• #Israël serait déjà en contact avec plusieurs pays pour y expulser les Gazaouis

    Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a affirmé, le 25 décembre, œuvrer en faveur d’un #plan de “#migration_volontaire” des Gazaouis, tandis qu’un député de son parti a révélé que l’État hébreu était en contact avec des pays d’#Amérique_latine et d’#Afrique à cet effet.

    Un éventuel #plan d’expulsion des Palestiniens de Gaza semble se préciser chaque jour un peu plus, rapporte la presse internationale. Outre les #bombardements, qui ont redoublé d’intensité et ont déplacé, depuis octobre, 85 % de la population vers le sud, jusqu’à la frontière avec l’Égypte, les déclarations des responsables israéliens sur le sujet sont de plus en plus explicites. Ainsi, lors d’une réunion à huis clos le 25 décembre avec son parti à la Knesset [Parlement israélien], le Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a pour la première fois évoqué ouvertement un plan de "migration volontaire".

    "Notre problème, ce sont les pays qui sont prêts à les accueillir, et nous y travaillons", aurait-il déclaré, cité par plusieurs médias, dont The Palestinian Chronicle.

    Le jour même, un député membre du Likoud, Danny Danon, a été encore plus loin, révélant, lors d’un entretien avec la radio locale Kan Reshet Bet, qu’Israël était déjà en contact avec plusieurs pays afin d’explorer les diverses possibilités d’#accueil des Gazaouis.

    "J’ai reçu des demandes de divers pays [...] prêts à accueillir des réfugiés [...], ce sont des pays d’Amérique du Sud et d’Afrique", a-t-il indiqué, relayé par Ha’Aretz. Il a ajouté que certains pays ont réclamé, en contrepartie, une "#compensation_financière" tandis que d’autres "ont demandé autre chose".

    "Cela arrive dans chaque guerre"

    Sans préciser les noms des pays avec lesquels l’État hébreu est en contact, le député du Likoud s’est contenté d’évoquer le cas du Canada, dont le ministre de l’Immigration a annoncé, le 21 décembre, la volonté de son pays d’accueillir les familles élargies des Gazaouis ayant la citoyenneté canadienne, rapporte le site Jewish Press.

    "Nous resterons en contact d’abord avec les pays de la région [Moyen-Orient] et avec les pays du monde [...]. Même si chaque pays reçoit dix mille ou vingt mille Gazaouis, cela est significatif", a souligné Danny Danon, selon lequel il s’agirait d’une "migration volontaire de Palestiniens qui souhaitent partir".

    "Cela arrive dans chaque guerre, regardez ce qui se passe en Syrie : un million et demi [de personnes] sont allées en Jordanie, trois millions en Turquie et quelques millions en Europe", a-t-il poursuivi, critiquant les réticences des deux principaux pays frontaliers - la Jordanie et l’Égypte -, qui ont fermement exprimé leur rejet d’un plan d’#exode des Palestiniens.

    "Occasion historique"

    Ces déclarations contrastent largement avec le démenti d’Eylon Levy, porte-parole du gouvernement israélien, qui, le 10 décembre, avait souligné devant des journalistes étrangers qu’Israël n’avait aucune intention de déplacer la population palestinienne hors de la bande de Gaza, qualifiant les affirmations à ce sujet d’"accusations scandaleuses et fausses".

    Elles attisent surtout les craintes, parmi les Palestiniens, d’une seconde "Nakba" ou d’une "#épuration_ethnique" - comme le dénoncent plusieurs voix en Israël et dans le monde arabe - et font écho à un document de travail du ministère du Renseignement israélien, révélé par la presse en octobre dernier, qui esquissait déjà au début du conflit plusieurs scénarios pour l’après-guerre, dont l’un prévoit d’installer les Gazaouis dans le #Sinaï égyptien.

    En novembre dernier, dans une tribune publiée dans le journal américain The Wall Street Journal, Danny Danon et Ram Ben-Barak, ancien haut responsable du Mossad, ont élargi le spectre géographique, appelant aussi l’Europe à contribuer aux efforts d’accueil des Gazaouis qui "cherchent" à émigrer.

    Dans la foulée, le ministre des Finances israélien, Bezalel Smotrich (extrême droite), avait souligné l’importance de l’enjeu politique. L’État d’Israël est "incompatible" avec l’existence d’une enclave palestinienne indépendante qui repose "sur la haine d’Israël et aspire à sa destruction", avait-il martelé, selon le site Middle East Eye.

    "Pour les démagogues d’extrême droite, et notamment le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, et le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, cette guerre est une occasion historique pour réaliser leur liste de voeux : la destruction d’une grande partie de Gaza, l’élimination de l’appareil politique et militaire du Hamas, et, si possible, l’expulsion de dizaines ou de centaines de milliers de Palestiniens vers le Sinaï égyptien", dénonçait déjà, quatre jours après le début de la guerre, Amjad Iraqi, journaliste pour le site israélo-palestinien +972 Magazine.

    https://www.courrierinternational.com/article/revue-de-presse-israel-serait-deja-en-contact-avec-plusieurs-
    #expulsion #nettoyage_ethnique #géographie_du_vide #Palestine #Gaza #Egypte

    • Plan d’« #émigration » des Palestiniens : Israël avance dans son projet de #nettoyage_ethnique à Gaza

      Cette semaine, le Times of Israel révélait qu’Israël était en pourparlers avec des pays tels que le Congo pour qu’ils accueillent des Palestiniens de Gaza dans le cadre d’un prétendu « plan d’#émigration_volontaire » L’État sioniste, qui négocie depuis le début de sa contre-offensive avec ses voisins pour accueillir les Palestiniens qu’il force à l’exil en ravageant la bande de Gaza et en faisant plus de 22.000 morts, voudrait pouvoir déporter des civils gazaouis dans des pays comme le Congo ou l’Arabie Saoudite, à condition dans ce dernier cas que les Palestiniens soient disposés à travailler en tant qu’ouvriers dans le bâtiment.

      Benjamin Netanyahu a effet assumé, au cours d’une réunion du Likoud, être à la recherche de pays acceptant de recevoir les réfugiés gazaouis. « Notre problème est de trouver des pays qui sont désireux d’intégrer des gazaouis et nous travaillons là-dessus » a-t-il expliqué rapporte le Times of Israel. Le ministre des renseignements israéliens, Gila Gamliel a depuis fait une déclaration dans le même sens mardi dernier à la presse israélienne : « l’émigration volontaire est le meilleur programme, le programme le plus réaliste, pour le lendemain de la fin de la guerre ».

      Contrairement à ce que l’euphémisme utilisé laisse penser, il ne s’agit bien entendu pas d’une « émigration volontaire » dans la mesure où quitter Gaza est une question de vie ou de mort pour les plus de 2 millions d’habitants de l’enclave. Gamliel a ensuite clarifié le projet des autorités israélienne à l’issue de la guerre : « Il n’y aura pas de travail et 60% des terres agricoles deviendront des zones-tampon par nécessité sécuritaire ».

      Ce discours signe un alignement total avec les perspectives défendues ces derniers jours par les ministres d’extrême-droite Smotrich et Ben Gvir. Le premier expliquait ainsi le 31 décembre : « pour avoir la sécurité, nous devons contrôler le territoire et, pour cela, nous avons besoin d’une présence civile sur place ». Et d’ajouter : « S’il y avait 100 000 ou 200 000 Arabes à Gaza contre 2 millions aujourd’hui, le discours ne serait pas le même. » Alors que le projet d’annexion de la bande de Gaza de la part de responsables israéliens se fait de plus en plus clair, l’État d’Israël assume sa volonté d’aller au bout du nettoyage ethnique de la zone, par la guerre et par le déplacement forcé des gazaouis.
      Face à la réaction hypocrite du camp impérialiste, poursuivre la lutte pour la Palestine

      Les gouvernements occidentaux, alliés d’Israël, se sont fendus de communiqués dénonçant les premières déclarations des ministres d’extrême-droite. Du côté des Etats-Unis, le département d’État a qualifié mardi leurs propos « d’irresponsables ». L’État français a de son côté expliqué condamner « les propos des ministres israéliens des Finances, M. Bezalel Smotrich, et de la Sécurité nationale, M. Itamar Ben Gvir, appelant à « l’émigration » de la population gazaouie ainsi qu’au rétablissement de colonies à Gaza et à son occupation terrestre. »

      Des réactions totalement hypocrites de la part de gouvernements occidentaux qui, tout en appelant à la « modération » de la politique génocidaire d’Israël, n’ont jamais remis en question leur soutien à l’État sioniste Israël, auquel ils continuent à vendre du matériel militaire et dont ils soutiennent clairement l’offensive en cours. Une conséquence logique de leur appui historique à l’existence de cette enclave coloniale au service des intérêts impérialistes au Moyen-Orient. Une hypocrisie particulièrement visible à l’heure où Netanyahou s’aligne, une fois de plus, sur l’aile droite de son gouvernement.

      Dès la fondation de l’État d’Israël, avec la Nakba, et au fur et à mesure de l’extension de l’occupation des territoires palestiniens, le déplacement forcé des populations palestiniennes a été une constante dans la région. Aujourd’hui, près de 5 millions de réfugiés palestiniens vivent déjà dans des camps de réfugiés au Moyen-Orient. Le déplacement forcé de populations s’inscrit dans les pratiques génocidaires d’Israël, qui n’ont jamais remises en cause le soutien des gouvernements occidentaux à l’État d’Israël.

      Dans ce cadre, et face à la complicité objective des régimes arabes avec Israël, il y a urgence à poursuivre la construction d’un mouvement international de solidarité avec la Palestine. Un mouvement qui, pour peser, devra chercher à élargir le mouvement et à porter la lutte sur le terrain de la lutte de classes, pour pousser des sections syndicales dans des secteurs stratégiques à empêcher les livraisons de matériel militaire ou porter un coup aux profits de multinationales qui profitent de la colonisation de la Palestine.

      https://www.revolutionpermanente.fr/Plan-d-emigration-des-Palestiniens-Israel-avance-dans-son-proje

  • #José_Vieira : « La #mémoire des résistances face à l’accaparement des terres a été peu transmise »

    Dans « #Territórios_ocupados », José Vieira revient sur l’#expropriation en #1941 des paysans portugais de leurs #terres_communales pour y planter des #forêts. Cet épisode explique les #mégafeux qui ravagent le pays et résonne avec les #luttes pour la défense des #biens_communs.

    Né au Portugal en 1957 et arrivé enfant en France à l’âge de 7 ans, José Vieira réalise depuis plus de trente ans des documentaires qui racontent une histoire populaire de l’immigration portugaise.

