• « Nous sommes le 5 janvier et le protocole sanitaire annoncé le 2 par Blanquer pour entrer en pratique le 3 est déjà abandonné car il est inapplicable.
    Ce n’est pas de l’amateurisme, c’est une mise en danger délibérée.
    Une seule réponse, le droit de retrait.
    #BlanquerDemission »


    https://twitter.com/realmarcel1/status/1478729350719680524?cxt=HHwWmMC5ydCgwIUpAAAA
    Rupture de stocks d’auto tests, le ministre autorise que les tests à J+2 et J+4 ne soient pas réalisés, donc le Mininistère de l’éducation s’assoit sur le protocole qu’il met en place ! #COVID19 #ProtocoleTousInfectes

  • Débordée par le Covid, l’Éducation nationale envoie des pions remplacer des enseignants (ben voyons !)

    https://www.mediapart.fr/journal/france/240321/debordee-par-le-covid-l-education-nationale-envoie-des-pions-remplacer-des

    Des professeurs considérés comme « vulnérables » sont remplacés par des surveillants sans formation ni rémunération adéquates, d’après une enquête de Mediapart. Face à l’augmentation des cas de Covid diagnostiqués chez les enseignants, leur vaccination est envisagée à partir de la « mi-fin avril », a annoncé mardi Emmanuel Macron.

    « Qui êtes-vous pour donner des cours d’anglais à ma fille ?! Vous n’êtes qu’une pionne. » Julie* n’a pas attendu qu’un parent formule cette question pour se la poser. En poste depuis trois ans, cette assistante d’éducation (AED) s’est retrouvée pour la première fois propulsée derrière le bureau d’un professeur en décembre, dans un collège de l’académie de Rennes. Trois mois plus tard, en plus de son travail de surveillante, elle assure toujours des cours. Et d’après notre enquête, elle est loin d’être la seule.

    Depuis la crise sanitaire, les enseignants considérés comme vulnérables sont autorisés à faire cours par visioconférence, avec des AED chargés de surveiller leur classe en présentiel. Soit. Mais lorsque le télétravail est impossible, ces professeurs bénéficient d’une « autorisation spéciale d’absence » (ASA) et, faute de remplaçants disponibles dans les pools dédiés des académies, de plus en plus d’établissements bricolent et font appel aux pions.

    Pour sa part, Lise* a découvert son nouvel emploi du temps un lundi matin, affiché en salle de vie scolaire : « Il était écrit que nous devions être présents pour un nouveau dispositif appelé “Aide Maths”, “Aide Anglais”… Personne n’avait été prévenu à l’avance, il n’y avait pas d’autre information. » Avec d’autres surveillants, dans ce collège de l’académie de Nantes, ils comprennent qu’ils doivent assurer les cours des professeurs en « autorisation spéciale d’absence », en plus de leur travail habituel. Ce n’est certes pas à eux de préparer les leçons : les enseignants transmettent des exercices, des évaluations, des vidéos, parfois des cours théoriques. Mais c’est bien aux AED d’animer seuls la classe, de faire interagir les élèves et de répondre à leurs questions.

    Une situation « compliquée » qu’ont vécue Julie, Camille*, Clarisse* et Aurore*, AED dans des établissements différents, et qui ont toutes requis l’anonymat pour se confier à Mediapart. « Au départ, nous devions seulement surveiller les cours en visioconférence d’une professeure de sciences de la vie et de la terre, confie ainsi Aurore, qui travaille depuis septembre 2020 dans un collège de l’académie de Lille. Mais c’était trop compliqué à mettre en place. Alors, elle nous a envoyé des polycopiés que nous avons dû distribuer en classe. Sauf que plusieurs fois, on s’est retrouvés sans travail complet ni consignes claires. »

    [...]

