• #Lina_Soualem et #Hiam_Abbass : « Faire exister l’humanité du peuple palestinien »

    Après Leur Algérie, explorant la branche familiale paternelle, la réalisatrice Lina Soualem poursuit l’introspection du double exil qu’elle porte : l’Algérie mais aussi la Palestine. Bye bye Tibériade, son second documentaire, sort en salles mercredi 21 février. Bouleversant de tristesse mais aussi de joie, il raconte comment la lignée de femmes de sa famille maternelle, dont sa mère l’actrice Hiam Abbass, a été percutée par les violences de l’histoire.

    À travers elles, c’est l’histoire du peuple palestinien qui se déploie sur plusieurs décennies, un peuple qui subit une injustice historique et qui est revenu au cœur de l’actualité de la plus sanglante des manières. La sortie de Bye Bye Tibériade survient en pleine guerre à Gaza, où Israël mène, depuis le 7 octobre 2023 et les massacres du Hamas qui ont fait 1 160 morts, une riposte militaire. Celle-ci a tué plus de 29 000 personnes, dont 70 % sont des femmes et des enfants, dans l’enclave palestinienne.

    En explorant les douleurs de la mémoire familiale et collective à travers le prisme des femmes, Lina Soualem questionne aussi admirablement l’universel qui nous percute et nous rassemble : l’amour, l’exil, la famille, la terre, les racines.

    https://www.youtube.com/watch?v=9vsnwCDc1Ww

    #film #Palestine #cinéma #documentaire #film_documentaire #dépossession #héroïsme #arrachement #exil #identité #droit_à_la_complexité #culture #nakba #intimité #négation #histoire_familiale #parcours_de_vie #silence #art #récits_de_vie #mémoire_collective #peur_de_la_perte #maison #douleurs_du_passé #transmission #force_féminine #vie #humour #liberté #rupture #exil_forcé #patriarcat #poésie

  • #Ukraine, #Israël, quand les histoires se rencontrent

    Dans son dernier livre, l’historien #Omer_Bartov revient sur l’histoire de sa famille et de son voyage de la Galicie ukraino-polonaise à Israël, à travers les soubresauts de l’histoire de la première partie du 20e siècle.

    Alors que les atrocités du conflit israélo-palestinien continuent de diviser les étudiants de prestigieux campus américains, l’universitaire Omer Bartov se propose d’analyser la résurgence de l’#antisémitisme dans le monde à la lumière de sa propre #histoire_familiale.

    Un #antisémitisme_endémique dans les campus américains ?

    L’historien Omer Bartov réagit d’abord aux polémiques qui ont lieu au sujet des universités américaines et de leur traitement du conflit israélo-palestinien : “il y a clairement une montée de l’antisémitisme aux États-Unis, comme dans d’autres parties du monde. Néanmoins, il y a aussi une tentative de faire taire toute critique de la politique israélienne. Cette tentative d’associer cette critique à de l’antisémitisme est également problématique. C’est un bannissement des discussions. Les étudiants, qui sont plus politisés que par le passé, prennent part à cette histoire”. Récemment, la directrice de l’Université de Pennsylvanie Elizabeth Magill avait proposé sa démission à la suite d’une audition controversée au Congrès américain, lors de laquelle elle n’aurait pas condamné les actions de certains de ses étudiants à l’encontre d’Israël.

    De Buczacz à la Palestine, une histoire familiale

    Dans son dernier livre Contes des frontières, faire et défaire le passé en Ukraine, qui paraîtra aux éditions Plein Jour en janvier 2024, Omer Bartov enquête sur sa propre histoire, celle de sa famille et de son voyage de la Galicie à la Palestine : “en 1935, ma mère avait onze ans et a quitté #Buczacz pour la #Palestine. Le reste de la famille est restée sur place et quelques années plus tard, ils ont été assassinés par les Allemands et des collaborateurs locaux. En 1995, j’ai parlé avec ma mère de son enfance en Galicie pour la première fois, des grands écrivains locaux comme Yosef Agnon. Je voulais comprendre les liens entre #Israël et ce monde juif qui avait disparu à Buczacz au cours de la #Seconde_Guerre_mondiale”.

    À la recherche d’un monde perdu

    Cette conversation a mené l’historien à consacrer une véritable étude historique à ce lieu et plus généralement à cette région, la #Galicie : “ce monde avait selon moi besoin d’être reconstruit. Ce qui le singularisait, c’était la diversité qu’il accueillait. Différentes communautés nationales, ethniques et religieuses avaient coexisté pendant des siècles et je voulais comprendre comment il s’était désintégré”, explique-t-il. Le prochain livre qu’il souhaite écrire en serait alors la suite : “je veux comprendre comment ma génération a commencé à repenser le monde dans lequel nous avons grandi après la destruction de la civilisation précédente”, ajoute-t-il.

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/france-culture-va-plus-loin-l-invite-e-des-matins/ukraine-israel-quand-les-histoires-se-rencontrent-9022449
    #multiculturalisme #histoire #crime_de_guerre #crime_contre_l'humanité #génocide #Gaza #7_octobre_2023 #nettoyage_ethnique #destruction #déplacements_forcés #Hamas #crimes_de_guerre #massacre #pogrom #occupation

    • Contes des frontières, faire et défaire le passé en Ukraine

      À nouveau Omer Bartov étudie Buczacz, a ville de Galicie qui servait déjà de point d’ancrage pour décrire le processus du génocide dans Anatomie d’un génocide (Plein Jour 2021). Cette fois, il étudie les perceptions et l’imaginaire que chacune des communautés juive, polonaise et ukrainienne nourrissait sur elle-même, ce a depuis les origines de sa présence dans ce territoire des confins de l’Europe.

      Comment des voisins partageant un sol commun ont-ils élaboré des récits fondateurs de leurs #identités jusqu’à opposer leurs #mémoires ? comment se voyaient-ils les uns les autres, mais également eux-mêmes ; quels #espoirs nourrissaient-ils ? Les #mythes ont ainsi influencé a grande histoire, le #nationalisme, les luttes, et de façon plus intime les espoirs individuels, voire les désirs de partir découvrir un monde plus arge, nouveau, moderne. Ce livre, qui traite de ces récits « nationaux », de a construction de l’identité et de l’opposition qu’elle peut induire entre les différents groupes, apparaît comme une clé de compréhension du passé autant que du présent. Aujourd’hui avec a guerre en Ukraine, sa résonance, son actualité sont encore plus nettes.

      https://www.editionspleinjour.fr/contes-des-fronti%C3%A8res
      #livre #identité

    • Anatomie d’un génocide

      Buczacz est une petite ville de Galicie (aujourd’hui en Ukraine). Pendant plus de quatre cents ans, des communautés diverses y ont vécu plus ou moins ensemble – jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale, qui a vu la disparition de toute sa population juive. En se concentrant sur ce seul lieu, qu’il étudie depuis l’avant-Première Guerre mondiale, Omer Bartov reconstitue une évolution polarisée par l’avènement des nationalismes polonais et ukrainien, et la lutte entre les deux communautés, tandis que l’antisémitisme s’accroît.

      À partir d’une documentation considérable, récoltée pendant plus de vingt ans – journaux intimes, rapports politiques, milliers d’archives rarement analysées jusqu’à aujourd’hui –, il retrace le chemin précis qui a mené à la #Shoah. Il renouvelle en profondeur notre regard sur les ressorts sociaux et intimes de la destruction des Juifs d’Europe.

      https://www.editionspleinjour.fr/anatomie-d-un-g%C3%A9nocide

  • Blinne Ní Ghrálaigh: Lawyer’s closing statement in ICJ case against Israel praised

    This was the powerful closing statement in South Africa’s genocide case against Israel.

    Senior advocate #Blinne_Ní_Ghrálaigh addressed the International Court of Justice on day one of the hearing.

    ICJ: Blinne Ní Ghrálaigh’s powerful closing statement in South Africa case against Israel
    https://www.youtube.com/watch?v=ttrJd2aWF-Y&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.thenational.sco

    https://www.thenational.scot/news/24042943.blinne-ni-ghralaigh-lawyers-closing-statement-icj-case-israel

    #Cour_internationale_de_justice (#CIJ) #Israël #Palestine #Afrique_du_Sud #justice #génocide

    • Israël commet-il un génocide à #Gaza ? Le compte rendu d’une #audience historique

      Alors que les massacres israéliens à Gaza se poursuivent, l’Afrique du Sud a tenté de démontrer, jeudi 11 et vendredi 12 janvier devant la justice onusienne, qu’un génocide est en train d’être commis par Israël à Gaza.

      « Une #calomnie », selon l’État hébreu.

      Devant le palais de la Paix de #La_Haye (Pays-Bas), la bataille des #mots a commencé avant même l’audience. Jeudi 11 janvier au matin, devant la #Cour_de_justice_internationale_des_Nations_unies, des manifestants propalestiniens ont exigé un « cessez-le-feu immédiat » et dénoncé « l’#apartheid » en cours au Proche-Orient. Face à eux, des familles d’otages israélien·nes ont montré les photos de leurs proches kidnappés le 7 octobre par le Hamas.

      Pendant deux jours, devant 17 juges internationaux, alors que les massacres israéliens à Gaza continuent de tuer, de déplacer et de mutiler des civils palestiniens (à 70 % des femmes et des enfants, selon les agences onusiennes), le principal organe judiciaire des Nations unies a examiné la requête, précise et argumentée, de l’Afrique du Sud, destinée à imposer au gouvernement israélien des « #mesures
      _conservatoires » pour prévenir un génocide de la population palestinienne de Gaza.

      La première et plus urgente de ces demandes est l’arrêt immédiat des #opérations_militaires israéliennes à Gaza. Les autres exigent des mesures urgentes pour cesser les tueries, les déplacements de population, faciliter l’accès à l’eau et à la nourriture, et prévenir tout génocide.

      La cour a aussi entendu les arguments d’Israël, qui nie toute #intention_génocidaire et a martelé son « #droit_à_se_défendre, reconnu par le droit international ».

      L’affaire ne sera pas jugée sur le fond avant longtemps. La décision sur les « mesures conservatoires », elle, sera rendue « dès que possible », a indiqué la présidente de la cour, l’États-Unienne #Joan_Donoghue.

      Rien ne dit que les 17 juges (dont un Sud-Africain et un Israélien, Aharon Barak, ancien juge de la Cour suprême israélienne, de réputation progressiste mais qui n’a jamais critiqué la colonisation israélienne) donneront raison aux arguments de l’Afrique du Sud, soutenue dans sa requête par de nombreux États du Sud global. Et tout indique qu’une décision sanctionnant Israël serait rejetée par un ou plusieurs #vétos au sein du #Conseil_de_sécurité des Nations unies.

      Cette #audience solennelle, retransmise sur le site de l’ONU (revoir les débats du jeudi 11 et ceux du vendredi 12), et relayée par de nombreux médias internationaux, a pourtant revêtu un caractère extrêmement symbolique, où se sont affrontées deux lectures radicalement opposées de la tragédie en cours à Gaza.

      « Israël a franchi une limite »

      Premier à prendre la parole, l’ambassadeur sud-africain aux Pays-Bas, #Vusi_Madonsela, a d’emblée replacé « les actes et omissions génocidaires commis par l’État d’Israël » dans une « suite continue d’#actes_illicites perpétrés contre le peuple palestinien depuis 1948 ».

      Face aux juges internationaux, il a rappelé « la Nakba du peuple palestinien, conséquence de la #colonisation_israélienne qui a [...] entraîné la #dépossession, le #déplacement et la #fragmentation systématique et forcée du peuple palestinien ». Mais aussi une « #occupation qui perdure depuis cinquante-six ans, et le siège de seize ans imposé [par Israël] à la bande de Gaza ».

      Il a décrit un « régime institutionnalisé de lois, de politiques et de pratiques discriminatoires, mises en place [par Israël – ndlr] pour établir sa #domination et soumettre le peuple palestinien à un apartheid », dénonçant des « décennies de violations généralisées et systématiques des #droits_humains ».

      « En tendant la main aux Palestiniens, nous faisons partie d’une seule humanité », a renchéri le ministre de la justice sud-africain, #Ronald_Ozzy_Lamola, citant l’ancien président Nelson Mandela, figure de la lutte contre l’apartheid dans son pays.

      D’emblée, il a tenté de déminer le principal argument du gouvernement israélien, selon lequel la procédure devant la Cour internationale de justice est nulle et non avenue, car Israël mènerait une #guerre_défensive contre le #Hamas, au nom du #droit_à_la_légitime_défense garanti par l’article 51 de la charte des Nations unies – un droit qui, selon la Cour internationale de justice, ne s’applique pas aux #Territoires_occupés. « Gaza est occupée. Israël a gardé le contrôle de Gaza. [...] Ses actions renforcent son occupation : la légitime défense ne s’applique pas », insistera un peu plus tard l’avocat Vaughan Lowe.

      « L’Afrique du Sud, affirme le ministre sud-africain, condamne de manière catégorique la prise pour cibles de civils par le Hamas et d’autres groupes armés palestiniens le 7 octobre 2023. Cela étant dit, aucune attaque armée contre le territoire d’un État, aussi grave soit-elle, même marquée par la commission des #crimes atroces, ne saurait constituer la moindre justification ni le moindre prétexte, pour se rendre coupable d’une violation, ni sur le plan juridique ni sur le plan moral », de la #convention_des_Nations_unies_pour_la_prévention_et_la_répression_du_crime_de_génocide, dont est accusé l’État hébreu.

      « La réponse d’Israël à l’attaque du 7 octobre, a-t-il insisté, a franchi cette limite. »

      Un « génocide » au caractère « systématique »

      #Adila_Hassim, principale avocate de l’Afrique du Sud, s’est évertuée à démontrer méthodiquement comment Israël a « commis des actes relevant de la définition d’#actes_de_génocide », dont elle a martelé le caractère « systématique ».

      « Les Palestiniens sont tués, risquent la #famine, la #déshydratation, la #maladie, et ainsi la #mort, du fait du siège qu’Israël a organisé, de la #destruction des villes, d’une aide insuffisante autorisée à atteindre la population, et de l’impossibilité à distribuer cette maigre aide sous les #bombardements incessants, a-t-elle énuméré. Tout ceci rend impossible d’avoir accès aux éléments essentiels de la vie. »

      Adila Hassim s’est attelée à démontrer en quoi la #guerre israélienne cochait les cases du génocide, tel qu’il est défini à l’article 2 de la convention onusienne : « Des actes commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux. »

      Le « meurtre des membres du groupe », premier élément du génocide ? Adila Hassim évoque le « meurtre de masse des Palestiniens », les « 23 000 victimes dont 70 % sont des femmes ou des enfants », et « les 7 000 disparus, présumés ensevelis sous les décombres ». « Il n’y a pas de lieu sûr à Gaza », dit-elle, une phrase empruntée aux responsables de l’ONU, répétée de nombreuses fois par la partie sud-africaine.

      Hasssim dénonce « une des campagnes de bombardement les plus lourdes dans l’histoire de la guerre moderne » : « 6 000 bombes par semaine dans les trois premières semaines », avec des « #bombes de 900 kilos, les plus lourdes et les plus destructrices », campagne qui vise habitations, abris, écoles, mosquées et églises, dans le nord et le sud de la bande de Gaza, camps de réfugié·es inclus.

      « Les Palestiniens sont tués quand ils cherchent à évacuer, quand ils n’ont pas évacué, quand ils ont pris la #fuite, même quand ils prennent les itinéraires présentés par Israël comme sécurisés. (...) Des centaines de familles plurigénérationelles ont été décimées, personne n’ayant survécu (...) Personne n’est épargné, pas même les nouveau-nés (...) Ces massacres ne sont rien de moins que la #destruction_de_la_vie_palestinienne, infligée de manière délibérée. » Selon l’avocate, il existe bien une #intention_de_tuer. « Israël, dit-elle, sait fort bien combien de civils perdent leur vie avec chacune de ces bombes. »

      L’« atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe », et la « soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle », autres éléments constitutifs du génocide ? Adila Hassim évoque « la mort et la #mutilation de 60 000 Palestiniens », les « civils palestiniens arrêtés et emmenés dans une destination inconnue », et détaille le « #déplacement_forcé de 85 % des Palestiniens de Gaza » depuis le 13 octobre, sans retour possible pour la plupart, et qui « répète une longue #histoire de #déplacements_forcés de masse ».

      Elle accuse Israël de « vise[r] délibérément à provoquer la faim, la déshydratation et l’inanition à grande échelle » (93 % de la population souffrent d’un niveau critique de faim, selon l’Organisation mondiale de la santé), l’aide empêchée par les bombardements et qui « ne suffit tout simplement pas », l’absence « d’eau propre », le « taux d’épidémies et de maladies infectieuses qui s’envole », mais aussi « les attaques de l’armée israélienne prenant pour cible le système de santé », « déjà paralysé par des années de blocus, impuissant face au nombre de blessures ».

      Elle évoque de nombreuses « naissances entravées », un autre élément constitutif du génocide.

      « Les génocides ne sont jamais annoncés à l’avance, conclut-elle. Mais cette cour a devant elle 13 semaines de #preuves accumulées qui démontrent de manière irréfutable l’existence d’une #ligne_de_conduite, et d’#intentions qui s’y rapportent, justifiant une allégation plausible d’actes génocidaires. »

      Une « #déshumanisation_systématique » par les dirigeants israéliens

      Un autre avocat s’avance à la barre. Après avoir rappelé que « 1 % de la population palestinienne de Gaza a été systématiquement décimée, et qu’un Gazaoui sur 40 a été blessé depuis le 7 octobre », #Tembeka_Ngcukaitobi décortique les propos des autorités israéliennes.

      « Les dirigeants politiques, les commandants militaires et les représentants de l’État d’Israël ont systématiquement et explicitement exprimé cette intention génocidaire, accuse-t-il. Ces déclarations sont ensuite reprises par des soldats, sur place à Gaza, au moment où ils anéantissent la population palestinienne et l’infrastructure de Gaza. »

      « L’intention génocidaire spécifique d’Israël, résume-t-il, repose sur la conviction que l’ennemi n’est pas simplement le Hamas, mais qu’il est à rechercher au cœur même de la société palestinienne de Gaza. »

      L’avocat multiplie les exemples, encore plus détaillés dans les 84 pages de la requête sud-africaine, d’une « intention de détruire Gaza aux plus hauts rangs de l’État » : celle du premier ministre, #Benyamin_Nétanyahou, qui, à deux reprises, a fait une référence à #Amalek, ce peuple que, dans la Bible (I Samuel XV, 3), Dieu ordonne d’exterminer ; celle du ministre de la défense, qui a comparé les Palestiniens à des « #animaux_humains » ; le président israélien #Isaac_Herzog, qui a jugé « l’entièreté de la nation » palestinienne responsable ; celle du vice-président de la Knesset, qui a appelé à « l’anéantissement de la bande de Gaza » (des propos condamnés par #Nétanyahou) ; ou encore les propos de nombreux élus et députés de la Knesset appelant à la destruction de Gaza.

      Une « déshumanisation systématique », dans laquelle les « civils sont condamnés au même titre que le Hamas », selon Tembeka Ngcukaitobi.

      « L’intention génocidaire qui anime ces déclarations n’est nullement ambiguë pour les soldats israéliens sur le terrain : elle guide leurs actes et leurs objectifs », poursuit l’avocat, qui diffuse devant les juges des vidéos où des soldats font eux aussi référence à Amalek, « se filment en train de commettre des atrocités contre les civils à Gaza à la manière des snuff movies », ou écoutent un réserviste de 95 ans les exhorter à « tirer une balle » sur leur « voisin arabe » et les encourager à une « destruction totale ».

      L’avocat dénonce le « manquement délibéré de la part du gouvernement à son obligation de condamner, de prévenir et de réprimer une telle incitation au génocide ».

      Après une plaidoirie technique sur la capacité à agir de l’Afrique du Sud, #John_Dugard insiste : « Gaza est devenu un #camp_de_concentration où un génocide est en cours. »

      L’avocat sud-africain #Max_du_Plessis exhorte la cour à agir face à Israël, qui « depuis des années (...) s’estime au-delà et au-dessus de la loi », une négligence du droit rendue possible par l’#indifférence de la communauté internationale, qui a su, dans d’autres conflits (Gambie, Bosnie, Ukraine) décider qu’il était urgent d’agir.

      « Gaza est devenu inhabitable », poursuit l’avocate irlandaise #Blinne_Ni_Ghralaigh. Elle énumère d’autres chiffres : « Au rythme actuel », égrène-t-elle, « 247 Palestiniens tués en moyenne chaque jour », dont « 48 mères » et « plus de 117 enfants », et « 629 blessés ». Elle évoque ces enfants dont toute la famille a été décimée, les secouristes, les enseignants, les universitaires et les journalistes tués dans des proportions historiques.

      « Il s’agit, dit-elle, du premier génocide de l’Histoire dont les victimes diffusent leur propre destruction en temps réel, dans l’espoir vain que le monde fasse quelque chose. » L’avocate dévoile à l’écran les derniers mots du docteur #Mahmoud_Abu_Najela (Médecins sans frontières), tué le 23 novembre à l’hôpital Al-Awda, écrits au feutre sur un tableau blanc : « À ceux qui survivront. Nous avons fait ce que nous pouvons. Souvenez-vous de nous. »

      « Le monde, conclut Blinne Ni Ghralaigh, devrait avoir #honte. »

      La réponse d’Israël : une « calomnie »

      Vendredi 12 janvier, les représentants d’Israël se sont avancés à la barre. Leur argumentation a reposé sur deux éléments principaux : un, la Cour internationale de justice n’a pas à exiger de « mesures conservatoires » car son armée ne commet aucun génocide ; deux, si génocide il y a, il a été commis par le Hamas le 7 octobre 2023.

      Premier à prendre la parole, #Tal_Becker, conseiller juridique du ministère des affaires étrangères israélien, invoque l’Histoire, et le génocide infligé aux juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, « le meurtre systématique de 6 millions de juifs dans le cadre d’une destruction totale ».

      « Israël, dit-il, a été un des premiers États à ratifier la convention contre le génocide. » « Pour Israël, insiste-t-il, “#jamais_plus” n’est pas un slogan, c’est une #obligation_morale suprême. »

      Dans « une époque où on fait bon marché des mots, à l’heure des politiques identitaires et des réseaux sociaux », il dénonce une « #instrumentalisation » de la notion de génocide contre Israël.

      Il attaque une présentation sud-africaine « totalement dénaturée des faits et du droit », « délibérément manipulée et décontextualisée du conflit actuel », qualifiée de « calomnie ».

      Alors que les avocats sud-africains avaient expliqué ne pas intégrer les massacres du Hamas dans leur requête devant la justice onusienne, car « le Hamas n’est pas un État », Tal Becker estime que l’Afrique du Sud « a pris le parti d’effacer l’histoire juive et tout acte ou responsabilité palestiniens », et que les arguments avancés « ne se distinguent guère de ceux opposés par le Hamas dans son rejet d’Israël ». « L’Afrique du Sud entretient des rapports étroits avec le Hamas » et le « soutient », accuse-t-il.

      « C’est une guerre qu’Israël n’a pas commencée », dit-il en revenant longuement, images et enregistrements à l’appui, sur les atrocités commises par le Hamas et d’autres groupes palestiniens le 7 octobre, « le plus important massacre de juifs en un jour depuis la #Shoah ».

      « S’il y a eu des actes que l’on pourrait qualifier de génocidaires, [ils ont été commis] contre Israël », dit-il, évoquant le « #programme_d’annihilation » des juifs par le Hamas. « Israël ne veut pas détruire un peuple, poursuit-il. Mais protéger un peuple : le sien. »

      Becker salue les familles d’otages israéliens présentes dans la salle d’audience, et montre certains visages des 130 personnes kidnappées dont le pays est toujours sans nouvelle. « Y a-t-il une raison de penser que les personnes que vous voyez à l’écran ne méritent pas d’être protégées ? », interroge-t-il.

      Pour ce représentant de l’État israélien, la demande sud-africaine de mesures conservatoires revient à priver le pays de son droit à se défendre.

      « Israël, poursuit-il, se défend contre le Hamas, le Djihad palestinien et d’autres organisations terroristes dont la brutalité est sans limite. Les souffrances sont tragiques, sont déchirantes. Les conséquences sont parfaitement atroces pour les civils du fait du comportement du Hamas, qui cherche à maximiser les pertes de civils alors qu’Israël cherche à les minorer. »

      Becker s’attarde sur la « #stratégie_méprisable » du Hamas, une « méthode de guerre intégrée, planifiée, de grande ampleur et odieuse ». Le Hamas, accuse-t-il, « a, de manière systématique, fondu ses opérations militaires au sein de zones civiles densément peuplées », citant écoles, mosquées et hôpitaux, des « milliers de bâtiments piégés » et « utilisés à des fins militaires ».

      Le Hamas « a fait entrer une quantité innombrable d’armes, a détourné l’aide humanitaire ». Remettant en cause le chiffre « non vérifié » de 23 000 victimes (pourtant confirmé par les Nations unies), Tal Becker estime que de nombreuses victimes palestiniennes sont des « militants » qui ont pu prendre « une part directe aux hostilités ». « Israël respecte le droit », martèle-t-il. « Si le Hamas abandonne cette stratégie, libère les otages, hostilités et violences prendront fin. »

      Ponte britannique du droit, spécialiste des questions juridiques liées aux génocides, #Malcom_Shaw embraie, toujours en défense d’Israël. Son discours, technique, est parfois interrompu. Il se perd une première fois dans ses notes, puis soupçonne un membre de son équipe d’avoir « pris [sa] #plaidoirie pour un jeu de cartes ».

      Shaw insiste : « Un conflit armé coûte des vies. » Mais Israël, dit-il, « a le droit de se défendre dans le respect du #droit_humanitaire », citant à l’audience les propos de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le 19 octobre 2023. Il poursuit : « L’#usage_de_la_force ne peut constituer en soi un acte génocidaire. » « Israël, jure-t-il, ne cible que les cibles militaires, et ceci de manière proportionnée dans chacun des cas. »

      « Peu d’éléments démontrent qu’Israël a eu, ou a, l’intention de détruire tout ou partie du peuple palestinien », plaide-t-il. Shaw estime que nombre de propos tenus par des politiciens israéliens ne doivent pas être pris en compte, car ils sont « pris au hasard et sont sortis de leur contexte », parce qu’ils témoignent d’une « #détresse » face aux massacres du 7 octobre, et que ceux qui les ont prononcés n’appartiennent pas aux « autorités pertinentes » qui prennent les décisions militaires, à savoir le « comité ministériel chargé de la sécurité nationale » et le « cabinet de guerre ».

      Pour étayer son argumentation, Shaw cite des directives (non publiques) de Benyamin Nétanyahou destinées, selon lui, à « éviter un désastre humanitaire », à proposer des « solutions pour l’approvisionnement en eau », « promouvoir la construction d’hôpitaux de campagne au sud de la bande de Gaza » ; les déclarations publiques de Benyamin Nétanyahou à la veille de l’audience (« Israël n’a pas l’intention d’occuper de façon permanente la bande de Gaza ou de déplacer sa population civile ») ; d’autres citations du ministre de la défense qui assure ne pas s’attaquer au peuple palestinien dans son ensemble.

      « La requête de l’Afrique du Sud brosse un tableau affreux, mais incomplet et profondément biaisé », renchérit #Galit_Rajuan, conseillère au ministère de la justice israélien, qui revient longuement sur les #responsabilités du Hamas, sa stratégie militaire au cœur de la population palestinienne. « Dans chacun des hôpitaux que les forces armées israéliennes ont fouillés à Gaza, elles ont trouvé des preuves d’utilisation militaire par le Hamas », avance-t-elle, des allégations contestées.

      « Certes, des dommages et dégâts ont été causés par les hostilités dans les hôpitaux, parfois par les forces armées israéliennes, parfois par le Hamas, reconnaît-elle, mais il s’agit des conséquences de l’utilisation odieuse de ces hôpitaux par le Hamas. »

      Rajuan martèle enfin qu’Israël cherche à « atténuer les dommages causés aux civils » et à « faciliter l’aide humanitaire ». Des arguments connus, que de très nombreuses ONG, agences des Nations unies et journalistes gazaouis présents sur place réfutent régulièrement, et que les journalistes étrangers ne peuvent pas vérifier, faute d’accès à la bande de Gaza.

      https://www.mediapart.fr/journal/international/120124/israel-commet-il-un-genocide-gaza-le-compte-rendu-d-une-audience-historiqu

    • Gaza, l’accusa di genocidio a Israele e la credibilità del diritto internazionale

      Il Sudafrica ha chiesto l’intervento della Corte internazionale di giustizia dell’Aja per presunte violazioni di Israele della Convenzione sul genocidio del 1948. Triestino Mariniello, docente di Diritto penale internazionale alla John Moores University di Liverpool, presente alla storica udienza, aiuta a comprendere il merito e le prospettive

      “Quello che sta succedendo all’Aja ha un significato che va oltre gli eventi in corso nella Striscia di Gaza. Viviamo un momento storico in cui la Corte internazionale di giustizia (Icj) ha anche la responsabilità di confermare se il diritto internazionale esiste ancora e se vale alla stessa maniera per tutti i Paesi, del Nord e del Sud del mondo”. A parlare è Triestino Mariniello, docente di Diritto penale internazionale alla John Moores University di Liverpool, già nel team legale delle vittime di Gaza di fronte alla Corte penale internazionale (Icc), che ha sede sempre all’Aja.

      Non vanno confuse: l’aula di tribunale ripresa dalle tv di tutto il mondo l’11 e il 12 gennaio scorsi, infatti, con il team legale sudafricano schierato contro quello israeliano, è quella della Corte internazionale di giustizia, il massimo organo giudiziario delle Nazioni Unite, che si esprime sulle controversie tra Stati. L’Icc, invece, è indipendente e legifera sulle responsabilità penali individuali.

      Il 29 dicembre scorso il Sudafrica ha chiesto l’intervento della prima per presunte violazioni da parte di Israele della Convenzione sul genocidio del 1948, nei confronti dei palestinesi della Striscia di Gaza. Un’udienza storica a cui Mariniello era presente.

      Professore, qual era innanzi tutto l’atmosfera?
      TM A mia memoria mai uno strumento del diritto internazionale ha avuto tanto sostegno e popolarità. C’erano centinaia, probabilmente migliaia di persone all’esterno della Corte, emittenti di tutto il mondo e apparati di sicurezza, inclusi droni ed elicotteri. Sentire anche le tv più conservatrici, come quelle statunitensi, parlare di Palestina e genocidio faceva comprendere ancora di più l’importanza storica dell’evento.

      In estrema sintesi, quali sono gli elementi più importanti della tesi sudafricana?
      TM Il Sudafrica sostiene che Israele abbia commesso atti di genocidio contro la popolazione di Gaza, ciò significa una serie di azioni previste dall’articolo 2 della Convenzione sul genocidio, effettuate con l’intento di distruggere del tutto o in parte un gruppo protetto, in questo caso i palestinesi di Gaza. Questi atti, per il Sudafrica, sono omicidi di massa, gravi lesioni fisiche o mentali e l’imposizione di condizioni di vita volte a distruggere i palestinesi, come l’evacuazione forzata di circa due milioni di loro, la distruzione di quasi tutto il sistema sanitario della Striscia, l’assedio totale all’inizio della guerra e la privazione di beni essenziali per la sopravvivenza. Ciò che caratterizza un genocidio rispetto ad altri crimini internazionali è il cosiddetto “intento speciale”, la volontà cioè di voler distruggere del tutto o in parte un gruppo protetto. È l’elemento più difficile da provare, ma credo che il Sudafrica in questo sia riuscito in maniera solida e convincente. Sia in aula sia all’interno della memoria di 84 pagine presentata, vi sono, infatti, una serie di dichiarazioni dei leader politici e militari israeliani, che proverebbero tale intento. Come quella del premier Benjamin Netanyahu che, a inizio guerra, ha invocato la citazione biblica di Amalek, che sostanzialmente significa: “Uccidete tutti gli uomini, le donne, i bambini e gli animali”. O una dichiarazione del ministro della Difesa, Yoav Gallant, che ha detto che a Gaza sono tutti “animali umani”. Queste sono classiche dichiarazioni deumanizzanti e la deumanizzazione è un passaggio caratterizzante tutti i genocidi che abbiamo visto nella storia dell’umanità.

      Qual è stata invece la linea difensiva israeliana?
      TM Diciamo che l’impianto difensivo di Israele è basato su tre pilastri: il fatto che quello di cui lo si accusa è stato eseguito da Hamas il 7 ottobre; il concetto di autodifesa, cioè che quanto fatto a Gaza è avvenuto in risposta a tale attacco e, infine, che sono state adottate una serie di precauzioni per limitare l’impatto delle ostilità sulla popolazione civile. Israele, inoltre, ha sollevato il tema della giurisdizione della Corte, mettendola in discussione, in quanto non vi sarebbe una disputa in corso col Sudafrica. Su questo la Corte si dovrà pronunciare, ma a tal proposito è stato ricordato come Israele sia stato contattato dal Sudafrica in merito all’accusa di genocidio e non abbia risposto. Questo, per l’accusa, varrebbe come disputa in corso.

      Che cosa chiede il Sudafrica?
      TM In questo momento l’accusa non deve dimostrare che sia stato commesso un genocidio, ma che sia plausibile. Questa non è un’udienza nel merito, siamo in una fase d’urgenza, ma di richiesta di misure cautelari. Innanzitutto chiede il cessate fuoco, poi la rescissione di tutti gli ordini che possono costituire atti di genocidio. Si domanda alla Corte di imporre un ordine a Israele per preservare tutte le prove che potrebbero essere utili per indagini future e di porre fine a tutti gli atti di cui il Sudafrica lo ritiene responsabile.

      Come valuta le due memorie?
      TM La deposizione del Sudafrica è molto solida e convincente, sia in merito agli atti genocidi sia all’intento genocidiario. E credo che anche alla luce dei precedenti della Corte lasci veramente poco spazio di manovra. Uno dei punti di forza è che fornisce anche una serie di prove in merito a quello che è successo e che sta accadendo a Gaza: le dichiarazioni dei politici israeliani, cioè, hanno ricevuto un’implementazione sul campo. Sono stati mostrati dei video di militari, ad esempio, che invocavano Amalek, la citazione di Netanyahu.

      In realtà il Sudafrica non si limita allo scontro in atto, ma parla di una sorta Nakba (l’esodo forzato dei palestinesi) ininterrotto.
      TM Ogni giurista dovrebbe sempre analizzare qualsiasi ostilità all’interno di un contesto e per questo il Sudafrica fa riferimento a 75 anni di Nakba, a 56 di occupazione militare israeliana e a 16 anni di assedio della Striscia.

      Come valuta la difesa israeliana?
      TM Come detto, tutto viene ricondotto all’attacco di Hamas del 7 ottobre e a una risposta di autodifesa rispetto a tale attacco. Ma esiste sempre un contesto per il diritto penale internazionale e l’autodifesa -che per uno Stato occupante non può essere invocata- non può comunque giustificare un genocidio. L’altro elemento sottolineato dal team israeliano, delle misure messe in atto per ridurre l’impatto sui civili, è sembrato più retorico che altro: quanto avvenuto negli ultimi tre mesi smentisce tali dichiarazioni. Basti pensare alla privazione di beni essenziali e a tutte le informazioni raccolte dalle organizzazioni internazionali e dagli organismi delle Nazioni Unite. A Gaza non esistono zone sicure, ci sono stati casi in cui la popolazione evacuata, rifugiatasi nelle zone indicate da Israele, è stata comunque bombardata.

      Ora che cosa pensa succederà?
      TM La mia previsione è che la Corte si pronuncerà sulle misure cautelari entro la fine di gennaio e l’inizio di febbraio, quando alcuni giudici decadranno e saranno sostituiti. In alcuni casi ha impiegato anche solo otto giorni per pronunciarsi. Ora ci sono delle questioni procedurali, altri Stati stanno decidendo di costituirsi a sostegno di Israele o del Sudafrica.

      Che cosa implica tale sostegno?
      TM La possibilità di presentare delle memorie. La Germania sosterrà Israele, il Brasile, i Paesi della Lega Araba, molti Stati sudamericani, ma non solo, si stanno schierando con il Sudafrica.

      Il ministro degli Esteri italiano, Antonio Tajani, ha dichiarato che non si tratta di genocidio.
      TM L’Italia non appoggerà formalmente Israele dinnanzi all’Icj. La Francia sarà neutrale. I Paesi del Global South stanno costringendo quelli del Nord a verificare la credibilità del diritto internazionale: vale per tutti o è un diritto à la carte?

      Se la Corte decidesse per il cessate il fuoco, quali sarebbero le conseguenze, visto che non ha potere politico?
      TM Il parere della Corte è giuridicamente vincolante. Il problema è effettivamente di esecuzione: nel caso di un cessate il fuoco, se non fosse Israele ad attuarlo, dovrebbe intervenire il Consiglio di sicurezza.

      Con il rischio del veto statunitense.
      TM Siamo sul terreno delle speculazioni, ma se la Corte dovesse giungere alla conclusione che Israele è responsabile di un genocidio a Gaza, onestamente riterrei molto difficile un altro veto degli Stati Uniti. È difficile al momento prevedere gli effetti dirompenti di un’eventuale decisione positiva della Corte. Certo è che, quando si parla di Israele, la comunità internazionale, nel senso dei Paesi occidentali, ha creato uno stato di eccezione, che ha sempre posto Israele al di sopra del diritto internazionale, senza rendersi conto che le situazioni violente che viviamo in quel contesto sono il frutto di questo eccezionalismo anche a livello giuridico. Fino a quando si andrà avanti con questo contesto di impunità non finiranno le spirali di violenza.

      https://altreconomia.it/gaza-laccusa-di-genocidio-a-israele-e-la-credibilita-del-diritto-intern

    • La Cour internationale de justice ordonne à Israël d’empêcher un génocide à Gaza

      Selon la plus haute instance judiciaire internationale, « il existe un #risque réel et imminent qu’un préjudice irréparable soit causé » aux Palestiniens de Gaza. La Cour demande à Israël de « prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir la commission […] de tout acte » de génocide. Mais n’appelle pas au cessez-le-feu.

      Même si elle n’a aucune chance d’être appliquée sur le terrain, la #décision prise vendredi 26 janvier par la plus haute instance judiciaire des Nations unies marque incontestablement un tournant dans la guerre au Proche-Orient. Elle intervient après quatre mois de conflit déclenché par l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, qui a fait plus de 1 200 morts et des milliers de blessés, conduit à la prise en otage de 240 personnes, et entraîné l’offensive israélienne dans la bande de Gaza, dont le dernier bilan s’élève à plus de 25 000 morts.

      La Cour internationale de justice (CIJ), basée à La Haye (Pays-Bas), a expliqué, par la voix de sa présidente, la juge Joan Donoghue, « être pleinement consciente de l’ampleur de la #tragédie_humaine qui se joue dans la région et nourri[r] de fortes #inquiétudes quant aux victimes et aux #souffrances_humaines que l’on continue d’y déplorer ». Elle a ordonné à Israël de « prendre toutes les #mesures en son pouvoir pour prévenir la commission à l’encontre des Palestiniens de Gaza de tout acte » de génocide.

      « Israël doit veiller avec effet immédiat à ce que son armée ne commette aucun des actes » de génocide, affirme l’#ordonnance. Elle « considère également qu’Israël doit prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir et punir l’incitation directe et publique à commettre le génocide à l’encontre des membres du groupe des Palestiniens de la bande de Gaza ».

      La cour de La Haye, saisie à la suite d’une plainte de l’Afrique du Sud, demande « en outre » à l’État hébreu de « prendre sans délai des #mesures_effectives pour permettre la fourniture des services de base et de l’#aide_humanitaire requis de toute urgence afin de remédier aux difficiles conditions d’existence auxquelles sont soumis les Palestiniens de la bande de Gaza ».

      Enfin, l’ordonnance de la CIJ ordonne aux autorités israéliennes de « prendre des mesures effectives pour prévenir la destruction et assurer la conservation des #éléments_de_preuve relatifs aux allégations d’actes » de génocide.

      La juge #Joan_Donoghue, qui a donné lecture de la décision, a insisté sur son caractère provisoire, qui ne préjuge en rien de son futur jugement sur le fond des accusations d’actes de génocide. Celles-ci ne seront tranchées que dans plusieurs années, après instruction.

      La cour « ne peut, à ce stade, conclure de façon définitive sur les faits » et sa décision sur les #mesures_conservatoires « laisse intact le droit de chacune des parties de faire valoir à cet égard ses moyens » en vue des audiences sur le fond, a-t-elle poursuivi.

      Elle considère cependant que « les faits et circonstances » rapportés par les observateurs « suffisent pour conclure qu’au moins certains des droits » des Palestiniens sont mis en danger et qu’il existe « un risque réel et imminent qu’un préjudice irréparable soit causé ».

      Environ 70 % de #victimes_civiles

      La CIJ avait été saisie le 29 décembre 2023 par l’Afrique du Sud qui, dans sa requête, accuse notamment Israël d’avoir violé l’article 2 de la Convention de 1948 sur le génocide, laquelle interdit, outre le meurtre, « l’atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe » visé par le génocide, l’imposition de « conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle » ou encore les « mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ».

      Le recours décrit longuement une opération militaire israélienne qualifiée d’« exceptionnellement brutale », « tuant des Palestiniens à Gaza, incluant une large proportion de femmes et d’enfants – pour un décompte estimé à environ 70 % des plus de 21 110 morts [au moment de la rédaction du recours par l’Afrique du Sud – ndlr] –, certains d’entre eux apparaissant avoir été exécutés sommairement ».

      Il soulignait également les conséquences humanitaires du déplacement massif des populations et de la destruction massive de logements et d’équipements publics, dont des écoles et des hôpitaux.

      Lors des deux demi-journées d’audience, jeudi 11 et vendredi 12 janvier, le conseiller juridique du ministère des affaires étrangères israélien, Tal Becker, avait dénoncé une « instrumentalisation » de la notion de génocide et qualifié l’accusation sud-africaine de « calomnie ».

      « C’est une guerre qu’Israël n’a pas commencée », avait poursuivi le représentant israélien, affirmant que « s’il y a eu des actes que l’on pourrait qualifier de génocidaires, [ils ont été commis] contre Israël ». « Israël ne veut pas détruire un peuple mais protéger un peuple : le sien. »
      Gaza, « lieu de mort et de désespoir »

      La CIJ, de son côté, a fondé sa décision sur les différents rapports et constatations fournis par des organisations internationales. Elle cite notamment la lettre du 5 janvier 2024 du secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths, décrivant la bande de Gaza comme un « lieu de mort et de désespoir ».

      L’ordonnance rappelle qu’un communiqué de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) du 21 décembre 2023 s’alarmait du fait que « 93 % de la population de Gaza, chiffre sans précédent, est confrontée à une situation de crise alimentaire ».

      Le 12 janvier 2024, c’est l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) qui lançait un cri d’alerte. « Cela fait maintenant 100 jours que cette guerre dévastatrice a commencé, que la population de Gaza est décimée et déplacée, suite aux horribles attaques perpétrées par le Hamas et d’autres groupes contre la population en Israël », s’alarmait-il.

      L’ordonnance souligne, en miroir, les multiples déclarations de responsables israéliens assumant une répression sans pitié dans la bande de Gaza, si nécessaire au prix de vies civiles. Elle souligne que des rapporteurs spéciaux des Nations unies ont même pu s’indigner de « la rhétorique manifestement génocidaire et déshumanisante de hauts responsables du gouvernement israélien ».

      La CIJ pointe par exemple les propos du ministre de la défense Yoav Gallant du 9 octobre 2023 annonçant « un siège complet de la ville de Gaza », avant d’affirmer : « Nous combattons des animaux humains. »

      Le 12 octobre, c’est le président israélien Isaac Herzog qui affirmait : « Tous ces beaux discours sur les civils qui ne savaient rien et qui n’étaient pas impliqués, ça n’existe pas. Ils auraient pu se soulever, ils auraient pu lutter contre ce régime maléfique qui a pris le contrôle de Gaza. »

      Et, à la vue des intentions affichées par les autorités israéliennes, les opérations militaires dans la bande de Gaza ne sont pas près de s’arrêter. « La Cour considère que la situation humanitaire catastrophique dans la bande de Gaza risque fort de se détériorer encore avant qu’elle rende son arrêt définitif », affirme l’ordonnance.

      « À la lumière de ce qui précède, poursuivent les juges, la Cour considère qu’il y a urgence en ce sens qu’il existe un risque réel et imminent qu’un préjudice irréparable soit causé aux droits qu’elle a jugés plausibles avant qu’elle ne rende sa décision définitive. »

      Si la décision de la CIJ est juridiquement contraignante, la Cour n’a pas la capacité de la faire appliquer. Cependant, elle est incontestablement une défaite diplomatique pour Israël.

      Présente à La Haye, la ministre des relations internationales et de la coopération d’Afrique du Sud, Naledi Pandor, a pris la parole à la sortie de l’audience. Si elle a regretté que les juges n’aient pas appelé à un cessez-le-feu, elle s’est dite « satisfaite que les mesures provisoires » réclamées par son pays aient « fait l’objet d’une prise en compte » par la Cour, et qu’Israël doive fournir un rapport d’ici un mois. Pour l’Afrique du Sud, lancer cette plainte, a-t-elle expliqué, « était une façon de s’assurer que les organismes internationaux exercent leur responsabilité de nous protéger tous, en tant que citoyens du monde global ».

      Comme l’on pouvait s’y attendre, les autorités israéliennes ont vivement critiqué les ordonnances d’urgence réclamées par les juges de La Haye. Si le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, s’est réjoui de ce que ces derniers n’aient pas réclamé, comme le demandait l’Afrique du Sud, de cessez-le-feu – « Comme tout pays, Israël a le droit fondamental de se défendre. La CIJ de La Haye a rejeté à juste titre la demande scandaleuse visant à nous priver de ce droit », a-t-il dit –, il a eu des mots très durs envers l’instance : « La simple affirmation selon laquelle Israël commet un génocide contre les Palestiniens n’est pas seulement fausse, elle est scandaleuse, et la volonté de la Cour d’en discuter est une honte qui ne sera pas effacée pendant des générations. »

      Il a affirmé vouloir continuer « à défendre [ses] citoyens dans le respect du droit international ». « Nous poursuivrons cette guerre jusqu’à la victoire absolue, jusqu’à ce que tous les otages soient rendus et que Gaza ne soit plus une menace pour Israël », a ajouté Nétanyahou.

      Jeudi, à la veille de la décision de la CIJ, le New York Times avait révélé que les autorités israéliennes avaient fourni aux juges de La Haye une trentaine de documents déclassifiés, censés démonter l’accusation de génocide, parmi lesquels « des résumés de discussions ministérielles datant de la fin du mois d’octobre, au cours desquelles le premier ministre Benyamin Nétanyahou a ordonné l’envoi d’aide, de carburant et d’eau à Gaza ».

      Cependant, souligne le quotidien états-unien, les documents « ne comprennent pas les ordres des dix premiers jours de la guerre, lorsqu’Israël a bloqué l’aide à Gaza et coupé l’accès à l’électricité et à l’eau qu’il fournit normalement au territoire ».

      Nul doute que cette décision de la plus haute instance judiciaire des Nations unies va renforcer les appels en faveur d’un cessez-le-feu. Après plus de quatre mois de combats et un bilan lourd parmi la population civile gazaouie, Nétanyahou n’a pas atteint son objectif d’éradiquer le mouvement islamiste. Selon les Israéliens eux-mêmes, près de 70 % des forces militaires du Hamas sont intactes. De plus, les familles d’otages toujours aux mains du Hamas ou d’autres groupes islamistes de l’enclave maintiennent leurs pressions.

      Le ministre palestinien des affaires étrangères Riyad al-Maliki s’est réjoui d’une décision de la CIJ « en faveur de l’humanité et du droit international », ajoutant que la communauté international avait désormais « l’obligation juridique claire de mettre fin à la guerre génocidaire d’Israël contre le peuple palestinien de Gaza et de s’assurer qu’elle n’en est pas complice ». Le ministre de la justice sud-africain Ronald Lamola, cité par l’agence Reuters, a salué, lui, « une victoire pour le droit international ». « Israël ne peut être exempté du respect de ses obligations internationales », a-t-il ajouté.

      De son côté, la Commission européenne a appelé Israël et le Hamas à se conformer à la décision de la CIJ. L’Union européenne « attend leur mise en œuvre intégrale, immédiate et effective », a-t-elle souligné dans un communiqué.

      La France avait fait entendre pourtant il y a quelques jours une voix discordante. Le ministre des affaires étrangères Stéphane Séjourné avait déclaré, à l’Assemblée nationale, qu’« accuser l’État juif de génocide, c’est franchir un seuil moral ». Dans un communiqué publié après la décision de la CIJ, le ministère a annoncé son intention de déposer des observations sur l’interprétation de la Convention de 1948, comme le lui permet la procédure. « [La France] indiquera notamment l’importance qu’elle attache à ce que la Cour tienne compte de la gravité exceptionnelle du crime de génocide, qui nécessite l’établissement d’une intention. Comme le ministre de l’Europe et des affaires étrangères a eu l’occasion de le noter, les mots doivent conserver leur sens », indique le texte.

      Les États-Unis ont estimé que la décision était conforme à la position états-unienne, exprimée à plusieurs reprises par Joe Biden à son allié israélien, de réduire les souffrances des civils de Gaza et d’accroître l’aide humanitaire. Cependant, a expliqué un porte-parole du département d’État, les États-Unis continuent « de penser que les allégations de génocide sont infondées » et notent « que la Cour n’a pas fait de constat de génocide, ni appelé à un cessez-le-feu dans sa décision, et qu’elle a appelé à la libération inconditionnelle et immédiate de tous les otages détenus par le Hamas ».

      C’est dans ce contexte que se déroulent des discussions pour obtenir une trêve prolongée, la deuxième après celle de novembre, qui avait duré une semaine et permis la libération de plusieurs dizaines d’otages.

      Selon les médias états-uniens, Israël a proposé une trêve de 60 jours et la libération progressive des otages encore retenu·es. Selon ce projet, a affirmé CNN, les dirigeants du Hamas pourraient quitter l’enclave. Selon la chaîne d’informations américaine, « des responsables américains et internationaux au fait des négociations ont déclaré que l’engagement récent d’Israël et du Hamas dans des pourparlers était encourageant, mais qu’un accord n’était pas imminent ».

      Le Washington Post a révélé jeudi que le président américain Joe Biden allait envoyer dans les prochains jours en Europe le directeur de la CIA, William Burns, pour tenter d’obtenir un accord. Il devrait rencontrer les chefs des services de renseignement israélien et égyptien, David Barnea et Abbas Kamel, et le premier ministre qatari Mohammed ben Abdulrahman al-Thani. Vendredi soir, l’Agence France-Presse (AFP) a affirmé qu’ils se retrouveraient « dans les tout prochains jours à Paris », citant « une source sécuritaire d’un État impliqué dans les négociations ».

      https://www.mediapart.fr/journal/international/260124/la-cour-internationale-de-justice-ordonne-israel-d-empecher-un-genocide-ga

  • Le #lobbying sans #frontières de #Thales
    (publié en 2021, ici pour archivage)

    Pour vendre ses systèmes de surveillance aux confins de l’Union européenne, l’entreprise use de son influence. Indirectement, discrètement, efficacement.

    Ce 23 mai 2017, au sixième étage de l’immense tour vitrée qui héberge les locaux de #Frontex à Varsovie, en Pologne, les rendez-vous sont réglés comme du papier à musique. L’agence européenne de gardes-frontières et de gardes-côtes reçoit des industriels pour des discussions consacrées à l’utilisation de la biométrie aux confins de l’Union. Leonardo, Safran, Indra… Frontex déroule le tapis rouge aux big boss de la sécurité et de la défense. Juste après la pause-déjeuner, c’est au tour de #Gemalto, qui sera racheté deux ans plus tard par Thales (lire l’épisode 5, « Thales s’immisce dans ta face »), de déballer pendant quarante-cinq minutes ses propositions. Un document PowerPoint de 14 pages sert de support visuel. L’entreprise franco-néerlandaise y développe diverses utilisations de la reconnaissance faciale aux frontières : en collectant un selfie grâce à son téléphone avant de voyager, en plein vol dans un avion ou dans un véhicule qui roule. Oubliant de s’interroger sur la légalité et le cadre juridique de cette technologie, la présentation conclut : « La reconnaissance faciale en mouvement n’a pas été testée dans les essais de “frontières intelligentes” mais devrait. » Une manière à peine voilée de dire que Frontex devrait coupler des logiciels de reconnaissance faciale aux caméras de surveillance qui lorgnent les frontières extérieures de l’Europe, afin de mieux identifier et surveiller ceux qui tentent de pénétrer dans l’UE.

    Ce document est l’un des 138 dévoilés le 5 février dernier par les « Frontex Files », enquête diligentée par la chaîne de télévision publique allemande ZDF, en collaboration avec l’ONG européenne Corporate Europe Observatory. Ce travail lève le voile sur des réunions menées par Frontex avec 125 lobbyistes, reçus entre 2018 et 2019… ainsi que sur leur opacité, puisque 72 % d’entre elles se sont tenues très discrètement, en dehors des règles de transparence édictées par l’Union européenne.

    Depuis 2016, Frontex joue un rôle dans la lutte contre la criminalité transfrontalière. Son budget atteint 544 millions en 2021

    Fondée en 2004 pour aider les pays européens à sécuriser leurs frontières, Frontex est devenue une usine à gaz de la traque des réfugiés. Depuis 2016 et un élargissement de ses fonctions, elle joue désormais un rôle dans la lutte contre la criminalité transfrontalière. Alors qu’il plafonnait à 6 millions d’euros en 2005, son budget atteint 544 millions en 2021. Pour le prochain cycle budgétaire de l’UE (2021-2027), la Commission européenne a attribué une enveloppe de 12,7 milliards d’euros à la gestion des frontières et de 9,8 milliards à la migration.

    Thales et Gemalto trônent dans le top 10 des entreprises ayant eu le plus d’entretiens avec l’agence européenne : respectivement trois et quatre réunions. Mais les deux sociétés devraient être comptées comme un tout : en rachetant la seconde, la première a logiquement profité des efforts de lobbying que celle-ci avait déployés auparavant. Pour le géant français, l’enjeu des frontières est majeur, ainsi que nous le racontions précédemment (lire l’épisode 6, « Thales police les frontières »). #Murs, #clôtures, #barbelés, #radars, #drones, systèmes de reconnaissance d’#empreintes_digitales biométriques… Chaque année, les marchés attribués se comptent en millions d’euros. L’ONG Transnational Institute parle de « business de l’édification de murs », du nom d’un de ses rapports, publié en novembre 2019. Celui-ci met la lumière sur les trois entreprises qui dévorent la plus grosse part du gâteau : l’espagnole #Leonardo (ex-#Finmeccanica), #Airbus et bien sûr Thales. Un profit fruit de plus de quinze années de lobbying agressif.

    Thales avance à couvert et s’appuie sur l’#European_Organisation_for_Security, un think tank qui regroupe ses principaux alliés et concurrents

    Flash-back en 2003. Le traumatisme des attentats du 11-Septembre est encore vif. L’Union européenne aborde l’épineuse question de la sécurisation de ses frontières. Elle constitue un « groupe de personnalités », dont la mission est de définir les axes d’un futur programme de recherche européen sur la question. Au milieu des commissaires, chercheurs et représentants des institutions s’immiscent les intérêts privés de sociétés spécialisées dans la défense : Thales, Leonardo, mais aussi l’allemande #Siemens et la suédoise #Ericsson. Un an plus tard, le rapport suggère à l’UE de calquer son budget de recherche sur la sécurité sur celui des États-Unis, soit environ quatre dollars par habitant et par an, raconte la juriste Claire Rodier dans son ouvrage Xénophobie business : à quoi servent les contrôles migratoires ? (La Découverte, 2012). En euros, la somme s’élève à 1,3 milliard par an. La machine est lancée. Les lobbyistes sont dans la place ; ils ne la quitteront pas.

    Au sein du registre de transparence de l’Union européenne, Thales publie les détails de ses actions d’influence : un lobbyiste accrédité au Parlement, entre 300 000 et 400 000 euros de dépenses en 2019 et des réunions avec des commissaires et des membres de cabinets qui concernent avant tout les transports et l’aérospatial. Rien ou presque sur la sécurité. Logique. Thales, comme souvent, avance à couvert (lire l’épisode 1, « Nice, le “little brother” de Thales ») et s’appuie pour faire valoir ses positions sur l’#European_Organisation_for_Security (EOS), un think tank qui regroupe ses principaux alliés et concurrents : #Airbus, Leonardo ou les Français d’#Idemia. Bref, un lobby. L’implication de Thales dans #EOS est tout à fait naturelle : l’entreprise en est la créatrice. Un homme a longtemps été le visage de cette filiation, #Luigi_Rebuffi. Diplômé en ingénierie nucléaire à l’université polytechnique de Milan, cet Italien au crâne dégarni et aux lunettes rectangulaires doit beaucoup au géant français. Spécialisé dans la recherche et le développement au niveau européen, il devient en 2003 directeur des affaires européennes de Thales. Quatre ans plus tard, l’homme fonde EOS. Détaché par Thales, il en assure la présidence pendant dix ans avant de rejoindre son conseil d’administration de 2017 à 2019.

    Depuis, il a fondé et est devenu le secrétaire général de l’#European_Cyber_Security_Organisation (#Ecso), représentant d’influence enregistré à Bruxelles, dont fait partie #Thales_SIX_GTS France, la filiale sécurité et #systèmes_d’information du groupe. À la tête d’Ecso, on trouve #Philippe_Vannier, également président de la division #big_data et sécurité du géant français de la sécurité #Atos… dont l’ancien PDG #Thierry_Breton est depuis 2019 commissaire européen au Marché intérieur. Un jeu de chaises musicales où des cadres du privé débattent désormais des décisions publiques.

    Entre 2012 et 2016, Luigi Rebuffi préside l’European Organisation for Security… et conseille la Commission pour ses programmes de recherche en sécurité

    Luigi Rebuffi sait se placer et se montrer utile. Entre 2012 et 2016, il occupe, en parallèle de ses fonctions à l’EOS, celle de conseiller pour les programmes de recherche en sécurité de la Commission européenne, le #Security_Advisory_Group et le #Protection_and_Security_Advisory_Group. « C’est une position privilégiée, analyse Mark Akkerman, chercheur et coauteur du rapport “Le business de l’édification de murs” de l’ONG Transnational Institute. Rebuffi faisait partie de l’organe consultatif le plus influent sur les décisions de financement par l’UE de programmes de recherche et d’innovation dans le domaine de la sécurité. »

    Ce n’est donc pas un hasard si, comme le note le site European Research Ranking, qui compile les données publiées par la Commission européenne, Thales est l’un des principaux bénéficiaires des fonds européens sur la #recherche avec 637 projets menés depuis 2007. La sécurité figure en bonne place des thématiques favorites de la société du PDG #Patrice_Caine, qui marche main dans la main avec ses compères de la défense Leonardo et Airbus, avec lesquels elle a respectivement mené 48 et 109 projets.

    Entre 2008 et 2012, l’Union européenne a, par exemple, attribué une subvention de 2,6 millions d’euros à un consortium mené par Thales, dans le cadre du projet #Aspis. Son objectif ? Identifier des systèmes de #surveillance_autonome dans les #transports_publics. Des recherches menées en collaboration avec la #RATP, qui a dévoilé à Thales les recettes de ses systèmes de sécurité et les coulisses de sa première ligne entièrement automatisée, la ligne 14 du métro parisien. Un projet dont l’un des axes a été le développement de la #vidéosurveillance.

