• Saône-et-Loire : ce que l’on sait de l’adolescent tué et des quatre blessés dans l’accident de leur voiture suivie par la police - L’Humanité
    https://www.humanite.fr/societe/police/ce-que-lon-sait-de-ladolescent-tue-et-quatre-blesses-dans-laccident-de-leur

    Un adolescent est mort et quatre autres ont été blessés, jeudi 3 juillet au matin, près de Montceau-les-Mines, quand leur véhicule a effectué une sortie de route. Ils étaient suivis par la police, a annoncé la préfecture de Saône-et-Loire.

    Une voiture suivie par la police près de Montceau-les-Mines a effectué une sortie de route, entraînant la mort d’un adolescent. Quatre autres personnes ont été blessées dans l’accident qui s’est produit vers 5 heures du matin, sur la commune de Gourdon, a annoncé la préfecture de Saône-et-Loire, jeudi 3 juillet. Il s’agit de trois garçons et une fille, âgés entre 13 et 15 ans. Leur pronostic vital n’est pas engagé, selon la chaîne BFMTV.

    L’accident dont les circonstances « restent à éclaircir » s’est produit alors que le véhicule était « suivi à distance » par la #police, a précisé la préfecture dans un communiqué. Les cinq victimes, dont l’une était au volant, sont âgées d’environ 15 ans, sans que d’autres détails ne soient donnés pour l’heure. Une enquête judiciaire a été ouverte pour déterminer les circonstances du drame.

    Le jeune décédé était un passager âgé de 13 ans, a précisé le parquet de Chalon-sur-Saône à l’Agence France-Presse (AFP). Ce dernier était le passager avant de la voiture, selon la chaîne BFMTV « de source proche de l’enquête », sans préciser laquelle. Les vies du conducteur, 15 ans, et des autres passagers hospitalisés ne sont pas en danger. Le véhicule, qui appartenait aux parents d’un des adolescents, est tombé en contrebas de la route et a heurté un arbre, selon le parquet qui ne dispose pas de davantage d’informations à ce stade.

    Dans la continuité de sa course à l’échalote avec l’extrême droite, le ministre de l’Intérieur #Bruno_Retailleau avait annoncé, dimanche 18 mai 2025, autoriser systématiquement la poursuite par la police ou #gendarmerie des véhicules en fuite sur l’ensemble du territoire français.

    « Dans 48 heures, j’enverrai à toutes nos forces de l’ordre une nouvelle instruction qui va leur permettre de poursuivre ces personnes qui […] mettent en danger la vie de beaucoup de Français », a déclaré Bruno Retailleau, invité au 20 heures de TF1. La mesure avait été qualifiée de « criminelle » par le député insoumis Antoine Léaument, qui avait assuré : « Bruno Retailleau sera PERSONNELLEMENT RESPONSABLE d’une augmentation du nombre de morts ».

  • « #Permis_de_tuer » : l’#ONU admoneste la #France pour la troisième fois

    Deux propositions de loi ont été déposées, des syndicats de policiers s’élèvent contre le cadre légal flou, et en 2024, un nombre record de personnes a été tué par les balles policières. Mais ce jeudi, devant les experts du #Comité_contre_la_torture de l’ONU, la France a continué de faire la sourde oreille.

    C’est la troisième fois qu’un organe des Nations unies interpelle la France sur la loi « Cazeneuve », adoptée en 2017. Le #rapport final du Comité contre la torture (CAT) est encore attendu pour le 1er mai prochain. Mais, lors de l’examen de la France hier et aujourd’hui, les propos des experts sont exempts de toute ambiguïté. L’un d’entre eux, Jorge Contesse a estimé que « la France est devenue depuis quelques années le pays de l’Union européenne où il y a le plus grand nombre de personnes tuées ou ou blessées par des agents de la force publique ». Soulignant que les images de l’#homicide policier de Nahel Merzouk en juin 2023 ont fait « le tour du Monde », l’expert a précisé que la loi de 2017 « semble étendre le champ de la #légitime_défense au-delà du raisonnable », et rappelé que « depuis cette loi (…) le nombre de personnes tuées par la police a été multiplié par cinq ».

    Ce jeudi, la France a répondu avec aplomb, par la voix de la patronne adjointe de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) : « Nous ne tombons pas du tout sur les mêmes chiffres ». Évoquant de possibles « problèmes de méthodologie », Lucille Rolland a montré une parfaite #mauvaise_foi, opposant des chiffres sur les tirs aux chiffres sur les morts par des tirs, qui sont pourtant des réalités bien différentes. L’expert avait approché le sujet de manière sérieuse. Citant le cas emblématique de #Luis_Bico, tué par la police en 2017, Jorge Contesse a demandé les mesures « d’ordre législatif, administratif ou judiciaire » prises par la France depuis la mission parlementaire conclue en mai 2024. L’expert est entré dans les détails, demandant à la France « s’il y a eu notamment des instructions de la police nationale » ou « si cela est prévu », insistant sur la notion d’« #immédiateté », insuffisamment précisée depuis la loi de 2017. La France est demeurée ambiguë sur ce point, et n’a pas répondu sur d’éventuelles évolutions du cadre légal.

    Au moins 29 morts en 2024

    Pourtant, la hausse récente du nombre de #morts_par_balle constitue un signal net que le cadre légal demeure trop imprécis. Dans son dernier rapport, l’#IGPN se félicitait du « très net retrait » du nombre de personnes tuées par balles par la police en 2023. En effet, en incluant les #tirs_mortels des #gendarmes et des #polices_municipales, le nombre total de personnes tuées par balle était de 12 cette année-là, soit moins de la moitié par rapport à 2022 (26 personnes tuées). Mais cette tendance n’a été que très passagère. 2024 constitue un nouveau et bien lamentable record : 29 personnes au moins ont été tuées par les balles de la #police_nationale, de la #gendarmerie et des polices municipales (ces dernières ont tué deux personnes en 2024). Il faudra attendre pendant de longs mois la publication des chiffres de l’IGPN et de l’IGGN pour compléter et analyser ces #données provisoires, probablement non exhaustives (voir méthodo ci-dessous). Cependant, deux tendances s’affirment d’ores et déjà : on compte au moins sept personnes tuées par la police ou la gendarmerie en #Kanaky, et de très nombreuses personnes tuées alors qu’elles tenaient à la main une arme blanche.

    Pendant quatre mois, de fin juillet à fin novembre 2023, aucun tir policier mortel ne fut à déplorer. Une accalmie rarissime : il faut remonter à l’année 2019 pour retrouver une période de 3 mois et demi sans homicide policier par balles. Comment expliquer ce répit, et la baisse notable du nombre de personnes tuées en 2023 ? Dans son dernier rapport, l’IGPN impute « l’origine directe de cette tendance » à celle des tirs sur les véhicules en mouvement. À notre connaissance, une année entière a en effet séparé l’homicide de #Nahel_Merzouk d’un nouvel homicide par balle suite à un refus d’obtempérer (celui de #Sulivan_Sauvey, en juin 2024, dans la Manche). Les révoltes d’une partie de la jeunesse à l’été 2023 auraient-elle eu une influence ? Consigne interne de modération aurait-elle été donnée ? A moins que la mise en examen de policiers (au moins 12 depuis le vote de la loi de 2017, d’après notre décompte) ait eu un effet dissuasif ?

    Les #syndicats_de_police s’en mêlent

    L’admonestation onusienne s’ajoute à celles du Comité des droits de l’Homme en octobre dernier, et du #Comité_pour_l’élimination_des_discriminations_raciales (CERD) suite à la mort de Nahel. Le #CERD « demande instamment à la France à revoir son #cadre_législatif régissant l’utilisation de la #force_létale » et se dit « préoccupé par la pratique persistante du #profilage_racial combinée à l’usage excessif de la force ». Aux côtés du Syndicat des avocats de France, de Stop aux violences d’État et de la famille de Luis Bico, Flagrant déni a notamment rappelé, dans une note aux Nations unies, que les personnes racisées ont au moins six fois plus de risques d’être tués par la police. Au total, pas moins de cinq organisations de la société civile ont alerté les experts des Nations unies sur la loi de 2017 dans le cadre de l’examen de la France.

    Ces dernières semaines, deux propositions de réforme ou d’abrogation de la loi « Cazeneuve » ont été déposées à l’Assemblée nationale, par le PS et LFI. Et en mars dernier, de nouvelles voix se sont élevées contre ce texte : celles de syndicats policiers, suite aux réquisitions du parquet dans l’affaire de l’homicide de Nahel Merzouk. Les termes sont forts : « On ne peut pas travailler comme cela, on a besoin d’un #cadre_légal clair, net et précis. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas », affirme le représentant de la CFTC. Si « la loi n’est pas adaptée » se questionne Un1té, c’est « le vrai fond du sujet […], et dans ces cas-là […] nous aussi on attend de notre administration et du législateur de prévoir, de nous dire comment on doit travailler ». Contre l’avis de ses agents, l’Intérieur, lui, continue de refuser de voir le problème.

