• Comment le 7 octobre nous a toutes et tous changé·es – et ce qu’il signifie pour notre lutte

    Il peut être difficile de reconnaître un moment historique lorsqu’on le vit, mais cette fois-ci, en Israël-Palestine, tout le monde a pu le constater. Voici ce que nous savons et ce que nous pouvons supposer un mois plus tard.

    Un mois s’est écoulé depuis le 7 octobre. La vie de millions d’Israélien·nes et de Palestinien·nes a été bouleversée par les massacres commis par le Hamas en Israël ce jour-là, et par les massacres qu’Israël commet par la suite avec son assaut à grande échelle sur la bande de Gaza. Il est parfois difficile de reconnaître un moment historique lorsqu’on le vit, mais cette fois-ci, c’est clair : l’équilibre des forces a changé entre Israélien·nes et Palestinien·nes, et il changera le cours des événements à partir de maintenant.

    Un mois après le début de la guerre, il est temps de faire le point sur ce que nous savons qu’il est arrivé aux Israélien·nes, aux Palestinien·nes et à la gauche dans ce pays – et de faire quelques évaluations prudentes sur ce qui va suivre.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/11/15/comment-le-7-octobre-nous-a-toutes-et-tous-cha

    #international #palestine #israel

    • Haggai Matar, journaliste israélien, activiste politique, directeur exécutif du magazine +972, 8 novembre 2023 :

      [...] Au cours d’une opération minutieuse et sans précédent, les militants du #Hamas se sont échappés de la bande de Gaza assiégée, déjouant les plans de ce qui était considéré comme l’une des armées les plus puissantes et les plus sophistiquées de la région. Après avoir détruit des parties de la clôture entourant #Gaza et lancé une attaque sur le point de passage d’Erez, des milliers de militants se sont emparés de bases militaires israéliennes, ont tué ou capturé des centaines de soldat·es, puis ont attaqué un festival de musique et occupé plusieurs kibboutzim et villes. Ils ont tué environ 1 300 personnes, dont une majorité de civil·es.

      Le carnage a été brutal. Des centaines de fêtard·es non armé·es ont été tué·es, y compris des citoyen·nes palestinien·nes qui étaient présent·es en tant que secouristes, chauffeurs et travailleurs/travailleuses. Des familles entières ont été massacrées dans leurs maisons, certain·es survivant·es ayant assisté au meurtre de leurs parent·es ou de leurs enfants. Dans certaines communautés, jusqu’à un habitant·e sur quatre a été tué·e ou enlevé·e. Des travailleurs agricoles #thaïlandais et #népalais, ainsi que des aides-soignants #philippins, ont également été pris pour cible, des militants du Hamas leur tirant dessus et, dans un cas au moins, lançant des grenades dans une cabane où ils se cachaient.

      Environ 240 soldats et civil·es de tous âges, de 9 mois à plus de 80 ans, ont été enlevé·es à Gaza, et la plupart d’entre elles et eux y sont toujours détenu·es en tant qu’#otages, sans lien avec le monde extérieur et sans que leurs familles aient la moindre idée de leur état. Pendant ce temps, le Hamas a continué à tirer sans discrimination des milliers de roquettes depuis Gaza en direction des villes israéliennes.

      Ces #crimes_de_guerre, même s’ils ne sont pas sans contexte, sont totalement injustifiables. Ils ont ébranlé nombre d’entre nous, y compris moi-même, jusqu’au plus profond de nous-mêmes. La fausse idée que les Israélien·nes peuvent vivre en sécurité alors que les Palestinien·nes sont régulièrement tué·es dans le cadre d’un système brutal d’occupation, de siège et d’apartheid – une idée que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a défendue et instillée en nous pendant ses longues années au pouvoir – s’est effondrée.

      Ce sentiment a été exacerbé par les vents de la #guerre_régionale et les attaques du #Hezbollah contre les soldats et les civil·es israélien·nes dans le nord d’Israël, auxquelles Israël a répondu par ses propres frappes d’artillerie et de drones au #Liban, tuant des combattants et des civil·es. Ce front supplémentaire a aggravé notre peur existentielle et le sentiment que nous, Israélien·nes et Palestinien·nes, ne sommes que des pions dans des luttes régionales et mondiales plus vastes (et ce n’est pas la première fois).