    Bien loin du mythe des Portugais·es qui se seraient « intégré·es » sans le moindre problème en France a contrario d’autres populations, José Vieira s’est attaché à démontrer comment l’#immigration_portugaise a été un #exode violent – voir notamment La Photo déchirée (2001) ou Souvenirs d’un futur radieux (2014) –, synonyme d’un impossible retour.

    Dans son nouveau documentaire, Territórios ocupados, diffusé sur Mediapart, José Vieira a posé sa caméra dans les #montagnes du #Caramulo, au centre du #Portugal, afin de déterrer une histoire oubliée de la #mémoire_collective rurale du pays. Celle de l’expropriation en 1941, par l’État salazariste, de milliers de paysans et de paysannes de leurs terres communales – #baldios en portugais.

    Cette #violence étatique a été opérée au nom d’un vaste #projet_industriel : planter des forêts pour développer économiquement ces #territoires_ruraux et, par le même geste, « civiliser » les villageois et villageoises des #montagnes, encore rétifs au #salariat et à l’ordre social réactionnaire de #Salazar. Un épisode qui résonne aujourd’hui avec les politiques libérales des États qui aident les intérêts privés à accaparer les biens communs.

    Mediapart : Comment avez-vous découvert cette histoire oubliée de l’expropriation des terres communales ou « baldios » au Portugal ?

    José Vieira : Complètement par hasard. J’étais en train de filmer Le pain que le diable a pétri (2012, Zeugma Films) sur les habitants des montagnes au Portugal qui sont partis après-guerre travailler dans les usines à Lisbonne.

    Je demandais à un vieux qui est resté au village, António, quelle était la définition d’un baldio – on voit cet extrait dans le documentaire, où il parle d’un lieu où tout le monde peut aller pour récolter du bois, faire pâturer ses bêtes, etc. Puis il me sort soudain : « Sauf que l’État a occupé tous les baldios, c’était juste avant que je parte au service militaire. »

    J’étais estomaqué, je voulais en savoir plus mais impossible, car dans la foulée, il m’a envoyé baladé en râlant : « De toute façon, je ne te supporte pas aujourd’hui. »

    Qu’avez-vous fait alors ?

    J’ai commencé à fouiller sur Internet et j’ai eu la chance de tomber sur une étude parue dans la revue de sociologie portugaise Análise Social, qui raconte comment dans les années 1940 l’État salazariste avait pour projet initial de boiser 500 000 hectares de biens communaux en expropriant les usagers de ces terres.

    Je devais ensuite trouver des éléments d’histoire locale, dans la Serra do Caramulo, dont je suis originaire. J’ai passé un temps fou le nez dans les archives du journal local, qui était bien sûr à l’époque entièrement dévoué au régime.

    Après la publication de l’avis à la population que les baldios seront expropriés au profit de la plantation de forêts, plus aucune mention des communaux n’apparaît dans la presse. Mais rapidement, des correspondants locaux et des éditorialistes vont s’apercevoir qu’il existe dans ce territoire un malaise, qu’Untel abandonne sa ferme faute de pâturage ou que d’autres partent en ville. En somme, que sans les baldios, les gens ne s’en sortent plus.

    Comment sont perçus les communaux par les tenants du salazarisme ?

    Les ingénieurs forestiers décrivent les paysans de ces territoires comme des « primitifs » qu’il faut « civiliser ». Ils se voient comme des missionnaires du progrès et dénoncent l’oisiveté de ces montagnards peu enclins au salariat.

    À Lisbonne, j’ai trouvé aussi une archive qui parle des baldios comme étant une source de perversion, de mœurs légères qui conduisent à des enfants illégitimes dans des coins où « les familles vivent presque sans travailler ». Un crime dans un régime où le travail est élevé au rang de valeur suprême.

    On retrouve tous ces différents motifs dans le fameux Portrait du colonisé d’Albert Memmi (1957). Car il y a de la part du régime un vrai discours de colonisateur vis-à-vis de ces régions montagneuses où l’État et la religion ont encore peu de prise sur les habitants.

    En somme, l’État salazariste veut faire entrer ces Portugais reculés dans la modernité.

    Il y a eu des résistances face à ces expropriations ?

    Les villageois vont être embauchés pour boiser les baldios. Sauf qu’après avoir semé les pins, il faut attendre vingt ans pour que la forêt pousse.

    Il y a eu alors quelques histoires d’arrachage clandestin d’arbres. Et je raconte dans le film comment une incartade avec un garde forestier a failli virer au drame à cause d’une balle perdue – je rappelle qu’on est alors sous la chape de plomb du salazarisme. D’autres habitants ont aussi tabassé deux gardes forestiers à la sortie d’un bar et leur ont piqué leurs flingues.

    Mais la mémoire de ces résistances a peu été transmise. Aujourd’hui, avec l’émigration, il ne reste plus rien de cette mémoire collective, la plupart des vieux et vieilles que j’ai filmés dans ce documentaire sont déjà morts.

    Comment justement avez-vous travaillé pour ce documentaire ?

    Quand António me raconte cette histoire d’expropriation des baldios par l’État, c’était en 2010 et je tournais un documentaire, Souvenirs d’un futur radieux. Puis lorsqu’en 2014 un premier incendie a calciné le paysage forestier, je me suis dit qu’il fallait que je m’y mette.

    J’ai travaillé doucement, pendant trois ans, sans savoir où j’allais réellement. J’ai filmé un village situé à 15 kilomètres de là où je suis né. J’ai fait le choix d’y suivre des gens qui subsistent encore en pratiquant une agriculture traditionnelle, avec des outils de travail séculaires, comme la roue celte. Ils ont les mêmes pratiques que dans les années 1940, et qui sont respectueuses de l’écosystème, de la ressource en eau, de la terre.

    Vous vous êtes aussi attaché à retracer tel un historien cet épisode de boisement à marche forcée...

    Cette utopie industrialiste date du XIXe siècle, des ingénieurs forestiers parlant déjà de vouloir récupérer ces « terres de personne ». Puis sous Salazar, dans les années 1930, il y a eu un débat intense au sein du régime entre agrairistes et industrialistes. Pour les premiers, boiser ne va pas être rentable et les baldios sont vitaux aux paysans. Pour les seconds, le pays a besoin de l’industrie du bois pour décoller économiquement, et il manque de bras dans les villes pour travailler dans les usines.

    Le pouvoir central a alors même créé un organisme étatique, la Junte de colonisation interne, qui va recenser les baldios et proposer d’installer des personnes en leur donnant à cultiver des terres communales – des colonies de repeuplement pour résumer.

    Finalement, l’industrie du bois et de la cellulose l’a emporté. La loi de boisement des baldios est votée en 1938 et c’est en novembre 1941 que ça va commencer à se mettre en place sur le terrain.

    Une enquête publique a été réalisée, où tout le monde localement s’est prononcé contre. Et comme pour les enquêtes aujourd’hui en France, ils se sont arrangés pour dire que les habitants étaient d’accord.

    Qu’en est-il aujourd’hui de ces forêts ? Subsiste-t-il encore des « baldios » ?

    Les pinèdes sont exploitées par des boîtes privées qui font travailler des prolos qui galèrent en bossant dur. Mais beaucoup de ces forêts ont brûlé ces dernière décennies, notamment lors de la grande vague d’incendies au Portugal de 2017, où des gens du village où je filmais ont failli périr.

    Les feux ont dévoilé les paysages de pierre qu’on voyait auparavant sur les photos d’archives du territoire, avant que des pins de 30 mètres de haut ne bouchent le paysage.

    Quant aux baldios restants, ils sont loués à des entreprises de cellulose qui y plantent de l’eucalyptus. D’autres servent à faire des parcs d’éoliennes. Toutes les lois promues par les différents gouvernements à travers l’histoire du Portugal vont dans le même sens : privatiser les baldios alors que ces gens ont géré pendant des siècles ces espaces de façon collective et très intelligente.

    J’ai fait ce film avec en tête les forêts au Brésil gérées par les peuples autochtones depuis des siècles, TotalEnergies en Ouganda qui déplace 100 000 personnes de leurs terres pour du pétrole ou encore Sainte-Soline, où l’État aide les intérêts privés à accaparer un autre bien commun : l’eau.

    https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/021223/jose-vieira-la-memoire-des-resistances-face-l-accaparement-des-terres-ete-

    #accaparement_de_terres #terre #terres #dictature #histoire #paysannerie #Serra_do_Caramulo #communaux #salazarisme #progrès #colonisation #colonialisme #rural #modernité #résistance #incendie #boisement #utopie_industrialiste #ingénieurs #ingénieurs_forestiers #propriété #industrie_du_bois #Junte_de_colonisation_interne #colonies_de_repeuplement #cellulose #pinèdes #feux #paysage #privatisation #eucalyptus #éoliennes #loi #foncier

  • Les cartes sont-elles « objectives » ?

    Alors que des milliards de milliards de données sont créées sans cesse sur tout, l’ensemble du territoire n’est aujourd’hui pas entièrement cartographié. Que signifient la présence de blancs dans les cartes ? Quels en sont les enjeux de #pouvoir ?

