• reconnaît que la Littérature a eu une grande prise sur sa vie, mais personnellement elle n’a jamais vraiment rédigé quoi que ce soit qui aille plus loin que ses 48789514770004745 dazibaos.

    Elle reconnaît que la musique a eu une prise sur sa vie mais uniquement en tant qu’auditrice puisqu’elle-même n’a jamais été fichue de jouer « Au Clair de la Lune » à la flûte en plastique.

    Elle reconnaît que le dessin et la peinture ont eu une prise non négligeable sur sa vie, mais même si elle-même s’y est essayée elle doit admettre qu’elle n’était qu’une laborieuse tâcheronne sans grande habileté ni créativité.

    Elle reconnaît qu’une petite partie de l’architecture a pu avoir une minuscule prise sur sa vie (enfin uniquement le brutalisme utopique, les phalanstères et autres « cités radieuses »), mais que cela resta très théorique et qu’elle n’a pas une tête à faire les plans de quoi que ce soit.

    En revanche la sculpture, le théâtre, la danse (sauf à l’époque où elle buvait), la poésie ou même le cinématographe, ça lui a toujours plus ou moins touché un téton sans faire bouger l’autre.

    Bref, heureusement qu’elle a trouvé sa voie en devenant dictateuse, parce qu’elle n’aurait jamais pu être une artiste.

    #FrustrationsMagazine.

  • La #désinformation qui déstabilise la #démocratie

    « La désinformation est un bouton fantastique sur lequel appuyer pour déstabiliser les démocraties. C’est la #menace la plus sournoise. Parce que la démocratie fonctionne si on a accès à l’#information, pour pouvoir porter un jugement et participer au #débat_public ». C’est ainsi que le professeur adjoint en communication publique et politique à l’ENAP, Philippe Dubois, résumait le problème qui était au coeur du forum La démocratie au temps de la désinformation, tenu le 30 novembre à Montréal.

    La démocratie recule, soulignait d’ailleurs cette année un rapport du Varieties of Democracy Institute de l’Université de Göteborg (Suède) (https://v-dem.net/documents/29/V-dem_democracyreport2023_lowres.pdf), fruit d’une collaboration de près de 4000 experts de 180 pays. La désinformation, la #polarisation et l’#autocratisation se renforcent mutuellement.

    Avec l’ajout récent de la Thaïlande et du Mali, pour la première fois depuis plus de 20 ans, la liste des pays compte plus d’#autocraties que de démocraties : 5,7 milliards de personnes vivent dans des autocraties (72% de la population mondiale) contre 1 milliard de personnes pour les démocraties libérales —soit à peine 13%. Et près d’un tiers du premier groupe vit même au sein d’autocraties fermées (Chine, Iran, Myanmar et Vietnam, par exemple).

    Bref, le niveau de démocratie pour le citoyen mondial moyen est en recul, pour revenir au niveau de 1986. L’Europe de l’Est et l’Asie centrale, ainsi que l’Amérique latine et les Antilles, ont retrouvé leur niveau de la fin de la guerre froide.

    « C’est souvent un idéal que l’on prend pour acquis avec ses opportunités de délibération : presse libre, débats publics, et des institutions publiques pour faire fonctionner cela », avance Philippe Dubois. Ce « modèle le moins pire », comme l’aurait dit Churchill, « a bien souffert lors de la récente pandémie ». Avec ses mesures exceptionnelles et restrictives, la Covid-19 a vu reculer, de manière temporaire, certains droits et libertés. Cela a entaché la confiance dans les institutions démocratiques, et dans leurs acteurs, confiance qui n’était déjà pas si élevée avant la crise sanitaire.

    Or, les #réseaux_sociaux jouent eux aussi un rôle dans cette #régression. Peut-être parce qu’ils répercutent plus les #frustrations et la #colère que la #raison et les #nuances, il y aurait, semble-t-il, plus de cyniques et de mécontents qu’avant. Certaines tranches de la population s’avèrent aussi moins attachées à la démocratie, comme les jeunes, qui s’informent eux-mêmes davantage que les plus vieux par les algorithmes. « Cela ne signifie pas qu’ils rejettent la démocratie. Cela signifie plutôt qu’ils partagent davantage un type de contenu » qui la rejette, note le chercheur.

    L’École des médias de l’UQAM avait mandaté cet été la firme Léger pour sonder la population québécoise sur leurs perceptions sur des enjeux liés à la démocratie et à la désinformation. Le rapport montre que 25% de la population québécoise pense que les gouvernements cachent la réalité sur la nocivité des vaccins —18% pensent que c’est probable, alors que 8% pensent que c’est certain.

    C’est une #méfiance envers les institutions qui augmente, tout comme celle envers les #médias, car selon ce sondage, 44% de la population québécoise pense que les médias manipulent l’information qu’ils diffusent.

    En quête de #littératie_scientifique

    « Nous vivons une #crise_épistémologique avec une remise en question des #figures_d’autorité » constatait, lors du forum du 30 novembre, le professeur au département sciences humaines, lettres et communications de la TÉLUQ, Normand Landry. « Les gens parlent d’#esprit_critique mais c’est un mot galvaudé : où est notre capacité de se remettre en question et de changer d’idées et d’admettre nos erreurs ? »

    D’où l’importance de l’#éducation_aux_médias et de la littératie scientifique, soulignait-on dans ce forum organisé par les Fonds de recherche du Québec. Mélissa Guillemette, rédactrice en chef du magazine Québec Science, note que « moins de la moitié des Canadiens ont des bases solides en science (42%), c’est donc à mettre au premier plan. La littératie en santé au Québec reste elle aussi très faible chez 2 personnes sur 3 et pour 95% des 60 ans et plus, il s’avère même difficile de comprendre un médecin. »

    Les #jeunes ont particulièrement du mal à distinguer le #vrai du #faux. « Les adolescents ont du mal à reconnaître la désinformation. Ils manquent de bons critères d’évaluation pour juger de la qualité d’une bonne information », relève l’étudiante à la maîtrise en sciences de l’éducation de l’Université de Sherbrooke, Élise Rodrigue-Poulin.

    « Chez les enseignants aussi, le niveau de pensée critique varie souvent de faible à moyen. Et lorsque la nouvelle fait appel à trop d’#émotion, la plupart d’entre nous ne sommes plus capables de l’évaluer correctement », ajoute-t-elle.

    La solution serait de s’éduquer à reconnaître la désinformation, mais il faudrait aussi développer du contenu scolaire pour soutenir l’esprit critique chez les jeunes – et par ricochet, le personnel enseignant. Des éléments inclus dans le nouveau programme Culture et citoyenneté québécoise, vont dans ce sens.

    Ce serait toutefois insuffisant. « Le programme a plusieurs points positifs : donner des outils et des critères sur les informations et les médias, et l’explication de ce qu’est la démocratie. Comme enseignante, je trouve ça bon, mais il n’est pas obligatoire cette année et il a été présenté aux enseignants quelques jours avant la rentrée », explique Mme Rodrigue-Poulin. Il doit être implanté dans toutes les écoles en septembre 2024.

    Normand Landry renchérit : « Je salue l’adoption d’un programme mais je le pense moins sérieux dans le soutien à développer ce savoir. Depuis plus de 20 ans, l’#école développe du contenu d’éducation aux médias – par exemple, sur les compétences numériques, adopté en 2019 – mais sans se donner les conditions de déploiement et des ressources pour les enseignants. »

    La désinformation à gogo

    « Nous sommes dans une espèce de jungle et trouver la vérité, c’est un casse-tête. La désinformation, cela ne date pas d’hier mais c’est le volume qui augmente. », rappelle Nicolas Garneau, chercheur postdoctoral en informatique à l’Université de Copenhague.

    Et nous pouvons tous partager de la désinformation. Les réseaux sociaux sont conçus pour nous inviter à générer du contenu – « exprimez-vous », « posez des actions » – à partir de messages qui en appellent à nos #émotions.

    Il faut donc apprendre à se méfier des choix des #algorithmes et développer son esprit critique – « d’où ça sort ? », « quelle est la source de l’info ? »

    « Il ne faut pas oublier que ce sont des modèles économiques basés sur nos données. Ils enregistrent ce que l’on regarde et lorsqu’on s’exprime. Les plateformes exploitent nos #failles_psychologiques », rappelle Emmanuelle Parent, directrice générale et recherche du Centre pour l’intelligence émotionnelle en ligne (Le Ciel).

    Le professeur en journalisme à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal, Jean-Hugues Roy, s’intéresse plus spécifiquement à Facebook. Il remarque qu’il y a beaucoup de contenus viraux —et religieux— qui circulent. Qui plus est, en l’absence de véritables informations – en raison du blocage du contenu des médias par Meta – « il n’y a plus rien de pertinent. C’est un véritable marché aux puces de #contenus_viraux dont certains peuvent être toxiques. Cela peut prendre l’apparence de contenu journalistique, en ajoutant des éléments mensongers et trompeurs uniquement pour faire des clics. »

    Il est temps d’encadrer ces plateformes, poursuit-il. Une démarche entamée par le Canada avec le projet de loi C-18 qui vise à forcer les « géants du web » à indemniser les médias d’information —c’est ce projet de loi qui est la raison du boycottage des médias entrepris en ce moment par Meta au Canada.

    « Ce sont des entreprises privées et on s’attend à ce qu’elles prennent leurs responsabilités ou que les autorités le fassent. Nous avons une agence d’inspection des aliments au Canada, il est possible d’imaginer une agence d’inspection des réseaux sociaux alors que nos vies sont dessus et qu’ils font beaucoup d’argent avec nos données », pense M. Roy.

    Autrement dit, il faut un encadrement de ces outils par l’humain. « Leur raison d’être est de nous donner un coup de main, pas de décider à notre place », tranche encore Nicolas Garneau.

    https://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/2023/12/15/desinformation-destabilise-democratie

  • The sense of meaninglessness in bureaucratized science

    Looking at scientists (in the life sciences), we focus on the sense of meaninglessness associated with bureaucratization. We define the sense of meaninglessness as a perception of meaning deficit or meaning conflict in particular situations that can be associated with frustration, irritation, and/or boredom. We show that it can be caused by identity disturbance – particularly the incongruence between the ideal self as a researcher and the imposed self as a bureaucrat. We claim that the sense of meaninglessness is more likely to emerge in those activities that are further from an individual’s core identity, and more identity work is needed to make them meaningful. We also claim that processes of rationalization imposed by external agendas, particularly transitions from substantive to formal rationality (predictability, control and calculability, efficiency) contribute to the proliferation of meaninglessness in academia. The sense of meaninglessness is, therefore, ignited by the external forces colonizing academic life and constitutes an instance of the ‘irrationality of rationality’. It is an outcome or side effect of the collision between two incompatible logics of practice: bureaucratic and scientific. To show the incongruence of those competing logics, we analyze the data derived from a mixed-method study conducted between 2013 and 2014 among beneficiaries of an international research grant project. As a supplementary source of reference, we use our research on academic boredom and laboratory scientists’ work and careers.

    https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/03063127221117227

    #sens #ESR #recherche #université #conditions_de_travail #travail #bureaucratisation #néo-management #néolibéralisation #science #frustration #ennui #rationalisation #efficacité #calculabilité #académie #irrationalité #rationalité

  • Racisme et #domination des Etats méditerranéens

    Le #racisme en #Tunisie, loin d’être un #fait_culturel, est la conséquence de #politiques_frontalières

    La #violence contre les personnes noires en situation irrégulière en Tunisie reflète une manie de domination et un jeu de pouvoir lâche d’un petit État en crise. Mais elle est aussi le résultat d’un récit populiste et d’une approche gouvernementale cruelle à l’égard des indésirables, typique de tous les États méditerranéens.

    En 1982, le célèbre intellectuel tunisien Albert Memmi écrivait un essai intitulé Racisme, dans lequel on trouve sa fameuse définition du phénomène qui donne son titre au livre : “l’exploitation généralisée et définitive des différences, réelles ou imaginaires, au profit de l’accusateur et au détriment de la victime, pour justifier une agression”. A l’époque de Memmi, né à Tunis d’une mère d’origine juive berbère et d’un père d’origine tunisienne italienne, la Tunisie était un protectorat français et sa population était beaucoup plus hétérogène qu’aujourd’hui, avec des Français, des Italiens, des Maltais et une présence juive bimillénaire. Dans les années 1950, le racisme des colons français à l’égard de la population majoritairement arabo-musulmane justifiait l’occupation du pays. Aujourd’hui, cent ans après la naissance de Memmi, le racisme de la majorité arabo-musulmane à l’égard des minorités et des étrangers noirs justifie la répression de ces derniers. Fondé sur un récit nationaliste très homogénéisant, le racisme en Tunisie, comme dans le reste de l’Afrique du Nord, est une réalité difficile à éradiquer parce qu’elle est omniprésente dans la politique et la culture, et parce qu’elle joue sur des problèmes réels.

    Le racisme anti-noir en Tunisie, s’il est une réalité presente depuis des années 1, a explosé ces derniers mois depuis le discours du Président Kaïs Saïed du 21 février contre les personnes subsahariennes en situation d’irrégularité. La Tunisie a été choquée par une violence raciste sans précédent. En représailles au meurtre d’un citoyen Tunisien par un homme d’origine de l’Afrique dite Subsaharienne, des hordes d’hommes armés de couteaux et de bâtons ont attaqué les maisons de familles innocentes. Cette violence a été précédée, légitimée et suivie par une répression organisée de l’État contre les personnes noires sans papiers : au cours des deux dernières semaines, des centaines d’arrestations et d’expulsions ont été dénombrées à la frontière, au milieu du désert 2. Beaucoup de Tunisiens sont consternés par le comportement de leurs concitoyens et la brutalité de leur Etat. Et beaucoup voudraient être solidaires, offrir un logement et une assistance aux expulsés et aux déportés, mais toute tentative de solidarité est empêchée, bloquée ou déjouée par une police omniprésente et capillaire.

    Et dans un état de non-droit comme la Tunisie, où la loi se négocie avec l’arbitraire des policiers, parmi les victimes les plus malheureuses se trouvent précisément ceux que les politiciens Italiens appellent les migrants, qui fuient les guerres, les persécutions et la pauvreté et que le gouvernement italien continue à renvoyer en Afrique du Nord, en finançant les garde-côtes tunisiens pour qu’ils empêchent à tout prix leur départ. Ce sont ces mêmes personnes qui, arrivées en Europe, deviennent des réfugiés : Soudanais, Erythréens, Ethiopiens, Nigérians, ou qui deviennent des clandestins enfermés dans les Centres de Rétention Administratives Italiens, renvoyés dans leur pays, relégués dans la misère. Migrants, réfugiés ou sans-papiers, la différence n’est pas grande si vous avez la peau noire en Tunisie, puisque la violence – d’Etat – est exercée sans distinction. D’ailleurs, parmi les personnes amenées dans le désert ces derniers jours, il y aurait aussi des étudiants et des personnes ayant des documents de séjour valides, ainsi que des réfugiés et des demandeurs d’asile. Et dans l’Union européenne, voulons-nous encore croire que nous pouvons créer des plateformes de débarquement 3 en Afrique du Nord pour décider qui est un vrai réfugié – qui peut venir chez nous ! – et qui est un migrant économique – qui doit rester là-bas ? Et pendant ce temps, des centaines de personnes dans les rues, battues ou abandonnées dans le désert.

    À l’origine des événements récents, il y a les politiques économiques et militaires des frontières. Fondamentalement, les gens ne quitteraient pas leur pays si leurs perspectives de vie n’étaient pas menacées par la famine, la guerre et la pauvreté. Et pour soutenir la poursuite des conflits au Mali, au Niger, en Libye ou en Ukraine, ou la pauvreté au Tchad, en Tunisie ou en Côte d’Ivoire, ce sont les armées et les politiques extractives néocoloniales françaises, italiennes, britanniques, allemandes, américaines, auxquelles s’ajoutent celles des nouvelles grandes puissances, comme la Chine et la Turquie, qui sont en cause. A leur arrivée en Tunisie, la fermeture des frontières méditerranéennes est un mur qui empêche ces “déplacés en quête de vie” de partir. Ne pouvant plus repartir, ils restent bloqués dans un pays pauvre, un petit Etat en crise économique, sans ressources massives, avec peu d’industries et un tourisme en déclin, et un passé récent perturbé par la révolution. Un pays qui doit pourtant compter avec ses voisins arrogants et puissants : Italie, France, Allemagne, Pays-Bas, Union européenne. Des voisins qui veulent à tout prix arrêter ces personnes en transit, et qui paient des millions à la Tunisie pour le faire 4. Et s’il n’y avait pas de frontières, s’il n’y avait pas la militarisation de la Méditerranée, ces personnes seraient déjà en Italie : problème résolu.

