• L’enquête de l’#Université_de_Genève montre un système académique à bout de souffle

    Les situations de #précarité et de #harcèlement relevées ne sont pas des cas isolés, mais bien la conséquence d’un mal structurel qui ronge le #système_académique, estime l’association genevoise du corps intermédiaire.

    Un système « à bout de souffle ». C’est ce qui ressort de l’étude commandée par l’Université de Genève (#Unige), qui désirait faire un #état_des_lieux de la situation professionnelle du #corps_intermédiaire, aux rudes conditions de travail. Les propos sont de Mathilde Matras, membre du comité de l’Association commune du corps intermédiaire des collaborateur·rice·s de l’enseignement et de la recherche (#Accorder). « Les conclusions de cette #enquête montrent que les problèmes pesant sur les #personnels du corps intermédiaire ne sont pas des cas individuels, mais bien un #mal_structurel », analyse cette assistante doctorante à la Faculté des lettres de l’institution genevoise.

    Le corps intermédiaire représente les chercheurs non titularisés, c’est-à-dire non professeurs. Il englobe les jeunes en début de carrière tels que les #post-doctorants, mais aussi d’autres grades et postes tels que les #collaborateurs_scientifiques, les #chargés_de_cours et autres #maîtres-assistants. A Genève, ce sont 3800 personnes qui sont concernées. Majoritairement sous contrat à durée déterminée, ils disent souffrir de la précarité inhérente à leur profession. De tels contrats sont la conséquence de l’organisation du #financement de la science, où la majorité des #bourses sont allouées sur de courtes périodes, allant d’un à quatre ans.

    L’#excellence se résume à la #productivité

    La présente enquête, pour laquelle l’association Accorder a été consultée, a établi que la moitié des répondants disent craindre de glisser dans la précarité. « C’est plus qu’un sentiment, c’est vraiment de la précarité, nuance Mathilde Matras. Une grande partie des personnes qui se disent précaires sont âgées de 35 à 40 ans et ont parfois derrière elles sept à huit ans de contrats courts ; 50% ne prennent pas l’intégralité de leurs congés et 95% disent travailler sur leur temps libre. Le système académique actuel résume l’#excellence_scientifique d’un chercheur à sa productivité », commente Mathilde Matras.

    Par ailleurs, les cas de harcèlement sont en nombre inquiétant : 22% des répondants disent y avoir été confrontés personnellement. Par ailleurs, 3,4% des sondés ont affirmé être victimes de #harcèlement_sexuel et 12,9% signalent avoir été témoins de tels agissements. Pour Mathilde Matras, « une personne sur cinq confrontée au harcèlement, c’est alarmant. On peut y voir notamment les effets d’une trop grande #concentration_des_pouvoirs par le #corps_professoral, ce qui favorise de multiples #abus ». Et comme souvent, personne n’ose parler, soit par solidarité, soit par crainte pour sa #carrière, ajoute la chercheuse.

    Le rectorat de l’Unige dit mettre en place un plan d’action pour améliorer la situation. Il prévoit notamment de mieux informer sur les carrières, de valoriser les voies non académiques au sein de l’université et enfin de déployer des formations complémentaires « facilitant la transition hors de l’alma mater ». Un premier pas dans un chantier qui s’annonce immense, et qui de par son caractère structurel dépasse le cadre de l’université.

    https://www.letemps.ch/sciences/lenquete-luniversite-geneve-montre-un-systeme-academique-bout-souffle

    #université #facs #Suisse #Genève #rapport #silence #risques

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    ajouté à la métaliste sur les conditions de travail et la précarité dans les universités suisses :
    https://seenthis.net/messages/945135

    • ENQUETE #CCER

      #Conditions_de_travail et de carrière du corps intermédiaire à l’Université de Genève

      L’Université de Genève (UNIGE) a mené pendant l’été 2021 une enquête approfondie sur les conditions de travail et de carrière du corps des collaborateurs/trices de l’enseignement et de la recherche (CCER). Les résultats ont mis en lumière des points de satisfaction ainsi que plusieurs points problématiques.

      L’enquête menée par l’UNIGE a été élaborée par le Rectorat après consultation des membres de l’association représentative du CCER ACCORDER, de l’Assemblée de l’Université, de la Commission du Personnel et de deux expertes en gestion des ressources humaines. Elle repose sur un questionnaire comprenant trois parties distinctes. La première partie, très courte, se concentre sur l’ambition de carrière des membres du CCER et l’attractivité des postes CCER de l’UNIGE ; la deuxième partie approfondit sept thématiques liées au cadre professionnel ; la troisième partie cherche à objectiver les risques impactant le développement des carrières académiques.

      Cette enquête a obtenu 772 réponses (20% du public considéré) au questionnaire court, et 542 à l’ensemble des questions. La distribution des répondant-es parmi les différentes Facultés et Centres reflète correctement leurs poids respectifs.
      Vidéo de présentation par la vice-rectrice Brigitte Galliot de l’enquête sur les conditions de TRAVAIL et dE CARRIERES du CCER

      https://www.unige.ch/doctorat/fr/enquete-2021-sur-le-ccer

  • Les grands négociants agricoles basés en Suisse possèdent 2,7 millions d’hectare de plantations | Commodafrica
    https://www.commodafrica.com/07-12-2021-les-grands-negociants-agricoles-bases-en-suisse-possedent-2

    Les grandes sociétés de négoce de matières premières agricoles domiciliées en Suisse, à Genève ou à Zoug, outre qu’elles jouent un rôle majeur dans le négoce des matières premières agricoles, contrôlent aussi de grandes superficies agricoles à travers le monde. Selon une enquête réalisée par Public Eye, ces négociants contrôleraient 561 plantations représentant une superficie de 2,7 millions d’hectares. Elles y cultivent de la canne à sucre, du palmier à huile, des orangers, des hévéas, des céréales .... en majorité dans les pays du Sud , en Afrique, en Asie et en Amérique latine.

    #terres

  • Hypermarchés, la chute de l’empire

    Le modèle de l’hypermarché a-t-il fait son temps ? Ce concept révolutionnaire du « tout sous le même toit », popularisé en 1963 par Carrefour, a conquis le monde entier. Aujourd’hui pourtant, le pionnier français, comme ses concurrents, a un genou à terre. En cause notamment, la crise du gigantisme, associé à une déshumanisation du commerce et à la surconsommation, pointée du doigt à l’heure des grands défis écologiques, mais aussi la concurrence du e-commerce. Désormais, tout le secteur cherche à sauver ce qui peut l’être, quitte à verser dans des pratiques à la limite de la légalité. Pour obtenir des prix toujours plus bas, sans lesquels elles seraient désertées, les grandes enseignes mettent les fournisseurs de plus en plus sous pression.

    http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/19158_1

    #film #film_documentaire #documentaire
    #consommation #grande_distribution #Amazon #hypermarchés #hypermarché #Marcel_Fournier #Carrefour #consommation_de_masse #prix #crise #guerre_des_prix #fournisseurs #omerta #RCD #rétorsions #justice #distributeurs #coopernic #CWT #AgeCore #Horizon_International #Suisse #accords_internationaux #Genève #Nestlé #pratiques_commerciales_abusives #Carrefour_Franchising #franchising #illégalité #Whole_Foods #secteur_alimentaire #Amazon_Fresh #JD.com #robotisation #Agriculture_Brain #industrie_agro-alimentaire #intelligence_artificielle #AI #IA #Slovaquie #Amazon_Prime #concurrence #e-commerce #automatisation #centre-ville #Carrefour_City #technologie

  • À #Genève, les étudiants veulent un repas à 3 francs... contre 8,9 francs actuellement (environ 8,45 €)

    « #Occupation_sans_faim », tel est mot d’ordre qui orne l’entrée de la cafétéria d’Uni-Mail, bâtiment principal de l’#Université_de_Genève. Depuis mardi 2 novembre, ils l’occupent 24 heures sur 24, confectionnant 600 à 800 #repas par jour proposés à prix libre. Mouvement social qui a pour but d’obtenir des repas étudiants à 3 francs contre 8,90 aujourd’hui. El Shaddai Abebe, secrétaire de la coordination des associations étudiantes nous explique pourquoi...

    https://www.ledauphine.com/social/2021/11/06/a-geneve-les-etudiants-veulent-un-repas-a-3-francs-contre-8-9-francs-act

    #alimentation #précarité #précarité_étudiante #Suisse #résistance

  • Qui jardine la ville ? Pour une écologie urbaine politique
    https://metropolitiques.eu/Qui-jardine-la-ville-Pour-une-ecologie-urbaine-politique.html

    Que nous apprend le jardinage en ville sur les politiques urbaines ? Issu d’une enquête menée à #Genève, l’ouvrage de Marion Ernwein met en relation le tournant néolibéral des villes et de nouvelles manières d’entretenir les espaces publics. Dossier : L’urbanisme écologique : un nouvel impératif ? L’appellation d’« espaces verts » est si insuffisante pour qualifier la présence multiforme des végétaux dans les parcs, les squares et les rues des villes qu’elle disparaît peu à peu. Mais les termes de « nature en #Commentaires

    / Genève, #jardin, #parc, #écologie

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_gaudin5.pdf

  • #Chercheurs afghans abrités par l’uni

    L’université de Genève s’apprête à accueillir deux scientifiques afghans, avant d’en faire venir sans doute d’autres. En parallèle, elle ouvre cette rentrée ses portes à 290 personnes issues de l’asile.

    Le 15 août 2021, les talibans prennent Kaboul. Un voile obscurantiste tombe sur tout le pays. Les scènes de fuite désespérée font le tour du monde et suscitent un important élan de solidarité. En Suisse, l’Académie n’a pas fait exception. L’université de Genève (Unige) se mobilise pour accueillir deux chercheurs, avant sans doute d’autres, dans le cadre du programme international #Scholars_at_risk (chercheurs en danger) visant à protéger les scientifiques en danger de mort ou d’emprisonnement.

    « Dès la chute de Kaboul, la communauté universitaire s’est très fortement mobilisée, se remémore Mathieu Crettenand, délégué à l’intégration et responsable des programmes Scholars at risk et Horizon académique à l’Unige. Rapidement, nous avons reçu des appels de facultés telle que celles des Sciences ou des Sciences de la société, nous informant qu’elles se tenaient à disposition pour accueillir des confrères et consœurs afghan·es. » Le rectorat, tout comme les autorités genevoises, partageaient aussi cette volonté de venir en aide à celles et ceux qui fuient les talibans.

    Pas encore de femmes

    Le délégué à l’intégration et son équipe ont ensuite sondé le siège du programme à New York et les réseaux scientifiques des chercheurs et chercheuses genevois·es pour identifier des profils. Deux sont retenus : un spécialiste de la santé, ancien membre du gouvernement, et un géographe. Et les femmes ? « C’est un regret, nous n’avons pas identifié de profils de chercheuses parmi les réseaux que nous avons sondés. Elles ne devaient sans doute pas être très nombreuses non plus sous le régime précédent les talibans. »

    Si le chiffre de deux peut sembler particulièrement bas, c’est que ce programme est exigeant et les obstacles pour faire venir des chercheurs de pays du Sud sont particulièrement difficiles à franchir. Première pierre d’achoppement : les barrières administratives à la migration dressées en Europe. « Il faut obtenir un visa humanitaire pour les chercheurs et leur famille. L’un a son épouse et trois enfants, et au vu de son profil souhaiterait faire venir ses parents également ; l’autre n’a que son épouse et un nourrisson », détaille Mathieu Crettenand. Le lobbying de swissuniversities et des autorités est en bonne voie de faire aboutir les démarches.

    Un programme de niche

    Mais le plus dur reste l’obstacle financier. « Ce programme est destiné à des scientifiques reconnu·es qu’on extrait d’une situation de danger pour leur offrir un poste dans la recherche. » Il faut donc payer un salaire en lien avec les standards suisses. Pour une personne, cela représente une charge de 100’000 à 120’000 francs. Des sommes importantes qui expliquent sans doute une certaine modestie. Genève a rejoint Scholars at risk en 2008, mais les premiers chercheurs et chercheuses ne sont arrivé·es qu’en 2011. Et jusqu’à présent, il n’y en a eu que 7. « C’est une des limites du programme qui est destiné à un public restreint », concède Mathieu Crettenand. Ces sommes sont financées notamment par l’université, le Fonds national suisse de la recherche scientifique et des partenariats avec les autorités.