    Tout part de l’observation de cartes anciennes qui représentent des contrées mal connues par les cartographes européens. L’Afrique, L’Amérique latine, dont a vient juste de découvrir les côtes. Dans les espaces encore inconnus, on laisse de larges #espaces_blancs, agrémentés d’animaux exotiques qu’on imagine se trouver là : des tigres, des éléphants, de petites montagnes stylisés ou des humains représentés sous une forme exotique. Il y a comme une part de rêve dans ce qui n’est pas représenté par la carte : le #vide semble nous raconter plus d’histoire que le plein et nous dire : « il était une fois, dans une contrée très éloignée... ». D’ailleurs les informations dessinées dans le blanc des cartes étaient imaginaires, c’était une époque où la géographie avait à voir avec la fiction. Ce #blanc_des_cartes avait un effet puissant sur l’imagination des explorateurs…

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/geographie-a-la-carte/les-cartes-sont-elles-objectives-6785331
    #audio #podcast #cartographie #objectivité #Matthieu_Noucher #géographie_du_vide #imaginaire #imagination #blanc

    ping @visionscarto

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    Voir aussi :
    Blancs des cartes et boîtes noires algorithmiques


    https://seenthis.net/messages/1004355
    #livre

  • Blancs des cartes et boîtes noires algorithmiques

    Chaque carte présente ses propres #blancs, inconscients ou volontaires. Ces lacunes ou ces oublis, d’aucuns l’ont bien montré, ont joué un rôle déterminant dans l’histoire, en particulier coloniale. Hier privilège des États, ce pouvoir de blanchir ou de noircir la carte est aujourd’hui celui des données numériques. Car le déluge d’#informations_géographiques, produit par une multitude d’acteurs, n’est pas uniformément réparti sur l’ensemble des territoires, laissant des zones entières vides.
    S’inscrivant dans le champ émergent des #critical_data_studies, cette recherche singulière, abondamment illustrée, revient sur les enjeux politiques des cartes et nous invite à explorer les rouages les plus profonds de la cartographie contemporaine. En s’attachant à l’#Amazonie, Matthieu Noucher déconstruit les vides pour interroger le sens de la #géonumérisation du monde. Pour mener son enquête, il s’intéresse à trois dispositifs en particulier : la détection de l’#orpaillage illégal, la mesure de la #biodiversité et le repérage des #habitats_informels.
    Ce livre débouche sur deux modalités de #résistance au comblement des blancs des cartes : la #contre-cartographie et la #fugue_cartographique pour appréhender les blancs des cartes comme une opportunité de diversifier nos manières de voir le monde.


    https://www.cnrseditions.fr/catalogue/geographie-territoires/blancs-des-cartes-et-boites-noires-algorithmiques
    #cartographie #vides #vide #livre #Matthieu_Noucher #colonialisme #géographie_du_vide #géographie_du_plein

    ping @reka

  • Deserts Are Not Empty

    Colonial and imperial powers have often portrayed arid lands as “empty” spaces ready to be occupied, exploited, extracted, and polluted. Despite the undeniable presence of human and nonhuman lives and forces in desert territories, the “#regime_of_emptiness” has inhabited, and is still inhabiting, many imaginaries. Deserts Are Not Empty challenges this colonial tendency, questions its roots and ramifications, and remaps the representations, theories, histories, and stories of arid lands—which comprise approximately one-third of the Earth’s land surface. The volume brings together poems in original languages, conversations with collectives, and essays by scholars and professionals from the fields of architecture, architectural history and theory, curatorial studies, comparative literature, film studies, landscape architecture, and photography. These different approaches and diverse voices draw on a framework of decoloniality to unsettle and unlearn the desert, opening up possibilities to see, think, imagine it otherwise.

    https://cup.columbia.edu/book/deserts-are-not-empty/9781941332740

    #livre #géographie_du_plein #géographie_du_vide #ressources_pédagogiques #désert #colonialisme #vide #exploitation #occupation #extractivisme #pollution

    ping @reka

  • Life in soil: The psychology of soil in California

    Isabelle Legeron travels to California, a part of the world whose soil holds a complex history. She meets the indigenous Californians reviving ancestral methods of tending to the land, and the soil scientists exploring the impact of colonisation and agriculture on the soil of the Golden State.

    With indigenous Californian land steward Redbird (Pomo/Paiute/Wailaki/Wintu), director of the California Indian museum Nicole Lim (Pomo), indigenous ecologist Dr Melissa Nelson (Anishinaabe/Métis/Norwegian), indigenous educator Sara Moncada (Yaqui/Irish), professor Paul Starrs (USA) and soil scientists Suzanne Pierre (India/Haiti/USA), Kenzo Esquivel (Japanese/Mexican/USA) and Yvonne Socolar (USA).

    https://www.bbc.co.uk/sounds/play/w3ct43cn

    #sol #terre #Californie #peuples_autochtones #colonisation #colonialisme #géographie_du_vide #paysage #agriculture #maïs #USA #Etats-Unis #végétation
    #podcast #audio

    ping @_kg_

  • FANTASMI URBANI - I cinema abbandonati di Roma

    «Fantasmi Urbani» (Silvano Curcio, Silvia Sbordoni - Macine, Christian Ciampoli - Macine, 2013, 25’), presentato per la prima volta al Festival Internazionale del Film di Roma nel novembre 2013, è un docufilm basato sulle video-inchieste sui cinema abbandonati di Roma realizzate dagli studenti del primo anno del Corso di laurea in «Gestione del Processo Edilizio» della Facoltà di Architettura della Sapienza (Corso di «EGI Facility Management» - Prof. Silvano Curcio).

    I numerosi cinema abbandonati di Roma sono veri e propri «fantasmi urbani» e rappresentano un esempio tra i più evidenti di un progressivo - ma negli ultimi anni sempre più esteso - fenomeno urbano di perdita/degrado dei presìdi socio-culturali per la collettività (peraltro spesso anche testimonianze di valore storico e architettonico), accompagnato sovente da operazioni speculative finanziarie e immobiliari.

    Il tema dei cinema abbandonati è oggi al centro di un articolato dibattito a livello urbano e numerosi sono gli articoli di denuncia del fenomeno e di sensibilizzazione al problema da parte dei mass media, così come gli appelli e le iniziative da parte di comitati e reti di cittadini e di associazioni civiche e culturali (petizioni, blog, dibattiti, mostre, occupazioni, ecc.).

    Ecco dunque che 120 «studenti-ghostbusters» sono stati coinvolti in un progetto condiviso di censimento per la conoscenza del fenomeno urbano dei cinema abbandonati e, organizzati in 13 gruppi di lavoro autogestiti, hanno diretto il proprio studio su 13 cinema «fantasma» di Roma, ubicati sia al centro che alla periferia della città.

    E sono così partiti alla caccia delle loro tracce di natura storica, edilizia, architettonica, urbanistica, ecc., invadendo il web, le biblioteche, gli archivi pubblici e privati e, soprattutto, i luoghi di Roma in cui questi cinema giacciono abbandonati: ed è proprio qui che gli studenti hanno raccolto in presa diretta i «ricordi» e le «testimonianze» dei cittadini, vera e propria memoria storica e documentativa dei cinema abbandonati di Roma.

    Il docufilm «Fantasmi Urbani», realizzato grazie alla collaborazione tra Sapienza Università di Roma e Macine (progetto artistico sui cinema chiusi di Roma), è una rielaborazione del lavoro di base degli studenti e ne rappresenta un «distillato» conclusivo: un contributo collettivo finale al censimento conoscitivo dei cinema abbandonati di Roma che viene messo a disposizione della cittadinanza e delle istituzioni e delle persone «interessate», ai fini della conoscenza e della sensibilizzazione su un problema di stretta attualità che tocca la vita sociale, culturale ed urbanistica della città.

    Un punto di arrivo, dunque, ma anche un punto di partenza per altre iniziative che possano stimolare un dibattito in cui associare alla conoscenza anche la progettualità: per contribuire, in definitiva, alla conoscenza delle risorse sociali e culturali rappresentate dai cinema abbandonati, ma anche alla formulazione di proposte concrete su come trasformare questi «fantasmi urbani» in beni comuni ri-utilizzabili a servizio della collettività.

    http://cineabbandonati.blogspot.com

    Pour voir le film:
    https://www.dailymotion.com/video/x269pyn


    #villes-fantôme #ghost-city #géographie_du_vide #villes #urban_matter #Rome #cinéma #abandon #cinémas_abandonnés #Italie #fantômes #fantômes_urbains #film #film_documentaire #fermeture

    #TRUST #master_TRUST

    • Au milieu de la ruelle, devant la Bièvre, une porte sans battant, percée dans le mur noir, ouvre sur une cour en étoile, formée de coins et de racoins. L’on a devant soi de grandes bâtisses chevronnées, qui se cognent, les unes contre les autres, et se bouchent ; partout des palis clos, des renfoncements abritant de gémissantes pompes, des portes basses, au fond desquelles, dans un jour saumâtre, serpentent de gluants escaliers en vrilles ; en l’air, des fenêtres disjointes avec des éviers dont les boîtes cabossent ; sur les marges des croisées, du linge, des pots de chambre, des pots de fleurs plantés d’on ne sait quelles tiges ; puis, à gauche, la cour s’embranche sur un couloir qui colimaçonne, déroulant, tout le long de sa spirale, des boutiques de marchands de vin. Nous sommes dans le passage Moret, qui relie la ruelle des Gobelins à la rue des Cordelières, dans la cour des Miracles de la peausserie. Et, soudain, à un détour, un autre bras de la Bièvre coule, un bras mince, enserré par des usines qui empiètent, avec des pilotis, sur ses pauvres bords. Là, des hangars abritent d’immenses tonneaux, d’énormes foudres, de formidables coudrets, emplâtrés de chaux, tachés de vert-de-gris, de cendre bleue, de jaune de tartre et de brun loutre ; des piles de tan soufflent leur parfum acéré d’écorce, des bannes de cuir exhalent leur odeur brusque ; des tridents, des pelles, des brouettes, des râteaux, des roues de rémouleur, gisent de toutes parts ; en l’air, des milliers de peaux de lapin racornies s’entrechoquent dans des cages, des peaux diaprées de taches de sang et sillées de fils bleus ; des machines à vapeur ronronnent, et, au travers des vitres, l’on voit, sous les solives où des volants courent, des ouvriers qui écument l’horrible pot-au-feu des cuves, qui râtissent des peaux sur une douve, qui les mouillent, qui les « mettent en humeur », ainsi qu’ils disent ; partout des enseignes : veaux mégis et morts-nés, chabraques et scieries de peaux, teintureries de laine, de poils de chèvre et de cachemyre ; et le passage est entièrement blanc ; les toits, les pavés, les murs sont poudrés à frimas. C’est, au coeur de l’été, une éternelle neige, une neige produite par le râclage envolé des peaux. La nuit, par un clair de lune, en plein mois d’août, cette allée, morte et glacée, devient féerique. Au-dessus de la Bièvre, les terrasses des séchoirs, les parapets en moucharabis des fabriques se dressent inondés de froides lueurs ; des vermicelles d’argent frétillent sur le cirage liquéfié de l’eau ; l’immobile et blanc paysage évoque l’idée d’une Venise septentrionale et fantastique ou d’une impossible ville de l’Orient, fourrée d’hermine. Ce n’est plus le rappel de l’ancien Paris, suggéré par la ruelle des Gobelins, si proche ; ce n’est plus la hantise des loques héraldiques et des temps nobiliaires à jamais morts. C’est l’évocation d’une Floride, noyée dans un duvet d’eider et de cygne, d’une cité magique, parée de villas, aux silhouettes dessinées sur le noir de la nuit, en des traits d’argent. Ce site lunaire est habité par une population autochtone qui vit et meurt dans ce labyrinthe, sans en sortir. Ce hameau, perdu au fond de l’immense ville, regorge d’ouvriers, employés dans ce passage même aux assouplissantes macérations des cuirs. Des apprentis, les bas de culottes attachés sur les tibias avec une corde, les pieds chaussés de sabots, grouillent, pêle-mêle avec des chiens ; des femmes, formidablement enceintes, traînent de juteuses espadrilles chez des marchands de vin ; la vie se confine dans ce coin de la Bièvre dont les eaux grelottes le long de ses quais empâtés de fange.