      L’effondrement de notre sentiment de sécurité est allé de pair avec la prise de conscience que l’État israélien tout entier n’est, en fait, rien de plus qu’un hologramme. L’armée, les services de secours, les services sociaux, etc. ont tous été dysfonctionnels. Les survivant·es israélien·nes, les personnes déplacées à l’intérieur du pays et les familles des otages se sont retrouvés sans personne vers qui se tourner, ce qui a poussé la société civile à intervenir pour combler le vide là où le gouvernement aurait dû se trouver. Des années de #corruption_politique nous ont laissés avec une coquille vide d’un État, sans aucun leadership à proprement parler. Pour les Israéliens, quelle que soit la manière dont nous sortons vainqueurs de la guerre, nous voulons nous assurer que rien de tel que le 7 octobre ne puisse se reproduire.

      Les massacres d’Israël à Gaza

      Après avoir échoué sur tous les autres fronts, et avant même d’avoir repris le contrôle de toutes les zones occupées par le Hamas dans le sud du pays le 7 octobre, l’armée israélienne s’est immédiatement attelée à ce qu’elle sait faire de mieux : pilonner la bande de Gaza. Le chagrin, la douleur, le choc et la colère justifiés se sont traduits par un nouvel assaut militaire injustifiable et une campagne de #punition_collective contre les 2,3 millions de résident·es sans défense de la plus grande prison à ciel ouvert du monde – la pire que nous ayons jamais vue.

      Parallèlement aux premières frappes aériennes, Israël a coupé toute la population palestinienne de Gaza de l’électricité, de l’eau et du carburant, transformant une crise humanitaire déjà existante en une véritable catastrophe. L’armée a ensuite ordonné l’évacuation de la moitié de la population – environ 1 million de personnes – du nord de la bande vers le sud, ainsi qu’une seconde évacuation de l’est vers l’ouest.

      [...]

      #gauche_israélienne #coopération_palestino-israélienne #Haggai_Matar #+972 #droit_au_retour

  • Face à la guerre contre le Hamas, la crise existentielle de la gauche israélienne
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/11/02/face-a-la-guerre-contre-le-hamas-la-crise-existentielle-de-la-gauche-israeli

    Voilà trois semaines que Lubna Masarwa coupe ses liens, sur les réseaux sociaux, avec quantité d’anciens amis juifs, dont les déclarations patriotiques et militaristes l’effraient. Cette Palestinienne citoyenne d’Israël (comme 20 % de la population du pays), originaire d’un village rural du Nord, naviguait avant-guerre au sein de la gauche juive et arabe de Jérusalem, où elle dirige le bureau du site d’information Middle East Eye. Elle estime que le Hamas a renversé, le 7 octobre, un schéma bien établi dans son camp, qui fait de l’Etat israélien l’oppresseur, des Palestiniens ses victimes, et des belles âmes juives de gauche leurs sauveurs, défenseurs du droit et de la morale.
    « De bonnes victimes »

    « Ils venaient chercher des enfants palestiniens aux points de contrôle de l’armée, aux frontières de la Cisjordanie, pour leur faire prendre un bain de mer en Israël ou pour voir un médecin, dit Mme Masarwa de ses anciens amis. Tout restait dans l’ordre tant que nous étions de bonnes victimes, des Arabes reconnaissants. Mais, le 7 octobre, pour un jour, des Palestiniens ont combattu de cette horrible façon, et cela a bouleversé leurs certitudes. »

  • Ivan Segré : « L’avenir d’Israël repose sur une alliance avec les forces progressistes arabes »

    .... la riposte militaire israélienne est une erreur stratégique, sans même parler des problèmes éthiques qu’elle soulève du fait des victimes civiles et des otages détenus par le Hamas. On le sait pertinemment : en Irak, comme en Afghanistan, les bombes occidentales n’ont semé aucun avenir.

    Quelle stratégie conviendrait-il selon vous d’adopter ?

    Cette question concerne non seulement la guerre contre le #Hamas, mais aussi l’opposition politique à Benyamin Nétanyahou. Les principaux arguments de l’opposition dite « de gauche » consistent, en Israël, à dénoncer des faits de corruption, à vilipender son machiavélisme, à lui reprocher son projet de réforme de la justice, son alliance avec l’extrême droite et, pour les plus intrépides, à s’indigner de sa politique envers les #Palestiniens, Nétanyahou s’étant satisfait de l’emprise du Hamas sur Gaza et de l’affaiblissement corrélatif du Fatah, puisque cela lui permettait d’enterrer le processus de paix et de poursuivre la colonisation en #Cisjordanie.

