en 2022-2023, contre 8 027 en 2018-2019. La majorité tente le passage à partir de la frontière sud, depuis le Mexique.
    Plusieurs drames ont ébranlé l’opinion publique indienne ces dernières années. Au mois d’avril 2023, une famille du Gujarat a été retrouvée morte noyée dans le Saint-Laurent. Avec un visa de tourisme au Canada, les parents accompagnés de leurs deux enfants auraient tenté de se rendre aux Etats-Unis illégalement en traversant le fleuve. En janvier 2022, une autre famille du même Etat est morte de froid à quelques mètres de la frontière. Et, en 2019, une fillette de 6 ans originaire du Pendjab avait été retrouvée morte dans le désert de l’Arizona.
    Ces départs massifs de la jeunesse pour un avenir incertain à l’étranger interrogent. L’Inde, géant de 1,4 milliard d’habitants, se vante d’être l’une des économies les plus dynamiques au monde. En dépit de son taux de croissance insolent (7,2 % en 2022), le pays ne parvient pas à créer suffisamment d’emplois pour les quelque 10 millions de nouveaux travailleurs qui entrent chaque année sur le marché du travail. « Le fait que les Indiens soient prêts à prendre des risques et à subir d’énormes difficultés pour finalement devenir des immigrants illégaux aux Etats-Unis suggère qu’ils le font soit en désespoir de cause, soit car ils sont induits en erreur », estime The Hindu dans un éditorial daté du 29 décembre.
    Le Royaume-Uni a également assisté à une recrudescence de l’immigration illégale en provenance de l’Inde. Entre janvier et mars 2023, environ 670 Indiens sont arrivés sur les côtes anglaises à bord de bateaux de fortune. Jamais le pays n’en avait enregistré autant, selon les chiffres du ministère de l’intérieur britannique. En 2022, Frontex a également recensé plus de 7 000 clandestins indiens aux frontières de l’Union européenne, contre quelques centaines les années précédentes.
    Cette immigration illégale contraste avec les « success stories » indiennes, incarnées par les grands PDG de la Silicon Valley comme Sundar Pichai, à la tête d’Alphabet, la maison mère de Google, ou encore Satya Nadella, qui dirige Microsoft. Les Indiens font figure de « migrants modèles » aux Etats-Unis. Ils sont les principaux bénéficiaires des visas H-1B pour les travailleurs étrangers hautement qualifiés et représentaient 74 % des dossiers approuvés au cours de l’exercice 2021, selon le Migration Policy Institute.
    Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Sundar Pichai, l’ascension fulgurante d’un simple ingénieur propulsé à la tête d’Alphabet
    « Les migrants qualifiés empruntent les voies légales, quant aux candidats à l’immigration illégale, ce sont généralement des hommes peu éduqués mais avec un peu de capital, souvent issus du milieu agricole et qui souhaitent s’en extraire », estime Sugandha Nagpal, professeure à l’université Jindal, dans la banlieue de New Delhi. Beaucoup viennent du Pendjab, du Gujarat, ancien fief du premier ministre Narendra Modi pourtant présenté par ce dernier comme un modèle de réussite économique, ou encore de l’Haryana. « La voie illégale a été complètement normalisée car beaucoup ont des amis ou des proches l’ayant empruntée avant eux et cela n’est pas vu comme un problème », poursuit Mme Nagpal, spécialiste des migrations.
    Le phénomène est tel que la culture populaire s’en empare. Un film de Bollywood, Dunki, mettant en scène le demi-dieu du cinéma Shahrukh Khan, est actuellement à l’affiche et relate l’histoire de quatre Pendjabis d’origine modeste qui souhaitent migrer à Londres. Sur les réseaux sociaux, les donkey influencers ou dunki influencers pullulent. Dans des vidéos YouTube ou des réels Instagram, ils se mettent en scène marchant dans la forêt entre la Colombie et le Panama, par exemple, ou encore proposent des conseils d’itinéraires pour passer d’un pays à l’autre. « Il est temps que le gouvernement indien prête attention [à ce type de trafic], exhorte The Hindu, [car] des personnes crédules sont devenues la proie de grandes promesses d’un avenir meilleur aux Etats-Unis. »

    #covid-19#migrant#migration#inde#grandebretagne#etatsunis#migrationirreguliere#UE#jeunesse#FRONTEX#trafic#routemigratoire

  • Au Mexique, de nombreux migrants enlevés, détenus et rackettés sur la route des Etats-Unis
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/29/au-mexique-de-nombreux-migrants-enleves-detenus-et-rackettes-sur-la-route-de

    Au Mexique, de nombreux migrants enlevés, détenus et rackettés sur la route des Etats-Unis
    Par Anne Vigna (Mexico, correspondante)
    Devant la gare routière du nord de Mexico, des groupes de migrants attendent le départ des bus qui rejoignent les villes mexicaines situées à la frontière avec les Etats-Unis. Ce 12 décembre, l’humeur est plutôt bonne et tout le monde se dit heureux de quitter au plus vite le Mexique après la traversée, en près de vingt-deux heures, du centre et du nord du pays. « Les billets nous coûtent cher bien sûr, mais, avec des enfants, on ne peut pas voyager sur le toit du train, c’est trop risqué », explique Mario Gomez, un Hondurien de 27 ans qui a voyagé jusqu’ici avec son épouse et ses deux enfants de 10 et 12 ans. Ce père de famille a dépensé 150 euros par adulte et 50 euros par enfant pour éviter la « Bestia », le train de marchandises qui traverse le Mexique et qui permet aux migrants les plus pauvres de rejoindre la frontière nord. Mario avait entendu parler des accidents arrivés à ceux qui s’endorment sur son toit, des heures d’attente en plein désert sans une goutte d’eau, mais aussi du racket auquel se livrerait la police mexicaine quand le train fait une pause dans les villes. Il a donc préféré travailler quelques semaines dans la ville de Mexico pour pouvoir offrir à sa famille un voyage en bus jusqu’à la frontière américaine, en sécurité. Du moins le croit-il. Car ce moyen de transport n’est pas non plus une garantie de tranquillité.Ces derniers mois, des migrants ont raconté à des ONG et des journalistes avoir été victimes d’enlèvement et de racket alors qu’ils voyageaient dans ces autobus qui font la navette entre la ville de Mexico et la frontière américaine. Les lignes Chihuahuenses et Futura, appartenant au groupe de transport Estrella Blanca et ralliant la ville de Ciudad Juarez depuis Mexico, sont plus particulièrement citées par les migrants. Ni cette entreprise, ni l’Institut national de migration, ni le ministère des transports n’ont accepté de répondre aux questions du Monde. En revanche, quatre familles aujourd’hui en sécurité aux Etats-Unis nous ont raconté leur calvaire après qu’elles furent montées dans un bus de ces lignes. La similitude de leurs témoignages, alors qu’elles ont voyagé à des dates différentes, montre qu’elles ont été très certainement victimes du même réseau criminel opérant à grande échelle et avec la complicité des chauffeurs. Les quatre familles qui ont témoigné ont eu droit aux mêmes mises en demeure des criminels : pour obtenir leur liberté, ils devaient trouver 3 200 dollars par personne (soit près de 2 900 euros) pour rejoindre le mur élevé à la frontière ou bien 2 800 dollars pour la gare routière de Ciudad Juarez. (...)
    Dans un rapport intitulé « Inhumane and Counterproductive, Asylum Ban Inflicts Mounting Harm » (« Inhumaine et contre-productive, l’entrave à l’asile cause des dommages croissants »), publié en octobre, l’organisation américaine Human Rights First alerte sur ces kidnappings après avoir récolté des dizaines de témoignages de migrants ayant connu ce sort : « Les enlèvements ciblés de migrants en vue d’obtenir une rançon se sont généralisés. Les migrants – parfois des bus entiers – sont interceptés en plein jour », décrit le texte. July Rodriguez et Lizbeth Guerrero sont directrices de l’ONG Apoyo a migrantes venezolanos à Mexico. Elles ont déjà aidé des familles désespérées alors que leurs proches venaient de disparaître en chemin. « On tente de les épauler puis de les convaincre de porter plainte une fois que leur famille est libérée, mais beaucoup sont terrifiés. Ce serait pourtant la seule manière de demander des comptes aux autorités mexicaines », racontent les deux avocates. Avec d’autres organisations, elles ont déposé plusieurs plaintes devant la Commission nationale des droits humains contre ces kidnappings. « Nous n’avons rien obtenu. Selon les témoignages que nous avons réunis, la police est forcément complice de ces enlèvements qui se produisent avec une facilité déconcertante », considère July Rodriguez.
    Le 18 décembre, la police des frontières américaine a une nouvelle fois suspendu pendant cinq jours les entrées des trains de marchandises sur son territoire. Officiellement, elle n’aurait pas assez d’agents pour gérer les flux de marchandises et les entrées des migrants. En conséquence, l’entreprise de fret Ferromex a renforcé la sécurité privée sur ses wagons pour empêcher les migrants d’y voyager. Comme le Mexique exige désormais un visa pour pénétrer sur son territoire et emprunter l’avion, les migrants n’ont d’autres choix que de prendre encore plus souvent les bus pour rejoindre la frontière. Anne Vigna (Mexico, correspondante)

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#mexique#ameriquelatine#migrationirreguliere#trafic#violence#frontiere#droit#visas

  • Au niveau européen, un pacte migratoire « dangereux » et « déconnecté de la réalité »

    Sara Prestianni, du réseau EuroMed Droits, et Tania Racho, chercheuse spécialiste du droit européen et de l’asile, alertent, dans un entretien à deux voix, sur les #risques de l’accord trouvé au niveau européen et qui sera voté au printemps prochain.

    Après trois années de discussions, un accord a été trouvé par les États membres sur le #pacte_européen_sur_la_migration_et_l’asile la semaine dernière. En France, cet événement n’a trouvé que peu d’écho, émoussé par la loi immigration votée au même moment et dont les effets sur les étrangers pourraient être dramatiques.

    Pourtant, le pacte migratoire européen comporte lui aussi son lot de mesures dangereuses pour les migrant·es, entre renforcement des contrôles aux frontières, tri express des demandeurs d’asile, expulsions facilitées des « indésirables » et sous-traitance de la gestion des frontières à des pays tiers. Sara Prestianni, responsable du plaidoyer au sein du réseau EuroMed Droits, estime que des violations de #droits_humains seront inévitables et invite à la création de voies légales qui permettraient de protéger les demandeurs d’asile.

    La chercheuse Tania Racho, spécialiste du droit européen et de l’asile et membre du réseau Désinfox-Migrations, répond qu’à aucun moment les institutions européennes « ne prennent en compte les personnes exilées », préférant répondre à des « objectifs de gestion des migrations ». Dans un entretien croisé, elles alertent sur les risques d’une approche purement « sécuritaire », qui renforcera la vulnérabilité des concernés et les mettra « à l’écart ».

    Mediapart : Le pacte migratoire avait été annoncé par la Commission européenne en septembre 2020. Il aura fait l’objet de longues tergiversations et de blocages. Était-ce si difficile de se mettre d’accord à 27 ?

    Tania Racho : Dans l’état d’esprit de l’Union européenne (UE), il fallait impérativement démontrer qu’il y a une gestion des migrations aux #frontières_extérieures pour rassurer les États membres. Mais il a été difficile d’aboutir à un accord. Au départ, il y avait des mesures pour des voies sécurisées d’accès à l’Union avec plus de titres économiques : ils ont disparu au bénéfice d’une crispation autour des personnes en situation irrégulière.

    Sara Prestianni : La complexité pour aboutir à un accord n’est pas due à la réalité des migrations mais à l’#instrumentalisation du dossier par beaucoup d’États. On l’a bien vu durant ces trois années de négociations autour du pacte : bien que les chiffres ne le justifiaient pas, le sujet a été fortement instrumentalisé. Le résultat, qui à nos yeux est très négatif, est le reflet de ces stratégies : cette réforme ne donne pas de réponse au phénomène en soi, mais répond aux luttes intestines des différents États.

    La répartition des demandeurs d’asile sur le sol européen a beaucoup clivé lors des débats. Pourquoi ?