      (Huysmans)

      https://www.bmlisieux.com/archives/bievre.htm

    • Il y a 30 ans les écologistes du 13em, avant la BNF donc, avaient fait de la réhabilitation de La Bièvre un beau cheval de bataille. Parce qu’il en restait encore quelques traces qui auraient pu être sauvées au lieu de totalement disparaitre sous le bitume.

      Bief de la butte aux cailles

      Tanneries fin XIXem

    • 1964 : La Bièvre, la rivière disparue de Paris | Archive INA - YouTube
      https://www.youtube.com/watch?v=-EzW9Iftb0s

      Journal de Paris | RTF | 13/03/1964
      La journaliste interroge une Parisienne qui a connu la Bièvre avant sa couverture et les inondations de 1910. L’interview se déroule sur des photographies anciennes de la Bièvre à Paris, les rues sous lesquelles passe la rivière (rue du Fer au Moulin, rue Censier, rue Berbier du Mets, rue Santeuil...) et des photographies de la crue de 1910. La journaliste interviewe ensuite un imprimeur installé depuis toujours à Paris. Il raconte ses souvenirs de la Bièvre sur des images de la Poterne des Peupliers, du pont de la petite ceinture (sur lequel passe maintenant le tramway), d’entrepôts (qui étaient probablement à Gentilly) et du château de la reine Blanche, avenue des Gobelins. Pour finir, un des hommes travaillant sur le chantier de la faculté de lettres Censier explique qu’en faisant des sondages, il a retrouvé ce qu’il reste de la Bièvre.

  • La nature des Amérindiens
    https://laviedesidees.fr/La-nature-des-Amerindiens.html

    À propos de : Stéphen Rostain, La forêt vierge d’Amazonie n’existe pas, Le Pommier. On se trompe beaucoup sur l’Amazonie. On y voit une forêt première et sauvage, alors qu’elle est l’objet d’une gestion raisonnée par les Amérindiens de leur environnement. La biodiversité est aussi le produit de nos efforts.

    #International #biodiversité #écologie #déforestation
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/cr_rostain_2.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/figures_pour_.docx

  • Participer à cartographier le monde pour mieux prévenir les crises humanitaires

    Cartographier les zones de la planète les plus vulnérables pour faciliter l’intervention humanitaire en cas de catastrophe. C’est la mission que s’est fixée depuis des années le projet Missing Maps. Le tout grâce à la carte participative OpenStreetMap et à une armée de contributeurs bénévoles.

    « Au printemps dernier, les organisations humanitaires ont commencé à sonner l’alarme », rapporte Jana Bauerová, du bureau tchèque de Médecins sans frontières (MSF). L’une des pires sécheresses de ces dix dernières années, conjuguée à la pandémie de Covid-19 et aux divers confinements avaient plongé le sud de Madagascar dans une grave crise alimentaire. « Des collègues ont réalisé une mission d’exploration en mars », poursuit la jeune femme. Dans les districts les plus touchés, près de 28% des enfants de moins de 5 ans souffraient de malnutrition aigüe, dont une partie de malnutrition aigüe grave. Autrement dit, sans soins immédiats, leur chance de survie est faible.

    Problème : la zone est enclavée, beaucoup de routes ne sont pas carrossables, et surtout les cartes disponibles sont obsolètes. « Il y avait un fort besoin d’actualisation sur les populations, détaille Jana Bauerová, chargée de la communication et de la participation des communautés pour le projet Missing Maps au sein de MSF. On a donc mis en place une campagne pour cartographier les districts d’Amboasary et d’Ambovombe, dans la région d’Anôsy, les communes les plus atteintes, où nos collègues sur le terrain prévoyaient des projets de cliniques mobiles, d’accès à l’eau potable, également dégradé par la sécheresse, des actions de distribution alimentaire et même d’ustensiles de cuisine, certaines familles, au bord de la famille, ayant tout vendu. »
    Mieux visualiser les actions à mener

    « Nous avons pu cartographier 236 000 bâtiments et 7 239 zones résidentielles ainsi que 350 km de voies, précise Jana Bauerová. Cela a permis d’aider les collègues sur place à mieux visualiser la situation en prenant en compte les dernières données pour planifier les actions à mettre en place. » Mais au-delà de ces chiffres, les nouvelles données récoltées ont aussi permis à l’ONG de confirmer la pertinence de l’option de cliniques mobiles pour ces zones difficiles d’accès, et bien sûr d’organiser au mieux leur répartition.

    « Remettre les communautés les plus vulnérables sur la carte ». C’est le slogan du projet Missing Maps. Fondé en 2014 par les Croix Rouge américaine et britannique, l’Humanitarian OpenStreetMap Team (HOT) et Médecins sans frontières UK, le projet part du principe que « la plupart des endroits où se produisent des catastrophes sont absents des cartes libres et accessibles, et les premiers secours manquent d’informations pour prendre les bonnes décisions ». L’idée est donc de cartographier préventivement ces zones afin d’améliorer la réponse des ONG en cas de crises.

    Comment ? Grâce à la cartographie numérique participative. « Le principe consiste à mobiliser des contributeurs autour d’un projet précis », explique Martin Noblecourt, responsable du projet Missing Maps au sein de CartONG. Basée à Chambéry, en France, cette ONG a pour vocation de mettre la donnée géographique au service de projets d’intérêt général, à travers notamment un appui technique à des organisations qui ont des besoins en cartographie.
    « Un milliard de personnes vivent dans des zones non ou insuffisamment cartographiées »

    GPS, Google Maps… Les cartes sont entrées dans notre quotidien. Aujourd’hui, plus besoin de s’arracher les cheveux pour les plier, elles tiennent dans la poche et sont disponibles à tout moment. Mieux, elles sont sans cesse actualisées. Pourtant, qu’ils habitent dans des bidonvilles ou des régions reculées, « on estime qu’un milliard de personnes vivent dans des zones non ou insuffisamment cartographiées, ce qui a un gros impact sur les ressources auxquelles elles peuvent accéder, en cas d’urgence particulièrement, si on ne sait même pas que des gens vivent là », souligne Gihan Hassanein, chargée de la communication pour l’Humanitarian OpenStreetMap Team (HOT), l’ONG adossée à OpenStreetMap, ce projet qui a pour but de créer en ligne une carte libre du monde entier.

    Exister sur une carte n’a rien d’anodin, rappelle Christophe Chabert, cartographe indépendant et auteur du site Mind The Map. Il rappelle par exemple que le gouvernement de Jair Bolsonaro au Brésil veut demander aux peuples indigènes d’Amazonie de prouver, par des documents, qu’ils vivaient déjà sur ses terres lors de la signature de la Constitution de 1988. « S’il existait une cartographie qui recense les villages, on pourrait avoir un élément de preuve qui permettrait à ces populations d’accéder à la propriété sur ces terres », avance-t-il.

    Point essentiel, souligne Martin Noblecourt : les cartes sont réalisées sur OpenStreetMap, « le Wikipédia des cartes », « une carte du monde participative, collaborative et sous licence libre, donc qui peut être utilisée par tout le monde ». D’autres ONG pourront ainsi réutilisées librement ces données.

    Tout a commencé en 2010, explique la porte-parole de HOT, lors du tremblement de terre en Haïti. « Les dégâts étaient énormes à Port-au-Prince et il n’y avait pas de cartes fiables et actualisés de la ville. Les premiers secours ne savaient même pas où chercher les gens. » Une poignée de gens qui utilisaient déjà OpenStreetMap se sont alors réunis pour cartographier la zone à distance à l’aide des images satellites. Depuis, le petit groupe est devenu une ONG, qui n’a cessé de grandir, et des communautés de contributeurs locaux ont éclos autour du monde.

    Mais comment cartographier rapidement une région précise ? La première étape a lieu en ligne, explique le responsable projet Missing Maps de CartONG : des contributeurs tracent sur des images satellites les principaux éléments. Un outil permet de diviser la zone en petits carrés où ils identifient les quadrilatères ou polygones des bâtiments, les différentes voies, les cours d’eau. La deuxième étape se passe sur le terrain. « Cette partie à distance doit ensuite être complétée sur place, soit par des membres des ONG, soit par des contributeurs bénévoles locaux, qui se baladent avec un smartphone afin de récolter des informations sur des points précis tels que les centre de santé, les écoles, les installations sanitaires, etc. Ils peuvent aussi rajouter des informations plus qualitatives sur l’état de certaines infrastructures par exemple. » Un système de validations multiples permet de s’assurer de la fiabilité des données.
    « Mapathons »

    La démocratisation des images satellitaires, qui ne sont plus réservées à un usage militaire, et la multiplication des données disponibles ont mis la cartographie à la portée du tous. Pour participer, pas besoin d’être informaticien ou expert en cartographie, il suffit d’un ordinateur, d’une souris et d’une connexion wifi, expliquent les organisations. Et à la clé, la satisfaction d’avoir contribué, à son échelle et derrière son écran, à un projet à visée humanitaire.