    Thales coordonne le projet #Gambas qui vise à renforcer la #sécurité_maritime et à mieux repérer les bateaux de réfugiés tentant de rejoindre l’Europe

    À la même période, Thales s’est impliqué dans le projet #Oparus, financé à hauteur de 1,19 million d’euros par la Commission européenne. À ses côtés pour penser une stratégie européenne de la surveillance terrestre et maritime par #drones, #EADS (ancien nom d’#Airbus) ou #Dassault_Aviation. Depuis le 1er janvier dernier, l’industriel français coordonne aussi le projet Gambas (1,6 million de financement), qui vise à renforcer la sécurité maritime en améliorant le système de surveillance par #radar #Galileo, développé dans le cadre d’un précédent #projet_de_recherche européen pour mieux repérer les bateaux de réfugiés tentant de rejoindre l’Europe. Une #technologie installée depuis 2018 aux frontières européennes.

    Des subventions sont rattachées aux derniers programmes de recherche et d’innovation de l’Union européenne : #PR7 (2007-13) et #Horizon_2020 (2014-20). Leur petit frère, qui court jusqu’en 2027, s’intitule, lui, #Horizon_Europe. L’une de ses ambitions : « La sécurité civile pour la société ». Alors que ce programme s’amorce, Thales place ses pions. Le 23 novembre 2020, l’entreprise s’est entretenue avec #Jean-Éric_Paquet, directeur général pour la recherche et l’innovation de la Commission européenne. Sur quels thèmes ? Ont été évoqués les programmes Horizon 2020 et Horizon Europe, et notamment « dans quelles mesures [les] actions [de la Commission] pourraient susciter l’intérêt de Thales, en vue d’un soutien renforcé aux PME mais aussi aux écosystèmes d’innovation au sein desquels les groupes industriels ont un rôle à jouer », nous a répondu par mail Jean-Éric Paquet.

    L’European Organisation for Security s’intéresse aussi directement aux frontières européennes. Un groupe de travail, coprésidé par #Peter_Smallridge, chef des ventes de la division « #borders_and_travel » de Thales et ancien de Gemalto, poursuit notamment l’ambition « d’encourager le financement et le développement de la recherche qui aboutira à une industrie européenne de la sécurité plus forte ». Entre 2014 et 2019, EOS a organisé 226 réunions pour le compte d’Airbus, Leonardo et Thales, dépensant 2,65 millions d’euros pour la seule année 2017. Le chercheur Mark Akkerman est formel : « Toutes les actions de lobbying sur les frontières passent par l’EOS et l’#AeroSpace_and_Defence_Industries_Association_of_Europe (#ASD) », l’autre hydre de l’influence européenne.

    L’AeroSpace and Defence Industries Association of Europe a particulièrement souligné la nécessité de renforcer les liens entre les politiques de sécurité européennes et l’industrie de la sécurité.
    Sonya Gospodinova, porte-parole de la Commission chargée de l’industrie de la défense

    Dans ses derniers comptes publiés, datés de 2018, EOS déclare des dépenses de lobbying en nette baisse : entre 100 000 et 200 000 euros, un peu moins que les 200 000 à 300 000 euros de l’ASD. La liste des interlocuteurs de ces structures en dit beaucoup. Le 12 février 2020, des représentants d’EOS rencontrent à Bruxelles #Despina_Spanou, cheffe de cabinet du Grec #Margarítis_Schinás, vice-président de la Commission européenne chargé des Migrations. Le 11 juin, c’est au tour de l’ASD d’échanger en visioconférence avec Despina Spanou, puis début juillet avec un autre membre du cabinet, #Vangelis_Demiris. Le monde de l’influence européenne est petit puisque le 30 juin, c’est Ecso, le nouveau bébé de Luigi Rebuffi, d’organiser une visioconférence sur la sécurité européenne avec le trio au grand complet : Margarítis Schinás, Despina Spanou et Vangelis Demiris. Pour la seule année 2020, c’est la troisième réunion menée par Ecso avec la cheffe de cabinet.

    Également commissaire chargé de la Promotion du mode de vie européen, Margarítis Schinás a notamment coordonné le rapport sur la « stratégie de l’UE sur l’union de la sécurité ». Publié le 24 juillet 2020, il fixe les priorités sécuritaires de la Commission pour la période 2020-2025. Pour lutter contre le terrorisme et le crime organisé, le texte indique que « des mesures sont en cours pour renforcer la législation sur la sécurité aux frontières et une meilleure utilisation des bases de données existantes ». Des points qui étaient au cœur de la discussion entre l’ASD et son cabinet, comme l’a confirmé aux Jours Sonya Gospodinova, porte-parole de la Commission chargée de l’industrie de la défense. « Lors de cette réunion, l’ASD a particulièrement souligné la nécessité de renforcer les liens entre les politiques de sécurité européennes et l’industrie de la sécurité », confie-t-elle. Difficile d’avoir le son de cloche des lobbyistes. Loquaces quand il s’agit d’échanger avec les commissaires et les députés européens, Luigi Rebuffi, ASD, EOS et Thales n’ont pas souhaité répondre à nos questions. Pas plus que l’une des autres cibles principales des lobbyistes de la sécurité, Thierry Breton. Contrairement aux Jours, l’AeroSpace and Defence Industries Association of Europe a décroché deux entretiens avec l’ancien ministre de l’Économie de Jacques Chirac en octobre dernier, pour aborder des sujets aussi vastes que le marché international de l’#aérospatiale, la #défense ou la #sécurité. À Bruxelles, Thales et ses relais d’influence sont comme à la maison.

    https://lesjours.fr/obsessions/thales-surveillance/ep7-lobbying-europe

    #complexe_militaro_industriel #surveillance_des_frontières #migrations #réfugiés #contrôles_frontaliers #lobby

    • Thales police les frontières

      De Calais à Algésiras, l’entreprise met ses technologies au service de la politique antimigratoire de l’Europe, contre de juteux contrats.

      Cette journée d’octobre, Calais ne fait pas mentir les préjugés. Le ciel est gris, le vent âpre. La pluie mitraille les vitres de la voiture de Stéphanie. La militante de Calais Research, une ONG qui travaille sur la frontière franco-anglaise, nous promène en périphérie de la ville. Un virage. Elle désigne du doigt un terrain poisseux, marécage artificiel construit afin de décourager les exilés qui veulent rejoindre la Grande-Bretagne. À proximité, des rangées de barbelés brisent l’horizon. Un frisson claustrophobe nous saisit, perdus dans ce labyrinthe de clôtures.

      La pilote de navire marchand connaît bien la région. Son collectif, qui réunit chercheurs et citoyens, effectue un travail d’archiviste. Ses membres collectent minutieusement les informations sur les dispositifs technologiques déployés à la frontière calaisienne et les entreprises qui les produisent. En 2016, ils publiaient les noms d’une quarantaine d’entreprises qui tirent profit de l’afflux de réfugiés dans la ville. Vinci, choisi en septembre 2016 pour construire un mur de 4 mètres de haut interdisant l’accès à l’autoroute depuis la jungle, y figure en bonne place. Tout comme Thales, qui apparaît dans la liste au chapitre « Technologies de frontières ».

      Thales vend son dispositif comme un outil pour protéger les employés, mais on voit bien que c’est pour empêcher les réfugiés de passer.
      Stéphanie, militante de l’ONG Calais Research

      Stéphanie stoppe sa voiture le long du trottoir, à quelques mètres de l’entrée du port de Calais. Portes tournantes et lecteurs de badges, qui permettent l’accès aux employés, ont été conçus par Thales. Le géant français a aussi déployé des dizaines de caméras le long de la clôture de 8 000 mètres qui encercle le port. « Thales vend son dispositif comme un outil pour protéger les employés, glisse Stéphanie, mais on voit bien que c’est pour empêcher les réfugiés de passer. » Le projet Calais Port 2015 – année initialement fixée pour la livraison –, une extension à 863 millions d’euros, « devrait être achevé le 5 mai 2021 », d’après Jean-Marc Puissesseau, PDG des ports de Calais-Boulogne-sur-Mer, qui n’a même pas pu nous confirmer que Thales en assure bien la sécurité, mais chiffre à 13 millions d’euros les investissements de sécurité liés au Brexit. Difficile d’en savoir plus sur ce port 2.0 : ni Thales ni la ville de Calais n’ont souhaité nous répondre.

      Les technologies sécuritaires de Thales ne se cantonnent pas au port. Depuis la mise en place du Brexit, la société Eurotunnel, qui gère le tunnel sous la Manche, a mis à disposition de la police aux frontières les sas « Parafe » (« passage automatisé rapide aux frontières extérieures ») utilisant la reconnaissance faciale du même nom, conçus par Thales. Là encore, ni Eurotunnel ni la préfecture du Pas-de-Calais n’ont souhaité commenter. L’entreprise française fournit aussi l’armée britannique qui, le 2 septembre 2020, utilisait pour la première fois le drone Watchkeeper produit par Thales. « Nous restons pleinement déterminés à soutenir le ministère de l’Intérieur britannique alors qu’il s’attaque au nombre croissant de petits bateaux traversant la Manche », se félicite alors l’armée britannique dans un communiqué. Pour concevoir ce drone, initialement déployé en Afghanistan, Thales a mis de côté son vernis éthique. Le champion français s’est associé à Elbit, entreprise israélienne connue pour son aéronef de guerre Hermes. En 2018, The Intercept révélait que ce modèle avait été utilisé pour bombarder Gaza, tuant quatre enfants. Si le patron de Thales, Patrice Caine, appelait en 2019 à interdire les robots tueurs, il n’éprouve aucun état d’âme à collaborer avec une entreprise qui en construit.

      Du Rafale à la grande mosquée de la Mecque, Thales s’immisce partout mais reste invisible. L’entreprise cultive la même discrétion aux frontières européennes

      À Calais comme ailleurs, un détail frappe quand on enquête sur Thales. L’entreprise entretient une présence fantôme. Elle s’immisce partout, mais ses six lettres restent invisibles. Elles ne figurent ni sur la carlingue du Rafale dont elle fournit l’électronique, ni sur les caméras de vidéosurveillance qui lorgnent sur la grande mosquée de la Mecque ni les produits informatiques qui assurent la cybersécurité du ministère des Armées. Très loquace sur l’efficacité de sa « Safe City » mexicaine (lire l’épisode 3, « Thales se prend un coup de chaud sous le soleil de Mexico ») ou les bienfaits potentiels de la reconnaissance faciale (lire l’épisode 5, « Thales s’immisce dans ta face »), Thales cultive la même discrétion sur son implication aux frontières européennes. Sur son site francophone, une page internet laconique mentionne l’utilisation par l’armée française de 210 mini-drones Spy Ranger et l’acquisition par la Guardia civil espagnole de caméras Gecko, œil numérique à vision thermique capable d’identifier un bateau à plus de 25 kilomètres. Circulez, il n’y a rien à voir !

      La branche espagnole du groupe est plus bavarde. Un communiqué publié par la filiale ibérique nous apprend que ces caméras seront installées sur des 4x4 de la Guardia civil « pour renforcer la surveillance des côtes et des frontières ». Une simple recherche sur le registre des appels d’offres espagnols nous a permis de retracer le lieu de déploiement de ces dispositifs. La Guardia civil de Melilla, enclave espagnole au Maroc, s’est vue attribuer une caméra thermique, tout comme celle d’Algésiras, ville côtière située à quelques kilomètres de Gibraltar, qui a reçu en complément un logiciel pour contrôler les images depuis son centre de commandement. Dans un autre appel d’offres daté de novembre 2015, la Guardia civil d’Algésiras obtient un des deux lots de caméras thermiques mobiles intégrées directement à un 4x4. Le second revient à la police des Baléares. Montant total de ces marchés : 1,5 million d’euros. Des gadgets estampillés Thales destinés au « Servicio fiscal » de la Guardia civil, une unité dont l’un des rôles principaux est d’assurer la sécurité aux frontières.

      Thales n’a pas attendu 2015 pour vendre ses produits de surveillance en Espagne. D’autres marchés publics de 2014 font mention de l’acquisition par la Guardia civil de Ceuta et Melilla de trois caméras thermiques portables, ainsi que de deux systèmes de surveillance avec caméras thermiques et de quatre caméras thermiques à Cadix et aux Baléares. La gendarmerie espagnole a également obtenu plusieurs caméras thalesiennes « Sophie ». Initialement à usage militaire, ces jumelles thermiques à vision nocturne, dont la portée atteint jusqu’à 5 kilomètres, ont délaissé les champs de bataille et servent désormais à traquer les exilés qui tentent de rejoindre l’Europe. Dans une enquête publiée en juillet dernier, Por Causa, média spécialisé dans les migrations, a analysé plus de 1 600 contrats liant l’État espagnol à des entreprises pour le contrôle des frontières, dont onze attribués à Thales, pour la somme de 3,8 millions d’euros.

      Algésiras héberge le port le plus important du sud de l’Espagne, c’est depuis des années l’une des portes d’entrées des migrants en Europe.
      Salva Carnicero, journaliste à « Por Causa »

      Le choix des villes n’est bien sûr pas anodin. « Algésiras héberge le port le plus important du sud de l’Espagne, c’est depuis des années l’une des portes d’entrées des migrants en Europe », analyse Salva Carnicero, qui travaille pour Por Causa. Dès 2003, la ville andalouse était équipée d’un dispositif de surveillance européen unique lancé par le gouvernement espagnol pour contrôler sa frontière sud, le Système intégré de surveillance extérieure (SIVE). Caméras thermiques, infrarouges, radars : les côtes ont été mises sous surveillance pour identifier la moindre embarcation à plusieurs dizaines de kilomètres. La gestion de ce système a été attribuée à l’entreprise espagnole Amper, qui continue à en assurer la maintenance et a remporté plusieurs appels d’offres en 2017 pour le déployer à Murcie, Alicante et Valence. Une entreprise que Thales connaît bien, puisqu’elle a acquis en 2014 l’une des branches d’Amper, spécialisée dans la création de systèmes de communication sécurisés pour le secteur de la défense.

      Ceuta et Melilla, villes autonomes espagnoles ayant une frontière directe avec le Maroc, sont considérées comme deux des frontières européennes les plus actives. En plus des caméras thermiques, Thales Espagne y a débuté en septembre 2019, en partenariat avec l’entreprise de sécurité suédoise Gunnebo, l’un des projets de reconnaissance faciale les plus ambitieux au monde. Le logiciel thalesien Live Face Identification System (LFIS) est en effet couplé à 35 caméras disposées aux postes-frontières avec l’Espagne. L’objectif : « Surveiller les personnes entrant et sortant des postes-frontières », et permettre « la mise en place de listes noires lors du contrôle aux frontières », dévoile Gunnebo, qui prédit 40 000 lectures de visages par jour à Ceuta et 85 000 à Melilla. Une technologie de plus qui complète l’immense clôture qui tranche la frontière. « Les deux vont de pair, le concept même de barrière frontalière implique la présence d’un checkpoint pour contrôler les passages », analyse le géographe Stéphane Rosière, spécialisé dans la géopolitique et les frontières.

      Chercheur pour Stop Wapenhandel, association néerlandaise qui milite contre le commerce des armes, Mark Akkerman travaille depuis des années sur la militarisation des frontières. Ses rapports « Border Wars » font figure de référence et mettent en exergue le profit que tirent les industriels de la défense, dont Thales, de la crise migratoire. Un des documents explique qu’à l’été 2015, le gouvernement néerlandais a accordé une licence d’exportation de 34 millions d’euros à Thales Nederland pour des radars et des systèmes C3. Leur destination ? L’Égypte, un pays qui viole régulièrement les droits de l’homme. Pour justifier la licence d’exportation accordée à Thales, le gouvernement néerlandais a évoqué « le rôle que la marine égyptienne joue dans l’arrêt de l’immigration “illégale” vers Europe ».

      De l’Australie aux pays du Golfe, l’ambition de Thales dépasse les frontières européennes

      L’ambition de Thales dépasse l’Europe. L’entreprise veut surveiller aux quatre coins du monde. Les drones Fulmar aident depuis 2016 la Malaisie à faire de la surveillance maritime et les caméras Gecko – encore elles –, lorgnent sur les eaux qui baignent la Jamaïque depuis 2019. En Australie, Thales a travaillé pendant plusieurs années avec l’entreprise publique Ocius, aidée par l’université New South Wales de Sydney, sur le développement de Bluebottle, un bateau autonome équipé d’un radar dont le but est de surveiller l’espace maritime. Au mois d’octobre, le ministère de l’industrie et de la défense australien a octroyé à Thales Australia une subvention de 3,8 millions de dollars pour développer son capteur sous-marin Blue Sentry.

      Une tactique rodée pour Thales qui, depuis une quinzaine d’années, profite des financements européens pour ses projets aux frontières. « L’un des marchés-clés pour ces acteurs sont les pays du Golfe, très riches, qui dépensent énormément dans la sécurité et qui ont parfois des problèmes d’instabilité. L’Arabie saoudite a barriérisé sa frontière avec l’Irak en pleine guerre civile », illustre Stéphane Rosière. En 2009, le royaume saoudien a confié la surveillance électronique de ses 8 000 kilomètres de frontières à EADS, aujourd’hui Airbus. Un marché estimé entre 1,6 milliard et 2,5 milliards d’euros, l’un des plus importants de l’histoire de la sécurité des frontières, dont l’attribution à EADS a été vécue comme un camouflet par Thales.

      Car l’entreprise dirigée par Patrice Caine entretient une influence historique dans le Golfe. Présent aux Émirats Arabes unis depuis 45 ans, l’industriel y emploie 550 personnes, principalement à Abu Dhabi et à Dubaï, où l’entreprise française est chargée de la sécurité d’un des plus grands aéroports du monde. Elle y a notamment installé 2 000 caméras de vidéosurveillance et 1 200 portillons de contrôle d’accès.

      Au Qatar, où elle comptait, en 2017, 310 employés, Thales équipe l’armée depuis plus de trois décennies. Depuis 2014, elle surveille le port de Doha et donc la frontière maritime, utilisant pour cela des systèmes détectant les intrusions et un imposant dispositif de vidéosurveillance. Impossible de quitter le Qatar par la voie des airs sans avoir à faire à Thales : l’entreprise sécurise aussi l’aéroport international d’Hamad avec, entre autres, un dispositif tentaculaire de 13 000 caméras, trois fois plus que pour l’intégralité de la ville de Nice, l’un de ses terrains de jeu favoris (lire l’épisode 1, « Nice, le “little brother” de Thales »).

      La prochaine grande échéance est la Coupe du monde de football de 2022, qui doit se tenir au Qatar et s’annonce comme l’une des plus sécurisées de l’histoire. Thales participe dans ce cadre à la construction et à la sécurisation du premier métro qatari, à Doha : 241 kilomètres, dont 123 souterrains, et 106 stations. Et combien de milliers de caméras de vidéosurveillance ?

      https://lesjours.fr/obsessions/thales-surveillance/ep6-frontieres-europe

  • More than 1,000 unmarked graves discovered along EU migration routes

    Bodies also piling up in morgues across continent as countries accused of failing to meet human rights obligations.

    Refugees and migrants are being buried in unmarked graves across the European Union at a scale that is unprecedented outside of war.

    The Guardian can reveal that at least 1,015 men, women and children who died at the borders of Europe in the past decade were buried before they were identified.

    They lie in stark, often blank graves along the borders – rough white stones overgrown with weeds in Sidiro cemetery in Greece; crude wooden crosses on Lampedusa in Italy; in northern France faceless slabs marked simply “Monsieur X”; in Poland and Croatia plaques reading “NN” for name unknown.

    On the Spanish island of Gran Canaria, one grave states: “Migrant boat number 4. 25/09/2022.”

    The European parliament passed a resolution in 2021 that called for people who die on migration routes to be identified and recognised the need for a coordinated database to collect details of the bodies.

    But across European countries the issue remains a legislative void, with no centralised data, nor any uniform process for dealing with the bodies.

    Working with forensic scientists from the International Committee of the Red Cross (ICRC) and other researchers, NGOs and pathologists, the Guardian and a consortium of reporters pieced together for the first time the number of migrants and refugees who died in the past decade along the EU’s borders whose names remain unknown. At least 2,162 bodies have still not been identified.

    Some of these bodies are piling up in morgues, funeral parlours and even shipping containers across the continent. Visiting 24 cemeteries and working with researchers, the team found more than 1,000 nameless graves.

    These, however, are the tip of the iceberg. More than 29,000 people died on European migration routes in this period, the majority of whom remain missing.

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    What is the border graves project?
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    About the investigation

    The Guardian teamed up with Süddeutsche Zeitung and eight reporters from the Border Graves Investigation who received funding from Investigative Journalism for Europe and Journalismfund Europe.

    We worked with researchers at the International Committee of the Red Cross who shared exclusively their most up-to-date findings on migrant and refugee deaths registered in Spain, Malta, Greece and Italy between 2014 and 2021.

    Other partners included Marijana Hameršak of the European Irregularized Migration Regime at the Periphery of the EU (ERIM) project in Croatia, Grupa Granica and Podlaskie Humanitarian Emergency Service (POPH) in Poland and Sienos Grupė in Lithuania. The journalist Maël Galisson provided data for France.

    Reporters and researchers also checked death registers, interviewed prosecutors and spoke to local authorities and morgue directors, as well as visiting two dozen cemeteries to track the number of unidentified migrants and refugees who have died trying to cross into the EU in the past decade and find their graves.

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    The problem is “utterly neglected”, according to Europe’s commissioner for human rights, Dunja Mijatović, who has said EU countries are failing in their obligations under international human rights law.

    “The tools are there. We have the agencies and the forensic experts, but they need to be engaged [by governments],” she said. The rise of the hard right and a lack of political will were likely to further impede the development of a proper system to address “the tragedy of missing migrants”, she added.

    Instead, pockets of work happen at a local level. Pathologists, for example, collect DNA samples and the few personal items found on the bodies. The clues to lives lost are meagre: loose change in foreign currency, prayer beads, a Manchester United souvenir badge.

    The lack of coordination leaves bewildered families struggling to navigate localised, often foreign bureaucracy in the search for lost relatives.

    Supporting them falls to aid organisations such as the ICRC, which has recorded 16,500 requests since 2013 for information to its programme for restoring family links from people looking for relatives who went missing en route to Europe. The largest number of requests have come from Afghans, Iraqis, Somalians, Guineans and people from the Democratic Republic of the Congo, Eritrea and Syria. Only 285 successful matches have been achieved.

    And now even some of this support is about to disappear. As governments cut their aid budgets, the ICRC has been forced to refocus its reduced resources. National Red Cross agencies will continue the family links programme but much of the ICRC’s work training police and local authorities is being cut.
    A race against time

    The mini set of scissors and comb worn on a chain were unique to 24-year-old Oussama Tayeb, a small talisman that reflected his job as a barber. For his cousin Abdallah, they were the hope that he had been found.

    Tayeb set sail last year from the north-west of Algeria just before 8pm on Christmas Day. Onboard with him were 22 neighbours who had clubbed together to pay for the boat they had hoped would take them to Spain.

    His family has been searching for him since. Abdallah, who lives in France, fears it is a race against time.

    Spanish police introduced a database in 2007 in which data and genetic samples from unidentified remains are meant to be logged. In practice, the system breaks down when it comes to families searching for missing relatives, who have no clear information about how to access it.

    The family had provided a DNA sample soon after Tayeb’s disappearance. With no news by February, they travelled to southern Spain for a second time to search for him. At the morgue in Almería, a forensic doctor reacted to Tayeb’s photo, saying he looked familiar. She recalled a necklace, but said the man she was thinking of was believed to have died in a jet ski accident.

    “It was a really intense moment because we knew that Oussama was wearing a jet ski lifejacket,” Abdallah said.

    Even with the knowledge that Tayeb’s body may have been found, his cousin was unable to see the corpse lying in the morgue without a police officer. Abdallah remembered the shocking callousness with which he was greeted at one of the many police stations he tried. “One policeman told us that if ‘they don’t want to disappear, they shouldn’t have taken a boat to Spain’.”

    Looming over Abdallah’s continuing search is a practical pressure mentioned by the Spanish pathologist: bodies in the morgue are usually kept for a year and then buried, whether identified or not. “We only want an answer. If we see the chain, this would be like a death certificate. It’s so heartbreaking. It’s like we’re leaving Oussama in the fridge and we can’t do anything about it,” he said.
    ‘Here lies a brother who lost his life’

    The local authorities that receive the most bodies are often on small islands and are increasingly saying they cannot cope.

    They warn that an already inadequate system is going backwards. Spain’s Canary Islands have reported a record 35,410 men, women and children reaching the archipelago by boat this year. In recent months, most of these vessels have sought to land on the tiny, remote island of El Hierro. In the past six weeks alone, seven unidentified people were buried on the island.

    The burial vaults of 15 unidentified people who were found dead on a rickety wooden vessel in 2020, in the town of Agüimes on Gran Canaria, bear identical plaques that read simply: “Here lies a brother who lost his life trying to reach our shores.”

    In the Muslim section of Lanzarote’s Teguise cemetery, the graves of children are marked with circles of stones. They include the grave of a baby believed to have been stillborn on a deadly crossing from Morocco in 2020. Alhassane Bangoura’s body was separated from his mother during the rescue and was buried in an unmarked grave. His name is only recorded informally, engraved on a bowl by locals moved by his plight.

    It is the same story in the other countries at the edge of the EU; unmarked graves dotted along their frontiers standing testament to the crisis. Along the land borders, in Croatia, Poland, Lithuania, the numbers of unmarked graves are fewer but still they are there, blank stones or sometimes an NN marked on plaques.

    In France, the anonymous inscription “X” stands out in cemeteries in Calais. The numbers seem low compared with those found along the southern coastal borders: 35 out of 242 migrants and refugees who died on the Franco-British border since 2014 remain unidentified. The high proportion of the dead identified reflects the fact that people spend time waiting before attempting the Channel crossing so there are often contacts still in France able to name those who die.
    Fragments of hope

    Leaked footage of Polish border guards laughing at a young man hanging upside down, trapped by his foot, stuck in the razor wire on the top of the 180km (110-mile) steel border fence separating Belarus from Poland caused a brief social media storm.

    But the moment he is caught in the searchlights, his frightened face briefly frozen, has haunted 50-year-old Kafya Rachid for the past year. She is sure the man is her missing child, Mohammed Sabah, who was 22 when she last saw him alive.

    Sabah had flown from his home in Iraqi Kurdistan in the autumn of 2021 to Belarus, for which he had a visa. He was successfully taken across the EU border by smugglers but was detained about 50km (30 miles) into Poland and deported back to Belarus.

    Waiting to cross again, his messages suddenly stopped. The family had been coming to terms with the fact he was probably dead. Then the video surfaced. With little else to go on, fragments such as this give families hope.

    Sabah’s parents, as so often happens, were unable to get visas to travel to the EU. Instead, Rekaut Rachid, an uncle of Sabah who has lived in London since 1999, has made three trips to Poland to try to find him.

    Rachid believes the Polish authorities lied to him when they told him the man in the video was Egyptian, and this keeps him searching. “They are hiding something. Five per cent of me thinks maybe he died. But 95% of me thinks he is in prison somewhere in Poland,” he said, adding: “My sister calls every day to ask if I think he is still alive. I don’t know how to answer.”
    Shipping container morgues

    In a corner of the hospital car park in the Greek city of Alexandroupolis, two battered refrigerated shipping containers stand next to some rubbish bins. Inside are the bodies of 40 people.

    The border from Turkey into Greece over the Evros River nearby is only a 10- to 20-minute crossing, but people cross at night when their small rubber boats can easily hit a tree and capsize. Corpses decompose quickly in the riverbed mud, so that facial characteristics, clothing and any documents that might help identify them are rapidly destroyed.

    Twenty of the corpses in the containers are the charred remains of migrants who died in wildfires that consumed this part of Greece during the summer’s heatwave. Identification has proved exceptionally difficult, with only four of the dead named to date.

    Prof Pavlos Pavlidis, the forensic pathologist for the area, works to determine the cause of death, to collect DNA samples and to catalogue any personal effects that might help relatives identify their loved ones at a later date.

    The temporary container morgues in Alexandroupolis are on loan from the ICRC. The humanitarian agency has loaned another container to the island of Lesbos, another migration hotspot, for the same purpose.

    Lampedusa does not have that luxury. “There are no morgues and no refrigerated units,” said Salvatore Vella, the Sicilian head prosecutor who leads investigations into shipwrecks off its coast. “Once placed in body bags, the bodies of migrants are transferred to Sicily. Burial is managed by individual towns. It has happened that migrants have sometimes been buried in sort of mass graves within cemeteries.”

    The scale of the problem was becoming so acute, said Filippo Furri, an anthropologist and an associate researcher at Mecmi, a group that examines deaths during migration, that “there have been cases of coffins abandoned in cemetery warehouses due to lack of space, or bodies that remain in hospital morgues”.
    ‘It’s not only a technical difficulty but also a political one’

    “If you count the relatives of those who are missing, hundreds of thousands of people are impacted. They don’t know where their loved ones are. Were they well treated, were they respected when they were buried? That’s what preys on families’ minds,” said Laurel Clegg, the ICRC forensic coordinator for migration in Europe. “We have an obligation to provide the dead with a dignified burial; and [to address] the other side, providing answers to families through identification of the dead.”

    She said keeping track of the dead relied on lots of parts working well together: a legal framework that protected the unidentified dead, consistent postmortems, morgues, registries, dignified transport and cemeteries.

    The systems are inadequate, however, despite the EU parliament resolution. There are still no common rules about what information should be collected, nor a centralised place to store this information. The political focus is on catching the smugglers rather than finding out who their victims are.

    A spokesperson for the European Commission said the rights and dignity of refugees and migrants had to be addressed alongside tackling people smuggling. They said each member state was responsible individually for how it dealt with those who died on its borders, but that the commission was working to improve coordination and protocols and “regrets the loss of every human life” .

    In Italy, significant efforts have been made to identify the dead from a couple of well-reported, large-scale disasters. Cristina Cattaneo, the head of the laboratory of forensic anthropology and odontology (Labanof) at the University of Milan, has spent years working to identify the dead from a shipwreck in 2015 in which more than 1,000 people lost their lives.

    Raising the wreck to retrieve the bodies has cost €9.5m (£8.1m) already. Organising the 30,000 mixed bones into identifiable remains of 528 bodies has been a herculean task. Only six victims have so far been issued official death certificates.

    As political positions on irregular migration have hardened, experts are finding official enthusiasm for their complex work has diminished. “It’s not only a technical difficulty but also a political one,” Cattaneo said.

    In Sicily, Vella has been investigating a fishing boat that sank in October 2019. It was carrying 49 people, mostly from Tunisia. Just a few miles off shore, a group onboard filmed themselves celebrating their imminent arrival in Europe before the boat ran out of fuel and capsized. The Italian coastguard rescued 22 people but 27 others lost their lives.

    Coastguard divers, using robots, captured images of bodies floating near the vessel, but were unable to recover all of them. The footage circulated around the world. A group of Tunisian women who had been searching for their sons contacted the Italian authorities and were given permits to travel to meet the prosecutor, who showed them more footage.

    One mother, Zakia Hamidi, recognised her 18-year-old son, Fheker. It was a searing experience for both her and Vella: “At that moment, I realised the difference between a mother, torn apart by grief, but who at least will return home with her child’s body, and those mothers who will not have a body to mourn. It is something heartbreaking.”
    The torture of not knowing

    The grief that people feel when they have no certainty about the fate of their missing relatives has a very particular intensity.

    Dr Pauline Boss, professor emeritus of psychology at the University of Minnesota in the US, was the first to describe this “ambiguous loss”. “You are stuck, immobilised, you feel guilty if you begin again because that would mean accepting the person is dead. Grieving is frozen, your decision-making is frozen, you can’t work out the facts, can’t answer the questions,” she said.

    Not knowing often has severe practical consequences too. Spouses may not be able to exercise their parental rights, inherit assets or claim welfare support or pensions without a death certificate. Orphans cannot be adopted by extended family without one either.

    Sometimes relatives are left in the dark for years. A decade on from a shipwreck disaster in 2013, bereaved families continue to gather in Lampedusa every year, still searching for answers. Among them this year was a Syrian woman, Sabah al-Joury, whose son Abdulqader was on the boat. She said that not knowing where he ended up was like having “an open wound”.

    Sabah’s family said the torture of not being able to find out what happened to him was “like dying everyday”. Abdallah thinks he must make another trip from Paris to southern Spain before the end of the year. “What is difficult is not to have the body, not to be able to bury him,” he said.

    Rituals around death were indicative of a deep human need, said Boss. “The most important thing is for the name to be marked somewhere, so the family can visit, and the missing can be remembered. A name means you were on this Earth, not forgotten.”

    https://www.theguardian.com/world/ng-interactive/2023/dec/08/revealed-more-than-1000-unmarked-graves-discovered-along-eu-migration-r

    #migrations #asile #réfugiés #frontières #mourir_aux_frontières #tombes #fosses_communes #Europe #morts_aux_frontières #enterrement #cimetières #morgues #chiffres

    • The Border Graves Investigation

      More than 1,000 migrants who died trying to enter Europe lie buried in nameless graves. EU migration policy has failed the dead and the living.

      A cross-border team of eight journalists has confirmed the existence of 1,015 unmarked graves of migrants buried in 65 cemeteries over the past decade across Spain, Italy, Greece, Malta, Poland, Lithuania, France, and Croatia. The reporters visited more than half of them.

      Unidentified migrants lay to rest in cemeteries in olive groves, on hilltops, in dense forests, and along remote highways. Each unmarked grave represents a person who lost their life en route to Europe, and a fate that will remain forever unknown to their loved ones.

      This months-long investigation underlines that Europe’s migration policies have failed more than a thousand people who have died in transit and the families who survive them.

      In 2021, the European Parliament passed a resolution recognsing the need for a “coordinated European approach” for “prompt and effective identification processes” for bodies found on EU borders. Yet in 2022, the Council of Europe called this area a “legislative void”.

      These failures mean that the responsibility of memorialising unidentified victims often ends up falling to individual municipalities, cemetery keepers and local good Samaritans, with many victims buried without any attempt at identification.

      https://twitter.com/Techjournalisto/status/1733100115781386448

      In the absence of official data from European and national governments, the Border Graves Investigation collaborated with The Guardian and Suddeutsche Zeitung to count 2,162 unidentified deaths of migrants across eight countries in Europe between 2014 and 2023.

      The cross-border team conducted over 60 interviews in six languages. They spoke with families of the missing and deceased, whose loved ones left for Europe from Syria, Afghanistan, Eritrea, Ethiopia, Iraqi Kurdistan, Algeria and Sri Lanka.

      They revealed the institutional and bureaucratic hurdles of searching for bodies and burying the remains of those that are found. One mother compared her unresolved grief to an “open wound,” and an uncle said it was like “dying every day”.

      To understand the complex legal, medical and political landscape of death in each country, the journalists spoke with coroners, grave keepers, forensic doctors, international and local humanitarian groups, government officials, a European MEP and the Council of Europe Human Rights Commissioner.

      The in-depth investigation reveals that the European Union is violating migrants’ last rights. The stories below show how.
      The team

      The Border Graves Investigation team consists of Barbara Matejčić, Daphne Tolis, Danai Maragoudaki, Eoghan Gilmartin, Gabriela Ramirez, Gabriele Cruciata, Leah Pattem, and is coordinated by Tina Xu. The project was supported by the IJ4EU fund and JournalismFund Europe.

      Gabriele Cruciata is a Rome-based award-winning journalist specialising in podcasts and investigative and narrative journalism. He also works as a fixer, producer, journalism consultant, and trainer.

      Gabriele Cruciata IG @gab_cruciata

      Leah Pattem is a Spain-based journalist and photographer specialising in politics, migration and community stories. Leah is also the founder and editor of the popular local media platform Madrid No Frills.

      X @leahpattem
      IG @madridnofrills

      Eoghan Gilmartin is a Spain-based freelance journalist specialising in news, politics and migration. His work has appeared in Jacobin Magazine, The Guardian, Tribune and Open Democracy.

      X @EoghanGilmartin
      Muck Rack: Eoghan Gilmartin

      Gabriela Ramirez is an award-winning multimedia journalist specialising in migration, human rights, ocean conservation, and climate issues, always through a gender-focused lens. Currently serving as the Multimedia & Engagement Editor at Unbias The News.

      X @higabyramirez
      Linkedin Gabriela Ramirez
      Instagram @higabyramirez

      Barbara Matejčić is a Croatian award-winning freelance journalist, non-fiction writer and audio producer focused on social affairs and human rights

      Website: http://barbaramatejcic.com
      FB: https://www.facebook.com/barbara.matejcic.1
      Instagram: @barbaramatejcic

      Danai Maragoudaki is a Greek journalist based in Athens. She works for independent media outlet Solomon and is a member of their investigative team. Her reporting focuses on transparency, finance, and digital threats.

      FB: https://www.facebook.com/danai.maragoudaki
      X: @d_maragoudaki
      IG: @danai_maragoudaki

      Daphne Tolis is an award-winning documentary producer/filmmaker and multimedia journalist based in Athens. She has produced and hosted timely documentaries for VICE Greece and has directed TV documentaries for the EBU and documentaries for the MSF and IFRC. Since 2014 she has been working as a freelance producer and journalist in Greece for the BBC, Newsnight, VICE News Tonight, ABC News, PBS Newshour, SRF, NPR, Channel 4, The New York Times Magazine, ARTE, DW, ZDF, SVT, VPRO and others. She has reported live for DW News, BBC News, CBC News, ABC Australia, and has been a guest contributor on various BBC radio programs, Times Radio, Morning Ireland, RTE, NPR’s ‘Morning Edition’, and others.

      X: https://twitter.com/daphnetoli
      Instagram: https://www.instagram.com/daphne_tolis/?hl=en
      Linkedin: www.linkedin.com/in/daphne-tolis

      Tina Xu is a multimedia journalist and filmmaker working at the intersection of migration, mental health, socially engaged arts, and civil society. Her stories often interrogate the three-way street between people, policy, and power. She received the Excellence in Environmental Reporting Award from Society of Publishers in Asia in 2021, was a laureate of the European Press Prize Innovation Award in 2021 and 2022, and shortlisted for the One World Media Refugee Reporting Award in 2022.

      X: @tinayingxu
      IG: @tinayingxu

      https://www.investigativejournalismforeu.net/projects/border-graves

    • 1000 Lives, 0 Names: The Border Graves Investigation. How the EU is failing migrants’ last rights

      What happens to those who die in their attempts to reach the European Union? How are their lives marked, how can their families honor them? How do governments recognize their existence and their basic rights as human beings?

      Our cross-border team confirmed 1,015 unmarked graves of migrants in 65 cemeteries buried over the last 10 years across Spain, Italy, Greece, Malta, Poland, Lithuania, France, and Croatia. We visited over half of them.

      Each unmarked grave represents a person who lost their life en route to Europe, and a fate that remains painfully unknown to their loved ones.

      In 2021, the European Parliament passed a resolution recognizing the need for a “coordinated European approach” for “prompt and effective identification processes” for bodies found on EU borders. Yet last year, the Council of Europe called this area a “legislative void.”

      In the absence of official data from European and national governments, the Border Graves Investigation counted 2,162 unidentified deaths of migrants across eight countries in Europe from 2014-2023.

      Our cross-border team conducted over 60 interviews in six languages. We spoke with families of the missing and deceased, whose loved ones left for Europe from Syria, Afghanistan, Eritrea, Ethiopia, Iraqi Kurdistan, Algeria, and Sri Lanka. They spoke about the institutional and bureaucratic hurdles of searching for, and if found, burying a body.

      One mother compared the unresolved grief to an “open wound,” and an uncle said it was like “dying every day.”
      Here is how Europe violates the “last rights” of migrants.

      https://unbiasthenews.org/border-graves-investigation

    • Widowed by Europe’s borders

      “No water, I think I’ll die, I love you.” This is the last text Sanooja received from her husband, who disappeared after a pushback into the dense forest that stretches between Belarus, Lithuania, and Poland. For families searching for missing loved ones, the EU inflicts a second death of identity and acknowledgment.

      Samrin and Sanooja were high school classmates. Both born in 1990, they grew up together in Kalpitiya, a town of 80,000 on the tip of a small peninsula in Sri Lanka. When Samrin first asked Sanooja out in the ninth grade, she said no. But years later, when her roommates snuck through her diary, they asked about the boy in all her stories.

      When they turned 20, Sanooja was studying to be a teacher, while Samrin left town for work. After six years of video calls and heart emoji-laden selfies, Samrin returned home in 2017 and they got married, her in a white headscarf and indigo-sleeved dress, him in a matching indigo suit. Their son Haashim was born a year later. They called each other “thangam,” or gold.

      She hoped the birth of their son meant that Samrin would stay close by from now on. They took their son to the beach, to the zoo. Then the 2019 economic crisis hit, the worst since the country’s independence in 1948. There were daily blackouts, a shortage of fuel, and runaway inflation. In 2022, protests rocked the country, and the government claimed bankruptcy.

      Samrin was a difficult person to fall in love with, says Sanooja, because he was so ambitious. Sanooja smiles bitterly over a video call from her home in Kalpitiya. The sun filters through the mango tree in the yard, where the two often sat together and made plans for their future.

      But part of loving him, she explains, meant supporting him even in his hardest decisions. One of these decisions was to take a plane to Moscow, then to travel to Europe and send money home. “He went to keep us happy, to make us good.”

      Their last day together, Sanooja surprised him with a cake: Sky blue icing, an airplane made of fondant, ascending from an earth made of chocolate sprinkles. In big letters: “Love you and will miss you. Have a safe journey, Thangam.” In their last photos together, Haashim sits laughing on Samrin’s lap as he cuts the cake. That night, Samrin squeezed his son and wept. The next day he put on a pair of blue Converse All-Stars, packed a black backpack, and set out. It was June 26, 2022. He had just turned 32 years old.

      Things did not go according to plan. He boarded a bus from St. Petersburg to Helsinki, but the fake Schengen visa they paid so much for was rejected at the Finnish border. Sanooja told him he could always come home. But in order to finance the journey, they had sold a plot of Samrin’s land and Sanooja’s jewelry, and borrowed money from friends. Samrin decided there was no turning back. He pivoted to plan B: He could go to Belarus, where he didn’t need a visa, and cross the border to Lithuania, in the Schengen zone.

      When Samrin checked into the Old Town Trio Hotel in Vilnius on August 16, 2022, the first thing he did was call home: He had survived the forest. Sanooja was relieved to hear his voice. He told her about the eight days crossing the forest between Belarus and Lithuania, the mud up to his knees. Days without food, drinking dirty water. He told her especially about the pains in his stomach as he walked in the forest, due to his recent surgery to remove kidney stones. Sometimes he would urinate blood.

      But he was in the European Union. He bought a plane ticket for a departure to Paris in four days, the city where he hoped to make his new life. What happened next is unclear. This is what Sanooja knows:

      On the third day, Samrin walked into the hotel lobby, and the manager called security. Plainclothes officers shuttled him into a car and whisked him 50 kilometers back once more to the Belarusian border. In less than 72 hours, Samrin found himself trapped again in the forest he had fought to escape.

      It was already dark when Samrin was left alone in the woods. He had no backpack, sleeping bag, or food. His phone was running out of battery. The next morning, Samrin came online briefly to send Sanooja a final message on WhatsApp: “No water, I think I’ll die. Trangam, I love you.”

      That was the beginning of a deafening silence that stretched four and a half months. When she gets to this part of the story, Sanooja, ever talkative and articulate, apologizes that she simply cannot describe it. Her eyes glaze and flit upward.

      The Council of Europe Human Rights Commissioner Dunja Mijatović asserts that families have a “right to truth” surrounding the fates of their loved ones who disappear en route to Europe. In 2021, the European Parliament passed a resolution calling for “prompt and effective identification processes” to connect the bodies of those who perished to those searching for them. Two years on, Mijatović tells us not much has been done, and the issue is a “legislative void.”

      As part of the Border Graves Investigation, conducted with a cross-border team of eight freelance journalists across Europe in collaboration with Unbias the News, The Guardian and Sueddeutche Zeitung, we followed the stories of those who have disappeared in the forest that covers the borders in Eastern Europe, between Belarus and the EU (Lithuania, Poland, Latvia).

      We spoke with their families, as well as over a dozen humanitarian workers, lawyers, and policymakers from organizations in Poland, Lithuania, and Belarus, to piece together the question of what happens after something goes fatally wrong on Europe’s eastern border—and who is responsible.
      Who counts the dead?

      The forest along the Belarussian border is a dense landscape of underbrush, moss and swamps, and encompasses one of the largest ancient forest areas left in Europe.

      Spanning hundreds of square kilometers across the borders with Lithuania and Poland, the forest became an unexpected hotspot when Belarus began issuing visas and opening direct flights to Minsk in the summer of 2021. This power play between Belarussian President Lukashenko and his EU neighbors has been called a “political game” in which migrants are the pawns.

      Since 2021, thousands of people, mostly from the Middle East and Africa, have sought to enter the EU from Belarus via its borders in Poland and Lithuania. Hundreds of people have been caught in a one-kilometer no man’s land between Belarusian territory and the EU border fence, chased back and forth by border guards on both sides under threat of violence. Belarusian guards reportedly threatened to release dogs, and photographs emerged of bite wounds.

      Since 2021, Poland and Lithuania have ramped up on “pushbacks,” in which border guards deport people immediately without the opportunity to ask for asylum, a process that is growing in popularity across Europe despite violating international law. Poland reports having conducted 78,010 pushbacks since the start of the crisis, and Lithuania 21,857. Samrin was apparently one of these cases.

      While these two countries publish precise daily statistics for pushbacks, they do not publish data for deaths at the border, nor people reported missing.

      “National states want to do this job secretly,” explains Tomas Tomilinas, a member of the Lithuanian Parliament. “We are on the margins of the law and constitution here, any government pushing people back is trying to avoid publicity on this topic.”

      Official data is an intentional void. Both the Polish and Lithuanian Border Guards declined to share any numbers with us. However, there are organizations striving to keep count: Humanitarian groups in Poland, including Grupa Granica (“Border Group” in Polish) and Podlaskie Humanitarian Emergency Service (POPH), have documented 52 deaths on the Poland-Belarus border since 2021, and are tracking 16 unidentified bodies.

      In Lithuania, the humanitarian group Sienos Grupė (“Border Group” in Lithuanian) has documented 10 deaths, including three minors who died while in detention centers, and three others who died in car accidents when chased by local authorities after crossing the border region. In Belarus, the NGO Human Constanta reports that 33 have died according to government data shared with them, but it was not recorded whether these bodies have been identified, and whether or where they are buried.

      On the borders between Poland, Lithuania and Belarus, humanitarian groups have compiled a list of more than 300 people reported missing. The organizations emphasize that their numbers are incomplete, as they have neither the access nor the capacity to monitor the full extent of the problem.

      Where to turn?

      It was already past midnight in Sri Lanka when Samrin stopped responding to messages. From 8,000 km away, Sanooja tried to call for help. She found his last known coordinates on Find My iPhone, a blue dot in Trokenikskiy, Grodno region, just across the Belarus side of the border, and tried to report him missing.

      The Lithuanian and Belarussian border guards picked up the phone. She begged them to find him, even if it meant arresting or deporting him. They responded that he had to call himself. It was baffling: How can a missing person call to report themselves?

      She called the migrant detention camps, where people are often detained without access to a phone for months. Maybe he was locked up somewhere. As soon as she said “hello,” they responded, “no English,” and hung up. She emailed them instead, no response. She emailed UNHCR and the Red Cross Society. Both institutions said they had no information about the case. She emailed the police, who responded a week later that they had no information.

      Sanooja had run into the rude reality that there is no authority responsible for nor prepared to respond to such inquiries. Even organizations dedicated to working with migrants, such as the migrant detention camp staff, would or could not respond to basic queries in English.

      International humanitarian organizations, too, are almost absent in the region. Compared to the Mediterranean countries of Spain, Italy, and Greece, which have had a decade to organize to respond to mass deaths on their border, the presence of formal aid in Eastern Europe is much smaller.

      Weeks passed, and in the terrible silence, every possibility behind her husband’s disappearance invaded Sanooja’s mind. Four-year-old Haashim began to cry out for his father every night, who used to wake him up with kisses. When they lost contact, Haashim often wet the bed and refused to go to school. “He must have had some intuition about his father,” said Sanooja.

      Then Sanooja began to wonder if he could be in another country in the region: Latvia? Poland? She broadened her search to all four countries. There was no Sri Lankan Embassy in Lithuania, Poland, Belarus, or Latvia, so she emailed the closest one in Sweden. Then, she went on Facebook. That’s how she found the account of Sienos Grupė, and sent them a message.

      Like many local humanitarian groups across the region, Sienos Grupė is a small team of four part-time staff and around 30 volunteers. The group banded together in 2021 to respond to calls for help through WhatsApp and Facebook and drop off vital supplies in the forest, such as food, water, power banks, and dry clothes.
      “There is a body, please go”

      Local volunteer groups were doing their best to aid the living, but it wasn’t long before they were being contacted to find the missing or the dead.

      On the Polish border, everyone has heard of Piotr Czaban. A local journalist and activist, his contact is shared among migrants attempting to cross the border. He is known as the man who can help find the bodies of people left behind in the woods, a reputation he has lived up to many times. The demands of the work have led him to leave his full-time job.

      He sits on the edge of a weathered log in a forest near Sokolka, a city near the Poland-Belarus border region where he lives. Navigating the thick undergrowth with ease in jeans and trekking boots, he recounts the first search he coordinated back in February 2022. He received a message on Facebook from a Syrian man in Belarus: “There is a body in the forest, here is the place, please go.”

      Piotr was taken off guard. He asked his friends in the police what to do, and they told him the best way was to go himself, take photos, and then call the police. However, the border guards had closed the border region to all non-residents, including journalists and humanitarian workers, so he couldn’t pass the police checkpoints for the area where the body lay.

      So Piotr made another call. This time to Rafal Kowalczyk, the 53-year-old director of the Mammal Research Institute, who has worked in the Bialowieza Forest for three decades. (“In my previous TV job, I interviewed him about bison, and thought he was a good man,” said Piotr by way of introduction).

      Rafal was up for the task. As a wildlife expert, he had access to the restricted forest area, and now he ventured into the woods not to track bison, but to follow the clues sent by a despairing Syrian man.

      In the swamp, Rafal found 26-year-old Ahmed Al-Shawafi from Yemen, barefoot and half-submerged in the water, one shoe in the mud nearby.

      It was difficult for Rafal to point his camera at the face of a dead man, but he did, and this image still haunts him. Piotr forwarded the photos Rafal had taken to the police, with a straightforward message: “We know there’s a body there. Now you have to go.”

      But what if Ahmed could have been found earlier, even alive?

      “The police have no competence”

      Until there is a photo of a dead body, police and border guards have often declined to search for missing or dead migrants.

      Ahmed’s traveling companions, including the man who contacted Piotr, had personally begged Polish border guards for emergency medical aid for Ahmed. They had left Ahmed by the river in the throes of hypothermia to ask for help. Instead of calling paramedics, or searching for Ahmed at all, the border guards pushed the group back to Belarus, leaving Ahmed to die alone in the forest.

      In our investigation, we heard of at least three other deaths that are eerily similar to Ahmed’s: Ethiopian woman Mahlet Kassa, 28; Syrian man Mohammed Yasim, 32; and Yemeni man Dr. Ibrahim Jaber Ahmed Dihiya, 33. In all three cases, traveling companions approached Polish officers for emergency medical attention, but instead got pushed back themselves. Help never arrived.

      Each time the activists receive a report of a missing or dead person, they first share this information with the police. Piotr says he has received responses from the police, including, “We’re busy,” or “Not our problem.”

      After police were provided with the photos and exact GPS location of Ahmed’s body, they called back to say they still couldn’t find him. When Rafal turned his car around to personally lead the police to his body, he found out why: The police had ventured into the swamp without waterproof boots or even a GPS to navigate in a forest where there is often no cell connection.

      “The police are unequipped,” said Rafal, full of disbelief. Two years on from the crisis, the police still do not have the proper basic equipment nor training to conduct searches for people missing or dead in the forest. He recounts that in one trip to retrieve a body with police, they could only walk 300 meters in one hour, and one officer had lost the sole of his shoes in the mud.

      The Polish police responded to our email, “The police is not a force with the competence to deal with persons illegally crossing borders.” As a result, eight of 22 bodies found this year on the Polish side of the border were discovered by volunteers like Piotr and Rafal.

      On the Lithuanian side, Sienos Grupė says there are no such searches. “We are afraid there are many bodies in Lithuanian forests and the area between the fence and Belarus, but we are not allowed there,” says Aušrinė, a 23-year-old medicine student and Sienos Grupė volunteer in Lithuania. “Nobody is looking for them.”
      “In two weeks, there is nothing there”

      Rafal sits down in a wooden lodge on the edge of the forest and orders tea for himself while his two young children play on a tablet. It was his turn with the kids, he explains in a deep voice. His wife came home at four in the morning, after spending the whole night volunteering with POPH on a search for a man with diabetes in the forest.

      He feared that time was running out. We met with Rafal on Thursday evening. The man was found on Saturday morning, already dead. He is the 51st death recorded in Poland this year.

      In the forest, each search is a race against both time and wild animals.

      The winter may preserve a body for two months, but in the summer, the time frame is much shorter. A few times, Rafal has come across mere skeletons. He explains, “When there is a smell, the scavengers go immediately. When you’ve got summer and flies, probably in two weeks, it’s done, there’s nothing there.”

      In such advanced stages of decomposition, the body is exponentially more difficult to identify. However, DNA can be collected from bone fragments, in case families come searching. If they’re lucky, there are objects found close by: glasses, clothes, or jewelry. In one case, a family portrait found near the body was the key to identification.

      However, the Suwałki Prosecutor’s Office in Poland explained to us that the Prosecutor’s Offices keep no central register of data on deceased migrants, such as DNA, personal belongings, or photographs.
      “As a wife, I know his eyes”

      Four and a half months after Samrin disappeared, Sanooja’s phone rang. It was January 5, 2023. She will never forget the voice of the man that spoke. He was calling from the Ministry of Foreign Affairs in Sri Lanka, and informed her that her husband’s DNA had been matched to a body found in the Lithuanian forest. Interpol had drawn Samrin’s biometric data from the UK.

      She considers it fate that the dots came together this way. When they were 20 years old, Samrin’s father passed away, and Samrin left for London on a student visa. Instead of studying, he washed dishes at McDonald’s and KFC, and stocked shelves at Aldi, Lidl, and Iceland. When his visa expired, he lived a clandestine existence, evading the authorities. At age 26, the Home Office arrested him, took his DNA, and deported him. This infraction turned out to be an unexpected lifeline for his identification.

      “Getting the message that my husband was no more, that was nothing compared to those four and a half months,” said Sanooja. She had begun to fear that she would have to live with “lifelong doubt” around Samrin’s fate. Now she knew that four days after Samrin sent his goodbye message, his body was pulled from a river on the Lithuanian side of the border.

      Sanooja has read the police report countless times now: On August 21, 2022, witness Saulius Zakarevičius went for a morning swim in the Neris River. After bathing, he saw something floating. Through binoculars, he was able to decipher human clothes. The river bank is covered with tall grass. At the end of the patch there was a male corpse lying face down. The surface of the skin was swollen, pale, chaotically covered with pink lines, resembling the surface of marble. The skin was peeling from the palms of the corpse…

      She was asked to identify the corpse.

      “As a wife, I know him. I know his eyes. To see them on a dead body, that was terrible.”
      Sanooja

      In photos of his personal items, she instantly recognized Samrin’s shoes: a muddy pair of blue Converse All-Stars, with the laces looped just the way he always did.

      To be able to transport a dead body from Europe to any other part of the world, families must face the financial challenge of costs up to 10,000 euros. But the decision was not only about money for Sanooja. It was about time and dreams.

      For one, she believed that he had suffered enough. “As Muslims, we believe that even dead bodies can feel pain,” she says softly. “I felt broken that he was in the mortuary, feeling the cold for four and a half months.”

      And perhaps most of all, she recites what Samrin had told her before he left: “If I go, this time I’m not coming back.” In the end, Sanooja relied on her husband’s last will. “His dream was to be in Europe. So, at least his body will rest in Europe.”
      “Graves without a plate”

      Samrin’s death was the first border death publicly recognized by the Lithuanian government. Despite being the first, he did not receive any distinctive attention, and his resting place remained an unmarked mound of earth for more than eight months.

      On a hot summer day in July, co-founder of Sienos Grupė, Mantautas Šulskus brings a green watering can and measuring tape to our visit to the Vilnius cemetery where Samrin was buried in February. Green grass is sprouting all over Samrin’s grave. But it is not the only one.

      There are three smaller graves lined in a row. Among them, an eleven-year-old, a five-year-old, and a newborn baby rest side by side, their lives cut short in 2021. “These are three minors who died in detention centers in Lithuania,” Mantautas points out somberly.

      These cases have not been officially acknowledged by Lithuanian authorities, and none of the graves of the minors bear a name, even though their identities were also known to authorities. This lack of recognition paints a haunting picture, suggesting a second, silent death—a death of identity and acknowledgment.

      Bodies are sent to municipal or village governments to bury, and if they do not receive explicit instructions to create a plate, they often opt not to. As a result, the nameless graves of migrants are scattered across cemeteries in the region.

      Yet Mantautas is here in the scorching heat to measure a stone plate nearby in the Muslim corner of the cemetery. Sanooja saw it during a video call with Sienos Grupė volunteers, so that she could pray virtually at her husband’s grave. She asked for a plate with Samrin’s name on it—“just exactly like that one there,” she pointed.

      After some months, Sienos Grupė crowdfunded around 1,500 euros to buy and place stone plates for all four graves. The graves of Samrin and the three children now have names: Yusof Ibrahim Ali, Asma Jawadi, and Fatima Manazarova.

      Resting at the feet of the grave is a plate made of stone bearing the inscription “M.S.M.M. Samrin, 1990-2022, Sri Lanka,” precisely as Sanooja has requested. She explains that, according to Islamic beliefs, this will ensure that her husband will rise when the last days come.

      Hidden graves, unknown bodies

      The chilling thing, Mantautas explains, is nobody knows how many graves of migrants there might be, except for the government, which buries them quietly, often in remote villages.

      Organizations like Sienos Grupė find themselves grasping in the dark for leads. Last month, volunteers came across the grave of Lakshmisundar Sukumaran, an Indian man reported dead in April “quite by accident,” says Mantautas. The revelation came on the Eve of All Saint’s Day, when activists preparing for a control ran into a local returning from a visit to his mother’s grave: “There is a migrant buried in town.”

      Indeed, Sukumaran’s grave stands alone in an isolated corner of a small cemetery in Rameikos, a village of 25 people on the Lithuanian-Belarus border. Set apart from crosses of various sizes, a vertical piece of wood bears the inscription: “Lakshmisundar Sukumaran 1983.06.05 – 2023.04.04.” The border fence is visible from his grave. The earth is decorated by the colorful leaves of Lithuanian autumn.

      Sienos Grupė maintains a list of at least 40 people reported missing on the Lithuania-Belarus border, information the government does not record. When bodies are found, they strive to connect the dots: Location, gender, age, ethnicity, possessions, birthmarks, anything. But if authorities do not report when a body is found, the chances of locating anybody on this list are small.

