• L’autre chantier haussmannien : changer les noms des rues de Paris Cédric Feriel

    À la suite de l’annexion de la « petite banlieue » en 1860 https://metropolitiques.eu/Consulter-pour-moins-debattre-Retour-sur-l-enquete-publique-de-1859- , la plus grande opération de modification des noms de voies est engagée sous l’autorité de la commission Merruau, étudiée par l’historienne Florence Bourillon. Sous le Second Empire https://metropolitiques.eu/Haussmann-de-la-modernite-a-la.html , la transformation urbaine de la capitale passe aussi par la dénomination des rues : ce chantier a fixé les repères actuels de nos déplacements dans la capitale.


    Florence Bourillon (textes prés. et éd. par.), Changer les noms des rues de Paris. La Commission Merruau – 1862, Rennes : Presses universitaires de Rennes/Paris : Commission des travaux historiques/Paris : Comité d’histoire de la Ville de Paris, 2012, 345 p.

    Les transformations de Paris effectuées sous la direction du Baron Haussmann, préfet de la Seine, sont bien connues du grand public, mais souvent réduites à leur versant le plus spectaculaire ou polémique, comme celui des grandes percées et des opérations immobilières qui y sont liées. Des publications récentes (Pinon 2002 ; Pinol et Garden 2009) ont permis de rendre compréhensible l’étendue des opérations menées sous le Second Empire. L’un des chantiers les plus ambitieux de la période est probablement l’annexion partielle ou totale, en 1860, de vingt-quatre communes limitrophes de la capitale, https://metropolitiques.eu/Consulter-pour-moins-debattre-Retour-sur-l-enquete-publique-de-1859- lui donnant (presque) ses frontières administratives actuelles. Elle a constitué un immense défi d’aménagement. Depuis 1990, plusieurs ouvrages, faisant suite à des expositions, ont tenté d’éclairer les enjeux de cette annexion (Cohen et Lortie 1992 ; Lucan 1996). À l’occasion du 150e anniversaire des limites actuelles de Paris, Florence Bourillon a organisé avec Annie Fourcaut un colloque à l’université Paris‑1 en octobre 2010 avec l’ambition de « mettre un terme à l’amnésie sur l’origine de l’agrandissement de la capitale » (Bourillon et Fourcaut 2012, p. 9). Le présent ouvrage poursuit ce travail en s’intéressant cette fois-ci à l’une des conséquences de l’annexion : l’unification du nouveau territoire parisien. Xavier Malverti et Aleth Picard ont montré les efforts considérables menés par l’administration de la capitale pour normaliser les voies publiques entre le Paris historique et les communes annexées (Malverti et Picard 1996). Le travail mené par Florence Bourillon souligne encore davantage la très forte empreinte de cette période sur la formation des repères parisiens actuels. Il constitue la première étude des archives liées à l’activité de la commission administrative dite « Merruau », du nom de son président, chargée par Haussmann en 1860 de proposer des solutions pour réformer le système de numérotation et la dénomination des voies de la capitale agrandie. Il ne s’agit donc pas, on l’aura compris, d’un nouveau livre sur l’histoire des rues de Paris, mais bien de la redécouverte de l’un des grands travaux haussmanniens.

    L’auteure présente les conclusions de ses recherches dans une introduction développée (82 pages) dotée de nombreux tableaux et cartes statistiques et organisée selon une trame chronologique (formation de la commission ; travaux ; propositions ; devenir des propositions). À la suite sont reproduits les principaux documents de la commission Merruau : le Rapport terminal (41 p.) et la version intégrale des tableaux de changements de noms présentés par arrondissement (198 p.). Enfin, en annexe figure une lettre d’Haussmann de 1864 mettant en évidence le devenir des recommandations de la commission.

    Normaliser les repères urbains : une annexion par les mots
    L’un des apports de l’ouvrage porte sur les longs débats préparatoires qui ont occupé les membres de la commission au sujet de l’adoption d’une méthode uniforme de repérage dans l’espace parisien, méthode qui est aujourd’hui toujours en vigueur (chapitre 2). De ce point de vue, l’ouvrage intéressera ceux qui suivent les recherches actuelles sur les mots de la ville (Topalov et al. 2010).

    En effet, la commission Merruau a procédé à l’inventaire de toutes les dénominations usitées pour les voies de Paris dans ses nouvelles frontières pour ne conserver qu’une liste de termes jugée suffisante pour dire la ville (« boulevard, cours, avenue, rue, ruelle, faubourg, quai, place, impasse »). Il s’agit là de la première tentative de fixer une codification institutionnelle des termes de voiries, justifications à l’appui. Concernant la numérotation des immeubles, c’est tout le système qui est soumis à évaluation. Faisant preuve d’ouverture, les membres envisagent toutes les pratiques existant alors en Europe : une numérotation continue pour toute la ville à partir d’un point de référence (Italie, Pologne) ; une division de la ville en quartiers ayant chacun sa numérotation (Moscou, Vienne) ; une numérotation par pâté de maison (Karlsruhe) ; une numérotation des immeubles par rue par ordre croissant en commençant par un côté pour revenir à l’autre (Berlin). La commission exclut toutes ces méthodes au profit du maintien du système parisien introduit en 1805 : numérotation par rue, alternant côté pair et impair, en prenant pour référence la Seine. Les rues « parallèles » à la Seine ont le numéro 1 en amont du fleuve, les rues « perpendiculaires » ont le numéro 1 au plus proche du fleuve. En progressant dans les rues, le côté pair doit être à main droite.

    Au terme du processus, c’est en grande partie le système du Paris traditionnel qui est étendu au Paris agrandi – une sorte d’annexion par les mots et les normes qui a largement été oubliée aujourd’hui.

    Entre esprit de système et refus du bouleversement
    Depuis les Comptes fantastiques https://metropolitiques.eu/Les-comptes-fantastiques-du-grand.html d’Haussmann de Jules Ferry (1868), l’image du préfet de la Seine a souvent été dénigrée pour l’ampleur et la violence des destructions qu’il aurait directement causé, bouleversant la capitale.

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    La suite : https://metropolitiques.eu/L-autre-chantier-haussmannien.html

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  • #Marseille privatopia : les #enclaves_résidentielles à Marseille : logiques spatiales, formes et représentations

    Marseille : privatopia ?

    La forte multiplication des « #résidences_fermées_sécurisées » est une tendance observée dans les #villes européennes et françaises, après celles d’Amérique latine, des USA, d’Afrique du sud etc. En #France, elle a surtout été repérée et analysée en contextes péri-urbains (Ile de France, Côte d’Azur, banlieues de Toulouse et Montpellier). Partout où elle se développe, cette tendance est souvent attribuée aux inquiétudes des habitants pour la #sûreté, ou leur #qualité_de_vie, ainsi qu’à des #replis_sociaux, thèmes récurrents dans les médias et discours politiques. Elle est aussi liée au rôle d’une « offre » portée par les majors de l’immobilier. Mais elle est aussi soutenue indirectement, dans le contexte néolibéral, par des pouvoirs publics qui se déchargent ainsi de l’aménagement et de la gestion d’#espaces_de_proximité.

    Nous observons et analysons depuis 2007 cette prolifération des #fermetures à Marseille. Après un premier état des lieux (Dorier et al, 2010), nous avons mené une second #inventaire exhaustif en 2013-2014. Et depuis lors, nous menons une veille ciblée sur certains secteurs. Démarrée au début des années 90, la diffusion des #enclosures atteint des sommets à Marseille où elle n’a quasiment pas été régulée : des #marges et des #enclaves se construisent ainsi dès qu’on s’éloigne du centre historique (Dorier, Dario, 2016). Au point que la #fermeture des #espaces_résidentiels, de leurs #rues et espaces de plein air semble en train de devenir la norme (Dorier, Dario, 2018)

    Depuis 25 ans, Marseille n’a cessé de se cloisonner de plus en plus et ce processus est venu aggraver les #inégalités d’#accès_aux_équipements et aux « #aménités » urbaines. Le #parc bâti du centre ville paupérisé s’est dégradé jusqu’à l’effondrement et au risque de péril imminent de centaines d’immeubles, qui ont du être évacués en urgence depuis novembre 2018, comme on le voit sur la carte de droite (voir aussi page dédiée). Pendant ce temps, les quartiers du sud et de l’est, ainsi que les zones en rénovation, se sont transformées en mosaïques résidentielles clôturées, sous le double effet de la #promotion_immobilière et de ré-aménagements voulus par les associations de #copropriétaires. Ils dessinent des espaces pour classes moyennes à aisées, sous forme de #lotissements et d’#ensembles_immobiliers majoritairement fermés et sécurisés, chacun doté de ses propres espaces « communs » privés : parkings, voirie privée, jardins.

    Cette « #Privatopia » tourne d’abord le dos au centre historique, à ses ilots anciens décrépis où l’action publique s’est illustrée par son inefficience pendant des décennies. La fermeture se diffuse d’abord dans les zones favorisées, puis dans les périphéries ouvertes à l’urbanisation, enfin dans les zones de rénovation urbaine : la création de nouvelles résidences fermées est devenue un moyen pour valoriser des opérations immobilières et y attirer des classes moyennes, face aux copropriétés dégradées et aux ensembles HLM appauvris. Lorqu’un bailleur rénove un ensemble de logements sociaux, celui-ci est également « résidentialisé », même si, avec des années de recul sur cette pratique, on sait désormais que clôturer ne résoud pas les problèmes socio-économiques des quartiers, ni même les problèmes de sécurité. Au contraire, la fragmentation physique pourrait bien alimenter les tendances aux séparatismes sociaux en tous genres.

    D’après nos enquêtes, en dehors des formes d’entresoi spécifique de quartiers particulièrement aisés, comme la colline Périer, et ses « gated communities » surplombant la mer, la fermeture est d’abord fortement associée au « tout voiture » qui caractérise encore Marseille et à la concurrence pour le stationnement résidentiel : les premiers espaces à être clôturés sont les parkings. Elle est également liée à 25 années de désengagement croissant de la municipalité dans la gestion de proximité (propreté, entretien des espaces verts, sécurisation publique des rues) ainsi qu’un encouragement de l’urbanisation privée par des ventes de parcelles publiques ou des zones d’aménagement favorisant la promotion immobilière. La fermeture résidentielle traduit l’affirmation d’une économie résidentielle, le rôle des promoteurs, syndics, copropriétés étant crucial : la « sécurisation » (privée) est supposée faire augmenter la valeur marchande des biens immobiliers… Enfin, la fermeture traduit une accentuation des replis sociaux : à Marseille la clôture « a posteriori » de rues qui étaient auparavant ouvertes au passage représente 55% des cas observés.

    Certains espaces du 8ème, 9ème, 12ème , nord du 13ème arrondissements (Les Olives), caractéristiques de cette urbanisation privée, deviennent un assemblage désordonné de copropriétés et d’enclaves de moins en moins accessibles et traversantes. La fermeture se diffuse par mimétisme, les ensembles résidentiels forment des « agrégats », qui bloquent les circulations : une véritable situation de thrombose dans certains quartiers, anciens comme récents (les Olives, Ste Marthe). Le comble, c’est que dans ces quartiers, les plus favorisés, au cadre de vie « a priori » le plus agréable, les déplacements à pied ou en vélo tiennent désormais de l’exploit. Les détours imposés par les barrières qui enserrent chaque rue ou jardin privé de résidence obligent à prendre la voiture pour accompagner un enfant à l’école du coin, acheter le pain… La ville perd de plus en plus en cohérence, et, avec cette juxtaposition de résidences sécurisées certains quartier ressemblent plus à une mosaïque de co-propriétés qu’à… une ville. Cela a été mis en évidence et modélisé par la toute récente thèse de Julien Dario (2019), réalisée dans le cadre de ce projet.

    A Marseille, depuis 2007, nous avons opté pour une étude empirique, directe, sur le terrain. Nous pu ainsi vérifier l’hypothèse qu’aux initiatives spontanées de fermeture de rues et de lotissements a posteriori, longtemps après leur construction, s’ajoutent des stratégies nouvelles. Elles associent promotion privée et action publique, et sont destinées à faire évoluer le peuplement de quartiers de la ville, à travers la production de logement « de qualité » attirant des classes moyennes et supérieures. Promoteurs et décideurs semblent juger utile de les rassurer à travers la livraison d’ensembles qui sont quasiment tous fermés dès la construction … En 12 ans, de 2008 à 2020 une série d’études, de masters et thèses ont permis de décrire et quantifier ce processus, d’observer la progression d’une fragmentation urbaine qui s’accroît aux échelles fines et d’évaluer ses impacts.

    Nos études se sont focalisées sur les fermetures massives des aires privilégiées (Colline Périer, Littoral Sud, Nord-Est avec la technopole de Chateau Gombert), et la transformation résidentielle de certains territoires périphériques en zones d’investissements immobiliers rentables, attirant des classes moyennes et supérieures (Littoral Nord, Sainte Marthe, grand centre ville/Euromed, franges du parc National des Calanques comme la ZAC de la Jarre). les résidences fermées deviennent ainsi un outil de plus value foncière… et de recompositions urbaines, valorisant toutes les zones ayant un attrait environnemental, tout en en restreignant l’accès.

    La diffusion d’un modèle

    Notre méthodologie a permis de prendre la mesure du phénomène à l’échelle d’une ville entière, et sur la durée, ce qui n’a pas été réalisé ailleurs en France. A deux reprises (2008-2009 et 2013-2014), la commune entière a été arpentée, chaque ensemble résidentiel fermé a été géolocalisé dans un SIG, inventorié, décrit, photographié, afin d’établir un corpus exhaustif : 1001 résidences ou lotissements étaient enclos en 2009, plus de 1550 en 2014. L’ensemble des clôtures ont été datées à partir d’enquête directe ou par photo-interprétation. Cette démarche est relatée dans deux rapports de recherche (Dorier et al., 2010 et 2014), 13 masters et une thèse (Dario, 2019).

    Le recours au SIG (Système d’information géographique) a permis de tracer leur histoire, en croisant les localisations avec des images aériennes anciennes, le cadastre, la chronologie des programmes immobiliers. En 2011 et 2012, la première étude du LPED est actualisée à travers plusieurs mémoires d’étudiants sous la direction d’E.Dorier et S.Bridier. Ceux-ci observent une accélération des dynamiques d’enclosures dans les quartiers sud (Dario J. 2010, Toth P.2012), leur multiplication et leur diffusion dans les quartiers nord (Balasc et Dolo 2011, Dolo 2012, Robillard 2012). La propagation se fait beaucoup par mimétisme : plus de la moitié des ensembles fermés sont collés les uns aux autres, par grappes, transformant la physionomie et les usages possibles de l’espace urbain et développant des « marges » urbaines cloisonnées. On peut le vérifier, à travers l’exemple d’une marge Nord-Est de Marseille, sur les franges ville-espaces péri-urbains Les Olives : une juxtaposition désordonnée de lotissements fermés.

    Nous avons aussi beaucoup observé, recueilli de nombreux témoignages auprès de résidents, de riverains, de syndics, d’agences, de techniciens de l’urbanisme… Nous avons séjourné dans plusieurs de ces résidences. Nous poursuivons la veille sur certains contextes sensibles à haut potentiel spéculatif immobilier, comme la frange du massif des calanques ou sainte Marthe, ou encore des espaces où les fermetures sont conflictuelles. Par des analyses d’archives, des enquêtes fines sur des contextes urbains, des entretiens avec acteurs et habitants, des analyses de périmètres de la politique de la ville, le suivi de conflits de voisinages nous avons ensuite analysé les facteurs historiques et les impacts associés à cette dynamique d’enclosures, les inégalités sociales, les impacts sur la circulation, les inégalités environnementale (D.Rouquier 2013, J.Dario, 2019 et la thèse en cours de P. Toth, consacrée aux 8ème et 9ème arrondissements).

    Au final, on met à jour une dynamique de transition libérale, individualiste et sécuritaire, associée au règne de la voiture dans la ville (beaucoup de clôtures ont au départ pour justification le seul parking), qui freine d’autres évolutions souhaitables (transition écologique, inclusion sociale). Si le phénomène se banalise, on constate aussi une complexité territoriale du processus et son épaisseur historique. Dans des contextes de fortes recompositions urbaines (spatiales, foncières, sociales, démographiques), et dans les périmètres de nouvellement urbain, la fermeture d’espaces résidentiels est utilisée comme outil de diversification de l’habitat et de mixité sociale. Le processus n’a pas partout les mêmes motifs ni les mêmes impacts socio-environnementaux. D’où l’intérêt d’approches qualitatives par observations sensibles, entretiens avec des acteurs et habitants, dépouillements d’archives historiques (histoires de rues).

    Les quartiers sud

    En observant le facteur de proximité dans la diffusion, ainsi que le potentiel de valorisation immobilière des terrains vacants ou susceptibles de l’être, plusieurs scénarios de prospective ont été mis au point par Julien Dario pour anticiper l’évolution des espaces susceptibles d’être fermés, transmis à la Ville dans le cadre d’un contrat, comme aide à la décision (Dario 2011, 2014 et 2019). Dans les quartiers sud, on est frappé par la perspective de 53% de taux d’évolution spontané probable de la fermeture dans les 8ème et 9ème arrondissements, si aucune intervention publique ne vient réguler la tendance. Les surfaces touchées par les enclosures (résidences et périmètres d’entreprises) déjà localement très importantes pourraient y atteindre le tiers de la surface totale urbanisée. Des études de cas à échelle fine ont permis d’anticiper plusieurs conflits liés à ces processus (progressifs ou brutaux) en lien avec des dynamiques sociale locales.

    Les cas des lotissements « Coin Joli » et « Barry » (analysés ici par J.Dario entre 2011 et 2019) montrent comment certains dispositifs informels préfigurant l’enclosure sont mis en place progressivement, informellement, parfois subrepticement : enrochements, systèmes physiques fixes contraignants (plots métalliques) permettant encore le passage prudent de deux roues et piétons ; panneaux de sens interdit « privés » et informels apposés à l’extrémité de certaines rues. On passe d’une délimitation par panneautage à une fermeture symbolique et partielle, avant d’évoluer vers l’enclosure, qui peut être conflictuelle en privant de passage les riverains, en réduisant les perméabilités urbaines.

    Les quartiers nord : diffusion des ensembles résidentiels fermés dans les contextes de rénovation urbaine

    Un fait remarquable est la diffusion des enclaves résidentielles fermées au cœur et en bordure des zones urbaines sensibles (ZUS) telles qu’elles ont été définies par l’Agence Nationale de la Rénovation Urbaine (ANRU). Bénéficiant de la TVA réduite, les promoteurs sont incités à y produire une nouvelle offre de logement privée, afin de permettre une diversification et l’installation de classes moyennes. Mais les enclosures, supposées rassurer les candidats à l’accession à la propriété, et maintenir un niveau de prix élevé ne favorisent pas les relations sociales … et nos études montrent qu’en fait de « mixité », apparaissent de nouvelles formes de fragmentations et même de tensions résidentielles (Dorier et al, 2010, 2012), qui s’accompagnent, par ailleurs de formes d’évitement fonctionnel (Audren, 2015, Audren Baby-Collin, Dorier 2016 , Audren, Dorier, Rouquier, 2019). Le secteur du Plan d’Aou dans le 15ème arrondissement de Marseille, où la restructuration résidentielle est achevée a été analysé à l’aide d’étudiants (Balasc et Dolo 2011). Dans ce secteur cohabitent des zones de logements HLM en fin de réhabilitation, des lotissements anciens qui se sont fermés ou sont en cours de fermeture, des projets immobiliers récents, conçus sécurisés. La juxtaposition de ces différents types d’habitats aux profils sociaux différenciés engendre plus une fragmentation qu’une mixité Fonctionnelle, malgré la proximité. Les interrelations sont faibles entre les ensembles et les espaces. (Dorier, Berry-Chikahoui et Bridier, 2012)

    une crise des urbanités

    Tandis que cette transformation des espaces de copropriétés et rues privées de Marseille se poursuit, des pans entiers de vieux quartiers populaires se délabrent. En 2019, notre cartographie de ces ensembles résidentiels privés fermés ainsi que des HLM « résidentialisés » et enclos (dans les projets de rénovation urbaine) tranche avec la géographie des constructions déclarées en péril et brutalement évacuées de leurs habitants, suite à l’effondrement de deux immeubles vétustes du quartier Noailles, près du Vieux port de Marseille. Notre carte révèle des politiques de l’habitat à plusieurs vitesses, où des décennies de laisser-faire public face à la ville privée s’expriment d’un côté par la dégradation du bâti, et de l’autre par la multiplication de formes de repli et d’entre soi urbain ayant des impacts sur les circulations et sur l’accès aux équipements. A ce stade, des rééquilibrages publics sont indispensables. Quelques initiatives publiques pour maintenir des traverses piétonnières ont été lancées dans certains quartiers très touchés, elles sont compliques par les évolutions législatives (qui facilitent la clôture des espaces privés) ainsi que par la dévolution de la compétence en matière de voirie à la Métropole. Rétablir des accès et servitudes de passage pour les piétons est compliqué dans les espaces privés : il faut passer par une DUP, puis par l’achat d’une bande de terrain par la collectivité pour tracer un cheminement piétonnier. Des interventions seraient possibles dans certains cas où les clôtures ont été posées sur des rues non privées, ou hors de la légalité. Mais la collectovité ne s’auto-saisit pas des cas d’infraction. Les actions au cas par cas risquent de ne pas suffire à endiguer cette véritable crise d’urbanité.