    Méthodo

    Les données statistiques citées sont issues du comptage de Basta.media jusqu’à 2022, puis d’une revue de presse, consolidée par les informations publiées dans les rapports d’activités 2023 de l’IGPN et de l’IGGN. Les données jusqu’à 2023 sont donc complètes et fiables. Les données de 2024 sont issues d’une revue de presse mais sont incomplètes car les données officielles ne sont pas connues.

    https://blogs.mediapart.fr/flagrant-deni/blog/190425/permis-de-tuer-l-onu-admoneste-la-france-pour-la-troisieme-fois
    #violences_policières #loi_Cazeneuve #décès #chiffres #statistiques

  • Au Sénégal, plus de 400 candidats à l’émigration arrêtés en quelques jours
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/03/18/au-senegal-plus-de-400-candidats-a-l-emigration-arretes-en-quelques-jours_65

    Au Sénégal, plus de 400 candidats à l’émigration arrêtés en quelques jours
    Le Monde avec AFP
    La gendarmerie sénégalaise a annoncé avoir interpellé 59 candidats à « l’émigration irrégulière » dans un village sur la côte atlantique, portant à plus de 400 le nombre de personnes arrêtées depuis vendredi 14 mars.« Au cours d’une patrouille nocturne à la plage de Mbodiène [centre-ouest], la brigade territoriale de Joal a procédé à l’interpellation de 59 nouveaux candidats [à l’émigration], dont 16 filles », a déclaré la gendarmerie nationale dans un communiqué publié lundi soir sur sa page Facebook. « Ce nombre vient s’ajouter aux 374 individus arrêtés durant le week-end du 14 au 16 mars 2025 par la gendarmerie entre Mbour et Fatick », poursuit le communiqué. Ces personnes arrêtées venaient de toute la sous-région. Ce sont majoritairement des Guinéens, des Gambiens, des Ivoiriens et des Sierra-Léonais. « Sept des organisateurs ont également été arrêtés et d’importantes ressources logistiques saisies », affirme la gendarmerie.
    Dans l’espoir d’atteindre l’Europe, de plus en plus de personnes migrantes, en majorité des jeunes sans emploi en quête d’une vie meilleure, empruntent la dangereuse route maritime pour rejoindre les Canaries depuis les côtes ouest-africaines.« Ce nouvel épisode s’inscrit dans une dynamique alarmante », ont réagi mardi des ONG, exprimant leur « vive préoccupation face à la recrudescence de la migration irrégulière », dans un communiqué signé par Action pour les droits humains et l’amitié (ADHA) et le Mouvement international d’apostolat des milieux sociaux indépendants (Miamsi-Sénégal). « La migration irrégulière est avant tout le symptôme d’un malaise plus profond, marqué par le manque d’opportunités économiques, la précarité de l’emploi et l’absence de perspectives viables pour la jeunesse », dénonce le communiqué. En 2024, près de 47 000 personnes ont tenté de rejoindre l’Europe en prenant la mer depuis les côtes ouest-africaines, selon l’agence Frontex. Il s’agit d’un nombre d’arrivées record, en hausse de 18 % par rapport à l’année précédente. Plus de 10 400 migrants sont morts ou ont disparu en mer en tentant de rejoindre l’Espagne en 2024, selon l’ONG Caminando Fronteras.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#routemigratoire#migrationirreguliere#canaries#fatick#mbour#gendarmerie#sante

  • Lutte contre l’émigration clandestine : la Gendarmerie interpelle 59 nouveaux candidats à Mbodiène
    https://www.dakaractu.com/Lutte-contre-l-emigration-clandestine-la-Gendarmerie-interpelle-59-nouvea

    Lutte contre l’émigration clandestine : la Gendarmerie interpelle 59 nouveaux candidats à Mbodiène
    La traque contre l’émigration irrégulière se poursuit à un rythme soutenu. Selon un communiqué de la Gendarmerie, lu par la rédaction de Dakaractu, une nouvelle opération a permis l’interpellation de 59 candidats au départ, dont 16 filles, sur la plage de Mbodiène. Cette intervention, menée par la brigade territoriale de Joal lors d’une patrouille nocturne, s’inscrit dans la stratégie de renforcement des contrôles sur les côtes sénégalaises.
    Avec ces nouvelles arrestations, le bilan du week-end du 14 au 16 mars 2025 s’alourdit, atteignant désormais 433 migrants interpellés entre Mbour et Fatick. Parmi eux, on compte :
    • 154 Guinéens
    • 72 Gambiens (62 garçons et 10 filles)
    • 25 Ivoiriens
    • 25 Nigérians
    • 1 Sierra-Léonais
    • 1 Malien
    • 1 Ghanéenne
    • Et plusieurs Sénégalais
    Outre les migrants, les forces de l’ordre ont également mis la main sur sept organisateurs et saisi d’importantes ressources logistiques, preuve que les réseaux de passeurs restent toujours actifs malgré les multiples opérations de démantèlement. Le Haut-commandement de la Gendarmerie assure que la lutte contre l’émigration irrégulière se poursuivra avec la même intensité, dans un contexte où de nombreux jeunes tentent encore la traversée périlleuse vers l’Europe.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#routemigratoire#migrationirreguliere#trafic#gendarmerie#sante#joal#mbour#fatick

  • Mort de Rémi Fraisse : la France condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme pour violation du droit à la vie
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/02/27/mort-de-remi-fraisse-la-france-condamnee-par-la-cour-europeenne-des-droits-d


    Lors d’une marche blanche en mémoire de Rémi Fraisse, en octobre 2015, de Gaillac à Sivens. REMY GABALDA / AFP

    La Cour européenne des droits de l’homme (#CEDH) a condamné la France, jeudi 27 février, pour l’opération de #maintien_de_l’ordre menée par la #gendarmerie qui a provoqué la mort de Rémi Fraisse en 2014, lors d’affrontements autour du chantier du barrage de Sivens (Tarn). La Cour estime que « le niveau de protection requis » pour parer les risques que comporte le « recours à une force potentiellement meurtrière » n’a pas été « garanti », et souligne des « lacunes du cadre juridique et administratif alors applicable » et des « défaillances de l’encadrement dans la préparation et la conduite des opérations litigieuses ».

    « Il aura fallu plus de dix ans et l’appui de la Cour européenne des droits de l’homme pour que la responsabilité de l’Etat français dans la mort de Rémi Fraisse soit enfin reconnue. Que de temps perdu », a réagi auprès de l’Agence France-Presse (AFP) Patrice Spinosi, avocat de Jean-Pierre Fraisse, le père de la victime. « Le recours inapproprié à la force lors des manifestations contre le barrage de Sivens est désormais acquis. Pour éviter de nouvelles condamnations, la France doit maintenant tirer toutes les conséquences de cette décision et revoir en profondeur sa politique de maintien de l’ordre », a-t-il ajouté.

    La CEDH était également invitée à se prononcer sur un deuxième aspect, à savoir si l’enquête pénale avait bien été « approfondie, indépendante et impartiale ». La cour de Strasbourg juge ici que « la procédure prise dans son ensemble n’est entachée d’aucun manquement à l’indépendance et à l’impartialité ». Elle salue particulièrement « la qualité des investigations réalisées par le défenseur des droits  », qui avait notamment « auditionné le préfet et recueilli les réponses de son directeur de cabinet », auditions qui n’avaient pas été réalisées dans le cadre de l’enquête judiciaire menée par les juges d’instruction.

    #Rémi_Fraisse #justice

    • Mort de Rémi Fraisse : la condamnation de la France par la CEDH va à contre-courant des conclusions de la justice
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/02/27/mort-de-remi-fraisse-la-condamnation-de-la-france-par-la-cedh-va-a-contre-co

      Le jeune homme est mort dans la ZAD du barrage de Sivens, dans le Tarn, après le jet d’une grenade, en 2014. La Cour européenne des droits de l’homme estime que le gouvernement a failli à ses obligations de maintien de l’ordre
      Par Arthur Carpentier

      Dans un arrêt, rendu jeudi 27 février, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a estimé que l’Etat français avait failli à ses obligations en causant la mort de Rémi Fraisse, le 26 octobre 2014, sur la zone à défendre (ZAD) du barrage de Sivens (Tarn). Elle l’a condamné pour « violation du droit à la vie ». Une décision qui va à contre-courant de toutes les conclusions de la justice française, et pourrait constituer un tournant dans les procès à venir contre les #policiers et les #gendarmes ayant blessé ou tué au cours d’opérations de maintien de l’ordre.

      « C’est un soulagement terrible après les multiples déconvenues au fil des années, après dix ans de combat », s’est réjoui Arié Alimi, l’avocat de la famille de Rémi Fraisse. « Cette condamnation établit de manière définitive que Rémi, qui n’avait que 21 ans, a été tué par la France en raison des ordres de maintien de l’ordre et d’usage de la force manifestement disproportionnés. (…) Les membres du gouvernement de l’époque, qui ont donné les ordres, ont la responsabilité de la mort de Rémi », a réagi Jean-Pierre Fraisse, son père, dans un communiqué.

      Dans son arrêt, la CEDH établit qu’en raison des « lacunes du cadre juridique et administratif alors applicable » et des « défaillances de l’encadrement dans la préparation et la conduite des opérations litigieuses », l’Etat français n’a pas été suffisamment précautionneux dans son « recours à une force potentiellement meurtrière ». La juridiction conclut ainsi à la violation de l’article 2 de la Convention européenne des droits de l’homme, qui établit que « le droit de toute personne à la vie est protégé par la loi ».

      « Dangerosité exceptionnelle »

      Agé de 21 ans, Rémi Fraisse était venu participer à un week-end de manifestations, les 25 et 26 octobre 2014. Après un samedi émaillé d’affrontements et un début de soirée plus calme, les pandores [oh...] de l’escadron de la gendarmerie mobile de La Réole (Gironde) avaient été envoyés pour sécuriser la « base vie » du chantier, où des agents de sécurité venaient d’être ciblés par des jets de projectiles.

      Selon le rapport rendu par le Défenseur des droits, en 2016, les gendarmes avaient affirmé « avoir fait face à environ 150 manifestants “radicaux” munis de divers projectiles ». Vers 1 h 45, après plusieurs sommations, le maréchal des logis-chef J. avait tiré une grenade offensive OF F1. Elle s’était logée entre le cou et le sac à dos de Rémi Fraisse, le tuant sur le coup.

      Au cœur de la condamnation de la CEDH figurent surtout le cadre d’utilisation de la grenade OF F1 et des « défaillances de la chaîne de commandement ». Les magistrats européens considèrent l’arme comme étant d’une « dangerosité exceptionnelle », et jugent son emploi « problématique en raison de l’absence d’un cadre d’emploi précis et protecteur ». Deux semaines après la mort de Rémi Fraisse, le gouvernement de François Hollande avait pris la décision d’interdire son utilisation. Du côté de la chaîne de commandement, la CEDH critique surtout « l’absence de l’autorité civile sur les lieux au moment des faits litigieux », en l’occurrence, le préfet du Tarn de l’époque, Thierry Gentilhomme, nommé à peine deux mois plus tôt. Le soir du 25 octobre, il n’était pas sur place et avait délégué l’autorité civile au commandant du groupement de gendarmerie départementale, qui lui-même avait quitté les lieux au début de la nuit et laissé l’opération au commandant du groupement tactique.