    Aujourd’hui, la Tunisie en a assez de jouer ce rôle infâme et coûteux. Dans un contexte de crise économique écrasante et déprimante, d’inflation massive et de chômage endémique, l’arrivée de milliers de personnes s’installant dans les grandes villes tunisiennes compromet encore davantage la capacité de l’État à subvenir aux besoins de sa population. D’autant plus que cet État ne s’est jamais montré disposé à le faire. La colère monte chez un peuple affamé et frustré de voir s’installer dans ses villes des “Africains“, comme on appelle paradoxalement les Noirs subsahariens. La xénophobie sévit dans toutes les couches de la société, mais surtout parmi les plus démunis et les plus touchés par la crise. Les mêmes personnes qui ont peu de perspectives d’avenir, qui se sentent emprisonnés dans un pays qui les piétine et les écrase avec sa police, un pays où tout – travailler dignement, ouvrir un commerce, étudier, recevoir des soins médicaux de qualité – est difficile, nié, empêché. Un peuple écrasé par les frontières, un peuple qui n’a qu’un seul espoir : partir. Un espoir qui lui est refusé par la difficulté d’obtenir un visa et qui est criminalisé par les politiques euro-tunisiennes de lutte contre l’immigration irrégulière. Un peuple qui se souvient bien de l’époque prérévolutionnaire, où au moins il n’y avait qu’un seul voleur. Aujourd’hui, tout le monde est voleur (interview avec un chauffeur de taxi à Sfax). L’anarchie est généralisée, la méfiance règne, la colère monte.

    “Faddina”, (nous en avont assez) depuis des années, disent les Tunisiens. Assez de la corruption du parti islamiste el Nahda, assez de vendre du sel à la France pour une somme dérisoire, selon une convention qui remonte à l’époque coloniale 5. Alors, quand Kais Saied, un honnête professeur de droit, a fait nettoyage général 6 en 2019, de larges pans de ce peuple se sont réjouis. Mais au fil des années, sans une politique économique forte pour relever le pays, le professeur perd de sa popularité. Et donc aujourd’hui, ce dictateur incompétent – on dit qu’au moins l’autre était intelligent (interview avec un étudiant à Tunis) – s’accroche de toutes ses forces au peu qu’il a pour affirmer sa souveraineté. Il a d’abord jeté en pâture à la foule des députés corrompus, puis des islamistes ; il a ensuite inventé des complots contre l’État, des journalistes-espions et des organisations financées par l’Europe pour faire tomber le pays. Aujourd’hui, sa dernière carte est aussi la plus en vogue. La méthode la plus rapide, la plus facile et la plus indolore pour revenir dans les bonnes grâces de son peuple est de mener une lutte sans merci contre les personnes noires sans papiers. Cette lutte sert aussi bien la politique extérieure que la politique intérieure : d’une part, gagner en crédibilité (et attirer l’attention et donc des fonds) auprès des partenaires européens dans la lutte contre l’immigration irrégulière, d’autre part, renforcer la légitimité du gouvernement. Et ce, en éliminant ceux qui ne correspondent pas à la définition de l’identité nationale.
    Pouvoir raciste, pouvoir populiste

    La Tunisie, qui dispose d’un État-providence très pauvre, où il n’y a pas de protection économique et sociale des citoyens, où le pouvoir est concentré dans les mains des oligarques de la classe dirigeante, est la “démocratie du mécontentement”. Tout le monde se plaint, personne ne fait confiance à l’État. Beaucoup se souviennent de l’époque de Ben Ali, où au moins il y avait lui, un homme fort qui affirmait sa position. Aujourd’hui, l’homme fort Kais Saied tente de se créer une hégémonie, au sens gramscien (voir pour ce concept Gherib Baccar, 2017), c’est-à-dire une légitimation populaire et incontestée de son pouvoir, de son autorité, basée sur la répression des indésirables, les personnes irrégulières noires.

    Premier objectif du racisme de Saied : jouer les durs avec l’Europe. Ce n’est certes pas la première fois que les corps des migrants sont utilisés comme une arme de politique internationale : voir la Turquie en 2016 dans les négociations avec l’Europe, l’Italie et la Grèce au cours de la dernière décennie dans les négociations avec d’autres États européens. Au contraire, nous pouvons identifier des approches anti-migrants communes à toutes les politiques méditerranéennes. La lutte contre les migrants irréguliers par tous les moyens – rejets aux frontières, réadmission dans le pays d’origine, détention, marginalisation – est la variable commune de la politique régionale dans et autour de la mer Méditerranée, de l’Europe du Nord à l’Afrique subsaharienne. A travers cette lutte sans merci, les Etats forgent une part de leur souveraineté, alors que le thème des migrations est aujourd’hui au cœur des débats dans de nombreux pays européens. Gouverner les mouvements humains est donc une façon d’être et de fonctionner de l’État méditerranéen, une forme de gouvernement méditerranéenbasée sur le nationalisme populiste et le racisme. Ces derniers, héritiers du passé colonial et frères de toutes les occupations autour de cette mer, des colonies israéliennes illégales sur les terres palestiniennes, à l’occupation du Sahara occidental par le gouvernement marocain.

    Le racisme et le populisme sont en effet les cartes avec lesquelles se joue ce jeu impitoyable. Par le passé, les puissances coloniales européennes ont tenté de justifier leur domination et de légitimer leur occupation par des arguments scientifiques et rationnels. Les écrivains européens – principalement français et anglais – du XVIIIe siècle, tels que Voltaire, Goethe, Chateaubriand, Renan, ont contribué à la création d’un “savoir orientaliste” (Said, 1978) qui caractérisait les Arabes musulmans comme arriérés et légitimait ainsi l’intervention occidentale. Le racisme, c’est-à-dire la valorisation des différences, réelles ou imaginaires (Memmi, 1982), est l’outil approprié pour soutenir ce type de discours. Selon la définition de Memmi, le racisme est un instrument d’agression qui utilise les différences entre les hommes : “Quelle que soit la voie empruntée, le but du racisme est la domination. […] Comme au billard, où l’on vise une boule pour en mettre une autre dans le trou, on accuse sous divers prétextes, mais toujours pour rejeter, spolier, opprimer. […] Le racisme illustre et symbolise l’oppression”. Le racisme, c’est donc le mépris et le sentiment de supériorité du colonialiste qui a justifié l’invasion de la Tunisie ou de l’Algérie ; c’est aussi l’antisémitisme qui a conduit à l’extermination des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale ; c’est encore les récents événements de Sfax, où des hordes de bandits armés de machettes ont attaqué des familles d’immigrés subsahariens. Tout comme l’action odieuse des forces de sécurité tunisiennes qui ont emmené de force ces mêmes familles dans le désert, à la frontière libyenne, sans eau ni nourriture. Derrière tous ces événements se cache une volonté de domination et de pouvoir. “L’action raciste n’est jamais désintéressée, même si la nature du profit n’est pas immédiatement claire”. (Memmi, 1982).

    Les images et les vidéos des événements de Sfax, qui ont secoué la Méditerranée comme le massacre de Melilla l’avait fait en 2021, amènent à réfléchir une fois de plus sur les frontières et l’Etat-nation. En effet, ce qui unit les Etats aujourd’hui, malgré d’énormes différences dans leurs spécificités culturelles, géographiques et politiques, c’est le récit fortement identitaire et populiste avec lequel le pouvoir gouvernemental est légitimé. C’est pourquoi on les appelle des États-nations : parce que chaque État crée et entretient une identité nationale spécifique et limitée qui différencie ceux qui font partie de l’État de ceux qui n’en font pas partie. La raison de cette “nationalité” des États s’explique par la nécessité de définir le pouvoir de l’État, son monopole de la violence, comme le dit Weber. L’identité nationale sert également à définir à qui fournir des services tels que la santé, l’éducation et le travail, c’est-à-dire l’aide sociale : il est plus facile de le faire avec une division claire entre ceux qui sont inclus et ceux qui sont exclus. Enfin, elle est également utile en temps de crise, lorsqu’il faut économiser, mobiliser, faire la guerre, car il est plus facile de convaincre quelqu’un de défendre quelque chose de proche, de cher et d’intime, plutôt qu’une entité lointaine, froide et incolore. Ce caractère nationaliste de l’État est aussi son caractère raciste, comme le dirait Etienne Balibar, car les États-nations sont, par définition, des États racistes, dans lesquels l’identité nationale peut être utilisée pour justifier une agression : c’est cela le racisme d’État.

    Mais l’équation fonctionne aussi dans l’autre sens : s’il est vrai que l’identité nationale sert la violence de l’État, l’inverse est également vrai son opposé, à savoir que la violence renforce la nation. Les exemples historiques sont nombreux : l’identité nationale des puissances européennes s’est renforcée et renouvelée après les guerres mondiales ; les conflits interethniques revigorent souvent la perception des différences entre les peuples, comme ce fut le cas en Bosnie où, aujourd’hui encore, après la guerre, l’État est toujours divisé entre musulmans et catholiques. Demandons-nous donc si la Tunisie de Saïed ne cherche pas à faire la guerre, à sa manière, aux citoyens subsahariens présents sur son territoire, pour consolider la force de son gouvernement, pour renforcer l’identité nationale tunisienne. La création d’un bouc émissaire, d’un “autre” à combattre, à chasser, à tuer, n’est-elle pas une source de force pour la nation, pour l’individualité collective du citoyen qui se reconnaît dans son État et veut le protéger ?

    Et en effet, le deuxième objectif du racisme de Saïed est de calmer les foules en colère. Les criminels qui ont commis ces actes brutaux étaient eux-mêmes victimes d’un système inégalitaire, fortement touché par la crise. Cela ne justifie pas l’agressivité ou la haine raciale, mais explique comment la colère et la frustration peuvent facilement être dirigées vers les plus faibles, d’autant plus si cette violence est soutenue par l’Etat. Ce n’est pas seulement la nation qui est revigorée par le choc avec l’autre, mais aussi le narcissisme du moi collectif dans la société. Ce qui nous interroge, c’est le sens de la violence, qui est toujours dirigée vers les plus délaissés et les plus pauvres. Memmi explique que “le raciste va instinctivement contre l’opprimé : il est plus facile d’ajouter de la souffrance à ceux qui en ont déjà”. La violence ne se manifeste pas, comme il serait peut-être plus logique, à l’égard des forts, des dirigeants européens, des puissances coloniales. Le sentiment de cette violence est légitimé par le fait que “les Africains sont différents, ils ont une culture différente de la nôtre” (entretien avec un chauffeur de taxi à Sfax), oubliant par exemple les différences culturelles évidentes entre Tunisiens et Italiens. Au contraire : combien les filles et les garçons italiens sont beaux, gentils et intelligents, nos frères et nos sœurs ! Une vision influencée par les perspectives de classe et le désir d’Occident (Wael Garnaoui, 2022). Les différences, réelles ou imaginaires, sont créées et recréées dans le discours collectif et dans les perceptions individuelles. Dans une vidéo diffusée sur les médias sociaux, une femme tunisienne dit à une personne noire : “Tu dois aller dans ton pays, nous sommes un pays pauvre ici, il n’y a rien pour toi. Vous arrivez, vous vivez à 50 dans une maison, vous apportez des maladies. Il n’y a pas de place pour vous ici”. C’est le racisme des opprimés qui s’exprime, l’ignorance des personnes affamées manipulées par les “fake news” et les informations fallacieuses des médias de propagande modernes.
    Un besoin urgent d’un antiracisme d’État

    Albert Memmi affirme que “dans chacun de nous, il y a un raciste qui est ignoré. […] Le racisme est l’une des attitudes les plus partagées au monde”. Le racisme est tellement omniprésent dans la culture et la société, dans les médias et dans l’éducation, qu’il est difficile, voire impossible, de l’éliminer complètement. Comme le dit Memmi, le racisme est un fait social. Mais si le racisme à l’encontre des personnes noires est la direction “naturelle” vers laquelle se dirige la colère des personnes frustrées par la crise, les frontières et la corruption, le racisme est également un discours qui peut être utilisé, manipulé ou éliminé. Le fait que des bandes d’hommes armés aient attaqué des familles subsahariennes n’est, en soi, rien d’autre que la manifestation d’une tension sociale alimentée par la crise économique et un substrat culturel mono-identitaire, exclusif et fermé aux minorités. Ce substrat, omniprésent dans la société tunisienne, de l’éducation à la socialisation, créé par l’Etat depuis l’independence, est aujourd’hui légitimé par le discours raciste de Saïed. Il ne s’élimine pas du jour au lendemain : il faut une éducation antiraciste pour éviter que les victimes d’une crise économique et politique ne deviennent les auteurs d’un génocide. Au lieu de cela, l’État soutient et attise les sentiments racistes parce que cela l’arrange.

    Un tournant antiraciste est donc nécessaire, non seulement en Tunisie, mais aussi en Méditerranée. Tout d’abord, les lois et les tribunaux pourraient éliminer immédiatement – en condamnant les auteurs, à commencer par les chefs d’État et les ministres de l’intérieur – le racisme institutionnel des États méditerranéens, y compris la Tunisie. Pour ce motif là, l’independence du système juridique et pénal, très ménacé aujourd’hui en Tunisie, est d’importance centrale. Il faut un pouvoir independant et forte pour denoncer ce racisme vil et mesquin qui est dû à la volonté de domination dans un contexte historique et régional qui fait de la lutte contre les personnes noires en situation irrégulière le motif de l’expression de la souveraineté, intérieure et extérieure.

    Ce n’est pas seulement une question d’éthique, mais aussi d’efficacité – la propagande anti-noire de Kaïs Saïed est totalement incompétente pour résoudre – je dirais même contourner – les vrais problèmes : inflation, manque de produits de première nécessité, chômage. En déportant des innocents dans le désert, Saïed ne peut recevoir que des condamnations, internationales et internes. Memmi écrit : “Solution fallacieuse, certes, compensation vaine, mesquine et inique surtout, qui compromet les valeurs et se trompe sur elle-même, détruit la dignité de l’un pour assurer illusoirement celle de l’autre. Mais il faut admettre que c’est une sorte de solution à des problèmes réels, un tranquillisant face à des enjeux indéniables”.

    Ajoutons que l’Etat tunisien, comme d’autres Etats méditerranéens, ne persécute pas ces personnes uniquement parce qu’elles sont noires. En d’autres termes, à l’instar d’Annah Arendt (1951), les personnes persécutées par l’État sont avant tout des personnes sans droits politiques, donc des personnes déshumanisées à qui l’on refuse les droits de l’homme. Le racisme d’État est donc une répression des droits politiques que ces personnes réclament : droit à la citoyenneté, au travail, à la santé, à la scolarisation. Des droits qui ne sont accordés qu’à ceux qui possèdent la citoyenneté, tandis que ceux qui en sont exclus – sur une large base raciale – se voient non seulement refuser l’accès au système de protection sociale, mais sont classés comme “indésirables”. Si les nationalistes italiens de droite s’éloignent aujourd’hui du comportement raciste “classique” en adoptant une attitude politiquement correcte et en évitant de discriminer ouvertement sur la base de la couleur de peau, ils restent convaincus que le fait de ne pas posséder de documents de voyage ou de visa de séjour et de ne pas être éligible à la protection internationale disqualifie les personnes de la protection de l’État, c’est-à-dire de leurs droits politiques. On passe ainsi d’une droite ethno-nationaliste à une droite administrative-nationaliste, ce qui est dans l’air du temps. Mais la violence demeure : les indésirables doivent être enfermés, éloignés, éliminés, ou au mieux traités comme des victimes du jour à qui il faut offrir un minimum de charité (Agier, 2017).

    Nous concluons donc en disant que le racisme en Tunisie n’est pas un fait culturel, mais une évolution géographique, politique, historique et sociale. Aujourd’hui en Tunisie, le gouvernement méditerranéen des indésirables se double d’une expression raciste du nationalisme arabo-musulman. C’est dans une région, le Maghreb, historiquement “séparée” du reste de l’Afrique par un immense désert. L’indépendance, avec ses récits nationalistes nécessaires pour chasser l’occupant et créer une nation, a créé un terreau fertile pour une xénophobie généralisée. Aujourd’hui, les Tunisiens, attirés par l’Europe, se sentent plus de ce côté-ci de la Méditerranée que de l’autre. Les uns après les autres, les dirigeants tunisiens n’ont cessé d’alimenter ce sentiment pro-européen et anti-africain et de faire le jeu d’une Europe qui parle en faveur des pauvres, mais qui les piétine ensuite.