      Emiljia Śvobaitė, a lawyer and volunteer from Sienos Grupė, explains that the Lithuanian government will only confirm whether something they already know is correct. “It seems like they are hiding these kinds of stories and information unless somebody exposes it. They would only confirm the deaths after activists have said something about it.”
      “No political will”

      The Lithuanian Parliament building, known as the Seimas Palace, is an imposing glass-and-concrete building in downtown Vilnius. It is where the Lithuanians declared independence from the Soviet Union in 1990. From an office with a view over the square, Member of Parliament Tomas Tomilinas wryly explains that their government has legalized pushbacks essentially because Europe has not established that it’s illegal.

      “I would say Europe has no political will to make pushbacks illegal. If there were a European law, the European Commission would put a ban on it. It would put a fine on Lithuania. But nobody’s doing that.”
      Member of Lithuanian Parliament, Tomas Tomilinas

      The Polish parliament legalized pushbacks in October 2021, and the Lithuanian parliament followed suit by legalizing pushbacks in April this year.

      Emiljia raises concerns about the violence of pushbacks her clients have seen. “The government keeps telling us they do everything really nicely. They give people food, and even wave goodbye to them, in the daytime. But when we look at specific cases, where people end up without their limbs on them, those pushbacks are performed at night.”

      She also raises concerns about legalized pushbacks in Lithuania, and whether border guards should be given the right to assess and deny asylum claims on the spot. “It’s funny because border guards should decide right away on the border whether a person is running from persecution, meaning a border guard should identify the conflict in the country of origin, and do all the work that the migration department is doing.”

      “It’s naive to believe that the system would work.”
      Fighting back in court

      With the help of Sienos Grupė’s support for legal expenses, Sanooja took the case to court. If the Lithuanian officials wouldn’t speak with her, perhaps they would speak to lawyers.

      Yet last month, Sanooja’s case was closed for the final time by the Vilnius Regional Prosecutor’s Office after seven appeals. The case never made it to trial.

      The Vilnius court claims there is no basis for a criminal investigation. Emiljia, who was on the team representing Sanooja in the case, responds that the pre-trial investigation didn’t investigate the cause of death properly, nor how the acts of the border police might have caused or contributed to the death of the applicant’s husband.

      Rytis Satkauskas, law professor, managing partner of ReLex law firm, and the lead attorney on Sanooja’s case, questions whether the Lithuanian courts are trying to hide something greater: he points to a series of inconsistencies in Samrin’s autopsy report.

      Autopsies should be conducted immediately to determine the cause of death. However, Samrin’s autopsy report claims that the cause of death cannot be established because the body was in an advanced state of decomposition of up to five months.

      Five months after Samrin’s death is the same time around which Sanooja got in touch to pursue the truth of the matter. Satkauskas does not think this is a coincidence: “I believe they left the body in the repository, then when they established the identity of the person, they had to do this autopsy.”

      The autopsy report explains the advanced state of decomposition by referencing the marshy area in which it was found, claiming the heat of the marsh had accelerated decomposition by up to five months within a matter of days.

      Satkauskas asks further: If Samrin simply drowned, then why do other measurements not add up? He references a table of measurements in the autopsy report, in which the weight and algae content of the lungs are normal. However, Satkauskas says, in cases of drowning, both weight and algae content should be much higher. “I’m convinced they have invented all those measurements,” Satkauskas puts simply.

      As Sanooja’s case has exhausted all legal avenues in Lithuania, it is now eligible for appeal to the European Court of Human Rights.

      Emilija points to a promising parallel: in Alhowais v. Hungary, the European Court of Human Rights ruled this February that a Hungarian border guard’s violent pushback ending in the drowning of a Syrian man violated Articles 2 and 3 of the European Convention of Human Rights, which protects the “right to life” and against “torture or inhuman or degrading treatment or punishment.”

      The decision came in February this year, seven years after the death of the defendant’s brother. Yet for Sanooja and her team, the case provides hope that there is a growing legal precedent for victims of pushbacks.

      A battle in court for Sanooja could be a long and expensive one. The case in Vilnius courts had cost 600 euros for each of the seven appeals, and after Sanooja ran out of funds after the first case, Sienos Grupė stepped in to shoulder the costs of the appeals.

      For the ECHR, it will cost 1500 euros to submit the proposal. Sanooja is exploring the possibility of raising money through NGOs or other means to continue the long quest for truth.

      The window of eligibility to appeal will close in February 2024.
      “Wherever I go, I have memories”

      Day by day, Sanooja’s son grows to look more like Samrin.

      She has tried not to cry in front of him. “It makes him upset. I am the only person now for my son, so I should be strong enough to face these things,” says the 32-year-old widow. “But wherever I go, I have memories. And everything my son does reminds me of him.”

      Before Samrin’s body was found, she told her son “false stories,” but with his body now interred, she has opened up to her son about her father’s death. He understands it the way a child might—he runs around telling neighbors his father is in heaven, and it’s a great place. It will be years before he can point to where Lithuania is on a map.

      Thanks to the cooperation of the Sri Lankan embassy in Sweden, Sanooja is one of the few families who have been able to receive a death certificate. She notes this will be crucial when her son enrolls for school and if they decide to sell or expand their property. However, to correct the misspelling on the document, she needs to travel to Colombo, the capital of Sri Lanka, which takes ten hours and nearly 10,000 rupees.

      Meanwhile, Samrin’s death has ruptured the family into those who can accept the reality of his death, and those who cannot. Sanooja’s mother-in-law has ceased contact with her, unable to wrap her head around the fact that her boy is gone. When Samrin had left, he promised his mother to send money so that she would no longer have to wake up early to make pastries to sell in the morning. On the day of Samrin’s funeral, she told the family, “That is not my son.”

      “What difference does it make, finding the body and burying it?” asks Pauline Boss, the Psychology Professor emeritus at the University of Minnesota who coined the term “ambiguous loss,” which encompasses the unique stress of not knowing whether someone you love is alive or dead.

      Professor Boss states that burying someone is a distinct human need—not just for the dead, but for the living. “In all cases, a human being has to see their loved one transform from breathing to not breathing, and have the power and control to deal with the remains in their particular cultural way. It’s a human need, and it has been for eons.”

      Yet few families are able to attend the funerals of their loved ones in Europe, for the same reason their loved ones tried to travel to Europe on such a dangerous road in the first place: inability to obtain a visa, or lack of funds.

      “I hope one day I will visit, and I will show our son his father’s grave,” Sanooja declares.

      When Samrin was interred into the snow-covered February earth of Liepynės cemetery in Vilnius on Valentine’s Day this year, a volunteer present at the burial offered to video call Sanooja through FaceTime.

      In the grainy constellation of pixels of the phone screen in her palm, from 8,000 kilometers away, she watched her husband disappear forever into the cold European soil.

      https://unbiasthenews.org/widowed-by-europes-borders

      #Lituanie #Biélorussie #forêt #Pologne #Bialowieza

    • Missing data, missing souls in Italy

      How Italy’s failing system makes it almost impossible for families to identify their relatives who passed away while reaching the EU.

      Before the Syrian civil war erupted, Refaat Hazima was a barber in Damascus. His father, grandfather, and great-grandfather had also been barbers. Thanks to his craftsmanship, flair, and a reputation built over four generations, Refaat was a wealthy man. Together with his wife – a doctor for the national service – he could afford to have his three children study instead of sending them to work at a young age.

      “They were always the top of the class,” he recalls in a nostalgic voice as he sits alone in a seaside restaurant on Lampedusa, a small Sicilian island halfway between Malta and the eastern coast of Tunisia. The rocky shores along which he now slowly enjoys eggplant served with fresh tuna were the scene of the most traumatic episode of his life.

      “President Bashar al-Assad had centralized all power in his hands, and our daily life in Syria had become complicated.” Refaat was also temporarily imprisoned for political reasons. But the point of no return for him and his wife was the outbreak of civil war in 2011. It became clear that not only their children’s educational future was in jeopardy, but even the survival of their entire family.

      So they decided to leave.

      The couple paid smugglers more than fifty thousand dollars to attempt to reach Germany, where their children could continue their education. But amid rejections, hurdles, and hesitations that forced the family into months-long stages in different countries, Refaat and his family had to wait until 2013 to finally set sail to the European shores of Lampedusa.

      Although it was autumn, the sea was calm that night. Initial concerns related to the sea conditions and the wooden boat that was all too heavily laden with humans now dissipated. In the darkness of the night sea, the shorelines and the flickering lights of street lamps and restaurants were in sight. But suddenly the boat in which they were traveling capsized.

      “Everyone was screaming as we ended up in the sea,” Rafaat recalls. “I grabbed one of my children, my wife grabbed another child. But in the commotion and screaming of the nighttime shipwreck, two of my children disappeared.”
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      The couple were rescued by Italian authorities and brought to the mainland along with one of their children. The other two, however, disappeared. “One of them told me Dad, give me a kiss on the forehead, and then I never saw him ever again.”

      From 2013 to the present, Refaat has searched everywhere for their children. For 10 years he has been traveling, asking, and searching. He has even appeared on TV hoping one day to be reunited with them. But to this day he still does not know if his children were saved or if they are two of the 268 victims of the October 11, 2013 shipwreck, one of the worst Mediterranean disasters in the last three decades.

      Uncertain and partial numbers

      For more than two decades, Italy has been one of the main gateways for migrants wanting to reach the European Union. Between thirty and forty thousand people have died trying to reach Italy since 2000. But despite this strategic location, authorities have never created a comprehensive register to census the dead returned from the sea, and thus sources are confusing and approximate.

      In any case, the figure of bodies found is only a percentage of the people who lost their lives while attempting to cross over to Europe. In fact, the bodies of those who die at sea are rarely recovered. When this happens, they are even more rarely identified by Italian authorities.

      A study conducted by the International Committee of the Red Cross tried to map the anonymous graves of migrants in various European countries and count the number of deaths recovered at sea. According to the report, between 2014 and 2019, 964 bodies of people – presumed migrants – were found in Italy, of which only 27 percent were identified. In most of the cases analyzed, identification occurred through immediate visual recognition by their fellow travelers, while those traveling without friends or relatives almost always remained anonymous.

      Overall, 73 percent of the bodies recovered in Italy between 2014 and 2019 remain unknown.

      A DNA test for everyone

      “The vast majority of bodies end up at the bottom of the sea and are never recovered, becoming fish food,” explains Tareke Bhrane, founder of the October 3 Committee, an NGO established to protect the rights of those who die trying to reach Europe. “The Committee was born in the aftermath of the two disastrous shipwrecks on October 3 and 11, 2013 to make Italy understand that even those who die have dignity and that respecting that dignity is important not only for those who die, but also for those who survive,” Bhrane recounts.

      On October 3, 2023, the Committee organized a large event on the island of Lampedusa to commemorate the 10th anniversary of the shipwreck. Dozens of families of people who died or disappeared gathered on the island, traveling from many European and Middle Eastern countries.

      On the island were also forensic geneticists from Labanof, a leading forensic medicine laboratory at the University of Milan that has been working with prosecutors and law enforcement agencies for decades now to solve cases and identify unnamed bodies. Relatives of missing persons were thus able to undergo a free DNA test to find out more about their loved ones.

      One of the committee’s main activities in recent years has been to lobby Sicilian municipalities for better management of anonymous graves. Thanks in part to the NGO, today almost all Sicilian provinces now house some victims of migration, often anonymous, in their cemeteries.

      “Among the essential points of our mission,” Bhrane explains, “is to create a European DNA database for the recognition of victims, so that anyone who wants to can take a DNA test anywhere in Europe and find out if a loved one has lost their life trying to get here.”
      Resigned and hopeful

      https://www.youtube.com/watch?v=1RhbqUACTv8&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Funbiasthenews.org%2

      While Refaat has not yet resigned himself to the idea that his children may have died at sea, other relatives have become more aware and would like to know where Italy buried their loved ones. But this is often impossible because the graves are anonymous and there is a lack of national records that they can consult to find their loved ones.

      This is the case for Asmeret Amanuel and Desbele Asfaha, two Eritrean nationals who are respectively the nephew and brother of one of the people aboard the boat that capsized in 2013.

      “We heard from the radio that the boat he was traveling on had sunk. We never heard from him again,” Asmeret says. The two traveled all the way to Lampedusa to undergo DNA testing, hoping to match their loved one’s name for the first time with one of the many acronyms that have appeared on migrants’ anonymous graves and find out where he rests.

      “I remember as children we used to play together,” says Desbele. “And instead today I don’t even know where to mourn him. Yet it would take so little.”

      An organizational failure

      Many Italian cemeteries hold anonymous graves of people who died while migrating, especially in the South. It is difficult to map them all and provide an exact number, just as it is nearly impossible to quantify the number of anonymous graves. Again, there is no centralized, national database, and even at the municipal level information is scarce and partial.

      But thanks to an international investigation project called the “The Border Graves Investigation” and promoted by IJ4EU and Journalism Fund of which Unbias the News is one of the partners, it is now possible to shed light on what resembles a large European mass grave.

      From the Italian side of the investigation, large gaps emerge on Italy’s part in the construction of a national cemetery archive. According to protocol, data on anonymous graves are supposed to be sent every three months from individual cemeteries and work their way up a long bureaucratic chain until they reach the desk of the government’s Special Commissioner for Missing Persons, an office created by the Italian government in 2007 precisely to create a single national database.

      But sources from the Special Commissioner told the Border Graves Investigation team that unidentified bodies are not within their jurisdiction because in cases where there is an alleged crime (e.g., illegal immigration) the jurisdiction passes to the local magistrate. Thus, the source confirmed that no office systematically collects this data and that figures areeverything is scattered in individual prosecutors’ offices.

      However, the documentary traces of migrants’ anonymous graves are often already lost in the records of the cemeteries themselves or municipal records, that is, at the first step in the chain. For example, in Agrigento, it is possible to visit the graves of men and women who died at sea marked by numbers, but in the paper registers consulted by our team of journalists there is no trace of them.

      Yet the records are deposited a few meters from the graves themselves.

      In Sciacca, Agrigento province, the municipal administration moved some anonymous graves of migrants inside a mass grave to make room for new burials. However, it did not follow the prescribed regulations and did not notify the relatives of the few victims who had been identified and whose names were listed on the grave. The matter was discovered at the time when a woman went to the cemetery to pray at her sister’s grave and did not find her in her usual place.

      In other cases, anonymous graves have been moved from one cemetery to another due to the need for space, but without alerting the population.
      The bureaucratic snag

      Finding out the fate of a loved one is so complicated for several reasons. First, the identification of the body, which the Italian authorities do not generally consider a priority. Then there is the difficulty of recognition itself, especially when relatives are abroad or have difficulty contacting Italian authorities.

      In addition, there is the problem of traceability of the bodies, which often remain on the seabed and, in the few cases where they are found, enter a bureaucratic machine in which it is arduous to recover their traces. Researcher and anthropologist Giorgia Mirto explained this to our investigative team: “The corpses should be registered in the registrar’s office where the body is found. But then the body is often moved within the same cemetery, from one cemetery to another or from one municipality to another, and so there is documentation that travels along with the body. Moves that are difficult to track.”

      “Moreover,” Mirto adds, “adding to the difficulty is the absence of unified procedures. “With the Human Cost of Border Control project, we have seen that the only way to count these people and their graves is to do a blanket search of all the municipalities, all the cemetery offices, all the registrars’ offices and all the cemeteries, possibly adding the funeral homes as well.”

      Thus, there is a problem with centralization and transparency of data that is often also linked to the huge austerity cuts that have forced municipalities to work understaffed. Emblematic is the Commissioner’s Office for Missing Persons, which would be responsible for compiling a list of unidentified bodies found on Italian soil, but has been left without a portfolio.

      “As anthropologist Didier Fassin says,” the researcher concludes, “missing data is not the result of carelessness but is an administrative and political choice. It should be understood how much this choice is conscious and how much is the result of disinterest in the good work of municipal archives (an essential resource for historical memory and for the peace of victims’ families) or in understanding the cost of borders in terms of human lives.”

      EU responsibilities

      Forensic scientist Cristina Cattaneo – a professor at the University of Milan and director of the Labanof forensic laboratory – explained to our team that from a forensic point of view, the most important procedure for identifying a body is to collect both post-mortem (from tattoos to DNA, through cadaveric inspections and autopsies) and antemortem medical forensic information, that is, that which comes from family members regarding the missing person.

      However, in many countries, including Italy, no law makes this procedure mandatory. In the case of people who die while migrating, this is done only in egregious cases, such as large shipwrecks that become news. “These cases have shown that a broad and widespread effort to identify the bodies of those who die at sea is possible,” says Cattaneo. “However, most people lose their lives in very small shipwrecks that don’t make too much news. And because there is no protocol to make data collection systematic, many family members are left in doubt as to whether their loved ones are alive or dead.”

      All this happens despite the great efforts made over the years by the government’s Extraordinary Commissioner for Missing Persons, which, despite being the only national institution of its kind at the European level, has to manage a huge amount of data from all Italian municipalities. Data that are often disorganized, reported late, and collected without adhering to common and strict procedures.

      This is why Cattaneo is among the signatories of an appeal calling for the enactment of a European law that would once and for all oblige member states to identify the bodies of migrants.

      “Yet a European solution would exist and from a technical point of view it is already feasible,” Cattaneo adds. It involves data exchange systems such as Interpol, which at the European level already collects, organizes, and can share information and organically to member countries.

      “It would be enough to expand the analysis to include missing migrants and thus make it possible to search and identify them on a European scale. But this is not being done because of a lack of political will on the part of Brussels,” Cattaneo concludes.
      “The art of patience”

      https://www.youtube.com/watch?v=PlDtBRg02aU&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Funbiasthenews.org%2

      Identifying the bodies of people who lose their lives coming to Europe is an important issue on several levels.

      First and foremost, international humanitarian law protects the right to identity for both those who are alive and those who have died. But identifying is also an essential issue for those who remain alive. Indeed, without a death certificate, it is almost impossible for a spouse to marry again or to access survivor’s pensions, just as it is impossible for a minor relative to leave their country with an adult without running into a blockade by the authorities, who cannot rule out the possibility of child abduction.

      Then there is the issue of suspended grief, namely the condition of those who do not know whether to search for a loved one or mourn his or her death.

      This is the case for Asmeret and Desbele, but also for many relatives interviewed by our team.

      Sabah and Ahmed, for example, are a Syrian couple. One of their sons disappeared in 2013 after a shipwreck in Italian waters. For 10 years, Ahmed retraced the same land and sea route followed by his son, hoping to find his body or at least get more information. But the efforts were in vain and to this day the family still does not know what happened to him.

      “His children are still with us and often ask, ‘where is Dad? Where is Dad?’ but without a grave and a body, we still don’t know what to answer.”

      Both Sabah and Ahmed are very religious and today rely on Allah to give them the comfort they have not found in the work of institutions. “The greatest gift from Allah,” they recount, “was the patience with which to be able to move forward in the face of such unnatural grief for a parent.”

      A similar lesson was learned by Refaat, who like Ahmed and Sabah has been living in ignorance for ten years. Today he has opened a barber store in Hamburg and realized his dream of having his surviving son study in Germany.

      “I have been searching for my children for ten years, and Allah knows I will search for them until the end of my days, should I find their dead bodies, or should I find them alive who knows where in the world. But I want to die knowing that I did everything I could to find them.”
      Refaat Hazima

      Sometimes his voice trembles. “I often talk to them in my sleep, I feel that they are still alive. But even if I were to find out they are dead, in all these years I would still have learned how to deal with frustration and pain, how to live with emptiness. And most importantly,” he concludes, “I would have learned the art of patience.”


      https://unbiasthenews.org/missing-data-missing-souls

      #Italie #Tareke_Brhane #comitato_3_ottobre #3_octobre_2013 #Lampedusa

    • Unmarked monuments of EU’s shame in Croatia and Bosnia

      Amid pushbacks and torture, many of the victims of the treacherous Balkan route are laid to an anonymous final resting place in Croatian and Bosnian cemetaries.

      In the village of Siče in eastern Croatia, there are more inhabitants in the cemetery than among the living. The village has 230 living residents, and 250 dead. To be more precise, the cemetery is home to 247 locals and three unknown persons. There would be more people six feet under if Siče hadn’t gotten its own cemetery only in the 1970s. There would also be even more of the living if they hadn’t, like many from that region, gone to bigger cities in search of a better life. Abroad as well, mainly to Germany.

      The graves of Siče’s inhabitants briefly tell the visitor who these people were, where they belong, and whether their loved ones care for them. That’s the thing with graves, they summarise the basic information of our life.

      If the grave bears only the inscription “NN”, that summarises a tragedy.

      Who are these three people whose names are unknown? How come their last resting place is a plain grave in Siče?

      Even if you didn’t know, it’s clear that those three people don’t belong there.

      They have been buried completely separated from the rest of the cemetery. Three wooden crosses with NN inscriptions, stuck in the ground at the edge of the cemetery. NN, an abbreviation of the Latin nomen nescio, literally means, “I do not know the name.” The official explanation from the public burial ground operator is that space has been left for more possible burials of those whose names are not known. However, the explanation that springs to mind when you get there is that they were buried separately so they wouldn’t mix with the locals. Or as the mayor of another town, where NN migrants have also been buried at the edge of the cemetery, let slip in a telephone conversation, “So that they’re not in the way.”

      At the cemetery in Siče, these are the only three graves that no one takes care of. In about five years, all trace of them could disappear. The public burial ground operator is obliged to bury unidentified bodies, but not to maintain graves unless the grave belongs to a person of “special historical and social significance.”

      NN1, NN2 and NN3 are of special significance only to their loved ones, who probably don’t even know where they are. Maybe they are waiting to finally hear from them from Western Europe. Maybe they’re looking for them. Maybe they mourn them.

      Identities known but buried as unknown

      If you do dig a little deeper, you will learn a thing or two about those who rest here nameless.

      In the early, cold morning of December 23, 2022, the police found two bodies on the banks of the Sava, the river that separates Croatia from Bosnia and Herzegovina. It separates the European Union from the rest of Europe. According to the police report, they also found a group of twenty foreign citizens who illegally entered Croatia via the river. The group was missing one more person. After an extensive search, a third body was found in the afternoon. The pathologist of the General Hospital in the town of Nova Gradiška established the time of death for all three people as 2:45 A.M. Two died of hypothermia, one drowned.

      Identity cards from a refugee camp in Bosnia and Herzegovina were found on them. We learned that, according to their IDs, all three were from Afghanistan: Ahmedi Abozari was 17 years old, Basir Naseri was 21 years old and Shakir Atoin was 25 years old. NN1, NN2 and NN3.

      Other migrants from the group also confirmed the identity of two of them, as the Brodsko-Posavska County police administration told us. Then why were they buried as NN? If it was known that they were from Afghanistan, why were they buried under crosses? If families are looking for them, how will they find them?

      The cemetery management was kind and said that they perform burials according to what is written in the burial permit signed by the pathologist – and it said NN.

      The pathologist said that he enters the data based on the information he receives from the police.

      The competent police department told us that the person is buried according to the rules of the local municipality.

      Siče cemetery belongs to the municipality of Nova Kapela, whose mayor, Ivan Šmit, discontentedly listed all the costs that his municipality incurred for those burials and said that whoever is willing to pay for it can change the NN inscription into names.

      We came across a series of similar administrative ambiguities while investigating how authorities deal with the deceased people they recover at EU borders as a part of the Border Graves Investigation carried out by a team of eight freelancers from across Europe together with Unbias the News, The Guardian and Süddeutsche Zeitung.

      There is no centralised European database on the number of migrants’ graves in Europe.

      But the team managed to confirm the existence of at least 1,931 migrants’ graves in Greece, Italy, Spain, Croatia, Malta, Poland and France, dating from 2014 to 2023. Of these, 1,015 were unidentified. More than half of the unidentified graves are in Greece, 551, in Italy 248, and in Spain 109. The data were obtained based on the databases of international organizations, non-governmental organizations, scientists, local authorities and cemeteries, and field visits.

      The team visited 24 cemeteries in Greece, Spain, Italy, Croatia, Poland and Lithuania, where there are a total of 555 graves of unidentified migrants in the last decade, from 2014 to 2023.

      These are only those whose bodies have been found. The International Committee of the Red Cross (ICRC) estimates that more than 93% of those who go missing on Europe’s borders are never found.
      Families lost in bureaucracy

      December 2022, when the three young Afghans died, was rainier than usual and the Sava River swelled. It is big and fast to begin with.

      In that area, just three days earlier, five Turkish citizens went missing after their boat overturned on the Sava. Among them were a two-year-old girl, a twelve-year-old boy and their parents. The brother of the missing father came from Germany to Croatia to find out what happened to the family. From the documentation, which we have in our possession, it is evident that with the help of translator Nina Rajković, he tried to get information about his missing relatives from several police stations. Even months later, he hasn’t received any updates.

      The two had wanted to file a missing person’s report, but the police told them that there was no point in doing so if the person had not previously been registered in the territory of Croatia or Bosnia and Herzegovina.

      We encountered a number of similar examples. A young man had come to Croatia and reported to the police in both Croatia and Slovenia that his brother had drowned in the Kupa River that separates the two countries. However, his brother’s disappearance was not recorded in the Croatian national database of missing persons, which is publicly available. The police did not contact him after several unidentified bodies were found in the Kupa in the following days.

      In another example, an Afghan man waited six months for the body of his brother, who drowned when they tried to cross the Sava together, also in December 2022, to be transferred from Croatia to Bosnia and Herzegovina so that he could bury him. Although he had confirmed that it was his brother, the identification process was lengthy and complicated.

      There are numerous families who tried from afar to track down their loved ones who had disappeared in the territory of Croatia, only to finally give up in discouragement.

      There are many questions and few clear answers when it comes to the issue of missing and dead migrants on the so-called Balkan Route, of which Croatia is a part. There are no clear protocols and procedures defining to whom and how to report a missing person. It is not known whether missing migrants are actively searched for, as tourists are when they disappear in the summer. It is not clear how much and which information is needed for identification.

      “The circulation of information between institutions and individual departments seems almost non-existent to me."

      “In one case, it took me more than two months and dozens of phone calls and emails to different addresses, police stations, police departments, hospitals, and the state attorney’s office, just to prompt the initiation of identification, which to this day, more than a year later, has not been completed,” says Marijana Hameršak, activist and head of the project “European Regime of Irregular Migration on the Periphery of the EU” of the Institute of Ethnology and Folklore Research in Zagreb, which collects knowledge and data on missing and dead migrants.

      Searches for missing migrants and attempts to identify the dead in Croatia, as well as in neighbouring Bosnia and Herzegovina, most often rely on the efforts of volunteers and activists, who, like Marijana, untiringly search for information in the chaotic administration because families who do not know the language find this task practically insurmountable.
      “Die or make your dream come true”

      The Facebook group “Dead and Missing in the Balkans” became the central place to exchange photos and information about the missing and the dead between families and activists.

      The competent Ministry of the Interior does not have a website in English with an address where one can write from Afghanistan or Syria and inquire about the fate of loved ones, leave information about them, and report them missing. There is also no regional database on missing and dead migrants on which the police administrations would cooperate, not even the ones from the countries where the most crossings are recorded – from Bosnia and Herzegovina to Croatia.

      In an interview with our team, Dunja Mijatović, the Council of Europe Commissioner for Human Rights, emphasised that the creation of a centralised European database of missing and dead migrants is extremely important. If such a database combined ante-mortem and post-mortem data on the deceased, the chances of identification would greatly increase.

      “Families have a right to know the truth about the fate of their loved ones.”
      Dunja Mijatović, Council of Europe Commissioner for Human Rights

      Yet, police cooperation in keeping the EU’s external border impervious is effective.

      Previously, people attempting to migrate did not try to cross the Sava so often. They knew it was too dangerous. They share information with each other and do not venture across such a river in children’s inflatable boats or inner tubes. Unless they are utterly desperate. With pushbacks and the use of force, which many organisations like Amnesty International and Human Rights Watch have been warning about for years, the Croatian police made it difficult to cross at other, less dangerous points along the Croatian border, which is the longest external land border in the European Union. As a young Moroccan in Bosnia and Herzegovina who tried to cross the border to Croatia 11 times but was pushed back by the Croatian police each time told us, “You have two choices: die or make your dream come true.”

      It is difficult to determine how many died on the Balkan Route in an attempt to fulfil their dream. The most comprehensive data for ex-Yugoslav countries is collected by the researchers of the “European Regime of Irregular Migration on the Periphery of the EU (ERIM)” project. It records 346 victims from 2014 to 2023 in Croatia, Bosnia and Herzegovina, Serbia, Slovenia, North Macedonia and Kosovo. Each entry in ERIM’s database is individual and contains as much data as the researchers managed to collect, and they use all available sources – media reports, witnesses, official statistics, activist channels. But the figure is certainly significantly higher. Some who went missing were never even registered anywhere.

      Many bodies were never found. For example, another common border crossing, the Stara Planina mountain range between Bulgaria and Serbia, is a rough and inaccessible terrain. Only those who have been driven to this route by the same fate will come across the bodies, and they will not risk encountering authorities to report it.

      If people die in the minefields remaining from the wars in Croatia and Bosnia and Herzegovina, there will not be much left of their bodies. Most bodies were found drowned in rivers, but there is no estimate of how many who drowned were never reported missing, or were never found.

      The Croatian Ministry of the Interior provided us with data on migrants who have died in Croatia since 2015, when records began to be kept, until the end of November 2023: according to the data, a total of 87 migrants died on the territory of the Republic of Croatia. To put it more precisely: that’s how many bodies were found in Croatia. Not a single official body in Croatia, Bosnia and Herzegovina and Serbia keeps records of migrants buried in that territory.

      However, we managed to obtain data for Croatia, thanks to inquiries sent to over 500 addresses of cities, municipalities and municipal companies that manage cemeteries. According to the data obtained, there are 59 graves of migrants in 32 cemeteries in Croatia who were buried in the last decade, namely from 2014 until September 2023. Of these, 45 have not been identified. The Ministry of the Interior says that since 2001, DNA samples have been taken from all unidentified bodies. We asked the Ministry to allow us to talk with experts who work on the identification of migrants, but we were not approved.

      Some of the buried were exhumed and returned to their families in their country of origin, although this is a demanding and extremely expensive process for the families.
      The burden of not knowing

      Among the NN graves is a stillborn baby from Syria buried in 2015 in the town of Slavonski Brod. A five-year-old girl who drowned in the Danube was buried in Dalje in 2021. Last summer, a young man died of exhaustion in the highlands in the Dubrovnik area. Some were hit by a train. Many died of hypothermia. Some die because they were not provided medical help early enough. Some don’t believe anything can help them, so they committed suicide.

      According to the law, they are buried closest to the place of death, which are mostly small cemeteries, such as the one in Siče. Often, just like in that village, their graves are separated from the rest of the cemetery. In some places, like in Otok, one of the tender-hearted local women has given herself the task of taking care of the NN grave. In others, like the cemetery in Prilišće, the NN wooden cross from 2019 has already rotted.

      Each of these NN graves leaves behind loved ones who bear the burden of not knowing what happened. In psychology, this is called ambiguous loss, which means that as long as relatives do not have confirmation that their loved ones are dead, and as long as they do not know where their bodies are, they cannot mourn them.

      If they go on with their lives, they feel guilty. And so they remain frozen in a state between despair and hope. American psychologist Dr. Pauline Boss is the author of the concept and theory of “ambiguous loss.”

      “A grave is so important because it helps to say goodbye,“ she said in an interview for our investigation.

      There are also practical consequences of this frozen state: succession rights cannot be carried out, bank accounts cannot be accessed, family pensions cannot be obtained, the partner cannot remarry, and custody of children is complicated.

      Many families in Croatia and Bosnia and Herzegovina know ambiguous loss very well. Both countries went through war in the 1990s that left thousands of people missing.

      Both countries have special laws on the missing in those wars and well-developed mechanisms of search, identification, data storage and mutual cooperation. But this does not apply to migrants who vanish and die among the thousands who are on the move along the Balkan Route.
      Croatia responsible for death of a child

      Croatia became an important point of entry into the European Union after Hungary closed its borders in September 2015. From then until March 2016, it is estimated that around 660,000 refugees passed through the Croatian section of the Balkan corridor – the interstate, organised route. This corridor allowed them to get from Greece to Western Europe in two or three days. Most importantly, their journey was safe.

      Of these hundreds of thousands of people on the move, the Croatian Ministry of the Interior did not record a single death in 2015 and 2016.

      The corridor was established to prevent casualties after a large number of refugees died on the railway in Macedonia in the spring of 2015. However, with the conclusion of the EU-Turkey refugee agreement in March 2016, the corridor closed. The EU committed to generously funding Turkey to keep refugees on its territory, so that they do not come to the European Union. And so the perilous, informal Balkan Route remained the only option. Many take it. In the first ten months of 2023 alone, the Croatian police recorded 62,452 actions related to illegal border crossings.

      Both the Croatian Ombudswoman Tena Šimonović Einwalter and Council of Europe Human Rights Commissioner Dunja Mijatović warn of the same thing: border and migration policies have a clear impact on the risk of migrants going missing or die. It is necessary to establish legal and safe migration routes in the EU.

      However, the EU expects Croatia to protect its external border, and Croatia is doing so wholeheartedly. Croatian Minister of the Interior Davor Božinović calls such practices “techniques of discouragement” and says they are fully in line with the EU Schengen Border Code.

      The result of such practices is, for example, the death of Madina Hussiny. The six-year-old girl from Afghanistan was struck by a train and killed after Croatian police “discouraged” her and her family away from the Croatian border and told them to follow train tracks back to Serbia in the middle of the night in 2017. The European Court of Human Rights ruled in November 2021 that Croatia was responsible for Madina’s death.

      In a typical “discouragement,” Croatian police transport people to points along the border and order them to cross. In the testimonies we heard, as well as in many reports of non-governmental organisations, people described having to wade or swim across rivers, climb over rocks or make their way through dense forest. They often cross at night, sometimes stripped naked, and without knowing the way because the police usually take away their mobile phones.

      Up to 80% of all pushbacks by Croatian police may be impacted by one or more forms of torture, indicates data collected by Border Violence Monitoring Network in 2019. That means that thousands were victims of border torture.

      According to data collected by the Danish Refugee Council, in the two-year period from the beginning of 2020 to the end of 2022, at least 30,000 people were pushed back to Bosnia and Herzegovina.
      “While trying to reach Europe”

      https://www.youtube.com/watch?time_continue=112&v=SFLYVVtsjGc&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fu

      Among them is Arat Semiullah from Afghanistan. In November 2022, he intended to cross the Sava River and enter Croatia from Bosnia. He was 20 years old. He drowned and was buried at the Orthodox cemetery in Banja Luka. His family in Afghanistan did not know what happened to him. He had sent his mom a selfie with a fresh haircut for entering the European Union and then he stopped answering.

      The mother begged her nephew Payman Sediqi, who lives in Germany, to try to find him. Payman got in touch with the activist Nihad Suljić, who voluntarily helps families find out what happened to their loved ones in Bosnia and Herzegovina. They spent weeks trying to get information. Payman travelled to Bosnia and managed to find his relative thanks to the helpfulness of a policewoman who showed him forensic photographs. Arat’s mom confirmed by phone that it was her son.

      Arat’s obituary published in Bosnia and Herzegovina said that “Croatian police sank the boat using firearms, and he tragically drowned.” With the help of the Muslim community, and at the request of the family, his body was transferred to the Muslim cemetery in the village of Kamičani. The family wanted to bury him in Afghanistan, but it was too expensive and bureaucratically complicated.

      In September 2023, we met with Nihad and Payman when a large tombstone was erected for Arat. It says, “Drowned in the Sava River while trying to reach Europe.” Payman told us that Arat was crossing the Sava with a group of others trying to enter Europe. Some of them managed to cross over to the Croatian side, but then the Croatian police shot at the rubber boat Arat was in. The boat sank and Arat drowned. That’s what a survivor who crossed over to the Croatian bank of the Sava told Payman. Payman says that Arat’s family is in great pain, but at least they know where their son is and that he was buried according to their religious customs. It is important to Payman that his relative’s grave says he died as a migrant.

      “People die every day in Europe, fleeing countries where there is no life for them. Their dreams are buried in Europe. No one cares about them, not even when European policemen shoot at them,” Payman says.

      Payman knows what kind of dreams he’s talking about. He himself came to Germany illegally at the age of 16. He says he was lucky.

      Nihad advocates that other graves of migrants in Bosnia and Herzegovina also be permanently marked as such. He takes us to the cemetery in the town of Zvornik, where 17 NN migrants are buried. Nihad says he was informed that some of them had their passport on them when they were found. From the cemetery, you can see the river Drina, which separates Serbia from Bosnia and where many lives have been lost during crossing attempts. About 30 bodies were found in the Drina this year alone. Nihad says that they are lucky if they wash up on the Bosnian riverbanks, because in Serbia the authorities often do not perform autopsies nor take DNA samples. This was confirmed to us by activists from Serbia. In those cases, they are forever and completely lost to their families.

      The earthen NN graves in Zvornik are overgrown and not demarcated, so you wouldn’t know if you are stepping on them. Nihad managed to convince the Town of Zvornik to replace the wooden signs with black stone. It is important to him that they are buried with dignity, but he also finds it important that they stand there as a memorial.

      “My wish is that even 100 years from now these graves stand as monuments of the EU’s shame. Because it was not the river that killed these people, but the EU border regime,” Nihad says.

      https://unbiasthenews.org/unmarked-monuments-of-eus-shame-croatia-bosnia

      #Bosnie #Croatie #Zvornik #Madina_Hussiny

    • Counting the invisible victims of Spain’s EU borders

      Investigation finds hundreds of victims of migration to the EU lie in unmarked graves along Spain’s borders, with government taking no coordinated action to guarantee “last rights.”

      In January 2020, Alhassane Bangoura was buried in an unmarked grave in the Muslim area of Teguise municipal cemetery in Lanzarote as city officials and members of the local Muslim community watched on. He had been born only a couple of weeks earlier onboard a cramped patera migrant boat on which his mother, who is from Guinea, and 42 others were trying to reach the Spanish Canary Islands. Their boat was adrift on the Atlantic ocean after its motor had failed two days earlier, and Alhassane’s mother had gone into labour at sea. Her child only lived for a few hours before dying just off the coast of Lanzarote.

      Alhassane’s case shocked the island and made national news. Yet as mourners paid their respects, his mother was 200 kilometres away in a migrant reception centre on the neighbouring island of Gran Canaria, having been unable to get permission from authorities to remain on Lanzarote for the funeral.

      “She’d been allowed to see the body of her son one more time before being transferred, and I accompanied her to the funeral home,” says Mamadou Sy, a representative of the local Muslim community. “It was very emotional as she was leaving. All we could do was promise her that her son would not be alone; that like any Muslim, he’d be brought to the Mosque where his body would be washed by other mothers; that we would pray for him and that afterwards we’d send her a video of the burial.”

      Nearly four years later, Alhassane’s final resting place remains without a formal headstone. It lies next to more than three dozen graves of unidentified migrants – whose names are completely unknown but who, like Alhassane, are also victims of Europe’s brutal border regime.

      Border Graves

      Such a scene is no anomaly along Spain’s vast coastline. Border graves like these can be found in cemeteries stretching from Alicante on the country’s eastern Mediterranean coast to Cádiz on the Atlantic seaboard and south to the Canaries. Some have names but, more often than not, the inscription reads some variation of “unidentified migrant,” “unknown Moroccan,” or “victim of the Strait [of Gibraltar],” or there is simply a hand-painted cross.

      In Barbate cemetery in Cádiz, where the deceased are sealed into niches in traditional brick-walled stacks around two metres in height, groundskeeper Germán points out over 30 different migrant graves, the earliest of which date from 2002 and the most recent are from a shipwreck in 2019.

      "No one ever comes to visit, but on days when there are funerals here and flowers are about to be thrown out, I place them on the tombs containing the unknown migrants,” he explains. “In some of the older graves, you have the remains of up to five or six migrants together, each placed in separate sacks within the same niche to save space.”

      Along the coast, in Tarifa, Spain’s earliest mass grave of unidentified migrants, containing 11 victims from a 1988 shipwreck, overlooks the northern reaches of the African continent, which can be seen on a clear day. Meanwhile, around 400 kilometres west of the African coast, on the remote Canarian island of El Hierro, seven unidentified migrants have been buried in the last two months, along with the remains of 30-year old Mamadou Marea. “Locals joined us to accompany the remains of each of these people to their last resting place,” explains Amado Carballo, a councillor on El Hierro. “What upset all of us was not being able to put a name on the tombstone and simply having to leave the person identified by a police code.”

      Such concern was less evident in Arrecife, Lanzarote where two unidentified graves from February this year have been left sealed with a covering that still bears a corporate logo.

      There is no comprehensive data on how many identified and unidentified migrant graves exist in Spain, and the country’s Interior Ministry has never released figures for the total number of bodies recovered across the various maritime migration routes. But in exclusive data from the International Committee of the Red Cross (ICRC), Unbias The News can reveal that the bodies of an estimated 530 people who died at Spain’s borders were recovered between 2014 and 2021 – of which 292 remain unidentified.

      In the six month Europe-wide Border Graves Investigation, undertaken in conjunction with Unbias the News, The Guardian and Süddeutsche Zeitung, 109 unidentified migrant graves from 2014-21 were confirmed in Spain across 18 locations. According to a study by the University of Amsterdam, a further 434 unidentified graves stem from 2000-2013 in at least 65 cemeteries.

      These graves are symbols of a much wider humanitarian tragedy. The ICRC estimates that just 6.89% of those who go missing on Europe’s borders are found, while the Spanish NGO Walking Borders gives an even lower figure for the West African Atlantic route to the Canaries, estimating that only 4.2 percent of the bodies of those who die are ever recovered.

      Guaranteeing “last rights”

      The unvisited and anonymous graves are also a reflection of the fact that the rights to both identification and a dignified burial for those who have died on migration routes have been consistently neglected by national authorities in Spain. As in other European countries, successive Spanish governments have failed to develop legal mechanisms and state protocols to guarantee these “last rights” of victims, as well as their families’ corresponding “right to know” and to mourn their loved ones.

      The problem is “utterly neglected,” says Dunja Mijatović, the Council of Europe’s Commissioner for Human Rights, who insists that EU countries are failing in their obligations under international human rights law to secure families’ “right to truth”. In 2021, the European Parliament passed a resolution calling for “prompt and effective identification processes” to inform families about the fate of their loved ones. Yet last year, the Council of Europe called the area a “legislative void.”

      “People are always calling the office and asking us how to search for a family member, but you have to be honest and say there’s no clear official channel they can turn to,” explains Juan Carlos Lorenzo, director of the Spanish Refugee Council (CEAR) on the Canary Islands. “You can put them in touch with the Red Cross, but there’s no government-led programme of identification. Nor is there the type of dedicated office needed to coordinate with families and centralise information and data on missing migrants.”

      This year alone we are working with over 600 families whose loved ones have disappeared. These families, who are from Morocco, Algeria, Senegal, Guinea and as far afield as Sri Lanka are very much alone and are poorly protected by public administrations. In turn, this means that there are criminal networks and fraudsters seeking to extract money from them.”
      Helena Maleno, director of Walking Borders

      Even in the case of a victim’s identification, a recent report from the Human Rights Association of Andalucia lays out the legal and financial barriers families face in terms of repatriating their loved ones. In 2020/21, ICRC figures show that 284 bodies were recovered but that, of the 116 identified, only 53 were repatriated. The Andalusian Association for Human Rights (APDHA) report also notes, with respect to border graves, that “many people end up buried in a manner contrary to their beliefs.” Just half of Spain’s 50 provinces have Muslim cemeteries, not all of which are on the Spanish coast.

      For Maleno, these state failures are no accident: “Spain and other European states have a policy of making the victims, as well as the border itself, invisible. You have policies of denying the number of dead and of concealing data, but for the families this means obstacles in terms of accessing information and burial rights, as well as endless bureaucratic hurdles.”
      “I dream of Oussama”

      Abdallah Tayeb has gained first-hand experience of the dysfunctionality of the Spanish system in his attempts to confirm whether a body recovered almost a year ago is that of his cousin Oussama, a young barber from Algeria who dreamed of joining Tayeb in France.

      The unnamed corpse, which Tayeb strongly believes is his cousin, is currently in a morgue in Almería and looks set to be buried in an unmarked grave in the new year – unless he can achieve a last minute breakthrough.

      “The feeling is one of powerlessness,” he admits. “Nothing is transparent.”

      Abdallah Tayeb was born in Paris to Algerian parents but spends every summer in Algeria with his family. “As Oussama and I were pretty much the same age, we were really close. He was obsessed with the idea of coming to Europe, as two of his brothers were already living in France. But I didn’t know he had actually arranged to leave on a patera last December.”

      Oussama was among 23 people (including seven children) who vanished after setting out from Mostaganem, Algeria, on a motor boat on Christmas Day 2022. Soon after the patera went missing, his brother Sofiane travelled from France to Cartagena in southern Spain – the destination the vessel had hoped to reach. With the help of the Red Cross, Sofiane was able to file a missing persons report with the Spanish authorities and submit a DNA sample, which he hopes will result in a match with a body held in a morgue. However, so far, he has been unable to piece together any concrete information regarding his brother’s fate.

      A second trip to Spain in February did lead to a breakthrough, however. After driving down the Mediterranean coast together, Tayeb and his cousin Sofiane managed to speak to a forensic pathologist working in the Almería morgue, who seemed to recognise a photo of Oussama. “She kept saying ‘This face looks familiar’ and also mentioned a necklace – something he’d been wearing when he left.” According to the pathologist, there was a potential match with an unidentified body recovered by the coastguard on 27 December 2022.

      Feeling that they were finally close to getting some answers, they were informed at the police headquarters in Almería that, in order to view the body for a visual identification, they would need permission from the police station where the corpse had initially been registered. “This was when the real nightmare began,” Tayeb remembers. Handed a list of five police stations from across the wider region where the corpse could have been registered, they spent the next two days driving from station to station along the Murcian coast.

      “The first police station we visited wouldn’t even let us in the door when we told them we were asking about a missing migrant, and after that it was always the same script: this is not the right place; we don’t have a body; you have to go there instead.” When the pair returned to the first station in Huércal de Almeria after being repeatedly told it was the right place to ask, impatient officers refused to engage, citing privacy laws, and even told them to warn other families searching for missing migrants not to keep coming to inquire.

      “In the end,” Tayeb explains, “we came to the reality that they will never let us have any information. It was very heartbreaking, especially going back to France. It felt like we were leaving him [there] in the fridge.”

      As the subsequent months passed, the frustration and anxiety built for the family. “In May we were told that the DNA sample we gave five months earlier had only just arrived in Madrid and had still not been processed and sent to the database.” No further information has been forthcoming, and Spanish authorities have a policy of only getting in touch with families when there is a positive match and not if the test comes back negative.

      Tayeb is contemplating one final visit to Spain to try and retrieve his cousin Oussama, partly to be certain for his own sake that he’s done everything in his power to find him, but he’s worried that the journey could reopen his trauma of ambiguous loss. “The effort of going is not painful, but what is painful is coming back with nothing,” he says. “This lack of information is the worst thing.”

      “All the people on board were from the same neighbourhood in Mostaganem. I have had a chance to talk to many of their families, and they are destroyed. There is such grief but also no answers. There are only rumours, and some of the mothers believe their sons are in prisons in Morocco and Spain. We all have dreams [about the missing]. In the end, you trust what you will see in your dreams, like cosmic reality telling you he is coming. I dream of Oussama.”

      Dr Pauline Boss, professor emeritus of psychology at the University of Minnesota, USA, explains the concept of ambiguous loss: “It looks like complicated grief, intrusive thoughts,” she says. “There’s nothing else on your mind but the fact that your loved one is missing. You can’t grieve because that would mean the person is dead, and you don’t know for sure.”
      A defective system

      Of all the families of those who went missing on Oussama’s patera, only Tayeb and four other families have been able to file a missing persons report with the Spanish authorities, and only two have been able to give a DNA sample. According to a 2021 study from the International Organization for Migration (IOM), one of the major complications families face in their searches is that in order to register someone as a missing person in Spain, you have to file a report with police in the country itself, which for many families is “a virtually impossible feat” as there are no visas to travel for this purpose.

      The IOM report also notes that, while many families file missing person reports in their home countries, they are “aware of the almost symbolic nature of their efforts” and that “it will never result in any kind of investigation being launched in Spain.”

      Along with the IOM, there have been efforts by domestic NGOs, including APDHA and more than a hundred grassroots organisations, to call out Spain’s failure to adapt existing missing person procedures to the transnational challenges of cases of people who disappeared while migrating. These organisations have repeatedly argued that the country’s legal framework regarding missing persons must be adapted to ensure families can file missing person cases from abroad.

      They have also pushed for the development of specific protocols for police handling cases of disappeared migrants, as well as the creation of a missing-migrant database so as to centralise information and allow it to be exchanged with authorities in other countries. The latter would include a full range of both post-mortem data (from tattoos to DNA, through cadaveric inspections and autopsies) and antemortem medical forensic information, that is, that which comes from family members regarding the missing person.

      “The reality is that the situation across Europe is consistently poor,” explains Julia Black, an analyst with IOM’s Missing Migrant Project. “Despite our research showing these pressing needs of families, neither Spain nor any other European country has significantly changed policy or practice to help this neglected group [in recent years]. Support for families is available only on a very ad hoc basis, mostly in response to mass casualty events that are in the public eye, which leaves many thousands of people without meaningful support.”

      Non-state actors such as the Red Cross and Walking Borders, as well as a network of independent activists, try to fill this void. “It’s a terrible job that we shouldn’t be doing, because states should be responding to families and guaranteeing the rights of victims across borders,” Maleno explains. In the case of the Mostaganem patera, Walking Borders is now planning to visit Algeria next year to take DNA samples from family members and bring them back to Spain. But Maleno also acknowledges that her NGO often has to then “apply a lot of pressure” to get authorities to accept these samples.

      This is something left-wing MP Jon Iñarritu from the Basque EH Bildu party also confirms: “As I sit on the Spanish parliament’s Interior Committee, I’ve had to intervene on a number of occasions to help families seeking to register DNA samples, talking with the foreign ministry or the interior ministry to get them to accept the samples. But it shouldn’t require action from an MP to get this to happen. The whole process needs to be standardised with clear and automatic protocols [for submission]. Right now, there’s no one clear way to do it.”

      Even when IOM recommendations have become the subject of parliamentary debate in Spain, they have tended not to translate into government action. In 2021, for example, a resolution was passed by the Spanish Congress calling on the government to establish a dedicated state office for the families of disappeared migrants. “It’s clear we need to ease the administrative and bureaucratic ordeal for families by offering them a single point of contact [with state authorities],” explains Iñarritu, who sponsored the motion.

      Yet while even government parties voted in favour of the resolution, the countries’ current centre-left administration has failed to act on it in the 18 months since. “From my point of view, the government has no intention of implementing the proposal,” Iñarritu argues. “They were only offering symbolic support.”

      When the above points were put to Spain’s Interior ministry, the reply was that: “The treatment of unidentified corpses arriving on the Spanish coast is identical to that of any other corpse. In Spain, for the identification of corpses, the law enforcement agencies apply the INTERPOL Disaster Victim Identification Guide. Although this guide is especially indicated for events with multiple victims, it is also used as a reference for the identification of an isolated corpse.”

      NGOs and campaigners insist, however, that the application of the INTERPOL guide is no substitute for a specific protocol tailored to the demands of missing migrant cases or for the creation of particular mechanisms to allow for the exchange of information with families and authorities in other jurisdictions.

      Close connections with the people they have helped compensate for strained social interactions and online hate. “They call me brother, sister, and even father,” Rybak shares.
      Burial rights

      APDHA migration director Carlos Arce argues that, within a European framework that views irregular migration predominantly “through the prism of serious crime and border security, […] not even death or disappearance puts an end to the repeated assault on the dignity of migrant people.” Iñarritu also points to the EU’s wider border regime: “Many issues that don’t fit into this dominant policy framework, such as the right to identification, are simply left unmanaged on a day-to-day basis. They are simply not a priority.”

      This is also clear with respect to the Spanish government’s inaction on guaranteeing a dignified burial to those whose bodies are recovered. As noted by a 2023 report from APDHA, “while repatriation is the most desired option for families […,] the cost is very high (thousands of euros) and very few of their [home countries’] embassies help [to cover it].” The NGO recommends that Spain establish repatriation agreements with the countries where migrants come from so as to create “mortuary safe passages” guaranteeing their return at a reduced cost.

      Furthermore, Spain’s central government has also failed to put in place mechanisms to ensure the right of unidentified migrants to a dignified burial within the country, instead maintaining that local councils are responsible for all charitable burials. This has meant that very specific municipalities where coastguard rescue boats are stationed are left legally responsible for the bulk of the interments – and most of these municipalities lack local cemeteries able to cater for traditional Muslim burials.

      The potential for this issue to become a flashpoint for anti-immigration sentiment was made clear this September when the mayor of Mogán in Gran Canaria, Onalia Bueno, insisted that her municipality would no longer pay for such burials, as she did not want to “detract the costs from the taxes of my neighbours.”

      CEAR’s Juan Carlos Lorenzo condemns such “divisive language, which frames the issue in terms of wasting my ‘neighbours’ money’ on someone who is not a neighbour,” and points instead to the actions of municipalities in El Hierro as a positive counterexample.

      Carballo notes that “over 10,000 people have arrived in El Hierro since September, the same as the island’s population. These are quite long trips, between six and nine days at sea, and right now people are arriving in a terrible state of health. With those who have died in recent months, we’ve tried to offer them a dignified burial within the means at our disposal. We’ve had an imam present, with Islamic prayers said before the remains were laid to rest.”

      Currently, the responsibility of memorialising unidentified victims comes down to individual municipalities and even cemetery keepers. Like Gérman at the cemetery in Barbate, who tries to dignify the unmarked tombs by placing flowers on top of them, the cemetery of Motril has adorned tombs with poems. In Teguise, the council has an initiative encouraging locals to leave flowers on the migrant graves when they come to visit the remains of their own families.

      In another memorial, a collection of around 50 discarded fishing boats has become a distinctive feature of Barbate port. These small wooden boats with Arabic script on their hulls were used by migrants attempting to cross the Strait of Gibraltar. Instead of the boats’ being scrapped, APDHA was able to convert the scrapyard into a memorial site and to place plaques on boats stating how many migrants were travelling on them and where and when they were found.

      In the case of little Alhassane Bangoura, residents routinely come to leave fresh flowers and tokens of affection, among which is a small granite bowl with his first name inscribed on it. But many victims are buried without any attempt at identification – and as countless NGOs, politicians and activists demand, it should not be simply left to good-willed residents, grave keepers or local councillors to ensure the last rights of the victims of Fortress Europe.

      https://unbiasthenews.org/counting-the-invisible-victims-of-spains-eu-borders

      #Espagne #Lanzarote #îles_Canaries #route_Atlantique #Teguise #Barbate #Cádiz #Tarifa #Arrecife

    • The unidentified: Unmarked refugee graves on the Greek borders

      Graves marked only with a stick, graves covered with weeds: a cross-border investigation documents official indifference surrounding the dignified burial of refugees who lose their lives at the Greek border.

      The phone rang on a morning in October 2022 at work, in Finland, where 35-year-old Mohamed Samim has been living for the last ten years or so.

      His nephew did not have good news: his brother Samim, Tarin Mohamad, along with his son and two daughters, was on a boat that sank near a Greek island, having sailed from the Turkish coast to Italy.

      When Samim arrived in Kythera the next day, he learned that – although weak after not eating for three days – his brother had managed to save his family before a wave took him away. He immediately went to the site of the wreck. In the water he saw bodies floating – he couldn’t see his brother’s face, but he recognized his back.

      The Coast Guard said that the bad weather had to pass before they could pull the dead from the sea. The first day passed, the second day passed, until on the third day it was finally possible. The coastguard confirmed that 8 Beaufort winds and the morphology of the area made it impossible to retrieve the bodies. Samim will never forget the sight of his brother at sea.

      In Kalamata, it took four days of shifting responsibility between the hospital and the Coast Guard, and the help of a local lawyer who “came and yelled at them” to allow him to follow the identification process of his brother.

      He was warned that it would be a soul-crushing procedure, and that he would have to wear a triple mask because of the smell. Samim says that due to a lack of space in the morgue’s refrigerators, some of the wreck victims were kept in the chamber outside the refrigerator.

      “The stress and the smell. Our knees were shaking”, recalls Samim when we meet him in Kythera a year later.

      They started showing him decomposing bodies. First the ones outside the refrigerator. He didn’t recognize him among them. They went out and changed the masks they wore, returned, opened the refrigerators in turn, reaching the last one.

      “He was lying there, calm. The man you love. We were kind of happy that, after days, we could see him,” Samim said.

      Unclaimed dead

      The number of people dying at Europe’s borders is growing. In addition to the difficulty of recording the deaths, there is also the challenge of identifying the bodies, a traumatic process for the relatives. In some cases, however, there are bodies that remain unidentified, hundreds of men, women and children buried in unidentified graves.

      In July 2023, the European Parliament adopted a resolution recognising the right to identification of people who lose their lives trying to reach Europe, but to date there is no centralised registration system at a pan-European level. Nor is there a single procedure for the handling of bodies that end up in mortuaries, funeral homes – even refrigerated containers.

      The problem is “utterly neglected”, European Commissioner for Human Rights Dunja Mijatovic told Solomon, and added that EU countries are failing in their obligations under international human rights law”. The tragedy of the missing migrants has reached horrifying proportions. The issue requires immediate action,” she added.

      The International Organization for Migration’s (IOM) Missing Migrants platform, which acknowledges that its data is not a comprehensive record, reports more than 1,090 missing refugees and migrants in Europe since 2014.

      As part of the Border Graves investigation, eight European journalists, together with Unbias the News, the Guardian, Süddeutsche Zeitung, and Solomon, have spent seven months investigating what happens to the thousands of unidentified bodies of those who die at European borders, and for the first time they have recorded almost double that number: according to the data collected, more than 2,162 people died between 2014 and 2023.

      We studied documents and interviewed state coroners, prosecutors and funeral home workers; residents and relatives of the deceased and missing; and gained exclusive access to unpublished data from the International Committee of the Red Cross.

      In 65 cemeteries along the European border - Greece, Spain, Italy, Malta, Poland, Lithuania, France, Spain, Italy, Malta, Lithuania, France and Croatia - we have recorded more than 1,000 unidentified graves from the last decade.

      The investigation documents how state indifference to the dignified burial of people who die at the border is pervasive in European countries.

      In Greece, we recorded more than 540 unidentified refugee graves, 54% of the total recorded by the European survey. We travelled to the Aegean islands and Evros, and found graves in fields sometimes covered by weeds, and marble slabs with dates of death erased, while in other cases a piece of wood with a number is the only marking.

      The data from our survey, combined with the data from the International Committee of the Red Cross, is not an exhaustive account of the issue. However, they do capture for the first time the gaps and difficulties of a system that leads to thousands of families not knowing where their relatives are buried.

      Lesvos: 167 unidentified refugee graves

      A long dirt road surrounded by olive trees leads to the gate of the cemetery of Kato Tritos, which is usually locked with a padlock.

      The “graveyard of refugees,” as they call it on the island, is located about 15 kilometers west of Mytilene. It is the only burial site exclusively for refugees and migrants in Greece.

      During one of our visits, the funeral of four children was taking place. They lost their lives on August 28, 2023, when the boat they were on with 18 other people sank southeast of Lesvos.