    A mon sens, cette panoplie d’arguments est insatisfaisante. Nétanyahou est un authentique représentant de la droite israélienne, et c’est donc à cette droite qu’il convient de s’opposer, non à la personnalité du premier ministre ou à ses manœuvres politiciennes. Pour cette droite israélienne, un Etat palestinien ne peut être qu’une étape sur le chemin de la destruction d’Israël tant que la majorité des puissances arabo-musulmanes ne reconnaîtront pas la légitimité d’une souveraineté juive en Palestine. De ce point de vue, l’attaque du Hamas est une confirmation.

    Quels seraient les bons arguments « de gauche » à opposer à la politique de Nétanyahou ?

    Une alternative de gauche au sionisme de droite, ce serait d’abord, bien entendu, un #sionisme qui ne se fourvoie pas en pactisant avec le diable, que ce diable prenne la forme d’un #judéo-fascisme ou celle d’une pétromonarchie comme l’Arabie saoudite, les Emirats ou le Qatar. Car l’avenir de l’Etat d’#Israël, ce n’est ni de renier ses principes en s’alliant avec une #extrême_droite raciste ni de pactiser avec un régime fondamentaliste qui abreuve de pétrodollars l’obscurantisme religieux.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/11/02/ivan-segre-l-avenir-d-israel-repose-sur-une-alliance-avec-les-forces-progres

    https://archive.ph/3zN6r

    edit "la crise existentielle de la gauche israélienne"
    https://archive.ph/9TH8i

    #fondamentalisme (by both sides) #gauche_israélienne #sionistes_de_gauche

  • من فمهم نُدينهم.. محللٌ إسرائيليٌّ : الأغلبية الساحقة حتى من (اليسار) تُريد تصعيد الحرب.. النزعة الفاشيّة سيطرت وباتت الموقف السائد الوحيد والرأي الآخر يُقمَع.. حماس ليست نازيّةً.. الإعلام العبريّ : دمِّروا غزّة نهائيًا | رأي اليوم
    https://www.raialyoum.com/%d9%85%d9%86-%d9%81%d9%85%d9%87%d9%85-%d9%86%d9%8f%d8%af%d9%8a%d9%86%d9%8

    A part le chapô, il s’agit pour l’essentiel de la reprise en arabe d’un article du Haaretz sur la gauche israélienne, l’opinion publique et Gaza.

    بات الإعلام العبريّ على مختلف مشاربه كاثوليكيًا أكثر من بابا روما وصهيونيًا أكثر من هرتسل، وأصبح رأس الحربة في عملية تحريض منهجيّة وشيطنة الفلسطينيين واستئساد على الأمّة العربيّة، دون كوابح أوْ جوامح، ورغم الرقابة العسكريّة الصارمة المفروضة، فإنّ الإعلام عينه يفرض على نفسه رقابةً لخدمة الرواية الإسرائيليّة الرسميّة.

    وعلى الرغم من ذلك، بقي المُحلِّل اليساريّ في صحيفة (هآرتس) العبريّة الصوت الوحيد، الذي ما زال يُغرِّد خارج السرب، فقد نشر مقالاً أشار فيه إلى أنّ “هجوم حماس المباغت قلب اليسار الإسرائيليّ رأسًا على عقب، ليصبح غير مبالٍ بالجرائم الوحشية التي تحدث في قطاع غزة، بل حتى إنّ الأغلبية تريد تصعيد الحرب“.

    وأضاف: “من الآن فصاعدًا، يسمح لإسرائيل بفعل أيّ شيءٍ لغزة، وسيعطي اليسار حتى مباركته، كما يمنع حتى التعاطف مع سكان غزة“.

    وأضاف أنّ “اليساريين، كانوا أوّل مَنْ فقدوا صوابهم وعادوا إلى رشدهم، وبات أولئك الذين قبل الحرب خرجوا بعزم للدفاع على الديمقراطية الآن يعرقلونها بأيديهم. ويتبنى أولئك الذين قبل الحرب اعتبروا أنفسهم ليبراليين، أشخاصًا محبين للسلام وحقوق الإنسان، الآن لا يبالون بالجرائم في غزة“.