    (observations menées conjointement à nos études sur le mal logement et des évacuations à Marseille).

    le projet ci-dessous a fait l’objet d’une exposition art-science, présentée à l’Espace Pouillon, campus centre Saint Charles de l’Université Marseille Privatopia 8-24 octobre 2020.

    Depuis 2014, une collaboration avec l’artiste peintre Anke Doberauer (photos et tableaux) a été rendue possible grâce à une résidence commune à la Fondation Camargo (2014). La jeune cinéaste Marie Noëlle Battaglia a également réalisé en 2020 un documentaire « En remontant les murs » inspiré par nos recherches, et en lien avec l’équipe (avant première le 18 octobre 2020, dans le cadre du festival Image de ville). Ces collaborations ont déjà donné lieu à des présentations croisées, comme celle du 3 avril 2019 organisée par le Goethe Institut à la Friche de la belle de mai, et pourraient déboucher sur une exposition et un ouvrage commun.

    Rapports de recherche-action :

    Dorier E. Dario J. Rouquier D. Bridier S. , (2014), Bilan scientifique de l’étude « Marseille, ville passante », Contrat de collaboration de recherche : « Développement urbain durable à Marseille » n°12/00718, 13 cartes, 18 croquis, 24 tableaux. juin 2014, 90 p.

    Dorier E. (dir), BERRY-CHIKHAOUI I., BRIDIER S., BABY-COLLIN V., AUDREN G., GARNIAUX J. (2010), La diffusion des ensembles résidentiels fermés à Marseille. Les urbanités d’une ville fragmentée, rapport de recherche au PUCA, Contrat de recherche D 0721 ( E.J. 07 00 905), 202 p, 35 cartes et croquis, 30 graphiques, 68 illustrations photographiques.

    Ces rapports ont donné lieu à de nombreuses restitutions publiques auprès des services de l’Urbanisme de la Ville, la Communauté urbaine, l’Agence d’Urbanisme (Agam), le département.

    Articles scientifiques :

    Dorier E. Dario J., 2018, « Gated communities in Marseille, urban fragmentation becoming the norm ? », L’Espace géographique, 2018/4 (Volume 47), p. 323-345. URL : https://www.cairn.info/journal-espace-geographique-2018-4-page-323.htm (traduction texte intégral ) texte intégral (ENG.) DORIER DARIO Espace geo anglais EG_474_0323

    Dorier E. Dario J., 2018, « Les espaces résidentiels fermés à Marseille, la fragmentation urbaine devient-elle une norme ? » l’Espace géographique, 2018-4 pp. 323-345.

    Dorier E., Dario J., 2016, « Des marges choisies et construites : les résidences fermées », in Grésillon E., Alexandre B., Sajaloli B. (cord.), 2016. La France des marges, Armand Colin, Paris, p. 213-224.

    Audren, G., Baby-Collin V. et Dorier, É. (2016) « Quelles mixités dans une ville fragmentée ? Dynamiques locales de l’espace scolaire marseillais. » in Lien social et politiques, n°77, Transformation sociale des quartiers urbains : mixité et nouveaux voisinages, p. 38-61 http://www.erudit.org/revue/lsp/2016/v/n77/1037901ar.pdf

    Audren, G., Dorier, É. et Rouquier, D., 2015, « Géographie de la fragmentation urbaine et territoire scolaire : effets des contextes locaux sur les pratiques scolaires à Marseille », Actes de colloque. Rennes, ESO, CREAD, Université de Rennes 2. Actes en ligne.

    Dorier E, Berry-Chickhaoui I, Bridier S ., 2012, Fermeture résidentielle et politiques urbaines, le cas marseillais. In Articulo– – Journal of Urban Research, n°8 (juillet 2012).

    Thèses

    Audren Gwenaelle (2015), Géographie de la fragmentation urbaine et territoires scolaires à Marseille, Université d’Aix Marseille, LPED. Sous la dir. d’Elisabeth Dorier et de V.Baby-Collin

    Dario Julien (2019) Géographie d’une ville fragmentée : morphogenèse, gouvernance des voies et impacts de la fermeture résidentielle à Marseille, Sous la dir. d’Elisabeth Dorier et de Sébastien Bridier. Telecharger ici la version complète. Cette thèse est lauréate du Grand prix de thèse sur la Ville 2020 PUCA/ APERAU/ Institut CDC pour la Recherche, Caisse des Dépôts

    Toth Palma (soutenance prévue 2021), Fragmentations versus urbanité(s) : vivre dans l’archipel des quartiers sud de Marseille Université d’Aix Marseille, LPED , Sous la direction de Elisabeth Dorier

    Posters scientifiques :

    Dario J. Rouquier D. et Dorier E., 2014, Les Ensembles résidentiels fermés à Marseille, in SIG 2014, Conférence francophone ESRI, 1-2 octobre 2014 – http://www.esrifrance.fr/iso_album/15_marseille.pdf

    Dario J. Rouquier D. et Dorier E, 2014, Marseille, fragmentation spatiale, fermeture résidentielle, LPED – Aix-Marseille Université, poster scientifique, Festival international de géographie de Saint Dié, oct 2014. https://www.reseau-canope.fr/fig-st-die/fileadmin/contenus/2014/conference_Elisabeth_Dorier_poster_LPED_1_Marseille.pdf

    Dario J. Rouquier D. et Dorier E., 2014, Marseille, Voies fermées, Ville passante, LPED – Aix-Marseille Université, poster. http://www.reseau-canope.fr/fig-st-die/fileadmin/contenus/2014/conference_Elisabeth_Dorier_poster_LPED_2_Marseille.pdf

    Contributions presse et médias

    Dorier E. Dario J. Audren G. aout 2017, collaboration avec le journal MARSACTU. 5 contributions à la série « Petites histoires de résidences fermées », collaboration journal MARSACTU / LPED, aout 2017. https://marsactu.fr/dossier/serie-petites-histoires-de-residences-fermees

    Dorier E. et Dario J. 23 aout 2017, interview par B.Gilles, [Petites histoires de résidences fermées] Les beaux quartiers fermés de la colline Périer, interview pr B.Gilles, MARSACTU, https://marsactu.fr/residences-fermees-dorier

    Dorier E. Dario J. 30 janv. 2017, interview par L.Castelly, MARSACTU : https://marsactu.fr/discussion-ouverte-residences-fermees

    Dorier E. , et Dario.J. 20 mars 2014, interview in MARSACTU , société : 29% de logements sont situes en residences fermees à Marseille

    Dorier E. Dario J., 4 oct 2013, « Hautes clôtures à Marseille », in Libération, le libé des géographes. (1 p, 1 carte) http://www.liberation.fr/societe/2013/10/03/hautes-clotures-a-marseille_936834
    Dorier E. , 7 avril 2013, « Le phénomène des résidences fermées est plus important à Marseille qu’ailleurs », Marsactu, talk quartiers, archi et urbanisme, http://www.marsactu.fr/archi-et-urbanisme/le-phenomene-des-residences-fermees-est-plus-important-a-marseille-quailleu

    Dorier E. Dario J., 10 fev 2013, « Fermetures éclair » in revue Esprit de Babel, Fermetures éclair

    télévision

    M6, Résidences fermées à Marseille – étude du LPED. Journal national, octobre 2013 : https://www.youtube.com/watch?v=hDM

    FR3, 19/20, Résidences fermées à Marseille – étude du LPED, 24 mai 2013, https://www.youtube.com/watch?v=o-O

    FR 5 (minutes 38 à 50) : « En toute sécurité », documentaire de B.Evenou, http://www.france5.fr/emission/en-t

    podcast radio

    Collaboration entre chercheurs et cinéaste, janvier 2021 : https://ecoleanthropocene.universite-lyon.fr/documenter-la-geographie-sociale-grand-entretien-a

    Collaboration entre chercheurs et artiste peintre, octobre 2020 : Sonographies marseillaises – Radio Grenouille et Manifesta 13 « Ce monde qui nous inspire #4 Marseille ville privée ? »

    https://urbanicites.hypotheses.org/688

    #sécurisation #privatisation #espace_public #classes_sociales #urban_matter #géographie_urbaine #TRUST #master_TRUST #immobilier #foncier #rénovation_urbaine #urbanisme #fragmentation_physique #inégalités #tout_voiture #voiture #automobile #stationnement_résidentiel #parkings #proximité #promotion_immobilière #urbanisation_privée #détours #barrières #mosaïque #
    #cartographie #visualisation

  • Webinaire 42 / À l’épreuve des murs : géographies de la sécurisation au Caire

    Durant la révolution​ égyptienne​, la lutte pour l’occupation des espaces urbains a été un enjeu majeur aussi bien pour les contestataires révolutionnaires que pour les forces de l’ordre et le régime autoritaire. À partir de 2013, ce dernier a renforcé la #répression des opposants politiques et la #sécurisation​ des rues du Caire​ à travers un dispositif législatif et matériel composé d’#infrastructures_militaires (murs, #checkpoints, etc.), mais également de #politiques_sécuritaires et d’aménagements urbains. Dans ce webinaire, #Laura_Monfleur, analysera comment ces dispositifs sécuritaires remettent en cause la dimension politique des espaces urbains, effaçant en même temps la #mémoire révolutionnaire dans le centre-ville cairote.

    https://www.youtube.com/watch?v=_h8Ty92hDb8


    #conférence #murs #Caire #Le_Caire #Egypte #géographie_urbaine #urbanisme #murs_intra-urbains #frontières #révolution #printemps_arabes #printemps_arabe #séparation #sécurisation #répression #ligne_de_front #front #espace_public #partition #fortification #espace #zone-tampon #risques #barbelés #militarisation #art_et_politique #appropriation #portes

    Une #carte :


    #cartographie #visualisation

    Quelques captures d’écran tirées de la conférence :

    Des #graffitis :


    #street-art #art_de_rue #trompe_l'oeil #fresques

    Lors de la #parade_des_momies :


    –-> #Parade_dorée_des_Pharaons :

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Parade_dor%C3%A9e_des_Pharaons

    @cede :

    Dans ce webinaire, #Laura_Monfleur, analysera comment ces dispositifs sécuritaires remettent en cause la dimension politique des espaces urbains, effaçant en même temps la #mémoire révolutionnaire dans le centre-ville cairote

    #traces #invisibilisation #in/visibilité

    • ‪À l’épreuve des murs. Sécurisation et pratiques politiques dans le centre-ville du Caire postrévolutionnaire (2014-2015)‪

      La révolution égyptienne de 2011 s’est caractérisée par une lutte pour l’appropriation de l’espace public. Elle a été analysée comme une démocratie en actes où les révolutionnaires se sont réappropriés par leurs pratiques et leurs stratégies un espace trop longtemps sécurisé par le gouvernement de Moubarak. Cet article vise à étudier en contre-point les stratégies territoriales de l’État pour le contrôle des espaces publics depuis 2011 et en particulier depuis 2013 avec le renforcement de la répression envers les Frères musulmans et l’arrivée au pouvoir des militaires. Ces stratégies sont mises en évidence dans le cas du centre-ville, épicentre de la révolution mais aussi de la représentation et de l’exercice du pouvoir politique. Elles se caractérisent par des pratiques de cantonnement des manifestations et par l’instauration de barrières et de checkpoints dans le centre-ville du Caire, constituant un véritable dispositif territorialisé et planifié de contrôle des rassemblements publics et des revendications politiques. Cet article vise donc également à analyser les conséquences de ce contrôle sur les pratiques politiques des opposants au régime à l’échelle locale du centre-ville du Caire à travers la restitution d’observations et d’entretiens menés entre 2014 et 2015.

      https://www.cairn.info/revue-egypte-monde-arabe-2017-2-page-39.htm?contenu=resume

  • Concevoir un imaginaire métropolitain autre pour penser la coopération territoriale
    https://metropolitiques.eu/Revisiter-l-imaginaire-metropolitain-pour-penser-la-cooperation-loca

    Un imaginaire métropolitain dessinant un destin commun est-il concevable ? Cynthia Ghorra-Gobin interroge celui des responsables politiques et des médias pour saisir les enjeux de la #coopération entre la #métropole et les petites villes qui l’entourent. Dans notre contexte national, la métropole a été conçue comme le territoire de l’économie alors qu’il en est parfois autrement ailleurs, comme aux États-Unis. En s’inspirant de l’anthropologie – qui à la suite des travaux de Maurice Godelier indique que #Essais

    / #Lyon, métropole, #métropolisation, #Minneapolis, coopération

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_cgg.pdf

  • A la recherche des électeurs de Guillaume Delbar à Roubaix 30 avril 2021 - mediacité

    De qui le maire de Roubaix est-il l’élu ? C’est la question posée par trois politologues lillois - Rémy Bretton-Wylk, Fabien Desage et Tristan Haute - il y a un peu plus d’une semaine, dans la revue en ligne spécialisée Métropolitiques. Une question fort attrayante pour tous les amoureux de la chose électorale. Mais qui risque d’être un peu déçus par la réponse de nos experts. Bien que riche d’enseignements, en effet, celle-ci n’est que partielle. Nous avons donc tenté d’en savoir plus en interrogeant un des auteurs.


    Guilaume Delbar. Photo Francis Verhelst/Wikipedia.
    Le pitch de départ est connu : Guillaume Delbar https://www.mediacites.fr/portrait/lille/2019/12/06/roubaix-guillaume-delbar-la-revanche-de-loutsider , maire sortant, ex-LR, passé en 2019 dans l’orbite d’Emmanuel Macron, est réélu assez confortablement au deuxième tour des municipales de juin 2020. Il s’impose face au candidat d’union d’une partie de la gauche, Karim Amrouni https://www.mediacites.fr/portrait/lille/2020/06/19/municipales-le-quitte-ou-double-du-docteur-amrouni-a-roubaix , par 56 % des voix contre 44 %. Et ce alors qu’il ne l’avait emporté que de justesse en 2014, à l’issue d’une quadrangulaire très disputée. Un succès incontestable à un petit-gros détail près : l’abstention a été massive.

    Près de 8 électeurs sur 10 ne se sont pas déplacés. Résultat, avec seulement 5776 voix - un millier de moins . . .

    La suite payante : https://www.mediacites.fr/breve/lille/2021/04/30/a-la-recherche-des-electeurs-de-guillaume-delbar-a-roubaix

    #Roubaix #politique #élections #bourgeoisie #élections

    • De qui le maire de Roubaix est-il l’élu ?

      Rémy Bretton-Wilk & Fabien Desage & Tristan Haute - 19 avril 2021

      Analysant les effets croisés de la ségrégation spatiale et de l’abstention sur les résultats électoraux, Rémy Bretton-Wilk, Fabien Desage et Tristan Haute démontrent l’existence d’une « prime au vote bourgeois » dans l’une des villes les plus pauvres de France.

      Souvent présentée comme « la ville la plus pauvre de France », Roubaix, qui avait placé Jean-Luc Mélenchon (LFI) en tête du premier tour de la dernière élection présidentielle avec 36 % des voix, est dirigée depuis 2014 par Guillaume Delbar, un maire Les Républicains (devenu « divers droite » en 2017). Élu de justesse dans une quadrangulaire en 2014 (34,8 % des suffrages exprimés au second tour) malgré l’importance du score LFI en 2017, le maire est parvenu à conserver assez facilement la mairie en 2020 avec 56 % des suffrages exprimés au second tour.

      La déconnexion entre les résultats aux élections nationales et locales à Roubaix ne peut se comprendre qu’en tenant compte d’un différentiel d’abstention important qui, loin de concerner la ville de manière homogène, touche plus fortement ses quartiers populaires. La victoire aisée de la droite lors de la dernière élection municipale s’explique par une mobilisation électorale à la fois faible et socialement différenciée, ainsi que par une impressionnante capacité de la droite à mobiliser la bourgeoisie locale, là où la gauche, divisée, ne parvient plus à attirer les classes populaires pourtant largement majoritaires. Pour le dire autrement, l’abstention massive dans les quartiers populaires donne une véritable « prime » aux votes dans les quartiers bourgeois, dont le poids relatif dans l’élection se trouve accru.

      Une abstention massive et socialement située

      Le cas roubaisien a été peu étudié en sociologie électorale (Etchebarne 1983 ; Lefebvre 2002). À l’image de ce qui a été observé au niveau national (Jaffré 2020), la ville connaît une hausse continue de l’abstention depuis les années 1990, aggravée par le niveau du chômage, la précarité socio-économique et la faiblesse des diplômes au sein de la population locale. Ainsi, l’abstention était majoritaire dès 2001, atteignant 55 % au premier tour des élections municipales contre 33 % au niveau national : dix points de plus qu’en 1995 et vingt de plus qu’en 1989 (Lefebvre 2002). Depuis, elle n’a cessé d’augmenter : 60 % en 2008, 62 % en 2014 et 78 % en 2020, en pleine crise sanitaire. Plus de trois Roubaisiens inscrits sur quatre ne se sont donc pas rendus aux urnes.

      Les maires de Roubaix sont de plus en plus « mal élus », au sens où leur élection repose sur un nombre de suffrages de plus en plus faible. En 2001 et en 2008, René Vandierendonck, tête de liste de la gauche socialiste mais ancien dauphin du maire UDF-CDS André Diligent (1983-1994), était élu avec respectivement 8 787 et 8 907 voix. En 2014, Guillaume Delbar n’était élu qu’avec 6 949 voix. En 2020, sa victoire ne reposait plus que sur 5 776 voix dans une ville qui compte près de 100 000 habitants.

      Pour les candidats, l’enjeu est dès lors moins de conquérir des « parts de marché électoral » que de s’assurer le soutien des groupes les plus mobilisés, dont le poids relatif dans l’élection se trouve accru. Or, à Roubaix comme ailleurs, l’abstention est socialement située (Haute 2020 ; Braconnier et al. 2017). Bien que majoritaire en 2020, l’abstention dans les bureaux « bourgeois » reste quinze points inférieure à celle observée dans le reste de la ville (voir Tableau 1). À cette abstention plus faible s’ajoute également une meilleure inscription sur les listes électorales dans ces quartiers privilégiés (Braconnier et al. 2017).

      Les inégalités sociales de mobilisation électorale tendent ainsi à renforcer le poids électoral des classes supérieures : si les quatre bureaux « bourgeois » ne rassemblent que 6 % de la population roubaisienne âgée de 15 ans et plus, ils agrègent déjà 8 % des inscrits sur les listes électorales et entre 12 % et 13 % des votants (respectivement au 1er et 2e tour des municipales de 2020). Leur poids relatif dans le résultat final s’en trouve très sensiblement accru.