      « Non-lieu confirmé »

      « La cour considère que, même si le directeur de cabinet du préfet était tenu informé du déroulement des événements pendant la soirée, le préfet ne pouvait, à distance, complètement percevoir l’ampleur des affrontements et la situation rencontrée par les forces de l’ordre », peut-on lire dans l’arrêté. « Alors que la situation nécessitait une adaptation permanente des objectifs et du dispositif à mettre en œuvre » par l’autorité civile, la CEDH considère la chaîne de commandement défaillante, et donc que « le seuil d’exigences requis pour s’assurer que tout risque pour la vie avait été réduit au minimum n’a pas été atteint ».

      Par ailleurs, si elle n’est pas censée se prononcer sur les responsabilités individuelles, la juridiction précise que « rien au dossier ne la conduit à remettre en cause » le choix fait par le maréchal des logis-chef J. de recourir à la force, notamment de son choix de recourir à un jet de grenade. Pour Jean Tamalet, avocat du gendarme, le « non-lieu dont le gendarme et sa hiérarchie ont bénéficié (…) s’en trouve confirmé. C’est la loi, telle qu’elle prévoyait, à l’époque, la tenue des opérations de maintien de l’ordre, qui est pointée par cet arrêt et non la gendarmerie nationale, ni ses personnels qui l’ont appliquée. La compassion pour la jeune victime de ce dramatique accident et pour toute sa famille reste entière ».

      La décision de la cour de Strasbourg arrive après un long parcours juridique en France. Pénalement, le maréchal des logis-chef J. avait bénéficié d’un non-lieu, confirmé par la Cour de cassation en mars 2021. La haute juridiction avait estimé que « les forces de l’ordre ont adapté leur riposte de manière parfaitement proportionnée et que l’usage de la grenade OF F1 était absolument nécessaire », face à « l’extrême violence des assaillants situés à une distance maximale de 20 mètres qui continuaient d’avancer ». Sur le volet administratif, en février 2023, la cour d’appel de Toulouse avait confirmé la décision préalable du tribunal administratif, qui « reconnaît la #responsabilité_sans_faute de l’Etat pour le décès de Rémi Fraisse dans les suites de l’intervention des forces de l’ordre ».

      « Des fautes décisionnelles »

      [...]
      « Sur le volet procédural, la cour estime qu’il y avait une responsabilité de la part des décisionnaires, là où les juges d’instruction français ont toujours refusé d’entendre ces décisionnaires, dont le préfet, souligne maître Arié Alimi. La CEDH dit donc qu’il n’y a pas de violation du procès équitable, tout en considérant qu’il y a des fautes décisionnelles, ce qui remet un peu en cause la procédure menée par la justice française. »

      En plus de mettre un point final à une affaire commencée il y a plus de dix ans, cet arrêt de la CEDH pourrait constituer un tournant dans les procédures judiciaires liées aux opérations de maintien de l’ordre. En 2011, la Cour de cassation jugeait que « les Etats (…) sont tenus de respecter les décisions de la CEDH, sans attendre d’être attaqués devant elle ni d’avoir modifié leur législation ». Autrement dit, la justice française devra tenir compte des arguments mis en avant par la cour dans son arrêt.

      « Pour éviter de nouvelles condamnations, la France doit maintenant tirer toutes les conséquences de cette décision et revoir en profondeur sa politique de maintien de l’ordre », a également réagi Patrice Spinosi, avocat de Jean-Pierre Fraisse. Dans un premier temps, la cour attend de la France qu’elle dédommage plusieurs proches de Rémi Fraisse pour un montant total de 50 700 euros.

  • Pédocriminalité : les insoutenables « carnets noirs » de Joël Le Scouarnec
    https://lesjours.fr/obsessions/proces-pedocriminalite-le-scouarnec/ep1-enquete-hors-norme

    Nouvelle série. Le chirurgien est jugé à partir du 24 février pour viols et agressions sexuelles aggravés sur 299 ex-patients. Il a consigné ses actes dans ses journaux intimes.

    • Procès Le Scouarnec : comment l’ex-chirurgien pédocriminel aux 299 victimes est si longtemps « passé entre les gouttes »
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/02/24/pedocriminalite-ouverture-du-proces-le-scouarnec-ex-chirurgien-aux-299-victi

      La plus importante affaire de pédocriminalité jugée en France débute à partir de lundi et pour quatre mois. Age moyen des victimes : 11 ans à l’époque des faits. Des crimes que l’accusé racontait méthodiquement dans ses journaux intimes.
      Par Florence Aubenas

      A la télévision et dans les magazines de faits divers, le docteur Joël Le Scouarnec aimait suivre les histoires d’hommes qui lui ressemblaient : les pédophiles. Il se reconnaissait en eux, fier d’être différent. A un détail près : lui ne se ferait jamais attraper. Ça n’arrivait qu’aux autres, il se sentait intouchable. Pendant toute sa carrière, aucun personnel soignant ne l’avait jamais surpris sur le fait, aucune plainte n’avait été déposée par un petit patient ou ses parents. D’une manière redoutable, le chirurgien avait inventé le crime sexuel parfait.

      Finalement arrêté en 2017, à quelques mois de sa retraite, Joël Le Scouarnec, 74 ans, va être jugé pour viols ou agressions sexuelles aggravés de 299 victimes présumées, qu’il a reconnus pour la plupart. Age moyen de ces dernières : 11 ans à l’époque des faits. Mais si le médecin comparaîtra seul dans le box, les défaillances des institutions françaises dans la protection de l’enfance devraient envahir les débats.

      C’est à Vannes, ville où se tiendra son procès devant la cour criminelle du Morbihan à partir de lundi 24 février, que la grande majorité des faits auraient eu lieu. Aujourd’hui disparue, la clinique du Sacré-Cœur était un petit établissement privé tenu par des religieuses quand Joël Le Scouarnec y a été recruté en 1994. A cette époque, le secteur de la santé s’enfonce déjà dans la misère, avec ses restructurations féroces et ses pénuries de recrutements. L’arrivée d’un chirurgien digestif de 44 ans, ancien interne des hôpitaux de Nantes, une femme et trois enfants, ressemble alors à une aubaine.

      A vrai dire, cela fait dix ans que la passion de Le Scouarnec pour son métier a commencé à s’émousser. Sa vie est ailleurs, dans sa « bulle pédophile », selon son expression, depuis qu’il a abusé d’une nièce, 8 ans, sa première victime, en 1985. Désormais, « ça » le tyrannise, il le raconte dans ses journaux intimes tenus pendant plus de trente ans, où, jour après jour, enfant après enfant, il détaille ce qu’il nomme « sa vie sexuelle ».

      Ses viols et agressions d’une dizaine de proches y sont décrits, le volet dit « familial » du dossier, pour lequel il a déjà été condamné à quinze ans de réclusion en 2020. Mais ce sont les hôpitaux qui vont devenir son principal terrain de chasse et le noyau de ce second procès. « Je n’examinais plus les enfants comme des petits malades, j’avais sur eux un regard de pédophile. Tout geste prenait une connotation sexuelle », expliquera le chirurgien pendant l’enquête.

      Au long de sa vie professionnelle, d’autres praticiens vont se faire arrêter pour crime sexuel dans la dizaine d’établissements où il a officié : un psychiatre retrouvé dans le lit d’une malade ou un manipulateur en électroradiologie en gynécologie qui avait violé deux patientes. Joël Le Scouarnec, lui, a mis au point ce qu’il a appelé sa « procédure ».

      Une alerte du FBI

      Dans les couloirs, il repère les enfants seuls dans leur chambre. Si un parent ou un soignant est présent, le chirurgien fait demi-tour : leur demander de quitter la pièce attirerait l’attention. Il revient plus tard. Pousse la porte. Lance quelques phrases, toujours les mêmes, lapidaires et professionnelles : « Je viens voir si tu as mal au ventre », ou bien « Est-ce que ça te brûle quand tu fais pipi ? » Ensuite, tout va très vite. Le bas du corps est dénudé, les mains s’y glissent, gestes furtifs maquillés en examens médicaux. La porte s’ouvre ? Il suffit de rabattre le drap.

      Joël Le Scouarnec veille à ne jamais provoquer ni traces ou douleur physique, rien qui puisse entraîner des cris. Trop de résistance le fait renoncer. Ça n’arrive jamais, ou presque. La blouse blanche, le statut d’adulte, la maladie, tout pousse les enfants à se soumettre. Les petits surtout : « L’avantage des filles de cet âge [entre 3 et 10 ans], c’est qu’on peut les toucher sans qu’elles se posent trop de questions », écrit le chirurgien dans son journal.

      Passée la puberté, ou à son approche, les viols et agressions auraient surtout été commis en salle d’opération, sous anesthésie. Le médecin évitait tout geste susceptible d’inquiéter les jeunes malades. Mais au bloc, il est impossible d’être seul, cet univers très fermé où cinq professionnels au moins se surveillent les uns les autres. « Il faut savoir être patient et compter sur sa chance », explique le journal de Joël Le Scouarnec. Une infirmière tourne le dos ? L’anesthésiste regarde ailleurs ? De nouveau, les mains du chirurgien plongent sur ou sous le drap, qui recouvre les corps endormis, hors de la zone à opérer. « J’ai fait des centaines d’interventions avec lui et je n’ai jamais rien vu », racontera plus tard un confrère.