    Au lieu de changer l’histoire et de passer pour un illuminé, Saïed décide de suivre ses prédécesseurs. Il serait beaucoup plus honnête de dire, comme certains parlementaires et militants tunisiens l’ont fait à plusieurs reprises, que la Tunisie n’est pas un pays tiers sûr, qu’elle ne peut plus jouer le rôle de garde-frontière et qu’il n’y a pas de possibilité de loger et de travailler pour les réfugiés sur son territoire. Que l’Europe, avec tout son argent, les prenne en charge, en somme ! Mais Saïed ne le dira jamais. C’est trop tard : un accord entre l’Union européenne et la Tunisia à déjà été signé le 16 Juillet 2023.

    Il faudrait alors, à tout le moins, promouvoir une forme d’antiracisme humanitaire à l’égard des personnes bloquées dans le pays. Ce serait un discours éthique et noble que l’Europe, avec ses traités sur les droits de l’homme, serait obligée d’accepter. D’autre part, pendant la guerre d’Algérie (1967) et la guerre en Libye (2011), des milliers de familles ont accueilli, nourri et aidé des milliers de réfugiés des pays voisins. En Tunisie, beaucoup sont prêts à recommencer, car l’hospitalité et l’aide aux autres font partie intégrante de la culture du pays. Mais Saïed décide de suivre le mauvais exemple des Européens, et cela, parce que c’est plus facile, c’est moins risqué. En se fichant éperdument de l’hospitalité, il accuse les Noirs d’être responsables des problèmes du pays, en diffusant des “fake news” et en expulsons des centaines de personnes. Il semble avoir bien appris de Macron, Meloni, Minniti, Salvini et bien d’autres. Disons-le haut et fort : les choses doivent changer en Tunisie, mais pour qu’elles changent, il faut d’abord qu’elles changent chez l’Europe. Tant que l’aide sera réservée à nos voisins, nous ne résoudrons pas les crises mondiales et la violence qui secouent notre monde aujourd’hui. Ler gouvernements Européens devons permettre à ces personnes, bloquées en Afrique du Nord, de faire leur vie en Europe. Et les gouvernements du Sud devront s’efforcer de donner aux Tunisiens, aux Nigérians, aux Tchadiens, aux Soudanais… une chance et un avenir chez eux. Les deux choses doivent être faites, main dans la main. Mais pour cela, nous avons besoin de toute urgence, en Tunisie comme en Italie, d’un discours antiraciste omniprésent, fort et oppositionnel, et d’une gauche qui sache s’affirmer selon les valeurs du vrai cosmopolitisme et de l’humanisme.

    https://www.meltingpot.org/fr/2023/07/racisme-et-domination-des-etats-mediterraneens

    #populisme #racisme_anti-Noirs #nationalisme #racisme_anti-noir #Kaïs_Saïed #répression #sans-papiers #migrations #arrestations #expulsions #désert #abandon #arbitraire #transit #blocage #limbe #pays_de_transit #militarisation_des_frontières #xénophobie #hégémonie #politique_migratoire #nationalisme_populiste #Sfax #Etat-nation #identité_nationale #racisme_d'Etat #bouc_émissaire #colère #frustration #droits #citoyenneté #antiracisme_humanitaire

    ping @_kg_

  • A #Tataouine, ville des #candidats_à_l’exil : « Toute la #Tunisie souffre, mais ici, c’est pire »

    L’#exode des #jeunes de Tataouine, ce sont les parents qui en parlent le mieux. Le père de Wajdi porte beau, mais son costume élimé raconte aussi bien l’usure du tissu que celle de son propriétaire : « Tout nous est interdit. Les places dans les entreprises publiques et les compagnies pétrolières sont toujours pour les autres. Même commercer avec la Libye est devenu compliqué. Mon fils est parti l’an dernier pour la France. Je lui souhaite d’être heureux, car ici, c’est difficile. »

    Installé à la terrasse du café Ennour, donnant sur le principal rond-point de la ville, à 540 km au sud de Tunis, l’homme de 56 ans, qui refuse de donner son nom, résume en cinq minutes des décennies de marginalisation. A l’horizon, les collines rocailleuses entourant la ville accentuent le sentiment d’oppression. Tataouine est connue pour avoir donné son nom à la planète Tatooine dans la saga Star Wars. Dans la réalité, la région bascule du côté obscur de la Force. Quelque 12 000 jeunes, soit 8% du gouvernorat (équivalent d’une préfecture), sont partis en 2022 pour l’Europe, selon le sociologue du cru Mohamed Nejib Boutaleb, ancien professeur de l’Université de Tunis.

    Les Tataouinois ne sont pas les seuls à s’exiler. Selon le ministère italien de l’Intérieur, l’arrivée de clandestins tunisiens a augmenté de 55% depuis le début de l’année. En 2023, la Tunisie est même devenue le principal pays de départ des migrants souhaitant traverser la Méditerranée, devant la Libye voisine. Une hausse qui inquiète les Européens, en particulier l’Italie, qui redoute qu’un effondrement économique de la Tunisie, très endettée (80% du PIB), amplifie ce phénomène.

    La crise est telle qu’elle a conduit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, accompagnée de la cheffe du gouvernement italien et du Premier ministre néerlandais, à se rendre à Tunis le week-end dernier. L’objectif : proposer une aide financière de plus d’1 milliard d’euros à long terme, dont 100 millions d’euros pour le « contrôle » de ses frontières. Un outil supplémentaire qui permet à l’Union européenne d’externaliser ses frontières, en déléguant la gestion des flux migratoires à des pays tiers, souvent peu réputés pour le respect des droits humains.
    De solides réseaux

    Pour éviter la dangereuse traversée de la Méditerranée et ses contrôles renforcés, Tataouine a donc cherché une autre route, celle des Balkans. Jusqu’au 20 novembre, les Tunisiens n’avaient pas besoin de visa pour se rendre en Serbie. Ils arrivaient donc à Belgrade en avion avant de franchir illégalement la frontière avec la Hongrie. Dans ses travaux, Mohamed Nejib Boutaleb a ainsi recensé, en 2022, 11 200 demandes d’autorisation parentale de voyage émanant du gouvernorat. Pour juguler le départ de combattants jihadistes dans les zones de combat, les autorités ont rendu ce document obligatoire pour les citoyens de moins de 35 ans.

    Une place dans un bateau pour traverser la Méditerranée coûte pourtant bien moins cher : 1 000 dinars (300 euros) contre environ 25 000 dinars (7 500 euros) pour le trajet de l’aéroport de Tunis à la France, via les Balkans. D’autant que la région méridionale est l’une des plus pauvres du pays, avec un chômage autour de 30%, deux fois supérieur au niveau national. Mais ses habitants s’appuient sur la solidarité régionale. Le père de Wajdi précise qu’il a contracté un prêt à la consommation de 3 500 dinars pour le départ de son fils. Un de ses amis, venu le rejoindre au café, embraye : « Moi, j’ai vendu 35 000 dinars un terrain de 400 m² pour payer le trajet à mon fils. C’est beaucoup plus sûr que de prendre la mer. » Et si les parents ne peuvent pas, la diaspora prend le relais.

    Depuis les années 60 et la première vague d’émigration, lancée par la France désireuse de main-d’œuvre bon marché, les Tataouinois ont eu le temps de construire de solides réseaux. Des entrepreneurs dans le secteur du bâtiment et de la boulangerie-pâtisserie acceptent de payer une partie des frais de leurs futurs employés. Rafik sort du coiffeur après avoir rafraîchi sa coupe, car il s’apprête à travailler dans un hôtel de Djerba pour la saison touristique. Sa famille a préféré miser sur son petit frère pour le grand départ : « Son patron lui a avancé de l’argent. Moi, je lui ai filé 4 000 dinars. Il bosse maintenant dans une boulangerie en région parisienne. »

    L’exode se ressent visuellement dans la ville. Les personnes âgées y sont plus visibles, bien que le gouvernorat possède le taux de fécondité le plus élevé du pays – 4,6 enfants par femme contre 3,4 au niveau national. Ce jour-là, les rues sont animées. L’équipe de football locale rencontre le Club africain, une des deux équipes phares de la capitale, Tunis. Une occasion rare d’échapper au quotidien. Au stade, dans la tribune des locaux, des supporteurs célèbrent aussi les buts des adversaires. Ils sont fiers d’être d’ici, mais au football comme dans la vie, ils aiment aller droit au but : l’US Tataouine peut difficilement prétendre au titre, tout comme les jeunes du coin à une vie meilleure. Sedki, un supporteur du Club africain qui a fait le déplacement, confirme à sa manière : « C’est mort cette ville. Même à Médenine, Gafsa ou Ben Guerdane [des villes marginalisées du sud, ndlr], tu peux faire du shopping. »

    Chaque été, quand les Tataouinois de France débarquent, les locaux ressentent plus profondément la déréliction dans laquelle ils vivent le reste de l’année : « Cette coutume de la diaspora de revenir avec une belle voiture, des vêtements à la mode et les accessoires faussement indispensables exacerbe la frustration des jeunes », avance l’anthropologue Mohamed Bettaieb. Vêtu d’un maillot de l’Espérance sportive de Tunis, l’autre grand club de la capitale, Amir Maiez a déjà tenté deux fois de se rendre en Europe. « Toute la Tunisie souffre, mais à Tataouine, c’est pire. On n’a rien alors qu’on devrait être riche ! » Pour l’athlète aux larges épaules, comme pour la majorité des jeunes rencontrés, la source de l’hémorragie se nomme « el-Kamour », du nom de la région pétrolière à proximité.

    « Kaïs Saïed n’est jamais venu écouter les doléances de notre jeunesse »

    Contrairement à ses voisins algériens et libyens, la Tunisie n’est pas une grande productrice de pétrole, mais, à l’échelle du pays, c’est une manne précieuse : le déficit de la balance commerciale énergétique pèse lourd (6,8% du PIB en 2022). Et environ la moitié du pétrole produit vient de Tataouine. Au printemps 2017, les jeunes ont organisé à el-Kamour un sit-in et ont fermé les vannes des oléoducs pour exiger que les revenus de l’or noir bénéficient directement au reste de la région. Plusieurs accords ont été signés, dont le dernier en novembre 2020. Il prévoyait notamment la création de deux fonds de développement et d’investissement régionaux pour l’équivalent de 48 millions d’euros, le recrutement de 125 locaux dans les compagnies pétrolières ou encore une enveloppe de 2,2 millions de dinars pour financer les projets entrepreneuriaux des jeunes. Les résultats se font encore attendre.

    Mardi 13 juin, le personnel de l’hôpital s’est mis en grève pour dénoncer le manque de moyens : « Il n’y a pas de réanimateur, les cardiologues viennent de Sfax [à 290 km au nord, ndlr] seulement quelques jours par semaine et il n’y a pas assez de gynécologues à la maternité », énumère un médecin. « Les jeunes ont acté l’échec du projet socio-économique du gouvernement qui n’a pas réussi à les inclure, analyse Mohamed Nejib Boutaleb, qui a intitulé son étude “D’el-Kamour à l’Europe, via les Balkans”. Ils ont vieilli aussi. Ils pensent à leur vie personnelle. »

    « Si je veux partir, c’est parce que je veux me marier. Et il faut de l’argent [il est de tradition pour l’homme de payer une dot]. Je me fais 600 dinars [180 euros] par mois comme livreur, ce n’est pas assez », explique Malik, pour qui la migration est une étape de la vie. Le jeune homme a déjà atteint deux fois l’Europe par les Balkans, en 2021 et 2022, avant d’être expulsé. A chacun de ses retours à l’aéroport de Tunis, les policiers l’ont laissé repartir chez lui sans formalité.

    Une mansuétude surprenante dans un pays qui aime ficher ses jeunes, mais que Mosbah Chnib, membre du bureau politique du parti d’opposition al-Joumhouri (centre) et Tataouinois, explique : « Il est manifeste que les autorités favorisent le départ des jeunes de la région pour éviter une nouvelle contestation d’envergure. Malgré les promesses, Kaïs Saïed n’est jamais venu pour écouter les doléances de notre jeunesse. » Malik partira une troisième fois. La route des Balkans s’est fermée avec l’instauration de visas, mais d’autres voies s’ouvrent, comme celle du Royaume-Uni.

    Chedly (1) est l’un des premiers à l’avoir empruntée, avec une facilité déconcertante et moyennant 7 000 euros. Un contact lui a promis un visa de six mois pour l’Angleterre, puis de s’occuper de sa traversée de la Manche par camion. « Après une semaine, on me dit de venir à Tunis, à côté de TLS [une société internationale qui gère les demandes de visas pour de nombreux pays]. Un homme masqué me remet des documents. Je les dépose directement et, un mois après, j’ai mon visa. Un vrai, j’insiste. » Après dix jours à attendre outre-Manche que le camion se remplisse de dix migrants, il arrive en France, « sans un contrôle ».
    Mutation de la population

    La société tunisienne dépérit d’« anémie sociale », selon Mohamed Nejib Boutaleb. L’émigration a appauvri les familles et l’heure du retour sur investissement – l’envoi d’euros – tarde. Notamment à cause des difficultés des émigrés à se faire une place dans une Europe de plus en plus fermée. Une difficulté économique qui s’ajoute à l’inflation (9,6 % en mai) et à la difficulté accrue de recourir au marché informel. Historiquement, les familles de la région avaient l’habitude d’arrondir les fins de mois en ramenant de Libye climatiseurs, écrans plats, bidons d’essence, etc. Mais, depuis l’édification en 2016 d’obstacles (fossés et murs de sable) à la frontière, seuls les 4x4 des gros trafiquants peuvent circuler.

    Les colons français ont développé la ville pour fixer la population nomade et enfermer civils et militaires récalcitrants dans le célèbre bagne, à l’origine de l’expression « partir à Tataouine » (partir dans un lieu hostile). Les citadins d’aujourd’hui veulent « partir de Tataouine ». La population a irrémédiablement mué. Les jeunes qui « font » la ville viennent dorénavant des régions limitrophes (Gafsa, Médenine), des villages reculés, voire de pays subsahariens pour pallier le déficit de main-d’œuvre.

    Entouré d’hibiscus en fleurs et dégustant un café avec sa fiancée sous un kiosque, Lotfi (1) savoure cet instant précieux. Originaire du très conservateur village de Remada, 80 km plus au sud, il apprécie les avantages liés à la ville : « Ici, on peut s’installer dans un parc sans que personne ne vérifie ce que tu fais, ni avec qui. » Ce même jardin public est moqué par les locaux qui pointent, eux, les jeux d’enfants cassés, les installations vieillottes et l’ennui. Malgré tout, la ville n’est pas exempte de distractions. La piscine est très utilisée, et pas seulement par l’association militaire. « Récemment une quarantaine de jeunes m’ont demandé de leur apprendre à nager », raconte Farouk Haddad, un des maîtres-nageurs. Ils s’apprêtent à traverser la Méditerranée.

    (1) Le prénom a été changé.

    https://www.liberation.fr/international/afrique/a-tataouine-ville-des-candidats-a-lexil-toute-la-tunisie-souffre-mais-ici

    #migrations #émigration #marginalisation #oppression #facteurs_push #facteurs-push #push-factors #route_des_Balkans #visa #Serbie #autorisation_parentale #pauvreté #chômage #prêt #prix #coût #frustration #pétrole #industrie_pétrolière #anémie_sociale

  • Mort de #Nahel : « Ils sont rattrapés par le réel »

    #Ali_Rabeh, maire de #Trappes, et #Amal_Bentounsi, fondatrice du collectif Urgence, notre police assassine, reviennent dans « À l’air libre » sur la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier à Nanterre, et les révoltes qui ont suivi dans de nombreuses villes de France.

    https://www.youtube.com/watch?v=euw03owAwU8&embeds_widget_referrer=https%3A%2F%2Fwww.mediapart.fr%2

    https://www.mediapart.fr/journal/france/290623/mort-de-nahel-ils-sont-rattrapes-par-le-reel
    #violences_policières #banlieues #quartiers_populaires #naïveté

    • « #Emmanuel_Macron ne comprend rien aux banlieues »

      Ali Rabeh, maire de Trappes (Yvelines), a participé à l’Élysée à la rencontre entre le chef de l’État et quelque 200 maires, le 4 juillet, pour évoquer la révolte des quartiers populaires. Il dénonce sans langue de bois l’incapacité du Président à comprendre ce qui se joue dans les banlieues et son manque de perspectives pour l’avenir.

      Vous avez été reçu mardi 4 juillet à l’Élysée par le président de la République avec des dizaines d’autres maires. Comment ça s’est passé ?