      Ce constat n’est pas spécifique aux scrutins locaux mais, lors de la présidentielle, le poids de ces bureaux était réduit du fait de la plus forte participation dans l’ensemble de la ville : les quatre bureaux bourgeois rassemblent moins de 10 % des votants au premier tour de l’élection présidentielle de 2017, contre plus de 12 % en 2020.

      Tableau 1. Résultats des élections municipales de 2020 et présidentielles de 2017 selon le type de bureau de vote (en % des inscrits)


      Source : Ministère de l’Intérieur, 2020 ; traitements par les auteurs.

      Roubaix, pauvre mais aussi ségréguée _

      À l’image de ce qui a été réalisé dans d’autres villes (Rivière 2014 ; Batardy et al. 2017), détailler l’analyse des données électorales et sociodémographiques, à l’échelle des quarante-six bureaux de vote de la ville permet de mieux saisir l’hétérogénéité sociale et électorale d’un espace urbain.

      En l’occurrence, à Roubaix, l’effet de la différenciation sociale des comportements électoraux est amplifié par la ségrégation de la ville. Véritable « ville usine » du textile (Pétillon 2006), Roubaix est victime de la désindustrialisation dès les années 1960 et connaît vite un chômage de masse. Loin d’enrayer la situation, les politiques urbaines tendent plutôt à accroître les inégalités au sein de la ville (Vulbeau 2018 ; Collectif Degeyter 2017). À Roubaix cohabitent en effet les fractions les plus précaires des classes populaires et une bourgeoisie, au passé industriel mais reconvertie dans d’autres secteurs d’activité (grande distribution, banques…), à laquelle se sont greffés des cadres du privé travaillant dans la métropole lilloise et séduits par un immobilier bon marché. Ces classes supérieures se concentrent dans une toute petite partie de la ville, aux abords du parc Barbieux notamment (figures 2 à 5), à quelques kilomètres mais à « mille lieues » des logements sociaux et de l’habitat privé modeste qui caractérisent les anciens quartiers industriels de la ville, comme Le Pile, Le Cul de Four, l’Alma, ou l’Épeule (figure 1).

      Figure 1. Les quartiers de Roubaix


      Source : Ville de Roubaix, 2017, typologie couleur par les auteurs.

      Figure 2. Avenue Jean-Jaurès (qui longe le parc Barbieux) - Photo : F. Desage.

      Figure 3. Avenue Gustave-Delory (est du parc Barbieux) - Photo : F. Desage.

      Figure 4. Boulevard du Général-de-Gaulle (nord du parc Barbieux) - Photo : F. Desage.

      Figure 5. Rue Colbert (nord-ouest du parc Barbieux) - Photo : F. Desage

      Cette ségrégation socio-spatiale se traduit dans les caractéristiques des bureaux de vote. Le tableau 2 révèle ainsi le profil social très spécifique de quatre d’entre eux, que nous qualifions ici de « bourgeois », marqués par une surreprésentation très nette des diplômés du supérieur, des retraités, des cadres et des propriétaires et par une sous-représentation des immigrés.

      Tableau 2. Caractéristiques sociales des bureaux de vote roubaisiens - Source : INSEE, 2016 ; traitement par les auteurs

      Une bourgeoisie acquise à la droite, une gauche qui ne mobilise pas les quartiers populaires

      En pourcentage des inscrits le résultat de la liste de Guillaume Delbar dans les quatre bureaux bourgeois est près de trois fois supérieur à son résultat dans le reste de la ville, au premier comme au second tour. Les bureaux bourgeois, qui ne pèsent que pour 6 % de la population roubaisienne, fournissent ainsi respectivement 20 % et 18 % des voix de la liste de Guillaume Delbar au premier et au second tour.

      Si elles ne font pas basculer l’élection, les 1 045 voix recueillies par G. Delbar au second tour dans les quatre bureaux bourgeois (contre 4 731 dans les 42 autres bureaux de la ville) lui assurent une victoire confortable : sans ces quatre bureaux, l’écart entre le maire élu et son challenger divers gauche, Karim Hamrouni, aurait été de moins de 500 voix.

      Deux anamorphoses permettent de préciser l’analyse. Dans la première (figure 6), l’aire des bureaux de vote est proportionnelle à la population résidente. Dans la seconde (figure 7), l’aire des bureaux de vote est proportionnelle au nombre de voix obtenues par la liste Delbar au 2e tour des municipales de 2020. La comparaison des cartes fait apparaître deux types de déformations. D’un côté, les quartiers de Barbieux et du Nouveau Roubaix occupent une surface bien plus importante dans la figure 7 que dans la figure 6 : quelques quartiers concentrent les votes en faveur de la liste Delbar. D’un autre côté, les quartiers populaires (l’Alma, le Cul de Four, le Pile, l’Épeule) voient leur surface nettement réduite dans la figure 7 par rapport à la figure 6, preuve que, même si la population roubaisienne s’y concentre, ces quartiers contribuent très marginalement à la victoire électorale de la droite.

      Figure 6. Anamorphose : l’aire des bureaux de vote est proportionnelle à leur population résidentielle


      Source : INSEE, 2016 ; Ville de Roubaix, 2017 ; traitement : R. Bretton-Wilk, Qgis 3.14.

      Figure 7. Anamorphose : l’aire des bureaux de vote est proportionnelle au résultat qu’y obtient la liste Delbar au second tour (2020)


      Source : Ministère de l’Intérieur, 2020 ; traitement : Rémy Bretton-Wilk, Qgis 3.14.

      Cette surmobilisation de la bourgeoisie locale en faveur de la droite et la faible capacité de la gauche à mobiliser son camp, en particulier les nouvelles classes populaires racisées et discriminées, ne sont pas nouvelles (Masclet 2003 ; Hadj Belgacem 2016). D’une part, si Roubaix fut un « bastion socialiste », longtemps détenu par la SFIO, la majorité socialiste n’était obtenue, dès 1945, qu’à la faveur d’une alliance de « troisième force » avec les chrétiens-démocrates (Lefebvre 2004). Après la victoire de la droite en 1983, le retour à gauche de la ville, en 2001, s’explique d’ailleurs en grande partie par le ralliement à la gauche du maire centriste sortant, René Vandierendonck (Lefebvre 2002 ; Desage 2006). D’autre part, la géographie électorale roubaisienne apparaît très stable sur le temps long, à l’instar des lignes de clivage socio-spatiales au sein de la ville : les bureaux autour du parc Barbieux étaient déjà, en 1983, les plus favorables au nouveau maire UDF-CDS (Etchebarne 1983) et constituaient, en 2001, la principale zone de force électorale d’une droite divisée et passée dans l’opposition (Lefebvre 2002).

      Ce double effet de polarisation sociale et de surmobilisation de la bourgeoisie locale prend toutefois un aspect décisif, dès lors que la gauche, fortement divisée, ne parvient plus à mobiliser l’électorat populaire. Le faible intérêt pour la politique institutionnelle et la pratique intermittente du vote n’empêchent pas l’existence d’autres formes de mobilisations sociales (Collectif Rosa Bonheur 2019) et politiques (Talpin 2020), mais celles-ci se traduisent difficilement en dynamiques partisanes et électorales.

      Prime au vote bourgeois et orientations de l’action publique

      Si le maire de Roubaix n’est pas le maire des seuls quatre quartiers bourgeois – dont les suffrages n’auraient pas suffi à le faire élire – il leur est néanmoins électoralement redevable.

      Ce soutien électoral des quartiers privilégiés ne résume pas à lui seul l’influence des habitants les plus insérés économiquement et socialement sur la politique du maire : ils disposent d’autres ressources pour se faire entendre. Il serait toutefois naïf de penser que ce soutien électoral ne joue aucun rôle. Les recherches de Max Rousseau (2010) sur les origines des politiques de « gentrification » à Roubaix dans les années 1990 ou de Yoan Miot (2012) sur les politiques de « renouvellement urbain » pointent en effet le rôle décisif des élites économiques locales dans la promotion de politiques publiques favorables aux intérêts des propriétaires et investisseurs : leur poids se retrouve notamment dans l’adoption de mesures valorisant la « bonne image » de la ville, son patrimoine et son « attractivité ».

      Les effets électoraux de cette répartition géographique très inégalitaire de l’électorat étant attestés, il serait utile d’analyser plus en détail ses conséquences tant sur les actions engagées par les municipalités de droite que sur la marginalisation des groupes sociaux les moins audibles.

      Bibliographie *
      • Audemard, J. et Gouard, D. 2016. « Le bureau de vote : objet et terrain d’enquêtes électorales », Pôle Sud, n° 44, p. 5-19.
      • Batardy, C., Bellanger, E., Gilbert, P. et Rivière, J. 2017. « Présidentielle 2017. Les votes des grandes villes au microscope », Métropolitiques [en ligne], 9 mai 2017.
      • Braconnier, C., Coulmont, B. et Dormagen, J.-Y. 2017. « Toujours pas de chrysanthèmes pour les variables lourdes de la participation électorale. Chute de la participation et augmentation des inégalités électorales au printemps 2017 », Revue française de science politique, 2017, n° 67, p. 1023-1040.
      • Collectif Degeyter. 2017. Sociologie de Lille, Paris : La Découverte.
      • Collectif Rosa Bonheur. 2019. La Ville vue d’en bas. Travail et production de l’espace populaire, Paris : Éditions Amsterdam.
      • Desage, F. 2006. « Roubaix et la construction de l’institution communautaire : une contribution paradoxale », in M. David, B. Duriez et R. Lefebvre (dir.), Roubaix : 50 ans de transformation urbaine et de mutation sociale, Lille : Presses du Septentrion, p. 129-147.
      • Etchebarne, S. 1983. « L’urne et le xénophobe. À propos des élections municipales à Roubaix en mars 1983 », Espace, populations, sociétés, n° 2, p. 133-138.
      • Gombin, J. 2017. « spReapportion : Reapportion Data From one Geography to Another », R package, version 0.1.0.9001.
      • Hadj Belgacem, S. 2016. « Reconquérir la jeunesse des cités ? Enjeux et contradictions d’un Conseil Local des Jeunes dans une municipalité communiste », Mouvements, n° 85, p. 95-103.
      • Haute, T. 2020. « La participation électorale en temps de crise sanitaire : évolutions et persistances », Pouvoirs locaux, n° 118, p. 29-34.
      • Jaffré, J. 2020. « L’abstention aux élections municipales depuis l’après-guerre (1947-2014) », note Sciences Po/CEVIPOF, mars 2020.
      • Lefebvre, R. 2004. « Le socialisme français soluble dans l’institution municipale ? Forme partisane et emprise institutionnelle : Roubaix (1892-1983) », Revue française de science politique, vol. 54, n° 2, p. 237-260.
      • Lefebvre, R. 2002. « Roubaix. Entre recomposition politique et stabilité électorale », in B. Dolez et A. Laurent (dir.), Le Vote des villes, Paris : Presses de Sciences Po, p. 257-274.
      • Masclet, O. 2003. La Gauche et les cités : enquêtes sur un rendez-vous manqué, Paris : La Dispute.
      • Miot, Y. 2012. Face à la décroissance urbaine, l’attractivité résidentielle ? Le cas des villes de tradition industrielle de Mulhouse, Roubaix et Saint-Étienne, thèse de doctorat d’Aménagement et urbanisme, Université Lille 1.
      • Pétillon, C. 2006. La Population de Roubaix. Industrialisation, démographie et société, 1750-1880, Lille : Presses du Septentrion.
      • Rivière, J. 2014. « Les divisions sociales des métropoles françaises et leurs effets électoraux. Une comparaison des scrutins municipaux de 2008 », Métropolitiques [en ligne], 21 mars 2014.
      • Rousseau, M. 2010. « Gouverner la gentrification. Différentiel de loyer et coalitions de croissance dans la ville en déclin », Pôle Sud, n° 32, p. 59-72.
      • Talpin, J. 2020. Bâillonner les quartiers. Comment le pouvoir réprime les mobilisations populaires, Lille : Les Étaques.
      • Vulbeau, J. 2018. « La rénovation urbaine à Roubaix : une modernisation sous tension (1957-1972) », Revue du Nord, n° 424, p. 191-219.

      #vote #maires #abstention #quartiers_populaires #ségrégation #bourgeoisie #élections #Nord–Pas-de-Calais #Roubaix #cartes #sociologie #classes_populaires #droite #gauche #géographie_électoral #gentrification #renouvellement_urbain # élites #politiques_publiques #inégalités #électorat_populaire

  • Les #mémoires comme ressources et enjeux. Dimensions spatiales, politiques et sociales

    Dominique Chevalier
    Les mémoires comme ressources et enjeux. Dimensions spatiales, politiques et sociales [Texte intégral]
    Memories as resources and stakes. spatial, political and social dimensions

    Jean-Luc Poueyto
    Lieux vénérés puis oubliés : L’exemple de #mémoires_familiales #manouches [Texte intégral disponible en décembre 2021]
    Venerated, then forgotten spaces : the example of Manouche family memories

    Dominique Chevalier, François Duchene et Thomas Zanetti
    Palimpsestes mémoriels, #gentrification inachevée et voisinages migratoires : l’exemple de commerces de #La_Guillotière à #Lyon [Texte intégral disponible en décembre 2021]
    Memory palimpsests, unfinished gentrification and migratory neighborhoods : the example of La Guillotière businesses in Lyon

    Elisa Aumoitte
    Sans mémoire des lieux ni lieux de mémoire. La #Palestine invisible sous les #forêts_israéliennes [Texte intégral disponible en décembre 2021]
    Without memory of places or places of memory.Invisible Palestine under israeli forests

    Anne Hertzog et Rafiq Ahmad
    Un #cimetière chinois dans la #Somme : #pratiques_mémorielles, lieu de #co-présence et territorialités diasporiques [Texte intégral disponible en décembre 2021]
    A chinese cemetery in Somme : remembrance practices, place of co-presence and diasporic dynamics
    #diaspora

    William Robin-Detraz
    #Haut-lieu et appropriations de la mémoire des #tirailleurs_sénégalais : le #Tata de #Chasselay (69) [Texte intégral disponible en décembre 2021]
    “Haut-lieu” and appropriations of the memory of African Colonial Soldiers : the Tata of Chasselay

    Aliou Gaye
    Processus de #patrimonialisation et mise en #tourisme des mémoires collectives de l’#esclavage à l’#île_de_Gorée [Texte intégral disponible en décembre 2021]
    Patrimonialization process and setting in tourism of collective memories of slavery on the island of Goree
    #Gorée

    Marie Pouillès Garonzi
    « Un musée à ciel ouvert ». Les traces du passé conflictuel dans les #espaces_publics chypriotes [Texte intégral disponible en décembre 2021]
    “An open-air museum”. Traces of the conflicting past in cypriot public spaces
    #espace_public #Chypre

    Thibault Ducloux
    Là où s’échouent les destinées. Les #prisons, dévoreuses de mémoires ? [Texte intégral disponible en décembre 2021]
    Where destinies run aground. Do jails crush social memories ?

    https://journals.openedition.org/bagf/6655

    #revue #mémoire #géographie

  • Journée des droits des femmes : #visibilité des #femmes_scientifiques sur Wikipédia

    En marge de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars, La Casemate et le Quai des Savoirs ont organisé un #éditathon sur les femmes et la science sur Wikipédia, l’encyclopédie libre et collaborative. Ce marathon d’édition vise à augmenter le nombre de biographies de femmes scientifiques et rendre leurs travaux plus visibles : les femmes représentent seulement 8 à 10% des biographies de femmes scientifiques sur Wikipédia.

    C’est Anne-Laure Amilhat-Szary qui a proposé de participer à l’événement pour les femmes géographes, événement auquel l’UMR TREE s’est joint.

    Au final, durant quatre jours, 12 pages de femmes géographes ont été créées ou enrichies sur Wikipédia ainsi que de très nombreuses fiches sur Wikidata, le volet bases de données du projet collaboratif. Les membres de Pacte se sont saisi également de l’initiative en lançant l’enrichissement chaque semaine d’une page de géographe via le compte Twitter de la Commission de géographie Féministe du CNFG.

    Explorer le bilan pour le laboratoire : https://twitter.com/UMR_TREE/status/1371186612428812291

    Découvrir toutes les fiches de femmes scientifiques créées ou modifiées durant l’éditathon : https://fr.wikipedia.org/wiki/Projet:Editathon_Femmes_%26_Sciences_2021#Bilan_de_l'%C3%A9ditathon_20

    https://www.pacte-grenoble.fr/actualites/journee-des-droits-des-femmes-visibilite-des-femmes-scientifiques-sur
    #wikipedia #gender_gap #femmes #visibilisation #géographie #géographes #femmes_géographes

  • Cartes sensibles ou subjectives

    Cartographie sensible ou subjective
    Pour Quentin Lefèvre, la cartographie sensible (ou #cartographie_subjective) peut se définir comme un média de restitution de l’#expérience du territoire ou encore comme la "#spatialisation_sensible de données sensibles".
    http://quentinlefevre.com/cartographie-sensible

    Cartographie sensible, émotions et #imaginaire
    #Elise_Olmedo cerne les contours théoriques et méthodologiques de la cartographie sensible, en décrit les étapes de création et s’interroge sur ses impacts, son utilité et ses limites, à partir d’une expérimentation faite sur le terrain au Maroc, à Marrakech, au printemps 2010.
    http://visionscarto.net/cartographie-sensible

    Cartographier les #interstices de la #ville
    En faisant remonter à la surface les éléments du #paysage, l’artiste scénographe #Mathias_Poisson délivre des informations sur l’#ambiance des lieux, qui sensorialisent la carte. Élise Olmedo rend compte de cette #expérience_urbaine subjective dans ce beau billet.
    http://www.strabic.fr/Mathias-Poisson-Cartographier-les-interstices-de-la-ville

    Cartes et cartographie des ressentis et représentations d’individus
    La cartographie d’objets tels que des #ressentis (une gêne) ou des représentations de l’#espace_vécu (un risque) relatés par des individus mobilise des bagages conceptuels et techniques nombreux, nécessitant une mise au point sémantique et méthodologique. Aurélie Arnaud discute l’état de la recherche dans ce domaine dans la revue M@ppemonde.
    https://journals-openedition-org/mappemonde/4666

    Et si les cartes permettaient aussi d’explorer l’#invisible ?
    C’est ce que propose l’atelier pédagogique de la BNF "Les cartes de l’invisible".
    http://c.bnf.fr/JtG

    L’#Otletosphère
    Cette cartographie relationnelle des personnalités et institutions liées à #Paul_Otlet cherche à mettre en visibilité la forte implication de l’auteur au sein des organisations pacifistes internationales ainsi qu’au sein des institutions bibliographiques et documentaires.
    http://hyperotlet.huma-num.fr/otletosphere/117

    Pour une pratique féministe de la #visualisation de données
    #Donna_Haraway, dans son essai fondateur sur les #savoirs_situés, offre une critique brillante non seulement de la représentation visuelle mais de la préférence extrême et perverse donnée aux yeux sur le corps dans la pensée occidentale.
    http://visionscarto.net/visualisation-donnees-feministe
    #feminisme

    Nouvelles cartographies – Lettres du #Tout-Monde
    Ce projet de création expérimental et ouvert à tou.te.s a été lancé par des artistes et journalistes associés au #Labo_148. Quelle sera la cartographie du monde après la crise sanitaire ? Que redéfinit-elle ? Quelles urgences « à rêver un autre rêve, à inventer d’autres espoirs » s’imposent ? Le “Tout-Monde” selon #Edouard_Glissant, est cette inextricabilité de nos devenirs, et en cela, il invite à une poétique active de la #mondialité, de rencontres des imaginaires. Voir notamment l’expérience de Paul Wamo Taneisi : “Je porterai moi-même ma carte géographique”
    http://www.labo148.com/category/nouvelles-cartographies

    #Cartographies_traverses
    « Cartographies traverses » est un dispositif de recherche-création qui regroupe des productions visuelles et sonores traitant des expériences migratoires contemporaines.
    http://visionscarto.net/cartographies-traverses

    Re-dessiner l’expérience, art, sciences, conditions migratoires
    #Sarah_Mekdjian et #Marie_Moreau utilisent la cartographie avec des migrants "pour un autre partage du sensible". Le projet débouche sur l’élaboration d’une très belle carte sensible (à voir).
    http://www.antiatlas-journal.net

    Cartes de migrants
    L’artiste camerounais #Jean_David_Nkot réalise des portraits avec des cartes afin de "représenter les nombreux lieux qui se bousculent dans la tête des migrants" : https://wepresent.wetransfer.com/story/jean-david-nkot

    Cartes d’ici et d’ailleurs
    Favoriser l’inclusion sociale des personnes migrantes en France à travers des ateliers de #cartographie_participative et sensible (CartONG) : tel est l’objectif global du projet “Cartes d’ici et d’ailleurs”, soutenu par la Fondation de France et mis en oeuvre par #CartONG.
    http://veillecarto2-0.fr/2018/12/21/carte-sensible-un-outil-dinclusion-sociale

    #Guerilla_Cartography
    L’objectif de Guerrilla Cartography est d’utiliser l’#art pour promouvoir une #cartographie_collaborative et engagée. Le site rassemble plusieurs atlas originaux et artistiques sur l’#eau, la #nourriture, les migrants.
    http://www.guerrillacartography.org

    Plateforme Art & Géo de Cartes Sensibles
    Proposé par le polau-pôle des arts urbains et #Crévilles, ce site regroupe des cartes artistiques et géographiques qui rendent compte d’un territoire existant en assumant un regard sensible et/ou subjective. Il est conçu comme un outil de ressource et de partage pour chercheurs, artistes et curieux.
    http://polau.org/pacs

    L’art est dans la cARTe
    #Ghislaine_Escande est artiste peintre et plasticienne. Avec ses cARTes, elle redessine le Monde et nous fait voyager.
    http://neocarto.hypotheses.org/10407

    Carte sensible du festival de #Glastonbury
    Le plan du célèbre festival de musique et d’arts de Glastonbury au Royaume-Uni selon The Word Magazine.