      La première alerte va arriver dans les années 2000, de très loin : les Etats-Unis. Au cours d’une opération internationale ciblant des sites pédopornographiques sur le dark Web, la police fédérale américaine (FBI) alerte la France sur trois paiements effectués par le biais de la carte bancaire du chirurgien. Mais, le 9 décembre 2004, pas d’opération surprise à l’aube dans la maison familiale : Joël Le Scouarnec est convoqué à la #gendarmerie à Grand-Champ, près de Vannes, ce qui lui laisse le temps de dissimuler les preuves. Aucune perquisition n’a lieu à l’hôpital, aucun proche ni collègue n’est entendu.

      Imbroglio institutionnel

      Pendant sa garde à vue, pliée en vingt-cinq minutes et cinq questions, le chirurgien plaide la crise conjugale. Dès le lendemain, il est de retour dans la chambre des petits patients. Condamné en novembre 2005 à quatre mois de prison avec sursis, sans obligation de soins ni restriction professionnelle, il triomphe dans son journal : « Je suis passé entre les gouttes. »

      En 2005, il a 55 ans et vient de quitter la clinique de Vannes pour l’hôpital public de Quimperlé, dans le Finistère. Il y brigue, pour la première fois, le statut de « praticien hospitalier », un poste plus stable, mais plus contrôlé que dans le privé.

      A ce moment-là, va se nouer un imbroglio institutionnel aux conséquences terribles. Tout démarre d’un psychiatre, Thierry Bonvalot, alors président du comité médical d’établissement de l’hôpital de Quimperlé. Par un confrère, qui a expertisé Joël Le Scouarnec dans l’affaire de pédopornographie de 2004, Thierry Bonvalot a eu écho de sa condamnation et s’alarme de son recrutement dans une lettre au directeur de l’hôpital, en juin 2006, puis dans une autre au conseil départemental de l’#ordre_des_médecins du Finistère, le mois suivant. Réclamé, le casier judiciaire du chirurgien arrive. Il porte la mention : néant. Débordé, le greffe de Vannes n’a toujours pas mis le fichier à jour, sept mois après la condamnation du chirurgien, qui peut officiellement être titularisé le 1er août 2006.

      Enfin actualisé, l’extrait de casier est posté à l’ordre des médecins du Finistère en novembre de la même année. Mais au lieu d’éclaircir l’affaire, il va augmenter la confusion, faisant du cas Le Scouarnec celui dont chacun tente de se défausser. L’ordre transmet le dossier à l’antenne locale de la direction régionale des affaires sanitaires et sociales (Drass), qui le transmet elle-même à la direction départementale des affaires sanitaires et sociales (Ddass) – ces deux instances ont été remplacées, en 2010, par l’agence régionale de santé –, ainsi qu’au ministère de la santé.

      Admis à l’unanimité au conseil de l’ordre

      « Si sa condamnation avait été connue avant, il n’aurait pas été nommé », regrette le ministère de la santé début 2007. Mais que faire désormais ? Aucune nouvelle plainte ne vise le chirurgien. Au contraire. Dans une lettre, le directeur de l’hôpital de Quimperlé loue Joël Le Scouarnec, « sérieux et compétent » ; son recrutement aurait même sorti son établissement d’une « grave crise ». Dès lors, le ministère tranche : retour de l’affaire à l’envoyeur, c’est-à-dire à l’ordre des médecins du Finistère, garant de la moralité de la profession. La Drass estime que c’est à la Ddass de le saisir, la Ddass pense que c’est le rôle de la Drass. Personne ne bouge. Entretemps, dans le département, Joël Le Scouarnec a été admis à l’unanimité au conseil de l’ordre.

      Les courriers du psychiatre Thierry Bonvalot auraient pu déclencher des investigations administratives. Mais ils n’ont été transmis ni au ministère, ni à la Drass, ni à la Ddass. L’affaire Le Scouarnec vient de se dissoudre dans le marécage bureaucratique.
      Quand le service de chirurgie ferme à Quimperlé, Joël Le Scouarnec rejoint l’hôpital de Jonzac (Charente-Maritime) en 2008. Cette fois, son casier le suit. Mais là encore, la directrice d’alors évoquera devant les enquêteurs la pénurie de médecins. « Il était très gentil », précisera-t-elle en parlant du chirurgien. « Aucune agression physique n’ayant eu lieu », il n’est pas accompagné de mesure particulière.

      C’est une petite fille de 6 ans, alors voisine du chirurgien à Jonzac, qui a permis son arrestation en avril 2017 : il l’avait agressée au fond de son jardin. Alors seulement, ses journaux intimes ont été découverts : ils constitueront la principale pièce à charge au procès de Vannes.

      #enfants #malades #inceste #crimes_sexuels

    • Les « carnets noirs » de Joël Le Scouarnec, le chirurgien pédophile
      https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2020/01/03/les-carnets-noirs-de-joel-le-scouarnec-le-chirurgien-pedophile_6024661_16535

      Au téléphone, le gendarme répète que Joël Le Scouarnec vient d’être arrêté, mais la jeune femme n’arrive pas à l’imaginer en prison, lui « qui était toujours passé entre les mailles du filet ». Elle se trouve projetée trente ans en arrière, petite fille invitée dans le manoir des Le Scouarnec. Comme jadis, il lui semble sentir la main de son oncle Joël venir se poser sur son épaule, « une main lourde », pareille à « une chape de plomb ». Et remontent ses sentiments d’alors : « Contre lui, je ne suis rien. »

      (...) Depuis le collège, il dresse l’inventaire des livres lus, des opéras entendus, des monuments visités, des plus beaux paysages. Certains recensements pourtant obéissent à un autre ordre : 301 544 photos et vidéos pédopornographiques, rangées méthodiquement, par série et par thèmes – zoophilie, scatologie, enfants nus… Les journaux intimes du chirurgien − que des victimes ont aujourd’hui baptisés « les carnets noirs » − aussi sont découverts.
      Pendant vingt-huit ans (de 1989 à 2017), jour après jour, Le Scouarnec y détaille des abus et des viols sur des enfants dans la douzaine d’établissements où il a opéré. 349 victimes potentielles auraient déjà été dénombrées, menaçant de submerger l’enquête sous les investigations.

      https://archive.ph/XIwlo

  • #Emmanuel_Macron, l’#art du #secret
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/12/21/emmanuel-macron-l-art-du-secret_6461505_823448.html

    Emmanuel Macron, l’#art_du_secret
    Par #Raphaëlle_Bacqué, #Ariane_Chemin et #Ivanne_Trippenbach
    Publié le 21 décembre 2024 à 20h02, modifié le 28 décembre 2024 à 11h52

    ENQUÊTE« Le président et son double » (4/4). Dans le dernier volet de la série sur l’évolution du président de la République depuis son arrivée à l’Elysée, « Le Monde » décrypte la façon dont il gère les questions de sécurité personnelle et de protection de son image.

    « #Brûle_tout ! » En 2017, pendant sa première campagne présidentielle, entre deux meetings et rendez-vous, Emmanuel Macron tendait parfois à son garde du corps des chemises cartonnées et, pour celles de couleur rouge, lui intimait de faire disparaître leur contenu. #Alexandre_Benalla, qui veille alors sur la sécurité du candidat, s’en souvient bien : il jetait lui-même les feuilles de papier dans un fût en métal, au sous-sol du QG de campagne, rue de l’Abbé-Groult, dans le 15e arrondissement de Paris, et y mettait le feu. Parfois, un brasero improvisé était allumé au bord de la route, sur le chemin d’un aéroport d’où le futur président décollait pour rejoindre une réunion publique. A l’intérieur, des notes, des idées griffonnées, des documents de campagne variés… Emmanuel Macron n’était pas encore élu que déjà le secret était une obsession.

    « Hypercloisonné », « superparano », « énigmatique »… Voilà comment ses très proches collaborateurs décrivent aujourd’hui le président de la République. C’est le lot des chefs d’Etat. Mais la méfiance et la précaution sont des réflexes qu’Emmanuel Macron a appris très tôt. Une partie de son adolescence et de sa vingtaine s’est en effet déroulée dans une forme de clandestinité. « Quinze ans (…) à être largement incompris », a-t-il confié à la journaliste du Figaro Anne Fulda, dans Emmanuel Macron, un jeune homme si parfait (Plon, 2017), le livre qu’elle lui a consacré. Parce que Brigitte Trogneux était de vingt-quatre ans son aînée, il a passé des années à cacher aux autres leur histoire d’amour. « Emmanuel a besoin de tout le monde et de personne, a résumé un jour Brigitte Macron devant la biographe de son époux. On ne rentre jamais dans son périmètre. » D’Amiens, le président a gardé une certaine habitude de la solitude et du cloisonnement.

    Emmanuel Macron fonctionne en silos. Avec les « boucles » de messagerie téléphonique, lui seul sait à qui il parle, la nuit, puisque cet insomniaque travaille souvent jusqu’à 2 heures du matin, témoigne son compte Telegram. « Il faut cogiter », « Tu vois comment les choses ? », écrit-il sur WhatsApp à ses petites communautés d’anciens ministres, amis, élus, préfets, maires rencontrés en déplacement, ou, en pleine pandémie de Covid-19, de médecins, dans des messages dont Le Monde a eu connaissance. Mais aussi des « Tu me manques », « Je suis fier de toi », « Tu m’as fait de la peine », « La famille, c’est vous », ou, avant les ruptures politiques, « Nos routes se séparent ». Lui d’ordinaire si impénétrable se montre parfois imprudent dans ses messages écrits (sollicité à plusieurs reprises au cours des dernières semaines par l’intermédiaire des services de l’Elysée mais aussi par courrier personnel, Emmanuel Macron n’a pas donné suite).