    Toutefois, la volonté politique à Genève semble favorable à l’accueil de réfugié·es afghan·es, ce qui se traduit par du lobbying à Berne. « Nous sentons que les obstacles financiers tombent », se réjouit aussi le responsable du programme. Il souligne que « les besoins de protection de scientifiques restent importants ». A terme, l’université pourrait accueillir un contingent plus important. « Des contacts sont déjà établis. »

    290 réfugiées et réfugiés cette rentrée

    Ces dernières années, l’ouverture de l’université de Genève aux exilé·es a connu une accélération sans précédent, grâce au programme #Horizon_académique. Lancé en 2016 avec le Bureau de l’intégration des étrangers, il vise à faciliter l’accès aux études aux personnes relevant de l’asile, à celles détenant un « permis B regroupement familial » et aux Suisses de retour de l’étranger.

    « Le projet a germé après la guerre en Syrie, explique Mathieu Crettenand, responsable d’Horizon académique. La faculté des Sciences de la société a proposé d’ouvrir l’université aux réfugié·es qualifié·es syrien·nes.

    Cinq ans plus tard, la sixième volée découvre les bancs de l’université. Avec une croissance exponentielle : de 35 étudiantes et étudiants en en 2016-2017, puis 152 l’année passée, on est passé à 290 cette rentrée, à tous les niveaux d’enseignement et même en doctorat. On estime entre 10% et 15% les demandeurs et demandeuses d’asile ayant le niveau universitaire.

    Ces étudiant·es ne sont toutefois pas soumis·es aux même critères que les autres. Ils et elles ne sont pas officiellement immatriculé·es mais peuvent suivre les cours. En parallèle, des cours de langue française ainsi qu’un accompagnement académique, professionnel et social leur est offert. A la fin du cursus, des crédits universitaires virtuels leurs sont attribués et peuvent leur ouvrir les voies de l’immatriculation.

    Et les chiffres sont plutôt corrects : 37% finissent par s’immatriculer, 18% obtiennent un autre type de « sortie réussie » (prise d’emploi, orientation vers une autre voie, etc.) et 20% abandonnent. « Mais même pour eux, ce n’est pas un véritable échec. Car en matière d’intégration, l’expérience qu’ils auront vécue sera décisive pour la suite de leur parcours », estime Mathieu Crettenand.

    https://lecourrier.ch/2021/09/22/chercheurs-afghans-abrites-par-luni
    #université #universités-refuge #réfugiés #réfugiés_afghans #solidarité #Genève #université_de_Genève #unige

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    https://seenthis.net/messages/746030

  • La Ville veut féminiser 14 nouvelles rues

    Les autorités de la Ville de #Genève déposeront en septembre un nouveau dossier auprès de la Commission cantonale de nomenclature pour féminiser des rues et emplacements sur le territoire municipal.

    https://lecourrier.ch/2021/08/23/la-ville-veut-feminiser-14-nouvelles-rues

    (#paywall)

    #toponymie_politique #noms_de_rue #toponymie #toponymie_féministe #résistance #féminisme #re-nomination #repabtisation #action_toponymique #Suisse

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    Ajouté à ce fil de discussion sur la #féminisation des noms de rue à #Genève :
    https://seenthis.net/messages/787572

  • Après 20 ans sans salaire, des employées de diplomates à Genève se rebiffent Sébastien Faure/boi

    Elles sont une demi-douzaine pour un mouvement sans précédent dans la Genève internationale : des domestiques philippines se rebiffent contre les membres de la mission pakistanaise à l’ONU. Elles affirment qu’elles sont employées par les diplomates sans être payées, depuis vingt ans pour trois d’entre elles.
    Rosario est arrivée en 2002 à Genève, laissant trois enfants aux Philippines. Issue d’une famille très modeste, elle croit avoir trouvé une aubaine, confie-t-elle dimanche dans Mise au Point : un contrat à 1500 francs plus la nourriture, le logement, l’assurance et l’AVS au pays.

    Mais à son arrivée à Genève, raconte-t-elle, on lui explique l’arrangement : en fait, elle ne touchera rien du tout mais recevra seulement une carte de légitimation qui lui donnera un statut en Suisse. Pour ce qui est des revenus, ce sera à elle de trouver des petits boulots au noir dans des familles genevoises, après son travail pour les diplomates pakistanais.

    Pour Rosario, le système a duré jusqu’au début de cette année, soit près de 20 ans, et au service de six diplomates successifs.

    Une « exploitation crasse de la force de travail » dénoncée
    Mise au Point a contacté le dernier secrétaire de la mission chez qui travaillait Rosario, un homme qui prononce régulièrement des discours devant les autres diplomates au Palais de l’ONU. Il affirme qu’il payait bien Rosario mais ne pas avoir de relevés bancaires car il la payait en cash.

    Ces femmes sont allées se plaindre au syndicat SIT et certaines ont déposé des plaintes pénales contre les diplomates qui les ont employées.

    Mirella Falco, du SIT, explique que le régime des cartes de légitimation est spécifique au monde de la diplomatie : « Cette carte est reliée à l’employeur et si l’employeur met fin au contrat, il n’y a plus de permis de séjour et l’employé n’a plus aucune raison d’être en Suisse. » Elle voit dans le système qui aurait été mis en place au sein de la mission pakistanaise « de l’exploitation crasse de la force de travail et une atteinte à la dignité humaine ».

    La mission pakistanaise se défend
    Interpellée, la mission pakistanaise qui fait la demande de ces cartes de légitimation a répondu à la RTS que « les témoignages mentionnant du travail non payé à une échelle systémique sont à la fois malveillants et faux. Le bien-être de nos employés est parmi nos premières priorités ».

    C’est la Mission suisse auprès de l’ONU qui distribue ces cartes de légitimation et surveille le respect des contrats des employés. Elle dit les recevoir en personne une fois par année. Le chef de la mission, Jürg Lauber, confirme une plainte liée à la mission du Pakistan : « Il y a quelques personnes qui n’ont pas respecté les règles. On est en train de rectifier ça. On a pris contact avec la mission, il faut s’assurer que les droits des employés domestiques soient respectés. »

    La Mission suisse dit ne pas être informée de pratiques similaires dans d’autres missions étrangères à Genève. Mais Angela, qui aussi porté plainte pour travail non payé chez des diplomates pakistanais (interrogé, le dernier en poste nie ces accusations), estime que beaucoup de membres de la communauté philippine sont ainsi exploités.

    Elle dit avoir elle-même travaillé un an sans salaire pour la mission d’un autre pays qu’elle ne souhaite pas nommer. Ce qui a décidé Angela à se plaindre, c’est l’agressivité des diplomates pakistanais et le fait de se retrouver acculée avec le Covid. Tous ses employeurs au noir ont cessé de l’appeler depuis le début de la pandémie et elle a été obligée de s’endetter pour continuer à travailler gratuitement.

    La vidéo : https://www.rts.ch/play/tv/mise-au-point/video/sebastien-faure-auteur-de-lenquete--femmes-de-menage-sans-salaire-?urn=urn:rts:v

    Source : https://www.rts.ch/info/regions/geneve/12255999-apres-20-ans-sans-salaire-des-employees-de-diplomates-a-geneve-se-rebif

    #esclavage #esclavage_moderne #exploitation #Femmes #diplomatie #ambassades #Genève #Suisse #travail #racisme  #exploitation #femmes #capitalisme #Pakistan

  • Amendes pour mendicité ? Un arrêt européen défait la justice suisse

    Un arrêt de la #Cour_européenne_des_droits_de_l’homme a mis fin aux amendes pour mendicité à #Genève. Cette décision, fondée sur l’emprisonnement d’une femme Rom, a une portée internationale.

    Peut-on mettre à l’amende et emprisonner une personne au simple motif qu’elle a tendu la main devant des passants ? Le 19 janvier, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a décidé à l’unanimité que cette pratique violait l’article 8 de sa charte, qui consacre le droit au respect de la vie privée et familiale. « Se trouvant dans une situation de vulnérabilité manifeste, la requérante – une femme Rom – avait le droit, inhérent à la dignité humaine, de pouvoir exprimer sa détresse et d’essayer de remédier à ses besoins par la mendicité », a jugé la Cour.

    Ayant été incapable de payer plusieurs contraventions pour mendicité, pour un total de 500 francs, Mme Lacatus avait purgé à Genève une peine de prison de 5 jours. C’était en 2015. La sanction est grave, estime la CEDH. « Eu égard à la situation précaire et vulnérable de la requérante, l’imposition d’une peine privative de liberté (…) peut alourdir encore davantage (sa) détresse et (sa) vulnérabilité. » La Cour a condamné Genève à payer à cette femme originaire de Roumanie 992 Euros pour dommage moral.

    Fait surprenant, en 2008, le Tribunal fédéral avait presque anticipé les conclusions de la CEDH, estimant que le droit de mendier doit « manifestement être considéré comme (…) faisant partie de la liberté personnelle garantie par la Constitution ». Puis, les juges suisses avaient conclu que cette interdiction reposait sur une base légale. Pour Genève, l’interdiction visait à sauvegarder la sécurité et la tranquillité publiques.

    Pas d’atteinte à l’ordre public

    La CEDH ne s’est pas limitée à annuler des décisions prises successivement par la justice genevoise et le Tribunal fédéral au sujet du sort réservé à cette femme. Dans ses commentaires, la Cour a également attaqué l’article du code pénal genevois, voté fin 2007, qui punit d’amende toute mendicité. Les juges ont aussi estimé que la mendicité ne représentait pas une atteinte à l’ordre public, tout au plus une gêne morale. Enfin, l’argument qui consiste à dire que la poursuite des mendiants vise à lutter contre des réseaux mafieux – fait que la Suisse n’a pas pu démontrer – pose problème. Pour la CEDH, les Roms apparaissent plutôt comme des victimes.
    Une avocate des Roms félicitée et menacée

    Le 19 janvier, l’avocate Dina Bazarbachi, défenseuse des Roms à Genève depuis 14 ans, a pris connaissance de cette décision avec émotion. « Deux semaines avant l’annonce, j’ai craint de perdre devant la Cour, ce qui aurait eu des conséquences néfastes sur la manière dont les Roms sont traités en Europe. » L’arrêt de la CEDH, dont la jurisprudence s’applique aux 47 pays membres du Conseil de l’Europe, représente l’aboutissement d’une bataille juridique menée dès 2008. Dina Bazarbachi a reçu plusieurs messages d’avocats qui l’ont félicitée pour sa ténacité. Mais aussi des lettres d’insultes, dont une missive ordurière la menaçant de mort, qu’elle a signalée à la police. « Cela montre la haine que certaines personnes peuvent porter aux Roms », dit-elle, rappelant qu’à son sens, la loi genevoise contre la mendicité a été élaborée et appliquée spécifiquement contre cette population. Les débats législatifs se sont en effet focalisés sur les Roms et l’essentiel des amendes, sinon la totalité, visent ces personnes. Cette situation, si elle pouvait être prouvée, serait constitutive d’une violation de l’interdiction de discrimination indirecte, a relevé la Cour.

    Genève prépare une nouvelle loi anti-mendicité

    À Genève, la décision de la CEDH a fait grand bruit. Le procureur de la République, Olivier Jornot, qui avait participé au lancement de la loi contre la mendicité, a été contraint d’annuler toutes les procédures en cours et de stopper la mise à l’amende des mendiants. Des centaines de contraventions se sont évaporées. En 2020, la police genevoise a dressé 3723 amendes pour mendicité, représentant 457 890 francs. Durant ces opérations, elle a saisi 5278 francs, retirant aux mendiants le produit d’une activité illégale. Depuis des années, Dina Bazarbachi a organisé une véritable fronde contre ces contraventions, lesquelles sont finalement réduites par les juges, du fait de la situation précaire des Roms. « L’ensemble de ce système coûte très cher. Or il y a d’autres combats à mener », selon l’avocate, qui déplore le lancement d’un nouveau projet de loi cantonal contre la mendicité par un député PLR. Déposé début mars, ce texte interdirait notamment de tendre la main dans toute rue commerciale ou touristique.

    La juriste estime que des sanctions en lien avec cette loi risquent de se heurter à l’arrêt de la CEDH. Le gain politique de ce texte lui semble incertain.

    Les cantons sur le grill

    L’arrêt de la Cour force tous les cantons à examiner les risques juridiques de condamnations qui pourraient être attaquées, voire aboutir à l’octroi d’indemnités. À Bâle, une motion prônant la réintroduction de l’interdiction de la mendicité avait été adoptée au Grand Conseil. L’arrêt de la CEDH a suspendu ce processus. À Lausanne, dont la loi cantonale sur la mendicité est inspirée de la loi genevoise, l’arrêt de la CEDH est en cours d’analyse. À Zurich, où la police amende les mendiants – 700 contreventions en 2020 –, le service de la communication a indiqué courant mars que, pour le moment, l’arrêt de la CEDH ne changeait rien.