      The grieving mother and several women, including family members, sat under a tree, while the men prayed near the shed used for the burial process, according to Islamic tradition.

      In Kato Tritos and Agios Panteleimonas, the cemetery on Mytilene where people who died while migrating had been buried until then, we counted a total of 167 unidentified graves from between 2014-2023.

      Local journalist and former member of the North Aegean Regional Council Nikos Manavis explains that the cemetery was created in 2015 in an olive grove belonging to the municipality of Mytilene due to an emergency: a deadly shipwreck in the north of the island on October 28 of that year resulted in at least 60 dead, for whom the island’s cemeteries were not sufficient.

      Many shipwreck victims remain buried in unidentified graves. Gravestones are marked with the estimated age of the deceased and the date of burial, sometimes only a number. Other times, a piece of wood and surrounding stones mark the grave.

      “What we see is a field, not a graveyard. It shows no respect for the people who were buried here.”
      Nikos Manavis

      This lack of respect for the Lower Third Cemetery mobilized the Earth Medicine organization. As Dimitris Patounis, a member of the NGO, explains, in January 2022 they made a proposal to the municipality of Mytilene for the restoration of the cemetery. Their plan is to create a place of rest with respect and dignity, where refugees and asylum seekers can satisfy the most sacred human need, mourning for their loved ones.

      Although the city council approved the proposal in the spring of 2023, the October municipal elections delayed the project. Patounis says he is positive that the graves will soon be inventoried and the area fenced.

      Christos Mavrachilis, an undertaker at the Agios Panteleimon cemetery, recalls that in 2015 Muslim refugees were buried in a specific area of the cemetery.

      “If someone was unidentified, I would write ‘Unknown’ on their grave,” he says. If there were no relatives who could cover the cost, Mavrachilis would cut a marble himself and write as much information as he could on the death certificate. “They were people too,” he says, “I did what I could.”

      For his part, Thomas Vanavakis, a former owner of a funeral parlour that offered services in Lesvos until 2020, also says that they often had to cover burials without receiving payment. “Do you know how many times we went into the sea and paid workers out of our own pockets to pull out the bodies and didn’t get a penny?” he says.

      Efi Latsoudi, who lives in Lesvos and works for Refugee Support Aegean (RSA), says that in 2015 there were burials that the municipality of Mytilene could not cover, and sometimes “the people who participated in the ceremony paid for them. We were trying to give a dignity to the process. But it was not enough,” she says.

      Latsoudi recalls something a refugee had mentioned to her in 2015: ’The worst thing that can happen to us is to die somewhere far away and have no one at our funeral’.

      The municipality of Mytilene did not answer our questions regarding the dignified burial of refugees in the cemeteries under its responsibility.

      Chios and Samos: graves covered by weeds

      According to Greek legislation, the local government (and in case of its inability, the region) covers the cost of the burial of both unidentified people who die at the border and those who are in financial difficulty.

      For its part, the Municipal Authority of Chios stated that funding is provided for the relevant costs, and that “within the framework of its responsibilities for the cemeteries, it maintains and cares for all the sites, without discrimination and with the required respect for all the dead.”

      But during our visit in August to the cemetery in Mersinidi, a few kilometers north of Chios town, where refugees are buried next to the graves of the locals, it was not difficult to spot the separation: the five unidentified graves of refugees were marked simply by a marble, usually covered by vegetation.

      Natasha Strachini, an RSA lawyer living in Chios, has taken part in several funerals of refugees both in Chios and Lesvos. For her, the importance of the local community and presence at such a difficult human moment is very important.

      Regarding burials, he explains that “only a good registration system could help relatives to locate the grave of a person they have lost, as usually in cemeteries after three to five years exhumations take place.” He says that sometimes a grave remains unidentified even though the body has been identified, either because the identification process was delayed or because the relatives could not afford to change the grave.

      In Heraion of Samos, next to the municipal cemetery, on a plot of land owned by the Metropolis and used as a burial site for refugees, we recorded dozens of graves dating between 2014-2023. The plaques – some broken – placed on the ground, hidden by branches, pine needles and pine cones, simply inscribe a number and the date of burial.

      Lawyer Dimitris Choulis, who lives in Samos and handles cases related to the refugee issue, commented: ‘It is a shameful image to see such graves. It is unjustifiable for a modern society like Greece.”
      Searching for data

      The International Committee of the Red Cross is one of the few international organisations working to identify the dead refugees. Among other things, they have conducted several training sessions in Greece for members of the Coast Guard and the Greek Police.

      “We have an obligation to provide the dead with a dignified burial; and the other side, providing answers to families through identification of the dead. If you count the relatives of those who are missing, hundreds of thousands of people are impacted. They don’t know where their loved ones are. Were they well treated, were they respected when they were buried? That’s what preys on families’ minds,” says Laurel Clegg, ICRC forensic Coordinator for Migration to Europe.

      She explains that keeping track of the dead “consists of lots of parts working well together – a legal framework that protects the unidentified dead, consistent post-mortems, morgues, registries, dignified transport, cemeteries”

      However, countries’ “medical and legal systems are proving inadequate to deal with the scale of the problem,” she says.

      Since 2013, as part of its programme to restore family links, the Red Cross has registered 16,500 requests in Europe from people looking for their missing relatives. According to the international organisation, only 285 successful matches (1.7%) have been made.

      These matches are made by the local forensic experts.

      “We always collect DNA samples from unidentified bodies. It is standard practice and may be the only feasible means of identification,” says Panagiotis Kotretsos, a forensic pathologist in Rhodes. The samples are sent to the DNA laboratory of the Criminal Investigation Department of the Greek Police, according to an INTERPOL protocol.

      According to the Red Cross, difficulties usually arise when families are outside the EU, and are due to a number of factors, such as differences in the legal framework or medical systems of the countries. For example, some EU countries cannot ‘open’ a case and take DNA samples from families without a mandate from the authorities of the country where the body of the relative being sought has been recovered.

      The most difficult part of the DNA identification process is that there needs to be a second sample to be compared with the one collected by the forensic experts, which has to be sent by the families of the missing persons. “For a refugee who started his journey from a country in central Africa, travelled for months, and died in Greece, there will be genetic material in the morgue. But it will remain unmatched until a first-degree relative sends a DNA sample,” says Kotretsos.

      He explains that this is not always possible. “We have received calls from relatives who were in Syria, looking for missing family members, and could not send samples precisely because they were in Syria.”

      Outside the university hospital of Alexandroupolis, two refrigerated containers provided by the Red Cross as temporary mortuaries house the bodies of 40 refugees.

      Pavlos Pavlidis, Professor of Forensic Medicine at the Democritus University of Thrace, has since 2000 performed autopsies on at least 800 bodies of people on the move, with the main causes of death being drowning in the waters of Evros and hypothermia.

      The forensic scientist goes beyond the necessary DNA collection: he or she records data such as birthmarks or tattoos and objects (like wallets, rings, glasses), which could be the missing link for a relative looking for a loved one.

      He says a total of 313 bodies found in Evros since 2014 remain unidentified. Those that cannot be identified are buried in a special cemetery in Sidiro, which is managed by the municipality of Soufli, while 15-20 unidentified bodies were buried in Orestiada while the Sidiro cemetery was being expanded.

      The bodies of Muslim refugees who are identified are buried in the Muslim cemetery in Messouni Komotini or repatriated when relatives can cover the cost of repatriation.

      “This is not decent”

      In response to questions, the Ministry of Immigration and Asylum said that the issue of identification and burial procedures for refugees does not fall within its competence. A Commission spokesman said that no funds were foreseen for Greece, but that such expenditure “could be supported under the National Programme of the Asylum, Migration and Integration Fund”, which is managed by the Migration Ministry.

      Theodoros Nousias is the chief forensic pathologist of the North Aegean Forensic Service, responsible for the islands of Lesvos, Samos, Chios and Lemnos. According to the coroner, the DNA identification procedure has improved a lot compared to a few years ago.

      Nusias says he was always available when asked to identify someone. “You have to serve people, that’s why you’re there. To serve people so they can find their family,” he adds.

      The coroner lives in Lesvos, but says he has never been to the cemetery in Kato Tritos. “I don’t want to go. It will be difficult for me because most of these people have passed through my hands.”

      In October 2022, 32-year-old Suja Ahmadi and his sister Marina also travelled to Kythera and then to Kalamata to identify the body of their father, Abdul Ghasi.

      The 65-year-old had started the journey to Italy with his wife Hatige – she survived. The two brothers visited the hospital, where they were shown all eight bodies, male and female, although they had explained from the start that the man they were looking for was a man.

      Their father’s body was among those outside the freezer.

      “My sister was crying and screaming at them to get our father out of the refrigerator container because he smelled,” Suja recalls. “It was not a decent place for a man.”

      https://unbiasthenews.org/the-unidentified-unmarked-refugee-graves-in-the-greek-borders

      #Grèce #Chios #Evros #Samos #Alexandroupolis #Lesbos #Kato_Tritos #Sidiro #Mersinidi #Mersinidi #Pavlos_Pavlidis

    • Enterrar a más de mil personas sin nombre: las trabas de la UE y España para identificar los cuerpos de migrantes

      Cientos de personas fallecidas en la última década yacen en tumbas sin nombre en España, sin que el Gobierno tome medidas coordinadas para garantizar su identificación

      En enero de 2020, Alhassane Bangoura fue enterrado en una tumba sin nombre en la zona musulmana del cementerio municipal de Teguise, en Lanzarote, ante la presencia de funcionarios municipales y miembros de la comunidad musulmana local. El pequeño había nacido apenas un par de semanas antes a bordo de una patera abarrotada en la que su madre, originaria de Guinea, y otras 42 personas intentaban llegar a las Islas Canarias. La embarcación llevaba dos días a la deriva en el océano Atlántico, tras averiarse el motor, y la madre de Alhassane se puso de parto en el mar. Su hijo sólo alcanzó a vivir unas pocas horas antes de morir frente a la costa de Lanzarote.

      El caso de Alhassane conmocionó a la isla y saltó a las noticias de todo el país. Sin embargo, mientras los asistentes al entierro ofrecían sus condolencias, la madre del bebé fallecido se encontraba a 200 kilómetros de distancia, en un centro de acogida de migrantes de la vecina isla de Gran Canaria, al no haber podido obtener permiso de las autoridades para permanecer en Lanzarote durante el funeral.

      “Le habían permitido ver el cuerpo de su hijo una vez más antes de ser trasladada, y yo la acompañé a la funeraria”, cuenta Mamadou Sy, representante de la comunidad musulmana local. “Fue muy emotivo cuando se tuvo que marchar. Lo único que pudimos hacer fue prometerle que su hijo no estaría solo; que, como cualquier musulmán, sería llevado a la mezquita, donde su cuerpo sería lavado por otras madres; que rezaríamos por él y que después le enviaríamos un vídeo del entierro”.

      Casi cuatro años después, el lugar donde reposan los restos de Alhassane sigue sin tener una lápida formal. La tumba se encuentra junto a los restos de más de tres docenas de personas migrantes no identificadas, cuyos nombres se desconocen por completo pero que, como Alhassane, también son víctimas del brutal régimen fronterizo de Europa.
      Las tumbas de la frontera

      A lo largo de las fronteras de la Unión Europea, miles de personas están siendo enterradas de forma precipitada en tumbas sin nombre. El equipo de investigación de Border Graves (Las Tumbas de la Frontera) ha contabilizado que, en los últimos 10 años, al menos 2.162 cadáveres de migrantes han sido encontrados en las fronteras europeas sin identificar.

      El equipo de investigación también ha confirmado la existencia de 1.015 tumbas de inmigrantes sin identificar entre 2014 y 2021 en 103 cementerios, todas ellas pertenecientes a personas que intentaban emigrar a Europa.

      El problema está “absolutamente abandonado”, afirma Dunja Mijatović, Comisaria de Derechos Humanos del Consejo de Europa, que insiste en que los países de la UE incumplen sus obligaciones en virtud de la legislación internacional sobre derechos humanos. “La tragedia de los migrantes desaparecidos ha alcanzado una magnitud espantosa. El asunto exige una actuación inmediata”.

      Las condiciones de sepultura de estos migrantes varían en todo el continente. En la última década, en la isla griega de Lesbos, un olivar se ha convertido en un cementerio informal para refugiados. Al menos 147 tumbas sin identificar se pueden encontrar en el pequeño pueblo de Kato Tritos, que según explica el periodista Nikos Manavis brotaron tras la gran oleada de refugiados de 2015. “Los otros cementerios de la isla eran inapropiados y no podían cubrir el número de muertos que había que enterrar en Lesbos”, afirma. “Pero no es un cementerio. Es sólo un campo. No se muestra ningún respeto por la gente enterrada aquí”.

      En Siče, una población al este de Croacia, se hallan las tumbas de tres refugiados afganos al borde del cementerio del pueblo, separadas de las de los residentes locales. Los tres hombres no identificados, que se ahogaron intentando cruzar el río Sava desde Bosnia a Croacia, están enterrados bajo sencillas cruces de madera en las que se lee “NN” (desconocido).

      En la frontera entre Lituania y Bielorrusia, un pequeño cementerio de la tranquila localidad de Rameikos alberga la tumba de un emigrante indio. El lugar está marcado por un trozo de madera vertical, a pocos metros de la valla fronteriza. En el cementerio de Piano Gatta, en Agrigento (Sicilia), están enterrados decenas de cadáveres sin identificar del naufragio de Lampedusa en 2013, en el que perdieron la vida 368 personas de Eritrea y Somalia al hundirse el pesquero en el que viajaban.

      En cuanto a la extensa costa española, pueden encontrarse tumbas de inmigrantes desde Alicante hasta Cádiz, y hacia el sur hasta las Canarias. Algunas tienen nombre, pero lo más frecuente es que las inscripciones sean del estilo de “inmigrante no identificado”, “marroquí desconocido” o “víctima del Estrecho [de Gibraltar]”. O, simplemente, una cruz pintada a mano.

      En el cementerio de Barbate, en Cádiz, donde los difuntos están sepultados en nichos, el jardinero Germán señala más de 30 tumbas de inmigrantes: las más antiguas datan de 2002 y las más recientes son de un naufragio de 2019. “Nunca viene nadie a visitarlos, pero los días que hay funerales aquí y se van a tirar las flores antiguas, las coloco en las tumbas de los migrantes desconocidos”, explica. “En algunas de las más antiguas hay restos de hasta cinco o seis emigrantes juntos, cada uno colocado en bolsas separadas dentro del mismo nicho para ahorrar espacio”.

      Tal preocupación era menos evidente en Arrecife, Lanzarote, donde dos tumbas no identificadas de febrero de este año se han dejado selladas con una cubierta que aún lleva el logotipo de una empresa.

      No existen datos exhaustivos sobre cuántas fosas de inmigrantes identificadas y no identificadas existen en España, y el Ministerio del Interior nunca ha dado a conocer cifras sobre el número total de cadáveres recuperados en las distintas rutas migratorias marítimas. Pero los datos del Comité Internacional de la Cruz Roja (CICR) revelan que entre 2014 y 2021 se recuperaron los cuerpos de alrededor de 530 personas fallecidas en las fronteras españolas, de las cuales 292 permanecen sin identificar.

      En los diez meses que ha durado la investigación europea Border Graves, llevada a cabo de manera conjunta entre un grupo de periodistas independientes y los medios Unbias the News, The Guardian y Süddeutsche Zeitung y publicada en exclusiva en España por elDiario.es, se ha confirmado la existencia de 109 tumbas de migrantes no identificados entre 2014 y 2021 en 18 lugares de España. Según un estudio de la Universidad de Ámsterdam, otras 434 tumbas sin identificar se remontan al periodo 2000-2013 en al menos 65 cementerios del territorio nacional.

      Estas tumbas son símbolos de una tragedia humanitaria mucho mayor. El CICR calcula que sólo el 6,89% de los restos mortales de las personas que desaparecen a lo largo de las fronteras europeas son recuperados, mientras que la ONG española Caminando Fronteras da una cifra aún más baja para la ruta atlántica de África Occidental a Canarias, estimando que sólo se recupera el 4,2% de los cuerpos de los fallecidos.
      Garantizar los “últimos derechos”

      Las tumbas anónimas y sin visitar reflejan también el hecho de que el derecho a la identificación y a un entierro digno de los fallecidos en las rutas migratorias ha sido sistemáticamente desatendido por las autoridades nacionales españolas. En 2021, el Parlamento Europeo aprobó una resolución que reconoce el derecho a la identificación de los fallecidos en las rutas migratorias, y la necesidad de una base de datos coordinada que recoja los datos de la frontera. Pero, al igual que en otros países europeos, los sucesivos gobiernos han sido incapaces de desarrollar mecanismos legales y protocolos estatales para garantizar estos “últimos derechos” de las víctimas, así como el “derecho a saber” y a llorar a sus seres queridos que corresponde a las familias.

      “La gente siempre llama a la oficina y nos pregunta cómo buscar a un familiar, pero hay que ser sincero y decir que no hay un canal oficial claro al que puedan dirigirse”, explica Juan Carlos Lorenzo, coordinador del Consejo Español para los Refugiados (CEAR) en Canarias. “Se les puede poner en contacto con la Cruz Roja, pero no hay un programa de identificación liderado por el Gobierno. Tampoco existe el tipo de recurso especializado necesario para coordinarse con las familias y centralizar la información y los datos sobre los migrantes desaparecidos”.

      Helena Maleno, directora de Caminando Fronteras, afirma: “Sólo este año estamos trabajando con más de 600 familias cuyos seres queridos han desaparecido. Estas familias, procedentes de Marruecos, Argelia, Senegal, Guinea y países tan lejanos como Sri Lanka, están muy solas y poco protegidas por las administraciones públicas. A su vez, esto significa que hay redes criminales y estafadores que buscan sacarles dinero”.

      Incluso en el caso de la identificación de una víctima, un reciente informe de la Asociación Pro Derechos Humanos de Andalucía (APDHA) expone las barreras legales y financieras a las que se enfrentan las familias para repatriar a sus seres queridos. En 2020/21, las cifras del CICR muestran que se recuperaron 284 cuerpos pero que, de los 116 identificados, sólo 53 fueron repatriados. El informe de la APDHA también señala, respecto a las tumbas fronterizas, que “muchas personas acaban enterradas de manera contraria a sus creencias”. Apenas la mitad de las 50 provincias españolas cuentan con cementerios musulmanes, y no todos están en la costa española.

      Para Maleno, estos fallos del Estado no son casualidad: “España y otros Estados europeos mantienen una política de invisibilización de las víctimas y de la propia frontera. Tienen políticas de negación del número de muertos y de ocultación de datos, pero para las familias esto significa obstáculos en cuanto al acceso a la información y a los derechos de sepultura, así como interminables trabas burocráticas”.
      “Sueño con Oussama”

      Abdallah Tayeb ha sufrido en primera persona las deficiencias del sistema español en sus intentos por confirmar si un cadáver recuperado en diciembre de 2022 es el de su primo Oussama, un joven barbero argelino que soñaba con reunirse con Tayeb en Francia.

      Tayeb está convencido de que el cuerpo sin identificar, que se cree que está en un depósito de cadáveres de Almería, es el de su primo. Está previsto que los restos sean enterrados a comienzos del próximo año en una tumba sin nombre, a menos que se consiga algún avance de última hora. “La sensación es de impotencia”, admite. “No hay nada de transparencia”.

      Tayeb nació en París, de padres argelinos, pero pasa todos los veranos en Argelia con su familia. “Como Oussama y yo teníamos más o menos la misma edad, estábamos muy unidos. Le obsesionaba la idea de venir a Europa, pues dos de sus hermanos ya vivían en Francia. Pero yo no sabía que en realidad ya había organizado su viaje en una patera a finales del año pasado”.

      Oussama formaba parte de un grupo de 23 personas (entre ellas siete niños) que desaparecieron tras zarpar de Mostaganem, Argelia, en una lancha motora el día de Navidad de 2022. Poco después de la desaparición de la patera, su hermano Sofiane viajó de Francia a Cartagena, el destino al que esperaba llegar la embarcación. Con la ayuda de la Cruz Roja, Sofiane pudo presentar una denuncia por desaparición y dar una muestra de ADN, pero no pudo reunir ninguna información concreta sobre la suerte de su hermano.

      Sin embargo, un segundo viaje a España en febrero condujo a un gran avance. Tras recorrer juntos la costa mediterránea, Tayeb y su primo Sofiane consiguieron hablar con una patóloga forense que trabaja en la morgue de Almería, quien pareció reconocer una foto de Oussama. “No paraba de decir ’esta cara me suena’ y también mencionó un collar, algo que llevaba cuando se fue”. Según la forense, había una posible coincidencia con un cuerpo sin identificar recuperado por los guardacostas el 27 de diciembre de 2022.
      El laberinto burocrático

      Con la sensación de que por fin estaban cerca de obtener alguna respuesta, en la comisaría de Almería les informaron de que, para poder ver el cadáver –o incluso las pertenencias– y proceder a su identificación visual, necesitarían el permiso de la comisaría donde se había registrado inicialmente el cadáver. “Fue entonces cuando empezó la verdadera pesadilla”, recuerda Tayeb. Les entregaron una lista de cinco comisarías de toda la región en las que se podría haber registrado el cadáver, y se pasaron los dos días siguientes conduciendo de comisaría en comisaría a lo largo de la costa murciana.

      “En la primera comisaría que visitamos ni siquiera nos dejaron entrar cuando les dijimos que estábamos buscando a un inmigrante desaparecido, y después siempre fue la misma consigna: éste no es el lugar adecuado; no tenemos ningún cadáver; tenéis que ir a este otro lugar…”, continúa. Cuando ambos regresaron a la primera comisaría de Huércal de Almería, después de que les dijeran repetidamente que era el lugar adecuado para preguntar, los agentes, impacientes, se negaron a atenderlos, alegando leyes de protección de la intimidad, e incluso les dijeron que advirtieran a otras familias que buscaban a migrantes desaparecidos que no siguieran viniendo a preguntar.

      “Al final”, explica Tayeb, “nos dimos cuenta de que nunca nos darían ninguna información. Fue muy desgarrador, sobre todo volver a Francia. Fue como si le dejáramos [allí] en la nevera”.
      Incertidumbre

      A medida que pasaban los meses, la frustración y la ansiedad aumentaban para la familia. “En mayo nos dijeron que la muestra de ADN que habíamos dado cinco meses antes acababa de llegar a Madrid y aún no había sido procesada ni enviada a la base de datos”. No se les ha facilitado más información, y las autoridades españolas tienen la política de ponerse en contacto con las familias sólo cuando hay una coincidencia positiva, pero no si la prueba da negativo.

      Tayeb se plantea una última visita a España para intentar recuperar a su primo Oussama, en parte para estar seguro de que ha hecho todo lo posible por encontrarlo, pero le preocupa que el viaje pueda reabrir su trauma de “pérdida ambigua”. “El esfuerzo de ir no es doloroso, lo doloroso es volver sin nada”, dice. “Esta falta de información es lo peor”.

      La Dra. Pauline Boss, catedrática emérita de Psicología de la Universidad de Minnesota (EE.UU.), explica el concepto de pérdida ambigua: “Se parece a un duelo complejo, con pensamientos intrusivos”, dice. “No tienes otra cosa en la cabeza más que el hecho de que tu ser querido ha desaparecido. No puedes afrontar el duelo, porque eso significaría que la persona está muerta, y no lo sabes con certeza”.

      Tayeb lo explica con sus propias palabras: “Todas las personas que iban a bordo eran del mismo barrio de Mostaganem. He podido hablar con muchas de sus familias y están destrozadas. Hay mucho dolor, pero tampoco hay respuestas. Sólo hay rumores, y algunas de las madres creen que sus hijos están en cárceles de Marruecos y España. Todos tenemos sueños [sobre los desaparecidos]. Al final, confías en lo que ves en tus sueños, como si la realidad cósmica te dijera que va a venir. Sueño con Oussama”.
      Un sistema defectuoso

      De todas las familias de los desaparecidos en la patera de Oussama, sólo Tayeb y otras tres familias han podido presentar denuncias de desaparición ante las autoridades españolas, y únicamente en dos casos se han podido entregar muestras de ADN. Según un informe de 2021 de la Organización Internacional para las Migraciones (OIM), una de las mayores complicaciones a las que se enfrentan las familias en sus búsquedas es que, para registrar a alguien como desaparecido en España, hay que presentar una denuncia ante la policía del propio país, lo que para muchas familias es “una hazaña prácticamente imposible”, ya que no existen visados para viajar con este fin.

      El informe de la OIM también señala que, aunque muchas familias presentan denuncias de personas desaparecidas en sus países de origen, son “conscientes del carácter casi simbólico de sus esfuerzos” y de que “nunca darán lugar a que se inicie ningún tipo de investigación en España.”

      Junto con la OIM, algunas ONG nacionales, como la APDHA y más de un centenar de organizaciones comunitarias, han denunciado la incapacidad de España para adaptar los procedimientos vigentes en materia de personas desaparecidas a los retos transnacionales que plantean los casos de migrantes desaparecidos. Estas organizaciones han defendido en repetidas ocasiones que el marco jurídico del país en materia de personas desaparecidas debe adaptarse para garantizar que las familias puedan presentar denuncias desde el extranjero por casos de personas desaparecidas.

      También han presionado para que se elaboren protocolos específicos para la policía al tratar casos de migrantes desaparecidos, así como para que se cree una base de datos de migrantes desaparecidos que permita centralizar la información y haga posible el intercambio con autoridades de otros países. Esta incluiría todos los datos disponibles post mortem (desde tatuajes hasta ADN, pasando por inspecciones de cadáveres y autopsias) como de información médica forense ante mortem, es decir, la que procede de los familiares en relación con la persona desaparecida.

      “La realidad es que la situación en toda Europa es sistemáticamente deficiente”, explica Julia Black, analista del Proyecto Migrantes Desaparecidos de la OIM. “A pesar de que nuestras investigaciones muestran estas necesidades acuciantes de las familias, ni España ni ningún otro país europeo ha cambiado [en los últimos años] de forma significativa sus políticas, ni tampoco han mejorado las prácticas para ayudar a este grupo desatendido. El apoyo a las familias sólo está disponible de forma muy puntual, sobre todo en respuesta a sucesos con víctimas masivas que están en el punto de mira de la opinión pública, lo que deja a muchos miles de personas sin un apoyo adecuado”.

      Actores no estatales como la Cruz Roja y Caminando Fronteras, así como una red de activistas independientes, intentan llenar este vacío. “Es un trabajo terrible que no deberíamos estar haciendo, porque los Estados deberían responder a las familias y garantizar los derechos de las víctimas más allá de las fronteras”, explica Maleno. En el caso de la patera de Mostaganem, Caminando Fronteras tiene previsto viajar a Argelia el año que viene para tomar muestras de ADN de los familiares y traerlas a España. Pero Maleno también reconoce que su ONG a menudo tiene que “ejercer mucha presión” para que las autoridades acepten estas muestras.

      Es algo que también confirma Jon Iñarritu, diputado de EH Bildu: “Como miembro de la Comisión de Interior del Congreso de los Diputados, he tenido que intervenir en varias ocasiones para ayudar a las familias que querían registrar muestras de ADN, hablando con el Ministerio de Asuntos Exteriores o con el Ministerio del Interior para que aceptaran las muestras. Pero no debería ser necesaria la intervención de un diputado para conseguirlo. Es necesario normalizar todo el proceso con protocolos claros y automáticos [para la presentación de las muestras]. Ahora mismo, no hay una forma clara de hacerlo”.

      Incluso cuando las recomendaciones de la OIM han sido objeto de debate parlamentario en España, no han tendido a traducirse en medidas gubernamentales. En 2021, por ejemplo, el Congreso de los Diputados aprobó una Proposición no de Ley en la que se instaba al Gobierno a crear una oficina estatal específica para las familias de migrantes desaparecidos. “Está claro que necesitamos aliviar el calvario administrativo y burocrático para las familias ofreciéndoles un único punto de contacto [con las autoridades estatales]”, explica Iñárritu, impulsor de la moción.

      Sin embargo, aunque los partidos en el gobierno votaron a favor de la resolución, no se ha tomado ninguna medida al respecto en los 18 meses transcurridos desde la aprobación de la resolución. “Desde mi punto de vista, el Gobierno no tiene ninguna intención de aplicar la propuesta”, argumenta Iñárritu. “Sólo ofrecían un apoyo simbólico”.

      Cuando se expusieron las cuestiones anteriores al Ministerio del Interior, la respuesta fue la siguiente: “El tratamiento de los cadáveres sin identificar que llegan a las costas de España es idéntico al hallazgo de cualquier otro cadáver. En España, para la identificación de cadáveres, las Fuerzas y Cuerpos de Seguridad del Estado aplican la Guía de INTERPOL para la Identificación de Víctimas de Catástrofes. Esta Guía, aunque está especialmente indicada para los sucesos con víctimas múltiples, también es aplicada como referencia para la identificación de un cadáver aislado”.
      Derechos de sepultura

      El director de migraciones de APDHA, Carlos Arce, escribe que, en un marco europeo que contempla la migración irregular predominantemente a través del prisma de la criminalidad grave y la seguridad fronteriza, “ni siquiera la muerte o desaparición de las personas migrantes pone freno a la concatenación de ataques a su dignidad”. Por su parte, Iñárritu también apunta al régimen fronterizo más amplio de la UE: “Muchas cuestiones que no encajan en este marco político dominante, como el derecho de identificación, simplemente se dejan sin gestionar en el día a día. Sencillamente, no son una prioridad”.

      Esto también queda claro en lo que respecta a la inacción del gobierno español a la hora de garantizar un entierro digno a las personas cuyos cuerpos son recuperados. Como señala un informe de 2023 de APDHA, “aunque la repatriación es la opción más deseada por las familias [...] el coste es muy elevado (miles de euros) y muy pocas de sus embajadas ayudan [a sufragarlo]”. La ONG recomienda a España que establezca acuerdos de repatriación con los países de procedencia de los inmigrantes para crear “salvoconductos mortuorios” que garanticen su retorno a un coste reducido.

      A esto se suma que el gobierno central tampoco ha establecido mecanismos para garantizar el derecho de los inmigrantes no identificados a un entierro digno dentro del territorio español, sino que sostiene que los ayuntamientos son responsables de todos los entierros de carácter benéfico. Esto ha supuesto que municipios muy concretos, en los que están estacionadas las embarcaciones de salvamento marítimo, sean legalmente responsables de la mayor parte de los entierros, y la mayoría de estos municipios carecen de cementerios locales capaces de acoger entierros musulmanes tradicionales.

      La posibilidad de que este asunto se convierta en un caldo de cultivo para el rechazo a la inmigración quedó patente el pasado mes de septiembre, cuando la alcaldesa de Mogán (Gran Canaria), Onalia Bueno, insistió en que su municipio dejaría de sufragar estos entierros, ya que no quería “detraer los costes de los impuestos de mis vecinos”. Juan Carlos Lorenzo, de CEAR, condena ese “lenguaje divisivo, que enmarca la cuestión en términos de malgastar el dinero de mis ’vecinos’ en alguien que no es un vecino”, y señala en cambio la actuación de los municipios de El Hierro como contraejemplo positivo.

      En esta isla poco poblada, en los últimos dos meses han sido enterrados siete inmigrantes no identificados, junto con los restos de Mamadou Marea, de 30 años. “Los habitantes de la isla se unieron a nosotros para acompañar los restos de cada una de estas personas hasta su lugar de descanso”, explica Amado Carballo, concejal de El Hierro. “Lo que nos entristeció a todos fue no poder poner un nombre en la lápida y simplemente tener que dejar a las personas identificadas con un código policial”.

      Carballo señala que “más de 10.000 personas han llegado a El Hierro desde septiembre, lo mismo que la población de la isla. Son viajes muy largos, de entre seis y nueve días en el mar, y ahora mismo la gente llega en un pésimo estado de salud. A los que han muerto en los últimos meses hemos intentado ofrecerles un entierro digno dentro de los medios de que disponemos. Hemos contado con la presencia de un imán, que ha rezado oraciones del Islam antes de depositar los restos”.

      En la actualidad, la responsabilidad de conmemorar a las víctimas no identificadas recae en los municipios e incluso en los responsables de los cementerios. Al igual que Germán en el cementerio de Barbate, que intenta dignificar las tumbas sin nombre colocando flores sobre ellas, el cementerio de Motril ha adornado las tumbas con poemas. En Teguise, el Ayuntamiento ha puesto en marcha una iniciativa que anima a los vecinos a dejar flores en las tumbas de los inmigrantes cuando vienen a visitar los restos de sus familiares.

      En otro gesto conmemorativo, una colección de unas 50 barcas de pesca desechadas se ha convertido en un rasgo distintivo del puerto de Barbate. Estas pequeñas embarcaciones de madera con escritura árabe en el casco eran utilizadas por los emigrantes que intentaban cruzar el Estrecho de Gibraltar. En lugar de ser desguazadas, APDHA pudo convertir el astillero en un lugar conmemorativo y colocar placas en las embarcaciones en las que se indicaba cuántas personas viajaban en ellas y dónde y cuándo fueron encontradas.

      En el caso del pequeño Alhassane Bangoura, los vecinos acuden habitualmente a dejar flores frescas y otras muestras de afecto, entre ellas un pequeño cuenco de granito con su nombre de pila inscrito. Pero muchas víctimas son enterradas sin ningún intento de identificación y, tal y como exigen innumerables ONG, políticos y activistas, no debería dejarse en manos de la buena voluntad de residentes, trabajadores de cementerios o concejales el garantizar los últimos derechos de las víctimas de la Fortaleza Europa.

      https://www.eldiario.es/desalambre/enterrar-mil-personas-nombre-trabas-ue-espana-identificar-cuerpos-migrantes

    • « Αγνώστων στοιχείων » : Πάνω από 1.000 αταυτοποίητοι τάφοι στα ευρωπαϊκά σύνορα

      Τάφοι με μόνη σήμανση ένα ξύλο, μνήματα που καλύπτονται από αγριόχορτα : μια διασυνοριακή έρευνα οκτώ δημοσιογράφων σε συνεργασία με Solomon, Guardian και Süddeutsche Zeitung καταγράφει την αδιαφορία γύρω από την αξιοπρεπή ταφή των προσφύγων που χάνουν τη ζωή τους στα ευρωπαϊκά σύνορα.

      Το τηλέφωνο χτύπησε ένα πρωινό του Οκτωβρίου 2022 στη δουλειά, στη Φινλανδία όπου ο 35χρονος Μοχάμεντ Σαμίμ ζει τα τελευταία δέκα περίπου χρόνια.

      Ο ανιψιός του δεν είχε καλά νέα : ο αδερφός του Σαμίμ, Ταρίν Μοχαμάντ, μαζί με τον γιο και τις δύο κόρες του, βρισκόταν σε ένα σκάφος που βυθίστηκε κοντά σε ένα ελληνικό νησί, έχοντας αποπλεύσει από τα τουρκικά παράλια για την Ιταλία.

      Όταν ο Σαμίμ έφτασε την επομένη στα Κύθηρα, έμαθε πως —παρότι αδύναμος αφού δεν είχε φάει επί τρεις μέρες— ο αδερφός του είχε καταφέρει να σώσει την οικογένειά του πριν ένα κύμα τον πάρει μακριά. Πήγε αμέσως στο σημείο του ναυαγίου. Μέσα στο νερό είδε σώματα να επιπλέουν — δεν μπορούσε να δει το πρόσωπο του αδερφού του, αλλά αναγνώρισε την πλάτη του.

      Το Λιμενικό είπε πως έπρεπε να περάσει η κακοκαιρία για να μπορέσουν να βγάλουν τους νεκρούς από τη θάλασσα. Πέρασε η πρώτη μέρα, πέρασε και δεύτερη, ώσπου την τρίτη ημέρα κατέστη τελικά δυνατό. Το Λιμενικό επιβεβαίωσε στο Solomon πως άνεμοι έντασης 8 μποφόρ και η μορφολογία της περιοχής καθιστούσαν την ανάσυρση των σορών αδύνατη. Ο Σαμίμ δεν θα ξεχάσει ποτέ την εικόνα του αδερφού του στη θάλασσα.

      Στην Καλαμάτα, χρειάστηκε να περάσουν τέσσερις ημέρες μετακύλισης της ευθύνης μεταξύ νοσοκομείου και Λιμενικού, και η βοήθεια μιας ντόπιας δικηγόρου που « ήρθε και τους έβαλε τις φωνές », προκειμένου να του επιτραπεί να ακολουθήσει τη διαδικασία ταυτοποίησης του αδερφού του.

      Τον προειδοποίησαν πως θα ήταν μια ψυχοφθόρα διαδικασία, και πως θα έπρεπε να φορέσει τριπλή μάσκα λόγω της μυρωδιάς. Ο Σαμίμ λέει πως, λόγω έλλειψης χώρου στα ψυγεία του νεκροτομείου, ορισμένα από τα θύματα του ναυαγίου βρίσκονταν στον θάλαμο εκτός ψυγείου.

      « Το άγχος και η μυρωδιά. Τα γόνατά μας έτρεμαν », θυμάται ο Σαμίμ όταν τον συναντάμε στα Κύθηρα ένα χρόνο μετά.

      Ξεκίνησαν να του δείχνουν σώματα σε αποσύνθεση. Πρώτα αυτά εκτός ψυγείου. Δεν τον αναγνώρισε ανάμεσά τους. Βγήκαν έξω και άλλαξαν τις μάσκες που φορούσαν, επέστρεψαν, άνοιξαν με τη σειρά τα ψυγεία φτάνοντας στο τελευταίο.

      « Βρισκόταν εκεί, ήρεμος. Ο άνθρωπος που αγαπάς. Ήμασταν κάπως χαρούμενοι που, μετά από μέρες, μπορούσαμε να τον δούμε », είπε ο Σαμίμ.
      Νεκροί πρόσφυγες στα αζήτητα

      Ο αριθμός των προσφύγων που πεθαίνουν στα σύνορα της Ευρώπης ολοένα και μεγαλώνει. Πέρα από τη δυσκολία καταγραφής των θανάτων, υπάρχει και η πρόκληση της ταυτοποίησης των σορών, μια διαδικασία ψυχοφθόρα για τους συγγενείς. Σε κάποιες περιπτώσεις, ωστόσο, υπάρχουν σοροί που μένουν αταυτοποίητες, εκατοντάδες άνδρες, γυναίκες και παιδιά που θάβονται σε τάφους αγνώστων στοιχείων.

      Τον Ιούλιο του 2023, το Ευρωπαϊκό Κοινοβούλιο υιοθέτησε ψήφισμα που αναγνωρίζει το δικαίωμα στην ταυτοποίηση των ανθρώπων που χάνουν τη ζωή τους στην προσπάθεια να φτάσουν στην Ευρώπη, έως σήμερα ωστόσο δεν υπάρχει κεντρικό σύστημα καταγραφής σε πανευρωπαϊκό επίπεδο. Ούτε ενιαία διαδικασία για τη διαχείριση των σορών που καταλήγουν σε νεκροτομεία, γραφεία κηδειών — ακόμη και κοντέινερ ψύξης.

      Το πρόβλημα είναι « εντελώς παραμελημένο », είπε στο Solomon η Ευρωπαία Επίτροπος Ανθρωπίνων Δικαιωμάτων, Dunja Mijatović, η οποία αναφέρει ότι οι χώρες της ΕΕ δεν εκπληρώνουν τις υποχρεώσεις τους βάσει του διεθνούς δικαίου των ανθρωπίνων δικαιωμάτων. « Η τραγωδία των αγνοούμενων μεταναστών έχει λάβει τρομακτικές διαστάσεις. Το ζήτημα απαιτεί άμεση δράση », πρόσθεσε.

      Η πλατφόρμα Missing Migrants του Διεθνούς Οργανισμού Μετανάστευσης (ΔΟΜ), που αναγνωρίζει πως τα στοιχεία της δεν αποτελούν ολοκληρωμένη καταγραφή, κάνει λόγο για πάνω από 1.090 αγνοούμενους πρόσφυγες και μετανάστες στην Ευρώπη από το 2014.

      Στο πλαίσιο της έρευνας Border Graves, οκτώ Ευρωπαίοι δημοσιογράφοι, από κοινού με την βρετανική εφημερίδα Guardian, την γερμανική εφημερίδα Süddeutsche Zeitung, και το Solomon για την Ελλάδα, ερεύνησαν επί επτά μήνες τι συμβαίνει με τις χιλιάδες αταυτοποίητες σορούς όσων χάνουν τη ζωή τους στα ευρωπαϊκά σύνορα, και καταγράφουν για πρώτη φορά έναν σχεδόν διπλάσιο αριθμό : σύμφωνα με τα στοιχεία που συγκεντρώθηκαν, περισσότεροι από 2.162 άνθρωποι πέθαναν την περίοδο 2014-2023.

      Μελετήσαμε έγγραφα και πήραμε συνεντεύξεις από κρατικούς ιατροδικαστές, εισαγγελείς και εργαζομένους σε γραφεία τελετών· από κατοίκους και συγγενείς θανόντων και αγνοουμένων· και αποκτήσαμε αποκλειστική πρόσβαση σε αδημοσίευτα στοιχεία της Διεθνούς Επιτροπής του Ερυθρού Σταυρού.

      Σε 65 νεκροταφεία κατά μήκος των ευρωπαϊκών συνόρων –Ελλάδα, Ισπανία, Ιταλία, Μάλτα, Πολωνία, Λιθουανία, Γαλλία και Κροατία– καταγράψαμε περισσότερους από 1.000 τάφους αγνώστων στοιχείων κατά την τελευταία δεκαετία.

      Η έρευνα καταγράφει τον τρόπο με τον οποίο η κρατική αδιαφορία γύρω από την αξιοπρεπή ταφή των ανθρώπων που χάνουν τη ζωή τους στα σύνορα διαπερνά τις ευρωπαϊκές χώρες. Στην Ιταλία, συναντήσαμε ξύλινους σταυρούς. Στην Κροατία και τη Βοσνία, συναντήσαμε δεκάδες τάφους με την ένδειξη « ΝΝ » (αγνώστων στοιχείων), στη Γαλλία απλώς με ένα « Χ ».

      Στα ισπανικά Γκραν Κανάρια, εντοπίσαμε πλάκες που δεν αναφέρουν την ταυτότητα των θανόντων, αλλά σε ποιο ναυάγιο πέθαναν : « Βάρκα μεταναστών νούμερο 4. 25/09/2022 ».

      Στην Ελλάδα, καταγράψαμε περισσότερους από 540 αταυτοποίητους τάφους προσφύγων, το 54% όσων συνολικά κατέγραψε η ευρωπαϊκή έρευνα. Ταξιδέψαμε στα νησιά του Αιγαίου και τον Έβρο, και εντοπίσαμε τάφους σε χωράφια που ενίοτε καλύπτονται από αγριόχορτα, και μαρμάρινες πλάκες με ημερομηνίες θανάτου που έχουν σβηστεί, ενώ σε άλλες περιπτώσεις ένα κομμάτι ξύλο μαζί με έναν αριθμό αποτελεί τη μόνη σήμανσή τους.

      Τα στοιχεία της έρευνάς μας, σε συνδυασμό με τα στοιχεία της Διεθνούς Επιτροπής του Ερυθρού Σταυρού, δεν αποτελούν εξαντλητική καταγραφή του ζητήματος. Ωστόσο, αποτυπώνουν για πρώτη φορά τα κενά και τις δυσκολίες ενός συστήματος, που οδηγεί χιλιάδες οικογένειες να μην γνωρίζουν πού είναι θαμμένοι οι συγγενείς τους.

      Λέσβος : 167 αταυτοποίητοι τάφοι προσφύγων

      Ένας μακρύς χωματόδρομος, που τριγυρίζεται από ελαιόδεντρα, οδηγεί στην πύλη του νεκροταφείου του Κάτω Τρίτου, που συνήθως παραμένει κλειδωμένη με λουκέτο.

      Το « νεκροταφείο των προσφύγων », όπως το αποκαλούν στο νησί, βρίσκεται περίπου 15χλμ δυτικά της Μυτιλήνης. Αποτελεί τον μοναδικό χώρο ταφής αποκλειστικά για πρόσφυγες και μετανάστες στην Ελλάδα.

      Κατά τη διάρκεια μίας από τις επισκέψεις μας, λάμβανε χώρα η κηδεία τεσσάρων παιδιών. Έχασαν τη ζωή τους στις 28 Αυγούστου 2023, όταν η βάρκα στην οποία επέβαιναν μαζί με 18 ακόμη ανθρώπους βυθίστηκε νοτιοανατολικά της Λέσβου.

      Η πενθούσα μητέρα και αρκετές γυναίκες, μεταξύ των οποίων μέλη της οικογένειας, κάθονταν κάτω από ένα δέντρο, ενώ οι άνδρες προσεύχονταν κοντά στο υπόστεγο που χρησιμοποιείται για τη διαδικασία της ταφής σύμφωνα με την ισλαμική παράδοση.

      Στον Κάτω Τρίτο και τον Άγιο Παντελεήμονα, το νεκροταφείο της Μυτιλήνης όπου θάβονταν οι πρόσφυγες έως τότε, μετρήσαμε συνολικά 167 τάφους αγνώστων στοιχείων μεταξύ 2014-2023.

      Ο τοπικός δημοσιογράφος, και πρώην μέλος του Περιφερειακού Συμβουλίου Βορείου Αιγαίου Νίκος Μανάβης, εξηγεί πως το νεκροταφείο δημιουργήθηκε το 2015 σε έναν ελαιώνα που ανήκει στο δήμο Μυτιλήνης λόγω ανάγκης : ένα πολύνεκρο ναυάγιο στα βόρεια του νησιού, στις 28 Οκτωβρίου του έτους, είχε ως αποτέλεσμα τουλάχιστον 60 νεκρούς, για τους οποίους τα νεκροταφεία του νησιού δεν επαρκούσαν.

      Πολλά θύματα ναυαγίων παραμένουν θαμμένα σε τάφους αγνώστων στοιχείων. Στις ταφόπλακες αναγράφεται η εκτιμώμενη ηλικία των θανόντων και η ημερομηνία ταφής, ενίοτε μόνο ένας αριθμός. Άλλες φορές, ένα κομμάτι ξύλο και περιμετρικά τοποθετημένες πέτρες σηματοδοτούν τον τάφο.

      « Αυτό που βλέπουμε είναι ένα χωράφι, όχι ένα νεκροταφείο. Δεν δείχνει σεβασμό στους ανθρώπους που τάφηκαν εδώ », λέει ο Μανάβης.

      Αυτή η έλλειψη σεβασμού στο νεκροταφείο του Κάτω Τρίτου κινητοποίησε την οργάνωση Earth Medicine. Όπως εξηγεί ο Δημήτρης Πατούνης, μέλος της ΜΚΟ, τον Ιανουάριο του 2022 έκαναν πρόταση στο δήμο Μυτιλήνης για την αποκατάσταση του νεκροταφείου. Το σχέδιό τους είναι να δημιουργήσουν ένα χώρο ανάπαυσης με σεβασμό και αξιοπρέπεια, όπου οι πρόσφυγες και οι αιτούντες άσυλο θα μπορούν να ικανοποιήσουν την πιο ιερή ανθρώπινη ανάγκη, το πένθος για τους αγαπημένους τους.

      Παρόλο που το δημοτικό συμβούλιο ενέκρινε την πρόταση την άνοιξη του 2023, οι δημοτικές εκλογές του Οκτωβρίου καθυστέρησαν το έργο. Ο Πατούνης δηλώνει θετικός ότι σύντομα θα γίνει καταγραφή των τάφων και περίφραξη της περιοχής.

      Ο Χρήστος Μαυραχείλης, νεκροθάφτης στο νεκροταφείο του Αγίου Παντελεήμονα, θυμάται ότι το 2015 οι μουσουλμάνοι πρόσφυγες θάβονταν σε συγκεκριμένη περιοχή του νεκροταφείου.

      « Αν κάποιος ήταν αγνώστου ταυτότητας έγραφα στον τάφο του “Άγνωστος” », λέει. Εάν δεν υπήρχαν συγγενείς, που θα μπορούσαν να καλύψουν το κόστος, ο Μαυραχείλης έκοβε ο ίδιος ένα μάρμαρο και έγραφε όσα στοιχεία μπορούσε από το πιστοποιητικό θανάτου. « Άνθρωποι ήταν κι αυτοί », λέει, « έκανα ό,τι μπορούσα ».

      Από την πλευρά του, ο Θωμάς Βαναβάκης, πρώην ιδιοκτήτης γραφείου τελετών που πρόσφερε υπηρεσίες στη Λέσβο έως το 2020, λέει επίσης πως συχνά χρειάστηκε να καλύψουν ταφές δίχως να λάβουν αμοιβή. « Ξέρετε πόσες φορές μπήκαμε στη θάλασσα και πληρώσαμε εργάτες από την τσέπη μας για να τραβήξουμε τα πτώματα και δεν παίρναμε φράγκο ; », λέει.

      « Το να βλέπεις τόσα μωρά, να τα μαζεύεις και να τα πετάς σε ένα κουτί… Πώς μπορείς να πας σπίτι και να κοιμηθείς μετά από αυτό ; », λέει ο Βαναβάκης.

      Η Έφη Λατσούδη, που ζει στη Λέσβο και εργάζεται στην οργάνωση Refugee Support Aegean (RSA), λέει πως το 2015 υπήρχαν ταφές που δεν μπορούσε να καλύψει ο δήμος Μυτιλήνης, και ορισμένες φορές τις « πληρώναν οι άνθρωποι που συμμετείχαν στην τελετή. Προσπαθούσαμε να δώσουμε μια αξιοπρέπεια στη διαδικασία. Αλλά δεν ήταν αρκετό », λέει.

      Η Λατσούδη θυμάται κάτι που της είχε αναφέρει μια προσφύγισσα το 2015 : « Το χειρότερο που μπορεί να μας συμβεί είναι να πεθάνουμε κάπου μακριά και να μην είναι κανείς στην κηδεία μας ».

      Ο δήμος Μυτιλήνης δεν απάντησε στα ερωτήματά μας σχετικά με την αξιοπρεπή ταφή των προσφύγων στα νεκροταφεία ευθύνης του.
      Χίος και Σάμος : τάφοι καλύπτονται από αγριόχορτα

      Σύμφωνα με την ελληνική νομοθεσία, η τοπική αυτοδιοίκηση (και σε περίπτωση αδυναμίας της η περιφέρεια) καλύπτει το κόστος για την ταφή τόσο των αταυτοποίητων προσφύγων που πεθαίνουν στα σύνορα, όσο και εκείνων που βρίσκονται σε οικονομική αδυναμία.

      Από πλευράς της, η δημοτική Αρχή Χίου δήλωσε πως προβλέπεται χρηματοδότηση για τις σχετικές δαπάνες, καθώς και ότι « στο πλαίσιο των αρμοδιοτήτων της για τα νεκροταφεία, συντηρεί και φροντίζει όλους τους χώρους, χωρίς διακρίσεις και με τον απαιτούμενο σεβασμό, για όλους τους νεκρούς ».

      Αλλά κατά την επίσκεψή μας τον Αύγουστο στο νεκροταφείο του Μερσινιδίου, λίγα χιλιόμετρα βόρεια της πόλης της Χίου, όπου πρόσφυγες βρίσκονται θαμμένοι πλάι στα μνήματα των ντόπιων, δεν ήταν δύσκολο να εντοπίσει κανείς τον διαχωρισμό : οι πέντε τάφοι αταυτοποίητων προσφύγων σηματοδοτούνταν απλώς από ένα μάρμαρο, το οποίο έτεινε να υπερκαλύψει η βλάστηση.

      Η Νατάσα Στραχίνη, δικηγόρος του RSA που ζει στη Χίο, έχει λάβει μέρος σε αρκετές κηδείες προσφύγων τόσο στη Χίο όσο και στη Λέσβο. Για εκείνη, είναι πολύ μεγάλη η σημασία της τοπικής κοινότητας και η παρουσία σε μια τόσο δύσκολη ανθρώπινη στιγμή.

      Σχετικά με τις ταφές, εξηγεί πως « μόνο ένα καλό σύστημα καταγραφής θα μπορούσε να βοηθήσει τους συγγενείς να εντοπίσουν τον τάφο ενός ανθρώπου που έχασαν, καθώς συνήθως στα νεκροταφεία μετά από 3-5 χρόνια γίνονται εκταφές ». Αναφέρει πως ενίοτε ένας τάφος παραμένει αγνώστων στοιχείων παρότι η σορός έχει ταυτοποιηθεί, είτε γιατί καθυστέρησε η διαδικασία ταυτοποίησης, είτε γιατί οι συγγενείς δεν είχαν την οικονομική δυνατότητα να αλλάξουν το μνήμα.

      Στο Ηραίο Σάμου, δίπλα στο δημοτικό νεκροταφείο, σε ένα οικόπεδο που ανήκει στη Μητρόπολη και χρησιμοποιείται ως χώρος ταφής προσφύγων, καταγράψαμε δεκάδες μνήματα που χρονολογούνται μεταξύ 2014-2023. Οι πλάκες –ορισμένες σπασμένες– που έχουν τοποθετηθεί στο έδαφος, « κρυμμένες » από κλαδιά, πευκοβελόνες και κουκουνάρια, αναγράφουν απλώς έναν αριθμό και τη χρονολογία της ταφής.

      Ο δικηγόρος Δημήτρης Χούλης, που ζει στη Σάμο και χειρίζεται υποθέσεις γύρω από το προσφυγικό, σχολίασε σχετικά : « Είναι ντροπιαστική εικόνα να βλέπεις τέτοιους τάφους. Είναι αδικαιολόγητο για μια σύγχρονη κοινωνία όπως η Ελλάδα ».

      Αναζητώντας στοιχεία

      Η Διεθνής Επιτροπή του Ερυθρού Σταυρού είναι από τις λίγες διεθνείς οργανώσεις που εργάζονται για την ταυτοποίηση των νεκρών πρσοφύγων. Μεταξύ άλλων, και στην Ελλάδα έχουν πραγματοποιήσει αρκετές σχετικές εκπαιδεύσεις σε στελέχη του Λιμενικού και της Ελληνικής Αστυνομίας.

      « Είναι υποχρέωσή μας να παρέχουμε στους νεκρούς μια αξιοπρεπή ταφή. Παράλληλα, οφείλουμε να δίνουμε απαντήσεις στις οικογένειες μέσω της ταυτοποίησης των νεκρών. Αν υπολογίσουμε τους συγγενείς των αγνοουμένων, αυτή η διαδικασία επηρεάζει εκατοντάδες χιλιάδες ανθρώπους. Δεν γνωρίζουν πού βρίσκονται οι αγαπημένοι τους. Τους φέρθηκαν καλά ; Τους σεβάστηκαν όταν τους έθαψαν ; », αναφέρει η Laurel Clegg, συντονίστρια ιατροδικαστής για τη μετανάστευση στην Ευρώπη.

      Εξηγεί πως η καταγραφή των νεκρών αποτελεί διαδικασία που « απαιτεί την καλή συνεργασία μεταξύ πολλών μερών : ένα νομικό πλαίσιο που να προστατεύει τους αταυτοποίητους νεκρούς, συστηματικές νεκροψίες (consistent post-mortems), νεκροτομεία, ληξιαρχεία, αξιοπρεπή μεταφορά, νεκροταφεία ».

      Ωστόσο, τα ιατρικά και νομικά συστήματα των χωρών αποδεικνύονται ανεπαρκή για να αντιμετωπίσουν τη διάσταση του προβλήματος, προσθέτει.

      Από το 2013, στο πλαίσιο του προγράμματος για την αποκατάσταση οικογενειακών δεσμών, ο Ερυθρός Σταυρός έχει καταγράψει στην Ευρώπη 16.500 αιτήματα από ανθρώπους που αναζητούν αγνοούμενους συγγενείς τους. Σύμφωνα με τον διεθνή οργανισμό έχουν επιτευχθεί μόλις 285 επιτυχείς αντιστοιχίσεις (1,7%).

      Τις αντιστοιχίσεις αυτές αναλαμβάνουν οι κατά τόπους ιατροδικαστές.

      « Συλλέγουμε πάντα δείγματα DNA από τις σορούς αγνώστων στοιχείων. Είναι συνήθης πρακτική και μπορεί να είναι το μόνο εφικτό μέσο ταυτοποίησης », αναφέρει ο Παναγιώτης Κοτρέτσος, ιατροδικαστής στη Ρόδο. Τα δείγματα αποστέλλονται στο εργαστήριο DNA της Διεύθυνσης Εγκληματολογικών Ερευνών της Ελληνικής Αστυνομίας, σύμφωνα με πρωτόκολλο της INTERPOL.

      Σύμφωνα με τον Ερυθρό Σταυρό, οι δυσκολίες συνήθως προκύπτουν όταν οι οικογένειες βρίσκονται εκτός ΕΕ, και οφείλονται σε διάφορους παράγοντες, όπως τυχόν διαφορές στο νομικό πλαίσιο ή στα ιατρικά συστήματα των χωρών. Για παράδειγμα, ορισμένες χώρες της ΕΕ δεν μπορούν να « ανοίξουν » υπόθεση και να πάρουν δείγματα DNA από οικογένειες, χωρίς εντολή από τις Aρχές της χώρας στην οποία έχει ανασυρθεί η σορός του συγγενή που αναζητάται.

      Το πιο δύσκολο μέρος στη διαδικασία ταυτοποίησης μέσω DNA είναι ότι χρειάζεται να υπάρχει κι ένα δεύτερο δείγμα που θα συγκριθεί με εκείνο που συνέλεξαν οι ιατροδικαστές, το οποίο πρέπει να σταλεί από τις οικογένειες των αγνοουμένων. « Για έναν πρόσφυγα που ξεκίνησε το ταξίδι του από μια χώρα της κεντρικής Αφρικής, ταξίδεψε για μήνες, και πέθανε στην Ελλάδα, θα υπάρχει το γενετικό υλικό στο νεκροτομείο. Αλλά θα παραμείνει αταίριαστο μέχρι κάποιος συγγενής πρώτου βαθμού να στείλει δείγμα DNA », λέει ο Κοτρέτσος.

      Εξηγεί πως αυτό δεν είναι πάντα εφικτό. « Έχουμε δεχτεί τηλεφωνήματα από συγγενείς που βρίσκονταν στη στη Συρία, και αναζητούσαν αγνοούμενα μέλη της οικογένειάς τους, και δεν μπορούσαν να στείλουν δείγματα ακριβώς επειδή βρίσκονταν στη Συρία ».

      Έξω από το πανεπιστημιακό νοσοκομείο της Αλεξανδρούπολης, δύο κοντέινερ ψυγεία που έχουν παραχωρηθεί από τον Ερυθρό Σταυρό ως προσωρινοί νεκροθάλαμοι φιλοξενούν τα σώματα 40 προσφύγων.

      Ο καθηγητής Ιατροδικαστικής στο Δημοκρίτειο Πανεπιστήμιο Θράκης, Παύλος Παυλίδης, έχει από το 2000 πραγματοποιήσει αυτοψίες σε τουλάχιστον 800 σώματα ανθρώπων σε κίνηση, με βασικές αιτίες θανάτου τον πνιγμό στα νερά του Έβρου και την υποθερμία.

      Ο ιατροδικαστής δεν αρκείται στην απαραίτητη συλλογή DNA : καταγράφει δεδομένα όπως σημάδια γέννησης ή τατουάζ και αντικείμενα (π.χ. πορτοφόλια, δαχτυλίδια, γυαλιά), τα οποία θα μπορούσαν να αποτελέσουν τον συνδετικό κρίκο για έναν συγγενή που αναζητά το αγαπημένο του πρόσωπο.