      Ali Rabeh : Le Président a fait une introduction très courte pour mettre en scène sa volonté de nous écouter, de nous câliner à court terme, en nous disant à quel point on était formidable. Puis ça a viré à la #thérapie_de_groupe. On se serait cru aux #alcooliques_anonymes. Tout le monde était là à demander son petit bout de subvention, à se plaindre de la suppression de la taxe d’habitation, de la taille des LBD pour la police municipale ou de l’absence du droit de fouiller les coffres de voiture… Chacun a vidé son sac mais, à part ça et nous proposer l’accélération de la prise en charge par les #assurances, c’est le néant. La question primordiale pour moi n’est pas de savoir si on va pouvoir réinstaller des caméras de surveillances en urgence, ou comment réparer quelques mètres de voiries ou des bâtiments incendiés. Si c’est cela, on prend rendez-vous avec le cabinet du ministre de la Ville ou celui des Collectivités territoriales. Mais ce n’est pas du niveau présidentiel.

      Quand on parle avec le président de la nation, c’est pour cerner les #causes_structurelles du problème et fixer un cap afin d’éviter que ça ne se reproduise. Et là-dessus on n’a eu #aucune_réponse, ni #aucune_méthode. Il nous a dit qu’il avait besoin d’y réfléchir cet été. En fait, Emmanuel Macron voulait réunir une assemblée déstructurée, sans discours commun. Il a préféré ça au front commun de l’association #Ville_&_Banlieue réunissant des maires de gauche et de droite qui structurent ensemble un discours et des #revendications. Mais le Président refuse de travailler avec ces maires unis. Il préfère 200 maires en mode grand débat qui va dans tous les sens, parce que ça lui donne le beau rôle. En réalité, on affaire à des #amateurs qui improvisent. Globalement ce n’était pas à la hauteur.

      Le Président n’a donc rien évoqué, par exemple, de l’#appel_de_Grigny ou des nombreuses #propositions déjà faites par le passé sur les problématiques liées aux #banlieues et qui ne datent quand même pas d’hier ?

      Non. Il a fait du « Macron » : il a repris quelques éléments de ce qu’on racontait et il en fait un discours général. Il avait besoin d‘afficher qu’il avait les maires autour de lui, il nous a réunis en urgence pendant que les cendres sont brûlantes, ce qu’il a refusé de faire avant que ça n’explose. Et ce, malgré nos supplications. Pendant des mois, l’association Ville & Banlieue a harcelé le cabinet de Mme Borne pour que soit convoqué un Conseil interministériel des villes conformément à ce qu’avait promis le Président. Cela ne s’est jamais fait. Macron n’a pas tenu sa parole. On a eu du #mépris, de l’#arrogance et de l’#ignorance. Il n’a pas écouté les nombreuses #alertes des maires de banlieue parce qu’il pensait que nous étions des cassandres, des pleureuses qui réclament de l’argent. C’est sa vision des territoires. Elle rappelle celle qu’il a des chômeurs vus comme des gens qui ne veulent pas travailler alors qu’il suffirait de traverser la route. Emmanuel Macron n’a donc pas vu venir l’explosion. Fondamentalement, il ne comprend rien aux banlieues. Il ne comprend rien à ce qu’il s’est passé ces derniers jours.

      A-t-il au moins évoqué le #plan_Borloo qu’il a balayé d’un revers de main en 2018 ?

      Je m’attendais justement à ce qu’il annonce quelque chose de cet acabit. Il ne l’a pas fait. Il a fait un petit mea-culpa en disant qu’à l’époque du rapport Borloo, sur la forme il n’avait pas été adroit mais il affirme que la plupart des mesures sont mises en œuvre. Il prétend, tout content de lui, qu’il y a plus de milliards aujourd’hui qu’hier et que le plan Borloo est appliqué sans le dire. C’était #grotesque. J’aurais aimé qu’il nous annonce une reprise de la #méthode_Borloo : on fait travailler ensemble les centaines de maires et d’associatifs. On se donne six mois pour construire des propositions actualisées par rapport au rapport Borloo et s’imposer une méthode. Lui a dit : « J’ai besoin de l’été pour réfléchir. » Mais quelle est notre place là-dedans ?

      Dans ses prises de paroles publiques, le Président a fustigé la #responsabilité des #parents qui seraient incapables de tenir leurs enfants. Qu’en pensez-vous ?

      Qu’il faut commencer par faire respecter les mesures éducatives prescrites par les tribunaux. Pour ces mamans qui n’arrivent pas à gérer leurs enfants dont certains déconnent, les magistrats imposent des éducateurs spécialisés chargés de les accompagner dans leur #fonction_parentale. Or, ces mesures ne sont pas appliquées faute de moyens. C’est facile après de les accabler et de vouloir les taper au porte-monnaie mais commençons par mettre les moyens pour soutenir et accompagner les #familles_monoparentales en difficulté.

      Le deuxième élément avancé ce sont les #réseaux_sociaux

      C’est du niveau café du commerce. C’est ce qu’on entend au comptoir : « Faut que les parents s’occupent de leur môme, faut les taper aux allocs. Le problème ce sont les réseaux sociaux ou les jeux vidéo… » Quand on connaît la réalité c’est un peu court comme réponse. On peut choisir d’aller à la simplicité ou on peut se poser la question fondamentale des #ghettos de pauvres et de riches. Pour moi l’enjeu c’est la #mixité_sociale : comment les quartiers « politique de la ville » restent des quartiers « #politique_de_la_ville » trente ans après. Or personne ne veut vraiment l’aborder car c’est la montagne à gravir.

      Vous avez abordé cette question lors de votre intervention à l’Élysée. Comment le Président a-t-il réagi ?

      Il a semblé réceptif quand j’ai évoqué les ghettos de riches et les #maires_délinquants qui, depuis vingt-deux ans, ne respectent pas la #loi_SRU. Il a improvisé une réponse en évoquant le fait que dans le cadre des J.O, l’État prenait la main sur les permis de construire en décrétant des opérations d’intérêt national, un moyen de déroger au droit classique de l’#urbanisme. Il s’est demandé pourquoi ne pas l’envisager pour les #logements_sociaux. S’il le fait, j’applaudis des deux mains. Ça serait courageux. Mais je pense qu’il a complètement improvisé cette réponse.

      En ce moment, on assiste à une #répression_judiciaire extrêmement ferme : de nombreux jeunes sans casier judiciaire sont condamnés à des peines de prison ferme. Est-ce de nature à calmer les choses, à envoyer un message fort ?

      Non. On l’a toujours fait. À chaque émeute, on a utilisé la matraque. Pareil pour les gilets jaunes. Pensez-vous que la #colère est moins forte et que cela nous prémunit pour demain ? Pas du tout. Que les peines soient sévères pour des gens qui ont mis le feu pourquoi pas, mais ça ne retiendra le bras d’aucun émeutier dans les années qui viennent.

      Vous avez été dans les rues de Trappes pour calmer les jeunes. Qu’est-ce qui vous a marqué ?

      La rupture avec les institutions est vertigineuse. Elle va au-delà de ce que j’imaginais. J’ai vu dans les yeux des jeunes une véritable #haine de la police qui m’a glacé le sang. Certains étaient déterminés à en découdre. Un jeune homme de 16 ans m’a dit « Ce soir on va régler les comptes », comme s’il attendait ce moment depuis longtemps. Il m’a raconté des séances d’#humiliation et de #violence qu’il dit avoir subies il y a quelques mois de la part d’un équipage de police à #Trappes. Beaucoup m’ont dit : « Ça aurait pu être nous à la place de Nahel : on connaît des policiers qui auraient pu nous faire ça. » J’ai tenté de leur dire qu’il fallait laisser la justice faire son travail. Leur réponse a été sans appel : « Jamais ça ne marchera ! Il va ressortir libre comme tous ceux qui nous ont mis la misère. » Ils disent la même chose de l’#impunité des politiques comme Nicolas Sarkozy qui, pour eux, n’ira jamais en prison malgré ses nombreuses condamnations. Qui peut leur donner tort ?

      Il se développe aussi un discours politique extrêmement virulent sur le lien de ces #violences_urbaines avec les origines supposément immigrées des jeunes émeutiers. Qu’en pensez-vous ?

      Quand Robert Ménard a frontalement dit, dans cette réunion des maires, que le problème provenait de l’#immigration, le président de la République n’a pas tiqué. Une partie de la salle, principalement des maires LR, a même applaudi des deux mains. Il y a un #glissement_identitaire très inquiétant. Culturellement, l’extrême droite a contaminé la droite qui se lâche désormais sur ces sujets. Ces situations demandent de raisonner pour aller chercher les causes réelles et profondes du malaise comme l’absence d’#équité, la concentration d’#inégalités, d’#injustices, de #frustrations et d’#échecs. C’est beaucoup plus simple de s’intéresser à la pigmentation de la peau ou d’expliquer que ce sont des musulmans ou des Africains violents par nature ou mal élevés.

      Comment ces discours sont-ils perçus par les habitants de Trappes ?

      Comme la confirmation de ce qu’ils pensent déjà : la société française les déteste. Dans les médias, matin, midi et soir, ils subissent continuellement des #discours_haineux et stigmatisant de gens comme Éric Zemmour, Marine le Pen, Éric Ciotti, etc. qui insultent leurs parents et eux-mêmes au regard de leur couleur de peau, leur religion ou leur statut de jeune de banlieue. Ils ont le sentiment d’être les #rebuts_de_la_nation. Quotidiennement, ils ont aussi affaire à une #police qui malheureusement contient en son sein des éléments racistes qui l’expriment sur la voie publique dans l’exercice de leur métier. Ça infuse. Les jeunes ne sont pas surpris de l’interprétation qui est faite des émeutes. En réalité ils l’écoutent très peu, parce qu’ils ont l’habitude d’être insultés.

      D’après vous, que faut-il faire dans l’#urgence ?

      Il faut arrêter de réfléchir dans l’urgence. Il faut s’engager sur une politique qui change les choses sur dix à quinze ans. C’est possible. On peut desserrer l’étau qui pèse sur les quartiers en construisant des logements sociaux dans les villes qui en ont moins. Moi, je ne demande pas plus de subventions. Je veux que dans quinze à vingt ans, on me retire les subventions « politique de la ville » parce que je n’en aurai plus besoin. C’est l’ambition qu’on doit porter.

      Et sur le court terme ?

      Il faut envoyer des signaux. Revenir sur la loi 2017 car cela protégera les policiers qui arrêteront de faire usage de leurs armes à tort et à travers, s’exposant ainsi à des plaintes pour homicide volontaire, et cela protégera les jeunes qui n’auront plus peur de se faire tirer comme des lapins. Il faut aussi engager un grand #dialogue entre la police et les jeunes. On l’a amorcé à Trappes avec le commissaire et ça produit des résultats. Le commissaire a fait l’effort de venir écouter des jeunes hermétiquement hostiles à la police, tout en rappelant le cadre et la règle, la logique des forces de l’ordre. C’était très riche. Quelques semaines plus tard le commissaire m’a dit que ses équipes avaient réussi une intervention dans le quartier parce que ces jeunes ont calmé le jeu en disant « on le connaît, il nous respecte ». Il faut lancer un #cercle_vertueux de #dialogue_police-population, et #jeunesse en particulier, dans les mois qui viennent. La police doit reprendre l’habitude de parler avec sa population et être acceptée par elle. Mettons la police autour de la table avec les jeunes, les parents du quartier, des éducateurs, les élus locaux pour parler paisiblement du ressenti des uns et des autres. Il peut y avoir des signaux constructifs de cet ordre-là. Or là on est dans la culpabilisation des parents. Ça ne va pas dans le bon sens.

      https://www.politis.fr/articles/2023/07/emmanuel-macron-ne-comprend-rien-aux-banlieues
      #Macron #ignorance

    • Entre Emmanuel Macron et les banlieues, le #rendez-vous_manqué

      En 2017, le volontarisme du chef de l’Etat avait fait naître des #espoirs dans les #quartiers_populaires. Malgré la relance de la #rénovation_urbaine, le rejet du plan Borloo comme son discours sur le #séparatisme l’ont peu à peu coupé des habitants.

      Il n’y a « pas de solution miracle ». Surtout pas « avec plus d’argent », a prévenu le chef de l’Etat devant quelque 250 maires réunis à l’Elysée, mardi 4 juillet, sur l’air du « trop, c’est trop » : « La santé est gratuite, l’école est gratuite, et on a parfois le sentiment que ce n’est jamais assez. » Dans la crise des violences urbaines qui a meurtri 500 villes, après la mort du jeune Nahel M. tué par un policier, le président de la République a durci le ton, allant jusqu’à rappeler à l’ordre des parents. Une méthode résumée hâtivement la veille par le préfet de l’Hérault, Hugues Moutouh, sur France Bleu : « C’est deux claques, et au lit ! »

      L’urgence politique, dit-on dans le camp présidentiel, est de rassurer une opinion publique encore sous le choc des destructions et des pillages. « Une écrasante majorité de Français se raidit, avec une demande d’autorité forte, confirme Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos. Déjà sous Sarkozy, l’idée dominait qu’on en faisait trop pour les banlieues. Les dégradations réactivent cette opinion. Emmanuel Macron est sur une crête difficile à tenir. »

      Ce raidissement intervient sur fond de #fracture territoriale et politique. « L’opposition entre la France des quartiers et celle des campagnes nous revient en pleine figure. Si on met encore de l’argent, on accentuera la fracture », pense Saïd Ahamada, ex-député de la majorité à Marseille. « Les gens en ont ras le bol, ils ne peuvent plus entendre que ces quartiers sont abandonnés », abonde Arnaud Robinet, maire de Reims, qui abrite sept #quartiers_prioritaires_de_la_politique_de_la_ville (#QPV), et membre du parti d’Edouard Philippe.

      (#paywall)

      https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/07/06/entre-emmanuel-macron-et-les-banlieues-le-rendez-vous-manque_6180759_823448.

  • La démocratie recule partout, y compris au Canada Ximena Sampson - Radio Canada
    https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1863280/democratie-classement-economist-monde-canada

    Les événements des derniers jours à Ottawa ont ébranlé bien des Canadiens. Si l’occupation du parlement par les camionneurs, les slogans haineux et les menaces inquiètent les observateurs, le recours à la Loi sur les mesures d’urgence ne les rassure guère sur l’état de la démocratie canadienne.

    Tout cet épisode illustre bien la détérioration subie par la démocratie ces dernières années. Une tendance amplifiée par la pandémie, selon l’indice de la démocratie en 2021, publié le 10 février par The Economist Intelligence Unit (EIUEIU).


    Le Canada n’échappe pas à cet effritement. Le pays a perdu sept rangs, glissant de la 5e à la 12e place, avec une note de 8,87 sur 10, contre 9,24 sur 10 en 2020.

    1 Norvège - 9,75
    2 Nouvelle-Zélande - 9,37
    3 Finlande - 9,27
    4 Suède - 9,26
    5 Islande - 9,18
    6 Danemark - 9,09
    7 Irlande - 9,00
    8 Taïwan - 8,99
    9 Australie - 8,90
    9 Suisse - 8,90
    11 Pays-Bas - 8,88
    12 #Canada - 8,87
    13 Uruguay - 8,85

    L’indice de la démocratie (Nouvelle fenêtre) est basé sur 60 indicateurs, regroupés en cinq catégories : processus électoral et pluralisme, libertés civiles, fonctionnement du gouvernement, participation politique et culture politique. La note, sur une échelle de zéro à dix, correspond à la moyenne de ces cinq scores. Les pays sont ensuite classés en quatre types de régimes, en fonction de leur score moyen : les démocraties pleines, les démocraties défaillantes, les régimes hybrides et les régimes autoritaires.

    Si notre pays demeure une démocratie pleine et entière (selon la définition de l’EIU), le repli est tout de même inquiétant, estime Andrew Potter, professeur agrégé à l’École de politiques publiques Max Bell de l’Université McGill. Comment explique-t-il cette détérioration ?

    “Ce qui s’est produit au cours des deux dernières années, c’est que le premier ministre a essentiellement fermé le Parlement pendant une longue période et a tenu à limiter l’opposition autant qu’il le pouvait”, croit le chercheur. La Chambre a siégé pendant un nombre de jours historiquement bas, rappelle-t-il.

    Lorsque ceux qui sont en désaccord avec les #décisions du #gouvernement ne peuvent plus s’exprimer dans le cadre prévu, ils vont chercher d’autres moyens de se faire entendre, dans la rue si nécessaire. En prenant la décision d’éliminer l’expression de l’ #opposition à l’intérieur des #institutions, M. Trudeau est donc “directement responsable de ce qui arrive”, estime M. Potter. “Son attitude envers le #Parlement a été méprisante et dédaigneuse, soutient le chercheur. Ce qui se passe actuellement dans les rues d’Ottawa en est, dans une large mesure, une conséquence directe. Quand les gens sentent qu’on ignore leur opinion ou qu’on la méprise, cela risque d’engendrer de la colère.”