    La carte subjective du musicien #Nick_Cave
    Il s’agit d’une affiche de 2006 pour le concert de Nick Cave à Manchester en Angleterre. Elle contient plus de 50 énigmes basées sur les paroles de ses chansons. Voir cette vidéo qui revient sur le sens de cette carte subjective.
    http://www.davidrumsey.com/luna/servlet/s/3ypdis

    Médier les récits de vie. Expérimentations de #cartographies_narratives et sensibles
    Article de Sarah Mekdjian et Élise Olmedo paru en 2016 sur le site de M@ppemonde.
    http://mappemonde.mgm.fr/118as2
    #cartographie_narrative

    Cartographier une année de sa vie
    #Nicholas_Felton est un artiste designer qui traduit les données de la vie quotidienne en objets et en expériences significatives. Il est l’auteur de plusieurs rapports annuels qui résument les événements de l’année en cartes et graphiques rendant compte de son expérience subjective.
    http://feltron.com/FAR08.html

    Cartographie du #confinement en période d’épidémie
    L’artiste britannique #Gareth_Fuller (https://fullermaps.com/artworks/quarantine-maps) raconte en 14 cartes l’expérience de survie que représente la #quarantaine. Un grand nombre de cartes décrivant différents vécus en mode confiné sur Citylab (www.citylab.com/life/2020/04/neighborhood-maps-coronavirus-lockdown-stay-at-home-art/610018/). Le confinement en croquis, vu de France : géographie politique, sociale et culturelle du monde post-Covid19 par #Jérôme_Monnet (Cybergéo : https://journals.openedition.org/cybergeo/34804). Une manière de décaler le regard sur le monde peut être d’utiliser (et d’admirer au passage) les très belles oeuvres de #street-art (https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/street-art/coronavirus-tour-du-monde-des-plus-belles-oeuvres-de-street-art-face-a-) produites dans le contexte de la pandémie. #Virginie_Estève a proposé un projet cartographique à ses élèves de 4e : cartographier leur espace vécu de confinement et aborder le paysage sensible depuis leur fenêtre. La preuve que l’on peut continuer à faire de la géographie et travailler à distance, moyennant quelques aménagements ( voir ce Genialy : https://view.genial.ly/5e80c8155ad5150d93dab237/guide-geographie-du-confinement). Julien Dupont (Kobri), professeur d’histoire-géographie en collège à Vaulx-en-Velin et auteur de fictions radiophoniques et cartographiques, a mis en ligne sur son site Kartokobri (https://kartokobri.wordpress.com) ses cartes quotidiennes du confinement. #SCOPIC (http://www.revuesurmesure.fr/issues/battre-aux-rythmes-de-la-ville/explorations-sensibles-de-notre-1km) s’est interrogée sur l’expérience du kilomètre autour de nos habitats. Pour d’autres liens, consulter le billet "Faire de la géographie en période de confinement" (https://cartonumerique.blogspot.com/2020/03/geographie-et-confinement.html).

    Maps of Home
    "Maps of Home" est une vision nostalgique faite des souvenirs de #Janesville dans le #Wisconsin, où l’auteur a grandi et où il a dû revenir à cause de la pandémie.
    http://moriartynaps.org/maps-of-home

    Suivre ses proches en temps de guerre
    Carte dessinée à la main par ma grand-mère pour suivre les mouvements de mes grands-pères pendant la Seconde Guerre mondiale (1943-1945).
    http://www.reddit.com/comments/be814f

    #Nomadways
    Le groupe Nomadways a invité 24 artistes, éducateurs et travailleurs sociaux à découvrir et explorer l’espace à partir de leurs #émotions et à créer leurs propres cartes subjectives dans un but de construction et d’inclusion communautaires.
    http://nomadways.eu/subjective-mapping-2017-france

    Cartographie autochtone, activités extractives et représentations alternatives
    Le réseau #MappingBack a pour objectif de fournir du soutien cartographique aux membres des communautés autochtones luttant contre les industries extractives sur leur territoire. MappingBack cherche à utiliser la cartographie comme un outil de #résistance.
    http://mappingback.org/home_fr
    #peuples_autochtones #extractivisme

    #Native_land, cartographier les voix autochtones
    Le site Native Land, mis sur pied en 2015 par #Victor_Temprano, propose un outil cartographique participatif permettant une conceptualisation décoloniale des Amériques, du #Groenland, de l’#Australie et de la #Nouvelle-Zélande. Lire la présentation du site.
    http://native-land.ca
    #décolonial

    Cartographie et #langues_autochtones
    #Marlena_Myles utilise son art pour célébrer sa culture et sa langue autochtones ainsi que pour aider le public (notamment les enfants) à comprendre l’importance des traditions et de l’histoire orales autochtones. Ses cartes racontent le passé, le présent et l’avenir du peuple et de la langue du #Dakota.
    http://marlenamyl.es/project/dakota-land-map
    #histoire_orale

    Counter Mapping
    #Jim_Enote, agriculteur #zuni traditionnel dans le Colorado (Etats-Unis), collabore avec des artistes pour créer des cartes qui ramènent une voix et une perspective autochtones à la terre. Ces cartes zunis s’inspirent profondément d’expériences partagées de lieux dans une volonté de #réappropriation du territoire par les #Amerindiens.
    http://emergencemagazine.org/story/counter-mapping

    Cartographie personnelle et subjective de #Mary_Jones
    Au cours de ses dérives dans la ville de #Des_Moines, Mary Jones observe les lieux et les habitant⋅e⋅s, fait des photos, remplit des carnets d’#esquisses, prend des notes, enregistre parfois aussi des sons. Une masse de matériaux bruts qu’elle assemble ensuite en images hybrides (#collages, #superpositions, #sampling_visuels) qui composent une sorte de cartographie personnelle, subjective, voire intime de la cité et de ses marges.
    http://aris.papatheodorou.net/une-flaneuse-a-la-derive

    Cartographier les espaces vécus et les émotions (#Drusec)
    La ville telles qu’elle est vécue par les usagè.re.s de drogue marginalisés de #Bordeaux.
    http://drusec.hypotheses.org/1722

    #Queering_the_Map
    Queering the Map est un projet de cartographie généré par la communauté #queer afin de géolocaliser des moments, des souvenirs et des histoires par rapport à leur espace physique. En cartographiant ces moments éphémères, Queering the Map vise à créer une archive vivante d’expériences queer.
    http://queeringthemap.com

    Cartographie subjective des Etats-Unis par #Paul_Steinberg
    Cette série de vues subjectives des Etats-Unis et du monde a été réalisée par Saul Steinberg pour des couvertures anciennes de magazines (The New Yorker ou autres)
    http://saulsteinbergfoundation.org/essay/view-of-the-world-from-9th-avenue

    La cartographie au service des théories platistes
    La théorie de la Terre Plate perdure jusqu’à aujourd’hui. La réalisation de cartes à l’image de la #terre_plate devient un objet de promotion de ces théories.
    http://veillecarto2-0.fr/2020/09/22/la-cartographie-au-service-des-theories-platistes

    Le monde vu de...
    Une série de vues du monde à partir de #New_York, #San_Francisco et différentes villes des Etats-Unis (lire notre article sur le monde vu de la Silicon Valley).
    https://imgur.com/a/XTnSn#0

    Le monde vu par les Anciens
    Cet atlas de #Karl_Müller de 1874 reproduit "les systèmes géographiques des Anciens" et d’une certaine manière la façon dont ces systèmes de représentation de l’#Antiquité étaient eux-mêmes vus au XIXe siècle.
    http://geodata.mit.edu/catalog/princeton-r207tq824

    L’Europe vue de la Russie
    L’Europe vue de Moscou et l’Asie vue d’#Irkoutsk pendant la Guerre froide (1952).
    https://www.reddit.com/r/MapPorn/comments/epdn4c/europe_from_moscowasia_from_irkutsk_time_magazine

    Cartographie et subjectivité chez #Alexander_von_Humboldt
    En scrutant minutieusement les différentes cartes réalisées par Alexander #von_Humboldt, on remarque certaines particularités, des mentions qui, à priori, n’auraient pas lieu de s’y trouver tant elles témoignent de la subjectivité de l’auteur.
    http://visionscarto.net/Humboldt-carto-subjective

    Le monde sens dessus dessous
    Un planisphère renversé montrant la Terre vue depuis l’hémisphère sud (à télécharger en haute résolution). Consulter la page des #projections cartographiques (http://cartonumerique.blogspot.com/p/projections-cartographiques.html) pour accéder à d’autres vues renversantes de la Terre.
    https://www.digitalcommonwealth.org/search/commonwealth:9s161j433

    Cartographie ultrapériphérique, et si on changeait de point de vue
    Une carte des territoires ultramarins vus depuis l’hémisphère sud.
    http://www.une-saison-en-guyane.com/extras/carte/carto-ultraperipherie-si-on-changeait-de-point-de-vue%e2%80%89

    Projections du futur
    Les projections du futur seront probablement centrées sur les océans, comme ces deux cartes du monde en projection Mercator oblique qui représentent les continents tout autour d’un océan unique.
    http://rightbasicbuilding.com/2019/09/09/the-world-maps-of-the-future

    Carte subjective de #Paris en 2050
    Cette carte imagine Paris en 2050, lorsque les effets du #réchauffement_climatique se seront durement faits ressentir... si rien n’est fait. Voir notre article de présentation : https://cartonumerique.blogspot.com/2019/02/carto-subjective-geo-prospective.html
    http://www.deuxdegres.net/projects/paris-2050
    #changement_climatique

    Utiliser des #SIG pour cartographier les #pratiques_spatiales
    Des recherches récentes montrent l’intérêt d’utiliser les données fournies par les #réseaux_sociaux pour les cartographier et mettre en évidence des comportements des individus dans l’espace.
    http://www.gislounge.com/using-gis-to-analyze-peoples-attitudes

    Cartographie collaborative
    L’objectif de ce site est de développer un ensemble d’usages pour aider à la dissémination des pratiques collaboratives en matière de cartographie, que ce soit pour le citoyen ou au sein de structures (associations, collectivités, milieu scolaire).
    http://cartographie-collaborative.eu

    #Mapquote
    Le projet collaboratif Mapquote prend la forme d’une #carte_interactive où chaque utilisateur peut déposer une #citation de #romans où il est question de cartes.
    http://neocarto.hypotheses.org/6502

    L’usage de Google Maps dans « #Netherland »
    Netherland est une belle réflexion désabusée sur les lieux et le déplacement, l’#espace et la #séparation, le fait de pouvoir être physiquement dans un lieu et mentalement dans un autre. Google Maps n’intervient que dans deux courts passages au début et à la fin du livre (source : Spacefiction)
    http://spacefiction.fr/2009/11/01/google-maps-enters-litteraturegoogle-maps-entre-dans-la-litterature

    #Hoodmaps
    Hoodmaps permet de créer des cartes participatives pour éviter les #pièges_à_touristes et fréquenter les quartiers branchés de la ville. La typologie est assez basique, voire un peu réductrice : entre les “hipsters”, les touristes, les étudiants, les “riches”, les “costards” et les “normaux”, mais permet de rapidement identifier les différents quartiers d’une ville.
    http://hoodmaps.com

    Apprendre sur le territoire en représentant son territoire
    Carte sensible élaborée par une classe de 1re ES qui montre la vision de leur lycée. A compléter par l’interview de Sophie Gaujal pour le Café pédagogique : L’approche sensible en cours de géographie, un ingrédient du bonheur ?
    http://hal.archives-ouvertes.fr

    Cartographie ton quartier
    Les cartes postales géocartographiques permettent d’articuler géographie spontanée et géographie raisonnée. Organisé par Sophie Gaujal, en partenariat avec le Café pédagogique, la Cité de l’architecture et l’IGN, le concours Cartographie ton quartier récompense les cartes postales cartographiques réalisées par des classes.
    http://blog.ac-versailles.fr/geophotographie

    Atelier de cartographie sensible (Ehess)
    La plateforme SIG de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, met à disposition des ressources sur la cartographie sensible dans le cadre des ateliers Géomatique et humanités numériques qu’elle organise, notamment sur Gennevilliers.
    http://psig.huma-num.fr/cartes-sensibles

    #Cartes_mentales dans le nord de #Marseille
    Ce billet de #Jérémy_Garniaux relate un atelier « cartes mentales » mené à Marseille, dans les 14, 15 et 16e arrondissements, par une plate-forme culturelle hors-les-murs constituée de cinq structures culturelles du Nord de Marseille.
    http://www.mapper.fr/cartes-mentales-dans-le-nord-de-marseille

    Chicago HomeStories Project
    Le projet est né à #Chicago et commence à se diffuser dans le monde. Il s’agit d’encourager les citoyens par des #marches_civiques à en savoir plus sur leur quartier.
    http://www.nationalgeographic.org/projects/out-of-eden-walk/blogs/lab-talk/2021-04-chicago-homestories-goes-global

    Concours #cartographie_imaginaire
    Cartographier la ville de demain, son quartier dans le futur, son école ou son collège idéal...
    http://www.concourscarto.com/accueil-cci

    Concours de dessin de cartes du monde pour enfants
    Le concours #Barbara_Petchenik est un concours biennal de dessin de carte destiné aux enfants. Il a été créé par l’Association cartographique internationale en 1993 dans le but de promouvoir la représentation créative du monde sous forme graphique par les enfants.
    http://icaci.org/petchenik

    Lignes d’erre - Les cartes de #Fernand_Deligny
    Pendant des années, Deligny a dessiné et fait dessiner des cartes de ce qu’il appelle leurs #lignes_d’erre, soit les trajets « libres » des #enfants sur leur aire de séjour. Il a perçu, par l’observation, que les autistes avaient une autre façon d’être au monde, une autre manière d’incarner l’humain.
    http://culture.univ-lille1.fr/fileadmin/lna/lna60/lna60p34.pdf

    La carte sensible de #Boulogne-Billancourt
    Un projet pédagogique conduit par une équipe d’enseignants du lycée J. Prévert de Boulogne-Billancourt avec des classes de Seconde.
    http://www.cafepedagogique.net

    La "carte du Tendre" de #Nantes
    #Gwenaëlle_Imhoff et #Emilie_Arbey, professeures de français et d’histoire géographie au collège Gutenberg de Saint-Herblain ont amené leurs 4èmes à réaliser de nouvelles « Cartes du Tendre » à la manière de Madame de Scudéry pour inventer « une géographie nantaise de l’Amour ». Enjeu de ce travail créatif et collaboratif, visuel et oral : aider les élèves à s’approprier « l’espace urbain proche et pourtant trop souvent lointain ».
    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2020/08/31082020Article637344555283464848.aspx
    http://www.pedagogie.ac-nantes.fr/lettres/continuite-pedgogique-et-numerique-en-lettres-carte-du-tendre-pr

    Cartographier l’#insécurité au collège
    Professeure d’histoire-géographie au collège Molière de Beaufort en Anjou, #Anaïs_Le_Thiec lance sa classe de 5ème dans une cartographie sensible du collège. Elle les invite à libérer leur parole via une #storymap.
    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2019/10/18102019Article637069844590338061.aspx

    Dans ma ville on traîne
    Visite guidée et habitée par le rappeur #Orelsan, qui propose une description de la ville de #Caen. L’intérêt principal est de rappeler qu’un espace géographique, avant d’être un objet d’étude, reste surtout un lieu de vie que l’on habite. Le rappeur énumère ses souvenirs d’enfant, d’adolescent, d’étudiant. Ce faisant, il raconte SA ville. Il associe chaque action passée au lieu où elle s’est déroulée.
    http://lhistgeobox.blogspot.com/2020/10/dans-ma-ville-on-traine-visite-guidee.html

    Des lieux où l’on exprime ses sentiments
    Carte interactive des lieux où les étudiants ont déclaré avoir pleuré sur le campus de l’université de Waterloo aux Etats-Unis (avec les commentaires). Cela correspondrait-il aux bâtiments de sciences et de mathématiques ?
    http://www.reddit.com/r/dataisbeautiful/comments/l3t3xx/oc_an_interactive_map_of_where_students_have

    Psycho-géographie de la ville de #Gibellina
    Quand les artistes essaient de tromper les algorithmes de télédétection. C’est ce qu’a fait l’artiste #Burri avec une oeuvre d’art gigantesque couvrant les ruines de la vieille ville de Gibellina en Italie (à voir dans Google Maps)
    http://www.archdaily.com/958178/the-psycho-geography-of-the-cretto-di-burri

    Lyon-La Duchère 2030 : imaginer des scénarios prospectifs
    Ces #scénarios prospectifs sont proposés par des élèves de 2nde du Lycée La Martinière-Duchère concernant le projet d’aménagement urbain #Lyon-La Duchère 2030.
    http://canabae.enseigne.ac-lyon.fr/spip/spip.php?article1103

    #Cartographie_sonore du quartier de l’Union (#Lille - #Roubaix - #Tourcoing)
    Réalisé dans le cadre du projet de recherche Géographie et prospective piloté par l’IFE, cette expérimentation pédagogique a permis de découvrir par l’expérience spatiale un projet d’#aménagement_urbain d’envergure (son évolution, ses acteurs et ses enjeux) dans l’environnement proche des élèves, en privilégiant une géographie fondée sur l’expérience du terrain.
    http://ife.ens-lyon.fr/geo-et-prospective/projet/cartographie-sonore-du-quartier-de-lunion

    #Cartophonies
    Comment sonne le monde ? Le site « Cartophonies » a pour objectif d’explorer l’#expérience_sonore contemporaine et d’aider a les prendre en compte dans l’avenir et dans les projets de transformation. Il contribue à construire une connaissance des milieux habités, du vécu des espaces et des ambiances contemporaines, celles du passé proche comme celles du futur.
    http://www.cartophonies.fr
    #son

    Cartes et mise en récit des mobilités
    Dans le cadre d’une recherche doctorale, #Sylvie_Joublot-Ferré étudie les spatialités des adolescents en s’appuyant sur la cartographie de leurs déplacements quotidiens enregistrés sous forme de traces GPS et en analysant ces cartes comme des #récits_de_vie.
    http://www.researchgate.net
    http://www.radiobus.fm/episode/interview-de-sylvie-joublot-ferre-hepl