      Λέει πως συνολικά 313 σοροί που βρέθηκαν στον Έβρο από το 2014 παραμένουν αγνώστων στοιχείων. Όσες δεν μπορούν να ταυτοποιηθούν θάβονται σε ειδικό νεκροταφείο στο Σιδηρώ, το οποίο διαχειρίζεται ο δήμος Σουφλίου, ενώ 15-20 αταυτοποίητες σοροί τάφηκαν στην Ορεστιάδα όσο γινόταν η επέκταση του νεκροταφείου Σιδηρού.

      Οι σοροί των μουσουλμάνων προσφύγων που ταυτοποιούνται ενταφιάζονται στο μουσουλμανικό νεκροταφείο στη Μεσσούνη Κομοτηνής ή επαναπατρίζονται, όταν οι συγγενείς μπορούν να καλύψουν το κόστος επαναπατρισμού.

      « Αυτό δεν είναι αξιοπρεπές »

      Απαντώντας σε σχετικά ερωτήματα, το υπουργείο Μετανάστευσης και Ασύλου είπε πως το ζήτημα των διαδικασιών ταυτοποίησης και ταφής προσφύγων δεν εμπίπτει στις αρμοδιότητές του. Εκπρόσωπος της Κομισιόν δήλωσε πως σχετικά κονδύλια προς την Ελλάδα δεν προβλέπονται, ωστόσο εν λόγω δαπάνες « θα μπορούσαν να υποστηριχθούν στο πλαίσιο του Εθνικού Προγράμματος του Ταμείου Ασύλου, Μετανάστευσης και Ένταξης », το οποίο διαχειρίζεται το υπουργείο Μετανάστευσης.

      Ο Θεόδωρος Νούσιας είναι επικεφαλής ιατροδικαστής της Ιατροδικαστικής Υπηρεσίας Βορείου Αιγαίου, δηλαδή υπεύθυνος για τα νησιά Λέσβο, Σάμο, Χίο, και Λήμνο. Σύμφωνα με τον ιατροδικαστή, η διαδικασία ταυτοποίησης μέσω DNA έχει βελτιωθεί πολύ σε σχέση με πριν από μερικά χρόνια.

      Ο Νούσιας λέει ότι πάντα ήταν διαθέσιμος, όταν του ζητήθηκε να αναγνωρίσει κάποιον. « Πρέπει να εξυπηρετείς τους ανθρώπους, γι’ αυτό βρίσκεσαι εκεί. Να εξυπηρετείς τους ανθρώπους για να μπορούν να βρουν την οικογένειά τους », προσθέτει.

      Ο ιατροδικαστής ζει στη Λέσβο, αλλά λέει πως δεν έχει πάει ποτέ στο νεκροταφείο στον Κάτω Τρίτο. « Δεν θέλω να πάω. Θα είναι δύσκολο για μένα γιατί οι περισσότεροι από αυτούς τους ανθρώπους έχουν περάσει από τα χέρια μου ».

      Τον Οκτώβριο του 2022, ο 32χρονος Σουτζά Αχμαντί και η αδελφή του Μαρίνα ταξίδεψαν επίσης στα Κύθηρα και, στη συνέχεια, στην Καλαμάτα προκειμένου να αναγνωρίσουν τη σορό του πατέρα τους, Αμπντούλ Γασί.

      Ο 65χρονος είχε ξεκινήσει το ταξίδι για την Ιταλία μαζί με τη γυναίκα του Χατίτζε — εκείνη επέζησε. Τα δύο αδέλφια επισκέφθηκαν το νοσοκομείο, όπου τους έδειξαν και τα οκτώ πτώματα, άνδρες και γυναίκες, παρότι είχαν εξαρχής εξηγήσει πως ο άνθρωπος που αναζητούσαν ήταν άνδρας.

      Το σώμα του πατέρα τους ήταν μεταξύ εκείνων που βρίσκονταν εκτός ψυγείου.

      « Η αδελφή μου έκλαιγε και τους φώναζε να πάρουν τον πατέρα μας από το κοντέινερ ψυγείο γιατί μύριζε », θυμάται ο Σουτζά. « Δεν ήταν αξιοπρεπές μέρος για έναν άνθρωπο ».

      Για την έρευνα συνεργάστηκαν οι : Gabriele Cruciata, Eoghan Gilmartin, Danai Maragoudaki, Barbara Matejčić, Leah Pattem, Gabriela Ramírez, Daphne Tolis and Tina Xu (συντονίστρια).

      Η έρευνα υποστηρίχθηκε από το Investigative Journalism for Europe (IJ4EU) και Journalismfund Europe.

      https://wearesolomon.com/el/mag/format-el/erevnes/agnoston-stoixeion-pano-apo-1000-ataftopoihtoi-tafoi-sta-evropaika-syn

    • U Hrvatskoj pronađeno 45 neimenovanih grobova migranata, među njima je bila i 5-godišnja curica: ‘Policija ih često tjera u rijeku’

      Telegram ekskluzivno donosi veliku priču Barbare Matejčić koja je, kao jedina novinarka iz Hrvatske, sudjelovala u međunarodnoj novinarskoj istrazi s kolegama iz uglednih medija poput britanskog Guardiana i njemačkog Süddeutsche Zeitunga. Otkrili su kako završavaju tijela onih koji su stradali pokušavajući ući u Europsku uniju

      U selu Siče u istočnoj Hrvatskoj više je Sičana na groblju nego među živima: živih je 230, a umrlih 250. Točnije, na groblju je 247 Sičana i tri nepoznate osobe. Bilo bi ih još više pod zemljom da Siče svoje groblje nema tek od 1970-ih. Bilo bi još više i živih da nisu, kao mnogi iz tog kraja, odlazili u veće gradove ili u inozemstvo u potrazi za boljim životom. Grobovi Sičana, ukratko, posjetitelju kažu tko su ti ljudi bili, gdje pripadaju i posjećuju li ih bližnji. Tako to biva s grobovima, sažimaju osnovne informacije naših života. Ako na grobu stoji samo NN, to sažima tragediju.

      Tko su te tri osobe kojima se ne zna ime? Kako im je posljednja adresa skromni humak u Siču? Migranti, utopili su se u obližnjoj rijeci, reći će vam mještani. Malo je mjesto, malo je groblje, sve se zna. I da ne znate ništa, jasno vam je da te tri osobe tu ne pripadaju. Ukopani su sasvim izdvojeno od ostatka groblja. Tri drvena križa s NN natpisima, zabodena u zemlju na rubu groblja. NN, kao skraćenica od latinskog nomen nescio, doslovno znači: ne znam ime.

      https://www.youtube.com/watch?v=iQAGqiWBB78&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.telegram.hr%2F&

      Službeno objašnjenje komunalnog poduzeća koje upravlja grobljem je da je ostavljeno mjesta za još mogućih ukopa onih kojima se ne zna ime. A objašnjenje na koje pomislite kad tamo dođete jest da su ukopani izdvojeno kako se ne bi miješali s mještanima. Ili, kako nam se u telefonskom razgovoru izlanuo načelnik jednog drugog mjesta gdje su također na margini groblja NN migrantski grobovi: “Da nam ne smetaju.”

      Afganistanci pod križem

      Na groblju u Sičama to su jedina tri groba o kojima nitko ne vodi računa. Za nekih pet godina mogao bi im nestati svaki trag. Komunalna poduzeća su dužna ukopati neidentificirana tijela, ali ne i održavati grobove osim ako grob nije od “osobe od posebnog povijesnog i društvenog značaja”, kako zakon nalaže. NN1, NN2 i NN3 su od posebnog značaja samo svojim bližnjima, koji vjerojatno ni ne znaju gdje su. Možda čekaju da im se konačno jave iz zapadne Europe. Možda ih traže. Možda ih oplakuju. No, ako zakopate malo dublje, saznat ćete ponešto o onima koji tu počivaju bez imena.

      U rano i hladno jutro 23. prosinca 2022. policija je pronašla dva tijela na obali Save, koja je u tom području odvaja Hrvatsku od Bosne i Hercegovine. Odvaja Europsku uniju od ostatka Europe. Prema policijskom izvještaju, pronašli su i skupinu od dvadeset stranih državljana koji su tim putem nezakonito ušli u Hrvatsku. Skupini je nedostajala još jedna osoba. Nakon opsežne potrage u popodnevnim satima je pronađeno i treće tijelo. Patolog Opće bolnice u Novoj Gradiški ustanovio je da je smrt za sve troje nastupila u 2.45 u noći. Dvojica su umrla od pothlađenosti, jedan se utopio.

      Kod njih su pronađene iskaznice iz izbjegličkog kampa u Bosni i Hercegovini. Saznali smo da su, prema iskaznicama, sva trojica bila iz Afganistana: Ahmedi Abozari imao je 17 godina, Basir Naseri imao je 21 godinu i Shakir Atoin je imao 25 godina. NN1, NN2 i NN3. Za dvojicu od njih su i drugi iz skupine migranata potvrdili identitet, rekli su nam iz Policijske uprave brodsko-posavske. Zašto su onda pokopani kao NN? Ako se znalo da su iz Afganistana, zašto su pokopani pod križem? Ako ih traže obitelji, kako će ih naći?
      ‘Neka plate za ime na grobu’

      U upravi groblja su bili ljubazni i rekli da pokapaju prema tome kako stoji u dozvoli za ukop koju potpisuje patolog. A stajalo je NN. Patolog je rekao da podatke ispisuje na temelju informacija dobivenih od policije i mrtvozornika. Iz nadležne policije su nam rekli da se osoba sahranjuje po pravilima lokalne uprave. Groblje Siče pripada Općini Nova Kapela, čiji nam je načelnik Ivan Šmit nezadovoljno nabrojao sve troškove koje je njegova općina snosila za te ukope i poručio da ako će netko za to platiti, onda može promijeniti oznaku NN u imena.

      Na niz smo takvih administrativnih nejasnoća naišli istražujući kako nadležna tijela postupaju s tijelima onih koji su stradali pokušavajući ući u Europsku uniju, kao dio Border Graves Investigation koje je proveo tim od osam slobodnih novinara u zemljama na migrantskim rutama, zajedno s britanskim Guardianom i njemačkim Süddeutsche Zeitungom.

      Nema jedinstvene europske baze podataka o broju migranata koji su pokopani u Europi. No tim je uspio potvrditi najmanje 1.931 takav grob u Grčkoj, Italiji, Španjolskoj, Hrvatskoj, Malti, Poljskoj i Francuskoj u zadnjem desetljeću, dakle od 2014. do 2023. Od toga je 1.015 NN grobova. Više od polovice neidentificiranih grobova je, očekivano, u Grčkoj – 551, u Italiji 248 i u Španjolskoj 109. U Hrvatskoj smo utvrdili 59 grobova migranata koji su ukopani posljednjeg desetljeća, od čega ih 45 nije identificirano. Podaci su temeljeni na različitim bazama podataka koje u pojedinačnim zemljama prikupljaju međunarodne organizacije, nevladine udruge, znanstvenici i istraživači, kao i od lokalnih vlasti te terenskim radom.

      Tim novinara je posjetio 24 groblja u Grčkoj, Italiji, Španjolskoj, Hrvatskoj, Poljskoj i Litvi, gdje je ukupno 555 grobova neidentificiranih migranata od 2014. do 2023. To su oni čija su tijela pronađena i pokopana. Međunarodni odbor Crvenog križa procjenjuje da se 87 posto onih koji nestanu na europskim južnim granicama nikad ne pronađe. Za kopnene migrantske rute nema procjena.
      Traže li migrante kao što traže turiste?

      Prosinac 2022. kad su umrla trojica mladih Afganistanaca je bio kišniji nego inače i Sava je nabujala. No ionako je velika i brza. Na tom je području samo tri dana ranije nestalo petero turskih državljana nakon što im se na Savi prevrnuo čamac. Među njima su bili dvogodišnja curica, dvanaestogodišnji dečko i njihovi roditelji. Brat nestalog oca je došao iz Njemačke u Hrvatsku kako bi saznao što se dogodilo s obitelji. Iz dokumentacije koju posjedujemo, vidljivo je da je uz pomoć turkologinje Nine Rajković pokušavao od više policijskih postaja doći do informacija u vezi nestalih. Nije ih dobio ni mjesecima kasnije. Htjeli su prijaviti nestanak, no u policiji im je rečeno da prijavu nema smisla pisati ako osobe nisu prethodno registrirane na području Hrvatske ili Bosne i Hercegovine.

      Na niz smo sličnih primjera naišli baveći se ovom temom. Mladić je došao u Hrvatsku i prijavio policiji i u Hrvatskoj i u Sloveniji da mu se brat utopio u Kupi. No njegov nestanak nije evidentiran u hrvatskoj nacionalnoj bazi nestalih osoba koja je javno dostupna. Policija brata nije kontaktirala nakon što je u narednim danima u Kupi nađeno više neidentificiranih tijela. Afganistanac je šest mjeseci čekao da se tijelo njegova brata, koji se utopio kad su zajedno pokušali prijeći Savu također u prosincu 2022., prebaci iz Hrvatske u Bosnu i Hercegovinu da ga može pokopati. Iako je potvrdio da je riječ o njegovu bratu, proces identifikacije je bio spor i kompliciran.

      Naišli smo i na primjere obitelji koje nemaju nekoga u Europi tko može doputovati i uporno tragati za informacijama, već izdaleka pokušavaju ući u trag bližnjima koji se gube na području Hrvatske i na kraju su obeshrabreno odustali. Puno je pitanja i malo jasnih odgovora na temu nestalih i umrlih migranata na tzv. Balkanskoj ruti, čiji je Hrvatska dio. Ne postoje jasni protokoli i procedure oko toga kome i kako se prijavljuje nestanak. Ne zna se traži li se nestale migrante aktivno, kao što se ljeti traži nestale turiste. Nije jasno koliko je informacija, i kojih, potrebno za identifikaciju.
      Obitelji se nemaju kome javiti

      “Kruženje informacije između institucija i pojedinih odjela mi se čini gotovo nepostojeća. U jednom slučaju mi je trebalo više od dva mjeseca i deseci telefonskih poziva i mailova upućenih na različite adrese, policijske postaje, policijske uprave, bolnice, državno odvjetništvo, samo da potaknem pokretanje identifikacije koja do danas, više od godinu dana kasnije, još nije završena”, kaže Marijana Hameršak s Instituta za etnologiju i folkloristiku u Zagrebu. Ona vodi znanstveni projekt “Europski režim iregulariziranih migracija na periferiji EU” u kojem se prikuplja znanje i podaci o nestalim i umrlim migrantima. Na kraju sve ovisi o susretljivim i posvećenim pojedincima u institucijama, kaže Hamrešak, no oni ne mogu nositi cijeli teret disfunkcionalnog sustava.

      Potrage za nestalim i pokušaji identifikacije umrlih migranata u Hrvatskoj, kao i susjednoj Bosni i Hercegovini, najčešće počivaju na trudu volontera i aktivista, koji poput Marijane tragaju za informacijama u kaotičnoj administraciji jer je obiteljima koje ne poznaju jezik taj zadatak praktički nesavladiv. Tako je Facebook grupa Dead and Missing in the Balkans postala glavno mjesto razmjene fotografija i podataka o nestalima i umrlima između obitelji i aktivista. Ne postoj internetska stranica na engleskom nadležnog Ministarstva unutarnjih poslova na koju se mogu javiti iz Afganistana ili Sirije i raspitati se za sudbinu svojih bližnjih, ostaviti podatke o njima i prijaviti nestanak.

      https://www.youtube.com/watch?v=PldA9Pa3LJc&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.telegram.hr%2F&

      Nema ni regionalne baze podataka o nestalim i umrlim migrantima na kojoj bi surađivale policije makar iz zemalja među kojima se bilježi najviše prelazaka – iz Bosne i Hercegovine u Hrvatsku. Povjerenica Vijeća Europe za ljudska prava Dunja Mijatović je u razgovoru s našim timom naglasila da je iznimno važno uspostaviti centraliziranu europsku bazu podataka o nestalim i umrlim migrantima. Kad bi takva baza podataka objedinjavala ante-mortem (podaci o osobi koji se prikupljaju od rodbine i poznanika, poput fizičkih karakteristika i opisa odjeće koju je nosila posljednji put, koje je predmete imala uz sebe itd.) i post-mortem (kao DNK uzorak i fotografije) podatke o umrlima, uvelike bi se povećale šanse za identifikaciju.
      Poginuti ili ostvariti san

      “Obitelji imaju pravo znati istinu o tome što se dogodilo njihovim najbližima”, kaže Mijatović. No suradnja policija susjednih zemalja u održavanju vanjske granice EU nepropusnom je učinkovita. Ranije migranti nisu tako često pokušavali prijeći Savu. Znali su da je previše opasna. Dijele informacije jedni s drugima i ne upuštaju se u prelazak takve rijeke u dječjim čamcima na napuhavanje ili u zračnicama kotača. Ako nisu sasvim očajni.

      Hrvatska policija je push-backovima i upotrebom sile – na što već godinama upozoravaju Amnesty International i Human Rights Watch – otežala prelazak drugim, manje opasnim prijelazima duž zelene granice s Bosnom i Hercegovinom. Kako nam je rekao mladi Marokanac u Bosni i Hercegovini, koji je 11 puta pokušao preći u Hrvatsku ali ga je hrvatska policija svaki put vratila: “Imaš dva izbora: poginuti ili ostvariti san.” Koliko ih je poginulo na Balkanskoj ruti u pokušaju ostvarenja sna, teško je utvrditi. Najsveobuhvatniji podaci za zemlje bivše Jugoslavije su oni koje prikupljaju istraživači projekta “Europski režim iregulariziranih migracija na periferiji EU”, i broje 346 stradalih od 2014. do 2023. u Hrvatskoj, Bosni i Hercegovini, Srbiji, Sloveniji, Sjevernoj Makedoniji i na Kosovu.

      ERIM-ova baza pojedinačno navodi svakog stradalog i sadrži onoliko podataka koliko su istraživači mogli prikupiti iz raznih izvora – medija, svjedoka stradanja, od institucija, iz aktivističkih kanala. No brojka je zasigurno bitno veća. Nestanak nekih nije ni evidentiran. Tijela mnogih nikad nisu pronađena. Stara planina između Bugarske i Srbije težak je i nedostupan teren. Tu će na preminule naići samo oni koji su istom sudbinom nagnani na taj put i neće riskirati prijavu. Ako stradaju u minskim poljima zaostalim iza ratova u Hrvatskoj i Bosni i Hercegovini, od tijela im neće ostati mnogo. Najviše je pronađeno tijela utopljenih u rijekama, no nema procjena koliko utopljenih nije nikad pronađeno.
      U Hrvatskoj 45 neidentificiranih

      Hrvatsko Ministarstvo unutarnjih poslova nam je dostavilo podatke o stradalim migrantima od 2015., otkad vode evidenciju, do kraja studenog 2023.: ukupno 87 stradalih migranata na području Republike Hrvatske. Ni jedno službeno tijelo u Hrvatskoj, Bosni i Hercegovini i Srbiji ne vodi evidenciju o pokopanim migrantima na tom teritoriju. No za Hrvatsku smo uspjeli doći do podataka, zahvaljujući upitima poslanima na preko 500 adresa gradova, općina i komunalnih poduzeća koja upravljaju grobljima. Prema dobivenim podacima, u Hrvatskoj se na 32 groblja nalazi 59 grobova migranata, koji su ukopani posljednjeg desetljeća, dakle od 2014. do danas. Od toga ih 45 nije identificirano.

      Neki pokopani migranti su ekshumirani i vraćeni obiteljima u zemlju porijekla, premda je to za obitelji zahtjevan i iznimno skup proces. U MUP-u navode da se od 2001. DNK uzorci uzimaju od svih neidentificiranih tijela, a obradu provodi Centar za forenzična ispitivanja, istraživanja i vještačenja Ivan Vučetić. Tražili smo od MUP-a razgovor sa stručnjacima koji rade na identifikaciji migranata, ali nam nije udovoljeno.

      Među NN grobovima u Hrvatskoj je mrtvorođena beba iz Sirije pokopana 2015. u Slavonskom Brodu. Petogodišnja djevojčica koja se utopila u Dunavu i pokopana je 2021. u Dalju. Prošlo ljeto je mladić u brdovitom predjelu na dubrovačkom području umro od iscrpljenosti. Neke je udario vlak. Mnogi su umrli od pothlađenosti. Neki umru jer im nije na vrijeme pružena pomoć. Neki ne vjeruju da im išta više može pomoći pa se ubiju.
      Nerazriješeni gubitak

      Prema zakonu, sahranjuju se najbliže mjestu stradavanja tako da su uglavnom na malim grobljima poput onog u Sičama. Često su, baš kao tamo, njihovi grobovi izdvojeni od ostatka groblja. Ponegdje je, kao u Otoku, netko od mještanki mekog srca dao sebi u zadatak da brine o NN grobu. Negdje je, kao na groblju u Prilišću, NN drveni križ iz 2019. već istrunuo.

      Iza svakog tog NN groba ostaju bližnji koji se nose s teretom neznanja što se dogodilo. Psiholozi to zovu nerazriješenim gubitkom, jer toliko dugo koliko bližnji nemaju potvrdu da su njihovi voljeni mrtvi i ne znaju gdje su im tijela, ne mogu žalovati za njima. Ako nastave sa životom, osjećaju krivnju. I tako su zamrznuti u stanju između očaja i nade. Američka psihologinja dr. Pauline Boss autorica je termina i teorije o nerazriješenom gubitku. “Znati gdje je grob bližnje osobe je jako važno jer pomaže da se oprostite”, rekla je dr. Boss u razgovoru za naš tim.

      Postoji i praktična strana te zamrznutosti: ako osoba nije proglašena mrtvom, ne može se provesti nasljeđivanje, ne može se pristupiti bankovnom računu, ne može se dobiti obiteljska mirovina, partner ili partnerica se ne mogu ponovno vjenčati, komplicira se skrbništvo nad djecom. Mnoge obitelj i u Hrvatskoj i u Bosni i Hercegovini dobro poznaju nerazriješeni gubitak; ratovi u devedesetima ostavili su tisuće nestalih. Obje zemlje imaju posebne zakone o nestalima u tim ratovima i dobro razrađene mehanizme potrage, identifikacije, pohranjivanja podataka i međusobne suradnje. No to se ne primjenjuje na migrante koji se gube i pogibaju među tisućama koji se kreću Balkanskom rutom.
      Uređeni koridor – nula mrtvih

      Hrvatska je postala važna točka ulaska u Europsku uniju nakon što je Mađarska zatvorila granice u rujnu 2015. Od tada pa do ožujka 2016. preko hrvatske dionice Balkanskog koridora – dakle, međudržavnog, organiziranog puta – prema procjenama, prošlo je oko 660.000 izbjeglica. Taj koridor im je omogućio da od Grčke pa do zapadne Europe dođu u dva ili tri dana. I dolazili su sigurno. Od tih stotina tisuća ljudi u pokretu, hrvatski MUP ne bilježi niti jednu smrt 2015. i 2016. Koridor je i uspostavljen da bi se spriječila stradavanja nakon što je veći broj izbjeglica u proljeće 2015. poginuo na željezničkoj pruzi u Makedoniji.

      No sa sklapanjem europsko-turskog sporazuma o izbjeglicama u ožujku 2016. godine, koridor je zatvoren. EU se obavezala izdašno financirati Tursku da izbjeglice drži na svom teritoriju kako ne bi dolazili u Europsku uniju. I tako je migrantima ostala pogibeljna Balkanska ruta. Mnogi njom idu. Samo u deset mjeseci 2023. hrvatska je policija evidentirala 62.452 postupanja vezano za nezakonite prelaske granice.

      I Ured pučke pravobraniteljice u Hrvatskoj i povjerenica Vijeća Europe za ljudska prava upozoravaju na isto: granične i migracijske politike utječu na povećanje rizika od nestajanja migranata. I da je potrebno da se u EU uspostave legalni i sigurni putevi migracija. No, EU očekuje od Hrvatske da štiti zajedničku vanjsku granicu. I Hrvatska to zdušno radi. Takvu praksu ministar Davor Božinović naziva “obeshrabrivanjem” migranata da uđu u Hrvatsku.
      ‘Obeshrabreni’ pod vlak

      Rezultat takve prakse je, primjerice, smrt Madine Hussiny. Šestogodišnju afganistansku djevojčicu je ubio vlak nakon što je njenu obitelj hrvatska policija “obeshrabrila” i usred noći 2017. potjerala nazad u Srbiju uz uputu da prate tračnice. Europski sud za ljudska prava u studenom 2021. je presudio da je Hrvatska odgovorna za Madininu smrt. U svjedočanstvima koja smo čuli, kao i u mnogim izvještajima nevladinih organizacija, migranti opisuju da im je hrvatska policija na granici naredila da pregaze ili preplivaju rijeku kako bi se vratili u Bosnu ili Srbiju, da se penju preko stijena, idu kroz šumu, nekad i svučeni dogola i ne znajući put jer im policija u pravilu oduzme mobitele.

      Prema podacima koje prikuplja Dansko vijeće za izbjeglice, od početka 2020. do kraja 2022. najmanje je 30.000 ljudi prisilno vraćeno iz Hrvatske u Bosnu i Hercegovinu. Među njima je bio i Afganistanac Arat Semiullah. U studenom 2022. je namjeravao prijeći Savu i ući iz Bosne u Hrvatsku. Utopio se. Imao je 20 godina. Pokopan je na pravoslavnom groblju u Banja Luci. Njegova obitelj u Afganistanu nije znala što mu se dogodilo. Dan ranije je poslao mami fotografiju na kojoj je svježe ošišan za ulazak u Europsku uniju. I onda se prestao javljati.

      https://www.youtube.com/watch?v=_2nVP5AL1x0&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.telegram.hr%2F&

      Majka je molila nećaka Paymana Sediqija, koji živi u Njemačkoj, da ga pokuša pronaći. Payman je stupio u kontakt s aktivistom Nihadom Suljićem, koji u Bosni i Hercegovini samostalno pomaže obiteljima da doznaju što je s njihovim bližnjima. Tjednima su pokušavali doći do informacija. Payman je otputovao u Bosnu i uspio pronaći tijelo rođaka zahvaljujući susretljivosti policajke koja mu je pokazala forenzičke fotografije. Aratova mama je telefonski potvrdila da je to njezin sin.
      U Europi sahranili snove

      Na Aratovoj osmrtnici objavljenoj u Bosni i Hercegovini piše da je “hrvatska policija vatrenim oružjem potopila čamac te se on tragično utopio”. Uz pomoć muslimanske zajednice, a na želju obitelji, uspjeli su tijelo prebaciti iz Banja Luke na muslimansko groblje u Kamičanima. Htjeli su ga pokopati u Afganistanu, ali im je bilo previše skupo i birokratski komplicirano. U rujnu 2023. susreli smo se s Nihadom i Paymanom kad je Aratu postavljen velik kameni nadgrobni spomenik. Na njemu piše: “U pokušaju dolaska do Europe utopio se u rijeci Savi.”

      Payman nam je ispričao da je Arat prelazio Savu u skupini migranata. Dio njih je uspio doći do hrvatske obale, no onda je hrvatska policija pucala u gumeni čamac u kojem je bio Arat. Čamac se potopio i Arat se utopio. Tako je Paymanu ispričao preživjeli koji je prešao na hrvatsku obalu Save. Payman kaže da je Aratova obitelj u velikoj boli, ali da makar znaju gdje im je sin i da je pokopan po religijskim običajima. Paymanu je važno da na grobu piše da je Arat stradao kao migrant.

      “Svakodnevno u Europi umiru ljudi koji bježe iz zemalja u kojima im nema života. U Europi se sahranjuju njihovi snovi. Nikoga nije briga za njih, čak ni kad europski policajci pucaju na njih”, kaže Payman. Zna o kakvim snovima govori; i sam je ilegalno došao u Njemačku sa 16 godina. Kaže da je imao sreće. Nihad se zalaže da se i drugi grobovi migranata u Bosni i Hercegovini trajno obilježe. Vodi nas na groblje u Zvorniku gdje je pokopano 17 NN migranata. Kaže kako za neke od njih ima informaciju da su imali pasoš sa sobom kad su pronađeni.
      ‘Ove ljude nije ubila rijeka’

      S groblja se vidi Drina, koja dijeli Srbiju od Bosne i u kojoj mnogi izgube život pokušavajući je preći. Samo je ove godine u Drini pronađeno tridesetak tijela. Nihad kaže da imaju sreće ako ih rijeka izbaci na bosansku stranu jer se u Srbiji često ne radi ni obdukcija niti uzimaju DNK uzorci. To su nam potvrdili i aktivisti iz Srbije. U tom slučaju su i u smrti sasvim izgubljeni za svoje obitelji. Zemljani NN grobovi u Zvorniku su zarasli i nisu omeđeni, tako da ne znate gazite li po njima.

      Nihad je uspio uvjeriti Grad Zvornik da drvena obilježja zamijene crnim kamenom. Važno mu je da su pokopani dostojanstveno, ali mu je još važnije da ostanu svjedočiti. “Želja mi je da i za sto godina ovi grobovi budu spomenici srama EU. Jer, nije ove ljude ubila rijeka, nego granični režim EU”, kaže Nihad.

      https://www.youtube.com/watch?v=UJkS3qHfA54&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.telegram.hr%2F&

      https://www.telegram.hr/preview/1905158

    • An obscure island grave: fate of deadly EU migration route’s youngest victim

      Case of #Alhassane_Bangoura in #Lanzarote highlights Europe-wide failure as authorities struggle to cope with scale of deaths

      Stretching less than a metre in length and covered in the ochre-coloured soil that dots the Canary island of Lanzarote, large stones encircle the tiny mound. There is no tombstone or plaque; nothing official to signal that this is the final resting site of the infant believed to be the youngest victim of one of the world’s deadliest migration routes.

      Instead, two bouquets of plastic daisies adorn the grave, along with a granite bowl engraved with his name, Alhassane Bangoura, hinting at the impact his story had on many across the island.

      His mother, originally from Guinea, was among three pregnant women who joined 40 others in an inflatable raft that left Morocco in early January 2020. After running out of fuel, the flimsy raft was left to the mercy of Atlantic currents for three days.

      “They were driven by desperation,” said Mamadou Sy, a municipal councillor for the Socialist party in Lanzarote. “Nobody would get into one of these vessels if they had even a little bit of hope in their own country. Nobody would do it.”

      So far this year, a record 35,410 migrants and refugees have arrived on the shores of the Canary Islands – a 135% increase over last year. More than 11,000 of them landed at the tiny island of El Hierro, home to just 9,000 people.

      The surge in those risking the perilous route has transformed the archipelago into a microcosm of the wider strain playing out across the EU as authorities struggle to deal with the bodies of those that die on their way. A Guardian investigation in collaboration with a consortium of reporters has found that refugees and migrants are being buried in unmarked graves across the EU at a scale that is unprecedented outside of war.

      In September, the mayor of Mogán, a municipality on the island of Gran Canaria, gave voice to the tensions that have at times surfaced as officials across the EU confront this issue, announcing she would no longer use her budget to cover the cost of burying refugees and migrants who are found along the shores that buttress the municipality.

      “When they die on the high seas, it is the responsibility of the state,” Onalia Bueno told reporters, in rejection of a Spanish law that requires municipalities to foot the bills for people who die within their jurisdiction and who are either unidentified or whose families cannot cover the costs.

      At the Teguise municipal cemetery on the island of Lanzarote, more than 25 unmarked graves sit among a plot containing about 60 graves in total. It was here that baby Alhassane was buried. His mother had delivered him as the rickety vessel pitched against the fierce Atlantic swells; those onboard later told media they never heard the baby cry.

      His body was cold when the vessel was rescued, an emergency services spokesperson said. He was taken to the nearest hospital but was declared dead on arrival. His body was taken to judicial authorities as is the standard practice in Spain for migrants and refugees who perish at sea or on arrival.

      Alhassane’s mother, who was unconscious when she was rescued, was later sent to Gran Canaria, about 200km (125 miles) away, where an NGO had agreed to take her into its care. But the Spanish judicial system had yet to release her son’s body – a process that can take up to eight months in Lanzarote.

      The funeral took place on 25 January. “She wasn’t able to attend the funeral,” said Laetitia Marthe, who was among those who unsuccessfully battled for Alhassane’s mother to be allowed to attend. “Basically they’re treated like numbers.”

      Instead, Marthe was among the handful of people who attended the funeral in her name.

      Judicial officials had liaised with the mother to check the baby’s name, said Eugenio Robayna Díaz, the municipal councillor responsible for cemeteries in the city of Teguise. But he did not know why the name had not made it on to the grave.

      Julie Campagne, an anthropologist based in Lanzarote, called for the baby’s grave to be marked with a plaque. “We’re witnessing the process of forgetting in real time. And this loss of memory comes with a shirking of our responsibility for what is happening.”

      Generally speaking, all over the world, there is always a small fraction of people who die and are never identified, she added. “But that is not what is happening here. This is happening for specific reasons. This is happening because of the policy decisions of our governments.”

      While Alhassane’s mother was not able to attend the funeral, what did eventually make it to his gravesite was a smooth stone, painted by her in yellow and red and brought there by those travelling from Gran Canaria shortly after the burial. Written on the stone was a message for her son.

      More than three years of rain has washed away much of what was there but Marthe copied down the message, hoping to one day add it to a formal marker of the site. “I will miss you a lot my baby,” it reads. “I love you.”

      https://www.theguardian.com/world/2023/dec/08/an-obscure-island-grave-fate-of-deadly-eu-migration-routes-youngest-vic

      #Teguise

    • Dead refugees in the Balkans: bribes to find missing relatives

      In comparison to 2015, today more asylum seekers are dying on the Balkan route. While relatives are forced to overcome state indifference to identify their loved ones, they are also forced to bribe authorities, even border guards, in the hope of finding them.

      He had hoped to find his son in a refugee camp. And after spending three weeks looking for him, he had prepared himself for the possibility of finding him in a hospital.

      But he didn’t expect to find him in the graveyard.

      When the policeman with Bulgarian insignia on his uniform showed him the picture of his son lying lifeless in the grass, he lost the ground under his feet. “I wish I could at least have been able to see Majd one last time. My mind still can’t believe that the person in this grave is my son,” says Husam Adin Bibars.

      The 56-year-old Syrian refugee, a father of four other children, had spent 22 days searching for his son from afar when he decided to spend his meager savings to travel from Denmark to Bulgaria to look for him – but it was too late.

      In Bulgaria, he learned that 27-year-old Majd’s body had been buried within just four days of its discovery. Majd had been buried as an unidentified person; there was nothing to indicate that the person buried under that pile of dirt, which Bibars later visited, was his son.

      “We hear that Europe is the land of freedom, democracy, and human rights,” says Bibars soberly. “Where are human rights if I am not able to see my son before his burial?”

      Dead without identification

      Majd had crossed from Turkey to Bulgaria with a group of about 20 other people, hoping to reunite with his parents and siblings in Europe. Once he arrived, his pregnant wife and their daughter, Hannah, would follow.

      Toward the end of September, he stopped returning calls and texts. The smuggler told Bibars that Majd had fallen ill and they needed to leave him behind. Authorities told Bibars his son died of thirst, exhaustion, and exposure.

      In recent years, with the support of EU funds and the increased involvement of the European border agency Frontex, Balkan countries have stepped up border controls, constructing fences, deploying drones and surveillance mechanisms. But this doesn’t deter asylum seekers – it causes them to take longer and more dangerous routes to avoid authorities.

      An investigation by Solomon in collaboration with investigative newsroom Lighthouse Reports, the German magazine Der Spiegel and German public television ARD, the British newspaper i, and Radio Free Europe/Radio Liberty, found that the hostility people face at the borders of Europe in life continues even in death.

      We found that since the start of 2022, the lifeless bodies of 155 people presumed to be migrants have ended up in morgues close to borders along a route that includes Serbia, Bulgaria, and Bosnia.

      According to the data, for 2023 there is already a 46% increase in deaths compared to the whole of 2022.

      In the Balkans, people making the journey have to cope with harsh weather conditions, but also with pushbacks, increased brutality by border guards and smugglers, theft by border forces – even detention in secret prisons.

      For their part, the families of those who go missing or die in the region have to search for their loved ones in morgues, hospitals, and special Facebook and WhatsApp groups, and to cope with an equally arduous effort facing the indifference of the authorities.

      In Bulgaria, this investigation reveals, they often also need to pay bribes in the hope of learning more about their missing loved ones.
      The 10 key findings of the investigation:

      - In 2022, the number of people travelling irregularly through the Balkans to Western Europe reached its highest point since 2015, with Frontex recording 144,118 irregular border crossings.

      – The corresponding figure for 2023 is lower (79,609 by September), but remains a multiple of 2019 (15,127) and 2018 (5,844).

      – The Balkan route is more dangerous than ever: in the absence of a centralised relevant registration system, the International Organization for Migration’s (IOM) Missing Migrants platform suggests that more people died or went missing in 2022 than in 2015.

      - According to data gathered for this investigation, at least 155 unidentified bodies ended up in six selected morgues along a section of the Balkan route that includes Bulgaria, Serbia, and Bosnia. The majority of the bodies (92) were found this year.

      - For 2023, the number is already showing a 46% increase compared to 2022, and is exploding in some morgues.

      – Some morgues in Bulgaria (Burgas, Yambol) are having difficulty finding space for the bodies of refugees. Others in Serbia (Loznina) have no space at all.

      - This contributes to unidentified bodies being buried within days, in ‘No Name’ graves. This means that families are left without the opportunity to search for their loved ones.

      - In Bulgaria, families told us that they had to bribe staff at hospitals and morgues, but border guards too, when searching for their loved ones. Sources in the field confirm the practice, which is also recorded in an audio file in our possession.

      – In Bosnia, at least 28 people presumed to be asylum seekers have already died in the Drina River this year, compared to just five in 2022 and three in 2021.

      - Bureaucracy and lack of state interest are recorded as hampering efforts to identify dead asylum seekers.

      Dead but cause of death unknown

      What do you do when your little brother is missing, and because of your status in the country you live in, you can’t travel to look for him?

      Asmatullah Sediqi, a 29-year-old asylum seeker, was in his asylum accommodation in Warrington, UK, when his brother’s travel companions informed him that 22-year-old Rahmatullah was likely dead.

      Due to his status as an asylum seeker, the UK Home Office did not allow Asmatullah to return to Bulgaria, which he had also crossed on his journey, to look for his brother.

      When a friend was able to go on his behalf, the Bulgarian police refused to give any information. And the morgue staff asked for 300 euros to let him see some bodies, Sediqi said in this investigation.

      “In such a situation, a person should help a person,” he added. “They only know money. They are not interested in human life.”

      He managed to borrow the amount they asked for. In July 2022, 55 days after his brother’s disappearance, the Burgas hospital confirmed that one of the bodies in the morgue belonged to Rahmatullah. With another 3,000 euros borrowed, a company repatriated the remains to their parents in Afghanistan.

      But to this day, Sediqi is consumed by one thought: he doesn’t know how, he hasn’t been told why, his brother died.

      The Bulgarian authorities have not given him the results of the autopsy “because I don’t have a visa to travel there,” he says. “I’m sure that when the police found him in the forest, they must have taken some photos. It’s very painful not knowing what happened to my brother. It’s devastating.”
      “Not a single complaint”

      As part of this investigation by Solomon, Lighthouse Reports, RFE/RL, inews, ARD και Der Spiegel, several relatives told us they had also been forced to bribe workers at the Burgas hospital’s morgue to find out if their family members were among the dead.

      When we asked the hospital administration whether they were aware of such practices, Galina Mileva, head of the forensic medicine department at Burgas hospital, said that they had not received “a single report or complaint about such a case. The identification of the bodies is done only in the presence of a police officer conducting the investigation and a forensic expert.”

      The administration also replied that there is no legal provision under which employees could claim money from relatives for this procedure.

      “We appeal to these complaints to be addressed through official channels to us and to the investigating authorities. If such practices are found to exist, the workers will be held accountable,” they added.
      “Money is requested at every step of the process”

      Another relative, whose family also travelled to Bulgaria in late 2022 to search for a family member, told us that after they paid staff at the morgue 300 euros to be allowed to look at the dead bodies, they also had to pay border guards.

      It was the only way they could be taken seriously, the relative explained.

      When they asked the border guards to show them photos of people who had been found dead, the border guards said they didn’t have time, but when the family agreed to pay 20 euros for each photo shown to them, time was found.

      Georgi Voynov, a lawyer for the Bulgarian Committee Helsinki Refugee and Migrant Programme, confirmed that families of deceased persons have approached the Committee about cases in which hospitals asked for large sums of money to confirm that the bodies of their loved ones were there.

      “They complain that they are being asked for money at every step of the process,” he said.

      International organisations, including the Bulgarian Red Cross, confirmed that they had such experiences from persons they had supported, who said they had been forced to pay money to hospitals and morgues.

      A Bulgarian Red Cross official, who spoke on condition of anonymity, commented:

      “We understand that these people are very overwhelmed and have to be paid extra for all the extra work they do. But this should be done in a legal way.”

      https://wearesolomon.com/mag/focus-area/migration/dead-refugees-in-the-balkans

      #Bulgarie #Drina #Galina_Mileva

  • Le #village_sous_la_forêt, de #Heidi_GRUNEBAUM et #Mark_KAPLAN

    En #1948, #Lubya a été violemment détruit et vidé de ses habitants par les forces militaires israéliennes. 343 villages palestiniens ont subi le même sort. Aujourd’hui, de #Lubya, il ne reste plus que des vestiges, à peine visibles, recouverts d’une #forêt majestueuse nommée « Afrique du Sud ». Les vestiges ne restent pas silencieux pour autant.

    La chercheuse juive sud-africaine, #Heidi_Grunebaum se souvient qu’étant enfant elle versait de l’argent destiné officiellement à planter des arbres pour « reverdir le désert ».

    Elle interroge les acteurs et les victimes de cette tragédie, et révèle une politique d’effacement délibérée du #Fonds_national_Juif.

    « Le Fonds National Juif a planté 86 parcs et forêts de pins par-dessus les décombres des villages détruits. Beaucoup de ces forêts portent le nom des pays, ou des personnalités célèbres qui les ont financés. Ainsi il y a par exemple la Forêt Suisse, le Parc Canada, le Parc britannique, la Forêt d’Afrique du Sud et la Forêt Correta King ».

    https://www.villageunderforest.com

    Trailer :

    https://www.youtube.com/watch?v=ISmj31rJkGQ

    #israel #palestine #carte #Israël #afrique_du_sud #forêt #documentaire

    #film #documentaire #film_documentaire

    (copier-coller de ce post de 2014 : https://seenthis.net/messages/317236)

    • Documentary Space, Place, and Landscape

      In documentaries of the occupied West Bank, erasure is imaged in the wall that sunders families and communities, in the spaces filled with blackened tree stumps of former olive groves, now missing to ensure “security,” and in the cactus that still grows, demarcating cultivated land whose owners have been expelled.

      This materiality of the landscape becomes figural, such that Shehadeh writes, “[w]hen you are exiled from your land … you begin, like a pornographer, to think about it in symbols. You articulate your love for your land in its absence, and in the process transform it into something else.’’[x] The symbolization reifies and, in this process, something is lost, namely, a potential for thinking differently. But in these Palestinian films we encounter a documenting of the now of everyday living that unfixes such reification. This is a storytelling of vignettes, moments, digressions, stories within stories, and postponed endings. These are stories of interaction, of something happening, in a documenting of a being and doing now, while awaiting a future yet to be known, and at the same time asserting a past history to be remembered through these images and sounds. Through this there arises the accenting of these films, to draw on Hamid Naficy’s term, namely a specific tone of a past—the Nakba or catastrophe—as a continuing present, insofar as the conflict does not allow Palestinians to imagine themselves in a determinate future of place and landscape they can call their own, namely a state.[xi]

      In Hanna Musleh’s I’m a Little Angel (2000), we follow the children of families, both Muslim and Christian, in the area of Bethlehem affected by the 2000 Israeli armed forces attacks and occupation.[xii] One small boy, Nicola, suffered the loss of an arm when he was hit by a shell when walking to church with his mother. His kite, seen flying high in the sky, brings delighted shrieks from Nicola as he plays on the family terrace from which the town and its surrounding hills are visible in the distance. But the contrast between the freedom of the kite in this unlimited vista and his reduced capacity is palpable as he struggles to control it with his remaining hand. The containment of both Nicola and his community is figured in opposition to a possible freedom. What is also required of us is to think not of freedom from the constraints of disability, but of freedom with disability, in a future to be made after. The constraints introduced upon the landscape by the occupation, however, make the future of such living indeterminate and uncertain. Here is the “cinema of the lived,”[xiii] of multiple times of past and present, of possible and imagined future time, and the actualized present, each of which is encountered in the movement in a singular space of Nicola and his kite.


      http://mediafieldsjournal.squarespace.com/documentary-space-place-and-la/2011/7/18/documentary-space-place-and-landscape.html;jsessioni
      #cactus #paysage

    • Memory of the Cactus

      A 42 minute documentary film that combines the cactus and the memories it stands for. The film addresses the story of the destruction of the Palestinian villages of Latroun in the Occupied West Bank and the forcible transfer of their civilian population in 1967. Over 40 years later, the Israeli occupation continues, and villagers remain displaced. The film follows two separate but parallel journeys. Aisha Um Najeh takes us down the painful road that Palestinians have been forcefully pushed down, separating them in time and place from the land they nurtured; while Israelis walk freely through that land, enjoying its fruits. The stems of the cactus, however, take a few of them to discover the reality of the crime committed.

      https://www.youtube.com/watch?v=DQ_LjknRHVA

    • Aujourd’hui, j’ai re-regardé le film « Le village sous la forêt », car je vais le projeter à mes étudiant·es dans le cadre du cours de #géographie_culturelle la semaine prochaine.

      Voici donc quelques citations tirées du film :

      Sur une des boîtes de récolte d’argent pour planter des arbres en Palestine, c’est noté « make wilderness bloom » :

      Voici les panneaux de quelques parcs et forêts créés grâce aux fonds de la #diaspora_juive :

      Projet : « We will make it green, like a modern European country » (ce qui est en étroit lien avec un certaine idée de #développement, liée au #progrès).

      Témoignage d’une femme palestinienne :

      « Ils ont planté des arbres partout qui cachaient tout »

      Ilan Pappé, historien israëlien, Université d’Exter :

      « ça leur a pris entre 6 et 9 mois poru s’emparer de 80% de la Palestine, expulser la plupart des personnes qui y vivaient et reconstruire sur les villes et villages de ces personnes un nouvel Etat, une nouvelle #identité »

      https://socialsciences.exeter.ac.uk/iais/staff/pappe

      Témoignage d’un palestinien qui continue à retourner régulièrement à Lubya :

      « Si je n’aimais pas cet endroit, est-ce que je continuerais à revenir ici tout le temps sur mon tracteur ? Ils l’ont transformé en forêt afin d’affirmer qu’il n’y a pas eu de village ici. Mais on peut voir les #cactus qui prouvent que des arabes vivaient ici »

      Ilan Pappé :

      « Ces villages éaient arabes, tout comme le paysage alentour. C’était un message qui ne passait pas auprès du mouvement sioniste. Des personnes du mouvement ont écrit à ce propos, ils ont dit qu’ils n’aimaient vraiment pas, comme Ben Gurion l’a dit, que le pays ait toujours l’air arabe. (...) Même si les Arabes n’y vivent plus, ça a toujours l’air arabe. En ce qui concerne les zones rurales, il a été clair : les villages devaient être dévastés pour qu’il n’y ait pas de #souvenirs possibles. Ils ont commencé à les dévaster dès le mois d’août 1948. Ils ont rasé les maisons, la terre. Plus rien ne restait. Il y avait deux moyens pour eux d’en nier l’existence : le premier était de planter des forêts de pins européens sur les villages. Dans la plupart des cas, lorsque les villages étaient étendus et les terres assez vastes, on voit que les deux stratégies ont été mises en oeuvre : il y a un nouveau quartier juif et, juste à côté, une forêt. En effet, la deuxième méthode était de créer un quartier juif qui possédait presque le même nom que l’ancien village arabe, mais dans sa version en hébreu. L’objectif était double : il s’agissait d’abord de montrer que le lieu était originellement juif et revenait ainsi à son propriétaire. Ensuite, l’idée était de faire passer un message sinistre aux Palestiniens sur ce qui avait eu lieu ici. Le principal acteur de cette politique a été le FNJ. »

      #toponymie

      Heidi Grunebaum, la réalisatrice :

      « J’ai grandi au moment où le FNJ cultivait l’idée de créer une patrie juive grâce à la plantation d’arbres. Dans les 100 dernières années, 260 millions d’arbres ont été plantés. Je me rends compte à présent que la petite carte du grand Israël sur les boîtes bleues n’était pas juste un symbole. Etait ainsi affirmé que toutes ces terres étaient juives. Les #cartes ont été redessinées. Les noms arabes des lieux ont sombré dans l’oubli à cause du #Comité_de_Dénomination créé par le FNJ. 86 forêts du FNJ ont détruit des villages. Des villages comme Lubya ont cessé d’exister. Lubya est devenu Lavie. Une nouvelle histoire a été écrite, celle que j’ai apprise. »

      Le #Canada_park :

      Canada Park (Hebrew: פארק קנדה‎, Arabic: كندا حديقة‎, also Ayalon Park,) is an Israeli national park stretching over 7,000 dunams (700 hectares), and extending from No man’s land into the West Bank.
      The park is North of Highway 1 (Tel Aviv-Jerusalem), between the Latrun Interchange and Sha’ar HaGai, and contains a Hasmonean fort, Crusader fort, other archaeological remains and the ruins of 3 Palestinian villages razed by Israel in 1967 after their inhabitants were expelled. In addition it has picnic areas, springs and panoramic hilltop views, and is a popular Israeli tourist destination, drawing some 300,000 visitors annually.


      https://en.wikipedia.org/wiki/Canada_Park

      Heidi Grunebaum :

      « Chaque pièce de monnaie est devenue un arbre dans une forêt, chaque arbre, dont les racines étaient plantées dans la terre était pour nous, la diaspora. Les pièces changées en arbres devenaient des faits ancrés dans le sol. Le nouveau paysage arrangé par le FNJ à travers la plantation de forêts et les accords politiques est celui des #parcs_de_loisirs, des routes, des barrages et des infrastructures »

      Témoignage d’un Palestinien :

      « Celui qui ne possède de #pays_natal ne possède rien »

      Heidi Grunebaum :

      « Si personne ne demeure, la mémoire est oblitérée. Cependant, de génération en génération, le souvenir qu’ont les Palestiniens d’un endroit qui un jour fut le leur, persiste. »

      Témoignage d’un Palestinien :

      "Dès qu’on mange quelque chose chez nous, on dit qu’on mangeait ce plat à Lubya. Quelles que soient nos activités, on dit que nous avions les mêmes à Lubya. Lubya est constamment mentionnées, et avec un peu d’amertume.

      Témoignage d’un Palestinien :

      Lubya est ma fille précieuse que j’abriterai toujours dans les profondeurs de mon âme. Par les histoires racontées par mon père, mon grand-père, mes oncles et ma grande-mère, j’ai le sentiment de connaître très bien Lubya.

      Avi Shlaim, Université de Oxford :

      « Le mur dans la partie Ouest ne relève pas d’une mesure de sécurité, comme il a été dit. C’est un outil de #ségrégation des deux communautés et un moyen de s’approprier de larges portions de terres palestiniennes. C’est un moyen de poursuivre la politique d’#expansion_territoriale et d’avoir le plus grand Etat juif possible avec le moins de population d’arabes à l’intérieur. »

      https://www.sant.ox.ac.uk/people/avi-shlaim

      Heidi Grunebaum :

      « Les petites pièces de la diaspora n’ont pas seulement planté des arbres juifs et déraciné des arbres palestiniens, elles ont aussi créé une forêt d’un autre type. Une vaste forêt bureaucratique où la force de la loi est une arme. La règlementation règne, les procédures, permis, actions commandées par les lois, tout régulé le moindre espace de la vie quotidienne des Palestiniens qui sont petit à petit étouffés, repoussés aux marges de leurs terres. Entassés dans des ghettos, sans autorisation de construire, les Palestiniens n’ont plus qu’à regarder leurs maisons démolies »

      #Lubya #paysage #ruines #architecture_forensique #Afrique_du_Sud #profanation #cactus #South_african_forest #Galilée #Jewish_national_fund (#fonds_national_juif) #arbres #Palestine #Organisation_des_femmes_sionistes #Keren_Kayemeth #apartheid #résistance #occupation #Armée_de_libération_arabe #Hagana #nakba #exil #réfugiés_palestiniens #expulsion #identité #present_absentees #IDPs #déplacés_internes #Caesarea #oubli #déni #historicisation #diaspora #murs #barrières_frontalières #dépossession #privatisation_des_terres #terres #mémoire #commémoration #poésie #Canada_park

    • The Carmel wildfire is burning all illusions in Israel

      “When I look out my window today and see a tree standing there, that tree gives me a greater sense of beauty and personal delight than all the vast forests I have seen in Switzerland or Scandinavia. Because every tree here was planted by us.”

      – David Ben Gurion, Memoirs

      “Why are there so many Arabs here? Why didn’t you chase them away?”

      – David Ben Gurion during a visit to Nazareth, July 1948


      https://electronicintifada.net/content/carmel-wildfire-burning-all-illusions-israel/9130

      signalé par @sinehebdo que je remercie

    • Vu dans ce rapport, signalé par @palestine___________ , que je remercie (https://seenthis.net/messages/723321) :

      A method of enforcing the eradication of unrecognized Palestinian villages is to ensure their misrepresentation on maps. As part of this policy, these villages do not appear at all on Israeli maps, with the exception of army and hiking maps. Likewise, they do not appear on first sight on Google Maps or at all on Israeli maps, with the exception of army and hiking maps. They are labelled on NGO maps designed to increase their visibility. On Google Maps, the Bedouin villages are marked – in contrast to cities and other villages – under their Bedouin tribe and clan names (Bimkom) rather than with their village names and are only visible when zooming in very closely, but otherwise appear to be non-existent. This means that when looking at Google Maps, these villages appear to be not there, only when zooming on to a very high degree, do they appear with their tribe or clan names. At first (and second and third) sight, therefore, these villages are simply not there. Despite their small size, Israeli villages are displayed even when zoomed-out, while unrecognized Palestinian Bedouin villages, regardless of their size are only visible when zooming in very closely.


      http://7amleh.org/2018/09/18/google-maps-endangering-palestinian-human-rights
      Pour télécharger le rapport :
      http://www.7amleh.org/ms/Mapping%20Segregation%20Cover_WEB.pdf

    • signalé par @kassem :
      https://seenthis.net/messages/317236#message784258

      Israel lifted its military rule over the state’s Arab community in 1966 only after ascertaining that its members could not return to the villages they had fled or been expelled from, according to newly declassified archival documents.

      The documents both reveal the considerations behind the creation of the military government 18 years earlier, and the reasons for dismantling it and revoking the severe restrictions it imposed on Arab citizens in the north, the Negev and the so-called Triangle of Locales in central Israel.

      These records were made public as a result of a campaign launched against the state archives by the Akevot Institute, which researches the Israeli-Palestinian conflict.

      After the War of Independence in 1948, the state imposed military rule over Arabs living around the country, which applied to an estimated 85 percent of that community at the time, say researchers at the NGO. The Arabs in question were subject to the authority of a military commander who could limit their freedom of movement, declare areas to be closed zones, or demand that the inhabitants leave and enter certain locales only with his written permission.

      The newly revealed documents describe the ways Israel prevented Arabs from returning to villages they had left in 1948, even after the restrictions on them had been lifted. The main method: dense planting of trees within and surrounding these towns.

      At a meeting held in November 1965 at the office of Shmuel Toledano, the prime minister’s adviser on Arab affairs, there was a discussion about villages that had been left behind and that Israel did not want to be repopulated, according to one document. To ensure that, the state had the Jewish National Fund plant trees around and in them.

      Among other things, the document states that “the lands belonging to the above-mentioned villages were given to the custodian for absentee properties” and that “most were leased for work (cultivation of field crops and olive groves) by Jewish households.” Some of the properties, it adds, were subleased.

      In the meeting in Toledano’s office, it was explained that these lands had been declared closed military zones, and that once the structures on them had been razed, and the land had been parceled out, forested and subject to proper supervision – their definition as closed military zones could be lifted.

      On April 3, 1966, another discussion was held on the same subject, this time at the office of the defense minister, Levi Eshkol, who was also the serving prime minister; the minutes of this meeting were classified as top secret. Its participants included: Toledano; Isser Harel, in his capacity as special adviser to the prime minister; the military advocate general – Meir Shamgar, who would later become president of the Supreme Court; and representatives of the Shin Bet security service and Israel Police.

      The newly publicized record of that meeting shows that the Shin Bet was already prepared at that point to lift the military rule over the Arabs and that the police and army could do so within a short time.

      Regarding northern Israel, it was agreed that “all the areas declared at the time to be closed [military] zones... other than Sha’ab [east of Acre] would be opened after the usual conditions were fulfilled – razing of the buildings in the abandoned villages, forestation, establishment of nature reserves, fencing and guarding.” The dates of the reopening these areas would be determined by Israel Defense Forces Maj. Gen. Shamir, the minutes said. Regarding Sha’ab, Harel and Toledano were to discuss that subject with Shamir.

      However, as to Arab locales in central Israel and the Negev, it was agreed that the closed military zones would remain in effect for the time being, with a few exceptions.

      Even after military rule was lifted, some top IDF officers, including Chief of Staff Tzvi Tzur and Shamgar, opposed the move. In March 1963, Shamgar, then military advocate general, wrote a pamphlet about the legal basis of the military administration; only 30 copies were printed. (He signed it using his previous, un-Hebraized name, Sternberg.) Its purpose was to explain why Israel was imposing its military might over hundreds of thousands of citizens.

      Among other things, Shamgar wrote in the pamphlet that Regulation 125, allowing certain areas to be closed off, is intended “to prevent the entry and settlement of minorities in border areas,” and that “border areas populated by minorities serve as a natural, convenient point of departure for hostile elements beyond the border.” The fact that citizens must have permits in order to travel about helps to thwart infiltration into the rest of Israel, he wrote.

      Regulation 124, he noted, states that “it is essential to enable nighttime ambushes in populated areas when necessary, against infiltrators.” Blockage of roads to traffic is explained as being crucial for the purposes of “training, tests or maneuvers.” Moreover, censorship is a “crucial means for counter-intelligence.”

      Despite Shamgar’s opinion, later that year, Prime Minister Levi Eshkol canceled the requirement for personal travel permits as a general obligation. Two weeks after that decision, in November 1963, Chief of Staff Tzur wrote a top-secret letter about implementation of the new policy to the officers heading the various IDF commands and other top brass, including the head of Military Intelligence. Tzur ordered them to carry it out in nearly all Arab villages, with a few exceptions – among them Barta’a and Muqeible, in northern Israel.

      In December 1965, Haim Israeli, an adviser to Defense Minister Eshkol, reported to Eshkol’s other aides, Isser Harel and Aviad Yaffeh, and to the head of the Shin Bet, that then-Chief of Staff Yitzhak Rabin opposed legislation that would cancel military rule over the Arab villages. Rabin explained his position in a discussion with Eshkol, at which an effort to “soften” the bill was discussed. Rabin was advised that Harel would be making his own recommendations on this matter.