    وتابع: “لماذا؟ لأنهم ارتكبوا فظائع ضدنا. إلى متى؟ حتى النهاية. بكم التكلفة؟ بأيّ ثمنٍ. وأضحى اليسار يفكر الآن في غزة تمامًا كما يفكر اليمين، ويعتقد أنّ الخيار الوحيد يتمثل في عدم التوقّف عن توجيه الضربات“.

    علاوة على ذلك أوضح أنّه “في الوقت الراهن، يعتقد الذين قللوا قبل الحرب من أهمية التعامل مع نظام الفصل العنصري ومصير الشعب الفلسطيني، أنّ اللعنة عليها أنْ تصيب الجميع، ويقولون فليخسأ الخاسئون، دعهم جميعًا يختنقون ويموتون ويُطردون، أولئك الذين قبل الحرب اعتبروا أنفسهم يتسِّمون بالوعي باتوا يدعمون توافق الآراء حول مصير غزة“.

    وقال إنّ “قلب اليسار ظل متحجرًا رغم مقتل أكثر من 2360 طفلا في غزة بحسب وزارة الصحة الفلسطينية، وقد كان اليسار مع بداية كلّ حربٍ مؤيدًا لها، قبل أنْ يصحو ويعود إلى رشده، ولكن يبدو ذلك غير مرجح هذه المرة“.

    وشدّدّ المُحلِّل على أنّ “الوضع الآن أسوأ خارج أروقة اليسار، فلقد انتشرت النزعة الفاشيّة على جميع المستويات وباتت هي الموقف السائد الوحيد. وساندت محطات التلفزيون المحلية أجندة القناة 14 التي تفيد أنّه عندما يتعلق الأمر بغزة، لا يوجد أي اختلاف، ويطلق المراسلون والمذيعون على حماس اسم النازيين في عرضٍ مقززٍ لتقليل أهمية الهولوكوست والإنكار، والجماهير تصفق على ذلك، ومن المحتمل أنّ حماس فعلت أشياء مشينة، ولكنها ليست نازيةً“.

    وذكر أنّ أيّ رأيٍ آخرٍ مخالفٍ الآن يُحكم بالقمع، ولقد تحدث الأمين العام للأمم المتحدة أنطونيو غوتيريش بصدق وشجاعة عن سياق الفظائع التي ارتكبت في 7 تشرين الأول (أكتوبر)، وسارع إلى التأكيد أنه لا يوجد شيء يمكن أن يبرر الهجمات المروعة التي ارتكبتها حماس، وردت إسرائيل بهجوم مسعور على غوتيريش، ضخمته وسائل الإعلام.

    وأوضح كاتب المقال أنّ “الشرطة احتجزت الممثلة ميساء عبد الهادي، من الناصرة، طوال الليل، بسبب منشورٍ على مواقع التواصل الاجتماعي لم ينتهك أيّ قانونٍ، وتقوم القنوات التلفزيونيّة الإسرائيليّة بإزالة أفلامها من أرشيف البث المباشر. عند مشاهدة كل هذه الإجراءات، يمكن للمرء أنْ يعتقد أنّ المكارثية بحدّ ذاتها كانت شعرت بالخزي ممّا يحدث في الوقت الحالي“.

    وأشار إلى أنّ “الأسيرة يوخيفيد ليفشيتس، التي أطلق سراحها، قدمت عرضًا مؤثرًا، واشتكى الصحفيون الرئيسيون لأنّها صرحت بالحقيقة. في السياق ذاته، كتب مستشار العلاقات العامة والشخصية المعروفة على شبكة الإنترنت راني رهاف وهو يشاهد فيديو الدمار في غزة: “هكذا يعجبني !!!” (مع كل علامات التعجب هذه)“.

    وأضاف أنّ “الصحفي تسفي يحزقيلي يحُثّ بدوره على تدمير غزة كلّ ليلة وقطاع غزة بأكمله، وترى زميلته في أخبار القناة 13، نتالي شيم طوف، أنّ الكثير من المباني لا تزال قائمة في غزة. وهذا هو الشرّ بعينه في مواجهة الكارثة في غزة، التي لا يكاد يطلع الإسرائيليون على فظائعها“.