    Des AED sont « livrés à [eux]-mêmes » devant des classes difficiles. « Les élèves s’étaient mis d’accord pour mettre le bazar, se souvient Aurore. Ils se levaient à tour de rôle, faisaient tomber leurs règles, criaient des mots au hasard. Je ne pouvais rien faire, c’était l’horreur. » Julie note cependant que certaines classes l’ont déjà remerciée. « C’est mieux que le distanciel pour eux. Ça permet de limiter la casse. »

    Sollicité par Mediapart, le ministère de l’éducation nationale ne confirme pas ce phénomène inédit ni ne dément. Il se borne à évoquer « des situations locales très tendues » et « des solutions pragmatiques trouvées par des chefs d’établissement qui doivent faire au mieux ».

    Marion Fontaine, journaliste indépendante, signe là son premier article dans Mediapart.

    • Il arrive que les AED n’aient pas accès aux documents envoyés, que les enseignants décrochent. « La professeure d’anglais que je remplaçais n’avait pas envoyé de cours, j’ai dû improviser », déplore ainsi Camille, surveillante dans un collège de l’Oise.

      Les matières sont souvent attribuées de façon aléatoire, sans prendre en compte le niveau ou les compétences des surveillants – de jeunes étudiants dans bien des cas. « On est confronté à des matières qu’on ne maîtrise pas alors que nous sommes là pour aider les élèves », regrette Lise. « Comment faire si on nous pose une question sur le cours ? s’inquiète Aurore. Même si c’est niveau collège, je n’ai aucune compétence en sciences. »

      Lorsque Clarisse, AED dans l’académie de Montpellier, fait part de ce problème à son conseiller principal d’éducation (CPE), celui-ci lui tend un livre de grammaire et lui répond : « Tiens, tu as toutes les explications là-dedans. » « C’est grave, tonne-t-elle, car nous mettons en échec des élèves. »

      Les élèves ne comprennent pas non plus ce que viennent faire leurs surveillants en classe. Beaucoup vivent mal ces remplacements, ne comprennent pas si ce sont de vrais cours, de l’aide aux devoirs ou des heures d’études facultatives, et sont tentés de sécher. « En tant qu’AED, le rapport que nous avons avec eux est complètement différent de celui qu’ils ont avec un prof, note Lise. Donc, à partir du moment où on veut jouer le rôle d’enseignant, c’est chaotique. On se retrouve à gueuler, à être plus sévères pour essayer d’avoir de l’autorité. »

      Des AED sont « livrés à [eux]-mêmes » devant des classes difficiles. « Les élèves s’étaient mis d’accord pour mettre le bazar, se souvient Aurore. Ils se levaient à tour de rôle, faisaient tomber leurs règles, criaient des mots au hasard. Je ne pouvais rien faire, c’était l’horreur. » Julie note cependant que certaines classes l’ont déjà remerciée. « C’est mieux que le distanciel pour eux. Ça permet de limiter la casse. »

      Sollicité par Mediapart, le ministère de l’éducation nationale ne confirme pas ce phénomène inédit ni ne dément. Il se borne à évoquer « des situations locales très tendues » et « des solutions pragmatiques trouvées par des chefs d’établissement qui doivent faire au mieux ».

      Avec le Covid-19, les profs en ASA, les enseignants contaminés ou les « cas contacts », l’Éducation nationale affronte, il est vrai, une crise du « remplacement » sans précédent, alors que les pools de professeurs dédiés, dans chaque académie, sont sous-dimensionnés depuis des années.

      Ainsi, ces derniers jours, dans le Rhône, on regroupe des CP et CE1 de zone d’éducation prioritaire théoriquement « dédoublés », pour récupérer un peu de marge ; dans le Nord, des directeurs d’écoles renoncent à leurs décharges…

      En novembre, la rue de Grenelle a certes débloqué des enveloppes « exceptionnelles » pour trois mois : de quoi financer 6 000 contrats temporaires dans le premier degré, 8 000 dans le second degré. Mais s’il était bien question d’enseignants dans le premier cas, il s’agissait exclusivement d’AED dans le second !