      At a meeting held on February 27, 1966, Harel issued orders to the IDF, the Shin Bet and the police concerning the prime minister’s decision to cancel military rule. The minutes of the discussion were top secret, and began with: “The mechanism of the military regime will be canceled. The IDF will ensure the necessary conditions for establishment of military rule during times of national emergency and war.” However, it was decided that the regulations governing Israel’s defense in general would remain in force, and at the behest of the prime minister and with his input, the justice minister would look into amending the relevant statutes in Israeli law, or replacing them.

      The historical documents cited here have only made public after a two-year campaign by the Akevot institute against the national archives, which preferred that they remain confidential, Akevot director Lior Yavne told Haaretz. The documents contain no information of a sensitive nature vis-a-vis Israel’s security, Yavne added, and even though they are now in the public domain, the archives has yet to upload them to its website to enable widespread access.

      “Hundreds of thousands of files which are crucial to understanding the recent history of the state and society in Israel remain closed in the government archive,” he said. “Akevot continues to fight to expand public access to archival documents – documents that are property of the public.”

    • Israel is turning an ancient Palestinian village into a national park for settlers

      The unbelievable story of a village outside Jerusalem: from its destruction in 1948 to the ticket issued last week by a parks ranger to a descendent of its refugees, who had the gall to harvest the fruits of his labor on his own land.

      Thus read the ticket issued last Wednesday, during the Sukkot holiday, by ranger Dayan Somekh of the Israel Nature and Parks Authority – Investigations Division, 3 Am Ve’olamo Street, Jerusalem, to farmer Nidal Abed Rabo, a resident of the Jerusalem-area village of Walaja, who had gone to harvest olives on his private land: “In accordance with Section 228 of the criminal code, to: Nidal Abed Rabo. Description of the facts constituting the offense: ‘picking, chopping and destroying an olive tree.’ Suspect’s response: ‘I just came to pick olives. I pick them and put them in a bucket.’ Fine prescribed by law: 730 shekels [$207].” And an accompanying document that reads: “I hereby confirm that I apprehended from Nidal Abed Rabo the following things: 1. A black bucket; 2. A burlap sack. Name of the apprehending officer: Dayan Somekh.”

      Ostensibly, an amusing parody about the occupation. An inspector fines a person for harvesting the fruits of his own labor on his own private land and then fills out a report about confiscating a bucket, because order must be preserved, after all. But no one actually found this report amusing – not the inspector who apparently wrote it in utter seriousness, nor the farmer who must now pay the fine.

      Indeed, the story of Walaja, where this absurdity took place, contains everything – except humor: the flight from and evacuation of the village in 1948; refugee-hood and the establishment of a new village adjacent to the original one; the bisection of the village between annexed Jerusalem and the occupied territories in 1967; the authorities’ refusal to issue blue Israeli IDs to residents, even though their homes are in Jerusalem; the demolition of many structures built without a permit in a locale that has no master construction plan; the appropriation of much of its land to build the Gilo neighborhood and the Har Gilo settlement; the construction of the separation barrier that turned the village into an enclave enclosed on all sides; the decision to turn villagers’ remaining lands into a national park for the benefit of Gilo’s residents and others in the area; and all the way to the ridiculous fine issued by Inspector Somekh.

      This week, a number of villagers again snuck onto their lands to try to pick their olives, in what looks like it could be their final harvest. As it was a holiday, they hoped the Border Police and the parks authority inspectors would leave them alone. By next year, they probably won’t be able to reach their groves at all, as the checkpoint will have been moved even closer to their property.

      Then there was also this incident, on Monday, the Jewish holiday of Simhat Torah. Three adults, a teenager and a horse arrived at the neglected groves on the mountainside below their village of Walaja. They had to take a long and circuitous route; they say the horse walked 25 kilometers to reach the olive trees that are right under their noses, beneath their homes. A dense barbed-wire fence and the separation barrier stand between these people and their lands. When the national park is built here and the checkpoint is moved further south – so that only Jews will be able to dip undisturbed in Ein Hanya, as Nir Hasson reported (“Jerusalem reopens natural spring, but not to Palestinians,” Oct. 15) – it will mean the end of Walaja’s olive orchards, which are planted on terraced land.

      The remaining 1,200 dunams (300 acres) belonging to the village, after most of its property was lost over the years, will also be disconnected from their owners, who probably won’t be able to access them again. An ancient Palestinian village, which numbered 100 registered households in 1596, in a spectacular part of the country, will continue its slow death, until it finally expires for good.

      Steep slopes and a deep green valley lie between Jerusalem and Bethlehem, filled with oak and pine trees, along with largely abandoned olive groves. “New” Walaja overlooks this expanse from the south, the Gilo neighborhood from the northeast, and the Cremisan Monastery from the east. To the west is where the original village was situated, between the moshavim of Aminadav and Ora, both constructed after the villagers fled – frightened off by the massacre in nearby Deir Yassin and in fear of bombardment.

      Aviv Tatarsky, a longtime political activist on behalf of Walaja and a researcher for the Ir Amim nonprofit organization, says the designated national park is supposed to ensure territorial contiguity between the Etzion Bloc and Jerusalem. “Since we are in the territory of Jerusalem, and building another settler neighborhood could cause a stir, they are building a national park, which will serve the same purpose,” he says. “The national park will Judaize the area once and for all. Gilo is five minutes away. If you live there, you will have a park right next door and feel like it’s yours.”

      As Tatarsky describes the blows suffered by the village over the years, brothers Walid and Mohammed al-‘Araj stand on a ladder below in the valley, in the shade of the olive trees, engrossed in the harvest.

      Walid, 52, and Mohammed, 58, both live in Walaja. Walid may be there legally, but his brother is there illegally, on land bequeathed to them by their uncle – thanks to yet another absurdity courtesy of the occupation. In 1995, Walid married a woman from Shoafat in East Jerusalem, and thus was able to obtain a blue Israeli ID card, so perhaps he is entitled to be on his land. His brother, who lives next door, however, is an illegal resident on his land: He has an orange ID, as a resident of the territories.

      A sewage line that comes out of Beit Jala and is under the responsibility of Jerusalem’s Gihon water company overflows every winter and floods the men’s olive grove with industrial waste that has seriously damaged their crop. And that’s in addition, of course, to the fact that most of the family is unable to go work the land. The whole area looks quite derelict, overgrown with weeds and brambles that could easily catch fire. In previous years, the farmers would receive an entry permit allowing them to harvest the olives for a period of just a few days; this year, even that permit has not yet been forthcoming.

      The olives are black and small; it’s been a bad year for them and for their owners.

      “We come here like thieves to our own land,” says Mohammed, the older brother, explaining that three days beforehand, a Border Police jeep had showed up and chased them away. “I told him: It’s my land. They said okay and left. Then a few minutes later, another Border Police jeep came and the officer said: Today there’s a general closure because of the holiday. I told him: Okay, just let me take my equipment. I’m on my land. He said: Don’t take anything. I left. And today I came back.”

      You’re not afraid? “No, I’m not afraid. I’m on my land. It’s registered in my name. I can’t be afraid on my land.”

      Walid says that a month ago the Border Police arrived and told him he wasn’t allowed to drive on the road that leads to the grove, because it’s a “security road.” He was forced to turn around and go home, despite the fact that he has a blue ID and it is not a security road. Right next to it, there is a residential building where a Palestinian family still lives.

      Some of Walaja’s residents gave up on their olive orchards long ago and no longer attempt to reach their lands. When the checkpoint is moved southward, in order to block access by Palestinians to the Ein Hanya spring, the situation will be even worse: The checkpoint will be closer to the orchards, meaning that the Palestinians won’t be permitted to visit them.

      “This place will be a park for people to visit,” says Walid, up on his ladder. “That’s it; that will be the end of our land. But we won’t give up our land, no matter what.” Earlier this month, one local farmer was detained for several hours and 10 olive trees were uprooted, on the grounds that he was prohibited from being here.

      Meanwhile, Walid and Mohammed are collecting their meager crop in a plastic bucket printed with a Hebrew ad for a paint company. The olives from this area, near Beit Jala, are highly prized; during a good year the oil made from them can fetch a price of 100 shekels per liter.

      A few hundred meters to the east are a father, a son and a horse. Khaled al-‘Araj, 51, and his son, Abed, 19, a business student. They too are taking advantage of the Jewish holiday to sneak onto their land. They have another horse, an original Arabian named Fatma, but this horse is nameless. It stands in the shade of the olive tree, resting from the long trek here. If a Border Police force shows up, it could confiscate the horse, as has happened to them before.

      Father and son are both Walaja residents, but do not have blue IDs. The father works in Jerusalem with a permit, but it does not allow him to access his land.

      “On Sunday,” says Khaled, “I picked olives here with my son. A Border Police officer arrived and asked: What are you doing here? He took pictures of our IDs. He asked: Whose land is this? I said: Mine. Where are the papers? At home. I have papers from my grandfather’s time; everything is in order. But he said: No, go to DCO [the Israeli District Coordination Office] and get a permit. At first I didn’t know what he meant. I have a son and a horse and they’ll make problems for me. So I left.”

      He continues: “We used to plow the land. Now look at the state it’s in. We have apricot and almond trees here, too. But I’m an illegal person on my own land. That is our situation. Today is the last day of your holiday, that’s why I came here. Maybe there won’t be any Border Police.”

      “Kumi Ori, ki ba orekh,” says a makeshift monument in memory of Ori Ansbacher, a young woman murdered here in February by a man from Hebron. Qasem Abed Rabo, a brother of Nidal, who received the fine from the park ranger for harvesting his olives, asks activist Tatarsky if he can find out whether the house he owns is considered to be located in Jerusalem or in the territories. He still doesn’t know.

      “Welcome to Nahal Refaim National Park,” says a sign next to the current Walaja checkpoint. Its successor is already being built but work on it was stopped for unknown reasons. If and when it is completed, Ein Hanya will become a spring for Jews only and the groves on the mountainside below the village of Walaja will be cut off from their owners for good. Making this year’s harvest Walaja’s last.

      https://www.haaretz.com/israel-news/.premium-israel-is-turning-an-ancient-palestinian-village-into-a-national-p
      https://seenthis.net/messages/807722

    • Sans mémoire des lieux ni lieux de mémoire. La Palestine invisible sous les forêts israéliennes

      Depuis la création de l’État d’Israël en 1948, près de 240 millions d’arbres ont été plantés sur l’ensemble du territoire israélien. Dans l’objectif de « faire fleurir le désert », les acteurs de l’afforestation en Israël se situent au cœur de nombreux enjeux du territoire, non seulement environnementaux mais également identitaires et culturels. La forêt en Israël représente en effet un espace de concurrence mémorielle, incarnant à la fois l’enracinement de l’identité israélienne mais également le rappel de l’exil et de l’impossible retour du peuple palestinien. Tandis que 86 villages palestiniens détruits en 1948 sont aujourd’hui recouverts par une forêt, les circuits touristiques et historiques officiels proposés dans les forêts israéliennes ne font jamais mention de cette présence palestinienne passée. Comment l’afforestation en Israël a-t-elle contribué à l’effacement du paysage et de la mémoire palestiniens ? Quelles initiatives existent en Israël et en Palestine pour lutter contre cet effacement spatial et mémoriel ?

      https://journals.openedition.org/bagf/6779

    • Septembre 2021, un feu de forêt ravage Jérusalem et dévoile les terrassements agricoles que les Palestinien·nes avaient construit...
      Voici une image :

      « La nature a parlé » : un feu de forêt attise les rêves de retour des Palestiniens

      Un gigantesque incendie près de Jérusalem a détruit les #pins_européens plantés par les sionistes, exposant ainsi les anciennes terrasses palestiniennes qu’ils avaient tenté de dissimuler.

      Au cours de la deuxième semaine d’août, quelque 20 000 dounams (m²) de terre ont été engloutis par les flammes dans les #montagnes de Jérusalem.

      C’est une véritable catastrophe naturelle. Cependant, personne n’aurait pu s’attendre à la vision qui est apparue après l’extinction de ces incendies. Ou plutôt, personne n’avait imaginé que les incendies dévoileraient ce qui allait suivre.

      Une fois les flammes éteintes, le #paysage était terrible pour l’œil humain en général, et pour l’œil palestinien en particulier. Car les incendies ont révélé les #vestiges d’anciens villages et terrasses agricoles palestiniens ; des terrasses construites par leurs ancêtres, décédés il y a longtemps, pour cultiver la terre et planter des oliviers et des vignes sur les #pentes des montagnes.

      À travers ces montagnes, qui constituent l’environnement naturel à l’ouest de Jérusalem, passait la route Jaffa-Jérusalem, qui reliait le port historique à la ville sainte. Cette route ondulant à travers les montagnes était utilisée par les pèlerins d’Europe et d’Afrique du Nord pour visiter les lieux saints chrétiens. Ils n’avaient d’autre choix que d’emprunter la route Jaffa-Jérusalem, à travers les vallées et les ravins, jusqu’au sommet des montagnes. Au fil des siècles, elle sera foulée par des centaines de milliers de pèlerins, de soldats, d’envahisseurs et de touristes.

      Les terrasses agricoles – ou #plates-formes – que les agriculteurs palestiniens ont construites ont un avantage : leur durabilité. Selon les estimations des archéologues, elles auraient jusqu’à 600 ans. Je crois pour ma part qu’elles sont encore plus vieilles que cela.

      Travailler en harmonie avec la nature

      Le travail acharné du fermier palestinien est clairement visible à la surface de la terre. De nombreuses études ont prouvé que les agriculteurs palestiniens avaient toujours investi dans la terre quelle que soit sa forme ; y compris les terres montagneuses, très difficiles à cultiver.

      Des photographies prises avant la Nakba (« catastrophe ») de 1948, lorsque les Palestiniens ont été expulsés par les milices juives, et même pendant la seconde moitié du XIXe siècle montrent que les oliviers et les vignes étaient les deux types de plantation les plus courants dans ces régions.

      Ces végétaux maintiennent l’humidité du sol et assurent la subsistance des populations locales. Les #oliviers, en particulier, aident à prévenir l’érosion des sols. Les oliviers et les #vignes peuvent également créer une barrière naturelle contre le feu car ils constituent une végétation feuillue qui retient l’humidité et est peu gourmande en eau. Dans le sud de la France, certaines routes forestières sont bordées de vignes pour faire office de #coupe-feu.

      Les agriculteurs palestiniens qui les ont plantés savaient travailler en harmonie avec la nature, la traiter avec sensibilité et respect. Cette relation s’était formée au cours des siècles.

      Or qu’a fait l’occupation sioniste ? Après la Nakba et l’expulsion forcée d’une grande partie de la population – notamment le nettoyage ethnique de chaque village et ville se trouvant sur l’itinéraire de la route Jaffa-Jérusalem –, les sionistes ont commencé à planter des #pins_européens particulièrement inflammables sur de vastes portions de ces montagnes pour couvrir et effacer ce que les mains des agriculteurs palestiniens avaient créé.

      Dans la région montagneuse de Jérusalem, en particulier, tout ce qui est palestinien – riche de 10 000 ans d’histoire – a été effacé au profit de tout ce qui évoque le #sionisme et la #judéité du lieu. Conformément à la mentalité coloniale européenne, le « milieu » européen a été transféré en Palestine, afin que les colons puissent se souvenir de ce qu’ils avaient laissé derrière eux.

      Le processus de dissimulation visait à nier l’existence des villages palestiniens. Et le processus d’effacement de leurs particularités visait à éliminer leur existence de l’histoire.

      Il convient de noter que les habitants des villages qui ont façonné la vie humaine dans les montagnes de Jérusalem, et qui ont été expulsés par l’armée israélienne, vivent désormais dans des camps et communautés proches de Jérusalem, comme les camps de réfugiés de Qalandiya et Shuafat.

      On trouve de telles forêts de pins ailleurs encore, dissimulant des villages et fermes palestiniens détruits par Israël en 1948. Des institutions internationales israéliennes et sionistes ont également planté des pins européens sur les terres des villages de #Maaloul, près de Nazareth, #Sohmata, près de la frontière palestino-libanaise, #Faridiya, #Kafr_Anan et #al-Samoui sur la route Akka-Safad, entre autres. Ils sont maintenant cachés et ne peuvent être vus à l’œil nu.

      Une importance considérable

      Même les #noms des villages n’ont pas été épargnés. Par exemple, le village de Suba est devenu « #Tsuba », tandis que #Beit_Mahsir est devenu « #Beit_Meir », #Kasla est devenu « #Ksalon », #Saris est devenu « #Shoresh », etc.

      Si les Palestiniens n’ont pas encore pu résoudre leur conflit avec l’occupant, la nature, elle, s’est désormais exprimée de la manière qu’elle jugeait opportune. Les incendies ont révélé un aspect flagrant des composantes bien planifiées et exécutées du projet sioniste.

      Pour les Palestiniens, la découverte de ces terrasses confirme leur version des faits : il y avait de la vie sur cette terre, le Palestinien était le plus actif dans cette vie, et l’Israélien l’a expulsé pour prendre sa place.

      Ne serait-ce que pour cette raison, ces terrasses revêtent une importance considérable. Elles affirment que la cause palestinienne n’est pas morte, que la terre attend le retour de ses enfants ; des personnes qui sauront la traiter correctement.

      https://www.middleeasteye.net/fr/opinion-fr/israel-jerusalem-incendies-villages-palestiniens-nakba-sionistes-reto

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      An Israeli Forest to Erase the Ruins of Palestinian Agricultural Terraces

      “Our forest is growing over, well, over a ruined village,” A.B. Yehoshua wrote in his novella “Facing the Forests.” The massive wildfire in the Jerusalem Hills last week exposed the underpinning of the view through the trees. The agricultural terraces were revealed in their full glory, and also revealed a historic record that Israel has always sought to obscure and erase – traces of Palestinian life on this land.

      On my trips to the West Bank and the occupied territories, when I passed by the expansive areas of Palestinian farmland, I was always awed by the sight of the long chain of terraces, mustabat or mudrajat in Arabic. I thrilled at their grandeur and the precision of the work that attests to the connection between the Palestinian fellah and his land. I would wonder – Why doesn’t the same “phenomenon” exist in the hills of the Galilee?

      When I grew up, I learned a little in school about Israeli history. I didn’t learn that Israel erased Palestinian agriculture in the Galilee and that the Jewish National Fund buried it once and for all, but I did learn that “The Jews brought trees with them” and planted them in the Land of Israel. How sterile and green. Greta Thunberg would be proud of you.

      The Zionist movement knew that in the war for this land it was not enough to conquer the land and expel its inhabitants, you also had to build up a story and an ethos and a narrative, something that will fit with the myth of “a people without a land for a land without a people.” Therefore, after the conquest of the land and the expulsion, all trace of the people who once lived here had to be destroyed. This included trees that grew without human intervention and those that were planted by fellahin, who know this land as they do their children and as they do the terraces they built in the hills.

      This is how white foreigners who never in their lives were fellahin or worked the land for a living came up with the national forestation project on the ruins of Arab villages, which David Ben-Gurion decided to flatten, such as Ma’alul and Suhmata. The forestation project including the importation of cypress and pine trees that were alien to this land and belong to colder climes, so that the new inhabitants would feel more at home and less as if they were in somebody else’s home.

      The planting of combustible cypresses and pines, which are not suited to the weather in this land, is not just an act of national erasure of the Palestinian natives, but also an act of arrogance and patronage, characteristics typical of colonialist movements throughout the world. All because they did not understand the nature, in both senses of the word, of the countries they conquered.

      Forgive me, but a biblical-historical connection is not sufficient. Throughout the history of colonialism, the new settlers – whether they ultimately left or stayed – were unable to impose their imported identity on the new place and to completely erase the place’s native identity. It’s a little like the forests surrounding Jerusalem: When the fire comes and burns them, one small truth is revealed, after so much effort went into concealing it.

      https://www.haaretz.com/opinion/.premium-an-israeli-forest-to-erase-the-ruins-of-palestinian-agricultural-t

      et ici :
      https://seenthis.net/messages/928766

    • Planter un arbre en Israël : une forêt rédemptrice et mémorielle

      Tout au long du projet sioniste, le végétal a joué un rôle de médiateur entre la terre rêvée et la terre foulée, entre le texte biblique et la réalité. Le réinvestissement national s’est opéré à travers des plantes connues depuis la diaspora, réorganisées en scènes signifiantes pour la mémoire et l’histoire juive. Ce lien de filiation entre texte sacré et paysage débouche sur une pratique de plantation considérée comme un acte mystique de régénération du monde.

      https://journals.openedition.org/diasporas/258

  • Le #Conseil_d’État annule la #dissolution des #Soulèvements_de_la_Terre mais en valide trois autres

    Si le mouvement écologiste, dans le viseur du gouvernement, a été sauvé par la justice administrative jeudi 9 novembre, celle-ci a confirmé la dissolution de la #Coordination_contre_le_racisme_et_l’islamophobie, du #Groupe_antifasciste_Lyon_et_environs et de l’#Alvarium.

    « Et« Et paf. » C’est derrière ce slogan, sonnant comme une moquerie enfantine, que les Soulèvements de la Terre et leurs soutiens se sont rassemblés devant le Conseil d’État jeudi 9 novembre, en milieu d’après-midi, après l’annulation de leur dissolution. Pendant une heure, les interventions se sont succédé dans une ambiance à la fois réjouie et grave, en présence d’un groupe de policiers déployés devant l’entrée de l’institution.

    Dans sa décision, le Conseil d’État rappelle que les Soulèvements de la Terre n’ont jamais incité à commettre des violences contre des personnes. En revanche, il estime qu’en appelant à la « désobéissance civile » et au « désarmement » des infrastructures portant atteinte à l’environnement, ils provoquent à la « violence contre les biens », l’un des nouveaux critères de dissolution introduits par la loi « séparatisme ». Le groupe se voit ainsi reprocher de « légitimer publiquement » la destruction d’engins de chantiers, de cultures intensives ou la dégradation de sites industriels polluants, dont il revendique la dimension « symbolique ».

    Pour autant, le Conseil d’État conclut qu’au regard « de la portée de ces provocations, mesurée notamment par les effets réels qu’elles ont pu avoir », la dissolution ne serait pas « une mesure adaptée, nécessaire et proportionnée ». Il annule ainsi le décret pris en Conseil des ministres le 21 juin 2023. Le ministère de l’intérieur, à l’initiative de cette dissolution, n’a pas souhaité réagir.

    Dans un communiqué, les Soulèvements de la Terre se réjouissent de leur « victoire » et d’« un sérieux revers pour le ministère de l’intérieur ». Le mouvement considère que cette décision « est porteuse d’espoirs pour la suite », car « en utilisant l’argument de l’absence de proportionnalité entre les actions du mouvement et la violence d’une dissolution, le Conseil d’État confirme l’idée que face au ravage des acteurs privés, de l’agriculture intensive, de l’accaparement de l’eau, nos modes d’actions puissent être considérés comme légitimes ».

    Aïnoha Pascual, avocate des Soulèvements, dit son « soulagement » pour la défense des libertés publiques, notamment de la liberté d’association, mais aussi sa « prudence ». Son confrère Raphaël Kempf, également défenseur du mouvement écologiste, voit dans la décision du Conseil d’État la reconnaissance de la légitimité « d’une dose d’appel à la désobéissance civile et au désarmement ». Mais s’inquiète, lui aussi : la juridiction accepte l’idée que des agissements violents puissent concerner des biens, alors que le code pénal et la Cour européenne des droits de l’homme la restreignent aux personnes. Autre source d’inquiétude : la notion de « provocation » à commettre ces faits n’est pas clairement limitée, et le juge considère qu’elle peut être constituée même si elle n’est qu’implicite.

    Sollicité par Mediapart, Michel Forst, rapporteur de l’Organisation des nations unies (ONU) sur la protection des défenseurs de l’environnement rappelle que cette dissolution « s’inscrivait dans un contexte où l’on constate dans beaucoup de pays d’Europe une érosion extrêmement inquiétante de l’espace civique ». Il cite notamment le cas de l’Allemagne ou de l’Italie, « où des mouvements écologistes et climatiques, qui ont recours à la désobéissance civile non-violente, sont en train d’être catégorisées comme des organisations criminelles par les autorités ». Et ajoute : « Je crois que ce qui inquiète le gouvernement, ce n’est pas tant les supposées provocations à la violence, mais la portée de la voix des Soulèvements de la Terre. C’est le fait qu’ils soient audibles, entendus, écoutés. »

    Au nom du Syndicat des avocats de France (SAF), Lionel Crusoé a critiqué la recrudescence des dissolutions d’associations, qu’elles soient antiracistes, de soutien au peuple palestinien, ou antifascistes. Il y voit la traduction d’une « situation en demi-teinte » pour les libertés publiques, alors que « dans une société démocratique, il doit y avoir un espace de débats, et qu’il est aussi fait de rapports de force ».
    L’Alvarium, un groupe d’extrême droite dissout pour « provocation à la haine »

    S’il a annulé la dissolution des Soulèvements de la Terre, le Conseil d’État a validé celle de trois autres organisations. En ce qui concerne l’Alvarium, qui avait contesté sa dissolution mais ne s’était pas défendu à l’audience du 27 octobre, le Conseil d’État estime que les messages postés par le groupe d’extrême droite angevin incitaient bel et bien à la discrimination et à la haine « envers les personnes étrangères ou les Français issus de l’immigration par leur assimilation à des délinquants ou des criminels, à des islamistes ou des terroristes », comme le lui reproche le gouvernement dans le décret de dissolution du 17 novembre 2021.

    Compte tenu de la « gravité » et de la « récurrence » de ces agissements, le Conseil d’État juge que la dissolution ne constitue pas une mesure disproportionnée. Il note, par ailleurs, les liens de l’Alvarium et de ses membres dirigeants « avec des groupuscules appelant à la discrimination, à la violence ou à la haine contre les étrangers », les personnes d’origine non européenne ou les musulmans. Mais ne dit pas un mot de la « provocation à commettre des violences » invoquée par le gouvernement dans ses motivations.

    L’Alvarium, qui agrégeait des catholiques identitaires et des nationalistes révolutionnaires autour d’un bar associatif, entre 2018 et 2021, s’est fait connaître à Angers pour plusieurs rixes contre des militants d’extrême gauche, certaines ayant été suivies de condamnations. Après sa dissolution, le groupe s’est plus ou moins reconstitué sous le nom de « RED Angers » (Rassemblement des étudiants de droite, dont le local a été fermé par la mairie, à l’été 2023, après de nouvelles bagarres). D’anciens membres de l’Alvarium ont été jugés en août pour des violences contre des manifestants, et pour l’essentiel relaxés.
    La CRI subit le même sort que le CCIF

    Le Conseil d’État a également validé la dissolution de la Coordination contre le racisme et l’islamophobie (CRI), prononcée le 20 octobre 2021. Le gouvernement reprochait à cette association lyonnaise, fondée en 2008, d’instrumentaliser le concept d’islamophobie pour provoquer à la haine antisémite et à la violence, notamment en s’abstenant de modérer les commentaires d’internautes sur ses réseaux sociaux. Le mémoire du ministère de l’intérieur évoquait « une stratégie de communication comparable à celle du CCIF », dissout en 2020 sans que le Conseil d’État ne trouve rien à redire.

    En préambule, la juridiction administrative écarte la « provocation à la violence » reprochée par le ministère de l’intérieur, estimant que les messages cités relèvent d’une critique « véhémente » de l’action de la police ou de réactions « injurieuses ou menaçantes », mais ne constituent pas des appels à la violence.

    Le Conseil d’État se concentre plutôt sur les appels à la haine ou à la discrimination et estime que la CRI a posté des propos « outranciers sur l’actualité nationale et internationale, tendant, y compris explicitement, à imposer l’idée que les pouvoirs publics, la législation, les différentes institutions et autorités nationales ainsi que de nombreux partis politiques et médias seraient systématiquement hostiles aux croyants de religion musulmane et instrumentaliseraient l’antisémitisme pour nuire aux musulmans ». Elle considère aussi que « ces publications ont suscité de nombreux commentaires haineux, antisémites, injurieux et appelant à la vindicte publique, sans que l’association ne tente de les contredire ou de les effacer ».

    Au Conseil d’État, où elle dénonçait un « pur procès d’intention », démentait tout antisémitisme et revendiquait le droit de critiquer des politiques publiques, la CRI avait reçu le soutien de la Ligue des droits de l’homme (LDH) et du Gisti, au nom de la liberté d’association, de réunion et d’expression. S’il se réjouit de la décision pour les Soulèvements de la Terre, l’avocat de la CRI, João Viegas, juge celle qui concerne ses clients « extrêmement décevante » et se réserve la possibilité de saisir la Cour européenne des droits de l’homme.

    « C’est une reprise très évasive et insatisfaisante des griefs du ministère, qui ne reposent sur absolument rien, sauf des commentaires non modérés et des propos parfois à l’emporte-pièce. Si le Conseil d’État accepte l’idée qu’en critiquant l’État on devient anti-français, il reprend à son compte la théorie de la cinquième colonne et des ennemis de l’intérieur. Il ne rectifie pas la jurisprudence déjà désastreuse du CCIF, qui peut servir à couvrir des mesures très répressives de critiques politiques jugées inconvenantes. On parle d’associations qui saisissaient les pouvoirs publics et encourageaient les gens à le faire, les aidaient à déposer plainte et les assistaient en justice. »
    Un groupe antifasciste dissout pour la première fois

    Enfin, le Conseil d’État a confirmé la dissolution du Groupe antifasciste Lyon et environs (Gale), prononcée le 30 mars 2022 et suspendue deux mois plus tard. Le Gale devient donc le premier groupe d’extrême gauche dissout depuis Action directe, en 1982, après une campagne d’attentats et de braquages qui avaient fait plusieurs morts. Le collectif lyonnais, créé après la mort de Clément Méric en 2013 , comptait une trentaine de membres actifs.

    Contrairement à l’Alvarium et à la CRI, dont la dissolution a été confirmée sur le fondement des appels à la haine ou à la discrimination, celle du Gale repose seulement sur la « provocation à commettre des violences contre des personnes ou des biens », c’est-à-dire le nouveau motif créé par la loi « séparatisme ». En l’occurrence ici, les personnes et les biens appartiennent aux adversaires privilégiés du Gale, la police et l’extrême droite, et sont quasiment mis sur le même plan.

    La décision du Conseil d’État relève ainsi que certains messages postés par le Gale sur les réseaux sociaux montrent « des policiers ou des véhicules de police incendiés, recevant des projectiles ou faisant l’objet d’autres agressions ou dégradations, en particulier lors de manifestations, assortis de textes haineux et injurieux à l’encontre de la police nationale, justifiant l’usage de la violence envers les représentants des forces de l’ordre, leurs locaux et leurs véhicules, se réjouissant de telles exactions, voire félicitant leurs auteurs ».

    Elle retient aussi des publications « approuvant et justifiant, au nom de “l’antifascisme”, des violences graves commises à l’encontre de militants d’extrême droite et de leurs biens ». Certains commentaires en réponse peuvent être considérés comme « des appels à la violence voire au meurtre » de militants d’ultradroite, sans faire l’objet d’une « quelconque modération ».

    Les avocats du Gale, Agnès Bouquin et Olivier Forray, dénoncent une décision « très inquiétante » et s’apprêtent à saisir la Cour européenne des droits de l’homme, puisque « le Conseil d’État ne joue plus son rôle de garde-fou des libertés publiques ». À leurs yeux, la décision « raye d’un trait de plume la liberté d’association, d’expression et de réunion, parce que ça disconvient au gouvernement » et empêche « la dénonciation politique de l’action policière et de l’extrême droite ». « La lutte antifasciste ne s’arrête pas à l’étiquette “Gale” et va continuer », affirment les avocats du collectif.

    Une clarification toute relative

    Dans le communiqué de presse qui accompagne ses quatre décisions, le Conseil d’État se félicite de « préciser le mode d’emploi » et les « critères » du nouveau motif de dissolution instauré par la loi « séparatisme », autour de la provocation à la violence (contre les personnes ou les biens). Il considère ainsi avoir posé les bornes d’une dissolution acceptable.

    Ce n’est pourtant pas si clair. D’une part, sa décision sur les Soulèvements de la Terre laisse entendre qu’une petite quantité de « violence contre les biens » ne suffit pas à signer l’arrêt de mort d’une organisation, pour des raisons de proportionnalité. Mais elle laisse ouverte la possibilité de dissoudre un groupe - voire les Soulèvements de la Terre eux-mêmes, plus tard - sur la seule base de dégradations matérielles, si elles étaient plus lourdes, ou plus fréquentes, ou plus chères, sans définir de seuil.

    D’autre part, et uniquement pour les Soulèvements de la Terre, le Conseil d’État établit un lien entre la provocation à des agissements violents et ses effets concrets (ici jugés modestes). Pour le #Gale, la provocation est retenue sans considération pour ses conséquences : les appels à commettre telle ou telle action, à s’en prendre à telle ou telle cible, ont-ils entraîné des passages à l’acte ? Peut-on en attribuer la responsabilité au groupe ?

    Depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, les dissolutions administratives se sont succédé à un rythme inédit sous la Cinquième République. Sous son premier mandat, 29 associations et groupements de fait, pour l’essentiel soupçonnés de proximité avec l’#islamisme (#Baraka_City, le #CCIF) ou liés à l’#extrême_droite (le #Bastion_social, les #Zouaves) ont disparu. Depuis sa réélection, le 24 avril 2022, le gouvernement a prononcé la dissolution de quatre organisations : le #Bloc_Lorrain, #Bordeaux_nationaliste, #Les_Alerteurs et #Civitas. Sans compter les Soulèvements de la Terre, qui célèbrent leur victoire.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/091123/le-conseil-d-etat-annule-la-dissolution-des-soulevements-de-la-terre-mais-
    #justice #antifa #anti-fascisme #SdT

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    voir ce fil de discussion (via @arno) :
    https://seenthis.net/messages/1025608

  • Bangladesh : « Ce qui frappe dans les camps de réfugiés de Rohingya, c’est l’abandon d’un peuple et la déstructuration sociale »

    L’annonce faite par Emmanuel Macron lors de son voyage au Bangladesh, le 11 septembre, d’augmenter d’un million d’euros la contribution française aux activités du Programme alimentaire mondial dans les camps de Rohingya de ce pays est-elle à la hauteur de la situation ?

    Rappelons-nous. Il y a six ans, des centaines de milliers de Rohingya quittaient l’Etat de Rakhine [Arakan] au #Myanmar, l’ex-Birmanie. Ils fuyaient les massacres, les viols, les incendies de leurs maisons commis pendant l’offensive militaire lancée en août 2017. A la fin de cette même année, plus de 700 000 nouveaux réfugiés étaient arrivés dans le district de #Cox’s_Bazar, dans le sud-est du #Bangladesh. Ils rejoignaient les 200 000 réfugiés rohingya issus de déplacements antérieurs.

    Pour accueillir ces populations, un camp entre jungle et rizières est sorti de terre. #Kutupalong-Balukhali est aujourd’hui le plus grand camp de réfugiés au monde. Il se compose de plusieurs sites contigus dont les artères centrales en brique et en ciment débouchent sur des ruelles étroites. Là, les familles vivent dans de petites habitations faites de bambou et de bâches.

    Toute une série de restrictions

    Certaines sont posées à flanc de colline et donc exposées aux glissements de terrain, conséquence des pluies diluviennes qui peuvent s’abattre pendant la mousson. Les points d’#eau_potable, certes nombreux, ne sont ouverts que quelques heures par jour, et il est fréquent de voir des disputes s’y dérouler. Quelle ironie dans cette région parmi les plus humides au monde. Parfois, on surprend le long des frontières du camp les barbelés qui nous rappellent qu’il s’agit d’un bidonville semi-fermé.

    Si le Bangladesh a ouvert ses portes aux réfugiés, il les soumet à toute une série de restrictions. Les boutiques rohingya qui fleurissent le font selon le bon vouloir de la police qui peut les fermer au motif qu’elles n’ont pas été autorisées. Les déplacements à l’intérieur de Kutupalong, même d’un camp à l’autre, sont extrêmement limités. Il est en outre interdit aux Rohingya de travailler, bien qu’un grand nombre d’entre eux le fassent.
    Ils sont alors à la merci de la #police, des #bakchichs et des #arrestations. L’éducation est par ailleurs très encadrée. De multiples obstacles sont posés à l’enregistrement des naissances. L’approche du gouvernement à l’égard des camps est un mélange ambigu de tolérance et de prohibition : cette élasticité laisse les Rohingya dans un état d’incertitude perpétuelle.

    Le #contrôle_social auquel sont soumis les réfugiés est aussi le fait des groupes politico-criminels rohingya qui pullulent dans le camp et dont la présence, ces dernières années, s’est faite plus intense. Ces groupes sont en conflit ouvert pour le contrôle du trafic de yaba. Ce mélange de méthamphétamine et de caféine est principalement produit au Myanmar, et le Bangladesh est l’un des principaux marchés où circule cette drogue.

    Viols et violences

    Le déploiement humanitaire est impressionnant, mais l’engagement des donateurs s’amenuise. Le mois dernier, le « Plan de réponse conjoint » 2023 élaboré par les Nations unies et le gouvernement n’était financé qu’à hauteur de 30 %. Entre mars et juin, les allocations alimentaires mensuelles – des paiements en espèces reçus sur une carte SIM – sont passées de 12 à 8 dollars par personne.

    Cette réduction a pour conséquence d’entraver la capacité des réfugiés d’acheter des produits frais sur le marché et des vêtements. Il faut trouver de quoi manger, coûte que coûte, ce qui amène les réfugiés à se livrer à des activités illicites – cambriolages et trafics en tout genre.

    Les conséquences du sous-investissement par les bailleurs de fonds sont aussi médicales et viennent s’ajouter à celles de l’augmentation de la population dans un espace qui, lui, ne s’accroît pas. Chaque année, y naissent entre 30 000 et 35 000 #bébés. Du fait de la densité des lieux et de la faiblesse des services sanitaires, il est estimé que 40 % de la population du camp souffre de la #gale. La fermeture de certains services de #santé a pour effet d’engorger les structures qui se maintiennent.

    Les #femmes seules, comme les personnes âgées et handicapées, sont parfois contraintes de payer des services pour des tâches qu’elles n’ont pas la possibilité d’accomplir seules : réparer leur maison, porter la bouteille de gaz du point de distribution jusque chez elles en dépit de l’existence d’une assistance prévue pour combler une partie de ces besoins spécifiques. Les femmes sont vulnérables aux #viols et aux violences – les cas sont nombreux et loin d’être mis au jour.

    Un « facteur d’attraction »

    Il est difficile d’imaginer que l’engagement présidentiel français modifiera la donne. Cela nécessite un tout autre investissement. La survie d’un peuple, condamné à vivre dans ces conditions de nombreuses années encore, relève du génie. Ce qui frappe dans les camps de réfugiés rohingya de Cox’s Bazar, ce sont moins les limites du système de l’aide que l’abandon d’un peuple et sa conséquence : la déstructuration sociale.

    La plupart des réfugiés espèrent retourner au Myanmar, une étape qui ne pourra être franchie que lorsque leurs terres et leur nationalité, dont ils ont été privés en 1982, leur seront restituées. Certains se résolvent malgré tout à rentrer clandestinement au Myanmar où ils s’exposent aux violences commises par les autorités birmanes.
    Quelques-uns ont bénéficié de rares opportunités de réinstallation dans d’autres pays, comme le Canada ou les Etats-Unis, mais le gouvernement bangladais a suspendu le programme de réinstallation en 2010, arguant qu’il agirait comme un « facteur d’attraction ». Les initiatives récentes visant à relancer le processus ont été timides.
    Une possibilité est la traversée risquée vers la #Malaisie, un pays qu’un nombre croissant de Rohingya à Kutupalong considère comme une voie de salut. Pour la très grande majorité des réfugiés, il ne semble n’y avoir aucun avenir à moyen terme autre que celui de demeurer entre deux mondes, dans ce coin de forêt pétri de #dengue et de #trafics en tout genre.

    Michaël Neuman est directeur d’études au Centre de réflexion sur l’action et les savoirs humanitaires (Crash) de la Fondation Médecins sans frontières.
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/31/bangladesh-ce-qui-frappe-dans-les-camps-de-refugies-de-rohingya-c-est-l-aban

    Massacre des Rohingya : « Facebook a joué un rôle central dans la montée du climat de haine » en Birmanie
    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2022/09/29/massacre-des-rohingya-facebook-a-joue-un-role-central-dans-la-montee-du-clim
    https://archive.ph/DMWO8

    Au Bangladesh, l’exil sans fin des Rohingya
    https://www.lemonde.fr/international/article/2022/12/16/au-bangladesh-l-exil-sans-fin-des-rohingya_6154745_3210.html
    https://archive.ph/xKPyh

    #camp_de_réfugiés #Birmanie #Rohingya #réfugiés #musulmans #barbelés #drogues #déchéance_de_nationalité #aide_humanitaire #Programme_alimentaire_mondial

  • Bulgaria : lottare per vivere, lottare per morire

    Di morti insepolti, notti insonni e domande che non avranno risposta

    “ГРАНИЦИТЕ УБИВАТ”, ovvero “I confini uccidono”. Questa scritta campeggia su delle vecchie cisterne arrugginite lungo la statale 79, la strada che collega Elhovo a Burgas, seguendo il confine bulgaro-turco fino al Mar Nero. L’abbiamo fatta noi del Collettivo Rotte Balcaniche (https://www.facebook.com/profile.php?id=100078755275162), rossa come il sangue che abbiamo visto scorrere in queste colline. Volevamo imprimere nello spazio fisico un ricordo di chi proprio tra questi boschi ha vissuto i suoi ultimi istanti, lasciare un segno perché la memoria avesse una dimensione materiale. Dall’altra parte, volevamo lanciare un monito, per parlare a chi continua a transitare su questa strada ignorandone la puzza di morte e a chi ne è direttamente responsabile, per dire “noi sappiamo e non dimenticheremo”. Ne è uscita una semplice scritta che forse in pochi noteranno. Racchiude le lacrime che accompagnano i ricordi e un urlo che monta dentro, l’amore e la rabbia.

    Dall’anno passato il confine bulgaro-turco è tornato ad essere la prima porta terrestre d’Europa. I dati diffusi dalla Polizia di frontiera bulgara contano infatti oltre 158 mila tentativi di ingresso illegale nel territorio impediti nei primi nove mesi del 2023, a fronte dei 115 mila nel corrispondente periodo del 2022, anno in cui le medesime statistiche erano già più che triplicate 1. Il movimento delle persone cambia a seconda delle politiche di confine, come un flusso d’acqua alla ricerca di un varco, così la totale militarizzazione del confine di terra greco-turco, che si snoda lungo il fiume Evros, ha spostato le rotte migratorie verso la più porosa frontiera bulgara. Dall’altro lato, la sempre più aggressiva politica di deportazioni di Erdogan – che ha già ricollocato con la forza 600 mila rifugiatə sirianə nel nord-ovest del paese, sotto il controllo turco, e promette di raggiungere presto la soglia del milione – costringe gli oltre tre milioni di sirianə che vivono in Turchia a muoversi verso luoghi più sicuri.

    Abbiamo iniziato a conoscere la violenza della polizia bulgara più di un anno fa, non nelle inchieste giornalistiche ma nei racconti delle persone migranti che incontravamo in Serbia, mentre ci occupavamo di distribuire cibo e docce calde a chi veniva picchiatə e respintə dalle guardie di frontiera ungheresi. Siamo un gruppo di persone solidali che dal 2018 ha cominciato a viaggiare lungo le rotte balcaniche per supportare attivamente lə migrantə in cammino, e da allora non ci siamo più fermatə. Anche se nel tempo siamo cresciutə, rimaniamo un collettivo autorganizzato senza nessun riconoscimento formale. Proprio per questo, abbiamo deciso di muoverci verso i contesti caratterizzati da maggior repressione, laddove i soggetti più istituzionali faticano a trovare agibilità e le pratiche di solidarietà assumono un valore conflittuale e politico. Uno dei nostri obiettivi è quello di essere l’anti-confine, costruendo vie sicure attraverso le frontiere, ferrovie sotterranee. Tuttavia, non avremmo mai pensato di diventare un “rescue team”, un equipaggio di terra, ovvero di occuparci di ricerca e soccorso delle persone disperse – vive e morte – nelle foreste della Bulgaria.

    La prima operazione di salvataggio in cui ci siamo imbattutə risale alle notte tra il 19 e il 20 luglio. Stavo per andare a dormire, verso l’una, quando sento insistentemente suonare il telefono del Collettivo – telefono attraverso cui gestiamo le richieste di aiuto delle persone che vivono nei campi rifugiati della regione meridionale della Bulgaria 2. Era M., un signore siriano residente nel campo di Harmanli, che avevo conosciuto pochi giorni prima. «C’è una donna incinta sulla strada 79, serve un’ambulanza». Con lei, le sue due bambine di tre e sei anni. Chiamiamo il 112, numero unico per le emergenze, dopo averla messa al corrente che probabilmente prima dell’ambulanza sarebbe arrivata la polizia, e non potevamo sapere cosa sarebbe successo. Dopo aver capito che il centralino ci stava mentendo, insinuando che le squadre di soccorso erano uscite senza aver trovato nessuno alle coordinate che avevamo segnalato, decidiamo di muoverci in prima persona. Da allora, si sono alternate settimane più e meno intense di uscite e ricerche. Abbiamo un database che raccoglie la quarantina di casi di cui ci siamo in diversi modi occupatə da fine luglio e metà ottobre: nomi, storie e foto che nessunə vorrebbe vedere. In questi mesi tre mesi si è sviluppata anche una rete di associazioni con cui collaboriamo nella gestione delle emergenze, che comprende in particolare #CRG (#Consolidated_Rescue_Group: https://www.facebook.com/C.R.G.2022), gruppo di volontariə sirianə che fa un incredibile lavoro di raccolta di segnalazioni di “distress” e “missing people” ai confini d’Europa, nonché di relazione con lə familiari.

    Ricostruire questo tipo di situazioni è sempre complicato: le informazioni sono frammentate, la cronologia degli eventi incerta, l’intervento delle autorità poco prevedibile. Spesso ci troviamo ad unire tessere di un puzzle che non combacia. Sono le persone migranti stesse a lanciare l’SOS, oppure, se non hanno un telefono o è scarico, le “guide” 3 che le accompagnano nel viaggio. Le richieste riportano i dati anagrafici, le coordinate, lo stato di salute della persona. Le famiglie contattano poi organizzazioni solidali come CRG, che tra lə migrantə sirianə è un riferimento fidato. L’unica cosa che noi possiamo fare – ma che nessun altro fa – è “metterci il corpo”, frapporci tra la polizia e le persone migranti. Il fatto che ci siano delle persone bianche ed europee nel luogo dell’emergenza obbliga i soccorsi ad arrivare, e scoraggia la polizia dal respingere e torturare. Infatti, è la gerarchia dei corpi che determina quanto una persona è “salvabile”, e le vite migranti valgono meno di zero. Nella notte del 5 agosto, mentre andavamo a recuperare il cadavere di H., siamo fermatə da un furgone scuro, senza insegne della polizia. È una pattuglia del corpo speciale dell’esercito che si occupa di cattura e respingimento. Gli diciamo la verità: stiamo andando a cercare un ragazzo morto nel bosco, abbiamo già avvisato il 112. Uno dei soldati vuole delle prove, gli mostriamo allora la foto scattata dai compagni di viaggio. Vedendo il cadavere, si mette a ridere, “it’s funny”, dice.

    Ogni strada è un vicolo cieco che conduce alla border police, che non ha nessun interesse a salvare le vite ma solo ad incriminare chi le salva. Dobbiamo chiamare subito il 112, accettando il rischio che la polizia possa arrivare prima di noi e respingere le persone in Turchia, lasciandole nude e ferite nel bosco di frontiera, per poi essere costrette a riprovare quel viaggio mortale o imprigionate e deportate in Siria? Oppure non chiamare il 112, perdendo così quel briciolo di possibilità che veramente un’ambulanza possa, prima o poi, arrivare e potenzialmente salvare una vita? Il momento dell’intervento mette ogni volta di fronte a domande impossibili, che rivelano l’asimmetria di potere tra noi e le autorità, di cui non riusciamo a prevedere le mosse. Alcuni cambiamenti, però, li abbiamo osservati con continuità anche nel comportamento della polizia. Se inizialmente le nostre azioni sono riuscite più volte ad evitare l’omissione di soccorso, salvando persone che altrimenti sarebbero state semplicemente lasciate morire, nell’ultimo mese le nostre ricerche sono andate quasi sempre a vuoto. Questo perché la polizia arriva alle coordinate prima di noi, anche quando non avvisiamo, o ci intercetta lungo la strada impedendoci di continuare. Probabilmente non sono fatalità ma stanno controllando i nostri movimenti, per provare a toglierci questo spazio di azione che ci illudevamo di aver conquistato.

    Tuttavia, sappiamo che i casi che abbiamo intercettato sono solo una parte del totale. Le segnalazioni che arrivano attraverso CRG riguardano quasi esclusivamente persone di origini siriane, mentre raramente abbiamo ricevuto richieste di altre nazionalità, che sappiamo però essere presenti. Inoltre, la dottoressa Mileva, capo di dipartimento dell’obitorio di Burgas, racconta che quasi ogni giorno arriva un cadavere, “la maggior parte sono pieni di vermi, alcuni sono stati mangiati da animali selvatici”. Non sanno più dove metterli, le celle frigorifere sono piene di corpi non identificati ma le famiglie non hanno la possibilità di venire in Bulgaria per avviare le pratiche di riconoscimento, rimpatrio e sepoltura. Infatti, è impossibile ottenere un visto per venire in Europa, nemmeno per riconoscere un figlio – e non ci si può muovere nemmeno da altri paesi europei se si è richiedenti asilo. In alternativa, servono i soldi per la delega ad unə avvocatə e per effettuare il test del DNA attraverso l’ambasciata. Le procedure burocratiche non conoscono pietà. Le politiche di confine agiscono tanto sul corpo vivo quanto su quello morto, quindi sulla possibilità di vivere il lutto, di avere semplicemente la certezza di aver perso una sorella, una madre, un fratello. Solo per sapere se piangere. Anche la morte è una conquista sociale.

    «Sono una sorella inquieta da 11 mesi. Non dormo più la notte e passo delle giornate tranquille solo grazie ai sedativi e alle pillole per la depressione. Ovunque abbia chiesto aiuto, sono rimasta senza risposte. Vi chiedo, se è possibile, di prendermi per mano, se c’è bisogno di denaro, sono pronta a indebitarmi per trovare mio fratello e salvare la mia vecchia madre da questa lenta morte». Così ci scrive S., dalla Svezia. Suo fratello aveva 30 anni, era scappato dall’Afghanistan dopo il ritorno dei Talebani, perché lavorava per l’esercito americano. Aveva lasciato la Turchia per dirigersi verso la Bulgaria il 21 settembre 2022, ma il 25 non era più stato in grado di continuare il cammino a causa dei dolori alle gambe. In un video, gli smuggler che guidavano il viaggio spiegano che lo avrebbero lasciato in un determinato punto, nei pressi della strada 79, e che dopo aver riposato si sarebbe dovuto consegnare alla polizia. Da allora di lui si sono perse le tracce. Non è stato ritrovato nella foresta, né nei campi rifugiati, né tra i corpi dell’obitorio. È come se fosse stato inghiottito dalla frontiera. S. ci invia i nomi, le foto e le date di scomparsa di altre 14 persone, quasi tutte afghane, scomparse l’anno scorso. Lei è in contatto con tutte le famiglie. Neanche noi abbiamo risposte: più la segnalazione è datata più è difficile poter fare qualcosa. Sappiamo che la cosa più probabile è che i corpi siano marciti nel sottobosco, ma cosa dire allə familiari che ancora conservano un’irrazionale speranza? Ormai si cammina sulle ossa di chi era venuto prima, e lì era rimasto.

    –—

    1. РЕЗУЛТАТИ ОТ ДЕЙНОСТТА НА МВР ПРЕЗ 2022 г., Противодействие на миграционния натиск и граничен контрол (Risultati delle attività del Ministero dell’Interno nel 2022, Contrasto alla pressione migratoria e controllo delle frontiere), p. 14.
    2. Per quanto riguarda lə richiedenti asilo, il sistema di “accoglienza” bulgaro è gestito dall’agenzia governativa SAR, e si articola nei campi ROC (Registration and reception center) di Voenna Rampa (Sofia), Ovcha Kupel (Sofia), Vrajdebna (Sofia), Banya (Nova Zagora) e Harmanli, oltre al transit centre di Pastrogor (situato nel comune di Svilengrad), dove si effettuano proceduredi asilo accelerate. […] I centri di detenzione sono due: Busmantsi e Lyubimets. Per approfondire, è disponibile il report scritto dal Collettivo.
    3. Anche così sono chiamati gli smuggler che conducono le persone nel viaggio a piedi.

    https://www.meltingpot.org/2023/10/bulgaria-lottare-per-vivere-lottare-per-morire

    #Bulgarie #Turquie #asile #migrations #réfugiés #frontières #décès #mourir_aux_frontières #street-art #art_de_rue #route_des_Balkans #Balkans #mémoire #morts_aux_frontières #murs #barrières_frontalières #Elhovo #Burgas #Evros #Grèce #routes_migratoires #militarisation_des_frontières #violence #violences_policières #solidarité #anti-frontières #voies_sures #route_79 #collettivo_rotte_balcaniche #hiréarchie_des_corps #racisme #Mileva_Galya #Galya_Mileva

    • Bulgaria, lasciar morire è uccidere

      Collettivo Rotte Balcaniche Alto Vicentino: la cronaca di un’omissione di soccorso sulla frontiera bulgaro-turca


      I fatti si riferiscono alla notte tra il 19 e il 20 luglio 2023. Per tutelare le persone coinvolte, diffondiamo questo report dopo alcune settimane. Dopo questo primo intervento, come Collettivo Rotte Balcaniche continuiamo ad affrontare emergenze simili, agendo in prima persona nella ricerca e soccorso delle persone bloccate nei boschi lungo la frontiera bulgaro-turca.

      01.00 di notte, suona il telefono del Collettivo. “We got a pregnant woman on Route 79“, a contattarci è un residente nel campo di Harmanli, amico del marito della donna e da noi conosciuto qualche settimana prima. E’ assistito da un’interprete, anch’esso residente nel campo. Teme di essere accusato di smuggling, chiede se possiamo essere noi a chiamare un’ambulanza. La route 79 è una delle strade più pattugliate dalla border police, in quanto passaggio quasi obbligato per chi ha attraversato il confine turco e si muove verso Sofia. Con l’aiuto dell’interprete chiamiamo la donna: è all’ottavo mese di gravidanza e, con le due figlie piccole, sono sole nella jungle. Stremate, sono state lasciate vicino alla strada dal gruppo con cui stavano camminando, in attesa di soccorsi. Ci dà la sua localizzazione: 42.12.31.6N 27.00.20.9E. Le spieghiamo che il numero dell’ambulanza è lo stesso della polizia: c’è il rischio che venga respinta illegalmente in Turchia. Lei lo sa e ci chiede di farlo ugualmente.

      Ore 02.00, prima chiamata al 112. La registriamo, come tutte le successive. Non ci viene posta nessuna domanda sulle condizioni della donna o delle bambine, ma siamo tenuti 11 minuti al telefono per spiegare come siamo venuti in contatto con la donna, come ha attraversato il confine e da dove viene, chi siamo, cosa facciamo in Bulgaria. Sospettano un caso di trafficking e dobbiamo comunicare loro il numero dell’”intermediario” tra noi e lei. Ci sentiamo sotto interrogatorio. “In a couple of minutes our units are gonna be there to search the woman“, sono le 02.06. Ci rendiamo conto di non aver parlato con dei soccorritori, ma con dei poliziotti.

      Ore 03.21, è passata un’ora e tutto tace: richiamiamo il 112. Chiediamo se hanno chiamato la donna, ci rispondono: “we tried contacting but we can’t reach the phone number“. La donna ci dice che in realtà non l’hanno mai chiamata. Comunichiamo di nuovo la sua localizzazione: 42.12.37.6N 27.00.21.5E. Aggiungiamo che è molto vicino alla strada, ci rispondono: “not exactly, it’s more like inside of the woods“, “it’s exactly like near the border, and it’s inside of a wood region, it’s a forest, not a street“. Per fugare ogni dubbio, chiediamo: “do you confirm that the coordinates are near to route 79?“. Ci tengono in attesa, rispondono: “they are near a main road. Can’t exactly specify if it’s 79“. Diciamo che la donna è svenuta. “Can she dial us? Can she call so we can get a bit more information?“. Non capiamo di che ulteriori informazioni abbiano bisogno, siamo increduli: “She’s not conscious so I don’t think she’ll be able to make the call“. Suggeriscono allora che l’interprete si metta in contatto diretto con loro. Sospettiamo che vogliano tagliarci fuori. Sono passati 18 minuti, la chiamata è stata una farsa. Se prima temevamo le conseguenze dell’arrivo della polizia, ora abbiamo paura che non arrivi nessuno. Decidiamo di metterci in strada, ci aspetta 1h e 40 di viaggio.

      Ore 04.42, terza chiamata. Ci chiedono di nuovo tutte le informazioni, ancora una volta comunichiamo le coordinate gps. Diciamo che stiamo andando in loco ed incalziamo: “Are there any news on the research?“. “I can’t tell this“. Attraverso l’interprete rimaniamo in costante contatto con la donna. Conferma che non è arrivata alcuna searching unit. La farsa sta diventando una tragedia.

      Ore 06.18, quarta chiamata. Siamo sul posto e la strada è deserta. Vogliamo essere irreprensibili ed informarli che siamo arrivati. Ripetiamo per l’ennesima volta che chiamiamo per una donna incinta in gravi condizioni. Il dialogo è allucinante, ricominciano con le domande: “which month?“, “which baby is this? First? Second?“, “how old does she look like?“, “how do you know she’s there? she called you or what?“. Gli comunichiamo che stiamo per iniziare a cercarla, ci rispondono: “we are looking for her also“. Interveniamo: “Well, where are you because there is no one here, we are on the spot and there is no one“. Si giustificano: “you have new information because obviously she is not at the one coordinates you gave“, “the police went three times to the coordinates and they didn’t find the woman, the coordinates are wrong“. Ancora una volta, capiamo che stanno mentendo.

      Faremo una quinta chiamata alle 06.43, quando l’avremo già trovata. Ci richiederanno le coordinate e ci diranno di aspettarli lungo la strada.

      La nostra ricerca dura pochi minuti. La donna ci invia di nuovo la posizione: 42.12.36.3N 27.00.43.3E. Risulta essere a 500 metri dalle coordinate precedenti, ma ancor più vicina alla strada. Gridiamo “hello” e ci facciamo guidare dalle voci: la troviamo letteralmente a due metri dalla strada, su un leggero pendio, accasciata sotto un albero e le bambine al suo fianco. Vengono dalla Siria, le bambine hanno 4 e 7 anni. Lei è troppo debole per alzarsi. Abbiamo per loro sono dell’acqua e del pane. C’è lì anche un ragazzo, probabilmente minorenne, che le ha trovate ed è rimasto ad aiutarle. Lo avvertiamo che arriverà la polizia. Non vuole essere respinto in Turchia, riparte solo e senza zaino. Noi ci guardiamo attorno: la “foresta” si rivela essere una piccola striscia alberata di qualche metro, che separa la strada dai campi agricoli.