    Sara Prestianni : D’abord, parce qu’il y a la fameuse réforme du #règlement_Dublin [qui impose aux exilés de demander l’asile dans le pays par lequel ils sont entrés dans l’UE - ndlr]. Ursula von der Leyen [présidente de la Commission – ndlr] avait promis de « #dépasser_Dublin ». Il est aujourd’hui renforcé. Ensuite, il y a la question de la #solidarité. La #redistribution va finalement se faire à la carte, alors que le Parlement avait tenté de revenir là-dessus. On laisse le choix du paiement, du support des murs et des barbelés aux frontières internes, et du financement de la dimension externe. On est bien loin du concept même de solidarité.

    Tania Racho : L’idée de Dublin est à mettre à la poubelle. Pour les Ukrainiens, ce règlement n’a pas été appliqué et la répartition s’est faite naturellement. La logique de Dublin, c’est qu’une personne qui trouve refuge dans un État membre ne peut pas circuler dans l’UE (sans autorisation en tout cas). Et si elle n’obtient pas l’asile, elle n’est pas censée pouvoir le demander ailleurs. Mais dans les faits, quelqu’un qui voit sa demande d’asile rejetée dans un pays peut déposer une demande en France, et même obtenir une protection, parce que les considérations ne sont pas les mêmes selon les pays. On s’interroge donc sur l’utilité de faire subir des transferts, d’enfermer les gens et de les priver de leurs droits, de faire peser le coût de ces transferts sur les États… Financièrement, ce n’est pas intéressant pour les États, et ça n’a pas de sens pour les demandeurs d’asile.

    D’ailleurs, faut-il les répartir ou leur laisser le libre #choix dans leur installation ?

    Tania Racho : Cela n’a jamais été évoqué sous cet angle. Cela a du sens de pouvoir les laisser choisir, parce que quand il y a un pays de destination, des attaches, une communauté, l’#intégration se fait mieux. Du point de vue des États, c’est avant tout une question d’#efficacité. Mais là encore on ne la voit pas. La Cour européenne des droits de l’homme a constaté, de manière régulière, que l’Italie ou la Grèce étaient des États défaillants concernant les demandeurs d’asile, et c’est vers ces pays qu’on persiste à vouloir renvoyer les personnes dublinées.

    Sara Prestianni : Le règlement de Dublin ne fonctionne pas, il est très coûteux et produit une #errance continue. On a à nouveau un #échec total sur ce sujet, puisqu’on reproduit Dublin avec la responsabilité des pays de première entrée, qui dans certaines situations va se prolonger à vingt mois. Même les #liens_familiaux (un frère, une sœur), qui devaient permettre d’échapper à ce règlement, sont finalement tombés dans les négociations.

    En quoi consiste le pacte pour lequel un accord a été trouvé la semaine dernière ?

    Sara Prestianni : Il comporte plusieurs documents législatifs, c’est donc une #réforme importante. On peut évoquer l’approche renforcée des #hotspots aux #frontières, qui a pourtant déjà démontré toutes ses limites, l’#enfermement à ciel ouvert, l’ouverture de #centres_de_détention, la #procédure_d’asile_accélérée, le concept de #pays-tiers_sûr que nous rejetons (la Tunisie étant l’exemple cruel des conséquences que cela peut avoir), la solidarité à la carte ou encore la directive sur l’« instrumentalisation » des migrants et le concept de #force_majeure en cas d’« #arrivées_massives », qui permet de déroger au respect des droits. L’ensemble de cette logique, qui vise à l’utilisation massive de la #détention, à l’#expulsion et au #tri des êtres humains, va engendrer des violations de droits, l’#exclusion et la #mise_à_l’écart des personnes.

    Tania Racho : On met en place des #centres_de_tri des gens aux frontières. C’est d’une #violence sans nom, et cette violence est passée sous silence. La justification du tri se fait par ailleurs sur la nationalité, en fonction du taux de protection moyen de l’UE, ce qui est absurde car le taux moyen de protection varie d’un pays à l’autre sur ce critère. Cela porte aussi une idée fausse selon laquelle seule la nationalité prévaudrait pour obtenir l’asile, alors qu’il y a un paquet de motifs, comme l’orientation sexuelle, le mariage forcé ou les mutilations génitales féminines. Difficile de livrer son récit sur de tels aspects après un parcours migratoire long de plusieurs mois dans le cadre d’une #procédure_accélérée.

    Comment peut-on opérer un #tri_aux_frontières tout en garantissant le respect des droits des personnes, du droit international et de la Convention de Genève relative aux réfugiés ?

    Tania Racho : Aucune idée. La Commission européenne parle d’arrivées mixtes et veut pouvoir distinguer réfugiés et migrants économiques. Les premiers pourraient être accueillis dignement, les seconds devraient être expulsés. Le rush dans le traitement des demandes n’aidera pas à clarifier la situation des personnes.

    Sara Prestianni : Ils veulent accélérer les procédures, quitte à les appliquer en détention, avec l’argument de dire « Plus jamais Moria » [un camp de migrants en Grèce incendié – ndlr]. Mais, ce qui est reproduit ici, c’est du pur Moria. En septembre, quand Lampedusa a connu 12 000 arrivées en quelques jours, ce pacte a été vendu comme la solution. Or tel qu’il est proposé aujourd’hui, il ne présente aucune garantie quant au respect du droit européen et de la Convention de Genève.

    Quels sont les dangers de l’#externalisation, qui consiste à sous-traiter la gestion des frontières ?

    Sara Prestianni : Alors que se négociait le pacte, on a observé une accélération des accords signés avec la #Tunisie, l’#Égypte ou le #Maroc. Il y a donc un lien très fort avec l’externalisation, même si le concept n’apparaît pas toujours dans le pacte. Là où il est très présent, c’est dans la notion de pays tiers sûr, qui facilite l’expulsion vers des pays où les migrants pourraient avoir des liens.

    On a tout de même l’impression que ceux qui ont façonné ce pacte ne sont pas très proches du terrain. Prenons l’exemple des Ivoiriens qui, à la suite des discours de haine en Tunisie, ont fui pour l’Europe. Les États membres seront en mesure de les y renvoyer car ils auront a priori un lien avec ce pays, alors même qu’ils risquent d’y subir des violences. L’Italie négocie avec l’#Albanie, le Royaume-Uni tente coûte que coûte de maintenir son accord avec le #Rwanda… Le risque, c’est que l’externalisation soit un jour intégrée à la procédure l’asile.

    Tania Racho : J’ai appris récemment que le pacte avait été rédigé par des communicants, pas par des juristes. Cela explique combien il est déconnecté de la réalité. Sur l’externalisation, le #non-refoulement est prévu par le traité sur le fonctionnement de l’UE, noir sur blanc. La Commission peut poursuivre l’Italie, qui refoule des personnes en mer ou signe ce type d’accord, mais elle ne le fait pas.

    Quel a été le rôle de l’Italie dans les discussions ?

    Sara Prestianni : L’Italie a joué un rôle central, menaçant de faire blocage pour l’accord, et en faisant passer d’autres dossiers importants à ses yeux. Cette question permet de souligner combien le pacte n’est pas une solution aux enjeux migratoires, mais le fruit d’un #rapport_de_force entre les États membres. L’#Italie a su instrumentaliser le pacte, en faisant du #chantage.

    Le pacte n’est pas dans son intérêt, ni dans celui des pays de premier accueil, qui vont devoir multiplier les enfermements et continuer à composer avec le règlement Dublin. Mais d’une certaine manière, elle l’a accepté avec la condition que la Commission et le Conseil la suivent, ou en tout cas gardent le silence, sur l’accord formulé avec la Tunisie, et plus récemment avec l’Albanie, alors même que ce dernier viole le droit européen.

    Tania Racho : Tout cela va aussi avoir un #coût – les centres de tri, leur construction, leur fonctionnement –, y compris pour l’Italie. Il y a dans ce pays une forme de #double_discours, où on veut d’un côté dérouter des bateaux avec une centaine de personnes à bord, et de l’autre délivrer près de 450 000 visas pour des travailleurs d’ici à 2025. Il y a une forme illogique à mettre autant d’énergie et d’argent à combattre autant les migrations irrégulières tout en distribuant des visas parce qu’il y a besoin de #travailleurs_étrangers.

    Le texte avait été présenté, au départ, comme une réponse à la « crise migratoire » de 2015 et devait permettre aux États membres d’être prêts en cas de situation similaire à l’avenir. Pensez-vous qu’il tient cet objectif ?

    Tania Racho : Pas du tout. Et puisqu’on parle des Syriens, rappelons que le nombre de personnes accueillies est ridicule (un million depuis 2011 à l’échelle de l’UE), surtout lorsqu’on le compare aux Ukrainiens (10 millions accueillis à ce jour). Il est assez étonnant que la comparaison ne soit pas audible pour certains. Le pacte ne résoudra rien, si ce n’est dans le narratif de la Commission européenne, qui pense pouvoir faire face à des arrivées mixtes.

    On a les bons et mauvais exilés, on ne prend pas du tout en compte les personnes exilées, on s’arrête à des objectifs de #gestion alors que d’autres solutions existent, comme la délivrance de #visas_humanitaires. Elles sont totalement ignorées. On s’enfonce dans des situations dramatiques qui ne feront qu’augmenter le tarif des passeurs et le nombre de morts en mer.

    Sara Prestianni : Si une telle situation se présente de nouveau, le règlement « crise » sera appliqué et permettra aux États membres de tout passer en procédure accélérée. On sera donc dans un cas de figure bien pire, car les entraves à l’accès aux droits seront institutionnalisées. C’est en cela que le pacte est dangereux. Il légitime toute une série de violations, déjà commises par la Grèce ou l’Italie, et normalise des pratiques illégales. Il occulte les mesures harmonisées d’asile, d’accueil et d’intégration. Et au lieu de pousser les États à négocier avec les pays de la rive sud, non pas pour renvoyer des migrants ou financer des barbelés mais pour ouvrir des voies légales et sûres, il mise sur une logique sécuritaire et excluante.

    Cela résonne fortement avec la loi immigration votée en France, supposée concilier « #humanité » et « #fermeté » (le pacte européen, lui, prétend concilier « #responsabilité » et « #solidarité »), et qui mise finalement tout sur le répressif. Un accord a été trouvé sur les deux textes au même moment, peut-on lier les deux ?

    Tania Racho : Dans les deux cas, la seule satisfaction a été d’avoir un accord, dans la précipitation et dans une forme assez particulière, entre la commission mixte paritaire en France et le trilogue au niveau européen. Ce qui est intéressant, c’est que l’adoption du pacte va probablement nécessiter des adaptations françaises. On peut lier les deux sur le fond : l’idée est de devoir gérer les personnes, dans le cas français avec un accent particulier sur la #criminalisation_des_étrangers, qu’on retrouve aussi dans le pacte, où de nombreux outils visent à lutter contre le terrorisme et l’immigration irrégulière. Il y a donc une même direction, une même teinte criminalisant la migration et allant dans le sens d’une fermeture.

    Sara Prestianni : Les États membres ont présenté l’adoption du pacte comme une grande victoire, alors que dans le détail ce n’est pas tout à fait évident. Paradoxalement, il y a eu une forme d’unanimité pour dire que c’était la solution. La loi immigration en France a créé plus de clivages au sein de la classe politique. Le pacte pas tellement, parce qu’après tant d’années à la recherche d’un accord sur le sujet, le simple fait d’avoir trouvé un deal a été perçu comme une victoire, y compris par des groupes plus progressistes. Mais plus de cinquante ONG, toutes présentes sur le terrain depuis des années, sont unanimes pour en dénoncer le fond.

    Le vote du pacte aura lieu au printemps 2024, dans le contexte des élections européennes. Risque-t-il de déteindre sur les débats sur l’immigration ?

    Tania Racho : Il y aura sans doute des débats sur les migrations durant les élections. Tout risque d’être mélangé, entre la loi immigration en France, le pacte européen, et le fait de dire qu’il faut débattre des migrations parce que c’est un sujet important. En réalité, on n’en débat jamais correctement. Et à chaque élection européenne, on voit que le fonctionnement de l’UE n’est pas compris.