      « Le ministère de l’éducation nationale n’a pas anticipé les besoins de remplacement propres à la crise sanitaire, dénonce Sophie Vénétitay, secrétaire générale adjointe du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire. Alors, il a répondu à la question du remplacement des professeurs en autorisation spéciale d’absence par le recrutement d’AED, considérés comme une variable d’ajustement. »

      Depuis, « les moyens ouverts n’ont pas tous été consommés », souligne la Rue de Grenelle : seuls 2 700 contrats ont été signés en collèges et lycées (sur les 8 000 autorisés). Sous-entendu : les établissements ne seraient pas si demandeurs… Début mars, le ministre Jean-Michel Blanquer, qui se vante d’éviter à la France la « catastrophe éducative mondiale » que la fermeture des établissements représente, a donc décidé de reconduire ces enveloppes « exceptionnelles » jusqu’en juin, mais à hauteur de 3 000 contrats seulement dans le secondaire.

      Pour tenter de mesurer l’ampleur des substitutions de pions à des enseignants, Mediapart s’est tourné vers plusieurs académies. Celle de Rennes a été la seule à nous répondre, pour reconnaître des remplacements qui « interviennent dans le cadre de l‘organisation hybride des cours et de la continuité pédagogique ». « Les AED ne remplacent pas stricto sensu les professeurs absents mais accueillent les élèves en présentiel et surveillent et proposent des travaux préparés en amont par les professeurs. » Dans l’idéal…

      Elle insiste sur le fait que « beaucoup d’AED [qui font des remplacements] se destinent au métier d‘enseignant et sont engagés dans un cursus de préprofessionnalisation ». En réalité, pas toujours.

      Le recours occasionnel à des surveillants « a toujours existé », réagit Alexis Torchet, secrétaire national du syndicat SGEN-CFDT, interrogé par Mediapart. Mais dans un cadre bien défini : pour prendre seul en charge une classe, l’AED doit être inscrit en première année de master dans la matière concernée. Par ailleurs, « soit c’est sur un temps court, et le surveillant est payé en heures supplémentaires. Soit c’est un temps long, et alors le contrat d’AED est suspendu et l’intéressé signe un CDD ».

      Dans tous les cas, l’arrangement « doit être consenti, reconnu par un contrat et payé », insiste Alexis Torchet. La rémunération mensuelle est alors de 980 euros pour huit heures par semaine – là où le salaire d’Aurore, par exemple, s’élève à 624 euros net pour 18 heures par semaine.

      Or, les surveillant·e·s interrogées par Mediapart sont catégoriques : outre le fait qu’elles ne se destinent pas systématiquement au métier d’enseignantes et que ces remplacements leur ont été imposés, aucun contrat n’a été signé et aucune rémunération supplémentaire n’est prévue. « Ce n’est pas normal, grince Julie. Certes, à titre personnel, c’est très intéressant, valorisant… Mais ça reste un boulot supplémentaire qu’on n’a pas à faire. »

      Lise critique ce dispositif fait « à l’arrache », qui empiète sur les autres tâches des AED. Tout en s’estimant chanceuse : « J’avais seulement un cours à faire par semaine. D’autres collègues se sont retrouvés à faire huit heures hebdomadaires. »

      « Sans les AED, le collège ne tourne pas, résume Aurore. Le protocole sanitaire nous monopolise beaucoup, alors si en plus on se retrouve à faire des remplacements de matières… »

      Depuis des mois déjà, sans avoir jusque-là dénoncé cette surcharge de travail, les AED pointent le manque d’effectifs et de moyens, la précarisation de leur métier, et luttent pour davantage de reconnaissance. « Nous avons l’impression d’être des bouche-trous », lance Julie. Dans le collège de Clarisse, « ça devient ingérable, tout le monde est à bout ».

      Mardi 23 mars, en déplacement à Valenciennes, Emmanuel Macron a finalement annoncé qu’« à partir de la mi-fin avril, nous allons avoir de plus en plus de vaccins qui vont arriver, cela va nous permettre d’envisager d’avoir des campagnes ciblées sur des professions qui sont exposées, à qui on demande des efforts. Les enseignants en font légitimement partie ». Les pions apprécieront.