    L’arrêt en question a déjà déployé ses effets hors de la Suisse. C’est le cas en France, où le droit pénal n’interdit que la mendicité dite « agressive ». L’avocat parisien Lionel Crusoé, spécialiste de ces questions, a plaidé en février pour la Fondation Abbé Pierre et la Ligue française pour la défense des droits de l’homme. Il contestait un arrêté municipal de la ville de Metz interdisant la mendicité. « Nous avons utilisé l’arrêt européen devant le tribunal et obtenu gain de cause », explique-t-il.

    https://www.swisscommunity.org/fr/nouvelles-et-medias/revue-suisse/article/amendes-pour-mendicite-un-arret-europeen-defait-la-justice-suisse

    #amendes #mendicité #Suisse #justice #CourEDH #CEDH

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    ajouté à la métaliste sur la #criminalisation de la mendicité :
    https://seenthis.net/messages/827982

    • Haute-Savoie : 260 bateaux dessinent la frontière franco-suisse au milieu du Léman ce dimanche

      Matérialisation éphémère de la frontière entre France et Suisse ce dimanche au milieu du Léman. A l’initiative d’un jeune architecte de Lausanne, 260 bateaux vont s’aligner sur une ligne invisible de 59 km entre Hermance dans le canton de Genève et Saint-Gingolph en Haute-Savoie

      Visualiser la frontière entre France et Suisse sur le Léman, pas facile quand il n’existe pas de véritable élément géographique. Alors pour rendre visible ce qui ne l’est pas, un étudiant architecte suisse de l’EPFL École Polythechnique Fédérale de Lausanne, a sollicité les navigateurs de part et d’autres du lac.

      Une ligne invisible de 59 km

      #Bastian_Marzoli leur a demandé de s’aligner tous pour la même heure ce dimanche après-midi sur cette ligne invisible de 59 km représentée sur les cartes au milieu du lac depuis le 16 e siècle.

      260 navigateurs de 60 ports

      260 navigateurs de 60 ports de Haute-Savoie, et des trois cantons suisses du Valais, de Vaud et de Genève ont accepté de jouer le jeu et se positionneront pour 14h30. Le projet a remporté un concours lancé par l’école d’architecture de Genève. Les photos qui seront prises ce dimanche seront exposées à partir de la mi-mai au Pavillon Sicli à Genève. Si la météo veut bien rester clémente, le spectacle, les clichés et vidéos tournés ce jour, promettent d’être aussi beaux que mémorables.

      https://www.francebleu.fr/infos/insolite/haute-savoie-260-bateaux-francais-et-suisses-dessinent-la-frontiere-au-mi
      #matérialisation #visibilisation #in/visibilité

  • Réfugiés aux études

    Un programme inédit en #Suisse permet aux migrants d’intégrer un cursus universitaire à #Genève. Reportage.

    https://www.rts.ch/play/tv/mise-au-point/video/refugies-aux-etudes?urn=urn:rts:video:11687108
    #horizon_académique #vidéo #réfugiés #études_universitaires #université #asile #migrations #éducation #accès_aux_études #solidarité

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    ajouté à la métaliste sur des projets qui visent à intégrer les #réfugiés dans les universités :
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  • [68] LA #Julienne, une #cuisine_mobile !

    Nous apprenons que la Julienne, cuisine mobile, essaime dans le quartier des Grottes à #Genève. Situé derrière la gare Cornavin, il s’y trouve désormais les vendredis dès 18h, un point d’#intendance à prix libre, aux denrées soigneusement apprêtées, dont on peut se saisir si l’on y accourt muniexs d’un tupperware.

    http://libradio.org/?page_id=7892
    #alimentation #invendus #prix_libre #Suisse
    #podcast #son

    • Tattes : la justice au service des plus forts

      Il aura fallu plus de 6 ans au #Ministère_public pour arriver à « boucler » si lamentablement cette enquête : 2 requérants d’asile et 2 agents de sécurité inculpés. Les véritables responsables, ceux·celles qui ont en main de quoi contrôler la situation, ceux-là sont blanchis.

      Un centre bourré à craquer, vétuste et défaillant

      Tout en bas de l’échelle, il y a d’abord les 2 requérants qui fumaient et qui cuisinaient dans leur chambre. Mais où pouvaient-ils donc fumer, dans quels lieux réservés mais néanmoins accueillants auraient-ils pu se rencontrer dans un centre qui était bourré à craquer et qui hébergeait au moins deux fois plus de personnes que « la normale » ? Mais où pouvaient-ils donc cuisiner alors que les gens étaient entassés non seulement dans les chambres mais aussi dans les cuisines et devant les WC aux portes improbables ? Certaines familles, de retour à domicile à la sortie de la Maternité, avec un nouveau-né dans les bras, utilisaient même les plaques électriques… pour se chauffer en plein hiver !

      Il y a aussi les 2 agents de sécurité chargés d’homicide, lésions corporelles, négligence. Eux aussi tout en bas de l’échelle, oui. Que faire, comment faire dans un centre tellement brinquebalant comme était le foyer des Tattes il y a 6 ans, avec un dispositif anti-incendie défaillant, des portes coupe-feu qui s’ouvrent ou ne s’ouvrent pas, sans aucun plan clair d’évacuation des logements, des résident·es qu’on connait peu et qu’on ne comprend pas toujours ? Dans ce foyer, la panique a sans doute gagné autant les #agents_de_sécurité que les résident·es. Ils ont abandonné leur « responsabilité » pour sauver leur peau, devenant ainsi des criminels.

      Mauvaise gestion, peur et répression : les responsables doivent être poursuivis !

      Et pendant ce temps, où étaient, où sont les vrai·es responsables ? Ceux·celles qui ont permis que le foyer soit plein à craquer sans rien faire ? Ceux·celles qui font que le climat ambiant est celui de la peur de la répression avant le vivre ensemble ?

      Et aujourd’hui, où sont les sinistrés de cet incendie ? Comment les retrouver pour leurs présenter des excuses et des indemnisations ? Pourquoi les autorités refusent toujours d’octroyer un permis à l’une des rares victimes toujours à Genève, Ayop Aziz ?

      Les avocates de plusieurs plaignants ont fait #appel devant la Chambre de recours contre l’ordonnance de classement et demandent que l’#Hospice_général et son responsable sécurité incendie soient poursuivis. On en est là, on attend la réponse. Quant au #procès, pour le moment, il n’est pas encore agendé.

      Criminalisation des personnes migrantes partout, jutice nulle part

      Dans l’affaire de l’incendie des Tattes, tout comme dans celles actuellement en cours concernant le suicide d’Ali Reza au foyer de l’Etoile ou les plaintes pour agressions contre des requérants au centre de Giffers (Fribourg), c’est David contre Goliath. Les requérant·es concerné·es rêvent d’une justice helvétique, équitable et réparatrice. Mais nous savons qu’à la fin du parcours, en Suisse comme ailleurs, l’appareil judiciaire est celui du pouvoir et de l’argent.

      Il y a 6 ans que nous suivons cette histoire, que nous célébrons chaque année la triste date du 16 novembre 2014. Nous continuerons, pour ne pas oublier et pour rappeler aux autorités cantonales leur lâcheté et leur hypocrisie.

      Etat, Hospice général et société de sécurité blanchis : scandale !

      Reçu via la mailing-list Solidarité Tattes, 15.04.2021

      #responsabilité

    • Justice pour les victimes des Tattes

      Le Tribunal de police conclut à la #culpabilité de trois prévenus, un résident et deux #securitas, dans l’affaire de l’incendie des Tattes. Le responsable incendie de l’#Hospice_général sort blanchi.

      « Je remercie la justice d’avoir fait son travail, mais rien ne me ramènera mon fils. Aujourd’hui comme hier et au premier jour, la perte de mon enfant est douloureuse », confie au sortir de la salle d’audience le père de Fikre, jeune Erythréen décédé il y a plus de huit ans dans l’incendie du foyer pour requérant·es d’asile des Tattes. Au terme d’une procédure inhabituellement longue, le Tribunal de police a finalement désigné les responsables du sinistre qui avait fait un mort et une quinzaine de blessés graves.

      Le juge condamne le résident dans la chambre duquel le feu avait pris la nuit du 14 novembre 2014, ainsi que les deux agents de sécurité qui, par une succession de mauvaises décisions, avaient contribué à la propagation de la fumée. Le responsable incendie de l’Hospice général sort lui blanchi d’une procédure qui l’avait rattrapé sur le tard.

      Pas de lien de causalité

      Cet acquittement n’est pas vraiment une surprise pour les parties plaignantes, qui avaient bataillé pour que la responsabilité étatique soit elle aussi analysée. « Depuis le début, l’autorité pénale n’avait pas de volonté d’assigner sur le banc des prévenus les responsables publics », rappelle l’une des avocates, Sophie Bobillier. Le Ministère public avait d’ailleurs laissé au tribunal l’entière appréciation de la responsabilité du coordinateur incendie de l’Hospice général.

      Les reproches formulés par les parties plaignantes portaient sur le manque de formation des Securitas actifs sur le site de Vernier, mais aussi les exercices d’évacuation trop peu nombreux ou encore la vétusté d’un bâtiment pas aux normes. Le juge Olivier Lutz relève que la faute ne peut être imputée au responsable incendie qui devait gérer 45 bâtiments, ce qui ne lui laissait guère l’opportunité de vérifier que les consignes étaient comprises de tous, résident·es comme agents de sécurité.

      Les exercices incendie ? « Ils n’ont de valeur que s’ils sont exécutés avec les personnes régulièrement présentes. » Difficile d’évaluer en quoi l’organisation d’un exercice supplémentaire aurait pu changer la donne le soir du drame, alors qu’aux Tattes les résident·es et les securitas changent régulièrement.

      « Quand bien même le tribunal pourrait retenir certains manquements, il n’est pas en mesure de déterminer de liens de causalité avec le décès et les blessures graves », conclut le juge Olivier Lutz à l’encontre du responsable de l’Hospice général. Un verdict tout à la satisfaction de l’avocat de ce dernier, Pascal Junod : « Nous avons obtenu raison sur toute la ligne. Le président a très bien compris le rôle de mon client dans cette affaire complexe. »

      Trois coupables

      Des responsables, il en fallait pourtant. A commencer par le résident dans la chambre duquel le feu a pris. Sans que l’origine du foyer n’ait pu être précisément déterminée – dysfonctionnement d’une plaque chauffante ou mégots jetés dans un récipient plastique –, le trentenaire, qui a fait deux fois le déplacement depuis l’Algérie pour suivre le procès, a été reconnu coupable d’incendie, homicide et lésions corporelles graves par négligence. Quoiqu’il n’ait jamais eu l’intention de porter préjudice à qui que ce soit, « la violation de son devoir de diligence a eu des effets dramatiques », souligne le tribunal. Une faute qualifiée de « très importante », qui lui vaut une peine de prison de quinze mois avec sursis.

      Autres responsables identifiés, deux agents de sécurité. En cherchant à éteindre le feu plutôt qu’à procéder à l’évacuation du bâtiment, ils sont eux aussi reconnus coupables d’homicide et lésions corporelles graves par négligence. En premier lieu, l’agent qui a constaté le départ du feu a commis une erreur d’appréciation fatale en croyant qu’un de ses collègues – pas inculpé dans la procédure – pourrait se charger seul d’alerter tout le bâtiment. « Ce faisant, il a omis de mettre à l’abri les résidents alors que cela aurait été possible », tance le juge. Le deuxième agent inculpé avait lui aussi reconnu qu’il aurait pu « monter dans les étages et évacuer », plutôt que prêter main-forte à son collègue dans une opération impliquant de tenir ouverte une porte de secours. Tous deux écopent de jours-amendes, respectivement 240 et 180, avec sursis.

      Dernier prévenu à la procédure, un résident suspecté d’avoir constaté l’incendie sans sonner l’alarme a lui été acquitté. Le tribunal a considéré qu’on ne pouvait l’accuser d’omission de prêter secours alors qu’au moment où il constatait les premières fumées « personne ne se trouvait en danger de mort imminent » et qu’il est par ailleurs plausible qu’il soit à l’origine de l’alerte anonyme auprès des agents de sécurité.

      Reconnaissance des souffrances

      Pour les victimes, l’aboutissement de ce procès signe enfin « la reconnaissance de leur souffrance », souligne Me Bobillier. En fonction de leurs blessures, chacun d’entre eux touchera entre 500 et 30’000 francs. Le frère et le père du défunt toucheront respectivement 25’000 et 35’000 francs pour le tort moral subi, à charge des prévenus ou subsidiairement de l’Etat. « Des montants très corrects », se félicite leur avocate, Me Magali Buser. Qui souligne que le jugement reconnaît aussi la violation du principe de célérité, eu égard à une procédure qui aura traîné en longueur.