      Dopo poco passa una ronda della border police, si fermano e ci avvicinano con la mano sulla pistola. Non erano stati avvertiti: ci aggrediscono con mille domande senza interessarsi alla donna ed alle bambine. Ci prendono i telefoni, ci cancellano le foto fatte all’arrivo delle volanti. Decidiamo di chiamare un’avvocata locale nostra conoscente: lei ci risponde che nei boschi è normale che i soccorsi tardino e ci suggerisce di andarcene per lasciar lavorare la polizia. Nel frattempo arrivano anche la gendarmerie e la local police.

      Manca solo l’unica cosa necessaria e richiesta: l’ambulanza, che non arriverà mai.

      Ore 07.45, la polizia ci scorta nel paese più vicino – Sredets – dove ci ha assicurato esserci un ospedale. Cercano di dividere la donna e le bambine in auto diverse. Chiediamo di portarle noi tutte assieme in macchina. A Sredets, tuttavia, siamo condotti nella centrale della border police. Troviamo decine di guardie di frontiera vestite mimetiche, armate di mitraglie, che escono a turno su mezzi militari, due agenti olandesi di Frontex, un poliziotto bulgaro con la maglia del fascio littorio dei raduni di Predappio. Siamo relegati nel fondo di un corridoio, in piedi, circondati da cinque poliziotti. Il più giovane urla e ci dice che saremo trattenuti “perché stai facendo passare migranti clandestini“. Chiediamo acqua ed un bagno per la donna e le bambine, inizialmente ce li negano. Rimaniamo in attesa, ora ci dicono che non possono andare in ospedale in quanto senza documenti, sono in stato di arresto.

      Ore 09.00, arriva finalmente un medico: parla solamente in bulgaro, visita la donna in corridoio senza alcuna privacy, chiedendole di scoprire la pancia davanti ai 5 poliziotti. Chiamiamo ancora una volta l’avvocata, vogliamo chiedere che la donna sia portata in un ambulatorio e che abbia un interprete. Rimaniamo inascoltati. Dopo a malapena 5 minuti il medico conclude la sua visita, consigliando solamente di bere molta acqua.

      Ore 09.35, ci riportano i nostri documenti e ci invitano ad andarcene. E’ l’ultima volta che vediamo la donna e le bambine. Il telefono le viene sequestrato. Non viene loro permesso di fare la richiesta di asilo e vengono portate nel pre-removal detention centre di Lyubimets. Prima di condurci all’uscita, si presenta un tale ispettore Palov che ci chiede di firmare tre carte. Avrebbero giustificato le ore passate in centrale come conversazione avuta con l’ispettore, previa convocazione ufficiale. Rifiutiamo.

      Sulla via del ritorno ripercorriamo la Route 79, è estremamente pattugliata dalla polizia. Pensiamo alle tante persone che ogni notte muoiono senza nemmeno poter chiedere aiuto, oltre alle poche che lo chiedono invano. Lungo le frontiere di terra come di mare, l’omissione di soccorso è una precisa strategia delle autorità.

      L’indomani incontriamo l’amico del marito della donna. Sa che non potrà più fare qualcosa di simile: sarebbe accusato di smuggling e perderebbe ogni possibilità di ricostruirsi una vita in Europa. Invece noi, attivisti indipendenti, possiamo e dobbiamo continuare: abbiamo molto meno da perdere. Ci è chiara l’urgenza di agire in prima persona e disobbedire a chi uccide lasciando morire.

      Dopo 20 giorni dall’accaduto riusciamo ad incontrare la donna con le bambine, che sono state finalmente trasferite al campo aperto di Harmanli. Sono state trattenute quindi nel centro di detenzione di Lyubimets per ben 19 giorni. La donna ci riferisce che, durante la loro permanenza, non è mai stata portata in ospedale per eseguire accertamenti, necessari soprattutto per quanto riguarda la gravidanza; è stata solamente visitata dal medico del centro, una visita molto superficiale e frettolosa, molto simile a quella ricevuta alla stazione di polizia di Sredets. Ci dà inoltre il suo consenso alla pubblicazione di questo report.

      https://www.meltingpot.org/2023/08/bulgaria-lasciar-morire-e-uccidere

      #laisser_mourir

    • Bulgaria, per tutti i morti di frontiera

      Collettivo Rotte Balcaniche Alto Vicentino: un racconto di come i confini d’Europa uccidono nel silenzio e nell’indifferenza


      Da fine giugno il Collettivo Rotte Balcaniche Alto Vicentino è ripartito per un nuovo progetto di solidarietà attiva e monitoraggio verso la frontiera più esterna dell’Unione Europea, al confine tra Bulgaria e Turchia.
      Pubblichiamo il secondo report delle “operazioni di ricerca e soccorso” che il Collettivo sta portando avanti, in cui si racconta del ritrovamento del corpo senza vita di H., un uomo siriano che aveva deciso di sfidare la fortezza Europa. Come lui moltə altrə tentano il viaggio ogni giorno, e muoiono nelle foreste senza che nessuno lo sappia. Al Collettivo è sembrato importante diffondere questa storia perchè parla anche di tutte le altre storie che non potranno essere raccontate, affinché non rimangano seppellite nel silenzio dei confini.

      Ore 12, circa, al numero del collettivo viene segnalata la presenza del corpo di un ragazzo siriano di trent’anni, H., morto durante un tentativo di game in prossimità della route 79. Abbiamo il contatto di un fratello, che comunica con noi attraverso un cugino che fa da interprete. Chiedono aiuto nel gestire il recupero, il riconoscimento e il rimpatrio del corpo; ci mandano le coordinate e capiamo che il corpo si trova in mezzo ad un bosco ma vicino ad un sentiero: probabilmente i suoi compagni di viaggio lo hanno lasciato lì così che fosse facilmente raggiungibile. Nelle ore successive capiamo insieme come muoverci.

      Ore 15, un’associazione del territorio con cui collaboriamo chiama una prima volta il 112, il numero unico per le emergenze. Ci dice che il caso è stato preso in carico e che le autorità hanno iniziato le ricerche. Alla luce di altri episodi simili, decidiamo di non fidarci e iniziamo a pensare che potrebbe essere necessario metterci in viaggio.

      Ore 16.46, chiamiamo anche noi il 112, per mettere pressione ed assicurarci che effettivamente ci sia una squadra di ricerca in loco: decidiamo di dire all’operatore che c’è una persona in condizioni critiche persa nei boschi e diamo le coordinate precise. Come risposta ci chiede il nome e, prima ancora di informazioni sul suo stato di salute, la sua nazionalità. E’ zona di frontiera: probabilmente, la risposta a questa domanda è fondamentale per capire che priorità dare alla chiamata e chi allertare. Quando diciamo che è siriano, arriva in automatico la domanda: “How did he cross the border? Legally or illegally?“. Diciamo che non lo sappiamo, ribadiamo che H. ha bisogno di soccorso immediato, potrebbe essere morto. L’operatore accetta la nostra segnalazione e ci dice che polizia e assistenza medica sono state allertate. Chiediamo di poter avere aggiornamenti, ma non possono richiamarci. Richiameremo noi.

      Ore 17.54, richiamiamo. L’operatrice ci chiede se il gruppo di emergenza è arrivato in loco, probabilmente pensando che noi siamo insieme ad H. La informiamo che in realtà siamo a un’ora e mezzo di distanza, ma che ci possiamo muovere se necessario. Ci dice che la border police “was there” e che “everything will be okay if you called us“, ma non ha informazioni sulle sorti di H. Le chiediamo, sempre memori delle false informazioni degli altri casi, come può essere sicura che una pattuglia si sia recata in loco; solo a questo punto chiama la border police. “It was my mistake“, ci dice riprendendo la chiamata: gli agenti non lo hanno trovato, “but they are looking for him“. Alle nostre orecchie suona come una conferma del fatto che nessuna pattuglia sia uscita a cercarlo. L’operatrice chiude la chiamata con un: “If you can, go to this place, [to] this GPS coordinates, because they couldn’t find this person yet. If you have any information call us again“. Forti di questo via libera e incazzatə di dover supplire alle mancanze della polizia ci mettiamo in viaggio.

      Ore 18.30, partiamo, chiamando il 112 a intervalli regolari lungo la strada: emerge grande indifferenza, che diventa a tratti strafottenza rispetto alla nostra insistenza: “So what do you want now? We don’t give information, we have the signal, police is informed“. Diciamo che siamo per strada: “Okay“.

      Ore 20.24, parcheggiamo la macchina lungo una strada sterrata in mezzo al bosco. Iniziamo a camminare verso le coordinate mentre il sole dietro di noi inizia a tramontare. Richiamiamo il 112, informando del fatto che non vediamo pattuglie della polizia in giro, nonostante tutte le fantomatiche ricerche già partite. Ci viene risposto che la polizia è stata alle coordinate che noi abbiamo dato e non ha trovato nessuno; gli avvenimenti delle ore successive dimostreranno che questa informazione è falsa.

      “I talked with Border Police, today they have been in this place searching for this guy, they haven’t find anybody, so“

      “So? […] What are they going to do?“

      “What do you want from us [seccato]? They haven’t found anyone […]“

      “They can keep searching.”

      “[aggressivo] They haven’t found anybody on this place. What do you want from us? […] On this location there is no one. […] You give the location and there is no one on this location“.

      Ore 21.30, arriviamo alle coordinate attraverso un bosco segnato da zaini e bottiglie vuote che suggeriscono il passaggio di persone in game. Il corpo di H. è lì, non un metro più avanti, non uno più indietro. I suoi compagni di viaggio, nonostante la situazione di bisogno che la rotta impone, hanno avuto l’accortezza di lasciargli a fianco il suo zaino, il suo telefono e qualche farmaco. E’ evidente come nessuna pattuglia della polizia sia stata sul posto, probabilmente nessuna è neanche mai uscita dalla centrale. Ci siamo mosse insieme a una catena di bugie. Richiamiamo il 112 e l’operatrice allerta la border police. Questa volta, visto il tempo in cui rimaniamo in chiamata in attesa, parrebbe veramente.

      Ore 21.52, nessuno in vista. Richiamiamo insistendo per sapere dove sia l’unità di emergenza, dato che temiamo ancora una volta l’assoluto disinteresse di chi di dovere. Ci viene risposto: “Police crew is on another case, when they finish the case they will come to you. […] There is too many case for police, they have only few car“. Vista la quantità di posti di blocco e di automobili della polizia che abbiamo incrociato lungo la route 79 e i racconti dei suoi interventi continui, capillari e violenti in “protezione” dei confini orientali dell’UE, non ci pare proprio che la polizia non possegga mezzi. Evidentemente, di nuovo, è una questione di priorità dei casi e dei fini di questi: ci si muove per controllare e respingere, non per soccorrere. Insistiamo, ci chiedono informazioni su di noi e sulla macchina:

      “How many people are you?“

      “Three people“

      “Only women?”

      “Yes…”

      “Have patience and stay there, they will come“.

      Abbiamo la forte percezione che il fatto di essere solo ragazze velocizzerà l’intervento e che di certo nessuno si muoverà per H.: il pull factor per l’intervento della polizia siamo diventate noi, le fanciulle italiane in mezzo al bosco da salvare. Esplicitiamo tra di noi la necessità di mettere in chiaro, all’eventuale arrivo della polizia, che la priorità per noi è il recupero del corpo di H. Sentiamo anche lə compagnə che sono rimastə a casa: davanti all’ennesimo aggiornamento di stallo, in tre decidono di partire da Harmanli e di raggiungerci alle coordinate; per loro si prospetta un’ora e mezzo in furgone: lungo la strada, verranno fermati tre volte a posti di blocco, essendo i furgoni uno dei mezzi preferiti dagli smuggler per muovere le persone migranti verso Sofia.

      Ore 22, continuiamo con le chiamate di pressione al 112. E’ una donna a rispondere: la sua voce suona a tratti preoccupata. Anche nella violenza della situazione, registriamo come la socializzazione di genere sia determinante rispetto alla postura di cura. Si connette con la border police: “Police is coming to you in 5…2 minutes“, ci dice in un tentativo di rassicurarci. Purtroppo, sappiamo bene che le pratiche della polizia sono lontane da quelle di cura e non ci illudiamo: l’attesa continuerà. Come previsto, un’ora dopo non è ancora arrivato nessuno. All’ennesima chiamata, il centralinista ci chiede informazioni sulla morfologia del territorio intorno a noi. Questa richiesta conferma quello che ormai già sapevamo: la polizia, lì, non è mai arrivata.

      Ore 23.45, delle luci illuminano il campo in cui siamo sedute ormai da ore vicine al corpo di H. E’ una macchina della polizia di frontiera, con sopra una pattuglia mista di normal police e border police. Nessuna traccia di ambulanza, personale medico o polizia scientifica. Ci chiedono di mostrargli il corpo. Lo illuminano distrattamente, fanno qualche chiamata alla centrale e tornano a noi: ci chiedono come siamo venute a sapere del caso e perchè siamo lì. Gli ribadiamo che è stata un’operatrice del 112 a suggerici ciò: la cosa ci permette di giustificare la nostra presenza in zona di confine, a fianco ad un corpo senza vita ed evitare le accuse di smuggling.

      Ore 23.57, ci propongono di riaccompagnarci alla nostra macchina, neanche 10 minuti dopo essere arrivati. Noi chiediamo cosa ne sarà del corpo di H. e un agente ci risponde che arriverà un’unità di emergenza apposita. Esplicitiamo la nostra volontà di aspettarne l’arrivo, vogliamo tentare di ottenere il maggior numero di informazioni da comunicare alla famiglia e siamo preoccupate che, se noi lasciamo il campo, anche la pattuglia abbandonerà il corpo. Straniti, e forse impreparati alla nostra presenza e insistenza, provano a convincerci ad andare, illustrando una serie farsesca di pericoli che vanno dal fatto che sia zona di frontiera interdetta alla presenza di pericolosi migranti e calabroni giganti. Di base, recepiamo che non hanno una motivazioni valida per impedirci di rimanere.

      Quando il gruppo di Harmanli arriva vicino a noi, la polizia li sente arrivare prima di vederli e pensa che siano un gruppo di migranti; a questo stimolo, risponde con la prontezza che non ha mai dimostrato rispetto alle nostre sollecitazioni. Scatta verso di loro con la mano a pistola e manganello e le torce puntate verso il bosco. Li trova, ma il loro colore della pelle è nello spettro della legittimità. Va tutto bene, possono arrivare da noi. Della pattuglia di sei poliziotti, tre vanno via in macchina, tre si fermano effettivamente per la notte; ci chiediamo se sarebbe andata allo stesso modo se noi con i nostri occhi bianchi ed europei non fossimo stati presenti. Lo stallo continua, sostanzialmente, fino a mattina: la situazione è surreale, con noi sdraiati a pochi metri dalla polizia e dal corpo di H. L’immagine che ne esce parla di negligenza delle istituzioni, della gerarchia di vite che il confine crea e dell’abbandono sistematico dei corpi che vi si muovono intorno, se non per un loro possibile respingimento.

      Ore 8 di mattina, l’indifferenza continua anche quando arriva la scientifica, che si muove sbrigativa e sommaria intorno al corpo di H., vestendo jeans e scattando qualche fotografia simbolica. Il tutto non dura più di 30 minuti, alla fine dei quali il corpo parte nella macchina della border police, senza comunicazione alcuna sulla sua direzione e sulle sue sorti. Dopo la solita strategia di insistenza, riusciamo ad apprendere che verrà portato all’obitorio di Burgas, ma non hanno nulla da dirci su quello che avverrà dopo: l’ipotesi di un rimpatrio della salma o di un possibile funerale pare non sfiorare nemmeno i loro pensieri. Scopriremo solo in seguito, durante una c​hiamata con la famiglia, che H., nella migliore delle ipotesi, verrà seppellito in Bulgaria, solo grazie alla presenza sul territorio bulgaro di un parente di sangue, da poco deportato dalla Germania secondo le direttive di Dublino, che ha potuto riconoscere ufficialmente il corpo. Si rende palese, ancora una volta, l’indifferenza delle autorità nei confronti di H., un corpo ritenuto illegittimo che non merita nemmeno una sepoltura. La morte è normalizzata in questi spazi di confine e l’indifferenza sistemica diventa un’arma, al pari della violenza sui corpi e dei respingimenti, per definire chi ha diritto a una vita degna, o semplicemente a una vita.

      https://www.meltingpot.org/2023/08/bulgaria-per-tutti-i-morti-di-frontiera

  • Pause #pipi (1/4)

    « Tu fais encore pipi au lit mais t’as déjà intériorisé qu’il y a des toilettes pour les filles et pour les garçons »

    « Ah si je pouvais faire pipi debout ! » Quelle personne dotée d’une vulve n’a pas eu, ce ne serait-ce qu’une seule, fois cette pensée traverser son esprit ? Position privilégiée ou imposée, dominante ou enfermante ? Et la lunette, levée ou baissée ? Geste anodin ou subi au quotidien ? Qu’est-ce qu’est-ce que ces positions aux toilettes déterminent de notre position dans la société ? C’est le début d’une enquête décalée et documentée. Pour commencer, remontons à la petite enfance. Tandis que les toilettes non mixtes et les urinoirs font leur entrée à l’école élémentaire, les codes genrés s’assimilent goutte après goutte...

    Pause pipi
    Chaque jour, nous évacuons en moyenne 1,5 à 2 litres d’urine - soit, dans une vie, l’équivalent d’un camion-citerne par personne ! Faire pipi, est si universel et quotidien, que nous en oublions de questionner ce qui se joue derrière chaque miction : un rapport à son propre corps, à son identité et au monde. Avec malice, Julie Auzou ausculte notre époque par la lunette (relevée ou non, là est la question) en mêlant témoignages de proches, d’une sociologue-géographe, d’un photographe et de personnes rencontrées au fil de ses recherches. Chez soi, dans son lit, à l’école, en manif, dans les bars ou en festival : de l’intimité la plus secrète aux mouvements les plus collectifs, qu’est-ce que l’acte d’uriner révèle de nos rapports de genre ? Une production ARTE Radio.

    https://www.arteradio.com/son/61678850/pause_pipi_1_4
    #podcast #audio #genre #filles #garçons #toilettes #intériorisation #pipi_debout #position #enfants

  • Termes nautiques
    https://www.annoncesbateau.com/conseils/termes-nautiques

    petit #dictionnaire

    Écrit par : Bénédicte Chalumeau
    ...
    Pour naviguer il est nécessaire d’avoir une compréhension du vocabulaire de la navigation, de la mer et des bateaux. Nous vous présentons ici les termes techniques les plus courants, utilisés dans le monde maritime.

    A
    #Abattre :
    Écarter sa route du lit du vent. Ce mouvement s’appelle une abattée.

    #Abord (en) :
    Sur le côté du bâtiment.

    #Accastillage :
    Objets et accessoires divers équipant un navire.

    #Accoster :
    Placer un bâtiment le long d’un quai ou le long d’un autre navire.

    #Acculée :
    Mouvement en arrière d’un navire, il cule.

    #Adonner :
    Le vent adonne pour un navire à voiles quand il tourne dans un sens favorable à la marche, c’est à dire quand il vient plus à l’arrière. Le contraire est refuser.

    #Affaler :
    Faire descendre, c’est le contraire de hâler. Affaler quelqu’un le long du bord, ou d’un mât, c’est le faire descendre au bout d’un filin.

    #Aiguillots :
    Pivots fixes sur une mèche du gouvernail ou sur l’étambot et tournant dans les fémelots.

    #Aileron :
    Partie de tente qui se place en abord. Prolongements en abord et généralement découverts de l’abri de navigation.

    #Ajut :
    Noeud servant à réunir momentanément deux bouts de cordage.

    #Allure :
    Direction d’un navire par rapport à celle du vent.

    #Amariner :
    Amariner un équipage : l’habituer à la mer.

    #Amarrage :
    Action d’amarrer.

    #Matelotage
     : bout de lusin, merlin, ligne, etc... servant à relier ensemble deux cordages.

    #Amarres :
    Chaînes ou cordages servant à tenir le navire le long du quai.

    #Amener :
    abaisser, faire descendre.

    #Amer :
    Point de repère sur une côte.

    #Amure :
    Manoeuvre qui retient le point inférieur d’une voile du côté d’où vient le vent (voiles carrées). Par extension est synonyme d’allure. Pour les bateaux latins, on continue à dire qu’ils naviguent bâbord ou tribord amures, selon que le vent vient de la gauche ou de la droite.

    #Anguillers :
    Conduits, canaux ou trous pratiqués dans la partie inférieure des varangues des couples pour permettre l’écoulement de l’eau dans les fonds.

    #Anspect :
    Ou barre d’anspect. Levier en bois dur servant à faire tourner un cabestan ou un guindeau. Primitivement, servait à pointer les canons en direction.

    #Aperçu :
    Pavillon signal que l’on hisse pour indiquer que l’on a compris un signal.

    #Apiquer :
    Hisser l’une des extrémités d’un gui ou d’une vergue de manière à l’élever au-dessus de l’autre.

    #Apparaux :
    Ensemble des objets formant l’équipement d’un navire.

    #Appel :
    Direction d’un cordage, de la chaîne de l’ancre.

    #Appuyer :
    Haler, raidir un cordage pour soutenir ou fixer l’objet auquel il aboutit. Appuyer un signal, c’est l’accompagner d’un signal sonore, coup de Klaxon, pour attirer l’attention. Appuyer la chasse : poursuivre obstinément.

    #Araignée :
    Patte d’oie à grand nombre de branches de menu filin qu’on installe sur les funes des tentes et tauds pour permettre de les maintenir horizontaux. Hamac : réseau de petites lignes à oeil placées à chaque extrémité de la toile du hamac pour le suspendre : elles se réunissent à deux boucles métalliques ou organeaux d’où partent les « rabans » de suspension.

    #Arborer :
    Arborer un pavillon, c’est le hisser au mât. En Méditerranée, dans la langue des galères, le mât s’appelait l’arbre.

    #Ardent :
    Un navire est ardent lorsqu’il tend de lui-même à se rapprocher du lit du vent. C’est le contraire du mou.

    #Armement :
    L’armement d’un bâtiment consiste à le munir de tout ce qui est nécessaire à son genre de navigation ; ce terme désigne aussi la totalité des objets dont un navire est muni. Ces objets sont inscrits sur les « feuilles d’armement ». Dans une embarcation, on appelle ainsi son équipage.

    #Armer :
    Armer un navire : le munir de son armement. / Armer un câble : le garnir en certains endroits pour le garantir des frottements.

    #Arraisonner :
    Arraisonner un navire c’est le questionner sur son chargement, sa destination, et toutes autres informations pouvant intéresser le navire arraisonneur.

    #Arrimage :
    Répartition convenable dans le navire de tous les objets composants son armement et sa cargaison.

    #Arrivée :
    Mouvement que fait le navire quand il s’éloigne du lit du vent pour recevoir le vent plus de l’arrière. Synonyme : « abattée ». Contraire : « auloffée ».

    #Arrondir :
    Passer au large d’un cap pour éviter les dangers qui le débordent.

    #Assiette :
    Manière dont le navire est assis dans l’eau, autrement dit sa situation par rapport à la différence de ses tirants d’eau avant et arrière.
    Assiette positive : T AV < T AR
    Assiette négative : T AV > T AR

    #Atterrir :
    Faire route pour trouver une terre ou un port.

    #Attrape :
    Cordage fixé sur un objet de façon à pouvoir en temps utile l’amener à portée de main.

    #Atterrissage :
    Action d’atterrir.

    #Auloffée :
    Mouvement d’un navire tournant son avant vers le lit du vent. Contraire : arrivée abattée (ou abattée).

    #Aveugler :
    Une voie d’eau, obstruer avec des moyens de fortune

    B
    #Bâbord :
    Partie du navire située à gauche d’un observateur placé dans l’axe de ce navire en faisant face à l’avant.

    #Baguer :
    Faire un noeud coulant.

    #Baille :
    Baquet (appellation familière donnée à leur école, par les élèves de l’école Navale).

    #Balancine :
    Manoeuvre partant du haut du mât et soutenant les extrémités d’une vergue ou l’extrémité d’un gui ou d’un tangon.

    #Ballast :
    Compartiments situés dans les fonds du navire et servant à prendre du lest, eau ou combustible.

    #Ballon :
    Défense sphérique que l’on met le long du bord.

    #Bande :
    Inclinaison latérale du navire. Synonyme de gîte. Mettre l’équipage à la bande : l’aligner sur le pont pour saluer un navire ou une personnalité.

    #Barbotin :
    Couronne à empreintes du guideau ou du cabestan sur laquelle les maillons d’une chaîne viennent s’engrener successivement.

    #Base :
    Banc de roche ou de corail formant un bas-fond.

    #Bastaque :
    Hauban à itague employé sur les petits bateaux. Il peut aussi servir à hisser certains objets.

    #Bastingage :
    Autrefois muraille en bois ou en fer régnant autour du pont supérieur d’un navire, couronnée par une sorte d’encaissement destiné à recevoir pendant le jour, les hamacs de l’équipage ; une toile peinte les recouvrait pour les protéger de la pluie et de l’humidité. On emploie aussi ce terme par extension pour désigner les gardes corps ou lisses de pavois.

    #Battant :
    Partie du pavillon qui flotte librement par opposition au guindant qui est le long de la drisse.

    #Bau :
    Poutres principales placées en travers du bateau pour relier les deux murailles de la coque et supporter les bordages de la coque.

    #Beaupré :
    Mât situé à l’avant du bâtiment.

    #Béquiller :
    #Empêcher un navire échoué de se coucher en le maintenant avec des béquilles.

    #Berceau :
    Assemblage en bois ou en fer destiné à soutenir un navire quand il est halé à terre.

    #Berne (en) :
    Mettre le pavillon à mi-drisse en signe de deuil.

    #Bigue :
    Très gros mât de charge maintenu presque vertical et portant à son extrémité supérieure des cordages et des appareils destinés à lever des poids très lourds. On nomme aussi bigues deux mâts placés et garnis comme le précèdent, et dont les têtes sont réunies par une portugaise.

    #Bittes :
    Pièce de bois ou d’acier fixé verticalement sur un pont ou un quai et servant à tourner les aussières.

    #Bitture :
    Partie d’une chaîne élongée sur le pont à l’avant et à l’arrière du guindeau, filant librement de l’écubier aussitôt qu’on fait tomber l’ancre (prendre une bitture).

    #Bollard :
    Point d’amarrage à terre constituée par un gros fût cylindrique en acier coulé, à tête renflée, pour éviter le glissement de l’amarre.

    #Bôme :
    Vergue inférieure d’une voile aurique.

    #Borde :
    #Ensemble des tôles ou des planches formant les murailles d’un navire.

    #Bordée :
    – Distance parcourue par un navire en louvoyant et sans virer de bord.
    – Division : de l’équipage pour faire le quart.

    #Border :
    – ne voile : la raidir en embarquant l’écoute.
    – La côte : la suivre de très près.
    – Un navire : mettre en place le bordé.

    #Bordure :
    Côté inférieur d’une voile ; la ralingue qui y est fixée se nomme ralingue de fond ou de bordure.

    #Bosco :
    Maître de manoeuvre (marine de guerre), Maître d’équipage (marine de commerce)

    B#osse :
    Bout de cordage ou de chaîne fixé par une de ses extrémités et qui, s’enroulant autour d’un cordage ou d’une chaîne sur lesquels s’exerce un effort, les maintient immobile par le frottement.

    #Bossoir :
    – Pièce de bois ou de fer saillant en dehors d’un navire et servant à la manoeuvre des ancres à jas ; par extension coté avant d’un navire. De capon - de traversières : sert à mettre l’ancre au poste de navigation ; d’embarcation ou portemanteau : sert à suspendre et à amener les embarcations.
    – Homme de bossoir : homme de veille sur le gaillard avant.

    #Bouge :
    Convexité transversale entre ponts et faux-ponts des navires.

    #Bouée :
    Corps flottant.

    #Bourlinguer :
    Se dit d’un bateau qui lutte dans une forte mer et d’un marin qui navigue beaucoup.

    #Braie :
    Sorte de collier en toile à voile ou en cuir que l’on applique autour du trou pratiqué dans le pont pour le passage d’un mât, d’une pompe, de la volée d’un canon afin d’empêcher l’infiltration de l’eau à l’intérieur du bateau.

    #Branles :
    Nom ancien des hamacs (d’où « branle-bas »).

    #Brasse :
    Mesure de longueur pour les cordages, 1m83, servant aussi à indiquer la profondeur de l’eau. Ce terme est en usage dans la plupart des nations maritimes mais la longueur en est différente : en France : 1m624, en Angleterre et en Amérique : 1m829 (six pieds anglais).

    #Brasser :
    Orienter les vergues au moyen des manoeuvres appelées bras. - carré : placer les vergues à angle droit avec l’axe longitudinal du navire. Brasser un tangon.

    #Brider :
    Étrangler, rapprocher plusieurs cordages tendus parallèlement par plusieurs tours d’un autre cordage qui les serre en leur milieu ; ou augmente ainsi leur tension.

    #Brigadier :
    Matelot d’une embarcation placé à l’avant pour recevoir les bosses ou les amarres, annoncer les obstacles sous le vent ou aider à accoster avec la gaffe.

    #Brin :
    Mot servant à indiquer la qualité du chanvre d’un cordage ; le meilleur est dit le premier brin. S’emploie aussi pour qualifier un homme remarquable.

    #Bulbe :
    Renflement de la partie inférieure d’une étrave.

    #Bulge :
    Renflement des flancs du navire.

    C
    #Cabaner :
    Chavirer sans dessus dessous en parlant d’une embarcation.

    #Cabestan :
    Treuil vertical servant à actionner mécaniquement ou à bras les barbotins.

    #Cabillot :
    Chevilles en bois ou en métal qui traversent les râteliers et auxquelles on amarre les manoeuvres courantes au pied des mâts ou en abord.

    #Câblot :
    Petit câble d’environ 100 mètres de longueur servant à mouiller les embarcations au moyen d’un grappin ou d’une petite ancre.

    #Cabotage :
    Navigation entre deux ports d’une même côte ou d’un même pays.

    #Caillebotis :
    treillis en bois amovible servant de parquet et laissant écouler l’eau.

    #Calfatage :
    Opération qui consiste à remplir d’étoupe, au moyen d’un ciseau et à coups de maillet, les coutures des bordages ou des ponts en bois d’un navire afin de les rendre étanches. L’étoupe est ensuite recouverte de brai.

    #Calier :
    Homme employé spécialement à la distribution de l’eau douce.

    #Caliorne :
    Gros et fort palan destiné aux manoeuvres de force.

    #Cap de mouton :
    Morceau de bois plat et circulaire percé de trois ou quatre trous dans lesquels passent des rides pour raidir les haubans, galhaubans, etc...

    #Cape (à la) :
    On dit qu’un navire est à la cape quand, par gros temps, il réduit sa voilure ou diminue la vitesse de sa machine en gouvernant de façon à faire le moins de route possible et à dériver le plus possible pour éviter les effets de la mer.

    #Capeler :
    Capeler un mât, c’est faire embrasser la tête du mât par toutes les manoeuvres dormantes qui doivent entourer cette tête et s’y trouver réunies.

    #Capeyer :
    Tenir la cape.

    #Capon :
    Palan qui servait à hisser l’ancre sur les anciens navires (bossoirs de capon).

    #Carène :
    Partie immergée de la coque d’un navire.

    #Caréner (un navire) :
    Nettoyer et peindre sa carène.

    #Cartahu :
    Cordage volant, sans affectation spéciale, destiné à hisser ou amener les objets qu’on y attache. Les cartahus de linge servent à mettre le linge au sec ; ils se hissent parfois entre les mâts de corde.

    #Chadburn :
    Système mécanique employé pour transmettre les ordres de la passerelle aux machines (marine de commerce).

    #Chambre (d’embarcation) :
    Partie libre, à l’arrière de l’embarcation où peuvent s’asseoir les passagers.

    #Chandeliers :
    Barres généralement en acier fixées verticalement en abord d’un pont, autour des panneaux et des passerelles pour empêcher les chutes. Les chandeliers sont percés de trous dans lesquels passent les tringles ou les filières de garde-corps.

    #Chapelle, #Faire_chapelle :
    Se dit d’un navire qui, marchant, sous un vent favorable, vient à masquer par suite, d’une cause quelconque et est obligé de faire le tour pour reprendre les mêmes amures.

    #Charnier :
    Tonneau à couvercle, ayant généralement la forme d’un cône tronqué et dans lequel étaient conservés les viandes et les lards salés pour la consommation journalière de l’équipage (ancien). Par extension réservoir rempli d’eau potable.

    #Chasser (sur son ancre) :
    Entraîner l’ancre par suite d’une tenue insuffisante de fond.

    #Château :
    Superstructure établie sur la partie centrale d’un pont supérieur et qui s’étend d’un côté à l’autre du navire.

    #Chatte :
    Grappin à patte sans oreilles dont on se sert pour draguer les câbles ou les objets tombés à la mer.

    #Chaumard :
    Pièce de guidage pour les amarres solidement fixées sur le pont dont toutes les parties présentent des arrondis pour éviter d’user ou de couper les filins.

    #Chèvre :
    Installation de trois mâtereaux réunis à leur tête pour les manoeuvres de force.

    #Choquer :
    Filer ou lâcher un peu de cordage soumis à une tension.

    #Claire :
    Ancre haute et claire :
    ancre entièrement sortie de l’eau, ni surpattée, ni surjalée. On dira de même :
    manoeuvre claire, pavillon clair.

    #Clan :
    Ensemble formé par un réa tournant dans une mortaise qui peut être pratiquée dans un bordage, une vergue ou un mât.

    #Clapot :
    Petites vagues nombreuses et serrées qui se heurtent en faisant un bruit particulier.

    #Clapotis :
    Etat de la mer qui clapote ou bruit de clapot.

    #Clin :
    Les bordages sont disposés à clin quand ils se recouvrent comme les ardoises d’un toit :
    embarcation à clins.

    #Clipper :
    Nom donné à un
    voilier
    fin de carène, spécialement construit pour donner une grande vitesse (clipper du thé, de la laine).

    #Coaltar :
    Goudron extrait de la houille (protège le bois de la pourriture).

    #Coffre :
    Grosse bouée servant à l’amarrage des navires sur une rade.

    #Connaissement :
    Document où est consigné la nature, le poids et les marques des marchandises embarquées. Cette pièce est signée par le capitaine après réception des marchandises avec l’engagement de les remettre dans l’état où elles ont été reçues, au lieu de destination sauf périls et accidents de mer.

    #Conserve, Naviguer de conserve :
    Naviguer ensemble (un bâtiment est ainsi « conserve » d’un autre).

    #Contre-bord (navire à) :
    Navire faisant une route de direction opposée à celle que l’on suit.

    #Coque :
    Boucle qui se forme dans les cordages.

    #Coqueron :
    Compartiment de la coque souvent voisine de l’étrave ou de l’étambot, servant e soute à matériel.

    #Corde :
    Ce mot n’est employé par les marins que pour désigner la corde de la cloche.

    #Cornaux :
    W-C. de l’équipage consistant en auges inclinées qui découlent dans les conduits aboutissant à la mer ; les cornaux étaient autrefois placés à tribord et à bâbord sur le plancher de la poulaine.

    #Corps-morts :
    Chaînes et ancres disposées au fond de la mer, solidement retenues par des empennelages, et dont une branche qui part dès la réunion des chaînes est nommée itague revient au-dessus de l’eau où elle est portée par un corps flottant (bouée ou coffre).

    #Coupée :
    Ouverture pratiquée dans les pavois ou dans le bastingage permettant l’entrée ou la sortie du bord.

    #Couples :
    Axes de charpente posés verticalement sur la quille.

    #Coursive :
    Terme général pour désigner des passages étroits tels que ceux qui peuvent se trouver entre des chambres ou autres distributions du navire.

    #Crachin :
    Pluie très fine. Crachiner.

    #Crapaud (d’amarrage) :
    Forts crampons pris sur le fond et servant au mouillage des coffres et des grosses bouées.

    #Crépine :
    Tôle perforée placée à l’entrée d’un tuyautage pour arrêter les saletés.

    #Croisillon :
    Petite bitte en forme de croix.

    #Croupiat :
    Grelin de cordage quelconque servant à amarrer l’arrière d’un navire à un quai ou à un bâtiment voisin. Faire croupiat :
    appareiller le navire en s’aidant d’une amarre pour éviter le navire vers la sortie du port ou du bassin.

    #Cul :
    Fond, partie arrière, basse ou reculée, d’un objet.
    – Cul d’une poulie :
    Partie de la caisse opposée au collet.
    – Cul de poule :
    Arrière allongé et relevé.
    – Cul de porc :
    Sorte de noeud.

    #Culer :
    En parlant d’un navire : marche arrière en avant.

    D
    #Dalot :
    Trous pratiqués dans les ponts et laissant s’écouler dans un tuyau placé au-dessous l’eau qui se trouve à la surface du pont.

    #Dames :
    Échancrures du plat-bord d’un canot garnies de cuivre et destinées à recevoir et à maintenir les avirons pendant la nage.

    #Darse :
    Bassin d’un port.

    #Déborder :
    Action de pousser au large une embarcation ou un bâtiment accosté à un navire ou à un quai.

    #Débouquer :
    Sortir d’un canal ou d’une passe pour gagner la mer libre.

    #Décapeler :
    Un mât, une vergue, c’est enlever les cordages qui y sont capelés ; un cordage, entourant un objet quelconque, c’est le dépasser par-dessus cet objet et l’enlever. De façon générale : ôter, décapeler un tricot, etc...

    #Défense :
    Tout objet suspendu contre le bord d’un navire ou d’une embarcation pour préserver la muraille du choc des quais et de toute construction flottante.

    #Déferler :
    Larguer les rabans de ferlage qui tiennent une voile serrée et la laisser tomber sur ses cargues. La lame déferle lorsqu’elle brise en s’enroulant sur elle-même ou en choquant une plage, une roche.

    #Déferler_un_pavillon :
    Peser sur la drisse pour permettre au pavillon de se déployer.

    #Déhaler :
    Déplacer un navire au moyen de ses amarres.

    Se déhaler :
    S’éloigner d’une position dangereuse au moyen de ses embarcations, de ses voiles.

    #Dérader :
    Quitter une rade.

    #Déraper :
    Une ancre : l’arracher du fond. Un navire dérape lorsqu’il enlève du fond sa dernière ancre.

    #Dérive :
    Différence entre le cap vrai du bâtiment et sa route vraie sous l’effet du vent de la mer et du courant.On appelle aussi « dérive » les surfaces que l’on immerge au centre de la coque ou sur les côtés pour s’opposer à la pression latérale du vent ; on devrait dire dans ce cas « contre dérive ». Être en dérive : navire ou objet qui flotte au gré du vent, des lames, des courants.

    #Désaffourcher :
    Relever une des deux ancres qui tiennent un navire affourché.

    #Désarmé :
    Un navire est désarmé lorsqu’il est amarré dans un port sans équipage et qu’il n’y a, en général, que des gardiens à bord.

    #Détroit :
    Ancre installée à la poupe d’un bâtiment.

    #Déventer :
    Une voile : la brasser en ralingue de façon à ce qu’elle fasseye.

    #Dévers :
    Inclinaison de l’étrave et courbure vers l’extérieur des couples de l’avant ayant pour avantage d’éviter l’embarquement des lames, formées par la vitesse du bâtiment.

    #Délester :
    Décharger le lest d’un navire, par exemple, alléger un navire.

    #Démailler :
    Séparer les maillons d’une chaîne, ou l’ancre de sa chaîne.

    #Demande :
    Filer à la demande un cordage qui fait effort, c’est le laisser (à la) filer en n’opposant qu’une faible résistance, mais en se tenant prêt à arrêter le mouvement au besoin.

    #Dépaler :
    Être dépalé : être porté par les courants, en dehors de la route que l’on doit suivre.

    #Déplacement :
    Poids du volume d’eau déplacé par un navire qui flotte. Le déplacement s’exprime en tonnes de 1000 kg.

    #Dévirer :
    (Cabestan, treuil, etc...) : tourner en sens contraire.

    #Dinghy :
    Embarcation en caoutchouc. L’on dit aussi
    zodiac quel que soit le modèle.

    #Double :
    Le double d’une manoeuvre : la partie qui revient sur elle-même dans le sens de la longueur après avoir passé dans une poulie ou autour d’un cabillot ou de tout autre objet. Quart de vin supplémentaire à titre de récompense.

    #Doubler :
    – Au vent : naviguer au vent de, passer au vent de...
    – Un cap : manoeuvrer et faire route de manière à contourner un cap.
    – Un bâtiment : le gagner de vitesse.
    – Les manoeuvres, cordages : les disposer en double en cas de mauvais temps ou autrefois à l’approche du combat.

    #Draille :
    Cordage tendu le long duquel une voile, une tente peuvent courir ou glisser par le moyen d’un transfilage ou d’anneaux.

    #Drisse :
    Cordage ou palan servant à hisser une vergue, une corne, une voile.
    – De flamme : cordage confectionné au moyen d’une machine spéciale, en une tresse ronde avec huit faisceaux, de trois fils à voile non goudronnés et destiné à hisser les signaux.

    #Drome :
    Ensemble des embarcations, des pièces de rechange : mâts, vergues, avirons, etc... embarqués à bord d’un bâtiment.
    – Des embarcations : rassemblement en bon ordre des avirons, mâts, gaffes d’un canot sur les bancs.

    #Drosse :
    Cordage en filin, en cuir, en fil d’acier, ou en chaîne qui sert à faire mouvoir la barre de gouvernail.

    #Drosser :
    Entraîner hors de sa route par les vents et la mer.

    #Ducs d’albe :
    Nom donné à un ou plusieurs poteaux réunis, enfoncés dans le fond d’un bassin ou d’une rivière afin d’y capeler des amarres quand on le déhale d’un navire.

    E
    #Echafaud :
    Planches formant une plate-forme que l’on suspend le long de la coque pour travailler.

    #Echouer :
    Toucher le fond.

    #Ecope :
    Pelle en bois à long manche qui sert à prendre de l’eau à la mer pour en asperger la muraille d’un bâtiment pour la nettoyer. Elle sert également à vider les embarcations.

    #Écoutille :
    Ouverture rectangulaire pratiquée dans le pont pour pouvoir accéder dans les entreponts et dans les cales.

    #Ecubier :
    Conduit en fonte, en tôle ou en acier moulé ménagé de chaque bord de l’étrave pour le passage des chaînes de l’ancre. Ouverture par laquelle passe la chaîne d’une ancre.

    #Elingue :
    Bout de filin ou longue estrope dont on entoure les objets pesants tels qu’une barrique, un ballot, une pièce de machine, etc... A cette élingue, on accroche un palan ou la chaîne d’un mât de charge pour embarquer ou débarquer les marchandises.

    #Embardée :
    Abattée d’un navire en marche en dehors de sa route ou au mouillage ou sous l’effet du vent ou du courant.

    #Embarder :
    Se dit d’un navire qui s’écarte de sa route à droite ou à gauche en suivant une ligne courbe et irrégulière. On dit aussi qu’un navire, à l’ancre, embarde quand il change constamment de cap sous l’effet du vent ou du courant.

    #Embellie :
    Amélioration momentanée de l’état de la mer et diminution du vent pendant une tempête ou encore éclaircie du ciel pendant le mauvais temps ou la pluie.

    #Embosser :
    Un navire : mouiller ou amarrer le bâtiment de l’AV et de l’AR, pour le tenir dans une direction déterminée malgré le vent ou le courant.

    #Embouquer :
    S’engager dans un canal, un détroit ou une passe.

    #Embraquer :
    Tirer sur un cordage de manière à le raidir : embraquer le mou d’une aussière.

    #Embrun :
    L’embrun est une poussière liquide arrachée par le vent de la crête des lames.

    #Emerillon :
    Croc ou anneau rivé par une tige dans un anneau de manière à pouvoir tourner librement dans le trou de l’anneau.

    #Empanner :
    Un navire à voile empanne ou est empanné quand il est masqué par le côté de l’écoute de ses voiles.

    #Encablure :
    Longueur employée pour estimer approximativement la distance entre deux objets peu éloignés l’un de l’autre. Cette longueur est de 120 brasses (environ 200 mètres). Longueur normale d’une glène d’aussière. Autre définition de l’encablure : un dixième de mille soit environ 185 mètres.

    #Encalminé :
    Voilier encalminé : quand il est dans le calme ou dans un vent si faible qu’il ne peut gouverner.

    #Engager :
    Un navire est engagé quand il se trouve très incliné par la force du vent, le désarrimage du chargement ou la houle et qu’il ne peut se redresser. Cordage engagé : cordage qui bloque.

    #En grand :
    Tout à fait, sans retenue.

    #Entremise :
    Fil d’acier reliant deux têtes de bossoir et sur lequel sont frappés les tire-veilles. Pièces de bois, cornière, placées dans le sens longitudinal. Elles servent avec les barrots à établir la charpente des ponts, à limiter les écoutilles, etc...

    #Épauler :
    La lame : prendre la mer à quelques quarts de l’AV pour mieux y résister.

    #Epontille :
    Colonne verticale de bois ou de métal soutenant le barrot d’un pont ou d’une partie à consolider.

    #Erre :
    Vitesse conservée par un navire sur lequel n’agit plus le propulseur.

    #Espars :
    Terme général usité pour désigner de longues pièces de bois employées comme mâts, vergues, etc...

    #Essarder :
    Essuyer, assécher avec un faubert ou une serpillière.

    #Etale :
    – Sans vitesse.
    – Étale de marée : moment où la mer ne monte ni ne baisse

    #Etaler :
    Résister à.

    #Étalingure :
    Fixation de l’extrémité d’un câble, d’une chaîne sur l’organeau d’une ancre. - de cale : fixation du câble ou de la chaîne dans la cale ou le puits à chaînes.

    #Etambot :
    Pièce de bois de même largeur que la quille et qui s’élève à l’arrière en faisant avec celle-ci un angle généralement obtus qu’on nomme quête. Il reçoit les fémelots ou aiguillots du gouvernail.

    #Etamine :
    Étoffe servant à la confection des pavillons.

    #Etarquer :
    Une voile : la hisser de façon à la tendre le plus possible.

    #Étrangler :
    Une voile : l’étouffer au moyen de cordages.

    #Etrangloir :
    Appareil destiné à ralentir et à arrêter dans sa course une chaîne d’ancre.

    #Evitage :
    Mouvement de rotation d’un bâtiment sur ses ancres, au changement de marées ou par la force du vent qui agit plus sur lui que sur le courant. Espace nécessaire à un bâtiment à l’ancre pour effectuer un changement de cap, cap pour cap.

    F
    #Fanal :
    Lanterne d’embarcation.

    #Fardage :
    Tout ce qui se trouve au-dessus de la flottaison excepté la coque lisse et offrant de la prise au vent. Dans la marine de commerce, désigne aussi les planches , nattes, etc... que l’on place sur le vaigrage du fond pour garantir les marchandises contre l’humidité.

    #Fatiguer :
    Un bâtiment fatigue lorsque, par l’effet du vent, de la mer, ses liaisons sont fortement ébranlées.

    #Faubert :
    Sorte de balai fait de nombreux fils de caret et dont on fait usage à bord pour sécher un pont après la pluie ou le lavage.

    #Faux-bras :
    Cordage installé le long du bord, pour faciliter l’accostage des embarcations.

    #Femelots :
    Pentures à deux branches embrassant l’étambot ou le gouvernail et représentant des logements pour recevoir les aiguillots.

    #Ferler :
    – Une voile carrée : relever par plis sur la vergue une voile carguée et la fixer au moyen de rabans dits de ferlage qui entourent la voile et la vergue.
    – Un pavillon : le plier et le rouler en le maintenant ensuite avec sa drisse.

    #Filer :
    – Une amarre : laisser aller une amarre dont un des bouts est attaché à un point fixe.
    – La chaîne : augmenter la touée d’une chaîne en la laissant aller de la quantité voulue en dehors du bord.
    – Par le bout, une chaîne ou grelin : laisser aller du navire dans l’eau.

    #Filière :
    Cordage tendu horizontalement et servant de garde-corps ou à suspendre différents objets. - de mauvais temps : cordage qu’on tend d’un bout à l’autre du bâtiment et auquel les hommes se retiennent pendant les forts mouvements de roulis et de tangage.

    #Flux :
    Marée montante.

    #Forain :
    Ouvert : Rade foraine : rade sans abri, exposée au mauvais temps du large (mouillage d’attente).

    Forme :
    – Bassin de radoub, ou cale sèche : bassin de radoub.
    – Formes d’un navire : ses lignes.

    #Fraîchir :
    Se dit du vent qui augmente d’intensité.

    #Frais :
    Désigne la forme du vent : joli frais, bon frais, grand frais.

    #Franc-bord :
    Distance entre le niveau de l’eau à l’extérieur du navire et la partie supérieure du pont principal à la demi-longueur du navire.

    #Fret :
    Somme convenue pour le transport de marchandises par navire. Les marchandises composant le chargement du navire.

    #Fuir :
    Devant le temps ou devant la mer : gouverner de manière à recevoir le vent ou la mer par l’arrière.

    #Fune :
    Grelin qui traîne le chalut. Prolongement de la filière des tentes d’un navire (mettre les tentes en fune).

    G
    #Galhauban :
    Cordage en chanvre ou en acier servant à assujettir par le travers et vers l’arrière les mâts supérieurs.

    #Gambier :
    Changer la position d’une voile à antenne ou au tiers d’un côté à l’autre du navire en faisant passer la vergue de l’autre côté du mât. Synonyme : muder, trélucher.

    #Galipot :
    Sorte de mastic avec lequel on recouvre les pièces métalliques en cas de repos prolongé ou d’exposition à l’arrosage par l’eau de mer. Pâte formée en parties égales de céruse et de suif fondu, étalée à chaud, au pinceau, sur les surfaces à protéger. On l’enlève par grattage et lavage à l’huile. Galipoter (vieux).

    #Gite :
    Synonyme de bande : Giter.

    #Glène :
    De cordage : portion de cordage ployée en rond sur elle-même, c’est à dire lové.

    #Grain :
    Vent violent qui s’élève soudainement généralement de peu de durée. Les grains sont parfois accompagnés de pluie, de grêle ou de neige.

    #Gréement :
    L’ensemble des cordages, manoeuvres de toutes sortes et autres objets servant à l’établissement, à la tenue ou au jeu de la mâture, des vergues et des voiles d’un navire.

    #Guindeau :
    Appareil servant à virer les chaînes, à mouiller et à relever les ancres à bord d’un navire. Son axe de rotation est horizontal.

    H
    #Habitacle :
    Sorte de cuvette ou de caisse cylindrique en bois ou en cuivre recouverte à la partie supérieure d’une glace et qui contient le compas de route et les lampes qui l’éclairent.

    #Hale-bas :
    Petit cordage frappé au point de drisse des voiles enverguées sur des drailles et qui sert à les amener.

    #Haler :
    Remorquer un navire dans un canal ou le long d’un quai au moyen d’un cordage tiré au rivage. Tirer un cordage ou un objet quelconque au moyen d’un cordage sur lequel on fait un effort.

    #Hanche :
    Partie de la muraille d’un navire qui avoisine l’arrière. On relève un objet par la hanche quand il est à 45° par l’arrière du travers.

    #Haut-fond :
    Sommet sous-marin recouvert d’eau peu profonde et dangereux pour la navigation.

    #Hauturière :
    Navigation au large ; contrôlée par l’observation des astres. Long cours.

    I
    #Itague :
    Cordage passant par une poulie simple et sur lequel on agit à l’aide d’un palan pour augmenter la puissance. Chaîne retenant un coffre et maillée au point de jonction des chaînes des ancres de corps-mort.

    J
    #Jambettes :
    Montants, bouts d’allonges qui dépassent le plat-bord d’un bâtiment et sur lesquels on tourne des manoeuvres ou on prend un retour. Pièces de bois ou de fer légèrement inclinées et retenant les pavois.

    #Jarretière :
    Sangle qui sert à saisir une drôme dans une embarcation.

    #Jauge :
    Volume des capacités intérieures des navires exprimé en tonneaux de 2m3.83 ou 100 pieds cubes anglais.

    #Jauge brute :
    Volume de tous les espaces fermés du navire sans exception aucune.

    #Jauge nette :
    Volume des espaces utilisables commercialement.

    #Jaumière :
    Ouverture pratiquée dans la voûte d’un navire pour le passage et le jeu de la partie supérieure de la mèche du gouvernail.

    #Joue :
    Creux des formes de la coque à l’avant d’un navire. Synonyme : épaule. Face extérieure de la caisse d’une poulie.

    #Joute :
    Compétition d’embarcations à l’aviron.

    #Jusant :
    Marée descendante.

    L
    #Laisse :
    – De marée : partie du rivage alternativement couverte et découverte par la mer dans les mouvements de la marée.

    #Laize :
    Chacune des bandes de toile dont se compose une voile.

    #Lamanage :
    Pilotage restreint aux ports, baies, rade et rivières de peu d’importance. Dans la coutume d’Oléron, le pilote s’appelait loman, c’est à dire homme du lof (côté du vent) ; on en a fait laman, puis lamaneur.

    #Larder :
    Voir paillet.

    #Latte :
    – De hauban : patte métallique fixée sur le bordage pour servir de cadène de hauban.

    #Lège :
    Bâtiment lège : bâtiment vide.

    #Lest :
    Matières pesantes arrimées dans les fonds du navire pour en assurer la stabilité.

    #Libre pratique :
    Permission donnée par les autorités sanitaires d’un port à un navire de communiquer librement avec la terre.

    #Loch :
    Appareil servant à mesurer la vitesse du navire.

    #Lumières :
    Petits canaux ou conduits pratiqués sur la face antérieure des varangues et destinés à conduire les eaux de cale au pied des pompes. Synonyme : anguillers

    M
    #Mahonne :
    Chaland de port à formes très arrondies utilisé en Méditerranée.

    #Maille :
    Intervalle entre deux couples voisins d’un navire ou entre deux varangues. Ouverture laissée entre les fils des filets de pêche.

    #Main_courante :
    Barre en métal, ou pièces de bois mince, placées de chaque côté des échelles de dunette, de roof-passerelle, de gaillard, etc... pour servir de rampe.

    #Maistrance :
    (Marine Nationale) - L’ensemble des officiers mariniers de la Marine de guerre française et plus particulièrement ceux de carrière qui constituent le cadre de maistrance proprement dit.

    #Maître_bau :
    Bau situé dans la plus grande largeur du navire.

    #Maître_couple :
    Couple situé de même.

    #Maître_de_quart :
    (Marine nationale) - Gradé du service manoeuvre qui, à bord des bâtiments militaires, seconde l’officier de quart dans le service des embarcations et rend les honneurs du sifflet à l’arrivée et au départ des officiers.

    #Maniable :
    Modéré (vent) ; assez beau (temps).

    #Manifeste :
    Liste complète et détaillée par marque et numéros des colis de marchandises formant la cargaison d’un navire. Cette liste est remise à la Douane du port de destination.

    #Marie-Salope :
    Chaland à saletés.

    #Marnage :
    Synonyme : d’amplitude pour la marée.

    #Maroquin :
    Cordage tendu entre deux mâts pour servir à supporter une ou plusieurs poulies dans lesquelles passent des manoeuvres ou des drisses.

    #Mascaret :
    Phénomène qui se produit dans le cours inférieur d’un fleuve consistant en plusieurs lames creuses et courtes formées par la remontée du flot contre le courant du propre fleuve.

    #Mât_de_charge :
    Espar incliné tenu par des balancines portant des apparaux servant à déplacer des poids.

    #Mâter :
    Mettre un mât en place. Mâter une pièce, une barrique, les avirons : les dresser et le tenir dans une position verticale.

    #Mégaphone :
    Tronc de cône creux et léger servant à augmenter la portée de la voix.

    #Membrure :
    Pièce de bois ou de fer soutenant le bordé et les vaigres sur laquelle viennent se fixer les barrots (Synonyme : couple).

    #Midship :
    Aspirant ou enseigne de vaisseau, en général le plus jeune parmi les officiers. Désigne également des chaussures ouvertes utilisées à bord des bâtiments de la Marine en pays chaud.

    #Mole :
    Construction en maçonnerie, destinée à protéger l’entrée d’un port et s’élevant au-dessus du niveau des plus fortes marées.

    #Mollir :
    Diminuer de violence (vent / mer).

    #Mou :
    Un cordage a du mou quand il n’est pas assez tendu. Donner du mou : choquer une manoeuvre. Un navire est mou quand il a tendance à abattre.

    #Moucheter_un_croc :
    Amarrer un bout entre pointe et dos pour empêcher le décrochage.

    #Mouiller :
    Jeter l’ancre et filer la touée de la chaîne convenable.

    #Mousson :
    Vents périodiques, soufflant avec de légères variations pendant une moitié de l’année dans une direction et pendant l’autre moitié de l’année dans la direction opposée. (Mers de Chine et Océan Indien).

    #Musoir :
    Pointe extrême d’une jetée ou d’un môle ; se dit aussi de l’extrémité d’un quai à l’entrée d’un bassin ou d’un sas.

    N
    #Nable :
    Trou percé dans le fond d’une embarcation servant à la vider lorsque cette embarcation n’est pas à flot. S’obture au moyen d’un bouchon de nable.

    #Nage :
    Mouvement imprimé par l’armement aux avirons d’une embarcation.
    – Chef de nage : Nageurs assis sur le banc arrière dont les mouvements sont suivis par tous les autres.
    – Nage à couple : Quand il y a 2 (canot) ou 4 (chaloupe) nageurs sur chaque banc.
    – Nage en pointe : 1 nageur par banc (baleinière).

    #Natte :
    Nom donné aux paillets et aux sangles qu’on place en divers endroits de la mâture et du gréement qu’on veut garantir du frottement.

    #Nid de pie :
    Installation placée assez haut sur le mât avant de certains navires et dans laquelle se tient l’homme de vigie. A bord des navires polaires, on dit plutôt #nid_de_corbeau.

    O
    #Obéir :
    Un navire obéit bien à la barre quand il en sent rapidement l’action.

    #Obstructions :
    Défenses fixes, d’un port pour en interdire l’accès à un ennemi de surface, sous-marin ou aérien.

    #Oeil :
    Boucle formée à l’extrémité d’un filin.

    #Oeil de la tempête :
    Éclaircie dans le ciel au centre des ouragans.

    #Oeuvres_mortes :
    Partie émergée de la coque.

    #Oeuvres_vives :
    Partie immergée de la coque.

    #Opercule :
    Tape de hublot.

    #Oreilles_d_âne :
    Cuillers en tôle permettant d’augmenter le débit d’air entrant par les hublots.

    P
    #Paille de bitte :
    Tige de fer traversant la tête d’une bitte pour empêcher la chaîne ou l’aussière de décapeler.

    #Paillet :
    Réunion de fils de bitord, torons de cordage, etc... tressés ensemble et formant une sorte de natte. On les emploie pour garnir les manoeuvres dormantes afin empêcher le frottement.

    #Palanquée :
    Colis, ensemble de marchandises groupées dans une élingue ou un filet pour être embarquées ou débarquées en un seul mouvement de grue.

    #Palanquer :
    Agir sur un objet quelconque avec un ou plusieurs palans.

    #Panne (mettre en) :
    Manoeuvre qui a pour objet d’arrêter la marche du navire par le brasseyage de la voilure.

    #Pantoire :
    Fort bout de cordage terminé par un oeil muni d’une cosse.

    #Pantoire_de_tangon :
    Retient le tangon dans le plan vertical.

