• Comme une guerre qui ne finissait jamais

    Deux vieux Piémontais de la province de #Cuneo racontent leur XXe siècle. Des vies de migrants, dans ces mêmes #montagnes qui marquent la #frontière entre France et Italie, et qui sont aujourd’hui franchies par des milliers d’Africains en quête d’une vie meilleure.
    Lus par deux jeunes Italiens vivant et travaillant à Marseille, les #récits_de_vies de ces deux Piémontais, recueillis dans les années 1970 par Nuto Revelli (1919-2004), anthropologue autodidacte, racontent la #pauvreté et la migration, le franchissement des frontières, le travail et la guerre, la circulation des cultures et des langues, l’attachement de l’exilé au pays natal plus qu’à la patrie. Ils sont accompagnés d’archives de différentes époques, qui renvoient à la migration comme constante historique de cette #frontière_alpine. Des enregistrements conservés au Mucem et des prises de son contemporaines in loco (#Briançonnais et #Valle_Stura) reconstruisent des paysages sonores réalistes.

    https://soundcloud.com/user-897145586/comme-une-guerre-qui-ne-finissait-jamais-raphael-botiveau


    #giorno_della_marmotta
    #guerre #migrations #réfugiés #Matteo_Renzi #Matteo_Salvini #catégorisation #histoire #Piémont #montagne #Italie #France #frontières
    #podcast #audio #Alpes_Maritimes #pas_de_la_mort #travail #décès #mourir_aux_frontières #frontières_sud-alpine #jour_de_la_marmotte #Oulx #Marmora

  • Frontex enquête sur des refoulements de migrants aux frontières de la Grèce

    L’agence européenne de surveillance des frontières a indiqué mardi avoir ouvert une enquête concernant des allégations de « pushbacks » de migrants aux frontières grecques. Athènes est accusée depuis des années de pratiquer des refoulements illégaux dans la région de l’Evros ou en mer Égée, ce que les autorités ont toujours nié.

    La Grèce est de nouveau pointée du doigt pour sa gestion de l’immigration à ses frontières. Mardi 8 avril, Frontex a annoncé avoir ouvert une enquête concernant des allégations de refoulement illégal de migrants aux frontières grecques.

    Les investigations portent sur la période allant de 2023 à début 2025, a précisé l’agence européenne de surveillance des frontières. Douze incidents graves présumés, dont neuf survenus en 2024, sont ainsi examinés par le Bureau des droits fondamentaux de l’organisation.

    « Chaque cas fait l’objet d’un examen approfondi », a déclaré mardi Chris Borowski, porte-parole de Frontex, ajoutant que l’agence avait récemment renforcé son mécanisme de plaine. « L’époque du soutien inconditionnel est révolue », a encore dit Borowski. « Frontex insiste désormais sur le respect des normes et attend des #mesures_correctives si nécessaire. »

    Frontex prévient les États membres de l’UE, dont la Grèce, que le fait de ne pas signaler les violations des droits pourrait désormais entraîner la #suspension du #cofinancement des opérations aux frontières.

    « Pratiques du passé »

    L’agence européenne a, elle aussi, été plusieurs fois critiquée pour son rôle dans le contrôle de l’immigration aux frontières grecques. En octobre 2022, un rapport de l’Office européen de lutte anti-fraude (OLAF) se concentrait sur ses activités en Grèce du printemps à l’automne 2020. Il révélait que Frontex n’avait pas traité correctement des preuves de refoulements maritimes et terrestre, allant jusqu’à les dissimuler. Or, ces « puschbacks » sont contraires au #droit_international et européen, puisqu’ils empêchent tout examen d’une demande de protection.

    L’agence avait alors reconnu de « graves fautes de conduites » commises par les dirigeants de Frontex d’alors, et affirmait qu’il s’agissait de « pratiques du passé ». Le numéro un, Fabrice Leggeri, directeur général depuis 2015, avait démissionné fin avril 2022 face aux accusations relayées dans la presse.

    Athènes n’a pas encore réagi à cette nouvelle enquête menée par Frontex. Mais un responsable des gardes-côtes a défendu leurs opérations, affirmant à Reuters qu’ils agissaient « avec un sens aigu des responsabilités et dans le plein respect des vies humaines et des droits humains ».

    Au cours de la décennie écoulée, la Grèce n’a jamais reconnu l’existence de ces refoulements et a toujours nié les pratiquer. Elle a rappelé à plusieurs reprises que depuis 2015, les gardes-côtes grecs ont secouru plus de 250 000 personnes en mer Égée.

    #Condamnation de la #CEDH

    Mais en janvier dernier, Athènes a été épinglée par la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) dans une affaire de « pushback ». Une première. La requérante, une Turque, avait été expulsée le jour-même de son arrivée en Grèce vers la Turquie - puis arrêtée et emprisonnée par les autorités turques. La CEDH a condamné la Grèce a lui verser 20 000 euros.

    Lors du verdict, la Cour a accusé la Grèce de se livrer à des « #refoulements_systématiques » de demandeurs d’asile vers la Turquie. Dans son #arrêt, « la Cour estime qu’elle dispose d’indices sérieux laissant présumer qu’il existait (en 2019) une pratique systématique de refoulements par les autorités grecques de ressortissants de pays tiers depuis la région d’Evros vers la Turquie ».

    Depuis des années, des rédactions internationales - dont InfoMigrants - récoltent de nombreux témoignages d’exilés victimes de ces expulsions illégales en Grèce, qu’elles se déroulent dans la région de l’Evros ou en mer Égée.

    En mai 2020, Samuel, un Africain avait filmé et raconté son refoulement. « Nous avons quitté les côtes turques vers 4h du matin le 30 avril depuis la ville d’Izmir. Nous étions une quarantaine dans l’embarcation dont des femmes et des enfants. Nous n’étions qu’à une vingtaine de kilomètres de l’île de Lesbos. Mais nous avons été repérés par la marine grecque car un jeune enfant a fait de la lumière avec le téléphone de son père. Il faisait encore nuit. »

    Et le jeune homme de continuer. « Les gardes-côtes sont alors montés sur de petits canots et sont venus à notre rencontre. Ils nous ont demandé de leur donner notre bidon d’essence. Puis, ils nous ont lancés une corde. Nous pensions qu’ils nous dirigeaient vers Lesbos mais en fait ils nous ont emmenés en plein milieu de la mer. Ils nous ont laissés là et sont repartis. »

    En 2021, InfoMigrants avait même rencontré un ex-policier grec aujourd’hui à la retraite qui a confirmé l’existence de « pushbacks » dans la rivière de l’Evros, entre la Turquie et la Grèce. « Les ’pushbacks’ existent, j’ai moi-même renvoyé 2 000 personnes vers la Turquie », avait-il déclaré sous couvert d’anonymat.

    En mai 2023, une vidéo accablante du New York Times montrait des gardes-côtes grecs remettre des migrants à l’eau, direction la Turquie.

    Pire encore, selon une enquête de la BBC menée en juin 2024, en trois ans, 43 exilés sont morts en mer Égée après avoir été refoulés par les autorités grecques. Selon le média britannique, neuf d’entre eux ont été directement jetés à l’eau par les gardes-côtes, et se sont noyés.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/63887/frontex-enquete-sur-des-refoulements-de-migrants-aux-frontieres-de-la-
    #Frontex #enquête #Grèce #frontières #refoulements #push-backs #migrations #réfugiés

  • Et si ce n’était pas la #rivière qui avait tué #Blessing_Matthew ? Récit d’une #recherche-action à la #frontière_franco-italienne

    La frontière tue deux fois. La première par le durcissement des contrôles qui augmentent les risques de son franchissement, la seconde quand la #justice est niée face aux violences et aux décès que ces politiques et ces pratiques à la frontière induisent. La reconstitution des circonstances de la noyade d’une jeune femme nigériane de 21 ans dans la Durance en 2018, par une équipe composée de chercheures, d’une association de soutien aux migrants et d’un témoin, révèle non seulement l’enchaînement des événements à l’issue fatale, mais également les causes systémiques de ce #décès. La mort de Blessing Matthew n’est pas attribuable à un accident ou aux dangers de la montagne, comme l’invoquent les autorités françaises, mais aux conséquences de la gestion sécuritaire à l’œuvre à la frontière franco-italienne.

    https://journals.openedition.org/mondesmigrations/351
    #shameless_autopromotion #frontière_sud-alpine #migrations #réfugiés #border_violence #border_death #morts_aux_frontières #mourir_aux_frontières #Hautes-Alpes #Alpes #montagne #danger #risques #risques_naturels #France #impunité #border_forensics #architecture_forensique #frontières #La_Vachette #contre-enquête #violence #violences_frontalières #Durance

    ping @isskein @reka

  • Les diamantaires anversois, inquiets, ne veulent pas de tarifs douaniers européens contre Trump VRT - Anne François

    Les droits de douane supplémentaires à l’importation annoncés par le président américain Donald Trump provoquent une grande incertitude dans le secteur anversois du diamant. De nombreux diamantaires se posent des questions sur leur exportation vers les Etats-Unis. « Nous craignons de devoir payer les droits de douane plus élevés des pays dont proviennent les diamants bruts », explique Ine Tassignon de l’Antwerp World Diamond Centre.

    « Ces dernières heures, notre téléphone ne cesse de sonner et notre boite de courrier électronique déborde. Les diamantaires belges qui font du commerce avec les Etats-Unis se posent beaucoup de questions sur les tarifs douaniers », précise Ine Tassignon. L’Antwerp World Diamond Centre craint que les USA n’imposent des droits de douane plus élevés sur les diamants venant d’Anvers que les 20% annoncés pour l’Europe.


    « Le diamant est réellement un produit mondial. Une pierre brute du Botswana peut être taillée en Inde et vendue à un client de New York via Anvers. Mais pour chacun de ces pays, les Etats-Unis ont annoncé un droit de douane différent : 37% pour le Botswana, 26% pour l’Inde », indique Ine Tassignon.

    L’Antwerp World Diamond Centre suspecte que les USA appliqueront toujours les tarifs de douane à l’importation les plus élevés. « La semaine dernière, un diamantaire belge a dû payer des droits de douane à l’importation de 25% parce que sa pierre précieuse brute venait du Canada », révèle Ine Tassignon. Le Centre y voit un précédent et veut rapidement obtenir des précisions.

    Appel à l’UE : pas de tarifs réciproque sur les diamants
    Les Etats-Unis sont les plus gros acheteurs de diamants taillés. En plus de cela, le plus important laboratoire de reconnaissance, pour la certification des diamants, se trouve à New York.

    « Ce qui signifie que de nombreux diamants bruts sont envoyés d’Anvers vers les Etats-Unis, avant d’être réexpédiés vers Anvers. Il y a énormément de circulation allant dans les deux sens », souligne Ine Tassignon.

    C’est la raison pour laquelle le secteur anversois du diamant appelle la Commission européenne à ne pas imposer de tarifs douaniers réciproques sur le commerce des diamants depuis les USA vers l’Europe. « Cela créerait des barrières supplémentaires qui ne nous feront que du mal ».

    Source : https://www.vrt.be/vrtnws/fr/2025/04/03/les-diamantaires-anversois-inquiets-ne-veulent-pas-de-tarifs-d
    #douane #diamants #Anvers #économie #frontières #mondialisation #en_vedette #ue

  • #Border_memory

    This website was created to remember, document, and research the people on the move who got missing or died along the migratory routes through the Balkans.

    We do not intend to merely collect statistics, but to transform personal grief into collective action for truth and justice for our missing loved ones and for the end of the European border regime.

    This is not meant to be simply a site, but a common and open space to build solidarity alliances across and against borders, to unite sorrow and resistance, to struggle together.

    https://www.bordermemory.org
    #cartographie #visualisation #mémoire #mourir_aux_frontières #morts_aux_frontières #frontières #migrations #réfugiés #Balkans #route_des_Balkans #mémorial #mémorial_virtuel #cartographie_narrative

    ping @reka

  • Comme Une Guerre Qui Ne Finissait Jamais - Raphaël Botiveau

    Deux vieux Piémontais de la province de Cuneo racontent leur XXe siècle. Des vies de migrants, dans ces mêmes #montagnes qui marquent la frontière entre #France et Italie, et qui sont aujourd’hui franchies par des milliers d’Africains en quête d’une vie meilleure.
    Lus par deux jeunes Italiens vivant et travaillant à Marseille, les récits de vies de ces deux #Piémontais, recueillis dans les années 1970 par #Nuto_Revelli (1919-2004), anthropologue autodidacte, racontent la #pauvreté et la migration, le franchissement des frontières, le #travail et la #guerre, la circulation des cultures et des #langues, l’attachement de l’exilé au pays natal plus qu’à la patrie. Ils sont accompagnés d’#archives de différentes époques, qui renvoient à la migration comme #constante_historique de cette frontière alpine. Des enregistrements conservés au Mucem et des prises de son contemporaines in loco (Briançonnais et Valle Stura) reconstruisent des paysages sonores réalistes.

    Raphaël Botiveau est post-doctorant MUCEM/EHESS. Venu à la création artistique par les sciences sociales, il explore des formes interdisciplinaires de représentation du réel. Son film London Calling (2017), co-réalisé avec la sociologue Hélène Baillot, a été montré en festivals et a reçu plusieurs prix.

    https://soundcloud.com/user-897145586/comme-une-guerre-qui-ne-finissait-jamais-raphael-botiveau


    #histoire #frontières #migrations #Italie #audio #son #podcast #frontière_sud-alpine #jour_de_la_marmotte

  • En Europe, les migrants premières victimes de l’intelligence artificielle

    Alors que se tient à Paris cette semaine le Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle (IA), chefs d’État, chefs d’entreprise, chercheurs et société civile sont appelés à se prononcer sur les #risques et les #limites de ses usages. Des #biais_discriminatoires et des #pratiques_abusives ont déjà été observés, en particulier dans la gestion européenne de l’immigration.

    Un #détecteur_d’émotions pour identifier les #mensonges dans un #récit, un #détecteur_d’accent pour trouver la provenance d’un ressortissant étranger, une analyse des #messages, des #photos, des #géolocalisations d’un #smartphone pour vérifier une #identité… voici quelques exemples de systèmes intelligents expérimentés dans l’Union européenne pour contrôler les corps et les mouvements.

    « Ici, les migrations sont un #laboratoire_humain d’#expérimentation_technologique grandeur nature », résume Chloé Berthélémy, conseillère politique à l’EDRi (European Digital Rights), un réseau d’une cinquantaine d’ONG et d’experts sur les droits et libertés numériques. « Les gouvernements et les entreprises utilisent les environnements migratoires comme une phase de #test pour leurs produits, pour leurs nouveaux systèmes de contrôle. »

    Des détecteurs de mensonges à la frontière

    L’un des plus marquants a été le projet #iBorderCtrl. Financé partiellement par des fonds européens, le dispositif prévoyait le déploiement de détecteurs de mensonges, basés sur l’analyse des #émotions d’un individu qui entrerait sur le sol européen. « Les #visages des personnes, en particulier des demandeurs d’asile, étaient analysés pour détecter si, oui ou non, ils mentaient. Si le système considérait que la personne était un peu suspecte, les questions devenaient de plus en plus compliquées. Puis, éventuellement, on arrivait à un contrôle plus approfondi par un agent humain », explique-t-elle.

    Expérimenté dans les #aéroports de Grèce, de Hongrie et de Lettonie, il ne serait officiellement plus utilisé, mais l’EDRi émet quelques doutes. « Dans ce milieu-là, on est souvent face à une #opacité complète et il est très dur d’obtenir des informations. Difficile de dire à l’heure actuelle si cette technologie est encore utilisée, mais dans tous les cas, c’est une volonté européenne que d’avoir ce genre de systèmes aux frontières. »

    Drones de surveillance, caméras thermiques, capteurs divers, les technologies de surveillance sont la partie émergée de l’iceberg, la face visible de l’intelligence artificielle. Pour que ces systèmes puissent fonctionner, il leur faut un carburant : les #données.