    Sara Prestianni : Le pacte sera voté avant les élections, mais il ne sera pas un sujet du débat. Il y aura en revanche une instrumentalisation des migrations et de l’asile, comme un outil de #propagande, loin de la réalité du terrain. Notre bataille, au sein de la société civile, est de continuer notre travail de veille et de dénoncer les violations des #droits_fondamentaux que cette réforme, comme d’autres par le passé, va engendrer.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/281223/au-niveau-europeen-un-pacte-migratoire-dangereux-et-deconnecte-de-la-reali
    #pacte #Europe #pacte_migratoire #asile #migrations #réfugiés

  • A la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, des arrivées de migrants en forte hausse
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/29/a-la-frontiere-entre-les-etats-unis-et-le-mexique-des-arrivees-de-migrants-e

    A la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, des arrivées de migrants en forte hausse
    Par Anne Vigna (Mexico, correspondante)
    Lors de leur venue à Mexico pour une réunion consacrée à la question migratoire, mercredi 27 décembre, les membres de la délégation américaine – composée du chef de la diplomatie, Antony Blinken, et du secrétaire à la sécurité nationale, Alejandro Mayorkas – arboraient un grand sourire. C’est du moins ce que montrent les photos de leur rencontre avec le président mexicain, Andres Manuel Lopez Obrador (dit « AMLO »). Mais aucun communiqué n’a été diffusé à l’issue de la discussion qui a duré plus de deux heures. « AMLO » comme la ministre des affaires étrangères mexicaine, Alicia Barcen, ont répété que la rencontre avait été « très positive » et qu’elle allait désormais se reproduire mensuellement, en invitant d’autres pays d’Amérique centrale, eux aussi concernés par le phénomène migratoire.
    Le président mexicain a précisé, lors de sa « matinale », son intervention télévisée quotidienne, jeudi 28 décembre que « les Etats-Unis ont accepté de rouvrir leurs ponts frontaliers », qui avaient été fermés à la mi-décembre devant l’afflux de migrants. « La relation avec nos voisins est fondamentale : nous devons en prendre soin et nous devons également prendre soin des migrants. Nous devons veiller à ce qu’il n’y ait pas d’abus, d’enlèvements ou d’accidents en cours de route. » Cette communication cache mal une situation de plus en plus dramatique à la frontière entre les deux pays : selon les chiffres communiqués par la police aux frontières américaine, près de 10 000 personnes sont arrivées chaque jour à la frontière sud des Etats-Unis en décembre. D’octobre 2022 à septembre 2023, 3,2 millions de migrants se sont rendus aux autorités américaines contre 2,7 millions lors de la précédente période, selon le département des douanes américain.
    D’autre part, une nouvelle caravane de près de 10 000 migrants est partie à pied du Chiapas, dans le sud du Mexique, le 25 décembre, et devrait arriver dans trois semaines à Mexico. L’image de cette colonne d’hommes et de femmes, reproduite dans de nombreux médias américains, a sonné l’alarme dans les Etats du sud des Etats-Unis. Le Texas a renforcé la protection de sa frontière et a affrété des bus pour emmener les migrants vers d’autres Etats du pays, en particulier ceux dirigés par les démocrates, comme New York et la Californie.« Ces gens fuient des situations extrêmement violentes, et cela va continuer. On ne voit toujours aucune stratégie américaine se dessiner, si ce n’est une réponse à l’urgence. Le Mexique, au contraire, a mis au point plusieurs programmes en Amérique centrale. Même si ce n’est pas parfait, c’est un début », estime la coordinatrice de l’organisation Agenda Migrante, Eunice Rendon. Face aux pressions américaines, le Mexique risque de renforcer encore les contrôles et d’augmenter les expulsions, obligeant les migrants à prendre toujours plus de risques pour parvenir à destination.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#mexique#texas#californie#newyork#frontiere#migrationirreguliere#ameriquecentrale#sante#expulsion#politiquemigratoire

  • L’effet domino de la politique migratoire de l’UE au Sahel - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/54008/leffet-domino-de-la-politique-migratoire-de-lue-au-sahel

    L’effet domino de la politique migratoire de l’UE au Sahel
    Par Ana P. Santos Publié le : 21/12/2023
    Le pouvoir militaire au Niger a récemment abrogé une loi censée lutter contre le trafic de migrants. La décision met à mal la stratégie de l’Union européenne à confier les politiques de contrôle migratoire aux pays d’origine.Les putschistes au pouvoir au Niger ont abrogé au mois de novembre une loi anti-passeurs de 2015. Les militaires ont également annulé les condamnations antérieures prononcées en vertu de cette loi. La loi contre le trafic de migrants criminalisait le transport de migrants depuis la ville d’Agadez, au centre-nord du Niger, vers la Libye et l’Algérie, deux points de départ courants pour les migrants subsahariens cherchant à atteindre l’Europe. Cette loi bénéficiait du soutien de l’Union européenne (UE) à travers le Fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique (FFUE) doté de 5 milliards d’euros. Sa suppression est le dernier épisode en date dans la dégradation des relations diplomatiques déjà limitées entre le Niger et l’UE.
    « En révoquant la loi de 2015, la junte militaire réitère la fin de la coopération avec l’UE, y compris en matière de migration, qui était cruciale pour la stratégie migratoire de l’UE », explique à InfoMigrants Alia Fakhry, chercheuse associée au Conseil allemand pour les relations étrangères (GCFR). Entre 2014 et 2020, plus d’un milliard d’euros du FFUE sont allés au Niger. Pendant que Bruxelles regrette l’abrogation de la loi anti-passeurs, une partie de la population locale semble bien accueillir la fin de la criminalisation.
    « Si nous voyons des migrants, nous les transportons », a déclaré à France 24 Sidi Mamadou, 42 ans, ancien passeur et militant pour l’immigration légale.
    Selon Alia Fakhry, « les contrebandiers étaient perçus comme des transporteurs qui faisaient passer des marchandises et des personnes à travers les frontières. Des convois militaires accompagnaient les convois des passeurs pour des raisons de sécurité, mais l’armée touchait également des pots de vin auprès des passeurs. D’une certaine manière, jusqu’en 2015, le trafic de migrants était approuvé par l’État. Il était en partie contrôlé par des acteurs militaires et générait des revenus ». Depuis, la loi anti-passeurs était notamment critiquée pour ses conséquences négatives sur les personnes qui bénéficiaient directement ou indirectement de la présence de migrants au Niger.
    La région d’Agadez était, jusqu’en 2015, une importante plaque tournante de ce transit. Migrants, commerçants et travailleurs saisonniers faisaient vivre l’économie. En 2015, « les passeurs, mais aussi les commerçants, les vendeurs de nourriture et ceux qui hébergeaient (des migrants) ont soudainement perdu leur emploi », explique Alia Fakhry. La décision de la junte militaire laisse ainsi entrevoir un possible retour à la situation d’avant 2015.
    L’inefficacité des politiques migratoires restrictives « L’obsession (de l’UE) pour l’immigration est bien connue », assure Yéra Dembele, présidente de la Fédération Euro-Africaine de Solidarité (FEASO), un groupe de réflexion sur la migration basé à Paris. Au cours des dernières décennies, l’Europe s’est détournée de sa politique migratoire d’après-guerre, qui visait à attirer la main-d’œuvre immigrée dont elle avait cruellement besoin pour se reconstruire après la Seconde Guerre mondiale. Ces dernières années, l’UE a décidé de renforcer les contrôles aux frontières terrestres et maritimes afin d’empêcher l’immigration irrégulière.
    Selon Yéra Dembele, « lorsque l’on observe l’évolution des flux au cours de ces différentes phases, on se rend compte que le durcissement des politiques n’a eu pratiquement aucun effet, si ce n’est d’augmenter le nombre de migrants noyés en mer ». Yéra Dembele en veut aussi aux politiques migratoires et de développement dans les pays d’origine, notamment en Afrique, qui s’alignent sur les pays d’accueil « sans réelle volonté politique de satisfaire les besoins qui poussent les jeunes à émigrer au péril de leur vie ».
    Des analystes estiment qu’il est trop tôt pour prédire à quel point le nouveau pouvoir au Niger va influencer la dynamique migratoire régionale. La chercheuse Alia Fakhry estime néanmoins que l’érosion du partenariat avec le Niger pourrait pousser l’UE à mettre en place des coopérations similaires avec d’autres pays africains dans la région, comme cela est déjà le cas avec la Tunisie et la Libye. « L’UE continue de consolider sa stratégie en matière de migration. L’accord conclu avec la Tunisie cet été (l’accord est au stade d’un mémorandum d’entente, ndlr) est une illustration de ce que nous pouvons décrire comme un effet domino. Avec la chute du Niger, un domino est tombé. L’UE cherche donc à consolider d’autres partenariats », affirme Alia Fakhry."Avec la fin de la coopération avec le Niger, il y a une leçon importante à tirer pour les Européens : en poursuivant une stratégie migratoire qui repose trop sur la coopération avec des partenaires de bonne volonté, les Européens deviennent la proie des sautes d’humeur et des changements de régime", ajoute-t-elle. Depuis 2020, sept coups d’État ont eu lieu en Afrique, dont cinq dans des pays situés dans la région du Sahel : au Burkina Faso, en Guinée, au Tchad, au Mali et enfin, dernier en date, au Niger, en juillet dernier. Les prises de pouvoir par les militaires s’inscrivent dans un environnement d’insécurité politique, de pauvreté et de terrorisme dans le Sahel.
    Les données de l’agence européenne de gestion des frontières Frontex indiquent que cette année a connu la plus forte augmentation depuis 2009 du nombre de passages irréguliers le long de la route de l’Afrique de l’Ouest, qui relie les pays de la sous-région aux îles Canaries en Espagne.Les traversées de l’océan Atlantique se font depuis le Maroc, le Sahara occidental, la Mauritanie, le Sénégal et la Gambie, des pays et régions qui sont dans le prolongement du Sahel. L’UE et le Royaume-Uni ne réagissent souvent que ponctuellement en créant de nouvelles formes de contrôle aux frontières dans les pays d’origine. Toutefois, les experts et les défenseurs des droits de l’homme affirment que les politiques migratoires, qui sont principalement élaborées d’un point de vue européen, ne tiennent pas compte de la nature des mouvements en Afrique, qui sont influencés par l’histoire à la fois culturelle et coloniale. « Lorsque nous entendons parler de migration, nous pensons qu’il s’agit de quitter l’Afrique pour aller ailleurs, en Europe par exemple. Mais ce dont on parle rarement, c’est que les déplacements en Afrique se font principalement d’un pays africain voisin à l’autre, et ce depuis des siècles », rappelle Makmid Kamara, militant et chercheur sur les droits de l’homme. « Les frontières ont été mises en place par les puissances coloniales pour diviser les territoires qu’elles avaient conquis et, en ce sens, elles sont artificielles. Pour de nombreux Africains, le fait de se déplacer d’un pays voisin à un autre ne constitue pas un franchissement de frontière », constate Makmid Kamara.Selon lui, « ce que nous voyons de plus en plus, c’est comment l’instabilité politique récurrente déplace les gens et transforme les routes utilisées pour les mouvements économiques en voies de refuge ».Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) estime qu’environ 3,7 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du Sahel et que plus d’un demi-million de réfugiés et de demandeurs d’asile cherchent une protection dans les pays voisins. Les régions du Centre-Nord au Burkina Faso accueillent le plus grand nombre de personnes déplacées et affichent les niveaux d’insécurité alimentaire les plus élevés.

