Dans cet interview, Kavé Salamatian, chercheur en réseaux, explique le routage, BGP, les AS, etc et insiste que le fait que ces questions qui semblaient purement techniques ont une forte composante politique et stratégique. (Rafik Dammak me fait remarquer que c’est un effet WCIT : la renégociation en cours des accords internationaux sous l’égide de l’UIT fait qu’on se met à parler de ces questions de routage que l’ICANN, par exemple, a toujours soigneusement ignorées.)
Des formules choc (« BGP est le gluant de l’Internet », « le syndrome de la mobylette pakistanaise », « [l’Internet est] un nuage qui prend solidement ses assises dans du béton »), et pas trop d’erreurs techniques (personnellement, le fait qu’il confonde DNS et noms de domaines - quand il prétend qu’on peut aller sur facebook.com sans le DNS - m’embête).
Mais pas d’information inédite, rien de nouveau. Et, surtout, après les promesses du titre et du chapô, une grande frustration : aucune opinion politique exprimée, pas de ligne stratégique. L’auteur nous répète qu’il y a des enjeux politiques super-importants derrière le routage mais n’en expose aucun.
Sa seule prise de position est qu’il faut réguler le peering (« une régulation mondiale pourrait poser les cadres d’une connectivité minimale » et « pour les problèmes de BGP hijack et autres attaques informatiques, il faudrait pouvoir recourir à un tribunal arbitral »). mais il ne dit même pas dans quel sens. Obliger les récalcitrants à peerer ? Au contraire, devoir faire approuver chaque accord de peering par le Haute Autorité de Régulation de l’Internet National ?
PS : je ne suis pas d’accord avec son analyse du DNS. Certes, selon le modèle abstrait, le DNS est dans la couche Applications. Mais ce n’est pas une bonne façon de le décrire. Le DNS est une infrastructure, quelque chose qu’on ne voit pas mais qui est indispensable. Il est donc bien plus proche de BGP que des applications.
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