    Pour encore plus d’efficacité, des « mapathons », où des anonymes viennent cartographier pendant un temps précis une zone précise, sont régulièrement organisés. En 2020, à la demande du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), CartONG a par exemple organisé plusieurs événements de ce type pour cartographier des camps de réfugiés au Soudan du Sud, au Soudan, en Birmanie et en Éthiopie, « des zones qui bougent vite et ne sont généralement pas sur les cartes officielles », commente Martin Noblecourt. « Ce qu’on voit essentiellement sur les images satellites, c’est le réseau routier, les tentes et quelques infrastructures pas forcément identifiées. Après, le personnel du HCR complète. » Selon le site de CartONG, quelque 700 contributeurs ont ainsi passé près de 700 heures à cartographier 180 000 bâtiments et 3 800 km de route. « Un moyen de calculer par exemple combien de tentes sont à moins de 50 ou 100 mètres d’un point d’eau et combien de personnes en dépendent. Et donc d’aider à la prise de décision : savoir où il faut réimplanter des points d’eau. »

    Évaluer les besoins, les représenter visuellement sur une carte, adapter les actions et mesurer leur impact… Les usages sont très variés. La pandémie de Covid-19 a par exemple généré des besoins en cartographie, notamment pour organiser les campagnes de vaccination. Mais il peut aussi s’agir de mieux préparer les populations aux catastrophes naturelles. « Nous venons de faire un projet au Tadjikistan qui a consisté à accompagner une ONG locale, The Little Earth, pour identifier des villages reculés et y collecter des données, notamment sur les réseaux hydrographiques et les risques que cela génère en termes d’inondations, les points de rassemblements, les installations sanitaires, etc. Et eux après, ont organisé des animations de sensibilisation au risque avec les habitants. »
    Renforcer les communautés contributeurs locaux

    Des projets collaboratifs qui permettent de créer une émulation locale. « J’étais justement en train de nettoyer les données », explique Jackson Mumbere Kombi au téléphone. En gros, un travail de tri. Il fait partie des centaines de membres de la communauté de contributeurs d’OpenStreetMap RDC (OSM RDC). Lorsqu’il a commencé à cartographier Beni, au Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo, en 2018, explique-t-il, « la carte était quasi-vierge ». Avec d’autres contributeurs, ils y ont progressivement ajouté des données basiques – bâtiments, routes, lieux publics (églises, marchés, etc.) puis des données plus précises comme la localisation des centres de santé par exemple ou encore la délimitation des parcelles agricoles. Au fil du temps, il s’est formé aux outils. Puis c’est lui qui a formé une petite équipe de jeunes de Beni, toujours avec OSM RDC, qui continue à travailler sur la carte et à l’actualiser.

    Il y a une « fierté » pour les habitants à être cartographiés, « à pouvoir dire : ici, c’est ma maison », affirme-t-il. « Et cela leur permet de mieux maîtriser leur milieu. « L’idée, c’est que si quelqu’un a besoin d’une information, il puisse la trouver facilement, justifie-t-il. Grâce à cette cartographie précise, pendant l’épidémie d’Ebola, on a pu mieux localiser certains contacts à risque. Donc mieux orienter les personnels de santé. »

    « Soutenir les communauté OpenStreetMap dans le monde. » Aujourd’hui, c’est ce à quoi travaille l’équipe humanitaire OSM (HOT), qui revendique 268 000 contributeurs, explique sa porte-parole. « S’assurer qu’ils ont l’équipement dont ils ont besoin, qu’ils ont les compétences dont ils ont besoin, s’assurer que les données sont de bonnes qualités », précise Gihane Hassanein. Les communautés OSM peuvent aussi postuler à des bourses pour des projets précis.

    L’un des derniers chantiers pour Jackson Mumbere Kombi à Beni reste d’ajouter les noms de rues manquants. Dans cette ville en proie à des massacres répétés depuis plusieurs années, l’enjeu c’est aussi la sécurité. Après, pointe le contributeur, il faudra s’occuper de rendre « visible » le reste de la RDC.

    https://www.rfi.fr/fr/technologies/20211128-participer-%C3%A0-cartographier-le-monde-pour-mieux-pr%C3%A9venir-les-c

    #humanitaire #cartographie #crises #cartographie_collaborative #cartographie_participative #catastrophes #OpenStreetMap #OSM #Missing_Maps #Humanitarian_OpenStreetMap_Team (#HOT) #MSF #cartographie_numérique #mapathon #images_satellitaires #mages_satellites #géographie_du_plein #géographie_du_vide

    #ressources_pédagogiques

  • L’extractivisme en récits
    https://laviedesidees.fr/L-extractivisme-en-recits.html

    À propos de : Anna Lowenhaupt Tsing, Friction : délires et faux-semblants de la globalité, La Découverte,. Pourquoi le #capitalisme est-il si chaotique ? demande Anna Tsing depuis les montagnes de Bornéo saccagées par l’exploitation. Aborder les connexions globales et les idéaux universalistes comme de puissantes mises en récit permet de comprendre et de résister.

    #International #nature #écologie
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20210714_friction.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20210714_friction.pdf

  • En #Guadeloupe, l’#eau_courante, potable, est devenue un luxe

    En Guadeloupe, des milliers d’habitants vivent au rythme des « #tours_d’eau », des #coupures programmées, ou n’ont tout simplement pas d’eau au robinet depuis plusieurs années. Les habitants subissent des coupures prolongées, même en pleine pandémie de Covid-19. Face à la catastrophe sanitaire, les pouvoirs publics sont accusés d’#incurie. Premier volet de notre série.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/120721/en-guadeloupe-l-eau-courante-potable-est-devenue-un-luxe
    #eau_potable #eau_de_robinet #eau

    by @wereport photos @albertocampiphoto

  • Clouds of Unknowing : Edward Quin’s Historical Atlas (1830)

    “Now when I was a little chap I had a passion for maps”, says the seafaring raconteur #Charles_Marlow in Joseph Conrad’s Heart of Darkness (1899) (https://www.gutenberg.org/files/219/219-h/219-h.htm). “At that time there were many blank spaces on the earth, and when I saw one that looked particularly inviting on a map (but they all look that) I would put my finger on it and say, ’When I grow up I will go there.’” Of course, these “blank spaces” were anything but. The no-man’s-lands that colonial explorers like #Marlow found most inviting (the Congo River basin, #Tasmania, the #Andaman_Islands) were, in fact, richly populated, and faced devastating consequences in the name of imperial expansion.

    In the same troublesome vein as Marlow, Edward Quin’s Historical Atlas painted cartographic knowledge as a candle coruscating against the void of ignorance, represented in his unique vision by a broiling mass of black cloud. Each map represents the bounds of geographical learning at a particular point in history, from a specific civilizational perspective, beginning with Eden, circa “B.C. 2348”. In the next map titled “B.C. 1491. The Exodus of the Israelites”, Armenia, Assyria, Arabia, Aram, and Egypt form an island of light, pushing back the black clouds of unknowing. As history progresses — through various Roman dynasties, the reign of Charlemagne, and the Crusades — the foul weather retreats further. In the map titled “A.D. 1498. The Discovery of America”, the transatlantic exploits of the so-called Age of Discovery force Quin to employ a shift in scale — the luminescence of his globe now extends to include Africa and most of Asia, but North America hides behind cumulus clouds, with its “unnamed” eastern shores peeking out from beneath a storm of oblivion. In the Atlas’ last map, we find a world without darkness, not a trace of cloud. Instead, unexplored territories stretch out in the pale brown of vellum parchment, demarcating “barbarous and uncivilized countries”, as if the hinterlands of Africa and Canada are awaiting colonial inscription.

    Not much is known about Edward Quin, the Oxford graduate, London barrister, and amateur cartographer whose Atlas was published two years after his death at the age of thirty-four. We learn, thanks to Walter Goffart’s research into historical atlases, that Quin’s images were more popular than his words. The well-regarded cartographer William Hughes rescaled the maps for a new edition in 1846, discarding their artist’s accompanying text. The Atlas’ enduring technical advancement, which influenced subsequent cartographers, can be found in its ingenious use of negative space. Emma Willard’s Atlas to Accompany a System of Universal History, for instance, features cloudy borders that seem very much indebted to Quin.

    Looking back from a contemporary vantage, the Historical Atlas remains memorable for what is not shown. Quin’s cartography inadvertently visualizes the ideology of empire: a geographic chauvinism that had little respect for the knowledge of those beyond imperial borders. And aside from depicting the reach of Kublai Khan, his focus remains narrowly European and Judeo-Christian. While Quin strives for accuracy, he admits to programmatic omission. “The colours we have used being generally meant to point out and distinguish one state or empire from another. . . were obviously inapplicable to deserts peopled by tribes having no settled form of government, or political existence, or known territorial limits”. Instead of representing these groups, Quin, like his clouds, has erased them from view.

    https://publicdomainreview.org/collection/edward-quin-historical-atlas
    #cartographie_historique #cartographie #connu #inconnu #géographie_du_vide #vide #histoire #Tasmanie #fleuve_Congo #colonisation #colonialisme #Edward_Quin #atlas

    ping @reka @visionscarto

    via @isskein

  • Oise : abandonnés, squattés, délabrés… les supermarchés vides hantent villes et villages - Le Parisien
    https://www.leparisien.fr/oise-60/oise-abandonnes-squattes-delabres-les-supermarches-vides-hantent-villes-e


    #territoire

    Par Stéphanie Forestier
    Le 23 mars 2021 à 16h25

    Au bord des routes départementales et nationales, en plein cœur des villes et villages de l’Oise, ce sont des supermarchés à l’abandon. Des friches qui finissent par nuire à l’image des municipalités qui peinent à s’en débarrasser.

    Lassigny, Noyon, Beauvais, Les Ageux, Grandvilliers, Cambronne-lès-Ribécourt, Méru, Trosly-Breuil, Mouy, Nanteuil-le-Haudouin… La liste des villes concernées est longue et le phénomène difficile à chiffrer.

    Dans l’Oise, une quinzaine de ces locaux vacants seraient, a minima, recensés à ce jour. D’un point de vue légal, un espace commercial inutilisé pendant trois ans devient une friche.

    « Ce phénomène ne fait que commencer, s’alarme-t-on à la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de l’Oise. L’accroissement du commerce en ligne et l’appétence des consommateurs pour les surfaces plus petites font que ce modèle commercial est en mutation. »

  • Verso un Ente di Decolonizzazione

    Alla Quadriennale d’Arte 2020 a Roma la nuova installazione di Decolonizing Architecture Art Research con dossier fotografico di Luca Capuano.

    Nel 1940 il regime fascista istituì l’Ente di Colonizzazione del Latifondo Siciliano, seguendo il modello dell’Ente di Colonizzazione della Libia, e delle architetture coloniali in Eritrea e in Etiopia, e di quanto già sperimentato con i piani di bonifica integrale e di “colonizzazione interna” dell’Agro Pontino negli anni trenta. Utilizzando diverse forme di violenza e oppressione, forme genocidiarie nei confronti dei popoli colonizzati e ingegneria sociale e violenza di classe sul fronte italiano, il fascismo aveva individuato in questi “territori”, uno spazio geografico astratto, uniforme e omogeneo da “modernizzare” e “ripopolare”, in quanto considerato “vuoto”, “sottosviluppato” e “arretrato”. A tale scopo la Sicilia era diventata agli occhi del fascismo, l’ultimo fronte della modernizzazione, il cui mondo rurale, in contrapposizione alla città, era considerato un terreno “vergine” da occupare.