    #Covid-19#migrant#migration#niger#mali#burkinafaso#agadez#algerie#routemigratoire#sahel#migrationirreguliere#HCR#FRONTEX#insecurite#frontiere#vulnerabilite

  • Migrants dans la Manche : une baisse des traversées en trompe-l’œil ? - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/54142/migrants-dans-la-manche--une-baisse-des-traversees-en-trompeloeil

    Migrants dans la Manche : une baisse des traversées en trompe-l’œil ?
    Par Louis Chahuneau Publié le : 27/12/2023
    En 2023, le Royaume-Uni a enregistré 29 437 arrivées de migrants en « small boats », contre 45 000 l’année dernière. Si le renforcement du dispositif de sécurité sur les côtes françaises a sûrement participé à cette chute, celle-ci s’explique surtout par des changements de dynamiques migratoires. Le Premier ministre britannique Rishi Sunak peut afficher sa satisfaction. À quelques jours de la fin de l’année, le Royaume-Uni enregistre en 2023 une baisse significative du nombre de traversées de migrants en « small boats » (canots pneumatiques) dans la Manche. Quelque 29 437 arrivées de migrants ont été relevées par le ministère britannique de l’Intérieur sur l’année, contre plus de 45 000 en 2022, soit une baisse d’un tiers. De quoi conforter le leader conservateur, qui a fait de la lutte contre l’immigration clandestine l’une de ses priorités, et ce malgré plusieurs déboires récents, comme dans le dossier du Rwanda.
    Certes, les mauvaises conditions météorologiques de cet été dans le Nord et le Pas-de-Calais n’ont pas favorisé les traversées. Mais le Royaume-Uni semble surtout récolter les fruits de ses lourds investissements dans la militarisation de sa frontière maritime à Calais, dans le cadre des accords du Touquet signés en 2003. En mars dernier, les Britanniques et les Français ont d’ailleurs signé un nouvel accord financier à hauteur de 500 millions d’euros sur quatre ans. Barbelés, caméras thermiques, augmentation des forces de l’ordre… Depuis 2017, ce seraient 425 millions d’euros qui auraient été déboursés pour renforcer la frontière et empêcher les migrants de la franchir, selon un rapport publié par des chercheurs français en février 2022.
    « Il y a eu un renforcement massif de la présence policière et de la lutte contre les passeurs de migrants, explique Mehdi Benbouzid, procureur de la République de Saint-Omer, spécialisé dans la lutte contre les réseaux de passeurs. Il y a une stratégie de démantèlement des réseaux qui est d’ordre judiciaire, et une autre d’empêchement des départs qui est gérée par le corps préfectoral. C’est cette dernière qui est considérablement renforcée, notamment grâce aux financements anglais. En même temps qu’on lutte contre les départs, on lutte contre les passeurs. C’est cette combinaison qui fait que ça paye en 2023. »
    Toutefois, un tout autre facteur a été déterminant dans la baisse du nombre de « small boats ». En 2022, près d’un tiers des 45 000 arrivées concernaient des Albanais, souvent des hommes majeurs seuls. Avec 48 % des demandes d’asile acceptées en 2022, les Albanais n’ont jamais eu autant de chances d’être régularisés au Royaume-Uni. À titre de comparaison, la France n’a accepté que 9 % des demandes d’asile albanaises en 2022 et l’Allemagne, 0 %.
    Mais après un pic à l’été 2022, lors duquel les Albanais ont représenté jusqu’à 50 % des passagers de « small boats », leurs arrivées « ont chuté de façon spectaculaire au dernier trimestre 2022 et au premier trimestre 2023 », constate l’Observatoire des migrations de l’université d’Oxford. Selon le site Euractiv, seuls 29 Albanais ont traversé la Manche par bateau au cours des trois premiers mois de 2023, contre 12 310 sur l’ensemble de l’année 2022. « On ne croise plus aucun Albanais à Calais », nous confirme Axel Gaudinat, coordinateur de l’antenne calaisienne d’Utopia 56, une association d’aide aux migrants.
    Pour Madeleine Sumption, politologue et directrice de l’Observatoire des migrations de l’université d’Oxford, « la raison de cette baisse soudaine du nombre d’Albanais n’est pas tout à fait claire, tout comme il n’est pas clair pourquoi tant d’Albanais ont soudainement commencé à arriver au cours de l’été 2022 ». Une partie de l’explication se trouve sûrement dans la signature d’accords, en décembre 2022, entre le Royaume-Uni et l’Albanie pour lutter contre l’immigration clandestine. Dans le cadre de cette coopération, Londres a pu envoyer des agents de sa police aux frontières à l’aéroport de Tirana, en Albanie, et a renforcé ses critères pour qu’un demandeur d’asile soit considéré comme victime d’esclavage moderne. Avec ces nouvelles mesures, « la vaste majorité des demandes d’asile de la part d’Albanais peuvent simplement être déclarées clairement infondées », avait alors déclaré le Premier ministre britannique, Rishi Sunak. Une affirmation qui ne convainc pas Madeleine Sumption : « Le Royaume-Uni a expulsé davantage de personnes vers l’Albanie, mais cela concernait principalement les Albanais ayant un casier judiciaire qui étaient renvoyés des prisons britanniques, et non les personnes qui avaient traversé récemment la Manche à bord de ’small boats’. Selon nous, d’autres facteurs sont en jeu, comme un changement dans la perception qu’ont les Albanais de l’accueil qui leur est réservé au Royaume-Uni. »
    Avec un taux de pauvreté national de 20 %, l’Albanie se vide depuis plusieurs années de ses jeunes et échoue à contenir cet exode. Un réservoir de migrants dont ont su profiter les réseaux de passeurs dans le nord de la France. Selon une enquête de la BBC, de nombreux Albanais se sont vu proposer par des trafiquants une remise sur le prix de la traversée au Royaume-Uni, en échange de leurs services dans le trafic de drogue à leur arrivée en Angleterre. Une décision d’autant plus simple à prendre que les Albanais sont exemptés de visa pour les séjours inférieurs à trois mois en France. Avec la quasi-disparition des demandeurs d’asile albanais, le Royaume-Uni retrouve finalement son niveau de l’année 2021 lors de laquelle 28 526 arrivées avaient été enregistrées en « small boats ».

    #Covid-19#migrant#migration#grandebretagne#manche#traversee#frontiere#militarisation#accordtouquet#calais#albanie#rwanda

  • Le port de Cherbourg désormais surveillé par des drones - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/54076/le-port-de-cherbourg-desormais-surveille-par-des-drones

    Le port de Cherbourg désormais surveillé par des drones
    Par La rédaction Publié le : 22/12/2023
    Le préfet de la Manche a donné l’autorisation, jeudi 21 décembre, au survol de drones au-dessus du port de Cherbourg-en-Contentin, dans le département de la Manche. Ce nouveau dispositif vise à appuyer les forces de police dans des « interventions rapides » pour stopper les migrants qui tentent d’entrer dans la zone portuaire dans l’espoir de rejoindre le Royaume-Uni ou l’Irlande. Des drones vont désormais survoler le port de Cherbourg afin de détecter les intrusions de migrants qui tentent de traverser la Manche vers le Royaume-Uni ou l’Irlande. Le préfet de la Manche Xavier Brunetière vient de donner son feu vert, jeudi 21 décembre, à « la captation, l’enregistrement et la transmission d’images au moyen de caméras aéroportées avec fonction thermique ».
    Le survol de drones est autorisé pour les trois prochains mois, a minima. Deux agents de la police aux frontières (PAF), spécifiquement formés, auront la charge de contrôler ces drones et d’appuyer leurs collègues dans « des interventions rapides, de jour comme de nuit », avec l’objectif de « lutter contre le franchissement irrégulier des frontières », Dans son arrêté du 18 décembre, le préfet avance deux motifs. D’un côté, les dommages matériels, comme la « découpe des grilles et barbelés » ou encore les « bris des scellés de sécurité sur les portes, entailles des bâches de remorques, destructions de cargaisons » nécessaires aux personnes pour se cacher dans les poids lourds. Ces tentatives s’accompagnent aussi parfois de « violences physiques entre migrants et chauffeurs routiers », souligne l’arrêté.Ensuite, les risques que prennent les exilés pour eux-mêmes. « Chutes et blessures graves, risque d’être happé par les essieux des camions, risque de tomber à la mer lorsqu’ils progressent par des passages ou lieux dangereux, difficiles d’accès », justifie l’arrêté.
    Un mur déjà en cours de construction sur le port de Cherbourg
    Les associations locales, solidaires des personnes exilées, épinglent de leur côté la militarisation progressive de la zone portuaire. L’association Itinérance dénonce par exemple « un mur scandaleux érigé en pleine ville ». Il s’agit d’une nouvelle clôture en construction, de quatre mètres de haut, délimitant sur trois kilomètres et demi la zone d’accès restreint du port. Elle vient doubler une clôture déjà existante, de près de 3 mètres de haut. Cette nouvelle clôture doit être achevée pour le mois de mars 2024. Ces travaux sont financés à hauteur de 3,2 millions d’euros par les britanniques, dans le cadre de l’accord entre la France et le Royaume-Uni sur la gestion de la frontière, rappelle Actu.fr. Le préfet de la Manche reconnaît surtout le manque d’efficacité du dispositif actuel pour stopper les candidats à l’exil. Jusqu’ici, ce dispositif était basé sur le déploiement de patrouilles policières, d’agents de sécurité et de caméras de vidéosurveillance. Au vu de l’amplitude de la zone, de la mobilité des personnes et de la diversité des endroits où se cacher - autant dans la végétation que dans le parking -, les moyens jusqu’ici mis en œuvre « montrent leurs limites », écrit-il. La préfecture décompte 183 interpellations entre le 1er janvier et le 29 novembre 2023, pour cause d’intrusion dans le port. Elle craint que le phénomène soit « amené à s’aggraver d’ici l’automne 2024 avec l’arrivée, par le biais du ferroutage, de convois de remorques en provenance du Sud Ouest de la France ».Ce projet de ferroutage vise la circulation, à partir de l’été 2024, d’un train par jour de Bayonne à Cherbourg. Celui-ci permettra de remorquer des poids lourds supplémentaires jusqu’au terminal portuaire.
    Lundi 18 décembre, au moment du passage de la loi immigration en commission mixte paritaire, près de 80 citoyens s’étaient réunis à Cherbourg en solidarité avec les personnes exilées, pour lesquelles les traversées de la Manche sont particulièrement meurtrières.
    Depuis le début de l’année, au moins neuf exilés ont péri dans la Manche, en tentant de rejoindre les côtes britanniques sur des embarcations précaires et surchargées. Utopia 56 enregistre de son côté au moins 18 morts, ces quatre derniers mois, dans la région.
    Des exilés « noyés lors d’une tentative de traversée ou dans un étang en essayant de se laver, renversé ou tombé d’un camion sur l’autoroute, poignardé dans un règlement de comptes ou dans un conflit pour un repas », liste l’association, comparant la région à un « tombeau pour notre humanité ».

    #Covid-19#migrant#migration#france#cherbourg#drone#manche#traversee#port#frontiere#militarisation

  • Trieste capolinea: diventare adulti lungo la rotta balcanica
    https://www.balcanicaucaso.org/aree/Italia/Trieste-capolinea-diventare-adulti-lungo-la-rotta-balcanica-229074

    Trieste, città di frontiera, è l’ultima fermata della rotta balcanica. Nel 2023 i dati hanno registrato un incremento degli arrivi dei minori non accompagnati. Cosa vuol dire crescere lungo la rotta balcanica? Cosa succede una volta arrivati a Trieste? Un’analisi

  • EU’s AI Act Falls Short on Protecting Rights at Borders

    Despite years of tireless advocacy by a coalition of civil society and academics (including the author), the European Union’s new law regulating artificial intelligence falls short on protecting the most vulnerable. Late in the night on Friday, Dec. 8, the European Parliament reached a landmark deal on its long-awaited Act to Govern Artificial Intelligence (AI Act). After years of meetings, lobbying, and hearings, the EU member states, Commission, and the Parliament agreed on the provisions of the act, awaiting technical meetings and formal approval before the final text of the legislation is released to the public. A so-called “global first” and racing ahead of the United States, the EU’s bill is the first ever regional attempt to create an omnibus AI legislation. Unfortunately, this bill once again does not sufficiently recognize the vast human rights risks of border technologies and should go much further protecting the rights of people on the move.

    From surveillance drones patrolling the Mediterranean to vast databases collecting sensitive biometric information to experimental projects like robo-dogs and AI lie detectors, every step of a person’s migration journey is now impacted by risky and unregulated border technology projects. These technologies are fraught with privacy infringements, discriminatory decision-making, and even impact the life, liberty, and security of person seeking asylum. They also impact procedural rights, muddying responsibility over opaque and discretionary decisions and lacking clarity in mechanisms of redress when something goes wrong.