    Les bases de données se multiplient

    L’Europe en a plusieurs en matière d’immigration. La plus connue, #Eurodac – le fichier des #empreintes_digitales – vise à ficher les demandeurs et demandeuses d’asile appréhendés lors d’un passage de frontière de manière irrégulière. Créée en 2002, la nouvelle réforme européenne sur l’asile étend considérablement son pouvoir. En plus des empreintes, on y trouve aujourd’hui des photos pour alimenter les systèmes de #reconnaissance_faciale. Les conditions d’accès à Eurodac pour les autorités policières ont également été assouplies. « Elles pourront le consulter pour des objectifs d’enquêtes criminelles, on retrouve donc cette idée que de facto, on traite les demandeurs d’asile, les réfugiés, avec une présomption d’illégalité », conclut Chloé Berthélémy.

    Or, ces collectes d’informations mettent de côté un principe clef : celui du #consentement, condition sine qua non dans l’UE du traitement des données personnelles, et clairement encadré par le Règlement général de protection des données (#RGPD). Les politiques migratoires et de contrôles aux frontières semblent donc faire figures d’#exception. Lorsqu’une personne pose le pied sur le sol européen, ses empreintes seront collectées, qu’il soit d’accord ou non. Selon l’EDRi, « l’Union européenne est en train de construire deux standards différents. Un pour ceux qui ont les bons papiers, le bon statut migratoire, et un autre pour ceux qui ne les ont pas ».

    Un nouveau cadre juridique qui a d’ailleurs été attaqué en justice. En 2021, en Allemagne, la GFF, la Société des droits civils (qui fait partie du réseau de l’EDRi) triomphe de l’Office allemand de l’immigration, condamné pour pratiques disproportionnées. Textos, données de géolocalisation, contacts, historique des appels et autres #fichiers_personnels étaient extraits des #smartphones des demandeurs d’asile à la recherche de preuve d’identité.

    Automatisation des décisions

    Une fois les frontières passées, l’intelligence artificielle continue à prendre pour cible des étrangers, à travers sa manifestation la plus concrète : les #algorithmes. Examiner les demandes de #visa ou de #naturalisation, attribuer un #hébergement, faciliter l’organisation des #expulsions, prédire les flux migratoires… la multiplication des usages fait craindre aux chercheurs une administration sans guichet, sans visage humain, entièrement automatisée. Problème : ces systèmes intelligents commettent encore beaucoup trop d’#erreurs, et leur prise de décisions est loin d’être objective.

    En 2023, l’association La Quadrature du Net révèle que le code source de la Caisse nationale d’allocations familiales (Cnaf) attribue un « score de risque » à chaque allocataire. La valeur de ce score est ensuite utilisée pour sélectionner ceux qui feront l’objet d’un contrôle. Parmi les critères de calcul : avoir de faibles revenus, être au chômage, ou encore être né en dehors de l’Union européenne. « En assimilant la précarité et le soupçon de fraude, l’algorithme participe à une politique de #stigmatisation et de #maltraitance institutionnelle des plus défavorisés », estime Anna Sibley, chargée d’étude au Gisti. Quinze ONG ont d’ailleurs attaqué cet algorithme devant le Conseil d’État en octobre 2024 au nom du droit à la protection des données personnelles et du principe de non-discrimination.

    Autre exemple : l’IA a déjà été utilisée par le passé pour soutenir une prise de décision administrative. En 2023, le ministère de l’Intérieur a « appelé à la rescousse » le logiciel #Google_Bard, un outil d’aide à la prise de décision, pour traiter la demande d’asile d’une jeune Afghane. « Ce n’est pas tant le fait que l’intelligence artificielle ait donné une réponse négative qui est choquant. C’est plutôt le fait qu’un employé du ministère de l’Intérieur appuie sa réponse sur celle de l’IA, comme si cette dernière était un argument valable dans le cadre d’une décision de justice », analyse la chercheuse.

    #Dématérialisation à marche forcée

    En 2024, un rapport du Défenseur des droits pointait du doigt les atteintes massives aux droits des usagers de l’ANEF, l’administration numérique des étrangers en France. Conçue pour simplifier les démarches, l’interface permet le dépôt des demandes de titres de séjour en ligne.

    Pourtant, les #dysfonctionnements sont criants et rendent la vie impossible à des milliers de ressortissants étrangers. Leurs réclamations auprès du Défenseur des droits ont augmenté de 400% en quatre ans. Des #plaintes allant du simple problème de connexion aux erreurs de décisions de la plateforme. Un casse-tête numérique contre lequel il est difficile de se prémunir. « Les services d’accompagnement déployés sont trop limités », constate Gabrielle de Boucher, chargée de mission numérique droits et libertés auprès du Défenseur des droits. Selon elle, il est important que la France reconnaisse aux étrangers le droit de réaliser toute démarche par un canal humain, non dématérialisé, un accueil physique.

    Le biais discriminatoire

    Autre écueil de la dématérialisation croissante des administrations : le biais discriminatoire. Puisque les systèmes intelligents sont entraînés par des êtres humains, ces derniers reproduisent leurs biais et les transmettent involontairement à l’IA. Illustration la plus concrète : les erreurs d’#identification.

    En 2023, un homme a été arrêté aux États-Unis après que les logiciels de reconnaissance faciale l’ont désigné par erreur comme l’auteur de vols. « On peut légitimement avoir des craintes sur le respect des droits, puisqu’on sait, par exemple, que le taux d’erreur est plus élevé pour les personnes non blanches », s’inquiète Gabrielle du Boucher. Comme elles sont sous représentées dans les #bases_de_données qui nourrissent l’apprentissage de l’IA, celle-ci sera moins fiable que lorsqu’elle devra, par exemple, se concentrer sur les personnes blanches.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/62762/en-europe-les-migrants-premieres-victimes-de-lintelligence-artificiell
    #IA #AI #intelligence_artificielle #migrations #réfugiés #victimes #frontières #technologie #contrôle #surveillance #accent #langue #discrimination

  • US blocks Canadian access to cross-border library, sparking outcry | US news | The Guardian

    https://www.theguardian.com/us-news/2025/mar/21/canada-cross-border-library

    US blocks Canadian access to cross-border library, sparking outcry

    US officials claim move was to curb drug trafficking while Quebec town says it ‘weakens collaboration’ among nations
    Fri 21 Mar 2025

    The US has blocked Canadian access to a library straddling the Canada-US border, drawing criticism from a Quebec town where people have long enjoyed easy entry to the space.

    The Haskell Free Library and Opera House is located between Stanstead, Quebec, and Derby Line, Vermont. It was built deliberately to straddle the frontier between the two countries – a symbol of cooperation and friendship between Canada and the US.

    #frontières
    #États-unis
    #Canada
    #trumpisme

  • Srpska policija već koristila zvučno oružje i to na migrantima
    –> La police serbe a déjà utilisé des #armes_sonores sur des migrants

    Organizacija koja se bavi pravima izbeglica utvrdila da je srpska policija još u novembru 2023. koristila „uređaj sličan oružju za proizvodnju zvuka“ prilikom prisilnog iseljavanja izbeglica iz objekta u kome su boravili u predgrađu Sombora, otkriva BIRN

    Dana 7. novembra 2023. godine, oko 13 časova, oko 35 izbeglica – mahom muškaraca, uz nekoliko žena i dece – panično je pokušalo da pobegne kroz polja nadomak napuštene kuće u predgrađu Sombora. Policija je upravo ušla u njihovo prebivalište, a iz pravca polja iza naselja odjednom je odjeknuo glasan, prodoran zvuk.

    „Redovno policijski vozilo Srbije je ušlo u naselje, što je uticalo da ljudi pobegnu u polja iza naselja. Delovalo je kao da je policija bila postavljena u polju iza naselja kako bi presrela ljude koji su pobegli“, navodi se u belešci jedne od organizacija koja je bila na licu mesta, a u koju je BIRN imao uvid.

    Ipak, iz nečeg što je izgledalo kao standardna policijska akcija izdvojila se specifična stvar.

    „Tokom pometnje, glasan probadajući zvuk – višeg tonaliteta od pucnja – emitovan je iz uređaja koji je ličio na oružje, a koji je koristio jedan od policajaca u polju iza mesta prebivališta [izbeglica]. Pretpostavlja se da je ovo korišćeno da se ubrza proces hvatanja ljudi koji su pobegli“, navodi se u belešci.

    Ovo saznanje BIRN-a da je neka vrsta zvučnog oružja upotrebljena protiv izbeglica, poklapa se sa onim što je kratko navedeno u izveštaju „Grupe za praćenje nasilja na granicama“ (Border Violence Monitoring Group) koju čini više organizacija koje se bave pravima izbeglica i migranata, objavljenom u novembru 2024. godine.

    U njemu se navodi da je srpska policija koristila „uređaj sličan oružju za proizvodnju zvuka“ prilikom prisilnog iseljavanja izbeglica iz objekta u kome su boravili.

    „Poslednje, ali ne manje važno, osoblje Collective Aid-a izvestilo je da su videli upotrebu uređaja sličnog oružju koji koristi zvučne talase kako bi proizvodio buku i plašio ljude tokom iseljenja“, navodi se u izveštaju.

    U izveštaju koji se bavi nadzornom tehnologijom koja se koristi nad izbeglicama i migrantima, ističe se i da se sumnja da je u pitanju LRAD uređaj.

    LRAD je engleska skraćenica od Long range acustic device, odnosno zvučnog uređaja dugog dometa.

    U novembru 2023, srpska policija je već neko vreme sprovodila najopsežniju akciju protiv naoružanih krijumčarskih bandi poreklom iz Avganistana, Maroka i Sirije. Tokom tih akcija stručnjaci za prava ljudi u pokretu su ukazivali i na kršenje prava običnih izbeglica, koje nemaju veze sa kriminalnim aktivnostima.

    U opsežnoj policijskoj akciji, koja je trajala više meseci, angažovani su i pripadnici redovne policije, interventnih snaga jedinica policije, žandarmerije, ali i Specijalne antiterorističke jedinice, SAJ.
    Koje zvučno oružje je korišćeno 15. marta u Beogradu?

    Ovaj događaj posebno je značajan u svetlu velikog protesta u Beogradu 15. marta, kada se pojavila sumnja da je zvučno oružje korišćeno protiv građana tokom petnaestominutne tišine, što su demantovali MUP, BIA i Vojska Srbije.

    Ne samo da su demantovali korišćenje oružja na protestu, već i inače. Ministar unutrašnjih poslova Ivica Dačić za dnevni list Danas je potvrdio da policija poseduje sonično oružje ili kolokvijalno nazvano „zvučni top“, tj. da su ti sistemi, koji su kupljeni 2021. godine, u vlasništvu MUP-a.

    Dačić je izjavio da „ti sistemi stoje „u magacinima u kutijama“ i da nisu u upotrebi, jer ne postoji zakon kojim bi njihovo korišćenje bilo dozvoljeno“.

    https://birn.rs/srpska-policija-zvucno-oruzje-migranti-sombor

    #Long_Range_Acoustic_Device (#LRAD) #frontières #migrations #armes_sonores #technologie #son #armes_soniques
    #Serbie #Balkans #route_des_Balkans

    –-

    En 2021, en Grèce :
    La Grèce allonge son mur et le fortifie avec un #mur_acoustique...
    https://seenthis.net/messages/920711

  • Brutal Barriers: Pushbacks, violence and the violation of human rights on the Poland-Belarus border

    This report has been produced in partnership between #Oxfam and #Egala, a grassroots organization providing humanitarian aid, medical support and legal assistance to people on the move at the Poland–Belarus border. It collects extensive existing evidence, testimonies from Egala volunteers and workers on the ground, and the voices of people seeking protection, in order to document the human consequences of restrictive, illegal and inhumane policies at this border.

    https://www.oxfam.org/en/research/brutal-barriers-pushbacks-violence-and-violation-human-rights-poland-belarus-

    #Biélorussie #rapport #Pologne #migrations #réfugiés #frontières #violence #push-backs #refoulements #asile

    • Poland accused of brutality as Belarus border crackdown escalates

      The EU has poured millions into Poland’s border enforcement — even as human rights groups accuse Warsaw of illegal pushbacks.

      Polish border forces regularly force migrants back into Belarus, with reports of people being beaten, stripped of their clothes and left stranded in forests without food, shelter or medical care, according to a new report from Oxfam and Polish nongovernmental organization Egala published Tuesday.

      The report, titled “Brutal Barriers,” details widespread mistreatment at the Poland-Belarus border, including migrants being shot with rubber bullets, attacked by dogs and given water contaminated with pepper spray before being expelled.

      Egala activists recounted the testimony of a 22-year-old Syrian national who had been stripped naked and left to freeze without shoes. Another group found a pregnant woman who was bleeding and in need of medical care but had been dragged back toward the border. The report said that some pregnant women suffered miscarriages after being denied assistance.

      “Pushbacks at the Poland-Belarus border are generalized and systemic,” said Egala Advocacy Lead Aleksandra Gulińska. “We continuously come across people in the forest who have been forcibly returned to Belarus by Polish authorities.”

      Despite such allegations, the European Commission in December allocated €52 million to bolster surveillance and infrastructure along Poland’s eastern border. In announcing the decision, Commission President Ursula von der Leyen noted that Poland and other border states are on the front lines of “hybrid threats” emanating from Belarus and Russia.

      Belarus has played a central role in steering migrants toward the European Union, allegedly to destabilize the bloc, with state-controlled travel agencies offering them visas and transport. Once at the border, Belarusian security forces escort the migrants toward Polish territory while blocking their retreat.

      For those pushed back to Belarus, the situation is even more dire. The report describes conditions as “hell,” citing cases of electrocution, waterboarding and body parts being cut off by Belarusian forces. Women and girls face extreme risk of sexual violence, with reports of rape before being forced toward Poland.

      When Polish Prime Minister Donald Tusk replaced the country’s right-wing populist government in 2023, rights groups hoped his more EU-aligned stance would soften his country’s approach at the border. Instead Tusk’s government has tightened policies, reintroduced exclusion zones and approved a law allowing the temporary suspension of the right to seek asylum. Migration remains a key issue ahead of the country’s May presidential election.

      While Brussels has avoided confronting Tusk’s government over the pushbacks, it is threatening legal action over Poland’s refusal to take in asylum-seekers under the EU Migration Pact, which requires member countries either to accept a quota of asylum-seekers or to contribute to a financial solidarity mechanism. Last week the Commission warned Warsaw it could face penalties for refusing to comply.

      Until now, Warsaw has refused to budge.

      “Poland will not implement any migration pact or any provision of such projects that would lead to Poland’s forced acceptance of migrants. This is definitive,” Tusk said in February, insisting that Poland is already under heavy migration pressure from Belarus and is hosting large numbers of Ukrainian refugees.

      Rights groups warn that Poland’s actions — and the reluctance of Brussels to curtail them — are setting a dangerous precedent.

      “The EU must stop bankrolling this pushback policy and shut down any future plans that gamble with people’s lives,” said Sarah Redd, Oxfam’s Ukraine advocacy lead. “This is not about politics — it’s about what is right.”

      https://www.politico.eu/article/poland-brutality-belarus-border-migration-oxfam-egala-report

  • At the Heart of Fortress Europe II: The Politics of Fear. Austria’s Role in Border Externalisation Policies in the Balkans

    This study provides a broad mapping of Austrian-based actors, organisations, and multilateral cooperation involved in the #push-backs of people on the move. For their part, the Austrian-based actors are heavily involved in the border externalisation policies of the whole European Union.

    Austria has been active in border regime externalisations and policing in the Balkans for decades. Its actions are often implemented through different platforms, networks, and modes of cooperation that include other EU countries on bi- and multilateral levels.

    Austria’s preferred method in strengthening externalisation structures is to build strong connections with politicians in the region, in exchange for presumed assistance in the uncertain and slow-moving European integration processes, accompanied by the strengthening of the economic ties and investments in the region.