    Prima che il conflitto mondiale lo impedisse il fascismo inaugurò fino al 1943 otto borghi siciliani, mentre altri rimasero incompiuti. Seguendo i principi dell’estetica e di planimetrie moderniste, dell’architettura coloniale fascista, i borghi venivano costruiti attorno al vuoto della piazza, “centro civico” delle istituzioni dello Stato atte a “civilizzare” campagne considerate vuote e senza vita: la Casa del fascio, l’Ente della Colonizzazione, la Chiesa, le Poste, la Scuola sono soltanto alcune delle istituzioni designate a forgiare l’educazione culturale, politica e spirituale del “nuovo colono fascista”. I nuovi borghi di fondazione avrebbero cosi “connesso” tra di loro le varie parti del nuovo Impero italiano.

    Per celebrare questa unità fittizia, molti dei villaggi siciliani tra cui Borgo Bonsignore, Borgo Fazio e Borgo Giuliano presero il nome di martiri fascisti, camice nere, soldati e coloni morti in Etiopia durante la guerra coloniale di occupazione. Allo stesso tempo, il fascismo aveva continuato la “colonizzazione interna” come strumento e strategia di oppressione del dissenso interno. Se da un lato i borghi erano stati pensati come strumento e spazio di trasformazione agricola delle campagne siciliane in chiave estensiva, estrattiva e capitalista, i piani di migrazione forzate verso Sud servivano al regime ad impedire rivolte nelle campagne del Nord, spezzare i legami tra i lavoratori agricoli con i movimenti antifascisti, e trasformare i braccianti in piccoli proprietari terrieri.

    Oggi la maggior parte di questi borghi sono caduti in rovina. Il depopolamento e le migrazioni delle campagne siciliane nel dopoguerra, con il tempo hanno fatto si che gli edifici che ospitavano le istituzioni fasciste cadessero in abbandono, o in alcuni casi venissero trasformate dai residenti in abitazioni. Questi villaggi sono oggi la materializzazione di una sospensione, non la definitiva eliminazione di un percorso storico e politico. Nonostante la caduta del fascismo e la fine del colonialismo storico, la de-fascistizzazione e la decolonizzazione dell’Italia rimangono processi purtroppo incompiuti. Ad oggi il mancato processo di revisione critica ha fatto si che l’apparato culturale e politico del colonialismo e fascismo sia sopravvissuto: tra questi il razzismo istituzionale e un sentimento diffuso della presunta superiorità della civiltà europea, la conseguente deumanizzazione delle popolazioni proveniente dal mondo (post)coloniale, il sopravvivere di monumenti e strade che celebrano l’ideologia e la storia fascista e coloniale, e la carenza di un’educazione alla conoscenza critica del passato all’interno del sistema educativo italiano.

    In Italia, come dimostrato dai villaggi siciliani, questa impasse politica e culturale di lunga durata è molto visibile attraverso la normalizzazione o la noncuranza dell’architettura fascista. Come è stato dibattuto dalla critica e letteratura postcoloniale negli ultimi anni e contestato a gran voce nel 2020 sull’onda dei moti globali contro la presenza dei simboli che celebrano le violenze imperiali e coloniali negli spazi urbani dell’emisfero Nord, in Italia è molto comune trovare edifici coloniali/fascisti (oltre a monumenti, targhe, memoriali e toponomastica) che piuttosto che essere rimossi, smantellati o distrutti, sono stati lasciati intatti. Sin dalla conclusione della Seconda Guerra mondiale, l’architettura fascista (e progetti urbanistici) sono stati riutilizzati o sviluppati dai governi repubblicani per dare una casa alle nuove istituzioni liberal democratiche italiane. Le reliquie del fascismo e del colonialismo sono state progressivamente normalizzate all’interno dei paesaggi urbani, sfuggendo allo sguardo critico della cultura e della politica antifascista.

    Ad oggi, con il “ritorno” dei fascismi su scala globale e il crescente arrivo negli ultimi decenni dei migranti dall’ex mondo coloniale, la necessità di riaprire i processi di decolonizzazione e defascistizzazione si è resa più che mai urgente. E con essi, nuove domande sul “che fare” del “patrimonio” architettonico coloniale fascista. È possibile immaginare un ri-uso, senza correre il rischio di perpetuare eternamente questa stessa ideologia, e contro il pericolo dell’autoassoluzione e della nostalgia?

    Nel 2017 Asmara la capitale dell’Eritrea è stata nominata patrimonio dell’umanità dall’UNESCO. La nomina, intitolata “Asmara – Citta modernista d’Africa”, fa riferimento alla trasformazione architettonica e urbana coloniale fascista e modernista di Asmara avvenuta durante l’occupazione coloniale italiana. Non esente da critiche, l’iscrizione di Asmara pone una serie di elementi problematici: dal rischio di presentare la città coloniale costruita dagli italiani come il modello di patrimonio urbano del continente africano, al pericolo di rinforzare impulsi nostalgici o costituire uno strumento di propaganda per il regime eritreo, fino al rischio di cedere ai paradigmi di conservazione dei beni architettonici e culturali eurocentrici imposti dall’UNESCO.

    Nonostante queste controversie, la nomina di Asmara ha comunque posto per la prima volta una serie di domande fondamentali che riguardano e accomunano entrambi ex-colonizzati ed ex-colonizzatori: chi ha il diritto a preservare, riutilizzare e ri-narrare l’architettura coloniale fascista?

    L’installazione presentata per la Quadriennale d’arte 2020 – FUORI a Palazzo delle Esposizioni a Roma, sede della Prima mostra internazionale d’arte coloniale (1931) e di altre mostre di propaganda del regime, propone di ripensare i borghi costruiti dal fascismo in Sicilia a partire dalla nomina di Asmara come patrimonio dell’umanità. L’installazione è il primo intervento verso la creazione di un Ente di Decolonizzazione che sarà aperto a coloro che avvertono l’urgenza di mettere in discussione un’ampia eredità storica, culturale e politica intrisa di colonialismo e fascismo, ed iniziare dunque un percorso comune verso nuove pratiche di decolonizzazione e defascistizzazione[1].

    L’occasione della mostra vuole dunque contribuire ad ampliare il raggio critico, a partire dal cosiddetto “patrimonio” architettonico. L’architettura a differenza di monumenti e targhe, si erge su delle fondamenta, ponendo cosi questioni di fondazione e di profondità. In questo senso, l’architettura si occupa di un problema strutturale, dando una forma alle fondamenta coloniali e fasciste sui cui si costruisce l’Italia contemporanea, a testimonianza di una continuità storica e politica tra passato e presente. Ora che molti di questi edifici coloniali e fascisti sono in buona parte in rovina, si corre il rischio che cadendo a pezzi, si portino via la memoria, ma lasciando le fondamenta di una lunga storia di violenza, oppressioni e discriminazione, come ultimo atto dell’amnesia italiana.

    Verso un Ente di Decolonizzazione presentato a Roma, è il primo atto di un lungo percorso che intende coinvolgere coloro che sentono l’urgenza di mettere in discussione concetti e pratiche ereditate dal passato e di costruire oggi spazi critici in cui incontrarsi tra uguali. Il secondo atto si svolgerà la prossima estate in Sicilia, nell’ex-ente di colonizzazione di Borgo Rizza, nel comune di Carlentini, dove cittadini, politici, studiosi, artisti e studenti cercheranno di fare i conti con la difficile eredità´ del patrimonio dell’architettura fascista e coloniale.

    La formazione di un Ente della Decolonizzazione vuole così porre la questione della riappropriazione e ri-narrazione degli spazi e simboli del colonialismo e del fascismo all’interno di un ampio percorso decoloniale, e cosi contribuire a invertire la tendenza italiana al racconto auto-assolutorio di un colonialismo “meno peggio” degli altri. In un contesto internazionale in cui le rivendicazioni degli ex-colonizzati ad una vera riparazione e al risarcimento per i crimini del colonialismo e della schiavitù si fanno sempre più forti e trascinanti, l’Ente della Decolonizzazione intende partire da semplici domande che permettano di rivendicare il diritto a re-inquadrare la narrazione storica, cominciando dalla presenza dell’eredità architettonica coloniale e fascista: dato che i borghi sono stati costruiti per dare forma e corpo alla ideologia fascista, in che modo è possibile sovvertirne i principi fondanti, partendo da questi stessi luoghi come nuovo “centro” della lotta ai fascismi contemporanei? Come trasformare questi borghi in un antidoto al fascismo? Chi ha il diritto a ri-narrare e al ri-uso di questi villaggi che vennero costruiti per celebrare i martiri fascisti nelle guerre di occupazione in Africa? È possibile immaginare un ri-uso critico di questi luoghi, che si faccia alleato di un percorso di riparazione dei crimini del passato? È ipotizzabile un ri-uso inteso come riparazione? È forse possibile un percorso di riparazione che vada oltre la sfera dei trattati bilaterali tra governi e stati? In quali forme questa riparazione o risarcimento può prendere forma? Può l’eredità architettonica giocare un ruolo in tutto ciò?

    https://www.lavoroculturale.org/verso-un-ente-di-decolonizzazione/alessandro-petti

    #décolonial #Italie #colonisation #colonialisme #architecture #fascisme #histoire #Ente_di_Colonizzazione_del_Latifondo_Siciliano #Ente di_Colonizzazione_della_Libia #Erythrée #Ethiopie #Agro_Pontino #ingéniérie_sociale #violence #oppression #vide #géographie_du_vide #ressources_pédagogiques #modernisation #Sicile #toponymie #toponymie_politique #colonisation_interne #espace #racisme_institutionnel #monuments #architecture_fasciste #normalisation #patrimoine #Asmara #UNESCO

    #photographie #Luca_Capuano

    #TRUST #master_TRUST

    –—

    ajouté à la métaliste sur le #colonialisme_italien:
    https://seenthis.net/messages/871953

  • There are six French communes with 0 inhabitants. These are villages destroyed during the First World War that continue to exist as a tribute to the dead. They even still have an administration, with a mayor and two deputies.

    https://twitter.com/BjnNowak/status/1329300338399129601

    #France #mémoire #cartographie #visualisation #géographie_du_vide #géographie_du_plein #Benjamin_Nowak #village-martyr #destruction #WWI #première_guerre_mondiale #Fleury #Beaumont #Hautmont #Louvemont #Cumieres #Bezonvaux
    #Verdun et #Douaumont
    via @reka
    ping @simplicissimus

  • La nature confisquée, histoire du “colonialisme vert” - Ép. 1/4 - Et l’homme créa la nature
    https://www.franceculture.fr/emissions/le-cours-de-lhistoire/et-lhomme-crea-la-nature-14-la-nature-confisquee-histoire-du-coloniali


    Sous l’impulsion d’organismes internationaux, poursuivant le mythe d’un éden vierge de toute présence humaine, les populations africaines sont expulsées d’espaces qu’elles fréquentaient jusqu’alors. Une vision héritée de la période coloniale aux lourdes conséquences sociales.