    The EU’s AI Act could have been a landmark global standard for the protection of the rights of the most vulnerable. But once again, it does not provide the necessary safeguards around border technologies. For example, while recognizing that some border technologies could fall under the high-risk category, it is not yet clear what, if any, border tech projects will be included in the final high-risk category of projects that are subject to transparency obligations, human rights impact assessments, and greater scrutiny. The Act also has various carveouts and exemptions in place, for example for matters of national security, which can encapsulate technologies used in migration and border enforcement. And crucial discussions around bans on high-risk technologies in migration never even made it into the Parliament’s final deal terms at all. Even the bans which have been announced, for example around emotion recognition, are only in place in the workplace and education, not at the border. Moreover, what exactly is banned remains to be seen, and outstanding questions to be answered in the final text include the parameters around predictive policing as well as the exceptions to the ban on real-time biometric surveillance, still allowed in instances of a “threat of terrorism,” targeted search for victims, or the prosecution of serious crimes. It is also particularly troubling that the AI Act explicitly leaves room for technologies which are of particular appetite for Frontex, the EU’s border force. Frontex released its AI strategy on Nov. 9, signaling an appetite for predictive tools and situational analysis technology. These tools, which when used without safeguards, can facilitate illegal border interdiction operations, including “pushbacks,” in which the agency has been investigated. The Protect Not Surveil Coalition has been trying to influence European policy makers to ban predictive analytics used for the purposes of border enforcement. Unfortunately, no migration tech bans at all seem to be in the final Act.

    The lack of bans and red lines under the high-risk uses of border technologies in the EU’s position is in opposition to years of academic research as well as international guidance, such as by then-U.N. Special Rapporteur on contemporary forms of racism, E. Tendayi Achiume. For example, a recently released report by the University of Essex and the UN’s Office of the Human Rights Commissioner (OHCHR), which I co-authored with Professor Lorna McGregor, argues for a human rights based approach to digital border technologies, including a moratorium on the most high risk border technologies such as border surveillance, which pushes people on the move into dangerous terrain and can even assist with illegal border enforcement operations such as forced interdictions, or “pushbacks.” The EU did not take even a fraction of this position on border technologies.

    While it is promising to see strict regulation of high-risk AI systems such as self-driving cars or medical equipment, why are the risks of unregulated AI technologies at the border allowed to continue unabated? My work over the last six years spans borders from the U.S.-Mexico corridor to the fringes of Europe to East Africa and beyond, and I have witnessed time and again how technological border violence operates in an ecosystem replete with the criminalization of migration, anti-migrant sentiments, overreliance on the private sector in an increasingly lucrative border industrial complex, and deadly practices of border enforcement, leading to thousands of deaths at borders. From vast biometric data collected without consent in refugee camps, to algorithms replacing visa officers and making discriminatory decisions, to AI lie detectors used at borders to discern apparent liars, the roll out of unregulated technologies is ever-growing. The opaque and discretionary world of border enforcement and immigration decision-making is built on societal structures which are underpinned by intersecting systemic racism and historical discrimination against people migrating, allowing for high-risk technological experimentation to thrive at the border.

    The EU’s weak governance on border technologies will allow for more and more experimental projects to proliferate, setting a global standard on how governments will approach migration technologies. The United States is no exception, and in an upcoming election year where migration will once again be in the spotlight, there does not seem to be much incentive to regulate technologies at the border. The Biden administration’s recently released Executive Order on the Safe, Secure, and Trustworthy Development and Use of Artificial Intelligence does not offer a regulatory framework for these high-risk technologies, nor does it discuss the impacts of border technologies on people migrating, including taking a human rights based approach to the vast impacts of these projects on people migrating. Unfortunately, the EU often sets a precedent for how other countries govern technology. With the weak protections offered by the EU AI act on border technologies, it is no surprise that the U.S. government is emboldened to do as little as possible to protect people on the move from harmful technologies.

    But real people already are at the centre of border technologies. People like Mr. Alvarado, a young husband and father from Latin America in his early 30s who perished mere kilometers away from a major highway in Arizona, in search of a better life. I visited his memorial site after hours of trekking through the beautiful yet deadly Sonora desert with a search-and-rescue group. For my upcoming book, The Walls have Eyes: Surviving Migration in the Age of Artificial Intelligence, I was documenting the growing surveillance dragnet of the so-called smart border that pushes people to take increasingly dangerous routes, leading to increasing loss of life at the U.S.-Mexico border. Border technologies as a deterrent simply do not work. People desperate for safety – and exercising their internationally protected right to asylum – will not stop coming. They will instead more circuitous routes, and scholars like Geoffrey Boyce and Samuel Chambers have already documented a threefold increase in deaths at the U.S.-Mexico frontier as the so-called smart border expands. In the not so distant future, will people like Mr. Alvarado be pursued by the Department of Homeland Security’s recently announced robo-dogs, a military grade technology that is sometimes armed?

    It is no accident that more robust governance around migration technologies is not forthcoming. Border spaces increasingly serve as testing grounds for new technologies, places where regulation is deliberately limited and where an “anything goes” frontier attitude informs the development and deployment of surveillance at the expense of people’s lives. There is also big money to be made in developing and selling high risk technologies. Why does the private sector get to time and again determine what we innovate on and why, in often problematic public-private partnerships which states are increasingly keen to make in today’s global AI arms race? For example, whose priorities really matter when we choose to create violent sound cannons or AI-powered lie detectors at the border instead of using AI to identify racist border guards? Technology replicates power structures in society. Unfortunately, the viewpoints of those most affected are routinely excluded from the discussion, particularly around areas of no-go-zones or ethically fraught usages of technology.

    Seventy-seven border walls and counting are now cutting across the landscape of the world. They are both physical and digital, justifying broader surveillance under the guise of detecting illegal migrants and catching terrorists, creating suitable enemies we can all rally around. The use of military, or quasi-military, autonomous technology bolsters the connection between immigration and national security. None of these technologies, projects, and sets of decisions are neutral. All technological choices – choices about what to count, who counts, and why – have an inherently political dimension and replicate biases that render certain communities at risk of being harmed, communities that are already under-resourced, discriminated against, and vulnerable to the sharpening of borders all around the world.

    As is once again clear with the EU’s AI Act and the direction of U.S. policy on AI so far, the impacts on real people seems to have been forgotten. Kowtowing to industry and making concessions for the private sector not to stifle innovation does not protect people, especially those most marginalized. Human rights standards and norms are the bare minimum in the growing panopticon of border technologies. More robust and enforceable governance mechanisms are needed to regulate the high-risk experiments at borders and migration management, including a moratorium on violent technologies and red lines under military-grade technologies, polygraph machines, and predictive analytics used for border interdictions, at the very least. These laws and governance mechanisms must also include efforts at local, regional, and international levels, as well as global co-operation and commitment to a human-rights based approach to the development and deployment of border technologies. However, in order for more robust policy making on border technologies to actually affect change, people with lived experiences of migration must also be in the driver’s seat when interrogating both the negative impacts of technology as well as the creative solutions that innovation can bring to the complex stories of human movement.

    https://www.justsecurity.org/90763/eus-ai-act-falls-short-on-protecting-rights-at-borders

    #droits #frontières #AI #IA #intelligence_artificielle #Artificial_Intelligence_Act #AI_act #UE #EU #drones #Méditerranée #mer_Méditerranée #droits_humains #technologie #risques #surveillance #discrimination #transparence #contrôles_migratoires #Frontex #push-backs #refoulements #privatisation #business #complexe_militaro-industriel #morts_aux_frontières #biométrie #données #racisme #racisme_systémique #expérimentation #smart_borders #frontières_intelligentes #pouvoir #murs #barrières_frontalières #terrorisme

    • The Walls Have Eyes. Surviving Migration in the Age of Artificial Intelligence

      A chilling exposé of the inhumane and lucrative sharpening of borders around the globe through experimental surveillance technology

      “Racism, technology, and borders create a cruel intersection . . . more and more people are getting caught in the crosshairs of an unregulated and harmful set of technologies touted to control borders and ‘manage migration,’ bolstering a multibillion-dollar industry.” —from the introduction

      In 2022, the U.S. Department of Homeland Security announced it was training “robot dogs” to help secure the U.S.-Mexico border against migrants. Four-legged machines equipped with cameras and sensors would join a network of drones and automated surveillance towers—nicknamed the “smart wall.” This is part of a worldwide trend: as more people are displaced by war, economic instability, and a warming planet, more countries are turning to A.I.-driven technology to “manage” the influx.

      Based on years of researching borderlands across the world, lawyer and anthropologist Petra Molnar’s The Walls Have Eyes is a truly global story—a dystopian vision turned reality, where your body is your passport and matters of life and death are determined by algorithm. Examining how technology is being deployed by governments on the world’s most vulnerable with little regulation, Molnar also shows us how borders are now big business, with defense contractors and tech start-ups alike scrambling to capture this highly profitable market.

      With a foreword by former U.N. Special Rapporteur E. Tendayi Achiume, The Walls Have Eyes reveals the profound human stakes, foregrounding the stories of people on the move and the daring forms of resistance that have emerged against the hubris and cruelty of those seeking to use technology to turn human beings into problems to be solved.

      https://thenewpress.com/books/walls-have-eyes
      #livre #Petra_Molnar

  • Frontex, le spectre des disparu.e.s. Nihilisme politique aux frontières

    Un livre de Marie-Claire Caloz-Tschopp

    Marie-Claire Caloz-Tschopp a publié un livre important : Frontex, le spectre des disparu.e.s, nihilisme politique aux frontières1. Elle propose un essai philosophique et politique qui exprime la colère, l’indignation. Qui est un appel à la résistance devant l’injustice et une culture « d’anéantissement » (néant !) qui renvoie au nihilisme. Il explore les fondements philosophiques nécessaires à la compréhension d’un système d’oppression. Son terrain est celui de Frontex dans l’Union européenne et son extension planétaire. Son livre entremêle la colère dans la philosophie et la philosophie de la colère. Le livre propose de se battre avec les concepts, de les interpeller, d’en inventer des nouveaux à partir des praxis de résistance. L’essai demande un effort pour suivre, comprendre, accepter de s’engager sur des chemins difficiles, inédits. L’effort nécessaire pour sa lecture est récompensé par la compréhension des enjeux du tournant sécuritaire européen (Schengen) des années 1990. Ils deviennent lisibles en analysant l’agence de Frontex aux frontières de l’UE chargée de contrôler les frontières et de protéger les migrants. Mission contradictoire, paradoxale, qui apparaît comme une provocation : discours de protection tout en expulsant les migrants.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/12/21/frontex-le-spectre-des-disparu-e-s-nihilisme-p

    #migration #frontiere

  • Finland: Concern over right to seek asylum and need for human rights safeguards after full closure of Eastern land border

    In a letter addressed to the Minister of Interior of Finland, #Mari_Rantanen, published today, the Council of Europe Commissioner for Human Rights, Dunja Mijatović, raises concerns about the rights of refugees, asylum seekers and migrants following the temporary closure of Finland’s Eastern land border.

    While acknowledging concerns about the potential instrumentalisation by the Russian Federation of the movement of asylum seekers and migrants, “it is crucial that Council of Europe member states, even when dealing with challenging situations at their borders, react in a manner that fully aligns with their human rights obligations”, writes the Commissioner.

    The Commissioner expresses her concern that decisions to restrict and subsequently close access to the border may impact notably on the right to seek asylum, as well as the principle of non-refoulement and prohibition of collective expulsion. She asks for several clarifications on safeguards implemented and measures taken to ensure human rights protection, and to prevent a humanitarian crisis from unfolding in the context of worsening weather conditions at the border.

    The letter follows up on previous dialogue regarding legislative amendments allowing the Finnish government to restrict access to the border and concentrate applications for international protection at one or more crossing points.

    Read the Commissioner’s letter addressed to the Minister of Interior of Finland: https://rm.coe.int/letter-to-the-minister-of-interior-of-finland-concerning-the-human-rig/1680adab75

    https://www.coe.int/en/web/commissioner/-/finland-concern-over-right-to-seek-asylum-and-need-for-human-rights-safeguards-

    #Finlande #frontières #migrations #asile #réfugiés #fermeture_des_frontières #lettre #Russie

    • Il confine tra Russia e Finlandia è «un inferno fatto di ghiaccio».

      Il governo finlandese chiude i valichi di frontiera fino al 14 gennaio.

      Il 14 dicembre 2023, in una sessione straordinaria, il governo finlandese ha deciso la chiusura dell’intero confine orientale della Finlandia con la Russia. I valichi di frontiera di #Imatra, #Kuusamo, #Niirala, #Nuijamaa, #Raja-Jooseppi, #Salla, #Vaalimaa e #Vartius sono stati chiusi e lo saranno fino al 14 gennaio 2024. «Di conseguenza, le domande di protezione internazionale alle frontiere esterne della Finlandia saranno ricevute solo dai valichi di frontiera degli aeroporti e dei porti marittimi» ha comunicato il governo guidato da Petteri Orpo, entrato in carica il 20 giugno scorso.