      Une ombre au tableau selon elle : l’acquittement du chef de la sécurité incendie. Les parties plaignantes étudieront à cet égard l’opportunité de faire recours.

      https://lecourrier.ch/2023/01/20/justice-pour-les-victimes-des-tattes

      #procès #justice

    • Procès des Tattes : 8 ans pour rendre l’injustice

      Le #verdict du procès de l’incendie du foyer des Tattes est tombé vendredi 20 janvier 2023 devant le tribunal de Police de Genève. Sur les cinq prévenus, trois ont été condamnés et deux ont été acquittés. L’accusé principal a été condamné à 15 mois de prison avec sursis. Le coordinateur sécurité de l’Hospice général a été acquitté.

      Ce verdict était autant prévisible qu’il a été lamentable. Le véritable coupable de la catastrophe des Tattes, l’état, n’est pas même évoqué. Et celui qui le représentait, le responsable incendie de l’Hospice général, est totalement blanchi.

      Au cours de la lecture qui aboutissait à la sentence, on a entendu un grand nombre de fois le mot « causalité ». Et la #causalité, finalement, ça ne pouvait être qu’un mégot jeté dans une poubelle ou une plaque chauffante qu’on a oublié d’éteindre. Et les coupables, ce ne pouvait être que les requérants, considérés comme négligents et irresponsables, qui fumaient et cuisinaient alors que c’était interdit. Et moins coupables, mais coupables quand même, les personnes mal payées, mal coachées, mal « formées » qui travaillaient dans cette galère et qui ont elles aussi traversé la catastrophe, mal géré les événements et paniqué dans l’incendie.

      Sans doute, le langage des tribunaux n’est pas accessible au commun des mortels, et cela depuis des siècles. Mais le bon sens me pousse à dire qu’« ils » ont tourné comme des mouches à merde autour du mégot et de la plaque chauffante, pensant peut-être nous faire oublier ainsi les véritables responsabilités, les véritables responsables.

      Nous avons pourtant dit pendant le procès à quel point les conditions déplorables de ce foyer avaient entraîné des comportements qui ne correspondaient pas aux affiches collées dans les couloirs et qui interdisaient les plaques chauffantes et la cigarette dans les chambres. Tout le monde se débrouillait pour vivre malgré tout dans ces conditions ignobles, pour se chauffer (les plaques chauffantes, pour cuisiner, mais aussi pour se chauffer !) ou pour s’amuser (fumer dans les chambres, cuisiner dans les chambres, griller le café sur des petits braseros dans les chambres). Tout le monde le savait, les intendants aussi, l’Hospice général aussi.

      Et si le responsable incendie de l’Hospice était surchargé de travail, responsable « de 30 sites et 50 bâtiments » de l’institution, pourquoi ne s’est-il jamais inquiété, n’a-t-il jamais demandé de renfort, n’a-t-il jamais fait les formations et les simulations qu’il aurait dû faire ?

      La lecture interminable de tout ce qu’on avait déjà entendu il y a plus d’un mois par le juge Lutz a donc abouti à accuser les plus faibles, les requérants et les agents de sécurité qui n’ont pas réagi comme ils devaient. 3 personnes se sont levées pour écouter la sentence. La punition, c’est qu’ils vont devoir payer eux-mêmes les dédommagements aux plaignants, soit environ une somme de 200’000 francs, sans compter d’autres frais pour rembourser les pertes de matériel. Comment ces hommes, qui doivent se sentir mal depuis déjà 8 ans, en attente du verdict, vont-ils pouvoir payer ces sommes, avec les salaires déplorables qu’ils reçoivent pour leur travail déplorable ? C’est à Poggia de payer cette facture !

      Evidemment, pas un mot sur les permis de certains sinistrés qui sont toujours F ou même « papier blanc » (Ayop) : il ne faut pas mélanger les torchons avec les serviettes. L’incendie, c’est un chapitre, l’asile, c’en est un autre.

      –---

      K. a perdu son procès
      La justice genevoise a (encore) perdu sa dignité

      Après presque six ans d’attente, le verdict du procès qui oppose K à l’ancien Protectas du foyer de l’Étoile qui l’avait assommé a été rendu tout à l’heure. K est débouté. Ce n’est pas parce qu’on n’est pas surpris qu’on n’est pas dégoûtés.

      Pourquoi ce verdict ? Parce qu’en somme la violence exercée contre K est déclarée proportionnée. Les coups qu’il a reçus, la terreur qui l’a fait tenter de se défenestrer pour s’échapper, le dommage psychologique… la justice vient de lui dire qu’il en était la cause. Pour ainsi dire, il l’avait mérité. Si un tel jugement est possible, c’est parce que le juge a choisi avec soin à qui accorder de la crédibilité ou non, et que considérer comme un doute ou un fait.

      Une violence proportionnée au prétexte principal que K aurait été armé. Crédibles, donc, les déclaration des Protectas, qui disent d’abord à plusieurs reprises que K avait en main des ciseaux et un peigne. Lesquels deviendront au fil des besoins une lame de rasoir, puis plusieurs lames, puis un rasoir de barbier, tous absent du constat de police, tous invisibles et dont aucun n’a été retrouvé ni d’ailleurs cherché. Crédibles ces armes opportunes, d’abord oubliées puis réapparues dans les mémoires des agents de sécurité quand les accusations portées contre eux le nécessitaient.

      Crédible la menace représentée par l’attitude de K, adolescent frêle, torse et pieds nus, qui est décrit s’élançant sur les agents les poings en avant, puis non le genou, puis non le pied. Crédible les autres jeunes présentés comme des émeutiers armés de trottinettes et de chaises, alors que les vidéos les montrent calmes et maitrisés.

      Crédibles encore les déclarations selon lesquels Alireza, qui s’est tué peu après, aurait baissé son pantalon pour montrer ses partie génitales. Et puis non, finalement ce serait K qui l’aurait fait. Crédible alors même que tous ceux qui le connaissent, y compris son éducateur référent, expliquent à quel point c’est invraisemblable.

      Crédibles finalement, les Protectas qui nient la perte de connaissance et déclarent avec force détail comment K serait tombé sur les fesses et aurait simulé, alors que le rapport de police le dit inconscient et que la vidéo nous le montre. Crédibles alors que devant l’accusation de non assistance ils expliquent finalement l’avoir mis en PLS et avoir appelé une ambulance.

      Le juge n’est revenu dans son jugement sur aucun de ces points. Il a conclu en revanche qu’il n’était pas prouvé que K était inconscient. Il a souligné que d’ailleurs sa version avait varié, puisqu’il n’était plus certain d’avoir été projeté au sol par les poings de l’agent ou par ses mains ouvertes. Les souffrances physiques et psychologiques subies par K ? Des « troubles passagers ». Pour le Protectas en revanche, la procédure est un « traumatisme » qui l’a atteint dans sa santé.

      L’hospitalisation de K dans un centre médical pour jeunes suicidants ? Il allait déjà mal avant.

      Tiens, un argument qu’on connaît. Comme pour Alireza H dans une autre procédure. Comme pour Alireza R plus récemment. Aucun des deux n’est plus là pour en parler.

      Le doute qui permet au juge de faire ainsi sa cueillette dans les récits qui lui sont faits, ce n’est pas une malheureuse circonstance. Ce doute a été construit par la procédure, les investigations bâclées du Ministère public et sa non entrée en matière, que le SPMI s’est empressé d’enfouir au fond d’un dossier tout en cachant l’entier de l’affaire au Tribunal de protection de l’enfant.

      En plus des 4 agents de sécurité, 10 à 15 jeunes ont assisté à tout ou partie de la scène. L’autorité pénale ne va pourtant en entendre que deux, l’un comme plaignant, l’autre comme prévenu. Quatre ans après les faits, seuls trois jeunes présents ont été entendus.

      Reçu via la newsletter Solidarité Tattes, 21.01.2023

  • Genève, paradis des dictateurs

    Avec l’aide d’informaticiens amateurs, nous sommes partis à la traque aux dictateurs, qui viennent dépenser des sommes hallucinantes dans les palaces genevois, tandis que leurs peuples sont écrasés de misère. Comme l’épouse du président camerounais, qui vient voir son coiffeur en jet privé. Coup de projecteur sur un scandale qui fait partie du décor.

    https://www.rts.ch/play/tv/temps-present/video/geneve-paradis-des-dictateurs?urn=urn:rts:video:9682311
    #Genève #Suisse #luxe #discrétion #impunité #corruption #spotter #avions #Mike_Gerrard #blanchissement_d'argent #dictateurs #dictatures
    #vidéo

  • #Genève : Vers une #carte_d’identification_universelle en Ville ?

    Une #motion demande à l’exécutif de la Ville d’étudier la création d’un document permettant l’accès à tous les services municipaux, quel que soit le statut légal.

    Après Zurich et La Chaux-de-Fonds, la Ville de Genève se lancera-t-elle dans la création d’un document d’identification communale ? Ce projet, déjà adopté dans la capitale économique suisse et que la Métropole horlogère a mis à l’étude la semaine dernière, vise à élaborer une carte accessible à tous les habitants, quel que soit leur statut légal, pour pouvoir bénéficier de l’ensemble des services municipaux. Une motion déposée par le conseiller municipal socialiste Pascal Holenweg au début du mois demande au Conseil administratif de se pencher sur la question.

    Cette carte « permettrait un accès facilité aux soins, à l’inscription dans des #services_municipaux ainsi qu’aux lieux culturels, sportifs, sociaux, le cas échéant à partir d’un guichet unique les rassemblant tous », explique le texte. « L’initiative part du constat qu’une partie de la population rencontre des difficultés à accéder aux #services offerts par la Ville, que ce soit faute de #statut_légal, d’#adresse ou de #papiers_d’identité, affirme Pascal Holenweg.
    Sur l’exemple d’autres villes, en Suisse mais aussi aux Etats-Unis, nous proposons d’étudier la possibilité d’établir un #document_d’identification – et non pas d’identité, ce qui est de
    compétence fédérale – et d’#accès_universel aux prestations municipales, qui pourrait servir à tous les habitants, comme carte d’accès aux piscines, aux bibliothèques, etc. »

    Le MCG opposé

    Autre avantage avancé par Pascal Holenweg : « Si la Ville décidait de rendre payants aux habitants d’autres communes les services qu’elle propose actuellement gratuitement à tout le canton ou d’instaurer des tarifs différenciés, cette carte permettrait aux habitants de la
    commune de bénéficier de la gratuité ou de tarifs réduits. »

    La proposition devrait être soutenue par la gauche, majoritaire au Conseil municipal, comme l’espère #Pascal_Holenweg, mais elle ne rencontre en tout cas pas l’adhésion du Mouvement citoyens genevois (MCG). « Le sujet avait déjà fait l’objet de discussions par le passé. Au MCG, nous sommes contre, explique Daniel Sormanni, chef de groupe au délibératif municipal. Ce n’est pas vraiment une pièce d’identité mais ça y ressemble. C’est surtout destiné aux clandestins, avec l’argument d’améliorer leur accès aux services municipaux. En réalité, ils l’ont déjà. Je ne vois donc pas l’utilité. Et puis ça donnerait un faux sentiment de légitimité à des gens qui ne devraient pas être sur notre territoire. » Du côté de la conseillère municipale démocrate-chrétienne Alia Chaker Mangeat, on attend d’en savoir plus. « Je ne suis pas opposée au principe, mais j’aimerais qu’on étudie en commission l’apport réel d’un tel outil », affirme-t-elle.

    Le maire favorable

    Si la motion passe la rampe du délibératif, elle obtiendra une oreille attentive de la part de l’exécutif communal. Collaborateur personnel de Sami Kanaan, Félicien Mazzola affirme en effet que « le maire est favorable au projet ». « La Ville s’était déjà intéressée à la question il y
    a quelques années, poursuit-il, quand New York a développé sa City Card. Puis Zurich a lancé sa propre carte destinée aux sans-papiers. De notre côté, nous avons approché les associations qui travaillent avec eux, pour connaître les besoins. Après l’#opération_Papyrus, qui a permis un grand nombre de régularisations, une carte spécifique pour les sans-papiers n’apparaissait pas vraiment appropriée. »

    En revanche, une carte universelle, qui permette l’accès à l’ensemble des services municipaux et aux démarches en ligne pour tous les habitants, quel que soit leur statut, et réduisant ainsi les risques de traçage des sans-papiers, se révèle très intéressante, explique Félicien Mazzola.

    https://lecourrier.ch/2021/02/26/vers-une-carte-didentification-universelle-en-ville
    #ville-refuge #asile #migrations #réfugiés #Suisse #citoyenneté #citoyenneté_urbaine

    Genève après :
    #Berne : https://seenthis.net/messages/801885
    #Zurich : https://seenthis.net/messages/889029
    #La_Chaux-de-Fonds : https://seenthis.net/messages/896514

    –—

    Ajouté au fil de discussion sur les cartes d’identification universelle en Suisse :
    https://seenthis.net/messages/801885

    ... qui, lui-même, est ajouté à la métaliste sur les villes-refuge :
    https://seenthis.net/messages/759145#message801886

  • Droit du travail : un chauffeur Uber requalifié en « salarié »
    http://www.bonnes-nouvelles.be/site/index.php?iddet=2849&id_surf=&idcat=305&quellePage=999&surf_lang=fr

    Je me sens comme un esclave : je travaille de longues heures chaque jour, sous les ordres d’une application, mais je n’ai pas de quoi me payer un salaire à la fin du mois. » Guillaume* est chauffeur indépendant, ou « limousine » comme on dit chez Bruxelles Mobilité, où il a obtenu sa licence il y a un peu plus de deux ans. Depuis novembre 2018, il « collabore » avec Uber, qui organise le transport rémunéré de citadins dans la capitale et un peu partout dans le monde. À ce stade, il n’a « plus rien à (...)