    Part II of the study shows that on the ground, police agencies are more involved in “managing” migrations than are legal experts or humanitarian organisations. This approach has led to shifting the main focus away from establishing structures that meet the needs of people on the move and basic human rights – including the right to asylum or simply the right to freedom of movement – to combating smugglers, presented as the biggest challenge for the states, borders, and migrants. In this regard, the Austrian approach mirrors the EU one.

    https://transform-network.net/publication/at-the-heart-of-fortress-europe-ii-the-politics-of-fear
    #rapport #Autriche #externalisation #migrations #réfugiés #asile #frontières #Balkans #route_des_Balkans #refoulements

  • Border. Space of Violence and Struggle

    What is a border? Is it a line on the map dividing nation states or communities that used to be united? Or is it rather a wall; border infrastructure that is constantly fortified and improved - with cameras, coils of barbed wire, electronics - all that to prevent people from moving, while in fact making their journey more dangerous?

    All these material elements constitute a border. But it is not only about them - the practices that take place there matter as well. On one side, there are soldiers and border guard officers patrolling the territory and using violence against asylum seekers, pushing them back into dangerous areas, where nature itself may detain or hurt them. On the other side, there are people on the move, who cross the border in search of a safe place and dignified life. Hence, the border is constantly produced by (but also produces) the constant processes of reinforcing and contesting it.
    Short story of the crisis

    August 2021 is deemed to be the symbolic starting point of the humanitarian crisis at the Polish-Belarusian border. That was when a group of 32 Afghanis sat in the glade to protest against being pushed back to Belarus and denied the right to apply for international protection for yet another time. The migrant trail across the Białowieża forest is not new, in the past many people would cross this green border in different directions to flee from violence and persecutions and find a better and safer life. The revival of this trail in 2021 was related to simplified visa procedures and increased number of flights to Minsk by President Lukashenko’s regime. Belarus did it in reaction to the sanctions imposed on this country by the European Union after fraudulent presidential elections in 2020 and bloody suppressed “revolution of dignity”.

    This opened up new possibilities to people who sought a way to escape from their country of origin or residence. The Polish government reacted directly and immediately by pushing these people back to Belarus and refusing to accept applications for international protection - each person’s right, regardless of the way they got to a given country.

    In September 2021 a state of emergency was declared in some parts of Podlaskie and Lublin provinces - for the first time since introducing martial law in 1981. The no-entry zone included 183 settlements and was accessible in fact only for the inhabitants of this zone, which made it impossible for journalists, NGO workers and people wanting to help to enter this territory. In October 2021 the so-called “pushback law” came into force. This law has sanctioned the status quo and obliged the persons who crossed the border in an undocumented way to leave the country and banned them from re-entering the territory of Poland and other Schengen area countries. It also entitled border guard officers to “walk these people off to the state border”.

    The due date of the zone was prolonged multiple times - until June 2022. After the initial 30 days it was prolonged by another 60 days - that was what the constitution allowed for. Following these 90 days, a ministerial regulation was issued, and it included the very same region in order to preserve the zone with its bans. After numerous protests of human rights organisations and parliamentary opposition who pointed out that this solution was not in line with the constitution, the State border protection act was amended - from this moment on, it was possible to introduce no-entry zones without declaring a state of emergency. Donald Tusk’s government invoked this very act on 13th June 2024 to declare a “buffer zone” which now ranged from “only” 200 m to 2 km from the borderline.

    These legal measures went hand in hand with advances in militarisation. The omnipresence of the border guard, army and the territorial defence force units became part of everyday life in Podlaskie, just like new fortifications built at the border. Solidarity networks developed in parallel with the violent activity of politicians. These networks included previously existing and newly formed initiatives and organisations created by locals and visitors that informed about human rights violations and provided continuous humanitarian support to the people in the forest, despite multiple attempts to discredit and undermine the legitimacy of their actions. Most of them joined an informal coalition named “Grupa Granica” (“Border Group” - translator’s note). These people and groups remain active to this day.

    The shape the border takes and will take in the future is and will be influenced by new legal acts. The key role here is played by the planned amendment to the Act on Granting Protection to Foreigners on the Territory of the Republic of Poland, which authorizes the state to suspend the right of asylum for a given period or at a given territory, which completely contradicts international law.
    What is “counter-mapping” for?

    Maps have always served as a tool for learning, sharing information, and representing newly discovered and already known areas. Marking roads, rivers, watering places, towns, and streets was supposed to make it easier to get one’s bearings in the world or to exploit the terrain and dominate the land and its inhabitants, if used to gain or consolidate power. And so, maps have also become a tool for exercising control over territories, a way of marking and legitimizing borders, separating “our own” from “others.”

    Migration maps serve a similar function; they often include arrows that are to show numbers and directions in which migrants are moving (usually in an exaggerated scale). They associate with military strategic planning and arouse fear of being invaded by those “from the outside.” Such an image carries the risk of dehumanizing and depoliticizing migration processes and decisions: we do not know who is migrating and why, what distances they have covered and how complicated their journey has been. The diversity of experiences of people on the move is lost.

    So how can we map migrations without falling into these potholes?

    We can use counter-mapping, a method that primarily aims to show control mechanisms, institutional policy, violence, and the impact it has on migrants. It is not bound so strongly by scale and geography; it leaves room for showing the agency and resistance of people on the move. By emphasizing the experience of migration, it can be used to create a more complex and nuanced picture.

    Counter-mapping originated from discussions on engaging research in favour of social change. According to this trend, collectively created knowledge should be useful for a social movement or a group participating in the process and help to better understand the situation or disseminate the reflections they developed. At the same time it should contribute to creating a narrative which is different from the official one. The map presented here was created in this spirit, in cooperation with researchers and activists involved in the activities on the Polish-Belarusian border, who document the processes happening there and provide humanitarian support to people on the move. The project combines already existing reflections and research related to the border space.
    What is there on the map?

    The material created in the counter-mapping process cannot, above all, be another control tool, revealing migration routes or resistance strategies. It could harm people on the move and prejudice their efforts to achieve a better, safe and dignified life. It must skilfully navigate around the challenges of visibility: showing manifestations of violence and resistance in order to serve an educational or advocacy function and strategically refrain from revealing sensitive information. This is why the map presented here does not reflect the real geography of Podlaskie. It includes significant “typical” spaces and objects that are actually located in the border area; however, their exact location and configuration has been changed. The distorted geography allows to show all the important elements of the landscape without endangering the people on the move and the continuity of activist support.

    The map contains 20 places and objects that are a pretext to tell a story about what the border space is and what is happening within it. It also shows us the material elements that influence travel, activism and control strategies.
    Sources and inspirations

    The presented map has been inspired directly by the ethnographic walk led by Inga Hajdarowicz and Natalia Judzińska from March 2023 in the border area. Regular visits that often involve researchers, students, and activists, are one of the ways to present data and research results. They also mobilize alliances and give an opportunity to observe changes in the border landscape and behaviour of the uniformed services.

    The reflections took the form of a map with its descriptions. They are based on the literature in the field of critical border studies, numerous papers published on the Researchers on the Border website and NGOs’ reports, i.a. The We Are Monitoring Association. They are also a record of research and activist experiences of the authors engaged at the Polish-Belarusian border.

    The presented map is a voice in the discussion on the humanitarian crisis that has been going on at the border. It attempts to participate in creating a counter-narrative and forming the memory of past and present events. Thereby, it adds to the growing list of studies on the relationship between space and violence. In addition to the previously mentioned sources, it is worth mentioning the project “Zone of hidden violence” by Border Emergency Collective and Szymon Ruczyński’s animation “There are people in the forest” (Original title: “W lesie są ludzie” - translator’s note).

    Of course, the map presents only a fragment of the border reality from the perspective of the people involved in the project. People on the move were not directly involved in the process of its preparation. Involving people with migration experience would require planning a completely different, long-term action that would be sensitive to their well-being. However, this does not mean that the voice of the very entities and subjects of the crisis does not appear in the project. Yes, it does - though it is mediated by the authors. It is because we assume that people from Poland (the country that perpetrates violence and violates human rights) are primarily responsible for informing about the ongoing humanitarian crisis. Their first-hand knowledge, engagement and meetings with people on the move, allow for this discussion about creating border space to happen.

    https://mapa.bbng.org/en

    #cartographie #visualisation #carte_interactive #frontières #migrations #violence #luttes #contre-cartographie #Pologne #crise #Biélorussie #forêt

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  • La #Turquie construit un mur à la frontière grecque
    (après que, en 2012, la #Grèce avait construit un mur à la frontière turque...)

    Un nouveau mur sera bientôt érigé à la frontière entre la Turquie et la Grèce, dans la région de l’#Evros. Il s’ajoute à la barrière d’acier construite par Athènes à ce même endroit pour empêcher les passages de migrants.

    Bientôt un nouveau mur aux frontières de l’Europe. Celui-ci se déploiera le long de la frontière entre la Grèce et la Turquie, afin de prévenir les entrées irrégulières de migrants dans l’Union européenne (UE), a annoncé mardi 4 mars le gouverneur de la province turque d’Edirne, Yunus Sezer. « Il est prévu de construire dans un premier temps 8,5 kilomètres cette année », a-t-il précisé.

    Le responsable a ajouté que d’autres portions de ce mur devraient être érigées ultérieurement le long de la #frontière_terrestre entre la Turquie et la Grèce, longue de quelque 200 kilomètres et presque intégralement formée par le fleuve Evros.

    La construction de ce mur s’inscrit dans le cadre de l’accord signé en 2016 entre l’Union européenne et la Turquie pour que le pays garde les exilés sur son sol. La Turquie a par ailleurs renforcé ses frontières avec l’Iran et la Syrie. Des murs d’une longueur totale de plus de 1000 km séparent le pays de ses voisins.

    D’après Hamit Bozarslan, directeur d’études à l’École des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) et spécialiste de la Turquie, avec la construction de ce nouveau mur à la frontière grecque, Recep Tayyip Erdogan « souhaite faire un geste à l’égard de l’Europe ». « La crise [syrienne] actuelle a des répercussions importantes sur la Turquie et le président sait que l’Europe n’a pas oublié son rôle dans la ‘crise des réfugiés’ de 2015 », affirme-t-il à InfoMigrants.

    En clair, Recep Tayyip Erdogan veut faire preuve de sa bonne volonté pour s’assurer du soutien de l’UE.
    Radars high-tech et canons sonores

    La Turquie et la Grèce sont déjà séparées par endroits par une barrière d’acier dans la région de l’Evros, érigée par Athènes. En 2022, Le Conseil gouvernemental de sécurité nationale (KYSEA) grec avait même validé son extension de près de 40 km, pour arriver à 100 km au total. « Nous contribuons à la sécurité européenne et nous contribuons également à une politique d’asile européenne [...] plus efficace », avait déclaré le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis lors d’une visite à la frontière en avril 2023.

    Pour stopper les arrivées de migrants, la Grèce a également investi ces dernières années dans un arsenal ultra-moderne : caméras thermiques et radars high-tech accrochés sur les pylônes le long de la frontière, et même deux canons sonores, positionnés au sud et au nord de l’Evros.

    Dans cette zone ultra militarisée transitent régulièrement des candidats à l’exil, arrivés là après avoir traversé le fleuve Evros. Il arrive que certains groupes restent coincés. En août 2022, 38 migrants, dont une femme enceinte et sept enfants, sont restés bloqués sur un îlot. Selon des médias et des militants, ces personnes étaient coincées sur ce bout de terre situé à la frontière entre la Turquie et la Grèce depuis plusieurs jours.

    Conséquence tragique de l’isolement de ce groupe : une enfant âgée de cinq ans, prénommée Maria, est décédée, piquée par un scorpion.

    Les pushbacks seraient également nombreux dans cette zone, bien que les autorités aient toujours nié avoir recours à ces pratiques. « Les pushbacks existent, j’ai moi-même renvoyé 2000 personnes vers la Turquie », avait confié à InfoMigrants en 2021 un ancien policier à la retraite. « Régulièrement, mes collègues m’appelaient pour me prévenir qu’ils allaient venir avec des migrants. Ils étaient généralement rassemblés par groupe de dix environ. Mon rôle était simple : je les faisais monter sur mon bateau, souvent à la tombée de la nuit et je les ramenais vers les côtes turques ».

    https://www.infomigrants.net/fr/post/63260/la-turquie-construit-un-mur-a-la-frontiere-grecque

    #migrations #réfugiés #frontières #Thrace #murs #barrière_frontalière #Evros

  • #Commémoraction 2025, #Briançon :

    Au nom de quoi ?

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    Publié sur la page FB de Tous Migrants :
    https://www.facebook.com/tousmigrants/posts/pfbid0xL1RrDg6Xt2NELwcgeHmasKY3Cq8nVJFRz2rLpkJFc5pdE6c3W1D5kfamFnBn4Jil

    #commémoration #frontière_sud-alpine #morts_aux_frontières #mourir_aux_frontières #migrations #réfugiés #Hautes-Alpes #ni_oubli_ni_pardon #commémoraction_2025 #refoulements #violence #politiques_migratoires #montagne #maraudes #maraudes_solidaires #traque #solidarité #c'est_vous #réadmission #frontières #dissuasion #mise_en_danger #liberté_de_circulation

    ping @reka @_kg_ @isskein @karine4

    • En dix ans, 48 morts à la frontière franco-italienne : « La moindre des choses, c’est de leur redonner un nom »

      Entre Vintimille et Menton, la traversée de la frontière franco-italienne est dangereuse pour les personnes exilées qui tentent d’éviter les contrôles policiers. Un collectif de citoyens solidaires et de chercheurs ont établi la liste des noms des personnes décédées dans cette zone frontalière, depuis dix ans, notamment en essayant de traverser par les Alpes, ou encore renversés par des véhicules. Le but de ce collectif : les sortir de l’anonymat mais aussi mettre en lumière la violence chronique des politiques frontalières.

      Quarante-huit personnes sont décédées à la frontière franco-italienne entre 2016 et 2025, selon une base de données élaborée par des chercheurs et citoyens solidaires, rendue publique par la Ligue des droits de l’Homme de Nice mi-février. Elles venaient d’Érythrée, du Soudan, de Libye, du Tchad, du Népal, du Bangladesh ou encore d’Afghanistan. Les plus jeunes avaient 16 ans.

      Elles s’appelaient Mohamed, Saikou, Saïd, Nfansou, ou encore Yonas, le dernier de la funeste liste, décédé en janvier 2025. Le corps de ce jeune Érythréen de 26 ans avait été retrouvé au milieu des rochers, face à la mer, au niveau du pont Saint-Ludovic. Le pont qui marque la frontière entre l’Italie et la France. Vintimille d’un côté, Menton de l’autre. Un poste-frontière au milieu.

      C’est exactement au niveau de ce pont Saint-Ludovic qu’a été déposée, fin 2022, la première stèle d’un mémorial dédié à ces exilés morts à la frontière. Celle d’Ahmed Zia Safi, âgé de 16 ans seulement. Lui avait été renversé non loin de là, sur l’autoroute, le 7 novembre de cette même année.

      « Son nom avait été publié dans la presse italienne, ce qui est rare », se rappelle Charlotte Rouault, membre du groupe de travail à l’origine de la liste des 48. « On s’est demandé : est ce son vrai nom ? Peut-on l’utiliser, car la famille n’est sans doute pas au courant de son décès ? Et puis on s’est dit : ce système déshumanise les gens en exil, considérés comme des chiffres. Cette fois, nous avons un nom, pas sûr qu’il soit bon, mais utilisons-le. »
      "Ces morts, ce ne sont pas des accidents"

      Autour de cette première stèle s’est déroulé un temps d’hommage, ouvert au public, avec des tracts informant les habitants de Vintimille sur cette réalité mortifère. Grâce à des images de la commémoration ayant circulé dans la diaspora afghane, un oncle d’Ahmed, resté sans nouvelles, a découvert la situation. « Il a pu venir à Vintimille pour l’identification du corps. Nous sommes restés en contact avec lui. Il nous a envoyé des photos des funérailles en Afghanistan », raconte Charlotte Rouault.