      La decisione, motivata dalla difesa della sicurezza nazionale e l’ordine pubblico in Finlandia, è avvenuta nello stesso giorno in cui si erano riaperti due valichi di frontiera, dopo una prima chiusura di tutto il confine iniziata il 18 novembre 2023.

      Il governo di Helsinki accusa il governo russo di aver orchestrato l’arrivo dei richiedenti asilo ai valichi di frontiera come ritorsione per l’adesione del Paese nordico all’alleanza militare della NATO, formalizzata il 4 aprile scorso.

      «Questo è un segno che le autorità russe stanno continuando la loro operazione ibrida contro la Finlandia. È una cosa che non tollereremo», ha dichiarato la ministra dell’Interno Mari Rantanen.

      Intanto anche la Lettonia e la Lituania 2 stanno prendendo in considerazione l’idea di chiudere le loro frontiere.

      Per far fronte alla situazione sul confine orientale la guardia di frontiera ha chiesto supporto a Frontex (Agenzia europea della guardia di frontiera e costiera), che aveva già inviato personale alla fine di novembre in Carelia settentrionale (una regione storica, la parte più orientale della Finlandia).

      Oltre alla sorveglianza del territorio, l’adesione della Finlandia alla Nato porterà alla costruzione di una recinzione sul confine con la Russia che è lungo 1.340 chilometri. L’opera richiede circa 380 milioni di euro e dai tre ai quattro anni di tempo per essere completata. Rappresenterà la struttura fisica di “protezione” più lunga tra il blocco dell’alleanza atlantica e la Federazione russa.

      I lavori di costruzione della barriera, che sarà situata sul confine sud-orientale per una lunghezza complessiva di circa 200 km, sono partiti con una prima recinzione pilota di circa 3 chilometri che è stata costruita a Pelkola.

      https://www.youtube.com/watch?v=8d_qVqN3yUo&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.meltingpot.org%

      Ora è iniziata l’implementazione della fase successiva, che prevede la costruzione di circa 70 chilometri di barriera ai valichi di frontiera e nell’area circostante nel periodo 2024-2025. La barriera, secondo quanto riporta la guardia di frontiera, è una combinazione di una recinzione, una strada adiacente, un’apertura libera da alberi e un sistema di sorveglianza tecnica. Quest’ultimo è definito come uno strumento importante per il controllo delle frontiere.

      In occasione della prima chiusura dei valichi di frontiera, avvenuta nel mese di novembre, diverse istituzioni e ONG hanno criticato questa scelta che compromette il diritto a chiedere asilo. Da Amnesty international all’UNHCR fino al Commissario per l’uguaglianza finlandese.

      Fra le prese di posizione anche quella della Commissaria per i diritti umani del Consiglio d’Europa, Dunja Mijatović, che in una lettera alla Ministra degli Interni finlandese, Mari Rantanen, ha ricordato che «è fondamentale che gli Stati membri del Consiglio d’Europa, anche in situazioni difficili alle loro frontiere, reagiscono in modo pienamente conforme ai loro obblighi in materia di diritti umani». Ha, inoltre, chiesto chiarimenti sulle salvaguardie attuate e sulle misure adottate per garantire la tutela dei diritti umani e per evitare che si verifichi una crisi umanitaria a causa del peggioramento delle condizioni meteorologiche.

      In un comunicato del mese di dicembre, Amnesty International 3 ha affermato che «chiedere asilo è un diritto umano. Il Ministro degli Interni Rantanen sta ignorando i richiedenti asilo e la loro situazione in modo disumano. Nel mondo ci sono più persone che sono state costrette a lasciare le loro case che mai, e limitare il diritto di chiedere asilo non è la risposta».

      L’organizzazione per i diritti umani ha sottolineato che dalle loro precedenti ricerche si è dimostrato che la chiusura delle frontiere ha aumentato la violenza e spinto le persone in cerca di asilo su rotte ancora più pericolose.

      «Nel profondo sono davvero disperato e spero solo che arrivino giorni migliori, il prima possibile. Mi sento come se vivessi in un inferno fatto di ghiaccio, dove la mia vita è arrivata a un punto in cui non c’è via d’uscita, la fine del mio lungo cammino da quando ho lasciato il mio Paese, la Siria». E’ la testimonianza di Nasser, siriano di 43 anni, raccolta da InfoMigrants 4.

      Secondo le informazioni diffuse dal governo finlandese la chiusura dei valichi di frontiera è prevista fino al 14 gennaio. Sarà da capire se questa decisione verrà prorogata e cosa ne è del diritto di asilo in Finlandia.

      1. Studentessa di lettere moderne a Padova. Proseguirò i miei studi con una magistrale in relazioni internazionali in quanto sono molto interessata alla politica, internazionale e al sociale
      2. Border Closure Raises Fears Among Latvia, Lithuania and Estonia, Ecre (15 dicembre 2023)
      3. Il comunicato stampa (finlandese)
      4. Stuck at the Russian-Finnish border: ‘I feel that I will die here, in the cold’, Michaël Da Costa – InfoMigrants (4 dicembre 2023)

      https://www.meltingpot.org/2024/01/il-confine-tra-russia-e-finlandia-e-un-inferno-fatto-di-ghiaccio

      #sécurité_nationale #ordre_public #Frontex #murs #barrières_frontalières #Pelkola #technologie #asile #droit_d'asile

    • Entre 2 000 et 3 000 migrants massés à la frontière russo-finlandaise, toujours fermée

      Entre 2 000 et 3 000 exilés sont actuellement bloqués à la frontière russo-finlandaise, fermée totalement depuis décembre 2023 et jusqu’en février prochain. Helsinki accuse Moscou d’avoir orchestré cet afflux de migrants pour déstabiliser la Finlande, après son adhésion à l’OTAN en avril dernier. Les relations diplomatiques entre les deux pays n’ont cessé de se dégrader depuis l’offensive russe en Ukraine en 2022.

      La pression migratoire s’accroît à la frontière russo-finlandaise. Entre 2 000 et 3 000 migrants sont actuellement bloqués dans la zone frontalière, depuis la fermeture totale de la frontière finlandaise orientale en décembre 2023.

      Le pays scandinave reproche à la Russie de laisser passer délibérément un flux de migrants sur le sol finlandais, à des fins politiques, pour ébranler l’Union européenne (UE). De son côté, le Kremlin nie et rejette ces accusations.

      Selon Le Monde, la plupart des migrants sont entrés légalement en Russie avant de bénéficier de la complicité d’agents de police russes pour les déposer à la frontière finlandaise qu’ils franchissent en vélo, le franchissement à pied étant interdit.

      D’après Euronews, les exilés payent jusqu’à 6 000 euros les passeurs pour atteindre la frontière finlandaise. Dans un témoignage aux Observateurs de France 24, un passeur a également expliqué soudoyer des garde-frontières finlandais pour laisser passer les migrants : « On donne 500 dollars [457 euros, ndlr] aux garde-frontières par migrant ». Depuis la fermeture de la frontière, les passages réussis sont cependant plus rares - voire impossibles. La semaine dernière, quatre migrants ont été interpellés par les garde-frontières finlandais à Parikkala, en Carélie du Sud, alors qu’ils tentaient de franchir la frontière.
      Volume inhabituel de demandeurs d’asile

      Depuis début août 2023, les autorités finlandaises assure que près de 1 000 demandeurs d’asile sans-papiers, originaires de Somalie, du Yémen ou encore d’Irak, se sont présentés aux postes-frontières séparant les deux pays, pour entrer en Finlande. Un volume inhabituel pour le petit pays nordique de 5,5 millions d’habitants, qui comptabilise d’ordinaire plutôt une dizaine de demandeurs d’asile chaque mois à cette frontière.

      En réponse à ces mouvements de population, la Finlande a renforcé ses patrouilles le long de sa frontière. Elle a fait état sur X (ex-Twitter) de « plus de patrouilles que d’habitude, un contrôle technique plus étendu et un équipement plus polyvalent que d’habitude pour les patrouilles ». L’agence des garde-côtes européenne Frontex a également déployé 55 agents à la frontière finlandaise début décembre.

      https://twitter.com/rajavartijat/status/1747196574554349673

      La Finlande a, par ailleurs, entamé en février 2023 la construction d’une clôture de trois mètres de hauteur sur 200 km à sa frontière avec la Russie, longue de 1 340 km, pour anticiper les futurs mouvements de populations.
      Détérioration des relations entre la Finlande et la Russie

      Helsinki accuse aussi le Kremlin de lui faire payer le prix de sa coopération militaire avec les États-Unis. Le 18 décembre dernier, Washington a signé un accord lui permettant d’accéder à 15 bases militaires en Finlande, et d’y prépositionner du matériel.

      Pendant des années, la Finlande a refusé de rejoindre l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) pour éviter de contrarier son voisin russe. Mais les relations entre les deux pays se sont progressivement dégradées depuis l’invasion russe en l’Ukraine, en février 2022. En avril 2023, la Finlande a finalement rejoint l’OTAN, craignant que l’offensive russe ne s’étende à d’autres pays limitrophes. De son côté, Vladimir Poutine a accusé les Occidentaux d’avoir « entraîné la Finlande dans l’Otan » et affirmé que cette adhésion allait créer des « problèmes » là où il n’y « en avait pas ».


      https://www.infomigrants.net/fr/post/54531/entre-2-000-et-3-000-migrants-masses-a-la-frontiere-russofinlandaise-t

    • Finland extended the closure of crossing points at the border with Russia until at least mid-April yesterday.

      This also means that no asylum applications can be submitted there.

      🇫🇮 first started closing the border in November, after the arrival of hundreds of asylum seekers.

      https://twitter.com/InfoMigrants/status/1755974773224378457

    • Face à la menace russe, le virage vers l’ouest de la Finlande

      Helsinki accuse Moscou d’envoyer des migrants à la frontière entre les deux pays, une « #attaque_hybride » en réponse à son adhésion à l’Otan. La fin des échanges, amorcée dès l’épidémie de Covid, transforme la vie locale, mais le pays reste décidé à regarder vers l’Ouest.

      Le capitaine Jyrki Karhunen marche seul au milieu d’une nationale enneigée du sud-est de la Finlande. Celle-ci mène au poste-frontière d’Imatra, désert, dans la région de Carélie du Sud. La Russie n’est qu’à quelques kilomètres, cachée derrière les vastes forêts de pins, de sapins et de bouleaux.

      « Aujourd’hui, il ne se passe plus rien ici, c’est paisible », explique Jyrki Karhunen. Ce matin de février, seul un SUV de touristes s’introduit dans le paysage figé. « Il est impossible de passer côté russe », indique le capitaine à ces Finlandais en doudoune et lunettes de soleil miroirs. Pour cela, il faut maintenant transiter par l’Estonie ou la Turquie, à plus de 2 000 kilomètres.

      En novembre, le gouvernement d’Helsinki a en effet fermé la totalité de sa frontière orientale avec la Russie, longue de 1 340 kilomètres. Ses points de passage resteront fermés au moins jusqu’au 14 avril, à l’exception d’une entrée ouverte au fret. La Finlande, voisine de la Norvège et de la Suède au nord, ouverte sur la mer Baltique à l’ouest et au sud, se coupe ainsi totalement de la Russie, son unique voisine à l’est.

      Avant la pandémie de Covid et l’invasion de l’Ukraine par Moscou en 2022, 9 millions de personnes franchissaient chaque année cette longue frontière peu habitée où règne la taïga. Les commerciaux y transportaient le bois des riches forêts et ses produits dérivés. Les 90 000 Russes de Finlande retournaient voir leurs proches. Les touristes russes affluaient sur les rives du grand lac Saimaa, dépensant chaque jour 1 million d’euros dans la région de Carélie du Sud.

      Mais l’attaque russe en Ukraine a progressivement affecté ces passages. La Finlande a cessé d’octroyer des visas touristiques aux Russes. Les entreprises locales et russes ont cessé leurs collaborations.
      Un pays neutre jusqu’en 2022

      La fermeture totale de la frontière est finalement tombée fin 2023, en raison d’une « attaque hybride » de Moscou, selon les termes du gouvernement finlandais. La Russie envoie volontairement des migrants à la frontière, accuse Helsinki. L’opération « hybride » serait une réponse de Moscou à l’entrée de la Finlande dans l’Otan, en avril 2023.