    #colonialisme_vert #nature

  • Libérez l’« Ocean Viking » et les autres navires humanitaires

    Les maires de #Montpellier et de #Palerme lancent un #appel pour que le navire de #SOS_Méditerranée détenu en Sicile soit libéré, et que les opérations en Méditerranée centrale puissent reprendre.

    Nous, maires des #villes_méditerranéennes jumelées de Montpellier et Palerme, confrontés à la #crise_humanitaire majeure qui a transformé la #mer_Méditerranée en cimetière ces dernières années, sommes indignés par la #détention_administrative du navire humanitaire #Ocean Viking de SOS Méditerranée depuis le 22 juillet en Sicile.

    Cette détention vient s’ajouter à celle de trois autres #navires_humanitaires depuis le mois d’avril. A chaque fois les autorités maritimes italiennes invoquent des « #irrégularités_techniques_et_opérationnelles » et de prétendus motifs de #sécurité à bord des navires. Pourtant, malgré le harcèlement exercé à l’encontre de leurs navires, ces #ONG de sauvetage en mer opèrent depuis plusieurs années en toute transparence et en coordination avec les autorités maritimes compétentes qui les soumettent très régulièrement au contrôle des autorités portuaires.

    Ces dernières années, les ONG civiles de sauvetage en mer ont secouru des dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants en danger de mort imminente, comblant un #vide mortel laissé par les Etats européens en Méditerranée.

    Alors que les sauveteurs sont empêchés de mener leur mission vitale de sauvetage, de nouveaux naufrages, de nouveaux morts sont à prévoir aux portes de l’Europe.

    Est-ce là le prix à payer pour l’#irresponsabilité et la #défaillance des Etats européens ? En tant que #maires, #citoyens méditerranéens et européens, nous le refusons et dénonçons ces politiques délétères !

    Nous demandons la levée immédiate des mesures de détention qui touchent l’Ocean Viking et tous les navires de sauvetage, pour une reprise immédiate des opérations en Méditerranée centrale !

    Nous appelons tous les citoyens à signer la pétition demandant aux autorités maritimes italiennes la libération du navire.

    https://www.liberation.fr/debats/2020/08/28/liberez-l-ocean-viking-et-les-autres-navires-humanitaires_1797888

    #asile #migrations #réfugiés #villes-refuge #Méditerranée #sauvetage #indignation #Michael_Delafosse #Leoluca_Orlando #géographie_du_vide #géographie_du_plein

    –—

    Ajouté à la métaliste sur les villes-refuge :
    https://seenthis.net/messages/759145

  • Rohingya, la mécanique du crime

    Des centaines de villages brûlés, des viols, des massacres et 700 000 Rohingyas qui quittent la Birmanie pour prendre le chemin de l’exil. Rapidement, l’ONU alerte la communauté internationale et dénonce un « nettoyage ethnique ». Ces événements tragiques vécus par les Rohingyas ne sont que l’achèvement d’une politique de discrimination déjà ancienne. Ce nettoyage ethnique a été prémédité et préparé il y a des années par les militaires birmans. Ce film raconte cette mécanique infernale.

    http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/57765_1
    https://www.youtube.com/watch?v=g2OjbDcBfPk


    #film #documentaire #film_documentaire #opération_nettoyage #armée_birmane #feu #incendie #réfugiés #2017 #Bangladesh #répression #Arakan #nettoyage_ethnique #génocide #préméditation #planification #moines #islamophobie #xénophobie #racisme #crime_contre_l'humanité #camp_de_réfugiés #camps_de_réfugiés #violence #crime #viol #Tula_Toli #massacre #Maungdaw #milices #crimes_de_guerre #colonisation #Ashin_Wirathu #immigrants_illégaux #2012 #camps_de_concentration #Koe_Tan_Kauk #ARSA (#armée_du_salut_des_Rohingya) #métèques #déni #Inn_Dinn #roman_national #haine #terres #justice #Aung_San_Suu_Kyi #retour_au_pays #encampement
    #terminologie #mots #stigmatisation
    –-> « La #haine passe du #discours aux actes »

    #ressources_naturelles #uranium #extractivisme #nickel —> « Pour exploiter ces ressources, vous ne pouvez pas avoir des gens qui vivent là »
    (#géographie_du_vide)

    #Carte_de_vérification_nationale —> donnée à ceux qui acceptent de retourner en #Birmanie. En recevant cette carte, ils renient leur #nationalité birmane.

    #NaTaLa —> nom utilisé par les #musulmans pour distinguer les #bouddhistes qui ont été #déplacés du reste de la Birmanie vers la région de l’Arkana. C’est les musulmans qui ont été obligés de construire, avec leur main-d’oeuvre et leur argent, les maisons pour les colons bouddhistes : « Ils nous ont enlevé le pain de la bouche et au final ils nous ont tués ». Ces colons ont participé au #massacre du village de Inn Dinn.

    A partir de la minute 36’00 —> #effacement des #traces dans le #paysage, maisons rohingya détruites et remplacées par un camp militaire —> photos satellites pour le prouver

    A partir de la minute 45’35 : la colonisation sur les #terres arrachées aux Rohingya (le gouvernement subventionne la construction de nouveaux villages par des nouveaux colons)

    ping @karine4 @reka

  • Yuval Noah Harari: the world after coronavirus | Free to read | Financial Times

    Please use the sharing tools found via the share button at the top or side of articles. Copying articles to share with others is a breach of FT.com T&Cs and Copyright Policy. Email licensing@ft.com to buy additional rights. Subscribers may share up to 10 or 20 articles per month using the gift article service. More information can be found at https://www.ft.com/tour.
    https://www.ft.com/content/19d90308-6858-11ea-a3c9-1fe6fedcca75

    Humankind is now facing a global crisis. Perhaps the biggest crisis of our generation. The decisions people and governments take in the next few weeks will probably shape the world for years to come. They will shape not just our healthcare systems but also our economy, politics and culture. We must act quickly and decisively. We should also take into account the long-term consequences of our actions. When choosing between alternatives, we should ask ourselves not only how to overcome the immediate threat, but also what kind of world we will inhabit once the storm passes. Yes, the storm will pass, humankind will survive, most of us will still be alive — but we will inhabit a different world.

    Many short-term emergency measures will become a fixture of life. That is the nature of emergencies. They fast-forward historical processes. Decisions that in normal times could take years of deliberation are passed in a matter of hours. Immature and even dangerous technologies are pressed into service, because the risks of doing nothing are bigger. Entire countries serve as guinea-pigs in large-scale social experiments. What happens when everybody works from home and communicates only at a distance? What happens when entire schools and universities go online? In normal times, governments, businesses and educational boards would never agree to conduct such experiments. But these aren’t normal times.

    In this time of crisis, we face two particularly important choices. The first is between totalitarian surveillance and citizen empowerment. The second is between nationalist isolation and global solidarity.
    Under-the-skin surveillance

    In order to stop the epidemic, entire populations need to comply with certain guidelines. There are two main ways of achieving this. One method is for the government to monitor people, and punish those who break the rules. Today, for the first time in human history, technology makes it possible to monitor everyone all the time. Fifty years ago, the KGB couldn’t follow 240m Soviet citizens 24 hours a day, nor could the KGB hope to effectively process all the information gathered. The KGB relied on human agents and analysts, and it just couldn’t place a human agent to follow every citizen. But now governments can rely on ubiquitous sensors and powerful algorithms instead of flesh-and-blood spooks.

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    In their battle against the coronavirus epidemic several governments have already deployed the new surveillance tools. The most notable case is China. By closely monitoring people’s smartphones, making use of hundreds of millions of face-recognising cameras, and obliging people to check and report their body temperature and medical condition, the Chinese authorities can not only quickly identify suspected coronavirus carriers, but also track their movements and identify anyone they came into contact with. A range of mobile apps warn citizens about their proximity to infected patients. ....

    This storm will pass. But the choices we make now could change our lives for years to come
    https://www.ft.com/content/19d90308-6858-11ea-a3c9-1fe6fedcca75
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    #coronavirus #monde #politique @cdb_77

  • The Great Empty

    During the 1950s, New York’s Museum of Modern Art organized a famous photo exhibition called “The Family of Man.” In the wake of a world war, the show, chockablock with pictures of people, celebrated humanity’s cacophony, resilience and common bond.

    Today a different global calamity has made scarcity the necessary condition of humanity’s survival. Cafes along the Navigli in Milan hunker behind shutters along with the Milanese who used to sip aperos beside the canal. Times Square is a ghost town, as are the City of London and the Place de la Concorde in Paris during what used to be the morning rush.

    The photographs here all tell a similar story: a temple in Indonesia; Haneda Airport in Tokyo; the Americana Diner in New Jersey. Emptiness proliferates like the virus.

    The Times recently sent dozens of photographers out to capture images of once-bustling public plazas, beaches, fairgrounds, restaurants, movie theaters, tourist meccas and train stations. Public spaces, as we think of them today, trace their origins back at least to the agoras of ancient Greece. Hard to translate, the word “agora” in Homer suggested “gathering.” Eventually it came to imply the square or open space at the center of a town or city, the place without which Greeks did not really regard a town or city as a town or city at all, but only as an assortment of houses and shrines.

    Thousands of years later, public squares and other spaces remain bellwethers and magnets, places to which we gravitate for pleasure and solace, to take our collective temperature, celebrate, protest. Following the uprisings in Tiananmen Square, Tahrir Square, Taksim Square and elsewhere, Yellow Vest protesters in France demonstrated their discontent last year not by starting a GoFundMe page but by occupying public sites like the Place de la République and the Place de l’Opéra in Paris.

    Both of those squares were built during the 19th century as part of a master plan by a French official, Baron Georges-Eugène Haussmann, who remade vast swaths of Paris after the city passed new health regulations in 1850 to combat disease. Beset by viruses and other natural disasters, cities around the world have time and again devised new infrastructure and rewritten zoning regulations to ensure more light and air, and produced public spaces, buildings and other sites, including some of the ones in these photographs, that promised to improve civic welfare and that represented new frontiers of civic aspiration.

    Their present emptiness, a public health necessity, can conjure up dystopia, not progress, but, promisingly, it also suggests that, by heeding the experts and staying apart, we have not yet lost the capacity to come together for the common good. Covid-19 doesn’t vote along party lines, after all. These images are haunted and haunting, like stills from movies about plagues and the apocalypse, but in some ways they are hopeful.