      À partir de ce moment-là, un groupe de travail s’est mis en place pour établir un mémorial pour toutes les autres personnes décédées à la frontière ces dernières années, à l’occasion de la journée internationale Commémor’action de février 2023. « C’était douloureux de voir toutes ces stèles sans nom. On s’est dit : ce n’est plus possible », retrace Charlotte Rouault. « On ne peut pas réparer l’injustice qui leur a été faite. La moindre des choses, c’est de leur redonner un nom et de s’assurer que les proches puissent faire leur deuil ».
      Le tournant de la militarisation de 2015

      Le groupe de travail se met à éplucher la presse locale française et italienne, centraliser les informations éparpillées entre les collectifs et associations, contacter les administrations des mairies. Il tente aussi - en vain - d’avoir des renseignements auprès des procureurs, qui dirigent les enquêtes de police liées aux identifications. « Redonner les noms, c’est redonner de la dignité. Ces personnes ne sont pas des numéros, elles ont des noms, des familles, un passé », insiste Charlotte Rouault. Elle y voit aussi une manière de pointer des politiques frontalières mortifères : « Ces morts, ce ne sont pas des accidents », assène-t-elle.

      Tel est aussi le point de départ de Cristina Del Biaggio, enseignante-chercheuse à l’Institut d’urbanisme et de géographie alpine (IUGA) de l’Université Grenoble Alpes et au laboratoire Pacte. Celle-ci est venue apporter son soutien, aux côtés de l’anthropologue Filippo Furri, à ce travail de fourmi d’identification des morts. Les deux chercheurs se sont rendus auprès des services d’état civil des mairies, avec leur casquette d’universitaires, pour accéder aux registres et certificats de décès. « À partir de 2015-2016, tous les États alpins - Slovénie, Allemagne, Autriche, Suisse, France - ont militarisé leurs frontières sud afin de réguler les flux des personnes en migration », rappelle la chercheuse.

      « Il s’agissait d’une réaction par rapport à ladite crise migratoire : renforcement des contrôles, réactivation des accords bilatéraux signés dans les années 90, systématisation des refoulements... Le territoire alpin a été rendu hostile. Les gens se sont mis à passer surtout la nuit pour éviter les contrôles. Leurs manières de passer sont ainsi devenues plus dangereuses », décrit la chercheuse.
      « Le sentier de la mort »

      Pour comparer les données recueillies avec les années précédant le tournant de 2015, la chercheuse s’est avant tout appuyée sur la base de données de l’organisation United for Intercultural Action. Celle-ci compile les décès aux frontières européennes depuis 1993 à partir des articles de presse et sources associatives. Les chiffres, en ce qui concerne les cas documentés à ce jour dans l’arc alpin, sont sans appel : « Sur les personnes en exil décédées dans les Alpes depuis 1993, 72 % ont trouvé la mort après 2015 », rapporte Cristina Del Biaggio.

      La région la plus mortifère est celle de ce passage Vintimille-Menton. Face aux contrôles quasi systématiques dans les trains entre ces deux villes, les exilés tentent des voies alternatives dangereuses. Par exemple, la marche le long de la voie ferrée, de l’autoroute ; ou, la montée dans des camions. Mais aussi le passage par la montagne : entre 7 et 10 heures de marche - si l’on ne se perd pas -, sur des chemins escarpés. Le surnom de cette voie-là dit toute sa dangerosité : « Le sentier de la mort ».

      Ramzi et Maher, deux cousins partis de Tunisie, racontaient à Infomigrants en septembre 2023 : « Nous avons essayé par la montagne car lorsque nous avons tenté le passage en train la première fois, il y a trois jours, la police nous a immédiatement arrêtés à Menton ». Rencontrés juste après leur interception par des militaires dans la montagne, ils témoignaient d’une tentative éprouvante : « J’ai mal aux jambes », confiait Ramzi, « et nous n’avons pas mangé depuis quatre jours ».

      « Si on laissait passer ces personnes, comme le préconise le droit européen, par les routes qu’empruntent les citoyens ‘désirables’, vous n’auriez pas ces morts », tranche Cristina Del Biaggio. « Cette violence ne tient pas seulement aux dispositifs de contrôles placés sur le tracé de la frontière mais aussi à la manière dont sont traitées les personnes en migration sur tout le territoire. C’est pourquoi nous avons décidé d’inclure dans notre travail de mémoire non seulement les personnes décédées en tentant de traverser mais aussi celles ayant perdu la vie à cause d’accidents, de rixes ou de problèmes de santé liés aux conditions de vie indignes auxquelles elles ont été contraintes », précise aussi la Ligue des droits de l’Homme de Nice.
      « Prendre soin des morts, mais aussi des vivants »

      Cette liste de noms « demeure un travail en cours d’élaboration », souligne la Ligue des droits de l’Homme. Avant de préciser : « Nous ne sommes très certainement pas au courant de toutes les morts liées à la violence de cette frontière ».

      Quoi qu’il en soit, « ce n’est plus possible qu’une personne meure ici et qu’elle soit enterrée dans un trou à Vintimille, anonymement », défend Charlotte Rouault. Qui pense aussi aux générations futures : « Peut-être que, dans 20 ans, la petite fille d’une personne qui est morte à cette frontière va rechercher des informations. »

      La famille de Moussa Balde, Guinéen de 23 ans décédé en mai 2021, était présente lors de la journée internationale Commémor’action de ce mois de février 2024, lors de laquelle les citoyens solidaires se sont rassemblés autour du mémorial de Vintimille. Pour Charlotte Rouault, ce travail de mémoire a une double visée : « Prendre soin des mort, mais aussi des vivants ». Et si ces liens avec les familles sont encore rares, « ils nous donnent l’énergie de continuer. Je trouve ça beau que le fait de prendre soin des morts créent des liens entre nous, les vivants ».

      https://www.infomigrants.net/fr/post/63042/en-dix-ans-48-morts-a-la-frontiere-francoitalienne--la-moindre-des-cho

    • Ali, Saikou, Omar, Shevan... 48 migrants sont morts en 10 ans à la frontière entre l’Italie et la France

      La Ligue des Droits de l’Homme a publié une liste concernant les décès de personnes migrantes entre Vintimille en Italie et le Var. Il s’agit d’un long travail qui vise à donner une identité à des hommes ou des femmes qui ont perdu la vie loin de leur pays.

      Yonas, 26 ans, originaire d’Érythrée, est retrouvé mort entre les rochers au niveau du pont Saint-Ludovic à Menton. Il est décédé en tentant de traverser la frontière quelques jours auparavant. Nous sommes le 12 janvier 2025.

      Grâce à un élan collectif, un membre de sa famille sera localisé en Europe et pourra identifier le corps, ses parents seront prévenus en Érythrée. Faute de pouvoir rapatrier le corps, une cérémonie sera organisée en présence de plusieurs personnes et la cérémonie sera financée grâce à une collecte. Le nom de Yonas figure dans un "mémorial situé au centre de l’œuvre d’art « le troisième paradis » de Michelangelo Pistoletto. Il est hélas mis à jour régulièrement par un collectif dont Charlotte Rouault.
      Charlotte Rouault, ou un engagement citoyen

      Donner une identité aux personnes décédées au niveau de la frontière entre la France et l’Italie, c’est tout l’enjeu du travail de Charlotte Rouault. Documentariste, elle habite dans le secteur mentonnais. Elle explique que la constitution d’une liste de victimes est née d’une dynamique collective.

      Des migrants en provenance de l’Érythrée, du Soudan, de Libye, du Tchad, d’Irak, du Népal, du Bangladesh, d’Afghanistan....

      Pour eux, le voyage s’est arrêté de façon brutale en France, sur un train, sur les routes, dans les montagnes, en mer ou dans une rivière.

      Recouper les informations

      La liste est loin d’être définitive, elle est en cours d’élaboration. Charlotte travaille avec Cristina Del Biaggio, géographe, enseignante-chercheuse à l’Université Grenoble Alpes et au laboratoire Pacte. Cristina dirige un projet concernant les frontières et les migrations, elle a vite réalisé qu’il n’y avait aucun chiffre, que ce soit en France ou en Europe- concernant les décès. Or, pour la chercheuse, ils étaient nécessaires pour montrer que ces morts sont le résultat d’une politique migratoire.

      « C’était important de montrer ce chiffre qui atteste de la violence systémique du passage à la frontière. A partir de 2015, les pays alpins et le nord de l’Europe ont militarisé les frontières pour réguler les flux migratoires. Du coup, les migrants ont opté pour des voies de contournement qui ont accentué les risques et les accidents. » (Cristina Del Biaggio)

      Forte de son statut de chercheuse, Cristina a donc recoupé les informations en provenance des travailleurs sociaux, des municipalités ou des articles de presse, mais « sans avoir eu accès aux sources policières ni judiciaires ». Les services de l’État civil sont des aides précieuses : ils établissent avec les informations communiquées par la police les actes de décès. Ils recherchent les familles - sinon c’est la commune qui paye les funérailles et les informations sont en libre accès.

      Pour l’instant, cette liste compte 48 lieux de Vintimille à Fréjus en passant par Cannes La Bocca, et des noms et l’origine de la découverte du décès. Trois personnes n’ont pas été identifiées. Et le document a été communiqué à la Ligue des Droits de l’Homme qui l’a publié sur les réseaux sociaux.

      « Ainsi, tant qu’il n’y a pas eu de confirmation par des proches, nous ne considérons pas que les personnes sont identifiées avec certitude. Cependant, nous publions ces informations qui peuvent être un point de départ pour retrouver les familles. » (Ligue des droits de l’homme)

      Charlotte précise que quand un corps est retrouvé, on peut parfois effectuer une identification s’il y a eu prise d’empreintes lors de l’entrée du migrant dans l’espace Schengen, généralement l’Italie ou les Balkans. Mais effectivement, « on n’est jamais sûr que ce soit la bonne personne, car on ne sait pas comment l’identité a été établie » ! précise Charlotte.
      Aucune liste à la hauteur de la complexité, de la diversité et de l’importance de chacune de ces existences et de leur fin

      Tout ce travail a donc été communiqué à la Ligue des droits de l’homme, qui souhaite, par cette publication, donner une identité à ces personnes décédées dans des circonstances tragiques, et de partager des informations avec les familles des victimes.

      « Cette liste a pour vocation de soutenir le travail de mémoire et de justice que nous devons à toutes les personnes qui se voient nier leur liberté de circulation et qui se battent quotidiennement pour préserver leur dignité. La forme de liste prise ici permet de partager plus facilement ces informations pour les visibiliser, mais nous souhaitons qu’elle ne soit pas perçue comme une tentative d’uniformiser les parcours de chaque individu sous une simple étiquette de victimes des frontières ».

      Cristina Del Biaggio va dans ce sens « Ça vaut le coup de publier les noms pour faire avancer la vérité et finir le processus d’identification ».

      https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/alpes-maritimes/menton/ali-saikoi-omar-shevan-48-migrants-sont-morts-en-10-ans

  • Plus de 120 000 #refoulements de migrants aux #frontières de l’#UE en 2024, selon un rapport de plusieurs ONG

    Selon un rapport de neuf organisations de défense des droits de l’Homme, présentes dans plusieurs pays européens, plus de 120 000 refoulements de migrants ont été enregistrés aux frontières extérieures de l’UE en 2024 (https://www.cms.hr/system/publication/pdf/210/Pushed__Beaten__Left_to_Die_-_European_pushback_report_2024.pdf). Ces « pushbacks » sont devenus « une pratique systématique dans le cadre de la politique migratoire de l’UE », dénoncent les ONG.

    C’est un nouveau document qui tend à mettre en lumière l’ampleur des refoulements opérés aux frontières extérieures de l’Union européenne (UE). Un rapport, publié lundi 17 février, qui regroupe neuf organisations de défense des droits de l’Homme actives dans plusieurs pays européens - dont We Are Monitoring en Pologne, la Fondation Mission Wings en Bulgarie et le Comité hongrois d’Helsinki en Hongrie - affirme qu’"au moins" 120 457 « pushbacks » ont été enregistrés en 2024 en Europe - des refoulements à la frontière sans laisser à la personne concernée la possibilité de demander l’asile.

    Cette pratique est pourtant illégale au regard du « principe de non-refoulement » consacré par l’article 33 de la Convention de Genève sur le droit des réfugiés : « Aucun des États contractants n’expulsera ou ne refoulera […] un réfugié sur les frontières des territoires où sa vie ou sa liberté serait menacée », exige le texte. Le principe de non-refoulement est également réaffirmé par l’Union européenne dans sa Charte des droits fondamentaux.

    Pour parvenir à ce chiffre record, les militants se sont appuyés sur des rapports d’ONG et de groupes de recherche ainsi que sur les données des services gouvernementaux. À noter que ce chiffre ne concerne que les refoulements survenus dans un pays européen vers des États tiers et ne prend pas en compte les expulsions aux frontières intérieures de l’UE. Par ailleurs, une personne peut avoir été refoulée plusieurs fois.
    La Bulgarie, en tête du classement

    Selon les données du rapport, la Bulgarie figure en tête du classement des États de l’UE qui refoulent le plus de migrants. En 2024, les autorités de Sofia ont mené 52 534 « pushbacks » vers la Turquie, indique le texte.

    Cette première place s’explique en partie par la nouvelle adhésion pleine et entière à l’espace Schengen, fin novembre. La Bulgarie est soumise à une forte pression de la part des autres États membres de l’UE dans sa capacité à gérer les flux migratoires. Les questions de sécurité aux frontières figuraient parmi les principales préoccupations qui ont retardé l’entrée de la Bulgarie à l’espace Schengen - l’Autriche et les Pays-Bas ayant dans un premier temps opposé leur veto à une adhésion (https://balkaninsight.com/2024/11/22/austria-signals-shift-in-veto-on-bulgaria-romania-joining-schengen).

    Ainsi ces derniers mois, les témoignages de refoulements dans le pays se multiplient. Lors d’une série de reportages en juin dernier en Bulgarie, InfoMigrants avait rencontré dans la petite ville de Svilengrad, toute proche de la frontière avec la Turquie, un groupe de quatre jeunes Marocains (https://www.infomigrants.net/fr/post/57689/la-police-a-pris-nos-telephones-nos-affaires-notre-argent--les-refoule). Amine*, 24 ans avait dit avoir été refoulé cinq fois. Les autres, âgés de 22 à 30 ans, ont vécu deux, parfois trois « pushbacks ». Lors de ces expulsions, « à chaque fois, la police a pris nos téléphones, nos affaires, notre argent », dénonçait Amine. « Ils prenaient aussi nos vêtements et nos chaussures ».

    Les récits des exilés font également état de violences perpétrées par les autorités. Demandeurs d’asile « obligés de retourner en Turquie à la nage », déshabillés de force ou sévèrement mordus par les chiens des gardes bulgares : dans cette région, une violence considérable est exercée par les gardes-frontières. Des agissements dénoncés à de nombreuses reprises par les ONG, et dont même l’agence européenne de protection des frontières Frontex a eu connaissance (https://www.infomigrants.net/fr/post/55503/ils-mont-jete-dans-le-canal--les-pushbacks-en-bulgarie-sont-bien-connu), selon une enquête du réseau Balkan Investigative Reporting Network (BIRN).

    Ces refoulements peuvent parfois mener à des drames. Selon une étude de la branche viennoise de la Fondation ARD (https://bulgaria.bordermonitoring.eu/2023/12/02/almost-100-people-died-on-their-way-through-bulgaria-withi), en coopération avec Lighthouse Reports, et plusieurs médias, au moins 93 personnes transitant par la Bulgarie sont décédées en 2022 et 2023.

    Début janvier 2025, l’organisation italienne Colletivo rotte balcaniche (collectif de la route des Balkans) et l’association No name kitchen avaient accusé Sofia d’être responsable de la mort de trois migrants égyptiens (https://www.infomigrants.net/fr/post/62203/bulgarie--trois-adolescents-egyptiens-retrouves-morts-de-froid-pres-de). Agés de 15 à 17 ans, ces exilés avaient été retrouvés morts de froid dans la forêt bulgare, à quelques kilomètres de la frontière turque. « L’absence d’aide des autorités et leurs obstructions systématiques aux opérations de sauvetage menées par les activistes ont conduit à la mort des adolescents », avait conclu les militants.

    La police des frontières bulgare avait nié les allégations de négligence délibérée et prétendait avoir « réagi immédiatement à tous les signaux reçus, mais les alertes du 27 décembre contenaient des informations erronées ou trompeuses ».