    Comment les enfants ont perdu le droit de se déplacer
    Carte montrant le territoire pratiqué pendant l’enfance sur quatre générations à #Sheffield.
    http://www.dailymail.co.uk/news/article-462091/How-children-lost-right-roam-generations.html

    Comment les jeunes géographes ressentent-ils le monde contemporain ?
    Un exercice de cartographie sensible proposé à des étudiants de master destinés à s’orienter vers le monde associatif donne un regard sur leurs représentations du monde. Environnement menacé, mobilités généralisées, et questionnements autour de la mondialisation émergent de ces cartes mentales, témoignant des inquiétudes d’une génération.
    http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/a-la-une/carte-a-la-une/cartographie-emotions-monde-contemporain

    « Mais madame, je n’y suis jamais allé ! »
    Un #voyage_virtuel à #La_Réunion à travers la confection de #cartes_postales sensibles par des élèves de lycée professionnel. La #géographie_expérientielle ce n’est pas seulement du vécu, ce sont aussi (et surtout) des représentations (article extrait des Cahiers pédagogique, n° 559 "L’aventure de la géographie".
    http://www.cahiers-pedagogiques.com/Mais-madame-je-n-y-suis-jamais-alle

    Tour de la France par deux enfants (G. Bruno)
    Cet ouvrage constitue l’archétype du roman scolaire géographique. Réédité de nombreuses fois depuis sa sortie en 1877, l’ouvrage a connu un énorme succès (plus de 9 millions d’exemplaires), contribuant à façonner une image du territoire national.
    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5684551x

    Une géographie subjective à travers les romans d’aventure pour la jeunesse
    Aurélie Gille Comte-Sponville, Modernité et archaïsme des lieux dans les romans d’enquête et d’aventure pour la jeunesse pendant les Trente Glorieuses en France, thèse soutenue en 2016. L’importance des lieux correspond à la quête d’une #utopie de l’enfance éternelle, qui figerait non seulement les héros dans la perfection de leur âge, mais aussi les lieux, dans une forme d’uchronie idéalisée.
    http://www.theses.fr/2016ARTO0008

    Le #Londres des romans de #John_Le_Carré
    #Mike_Hall a été chargé de dessiner pour l’éditeur Penguin Books la carte des personnages, des lieux et des scènes de romans d’espionnage de John Le Carré.
    http://thisismikehall.com/smileyslondon

    La carte de la classe de khâgne
    Cartographie subjective de la classe khâgne par Gus (@ecsolius) : quand un khagneux dresse la carte symbolique d’une année en prépa littéraire
    http://twitter.com/ecsolius/status/1292071140047937536

    La carte des mathématiques
    La carte du "#Mathematistan" représente les rapports ambigus que l’on peut avoir les #mathématiques. Une région souvent inaccessible ?
    http://www.reddit.com/r/math/comments/2av79v/map_of_mathematistan_source_in_comments

    Cartographie de son appartement
    Géographie de mon appartement vu par Thibaut Sardier.
    http://twitter.com/tsardier/status/1326832393655816192

    Cartographie imaginaire du nourrisson
    @LittleBigData suit, en infographies et sur les réseaux sociaux, les tourments et les joies de #jeunes_parents (voir cette présentation). Le résultat est un cartographie imaginaire des premiers mois de la vie d’un enfant. Avec une magnifique carte de la première année extraite de l’ouvrage Le Bébégraphe publié par Claire Dealberto et Jules Grandin aux éditions Les Arènes en 2021.
    http://twitter.com/LittleBigData_/status/1263721598076555265

    Carte des #lieux_communs
    De "l’usine à gaz" au "terrain d’entente", @LaMineComics passe en revue tous nos lieux communs inspirés de métaphores géographiques.
    http://twitter.com/LaMineComics/status/1097068721846321152

    https://cartonumerique.blogspot.com/p/cartes-sensibles.html

    #cartographie_sensible #bibliographie #ressources_pédagogiques

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  • Les conséquences de « l’airbnbisation » des #villes
    https://theconversation.com/les-consequences-de-lairbnbisation-des-villes-157004

    En mobilisant les petites surfaces, le processus Airbnb « chasse » de facto les étudiants, les personnes les plus précaires, les familles monoparentales des centres urbains, lorsque ces derniers ne possèdent pas de parc HLM suffisant.

    Mais, avec l’avènement des métropoles, ce processus s’accélère encore. Ces dernières bénéficient alors d’un nombre pléthorique d’équipements en termes de santé, de culture notamment. Ainsi, les personnes potentiellement discriminées, en situation de précarité et les étudiant·e·s dont les parents n’habitent pas les centres urbains, ou n’ont pas les ressources nécessaires, se retrouvent alors dans une troisième zone géographique encore plus éloignée des centres ; à plus de 30 kilomètres où les services le sont tout autant.

    En d’autres termes, nombre de logements sur la plate-forme sont entièrement dédiés à ceci et ne sont ni habités par les propriétaires, ni loués aux habitant·e·s. Ces logements sortent alors du parc de location traditionnel au bénéfice des touristes.

    #logement #territoire #exclusion

  • À la croisée de l’art et de la science : la #cartographie_sensible comme dispositif de #recherche-création

    À travers l’étude de pratiques cartographiques actuelles, cet article s’intéresse à la « cartographie sensible » comme émergence d’une nouvelle modalité cartographique permettant de tracer et révéler les #expériences de l’espace. Restituant une démarche d’enquête auprès d’artistes contemporains, de paysagistes, d’architectes et d’urbanistes pratiquant ce type de démarche, cet article montre comment ils inscrivent leur pratique dans la relation avec les lieux et les personnes, exprimant souvent une dimension invisible des lieux, celle du #sensible, et révélant des situations quotidiennes. Cette cartographie contemporaine suscite des renouvellements tant scientifiques que transversaux à l’#art et à l’#aménagement, dans la mesure où la carte n’est plus seulement un outil de visualisation de l’espace, mais en elle-même, un dispositif d’#expérience_spatiale ouvrant vers une nouvelle #géographie_du_vécu.

    https://journals.openedition.org/mappemonde/5346

    #Elise_Olmedo #cartographie #visualisation #cartoexperiment

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  • Cartographier les #interstices de la #ville

    Parcourir la ville, la saisir en mouvement, et la restituer ensuite à travers une carte. Telle est la démarche de #Mathias_Poisson. Diplômé de l’École Nationale Supérieure de Création Industrielle (ENSCI/Les Ateliers), parallèlement à son travail de scénographe et interprète pour le théâtre et la danse, Mathias Poisson déploie un intérêt particulier pour la #promenade et l’#expérience_subjective des lieux à travers plusieurs supports tels la #carte, la #visite_guidée ou la #performance.

    Ses #dessins, que l’on pourrait croire échappés d’une bande dessinée, n’ont rien de banal. Objets insolites, ils renversent l’idée habituelle que l’on se fait d’une carte et éveillent notre curiosité. Pour cet artiste, penser la ville s’articule en deux temps : d’abord, la marche s’offre comme un moyen pour la saisir dans sa complexité et ses aspects changeants. Puis, la carte permet de restituer « l’image de la ville » [1] - pour reprendre les mots de Kevin Lynch - que cette expérience urbaine a engendrée. Les cartes de Mathias Poisson nous donnent un véritable éclairage sur le lieu traversé. L’artiste-promeneur expose une facette du grand kaléidoscope par lequel aménageurs, urbanistes, géographes, architectes, paysagistes, chercheurs en sciences humaines et sociales et citoyens pensent la ville.

    Le centre de la ville de #Rennes est partagé par la Vilaine. Au Sud se situe le quartier du Colombier : rénové à partir de 1962, il devait faire figure de centre-ville moderne. Suivant les quadrillages d’un nouveau plan d’aménagement urbain, les travaux se poursuivirent jusqu’en 1986. C’est ce terrain que Mathias Poisson a arpenté pendant plusieurs jours. Ses déambulations lui ont permis de réaliser une carte retraçant l’ensemble de ses impressions, éditée en 2009 par le Centre Culturel du Colombier et destinée aux habitants [2]. La légende indique des éléments sensibles du paysage invisibles à vol d’oiseau :

    Départ. Pénétrer dans le labyrinthe

    Pour Mathias Poisson, ce quartier s’offre comme un écheveau où se succèdent galeries et boyaux souterrains, couloirs étroits entre immeubles, larges espaces à traverser et passages aériens... Ainsi que l’indique le sous-titre, il s’agit « d’une promenade à travers les architectures modernes et labyrinthiques du quartier ». Dans L’Empire des cartes, Christian Jacob écrit : « La carte est un nouvel espace de lisibilité dans la distance » [3]. Cela signifie que la carte n’est pas « un double mimétique de la réalité, mais un double analogique ». Chez Mathias Poisson, l’analogie qui recrée cet espace de lisibilité dans la carte est organisée autour de la métaphore du labyrinthe. Elle est avant tout une trace de l’expérience spatiale du promeneur qui nous suggère son point de vue sur ce quartier : la ville comme un immense dédale, rigoureusement conçu et courant sur plusieurs niveaux.

    Ce quartier de 21 hectares construit sur une grande dalle [4] a été conçu par l’architecte-urbaniste de la reconstruction, Louis Arretche, dont le style s’inscrit dans le sillage de Le Corbusier. Les immeubles du quartier du Colombier reprennent son système « Domino ». Sur la grande dalle du Colombier siègent de nombreux immeubles formés d’une trentaine d’étages pour certains, tandis que le sous-sol abrite deux niveaux de parking et de nombreuses voies souterraines conçues pour éviter les nuisances. Cet urbanisme invite à une fonctionnalisation des circulations urbaines grâce à une division verticale : les piétons circulent sur la dalle et les automobiles dans les profondeurs. Mathias Poisson tente de figurer cette architecture sur la carte grâce à un itinéraire, symbolisé par des traces de pas, qui relie les différents étages du quartier afin que le lecteur puisse pénétrer visuellement dans les sous-sols. L’épiderme urbain que forme la dalle est comme découpé au scalpel, laissant apparaître voies souterraines et parkings.

    L’auteur a pris le parti de faire apparaître singulièrement sur la carte les nombreux éléments d’architecture décrits précédemment : une tentative pour réintroduire du réel. L’aspect extérieur du quartier y est donc inscrit graphiquement. En faisant remonter à la surface les éléments du paysage, l’auteur délivre des informations sur l’ambiance des lieux, qui sensorialisent la carte. Mathias Poisson semble proposer une cartographie « de plain-pied dans le monde » pour reprendre le titre de l’ouvrage d’Olivier Orain [5], conçue à partir de l’expérience de l’espace et s’opposant à la froideur et à la neutralité des représentations cartographiques classiques.

    Se faufiler entre les interstices. À travers, au-dessus, en-dessous...

    Mathias Poisson est « un observateur aventureux » [6] très attentif à sa propre déambulation, aux émotions, impressions premières et points de vue sur l’espace qu’elle engendre. Pour comprendre la ville en mouvement, le lecteur est aussi invité à changer de dimension, à dépasser l’espace de la page pour aller vers l’espace réel, à devenir un promeneur. Cette « carte prescriptive » propose au marcheur un itinéraire sensoriel à travers un quartier à l’architecture complexe et singulière.

    "Si cette carte est une invitation à l’arpentage de la ville, sa lecture-même invite aussi au mouvement."

    Les mots et éléments qui y figurent ne sont pas dirigés dans la même direction. Lorsqu’on regarde le point de départ, le titre, Entre les dalles, est écrit à l’envers. Il faut donc tourner la carte dans tous les sens pour la lire entièrement. Mathias Poisson, dans la conception du processus cartographique, encourage l’idée d’un lecteur dynamique opposé au lecteur statique des cartes conventionnelles.

    Carte en main, le lecteur ne peut que s’interroger sur cet objet hybride et déconcertant. Des bâtiments dessinés en perspective cavalière jouxtent des immeubles en vue à vol d’oiseau. Cette impression première d’étrangeté semble être provoquée par l’alternance des projections cartographiques permise par la présence énigmatique d’une brume épaisse de couleur bleu-gris. Les informations délivrées ici relèvent de deux ordres : d’une part les informations sensorielles indiquées par la légende et d’autre part, le fond de carte hybride aux projections protéiformes qui témoignent de la complexité organisationnelle du quartier, au-delà de son univers sensoriel. Les formes identifiables du territoire apparaissent sous des allures différentes telles des surgissements du paysage : ici un monument à la gloire de la résistance, là une devanture de centre commercial, ailleurs une image d’un parking souterrain...

    Désarçonné par cette carte insolite, le lecteur peut donc être tenté de la comparer avec une vue satellitaire de ce quartier, d’effectuer un retour au réel. En observant les documents, il s’aperçoit que la partie cartographiée de ce quartier forme une unité urbaine délimitée par des grandes artères de la ville : le boulevard du Colombier au sud, le boulevard de la Tour d’Auvergne à l’ouest, au nord et à l’est, il est cerné par deux larges rues.

    En réalité, les rues de cette unité urbaine sont très étroites, elles permettent essentiellement l’accès aux parkings au bas des immeubles. Cette absence de voies routières apparentes est compensée par un réseau sous la dalle. Les voies sur la dalle sont donc presque uniquement piétonnes. Alors que la quasi-absence de voies routières rend inopérant le recours au populaire programme en ligne Google Street View pour entrer virtuellement à l’intérieur de ce quartier, la carte de Mathias Poisson nous laisse, elle, pénétrer au cœur de cette unité urbaine. Google Street View nous permettant seulement de faire le tour du quartier, le travail de Mathias Poisson nous paraît d’autant plus essentiel : il cerne les caractéristiques et l’univers sensoriel de l’unité intra-urbaine à très grande échelle.

    Paradoxalement, l’approche Google Street View qui se veut subjective l’est peut-être moins que celle de Mathias Poisson. Au fur et à mesure que « l’acteur-spectateur » avance sur la voie, la vue qu’il a du paysage change, alors que dans la carte de Mathias Poisson, les angles de vue sur le paysage sont prescrits à l’avance par l’itinéraire de l’auteur. Mais il ne faut pas s’y méprendre, c’est en fait l’approche Google Street View qui est la plus tributaire d’une vue contrainte de la ville. Les vues sont prises à angles et hauteurs fixes, à espacement régulier. Les itinéraires de « l’acteur-spectateur » sont donc programmés. Par ailleurs, ce programme est établi sur le modèle de la ville fondée sur la rationalité économique adaptée aux pratiques de l’homo-economicus qui préfère des voies larges et rectilignes pour faciliter ses déplacements : un urbanisme fonctionnel, moderne. Contrairement à cela, la déambulation de Mathias Poisson cherche une réinterprétation par les interstices qui laissent naturellement place à un déplacement non-programmé à l’avance, à une déambulation qui fait sienne le hasard.

    "La carte est avant tout un outil de reconstruction du réel."

    Cette comparaison avec l’image satellitaire nous rappelle que la carte est avant tout un outil de reconstruction du réel. « La carte fait le deuil de certaines informations et invite à redécouvrir le monde » [7] écrit l’historien de la cartographie, Christian Jacob. Là où Google Street View peine à représenter ces unités intersticielles de la ville, beaucoup mieux que l’image satellitaire, la carte, parce qu’elle ne représente pas la totalité du réel mais qu’elle en sélectionne certains éléments, permet de dégager les structures de l’espace. Elle est beaucoup plus efficace qu’une simple photographie. Tout l’enjeu de la carte se cache dans sa portée synthétique et analytique.

    Arrivée. Une carte subjective ?

    Avec Entre les dalles, M. Poisson déploie un contrepoint saisissant au développement contemporain des cartes standardisées, animées d’un tel désir de neutralité qu’elles en sont devenues froides et foncièrement anémiées du réel. Ce modèle est célébré par les Systèmes d’Information Géographique (SIG). À l’inverse, Mathias Poisson manifeste pour une approche phénoménologique. On perçoit toute la portée du geste cartographique : faire resurgir la complexité du réel et traduire la manière dont le paysage se révèle aux sens.

    "La manière de faire les cartes s’est largement unifiée grâce à l’utilisation de logiciels qui permettent l’application de conventions bien définies."

    Expliquons-nous. Il faut bien dire d’abord que la diffusion des cartes propres à notre époque s’accompagne d’une homogénéisation relative des pratiques cartographiques, grâce à l’emploi d’un langage international de la carte qui correspond aux normes occidentales. La manière de faire les cartes s’est largement unifiée grâce à l’utilisation de logiciels qui permettent l’application de ces conventions bien définies. Grâce à l’accès gratuit sur internet aux logiciels de cartographie comme Philcarto, la standardisation des cartes est rendue plus aisée encore. Ces logiciels très utilisés par les chercheurs en sciences humaines et sociales sont des outils efficaces pour représenter les structures spatiales des territoires. Ils utilisent une mesure de l’espace fondée sur les mathématiques. Dessinée sur un plan euclidien, tout point sur la carte est référencé par des coordonnées très précises, c’est ce qu’on appelle le géo-référencement. Ces programmes ont normalisé la fabrication des cartes. Ce schéma de production s’est légitimé comme démarche à suivre pour la fabrication « d’une bonne carte » :

    Digitalisation d’un fond de carte - Exportation du fond de carte - Mise en relation de variables statistiques avec la localisation - Exportation de la carte vers un logiciel de traitement d’image - Travail « esthétique » de la carte.

    Même si ce modèle est très utilisé, il n’en est pas moins vrai qu’il existe d’autres manières de faire des cartes. La cartographie numérique, parce qu’elle est née dans le contexte du développement des mathématiques en sciences humaines et sociales, a remporté une large adhésion et s’est légitimée à tel point que d’autres procédés sont d’emblée reléguées au statut de ce que nous appellerons les cartographies non-euclidiennes et « insuffisantes », c’est-à-dire dotées d’un faible potentiel de qualification des espaces. On entend par là, l’ensemble des cartographies non-scientifiques, les cartes produites par des artistes, les cartes mentales, les cartes autochtones etc.

    "Une carte prise dans le tissu du monde."

    Or, Mathias Poisson présente une cartographie dotée assurément d’une portée analytique. Cette carte semble moins demeurer le résultat d’une action de perception unique, personnelle et incommunicable que celui d’une action cognitive [8]. Cette cartographie que l’on pourrait caractériser de cartographie phénoménologique est un outil de connaissance qui met en relation des lieux avec des informations que nous nommerons phénoménales, c’est-à-dire issues de la perception. Contrairement aux données invisibles et impalpables des cartes mathématiques (un taux de fécondité par exemple), elles sont saisies par les sens.

    Cette carte ne considère pas l’espace vu de l’extérieur ou « du dessus », c’est plutôt une cartographie « prise dans le tissu du monde » pour reprendre l’expression de Maurice Merleau-Ponty [9]. Avec beaucoup d’humour et en pétrissant les conventions cartographiques, Mathias Poisson traduit graphiquement un point de vue sur la ville bâti sur le socle des perceptions et sensations. La mise en dessin de cette expérience - la carte - correspond au jaillissement de cette pensée spatialisante en image. La carte serait-elle une version communicable d’un territoire parcouru par une conscience ? Elle aura ici pour fonction de connecter deux subjectivités différentes, celle de l’auteur et celle des lecteurs. De plus, elle ne nécessite pas de posséder un savoir préalable, contrairement aux cartes IGN qui requièrent un minimum de connaissances pour lire les courbes de niveau par exemple. Cette carte s’adressant aux habitants du quartier, elle semble anticiper le dialogue entre deux subjectivités en laissant une grande part de découverte au lecteur (la carte propose des variantes de l’itinéraire). Il semble que cette carte laisse une place à l’individualité.