    #Uber #procès #législation #conducteur·trice·s #GigEconomy #travail

    • Je me sens comme un esclave : je travaille de longues heures chaque jour, sous les ordres d’une application, mais je n’ai pas de quoi me payer un salaire à la fin du mois. »

      Guillaume* est chauffeur indépendant, ou « limousine » comme on dit chez Bruxelles Mobilité, où il a obtenu sa licence il y a un peu plus de deux ans. Depuis novembre 2018, il « collabore » avec Uber, qui organise le transport rémunéré de citadins dans la capitale et un peu partout dans le monde. À ce stade, il n’a « plus rien à perdre », nous explique-t-il. « Mais peut-être, quelque chose à gagner ». À savoir : devenir salarié de la multinationale.

      Début juillet, Guillaume a introduit une demande de qualification de sa relation avec la plateforme d’origine américaine auprès de la Commission administrative de règlement de la relation de travail (CRT). Quand la nature de votre relation avec votre donneur d’ordre ou votre employeur vous apparaît comme suspecte, cet organe est là pour analyser votre cas et décider, si au regard de la législation locale, vous êtes salarié ou indépendant.

      « Je ne gagne pas ma vie décemment »

      Guillaume, sur papier, appartient à la seconde catégorie de travailleurs (les deux seules existant en droit du travail belge). Il a enregistré une société en personne physique, son véhicule lui appartient, il a obtenu seul les autorisations nécessaires pour exercer son métier. « Avec Uber, je ne connais que les inconvénients de ce statut, en aucun cas les avantages. Je ne gagne de toute façon pas ma vie décemment, donc j’ai décidé d’aller jusqu’au bout », poursuit le trentenaire.

      Une démarche concluante puisque Le Soir a appris que la CRT lui avait donné raison à travers une décision longue de 12 pages rendue le 26 octobre dernier : Uber est bien, selon la Commission qui dépend du SPF Sécurité sociale, l’employeur de Guillaume. Précisément, la CRT conclut après un examen approfondi que « les modalités d’exécution de la relation de travail sont incompatibles avec la qualification de #travail_indépendant ».

      Pour aboutir à cette conclusion – la question est épineuse et fait débat dans bon nombre de pays européens ainsi qu’aux États-Unis (lire ci-contre) –, plusieurs éléments contractuels ont été analysés. Notamment ceux qui concernent la #liberté_d’organisation_du_travail et d’organisation du #temps_de_travail de Guillaume, deux démarches inhérentes au #statut_d’indépendant. Deux leitmotivs aussi utilisés par Uber depuis son lancement : l’entreprise estime, en effet, que la #flexibilité de ses chauffeurs ainsi que leur #liberté de prester quand ils le souhaitent et pour qui ils le souhaitent est à la base de sa « philosophie ».

      « Je ne peux pas refuser une course »

      « La réalité est bien différente », détaille Guillaume. « Uber capte quasi tout le marché à Bruxelles et, si je suis connecté à l’#application, je n’ai pas le #droit_de_refuser une course. Si je le fais, Uber abaisse ma “#cotation”. Si je le fais trois fois de suite, Uber me vire », détaille Guillaume. Qui précise qu’il lui est également impossible de jongler entre plusieurs plateformes. « Si je suis sur deux applications et que j’accepte une course pour un autre opérateur et qu’Uber me demande d’être disponible, je suis obligé de refuser la course. Au final, comme expliqué, cela me porte préjudice. »

      Guillaume, en outre, ne connaît pas son itinéraire avant d’accepter de prendre en charge un client. « On peut m’envoyer à 10 kilomètres. Soit un long trajet non rémunéré pour un trajet payé de 1.500 mètres. » S’il choisit de dévier du chemin imposé par la plateforme, par bon sens ou à la demande d’un client pressé, le chauffeur se dit également régulièrement pénalisé. Chez Uber, le client est roi. Quand ce dernier commande une course, l’application lui précise une fourchette de #prix. « Évidemment, si je prends le ring pour aller jusqu’à l’aéroport, le prix de la course augmente car le trajet est plus long, mais le client peut très facilement réclamer à Uber la différence tarifaire. Même s’il m’a demandé d’aller au plus vite. » Dans ce cas de figure, la différence en euros est immédiatement déduite de la #rémunération de Guillaume.

      La CRT estime que le chauffeur ne peut pas influer sur la manière dont Uber organise un #trajet, qu’il « n’a aucune marge de manœuvre quant à la façon dont la prestation est exercée. (…) En cas de non-respect de l’#itinéraire, si le prix de la course ne correspond pas à l’estimation, il peut être ajusté a posteriori par Uber, le passager peut alors obtenir un remboursement mais le chauffeur ne sera payé que sur base du prix annoncé à ce dernier. (…) A aucun moment, un dialogue direct entre le chauffeur et le passager n’est possible. (…) De telles modalités obligent le chauffeur à fournir une prestation totalement standardisée. »

      Un chantier dans le « pipe » du gouvernement

      Guillaume n’est pas naïf, ses représentants qui l’ont accompagné dans la démarche administrative – le syndicat CSC via sa branche dédiée aux indépendants #United_Freelancers et le collectif du secteur des taxis – ne le sont pas non plus. Il sait que l’avis de la CRT est « non contraignant » pour Uber mais qu’elle a de lourdes implications pour son cas personnel. À moins d’être requalifié comme « salarié » par l’entreprise elle-même (un recommandé a été envoyé à ce titre aux différentes filiales impliquées en Belgique), il ne peut désormais plus travailler pour Uber.

      De son côté, Uber explique qu’il « n’a pas encore pas encore reçu le point de la vue de la CRT » mais qu’il « estime que la justice bruxelloise a déjà tranché en 2019 le fait que ses chauffeurs étaient indépendants » (un procès a opposé l’entreprise au secteur des #taxis et lui a donné raison, mais ce dernier a fait appel et le jugement n’a pas encore été rendu). La société américaine pourrait d’ailleurs attaquer la décision en justice. L’anglaise #Deliveroo avait opté pour cette démarche en 2018 après que le même organe a acté en 2018 qu’un de ses #coursiers indépendants était en réalité salarié de la plateforme (l’audience aura lieu en septembre de cette année).

      « Notre priorité est de faire réagir les autorités. Uber, comme d’autres plateformes, doit occuper ses travailleurs selon une qualification conforme à la réalité du travail. Soit les #prestataires sont véritablement indépendants et devraient, dès lors, pouvoir fixer leurs prix, leurs conditions d’intervention, choisir leurs clients, organiser leur service comme ils l’entendent… Soit Uber continue à organiser le service, à fixer les prix et les règles, à surveiller et contrôler les chauffeurs, et ceux-ci sont alors des travailleurs salariés », cadrent Martin Willems, qui dirige United Freelancers et Lorenzo Marredda, secrétaire exécutif de la CSC Transcom.

      Au cabinet du ministre en charge du Travail Pierre-Yves Dermagne (PS), on confirme avoir déjà analysé les conclusions de la CRT et la volonté de débuter rapidement un chantier sur le sujet avec les partenaires sociaux. « Nous allons nous attaquer à la problématique des #faux_indépendants des #plateformes_numériques, comme décidé dans l’accord de gouvernement. L’idée est bien d’adapter la loi de 2006 sur la nature des #relations_de_travail. Cela pourrait passer par une évaluation des critères nécessaires à l’exercice d’une #activité_indépendante, par un renforcement des critères également. Mais il s’agit évidemment d’une matière qui doit être concertée », précise Nicolas Gillard, porte-parole.

      * Le prénom est d’emprunt, les décisions de la CRT sont anonymisées quand elles sont publiées.

      Des pratiques désormais similaires chez les taxis

      A.C.

      Selon le collectif des Travailleurs du taxi et la #CSC-Transcom, les problèmes constatés chez Uber sont actuellement également une réalité chez d’autres acteurs du secteur, en l’occurrence les #centrales_de_taxis. « Les taxis indépendants sont très dépendants des centrales. Et depuis leur #numérisation, il y a vraiment un glissement des pratiques. Les chauffeurs de taxi indépendants ne savent pas non plus où on les envoie avant d’accepter une course », explique Michaël Zylberberg, président du collectif. « La dernière version de l’application #Taxis_Verts est un clone de celle d’Uber. Au début, il y a cette idée de #concurrence_déloyale mais, comme le problème n’a pas été réglé, les centrales tendent à copier les mauvaises habitudes des plateformes. Cela est très inquiétant pour les travailleurs, qui perdent progressivement leur #autonomie », ajoute Lorenzo Marredda, secrétaire exécutif de la CSC-Transcom.

      Des décisions dans d’autres pays

      Mis en ligne le 13/01/2021 à 05:00

      Par A.C.

      Lors de son introduction en Bourse en 2019, Uber expliquait collaborer avec 3 millions de chauffeurs indépendants dans le monde. Fatalement, face à une telle masse de main-d’œuvre, qui se plaint souvent de #conditions_de_travail et de #rémunération indécentes, procès et interventions des législateurs ponctuent régulièrement l’actualité de l’entreprise. Ces derniers mois, trois décisions retiennent particulièrement l’attention.

      En #Suisse

      Plusieurs cantons sont en plein bras de fer avec la plateforme américaine. A #Genève et à #Zurich, les chauffeurs Uber sont désormais considérés comme des salariés. Les caisses d’#assurances_sociales réclament des sommes très importantes à l’entreprise, qui refuse jusqu’à présent de payer les #cotisations_sociales employeurs réclamées.

      En #France

      La# Cour_de_cassation a confirmé en mars dernier que le lien entre un conducteur et l’entreprise est bien un « #contrat_de_travail ». Les arguments utilisés se rapprochent de ceux de la CRT : la plus haute juridiction du pays a jugé que « le chauffeur qui a recours à l’application Uber ne se constitue pas sa propre clientèle, ne fixe pas librement ses tarifs et ne détermine pas les conditions d’exécution de sa prestation de transport ». Une #jurisprudence qui permet d’appuyer les demandes de #requalification des chauffeurs indépendants de l’Hexagone.

      En #Californie

      Une loi contraint, depuis le 1er janvier 2020, Uber et #Lyft à salarier ses collaborateurs. Les deux entreprises refusant de s’y plier ont investi environ 200 millions de dollars pour mener un référendum citoyen sur la question qu’ils ont remporté en novembre dernier, avec un texte baptisé « #proposition_22 ». Qui introduit pour les dizaines de milliers de chauffeurs concernés un #revenu_minimum_garanti et une contribution à l’#assurance_santé.

      #néo-esclavage #ordres #Bruxelles_Mobilité #sous-traitance #travailleur_indépendant #salariat #salaire #Commission_administrative_de_règlement_de_la_relation_de_travail (#CRT) #Belgique #droit_du_travail

  • Le néo-populisme est un néo- libéralisme

    Comment être libéral et vouloir fermer les frontières ? L’histoire du néolibéralisme aide à comprendre pourquoi, en Autriche et en Allemagne, extrême droite et droite extrême justifient un tel grand écart : oui à la libre-circulation des biens et des richesses, non à l’accueil des migrants.

    https://aoc.media/analyse/2018/07/03/neo-populisme-neo-liberalisme

    –-> je re-signale ici un article publié dans AOC media qui date de 2018, sur lequel je suis tombée récemment, mais qui est malheureusement sous paywall

    #populisme #libéralisme #néo-libéralisme #néolibéralisme #fermeture_des_frontières #frontières #histoire #extrême_droite #libre-circulation #migrations #Allemagne #Autriche

    ping @karine4 @isskein

    • #Globalists. The End of Empire and the Birth of Neoliberalism

      Neoliberals hate the state. Or do they? In the first intellectual history of neoliberal globalism, #Quinn_Slobodian follows a group of thinkers from the ashes of the Habsburg Empire to the creation of the World Trade Organization to show that neoliberalism emerged less to shrink government and abolish regulations than to redeploy them at a global level.