    De manière générale, le gouvernement bulgare nie pratiquer des « pushbacks », selon Le Monde (https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/02/26/comment-l-ue-a-ferme-les-yeux-sur-le-refoulement-illegal-de-migrants-par-la-). En 2023, Ivaylo Tonchev, un des chefs de la police des frontières bulgare, s’était aussi défendu contre les accusations des ONG. « Il n’y a pas de violence contre les migrants », avait-il déclaré à Euronews (https://fr.euronews.com/2023/07/20/incidents-aux-frontieres-la-bulgarie-est-elle-prete-a-rejoindre-l-espac). « Les seuls cas où la force physique est utilisée, cela se fait conformément à la législation de notre pays. Mais il y a des groupes agressifs [de migrants] qui nous lancent des pierres. »
    La Grèce condamnée par la CEDH

    D’après le rapport des neuf ONG européennes, la Bulgarie est suivie par la Grèce, avec 14 482 refoulements enregistrés à ses frontières en 2024. Depuis des années, Athènes est accusée de « pushbacks » violents en mer Égée et près du fleuve Evros.

    InfoMigrants a récolté de nombreux témoignages d’exilés victimes de ces expulsions illégales. En mai 2020, Samuel*, un Africain avait filmé et raconté son refoulement à la rédaction (https://www.infomigrants.net/fr/post/24690/videotemoignage--les-gardecotes-grecs-ont-repousse-notre-bateau-vers-l). Le jeune homme avait expliqué avoir été repéré dans la nuit par la marine grecque alors que son embarcation approchait de l’île de Lesbos. « Les gardes-côtes nous ont demandé de leur donner notre bidon d’essence. Puis, ils nous ont lancés une corde. Nous pensions qu’ils nous dirigeaient vers Lesbos mais en fait ils nous ont emmenés en plein milieu de la mer. Ils nous ont laissés là et sont repartis. »

    Quelques mois plus tard, au mois de décembre 2020, la rédaction avait publié un témoignage similaire d’un Guinéen de 17 ans, racontant comment des gardes-côtes grecs avaient percé l’avant de son canot, en mer Égée (https://www.infomigrants.net/fr/post/29148/mer-egee--des-hommes-en-uniforme-ont-perce-notre-embarcation). En 2021, InfoMigrants avait même rencontré un ex-policier grec aujourd’hui à la retraite qui a confirmé l’existence de « pushbacks » dans la rivière de l’Evros, entre la Turquie et la Grèce. « Les ’pushbacks’ existent, j’ai moi-même renvoyé 2 000 personnes vers la Turquie », avait-il déclaré sous couvert d’anonymat.

    En mai 2023, une vidéo accablante du New York Times montrait des gardes-côtes grecs remettre des migrants à l’eau, direction la Turquie (https://www.infomigrants.net/fr/post/49036/pushback--une-video-accablante-du-new-york-times-montre-des-gardecotes).

    Cette même année, dans un rapport du mois de novembre, l’ONG Médecins sans frontières (MSF) affirmait déjà que les refoulements illégaux de migrants étaient « devenus la norme », de même que « l’absence criante de protection pour les personnes qui cherchent la sécurité en Grèce » (https://www.infomigrants.net/fr/post/53007/en-grece-les-refoulements-de-migrants-en-mer-sont-devenus-la-norme-acc).

    Pire encore, selon une enquête de la BBC menée en juin 2024, en trois ans, 43 exilés sont morts en mer Égée après avoir été refoulés par les autorités grecques. Neuf d’entre eux ont été directement jetés à l’eau par les gardes-côtes, et se sont noyés.

    Le 7 janvier 2025, la Grèce a été condamnée pour la première fois par la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) dans une affaire de refoulement de demandeurs d’asile. La requérante, une Turque, avait été expulsée le jour-même de son arrivée en Grèce vers la Turquie - puis arrêtée et emprisonnée par les autorités turques. La CEDH a condamné la Grèce a lui verser 20 000 euros.

    D’autres États de l’UE pourraient bientôt connaître une sentence similaire. Début février, la CEDH a commencé à examiner trois affaires contre la Pologne, la Lettonie et la Lituanie concernant des allégations de refoulement vers la Biélorussie.

    Malgré les preuves qui s’accumulent, Athènes n’a pourtant jamais reconnu l’existence de ces refoulements et a toujours nié les pratiquer.

    Contactée par InfoMigrants, la Commission européenne rappelle qu’il « appartient aux États membres de gérer et de protéger leurs frontières extérieures dans le cadre juridique de l’UE » et qu’il est de leur « responsabilité d’enquêter sur toute allégation d’actes répréhensibles ». « Dans le cadre de nos activités de gestion des frontières, les États membres doivent veiller à ce que leurs obligations en vertu du droit européen et international soient respectées, y compris la protection des droits fondamentaux ».
    Hausse des interceptions au large de la Libye

    Après la Bulgarie et la Grèce, championnes des « pushbacks », on retrouve dans le rapport la Pologne (13 600 refoulements), la Hongrie (5 713), la Lettonie (5 388), la Croatie (1 905) ou encore la Lituanie (1 002). Plusieurs de ces pays, qui accusent la Biélorussie de vouloir déstabiliser l’Europe en laissant passer les migrants, ont d’ailleurs légalisé ces dernières années les refoulements à leurs frontières, en dépit du droit international.

    L’étude couvre également le Liban et la Libye car, notent les auteurs, les interceptions en mer ont été effectuées avec le soutien « direct et étendu » de l’Italie, de Chypre et plus généralement des instances européennes. Ainsi l’an dernier, 21 762 interceptions ont eu lieu en mer Méditerranée, au large de la Libye, contre 17 000 en 2023.

    En 2017, l’UE a signé un accord avec la Libye dans le but d’empêcher les migrants de traverser la Méditerranée et de rejoindre l’Italie. À travers ce partenariat, sans cesse renouvelé, l’Europe donne concrètement aux autorités libyennes la charge de la coordination des sauvetages au large de leurs côtes (tâche qui incombait auparavant au centre de coordination de sauvetage maritime de Rome ou de La Valette, à Malte). L’Italie équipe et forme aussi les gardes-côtes libyens pour intercepter les exilés en Méditerranée.

    Cette collaboration controversée est régulièrement dénoncée par les ONG et les instances internationales, en raison des dérapages, menaces, intimidations des autorités libyennes en mer contre les migrants et les humanitaires.

    Par ailleurs, lorsqu’ils sont interceptés en mer et renvoyés sur le sol libyen, les migrants sont transférés dans des centres de détention, gérés par le Département de lutte contre l’immigration illégale (DCIM), où ils subissent des tortures, des violences sexuelles, de l’extorsion, et sont soumis à du travail forcé.
    Les refoulements, « une pratique systématique » au sein de l’UE

    L’ensemble de ces refoulements, « en forte augmentation », observés aux frontières extérieures de l’Europe « sont devenus une pratique systématique dans le cadre de la politique migratoire de l’UE », estiment les ONG. « Les rapports continus sur les refoulements montrent l’échec de l’UE à faire respecter les droits de l’Homme ».

    Les humanitaires et les chercheurs regrettent le manque de réaction des institutions européennes qui donne, de fait, un blanc-seing aux pays pointés du doigt. « Il y a quelques années, la Commission européenne, garante du respect des traités de l’UE en matière d’asile, condamnait ces pratiques. Aujourd’hui, on entend beaucoup moins de réprobations de sa part, elle a perdu beaucoup de son influence sur ses membres », avait déclaré en octobre Matthieu Tardis, chercheur spécialisé sur l’immigration et co-directeur de Synergie Migrations.

    *Les prénoms ont été modifiés.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/63062/plus-de-120-000-refoulements-de-migrants-aux-frontieres-de-lue-en-2024
    #Europe #union_européenne #chiffres #statistiques #2024 #migrations #réfugiés #push-backs #rapport #Bulgarie #Grèce #Libye #DCIM #Méditerranée #mer_Egée #Evros

    • Pushed, Beaten,Left to Die - European pushback report 2024

      17.02.2025 Asylum and integration policies
      Pushed, Beaten,Left to Die - European pushback report 2024
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      Pushed, Beaten,Left to Die - European pushback report analyzes data on pushbacks from EU member states to third countries in 2024, highlighting ongoing violations of international and EU law.

      It draws from NGO reports, research groups, human rights organizations, UN agencies, government services and interviews with organizations active in Hungary, Latvia, Lithuania, Greece, Poland, Croatia, Finland, and Bulgaria. In total, 120.457 pushbacks were recorded, underscoring the persistence of this practice.

      Overall, the trend of normalizing pushbacks persists, requiring stronger enforcement and greater accountability from both member states and EU institutions. The report concludes with recommendations for the EU, its member states, and Frontex to address these ongoing human rights violations.

      This report is a collaboration between:
      11.11.11 (Belgium), Hungarian Helsinki Committee, We Are Monitoring Association (Poland), Centre for Peace Studies (Croatia), Lebanese Center for Human Rights (CLDH), Sienos Grupė (Lithuania), Centre for Legal Aid – Voice in Bulgaria (CLA), Foundation Mission Wings (Bulgaria), I Want to Help Refugees/Gribu palīdzēt bēgļiem (Latvia).

      https://www.cms.hr/en/azil-i-integracijske-politike/protjerani-pretuceni-ostavljeni-da-umru
      #rapport

  • Ceuta, au péril de leur vie

    Texte et photos : Isabelle Raveto

    Les « exclaves » de Ceuta et Melilla sont deux micro-territoires situés en Afrique du Nord, mais restés sous souveraineté espagnole lors de la restitution du protectorat en 1956. Leur position géographique en fait des espaces singuliers, bénéficiant de dispositifs législatifs et économiques particuliers, et sont de ce fait devenus de véritables « charnières commerciales » entre l’Europe et l’Afrique du Nord. Depuis les années 1990, avec l’intensification des mouvements migratoires, ces deux territoires se sont « enfermés », pour ne pas dire « emmurés », dans un dispositif frontalier supposé hermétique, formés d’une multitude de grillages et de barbelés, surveillé en permanence par des drones, des hélicoptères et des capteurs électroniques. Ce texte, avec ses photos, nous détaille un peu de la dynamique de cette frontière.

    #Ceuta #migrations #exil #frontières

  • Polish government proposes life-long EU entry bans for deportees

    In the coming months, EU institutions will start negotiating a new law to increase deportations. EU governments want their positions taken into account in the European Commission’s forthcoming proposal. The Polish government has proposed banning deportees from EU territory for “an indefinite period of time,” alongside other coercive measures.

    Indefinite entry bans

    The Polish government has proposed banning people from entering the EU “without time limit.”

    This could happen if a non-EU citizen “represents a serious threat to public order, public security or national security,” a topic that has been discussed by member states a number of times over the last year.

    The new proposal comes in a discussion paper (pdf) on a new deportation law. The paper makes no reference to basic principles of EU law, such as Article 49 of the Charter of Fundamental Rights.

    Article 49 says that any penalty has to be proportionate to the offence.

    The Charter refers to criminal law, whereas a new EU deportation law would be based on immigration law.

    Nevertheless, as a form of indefinite punishment, the proposal is likely to raise eyebrows amongst legal experts and human rights organisations.

    Discussion paper on new deportation law

    The discussion paper (pdf) was circulated to other member states by the Polish government in mid-January. The Polish government currently holds the presidency of the Council of the EU. It was published with the latest edition of the bulletin Outsourcing Borders.

    The paper was drafted to inform a January meeting of the Integration, Migration and Expulsion Working Party (IMEX).

    This followed multiple other discussions between member state governments over the past year. Many of those have also been documented in Statewatch’s bulletin on the externalisation of border controls.

    The January paper (pdf) sets out three areas for discussion:

    - uniform deportation procedures across EU member states;
    - new obligations for people facing deportation; and
    - new “incentives” for deportees to cooperate, alongside new “consequences” for non-cooperation.

    In effect, there are two issues up for discussion. Firstly, the degree to which national practices should be harmonised. Secondly, the different forms of coercion that can be used against deportees.

    Harmonising national law

    The first topic covered in the paper is the possibility of harmonising national deportation procedures.

    The Polish presidency suggests that “common time limits could be considered as one of ways of improving the effectiveness of return procedure.”

    For example, the new law could introduce uniform limits for filing an appeal against a deportation order. These limits currently differ from one member state to another.

    However, this could place an “additional burden on administrative and/or judicial authorities,” says the Polish presidency.

    “Mutual recognition” of deportation orders

    The presidency also raises “mutual recognition” of return decisions.

    This would mean a legal obligation for every EU member state to recognise the deportation orders issued by other member states.

    The idea of mutual recognition was first introduced into EU law in relation to economic affairs, to aid the creation of the single market. It means that “a product that can be lawfully sold in one member state can be lawfully sold in any other.”

    In the single market, it contributed to “processes of liberalization and socialization,” the academic Sandra Lavenex wrote in 2007.

    However, in the realm of police cooperation, criminal law and immigration, “mutual recognition does not expand the rights of individuals vis-à-vis the state,” she argued:

    Instead of increasing individual freedoms in relation to the regulatory scope of government, in the AFSJ [Area of Freedom, Security and Justice], mutual recognition boosts the transnational enforcement capacity of governmental actors.

    Obligations for deportees

    The Polish presidency’s paper goes on to note that the current EU deportation law, dating back to 2008, “includes a wide range of rights of third country nationals and procedural safeguards in the return procedure.”

    This includes “the respect for fundamental rights and the principle of non-refoulement.”

    However, “respect for fundamental rights and the principle of non-refoulement” are fundamental obligations of the EU and its member states. They stem from the Charter of Fundamental Rights and international law.

    The paper goes on to say that the law as it stands does not include any obligations for deportees, and the new law “should include some obligations for illegally staying third country nationals.”

    The presidency suggests that Article 9 of the EU’s new Asylum Procedure Regulation could serve as an inspiration.

    Amongst other things, this obliges asylum applicants to:

    - provide the authorities with various items of personal data;
    - to remain available to the authorities throughout the asylum procedure; and
    - to provide documents in support of the application as soon as possible.

    Failure to cooperate may result in the withdrawal of the application or of international protection (asylum) status, if already granted.

    Incentives and consequences

    The presidency also suggests introducing various forms of “incentives and sanctions” for individuals facing deportation, to encourage cooperation.

    The paper notes that the EU is making increasing use of incentives and sanctions in deportation policy, but mainly “in relations with third countries.”

    This would include, for example, the use of “visa sanctions” against states that do not accept deportation flights from the EU.

    The presidency suggests harmonising the support made available to deportees through “reintegration” programmes.

    Currently, different levels of support – for example, the provision of money to deportees – “might be exploited by third country nationals who try to take the advantage of more ‘generous’ systems,” says the document.

    “Strategic use of an entry ban”

    “Additionally, the strategic use of an entry ban could also serve to incentivise cooperation or sanction non–cooperation,” argues the presidency.

    The paper goes on to say “an entry ban could be shortened when the third country national is cooperating, while it could be extended in case of non-cooperation.”

    Furthermore, “an entry ban for an indefinite period of time could also be considered,” in cases “where a third-country national represents a serious threat to public order, public security or national security”.

    Whatever finally ends up in the new law, the presidency is clear that new obligations and consequences should “send a clear signal to third country nationals that lack of cooperation will not be tolerated.”

    However, simply changing the law may not be enough to achieve the goal of massively increasing the number of deportations from the EU.

    The presidency’s paper points out, perhaps inadvertently, some of the problems with this goal: not only does it require the cooperation of people, but also non-EU states.

    “An effective return policy relies on the cooperation of the returnees and their countries of origin,” the presidency notes in passing.

    The EU is already using various means to try to increase non-EU states’ cooperation with deportations, such as visa sanctions.