      La Finlande, officiellement neutre militairement jusqu’en 2022, était une zone stratégique manquante sur le flanc oriental de l’Alliance atlantique. L’adhésion du pays le plus septentrional de l’UE bouscule la donne militaire de la Baltique à l’Arctique. Le Kremlin avait vite annoncé qu’il prendrait des « contre-mesures ».

      Marko Saareks, adjoint à la direction opérationnelle des gardes-frontières, ne « croi[t] pas à une intervention armée russe à la frontière dans l’immédiat ». Mais « la déstabilisation migratoire » est la principale pression, dit-il.

      Entre août et novembre 2023, environ 1 300 exilés irakiens, syriens, afghans, yéménites ou d’autres pays d’Asie ou d’Afrique sont arrivés via la Russie, des hommes pour la plupart et quelques familles. Ils ont été « aidés et escortés ou transportés jusqu’à la frontière par les gardes-frontières russes », affirme le premier ministre, Petteri Orpo.

      Les arrivées « restent faibles », concèdent les autorités finlandaises, proportionnellement à celles d’autres pays aux frontières externes de l’UE, comme la Grèce. Mais elles sont « inhabituelles » dans ce pays nordique de 5,5 millions d’habitant·es, loin d’être situé sur une route migratoire fréquentée.
      La crainte de l’espionnage

      « Des migrants attendent de l’autre côté. Ils viendront très probablement dès que nous ouvrirons la frontière. Notre crainte est qu’il y ait des espions parmi eux, précise Marko Saareks. Des migrants sont surveillés par Moscou. Les services de renseignement des consulats russes ont quitté la Finlande. Nous soupçonnons Moscou de vouloir renvoyer des agents. »

      Pour être sûre de « contrôler les flux migratoires », poursuit-il, la Finlande construit également une barrière antimigrants de 200 kilomètres de long. Dissimulés derrière les hauts arbres près du poste-frontière d’Imatra, des poteaux d’acier hauts de 3 mètres sortent de la terre gelée. Le chantier, à l’arrêt pendant l’hiver, où le mercure descend jusqu’à − 25 °C, ne doit s’achever qu’en 2026.

      Aujourd’hui, rares sont les exilés qui franchissent la frontière fermée. Un seul y est parvenu, frigorifié, mi-février. Il a été envoyé dans l’un des centres de rétention ou d’accueil du pays. Celui de Joutseno, une ancienne prison rénovée perdue entre les bouleaux, à une quinzaine de kilomètres de la frontière, héberge une centaine de réfugié·es.

      « Nous ne sommes pas utilisés comme armes par Moscou, personne ne m’a poussé vers la Finlande, c’est mon choix, se défend Moayad Salami, un Syrien venu en novembre, qui parle ouvertement à la presse. C’était pour moi le chemin le plus accessible pour rejoindre l’UE. » Pour cet avocat, « depuis que cette frontière est fermée, les réfugiés tentent leur chance ailleurs ». Mais lui raconte une traversée « facile ».

      Il a d’abord acheté un visa russe 2 700 euros à des passeurs pour rejoindre la Russie. Il envisageait de tenter un passage en Pologne via le Bélarus, « mais c’était trop dangereux » au Bélarus, dit-il. Moayad a alors payé des passeurs pour rejoindre la frontière finlandaise en taxi depuis Saint-Pétersbourg, à 160 kilomètres d’ici.

      Avant 2022, un filtrage aux postes-frontières était censé être opéré selon un accord tacite entre la Russie et la Finlande. « Les gardes-frontières russes m’ont laissé partir sans problème, relate Moayad. Mais ils m’ont forcé à leur acheter un vélo à 270 euros pour traverser. » Il ajoute : « Des gardes-frontières russes m’ont ensuite suivi en voiture à distance, pour être sûrs, j’imagine, que je partais bien du pays. »

      Comme lui, plusieurs exilés interrogés assurent avoir été contraints d’acheter à un prix trop élevé des vélos « de mauvaise qualité, qui ne valaient même pas 15-20 euros », à des gardes-frontières ou à leurs « complices ».

      D’autres réfugiés expliquent être restés quelque temps en Russie avant de rejoindre la Finlande. Viku*, un ressortissant pakistanais qui ne souhaite pas donner son nom, a ainsi vécu deux ans à Saint-Pétersbourg. « J’ai étudié les technologies de l’information, je ne trouvais pas d’emploi dans mon secteur et je me sentais harcelé par les autorités. Alors je suis venu en Finlande pour travailler. On dit que c’est le pays où l’on est le plus heureux au monde ! », sourit-il.

      Samir*, un Afghan de 23 ans, en doute, tant le temps s’écoule lentement dans le centre isolé. Étudiant en Russie, il a fui après l’expiration de son visa, « de peur d’être renvoyé en Afghanistan sous la coupe des talibans ». Comme la majorité des réfugiés ici, il attend un entretien qui ne vient pas pour sa demande d’asile.

      « Ces personnes viennent de pays en tension, ou en guerre, comme le Yémen et la Syrie, et sont pour la plupart éligibles à l’asile. Il est absurde de les considérer soudain comme les armes d’une opération hybride, déplore Pia Lindfors, directrice du Centre finlandais de conseil pour les réfugiés, à Helsinki. S’ils étaient des espions, comme l’ont suggéré certaines autorités et hommes politiques, ils ne seraient pas arrivés en tant que demandeurs d’asile. Ils ne seraient pas isolés dans des camps comme ils le sont actuellement. »

      Pia Lindfors déplore la fermeture de cette frontière, contraire au droit d’asile. Tout comme le discours radicalement antimigrants, porté par le Parti des Finlandais, qui gagne du terrain. Cette force politique d’extrême droite a placé ses membres à des postes clés du gouvernement de Petteri Orpo, formé en juin 2023. Celui-ci comprend des membres de quatre partis : la Coalition nationale, présidée par Petteri Orpo, le Parti populaire suédois de Finlande, les chrétiens-démocrates et le Parti des Finlandais. Ce dernier parti extrémiste affiche de longue date son hostilité à l’immigration, qu’il juge « préjudiciable aux finances et à la sécurité ».

      La politique de défense se mélange aujourd’hui à la politique migratoire, au nom de la « sécurité nationale ». La tendance se retrouve dans d’autres pays de l’UE. La Pologne, à titre d’exemple, est accusée de bafouer les droits des demandeurs et demandeuses d’asile à sa frontière avec le Bélarus, qu’elle accuse aussi de « guerre hybride ». Mais ces dérogations d’accès à l’asile pourraient devenir légales à l’échelle européenne, alertent des ONG : la Commission européenne discute de mesures exceptionnelles à mettre en place en cas de « situations d’instrumentalisation de l’immigration ».
      Une logique de « dissuasion »

      La pression migratoire est-elle la seule « menace russe » qui pousse à la fermeture totale de la frontière ? La Baltique, qui borde la Finlande, est un point de tension. Le sabotage des gazoducs Nord Stream, en 2022, n’a toujours pas été élucidé. La Russie a lancé en août des manœuvres navales et aériennes dans cette vaste mer, baptisées « Bouclier océanique 2023 ». Enfin, en décembre, Vladimir Poutine a déclaré : « Il n’y avait aucun problème [à la frontière finlandaise], mais il y en aura maintenant, car nous allons créer le district militaire de Léningrad et y concentrer un certain nombre d’unités. »

      « En Finlande, nous n’avons pas peur de Poutine, mais nous surveillons de près ses actions, déclare avec assurance Pekka Toveri, un député du parti de la Coalition nationale. Comme lui, six anciens militaires siègent aujourd’hui dans l’hémicycle de 200 député·es, un nombre inédit.

      Pekka Toveri étale les atouts militaires d’une Finlande « qui est prête » en cas d’attaque. « Nous avons une bonne armée, 12 000 soldats et quelque 870 000 réservistes, nos entreprises sont prêtes à contribuer à l’effort de guerre », expose l’ancien officier qui veut maintenant « participer au défi d’adhésion à l’Otan ». Environ 60 à 65 % de la population y était réticente avant le conflit ukrainien, « mais la grande majorité y est favorable depuis la guerre en Ukraine », plaide-t-il.

      Partisan d’un engagement sans limite dans l’Alliance atlantique, le président élu en février et investi le 1er mars, Alexander Stubb, est maintenant prêt à autoriser le stockage et le transport d’armes nucléaires sur le territoire. Parallèlement, Helsinki a renforcé sa coopération militaire avec les États-Unis, autorisant l’armée américaine à accéder à quinze installations et zones finlandaises.

      Le virage vers l’ouest est indispensable, considère Pekka Toveri. « Nous connaissons bien les Russes, nous savons que la technique du bâton est celle qui fonctionne le mieux. Il faut rester ferme, la plainte ne fonctionne pas », détaille-t-il, basant son analyse sur un siècle de relations avec le voisin russe.

      La Finlande a fait partie de l’empire russe jusqu’en 1917, avant d’être indépendante. Elle n’a jamais appartenu à l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). Mais l’attaque de la Finlande par les Soviétiques en 1939, dite guerre d’hiver, a marqué les esprits. « Nous savions que Moscou était capable de nous menacer. Notre principe de neutralité [revendiqué depuis la fin des années 1940 – ndlr] était comme une politique du Yin et du Yang, estime Pekka Toveri. Nous avions une politique de bon voisinage mais nous étions prudents et avions une bonne défense. Nous avons par exemple construit des bunkers capables d’abriter 900 000 personnes depuis le début de la guerre froide. »

      Pour Heikki Patomaki, professeur de relations internationales à l’université d’Helsinki, une mentalité basée sur une « croyance presque exclusive dans la dissuasion et à travers la militarisation rapide de la société » s’intensifie depuis 2022.

      À la chute de l’URSS, surtout, les liens des deux pays s’étaient réchauffés : « Le non-alignement militaire persistant et les nombreuses formes de commerce et de coopération avec la Russie ont facilité de bonnes relations, au moins jusqu’à l’invasion de la Crimée en 2014 et, d’une certaine manière, jusqu’en 2021-2022, note-t-il. Rompre tout dialogue et continuer dans cette logique pourrait être dangereux. Nous avons une longue histoire avec la Russie et ne pouvons pas appliquer cette solution simple à une relation complexe. La Russie ne va pas disparaître et nous avons également un futur avec elle. »

      Signe que la situation est incertaine, les officiels l’accordent : la fermeture de la frontière ne peut être définitive. « Ce n’est pas notre but. Nous avons des échanges commerciaux et une diaspora russe, souligne l’adjoint à la direction opérationnelle des gardes-frontières, Marko Saareks. Mais nous cherchons encore les solutions pour l’ouvrir sans risques. »

      https://www.mediapart.fr/journal/international/010324/face-la-menace-russe-le-virage-vers-l-ouest-de-la-finlande

      #Joutseno #Imatra

    • Finland decides to close border with Russia indefinitely

      The Finnish government has decided to keep the border with Russia closed “until further notice,” Finland’s Interior Ministry reported on April 4.

      Finland closed its border with Russia in late November 2023 after Russia orchestrated an influx of migrants as a way to pressure Helsinki.

      In November alone, around 900 asylum seekers from countries like Kenya, Morocco, Pakistan, Somalia, and Yemen entered Finland from Russia.

      Finland decided in February to keep the border closed until April 14, but the latest decision means that the border crossing will remain shut until the risk of “instrumentalized migration” falls, the Interior Ministry said.

      “The threat assessment is the same and also the assessment that if the border stations were to be opened, it would probably have led to the same situation as before, when they were opened,” Prime Minister Petteri Orpo said in parliament, according to Finnish newspaper Helsingin Sanomat.

      Finland’s government also decided to close several crossing points for maritime traffic to leisure boating due to concerns that Russia may encourage migrants to reach Finland by sea or over lakes.

      “This would be dangerous for people trying to land and would put a burden on sea rescue,” the Interior Ministry said.

      Russia’s strategy of sending asylum seekers to Finland’s eastern border was similar to the situation at the border between Belarus and Poland in 2021, when Minsk encouraged thousands of asylum seekers from the Middle East and Africa to try to reach the EU via the Polish border.