    En définitive, Entre les dalles est un titre énigmatique qui suggère qu’entre les lignes du plan d’aménagement s’insèrent les pratiques des habitants, un peu à l’image des herbes qui poussent entre le quadrillage des dalles et qui rappellent l’écoulement du temps. La vie reprend ses droits sur les assignations de la planification urbaine. La ville habitée est la trame d’Entre les dalles. Cette déambulation non-prescrite suscite le vrai mouvement. Elle encourage « une autre spatialité » [10] écrivait Michel de Certeau dans L’Invention du quotidien.
    Entre les dalles cherche avant tout à faire partager au lecteur de carte l’expérience subjective de l’itinéraire à travers le paysage, et semble demeurer au seuil d’un déploiement de possibles du processus cartographique.

    http://www.strabic.fr/Mathias-Poisson-Cartographier-les-interstices-de-la-ville

    #cartographie #visualisation #cartoexperiment #géographie_urbaine #urban_matter #cartographie_sensible
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  • La città post-pandemica non potrà esistere senza giustizia sociale e spaziale

    Dove eravamo arrivati

    Parlare oggi di rigenerazione urbana e innovazione sociale non può avere lo stesso significato di qualche mese fa. È chiaro come l’emergenza pandemica lascerà un segno sia sulla capacità delle comunità urbane di attivarsi, sia sulla possibilità delle istituzioni di sostenerle.

    La letteratura sull’innovazione sociale sottolinea da tempo come le forme di innovazione sociale si attivino soprattutto in aree urbane a forte capitale sociale e che abbiano già sperimentato forme di attivazione dal basso; troviamo inoltre innovazione sociale soprattutto in quelle aree urbane capaci di favorire spazi di relazione caratterizzati da diversità sociale e culturale. Esiste quindi una relazione problematica tra innovazione sociale e diseguaglianze urbane.

    Le ricerche condotte in questi anni hanno inoltre dimostrato che l’innovazione sociale ha un forte bisogno di spazio e delle istituzioni per potersi ancorare e definire progettualità durature nel tempo e potenzialmente inclusive.
    Quali cambiamenti

    Capitale sociale, spazi in disuso, presenza delle istituzioni. L’emergenza pandemica avrà sicuramente un impatto su come questi 3 “ingredienti” dell’innovazione sociale si comporranno nei territori.

    Ci troveremo probabilmente di fronte ad una città mutata, dove le diseguaglianze sono destinate ad aumentare con un impatto su come il capitale sociale e la presenza di vuoti urbani saranno distribuiti nello spazio. Ci troveremo presumibilmente di fronte ad un aumento della dotazione di spazi vuoti, in maniera simile a quanto accadde dopo la crisi del 2008, ma ancora non conosciamo le geografie dell’abbandono e nemmeno le traiettorie con cui le società riabiteranno le città e le aree interne.

    Abbiamo di fronte un enorme spazio di opportunità. Quello di ripensare alla rigenerazione urbana via innovazione sociale non più come un insieme di pratiche, di sperimentazioni. Ma come una componente essenziale della pianificazione urbana se pensiamo che la città post-pandemica debba moltiplicare i suoi anticorpi per combattere le forme crescenti di diseguaglianze sociali e nell’accesso ai servizi pubblici di base.
    Nuove infrastrutture di comunità

    Questo orizzonte di opportunità si è intravisto in pieno lockdown alcuni mesi fa. In tantissimi comuni, in piena emergenza, gli spazi di rigenerazione sono diventati infrastrutture di comunità, servendo i territori e le persone più in difficoltà. Luoghi in cui lasciare la spesa sospesa, dove organizzare i volontari per le distribuzioni di quartiere, dove raccogliere fondi per le famiglie più in difficoltà. In diversi casi si sono create delle collaborazioni inedite tra comunità e istituzioni, andando oltre le classiche frammentazioni tra corpi sociali, per rispondere ad una emergenza sanitaria senza precedenti. Anche la collaborazione tra città e comuni più piccoli su scala metropolitana è spesso stata facilitata dai legami a rete tra questi spazi di comunità. Una infrastruttura sociale importante che in diversi casi ha saputo uscire dai confini comunali.

    In una crisi epocale, ‘le iniziative di innovazione sociale si sono moltiplicate uscendo spesso da classici steccati di appartenenza perché al centro è sembrato tornare l’essere umano più che le categorie a cui appartiene’. In un articolo scritto su The Guardian in piena pandemia, Richard Sennett aveva aperto ad alcuni interessanti ragionamenti in questo senso.

    Le esperienze di innovazione sociale, in particolare in emergenza Coronavirus, mostrano che lo spazio conta: spazi innesco specifici o sistemi di spazi da cui partono azioni variegate con effetti territoriali più o meno rilevanti. Senza spazi a cui ancorare il lavoro di comunità, tante azioni di mutuo aiuto non sarebbero state attivate in emergenza Coronavirus.

    È all’interno di spazi che abbiamo visto organizzarsi le comunità. Spazi che sono diventati infrastrutture di prossimità: luoghi capaci non solo di essere spazi di welfare, ma di essere infrastrutture per le istituzioni che hanno provato ad adattarsi per rispondere meglio all’emergenza. Non è un caso che la VII Commissione del Parlamento italiano abbia per la prima volta riconosciuto con una risoluzione il ruolo degli spazi rigenerati a base culturale come vere e proprie infrastrutture sociali a cui le istituzioni si possono ancorare per definire percorsi di welfare innovativi.

    Nella situazione eccezionale che ha portato a collaborare oltre i soliti steccati di appartenenza, spazi abitativi, servizi socio-sanitari, servizi educativi e religiosi, spazi commerciali e spazi abitativi hanno dimostrato la potenzialità, insieme, di generare o catalizzare forme di capitale sociale. In ognuno di questi spazi è stato mobilitato capitale sociale da utilizzare in chiave di cambiamento, a riprova del fatto che quando parliamo di innovazione sociale, si intendono processi capaci di rigenerare a partire dal supporto di tutte le infrastrutture sociali e spazi di welfare presenti sul territorio.
    Le sfide alla pianificazione urbana

    Come questo scritto ha provato a far vedere, gli spazi di rigenerazione urbana via innovazione sociale hanno dimostrato un valore potenziale nuovo. Quello di essere finalmente riconosciuti anche per il loro valore di presidi e infrastrutture di comunità, capaci di mettere in campo forme inedite di sostegno e di welfare, in collaborazione con le istituzioni e altri corpi intermedi.

    A maggior ragione in questo momento torna al centro la necessità per la pianificazione urbana di riconoscere il valore di questo micro-spazi di relazione. Siamo di fronte alla necessità di un cambio di paradigma, non solo per le forme di analisi urbana e territoriale. La pianificazione ha sempre di più il compito di definire possibili traiettorie di cambiamento di cui soggetti diversi si possono appropriare per definire forme di collaborazione anche inedite con la pubblica amministrazione. La pianificazione è posta di fronte sempre di più alla necessità di facilitare processi più che solo progettarli e in quest’ottica lo spazio di prossimità appare come una palestra per l’azione importante. La pianificazione, in particolare in emergenza, necessita di tempi di azione diversi, di saper lavorare per scenari intermedi senza perdere un orizzonte di cambiamento.

    Il Comune di Bologna, spesso pioniere in questo campo, ha lavorato alla definizione di un Piano Urbanistico Generale che identifica 24 strategie di prossimità in cui gli spazi di innovazione sociale diventano occasioni stabili di interazione, luoghi importanti non solo per l’analisi dei bisogni ma anche per definire future traiettorie di trasformazione. Spazi intermedi di progettazione dove poter davvero mettere al valore su scala di prossimità proposte su più settori (abitare, economia, sociale, ambiente, infrastrutture) senza però rinunciare ad una pianificazione su scala più ampia, quella urbana.

    Nella città post-pandemica, il concetto di giustizia sociale e spaziale riprenderà ancora più senso. Porre attenzione (e quindi intervenire) sull’inserimento differenziato allo spazio abitativo, allo spazio pubblico e alla sfera pubblica, alle opportunità lavorative, nonché al reale coinvolgimento nei processi di policy, significa agire in alcune dimensioni sociali e materiali che sono all’origine delle diseguaglianze urbane.

    Sono questi alcuni dei ragionamenti che ci hanno portato, anche quest’anno, a rivedere l’offerta formativa di Master U-Rise dell’Università Iuav di Venezia, potenziandole l’interdisciplinarietà e la capacità progettuale. Perché un professionista che vuole lavorare in ambienti complessi non può rinunciare ad essere allo stesso tempo riflessivo e pratico, a mantenere uno sguardo alto sul mondo ma sapendone maneggiare gli attrezzi giusti una volta sul campo.

    https://www.che-fare.com/urise-citta-post-pandemica-giustizia-sociale-spaziale

    #Elena_Ostanel
    #villes #coronavirus #pandémie #post-pandémie #urban_matter #urbanisme #géographie_urbaine #innovation_sociale #régénération_urbaine #inégalités #friches_urbaines #vide #planification_urbaine #justice_sociale
    #TRUST #master_TRUST

    • Le projet #Neighbourchange de Elena Ostel

      #Neighbourchange

      In and beyond Europe today we witness strengthened structural spatial divisions within city neighbourhoods, with increased inequality and sharper lines of division. Neighbourhoods are increasingly diverse in socio-economic, social and ethnic terms, but many differences also exist in lifestyles, attitudes and activities. Continuing immigration and increasing socio-economic and ethnic concentration in neighbourhoods question social cohesion in local societies worldwide.

      In Europe, high rates of unemployment, austerity and poverty make diverse neighbourhoods and local societies increasingly complex and contested. The polarisation of urban space exacerbates and ethnic concentration in neighbourhoods overlaps with situations of social exclusion and deprivation.

      Against this backdrop, we witness a stalled urban regeneration investment as well as the welfare state provisions across many European cities and disadvantaged neighbourhoods, with finance enormously inhibited outside core economic areas following the 2007 financial crisis; more importantly, dissimilar top-down revitalisation strategies have resulted in new urban dynamics and urban tensions, gentrification processes and social exclusion.

      In this context, urban neighbourhoods have become a privileged unit of policy intervention where community-based initiatives have been experimented with the aim to produce social cohesion and transforming power relations and socio-spatial inequalities. Social innovation has become a buzzword often associated to community-led regeneration processes.

      But the efficacy of community-based initiatives inspired by a social innovative approach needs to be further assessed in a condition when the State is constantly retreating.

      https://www.elenaostanel.com/neighbourchange

  • Cartographie numérique : Big data et choix d’aménagement urbain pour les piétons et les cyclistes
    https://cartonumerique.blogspot.com/2018/03/big-data-et-choix-damenagement-urbain.html

    Big data et choix d’aménagement urbain pour les piétons et les cyclistes
    Nous avons commencé à aborder l’intérêt des données géolocalisées à travers un précédent billet : Strava et les enjeux du big data. Nous poursuivons ici l’analyse en nous intéressant plus spécialement à l’usage des traces numériques des cyclistes et des piétons pour orienter les choix d’aménagement urbain.

    #déplacement #ville #vélo

  • Des artistes et des jeunes migrants ont créé “#Checkpoint” une exposition sensationnelle

    CHECKPOINT est une exposition fabuleuse créée pour et par une cinquantaine de jeunes migrants non accompagnés. Elle a lieu jusqu’au 20 juin 2021 dans la belle maison de maître rebaptisée la #Ferme_des_Tilleuls à #Renens.

    C’est une suite poétique d’immenses #gravures, de #sérigraphies, de séquences photographiques, de #vidéos. Elle présente les œuvres créées lors de quatre ateliers réalisés entre 2019 et 2020 sous la direction artistique de #François_Burland et d’autres artistes triés sur le volet, la comédienne et metteuse en scène #Audrey_Cavelius, le “bricoleur professionnel” #Stanislas_Delarue et l’#Agence_des_Chemins_Pédestres, un collectif d’artistes créé en 2020 pour l’exposition.

    La rencontre avec les mineurs non accompagnés

    Tout a commencé en 2013, lorsque l’artiste François Burland reçoit dans son atelier du Mont-Pèlerin, et pour la première fois, deux jeunes migrants non accompagnés qui logent dans un foyer à Lausanne. Ce sera le début d’une série de collaborations artistiques avec d’autres artistes et beaucoup de mineurs non-accompagnés et jeunes adultes isolés. Le temps passé à créer des œuvres ensemble, les repas partagés durant les ateliers, l’humour et les rapports de confiance favorisent leur bien-être et facilite leur intégration.

    La jeune femme yéménite Wafa Qasem raconte :

    “Lorsque j’ai vu le travail de François pour la première fois, je n’ai rien compris, mais j’ai ressenti une familiarité avec tous ces récits d’autres migrant-e-s. On a toutes et tous le même type d’expérience. Grâce à cela, je me suis rapidement adaptée à eux, et j’ai été encouragée à collaborer, malgré mon français vacillant. Je me réjouis de progresser dans cette langue, de pouvoir comprendre les blagues échangées pendant les ateliers et je suis sûr que je serai un jour une excellente oratrice. Je peux dire aujourd’hui que je me suis retrouvée. Ma priorité est de terminer mes études universitaires en Suisse et de travailler dans le domaine des droits de l’homme.” (1)

    Dans ces ateliers, les jeunes et les artistes s’apportent mutuellement. A leur rencontre, un nouveau monde s’ouvre. François Burland le dit souvent, ces jeunes l’ont transformé.

    “J’ai des rapport très forts avec beaucoup de ces jeunes, des rapports très parentifiés. Tous ces jeunes ont bouleversé ma vie. Avant ces rencontres, moi j’étais un artiste qui pensait qu’à sa gueule.“
    L’ Association NELA

    Au fil des stages, François Burland se rend compte de leur isolement. En 2017, il fonde l’ Association NELA qui les accueille dans l’atelier. Pour eux et avec eux, des travaux artistiques collectifs prennent forme avec la collaboration d’autres artistes confirmés. L’association aide les jeunes à faire la difficile transition à la majorité tout en les accompagnant dans leurs recherches de formation et dans d’autres démarches administratives. Actuellement elle suit une centaine de jeunes.

    “Presque tous ces jeunes sont des marginaux par rapport à leur communauté. C’est souvent des jeunes qui se posent des questions, qui mettent en doute leurs propres valeurs, par rapport à leur religion, au monde dont ils proviennent. Souvent ils et elles sont embêtés dans leurs foyers et se retrouvent très isolés. Par exemple, la jeune fille érythréenne que je suis en train d’adopter, quand je l’ai rencontrée pour la première fois, cela faisait six mois qu’elle vivait enfermée chez elle dans son studio. Elle était hors des radars parce qu’elle venait de passer à la majorité. Son ancien assistant social n’a pas fait le lien et elle n’avait aucun contact avec le nouveau. Entre-temps elle a eu des ennuis de santé et une opération. Mais elle n’avait pas compris que sa situation médicale n’était pas grave, elle pensait qu’elle avait un cancer et qu’elle était foutue. Et puis son ami l’a quittée et pour couronner le tout, elle a reçu une décision négative d’asile. Elle s’est retrouvée dans une situation affreuse, elle n’avait plus envie de vivre. On a fait un bout de chemin ensemble, un vrai travail de reconstruction. Je l’ai reconstruite et elle m’a reconstruite aussi. Ça va dans les deux sens. Pour elle et une autre jeune fille que je connais aussi depuis longtemps, j’ai commencé une procédure d’adoption il y a un an. On verra ce que ça donne mais même si l’adoption ne se fait pas, nous on s’est déjà adopté.”
    Visite guidée

    Ouvert, chaleureux, bavard, doué et passionné, François Burland nous a guidé dans notre visite. Devant chacune des œuvres, il a mille choses à dire.

    On passe d’abord devant l’installation “AUTRES” créée par les jeunes avec l’artiste Audrey Cavelius. Dans une pièce sombre, des dizaines de photographies défilent. Ce sont les jeunes projetés dans des versions toutes autres. Les images défilent sur fond de musique et François Burland explique à la vitesse du défilé, qui est qui et pourquoi ils ont choisi tel ou tel déguisement.

    Puis on se trouve devant les trois immenses fresques appelées “CARTOGRAPHIE DES MERVEILLES”. Elles ressemblent à ce premier beau projet intitulé “GEOGRAPHIES PERDUES” créé en 2020 au CAIRN à Meyrin avec cinq jeunes migrants mineurs non-accompagnés (MNA). Les cartographies sont sensationnelles. Sur un fond blanc, elles ressemblent à d’immense découpages qui racontent en rouge les merveilles de 56 jeunes.

    Autour des images, quelques belles écritures racontent les chemins parcourus à travers les déserts, les montagnes, les mers, les souvenirs de parfums, les souvenirs d’enfance et aussi les dangers sur le chemin de l’exil. Et le résultat n’est pas sombre, il est gai, esthétique et frais. On peut les admirer des heures, revenir et découvrir à chaque fois un nouveau détail, un message original.

    “Au départ, ce projet de cartographie des merveilles ne leur disait rien du tout. Alors, je leur ai proposé de réfléchir à leurs merveilles à eux. Chacun a choisi parmi 1500 images que j’avais présélectionnées, les jeunes les ont découpées, assemblées et collées. Ce qui est sympa c’est qu’avec le découpage d’image on ne peut pas savoir l’âge des gens, ça gomme toutes les différences.“

    Et puis on entre dans une autre petite pièce sombre où se trouve le merveilleux théâtre d’ombre réalisé dans le cadre de l’atelier “TOURMENTE” de Stanislas Delarue qui a réuni François Burland et les jeunes. Ce théâtre fait de mobiles qui tournent est digne d’un rêve, avec ses formes projetées qui représentent des traumatismes et des espoirs.

    Un moment de grâce

    L’exposition Checkpoint nous interroge sur l’existence des frontières réelles et imaginaires. Les lois administratives construisent des murs entre les citoyens mais l’art comme le théâtre et le cinéma conduisent à des moments de grâce, des élévations nobles au-delà des lois et des préjugés qui nous divisent.

    https://blogs.letemps.ch/jasmine-caye/2021/03/21/des-artistes-et-des-jeunes-migrants-ont-cree-checkpoint-une-exposition

    #art_et_politique #exposition #migrations #MNA #asile #réfugiés #mineurs_non_accompagnés #Suisse #photographie

    ping @reka @isskein

  • Violente paix. What is violent in urban narrative ?

    Auteurs et autrices : Equipe pédagogique et étudiants du master du Master « International Development Studies (IDS) », Institut d’urbanisme et de géographie alpine et « Création artistique », UFR LLASIC
    Type : Restitution d’atelier recherche-création

    Le quartier de la Presqu’île est stratégique dans la formation de Grenoble en tant que métropole de l’innovation et a intégré l’agenda de la transition écologique des projets urbains de la métropole.
    Le cours est construit sur un atelier immersif et expérimental pour questionner les espaces de la ville et le récit de la #transition, par la #performance. Le récit hégémonique de la transition est questionné par la composition immédiate en danse, par la cartographie à partir d’#exploration_urbaine (#dérive), par le débat sur les concepts de violence, #conflit et #paix, et le rôle qu’ils jouent dans la construction de l’#imaginaire_urbain et qui informe nos interactions quotidiennes dans l’espace. Ce questionnement conduit à proposer des #contre-récits.
    Nous évoquons les situations de violence invisibilisée, d’assignation à la violence de certaines catégories de la population, d’incorporation de normes, d’écriture du #récit national et du besoin de contre-récits de la transition, de la #modernité, de l’#innovation et de l’#espace_public.