    It remains to be seen how that may change in the future – though Donald Trump’s recent threat of trade sanctions against Colombia gives an insight into the more extreme levels of coercion that may be available in some cases.

    https://www.statewatch.org/news/2025/february/polish-government-proposes-life-long-eu-entry-bans-for-deportees
    #Pologne #asile #migrations #réfugiés #fermeture_des_frontières #frontières

    ping @karine4

  • Les Perce-Neiges : Soutenir les exilé.es et lutter contre les #JO_2030 à la #frontière_franco-italienne

    Depuis 2015, la France a rétabli ses contrôles et #refoulements (pushs backs) à la frontière franco-italienne. Des #maraudes_solidaires se déroulent dans la #montagne puisque les #traques, ou chasses policières aux humains illégaux, causent #blessures et #décès dans les montagnes. Les exilé.es, éranger.es irréguliarisé.es, empruntent des chemins de plus en plus hauts, escarpés, et tentent la traversée de nuit par le col de #Montgenèvre, col alpin culminant à 1850m, pour éviter les contrôles de la #police_aux_frontières (#PAF). Dans ce contexte, résonne pourtant l’annonce de l’accueil des Jeux Olympique d’hiver 2030 dans les Alpes françaises.

    https://audioblog.arteradio.com/blog/177155/podcast/243013/s4-e01-les-perce-neiges-soutenir-les-exile-es-et-lutter-contre-

    #résistance #Alpes #montagne #migrations #frontières #luttes #jeux_olympiques #France #Italie
    #podcast #audio #frontière_sud-alpine #Briançonnais #push-backs

    ping @karine4

  • Assassinat de la petite Louise et récupération fasciste : l’horreur et l’abjection
    https://contre-attaque.net/2025/02/10/assassinat-de-la-petite-louise-et-recuperation-fasciste-lhorreur-et-

    Quand tout le monde pleure une enfant assassinée, les fascistes cherchent la nationalité du criminel. Quand les pensées vont vers la famille, ils fouillent les tweets pour harceler les proches de la victime et pour leur dire qu’ils l’ont bien mérité. Il est impossible de faire société avec ces gens. Source : Contre Attaque

    • Non seulement ces médias influent sur l’opinion, mais ils ont le soutien de la police. Qui d’autre que des policiers chargés de l’enquête auraient pu faire fuiter le nom d’un suspect et son casier auprès d’un journal d’extrême droite ? Qui d’autre a pu transmettre une fiche confidentielle ou l’adresse d’un député FI ?

      Dans un pays normal, cette collaboration étroite et dangereuse de la police avec des néofascistes serait un scandale d’État, et les médias harcelant les proches d’une petite fille assassinée seraient voués au gémonies à tout jamais. En France, c’est la norme.

      #police #fascisme #harcèlement #Frontières #Livre_noir #extrême_droite

    • Ce qui vient de se passer est extrêmement grave. J’encourage la famille à engager des poursuites à l’encontre des protagonistes (personnes, organes de presse) pour dénonciation frauduleuse et à l’encontre de la police pour divulgation d’informations préjudiciable à l’enquête.
      Quant au jeune couple mis en cause à tort et dont l’identité a été partiellement (soit-disant) révélée ainsi que leur origine ethnique, il y a un truc à faire auprès d’une juridiction européenne, vu que la justice et la police françaises sont devenues partisanes. Il est plus que temps de mettre la misère à toute ces raclures ainsi qu’aux représentants des institutions policières et judiciaires qui instrumentalisent honteusement la douleurs des familles et de l’opinion.
      Darmanin, Retailleau, Le Pen, Zemmour et consort : tous en prison.
      Rompre les relations diplomatiques avec les É-U ? Oui, ça pourrait le faire aussi.

  • This obscure organisation shapes and benefits from Europe’s migration policy

    Few people have heard of the #International_Centre_for_Migration_Policy_Development. But it is increasingly influencing the EU’s approach to migration, while receiving millions of euros to enact the bloc’s policies. In Lebanon, its opaque approach to border projects has led to questions.

    Early October. Israel has just launched its ground offensive in southern Lebanon and the residents of the capital Beirut are tense. Israeli surveillance drones fly menacingly above the apartment buildings.

    Locals, as well as displaced Syrians and Palestinians, are scrambling for shelter. Usually lively neighbourhoods in the south of the capital are deserted, the target of bombardments from Israeli forces in their fight against the armed group Hezbollah.

    The current war in Lebanon is expected to lead to a vast new flow of refugees across the region, many of them into Europe. One million people have already fled the violence.

    Less than six months ago, Brussels pinned its hopes on this country to tackle migration, one of Europe’s thorniest issues.

    In early May, Commission President Ursula von der Leyen and Lebanese Prime Minister Najib Mikati sealed an agreement to prevent illegal migration and migrant smuggling, financed by European taxpayers. Von der Leyen said Europe was ‘counting on [Lebanon’s] cooperation’.

    Since the war in Syria sent more than a million migrants across the Mediterranean in 2015, deterring and returning migrants has become central to Europe’s migration policy.

    Like similar deals with Libya , Tunisia and Egypt , the agreement with Lebanon was nominally intended to address national needs such as education, public health and the economy. But above all, the hundreds of millions that Brussels had freed up were intended to stem migration.

    Not mentioned anywhere in those deals, though key to their contents and implementation, is a little known organisation called the International Centre for Migration Policy Development (#ICMPD).

    The ICMPD, an intergovernmental organisation, was founded in the 1990s to increase cooperation on migration between countries. It now has hundreds of staff members in dozens of offices around the world.

    Based in Vienna, in a gleaming office complex near the Danube River, the centre has in recent years helped the migration and border policy that Europe is rolling out in Africa, the Middle East, and elsewhere, a Follow the Money investigation shows.

    The ICMPD has attracted millions of euros in funds and tenders. But it operates largely away from democratic oversight, while its projects in Lebanon are, in the eyes of critics, opaque and ill-equipped to deal with the realities on the ground.

    Brussels’ indispensable helper

    On 22 April 2020, #Michael_Spindelegger, the director of ICMPD and a former vice-chancellor of Austria, was granted an online audience with Margaritis Schinas, the vice-president of the European Commission who was then responsible for migration.

    The ICMPD had published a series of recommendations a few months earlier on how to strengthen cooperation with non-EU countries on ‘irregular migration’.

    Schinas was keen to know what ICMPD thought of the bloc’s plans for a new migration pact and wanted to thank the organisation for its work, minutes of that meeting show.

    It was not the first time Brussels had relied on ICMPD. For years the EU has drawn up policy strategies together with the organisation and implemented them.

    The ICMPD organises training sessions around border management and security, procures materials, and applies for and issues calls for tenders.

    Just one day later, on 23 April 2020, the ICMPD met with the bloc’s interior affairs commissioner, Ylva Johansson. In that meeting, the commissioner wanted to know “what ICMPD could do more to support the Commission” while welcoming “ICMPD’s support on its migration matters,” the minutes of the meetings show.

    Since the start of Ursula von der Leyen’s presidency of the European Commission in 2019, ICMPD has had no fewer than 19 meetings with the Commission. Eight of those were with Commissioner for Home Affairs Ylva Johansson and her cabinet. It had only had nine meetings in the four years before von der Leyen took the presidency.

    The meetings in April 2020 would be the beginning of a new, fruitful period of cooperation reflected in a significant increase in funds coming from Brussels.

    Five months later, the Commission presented its new migration pact, aimed at establishing a common asylum policy and managing migration.

    After years of wrangling between member states, the Council of the EU finally signed off on the agreement in May 2024. The deal set out plans on how to secure the EU’s external borders, establish standards for asylum applications, and tackle the smuggling of migrants.

    While Johansson celebrated the pact as “an amazing achievement”, thanking politicians and their assistants for their hard work, ICMPD didn’t get a single mention – despite the centre’s influence on the deal.

    From implementing the pre-screening of migrants in their country of origin to methods of data processing at borders, the Commission made sure its migration policy was in line with ICMPD’s recommendations.

    But keeping a low profile and using informal channels have been part of ICMPD’s trademark for years; Spindelegger himself argues this is the best way for “open, inclusive, and frank discussions”.

    The organisation was established by Switzerland and Austria in 1993 when thousands of people arrived in Europe after fleeing the Balkan Wars. The two countries wanted to create an organisation as a platform for “informal consultations and efficient services” relating to migration and asylum matters.
    ‘As much funding as possible’

    Since its founding, the ICMPD has not only expanded in terms of member countries. The organisation has also expanded into projects such as providing workshops and training to combat human trafficking.

    Activities increased after Spindelegger stepped in as managing director in 2016, according to former employees and the organisation’s annual reports.

    Before then, Spindelegger was a member of the centre-right Austrian party ÖVP and had forged a career in his home country as the minister of finance, minister for foreign affairs and vice-chancellor.

    When Spindelegger came on board, the ICMPD began to shift its focus, three former employees told Follow the Money on conditions of anonymity.

    Human rights were no longer the main area of concern. Securing funding and implementing projects tied to defence issues became paramount, the employees said.

    “For him, success was clear: having as much funding as possible. He talked about that every year during his speeches. He would then jubilantly say that we have doubled the budget,” one of them said.

    The year after Spindelegger joined, the ICMPD announced in its annual report that it would also tackle security-related issues, such as tightening border controls. With this, the organisation accommodated the changing political climate among its member states and the Commission, its biggest backer.

    This came amid a shift in the EU’s migration policy towards increasing militarisation, with, for example, the Commission emphasising the need to reinforce external borders and the bloc’s border agency, Frontex, seeing its funding increase almost six-fold within the space of a few years.

    The ICMPD said that it has, from the start, tailored its strategy to the needs of its partners. “The extent of procurement activities depends on the needs of the respective authorities, countries and regions,” an ICMPD spokesperson said.

    That the organisation is growing more important is also reflected in the number of employees, more than doubling from around 200 in 2016 to 500 in 2023. In March 2024, it moved out of a historic building in Vienna’s old town to the new office complex near the Danube.

    In the eight years of Spindelegger’s directorship, the IMCPD has managed to increase its annual revenue fivefold. In just two years, the budget for projects managed by the ICMPD has more than doubled: from 371 to 700 million euros by 2023.

    By now, the organisation has grown to 21 countries who pay a total of 1.7 million euros for membership fees. This pales in comparison, however, to the money countries spend on specific projects: in 2023, for example, the ICMPD received some 116 million euros for individual projects, for example assistance to the Lebanese armed forces.

    But by far the largest single funder is that of the European Commission: in 2023, Brussels sent 93 million euros to the organisation, unpublished annual reports obtained by Follow the Money obtained show − three times the amount as the year before.

    While the report gives some clarity on where the organisation’s money comes from, it remains unclear how successful its projects are.

    Strategies and training

    What the work of the ICMPD amounts to in practice is well illustrated in Lebanon.

    Here, the organisation is considered the primary partner in implementing migration and border policies with and on behalf of the EU and European countries.

    That policy is intended to prevent large numbers of Syrian refugees – some 1.5 million of whom live in Lebanon – coming to Europe by sea by ramping up border controls and stopping ships carrying migrants from entering the bloc’s waters.

    According to the ICMPD’s annual report, the organisation spent a total of almost 4 million euros in 2022 and 2023 for what it calls Integrated Border Management (IBM) projects in Lebanon, largely funded by the EU, Switzerland and the Netherlands, to fight against terrorism and serious cross-border crime.

    This money is used, among other things, to purchase defence equipment and train security forces, teaching them how to tighten border controls and combat drugs and arms smuggling.

    The ICMPD and the EU are also working with the Lebanese government on reforms of its national security strategy.

    This isn’t an isolated case: the ICMPD has become involved in the procurement of defence equipment to manage migration hotspots more broadly. Figures from 2023 show that equipment purchases accounted for 21 per cent of the total budget.

    This is particularly problematic because, according to many experts, these European border externalisation policies often clash with international human rights law.

    As well as spending money on defence strategies in Lebanon, for example, the organisation won a tender to the tune of almost 1 million euros to supply surveillance radars for the management of Albania’s borders, which brought the ICMPD criticism.

    In Tunisia the ICMPD provided “technology and training [...] to the coast guard, which is increasingly used to commit human rights violations against migrants and refugees,” according to research by the nonprofit news website Coda Story. This was first investigated and reported by the Berlin based NGO FragDenStaat.

    While the EU is giving ever more funding to the ICMPD, several experts told Follow the Money that they have reservations about the efficacy of the Lebanese strategy.

    Jasmin Diab, migration expert and director of the Institute for Migration Studies at the Lebanese American University in Beirut, said the current projects ignore conflicts Lebanon has faced for decades.

    Thousands of people still arrive in Lebanon from Syria each year; the security services still lack funding, while drug-, people-, and weapons-smugglers have almost free rein. Security forces remain divided along political-sectarian lines, as do the politicians: for example, Hezbollah, the Iranian-backed armed group and political party, controls much of the border with Syria, where it is involved in smuggling drugs and weapons and human trafficking.

    In this context, the Integrated Border Management plans amount to little more than empty promises, Diab said.

    “The vagueness in which it is written makes it non-implementable, and it also comes across as being completely misinformed in its ambitions,” Diab said.

    An agreement to create a unified surveillance model of the Lebanese-Syrian border that would allow the entire frontier to be controlled, had a deadline of 31 December 2023 – but is still far from being implemented.

    A former ICMPD employee thinks his former employer is taking on tasks too big to handle. “I see them holding all kinds of workshops, but that IBM strategy still hasn’t been implemented after all these years. Nor will it be.”
    Lack of oversight

    While the reach of ICMPD has expanded, public scrutiny of the centre remains minimal.

    It has moved from an organisation focused on setting up conferences and conducting research on migration flows to more active work such as acquiring defence equipment and training security forces.

    This means that Europe’s migration policy is increasingly placed in the hands of an organisation that is not part of any government and thus cannot be held accountable as such.

    “The ICMPD is now effectively an executive arm,” researcher Sofian Naceur said.

    Jan Klabbers, a professor at the University of Helsinki who researches international organisations, said that this approach of relying on informal channels meant that “people’s rights can be trampled on without anyone realising it”.

    The ICMPD insists that informal meetings are important to its work.

    “Informal consultations play a crucial role in fostering successful cooperation,” a spokesperson said. “They provide a platform for open dialogue, exchange of ideas, and trust- and consensus-building among stakeholders.”

    The ICMPD did not reply to questions about how much of their budget goes towards holding such meetings.

    An external audit of the ICMPD’s ongoing activities in Lebanon was carried out in 2022 by NIRAS consulting, commissioned by the EU. When Follow the Money asked ICMPD for a copy of the report, the organisation referred the request to the European Commission, which said the evaluation was “not public”.

    In Klabbers’ opinion, this opaque set-up is precisely why such organisations are founded.

    “The raison d’être of such entities is to stay below the surface to avoid democratic scrutiny, to also prevent courts from ever looking at them,” he said.

    This lack of accountability was particularly problematic, said Green EU lawmaker Tineke Strik, because the projects the EU sent the ICMPD money for were paid from public funds.

    “This allows the EU to deliberately evade transparency requirements, democratic control and legal liability if things go wrong,” she said. “It is all the more worrying that this happens precisely in the area of migration and border policy, where vulnerabilities are so great and human rights violations are unfortunately a daily reality.”

    https://www.ftm.eu/articles/intergouvernmental-migration-organisation-icmpd
    #migrations #lobby #Liban #réfugiés #frontières

  • Survivor with loss of vision after deadly border operation at #El_Tarajal files complaint

    Brice O. (anonymized for his protection) filed a complaint to the UN Committee Against Torture challenging Spain’s failure to investigate its use of anti-riot material during the deadly border operation at El Tarajal, Ceuta on 6 February 2014, which caused him permanent loss of sight in one eye. With the support of the European Center for Constitutional and Human Rights (ECCHR) and Irídia – Center for the Defence of Human Rights, he seeks to hold Spain accountable for its failure to prevent, investigate or redress the harm caused by Guardia Civil officers.

    “I find it incredibly dangerous that rubber bullets are being used,” says Brice O. “I bear witness as someone disabled in one eye because of a rubber bullet.” On 6 February 2014, it was still dark as swimmers struggled to stay afloat in waters around the seawall separating Morocco and the Spanish enclave of Ceuta. After Guardia Civil officers began firing anti-riot material toward people in the water, Brice O. felt something impact his eye. Although there was no protocol regulating the use of this anti-riot material in the water, officers used at least 145 rubber bullets, 355 blanks, and 5 smoke devices in 21 minutes. Brice O. describes choking and gasping for air. “I found it hard to breathe, so I opened my mouth, but then the sea water entered. And then I felt myself losing consciousness a bit.”