    L’espionnage a toujours existé, mais les moyens ont changé. L’époque est aux #cyberoffensives. Dès 2017, les boîtes e-mails des équipes d’En marche ! font l’objet d’opérations de piratage par des hackeurs russes, et 20 000 courriels sont rendus publics juste avant le second tour de la présidentielle – les « MacronLeaks ». Pour déstabiliser le finaliste, d’authentiques e-mails ont été mélangés à des documents falsifiés. Mais il y a autre chose : la singularité du couple formé avec Brigitte, rencontrée quand il avait 14 ans, et cette « vie qui ne correspond en rien à celle qu’ont les autres », comme l’a résumé un jour Emmanuel Macron lui-même, ont suscité de sordides attaques contre lui et son épouse, notamment de la part de l’agence pro-Kremlin Spoutnik et du tabloïd russe Komsomolskaïa Pravda.

    Un autre épisode, antérieur, a marqué le président français. En janvier 2014, il était aux premières loges lorsque François Hollande a été photographié en scooter rue du Cirque, dans le 8e arrondissement de Paris, s’apprêtant à rejoindre clandestinement l’actrice Julie Gayet. Alors secrétaire général adjoint de l’Elysée, Emmanuel Macron avait suivi cette déflagration de l’intérieur. La leçon qu’il en a retenue, c’est que François Hollande n’était pas assez prudent, ou pas assez protégé. « Je ne ferai jamais comme lui », en a-t-il conclu. Un an après cette « paparazzade », il théorisait ainsi sa pratique du pouvoir devant Le Monde : « Quand on est aux manettes, il faut une distance, des moments de secret. » Depuis, il comprend chaque jour davantage cette réalité de l’économie des médias qui s’est imposée : aujourd’hui passés aux mains des Vincent Bolloré et autres grands patrons, les magazines people sont devenus de redoutables armes politiques.

    Avare de confidences
    « Maintenant nous sommes seuls. C’est l’Elysée qui veut cela : nous ne pouvons avoir confiance en personne. C’est une solitude à deux, mais une solitude totale », a confié Brigitte Macron aux journalistes Jean-Michel Décugis, Pauline Guéna et Marc Leplongeon dans leur livre Mimi (Grasset, 2018), consacré à #Michèle_Marchand, la « #première_dame des #paparazzis ».

    Rarement la vie au palais a été aussi verrouillée que sous Emmanuel Macron, à l’abri des regards. « Vous passerez par-derrière, côté grille du Coq, direct », recommande Valérie Brilland-Lelonge, la secrétaire particulière du président de la République (« SPPR », son nom de code dans le répertoire téléphonique des initiés), de sa voix douce aux « visiteurs du soir » conviés à l’Elysée hors des circuits protocolaires. Parfois, après 22 heures, c’est le chef de l’Etat en personne qui appelle : « Passe. »

    Avec le souvenir de l’« épisode Hollande », le président de la République évite de se rendre chez des particuliers. Lorsqu’il sort à Paris, il choisit des restaurants du 6e, du 7e ou du 15e arrondissement, où il a ses habitudes, en fond de salle et dos au mur, avec ses gardes du corps à proximité. Dans son téléphone, les noms de ses contacts sont souvent notés par leurs initiales. Et, même en comité restreint, il reste avare de confidences. Du chiraquien #Pierre_Charon, 73 ans, qui lui raconte à sa façon la Ve République, Emmanuel Macron a retenu ce mot prononcé par un autre président, Georges Pompidou (1911-1974) : « Si vous ne voulez pas que cela se sache, n’en parlez pas. » Pour le coup de la dissolution de l’Assemblée nationale, il a fait sien ce conseil.

    Lire aussi le portrait | Pierre Charon, « baron noir » de la Macronie

    Mais le maître ès secrets, c’était François #Mitterrand (1916-1996). « Le vrai taulier », a confié le même Pierre Charon à Emmanuel Macron. En 1983, deux ans après son arrivée à l’Elysée, le président socialiste avait créé le groupe de sécurité de la présidence de la République (#GSPR) et privilégié les gendarmes – des militaires, des taiseux – aux policiers, jugés trop bavards. Macron, lui, s’est attaqué à la refonte de la protection présidentielle, six mois à peine après l’élection de 2017. Il ne veut plus que le détail de ses allées et venues, sous la protection du GSPR, atterrisse sur le bureau du ministre de l’intérieur.

    Avant l’« affaire » du 1er mai 2018, où il avait tabassé un manifestant sous un uniforme de policier, Alexandre #Benalla devait piloter cette réforme. Il a été écarté de l’Elysée – et condamné par la justice – mais a toujours la confiance du chef de l’Etat, laissant dans la place des hommes à lui. Au sein de la garde d’élite, cinq de « ses » policiers entourent toujours le #président – nom de code « F1 », pour « formule 1 ». Ces fonctionnaires de police permettent au couple présidentiel de s’offrir quelques marches dans Paris et des échappées, au théâtre notamment. Comme cette représentation du Cercle des poètes disparus, en mai 2024, sur l’une des scènes parisiennes de leur ami le producteur Jean-Marc Dumontet, avant de dîner au foyer avec les comédiens.

    Lire aussi l’enquête (2023) | Jean-Marc Dumontet, producteur influent du théâtre privé, connaît ses premiers déboires

    Mais protéger son image, c’est une autre affaire. A l’Elysée, le directeur de cabinet, #Patrice_Faure, en est chargé, en plus de ses autres dossiers. Cet ancien de la direction générale de la sécurité extérieure réunit régulièrement le commandement militaire de l’Elysée et la direction de la sécurité de la présidence de la République pour surveiller les rumeurs et menaces touchant Emmanuel Macron et sa famille. Ni énarque ni profil grandes écoles, mais de longues années dans les #forces_spéciales : Patrice Faure, lui aussi proche d’Alexandre Benalla et passé par la #Nouvelle-Calédonie et la #Guyane, a l’habitude des situations difficiles. C’est sur son bureau que remontent les alertes des #préfets et des services de #gendarmerie.

    « Gérer le #risque_réputationnel »
    Tous les chefs d’Etat ont été la proie de campagnes calomnieuses. Pendant l’affaire Stevan Markovic, cet employé d’Alain Delon (1935-2024) dont l’assassinat avait défrayé la chronique à la fin des années 1960, l’épouse de Georges Pompidou, Claude Pompidou (1912-2007), avait été victime d’un montage photographique visant à faire croire à sa participation à des soirées échangistes. Mais jamais un président et son épouse n’ont suscité autant d’attaques qu’Emmanuel et Brigitte Macron. C’est le problème des êtres secrets : ils suscitent tous les fantasmes. Patrice Faure appelle cela « gérer le risque réputationnel ». Et c’est contre cela qu’il doit bâtir un rempart.

    Depuis 2021, une intox insensée circule dans les sphères complotistes et les réseaux d’extrême droite, qui affirme que « Brigitte Macron est un homme ». La première dame est rebaptisée #Jean-Michel_Trogneux, le nom de son frère, comme si l’un et l’autre ne faisaient qu’un ! Si extravagante soit-elle, l’affaire est suivie de près par l’Elysée : Emmanuel Macron sait que son épouse en souffre. Il sait aussi que l’infox est relayée par les télévisions nationales turque, russe et jusqu’aux Etats-Unis par une figure de la droite alternative trumpiste et négationniste, Candace Owens, que Marion Maréchal et Eric Zemmour avaient invitée à un meeting, en 2019. Bref, à nouveau, des réseaux étrangers s’en mêlent. Dans le jargon de la sécurité élyséenne, on parle de « menaces projetées ».

    Cette fausse information est l’œuvre de « #fadas », soupire Emmanuel Macron au micro de TF1, en mars 2024, de « gens qui finissent par y croire et vous bousculent dans votre intimité ». A rebours de ses prédécesseurs, qui n’avaient recours qu’avec parcimonie à la justice, le chef de l’Etat engage une demi-douzaine de plaintes devant les tribunaux – contre un #afficheur qui l’avait dépeint en nazi et en maréchal #Pétain, contre un photographe de Saint-Tropez (Var) qui planquait devant son lieu de vacances à #Marseille (classée sans suite), contre X pour « faux, usage de faux et propagation de fausse nouvelle destinée à influencer le scrutin » présidentiel, après que Marine Le Pen a insinué à tort qu’il possédait « un compte offshore aux Bahamas »… « Ne rien laisser passer », dit-il, pour mettre fin aux attaques. Le 12 septembre, les deux femmes à l’origine de l’infox ciblant Brigitte Macron – qui se disent l’une « médium », l’autre « journaliste indépendante autodidacte » – ont été condamnées pour diffamation.

    Le cas « #Zoé_Sagan » s’est également invité aux réunions présidées par Patrice Faure, chargé de coordonner les actions en justice. Ce pseudonyme cache un #publicitaire d’Arles (Bouches-du-Rhône), #Aurélien_Poirson-Atlan, qui sous prétexte de raconter la comédie du pouvoir, diffuse fausses informations et accusations crapoteuses contre les élites. Il semble obsédé par le couple présidentiel. Le 27 août 2024, Brigitte Macron dépose plainte pour cyberharcèlement ; le 10 décembre, quatre hommes sont interpellés, dont le fameux « Zoé Sagan », placé trente-six heures en #garde_à_vue. En cause, « de nombreux propos malveillants portant sur le genre, la sexualité de Brigitte Macron ainsi que la différence d’âge avec son conjoint selon un angle l’assimilant à la pédophilie », résume le parquet de Paris.

    Eléments de langage
    Le plus sensible, en matière de « risque réputationnel », ce sont les photos. Dès le printemps 2016, Brigitte Macron a remarqué autour d’eux des paparazzis, y compris au Touquet (Pas-de-Calais), là où la #famille_Trogneux a l’habitude de se retrouver pour le week-end. Emmanuel Macron sait qu’une simple légende peut faire dire n’importe quoi à une image. Il devine qu’il lui faut un coup de main pour protéger sa vie personnelle.

    Le patron de Free, #Xavier_Niel (actionnaire à titre personnel du Monde), recommande aux #époux_Macron une professionnelle de la presse people, la fameuse Michèle Marchand. C’est ainsi que la sulfureuse « #Mimi » entre dans l’intimité du futur couple présidentiel. A 77 ans, elle a du métier et un sacré CV : elle a connu la prison, comme deux de ses ex-maris, et a longtemps frayé dans les arrière-salles de boîtes de nuit pour glaner des infos. Elle est à la fois la meilleure connaissance du milieu des paparazzis, dont elle négocie les photos, et la conseillère en image de personnalités dont elle détient les secrets.