    En 2019, l’édition de cet atelier a donné lieu à un livret qui présente la démarche de l’équipe pédagogique et les productions par les étudiant·es des Master in « International Development Studies (IDS) », Institut d’urbanisme et de géographie alpine et « Création artistique », UFR LLASIC

    https://www.modop.org/portfolio-item/violente-paix
    #violente_paix #Presqu'île #Grenoble #recherche-création #violence #paix #atelier_pédagogique #ressources_pédagogiques #villes #urban_matter #géographie_urbaine #urbanisme

  • États d’Urgence, Une histoire spatiale du continuum colonial français - Léopold Lambert | Premiers Matins de Novembre Éditions
    https://www.pmneditions.com/product/etats-d-urgence-une-histoire-spatiale-du-continuum-colonial-francais-le

    Une histoire spatiale du continuum colonial français - Léopold Lambert
    €18.00

    États d’Urgence, Une histoire spatiale du continuum colonial français - Léopold Lambert

    Préfaces de Nacira Guénif-Souilamas et de Anthony Tutugoro

    Loi contre-révolutionnaire par excellence, l’état d’urgence lie les trois espaces-temps de la Révolution algérienne de 1954-1962, l’insurrection kanak de 1984-1988 et le soulèvement des quartiers populaires en France de 2005.
    Cet ouvrage revient en détails sur chacune de ces trois applications ainsi que celle, plus récente de 2015 à nos jours, en tentant de construire des ponts entre chacune. Dans cette étude, l’auteur utilise le concept de continuum colonial tant dans sa dimension temporelle que géographique. En son sein circulent notamment un certain nombre d’officiers militaires et hauts fonctionnaires coloniaux, mais aussi des populations immigrées et des révolutionnaires.

    Architecte de formation, l’auteur ancre sa lecture dans la dimension spatiale de l’état d’urgence en liant aussi bien les camps de regroupement en Algérie, la ville blanche de Nouméa, les commissariats de banlieues françaises, que la Casbah d’Alger, les tribus kanak ou encore les bidonvilles de Nanterre.

    336 pages
    Sortie nationale 30 avril 2021
    Précommandes ouvertes !

    #colonialisme #Algérie #Kanaky #histoire_coloniale

  • Oise : abandonnés, squattés, délabrés… les supermarchés vides hantent villes et villages - Le Parisien
    https://www.leparisien.fr/oise-60/oise-abandonnes-squattes-delabres-les-supermarches-vides-hantent-villes-e


    #territoire

    Par Stéphanie Forestier
    Le 23 mars 2021 à 16h25

    Au bord des routes départementales et nationales, en plein cœur des villes et villages de l’Oise, ce sont des supermarchés à l’abandon. Des friches qui finissent par nuire à l’image des municipalités qui peinent à s’en débarrasser.

    Lassigny, Noyon, Beauvais, Les Ageux, Grandvilliers, Cambronne-lès-Ribécourt, Méru, Trosly-Breuil, Mouy, Nanteuil-le-Haudouin… La liste des villes concernées est longue et le phénomène difficile à chiffrer.

    Dans l’Oise, une quinzaine de ces locaux vacants seraient, a minima, recensés à ce jour. D’un point de vue légal, un espace commercial inutilisé pendant trois ans devient une friche.

    « Ce phénomène ne fait que commencer, s’alarme-t-on à la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de l’Oise. L’accroissement du commerce en ligne et l’appétence des consommateurs pour les surfaces plus petites font que ce modèle commercial est en mutation. »

  • Le pétrole dans le monde en 1980
    https://visionscarto.net/petrole-dans-le-monde-1980

    Titre : Le pétrole dans le monde en 1980 Mots-clés : #archives #géographie #matières_premières #sémiologie #1987 #énergie #pétrole Contexte : Exercice - Recherche cartographique réalisée à l’école supérieure de cartographie géographique de l’Institut de géographie, université de Paris I Sources : - Auteur : Philippe Rekacewicz Date : 1987 #Musée_et_archives

  • Exportations mondiales de graine de soja dans les années 1980
    https://visionscarto.net/exportations-mondiales-soja

    Titre : Exportations mondiales de graine de soja Mots-clés : #archives #géographie #matières_premières #sémiologie #1988 Contexte : Exercice - Recherche cartographique réalisée à l’école supérieure de cartographie géographique de l’Institut de géographie, université de Paris I Sources : - Auteur : Philippe Rekacewicz Date : 1988 #Musée_et_archives

  • #Asie
    La base américaine d’Okinawa, épine dans le pied du premier ministre japonais, par Gavan McCormack (Le Monde diplomatique, septembre 2015)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2015/09/MCCORMACK/53686
    La présence militaire américaine au Japon, par Cécile Marin (Le Monde diplomatique, septembre 2015)
    http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/japon-presencemilUS


    Fin du pacifisme au Japon, par Katsumata Makoto (Le Monde diplomatique, septembre 2015)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2015/09/MAKOTO/53687

    Navire chinois aux Diaoyu/Senkaku, discours à la nation en Thaïlande et abaissement de la majorité pénale en Inde - Asialyst
    https://asialyst.com/fr/2015/12/23/navire-chinois-aux-diaoyusenkaku-discours-a-la-nation-en-thailande-et-abai
    #Japon #Relations_Internationales_Asie_Japon #Etats_Unis #Relations_Internationales_Etats_Unis

    La Banque du #Japon adopte des taux négatifs dans l’espoir de revigorer l’économie. Par Vittorio De Filippis - Libération
    http://www.liberation.fr/planete/2016/01/29/la-banque-du-japon-adopte-des-taux-negatifs-dans-l-espoir-de-revigorer-l-
    #BoJ #Japon #Monnaie #Politique_monétaire

    Bientôt des robots au chevet des patients japonais, par Arthur Fouchère (Le Monde diplomatique, août 2016)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2016/08/FOUCHERE/56093
    #Sciences #Santé

    Le gouvernement japonais demande aux universités de ne plus enseigner les sciences humaines | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/106865/japon-sciences-humaines

    "Cette décision correspond au plan de croissance du Premier ministre Shinzo Abe, selon lequel le rôle des universités est de « produire des ressources humaines qui correspondent aux besoins de la société »."

    "Dans un éditorial pour le Japan Times, le président de Shiga University, Takamitsu Sawa, se plaignait qu’un membre du ministère de l’Éducation avait suggéré qu’en dehors de huit universités d’élite, les étudiants devraient apprendre à utiliser des logiciels de comptabilité plutôt que les textes de l’économiste Paul Samuelson, et la traduction anglais-japonais plutôt que Shakespeare."

    –-La #Birmanie en liberté surveillée, par Renaud Egreteau (Le Monde diplomatique, décembre 2015)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2015/12/EGRETEAU/54358
    Nature et cultures birmanes, par Agnès Stienne (Le Monde diplomatique, décembre 2015)
    http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/Birmanie-ethnies


    #Asie_Birmanie #Asie_Myanmar #Asie

    Total mis en cause pour le financement de la junte birmane
    https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/total-en-birmanie-le-groupe-francais-financerait-la-junte-via-des-comptes-o
    Birmanie : vers des sanctions énergiques contre les généraux ?
    https://asialyst.com/fr/2021/05/03/birmanie-vers-sanctions-energiques-contre-generaux
    #Multinationales #Energies_Tubes

    #Vietnam : la mondialisation contre la géographie - Asialyst
    https://asialyst.com/fr/2015/12/15/vietnam-la-mondialisation-contre-la-geographie

    "Le Vietnam et Singapour sont les seuls pays de l’ASEAN à avoir adhéré au Partenariat transpacifique, le fameux TPP lancé par les Américains, et à avoir signé un traité de libre-échange avec l’Union européenne. La position de Singapour n’étonne pas, celle du Vietnam surprend. Qu’est ce qui la motive ?"❞
    #Asie_Vietnam #Asie_Singapour #ASEAN #TPP #Géographie #Commerce #Traités_commerciaux #Asie #Asie_du_sud_est

    Mer de Chine méridionale. Un drone vietnamien pour surveiller les zones contestées | Courrier international
    http://www.courrierinternational.com/article/mer-de-chine-meridionale-un-drone-vietnamien-pour-surveiller-
    #Hydrocarbures

    Le #Vietnam se rêve en atelier de la planète, par Martine Bulard (Le Monde diplomatique, février 2017)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2017/02/BULARD/57125

    #TPP #Traités_commerciaux_TPP #Libre_Echange

    "Certes, depuis le lancement de la politique dite « du renouveau » (doi moi), en 1986, des entreprises sont sorties du lot"

    "Pour lui, « l’économie mondiale marche par vagues de délocalisations. Celles-ci sont parties de l’Europe pour aller vers le Japon et la Corée du Sud, puis elles sont passées en Chine. Avec l’augmentation des salaires chinois, elles arrivent désormais au Vietnam, au Bangladesh, en Birmanie. C’est la loi naturelle, l’objectif des entreprises étant de faire du profit. Ce sont des cycles de dix ou quinze ans » — ce qui devrait « nous donner du temps pour qualifier les travailleurs et améliorer les performances », dit-il. On croirait entendre M. Pascal Lamy"

    "Le chef du gouvernement mise aussi sur l’accord signé avec l’Union européenne et ratifié — sans grand débat — par le Parlement français en juin 2016."

    "cette stratégie a un prix : la dépendance"

    "Les autorités vietnamiennes tablent sur le dogme périlleux qui a fait la puissance de Singapour, de Taïwan ou de la Chine : le faible coût de la main-d’œuvre. À une différence près, note M. Erwin Schweisshelm, directeur de la Fondation Friedrich Ebert au Vietnam : « Ces pays ont quand même protégé leurs marchés et imposé des régulations. Aujourd’hui encore, il est impossible de détenir une compagnie chinoise à 100 %, et certains investissements doivent comporter des transferts de technologie. Le Vietnam, lui, est ouvert à tous les vents."

    #Singapour, #Malaisie, #Indonésie : triangle de croissance ou triangle des inégalités ?, par Philippe Revelli (Le Monde diplomatique, juillet 2016)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2016/07/REVELLI/55958

    L’Indonésie, "pays musulman" ? Par Anda Djoehana Wiradikarta - Asialyst
    https://asialyst.com/fr/2015/06/05/indonesie-un-pays-musulman

    Indonésie 1965, mémoire de l’impunité, par Lena Bjurström (Le Monde diplomatique, décembre 2015)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2015/12/BJURSTROM/54359

    ÉCONOMIE. L’Indonésie près de la case Bric | Courrier international
    http://www.courrierinternational.com/article/2013/01/03/l-indonesie-pres-de-la-case-bric

    -"l’Indonésie ait été désignée pour présider les négociations dans le cadre du Regional Comprehensive Economic Partnership (RCEP).

    Ce partenariat comprend les pays membres de l’Asean plus la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l’Inde, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, d’où son nom d’Asean + 6. Ce groupe est appelé à jouer un rôle très important dans l’économie mondiale puisqu’il représente 28 % du PNB mondial et rassemble la moitié des 6,9 milliards d’habitants de notre planète. Cette mission confiée à l’Indonésie revêt donc une valeur éminemment stratégique.Reste à savoir si les prévisions de McKinsey et de l’OCDE vont se réaliser. On peut tirer des enseignements de ce qui est arrivé au Brésil, à la Russie, à l’Inde et à la Chine, un groupe connu sous le nom de Bric. En 2001, la banque Goldman Sachs, qui a créé cet acronyme, prédisait qu’ils allaient devenir les superpuissances du monde. Or les voilà confrontés aujourd’hui à une inflation très élevée parce qu’ils n’étaient pas préparés à une croissance aussi rapide." ;
    –"Les manifestations ouvrières, de plus en plus massives, devraient également attirer notre attention. Il ne faudrait pas qu’elles dérapent et sapent la confiance des investisseurs." ;
    –" Les incitations fiscales destinées aux industries stratégiques ne touchent en fait qu’une toute petite partie des entreprises, parce qu’elles ne sont accordées qu’à celles dont le chiffre d’affaires dépasse l’équivalent de 80 millions d’euros et qui emploient plus de 500 personnes.

    Une étude de l’OCDE de septembre 2012 montre pourtant que le tissu industriel indonésien est constitué à 99 % de moyennes, petites et microentreprises. Enfin, faute d’infrastructures adéquates, le développement rapide des investissements ne pourra que provoquer une surchauffe, entraînant à son tour une déstabilisation de l’économie. "

    #Indonésie #ASEAN

    La Banque mondiale et le FMI ont jeté leur dévolu sur le #Timor_Oriental, un État né officiellement en mai 2002. 2 novembre par Eric Toussaint
    https://www.cadtm.org/La-Banque-mondiale-et-le-FMI-ont-jete-leur-devolu-sur-Timor-Oriental-un-Etat-
    #IFI_FMI_Banque_Mondiale #Asie_Pacifique

    #Corée-du-sud
    Virage autoritaire à Séoul, par Sung Ilkwon (Le Monde diplomatique, janvier 2016)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2016/01/ILKWON/54458

    -"« Comment la présidente peut-elle parler de “réunion violente et illégale” alors qu’autant de monde manifestait pacifiquement ? Comment peut-elle comparer les manifestants portant un masque à des membres de l’organisation terroriste Daech ? »" ;
    –"A entendre le président du Saenuri, M. Kim Moosung, la responsabilité en incomberait… aux syndicats : « Sans la KCTU, le pays serait beaucoup plus riche. Le produit intérieur brut [PIB] par personne dépasserait les 30 000 dollars »" ;
    –"Par ailleurs, le gouvernement veut privatiser certains services hospitaliers, dans l’objectif de les rendre profitables." ;
    –" la décision de Mme Park d’imposer un seul manuel d’histoire, dont le contenu serait déterminé par une commission qu’elle désignerait elle-même. Il s’agit, dit-elle, « de donner une vision correcte de l’histoire et de rectifier les versions déformées et gauchisantes qui essaient de glorifier la Corée du Nord en discréditant les réalisations capitalistes du Sud (3) »."

    #Corée_du_Sud

    « Révolution des bougies » à Séoul, par Sung Il-kwon (Le Monde diplomatique, janvier 2017)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2017/01/IL_KWON/57002
    #Asie #Asie_Corée_du_Sud #Relations_Internationales #Multinationales #Ploutocratie

    "« Ces chaebol qui se sont montrés impitoyables envers leurs salariés et les petites entreprises, mais généreux à l’égard de Choi Soon-sil et de sa fille, méritent des sanctions. »"

    "Les Sud-Coréens estiment également qu’elle et sa majorité n’ont rien fait contre l’évasion fiscale pratiquée à grande échelle par les dirigeants des chaebol et qu’ils ont fermé les yeux sur leur financement occulte des partis et des journaux."

    #Documentaires
    Un oeil sur la planète - Corée : la puissance cachée - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=BJwCMLJmh8Y

    #États-Unis / #Corée_du_Nord : Il n’y a pas de solution militaire. PASCAL BONIFACE·LUNDI 4 SEPTEMBRE 2017
    https://www.facebook.com/notes/pascal-boniface/%C3%A9tats-unis-cor%C3%A9e-du-nord-il-ny-a-pas-de-solution-militaire/10155711423904100

    #Chine #Relations_Internationales
    Secrets chinois dévoilés, présidence birmane nommée en mars et meurtre raciste en Inde - Asialyst
    https://asialyst.com/fr/2016/02/04/secrets-chinois-devoiles-presidence-birmane-nommee-en-mars-et-meurtre-raci

    "-Au moment de son arrestation et de sa mise en examen, son petit frère aurait alors fuit aux Etats-Unis avec en sa possession plus de 2 700 documents internes sensibles. Ces documents représenteraient « les informations les plus précieuses jamais obtenues par un transfuge chinois depuis ces trente dernières années »." ;
    –"Corée du Sud : Séoul promet de détruire le missile nord-coréen" ;
    #TPP : "Le Partenariat transpacifique signé à Auckland, la Chine prend acte" ; #Traités_commerciaux
    –"Dans le même temps, Pékin est en train de mettre sur pied sa propre Zone de Libre-Echange de l’Asie-Pacifique (FTAAP). Sans les Américains, bien sûr." ;
    –"#Thaïlande : la junte accentue sa pression sur les médias étrangers"

    L’#Australie séduite par la Chine, par Olivier Zajec (Le Monde diplomatique, janvier 2015) #Océanie
    http://www.monde-diplomatique.fr/2015/01/ZAJEC/51931

    Le président chinois le plus puissant depuis Mao Zedong, par Emilie Frenkiel (Le Monde diplomatique, octobre 2015)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2015/10/FRENKIEL/53964

    Ce que cachent les soubresauts financiers de la Chine, par Michel Aglietta (Le Monde diplomatique, octobre 2015)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2015/10/AGLIETTA/53963

    #Taïwan en quête de souveraineté économique, par Tanguy Lepesant (Le Monde diplomatique, mai 2016)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2016/05/LEPESANT/55448
    L’#Amérique_centrale lâche Taipei, par Guillaume Beaulande (Le Monde diplomatique, mai 2016)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2016/05/BEAULANDE/55450
    Taïwan, pièce manquante du « rêve chinois ». par Tanguy Lepesant
    https://www.monde-diplomatique.fr/2021/10/LEPESANT/63636

    #OMC #UE
    Chine : l’épineuse question du statut d’économie de marché. Par Elodie Le Gal - Asialyst
    https://asialyst.com/fr/2016/05/10/chine-l-epineuse-question-du-statut-d-economie-de-marche

    « Nous en parlons peu mais cela pourrait devenir le sujet chaud de la fin de l’année. L’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) va devoir traiter la demande de la Chine. Lors de son adhésion à l’OMC en 2001, figurait une clause à l’accord qui précisait que d’ici 2016, le pays pourrait obtenir le statut d’économie de marché. Des réformes du système économique chinois étaient donc attendues. L’heure a sonné, et le pays réclame ce changement. Quels sont les enjeux derrière cette évolution ? »

    « Un refus d’accorder le fameux Graal impliquerait obligatoirement des représailles de la part de l’Empire du Milieu. Celles-ci concerneraient sa participation au plan de financement, mais toucheraient également les exportations vers la Chine et les entreprises européennes installées dans le pays. Certains observateurs parlent même de guerre économique ! Ce qui n’est toutefois pas prêt d’arriver, la Chine étant encore dépendante de la demande extérieure et des investissements étrangers dans certains domaines (luxe, biens de consommations, agroalimentaires, nouvelles technologies…).

    D’un autre côté, une acceptation privilégierait surtout les grands groupes européens qui renforceraient leurs liens commerciaux avec la Chine, dont les débouchés sont incontournables. Les petits industriels seraient les grands perdants, même si le pays a promis de diminuer ses exportations d’acier. »

    « l’Agence Chine Nouvelle insiste sur le fait que l’octroi de ce statut permettrait de renforcer les relations sino-européennes, et que le développement technologique de la Chine ouvrirait de nombreux débouchés aux industries européennes. L’accent est mis sur cette transformation de l’économie, non plus basée sur les exportations mais sur la demande intérieure et les services. L’Europe n’a donc pas à s’inquiéter ! »

    Comment l’État chinois a su exploiter la #Mondialisation, par Philip S. Golub (Le Monde diplomatique, décembre 2017)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2017/12/GOLUB/58218

    Chine : l’élite ouïghoure décapitée au Xinjiang Par Sylvie Lasserre-Yousafzai - Asialyst
    https://asialyst.com/fr/2018/10/19/chine-elite-ouighoure-decapitee-xinjiang

    #Relations_Internationales_Asie #Asie_Relations_Internationales :

    Communauté de l’ASEAN : quel modèle d’intégration pour l’Asie du Sud-Est ? Par Alexandre Gandil - Asialyst
    https://asialyst.com/fr/2015/12/24/communaute-de-l-asean-quel-modele-d-integration-pour-l-asie-du-sud-est


    #ASEAN #Asie_du_sud_est

    Perceptions et réalités de l’autoritarisme dans le Sud-Est asiatique, par Éric Frécon (Le Monde diplomatique, octobre 2016)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2016/10/FRECON/56409
    Sud-Est asiatique : repères (Le Monde diplomatique, octobre 2016)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2016/10/A/56408

    Crise dans les Paracels, tension entre la junte et les moines en Thaïlande et roupie indienne au plus bas. - Asialyst
    https://asialyst.com/fr/2016/02/17/crise-dans-les-paracels-tension-entre-la-junte-et-les-moines-en-thailande-

    #Documentaires Mer de Chine, la guerre des archipels | ARTE
    http://www.arte.tv/guide/fr/054777-000-A/mer-de-chine-la-guerre-des-archipels
    Mer de Chine, la guerre des archipels ARTE - YouTube
    https://www.youtube.com/watch?v=3sGNZDrPMbY

    #Philippines
    Quand Manille manœuvre, par François-Xavier Bonnet (Le Monde diplomatique, mai 2017)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2017/05/BONNET/57476

  • Croquis de synthèse géographique de la région Digne-Castellane
    https://visionscarto.net/croquis-de-synthese-geographique

    Titre : Croquis de synthèse géographique de la région Digne-Castellane Mots-clés : #archives #géographie #géographie_régionale #sémiologie #1988 #france Contexte : Exercice - Recherche cartographique réalisée à l’école supérieure de cartographie géographique de l’Institut de géographie, université de Paris I Sources : - Auteur : Philippe Rekacewicz Date : 1988 #Musée_et_archives

  • La ville inoccupée - Enjeux et défis des espaces urbains vacants

    Alors même que le contexte de transition écologique impose de plus en plus fortement une limitation de la consommation de ressource foncière, comme en témoigne le projet de loi récent portant l’ambition de « zéro #artificialisation nette » du sol national, les espaces urbains vacants apparaissent comme un problème croissant et à l’actualité renouvelée aussi bien dans le contexte français qu’international. Par ailleurs poser la question des espaces vacants et de leur réactivation dépasse largement le seul cas de l’#urbanisme_transitoire qui a, lui, déjà été largement traité. En effet, contrairement à la problématique de l’urbanisme transitoire, le traitement des espaces vacants ne se pose pas seulement en termes d’occupation temporaire ni à l’aune d’une démarche de préfiguration d’un projet d’urbanisme ou d’expérimentation d’usages. Cet ouvrage comble ainsi un vide tant par son approche que par les résultats qu’il produit pour la recherche comme pour la pratique.