    وخلُص المُحلِّل ليفي إلى القول “إسرائيل تمُرّ بفترةٍ عصيبةٍ تتميّز أبرز معالمها بهجمات حماس وفقدان الضمير والحكمة“.
    يُشار إلى أنّ وزير القضاء قدّم مشروع قانون بموجبه يتّم سحب الجنسيّة من فلسطينيي الداخل، الذين يؤيّدون حركة حماس، في ظلّ ارتفاع عدد المعتقلين من صفوفهم على هذه الخلفية.

  • Michel Warschawski : « Nous avons dépassé les crimes de guerre à Gaza », entretien réalisé par Rachida El Azzouzi


    Figure du mouvement pacifiste et de la gauche israélienne, engagée contre l’occupation et la colonisation, l’écrivain et journaliste Michel Warschawski dénonce dans un entretien à Mediapart « le crime contre l’humanité » perpétré par l’État hébreu contre les civils gazaouis. 

    Mediapart : En riposte aux massacres du Hamas sur son sol, Israël bombarde depuis le 7 octobre de manière indiscriminée la bande de Gaza, tuant et blessant des milliers de civils. Cette nuit de bombardements a été l’une des plus intenses dans l’enclave palestinienne, qui a été coupée du monde (Internet et télécommunications) par l’État hébreu. Comment qualifiez-vous ces violences ? 

    Michel Warschawski : Nous avons dépassé les crimes de guerre, nous sommes face à un crime contre l’humanité à Gaza. La Cour pénale internationale doit s’en saisir. La population de Gaza paye une nouvelle fois le prix cher, sans pour autant que ce carnage, ces milliers de morts gazaouis ne calment l’opinion publique israélienne, qui se sent très menacée. 
    Je suis très inquiet devant la folie de notre gouvernement d’extrême droite sur lequel les pressions internationales et les discours pour calmer le jeu accrochent très peu. Nous sommes face à des jusqu’au-boutistes extrémistes qui sont en plus des incapables et des voyous. Nétanyahou [le premier ministre israélien – ndlr] est leur otage. Et ça fait peur.

    La barbarie et la vengeance aveugle sont-elles de part et d’autre les nouvelles boussoles d’un conflit encalminé depuis des décennies ?

    D’abord, je refuse la symétrie entre les deux parties. Il y a un occupant et un occupé. Même si l’occupé peut utiliser des méthodes intolérables qu’il faut dénoncer. N’oublions jamais : Israël est l’occupant, il a les clés de la solution. Les Palestiniens sont poussés à bout, par le désespoir, mais aussi par un sentiment de dignité : « Puisqu’on doit crever, crevons en nous battant pour notre terre. »

    J’ai été assez sonné et je le suis encore aujourd’hui par les massacres commis par le Hamas. On a tous en nous une grosse lourdeur, quelque chose qui nous pèse. Ma fille et ses copines ont commencé à pleurer le 7 octobre et nous, les hommes, quelques jours après. Ce qui m’a le plus sonné, c’est bien sûr la violence, même si je peux comprendre d’où elle vient, d’une direction politique, d’une population qui vit à Gaza dans une cocotte-minute qui, à un moment, explose.
     
    Mais ce qui m’a aussi sonné, c’est l’absence de l’État, de Benyamin Nétanyahou et de ses alliés d’extrême droite. Celle qui a pris les choses en main, c’est la société civile. Et jusqu’à aujourd’hui, par exemple, l’accueil des réfugiés des localités juives qui entourent Gaza se fait par des associations, des groupes de citoyens, pas par l’État. À tel point que Nétanyahou, pour la première fois, a dit : « Quand la guerre sera finie, il faudra faire un bilan. » L’État a été en dessous de tout.

    Vous dites qu’« Israël a les clés de la solution ». Quelle est cette solution ?

    Se retirer des territoires occupés. Et ne pas provoquer une nouvelle nakba [« catastrophe » en arabe, en référence à la fuite ou à l’expulsion de leurs maisons de près de 760 000 Palestiniens et Palestiniennes pendant la première guerre israélo-arabe, qui a coïncidé avec la création de l’État d’Israël – ndlr]. Un ministre du gouvernement israélien a déclaré qu’il fallait finir le boulot de 1948. Cette idée, selon laquelle, nous aurions gardé beaucoup trop de Palestiniens sur notre territoire, obsède notre gouvernement, qui entend créer l’occasion pour nettoyer Israël et en faire un État juif démographiquement, c’est-à-dire un État composé uniquement ou quasi uniquement de juifs. 