    « Si vous vouliez délibérément faire du Canada un pays moins démocratique, il serait difficile de faire autre chose que ce que le premier ministre a fait au cours des deux dernières années. »
    -- Une citation de Andrew Potter, professeur agrégé à l’École de politiques publiques Max Bell de l’Université McGill

    Différents sondages menés au cours des derniers mois révèlent de la #frustration par rapport aux restrictions pandémiques, un déclin de la confiance dans les partis politiques et une augmentation de l’appui à des solutions de rechange non démocratiques.

    Américanisation de la politique canadienne
    Une autre tendance indiquée dans le rapport est une américanisation croissante de la politique canadienne.

    “La détérioration du score du Canada soulève des questions quant à savoir s’il pourrait commencer à souffrir de certaines des mêmes afflictions que son voisin américain, comme des niveaux extrêmement faibles de #confiance du public dans les #partis_politiques et les #institutions_gouvernementales”, écrivent les auteurs du rapport.


    Des gens manifestent devant la colline du Parlement, à Ottawa, le 30 janvier 2022. Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

    La polarisation, considérée comme la plus grande menace pour la démocratie américaine, guette-t-elle le Canada aussi ?

    Certainement, répond Jennifer Wolowic, responsable de l’initiative Renforcer la démocratie canadienne à l’Université Simon Fraser, à Vancouver, qui est d’avis que cette tendance est déjà bien présente ici.

    “Pour certaines personnes, la politique sature toute leur expérience quotidienne. Mon vote n’est plus seulement un aspect de mon identité parmi d’autres ; maintenant [le parti pour lequel je vote ] est mon équipe.”

    La polarisation, souligne-t-elle, ne se résume pas au fait d’avoir des idées différentes, c’est plutôt l’animosité qu’on ressent envers ceux qui ne pensent pas comme nous.
    . . . . .
    Quand on ne parle qu’à ceux qui partagent nos idées, on ne parvient pas à développer sa pensée critique, croit-elle. “En ce moment, nous sommes cloisonnés et nous ne parlons qu’aux personnes qui sont d’accord avec nous, alors nous perdons notre capacité à décortiquer les bases de nos croyances et à faire des compromis.”

    D’après François Gélineau, titulaire de la Chaire de recherche sur la démocratie et les institutions parlementaires de l’Université Laval, le plus inquiétant, c’est la radicalisation. “Il y a une inhibition qui tombe”, affirme-t-il, citant les menaces de violence armée dans le cadre de la manifestation de Québec.
    . . . .
    Encore plus alarmant, selon lui, est de voir des acteurs politiques exploiter le sentiment d’exclusion que vivent certains citoyens à des fins partisanes. “Il y a des gens qui ne se sentent pas du tout représentés par les institutions. Mais est-ce que ça veut dire qu’il faut balayer les institutions du revers de la main ?”, se demande-t-il.


    La colère est palpable chez certains manifestants. - Photo : Getty Images / Scott Olson

    Le mythe de “l’exceptionnalisme canadien” est dépassé, croit pour sa part Andrew Potter. “On avait cette idée que ces choses-là n’arrivaient pas ici. Eh bien, on est en train de se rendre compte qu’on n’est pas si particuliers que ça.”
    . . . . . .
    Un phénomène mondial
    L’érosion de la démocratie n’est pas nouvelle, ici comme dans d’autres sociétés occidentales, rappelle François Gélineau. “On constate depuis plusieurs années un déclin de la confiance envers les #institutions et les #élites, ainsi qu’un effritement de la satisfaction à l’égard de la démocratie”, remarque-t-il.

    Les mesures prises pour lutter contre la pandémie ont accéléré ce processus, souligne le rapport de l’EIU. On a notamment observé l’année dernière “un retrait sans précédent des libertés civiles”, par exemple les restrictions sur les déplacements et l’introduction de preuves vaccinales pour avoir accès à certains services. La pandémie a également “conduit à la normalisation des pouvoirs d’urgence [...] et a habitué les citoyens à une énorme extension du pouvoir de l’État sur de vastes domaines de la vie publique et personnelle”.

    Le fort recul amorcé en 2020, pendant la première année de la pandémie, s’est poursuivi en 2021.


    Le président du Brésil, Jair Bolsonaro, est reconnu pour ses attaques contre les institutions démocratiques. - Photo : Reuters / PILAR OLIVARES

    “ La pandémie a eu un impact négatif sur la qualité de la démocratie dans toutes les régions du monde”, écrit encore l’EIU. C’est particulièrement vrai en #Amérique_latine, où plusieurs pays ont connu des régressions, notamment au registre de la culture politique. Cela reflète l’insatisfaction du public à l’égard de la gestion de la pandémie, ajoutée à un scepticisme croissant sur la capacité des gouvernements démocratiques à faire face aux problèmes qu’affronte la région, et une tolérance accrue à l’autoritarisme. Des personnages comme Jair Bolsonaro, au #Brésil, Andrés Manuel Lopez Obrador, au #Mexique, et Nayib Bukele, au #Salvador, en sont l’illustration, souligne l’EIU.
    . . . . .
    Moins de la moitié des habitants de la planète vivent dans un des 74 pays considérés comme plus ou moins démocratiques et moins de 10 % dans une vraie démocratie.

    La moyenne mondiale est de 5,37 sur 10, soit la note la plus basse depuis la création de l’indice en 2006.

    Les pays scandinaves se maintiennent au sommet du classement, tandis que l’#Espagne et le #Chili rejoignent la #France et les #États-Unis dans la catégorie des #démocraties_défaillantes. Le Canada risque-t-il de s’y retrouver lui aussi ?

    Andrew Potter craint la persistance de certains comportements problématiques apparus pendant la pandémie. “L’un des problèmes du système canadien est qu’il y a très peu de choses écrites”, croit-il. Une fois qu’on a atteint un certain plancher institutionnel, ni le parti au pouvoir ni l’opposition n’ont un grand intérêt à revenir à la normale. Alors, les normes ont tendance à s’éroder, mais pas à se reconstruire, déplore-t-il.

    “Une fois que vous avez établi des normes selon lesquelles le Parlement n’a pas besoin de siéger pendant la majeure partie de l’année, qu’après une élection, vous n’avez pas à être à la Chambre pendant deux ou trois mois et qu’il n’est pas nécessaire que les ministres soient aux Communes pour se réunir, quels arguments avez-vous pour revenir comme avant ?”

    La vigilance sera donc de mise afin que cette situation exceptionnelle ne devienne pas la nouvelle normalité.

    #justin_trudeau #trudeau #pass_sanitaire

  • La #méritocratie à la française

    Frustration sur Twitter

    Les bourgeois français sont quand même gonflés. Ils se réservent toutes les formations de prestige, les font financer par tout le monde, y apprennent l’art du bullshit, du #mépris_de_classe et du sentiment de supériorité et disent après coup « j’ai mérité ». Petit tour d’horizon :

    On commence par la fabrique des gros connards (#Polytechnique). #Didier_Lombard, l’ex PDG de #France_Telecom qui a orchestré la maltraitance institutionnelle de milliers de salariés, vient de cette usine à dirigeants arrogants et sans scrupule.

    On continue avec la pouponnière à crétins dominants (#Ecole_Nationale_d'Administration #ENA). Ici ont grandi pas mal des pires fléaux que le pays ait connu. #Macron, #Juppé, #Attali... Non seulement l’école leur a fourni le titre à nous dominer mais en plus c’est nous qui payons leur vie étudiante pépouse.

    Inutile de présenter #Science_Po Paris, également nommé Science Pipeau par ceux-là même qui y sont passés et ont connu la faiblesse des cours qu’on y donne, puisque tout ce qui compte c’est d’en être, d’y briller, d’en sortir et de vous diriger.

    Et si on parlait des #écoles_de_journalisme ? Niveau entre-soi social c’est pas mal non plus hein. On y apprend à parler de façon trop bizarre ("Et là, c’est le drame") à interroger des usagers exaspérés par les grèves et à supporter la tyrannie des rédac chefs. Well done.

    On passerait à côté de toute la toxicité du travail en France et dans le monde si on ne parlait pas des cortèges de jeunes diplômés d’#école_de_commerce et d’#ingénieurs qui deviennent chefs à 25 ans ou consultant en power bullshit point.

    Bref, si l’on regarde de près de qui il s’agit et ce qu’on y apprend on comprend vite que les #études_supérieures de la bourgeoisie n’apporte dans le fond pas d’autres compétences que de reproduire dans le temps la légitimité de cette #classe à dominer les autres.

    Une société sans classe passe par la fin de toutes ces formations qui n’ont d’autres valeurs ajoutée que la distinction sociale et l’entre soi. Vous leur enlevez ça, elles ne servent plus à rien.

    Détruisons la croyance en la compétence de la bourgeoisie. Maintenant.

    Source : https://twitter.com/Frustration_web/status/1487020958015709188

    Illustration tirée de La Guerre des mots de #Selim_Derkaoui et #Nicolas_Framont illustré par #Antoine-Glorieux

    #Frustration_magazine

  • @TomBillon
    https://twitter.com/TomBillon/status/1461001545617661957

    Et donc @SelimDe, co rédacteur en chef de @Frustration_web, est aussi producteur de l’émission de Taddeï sur RT France, qui a offert une nouvelle tribune à E. Zemmour le 8 novembre dernier

    Imagine tu fais un thread pour dire que les indignations sur Twitter font le jeu de l’extrême droite, pendant que ton collègue tend un putain de micro à Eric Zemmour. C’est pas un peu fou @NicolasFramont

    Imagine ton salaire t’es versé par le gouvernement de Vladimir Poutine (peut-être via une boîte de prod, on s’en fout) mais pour te donner des frissons tu écris des textes sur un webzine qui parle de « guerre des classes »

    #Frustration_web #Frustration_Magazine

  • #Salaire des #fonctionnaires : « On entre dans une logique de #contractualisation et de #liberté »

    Selon le spécialiste de la réforme de l’Etat #Luc_Rouban, la #conférence_sur_les_perspectives_salariales des fonctionnaires qui s’ouvre mardi pourrait acter la mise en place d’une nouvelle architecture de la fonction publique.

    Alors que la ministre de la transformation et de la fonction publiques, Amélie de Montchalin, ouvre, mardi 21 septembre, une conférence sur les #perspectives_salariales des fonctionnaires, le spécialiste de la réforme de l’Etat Luc Rouban, directeur de recherches au CNRS, chercheur au Centre d’études de la vie politique française de Sciences Po (Cevipof), montre que cela sous-tend une transformation profonde de la #fonction-publique.

    A six mois de la présidentielle, ouvrir une conférence de six mois sur la rémunération des fonctionnaires, est-ce un gadget politique ou le début d’un vrai travail de fond ?

    C’est le début d’un vrai travail de fond. S’il s’agissait d’un gadget politique, le calendrier serait particulièrement mal choisi. Des promesses faites aujourd’hui n’engagent à rien… Ce serait même plutôt un mauvais calcul politique.

    Là, il s’agit de régler un problème de fond. La disparition d’un certain nombre de #corps (celui des préfets, des inspections, etc.) amorce une réforme plus large de la fonction publique française. Celle-ci sort d’un #modèle_corporatif et se dirige vers un #modèle_d’emploi, comme dans la plupart des pays européens.

    C’est-à-dire ?

    L’existence de corps fait que le parcours des fonctionnaires est prévu à l’avance. Là, on fait sauter le #verrou_corporatif, et une nouvelle architecture de la fonction publique se met en place, avec une relation plus individualisée entre l’agent et l’employeur. Cela permet une plus grande #mobilité pour les fonctionnaires. Mais cela remet aussi en cause tout le système de #rémunération et de #progression. Il faut donc d’autres règles générales pour encadrer cette nouvelle situation, situation dans laquelle le jeu stratégique entre les #syndicats et le #gouvernement est brouillé.

    Car on sort également de l’habitude du grand rendez-vous salarial annuel tournant autour de la question de l’augmentation générale du #point_d’indice, avec une application corps par corps. On entre dans une logique de #contractualisation et de #liberté. Le poids de l’#avancement pèse sur le fonctionnaire à titre individuel beaucoup plus qu’avant : ce sera à lui de se préparer, de chercher des formations, de rédiger un bon CV, de solliciter un autre ministère ou un autre établissement public, d’accepter d’être mis en #concurrence avec d’autres agents ou des candidats venant du privé.

    On se rapproche de la logique du privé. C’est plus compliqué pour le fonctionnaire, mais les corps conduisent aussi à ce qu’après quelques années, on se retrouve bloqué dans son avancement. Vous arrivez à 45, 50 ans et vous n’avez plus beaucoup d’avenir. Il est souvent impossible d’accéder à l’#indice_salarial le plus élevé, et cela nourrit de la #frustration et du #mécontentement.

    Le système est donc bien à bout de souffle, comme le dit #Amélie_de_Montchalin ?

    Jusqu’à Nicolas Sarkozy, on faisait des augmentations générales, et on s’arrangeait avec les #primes. C’est une fausse #individualisation. Le système est bloqué et s’auto-reproduit : la #hiérarchie, des grands corps au sommet jusqu’aux fonctionnaires de catégorie C, est figée. Pourtant, la crise sanitaire a mis en lumière le caractère essentiel des #emplois_d’exécution. On commence donc à s’interroger sur la #hiérarchie_sociale et l’#utilité relative des uns et des autres dans la fonction publique.

    Dans la perspective de la présidentielle, tout cela représente-t-il un atout pour Emmanuel Macron afin de séduire les 5,6 millions de fonctionnaires, quand la socialiste Anne Hidalgo propose de doubler le salaire des enseignants ?

    Il peut se démarquer face à la proposition d’Anne Hidalgo, qui reste quantitative et très spécifique, en proposant une refonte qualitative concernant l’ensemble des fonctionnaires qui associe la question des #rémunérations à celle du déroulement des #carrières, des #qualifications et des #conditions_de_travail. Cela lui permet de faire du « en même temps » puisqu’il peut aussi se présenter comme quelqu’un de responsable qui cherche à préserver les équilibres budgétaires ou, du moins, à limiter les déséquilibres.

    En mécontentant donc l’électorat de droite, essentiel pour le candidat Macron, qui souhaite diminuer la dépense publique ?

    L’électorat de droite n’est pas totalement néolibéral… Même à droite, on défend le service public et l’Etat-providence. Le patronat a applaudi les mesures exceptionnelles qui ont protégé les entreprises et les salariés. Les Français ont conscience que le #service_public assure un minimum de #cohésion_sociale, ne serait-ce que par les forces de sécurité. Il existe une demande très forte de protection et d’intervention publique. La droite parlementaire fait une erreur stratégique en reprenant la logique néolibérale de 2017. Elle dit qu’il faut diminuer les dépenses, et donc, le nombre de fonctionnaires, mais sans proposer de réflexion sur l’architecture interne de la fonction publique et sur ses métiers. C’est donc un moyen pour Emmanuel Macron de se démarquer, ici aussi.

    https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/09/20/salaire-des-fonctionnaires-on-entre-dans-une-logique-de-contractualisation-e
    #fonctionnariat #néo-libéralisme

  • Gamasutra - Superhot VR devs remove self-harm elements from the game : ’You deserve better’
    https://www.gamasutra.com/view/news/385771/Superhot_VR_devs_remove_selfharm_elements_from_the_game_You_deserve_bette

    The Superhot Team has made the decision to remove scenes relating to self-harm from its 2017 release Superhot VR, noting in a recent game update on Steam that they “regret it took us so long” to make the change.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #jeu_vidéo_superhot_vr #jeu_vidéo_réalité_virtuelle #vr #réalité_virtuelle #game_design #sécurité #retrait #choix #prise_de_position #parti_pris #correctif #suicide #automutilation #frustration #mécontentement

  • Impossible Steam Achievement Has A Great Story
    https://kotaku.com/impossible-steam-achievement-has-a-great-story-1847363203

    Where the Water Tastes Like Wine (which will hereafter be referred to as WtWTLW because...no) is part visual novel, part puzzle game. You play a vagabond criss-crossing America collecting stories, which you then share with other travellers in hopes of eventually reaching a legendary, nirvana-like place...where the water tastes like wine. (Full disclosure: Former Kotaku staffer Gita Jackson contributed writing to the game.)