    14 people were officially declared dead and autopsies confirmed the 5 bodies washed ashore in Spain had drowned. Survivors and NGOs estimate the figure to be much higher. Despite forensic evidence confirming injuries consistent with the impact of rubber bullets, Spanish authorities failed to contact survivors living just a few kilometres away, systematically excluding them from the judicial proceedings. “The Tarajal investigation was a farce,” says Hanaa Hakiki, directress of ECCHR’s Border Justice team. “There was no real legal assessment of the force used by the Guardia Civil. The last 11 years have been a disgrace and Spain must fully investigate this deadly border operation.”

    After 8 years of failed investigations, archived without charge, an appeal is pending at Spain’s Constitutional Court filed by a group of Spanish NGOs including the Spanish Commission for Refugees (CEAR), The Human Rights Association of Spain (APDHE) and Coordinadora de Barrios, in relation to other victims and their relatives who also remain unheard. “It’s an opportunity at the constitutional level to establish the protection of migrants’ right to life at borders,” says Elena Muñoz CEAR, “so that these terrible events do not re-occur and so that families finally have access to truth, justice and reparation.”

    The ongoing impunity has led to even deadlier border operations. “For decades, the Spanish Moroccan border has become a site of human rights violations and impunity which impacts black people most violently and gravely. Both the operations at El Tarajal in 2014 and on 24 June 2022 in Melilla show how the indiscriminate use of anti-riot material, pushbacks, the claim of exceptionality, and lack of effective investigations combine to create life-threatening situations causing deaths of Black people at the border,” says Maite Daniela Lo Coco from Irídia.

    NGOs such as Stop Balas de Goma, have long demanded the prohibition of rubber bullets due to the risks posed by this uncontrollable, harmful, even lethal munition. United Nations guidance clearly states that rubber bullets should not be targeted at people above the lower abdomen or to disperse crowds. The indiscriminate nature of rubber bullets and their lack of traceability puts the physical integrity and fundamental rights of people at risk.

    This complaint follows in a series of legal interventions challenging border violence by ECCHR and forms part of ongoing human rights monitoring work on Spain’s southern border carried out by Irídia and NOVACT.

    https://www.ecchr.eu/en/press-release/survivor-with-loss-of-vision-after-deadly-border-operation-at-el-tarajal-files

    Tragedia del Tarajal


    https://es.wikipedia.org/wiki/Tragedia_del_Tarajal

    #justice #plainte #migrations #frontières #massacre #Espagne #gardes-frontières #Guardia_Civil #Ceuta #6_février_2014 #victimes #impunité #violence #massacre_de_el-Tarajal #El-Tarajal

  • Le gouvernement français annonce un nouveau plan de lutte contre les réseaux de #passeurs

    Le ministre français de l’Intérieur #Bruno_Retailleau et la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin ont annoncé, vendredi, la création d’une #cellule_de_renseignements conjointe entre les services de divers ministères pour mieux lutter contre les réseaux de passeurs. L’Intérieur évoque également le déploiement de #nouvelles_technologies pour identifier et pister ces réseaux, sans préciser, pour le moment, les moyens humains et financiers relatifs à ce nouveau plan.

    À l’occasion d’un déplacement dans les bureaux de l’#Office_de_lutte_contre_le_trafic_illicite_de_migrants (#Oltim), à Lognes, en Seine-et-Marne, vendredi 7 février, dans la matinée, les ministres de l’Intérieur #Bruno_Retailleau et des Comptes publics #Amélie_de_Montchalin ont présenté un plan de #lutte contre les réseaux de passeurs.

    L’Intérieur a affiché sa volonté de « désormais mener une lutte à 360 degrés » contre ces #réseaux_criminels. « On a des #filières qui deviennent de plus en plus violentes et dangereuses. Il faut que cette lutte change de dimension (…) pour qu’on ait plus de résultats encore et qu’on soit plus efficace », a déclaré Bruno Retailleau lors d’une conférence de presse.

    « Pour la première fois, une convention va être signée entre #Tracfin [la cellule antiblanchiment du ministère de l’Économie], le #renseignement_financier et les services du #ministère_de_l'Intérieur en charge de la #lutte_contre_l'immigration_clandestine », a souligné Amélie de Montchalin, citée par l’AFP.

    Une « #cellule_d'échanges_de_renseignements » va être créée en associant ensemble les services des ministères des Armées, de l’Intérieur, et du ministère de l’Économie.

    « Un plus grand recours aux technologies »

    Parmi les mesures annoncées, il est également prévu « un plus grand recours aux technologies », comme « la lecture automatique des #plaques_d'immatriculation », la pose de balises sur les #voitures ou « les intercepteurs de #données numériques », a détaillé le ministre, toujours selon l’AFP.

    Pour l’heure, le gouvernement n’a pas donné de détails sur les moyens financiers et humains de ses ambitions.

    D’après le patron de l’Oltim, #Xavier_Delrieu, interviewé par le Figaro jeudi 6 février, « plus de 4 000 passeurs ont été interpellés » en France en 2024, dont 500 en Outre-mer. La majorité des personnes interpellées font partie d’un réseau structuré.

    Ainsi, en 2024, l’Oltim, qui compte 157 enquêteurs spécialisés épaulés par 450 policiers sur tout le territoire, a démantelé « 269 filières » criminelles, « découpées en 66 filières d’entrée sur le territoire national, 132 filières d’aide au maintien sur le territoire, le reste se répartissant entre les filières d’aide au transit et celles de traite des êtres humains ».

    Les filières sont particulièrement actives dans les secteurs du #BTP (60 % des cas), de l’#agriculture et de l’#hôtellerie - café - #restauration, selon Xavier Delrieu.

    S’agissant de l’organisation du passage dans la #Manche, le ministre de l’Intérieur a récemment annoncé des renforts sécuritaires, ainsi que la création d’un nouveau préfet délégué pour la défense et la sécurité dans les Hauts-de-France, #Vincent_Lagoguey.

    Malgré les renforcements des moyens policiers en 2024, plus de 600 traversées ont été répertoriées en 2024 pour 36 000 personnes ayant réussi à rejoindre le Royaume-Uni : soit une hausse de 24 % sur un an, selon l’Oltim.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/62726/le-gouvernement-francais-annonce-un-nouveau-plan-de-lutte-contre-les-r

    #France #technologie #migrations #frontières

    ping @karine4

  • "Ce n’est plus ma guerre" : voyage sur les traces des #déserteurs ukrainiens, dans les neiges des #Carpates roumaines

    Plus de 22 000 Ukrainiens ont traversé illégalement la frontière avec la Roumanie, pour déserter l’armée ou échapper à la #mobilisation. Un quart d’entre eux ont emprunté une route périlleuse à travers les #montagnes. Les autres ont choisi de passer la #rivière #Tisza à la nage.

    Leur visage est creusé par la fatigue, mais les deux compagnons sont en vie. Roman* retire en toute hâte ses bottes, grossièrement doublées avec des sacs en plastique. En guise de bienvenue, un rayon de soleil éclaire sa barbe mal rasée. « Je suis de Poltava », déclare-t-il en tirant de sa poche un écusson des forces armées ukrainiennes. Ce jeune homme vient de franchir illégalement la frontière pour arriver en Roumanie, au prix d’un périple éprouvant. Il y a quelques semaines, il combattait encore dans le Donbass, comme tireur d’élite. Son camarade Mykhaïlo* semble perdu. Son regard trahit les épreuves des derniers jours, là-haut dans les montagnes.

    Les deux Ukrainiens ont été repérés dans la matinée, après avoir accompli l’essentiel de leur expédition à travers la chaîne des Carpates. Pris en charge par les secours, ils sont conduits dans les locaux de la police aux frontières, où leur sera notifiée leur entrée illégale sur le territoire. Et si les sommets enneigés paraissent majestueux, depuis le village de #Poienile_de_Sub_Munte, ils recèlent également d’innombrables pièges. Les deux fuyards l’ignorent encore, mais un groupe de secouristes a passé la nuit entière sur les hauteurs, à crier leurs noms dans l’obscurité de la nuit.

    Il est environ 23 heures quand l’alerte est donnée par téléphone depuis l’Ukraine. Le frère de Mykhaïlo transmet aux services d’urgence roumains des coordonnées GPS approximatives, et sans doute obsolètes, tout en les menaçant si rien n’est fait. Le #Salvamont_Maramures, service de #secours en montagne, n’a pas besoin de ce genre de pression pour prendre l’affaire au sérieux. Depuis le début de la guerre, ses équipiers ont déjà sauvé plus de 250 déserteurs ukrainiens, au cours de 200 missions en montagne. Trois sauveteurs partent immédiatement à l’assaut des sentiers enneigés, à bord de leur buggy survitaminé qui bourdonne dans la nuit, suivis par un robuste 4X4 de la #police_aux_frontières.

    Les deux véhicules s’arrêtent à trois reprises pour faire retentir de puissantes sirènes et signaler leur présence à des centaines de mètres à la ronde. Pas de réponse. Une douzaine de kilomètres plus loin, le groupe est contraint de continuer à pied, en remontant d’abord le cours d’un ruisseau glacial. Aussi lisse que piégeuse, la #neige avale les jambes sans prévenir, à peu près tous les vingt mètres. Les affaires se compliquent encore à l’approche de la frontière ukrainienne, où le secteur est segmenté par d’indistincts ravins, cachés sous un manteau blanc. Mihai Cantea et ses camarades, pareils à des chamois, grimpent en ligne droite les escarpements.

    Après deux heures d’ascension, les hommes du Salvamont marquent une pause. Au lieu renseigné, à 700 mètres environ de la frontière, personne ne répond à leurs appels. « Ils ont dû changer de secteur, ou ils sont morts », résume Mihai Cantea. Il est 3h40 quand l’équipe entame son long retour. « Bien sûr que c’est frustrant, commente le sauveteur. Mais c’est notre devoir de vérifier. »

    Cette fois-ci, l’histoire se termine bien, puisque les deux hommes sont récupérés le lendemain. Mais depuis le début de la guerre, seize hommes ont déjà péri sur les hauteurs et cinq autres sont portés disparus depuis trois semaines. Ils n’ont jamais pu être localisés, après l’appel de leurs proches. Des Ukrainiens de tous âges tentent leur chance. L’âge minimum de mobilisation est de 25 ans, mais la loi martiale interdit aux hommes entre 18 et 60 ans de quitter le pays.

    « Dix-huit heures pour me descendre en civière »

    Vladislav Duda, lui, est un miraculé. Le mois dernier, il a été secouru en état d’extrême #hypothermie, alors qu’il serrait son petit chat contre la poitrine, pour se réchauffer. Il se trouve aujourd’hui dans un autre pays européen, énième étape d’un périple initié à Kharkiv il y a plusieurs mois. Il a longtemps reporté sa #désertion, de peur de tomber sur des patrouilleurs ukrainiens. « J’avais préféré attendre l’hiver, qu’il fasse plus froid, pour tenter la traversée », raconte ce jeune homme de 28 ans. « Finalement, j’ai rencontré deux gars et on s’est lancés. Là-haut, on mangeait du saucisson et du kacha [une bouillie à base de céréales], on dormait sous la tente. »

    Le petit groupe parvient à gagner le versant roumain, creusé de ravins, à plus de 1 900 mètres d’altitude. « Mais là, les pentes étaient beaucoup trop abruptes. On devait descendre en position assise. J’ai fini par tomber. » Ses deux camarades appellent les secours, puis décident de l’abandonner et de continuer leur route. Vladislav est désormais seul, allongé dans un cercueil de glace, convaincu que le chemin va s’arrêter là. Pour de bon.

    Mais Mihai Cantea finit par le localiser en remontant les traces de pas dans la neige. Sur place, il découvre un homme trempé et grelottant, presque inconscient, qui répète « cat, cat », pour signaler la présence de Peach, le petit chat qu’il tient contre lui, comme une bouillotte. Les secouristes comprennent « cut, cut » et pensent d’abord qu’il souffre d’une coupure. Quoi qu’il en soit, son état de santé inspire une vive l’inquiétude, d’autant que les conditions météo sont trop mauvaises pour faire décoller un hélicoptère. « Il a fallu dix-huit heures pour me transporter en civière, mais je ne me souviens de rien, raconte le rescapé. Juste que le chemin était très long. »

    Pour autant, le fuyard n’exprime aucun regret. « Le plus dangereux, ce n’est pas de passer huit jours en montagne, c’est d’aller à la guerre. Je connais des gens morts trois jours après leur arrivée au front. » Ce journaliste anticorruption, l’un des rares à s’exprimer sous son identité réelle, affirme être depuis la cible de commentaires injurieux en Ukraine, postés sur internet. « Je veux vivre, je ne veux pas me battre pour des gens corrompus », répond-il à ceux qui l’accusent d’être un traître. « Et je ne veux pas rentrer au pays tant qu’il y aura de la corruption. »

    Deux heures de plus, et Vladislav aurait sans doute trouvé la mort, confie Dan Benga, le chef du Salvamont Marmatures. L’expérimenté secouriste conserve des photos et des vidéos de toutes les interventions. La plus longue a duré 133 heures. A cette occasion, l’agence européenne #Frontex avait même engagé trois hélicoptères. Quatre hommes ont été sauvés, six sont morts. Le secouriste montre ensuite les images d’un homme sur le ventre, vêtu d’un simple short et d’un tee-shirt. « La phase finale de l’hypothermie est caractérisée par une irrépressible bouffée de chaleur. Avant de mourir, cet homme avait jeté tous ses habits un peu plus loin. »

    Pieds nus dans la neige pendant des heures

    Amputé de tous ses doigts de pied, Maksym a payé un lourd tribut à la montagne. Au tout début de la guerre, il déménage de Kiev pour s’installer près de la frontière. Quand il reçoit une convocation militaire, il part se cacher dans la forêt, où il végète plus d’un mois. Il paie 2 000 euros à un ancien contrebandier de cigarettes reconverti en passeur, qui se contente de lui dire : « C’est par là. » Il établit un camp de base dans un abri de chasse, en compagnie de trois autres personnes, dont un fils et son père. « J’avais entendu qu’il fallait voyager léger. Ça a été une énorme erreur. »

    Le groupe tente à plusieurs reprises de passer à travers le #Pop_Ivan, redoutable sommet de 1 936 mètres. « Le père de mon ami a dévalé et son fils est allé le récupérer avant de le tracter en plantant son couteau suisse Victorinox dans la glace. » Au sommet, ils appellent leurs familles pour leur dire adieu. Sait-on jamais. « La nuit, le père de mon ami s’est levé. Il a dit qu’il allait dans la cuisine. On l’a entouré pour le réchauffer, mais à 4 heures du matin, il avait disparu. On a crié partout, on ne l’a jamais revu. »

    La mort dans l’âme, le groupe poursuit sa route, mais commet l’erreur de bifurquer vers le secteur de #Criva, le plus dangereux. La suite est un long cauchemar. Après avoir perdu chaussures et chaussettes, Maksym marche pieds nus pendant des heures, en s’aidant parfois de ses mains. Puis il chute et dévale une pente. « C’est quand je me suis assis sur un tronc d’arbre que j’ai vu tout le sang que je perdais » des chevilles. Un autre naufragé parvient enfin à transmettre des coordonnées. Maksym sera hélitreuillé puis hospitalisé à #Baia_Mare, la ville roumaine où s’est également réfugiée sa famille, arrivée légalement.

    Ses orteils sont totalement nécrosés, mats comme du charbon. L’os de ses talons affleure au milieu des chairs rongées. Encore aujourd’hui, le moindre changement de température lui fait vivre un martyre. « Je n’ai plus de muscle sous les pieds et je ressens chaque relief du sol. » Paradoxalement, Maksym a pourtant appris à aimer la montagne, dont il a fait l’inattendu terrain de jeu de ses dernières sorties en famille, comme une rémission. Quand on l’interroge sur un éventuel cessez-le-feu, il botte en touche. « Je ne me sens plus concerné, ce n’est plus ma guerre, répond-il désormais avec détachement. Je me bats pour ma famille, pas pour que des gens remplissent leurs poches avec de l’argent américain. »

    Un dispositif renforcé à la frontière

    Le passage par les montagnes est si dangereux que les trois quarts des déserteurs préfèrent franchir la #rivière_Tisza à la nage, plus à l’ouest, selon la police locale. Ce matin-là, au poste-frontière de #Sighetu_Marmatiei, des femmes et des vieillards traversent le cours d’eau à pied, leur passeport bleu à la main. Des ouvriers tentent de rénover la chaussée défoncée par les voitures des réfugiés. Jusqu’à 5 000 entrées par jour au début de la guerre, contre 2 500 aujourd’hui.