    C’est dans la continuité de la loi fondamentale qui a été votée il y a deux ans : Israël comme peuple-nation, comme État-nation du peuple juif. C’est totalement contraire aux engagements du jeune État d’Israël pour être accepté à l’ONU en 1949. Il s’agit non seulement de ne plus reconnaître les droits nationaux palestiniens, mais aussi de s’en débarrasser le plus vite possible. C’est terrifiant.

    Le conflit israélo-palestinien revient sur le devant de la scène géopolitique de la plus sanglante des manières. Cette violence meurtrière sans précédent est-elle aussi la conséquence du refoulement de la question palestinienne que nombre de cercles diplomatiques, en Occident comme dans les pays arabes, souhaitaient enterrer, notamment à travers les accords d’Abraham ?
     
    Oui, le conflit israélo-palestinien est là, toujours bien présent. Certains ont cru, parmi ceux qui sont au pouvoir en Israël, qu’on pouvait complètement ignorer la question palestinienne et normaliser comme si de rien n’était les relations avec des pays arabes. Ils se sont gravement trompés. 

    Israël veut le beurre et l’argent du beurre, c’est-à-dire d’un côté normaliser, mais de l’autre ne rien changer à sa politique. J’ai vu les images à la télévision des grandes manifestations qui ont lieu dans les pays arabes comme au Maroc. Les régimes arabes sont quand même dépendants d’une certaine opinion publique qui communie clairement avec la souffrance des Palestiniens.

    Ce qui s’est produit le 7 octobre est une question de nécessité. On se réunit deux fois par semaine dans un petit café avec des amis, plutôt à gauche qu’à droite, mais pas forcément à l’extrême gauche, des personnes plutôt âgées. Elles ne sont pas dans l’esprit de vengeance. Ce sont des gens de bon sens en général, mais il a fallu cette fois leur expliquer quand même à quel point cette violence était inévitable.

    Pourquoi cette violence était-elle inévitable ?

    Car c’est le principe de la cocotte-minute d’exploser ! On ne peut pas mettre deux millions de personnes dans une cocotte-minute à Gaza et ne pas comprendre que ça va exploser tôt ou tard. Deux millions de personnes sont enfermées dans un minuscule territoire et soumises à un blocus depuis plus d’une décennie.
    Ces deux millions de personnes ont des droits, à commencer par le droit d’exister, de respirer. Israël les soumet désormais à un siège complet en représailles, leur coupe l’eau, la nourriture, les médicaments, l’électricité, Internet, les télécommunications. Sa riposte est inacceptable. 

    Je vois en Occident, notamment en France, des débats minables, qui ne sont pas à la hauteur de l’extrême gravité du moment. Au lieu d’utiliser tous leurs leviers pour imposer un cessez-le-feu immédiat, de nombreux dirigeants politiques préfèrent prêter allégeance à Israël. Ils sont sous les yeux du monde entier les complices d’un crime contre l’humanité.
    La gauche israélienne peut-elle encore parler de la réalité palestinienne aux Israéliens après le 7 octobre ou est-elle en train de mourir ? 

    Elle est mal en point depuis un moment et cela ne va pas s’arranger. Ce qui faisait la force de la gauche israélienne, c’était qu’elle était judéo-arabe. Et le fait d’être judéo-arabe lui donnait aussi une force numérique. Les juifs israéliens étaient minoritaires. Mais à partir de 2000, le front judéo-arabe a pris un sale coup, réduisant le poids numérique des manifestations antiguerre et anti-occupation. Nous le payons aujourd’hui. 