      Slobodian begins in Austria in the 1920s. Empires were dissolving and nationalism, socialism, and democratic self-determination threatened the stability of the global capitalist system. In response, Austrian intellectuals called for a new way of organizing the world. But they and their successors in academia and government, from such famous economists as Friedrich Hayek and Ludwig von Mises to influential but lesser-known figures such as Wilhelm Röpke and Michael Heilperin, did not propose a regime of laissez-faire. Rather they used states and global institutions—the League of Nations, the European Court of Justice, the World Trade Organization, and international investment law—to insulate the markets against sovereign states, political change, and turbulent democratic demands for greater equality and social justice.

      Far from discarding the regulatory state, neoliberals wanted to harness it to their grand project of protecting capitalism on a global scale. It was a project, Slobodian shows, that changed the world, but that was also undermined time and again by the inequality, relentless change, and social injustice that accompanied it.

      https://www.hup.harvard.edu/catalog.php?isbn=9780674979529

      #livre #empire #WTO #capitalisme #Friedrich_Hayek #Ludwig_von_Mises #Wilhelm_Röpke #Michael_Heilperin #Etat #Etat-nation #marché #inégalités #injustice #OMC

    • Quinn Slobodian : « Le néolibéralisme est travaillé par un conflit interne »

      Pour penser les hybridations contemporaines entre néolibéralisme, #autoritarisme et #nationalisme, le travail d’historien de Quinn Slobodian, encore peu connu en France, est incontournable. L’auteur de Globalists nous a accordé un #entretien.

      L’élection de Trump, celle de Bolsonaro, le Brexit… les élites des partis de #droite participant au #consensus_néolibéral semblent avoir perdu le contrôle face aux pulsions nationalistes, protectionnistes et autoritaires qui s’expriment dans leur propre camp ou chez leurs concurrents les plus proches.

      Pour autant, ces pulsions sont-elles si étrangères à la #doctrine_néolibérale ? N’assisterait-on pas à une mutation illibérale voire nativiste de la #globalisation_néolibérale, qui laisserait intactes ses infrastructures et sa philosophie économiques ?

      Le travail de Quinn Slobodian, qui a accordé un entretien à Mediapart (lire ci-dessous), apporte un éclairage précieux à ces questions. Délaissant volontairement la branche anglo-américaine à laquelle la pensée néolibérale a souvent été réduite, cet historien a reconstitué les parcours de promoteurs du néolibéralisme ayant accompli, au moins en partie, leur carrière à #Genève, en Suisse (d’où leur regroupement sous le nom d’#école_de_Genève).

      Dans son livre, Globalists (Harvard University Press, 2018, non traduit en français), ce professeur associé au Wellesley College (près de Boston) décrit l’influence croissante d’un projet intellectuel né « sur les cendres de l’empire des Habsbourg » à la fin de la Première Guerre mondiale, et qui connut son apogée à la création de l’#Organisation_mondiale_du_commerce (#OMC) en 1995.

      À la suite d’autres auteurs, Slobodian insiste sur le fait que ce projet n’a jamais été réductible à un « #fondamentalisme_du_marché », opposé par principe à la #puissance_publique et au #droit. Selon lui, l’école de Genève visait plutôt un « #enrobage » ( encasement ) du #marché pour en protéger les mécanismes. L’objectif n’était pas d’aboutir à un monde sans #frontières et sans lois, mais de fabriquer un #ordre_international capable de « sauvegarder le #capital », y compris contre les demandes des masses populaires.

      Dans cette logique, la division du monde en unités étatiques a le mérite d’ouvrir des « voies de sortie » et des possibilités de mise en #concurrence aux acteurs marchands, qui ne risquent pas d’être victimes d’un Léviathan à l’échelle mondiale. Cela doit rester possible grâce à la production de #règles et d’#institutions, qui protègent les décisions de ces acteurs et soustraient l’#activité_économique à la versatilité des choix souverains.

      On l’aura compris, c’est surtout la #liberté de l’investisseur qui compte, plus que celle du travailleur ou du citoyen – Slobodian cite un auteur se faisant fort de démontrer que « le #libre_commerce bénéficie à tous, même sans liberté de migration et si les peuples restent fermement enracinés dans leurs pays ». Si la compétition politique peut se focaliser sur les enjeux culturels, les grandes orientations économiques doivent lui échapper.

      L’historien identifie dans son livre « trois #ruptures » qui ont entretenu, chez les néolibéraux qu’il a étudiés, la hantise de voir s’effondrer les conditions d’un tel ordre de marché. La guerre de 14-18 a d’abord interrompu le développement de la « première mondialisation », aboutissant au morcellement des empires de la Mitteleuropa et à l’explosion de revendications démocratiques et sociales.

      La #Grande_Dépression des années 1930 et l’avènement des fascismes ont constitué un #traumatisme supplémentaire, les incitant à rechercher ailleurs que dans la science économique les solutions pour « sanctuariser » la mobilité du capital. Les prétentions au #protectionnisme de certains pays du « Sud » les ont enfin poussés à s’engager pour des accords globaux de #libre_commerce.

      L’intérêt supplémentaire de Globalists est de nous faire découvrir les controverses internes qui ont animé cet espace intellectuel, au-delà de ses objectifs communs. Une minorité des néolibéraux étudiés s’est ainsi montrée sinon favorable à l’#apartheid en #Afrique_du_Sud, du moins partisane de droits politiques limités pour la population noire, soupçonnée d’une revanche potentiellement dommageable pour les #libertés_économiques.

      Le groupe s’est également scindé à propos de l’#intégration_européenne, entre ceux qui se méfiaient d’une entité politique risquant de fragmenter le marché mondial, et d’autres, qui y voyaient l’occasion de déployer une « Constitution économique », pionnière d’un « modèle de gouvernance supranationale […] capable de résister à la contamination par les revendications démocratiques » (selon les termes du juriste #Mestmäcker).

      On le voit, la recherche de Slobodian permet de mettre en perspective historique les tensions observables aujourd’hui parmi les acteurs du néolibéralisme. C’est pourquoi nous avons souhaité l’interroger sur sa vision des évolutions contemporaines de l’ordre politique et économique mondial.

      Dans votre livre, vous montrez que les néolibéraux donnent beaucoup d’importance aux #règles et peuvent s’accommoder des #frontières_nationales, là où cette pensée est souvent présentée comme l’ennemie de l’État. Pourriez-vous éclaircir ce point ?

      Quinn Slobodian : Quand on parle d’ouverture et de fermeture des frontières, il faut toujours distinguer entre les biens, l’argent ou les personnes. Mon livre porte surtout sur le #libre_commerce, et comment des #lois_supranationales l’ont encouragé. Mais si l’on parle des personnes, il se trouve que dans les années 1910-1920, des néolibéraux comme #von_Mises étaient pour le droit absolu de circuler.

      Après les deux guerres mondiales, cette conception ne leur est plus apparue réaliste, pour des raisons de #sécurité_nationale. #Hayek a par exemple soutenu l’agenda restrictif en la matière de #Margaret_Thatcher.

      Même si l’on met la question de l’immigration de côté, je persiste à souligner que les néolibéraux n’ont rien contre les frontières, car celles-ci exercent une pression nécessaire à la #compétitivité. C’est pourquoi l’existence simultanée d’une économie intégrée et de multiples communautés politiques n’est pas une contradiction pour eux. De plus, une « #gouvernance_multiniveaux » peut aider les dirigeants nationaux à résister aux pressions populaires. Ils peuvent se défausser sur les échelons de gouvernement qui leur lient les mains, plus facilement que si on avait un véritable #gouvernement_mondial, avec un face-à-face entre gouvernants et gouvernés.

      Cela pose la question du rapport entre néolibéralisme et #démocratie

      Les néolibéraux voient la démocratie de manière très fonctionnelle, comme un régime qui produit plutôt de la #stabilité. C’est vrai qu’ils ne l’envisagent qu’avec des contraintes constitutionnelles, lesquelles n’ont pas à être débordées par la volonté populaire. D’une certaine façon, la discipline que Wolfgang Schaüble, ex-ministre des finances allemand, a voulu imposer à la Grèce résulte de ce type de pensée. Mais c’est quelque chose d’assez commun chez l’ensemble des libéraux que de vouloir poser des bornes à la #démocratie_électorale, donc je ne voudrais pas faire de mauvais procès.

      Les élections européennes ont lieu le 26 mai prochain. Pensez-vous que l’UE a réalisé les rêves des « globalists » que vous avez étudiés ?

      C’est vrai que la #Cour_de_justice joue le rôle de gardienne des libertés économiques au centre de cette construction. Pour autant, les règles ne se sont pas révélées si rigides que cela, l’Allemagne elle-même ayant dépassé les niveaux de déficit dont il était fait si grand cas. Plusieurs craintes ont agité les néolibéraux : celle de voir se développer une #Europe_sociale au détriment de l’#intégration_négative (par le marché), ou celle de voir la #monnaie_unique empêcher la #concurrence entre #monnaies, sans compter le risque qu’elle tombe aux mains de gens trop peu attachés à la stabilité des prix, comme vous, les Français (rires).

      Plus profondément, les néolibéraux sceptiques se disaient qu’avec des institutions rendues plus visibles, vous créez des cibles pour la #contestation_populaire, alors qu’il vaut mieux des institutions lointaines et discrètes, produisant des règles qui semblent naturelles.

      Cette opposition à l’UE, de la part de certains néolibéraux, trouve-t-elle un héritage parmi les partisans du #Brexit ?

      Tout à fait. On retrouve par exemple leur crainte de dérive étatique dans le #discours_de_Bruges de Margaret Thatcher, en 1988. Celle-ci souhaitait compléter le #marché_unique et travailler à une plus vaste zone de #libre-échange, mais refusait la #monnaie_unique et les « forces du #fédéralisme et de la #bureaucratie ».

      Derrière ce discours mais aussi les propos de #Nigel_Farage [ex-dirigeant du parti de droite radicale Ukip, pro-Brexit – ndlr], il y a encore l’idée que l’horizon de la Grande-Bretagne reste avant tout le #marché_mondial. Sans préjuger des motivations qui ont mené les citoyens à voter pour le Brexit, il est clair que l’essentiel des forces intellectuelles derrière cette option partageaient des convictions néolibérales.

      « L’hystérie sur les populistes dramatise une situation beaucoup plus triviale »

      De nombreux responsables de droite sont apparus ces dernières années, qui sont à la fois (très) néolibéraux et (très) nationalistes, que l’on pense à Trump ou aux dirigeants de l’#Alternative_für_Deutschland (#AfD) en Allemagne. Sont-ils une branche du néolibéralisme ?

      L’AfD est née avec une plateforme ordo-libérale, attachée à la #stabilité_budgétaire en interne et refusant toute solidarité avec les pays méridionaux de l’UE. Elle joue sur l’#imaginaire de « l’#économie_sociale_de_marché », vantée par le chancelier #Erhard dans les années 1950, dans un contexte où l’ensemble du spectre politique communie dans cette nostalgie. Mais les Allemands tiennent à distinguer ces politiques économiques du néolibéralisme anglo-saxon, qui a encouragé la #financiarisation de l’économie mondiale.

      Le cas de #Trump est compliqué, notamment à cause du caractère erratique de sa prise de décision. Ce qui est sûr, c’est qu’il brise la règle néolibérale selon laquelle l’économie doit être dépolitisée au profit du bon fonctionnement de la concurrence et du marché. En ce qui concerne la finance, son agenda concret est complètement néolibéral.

      En matière commerciale en revanche, il est sous l’influence de conseillers qui l’incitent à une politique agressive, notamment contre la Chine, au nom de l’#intérêt_national. En tout cas, son comportement ne correspond guère à la généalogie intellectuelle de la pensée néolibérale.

      Vous évoquez dans votre livre « l’#anxiété » qui a toujours gagné les néolibéraux. De quoi ont-ils #peur aujourd’hui ?

      Je dirais qu’il y a une division parmi les néolibéraux contemporains, et que la peur de chaque camp est générée par celui d’en face. Certains tendent vers le modèle d’une intégration supranationale, avec des accords contraignants, que cela passe par l’OMC ou les méga-accords commerciaux entre grandes régions du monde.

      Pour eux, les Trump et les pro-Brexit sont les menaces contre la possibilité d’un ordre de marché stable et prospère, à l’échelle du globe. D’un autre côté figurent ceux qui pensent qu’une #intégration_supranationale est la #menace, parce qu’elle serait source d’inefficacités et de bureaucratie, et qu’une architecture institutionnelle à l’échelle du monde serait un projet voué à l’échec.

      Dans ce tableau, jamais la menace ne vient de la gauche ou de mouvement sociaux, donc.

      Pas vraiment, non. Dans les années 1970, il y avait bien le sentiment d’une menace venue du « Sud global », des promoteurs d’un nouvel ordre économique international… La situation contemporaine se distingue par le fait que la #Chine acquiert les capacités de devenir un acteur « disruptif » à l’échelle mondiale, mais qu’elle n’en a guère la volonté. On oublie trop souvent que dans la longue durée, l’objectif de l’empire chinois n’a jamais consisté à étendre son autorité au-delà de ses frontières.