    #Paravane (un) :
    Deux brins de dragage fixés au brion terminés par des flotteurs divergents. Installation destinée à la protection contre les mines à orin.

    #Paré :
    Prêt, libre, clair, hors de danger.

    #Parer :
    – Un cap : le doubler ; - un abordage : l’éviter.
    – Une manoeuvre : la préparer.
    – Manoeuvres : commandement pour tout remettre en ordre.
    Faire parer un cordage : le dégager s’il est engagé ou empêcher de la faire.

    #Passerelle :
    Petit cordage servant de transfilage ou à passer une manoeuvre plus grosse dans les poulies ou un conduit.
    Aussière ou chaîne passée d’avance sous la coque d’un bâtiment afin de permettre une mise en place rapide d’un paillet makaroff.

    #Pataras :
    Hauban supplémentaire destiné à soulager temporairement à un hauban soumis à un effort considérable - très employé sur les yachts de course, ce hauban mobile appelle largement sur l’arrière.

    #Patente de santé :
    Certificat délivré à un navire par les autorités du port pour attester l’état sanitaire de ce port.

    #Pavois :
    Partie de coque au-dessus du pont formant garde corps.

    #Grand_pavois :
    Pavillon de signaux frappés le long des étais et de l’entremise dans un ordre déterminé.

    #Petit_pavois :
    Pavillons nationaux en tête de chacun des mâts. Au-dessus du pavois : Syn. « de montré » pour un signal par pavillon de 1 signe.

    P#eneau (faire) :
    Tenir l’ancre prête à mouiller par grands fonds après avoir filé une certaine quantité de chaîne pour atténuer la violence du choc sur le fond.

    #Perdant :
    Synonyme : jusant.

    #Perthuis :
    Détroit entre les îles, des terres ou des dangers.
    Ouverture d’accès dans une cale sèche.

    #Phare :
    Construction en forme de tour portant un feu à son sommet.
    Mât avec ses vergues, voiles et gréement. Ex. : phare de misaine, phare de l’avant, phare de l’arrière, phare d’artimon, phare carré.

    #Phoscar :
    Sorte de boîte à fumée et à feu jetée d’un bâtiment afin de matérialiser un point sur la mer.

    #Pic (a pic) :
    Position verticale de la chaîne de l’ancre au moment où celle-ci est sur le point d’être arrachée au fond. A long pic : laisser la chaîne de l’ancre un peu plus longue que pour être à pic.

    #Pied :
    Jeter un pied d’ancre : mouiller avec un peu de touée pour un court laps de temps.
    Mesure de longueur égale à 0,305mètre.

    #Pied_de_biche :
    Pièce de fonte, dans un guindeau.

    #Pied_de_pilote :
    Quantité dont on augmente le tirant d’eau pour être sur de ne pas talonner.

    #Pigoulière :
    Embarcation à moteur assurant à heures fixes à TOULON le service de transport du personnel entre différents points de l’Arsenal.

    #Piloter :
    Assurer la conduite d’un navire dans un port ou dans les parages difficiles de la côte.

    #Piquer_l_heure :
    Sonner l’heure au moyen d’une cloche.

    #Plat-bord :
    – Dans un bâtiment en bois : ensemble des planches horizontales qui recouvrent les têtes des allonges de sommet.
    – Dans un navire en fer : ceinture en bois entourant les ponts.

    #Plein :
    Synonyme : pleine mer.
    – Plus près bon plein : allure de 1 quart plus arrivée que le plus près.
    – Mettre au plein : échouer un bateau à la côte.

    #Poste (amarre de) :
    Aussière ou grelin de forte grosseur fournie par les ports pour donner plus de sécurité et plus de souplesse à l’amarrage des navires et éviter l’usure de leurs propres aussières d’amarrage.

    #Pot_au_noir :
    Zone des calmes équatoriaux caractérisés par des pluies torrentielles.

    #Poulaine :
    Partie extrême avant d’un navire : lieu d’aisance de l’équipage.

    #Poupée_de_guindeau :
    Bloc rond en fonte sur lequel on garnit les amarres que l’on veut virer au guindeau.

    #Prélart :
    Laize de toile à voile souple, cousues ensemble puis goudronnées, destinées à couvrir les panneaux d’une écoutille et empêcher l’accès de l’eau dans les entreponts ou la cale.

    #Puisard :
    Espace compris entre deux varangues et formant une caisse étanche dans laquelle viennent se rassembler les eaux de cale.

    #Pilot_chart :
    Cartes périodiques publiées par l’Office Météo des Etats-Unis fournissant des renseignements sur la direction et la force des vents et des courants probables et la position des icebergs.

    Q
    #Quart :
    32ème partie du tour d’horizon, vaut 11 degrés 15 minutes.
    Synonyme. : de rhumb de compas.

    #Queue _de_rat :
    – Cordage terminé en pointe.
    – D’un grain : rafale violente et subite à la fin d’un grain.
    – Aviron de queue : aviron servant de gouvernail.

    #Quille_de_roulis :
    Plan mince, en tôle, fixé normalement et extérieurement à la coque, dans la région du bouchain, sur une partie de la longueur du navire, et destiné à entraîner l’eau lors des mouvements de roulis pour les amortir plus rapidement.

    R
    #Raban :
    Tresse ou sangle de 8 à 9 mètres de long formée d’un nombre impair de brins de bitord.
    – De hamac : bout de quarantenier servant à suspendre le hamac.
    – De ferlage : cordon ou tresse servant à serrer une voile sur une vergue, un gui, etc...

    #Rabanter :
    Fixer ou saisir un objet à son poste avec les rabans destinés à cet usage.
    – Une voile : la relever pli par pli sur la vergue et l’entourer, ainsi que la vergue, avec les rabans.

    #Radier :
    Maçonnerie sur laquelle on établit les portes d’un bassin et d’une forme.

    #Radoub :
    Passage au bassin d’un navire pour entretien ou réparation de sa coque.

    #Rafale :
    Augmentation soudaine et de peu de durée du vent.

    #Rafiau ou #Rafiot :
    Petite embarcation, mauvais navire.

    #Rafraîchir :
    Un câble, une amarre, c’est en filer ou en embraquer une certaine longueur de manière à ce que le portage ne soit jamais à la même place.

    #Raguer :
    Un cordage rague lorsqu’il s’use, se détériore en frottant sur un objet dur ou présentant des aspérités. Se dit aussi d’un bâtiment frottant contre un quai.

    #Rail :
    Pièce en cuivre vissée sur un mât à pible ou un gui sur laquelle sont enfilés les coulisseaux.

    #Rambarde :
    Garde-corps.
    Synonyme : de main courante.

    #Ras :
    Radeau servant aux réparations à faire à un bâtiment près de sa flottaison.
    Petits appontements flottants.

    #Ratier :
    Argot de bord - Matelot sans spécialité chargé de l’entretien de la coque.

    #Rattrapant :
    Yacht rattrapant. Terme de régate : lorsque deux yachts font la même route ou à peu près, celui qui est en route libre derrière l’autre commence à être considéré comme « yacht rattrapant l’autre » aussitôt qu’il s’en approche assez près pour qu’il y ait « risque de collision » et continue à être tel jusqu’à ce qu’il redevienne en roue libre devant ou derrière, ou s’en soit écarté par le travers jusqu’à écarter le risque de collision.

    #Raz :
    Courant violent dû au flot ou au jusant dans un passage resserré.

    #Reflux :
    Mouvement rétrograde de l’eau après la marée haute.
    Synonyme : jusant, ébe.

    #Refuser :
    Le vent refuse lorsque sa direction vient plus de l’avant. Contraire : adonner.

    #Relâcher :
    Un navire relâche quand par suite du mauvais temps, avaries subies, etc... il est forcé d’interrompre sa mission et d’entrer dans un port qui n’est pas son port de destination.

    #Renard :
    Plateau sur lequel sont pointés les noms des officiers qui descendent à terre.

    #Rencontrer :
    La barre ou simplement rencontrer : mettre la barre du côté opposé à celui où elle était auparavant pour arrêter le mouvement d’abatée du navire.

    #Rendre :
    Un cordage rend lorsqu’il s’allonge. Une manoeuvre est rendue lorsqu’on l’a amenée à son poste en halant dessus. Rendre le mou d’un cordage : tenir le cordage à retour d’un bout tandis qu’on hale de l’autre bout. Rendre le quart : remettre le quart à son successeur.

    #Renflouer :
    Remettre à flot un navire échoué.

    #Renverse :
    Du courant : le changement cap pour cap de sa direction.

    #Ressac :
    Retour violent des lames sur elles-mêmes lorsqu’elles vont se briser sur une côte, un haut-fond.

    #Retenue :
    Cordage en chanvre, en acier ou chaîne servant à soutenir un bout-dehors, un bossoir.

    #Rider :
    Une manoeuvre dormante : c’est la raidir fortement à l’aide de ridoirs ou de caps de mouton.

    #Riper :
    Faire glisser avec frottement.

    #Risée :
    Petite brise subite et passagère.

    #Rocambeau :
    Cercle en fer garni d’un croc, servant notamment à hisser la vergue d’une voile au tiers et à amurer le point d’amure du foc le long de son bout-dehors.

    #Rôle :
    Rôle de combat, rôle d’équipage, etc...

    #Rondier :
    Gradé ou matelot chargé d’une ronde.

    #Roof :
    Superstructure établie sur un pont supérieur et ne s’étendant pas d’un côté à l’autre du navire.

    #Roulis :
    Balancement qui prend le navire dans le sens transversal.

    #Routier :
    Carte marine à petite échelle comprenant

    S
    #Sabaye :
    Cordage avec lequel on hâle à terre un canot mouillé près de la côte.

    ##Sabord :
    Ouverture rectangulaire pratiquée dans la muraille d’un navire.

    Saborder :
    Faire des brèches dans les oeuvres vives d’un navire pour le couler.

    #Safran :
    Surface du gouvernail sur laquelle s’exerce la pression de l’eau pour orienter le navire.

    #Savate :
    Pièce de bois sur laquelle repose un navire au moment de son lancement.

    #Saisine :
    Cordage servant à fixer et à maintenir à leur place certains objets.

    #Sangle :
    Tissu en bitord qui sert à garantir du frottement certaines parties du navire ou du gréement ou à maintenir au roulis des objets suspendus.

    #Sas :
    Partie d’un canal muni d’écluses, destinée à établir une jonction entre deux bassins de niveaux différents. Compartiment en séparant deux autres dont les ouvertures ne peuvent s’ouvrir que l’une après l’autre.

    #Saute_de_vent :
    Changement subit dans la direction du vent.

    #Sauve-Garde :
    Cordages fourrés ou chaînes servant à empêcher le gouvernail d’être emporté s’il vient à être démonté. Ils sont fixés d’un bout sur le gouvernail, de l’autre sur les flancs du bâtiment.

    #Sec (à) :
    Un bâtiment court à sec, est à sec de toile lorsqu’il navigue sans se servir de ses voiles, mais poussé par le vent.

    #Semonce :
    Ordre donné par un navire armé à un autre navire de montrer ses couleurs et au besoin d’arrêter pour être visité.

    #Coup (coup de) :
    Coup de canon appuyant cet ordre.

    #Servir :
    Faire servir : manoeuvre d’un navire à voiles pour quitter la panne et reprendre la route.

    #Seuil :
    Élévation du fond de la mer s’étendant sur une longue distance.

    #Sillage :
    Trace qu’un navire laisse derrière lui à la surface de la mer.

    #Slip :
    Plan incliné destiné à mettre à l’eau ou à haler à terre de petits bâtiments ou des hydravions au moyen d’un chariot sur rails.

    #Soufflage :
    Doublage en planches minces sur le bordé intérieur ou extérieur.

    #Souille :
    Enfoncement que forme dans la vase ou le sable mou un bâtiment échoué.

    #Sous-venté :
    Un voilier est sous-venté quand il passe sous le vent d’un autre bâtiment, d’une terre qui le prive de vent.

    #Spardeck :
    Pont léger au-dessus du pont principal.

    #Suceuse :
    Drague travaillant par succion du fond.

    #Superstructures :
    Ensemble des constructions légères situées au-dessus du pont supérieur.

    #Surbau :
    Tôle verticale de faible hauteur encadrant un panneau, un roof ou un compartiment quelconque.

    #Syndic :
    Fonctionnaire de l’Inscription Maritime remplaçant les Administrateurs dans les sous-quartiers.

    #Syzygie (marée des) :
    Marées correspondant à la nouvelle ou à la pleine lune. Synonyme : marée de vive-eau.

    T
    #Table_à_roulis :
    Table percée de trous.
    Par gros temps, on y met des chevilles appelées violons ou cabillots qui permettent de fixer les objets qui s’y trouvent.

    #Tableau :
    Partie de la poupe située au-dessus de la voûte.
    Dans un canot ou une chaloupe, partie arrière de l’embarcation.

    #Talon_de_quille :
    Extrémité postérieure de la quille sur laquelle repose l’étambot.

    #Talonner :
    Toucher le fond de la mer avec le talon de la quille.

    #Tangon :
    Poutre mobile établie horizontalement à l’extérieur d’un navire, à la hauteur du pont supérieur et perpendiculairement à la coque, sur laquelle on amarre les embarcations quand le navire est à l’ancre.
    – De spinnaker ou de foc : espars servant à déborder le point d’écoute du spinnaker ou du foc au vent arrière.

    #Tangage :
    Mouvement que prend le navire dans le sens longitudinal.

    #Tanker :
    Navire pétrolier.

    #Tape :
    Panneau en tôle ou pièce de bois obturant une ouverture.

    #Taud :
    Abri de grosse toile qu’on établit en forme de toit au-dessus des ponts pour garantir l’équipage contre la pluie. Etui placé sur les voiles serrées pour les garantir de la pluie.

    #Teck :
    Bois des Indes presque imputrescibles aussi fort et plus léger que le chêne ; très employé dans la construction navale.

    #Tenir :
    Navire tenant la mer : se comportant bien dans le mauvais temps.

    #Tenir le large :
    Rester loin de la terre.

    #Tenue :
    Qualité du fond d’un mouillage. Les fonds de bonne tenue sont ceux dans lesquels les pattes des ancres pénètrent facilement et ne peuvent cependant en être arrachées qu’avec difficulté.
    La tenue d’un mât est son assujettissement par les étais et les haubans.

    #Teugue :
    Partie couverte du pont supérieur avant, constituant un gaillard d’avant où les hommes de l’équipage peuvent s’abriter.

    #Tiens-bon ! :
    Commandement à des hommes qui agissent sur un cordage, un cabestan, etc... de suspendre leurs efforts tout en restant dans la position où ils sont (voir « Tenir bon »).

    #Tiers (voile au) :
    Synonyme : de bourcet
    Voiles des canots et chaloupes.

    #Tillac :
    Pont supérieur ou parfois plancher d’embarcation.

    #Tins :
    Pièces de bois carrées placées à des distances régulières sur le fond d’une cale-sèche et destinées à soutenir la quille des navires.

    #Tire-veilles :
    Nom donné à un bout de filin terminé par une pomme à la rambarde au bas de l’échelle de coupée d’un navire et auquel on se tient pour monter à bord ou pour en descendre.
    Bout amarré sur l’entremise des bossoirs d’embarcation et auxquels se tient l’armement d’une embarcation quand on la met à l’eau ou quand on la hisse.

    #Tomber :
    – Sous le vent : s’éloigner de l’origine du vent.
    – Sur un navire, une roche : être entraîné par le vent, le courant ou toute autre cause vers un navire, un rocher, etc...
    – Le vent tombe, la mer tombe : le vent diminue d’intensité, les vagues de force.

    #Tonnage :
    Capacité cubique d’un navire ou de l’un de ses compartiments exprimée en tonneaux. Le tonneau est égal à cent pieds cubes anglais ou à 2,83 mètres cubes (c’est le tonneau de jauge) ; Le tonnage exprime toujours un volume.

    #Tonne :
    Grosse bouée en bois, en fer ou en toile.

    #Top :
    Prendre un top : comparer une pendule réglée avec son chronomètre, ou relever un signal horaire au compteur.

    #Tosser :
    Un navire tosse lorsque, amarré le long d’un quai, sa coque frappe continuellement contre le quai par l’effet de la houle.
    A la mer, le navire tosse quand l’AV retombe brutalement dans le creux des vagues.

    #Touage :
    Remorquage, plus particulièrement en langage de batellerie.

    #Toucher :
    Être en contact avec le fond. Toucher terre : faire escale.

    #Touée :
    Longueur de la remorque avec laquelle on hale un navire pour le déplacer.
    Longueur de la chaîne filée en mouillant une ancre. Par extension : longueur d’une certaine importance d’un câble filé ou d’un chemin à parcourir.

    #Touline :
    Petite remorque et plus généralement lance-amarre.

    #Tourner :
    Une manoeuvre : lui faire faire un nombre de tours suffisant autour d’un point fixe pour l’empêcher de filer ou de lâcher.

    #Traîne :
    Tout objet que l’on file à l’arrière d’un navire à l’aide d’un bout de filin.
    A la traîne : un objet est à la traîne lorsqu’il n’est pas placé à la place qui lui est assignée.

    #Transfiler :
    – Deux morceaux de toile : les rapprocher bord à bord au moyen d’un bout de ligne passant alternativement des oeillets pratiqués dans l’un dans ceux pratiqués dans l’autre.
    – Une voile : la fixer à sa vergue, gui ou corne au moyen d’un filin nommé transfilage et passant d’un oeillet à l’autre en embrassant la vergue, le gui, la corne.

    #Traversier :
    Amarre appelant d’une direction perpendiculaire à l’axe longitudinal.
    Un vent traversier est un vent bon pour aller d’un port à un autre et pour un revenir.

    #Trou_d_homme :
    Ouverture elliptique d’un double fond ou d’un ballast.

    #Tunnel :
    Conduit en tôlerie de dimensions suffisantes pour permettre le passage d’un homme et à l’intérieur duquel se trouve une ligne d’arbres entre la chambre des machines et la cloison de presse-étoupe AR.

    V
    #Va_et_vient :
    Cordage en double servant à établir une communication entre deux navires ou entre un navire et la côte, notamment pour opérer le sauvetage des naufragés.

    #Vadrouille :
    Bouts de cordage défaits, serrés sur un manche et servant au nettoyage. Faubert emmanché.

    #Vague_satellite :
    Soulèvement de la mer produit par le mouvement du navire en marche.

    #Varangue :
    La varangue est la pièce à deux branches formant la partie inférieure d’un couple et placées à cheval sur la quille. La varangue est prolongée par des allonges. Tôle placée verticalement et transversalement d’un bouchain à l’autre pour consolider le petit fond du navire.

    #Vase :
    Terre grasse, noirâtre, gluante. La vase peut être molle, dure mêlée ; elle présente généralement une bonne tenue.

    #Veille (ancre de) :
    Ancre prête à être mouillée.

    #Veiller :
    Faire attention, surveiller. Veiller l’écoute : se tenir prêt à la larguer, à la filer. Veiller au grain : l’observer, le suivre.

    #Vélique :
    Point vélique = centre de voilure de toutes les voiles.

    #Ventre :
    La partie centrale d’un bâtiment surtout lorsque ses couples sont très arrondis.

    #Verine :
    Bout de filin terminé par un croc ou une griffe et dont on fait usage en simple ou en double pour manier les chaînes des ancres.

    #Videlle :
    Reprise faite à un accroc dans une toile.

    #Virer :
    Exercer un effort sur un cordage ou sur une chaîne par enroulement sur un treuil, guindeau ou cabestan.
    – Virer à pic : virer suffisamment le câble ou la chaîne pour amener l’étrave du navire à la verticale de l’ancre.
    – Virer à long pic : virer en laissant la chaîne un peu plus longue que la profondeur de l’eau.

    #Virer_de_l_avant :
    faire avancer un navire en embraquant ses amarres de l’avant au cabestan ou au guindeau.
    – Virer sur la chaîne : rentrer une partie de la chaîne en se servant du cabestan ou du guindeau.
    – Virer de bord : changer les amures des voiles.

    #Vit_de_nulet ou #Vi_de_mulet :
    Tige de métal articulée fixée à une vergue, à un gui, à un mât de charge pour le relier au mât qui porte une douille. Employé en particulier pour les mâts de charge.

    #Vitesse :
    L’unité marine de vitesse est le noeud qui représente un mille marin (1852 mètres) à l’heure. Ne jamais dire un noeud à l’heure.

    #Vive-eau :
    Grande marée.

    #Voie_d_eau :
    Fissure ou ouverture accidentelle dans des oeuvres vives.

    W
    #Wharf :
    Littéralement quai, plus spécialement pour désigner un appontement qui s’avance dans la mer au-delà de la barre sur la côte occidentale d’Afrique.

    Y
    #Youyou :
    Très petite embarcation de service à l’aviron et à la voile.

  • Un exemple à généraliser :

    Les vendeuses d’#Inditex (#Zara) […] viennent d’obtenir une #augmentation_de_salaire de 20 % en moyenne (jusqu’à 40 % parfois), à l’issue de plusieurs semaines d’un mouvement de #grèves et de mobilisation inédit dans un groupe plutôt connu pour sa tranquillité sociale. […]

    C’est une victoire de celles qu’au sein du #groupe_Inditex, on appelle souvent, avec une sorte de #paternalisme affectueux, « #Las_niñas », les gamines. Une terme qui désigne les vendeuses comme d’éternelles mineures, la dernière roue du carrosse Inditex, le groupe espagnol qui avait été lancé dans les années 1960 par #Amancio_Ortega - un autodidacte visionnaire devenu aujourd’hui l’un des hommes les plus riches du monde.

    Le mouvement de protestation qui avait démarré en #Galice, la région d’origine d’Inditex, à la pointe ouest de l’#Espagne, a donc remporté la manche. Il avait été fortement poussé par le syndicat local #CIG, qui pointait à la fois les salaires et la précarité des contrats parmi le personnel de magasin, très largement féminin et moins bien considéré au sein du groupe que les collègues de secteurs plus masculinisés.

    (Les Échos)

    #prêt-à-porter #lutte_de_classe

    • Zara : une mobilisation victorieuse http://www.lutte-ouvriere.org/breves/zara-une-mobilisation-victorieuse-499803.html

      En Espagne, la direction d’Inditex a accordé des augmentations de salaire de l’ordre de 20 % en moyenne selon les régions. Inditex est le géant du prêt-à-porter qui possède Zara, entre autres marques. Le groupe emploie plus de 165 000 travailleurs dans le monde dont 46 000 en Espagne.

      Les travailleuses, en majorité des vendeuses, se mobilisaient depuis des mois, multipliant les journées de grèves et les manifestations devant les magasins. Leurs salaires sont particulièrement bas. Beaucoup de vendeuses gagnent moins de 1 400 € par mois et la hausse des prix, officiellement à plus 8 % sur l’année, a fait dégringoler leur niveau de vie. Cette lutte des travailleuses de Zara est un exemple à suivre !

  • Lancée en avril de Kourou, la sonde européenne #Juice ira explorer les trois plus grosses lunes glacées de #Jupiter.

    « Juice est la première #sonde_spatiale européenne à destination d’une planète située à cette distance du système solaire », souligne Olivier Witasse, responsable scientifique de la mission Juice pour l’#Agence_spatiale_européenne (#ESA). Il poursuit en résumant son objectif essentiel : « Il s’agit de savoir si les #océans_souterrains de #lune_Callisto, #lune_Europe et #lune_Ganymède abritent des conditions propices à l’émergence à la vie. Pour y arriver, la sonde va analyser ces océans, lesquels sont situés en dessous des surfaces glacières des trois satellites. »
    Ces trois lunes, dites « #lunes_galiléennes » car observées pour la première fois en 1610 par l’astronome et physicien italien #Galilée, sont les plus massives du système jupitérien, qui en compte 79 au total. Leur point commun majeur : elles sont les seules à contenir de l’eau liquide, première condition à l’éventuelle présence de traces de vie.
    « Les instruments embarqués dans la sonde devraient déterminer les caractéristiques chimiques de leurs océans souterrains et reconstituer leur évolution », précise Francis Rocard, astrophysicien et responsable du programme d’exploration du système solaire au #Centre_national_des_études_spatiales (#CNES). « D’après nos données existantes, on pense que cette eau liquide se trouve sous 40 kilomètres d’épaisseur de glace. Certaines portions, comme des lacs souterrains, pourraient se trouver plus proches du sol. Si cette eau contient du sel dissous, ce serait déjà un premier signal de conditions propices à la vie. Mais attention, tout ceci reste à confirmer par Juice, c’est là tout son travail », prévient Olivier Witasse de l’ESA.

    (Les Échos)

    #exploration_spatiale

  • Watteau : L’Enseigne de Gersaint
    http://watteau-abecedario.org/Enseigne_de_Gersaint.htm

    Une #histoire_de_la_peinture de Watteau (en anglais) très bien documentée.

    L’Enseigne de Gersaint est une huile sur toile de grande dimension (1,66 × 3,06 m) peinte en quelques jours à l’automne 1720 par Antoine Watteau, de retour d’Angleterre et peu de temps avant sa mort.

    Différentes interprétations soulignent le rôle testamentaire et au moins la fin d’une époque, notamment on voit le portrait de Louis XIV être mis dans une malle. (Louis XIV est mort 5 ans avant)

    Berlin, Schloss Charlottenburg, Staatliche Schlösser und Gärten Berlin, inv. GK I 1200/1201
    Oil on canvas 166 x 306 cm

    Si tu ne lis pas l’anglais, tu peux voir aussi « L’ENSEIGNE, DIT L’ENSEIGNE DE GERSAINT »
    https://histoire-image.org/etudes/enseigne-dit-enseigne-gersaint

  • Le Business du bonheur

    De la légendaire Lise Bourbeau à la reine du rangement Marie Kondo, en passant par la star du développement personnel Tony Robbins, le bonheur est une industrie qui fait des millionnaires. C’est aussi une idéologie : le culte de l’optimisme, de la résilience et de la performance individuelle. Mais alors que la consommation d’antidépresseurs ne cesse d’augmenter et que les burn-out se multiplient dans nos sociétés, que cache cette obsession contemporaine pour le bonheur ?

    https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/66144
    #film #documentaire #film_documentaire
    #développement_personnel #management #positivité #bonheur #psychologie_positive #choix #marché #coaching #individualisme #science_du_bonheur #Martin_Seligman #psychanalyse #Freud #thérapie_comportementale #optimisme #pessimisme #espoir #forces_Clifton #Don_Clifton #leadership #volontarisme #self-help #protestantisme #la_recherche_du_bonheur #recherche_du_bonheur #self-made_man #méritocratie #responsabilité_individuelle #inégalités #agency (#pouvoir_d'agir) #USA #Etats-Unis #libéralisme #éducation_positive #émotions #psychologie_sociale #team-building #cache-misère #travail #chief_happiness_officer #volonté #convivialité #docilité #happiness_economics #Richard_Layard #center_of_economic_performance (#CED) #bien-être_individuel #David_Cameron #programmes_d'activation_comportementale #chômage #rapport_Stiglitz #Gallup #adaptation #privatisation_de_la_souffrance

    • Espace public genevois et héritage colonial. Les esclaves de Monsieur Gallatin. Invitation

      Madame,
      Monsieur,

      La Ville de Genève a décidé d’empoigner le sujet des hommages rendus dans l’espace public - par des monuments ou des noms de rues - à des personnalités ayant encouragé le racisme, l’esclavagisme et le colonialisme.

      Le rapport commandité par la commune auprès de MM. Mohamedou et Rodogno a été publié ce printemps : “L’idée d’effacer l’histoire n’est pas une option viable, comme celle d’invisibiliser continuellement et impunément des actions passées racistes, esclavagistes ou coloniales ne peut en être est une, affirme ce rapport. La notion même de [commémoration] dans l’espace public doit être réexaminée afin de dire l’histoire différemment et la dire entièrement.” Et, à cet effet, il est important ”d’impliquer les associations issues de la société civile, le monde associatif et les acteurs locaux, y compris les sociétés d’histoire locales ”.

      Du coup, c’est aussi le rôle des “Editions Parlez-moi de Saint-Jean”, une part intégrante de la Maison de Quartier de Saint-Jean, de lancer le débat public à partir de problématiques situées dans l’espace local, de faire émerger les questions, d’essayer de “dire l’histoire différemment et entièrement” afin de participer à l’élaboration d’une mémoire collective locale et de la réactualiser. (Pour voir les publications des éditions : https://mqsj.ch/parlez-moi-de-saint-jean#ouvrages).

      Le rapport ayant fait figurer l’Avenue De-Gallatin dans sa liste des sites et symboles genevois concernés par cette problématique, la Maison de Quartier de Saint-Jean et le Forum Démocratie participative 1203 ont décidé de consacrer un de leurs “apéros-débats” à la question des “esclaves de Monsieur Gallatin”. Vous trouverez ci-joint le flyer de cette manifestation qui renferme quelques explications supplémentaires.

      Nous espérons que cette initiative retiendra votre attention et nous nous réjouissons de vous accueillir à cet apéro-débat, jeudi prochain, 17 novembre, à 18h 30 (fin à 20 heures) à la Maison de Quartier de Saint-Jean. Nous vous remercions d’avance de bien vouloir faire circuler cette information auprès de toute personne intéressée.

      Pour la Maison de Quartier de Saint-Jean (www.mqsj.ch) :
      Pierre Varcher, membre du comité

      PS Vous pouvez consulter l’article de présentation de cet apéro-débat dans le dernier Quartier Libre, journal de la Maison de Quartier de Saint-Jean, p. 11 :


      téléchargeable :
      https://mqsj.ch/wp-content/uploads/2022/09/QL127-1.pdf

      #héritage_colonial #colonialisme #espace_public #toponymie #toponymie_politique #invisibilisation #histoire #commémoration #mémoire_collective

  • Sims pioneer Will Wright is making blockchain game VoxVerse, but is down on NFTs
    https://www.axios.com/2022/10/20/will-wright-voxverse-gala-gallium-blockchain

    Hall of fame game designer Will Wright (Sim City, The Sims) is making a blockchain video game for the masses, not for NFT shoppers, he tells Axios.

    Why it matters: Wright is the biggest name in the controversial blockchain gaming sector, in which there’s an abundance of investment and player skepticism.

    What they’re saying: “I’m much more interested in attracting a million free-to-play players than, you know, 10,000 rich whales, although we could use those rich whales,” Wright tells Axios, using common industry terminology for people who spend an inordinate amount of money on a game or the NFTs that just might be tied to it.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #will_wright #jeu_vidéo_the_sims #jeu_vidéo_les_sims #jeu_vidéo_simcity #nft #chaîne_de_blocs #blockchain #jeu_vidéo_voxverse #gallium_games #carmen_sandiego #lauren_elliott #unity #gala_games

  • Will Wright Is Making A ’Metaverse’ NFT Game On The Blockchain
    https://kotaku.com/will-wright-simcity-the-sims-nft-blockchain-metaverse-1849684767

    Legendary game designer Will Wright, who led development on not just SimCity but the original Sims as well, hasn’t really made a big video game since 2008’s Spore. He’s back in 2022, though, working on something called VOXVerse.

    It’s a social game where you mine stuff, build stuff, and talk to people. And everyone is a squat little voxel-based character. There’ll also be real estate that you buy and own, and I think you can see where this is going.

    Oh, and it’s also helping to sell NFTs. The game has been designed at Gallium Games, a studio focused on blockchain gaming (founded by both Wright and Carmen Sandiego co-creator Lauren Elliott), but the “Vox” characters at the heart of the project aren’t new characters, they’re an existing line of NFTs, which include licensed tie-ins from stuff like Trolls and The Walking Dead. The Vox characters are sold by crypto firm Gala Games, who have spent $25 million funding VOXVerse.

    #jeu_vidéo #jeux_vidéo #will_wright #jeu_vidéo_voxverse #jeu_vidéo_simcity #jeu_vidéo_the_sims #jeu_vidéo_les_sims #nft #gallium_games #blockchain #chaîne_de_blocs #carmen_sandiego #lauren_elliott

  • Météo « capricieuse » en cette fin de 18 juin 2022 ...

    A Villers-sur-Mer, un mort et cinq blessés après le passage d’une mini tornade | Le Pays d’Auge
    https://actu.fr/normandie/villers-sur-mer_14754/a-villers-sur-mer-un-mort-et-cinq-blesses-apres-le-passage-d-une-mini-tornade_5

    https://twitter.com/KeraunosObs/status/1538172593928273925

    🌡️⏬#Canicule - Peu après 16h30, le vent d’ouest est rentré par le pays basque avec une baisse brutale de 41.6°C à 29.3°C en 12 minutes à la pointe de Socoa (Saint-Jean-de-Luz). #Galerne

    Ici (53), le coup de galerne est arrivé vers 21h30. Le vent orienté au Sud, a changé quasi instantanément pour se mettre à souffler en rafales venant d’Ouest. On a perdu 8°C en 30 minutes, de 33°C à 25°C

  • Un référé liberté contre la dissolution du GALE : A Lyon, recours et craintes après la dissolution d’un groupe de militants antifascistes

    Craignant une utilisation liberticide de la loi sur le séparatisme, deux avocats saisissent en urgence le Conseil d’Etat pour contester la dissolution du groupe antifasciste Lyon et environs (GALE), par décret du ministre de l’intérieur.

    Deux avocats lyonnais ont décidé de saisir le Conseil d’Etat, mardi 5 avril, pour contester la dissolution du groupe antifasciste Lyon et environs (GALE), prononcée par décret du ministre de l’intérieur, mercredi 30 mars. Agnès Bouquin et Olivier Forray ont choisi la procédure du référé liberté, persuadés que cette dissolution soulève « une question majeure de liberté publique ». La juridiction administrative suprême a quarante-huit heures pour répondre à la procédure.

    « Il se passe quelque chose de très grave, inquiétant pour l’avenir. Le GALE a pour objet la dénonciation des discours et des violences d’extrême droite qui gangrènent notre pays, et il est réduit au silence. Le groupe a énoncé des critiques, certes fortes et marquées, en particulier contre l’usage de la force publique. Le gouvernement veut l’empêcher de s’exprimer », assène Agnès Bouquin.

    Pour Olivier Forray, « cette dissolution annoncée par le porte-parole du gouvernement, à quelques semaines du premier tour de l’élection présidentielle, c’est un acte politique au calendrier calculé. On assiste au retournement total de la loi de 1936 qui luttait contre les ligues fascistes. La loi sur le séparatisme a modifié les critères de la loi anti-ligues, et le ministre de l’intérieur a choisi de les appliquer contre une association qui précisément dénonce les dangers de l’extrême droite ».
    La loi anti-ligues de 1936 prévoyait la dissolution de groupes « qui provoquent à des manifestations armées dans la rue ». La loi sur le séparatisme, votée en août 2021, ajoute la notion « d’agissements contre des personnes et des biens ». Pour les deux juristes lyonnais, la dissolution du GALE serait « l’illustration préoccupante » de l’extension du domaine de la répression.

    Une douzaine d’infractions listées

    Pour le ministère de l’intérieur, il ne serait pas seulement question d’expression d’opinion dans le rôle du GALE dans les violences constatées à Lyon. Le décret de dissolution liste une douzaine d’infractions imputées au GALE, dont la première remonte au mois de décembre 2014, lors d’une manifestation en réaction à la mort du militant écologiste Rémi Fraisse. La manifestation non autorisée s’était soldée par des jets de projectiles contre les policiers, et plusieurs dégradations de mobilier urbain.

    « Le GALE inscrit sa stratégie dans la récurrence d’actions violentes, légitimées par un discours idéologique dirigé contre la violence et le racisme d’Etat  », dit le ministère de l’intérieur pour justifier la dissolution du groupe. Autre grief : « Ses invectives et appels à la haine contre les forces de l’ordre ainsi que les exactions et violences commises à leur encontre. » Le décret pointe slogans, messages, ou images contre les policiers, relayés par le groupe sur les réseaux sociaux.

    Il ressort du décret ministériel que les autorités gouvernementales sont persuadées de l’implication directe du GALE dans les violences qui éclatent de manière récurrente dans les manifestations lyonnaises. « Le GALE milite contre le fascisme. Rien dans le décret ne démontre factuellement son implication dans les violences », estime Agnès Bouquin.

    « Le gouvernement nous désigne comme un miroir inversé de sa violence, en décalquant l’imaginaire de la tradition maoïste des années 1970. C’est mal connaître l’évolution des mouvements d’aujourd’hui. Nous n’avons pas vocation à diriger qui que ce soit », confie au Monde Lucas, membre du groupe antifasciste depuis sa création. Le jeune homme préfère ne pas donner son nom, par « crainte d’être surveillé ».

    « Décision tristement historique »

    A Lyon, confrontée à la récurrence des violences politiques de tous bords, la dissolution du GALE prend une résonance particulière. « C’est la première fois en quarante ans qu’un gouvernement français décide de dissoudre un groupe d’extrême gauche, s’émeuvent les sénateurs (EELV) de Lyon Thomas Dossus et Raymonde Poncet-Monge. Cette décision tristement historique a été prise dans un contexte politique où l’extrême droite est aux portes du pouvoir. » Ils s’étonnent de la répression contre des militants antifascistes, alors que « des locaux ouvertement tenus par des fascistes restent ouverts ». Les élus font allusion au Rempart, association basée dans le Vieux-Lyon, qui semble reconstituer les groupuscules lyonnais d’extrême droite, après la dissolution de Génération identitaire et du Bastion social.

    La question de la lutte contre la violence d’ultradroite a fait l’objet d’un vif échange entre le maire de Lyon et le ministre de l’intérieur. Dans un courrier du 25 janvier, adressé à Gérald Darmanin, Grégory Doucet s’est inquiété de la « recrudescence préoccupante et inacceptable des faits de violence revendiqués par les mouvements d’ultradroite ». Le maire de Lyon (EELV) a demandé la dissolution du Rempart.
    En réponse, le ministre de l’intérieur a accusé l’élu écologiste de faiblesse sécuritaire, en déplorant l’insuffisance de vidéosurveillance dans la ville. Il lui a aussi reproché d’avoir prêté un espace culturel pour un concert antifas où des slogans ont visé la police. « Il m’apparaît tout aussi nécessaire d’agir contre les menaces que profèrent des groupes d’ultragauche et les violences qu’ils commettent », a fustigé Gérald Darmanin, le 15 février. Un courrier prémonitoire, six semaines avant la dissolution du GALE.

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/04/05/a-lyon-recours-et-craintes-apres-la-dissolution-d-un-groupe-de-militants-ant

    #GALE #dissolution_du_GALE #antifascisme #répression #libertés_publiques

  • Groupe Antifasciste Lyon et Environs (GALE) / #Décret du 30 mars 2022 portant #dissolution d’un groupement de fait - Légifrance
    https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000045442100

    Considérant qu’aux termes de l’article L. 212-1 du code de la sécurité intérieure : « Sont dissous, par décret en conseil des ministres, toutes les associations ou groupements de fait : 1° Qui provoquent à des manifestations armées ou à des agissements violents à l’encontre des personnes ou des biens ; […] » ; qu’en application de l’article L. 212-1-1 du même code « Pour l’application de l’article L. 212-1, sont imputables à une association ou à un groupement de fait les agissements mentionnés au même article L. 212-1 commis par un ou plusieurs de leurs membres agissant en cette qualité ou directement liés aux activités de l’association ou du groupement, dès lors que leurs dirigeants, bien qu’informés de ces agissements, se sont abstenus de prendre les mesures nécessaires pour les faire cesser, compte tenu des moyens dont ils disposaient » ;

    Considérant que le « Groupe Antifasciste Lyon et Environs » (#GALE), fondé en 2013, dont A est l’un des dirigeants de fait, constitue un groupement incitant à la haine et à la violence rassemblant de vingt à trente membres actifs et sympathisants ; qu’il s’identifie au travers de symboles communs, tels que son nom, son slogan « Pour un #antifascisme autonome et révolutionnaire », son logo présent sur les publications des réseaux sociaux du groupement mais aussi sur des drapeaux, stickers, affiches et banderoles ; qu’enfin il utilise les réseaux sociaux comme vitrine de ses idées et agissements et a créé à cette fin plusieurs comptes qui disposent d’une audience de plusieurs milliers de membres ; que l’ensemble de ces éléments permet ainsi d’établir l’existence d’un groupement de fait au sens de l’article L. 212-1 du code de la sécurité intérieure ;

    Considérant en premier lieu que le GALE inscrit sa stratégie dans la récurrence d’actions violentes, légitimées par un discours idéologique dirigé contre ce qui est présenté comme la violence et le racisme d’Etat ; qu’ainsi depuis 2014, le GALE a été à l’origine d’au moins six appels à #manifestations_non_déclarées ayant généré des troubles à l’ordre public au cours desquelles ses membres ont été impliqués dans des faits de violence en réunion et de dégradations ; que plus récemment, le 3 avril 2021, à l’initiative de A, 80 militants d’ultra-gauche, dont des membres du GALE parmi lesquels B, ont déambulé dans Lyon pour dénoncer les dégradations commises le 20 mars 2021 contre la librairie autogérée « La Plume Noire » et attribuées à des groupes d’extrême-droite et ont, à cette occasion, pris à parti les forces de l’ordre, victimes de jets de projectiles ; que le 4 avril 2021, au lendemain d’une rixe ayant opposé des membres des communautés turque et kurde, 200 personnes dont des militants du GALE parmi lesquels son dirigeant, ont formé une manifestation non déclarée afin de manifester leur soutien à la cause kurde en saccageant un commerce d’alimentation turc ; qu’à l’occasion du défilé du 1er mai 2021 à Lyon, le GALE a appelé sur sa page Facebook à une contre-manifestation au cours de laquelle ses membres et son dirigeant ont perpétré des violences à l’encontre de manifestants de la CGT ou des forces de l’ordre avec des pétards et mortiers d’artifices, blessant ainsi 27 fonctionnaires de police, les images de ces exactions ayant été largement partagées sur des réseaux sociaux par le GALE qui les a revendiquées et cautionnées ; que, de même, le 28 août puis le 4 septembre 2021, des sympathisants du GALE ont pris part à des manifestations contre le passe sanitaire, lesquelles se sont accompagnées de provocations et de jets de projectiles à l’encontre des forces de l’ordre, que dans les suites de la manifestation du 28 août, le tribunal judiciaire de Lyon a condamné quatre membres et sympathisants du GALE le 4 novembre 2021 à une peine contraventionnelle pour violences volontaires sans ITT ; que de manière générale le GALE revendique expressément « l’action directe comme un outil de lutte » et avoir « relayé ces dernières années plusieurs actions directes contre les groupes fascistes organisés et contre les symboles du capitalisme et de la répression », telles que la dégradation des locaux du bastion social [tiens un groupement, sans majuscule] , l’attaque du local des Identitaires de Lyon, l’attaque de l’Institut des sciences sociales, économiques et politiques (ISSEP) à Confluence, l’attaque des locaux de la police aux frontières à Lyon-Part Dieu ou celle du consulat de Turquie à Lyon ;

    #Libertés_publiques #répression

  • La fièvre du lithium gagne le Portugal
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/02/04/la-fievre-du-lithium-gagne-le-portugal_6112250_3234.html

    « Nous n’avons rien d’autre que cette nature et, en même temps, nous avons tout ce dont nous avons besoin, souffle cette agricultrice de 43 ans, qui élève, avec son mari, vingt-six vaches de la race autochtone barrosa, dont la viande est réputée dans tout le pays. Il n’y a pas de boutiques, pas de cinéma, mais ce paysage n’a pas de prix, de même que la qualité des produits de la terre et la pureté de l’eau des rivières. Avec 500 euros, nous vivons mieux que ceux qui, en ville, en gagnent 1 500. Mais si la mine vient, nous perdrons tout et nous devrons partir… »

    #paywall 😶

    • Sur le promontoire rocheux qui domine « sa » vallée, Aida Fernandes ouvre les bras en grand, comme pour embrasser les collines verdoyantes qui lui font face, où serpentent des chemins de campagne. Rien ne vient troubler le silence qui règne sur ce paysage idyllique de bocages. Pas même le bruit des vaches à longues cornes, que l’on croise, plus souvent que les hommes, sur les routes en lacet qui mènent à #Covas_do_Barroso, hameau de 180 âmes du nord du Portugal.

      « Nous n’avons rien d’autre que cette nature et, en même temps, nous avons tout ce dont nous avons besoin, souffle cette agricultrice de 43 ans, qui élève, avec son mari, vingt-six vaches de la race autochtone barrosa, dont la viande est réputée dans tout le pays. Il n’y a pas de boutiques, pas de cinéma, mais ce paysage n’a pas de prix, de même que la qualité des produits de la terre et la pureté de l’eau des rivières. Avec 500 euros, nous vivons mieux que ceux qui, en ville, en gagnent 1 500. Mais si la mine vient, nous perdrons tout et nous devrons partir... »

      Alors que la #Serbie a annoncé par surprise, le 20 janvier, qu’elle mettait un terme au projet d’exploitation de mines de lithium le long de la rivière #Jadar, dans l’ouest du pays, par l’entreprise anglo-australienne #Rio_Tinto, après des mois de manifestations massives, le Portugal est sur le point de faire l’inverse. Lisbonne pourrait débloquer dans les prochaines semaines le projet de la plus grande mine à ciel ouvert d’Europe de l’Ouest de ce minerai stratégique, utilisé dans la fabrication des batteries des voitures électriques, sur les terres peu habitées de la région de #Barroso, classée au #Patrimoine_agricole_mondial, à 150 kilomètres au nord-est de Porto.

      Six nouvelles zones

      La société #Savannah_Resources, implantée à Londres, travaille sur le projet depuis 2017. Elle a obtenu le permis d’exploration et déjà réalisé les prospections qui lui ont permis d’identifier des gisements de #spodumène, des #minéraux très riches en lithium, renfermant près de 287 000 tonnes du précieux #métal. De quoi produire les #batteries de 500 000 #véhicules_électriques par an pendant une dizaine d’années, grâce à un projet de #mine_à_ciel ouvert de 542 hectares, comprenant quatre cratères profonds et un immense terril.

      Il reste encore à cette société d’investissement britannique à rédiger la version définitive de l’étude de faisabilité, qui doit déterminer la #rentabilité du projet, le #coût de la production étant considérablement plus élevé que celui des bassins d’évaporation des saumures dont est extrait le lithium d’Amérique latine, où se trouvent les principales réserves mondiales. Et elle n’attend plus que l’avis des autorités portugaises sur l’étude d’#impact_environnemental. Les conclusions, imminentes, ont été repoussées après les élections législatives anticipées, qui ont eu lieu dimanche 30 janvier au Portugal.

      S’il n’y a pas de contretemps, #Savannah espère commencer à produire du lithium dans deux ans, et promet pour cela 110 millions d’euros d’investissement. Elle n’est pas la seule à avoir flairé le filon. Les réserves de lithium ont éveillé l’appétit de nombreuses compagnies nationales et internationales, en particulier australiennes, qui ont déposé des demandes de prospections, ces dernières années. Et ce mercredi 2 février, le ministère de l’environnement portugais a donné son accord pour que des prospections soient lancées dans six nouvelles zones du pays. Leurs droits seront attribués grâce à un appel d’offres international dans les deux prochains mois.

      Non seulement le gouvernement portugais du premier ministre socialiste, Antonio Costa, qui vient d’être reconduit au pouvoir avec une majorité absolue à l’Assemblée, est favorable à la production de lithium, considéré comme essentiel à la #transition_énergétique. Mais, assis sur des réserves confirmées de 60 millions de tonnes, les plus importantes de l’Union européenne, il souhaite qu’une #industrie_métallurgique de pointe se développe autour des mines. « Le pays a une grande opportunité économique et industrielle de se positionner sur la chaîne de valeur d’un élément crucial pour la #décarbonation », a encore déclaré, en décembre 2021, le ministre de l’environnement, Joao Pedro Matos Fernandes, qui espère qu’ « aucun gramme de lithium ne s’exportera .

      L’enjeu est prioritaire pour le Portugal. Et pour l’Union européenne, qui s’est fixé comme objectif d’atteindre 25 % de la production mondiale de batteries d’ici à 2030, contre 3 % en 2020, alors que le marché est actuellement dominé par la Chine. Et les #fonds_de_relance européens #post-Covid-19, qui, pour le Portugal, s’élèvent à 16,6 milliards d’euros, pourraient permettre de soutenir des projets innovants. C’est, en tout cas, ce qu’espère la compagnie d’énergie portugaise #Galp, qui, en décembre 2021, s’est unie au géant de la fabrication de batterie électrique suédois #Northvolt pour créer un joint-venture, baptisé #Aurora, pour la construction, d’ici à 2026, de « la plus importante usine de transformation du lithium d’Europe », à #Sines ou à #Matosinhos.

      Avec une capacité de production annuelle de 35 000 tonnes d’hydroxyde de lithium, cette usine de #raffinage pourrait produire 50 gigawattheures (GWh) de batteries : de quoi fournir 700 000 #voitures_électriques par an. Le projet, qui espère bénéficier des fonds de relance européens et aboutir en 2026, prévoit un investissement de 700 millions d’euros et la création de 1 500 #emplois directs et indirects. « C’est une occasion unique de repositionner l’Europe comme leader d’une industrie qui sera vitale pour réduire les émissions globales de CO2 », a souligné le président de Galp, Andy Brown, lors de la présentation. « Cette initiative vient compléter une stratégie globale basée sur des critères élevés de #durabilité, de #diversification des sources et de réductions de l’exposition des #risques_géopolitiques », a ajouté le cofondateur de #Northvolt, Paolo Cerruti. La proximité de mines serait un atout.

      Résistance

      D’autres projets de #raffinerie sont en cours de développement, comme celui de l’entreprise chimique portugaise #Bondalti, à #Estarreja, au sud de Porto, qui a annoncé en décembre 2021 s’être associée à la compagnie australienne #Reed_Advanced_Materials (#RAM). Mais, dans les régions convoitées, la #résistance s’organise et les élus se divisent sur la question. Le maire de la commune de #Boticas, à laquelle est rattachée Covas de Barroso, du Parti social-démocrate (PSD, centre droit), doute publiquement de sa capacité à créer de la richesse localement, et craint qu’elle ne détruise le #tourisme rural, la #gastronomie et l’#agriculture. Tandis qu’à 25 kilomètres de là, à #Montalegre, où la compagnie portugaise #Lusorecursos entend construire une mine à ciel ouvert sur une surface de 825 hectares avec une raffinerie, le maire socialiste, Orlando Alves, y est a priori favorable, à condition qu’elle obtienne la validation de son étude d’impact environnemental .

      « C’est une occasion de combattre le #dépeuplement, explique-t-il. La réalité actuelle du territoire, c’est que les gens émigrent ou s’en vont dans les grandes villes, que les jeunes partent pour faire leurs études et ne reviennent pas. Sans habitant, il n’y aura plus de #tourisme_rural ni d’agriculture... » Au gouvernement, on essaie aussi de rassurer en rappelant que le pays compte déjà vingt-six mines de #feldspath « semblables à celle du lithium » .

      « Près de 125 exploitations agricoles et la réserve de biosphère transfrontalière #Gerês-Xures se trouvent dans un rayon de 5 kilomètres autour du projet de #Montalegre. Et, ces derniers temps, des jeunes reviennent pour devenir apiculteurs ou produire des châtaignes... », rétorque Armando Pinto, 46 ans, professeur et coordinateur de la plate-forme #Montalegre_com_Vida (« Montalegre vivante »). Le 22 janvier, près de 200 personnes ont manifesté dans les rues de cette commune dominée par les ruines d’un château médiéval.

      Conscient de l’importance de rallier l’opinion publique, lors d’une conférence sur les « #mines_vertes » , organisée en mai 2021, le ministre Matos Fernandes a insisté sur l’importance « d’aligner les intérêts de l’#économie et de l’#industrie en général avec ceux des communautés locales », pour qu’elles perçoivent des « bénéfices mutuels . Pour y remédier, le directeur général de Savannah, #David_Archer, a assuré qu’il tâchera de recycler l’#eau utilisée sur place, qu’il investira près de 6 millions d’euros pour construire une #route de contournement du village, qu’il créera 200 #emplois_directs, ou qu’il versera des #fonds_de_compensation de 600 000 euros par an pour les communautés affectées par la mine. Sans parvenir à convaincre les habitants de Covas, dont le village est parsemé de graffitis clamant « #Nao_a_minas » (« non aux mines »).

      « Pas de #sulfure »

      « Il y a toujours des impacts, mais si le projet est bien bâti, en utilisant les dernières technologies pour le traitement et l’#exploitation_minière, elles peuvent être très acceptables, estime l’ingénieur Antonio Fiuza, professeur émérite à l’université de Porto. L’avantage est que les roches qui renferment le lithium sont des #pegmatites qui ne contiennent pas de sulfures, ce qui rend le risque de #contamination de l’eau très limité. » Selon ses calculs, si l’intégralité des réserves connues de lithium du Portugal est exploitée, elles pourraient permettre la construction de batteries pour 7,5 millions de véhicules électriques.

      « Pour nous, un projet si grand pour un si petit territoire, c’est inconcevable. Nous sommes tous des petits fermiers et il n’y a pas d’argent qui compense la destruction des montagnes », résume Aida Fernandes. Ses deux jeunes enfants sont scolarisés à Boticas, à une vingtaine de kilomètres de là. Il n’y a que quatre autres enfants à Covas do Barroso, un hameau sans école, ni médecin. « Il y a bien sûr des problèmes dans les villages de l’intérieur du pays, mais les mines ne peuvent pas être une solution, dit Nelson Gomes, porte-parole de la plate-forme Unis en défense de Covas do Barroso. On n’est pas des milliers ici et personne ne voudra travailler dans des mines. Des gens viendront d’ailleurs et nous, on devra partir. Quand les cours d’eau seront déviés et pollués, les terres agricoles détruites et que la mine fermera, douze ans plus tard, que se passera-t-il ? Ils veulent nous arracher un bras pour nous mettre une prothèse... »

      https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/02/04/la-fievre-du-lithium-gagne-le-portugal_6112250_3234.html

      #lithium #Portugal #mines #extractivisme
      #green-washing #Europe

  • #Israel : Mobileye lance un programme-pilote de voitures autonomes à #Paris
    https://fr.timesofisrael.com/mobileye-lance-un-programme-pilote-de-voitures-autonomes-a-paris

    Les employés d’un magasin de luxe pourront réserver des déplacements pour se rendre à leur travail dans des "robotaxis


    Un véhicule autonome à l’essai à Paris, alimenté par Mobileye, au mois de décembre 2021. (Crédit : Mobileye)

    La compagnie Mobileye, qui développe des systèmes de conduite autonome, a annoncé jeudi qu’elle allait mettre en œuvre un programme-pilote de trajets sur demande à Paris en collaboration avec une firme de transport public française.

    Mobileye, filiale d’Intel, a reçu une autorisation pour faire des essais de ses véhicules autonomes à Paris, ce qui ajoute la capitale française à une liste croissante de villes où la compagnie teste actuellement ses technologies de conduite autonome. Parmi ces villes, Detroit, New York City, Tokyo, et Jérusalem ainsi que Tel Aviv et Munich, où Mobileye va lancer des taxis autonomes et des services de VTC ou « robotaxis » l’année prochaine.

    Les personnes qui souhaitent avoir accès à ce service pourront le faire à travers Moovit, la compagnie israélienne de données de transit rachetée par Intel l’année dernière pour un montant d’environ 900 millions de dollars. Moovit a développé l’application MoovitAV pour les clients désireux de faire du covoiturage avec Mobileye.

    Dans la phase initiale, les employés des Galeries Lafayette, un magasin de luxe parisien, pourront jouir de ce service en demandant ou en programmant un déplacement pour se rendre à la célèbre enseigne du Boulevard Haussmann, quatre jours par semaine. Ce projet-pilote est lancé en partenariat avec l’entreprise française de transport public RATP.

    Ces véhicules, lors de l’essai, pourront transporter deux passagers à la fois. Ils seront accompagnés par un chauffeur de Mobileye, qui sera chargé d’intervenir en cas de problème, et d’un « co-pilote » de la RATP.

    « La conduite autonome dans les rues de Paris est un nouveau tournant dans notre volonté de mettre en œuvre notre vision de mobilité autonome inclusive. Nous sommes heureux de non seulement avoir obtenu cette autorisation de lancer notre programme-pilote mais aussi de le faire aux côtés de partenaires importants à Paris », a déclaré Johann Jungwirth, vice-président du département de la Mobilité en tant que service au sein de Mobileye, dans un communiqué publié jeudi.


    Un véhicule autonome à l’essai à Paris, alimenté par Mobileye, au mois de décembre 2021. (Crédit : Mobileye)

    Côme Berbain, directeur de l’innovation à la RATP, explique que « c’est une opportunité pour la RATP de tester quelque chose de totalement nouveau – un service de voitures autonomes pour les entreprises – mais c’est également l’occasion de tester l’intégration possible de la technologie des véhicules autonomes pour d’autres modes de transport, comme les bus ou les minibus ».

    Cette nouvelle, rendue publique jeudi, survient une semaine après l’annonce par Intel de son projet de faire entrer Mobileye sur le marché boursier en 2022 avec une évaluation d’approximativement 50 milliards de dollars. Intel avait acheté Mobileye en 2017 pour plus de 15 milliards de dollars. La compagnie avait été cotée en 2014 à la bourse de New York.

    Intel a expliqué que cette initiative permettra de « débloquer la valorisation de Mobileye pour les actionnaires d’Intel en créant une entreprise cotée en bourse, ce qui développera encore les réussites de Mobileye au service de son large marché ».

    Intel a précisé que la firme resterait actionnaire majoritaire de Mobileye et que les deux entreprises continueraient à travailler ensemble « à la poursuite de la croissance informatique dans ce secteur de l’automobile ». L’équipe en charge de Mobileye restera en place et le co-fondateur de la compagnie, Amnon Shashua, conservera son poste de directeur-général.

    La multinationale a expliqué que Mobileye s’attendait à générer 40 % de revenu de plus en 2021 en comparaison avec l’année dernière, à travers un certain nombre de produits et de programmes en place, avec plus d’une trentaine de fabricants automobiles et autres partenaires dans le monde.

    Mobileye joue un rôle déterminant dans les opérations globales d’Intel. Au début de l’année, Intel avait indiqué investir 400 millions de dollars dans une nouvelle structure de Recherche & Développement pour Mobileye, devenu le pôle principal de développement de véhicules autonomes pour Intel. Une fois que le centre sera construit, Mobileye devait employer 4 000 personnes supplémentaires.

    « Mobileye est une entreprise connaissant une croissance majeure qui sera assurément un acteur important de l’avenir d’Intel », a souligné la firme.


    ¨ Une voiture Mobileye à New York City, en juillet 2021. (Autorisation) _

    Mobileye avait commencé à tester des véhicules autonomes à Munich, l’année dernière, après avoir obtenu une autorisation pour son programme-pilote de la part du fournisseur de services techniques indépendant TÜV SÜD. Cela avait été le tout premier programme de ce type lancé en Europe qui s’était inspiré du programme qui avait été mis en place en Israël, où Mobileye teste des véhicules autonomes depuis 2018.

    De plus, Mobileye a établi un certain nombre de partenariats qui sont en cours concernant la délivrance de systèmes de conduite autonome à la start-up californienne Udelv, qui prévoit de déployer une flotte de véhicules de livraison autonomes sur les routes d’ici deux ans. L’entreprise Mobileye s’est aussi associée à deux firmes françaises concernant le développement et le déploiement conjoint de navettes commerciales autonomes de transport en commun en Europe en 2023.

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