    Les espaces vacants désignent des #espaces_bâtis ou non bâtis qui ont été construits et ont fait l’objet d’une activité avant d’être non utilisés ou sous-utilisés, détruits, voire n’ayant jamais été occupés. Ce phénomène concerne les métropoles comme les villes moyennes et petites, les territoires dynamiques aux marchés immobiliers tendus comme les villes en décroissance où la situation est cependant plus alarmante. Phénomène protéiforme, elle se manifeste diversement, par la présence d’immeubles partiellement ou entièrement vacants et/ou de linéaires commerciaux mités, selon des formes concentrées et massives ou de façon plus diffuse. Ces espaces sans usages peuvent être petits ou grands, il n’y a aucune norme. Il en va de même de leur état de conservation ou de dégradation, ainsi que de leur durée d’inoccupation. Enfin cette diversité concerne tout autant leurs propriétaires. Si des travaux croissants s’intéressent à cette question, rares sont ceux prenant le parti de les étudier de manière transversale et de chercher à en tirer des enseignements tant du point de vue de l’explication du phénomène que des questions de méthodes posées par la production de connaissances sur le phénomène ou encore des modalités de réactivation et de revalorisation de ces espaces sans usages.

    A partir de ce constat et de ce choix éditorial, l’ouvrage se structure en trois parties distinctes. La première vise à rendre compte des approches et des mesures du phénomène des espaces vacants par une entrée par différents types d’espaces vacants (bureaux, commerces, locaux de services). Appuyée sur des travaux de professionnels et de chercheurs, elle met en perspective les définitions, les méthodes d’approches des espaces vacants et rappelle à quel point l’activité de mesure d’un phénomène témoigne des représentations du problème et cadre les possibilités d’action. La seconde s’intéresse aux acteurs de la revalorisation des espaces vacants. Là encore, une diversité de situations et de types d’espaces vacants sont proposés à l’analyse : logements, rez-de-chaussée, friches, bureaux aussi bien dans des métropoles que dans des villes décroissantes. Les chapitres de cette partie se structurent autour d’une grande attention à l’activité des acteurs en situation de revalorisation permettant de rendre compte autant de la diversité des modes d’intervention en cours d’invention que de certaines régularités (agir sur l’offre, agir sur la demande, mettre en relation offre et demande). Enfin, la troisième partie propose un éclairage international autour de trois pays confrontés de longue date aux problèmes des espaces vacants. Cet éclairage rappelle les rôles du contexte légal national concernant la propriété foncière dans la manière d’aborder et d’agir sur les espaces vacants.

    https://www.presses-des-ponts.fr/notre-librairie/378-la-ville-inoccupee---enjeux-et-defis-des-espaces-urbains-vacan

    #ville #urban_matter #livre #géographie_urbaine #urbanisme #vide #aménagement #espaces_vacants #espace_vacant #vacance

  • Il curricolo «razziale». La costruzione dell’alterità di «razza» e coloniale nella scuola italiana (1860-1950)

    Il volume ripercorre la storia del concetto di «razza umana» nell’ambito scolastico italiano tra Otto e Novecento, dal periodo precedente la conquista delle colonie africane agli anni della decolonizzazione. Il termine infatti ha svolto un ruolo cruciale nei processi di costruzione e descrizione svalorizzante dell’«altro», nella giustificazione dell’espansione coloniale nonché nell’opera di «invenzione» dell’identità nazionale. L’indagine tocca tutti gli ambiti disciplinari ma si incentra soprattutto sulla Geografia, tributaria - durante tutto il periodo - del compito di presentare-insegnare la diversità umana agli studenti, trasmettendo loro gerarchie esplicite ed implicite.
    Questa immagine «razziale» dell’italiano e dell’«altro» (africano, «negro») ha avuto una sua articolata declinazione iconografica che viene ricostruita e analizzata con il supporto di un ampio apparato di immagini.

    http://eum.unimc.it/it/catalogo-completo/442-il-curricolo-razziale
    #école #éducation #race #racisme #alterité #école_italienne
    #livre #colonialisme #Italie #Italie_coloniale #colonialisme_italien #histoire #histoire_coloniale #identité #identité_nationale #nationalisme #impérialisme #géographie #iconographie #imaginaire #imaginaire_colonial

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    ajouté à la métaliste sur le colonialisme italien:
    https://seenthis.net/messages/871953

    • Une (brève) recension:
      Gianluca Gabrielli, Il curricolo «razziale». La costruzione dell’alterità di «razza» e coloniale nella scuola italiana (1860-1950)

      Dans le sillage des postcolonial studies sur l’histoire culturelle de l’impérialisme et des études françaises sur l’imaginaire colonial, cet ouvrage a comme ambition de reconstruire l’histoire des représentations des races humaines pendant les cent années correspondant à l’expansion coloniale italienne, entre l’Unité et les années 1950. En s’appuyant sur l’opinion de Nicola Labanca  d’après lequel « durante la fase coloniale la scuola italiana assolse la funzione di potente strumento di fucina e diffusione di stereotipi e di pregiudizi colonialisti » (p. 39) , Gianluca Gabrielli a choisi comme pistes d’exploration l’école et les livres pour la jeunesse, en ajoutant à l’étude des programmes et des manuels scolaires l’analyse de la littérature enfantine, fortement influencée par la même idéologie.

      Le volume est articulé en quatre chapitres. Dans le premier trouve place une présentation générale de l’histoire coloniale de la péninsule, ainsi qu’une synthèse des résultats de la recherche italienne sur la « culture impérialiste » et l’imaginaire colonial. Pour mettre en évidence l’image de l’Afrique et des Africains d’une part, de l’autre celle des colonisateurs, la critique historique s’est surtout intéressée à la période fasciste, lorsque l’effort expansionniste atteignit son sommet, et que l’idéologie raciale qui servait de socle à la politique du régime trouva son expression la plus achevée. Mais l’ouvrage de Gabrielli couvre une période bien plus large, en examinant les sources et les documents dans lesquels ont été expliqués aux élèves le colonialisme et les théories raciales. De 1860 aux années 1950, l’auteur passe d’abord en revue les programmes de tous les cursus d’études primaires et secondaires, en portant une attention particulière à la géographie, car c’est surtout à cette dernière discipline, notamment à la géographie humaine, qu’a été confié l’enseignement des différences entre les races et les civilisations. En étroite correspondance avec les étapes de l’expansionnisme italien, les colonies acquièrent une place de plus en plus importante, qui deviendra même prépondérante sous Mussolini, lors de la guerre d’Éthiopie et de la proclamation de l’empire. Après la chute du fascisme, les programmes de la République, tout en laissant subsister le classement des races et les jugements en faveur de la civilisation des Blancs, feront le silence total sur l’histoire coloniale, et il faudra attendre la fin des années 1960 pour voir apparaître les premières manifestations critiques envers le passé colonial italien, et la fin des années 1970 pour que soit abordée la question de la décolonisation.

      Ensuite dans le troisième chapitre (qui occupe la moitié du volume), la plus grande attention est portée au contenu d’un grand nombre de manuels de géographie de la même période, qui sont ici examinés avec une précision minutieuse. L’angle d’attaque est celui du « curricolo razziale » dans les livres scolaires, à commencer par le Giannetto de Luigi Alessandro Parravicini : la définition des races se conforme aux théories successivement en vigueur au XIXe siècle, des « variétés humaines » de la Bible jusqu’à un classement hiérarchique de plus en plus rigide, lorsque le positivisme donne aux théories raciales son empreinte « scientifique », fondée tant sur la forme du crane et le profil facial que sur la psychologie ethnique, pour établir les niveaux de supériorité ou infériorité des races, qui passent de trois à cinq. Le corollaire de cette doctrine, souvent donnée à voir dans des tableaux et des compositions photographiques, est bien entendu la naturalisation du colonialisme de l’homme blanc sur les races inférieures, la suprématie étant toujours attribuée à la « race caucasienne », ou race européenne, sur les Africains. Une infériorité culturelle qui, d’après Gabrielli, se lit déjà en toutes lettres dans un apologue intitulé I negri e il libro, colporté sur une longue durée dans les livres de lecture courante, d’après lequel les causes de l’assujettissement des Noirs aux Blancs seraient leur avidité et leur ignorance.

      Au terme de ce long parcours à travers la didactique de la géographie, Gabrielli ne peut que constater la force et la durée de l’enracinement du paradigme racial dans l’enseignement italien, où le classement et la représentation des races a constitué un véritable « genre scolaire ». Une démonstration qui apparaît d’autant plus convaincante que cette étude s’appuie sur un apparat critique solide et sur une documentation très riche, notamment pour ce qui est des sources (le nombre de manuels de géographie et d’ouvrages scolaires repérés et consultés est considérable).

      https://journals.openedition.org/laboratoireitalien/1008?lang=it
      #manuels_scolaires

  • L’alternative biorégionaliste
    https://metropolitiques.eu/L-alternative-bioregionaliste.html

    Sommes-nous condamnés à être les témoins impuissants, sinon les acteurs d’un écocide généralisé ? Quelles solutions pouvons-nous avancer pour se reconnecter à la nature ? Comment réinventer un habitat respectueux du vivant ? Le « manifeste biorégionaliste » de Mathias Rollot apporte des réponses à ces questions. Le biorégionalisme est un mouvement d’écologie profonde créé dans les années 1970 par d’anciens Diggers, groupe anarchiste san-franciscain très actif au cours de la décennie précédente (Gaillard 2014). #Commentaires

    / #territoire, #biorégion, #géographie, #écologie

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_stuppia.pdf

  • Seeing the city with #Nausicaa_Pezzoni, on mapping perceptions of European cities

    1. Could you describe your project on mapping perceptions of European cities by people with migration backgrounds, and what motivated you to initiate these projects?

    The project of mapping the city through the hand drawings of migrants aims at exploring an emerging issue in the contemporary governance of a city that is increasingly inhabited by transitory populations, namely, how its new inhabitants relate to the urban landscape. I have chosen to focus on people with migration backgrounds as exemplary of this transitory living, and of a relationship with the city more characterized by assigning meaning to urban spaces rather than appropriating them.

    In anthropology and sociology, the literature on the meaning of life as related to movement and instability is extensive and by now consolidated. From Bauman’s liquid modernity to Sennett’s exile man, to Attalì’s nomadic man, some descriptions have taken on the role of mapping our era.

    In urban planning, however, movement and temporariness remain under explored. Planning tools are still oriented towards permanence. Moving populations urge urban planning to update this consolidated paradigm based on permanence. The first motivation to initiate my research sprang from this consideration.


    2. What motivated you to choose the medium of cognitive maps to open up a dialogue with research participants?

    I started from the hypothesis that rethinking the city, and any attempt to consider temporary living in urban planning, cannot be separated from the observation and experience of people who live under the condition of transiency. How migrants represent the city also provides an opportunity to listen to people who are at the same time “guests” of the new city and are architects of its transformation.
    I have chosen the medium of cognitive maps as the most adept instrument to bring to the surface the lived space of a transitory living, both in the mind of those who draw and in the resulting drawings.

    Giving the pencil to the newcomers means giving them the possibility to propose their ideas of the city through its representation, as the representation itself is expected to produce a particular vision of reality, in contrast to a scientific, objectifying vision, which sees the map as a reflection of reality. It is a reason linked to the need to introduce new tools in order to read the contemporary city, as well as to expand the audience of subjects who can express an idea about the city.

    Starting from the question asked by Kevin Lynch sixty years ago to deepen his study on “The image of the city” (Lynch, 1960), “How does a stranger build an image of a new city?”, I have proposed an empirical research using and adapting the medium of mental maps first introduced by Lynch. Indeed, the question suggested by Lynch seemed to be very current in the city nowadays and had never been answered since it was asked.


    3. Based on your research, what do European cities represent for migrants?

    European cities represent the landfall territory, the threshold to cross and a place to live in. They also represent a place to build a new idea of the city itself, and of the society that could be. In the framework of an epochal migration crisis, my research took on an ethical aspect within urban policies. Maps become, in this context, tools to try and describe European cities differently from how they have always been represented and conceived. A migratory phenomenon of unthinkable proportions until ten years ago found in Europe inhospitable land, unable not only to host the populations that press on its borders, but also to see their possible contribution in the wider horizon of ideation and planning. As such, maps represent a city knowledge device in terms of building of a new awareness of the city itself.

    A new project was conceived, “Migrants mapping Europe”, aimed at applying the method introduced in Milan to other Italian and European cities, starting with the exploration of Bologna and Rovereto. This is the second phase of research, aimed at incrementally building a European map of the present time that brings to surface the meaning and forms of the first landing and of the transitory living conditions in the territories of contemporaneity.


    4. What were your expectations at the beginning of your project? Have they changed whilst carrying out research? If so, how?

    At the beginning of the research project, I did not expect the reaction received from of almost all the participants who were asked to draw their cognitive maps. However, the initial disorientation, disbelief, incomprehension, and often the interviewee’s resistance to draw, progressively disappeared. It was replaced by the surprising acceptance of that improbable challenge, which induced 150 migrants to a creative observation of the city, fully participating in a project that had no purpose that was immediately evident.

    What I understood and changed whilst carrying out my research is the necessity to project the interviewee into the current experience within the landing city, without looking back towards their past experiences, but rather focussing on their immanent condition.

    When, at the beginning of the survey, some participants were asked to speak about their backgrounds, their migration journey, their past, before drawing the map, those migrants found it impossible to draw any map, at all. Looking at the city they currently live in was actually the only way for them to be able to draw. It has proved to be a determining factor for the actual creation of the maps, and it has further convinced me that it was much more critical to invite participants to think about their current living conditions, rather than asking them to look back to their personal history.


    5. How do you ensure inclusion and participation in your projects? And how do you create a safe space for individuals to share their connection to the city as well as their personal history?

    I try to speak about the kind of participation involved in this experiment, and about its significance from the newcomers’ point of view. Amidst widespread and growing efforts to conduct participatory research, this survey has a particular goal, that is to offer a possibility for migrants to appropriate the city by recognizing their relationship to the urban space. Through their drawings of the map, they develop their sense of belonging to the city. The representation of the urban landscape drawn by migrants who are trying to find their bearings in the city is an act of self-organization within the landscape. The action of imagining and drawing the urban geography corresponds to the act of mentally inhabiting the city and in this way taking possession and transforming it from a space of estrangement into a space which is more articulated and complex, where even a person who has recently arrived can conceptualize and live within it. This is the reason why it is important for migrants to look at the city and not to look back at their history. We can say that the exercise of mapping makes explicit the act of taking to oneself to a space which, no longer about an estranging experience, becomes a space open to unpredictable inhabiting conditions.

    There is an ethical reason for this kind of participatory process. It is the opportunity to listen to participants’ point of view with the intention of building a level of equality between the expert and the disorientated gaze: It is an attempt to overcome the prerogative of power over the other that has always divided those who belong—to a territory, to a right, to a system—from those who are excluded.


    6. Could you share three maps that convey a particularly strong visualisation of how people with migration backgrounds perceive cities of transit?

    I chose one map of Bologna, one of Rovereto and one of Milan, which are the first three Italian cities included into the project “Migrants mapping Europe”. These surveys are going to be published in the second edition of my book with the title “La città sradicata. L’idea di città attraverso lo sguardo e il segno dell’altro” [The Uprooted City] (2020, O barra O edizioni, Milano)

    7. Your projects have investigated and voiced migrants’ perceptions of several cities, how were these settings similar and different from one another?

    In all the cities so far involved, the sample of interviewees included people from all over the world and who had not yet settled in the city. Thus, they had a mobile point of view, characterized mainly by instability.

    The instruments used for each interview were a sheet of A4 paper, pens, crayons and markers, which were left on the table available to the interviewees to choose the most appropriate graphical tools to draw their map. On the back of the map, newcomers were asked to write their name, age, country of origin, the location of their hometown, and duration of stay in that city.

    The interview also included information, if participants were willing to share, on the migratory path and the current working situation, to build a more complex picture of their condition. However, as I was saying earlier, the survey did not focus on the reasons for migration, nor the living conditions in the original country; the idea was to bring the newcomer directly to his current condition, to open up a reflection on the arrival city.

    The locations of interviews were different in the various cities, depending on the context in which the research originated. While in Milan they were chosen to reflect the heterogeneity of places where newcomers have their main activities, in the other Italian cities, interviews took place where the group of participants involved lived (Bologna) or where they attended school (Rovereto). In Paris, a group of people with migration backgrounds was interviewed at the École Normale Supérieure where they were attending an integration program with local associations.


    8. Who would you say is the target audience of your work and how has your work been received so far?

    At the beginning I thought I would address my work to urban planners. In fact, I used an interdisciplinary method to investigate the city, other disciplines were interested in opening up a dialogue with my research. Serveral discussions, in Italy and abroad, found food for thought and fertile ground for cross pollination in the areas of geography, anthropology, sociology, and the sciences of representation, in addition to the field of urban planning. The workshops I developed in the different cities are the results of these cross-pollinations . Recently, I took part in a seminar of postcolonial studies and it was on this occasion that I conducted the last workshop with migrants in Paris.


    9. What are going to be the next developments of your projects?

    The next developments of “The Uprooted City” are to map new cities, with the idea of changing the point of view on Europe as a whole. My hypothesis now is to propose an idea of Europe whose identity is not predefined. It is the possibility that its representation could be transformed by the observation of migrants, and it is the idea and the wish that Europe may be able to transform itself in relation to the foreigner who is coming. It is a hope that migrants could induce each city to represent itself with another map, in a framework oriented not to speak in the name of the other, but to allow the other to lead the narrative of the city.

    http://journal.urbantranscripts.org/article/seeing-the-city-with-nausicaa-pezzoni-on-mapping-perceptio

    #urbanisme #villes #géographie_urbaine #visualisation #cartes_mentales #cartographie #migrations #instabilité #planification_urbaine #permanence #mobilité #expérience #représentations #Kevin_Lynch #Milan #cartographie_participative #appartenance #dessin #Bologna #Rovereto

    –-> la référence à l’afflux sans précédent de migrants en Europe et la « crise migratoire » semblent vraiment ne pas réussir à s’effacer, même pour les personnes avec les meilleures intentions du monde :

    In the framework of an epochal migration crisis, my research took on an ethical aspect within urban policies. Maps become, in this context, tools to try and describe European cities differently from how they have always been represented and conceived. A migratory phenomenon of unthinkable proportions until ten years ago found in Europe inhospitable land, unable not only to host the populations that press on its borders, but also to see their possible contribution in the wider horizon of ideation and planning.

    ping @reka