Bordiguistes, vous avez dit bordi...quoi ?
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Préface au livre de #Michel_Olivier "Les années terribles (1926-1945) La Gauche italienne dans l’émigration, parmi les communistes oppositionnels" à paraître aux Editions Ni patrie ni frontières le 15 novembre 2012
#Amadeo_Bordiga est sans doute l’un des marxistes les plus méconnus de la galaxie #communiste. Boycotté ou dénaturé par les historiens du #communisme et du #stalinisme italien, caricaturé par #Trotsky, oublié par les groupies néostaliniens et postmodernes de #Gramsci, son nom n’a acquis une très regrettable célébrité qu’à l’occasion de la polémique sur les négationnistes français (S. Thion, P. Guillaume et leur compère R. Faurisson) et la republication par le groupuscule mortifère de La Vieille Taupe d’une très mauvaise brochure intitulée Auschwitz ou le Grand Alibi , faussement attribuée à Bordiga, mais rédigée par l’un de ses disciples.
De là, s’est construit, depuis les années 70, une réputation sulfureuse autour de Bordiga et de ses partisans, calomniés comme négationnistes. Et la polémique redémarre régulièrement dans des journaux comme Le Monde ou Libération , et dans les ouvrages d’« historiens » pressés comme #Christophe_Bourseiller (1).
L’ouvrage de Michel Olivier vient à point nommé pour démontrer, tout comme un autre livre paru récemment aux éditions Science marxiste "Lotta Comunista, le groupe originaire 1943-1952" (2) de #Guido_La_Barbera, que les communistes de gauche italiens, ceux qu’on appellera un peu par dérision les « bordiguistes », n’étaient pas des étudiants coupés des réalités, des pisse-copie gauchistes en mal de célébrité, des talmudistes plongés dans les Saintes Ecritures marxistes ou léninistes toute la journée, ou des sectaires se limitant à commenter la lutte des classes et à dénoncer tous les autres groupes révolutionnaires. Et certainement pas des antisémites, des négationnistes, ou des individus passifs face au fascisme italien ou au nazisme allemand !
Les années terribles couvre la période 1926-1945 et nous fait découvrir les débats qui ont agité l’émigration italienne des communistes de gauche, principalement en Europe. Il retrace aussi le parcours individuel d’un certain nombre de militants, courageux, tenaces, qui ont défendu leurs convictions communistes et leur engagement révolutionnaire au péril de leur vie, et n’ont jamais renoncé à leurs convictions révolutionnaires.
En lisant ce livre, le lecteur s’apercevra que certaines questions qui aujourd’hui préoccupent les altermondialistes ou les Indignés, et surtout les ouvriers et les exploités en lutte qui veulent abattre le capitalisme, étaient déjà l’objet de débats et de rudes polémiques : Qu’est-ce que le #capitalisme ? Quelle est la portée du modèle soviétique ? Que doit-on penser de la lutte pour l’indépendance nationale ? Peut-on compter sur les #syndicats ? Comment doit-on s’organiser politiquement ?
Nous espérons que ce livre donnera envie aux nouvelles générations qui découvrent la « #Gauche_italienne » de lire ses textes, d’en débattre et de juger sur pièces si ses positions sont encore utiles pour comprendre le monde actuel.
Pour ma part, je suis loin de partager toutes les analyses de l’auteur et suis sans doute plus critique que lui vis-à-vis de l’héritage des communistes de gauche italiens. Mais l’objectif de Ni patrie ni frontières est de faire connaître des individus, des textes, des groupes, des expériences qui ont marqué et qui marquent le mouvement révolutionnaire. Aux lectrices et lecteurs de s’emparer de cet héritage pour en tirer le meilleur.
Bonne lecture !
Y.C., Ni patrie ni frontières, octobre 2012
1. Cet individu peu scrupuleux dévoile les véritables noms des militants « ultragauches » qu’il évoque, alors que ceux-ci préfèrent garder l’anonymat ou être désignés par un pseudonyme. De plus, il ne comprend rien aux débats théoriques dans « l’#ultragauche » qu’il prétend étudier, et présente quasiment comme « collabos » les militants qui se sont courageusement opposés à la fois au fascisme, au nazisme, au stalinisme et aux démocraties bourgeoises pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est malheureusement l’auteur du seul livre facilement accessible en librairie sur l’histoire de « l’ultragauche », ce qui en fait, en plus de son prestigieux poste d’enseignant à Sciences Po, un « spécialiste » dont les « analyses » et les « informations » sont et seront recopiées par toutes sortes de scribouillards.
2. Ce livre de La Barbera nous offre une reconstruction apologétique et doctrinaire des origines du groupe Lotta comunista et surtout de son principal dirigeant et théoricien, #Arrigo_Cervetto, aujourd’hui décédé. S’il ne nous apprend rien sur l’histoire de la Fédération anarchiste italienne, et pas grand-chose sur les Groupes anarchistes d’action prolétarienne (GAAP, auxquels a appartenu Cervetto), il nous fournit de précieuses indications concrètes sur le milieu révolutionnaire de ces années très difficiles, qu’il s’agisse des résistants du Parti « communiste » italien qui veulent sortir de l’impasse stalinienne, des militants anarchistes qui cherchent à élargir leurs horizons théoriques ou des ouvriers en pleine radicalisation politique face au fascisme puis à la démocratie bourgeoise. En cela, et malgré ses limites, la lecture de cet ouvrage est fort utile et complémente celle du livre de Michel Olivier.