    Beaucoup la craignent, car ils la savent capable, d’un simple coup de fil, de vendre la vie privée d’une célébrité. Elle sait vérifier que rien ne traîne, mais aussi… faire commerce des photos. C’est au moyen de clichés volés que la justice la soupçonne d’avoir voulu soutirer de l’argent à l’animatrice de télévision Karine Le Marchand – en avril 2024, elle a été renvoyée en correctionnelle pour extorsion de fonds. En 2021, elle avait été mise en examen dans l’un des volets de l’affaire du financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy. C’est elle qui est suspectée d’avoir joué les intermédiaires et organisé la fausse rétractation de l’homme d’affaires Ziad Takieddine pour aider l’ancien président.

    Une des spécialités de « Mimi » Marchand est d’orchestrer des « paparazzades » factices qui donnent un air de naturel à des clichés en réalité très maîtrisés. Après sa rencontre avec les époux Macron, au printemps 2016, les unes glamour se succèdent pour eux et les frayeurs du président sur d’éventuelles photos volées semblent oubliées. La victoire d’Emmanuel Macron, espère Michèle Marchand, doit être aussi un peu la sienne : en mai 2017, c’est bien elle, sur cette image prise avec son téléphone portable, levant les deux bras en V de la victoire, derrière le bureau présidentiel, comme si elle était chez elle.

    Après avoir connu quelques années de disgrâce liée à l’affaire Benalla (elle avait hébergé le garde du corps puis l’avait exfiltré dans l’un de ses « sous-marins », ces véhicules qui servent aux photographes à planquer), elle est revenue en cour cet été. Le 14 septembre, place de l’Etoile, pour la cérémonie en l’honneur des médaillés olympiques et paralympiques, qui attend pour les accueillir le président et son épouse, debout devant les barrières ? « Mimi ».

    Depuis que Xavier Niel, également propriétaire du Groupe #Nice-Matin, a racheté sa société de paparazzis #Bestimage, en juin, ses photographes ont leurs entrées partout à l’Elysée. Une position en or pour s’offrir l’exclusivité des images d’invités de marque aux dîners d’Etat ; des photos vendues ensuite très cher. Dans le même temps, la reine des #paparazzis veille sur les clichés du couple présidentiel. Elle possède de nombreuses photos des Macron dans l’intimité, whisky du soir à l’#Elysée et dîners privés.

    Autour d’Emmanuel Macron, des conseillers en poste ou d’#anciens_collaborateurs ayant officié à l’Elysée, mais toujours au service du président, cherchent à discréditer les médias ou les journalistes enquêtant sur le chef de l’Etat. Ils organisent des ripostes concertées sur les réseaux sociaux. Mais ces tenants du « nouveau monde » appellent aussi directement les patrons de presse comme autrefois. Ils distribuent des éléments de langage aux médias qui, sous les sept années d’Emmanuel Macron au pouvoir, se sont polarisés de manière spectaculaire : ils jouent des uns contre les autres, suivant les occasions, s’efforçant d’imposer un discours officiel. « Si ce n’est pas dans le communiqué, a lancé en octobre Emmanuel Macron lors d’une #conférence_de_presse, ça n’existe pas. »

    Marseille, sa « ville de cœur »
    Comme pour trouver une autre manière d’écrire la geste présidentielle, le chef de l’Etat a autorisé, depuis 2021, une équipe de #Mediawan, la société de production dirigée par l’un de ses amis, #Pierre-Antoine_Capton, à le filmer. Pas encore de diffuseur, mais des cameramen qui se relayent pour suivre les voyages officiels, les entraînements de boxe du président, les journées harassantes passées à diriger un pays dans le tourbillon mondial. Et la violence du pouvoir. L’équipe de tournage a ainsi vécu la surprise de la dissolution en avant-première. Le 9 juin, Emmanuel Macron lui avait ouvert la porte de la salle du conseil et les caméras ont saisi le moment historique de son annonce à son premier ministre, Gabriel Attal, à la présidente (Renaissance) de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et à ses fidèles, effondrés. Le film existera-t-il un jour ?

    Parfois, tout haut, Brigitte Macron s’interroge sur l’avenir : « Il faut que je sois utile, que je trouve un travail pour aider les gens. » Son mari, lui, n’en parle guère. « Je ferai quelques conférences, comme Obama », a-t-il glissé devant son épouse et des témoins, comme pour éloigner l’inquiétude du lendemain.

    D’autres, autour de lui, l’imaginent rejoindre un jour le groupe #LVMH de Bernard Arnault – après tout, ce dernier rêvait déjà de s’offrir les services de l’ex-premier ministre britannique Tony Blair. Présider une organisation internationale, une fondation ou même la #FIFA, la puissante instance dirigeante du football mondial. Prendre le temps d’écrire des romans et des poèmes, comme il le rêvait à 16 ans. Ou tenter de se faire réélire en 2032…

    Emmanuel Macron n’a pas l’habitude de prévoir de point de chute. En août 2016, au lendemain de sa démission du ministère de l’économie, il avait logé un temps avec son épouse dans un Airbnb. Restera-t-il en France, à Paris, au #Touquet, ou à Marseille, sa « ville de cœur », où il s’est rendu dix-sept fois depuis sa réélection ? Ses premières vacances d’été de président, c’est au-dessus de la corniche Kennedy qu’il avait choisi de les passer avec sa femme, dans la villa du préfet des Bouches-du-Rhône. Etrange, ce coup de foudre avec cette ville. Au maire socialiste, Benoît Payan, Emmanuel Macron a tenté de faire croire que l’idylle datait de 1993 et « de la tête de Basile Boli et du sacre de l’#OM en finale de la Ligue des champions ». Le patron de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, #Renaud_Muselier, pourtant désormais macroniste de choc, croit pour sa part, mais sans avoir vraiment la clé, à un « truc de bourgeois qui viennent s’encanailler chez [eux] ». A Marseille, plusieurs élus le savent : le président se cherche discrètement une future résidence, pour « après ». Les pieds dans l’eau, face à la #Méditerranée.

    Retrouvez tous les épisodes de la série « Le président et son double »
    Emmanuel Macron, une certaine idée du pouvoir (1/4)
    Emmanuel Macron, le double état permanent (2/4)
    Emmanuel Macron, la diplomatie à lui seul (3/4)
    Emmanuel Macron, l’art du secret (4/4)

  • 55 crimes policiers en 2024, le pire bilan depuis plus de 50 ans | Désarmons-les !
    https://desarmons.net/2025/01/14/55-crimes-policiers-2024-pire-bilan-depuis-plus-de-50-ans

    Ce chiffre de 55 morts par an, constaté dans des articles de presse, sous réserve d’autres cas passés sous les radars, est le plus haut jamais observé depuis au moins 57 ans. Il faut remonter à 1967 pour faire pire, année d’une énorme répression en Guadeloupe où au moins 87 personnes ont été tuées par balle par les gendarmes à Pointe-à-Pitre.

    #police #gendarmerie #crimes_policiers #violences_policières

    • Précisions enfin que notre recensement se limite aux seuls faits pouvant être reliés à l’action des forces de sécurité intérieure au quotidien, y compris les exactions policières en Centre de rétention (CRA), mais ne prend pas en compte les violences pénitentiaires qui mènent à la mort en prison. Tous les ans, ce sont environ 120 cas de « morts suspectes » (comprenant ce qui sera désigné par « suicides ») qui sont recensées par des ONG en prison : 120 en 2020 selon Ban public, un décès tous les deux ou trois trois jour selon l’OIP, des morts pour la plupart passées sous silence. Le site Anti-média rapporte une quarantaine de cas depuis mars 2023. L’emprisonnement de personnes à la santé mentale fragile est tout autant abjecte et inefficace, et pourtant la justice s’entête à enfermer des personnes dont la santé mentale ne pourra que s’empirer en détention (à ce titre, écouter l’émission l’Envolée sur la mort d’Allassane Sangaré en 2022 à Fleury et celle de Tapages sur la répression judiciaire de la souffrance psychique).

      #polices_municipales #prison

  • Les États-Unis fournissent des équipements de pointe pour renforcer la sécurité des frontières du Sénégal
    https://www.dakaractu.com/Les-Etats-Unis-fournissent-des-equipements-de-pointe-pour-renforcer-la-se

    Les États-Unis fournissent des équipements de pointe pour renforcer la sécurité des frontières du Sénégal
    Le 7 janvier 2025, les États-Unis ont fourni à la Gendarmerie nationale du Sénégal des équipements de pointe pour l’application de la loi, notamment de nouvelles lunettes de vision nocturne, des appareils GPS, des casques, des boucliers balistiques et des équipements médicaux vitaux. Ces outils de pointe, d’une valeur de plus de 750 000 dollars (plus de 450 millions de francs CFA), soutiendront la Gendarmerie dans la surveillance et la sécurisation des frontières nationales du Sénégal.
    La cérémonie de remise, qui a eu lieu au Centre régional d’entraînement tactique de Thiès, souligne le soutien de longue date des États-Unis aux efforts déployés par le Sénégal pour protéger ses frontières et ses citoyens. La remise de ces équipements fait partie d’un programme de quatre ans, dans lequel les États-Unis se sont associés aux forces de sécurité sénégalaises pour renforcer notre capacité collective à identifier et répondre aux menaces, améliorer la sécurité des frontières et lutter contre le trafic illicite de stupéfiants, d’armes et d’êtres humains. Grâce à des initiatives conjointes de formation et de partage des ressources, notre collaboration renforce la sécurité nationale et régionale et souligne le partenariat profond et croissant entre les États-Unis et le Sénégal en matière de sécurité.
    L’ambassadeur des États-Unis au Sénégal, Michael Raynor, a déclaré : « Les États-Unis sont fiers de soutenir les efforts du Sénégal pour protéger ses frontières en fournissant des équipements modernes et de haute qualité qui renforceront les capacités opérationnelles de la Gendarmerie nationale. Notre partenariat continu pour renforcer la sécurité des frontières reflète notre engagement permanent envers la sécurité et le bien-être du peuple sénégalais ».