      Aucun des auteurs que je lis n’est d’ailleurs inquiet de la Chine à propos du système commercial mondial. Le #capitalisme_autoritaire qu’elle incarne leur paraît tout à fait convenable, voire un modèle. #Milton_Friedman, dans ses derniers écrits, valorisait la cité-État de #Hong-Kong pour la grande liberté économique qui s’y déploie, en dépit de l’absence de réelle liberté politique.

      Le débat serait donc surtout interne aux néolibéraux. Est-ce qu’il s’agit d’un prolongement des différences entre « l’école de Genève » que vous avez étudiée, et l’« l’école de Chicago » ?

      Selon moi, le débat est un peu différent. Il rappelle plutôt celui que je décris dans mon chapitre sur l’intégration européenne. En ce sens, il oppose des « universalistes », partisans d’un ordre de marché vraiment global construit par le haut, et des « constitutionnalistes », qui préfèrent le bâtir à échelle réduite, mais de façon plus sûre, par le bas. L’horizon des héritiers de l’école de Chicago reste essentiellement borné par les États-Unis. Pour eux, « l’Amérique c’est le monde » !

      On dirait un slogan de Trump.

      Oui, mais c’est trompeur. Contrairement à certains raccourcis, je ne pense pas que Trump veuille un retrait pur et simple du monde de la part des États-Unis, encore moins un modèle autarcique. Il espère au contraire que les exportations de son pays s’améliorent. Et si l’on regarde les accords qu’il a voulu renégocier, quels sont les résultats ?

      Avec le Mexique, on a abouti à quelque chose de très proche de ce qui existait déjà. Dans le débat dont j’ai esquissé les contours, il serait plutôt du côté des constitutionnalistes, avec des accords de proximité qui s’élargiraient, mais garderaient la Chine à distance. De façon générale, l’hystérie sur les populistes au pouvoir me semble dramatiser une situation beaucoup plus triviale, qui oppose des stratégies quant à la réorganisation de l’économie mondiale.

      Est-ce que le rejet de la Chine s’inscrit dans la même logique que les positions hostiles à l’immigration de Hayek en son temps, et de Trump ou des pro-Brexit aujourd’hui ? En somme, y aurait-il certains pays, comme certains groupes, qui seraient soupçonnés d’être culturellement trop éloignés du libre marché ?

      On retrouve chez certains auteurs l’idée que l’homo œconomicus, en effet, n’est pas universel. Les règles du libre marché ne pourraient être suivies partout dans le monde. Cette idée d’une altérité impossible à accommoder n’est pas réservée à des ressentiments populaires. Elle existe dans le milieu des experts et des universitaires, qui s’appuient sur certains paradigmes scientifiques comme le #néo-institutionnalisme promu par des auteurs comme #Douglass_North. Cette perspective suppose qu’à un modèle socio-économique particulier, doivent correspondre des caractéristiques culturelles particulières.

      https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/100319/quinn-slobodian-le-neoliberalisme-est-travaille-par-un-conflit-interne #WWI #première_guerre_mondiale

  • #Centre_Fédéral de renvoi du Grand-Saconnex, la honte

    Le COVID a mis un frein à tout… mais pas à la construction du CFA du Grand-Saconnex. Le chantier a démarré, les ouvriers s’activent. Visiblement, les autorités sont pressées de pouvoir enfermer des hommes, des femmes et des enfants dans ce complexe carcéral afin de mieux pouvoir les renvoyer, à l’abri des regards du public.

    C’est l’entreprise #Rampini qui a décroché ce fabuleux contrat. A l’heure où le terme « entreprise responsable » semble avoir un écho dans la population, nous irons demander à Rampini : Où placez-vous votre responsabilité sociale ? Sous vos talons ? Au fond de vos coffres-forts ?

    Nous ne voulons pas d’un centre de renvoi à Genève. Nous ne voulons pas d’une zone de non droit au Grand-Saconnex ni ailleurs.

    Honte aux autorités qui ordonnent ce centre !
    Honte aux entreprises qui le construisent !

    Les échos des centres fédéraux d’asile : déplorables

    Malgré les clôtures et les restrictions d’accès aux Centres Fédéraux d’Asile (CFA), des requérant-e-s parviennent à nous communiquer ce qui s’y passe :

    Délais de séjour dépassés : Alors que, selon le règlement, le séjour maximum dans un CFA est de 140 jours, après quoi les requérant-e-s d’asile doivent être transféré-e-s dans un centre cantonal avec des conditions de vie moins carcérales, ce délai est régulièrement dépassé depuis le début de la crise sanitaire.

    Climat de violence : Des requérant-e-s témoignent d’un climat de violence permanent, avec des rixes régulières entre agents de sécurité et requérant-e-s ou entre requérant-e-s eux-elles-mêmes. Les enfants assistent à ces scènes. Des agents de sécurité eux-mêmes craignent un drame.

    Règne de l’arbitraire : Les sanctions tout comme les « bons points » (sous forme de tampons !) sont distribués sans explication. Il n’est pas rare qu’un-e requérant-e ne sache pas pourquoi il-elle a reçu une pénalité ! Et les agents de sécurité ne distribuent pas tous le même nombre de tampons aux requérant-e-s d’asile pour les mêmes tâches. Or ces « bons points » permettent d’accéder à des TUP (travaux d’utilité publique) qui sont (légèrement) payés. Ils ont donc une valeur importante pour les requérant-e-s, mais ils sont distribués de manière arbitraire.

    Solidarité Tattes a commencé à visiter le CFA de Giffers en début d’année, mais nous avons été stoppé-e-s dans notre action à cause du Covid. D’ailleurs, « visiter » est un bien grand mot, puisque nous avons dû rencontrer les requérant-e-s sur le parking ! Dès que les conditions sanitaires le permettront, nous retournerons à Giffers. Car c’est bien la proximité qui nous a permis de détecter par exemple les graves violences qui se sont déroulées dans ce CFA.

    –-> reçu via la mailing-list de Solidarité Tattes, le 24.12.2020

    #asile #migrations #réfugiés #centres_fédéraux #aéroport #expulsions #renvois #Suisse #Genève

    Ajouté à la métaliste sur le centre du Grand-Saconnex :
    https://seenthis.net/messages/878315

  • Question écrite urgente Fonctions et rémunérations à l’#Université_de_Genève

    Le personnel de l’UNIGE est composé d’un côté, du personnel administratif et technique, et, de l’autre, des professeur·e·s, des collaboratrices et collaborateurs de #recherche et d’#enseignement. Ces deux corps ne sont pas régis par les mêmes dispositions légales. En effet,le corps professoral et le corps des collaboratrices et collaborateurs de l’enseignement et de la recherche sont soumis aux articles 126, 139, 140, 141, 142, 143 et 144 de la LIP et aux dispositions de la LTrait. Pour le surplus, les prescriptions concernant les procédures d’engagement, les procédures de renouvellement, leurs droits et devoirs, ainsi que toutes les autres prescriptions nécessaires concernant leur statut sont fixées dans le règlement interne sur le personnel. Le corps du personnel administratif et technique, quant à lui, est soumis aux dispositions de la LPAC et de la LTrait et à leurs règlements d’application.

    Compte tenu des éléments ci-dessus, et de la diversité des fonctions exercées par l’ensemble du personnel de l’Université de Genève et des hautes écoles spécialisées, je prie le Conseil d’Etat de bien vouloir m’informer :
    1) de l’ensemble des fonctions exercées aussi bien par les corps professoraux et intermédiaires que par le personnel administratif et technique ;
    2) du niveau de #rémunération attribué à chaque fonction en explicitant les raisons pour lesquelles une #classe_salariale a été choisie plutôt qu’une autre.

    Je remercie, par avance, le Conseil d’Etat pour ses réponses

    https://ge.ch/grandconseil/data/texte/QUE01429.pdf
    #Genève #université #précarité #corps_intermédiaire

    • Question écrite urgente Origine des #financements des postes à l’Université de Genève

      Cette question urgente écrite se place dans la continuité de ma question relative à la typologie des contrats et de taux d’activité à l’UNIGE. Tout comme je souhaitais avoir une vue précise de la nature de ces derniers, je souhaite, à présent, que le Conseil d’Etat me renseigne sur l’origine des financements et la nature des contrats qui en découlent, notamment en :
      1) m’indiquant la proportion de financements provenant de fonds nationaux et internationaux (DIP, FNRS, Commission européenne, etc.), ainsi que leurs montants ;
      2) m’indiquant les types de contrats et les barèmes salariaux qui leur sont appliqués.
      Je remercie, par avance, le Conseil d’Etat pour ses réponses.

      https://ge.ch/grandconseil/data/texte/QUE01431.pdf

    • Les réponses du conseil d’Etat :

      Réponse du Conseil d’Etat à la question écrite urgente de Mme Amanda Gavilanes : Fonctions et rémunérations à l’Université de Genève

      https://ge.ch/grandconseil/data/odj/020307/QUE01429A.pdf

      –—

      Réponse du Conseil d’Etat à la question écrite urgente de Mme Amanda Gavilanes : Origine des financements des postes à l’Université de Genève
      https://ge.ch/grandconseil/data/odj/020307/QUE01431A.pdf

  • #Genève : nouvelles de #Porteous
    https://fr.squat.net/2020/11/18/geneve-nouvelles-de-porteous

    Bonjour, Après de long mois de silence voici enfin un mail avec quelques nouvelles de Porteous. Notre dernière communication publique remonte à la levée de l’occupation du bâtiment à la suite d’un accord trouvé avec le canton, propriétaire du site. Nous avions accepté de sortir du bâtiment après que Porteous soit passé sous la direction […]

    #Chemin_de_la_Verseuse_17 #Suisse #Vernier

  • A #Genève, les #femmes se sentent en #insécurité dans l’#espace_public

    Une étude menée par l’Université de Genève sur mandat de la ville, démontre l’insécurité des femmes dans l’espace public. Le troisième volet de la campagne « Objectif zéro sexisme dans ma ville » aura lieu du 9 au 29 novembre prochain

    Les femmes ne se sentent pas libres partout dans l’espace public. C’est ce qui ressort d’une étude réalisée par l’Université de Genève (UNIGE) sur mandat de la Ville de Genève, qui mène depuis 2019 un plan d’action pour lutter contre le sexisme.

    « Les femmes se sentent en insécurité dans l’espace public en raison du sexisme. Or les lieux de loisirs où elles se sentent en sécurité ne sont financièrement pas accessibles à toutes les catégories sociales. La conjonction de ces deux phénomènes est frappante », a déclaré mardi devant les médias le conseiller administratif Alfonso Gomez, magistrat de tutelle du service Agenda 21 – Ville durable.
    Expériences contrastées

    Basée sur des discussions menées fin 2019 auprès de 80 femmes, réparties en douze groupes représentatifs de la population, l’enquête sur les pratiques des femmes dans les espaces publics confirme que ces derniers ont un genre, a expliqué Marylène Lieber, professeure en études genre à l’UNIGE. Les bars sont plus masculins, les commerces plus féminins, alors que les parcs et restaurants sont mixtes.

    « Les expériences des femmes sont contrastées », relève la sociologue. Les femmes des catégories moyennes et supérieures profitent plus de la ville et des activités culturelles. Loin de la mobilité pendulaire des travailleurs masculins, les femmes se déplacent près de chez elles, dans une « extension de l’espace domestique ». Elles se sentent plus légitimes dans les magasins que dans la rue, même si elles ne vont rien acheter.
    « En état d’alerte »

    Occupé par les hommes, l’espace public apparaît comme un lieu d’interactions non désirées – remarques, attouchements – où les femmes doivent constamment gérer l’insécurité et négocier leur légitimité. Elles vont prendre plus de précautions la nuit. La notion de risque est élaborée très tôt pour les jeunes filles, alors que leurs aînées ont appris à faire avec les contraintes.

    « Si le sexisme est un obstacle majeur, le racisme, l’islamophobie, l’homophobie ou l’absence de statut légal constituent d’autres formes de discriminations », relève Mylène Lieber. Les femmes adaptent leur façon de se déplacer. Par exemple, certaines préfèrent aller à pied, mais elles cessent de le faire à la nuit tombée. Et les moins sûres d’entre elles vont normaliser leur apparence pour éviter des désagréments.

    Selon la professeure, l’enquête montre que les femmes ne se laissent pas faire et qu’elles développent des stratégies, comme de ne pas sortir seule le soir. « Il s’agit toujours de prévoir, d’anticiper. Elles sont en état d’alerte », analyse-t-elle.
    Objectif zéro sexisme

    Le rapport émet cinq séries de recommandations qui vont de la mise en place d’une politique favorisant l’accès à la ville pour tous les niveaux socio-économiques à la formation des chauffeurs des transports publics et de la police municipale, en passant par l’aménagement du territoire et la sensibilisation aux discriminations de genre.