    On Steam, the game has 38 achievements. Only 37 are attainable. The last achievement, “Where the Water Tastes Like Wine,” cannot be earned, and it’s causing Steam players a great deal of heartache.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #game_design #succès #insatisfaction #frustration #politique #message_politique #jeu_vidéo_where_the_water_tastes_like_wine #johnnemann_nordhagen #jeu_vidéo_pc #pc #steam #prise_de_décision #choix #parti_pris

  • SHIELD TV users are mad as hell, and they’re taking it out on the Play Store
    https://www.androidpolice.com/2021/06/27/shield-tv-users-are-mad-as-hell-and-theyre-taking-it-out-on-the-play-

    A significant portion of the [negative] reviews are being left by owners of the Nvidia SHIELD, whose righteous anger comes from the fact that they paid three figures for a machine now serving up ads on their home page after the recent interface update. There are a few other categories of users, for the new Chromecast with Google TV and pricey Sony televisions (which use Android TV as their base interface). All of them are pretty pissed.

    #android_tv #publicité #google #nvidia_shield #frustration

  • La santé mentale est un enjeu crucial des migrations contemporaines

    Si la migration est source d’espoirs liés à la découverte de nouveaux horizons, de nouveaux contextes sociaux et de nouvelles perspectives économiques, elle est également à des degrés divers un moment de rupture sociale et identitaire qui n’est pas sans conséquence sur la santé mentale.

    #Abdelmalek_Sayad, l’un des sociologues des migrations les plus influents de ces dernières décennies, a défini la condition du migrant comme étant suspendu entre deux mondes parallèles. #Sayad nous dit que le migrant est doublement absent, à son lieu d’origine et son lieu d’arrivée.

    Il est, en tant qu’émigrant, projeté dans une condition faite de perspectives et, très souvent, d’illusions qui l’éloignent de son lieu d’origine. Mais le migrant est tout aussi absent dans sa #condition ^_d’immigré, dans les processus d’#adaptation à un contexte nouveau et souvent hostile, source de nombreuses #souffrances.

    Quelles sont les conséquences de cette #double_absence et plus largement de cette transition de vie dans la santé mentale des migrants ?

    Migrer implique une perte de #capital_social

    Migrer, c’est quitter un #univers_social pour un autre. Les #contacts, les #échanges et les #relations_interpersonnelles qui soutiennent chacun de nous sont perturbés, fragmentés ou même rompus durant cette transition.

    Si pour certains la migration implique un renforcement du capital social (ou économique), dans la plupart des cas elle mène à une perte de capital social. Dans un entretien mené en 2015, un demandeur d’asile afghan souligne cette #rupture_sociale et la difficulté de maintenir des liens avec son pays d’origine :

    « C’est très difficile de quitter son pays parce que ce n’est pas seulement ta terre que tu quittes, mais toute ta vie, ta famille. J’ai des contacts avec ma famille de temps en temps, mais c’est difficile parce que les talibans détruisent souvent les lignes de téléphone, et donc, c’est difficile de les joindre. »

    Pour contrer ou éviter cette perte de capital social, de nombreux #réseaux_transnationaux et organisations d’immigrants dans les pays d’accueil sont créés et jouent dans la vie des migrants un rôle primordial.

    À titre d’exemple, la migration italienne d’après-guerre s’est caractérisée par une forte structuration en #communautés. Ils ont créé d’importants organisations et réseaux, notamment des organisations politiques et syndicales, des centres catholiques et culturels, dont certains sont encore actifs dans les pays de la #diaspora italienne.

    L’#environnement_social et la manière dont les sociétés d’arrivée vont accueillir et inclure les migrants, vont être donc des éléments clés dans la #résilience de ces populations face aux défis posés par leur trajectoire de vie et par leur #parcours_migratoire. Les migrants peuvent en effet rencontrer des situations qui mettent en danger leur #santé physique et mentale dans leur lieu d’origine, pendant leur transit et à leur destination finale.

    Cela est particulièrement vrai pour les migrants forcés qui sont souvent confrontés à des expériences de #détention, de #violence et d’#exploitation susceptibles de provoquer des #troubles_post-traumatiques, dépressifs et anxieux. C’est le cas des centaines de milliers de réfugiés qui fuient les #conflits_armés depuis 2015, principalement dans les régions de la Syrie et de l’Afrique subsaharienne.

    Ces migrants subissent des #violences tout au long de leur parcours, y compris la violence des lois de l’asile dans nos sociétés.

    L’environnement social est une des clés de la santé mentale

    Dans son document d’orientation « Mental health promotion and mental health care in refugees and migrants », l’Organisation mondiale de la santé (OMS) indique l’#intégration_sociale comme l’un des domaines d’intervention les plus importants pour combattre les problèmes de santé mentale dans les populations migrantes.

    Pour l’OMS, la lutte contre l’#isolement et la promotion de l’#intégration sont des facteurs clés, tout comme les interventions visant à faciliter le relations entre les migrants et les services de soins, et à améliorer les pratiques et les traitements cliniques.

    Cependant, l’appartenance à des réseaux dans un environnement social donné est une condition essentielle pour le bien-être mental de l’individu, mais elle n’est pas suffisante.

    Le philosophe allemand #Axel_Honneth souligne notamment que la #confiance_en_soi, l’#estime_de_soi et la capacité à s’ouvrir à la société trouvent leurs origines dans le concept de #reconnaissance. Chaque individu est mu par le besoin que son environnement social et la société, dans laquelle il ou elle vit, valorisent ses #identités et lui accordent une place comme #sujet_de_droit.

    Les identités des migrants doivent être reconnues par la société

    À cet égard, se construire de nouvelles identités sociales et maintenir une #continuité_identitaire entre l’avant et l’après-migration permet aux migrants de diminuer les risques de #détresse_psychologique.

    https://www.youtube.com/watch?v=oNC4C4OqomI&feature=emb_logo

    Être discriminé, exclu ou ostracisé du fait de ses appartenances et son identité affecte profondément la santé mentale. En réaction à ce sentiment d’#exclusion ou de #discrimination, maintenir une estime de soi positive et un #équilibre_psychosocial passe souvent parla prise de distance par rapport à la société discriminante et le #repli vers d’autres groupes plus soutenants.

    La #reconnaissance_juridique, un élément central

    Or ce principe de reconnaissance s’articule tant au niveau de la sphère sociale qu’au niveau juridique. Dans les sociétés d’accueil, les migrants doivent être reconnus comme porteurs de droits civils, sociaux et politiques.

    Au-delà des enjeux pragmatiques liés à l’accès à des services, à une protection ou au #marché_de_l’emploi, l’obtention de droits et d’un #statut_juridique permet de retrouver une forme de contrôle sur la poursuite de sa vie.

    Certaines catégories de migrants vivant soit en procédure pour faire reconnaître leurs droits, comme les demandeurs d’asile, soit en situation irrégulière, comme les « #sans-papiers », doivent souvent faire face à des situations psychologiquement compliquées.

    À cet égard, les sans-papiers sont presque totalement exclus, privés de leurs #droits_fondamentaux et criminalisés par la justice. Les demandeurs d’asile sont quant à eux souvent pris dans la #bureaucratie du système d’accueil durant des périodes déraisonnablement longues, vivant dans des conditions psychologiques difficiles et parfois dans un profond #isolement_social. Cela est bien exprimé par un jeune migrant kenyan que nous avions interviewé en 2018 dans une structure d’accueil belge :

    « Je suis arrivé quand ils ont ouvert le [centre d’accueil], et je suis toujours là ! Cela fait presque trois ans maintenant ! Ma première demande a été rejetée et maintenant, si c’est un “non”, je vais devoir quitter le territoire. […] Tous ces jours, les mois d’attente, pour quoi faire ? Pour rien avoir ? Pour devenir un sans-papiers ? Je vais devenir fou, je préfère me tuer. »

    Être dans l’#attente d’une décision sur son statut ou être dénié de droits plonge l’individu dans l’#insécurité et dans une situation où toute #projection est rendue compliquée, voire impossible.

    Nous avons souligné ailleurs que la lourdeur des procédures et le sentiment de #déshumanisation dans l’examen des demandes d’asile causent d’importantes #frustrations chez les migrants, et peuvent avoir un impact sur leur #bien-être et leur santé mentale.

    La migration est un moment de nombreuses #ruptures sociales et identitaires face auxquelles les individus vont (ré)agir et mobiliser les ressources disponibles dans leur environnement. Donner, alimenter et construire ces ressources autour et avec les migrants les plus vulnérables constitue dès lors un enjeu de #santé_publique.

    https://theconversation.com/la-sante-mentale-est-un-enjeu-crucial-des-migrations-contemporaines

    #santé_mentale #asile #migrations #réfugiés

    ping @_kg_ @isskein @karine4

  • Ivan Illich et la déscolarisation de la société 1/2
    https://topophile.net/savoir/ivan-illich-et-la-descolarisation-de-la-societe-1-2

    La pensée d’Ivan Illich (1926-2002), figure inclassable et incontournable de la critique de la société industrielle, se révèle toujours aussi stimulante et pertinente. Elle a nourri et continue de nourrir nombre de mouvements écologistes ainsi que cette humble revue. Illich démontre que les institutions passées un certain seuil deviennent contre-productives, c’est-à-dire se retournent contre leur... Voir l’article

  • En Allemagne, les personnes relativisant le problème du corona s’activent. Leurs groupes se nomment « Résistance démocratique », « Pas sans nous », « Non-conformiste 711 », « Résistance 2020 » (un pseudo-parti), etc., un joyeux pot-pourri rassemblé par une frustration dont l’extrême-droite fait ses choux gras.

    Eine seltsame Mischung aus Verschwörungstheoretikern, Rechtsextremen und Zweiflern demonstriert in deutschen Städten. Wer sind ihre Anführer?

    Mit einer Kiste voller Bücher unter dem Arm läuft Anselm Lenz über den Berliner Rosa-Luxemburg-Platz. Etwas überdreht, aber aufgeschlossen verteilt er dünne Schriften an Passanten – es sind Grundgesetze. Am letzten Samstag im März versammeln sich erstmals 40 Menschen vor der Volksbühne. Lenz hat sie über den von ihm gegründeten Verein „Kommunikationsstelle Demokratischer Widerstand“ eingeladen. Es ist die erste „Hygienedemo“ gegen die Coronamaßnahmen.

    Seitdem kommen sie immer wieder. Ende April sind es 1.000 TeilnehmerInnen. Lenz jedoch fehlt, er hat als vermeintlicher Organisator der unerlaubten Versammlung ein Platzverbot erhalten. Am 1. Mai, bei der sechsten Kundgebung, lässt er sich seinen Auftritt aber nicht nehmen. Lenz lässt sich in die Nähe einer Polizeiabsperrung bringen. Dort wird gerade eine Person von Polizisten abgeführt, worauf Lenz in ihre Richtung einen Stapel der von ihm herausgegeben Zeitung Demokratischer Widerstand wirft.
    [...]

    https://taz.de/Koepfe-der-Corona-Relativierer/!5681132
    #Allemagne #corona #frustration #constestation #extrème_droite

  • 20 milliards d’euros aux grandes entreprises privées : argent magique pour dividendes merveilleux - FRUSTRATION

    L’économie capitaliste française est une économie sous perfusion d’argent public, et ce depuis longtemps. D’ailleurs, nombre de nos grands groupes sont dirigés par des ex-directeurs de cabinet de ministre, et ça pantoufle joyeusement du public au privé. Eux-même ne croient pas à leur fable sur “l’économie de marché”.

    Car il n’y a pas d’économie de marché, il y a une économie capitaliste qui extorque les salariés et qui est subventionnée par les citoyens (nous sommes donc nombreux à payer deux fois) via de l’argent public que des gouvernements bourgeois leur versent généreusement et sans conditions. Le moment que nous vivons place ce phénomène déjà existant sous la lumière crue de la pluie de milliards.

    Vous voulez un exemple frappant de ce système mafieux de subventions aux actionnaires sous couvert de subventions à “l’économie” ? A La Roche-sur-Yon, Michelin est en train de fermer son usine de fabrication de pneus de poids lourds. Le groupe avait pourtant bénéficié de 4,3 millions de crédit d’impôts ces dernières années, rien que pour ce site. L’argent public a servi à acheter des machines qui, arrivées sur place, n’ont pas été déballées afin d’être envoyées directement dans des usines en Espagne et en Europe de l’est. Interrogé par Libération sur un possible remboursement de cette aide, Bruno Le Maire a répondu “A notre connaissance, il n’est pas prévu de remboursement du CICE, qui a été utilisé dans le cadre des dispositions légales”. Le contribuable a donc payé pour la délocalisation d’une usine française, et c’est “légal”. Il en sera exactement de même avec la débauche de fric votée la semaine dernière.

    Et si c’était nous, les citoyens contribuables, et pas Macron et sa clique de vendus, qui décidions du sauvetage de nos entreprises, que pourrait-on fixer comme conditions ? On peut en imaginer plusieurs, par ordre de priorité :
    -La suite a lire dans l’article-

    https://www.frustrationmagazine.fr/20-milliards-deuros-aux-grandes-entreprises-privees-argent-magiq

    #milliards #euros #entreprises #privées #argent #magique #dividendes #merveilleux #FRUSTRATION

  • #Coronavirus : quand les #gens_du_voyage ne peuvent plus voyager

    Le #confinement vaut pour tout le monde. Le « restez chez vous » se conçoit aussi sur quatre roues. La #Wallonie impose leur maintien sur place, même sur des sites officieux.

    Le confinement d’une population est une décision forte et contre-nature. Mais que dire lorsque l’#interdiction_de_circuler concerne les gens du voyage dont le propre est de prendre la route et de s’installer au bord de celle-ci, parfois au petit bonheur la chance ? Etienne Charpentier est de ceux-là. Il témoigne de sa #frustration depuis le terrain de #Pont-à-Celles où il a installé sa caravane et une dizaine d’autres, avec sa famille : « Quand tout cela sera fini, les roues vont chauffer ! », résume celui qui préside le comité national des gens du voyage, déjà dans les starting-blocks.

    Combien sont-ils en Wallonie ? On cite le chiffre de 10.000, à la belle saison. Mais le recensement est difficile. Traditionnellement, beaucoup de Français sillonnent nos routes. Le confinement annoncé, ils ont préféré rentrer chez eux. Ils reviendront tôt ou tard.

    En hiver, beaucoup de gens du voyage ont aussi un point de chute fixe. C’est le cas d’Albert Zepp à #Mons : « J’y ai une maison et une caravane dans le jardin, où je dors. J’y suis confiné comme tous les Belges. Mais s’il n’y avait pas de coronavirus, j’aurais déjà repris la route, vers les Ardennes, la France. L’été, c’est la saison de #pèlerinages. J’attends le feu vert des autorités. » D’autres, comme Etienne Charpentier, ont été surpris par le confinement et n’ont plus bougé depuis lors.

    « Or, l’hiver est fini et on a l’habitude de dire que les gens du voyage bougent toutes les trois semaines à partir de mars. Les consignes les empêchent de #repartir, cette fois », note Ahmed Hakim qui dirige le centre de médiation des gens du voyage. Avec cette structure, la Wallonie s’est dotée d’un outil qui combat les idées reçues et tente d’améliorer les relations de ces citoyens avec les autorités et la population.

    « Des gens responsables »

    Le directeur peut témoigner d’une application stricte des instructions fédérales : « Je suis agréablement surpris. Les gens du voyage se montrent très sensibles à la situation sanitaire. Ils prennent ça très au sérieux. Les familles sont dans une sorte de #promiscuité, mais elles cherchent elles aussi à respecter la #distanciation_sociale. A ma connaissance, aucun foyer épidémique n’a été enregistré dans ces communautés. »

    Le centre de médiation a publié une affichette qui recense les gestes et les attitudes à adopter face au coronavirus : lavage des mains, distances, éternuements… Mais d’autres pictogrammes font référence à ce mode de vie particulier : éviter les discussions en groupe devant les caravanes, ne pas laisser courir les enfants en bande… Ici, le « restez chez vous » se conçoit sur quatre roues !

    « Nous ne sommes pas des gens à part. Nous savons que nous devons aussi nous protéger et protéger les autres. Nous sommes des gens responsables », explique Etienne Charpentier. Il n’empêche : quand la question d’un confinement a été mise sur la table, les gens du voyage ont bien senti que les rapports parfois compliqués avec les populations sédentaires risquaient de s’exacerber un peu plus.

