• Arrivera-t-on à nourrir Paris avec des fermes urbaines ?

    Manifestement non, mais jardiland veut bien nous vendre des kits loisir-déco pour potagers d’intérieur.
    https://www.liberation.fr/france/2019/02/14/arrivera-t-on-a-nourrir-paris-avec-des-fermes-urbaines_1709305

    Voici donc Philippe Pont-Nourat, directeur des relations internationales de Sodexo France. Chaque jour, ce leader de la restauration collective nourrit 2,5 millions de personnes en France (dont Libération). Vu la nature de son activité, cette firme n’est pas étanche aux débats du moment. « Et donc, on s’est dit qu’on allait faire un potager sur le toit de notre siège, à Issy-les-Moulineaux [dans les Hauts-de-Seine] », a ainsi annoncé Philippe Pont-Nourat.
    Rendement bas

    Ce n’est pas gratuit, cela coûtera 31 000 euros, y compris les dispositifs de communication. Mais surtout, c’est un métier. « On a commencé au printemps et cette année, le climat n’était pas formidable. En plus, comme on est en hauteur, on n’avait pas prévu l’effet du vent. » Bref, le rendement était tellement bas que « la botte de persil aurait même été trop chère pour un chef étoilé ! »

    Néanmoins, « l’impact sur les salariés a été très intéressant. Ils ont découvert l’hydroponie, allaient voir où en étaient les carottes. Et ils pouvaient réserver des paniers ». On ignore quelle a été la part de ces musettes dans le budget alimentation des salariés de Sodexo.

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    Mais pour la population générale, il ne faut pas se faire d’illusions : « Ce n’est pas avec des fermes urbaines que l’on va nourrir des villes comme Paris. » Qui dit ça ? Le directeur général d’InVivo « premier groupe agricole coopératif français » dixit son site, Thierry Blandinières. Certes, admet-il, il existe une forte demande de production locale et « ça permet à beaucoup d’agriculteurs dans des exploitations de petite taille de trouver là un revenu de complément ».
    « Prouesse »

    Cela dit, pour lui, il n’y a aucun doute : « Le tout bio est impossible pour nourrir 9 milliards d’habitants », chiffre probable de la population mondiale à brève échéance (les Nations unies tablent sur une population de 9,7 milliards d’individus en 2050). Mais comme InVivo est aussi propriétaire des jardineries Gamm Vert, Jardiland et Delbard, il n’est pas question de désespérer le client. « Nous avons décidé de réinventer le potager à partir de nos magasins. » Ah oui ? « Nous leur ajoutons des boutiques où l’on trouve les produits des cultivateurs locaux. »

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    Très bien. D’ailleurs, même le président directeur général de la Semmaris (le marché de Rungis), Stéphane Layani, le reconnaît : « Je suis sûr qu’il y a une demande de produits locaux et de circuits courts. » Au demeurant, « Rungis écoule les deux tiers de la production agricole de l’Ile-de-France ». Mais là encore, pas d’illusions à se faire : « Cela équivaut à 1,2% des besoins alimentaires de l’Ile-de-France. Donc, vous ne nourrirez pas la ville avec des toits plantés. » Et même pas avec le maraîchage de la Seine-et-Marne. Mince.

    Consolons-nous avec « le succès du modèle de Rungis à l’international ». Le site, au sud de Paris, « est plein comme un œuf » mais, son patron l’assure : « Des métropoles viennent nous voir pour reproduire ce modèle. » A savoir : « C’est une prouesse de nourrir chaque jour les Franciliens. Avec notre système d’approvisionnement, qu’il pleuve, qu’il neige, tous les matins, vous aurez du bonheur dans votre assiette ! » Un instant de lyrisme dans un colloque. Très rare.

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