    Le long de cette rivière agitée par les courants, bordée de peupliers et de saules, quelques caméras de chasse sont planquées dans les arbres. Au moindre mouvement, elles envoient des photos et une alarme au centre dédié de la police frontalière, lassée des fausses alertes déclenchées par les pêcheurs et les animaux.

    En patrouille sur la rive, Stefan Grad, l’officier en charge du secteur, reste marqué par la silhouette d’un jeune homme de 18 ans. « Il gardait ses maigres affaires dans un petit sac, il était trempé et de l’eau coulait de ses baskets. Il avait mis son portable dans un préservatif, pour le protéger. » Submergé par le stress et l’adrénaline, il mettra de longues secondes à retrouver son passeport. « Il paraissait vraiment soulagé que nous soyons là. J’ai un fils du même âge à l’université. Mais pour ce gamin-là, tout est difficile avec la guerre. Ça m’a beaucoup touché. »

    Sur les hauteurs alentour, plusieurs véhicules sont stationnés avec des caméras thermiques d’une portée de sept kilomètres. Les yeux rivés sur son écran, l’agent Varadi Roland zoome à la recherche de mouvements suspects, en faisant osciller une manette. Il se concentre également sur des zones plus spécifiques, quand les policiers ont obtenu des informations en amont.

    « Nous avons recensé l’arrivée illégale de plus de 22 000 hommes adultes : 4 500 la première année, 3 900 la deuxième et 13 800 l’an dernier », détaille Iulia Stan, porte-parole de la direction territoriale de Sighetu Marmatiei. En avril dernier, l’âge de la conscription avait été abaissé de 27 à 25 ans en Ukraine, ce qui explique ce rebond d’arrivées illégales. La police aux frontières travaille avec les forces de l’ordre nationales et l’agence européenne Frontex, qui a renforcé son #opération_Terra. L’inspection générale de l’aviation roumaine a également déployé des hélicoptères. Dans le ciel, on les reconnaît à leur couleur bleue, quand ceux de Kiev sont peints en vert.

    L’Ukraine, en tout cas, suit le dossier de très près. « Ne risquez pas votre vie !, écrivent les gardes-frontières sur leurs réseaux sociaux. Les hauts plateaux des Carpates ukrainiennes sont dangereux en hiver. » Les arrestations de fuyards et de passeurs sont régulièrement médiatisées, afin de montrer l’exemple. Ioulia Stan assure toutefois que ses homologues de Kiev ne lui réclament pas les noms des déserteurs. « Ils savent que nous respectons la législation européenne » sur la protection temporaire, accordée quelques jours après le début de la guerre.

    « Je risque douze ans de prison »

    Les civils et les soldats en fuite, pour autant, craignent toujours d’être rattrapés. « Je suis recherché en Ukraine », explique froidement Artem, qui a posé ses bagages en Roumanie après avoir traversé la Tisza. « La police est déjà passée chez moi et je risque douze ans de prison. » Le quadragénaire tait son nom, pour des raisons évidentes. Il prend le temps de jauger ses interlocuteurs, puis raconte son histoire, pendant plus d’une heure.

    Cet ancien militaire a combattu pendant des mois et des mois après avoir rejoint spontanément l’armée, au tout début de l’invasion russe. Sur une vidéo, on l’aperçoit aux commandes d’un blindé pris à l’armée russe, encore floqué de la lettre « Z », sous les hourras de ses camarades. « On devait prendre de la nourriture et des vêtements sur les corps des soldats ennemis. » A #Bakhmout, ce sapeur de formation « pose des mines américaines et désamorce des mines russes Pom-2 et Pom-3 ». Par deux fois, des engins explosent près de lui. « Les médecins n’ont même pas voulu me soigner », glisse-t-il, amer, lui qui souffre toujours de maux de tête et de troubles de la mémoire.

    Alors qu’il est en permission, au printemps 2024, un camarade lui apprend que son unité va être expédiée à Tchassiv Iar, ville ciblée par une offensive russe. « On était clairement envoyés à la mort. J’ai pesé le pour et le contre, et j’ai décidé de partir. » Il prend la route avec ses papiers, son téléphone et un peu d’argent. Puis il fonce en direction de la Tisza, où il parvient à déjouer les patrouilles ukrainiennes et à forcer la ligne de défense. « Les #barbelés sont impossibles à couper, mais avec ma formation militaire, je suis parvenu à les défaire et à créer un trou. » Quelques secondes plus tard, il touche l’autre rive, à hauteur de #Bocicoiu_Mare, et se cache dans la végétation, où il essore ses habits. « C’est allé très vite. »

    « Je ne crois même pas au cessez-le-feu »

    Artem fait aujourd’hui part de son écœurement. « Ce n’est pas seulement la guerre, c’est aussi la politique, la corruption... » Il accuse des officiers d’avoir confisqué les plaques de camarades morts au combat, pour toucher la solde, tout en déclarant aux familles qu’ils étaient portés disparus. « Certains ne voulaient pas combattre et payaient les officiers pour ne pas être envoyés en première ligne. Du coup, ça tombait toujours sur moi et quelques autres, toujours les mêmes. » Il affirme également que « les officiers nous envoyaient comme si on allait cueillir des champignons, tout en sachant très bien qu’on allait se faire attaquer. » L’euphorie des premiers jours a laissé place à une grande lassitude. « Moi, je veux que ça s’arrête et que tous les responsables paient pour ce qu’ils ont fait. »

    Parfois, il se sent tout de même coupable de ne plus pouvoir aider ses compagnons d’armes au combat. « A chaque fois que je les appelle, j’apprends la mort de nouvelles personnes. » En attendant, même ici, aux confins de la Roumanie, les combats continuent d’envahir ses pensées. « Je garderai longtemps le souvenir des corps dans les tranchées. Au supermarché, il me suffit de sentir l’odeur pour savoir si la viande est fraîche ou non. »

    https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/reportage-ce-n-est-plus-ma-guerre-voyage-sur-les-traces-des-deserteurs-
    #Ukraine #réfugiés #montagne #Roumanie #frontières #migrations

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  • Migration et démocratie, #Allemagne 2025

    La montée de la droite autoritaire en Europe est étroitement liée à la « scandalisation » de la migration et de la société migratoire. Les événements de la semaine dernière en Allemagne illustrent de manière paradigmatique cette dynamique. Par Manuela Bojadžijev, Ivo Eichhorn, Serhat Karakayali, Bernd Kasparek

    La montée de la droite autoritaire en Europe est étroitement liée à la « scandalisation » de la migration et de la société migratoire. Les événements de la semaine dernière en Allemagne illustrent de manière paradigmatique cette dynamique.

    Friedrich Merz, le candidat des partis conservateurs à la chancellerie, a décidé de jouer le tout pour le tout après une attaque au couteau mortelle perpétrée à Aschaffenburg. À la manière de Trump, il a annoncé qu’il fermerait les frontières de l’Allemagne à tous ceux qui cherchent protection dès le premier jour de son mandat de chancelier.

    Ce faisant, il a imité les décrets du président américain un peu trop ostensiblement. Cependant, il est rapidement allé encore plus loin que cette annonce. La semaine dernière, il a soumis à la fois une résolution et un projet de loi au vote du Parlement allemand. Et ce, malgré le fait que ces initiatives ne pourraient obtenir la majorité qu’avec l’approbation de l’AfD, parti d’extrême droite.

    Mercredi dernier, le Parlement a commémoré les victimes de la Shoah dans la matinée. C’était le 80e anniversaire de la libération du camp de concentration d’Auschwitz. Dans l’après-midi, les conservateurs (CDU/CSU), les libéraux (FDP) et l’extrême droite (AfD) ont voté ensemble un plan en cinq points qui proclamait la « fin de l’immigration illégale » comme objectif et cherchait à l’atteindre par des mesures drastiques : fermeture des frontières, détention illimitée, « centres fédéraux de retour ». Le vendredi suivant, le projet de « loi sur la limitation des flux migratoires » a échoué de justesse : la normalisation d’un parti d’extrême droite n’était plus acceptable pour certains conservateurs et libéraux ce jour-là.

    Depuis des jours, des centaines de milliers de personnes descendent dans la rue presque tous les jours pour protester contre le resserrement des rangs de la CDU/CSU, du FDP et de l’AfD. Depuis la semaine dernière, une alliance conservateur-fasciste est envisageable. Friedrich Merz a démontré que, malgré les assurances contraire, il est prêt à travailler avec l’AfD. Pourtant, un coup d’œil au contenu des motions déposées révèle que le resserrement des rangs entre la CDU et l’AfD a depuis longtemps eu lieu au niveau des mesures et de la rhétorique.

    Pour les conservateurs, la source de l’insécurité sociale est la migration elle-même. Elle ne concerne pas exclusivement les demandeurs d’asile célibataires de sexe masculin, contre lesquels Friedrich Merz aime attiser la haine. Lors du débat au Bundestag, par exemple, il a répété la rumeur raciste selon laquelle « des viols collectifs sont commis quotidiennement par la classe des demandeurs d’asile ». Les conservateurs veulent en fait mettre fin à toute migration liée à l’asile.

    Ils exigent la fermeture des frontières et la fin du regroupement familial pour les bénéficiaires d’une protection subsidiaire.

    Mais cela ne s’arrête pas à l’asile. Friedrich Merz s’est également insurgé contre ceux qui ont fui la guerre en Ukraine.

    Avec ses remarques désobligeantes sur les « petits princes », il a clairement indiqué que tous les migrants peuvent être visés à tout moment.

    Le projet des conservateurs de punir les crimes graves par la perte supplémentaire de la citoyenneté souligne que leur politique migratoire vise à diviser la société migratoire, c’est-à-dire la société dans laquelle nous vivons tous ensemble.

    La possession d’un deuxième passeport devient la preuve que le détenteur ne peut pas être un « vrai Allemand ». La citoyenneté devient révocable pour ceux dont les familles ont émigré en Allemagne. Les conservateurs visent toutes les réalisations pour lesquelles les luttes antiracistes ont été menées en faveur de l’ inclusion, de l’égalité et de la démocratisation de la société de migration.

    Les implications fondamentales de cette perspective politique ne semblent pas être pleinement comprises par les sociaux-démocrates (SPD) et les Verts non plus. Fondamentalement - il faut le dire sans détour - ils sont d’accord avec l’AfD et la CDU qui prétendent que la migration est un problème et une source d’insécurité sociale.

    Ils soulignent que les projets de la CDU/CSU et de l’AfD ne sont pas efficaces, qu’ils attaquent les fondements démocratiques et constitutionnels de l’Allemagne et de l’Europe, et qu’ils ne tiennent pas compte des besoins de l’économie et de la démographie. Jusqu’ici, c’est correct.

    Cependant, les conclusions qu’ils en tirent sont erronées. Le SPD et les Verts rêvent du vieux rêve de la gestion des migrations, à savoir que l’État peut ajuster arbitrairement la politique migratoire pour promouvoir la « bonne migration » et réduire la « mauvaise migration ».

    Leur défense des mesures drastiques de la réforme du régime d’asile européen commun (RAEC) vise à déplacer la régulation de la migration vers les frontières extérieures. C’est exactement la politique qui a déjà été tentée dans l’UE depuis les années 2000 et qui a provoqué la longue crise des politiques migratoires européennes.

    Tout le monde semble d’accord. La migration est un problème qui doit être résolu. Certains la détestent de tout leur cœur et veulent simplement s’en débarrasser. D’autres disent que la migration est un problème complexe.

    Par conséquent, de meilleurs instruments sont nécessaires pour gérer la migration. Des distinctions plus subtiles sont nécessaires pour pouvoir agir de manière plus ciblée. Il existe déjà de nombreuses distinctions juridiques et de nombreux statuts.

    La population vivant en Allemagne est divisée en plus de 50 statuts juridiques différents, allant de la suspension temporaire de l’expulsion à la citoyenneté à part entière. Bien sûr, la migration pourrait être subdivisée en bons et mauvais étrangers, en réfugiés et travailleurs migrants, en migrants bénéficiant d’une protection subsidiaire et en migrants hautement qualifiés, en migration de main-d’œuvre féminine et en fuite des homosexuels, en fuite du Sud global et en migration en provenance d’Asie, en migrants de première, deuxième, troisième et quatrième génération.

    Mais qu’est-ce que cela apporterait ? Chaque subdivision doit déterminer des critères et justifier pourquoi un critère peut être utilisé pour attribuer ou refuser certains droits au groupe concerné. L’origine, l’éducation, les parcours migratoires, etc. servent déjà de tels critères.

    Pourtant, ce regroupement délibéré des formes de migration constitue la base sur laquelle les forces de droite s’appuient à plusieurs reprises pour diviser la société.

    Il fait partie du répertoire standard des forces de droite depuis que les luttes pour la démocratie ont commencé à transformer les inégalités et les différences existantes en ressentiments. De l’introduction du suffrage universel à l’émancipation des Juifs, en passant par l’application des lois du travail et l’égalité des sexes, les forces de droite ont toujours réagi à l’expansion de la participation démocratique en mobilisant ces ressentiments. Elles ont toujours échoué lorsque les mouvements démocratiques ont insisté sur l’égalité pour tous comme principe fondamental et ne voulaient pas être divisés. Cela montre pourquoi la réponse de la SPD et des Verts à la coopération conservatrice-fasciste en matière de politique migratoire ne semble pas convaincante.

    Ils proposent de continuer à optimiser la gestion des migrations, même si cela n’a pas fonctionné jusqu’à présent. Ce faisant, ils partagent le même postulat que les forces du nationalisme : que la démocratie et la migration s’opposent ou, du moins, sont complètement extérieures l’une à l’autre.

    La migration est complexe, tout comme la société. La grande réussite démocratique a été de simplifier radicalement cette complexité en termes de droits : des droits égaux indépendamment de l’origine, du sexe, de l’orientation sexuelle, des croyances religieuses, etc. Cette revendication universelle a dû être affirmée encore et encore.

    Aujourd’hui, il est important de prendre cette revendication à nouveau au sérieux et de lutter pour la démocratisation de la société de la migration - en tant que société de tous, indépendamment de leur origine. Il est possible de ne pas fantasmer sur la migration comme un ennemi à vaincre, comme le fait la droite, ou de ne pas la considérer simplement comme un objet à gérer, comme le fait le « centre démocratique ».

    Une politique migratoire démocratique suppose que les mouvements migratoires d’aujourd’hui sont les citoyens (en devenir) de demain. Elle recherche des institutions de négociation et de prise de décision collectives au-delà des frontières et des inégalités existantes. Elle commence là où les droits de l’homme et les droits civils ne sont pas simplement compris comme des concessions souveraines.

    Son objectif, cependant, est de faire participer toutes les personnes concernées aux décisions sur la façon dont nous vivons ensemble et qui vit ensemble, où et comment. Pour l’Allemagne, cela doit signifier ne plus nier et combattre la réalité de longue date de la société migratoire. Cela signifie de plaider pour une nouvelle forme de citoyenneté en Europe.

    L’alternative, telle qu’elle se dessine dans une conjoncture mondiale, est la répétition de l’horreur qui a déjà englouti l’Europe et le monde une fois auparavant.

    Manuela Bojadžijev, professeure en anthropologie culturelle, Humboldt-University, Berlin, Allemagne
    Ivo Eichhorn, philosophe, Goethe-University, Francfort, Allemagne
    Serhat Karakayali, professeur, études sur les migrations et la mobilité, Leuphana-University, Lüneburg, Allemagne
    Bernd Kasparek, professeur associé en Infrastructures programmables, Delft University of Technology, Pays-Bas

    https://blogs.mediapart.fr/un-collectif-dintellectuels-allemand-es/blog/070225/migration-et-democratie-allemagne-2025

    #extrême_droite #anti-migrations #migrations #réfugiés #Friedrich_Merz #Aschaffenburg #frontières #trumpisation #fermeture_des_frontières

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