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#etatsunis#securite#frontriere#trafic#traite#gendarmerie#sante

  • Habitat insalubre : le plus grand décasage de l’histoire de Mayotte va débuter ce lundi matin à Koungou
    https://la1ere.francetvinfo.fr/mayotte/habitat-insalubre-le-plus-grand-decasage-de-l-histoire-de-mayott

    Le #bidonville de Mavadzani doit être totalement rasé, à partir de ce matin, à Koungou, ce bidonville, au cours des années, est presque devenu un #village de plusieurs milliers d’habitants. Des centaines de forces de l’ordre, d’agents publics, d’engins de chantiers vont s’atteler à cette opération hors normes préparée depuis des mois voire des années.

    Cette opération, hors norme pour le territoire, est minutieusement préparée depuis près de 10 mois explique la préfecture et cela fait même presque deux ans que les plans de démantèlement sont dans les cartons.

    Ce matin, sur terre, dans les airs voire sur mer, des centaines de forces de l’ordre vont donc commencer à évacuer ce bidonville avant la destruction des 465 cases recensées, on peut estimer que cela va concerner entre 3500 et 4500 personnes voire plus, soit la population d’une ville moyenne.

    Pour mener à bien cette opération, deux escadrons de #gendarmerie sont arrivés en renfort il y a quelques jours investissant bon nombre d’hôtels du territoire, une opération très délicate car la population évacuée est composée de femmes, d’enfants, de personnes parfois âgées mais aussi de délinquants chefs de bande.

    #Mayotte #décasage

  • Au #Salon_AGIR, l’irrésistible ascension de la #haute_technologie dans le domaine de la #sécurité_intérieure

    Organisées une fois par an par la #gendarmerie, ces rencontres mettent en relation « porteurs de projet » publics et industriels de la #sécurité appâtés par un #marché estimé à 30 milliards d’euros.

    Jeudi 28 novembre, dans la salle de réception du beffroi de Montrouge (Val-de-Marne), des gendarmes, des pompiers ou des policiers en civil installés à des tables hautes attendent la visite d’industriels. Les pancartes posées près d’eux détaillent sur leurs besoins – lutte antidrones, systèmes de communication, acquisition de renseignement, cybersécurité… Pour sa quatrième édition, le salon AGIR (Accompagnement par la gendarmerie de l’#innovation, de l’#industrie et de la #recherche), témoigne de l’irrésistible – et parfois inquiétante – ascension de la haute technologie dans le domaine de la sécurité intérieure. Depuis la première édition du salon, en 2021, le nombre de sociétés du secteur présentes est passé de 110 à près de 500.

    Comme pour un speed-dating, chaque professionnel dispose d’un quart d’heure pour convaincre un « porteur de besoin » qu’il possède une solution adaptée ou est capable de la développer. Les rendez-vous, ponctués d’un sabir mêlant anglais des affaires et jargon de la sécurité, concernent un large spectre de besoins, du compostage de déchets organiques pour les réfectoires au logiciel de très haute technologie destiné au traitement de masse des données numériques. « En revanche, on ne tope pas à la fin de la journée », précise le colonel Mikaël Petit, conseiller innovation/transformation au pôle stratégie de la Direction générale de la Gendarmerie nationale et cheville ouvrière du salon. Après une première prise de contact, un processus de définition des besoins précis et de collaboration s’étend sur plusieurs mois avant que le produit fini soit validé et mis en service.

    Les entreprises présentes, parfois des start-up, constituent le cœur de cible des partenariats espérés par les services de sécurité et de secours en raison de l’importance prise par les technologies « duales », dont l’usage relève à la fois de la #sécurité ou de la #défense, et du #civil. Les #drones en fournissent un excellent exemple. S’il y a peu de chances que des criminels puissent déployer un engin volant de type militaire, le recours à des drones civils à des fins offensives ou de renseignement a été déjà été observé, pour livrer de la drogue derrière les murs d’une enceinte carcérale ou scruter les mouvements des concurrents d’un narcotrafiquant. Or, dans la quasi-totalité des cas, des drones acquis dans le commerce sont utilisés pour parvenir à de telles fins. « D’où l’importance de connaître cet écosystème et trouver rapidement une solution à un besoin opérationnel », précise encore le colonel Petit.

    Deux millions d’euros de contrats en 2021

    En 2021, lorsque la gendarmerie acquiert ses quatre-vingt-dix exemplaires du #Centaure, un blindé polyvalent entré en service un an plus tard, elle ne dispose toujours pas de simulateur de pilotage. #Exail, une société spécialisée basée à Lannion (Côtes-d’Armor), se présente à la première édition du salon. « Nous avions trente-cinq ans d’expérience dans l’élaboration de simulateurs pour la conduite d’urgence ou les services d’intervention, nous avons adapté nos solutions et remporté le marché », détaille #Louis_Elcabache, le responsable des ventes de l’entreprise. Idem pour #Factem, une entreprise installée à Bayeux (Calavdos) qui conçoit notamment les « casques de pont d’envol » utilisés sur les porte-avions : elle développera le système audio de communication pour le conducteur du blindé et les autres personnels embarqués. « Avant ça, nous étions présents sur le marché de la défense mais pas sur celui de la sécurité intérieure », détaille Quentin Plattier, ingénieur produits de la société.

    Pour les représentants de ces #TPE et #PME, mettre un pied dans la porte des commandes publiques du ministère de l’intérieur constitue un enjeu fondamental pour s’affirmer dans un #marché_global (#sécurité_privée et #sécurité_de_l’Etat) estimé à trente milliards d’euros au niveau national, sans compter le statut de fournisseur officiel d’une institution régalienne, qui peut assurer d’intéressants débouchés dans le privé ou à l’international. « Lorsque des délégations étrangères visitent les centres où sont déployés nos simulateurs, on ne va pas se mentir, ça nous fait de la pub », dit encore Louis Elcabache. « Mais pour arriver à ce résultat, nos clients, gendarmes en tête, nous mettent quand même pas mal la pression et n’hésitent pas à faire jouer la concurrence, avec une approche très offensive de la négociation », explique un autre industriel sous couvert d’anonymat.

    La gendarmerie revendique deux millions d’euros de contrats passés avec des industriels pour des besoins exprimés depuis le premier salon, en 2021, sans livrer le détail de la ventilation de ces marchés. Avec un art consommé de la communication et une certaine suite financière dans les idées, l’institution n’oublie jamais de tirer profit de ces partenariats. « Lorsque nous mettons à la disposition du projet l’un de nos mille ingénieurs ou trois cents docteurs pour des retours d’expérience sur des produits en cours de développement, nous négocions des parts de propriété intellectuelle », explique encore le colonel Petit. Une habile initiative qui lui permet de percevoir une commission sur d’éventuelles futures ventes du produit.

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/11/29/au-salon-agir-l-irresistible-ascension-de-la-haute-technologie-dans-le-domai
    #AGIR #technologie #complexe_militaro-industriel #business #France

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  • Migrants disparus dans la Manche : des enquêtes négligées ?
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/11/29/disparus-dans-la-manche-des-enquetes-negligees_6419556_3224.html

    Migrants disparus dans la Manche : des enquêtes négligées ?
    Par Abdelhak El Idrissi et Julia Pascual