    La Ville de Genève a annoncé que le troisième volet de sa campagne « Objectif zéro sexisme dans ma ville » aura lieu du 9 au 29 novembre, avec trois visuels sur la liberté de faire du sport, de flâner et de se déplacer sans être harcelée. « Les violences dans l’espace public ne sont que la pointe de l’iceberg. La question du genre est bien plus prégnante », a souligné Héloïse Roman, chargée de projets égalité au service Agenda 21-Ville durable.

    En raison de la situation sanitaire, le quatrième visuel sur le droit de faire la fête en toute sérénité n’est pas diffusé. Et une partie des activités – une balade publique scénarisée, des ateliers de courage civique et d’autodéfense – est reportée au mois de mars.

    https://www.letemps.ch/suisse/geneve-femmes-se-sentent-insecurite-lespace-public
    #géographie #genre #liberté #sexisme #sécurité #pratiques #remarques #attouchements #interactions_non_désirée #légitimité #nuit #marche #apparence #état_d'alerte #anticipation #prévision #stratégies

  • Dix nouveaux noms de rues et de places en #Ville_de_Genève, pour une meilleure visibilité des femmes dans l’espace public

    Sur demande de la Ville de Genève et après validation par la commission cantonale de nomenclature (CCN), le Conseil d’Etat a approuvé le changement de nom de dix rues ou espaces publics au profit de personnalités féminines. Ces modifications s’inscrivent dans la continuité du projet « 100 Elles* », lancé en 2019 et visant à apposer cent plaques de rues portant des noms de femmes marquantes.

    Le Conseil d’Etat se réjouit ainsi de pouvoir donner suite à la motion intitulée « Pour une reconnaissance dans l’espace public du rôle joué par les femmes dans l’histoire genevoise ». Conscient de l’importance de cette thématique et en lien avec la réponse à cette motion, le gouvernement a également modifié, en juin dernier, le règlement sur les noms géographiques et la numérotation des bâtiments afin de simplifier la possibilité de dénomination pour des personnalités ayant marqué l’histoire de Genève en privilégiant les noms de femmes, que ce soit pour les rues ou pour les établissements secondaires supérieurs de formation générale (voir point presse du 3 juin 2020).

    Les nouvelles dénominations sont les suivantes :

    - Place #Lise_GIRARDIN (1921-2010, politicienne), pour la place des Vingt-Deux-Cantons :

    Lise Girardin, professeure de français de formation, est une politicienne du Parti radical suisse. Maire de Genève en 1968, 1972 et 1975, elle est la première femme en Suisse à occuper cette fonction. De 1971 à 1979, elle est aussi la première femme élue au Conseil des Etats. Elle sera également présidente de la Commission fédérale des étrangers de 1984 à 1991. Sur le plan cantonal, Lise Girardin se mobilise pour la démocratisation des études et la formation et, sur le plan fédéral, pour la décriminalisation de l’avortement, les problèmes d’adoption et de filiation et l’égalité entre hommes et femmes.

    - Place #Ruth_BÖSIGER (1907-1990, vendeuse et militante anarchiste), pour la place du Chevelu :

    Ruth Bösiger, dite « Coucou », est photographe de métier, vendeuse et militante anarchiste. Ruth Menkès (du nom de son premier époux) était active au groupe du Réveil anarchiste à Genève en 1936, quand elle y rencontra André Bösiger. Elle était responsable de la chorale anarchiste et présente aux réunions de la Libre pensée et de la Ligue des droits de l’homme. Coucou Bösiger fut de toutes les luttes aux côtés de son compagnon, avec lequel elle eut une fille. Elle fait partie des nombreuses femmes anarchistes en Suisse dont l’histoire reste à écrire.

    - Rue #Marguerite_DELLENBACH (1905-1993, directrice de musée et ethnologue), pour la rue Bergalonne :

    En 1922, Marguerite Dellenbach devient secrétaire pour le Musée d’ethnographie de Genève et s’impose rapidement comme une véritable collaboratrice. Elle est dès lors pressentie pour assurer la direction du musée. Après une thèse à l’Université de Grenoble en 1935, elle est finalement nommée directrice du musée d’ethnographie en juin 1951, jusqu’en 1967. En 1944, elle devient la première femme suisse à présider une société savante, celle de géographie de Genève, et prend par la suite la présidence de plusieurs autres sociétés, dont la Société suisse d’anthropologie et la Société suisse des américanistes. Ses travaux sont récompensés par diverses distinctions, dont la médaille française de chevalier de l’Ordre des arts et des lettres.

    – Rue #Mina_AUDEMARS (1883-1971, pédagogue), pour la rue de la Vallée :

    Mina Audemars est une pédagogue reconnue. Avec Louise Lafendel (1872-1971), sa collaboratrice et grande amie, elles dirigent pendant trente ans la Maison des petits, une école enfantine à la renommée internationale, qui forme aussi des éducatrices. Elles se consacrent à la question de l’éducation des plus jeunes. Elles développent une pédagogie spécifique, inspirée par d’autres mais enrichie de leurs recherches et observations communes. Leurs idées suivent la devise « par l’activité manuelle à l’activité mentale ». Mina Audemars est aussi chargée de cours à l’Institut des sciences de l’éducation jusqu’en 1947. Sa tombe se trouve au cimetière des Rois.

    - Rue des #Trois_Blanchisseuses, pour la rue de la Pisciculture :

    Le vendredi 1er août 1913 vers 17 heures, un bateau-lavoir amarré au quai du Seujet coule subitement dans le Rhône. Trois femmes sont tuées : Marie Dido, vingt-huit ans, mariée et mère de trois enfants, Franceline Mermier, septante-trois ans, blanchisseuse, et Cécile Pleold, vingt et un ans, employée-blanchisseuse. Cet accident provoque des remous à Genève. Une enquête est ouverte, et même si l’affaire est ensuite classée par la justice, elle a un retentissement certain et amène à la création d’un lavoir municipal pour remplacer les bateaux, dont les conditions de travail ont été jugées inacceptables.

    - Rue #Julienne_PIACHAUD (1894-n.d., fonctionnaire de la Société des Nations), pour la rue René-Louis-PIACHAUD :

    Julienne Christine Mayras-Piachaud est la cheffe du service de sténographie du secrétariat de la Société des Nations pendant dix-neuf ans, de 1922 à 1941. C’est alors le plus grand service du secrétariat, composé de plus de cinquante femmes en 1932. Julienne Piachaud n’était toutefois pas considérée à l’égal de ses collègues masculins et moins payée que son collègue chargé de la distribution. Julienne Piachaud a la réputation d’avoir une main de fer au sein de son service, tout en protégeant toujours ses employées en cas de conflits internes au secrétariat. Son mari, René-Louis Piachaud, est bien connu de l’histoire genevoise, écrivain polémique, parfois accusé de proximité avec le fascisme.

    - Rue #Elisabeth_BAULACRE (1613-1693, cheffe d’entreprise), pour la rue Baulacre :

    Elisabeth Baulacre dirige une fabrique de dorures importante au 17e siècle. En 1637, elle épouse Pierre Perdriau, lui aussi marchand et fils de marchand, qui meurt en 1641. Elle se remarie en 1655 avec Jacob Andrion, mais mène seule ses affaires. Son entreprise connaît un formidable essor, dont le succès lui revient entièrement : entre 1641 et 1690, Elisabeth Baulacre développe considérablement l’affaire héritée de son premier mari puis se retrouve à la tête d’une entreprise florissante et prospère, employant des centaines de travailleurs. Elle s’enrichit jusqu’à devenir l’une des contribuables les plus importants de Genève.

    - Rue #Alice_et_William_FAVRE (frère et sœur ; #Alice_Favre (1851-1929), présidente de la Croix-Rouge genevoise), pour la rue William-FAVRE :

    Alice Favre est une philanthrope impliquée dans la Croix-Rouge genevoise à la fin du 19e siècle et jusqu’à l’entre-deux-guerres. Elle en est la présidente de 1914 à 1919. Alice Favre, qui grandit dans la haute bourgeoisie genevoise, aurait passé ses jeunes années dans la Villa La Grange. Sa vocation naît en 1864, à l’occasion d’un gala organisé en l’honneur des diplomates chargés de la signature de la convention de Genève, qui inaugure les bases du droit humanitaire en temps de guerre.

    Pendant la guerre, Alice Favre et la Croix-Rouge genevoise organisent l’accueil des réfugiés et soldats à Genève. Elle met également en place des paquets de Noël pour les soldats suisses en poste à la frontière. Quand la guerre se termine, elle rejoint, en 1919, le Comité central de la Croix-Rouge suisse et dirige un nouveau programme d’activités comprenant notamment la création d’un dispensaire d’hygiène sociale à Genève, réinventant le rôle de la Section genevoise en tant de paix. Cette dernière prend ainsi une direction sociale et locale.

    – Parc #Eglantyne_JEBB (1876-1928, philanthrope), pour le parc des Acacias :

    Eglantyne Jebb est connue pour avoir fondé l’association Save the Children afin de venir en aide aux enfants victimes de guerre. Diplômée d’Oxford en 1898, elle se forme dans l’enseignement primaire. En 1913, après la deuxième guerre balkanique, elle participe à un voyage de soutien dans les Balkans qui la marque profondément. A l’issue de la Première Guerre mondiale, elle fonde alors avec sa sœur le Fight the Famine Council, qui a pour but d’unir les nations afin de faire cesser les famines par l’envoi de produits de première nécessité. En parallèle est créé le Save the Children Fund, qui se donne pour tâche de sauver tous les enfants, sans distinction de nationalité, de religion, d’origine ethnique ou de classe.

    Eglantyne Jebb réalise la première Déclaration des droits de l’enfant, connue comme la Déclaration de Genève, ratifiée en 1924 par la Société des Nations. En plein élan dans ses activités, elle est rattrapée par la maladie et décède le 17 décembre 1928 à Genève. Elle repose au cimetière Saint-Georges. L’héritage d’Eglantyne Jebb est toujours vivant, puisque la Déclaration de Genève a servi de base à la Déclaration des droits de l’enfant adoptée par les Nations Unies en 1959, en vigueur encore aujourd’hui.

    - Chemin #Camille_VIDART (1854-1930, présidente de l’Union des femmes de Genève), pour le chemin Louis-DUNANT :

    Camille Vidart est fille d’une femme au foyer genevoise et d’un médecin français. Détentrice d’un diplôme supérieur de français délivré par l’Université de Lyon, elle partage sa vie entre enseignement, militantisme féministe et activités philanthropiques. Elle entame sa carrière de professeure à l’école de jeunes filles de Peschier, à Genève (1874-1879). Elle est ensuite engagée à l’Ecole supérieure de jeunes filles de Zurich, devenant à cette occasion la première femme suisse à occuper le poste de maîtresse principale. Particulièrement interpelée par la misère des travailleuses, elle se consacre peu à peu à la philanthropie et au militantisme féministe.

    L’activisme de Camille Vidart se déploie simultanément sur la scène locale, nationale et internationale. De 1898 à 1902, elle sera présidente de l’Union des femmes de Genève, association créée en 1891 afin d’améliorer la formation professionnelle et le statut juridique des femmes. En 1886, elle organise le premier Congrès suisse des intérêts féminins et en prononce le discours d’ouverture, appelant à la solidarité entre femmes.

    Le Conseil d’Etat a par ailleurs suivi le préavis de la CCN, qui n’a pas retenu la proposition de nouvelle dénomination Flore-des-Dames, estimant qu’elle ne met pas assez en avant une personnalité féminine. La proposition #Maggy _REITTMAYER n’a pas reçu non plus l’aval de la commission, qui estime que ce personnage n’a pas de portée historique suffisante pour que son nom soit donné à un espace public. Enfin, les propositions #Cécile_BIÉLER-BUTICAZ, #Annie_JIAGGE, #Grisélidis_REAL et #Marcelle_de_KENZAC ont été acceptées par la commission, mais pas les rues auxquelles elles étaient attribuées. La Ville de Genève est ainsi invitée à faire des propositions complémentaires pour ces quatre personnalités.

    Pour toute information complémentaire : M. Antonio Hodgers, conseiller d’Etat, en contactant Pauline de Salis-Soglio, DT, T. 076 304 20 66.

    https://www.ge.ch/document/point-presse-du-conseil-etat-du-26-aout-2020

    Source : Point presse du Conseil d’Etat du 26 août 2020

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    #toponymie_politique #noms_de_rue #toponymie #toponymie_féministe #résistance #féminisme #re-nomination #repabtisation #action_toponymique #Suisse