    Leurs responsables s’en sont même ouverts dans un communiqué à l’intention des autorités : « A l’heure où les mesures de confinement et les fermetures des frontières se multiplient, plusieurs groupes de la communauté installés dans différentes communes wallonnes subissent les affres de la population et se voient sommés de déguerpir. Ce sont des “villages” entiers qui sont contraints de se déplacer. »

    Le respect des consignes

    Etienne Charpentier évoque des cas en #Hainaut, mais il n’en dira pas plus. A Pont-à-Celles où il a trouvé refuge avec les siens, l’accueil a été correct. « Mais cela n’a pas été simple parce que le terrain choisi est dans le centre-ville. Nous avons eu des expériences difficiles, des difficultés quand d’autres communautés ont choisi de s’installer sur le site de l’Arsenal », explique Pascal Tavier (PS), le bourgmestre. Quand le confinement a été décrété, certains habitants ont craint que les gens du voyage « dévalisent » les commerces locaux.

    Mais le climat s’est apaisé dans cette commune proche de Charleroi : « Ils se sont installés sans accord et sont peu nombreux. Nous avons négocié. Cette famille respecte le voisinage, il y a eu une ou deux #plaintes, mais c’est tout. Ils ont pris contact avec Ores et la SWDE pour l’accès à l’électricité et à l’eau. Etienne Charpentier et les siens sont là jusqu’à la fin du confinement. »

    Pont-à-Celles respecte à la lettre les instructions du gouvernement wallon. Alerté de possibles difficultés par les représentants de la communauté, Pierre-Yves Dermagne (PS), le ministre des Pouvoirs locaux, a adressé un courrier aux gouverneurs de provinces et à travers eux à toutes les communes. La principale recommandation porte sur « le maintien des installations actuelles sur les sites officiels et officieux. »

    Le même exécutif avait déjà gelé toutes les procédures d’#expulsion. Il a affiné sa réflexion pour les gens du voyage : le temps de la crise, « ceux-ci doivent pouvoir y demeurer sans être inquiétés et sans entrave ni dans l’exercice de leurs #droits ni dans l’accomplissement de leurs #obligations », précise le ministre qui demande aussi que « les autorités communales organisent l’accès à l’#eau et à l’#électricité. »

    Un impact économique

    Pas question donc d’un cadeau à une communauté minoritaire : il s’agit de protéger des citoyens en difficulté dans des temps troublés. Mais le gouvernement wallon s’inscrit aussi dans une logique unanimement partagée : pendant le confinement, les #déplacements sont interdits. En caravane, aussi !

    Etienne Charpentier nous a demandé de l’écrire : « L’intervention wallonne a été très appréciée. » Le maintien sur place est pourtant pénible à vivre. Les familles et les groupes ne peuvent plus se rencontrer, se croiser. La fête de #Pâques approche et elle compte beaucoup pour les gens de la route, elle se vivra cette fois en petit comité.

    Le moment venu et comme partout ailleurs, il faudra aussi parler de l’après-coronavirus : « Ce confinement, c’est toute une #économie en panne sur les marchés, le spectacle ou les fêtes foraines. Beaucoup sont indépendants et leurs activités au jour le jour ne permettent pas d’engranger de la trésorerie. Il faudra aussi aider les gens du voyage », plaide déjà Ahmed Hakim.

    Les terrains, sujet sensible

    En Wallonie, onze communes ont conclu une convention avec la Région pour assurer l’accueil des gens du voyage. Trois d’entre elles (#Namur, #Ath et #Bastogne) disposent de #terrains officiels et équipés. En 2019, la législation a été renforcée et un appel à projets a été lancé. Neuf communes ont été retenues pour bénéficier d’une subvention de 500.000 euros qui permettra d’aménager des sites nouveaux : Amay, Charleroi, Mons, Ramillies, Verviers, Lessines, Ottignies-Louvain-la-Neuve, Sambreville et encore Bastogne. La procédure suit son cours, elle est suivie de près par Christie Morreale (PS), la ministre des Affaires sociales.

    Et à #Bruxelles ? Aucun site officiel n’est disponible actuellement pour les gens du voyage. « Des sites officieux ont existé du côté de #Schaerbeek, #Anderlecht ou #Bruxelles-Ville, mais ils ne sont plus accessibles », déplore le Wallon Ahmed Hakim qui suit la situation de près parce que les familles de la route ne connaissent pas de frontières. Il ajoute : « C’est dommage parce qu’en 2012, la capitale avait approuvé une ordonnance qui considérait que la #caravane était bien un habitat. »

    https://plus.lesoir.be/293333/article/2020-04-08/coronavirus-quand-les-gens-du-voyage-ne-peuvent-plus-voyager
    #Roms #Belgique #mobilité #immobilité #covid-19 #préjugés #fermeture_des_frontières

    ping @thomas_lacroix

  • Driven to suicide in Tunisia’s UNHCR refugee shelter

    Lack of adequate care and #frustration over absence of resettlement plans prompt attempted suicides, refugees say.

    Last Monday night, 16-year-old Nato* slit his wrists and was rushed to the local hospital in Medenine.

    He had decided to end his life in a refugee facility run by the UN’s refugee agency, the UNHCR, in Medenine. After running for two years, escaping Eritrea and near-certain conscription into the country’s army, making it through Sudan, Egypt and Libya, he had reached Tunisia and despair.

    A few days later, Nato was transferred to a psychiatric hospital in #Sfax, 210km north of Medenine, where he was kept on lockdown and was frustrated that he was not able to communicate with anyone in the facility.

    Nato’s isn’t the only story of despair among refugees in Tunisia. A female refugee was taken to hospital after drinking bleach, while a 16-year-old unaccompanied young girl tried to escape over the borders to Libya, but was stopped at Ben Gardane.

    “I’m not surprised by what has happened to Nato,” a 16-year-old at the UNHCR facility told Al Jazeera on the condition of anonymity.

    “They just keep us here without providing any support and after we ... witnessed killings of our friends. We feel completely abandoned. We don’t feel secure and protected,” he said.

    The 30 to 35 unaccompanied minors living in UNHCR’s reception facility in Medenine share a room, spending their days remembering past images of violence and abuse.

    “I cannot get out of my mind the picture of my friend dying after they pointed a gun at his temple. He was sitting next to me. Sometimes at night, I cannot sleep,” the 16-year-old said.
    ’They’re trying to hide us here’

    The UNHCR facility in Medenine struggles to offer essential services to a growing number of arrivals.

    According to the information given to Al Jazeera, the asylum seekers and refugees have not received medical screenings or access to psychosocial support, nor were they informed clearly of their rights in Tunisia.

    “We feel they are trying to hide us here,” said Amin*. “How can we say we are safe if UNHCR is not protecting our basic rights? If we are here left without options, we will try to cross the sea.”

    Amin, 19, has no vision of what his life will be. He would like to continue his education or learn a new language but, since his arrival, he has only promises and hopes, no plans.

    The young people here find themselves having to take care of themselves and navigate the questions of what their future will be like, at times without even being able to reach out to their families back home for comfort.

    “My parents are in Eritrea and since more than a year, I was able to speak with them only for three minutes,” said Senait*, a 15-year-old boy from Eritrea.

    Aaron*, a 16-year-old boy who has been on the road for three years and three months, has not been able to call his relatives at all since his arrival in Tunisia.

    “Last time I have contacted them was in 2016 while I was in Sudan. I miss them so much,” he said.

    Last week, many of them participated in a peaceful demonstration, demanding medical care, support from the UNHCR and resettlement to third countries.

    Refugee lives in suspension

    Nato, as well as a number of refugee minors Al Jazeera spoke to, arrived in Tunisia over the Libyan border with the help of smugglers. The same is true for hundreds of refugees escaping Libya.

    Tunisia registered more than 1,000 refugees and 350 asylum seekers, mainly from Syria, Eritrea, Sudan and Somalia.

    But the country has neither the capacity nor the means to host refugees, and because it doesn’t have a coherent asylum system, the refugees find themselves living a largely suspended life.

    Officially, refugees are not allowed to work and, therefore, there is no formal system of protection for those that do work.

    Awate*, a 24-year-old man from Eritrea, had been working for nine days in a hotel in the seaside city of Zarzis when he was arrested and brought to a police station where he was interrogated for 30 minutes.

    “They told me ’why are you going to work without passport?’,” he said, adding that he has not worked since.

    The UNHCR in Tunisia is pushing alternatives, which include enhancing refugees’ self-reliance and livelihood opportunities.

    A month ago, a group of 32 people moved out of the reception centre with an offer of a monthly payment of 350 Tunisian dinars ($116) and help to find private accommodation. Among them, nine decided to go to the capital, Tunis. The plan is confirmed for three months, with no clarity on what happens next.

    Aklilu*, a 36-year-old former child soldier from Eritrea who took up the offer, is now renting a small apartment on the main road to Djerba for 250 Tunisian dinars ($83).

    “Why should I be forced to settle in a country that’s not ready to host refugees?” he said. “They are thinking of Tunisia as the final destination but there are no conditions for it. The UNHCR is not making any effort to integrate us. We don’t get any language courses or technical training.”


    https://www.aljazeera.com/indepth/features/driven-suicide-tunisia-unhcr-refugee-shelter-190319052430125.html
    #Tunisie #HCR #UNHCR #camps_de_réfugiés #suicide #réinstallation #limbe #attente #transit #trauma #traumatisme #santé_mentale #MNA #mineurs_non_accompagnés #migrations #asile #réfugiés
    ping @_kg_

  • Je tombe sur cette étude :

    Sexual deprivation increases ethanol intake in Drosophila.
    Shohat-Ophir G, Kaun KR, Azanchi R, Mohammed H, Heberlein U.
    Science 335:1351-1335 (2012)
    https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22422983

    Elle montre deux choses : 1) que l’on peut mesurer la frustration sexuelle (absence de rapports sexuels) chez les drosophiles mâles et 2) que cette frustration est corrélée avec une plus grande consommation d’alcool. Le tout est lié au fonctionnement d’une molécule (le neuropeptide F ou Y) que possèdent aussi des mammifères et qui pourrait donc être impliquée dans le mécanisme de l’addiction.

    Bien sûr, ça fait rire tout le monde, par exemple ici :

    Chez les mouches, le mâle sombre dans l’alcool par frustration sexuelle
    Le Monde, le 16 mars 2012
    http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2012/03/16/science-chez-les-mouches-le-male-sombre-dans-lalcool-par-fru

    On peut déjà se demander pourquoi l’étude ne mesure pas cet effet chez les drosophiles femelles.

    Mais une autre critique est publiée deux ans plus tard :

    Male sexual behaviour and ethanol consumption from an evolutionary perspective : A comment on « Sexual Deprivation Increases Ethanol Intake in Drosophila ».
    Guevara-Fiore P, Endler JA.
    Fly 8:234-236 (2014)
    https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25970263

    Ils remarquent aussi que de nombreux articles ont été publié avec des interprétations anthropomorphiques erronées. En effet, les drosophiles mangent des fruits et leur odorat est guidé par l’alcool émis par les fruits qui pourrissent, et leur rapport à l’alcool est donc très différent de celui des humains. Ils proposent d’autres expériences, en particulier avec des drosophiles femelles. Cela dit, en suivant leur raisonnement, l’analogie chez l’humain serait de manger plus quand on est frustrés sexuellement ?

    J’ai entendu parler de cette histoire, parce qu’un nouvel article vient de paraître :

    Ejaculation Induced by the Activation of Crz Neurons Is Rewarding to Drosophila Males.
    Zer-Krispil S, Zak H, Shao L, Ben-Shaanan S, Tordjman L, Bentzur A, Shmueli A, Shohat-Ophir G.
    Curr. Biol. doi : 10.1016/j.cub.2018.03.039 (2018)
    https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29681474

    Il ne dit pas grand chose de plus, si ce n’est que, là, c’est l’absence d’éjaculation qui est testée, et les femelles sont donc prises en compte, comme contrôle négatif.

    Au passage, quelques petits détails :
    –On peut remarquer que le premier article s’accompagne d’un erratum, les auteurs ayant « oublié » d’inclure Mohammed, H dans les co-auteurs
    –On peut aussi remarquer dans le dernier article, que l’auteure principal, Galit Shohat-Ophir, s’est déplacée des USA en Israel
    –Du coup il est aussi marrant de remarquer que l’article critique a été écrit par une dénomée Palestina Guevara-Fiore !

    #Drosophiles #Mouches #sexualité #orgasme #frustration #animaux #ethanol #alcohol #addictions et aussi #Palestine

    A rajouter à la compilation d’article sur la sexualité animale et humaine :
    https://seenthis.net/messages/686795

  • Dans ma manie des #recensions, en voici une sur les articles fascinants trouvés sur seenthis sur la sexualité animale, mais aussi plus généralement sur les choses qu’on peut apprendre sur les sexes et la sexualité, chez les humains et les animaux :

    Effect of Male Size on Calling Propensity, Song Parameters, and Mating Success in Caribbean Fruit Flies, Anastrepha suspensa (Loew) (Diptera : Tephritidae)
    T. Burk and J. C. Webb, Annals of the Entomological Society of America 76:678–682, 1983
    https://seenthis.net/messages/654959

    Ultrasound production by genital stridulation in Syntonarcha iriastis (Lepidoptera : Pyralidae) : long-distance signalling by male moths ?
    GWYNNE et EDWARDS, Zoological Journal of the Linnean Society 88:363–376, 1986
    https://seenthis.net/messages/654959

    Anatomical relationship between urethra and clitoris
    Helen E. O’Connell, John M. Hutson, Colin R. Anderson and Robert J. Plenter, The Journal of Urology 159:1892-1897, 1998
    https://seenthis.net/messages/643679

    ‘Un chant d’appel amoureux’ : acoustic communication in moths
    W.E. Conner, Journal of Experimental Biology 202:1711-1723, 1999
    https://seenthis.net/messages/654959

    Organes génitaux
    Damien Thiebault, Oiseaux, le 26 décembre 2002
    https://seenthis.net/messages/582137

    Vaginal cytology and vulvar swelling as indicators of impending estrus and ovulation in the giant panda (Ailuropoda melanoleuca)
    Barbara S. Durrant, Mary Ann Olson, Dianne Amodeo, Autumn Anderson, Kara D. Russ, Rogelio Campos‐Morales, Fernando Gual‐Sill, Juan Ramos Garza, Zoo Biology 22:313-321, 2003
    https://seenthis.net/messages/635293

    Anatomy of the clitoris
    O’Connell HE, Sanjeevan KV, Hutson JM. J. Urol. 174:1189-1195, 2005
    https://seenthis.net/messages/643679

    Male genital morphology and function : an evolutionary perspective.
    Simmons MN and Jones JS, J. Urol. 177:1625-1631, 2007
    https://seenthis.net/messages/654959

    Genitalic stridulation during copulation in a species of crane fly, Tipula (Bellardina) sp. (Diptera : Tipulidae)
    Eberhard et Gelhaus, Rev. biol. trop 57:251-256, 2009
    https://seenthis.net/messages/654959

    Le dard d’amour des escargots
    Vran, SSAFT, le 25 mai 2009
    https://seenthis.net/messages/654959

    Galerie de membres, partie1 : arthropodes
    Vran, SSAFT, le 10 décembre 2009
    https://seenthis.net/messages/654959

    Galerie de membres, partie 2 : Squamates
    Vran, SSAFT, le 20 janvier 2010
    https://seenthis.net/messages/654959

    Galerie de membres, partie 3 : Oiseaux
    Vran, SSAFT, le 1 février 2010
    https://seenthis.net/messages/654959

    Galerie de membres, partie 4 : Mammifères
    Vran, SSAFT, le 28 septembre 2010
    https://seenthis.net/messages/654959

    Platycleis affinis et ses records
    Le Saviez-Vous, Novembre 2010
    https://seenthis.net/messages/654959

    LA SEXUALITÉ DÉBRIDÉE DES PUNAISES DE LIT
    Planète Bio, le 10 juillet 2011
    https://seenthis.net/messages/654959

    So Small, So Loud : Extremely High Sound Pressure Level from a Pygmy Aquatic Insect (Corixidae, Micronectinae)
    Sueur J, Mackie D, Windmill JFC, PLoS ONE 6:e21089, 2011
    https://seenthis.net/messages/654959

    Le clitoris cet inconnu
    Odile Buisson, Université Paris Diderot, 16 Novembre 2011
    https://vimeo.com/32783601

    Evidence to Suggest that Copulatory Vocalizations in Women Are Not a Reflexive Consequence of Orgasm
    Gayle Brewer et Colin A. Hendrie, Archives of Sexual Behavior 40:559–564, 2011
    https://seenthis.net/messages/561713

    Percebeiros
    David Beriain, 2011
    https://seenthis.net/messages/582137
    https://vimeo.com/33078850

    « Le trône des plaisirs et des voluptés » : anatomie politique du clitoris, de l’Antiquité à la fin du xixe siècle
    Sylvie Chaperon, Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique 118:41-60, 2012
    https://seenthis.net/messages/389255