    Avez-vous tout de même encore un peu d’espoir ?
    Mon grand-père, avec le bon sens d’un juif polonais émigré en France sans beaucoup d’éducation, nous disait : « On ne sait pas de quoi l’avenir est fait, alors autant parier sur le meilleur et pas sur le pire. » C’est mon caractère. Je sais qu’il y a des possibilités. Ce n’est qu’une question de volonté politique et de pressions internationales. Par ailleurs, il n’est pas exclu que cette séquence meurtrière précipite la chute de Nétanyahou, ce qui serait une joie personnelle, partagée par de nombreux Israéliens. 
    L’opinion publique israélienne est très volatile. Elle peut être hyper belliciste aujourd’hui et très rapidement sauter sur ce qui semble être une solution. Tel-Aviv est tournée entièrement vers l’Europe, vers l’Occident. Et puis, il y a le reste d’Israël. Ce sont un peu vos villes et vos banlieues. Ce sont des populations qui votent à droite en général, contrairement à Tel-Aviv, qui est beaucoup plus à gauche, au centre-gauche.
    Et cette cassure, à mon avis, va s’accentuer. Ce sont deux Israël. D’ailleurs, on appelle depuis des décennies nos banlieues le « second Israël », ces villes pauvres qui se trouvent notamment à la frontière de Gaza.

    https://www.mediapart.fr/journal/international/281023/michel-warschawski-nous-avons-depasse-les-crimes-de-guerre-gaza

    #Michel_Warschawski #Israël #crime_contre_l’humanité #Palestiniens #Gaza #gauche_israélienne

  • Oui, c’est bien Israël de l’apartheid. Même sans annexion
    Par Michael Sfard, le 9 juillet 2020 | Agence Media Palestine
    https://agencemediapalestine.fr/blog/2020/07/13/oui-cest-bien-israel-de-lapartheid-meme-sans-annexion

    Le 1er juillet est passé sans annexion, tout comme les jours suivants. Nous assistons peut-être à l’évaporation de la politique la plus téméraire de la droite dans le conflit israélo-palestinien, une politique dont les plus grands partisans d’Israël ont averti qu’elle allait le transformer en un État d’apartheid. La suppression de l’annexion de l’ordre du jour supprime-t-elle aussi le danger de l’apartheid ?

    Malheureusement, la réponse est non. Ces derniers mois, j’ai étudié la question en profondeur et, dans un avis juridique que j’ai rédigé pour le groupe de défense des droits Yesh Din, je suis arrivé à une conclusion démoralisante sur la pertinence de ce terme pour décrire le type de contrôle exercé par Israël en Cisjordanie. Oui, même sans annexion.

    Le mot « apartheid » est utilisé de diverses manières dans différents contextes ; la signification de ce terme dans l’arène publique n’est pas identique à sa signification en science politique, en histoire et en droit. (...)

    #Apartheid
    traduction de https://seenthis.net/messages/866580

  • Laminée, la #gauche_israélienne en pleine introspection - Libération
    https://www.liberation.fr/planete/2019/04/17/laminee-la-gauche-israelienne-en-pleine-introspection_1721890

    Les partis historiques de la gauche sioniste ont obtenu leur plus mauvais score lors des dernières #élections législatives, remportées une nouvelle fois par Benyamin Nétanyahou. L’heure est à une douloureuse remise en question.

    À l’inverse, Ben Simon reconsidère toute l’histoire. « Des poètes ou activistes vraiment de gauche, qui voulaient la fin de l’occupation, il y en a eu. Des politiques ? Non. En 1967, après la guerre de Six Jours, ce sont les travaillistes qui envoient les premiers tractopelles en Cisjordanie et dans le Golan. Rabin n’a jamais cédé un pouce de territoire. Cette gauche de gouvernement, qui cherche la paix et pas juste un "processus", je crois qu’elle n’est jamais vraiment née. »

  • Les anarchistes : les activistes les plus importants de la gauche juive israélienne

    À la différence du mouvement anarchiste global, les anarchistes israéliens axent leur activisme sur la désobéissance civile et la non-violence : refus de servir dans l’armée, blocage de routes, boycotts et détentions volontaires. Avec ces actions, ils en paient personnellement un prix élevé.

    Bien que je sois en désaccord avec eux et que leur dogmatisme ne me plaise pas, je suis convaincu que les anarchistes forment le groupement de gauche le plus important d’Israël de ces dernières décennies. Nombre de personnes qui, il y a quelques années, caquetaient contre eux leur apportent aujourd’hui leur soutien. Comme l’a écrit cette semaine un activiste sur Facebook : « S’il y avait autant d’anarchistes que le prétendent les idiots du Parlement, il y aurait beaucoup moins d’idiots au Parlement. »

    http://florealanar.wordpress.com/2014/07/30/les-anarchistes-les-activistes-les-plus-importants-de-la-gauc

    #Israël #Palestine #Anarchistes_contre_le_mur