    They also remind us that beauty requires human interaction.

    I don’t mean that buildings and fairgrounds and railway stations and temples can’t look eerily beautiful empty. Some of these sites, like many of these photographs, are works of art. I mean that empty buildings, squares and beaches are what art history textbooks, boutique hotel advertisements and glossy shelter and travel magazines tend to traffic in. Their emptiness trumpets an existence mostly divorced from human habitation and the messy thrum of daily life. They imagine an experience more akin to the wonder of bygone explorers coming upon the remains of a lost civilization.

    They evoke the romance of ruins.

    Beauty entails something else. It is something we bestow.

    It will be the moment we return.

    https://www.nytimes.com/interactive/2020/03/23/world/coronavirus-great-empty.html
    #photographie #vide #géographie_du_vide #coronavirus #villes-phantomes #ghost-town #urban_matter #villes #géographie_urbaine
    via @albertocampiphoto
    ping @reka @philippe_de_jonckheere

    • Deserted cities of the heart

      The past few weeks have seen images spreading around the internet of empty streets and deserted cities. But what do these images tell us about the present moment, and what does their cultural value suggest about our relationship to the current crisis?

      In Liu Cixin’s sci-fi novel The Three-Body Problem, an astrophysicist, radicalized by reading Silent Spring, and having been persecuted during the Cultural Revolution, decides the human race is irredeemable and sells it out to an alien invader. I started the book a few weeks ago; now it has become grimly timely. Demagogues would now have us believe that the novel coronavirus is an alien invasion force while also trying to sell millions of us out to it as quickly as possible. Some have made a comparison to the risk-reward calculus of driving, arguing that governments don’t force people to drive slow in order to save lives. So why should they prevent us from endangering ourselves and others? Lives must be sacrificed to road wrecks to maintain a certain rate of return. As the skies clear dramatically over cities that are accustomed to thick smog, one can imagine the demagogues making a similar argument about the air pollution that already ruins lungs and truncates lives: All coronavirus does is accelerate the process — fast capitalism in its apotheosis.

      But the eschatological fantasies of Liu’s anti-humanity cadres are also echoed, however faintly, in the celebration of abandoned urban spaces and brightened city skies as some sort of coronavirus consolation. These are not like the images of empty grocery shelves, caused by those merely participating in the panic. They evoke something more sedate, serene. Earlier in the crisis, when Italy was the focal point, the sudden clarity of Venice’s canals were widely discussed with wonder. Without boat traffic, the sediment in them settled, making it possible to see the marine life they host. CNN quoted a random person saying, “What a marvel this Venice was; this virus brought something ... beautiful." That sentiment was echoed on Twitter feeds that shared video of the canals, the fish newly visible. Implied in this sharing was a message about the resilience of nature and humanity’s fundamental tendency to interfere rather than participate in it: See how nice and pure the world is without tourists, without other people living their lives by their own priorities and privileges? This is the way I like to see the world, with no one else around to see it. The way things “really should be” is the way they are when human activity is subtracted. The canals are supposed to be clear and stagnant. To borrow a phrase from writer Mark O’Connell, describing the butterflies in the Chernobyl Exclusion Zone, “It is all quite lovely, in its uncanny way: The world, everywhere, protesting its innocence.”

      The clear canals may be taken as emblematic of a broader silencing to come. In an essay for the Point, philosopher Justin E.H. Smith wrote, “We have little idea what the world is going to look like when we get through to the other side of this, but it is already perfectly clear that the ‘discourses’ of our society, such as they had developed up to about March 8 or 9, 2020, in all their frivolity and distractiousness, have been decisively curtailed, like the CO2 emissions from the closed factories and the vacated highways.” He concludes that if an invading alien force came to Earth, there is no reason to believe that it would even have any interest in humanity (even to exterminate it), given that it’s only our own hubris that leads us to believe that we are “this planet’s true and legitimate representatives.”

      The broad fascination with the images of empty cities — as in this New York Times photo essay, for instance — is in part a fascination with that hubris, but more as a means of fetishizing it rather than overcoming it or rejecting it. Cities appear in these images not as practical commercial spaces but as monuments to humanity’s transformational power in the abstract, something that doesn’t require collaboration, competition, or conflict but just seems just to exist as a natural force. They are seen as especially beautiful when rendered useless, but that’s not because they remind us of our own uselessness or insignificance. Instead, the sense of personal impotence may be dispersed in majestic images of the vacated cathedrals of civilization.

      At the same time, cities are given the deserted quality that has often been reserved for conventional natural landscapes, where an absence of people serves as a signifier of “naturalness.” Landscape paintings typically tend to mask whatever alterations humans have made to the land so a particular perspective can appear as given, as inherent or inevitable. How the land is framed is both foregrounded and effaced: A vantage point is isolated and idealized as characteristic, as typical, as frameless.

      The photos of people-less cities extend that mood of givenness to urban landscapes, suggesting how they endure without us or despite us. We can regard cities not as purpose-built environments, but as natural ones to which humans have adapted, much like the species at the bottom of the ocean have adapted to life without light. From that point of view, humans are othered to themselves, becoming a species for remote observation. By looking at the images, we can see ourselves as exempt, as belonging to an evolution beyond that, the contours of which are emerging in the strange dislocations we are now experiencing in everyday life.

      Our ability to appreciate these images doesn’t underscore our ultimate harmony or interconnection with the natural world and the life that purportedly re-emerges when the highways are finally vacated. Rather it lets us use mediation (our ability to consume representations) to rearticulate our exceptionality. We can assume the subject position of the camera and pretend that makes us immune to being objects in the world.

      The deserted cities allow us to imagine that we’re in a comfortable position from which to enjoy them — that the erasure of humanity doesn’t actually include us. As this piece by Cherine Fahd and Sara Oscar notes, “The viewer is looking at a representation of the scene, not the scene itself, from a position of far-off comfort.” This becomes obvious when you actually walk around a deserted city, which is certainly uncanny but inspires more grief than delight. The images let us consume a distance from the emptiness as much as the emptiness itself. Wherever we are can then feel more full.

      In an essay that accompanied the New York Times’s collection of images, Michael Kimmelman suggests that the photos are hopeful because in their eerie, ruin-porn-like emptiness they “remind us that beauty requires human interaction.” But that reading strikes me as somewhat idealistic; he dismisses what seems to me their more fundamental allure, that they offer a vicarious experience of “the wonder of bygone explorers coming upon the remains of a lost civilization.” That is, they give viewers a kind of imperial transcendence, a sense of sublime survival as a kind of conquering. “Beauty” might be, as Kimmelman claims, a thing we “bestow” with social interaction, but the images remind us also that the consumption of beauty can be had unilaterally, placing us at a perspective that provides pleasure precisely by protecting us from complicity or vulnerability.

      What these images of empty cities remind me of are photos of dead malls that have served over the past decade or so as symbols of the oft-predicted “retail apocalypse.” I spent lots of time working and hanging out in a mall as a teenager, so these sorts of images have always had a bracing form of anti-nostalgia for me, like seeing your childhood home being bulldozed. But I also tend to read the dead-mall images as metonyms for the dead end of consumerism. They depict not the absence of commerce but its negation.

      Many have predicted that one of the lasting effects of the pandemic will be the end of conventional retail, because everyone will have gotten fully acclimated to home delivery and its conveniences. But this prediction seems premature; it’s impossible to tell just how drastically our everyday life and our perception of what is convenient will be reworked by the experience of extended isolation.

      It’s tempting to treat the images of deserted cities as symbols, as evocations, as metaphors, as prophecies, but the most compelling and troubling thing about them is that they can be taken as just direct representations of the world outside as it is. Our old lives are over; where we lived are ghost towns. The photos seem to document something historic and exceptional that we lived through, only we’re still living it. There is an apparent finality to total emptiness that might help us pretend that the crisis is already over, and the world is there, where we left it, and not in the social relations and the sorts of choices we’re now facing to try to remake it.

      https://www.versobooks.com/blogs/4620-deserted-cities-of-the-heart

    • La Plaine (place Jean-Jaurès). « Ce qui fait la beauté de cette ville, ce sont les gens qui l’habitent. Ces calicots pendus aux fenêtres en sont la trace. Ici, à la Plaine, c’est la colère qui domine. Plus bas, dans le centre, les banderoles sont plus "douces". »
      Photo #Yohanne_Lamoulère. Tendance Floue pour Libération


      https://seenthis.net/messages/841970

      La Plaine. « J’ai une forme de fascination pour les graffitis, comme celui-ci, très hauts : "Le virus c’est l’Etat". Je suis retournée à la Plaine pour le photographier, dans ce quartier, qui organise des prêts de livres, mais aussi des tournées de nourriture pour les soignants. Symbole de cette énergie militante, très forte à Marseille, qui comble finalement énormément de vide. »
      Photo Yohanne Lamoulère. Tendance Floue pour #Libération


      #Marseille

  • The Geometry of Emptiness: A Journey Through France’s ‘Diagonale du Vide’
    https://www.magnumphotos.com/newsroom/society/antoine-dagata-the-geometry-of-emptiness-a-journey-through-frances-dia

    In early 2019, French Magnum photographer Antoine d’Agata and French-Tunisian author, philosopher, and actor Mehdi Belhaj Kacem drove through the region known in France as the diagonal du vide, or ‘empty diagonal’. Stretching across the nation – from the Belgian border in the north-east to the Pyrenees in the south-west – the disparate geographies of the area are unified by a low-density of industry, population and media coverage.

    What follows is a selection of d’Agata’s images from the 339 towns, villages and hamlets the pair passed through, accompanied by Belhaj Kacem’s essay on the diagonale and it’s role – and that of areas like it – in France’s current political face-off.

    The diagonal du vide, or ‘diagonal of emptiness’, refers to a series of places which are among the most underprivileged in French territory. With Antoine d’Agata, we draw a road map, a plan to visit these places. We want to feel the pulse of the France that has given rise to the now-famous gilets jaunes. We want to visit Ghost France. The title of a movie that marked me long ago comes back to my mind: Ghosts of the Civil Dead.

    The confrontation between the French government and the gilets jaunes has pitted two types of ghost against one another: the sovereign French Gods – the “Jupiterian” entity of big finance in its twilight years, whose decadence has nothing on the decline of Ludwig II of Bavaria; versus this unrepresented France. The latter, popularised as understood by the Situationists, comes behind the former in all respects. The dialogue between these two entities is a dialogue of the deaf. The France whose representation is non-existent fails to make itself heard by the France that only exists within in itself, or in its own eyes.