      Most of the migrants were violently pushed back by Polish border guards who set up a no-access zone at the border for nine months.

      https://kyivindependent.com/finland-decides-to-close-border-with-russia-indefinitely

    • Finland closes border crossings with Russia indefinitely

      The Finnish government has announced the country’s border with Russia will remain closed indefinitely. The decision comes on the heels of several closures and reopenings over the past five months.

      On Thursday (April 4), the Finnish Ministry of the Interior said the country’s border crossings with neighboring Russia will remain closed.

      The move comes after the government in February ordered the closure of the border until April 14. As of April 4, this measure has now been extended until further notice.

      In addition, the sea crossings on the island of Haapasaari, in the port of Nuijamaa and on the island of Santio will be closed to “leisure boating” from April 15. Finland wants to prevent the threat of targeted migration from Russia in the spring by closing the harbors to maritime traffic.

      In the press release, the government said that irregular migration into Finland from Russia “could expand to maritime traffic” during spring. “This would be dangerous to people seeking to enter Finland and would burden maritime search and rescue,” the government claims.

      The indefinite closure means that migrants will still not be able to apply for asylum at the border crossings — with the exception of “other border crossing points for maritime traffic and at border crossing points for air traffic,” a corresponding press release (https://intermin.fi/en/-/finland-s-eastern-border-to-remain-closed-until-further-notice) reads.

      ’Instrumentalized migration’ expected to increase

      According to the press release, the Finnish government expects the “instrumentalized migration” from Russia to continue and increase. This would pose a “serious threat to Finland’s national security and public order,” the press release reads.

      “Finnish authorities see this as a long-term situation. We have not seen anything this spring that would lead us to conclude that the situation has changed meaningfully,” Finland’s Minister of the Interior Mari Rantanen is quoted in the press release. “In addition, spring will provide opportunities to put more pressure on Finland. There are hundreds and possibly thousands of people close to Finland’s border on the Russian side that could be instrumentalized against Finland.”

      Finland, which shares a more than 1,300-kilometer-long border with Russia, began gradually closing (https://www.infomigrants.net/en/post/53925/finland-to-close-entire-border-with-russia-again) the frontier crossings in November.

      Despite both being external borders for the EU and NATO following Finland’s inclusion in the military alliance a year ago, the Finnish-Russian border runs mostly through taiga forests and does not follow any rivers.

      Rights groups including the Council of Europe have been raising concerns over the rights of refugees, asylum seekers and migrants amid the border closures with Russia.

      The Finnish authorities, meanwhile, accuse Moscow of deliberately bringing undocumented asylum seekers to the posts in order to cause problems for the EU and NATO country. The Kremlin denies this.

      There were no immediate reactions to Finland’s move by the Kremlin in Moscow.

      https://www.infomigrants.net/en/post/56264/finland-closes-border-crossings-with-russia-indefinitely

  • Union européenne : accord décisif pour la réforme de la politique migratoire
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/20/union-europeenne-accord-decisif-pour-la-reforme-de-la-politique-migratoire_6

    Union européenne : accord décisif pour la réforme de la politique migratoire
    Par Philippe Jacqué (Bruxelles, bureau européen)
    A Bruxelles, le futur pacte migratoire n’aura entraîné ni psychodrame, ni crise politique. Mercredi 20 décembre, à 8 h 17, un accord a été trouvé au terme de quarante-huit heures de négociations acharnées entre les représentants des Etats membres et les eurodéputés pour réformer la politique migratoire européenne. Les négociateurs ont validé les cinq règlements les plus importants du pacte. « Nous avons fait une percée sur les cinq piliers-clés du pacte sur les migrations et l’asile, a clamé, mercredi matin sur le réseau social X, le vice-président de la Commission, Margaritis Schinas. L’Europe tient enfin ses promesses en matière de migration. »
    « Ce pacte permettra une meilleure protection des frontières extérieures de l’Union, mettra en place plus de solidarité entre Etats et protégera mieux les plus vulnérables et les demandeurs d’asile, le tout fondé sur les valeurs de l’Europe », a assuré dans une vidéo la commissaire européenne aux affaires intérieures, Ylva Johansson. Pour la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, « ce pacte garantira une réponse européenne efficace à ce défi européen ». « L’extrême droite rêvait d’un échec, l’extrême gauche s’est battue pour faire échouer les négociations, mais nous sommes parvenus à dépasser nos clivages pour construire une majorité au centre », assurait l’eurodéputée Fabienne Keller (Renew Europe).
    Après deux ans d’échanges stériles
    L’emphase des déclarations des responsables européens est à la mesure du soulagement de la Commission, qui a proposé dès 2020 aux Etats membres une vaste refonte de la politique migratoire, après l’échec de la réforme portée par la Commission Juncker. Après deux ans d’échanges stériles, les négociations autour de cette réforme se sont accélérées une fois que les sujets ont été séparés en plusieurs textes, facilitant les discussions.
    Avec l’augmentation, ces deux dernières années, des arrivées de migrants irréguliers, un consensus, toujours plus dur et ferme pour renforcer les frontières de l’UE, a progressivement émergé entre les Vingt-Sept. Paradoxalement, l’arrivée au pouvoir de la dirigeante italienne d’extrême droite Giorgia Meloni a facilité l’adoption de certains textes, l’Italie jouant nettement le jeu d’une approche européenne et plus seulement nationale. Cette refonte de la politique migratoire dans l’UE prévoit une harmonisation des règles d’accueil des migrants. Les Etats conservent la responsabilité des personnes arrivant chez eux et devront procéder à l’examen d’asile, mais des mesures ont été prévues pour soulager les pays en première ligne, qu’il s’agisse des pays du sud de l’Europe, où arrive l’essentiel des migrants venant d’Afrique ou d’Asie via différentes routes migratoires, ou des pays d’Europe orientale faisant face à une instrumentalisation géopolitique, à l’image des arrivées orchestrées en 2021 par la Biélorussie en Pologne et en Lituanie.
    Le Monde Application
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    Chaque matin, retrouvez notre sélection de 20 articles à ne pas manquer
    Concrètement, un système de « solidarité obligatoire » est prévu en cas de pression migratoire forte. Les Etats membres disposant de capacités d’accueil ou de moyens devront soit accueillir certains demandeurs d’asile, soit soutenir financièrement ou par des dons en nature les Etats en première ligne. La principale innovation de cette réforme est cependant le développement d’un filtrage aux frontières de l’Europe, doublée d’une procédure accélérée d’étude des demandes d’asile. Seuls les mineurs isolés seront exonérés de cette procédure à la frontière, au contraire des familles accompagnées de leurs enfants. Dans la dernière ligne droite des débats, les eurodéputés espéraient faire évoluer les Etats sur ce point et inclure les familles avec mineurs. Sans succès.
    Cette nouvelle procédure accélérée aux frontières concernera notamment les migrants des pays dont le taux d’acceptation de l’asile est inférieur à 20 %, ainsi que tous les demandeurs qualifiés de « risque pour la sécurité ». Selon un diplomate au fait des discussions, « un Afghan, dont l’asile est aujourd’hui accepté à 90 % dans l’UE, pourra faire sa demande d’asile dans le pays où il arrive. En revanche, les migrants ne venant pas d’une zone de guerre ou n’étant pas persécutés verront leur demande traitée à la frontière ». Au bout de cette période, les pays pourront organiser le retour de ces personnes dans leurs pays d’origine ou vers des Etats tiers dits « sûrs », étant donné que les chances d’obtenir l’asile sont très faibles, justifient les Etats.
    Quelque 30 000 places d’accueil devront au minimum être offertes selon le pacte pour recevoir les demandeurs d’asile et procéder à l’examen de leur demande. « Comme nous prévoyons des procédures de trois mois maximum, nous pourrons accueillir par ce biais quelque 120 000 personnes chaque année en Europe », calcule un diplomate. Cela reste néanmoins théorique, la complexité des textes du pacte, ainsi que les diverses dérogations prévues – un des dix règlements prévoit de larges dérogations en cas de crise migratoire avérée – vont rendre très difficile son application de manière homogène dans l’ensemble des pays.
    Cela va surtout entraîner la multiplication de centres de rétention fermés, qui risquent d’être rapidement saturés. A la fin de novembre, l’agence Frontex avait enregistré quelque 355 000 entrées irrégulières dans l’UE depuis le début de l’année, en hausse de 17 % par rapport à la même période de 2022. Les ONG critiquent d’ores et déjà ce pacte : « Il existe actuellement un risque majeur que le pacte aboutisse à un système mal rodé, coûteux et cruel qui s’effondre au moment de sa mise en œuvre et laisse des problèmes cruciaux sans réponse », jugeaient récemment une cinquantaine d’ONG, dont Amnesty International, la Cimade ou Save the Children, dans une lettre ouverte aux colégislateurs négociant le pacte.

    #Covid-19#migrant#migration#UE#FRONTEX#ONG#pactemigratoire#demandeurasile#MNA#filtrage#centrederetention

  • Etats-Unis : le gouverneur du Texas signe une loi criminalisant l’entrée illégale de migrants
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/19/etats-unis-le-gouverneur-du-texas-signe-une-loi-criminalisant-l-entree-illeg

    Etats-Unis : le gouverneur du Texas signe une loi criminalisant l’entrée illégale de migrants
    Le Monde avec AFP
    Le gouverneur du Texas, le républicain Greg Abbott, a signé lundi 19 décembre une loi controversée criminalisant l’entrée illégale dans cet Etat américain du Sud, frontalier du Mexique, une prérogative en principe réservée aux autorités fédérales. Ce partisan déclaré de Donald Trump, qui accuse l’administration du président démocrate Joe Biden d’« inaction délibérée » face à l’immigration clandestine, a symboliquement signé cette loi à Brownswille, devant un pan du mur à la frontière avec le Mexique, projet phare de l’ex-président républicain. La loi « crée une infraction pénale d’entrée illégale au Texas à partir d’un pays étranger », et prévoit jusqu’à vingt ans de prison en cas de récidive, a précisé le gouverneur.
    Lire aussi : Article réservé à nos abonnés A Ciudad Juarez, malgré le mur et les barbelés, les migrants passent toujours aux Etats-Unis
    Le texte, censé entrer en vigueur en mars, donne aussi aux autorités de l’Etat le pouvoir d’arrêter les migrants et de les expulser vers le Mexique, une compétence d’ordre fédéral, ce qui augure de recours en justice sur sa constitutionnalité. Le gouvernement mexicain avait réagi au vote de cette loi, le 15 novembre, en « rejetant catégoriquement toute mesure qui habilite les autorités locales ou d’un Etat à arrêter et renvoyer des citoyens mexicains ou étrangers au Mexique », selon un communiqué de son ministère des affaires étrangères. M. Trump, en campagne pour reprendre la Maison Blanche, et M. Abbott accusent le président américain, Joe Biden, de fermer les yeux sur l’immigration illégale à la frontière sud, principalement composée de ressortissants de pays d’Amérique latine qui disent fuir la pauvreté et la violence.
    Le Monde avec AFP

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#mexique#frontiere#immigrationillegale#ameriquelatine#pauvrete#violence#sante

  • Jules Grandin sur les #frontières du Colorado – X 
    https://twitter.com/JulesGrandin/status/1737414922428883039

    🇺🇸🌎Les Etats-Unis aiment les frontières rectilignes. Voyez le Colorado par exemple : un rectangle parfait !

    Sauf que le Colorado n’a pas 4 côtés mais... 697 !

    Pourquoi ces irrégularités ? Qu’est-ce que ça dit de notre rapport au frontières ? Petite promenade cartographique ⤵️

  • Repackaging Imperialism. The EU – IOM border regime in the Balkans

    In November 2023, European Commission President #Ursula_von_der_Leyen concluded a Balkan tour, emphasizing EU enlargement’s priority for peace and prosperity. However, scrutiny intensified over EU practices, especially in the Balkans, where border policies, implemented by the International Organization for Migration (IOM), reflect an imperialist approach. This report exposes the consequences – restricted migration, erosion of international norms, and deadly conditions along migrant routes. The EU’s ’carrot and stick’ strategy in the Balkans raises concerns about perpetual pre-accession status and accountability for human rights abuses.

    https://www.tni.org/en/publication/repackaging-imperialism

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