    Musical Genitals
    Gwen Pearson, le 14 septembre 2013
    https://seenthis.net/messages/654959

    True Facts About The Duck
    Youtube, le 19 avril 2013
    https://seenthis.net/messages/582137
    https://www.youtube.com/watch?v=6k01DIVDJlY

    Female Echidnas Sleep Right Through The Mating Ritual
    M.Admin, Knowledge Nuts, le 17 septembre 2013
    https://seenthis.net/messages/654959

    The Creature Feature : 10 Fun Facts About the Echidna
    Rikkonakamichi, Imgur, le 4 juillet 2014
    https://seenthis.net/messages/654959

    The Twisted World of Sexual Organs
    Colin Barras, BBC, Septembre 2014
    https://seenthis.net/messages/654959

    Odile Buisson : Le point G et l’orgasme féminin
    Les ERNEST, Dailymotion, 2014
    https://www.dailymotion.com/video/x1ytz7h

    Female Penis, Male Vagina, and Their Correlated Evolution in a Cave Insect
    Kazunori Yoshizawa, Rodrigo L. Ferreira, Yoshitaka Kamimura, Charles Lienhard, Current Biology 24:1006-1010, 2014
    https://seenthis.net/messages/629990

    Le clitoris
    Lori Malépart-Traversy, le 17 octobre 2015
    https://seenthis.net/messages/600007

    Old tuatara slides show genital swelling in last common ancestor of vertebrates
    Bob Yirka, Phys.Org, le 28 octobre 2015
    https://seenthis.net/messages/654959

    Resurrecting embryos of the tuatara, Sphenodon punctatus, to resolve vertebrate phallus evolution.
    Sanger TJ, Gredler ML and Cohn MJ, Biol. Lett. 11, pii:20150694, 2015
    https://seenthis.net/messages/654959

    The Vulva in Stone Age Art
    Don’s Maps, le 26 novembre 2015
    https://seenthis.net/messages/659572

    Vintage Japanese Young Person’s Guide to Sex
    Dangerous Minds, le 30 novembre 2015
    https://seenthis.net/messages/650477

    The evolution of animal genitalia
    Menno Schilthuizen, TED-Ed, le 24 avril 2017
    https://seenthis.net/messages/654959
    https://www.youtube.com/watch?v=vcPJkz-D5II

    France, 2017 : le clitoris apparaît de manière complète dans un manuel de SVT
    Antoine Oury, Actualitte, le 12 mai 2017
    https://seenthis.net/messages/598294

    L’appareil génital féminin enfin présenté correctement en cours de SVT ?
    Mathilde Saliou, Cheek Magazine, le 15 mai 2017
    https://seenthis.net/messages/624729

    Le clitoris entièrement décrit pour la première fois dans un manuel scolaire
    Magalie Ghu, La Voix du Nord, le 16 mai 2017
    https://seenthis.net/messages/598294

    Le clitoris dans les manuels de SVT : "Une condition sine qua non d’égalité"
    Barbara Krief, L’Obs, le 16 mai 2017
    https://seenthis.net/messages/598294

    Clitoris : pourquoi avoir attendu 2017 pour le représenter dans les manuels scolaires ?
    Hélène Combis-Schlumberger, France Culture, le 19 mai 2017
    https://seenthis.net/messages/600007

    Pourquoi dessine-t-on si mal les sexes féminins quand il y a des pénis partout ?
    Béatrice Kammerer, Slate, le 12 juillet 2017
    https://seenthis.net/messages/635293

    Comment lutter contre les maltraitances médicales ?
    France Inter, le 17 juillet 2017
    https://seenthis.net/messages/658670

    Débat sur les maltraitances médicales sur France Inter : les propos problématiques de la gynécologue Odile Buisson
    Marie-Hélène Lahaye, Le Monde, le 20 juillet 2017
    https://seenthis.net/messages/658670

    Diversity of Nature
    Jacqueline Secor, le 29 juillet 2017
    https://seenthis.net/messages/627707

    Pour une éducation sexuelle pudique et révolutionnaire : orgasmes, anatomie, sexisme et racisme
    Fatima Khemilat, Youtube, le 16 août 2017
    https://seenthis.net/messages/623715
    https://www.youtube.com/watch?v=V0aAnrPDJqo

    Une artiste dessine des vulves pour célébrer leur diversité
    Anouk Perry, Madmoizelle, le 4 octobre 2017
    https://seenthis.net/messages/635852

    Instant pleasure : un long déplaisir
    Marie Docher, Atlantes et Cariatides, le 8 octobre 2017
    https://seenthis.net/messages/635960

    À l’université de Poitiers, un clitoris géant pour revendiquer « l’égalité femmes hommes »
    Le Figaro, le 24 novembre 2017
    https://seenthis.net/messages/635960

    L’orgasme féminin et le fameux point G
    Odile Buisson, France Culture, le 9 novembre 2017
    https://seenthis.net/messages/643679

    On se tient par la main quand on s’aime ?
    Agnès Giard, Libération, le 4 décembre 2017
    https://seenthis.net/messages/650477

    South American fruit fly
    Vanessa Simões Dias and Andrea Lucky, University of Florida, décembre 2017 2017
    https://seenthis.net/messages/654959

    Fruit for feminism - Stephanie Sarley, 2017
    https://seenthis.net/messages/664886
    https://www.youtube.com/watch?v=GHOpqq3hdgU

    The 19th-Century Sham Medicine That Saw Oracles in Orifices
    Natasha Frost, Atlas Obscura, le 16 janvier 2018
    https://seenthis.net/messages/643679

    La vie sexuelle de ces coléoptères va vous donner des sueurs froides
    Corentin Vilsalmon, Daily Geek Show, le 12 février 2018
    https://seenthis.net/messages/654959

    First footage of deep-sea anglerfish pair
    Science Magazine, Youtube, le 22 mars 2018
    https://seenthis.net/messages/679599
    https://www.youtube.com/watch?v=anDIlMVgNwk

    Première vidéo du très étrange accouplement des poissons-pêcheurs
    Guru Med, le 23 mars 2018
    https://seenthis.net/messages/679599

    PYNK - Janelle Monáe
    https://seenthis.net/messages/685655
    https://www.youtube.com/watch?v=PaYvlVR_BEc

    Quatre vingt quinze pour cent - George_Brassens
    https://www.youtube.com/watch?v=61klageOn-4

    Clitóris - Titãs
    https://www.youtube.com/watch?v=K6bccDQ1xME

    Le Clitoris en 3D
    Dror, Psikopat mai 2017

    Grosse bite, mais pas forcément sexiste
    Dror, Psikopat juin 2017

    A quoi ça sert de bailler ? et de crier pendant l’orgasme ? :
    Dror, Psikopat, décembre 2017

    #sexualité #sexe #vulve #vagin #clitoris #orgasme #pénis #animaux

  • Inégalités : comment expliquer l’hypocrisie de la gauche ? (Louis Maurin, Observatoire des Inégalités)
    https://www.inegalites.fr/Inegalites-comment-expliquer-l-hypocrisie-de-la-gauche

    Le débat sur les #inégalités en France est marqué par une profonde hypocrisie. Les grandes envolées lyriques, souvent à gauche de l’échiquier politique, cachent mal une indifférence au sort des #catégories_populaires.
    […]
    Si l’hypocrisie existe en matière d’#inégalités_sociales, elle vient donc de la gauche, et plus précisément d’une forme de « #bourgeoisie_culturelle ». Diplômée, elle occupe les centres de pouvoir au niveau national comme au niveau local, dans l’univers politique, médiatique, associatif ou professionnel. […] Mais tout en tenant un discours très virulent contre les inégalités, elle s’intéresse surtout à l’école de ses enfants (la #reproduction des inégalités dans le temps), à ses loisirs (la maîtrise de son temps) ou à son environnement (bien manger, bien respirer, etc.). Le sort des ouvriers qui travaillent à la chaîne ou des caissières n’est pas vraiment son problème. Elle célèbre la « #mixité » (sociale, ethnoculturelle, etc.) tant qu’elle s’applique aux autres catégories et n’envahit pas ses quartiers.

    Pour défendre leurs #privilèges, ces bourgeois culturels jouent sur plusieurs registres […]. Tout d’abord, ils mettent en avant les inégalités qui ne bousculent pas leur pouvoir en tant que groupe social : écarts entre les sexes, les générations, les inégalités territoriales et les #discriminations. Redécouvertes, ces « nouvelles inégalités » envahissent les discours et occupent le terrain pour faire paravent aux inégalités entre groupes sociaux. Ensuite, cette bourgeoisie de gauche joue les victimes. La dramatisation des discours qu’elle tient, autour de la #crise et de la #précarité, a une fonction. Si précarité, #déclassement, mauvaises #conditions_de_travail et #chômage touchent tout le monde, ils ne touchent plus personne en particulier. […] Enfin, une part croissante de ces privilégiés est sensible aux #discours_xénophobes sur l’incompatibilité culturelle d’une partie des #immigrés (les Arabes et les noirs, disons les choses clairement) et l’exprime plus ou moins ouvertement.
    […]
    L’#embourgeoisement des organisations qui représentaient le camp de l’égalité sociale est la première explication qui vient à l’esprit. […] Cette explication a une portée limitée. Elle idéalise le bon vieux temps de la politique alors que les instances dirigeantes des partis n’ont jamais été représentatives de la société. Surtout, elle débouche sur une question similaire : pourquoi ces organisations se sont-elles embourgeoisées ?
    […]
    Le transfuge récent d’une partie des élites de la gauche vers La République en marche constitue une forme de « coming out » qui réduit l’hypocrisie de cette composante de la bourgeoisie culturelle. Elle n’a plus besoin de faire semblant de s’opposer aux inégalités, elle est passée aux « premiers de cordée » qui doivent montrer l’exemple de la #réussite_individuelle. Une partie de la gauche est passée du camp social démocrate au camp libéral (au sens économique).

    L’hypocrisie actuelle repose également sur d’autres ressorts. Des facteurs idéologiques : si l’on met autant en avant les « nouvelles inégalités », c’est que la brutalité du raisonnement marxiste d’hier les a longtemps occultées. […] Toute une partie des inégalités, de genre ou liées à la couleur de peau notamment, était passée sous silence. Elles s’invitent d’autant plus fortement dans le débat. L’ampleur du mouvement actuel contre la domination masculine s’explique par la violence de cette #domination. […]

    C’est plus que cela. Les transformations sociales accélérées depuis les années 1970 ont débouché sur une grande confusion. […]

    Les catégories sociales les plus favorisées veulent profiter pleinement de l’avènement de la #société_de_consommation tout en la critiquant. Pour cela, elles ont notamment besoin du temps des autres, qu’elles achètent sous des formes très variées : femmes de ménage, gardes d’enfants, hôtellerie, restaurants, transports, commerces, etc. Elles profitent d’avoir une main d’œuvre #flexible et dont les temps sociaux sont désynchronisés, qui constitue le cœur des catégories populaires.
    […]
    En même temps, la stagnation de l’activité économique rend les choix de répartition des #revenus tendus. En période de progrès, on pouvait donner un peu plus aux plus démunis tant que sa propre part augmentait. Depuis 2008, le revenu global stagne et le combat pour récupérer sa part devient de plus en plus âpre. Quand il faut trancher, ce que l’un gagne, l’autre le perd. […]
    Un dernier facteur joue, plus rarement évoqué, celui du rôle de l’#école. […] Cette bourgeoisie culturelle fait tout ce qu’elle peut pour occulter le rôle du #capital_culturel en matière de domination sociale. […] On comprend que cette bourgeoisie culturelle bloque toute réforme scolaire d’ampleur. […] Son crédo est « l’#élitisme_républicain », qui n’a jamais été autre chose qu’un #élitisme_social accompagné de quelques figures méritantes bien mises en avant. […]

    […] De la lutte pour la #démocratisation de l’école au soutien aux populations migrantes en passant par le combat contre le mal-logement, la #résistance existe grâce à l’investissement d’une frange de cette bourgeoisie culturelle, souvent la moins favorisée. Des associations à l’enseignement, un grand nombre d’acteurs s’investissent tous les jours pour réduire les écarts entre les milieux populaires et les plus défavorisés, même si c’est rarement eux que l’on entend le plus. Enfin, une partie de la jeunesse est certes diplômée mais détient des titres dévalués sur le #marché_du_travail. Elle se trouve sévèrement déclassée et exprime sa #frustration.
    […]
    Méprisées, écartées pour partie du progrès des revenus et de l’école, les catégories populaires se manifestent de plus en plus en soutenant l’extrême droite, comme en témoigne la montée en puissance progressive du Front national. […]

  • Gambian migrants’ choice: bury the straggler alive or be killed

    Water was running low as the convoy drove through the desert into Libya, so Khadim was given a terrible choice: bury a sickly fellow migrant alive, or be killed by their smugglers.

    “They told us to bury him in the sand,” said Khadim, 29. “They started waving their guns. ‘If you refuse, you’re dead.’ We started digging and digging. As we buried him he said, ‘I’m not dead yet, why are you doing this to me?’ ”

    Khadim is one of about 2,600 migrants repatriated to the Gambia from Libya on flights paid for by European countries trying to stem crossings of the Mediterranean. The vast majority of those coming home are young men, who arrive at Banjul airport with at most a few belongings in a plastic bag, sometimes after spending years in Libyan detention centres.

    They are the among the first to be sent back since footage emerged in November of migrants being sold at slave markets in Libya. African and EU leaders agreed an emergency plan shortly afterwards to repatriate thousands.

    Many tell stories of frequent beatings, or of fellow migrants dying from hunger or violence. Others described watching companions drown on sinking boats in the Mediterranean.

    Like many others, Khadim was betrayed by smugglers and drivers before he saw the sea. He was kidnapped for ransom, arrested and put in a detention centre before he could reach Tripoli.

    He is relieved to have landed back in Banjul, the Gambian capital. Not only is he alive but there are promises of money to help him make a fresh start.

    The UN’s migration agency, as part of an EU-funded plan, can support people to go to college, start a business or buy livestock. Other EU help offers grants to those aged 15 to 35, returning or potential migrants, to start businesses.

    It likely to be just the beginning. The International Organisation for Migration estimates that up to a million migrants remain in Libya. Since late 2015, the EU has spent more than €2 billion in African countries trying to create jobs in the hope that people will stay.

    Those returning to the Gambia, where almost half of the two million population live below the poverty line, are provided with just enough cash to go home and live for a few weeks, after which they can apply for more help.

    Last week, a group of former Gambian migrants, with some funding from the German government, began touring the country to warn young people of the dangers of taking the “back way”, as the journey through the desert and across the Mediterranean is called.

    “Before we go we knew the risks involved, but we didn’t believe,” said Mustapha Sallah. “Most of the people that talked to us were government officials, activists who are living good. I was thinking they were just trying to discourage us.”

    With fellow Gambians who were incarcerated in Libyan detention centres, he has now started Youths Against Irregular Migration. As well as sharing their harrowing experiences, they try to persuade people to stop dreaming of Europe and make a living at home, through education, setting up in business, or agriculture.

    The Gambia’s nascent democracy, restored after the former dictator Yahya Jammeh was deposed last year, has prompted many to return from exile, as the fear of arbitrary arrest, detention and torture dissolved.

    The economy is growing at about 5 per cent but youth unemployment is about 44 per cent. Rising food prices mean many struggle. “The opportunities are not many and they’re not easy to get right now,” said Mr Sallah.

    Paul Jatta, 23, came home on a repatriation flight a few months ago and is trying to put the trauma behind him. Three times he tried and failed to cross to Italy in flimsy boats. On the last attempt he watched five people die as the vessel started to sink. “I seriously cried that day. Because I saw them drown but I couldn’t do anything to help,” he said.

    He said he had not received any support and was back doing what he used to, working in a computer repair shop and cleaning swimming pools in his spare time. He works up to 12 hours a day most days but earns less than £100 a month, and most of that goes to support his extended family.

    After spending his savings of more than £1,000 trying to reach Europe, he is now in a worse financial situation than he was two years ago, and has even less to lose. “I still want to go to Europe. I’m waiting for a miracle,” he said. “There are no opportunities here.”

    https://www.thetimes.co.uk/edition/world/gambian-migrants-choice-bury-the-straggler-alive-or-be-killed-62qf0qjbl
    #retour_volontaire #Libye #asile #migrations #réfugiés #retour_au_pays #renvois #Gambie

    Possible/probable future #migrerrance:

    After spending his savings of more than £1,000 trying to reach Europe, he is now in a worse financial situation than he was two years ago, and has even less to lose. “I still want to go to Europe. I’m waiting for a miracle,” he said. “There are no opportunities here.”