    C’est son premier déplacement sur le littoral de la Manche depuis sa prise de fonctions, il y a deux mois. Le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, devait se rendre dans le Pas-de-Calais, vendredi 29 novembre, pour y parler des enjeux migratoires avec les élus du territoire et rencontrer les acteurs du secours en mer, sous pression. Depuis le début de l’année, 35 000 personnes ont rejoint l’Angleterre à bord de canots pneumatiques. Et au moins soixante-douze sont mortes en tentant ces traversées, selon l’estimation de la préfecture du Pas-de-Calais. C’est plus que sur l’ensemble des cinq dernières années.
    Une réalité qui percute les services judiciaires. Le parquet de Boulogne-sur-Mer a ainsi ouvert dix-sept enquêtes sur des naufrages ayant entraîné des morts. Par ailleurs, dix procédures ont été récemment ouvertes à la suite de découvertes de corps sur les plages du littoral ou en mer. « L’objectif est de donner une identité aux corps et de lier cette identité à un naufrage », explique le procureur Guirec Le Bras. Dans l’esprit de nombreuses personnes, nul doute qu’ils sont à relier au naufrage survenu le 23 octobre au large de Blériot-Plage (Pas-de-Calais). Officiellement, quarante-cinq personnes ont été secourues et trois corps repêchés dans la zone du naufrage.
    Rapidement, des témoignages de rescapés ou des proches de personnes disparues ont toutefois fait apparaître un bilan beaucoup plus lourd, d’une quinzaine de victimes. « Plusieurs associations et des personnes ont fait remonter l’information dans les jours qui ont suivi le naufrage, se souvient Flore Judet, de l’association L’Auberge des migrants. On transmet les informations qu’on collecte sur le terrain, le nom, des photos, des signes distinctifs, et les contacts des proches qui sont parfois reçus… Les services de police et de gendarmerie n’allant pas sur le terrain, ils comptent beaucoup sur nous. »
    Mais, pour les autorités, il est encore trop tôt pour faire un lien entre les corps rendus par la mer et l’embarcation qui s’est disloquée le 23 octobre. Chaque cadavre fait donc l’objet d’une enquête à part, confiée, au choix, à un service de police ou de gendarmerie du Pas-de-Calais (Calais, Wissant, Boulogne-sur-Mer…), selon le lieu de la découverte macabre. Un éclatement géographique qui suscite l’incompréhension d’associations qui font état d’un manque d’organisation des services d’investigation. « Pour chaque corps, c’est une personne différente qui enquête. Comment peut-on s’y retrouver si personne ne fait le lien entre elles ? », s’interroge Amélie Moyart, de l’association Utopia 56, qui vient en aide aux personnes migrantes.
    Oussama Ahmed, un jeune Syrien rescapé du naufrage, a perdu son père dans la tentative de traversée. « Chaque fois qu’un corps est retrouvé sur une plage, on essaye de savoir si c’est lui, rapporte Jeanne Bonnet, de la maison d’hospitalité La Margelle, à Calais, qui héberge Oussama Ahmed. Mais on se fait balader de commissariat en commissariat. Je pense qu’il y a une autre façon d’accompagner des gens qui ont vécu des traumatismes. »
    La militante avait déjà constaté des problèmes après le naufrage du 5 octobre au cours duquel quatre personnes se sont noyées. « J’avais accompagné un Erythréen qui avait perdu un proche dans la traversée, raconte Jeanne Bonnet. On s’est rendus à la police aux frontières de Coquelles. Ils nous ont laissés dehors et nous ont renvoyés vers la gendarmerie maritime chargée de l’enquête. On s’y est déplacés pour reconnaître le corps. Il n’y avait pas de traducteur. » « J’ai l’impression que la prise en charge dépend beaucoup des personnes sur qui on tombe, ajoute la salariée d’une association sous le couvert de l’anonymat. En tout cas, il n’y a pas de protocole quand on veut signaler des personnes disparues. Du coup, qui nous dit que, quand un corps est retrouvé, les enquêteurs vont recouper avec des signalements ? » L’enjeu n’est pas secondaire : d’après nos informations, ce sont au moins vingt-cinq personnes qui ont été signalées depuis le début de l’année auprès des services de police ou de gendarmerie comme ayant disparu lors de traversées maritimes (une partie pouvant correspondre à des corps retrouvés mais non identifiés formellement).
    Mohamed Alhasan garde un souvenir douloureux de son passage à Calais, en mars. Ce Syrien installé au Royaume-Uni était venu signaler aux autorités la disparition de son neveu, Jumaa, dans la nuit du 2 au 3 mars. Le jeune homme de 27 ans était tombé dans l’Aa, un canal qui se jette dans la mer du Nord, alors qu’il tentait de sauter sur un canot en marche. « Je suis allé à la police pour qu’ils lancent des recherches, rapporte Mohamed Alhasan. Mais ils m’ont dit qu’ils n’étaient pas spécialisés là-dedans, ils ne m’ont pas aidé. » Dans un communiqué du 12 mars, plusieurs associations dont Utopia 56, avaient dénoncé le simple enregistrement d’une main courante et réclamé que des recherches soient diligentées dans le canal de l’Aa. En vain. C’est finalement un joggeur qui a découvert le corps à la dérive de Jumaa Alhasan, seize jours après sa disparition.
    Thomas Chambon, d’Utopia 56, raconte, quant à lui, s’être rendu à la gendarmerie maritime de Calais, au mois d’août, pour signaler à son tour la disparition d’un migrant lors d’un naufrage. « Ils m’ont répondu qu’ils n’allaient pas faire un appel à témoins et qu’il fallait voir avec la Croix-Rouge. » Interrogé sur la réponse apportée aux proches de victimes, Jacques Audenis, commandant en second de la gendarmerie maritime de la Manche et de la mer du Nord, reconnaît qu’il existe une « marge sévère d’amélioration ». « L’augmentation du nombre de victimes est quelque chose d’assez récent et on apprend plutôt vite », défend-il.
    Selon nos informations, la gendarmerie maritime vient de constituer un groupe de cinq enquêteurs consacré à l’identification et à la restitution des corps aux familles. Jusque-là, les procédures étaient réparties entre une brigade de surveillance du littoral, à Boulogne-sur-Mer, et deux pelotons de sûreté maritime et portuaire, à Calais et Dunkerque (Nord), qui, à tour de rôle, enquêtaient sur les naufrages.
    Le besoin de professionnalisation de ces unités est d’autant plus nécessaire que les investigations qu’elles mènent ne relèvent pas de leur cœur de métier. Un gradé de la gendarmerie maritime explique ainsi, sous le couvert de l’anonymat, que « la brigade de surveillance du littoral enquête habituellement sur la pollution en mer et la filière pêche, du contrôle des bateaux jusqu’aux restaurants de poisson ». Quant aux pelotons de sûreté maritime et portuaire, ils sont chargés de missions de « surveillance et de sécurisation ». Faute de moyens supplémentaires, le nouveau groupe d’enquête a été créé à effectif et budget constants. « On essaie de trouver la meilleure solution avec les moyens qu’on nous donne », reconnaît l’officier de gendarmerie.
    Ce choix d’organisation a de quoi interroger, dans la mesure où la gendarmerie maritime compte déjà en son sein des enquêteurs de police judiciaire spécialisés dans les procédures criminelles complexes ou nécessitant une certaine technicité. Il s’agit de la section de recherches, dont les effectifs sont répartis à Brest (Finistère), Toulon et Cherbourg (Manche). Cette dernière unité s’est vu confier quatre enquêtes sur des naufrages ayant eu lieu entre 2020 et août 2023. Aucun dossier ne lui a été remis sur un drame intervenu en mer depuis cette date, alors que ces derniers se multiplient. Le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer, Guirec Le Bras, précise que la saisine de la section de recherches « n’apporterait pas de plus-value technique ».
    En mai 2023, ce sont les gendarmes de la section de recherches qui ont placé en garde à vue dix-sept militaires de la marine nationale soupçonnés de non-assistance à personne en danger à la suite de la mort d’au moins vingt-sept migrants, en novembre 2021. Ces derniers avaient multiplié en vain les appels au secours lors du naufrage de leur bateau dans la Manche. Après ces mesures inédites contre des militaires (sept d’entre eux sont aujourd’hui mis en examen), la marine nationale est soupçonnée d’avoir voulu exercer des pressions sur les enquêteurs. « On nous a rapporté que les grands chefs de la marine nous en voulaient », se souvient Franck Vayne, qui a dirigé l’unité entre 2022 et 2024. La section de recherches aurait-elle été mise sur la touche pour s’être intéressée aux circonstances du naufrage de novembre 2021 ? « Pas du tout, répond le colonel Audenis. Il n’y a aucune pression, au contraire, la marine nous laisse les coudées franches. » Il admet toutefois que la gendarmerie maritime se limite à un travail d’identification des corps.

    #Covid-19#migrant#migration#france#manche#mortalite#marine#gendarmerie#identification#traumatisme#sante

  • « #Permis_de_tuer » : mise en cause devant l’ONU, la #France s’enfonce dans le #déni

    Interrogés par le #Comité_des_droits_de_l’Homme de l’#ONU sur la hausse du nombre de #décès consécutifs à l’intervention de la police, les représentants de l’État français sont passés à côté du sujet.

    « Étant donné qu’il y a eu un grand nombre d’issues létales lors de contrôles routiers, souhaitez-vous nous dire s’il est prévu de modifier les #conditions_juridiques d’utilisation des #armes_à_feu par la police et la #gendarmerie ? ». En ce 22 octobre, la voix de la juriste Tijana Šurlan, membre du comité d’experts de l’ONU, résonne gravement dans l’ambiance feutrée du Palais Wilson, sur les rives sur Lac Léman. Et pour cause : ce n’est pas tous les jours que les actions des #forces_de_l’ordre françaises sont examinées par le Comité des droits de l’Homme de l’Organisation des nations unies (ONU).

    Le refrain sonne creux

    Au moment d’engager le sixième rapport périodique de la France sur l’application du #Pacte_international_relatif_aux_droits_civils_et_politiques, la cheffe de la délégation française et ancienne magistrate #Isabelle_Rome entonne un refrain bien connu : « les droits de l’Homme sont intimement liés à l’histoire de la France ». Comme pour désamorcer toute critique en matière de doctrine policière, elle appuie : « garantir une plus grande confiance envers la justice, la démocratie et les forces de l’ordre est une condition nécessaire au renforcement de l’État de droit. Une attention particulière est portée aux conditions d’usage de la force, et plus particulièrement au respect des règles de déontologie lors de toutes les opérations de police ».

    Mais la petite musique bien connue de « la France, patrie des droits de l’Homme » a-t-elle vraiment convaincu le comité onusien ? Celui-ci, composé de 18 experts indépendants spécialistes des droits humains, a interpellé le gouvernement sur le #racisme, le #colonialisme, la #surpopulation_carcérale… mais aussi sur la politique de #violence menée grâce aux forces de l’ordre. Sollicité sur le « permis de tuer », un représentant de la délégation française a éludé le sujet en affirmant laconiquement que l’introduction, en 2017, de ce cadeau aux syndicats policiers répondait « à la nécessité des deux forces de [police et gendarmerie] de définir un régime commun d’usage des armes. Je ne donnerai pas lecture du quatrièmement de cet article, qui est très clair et qui concerne plus particulièrement le cas particulier des refus d’obtempérer ».

    Problème : ledit article n’est justement pas « très clair », que ce soit du point de vue de son contenu juridique, de sa déclinaison dans les instructions ministérielles, ou encore de son interprétation par la Cour de cassation. C’est d’ailleurs une mission parlementaire qui reconnaissait ce problème par la voix de l’un de ses rapporteurs (du même parti – socialiste – qui avait introduit cette loi sept ans plus tôt), jugeant que la rédaction actuelle du texte était « trop floue ».

    Silences diplomatiques

    Le comité des droits humains ne s’est peut-être pas laisser abuser par la rhétorique de la délégation française. M. José Manuel Santos Pais, membre du comité onusien, également procureur-général adjoint à la Cour constitutionnelle portugaise, s’est même permis d’épingler la « patrie-des-droits-de-l’homme » : « le nombre de mort a été multiplié par cinq après la #loi de 2017, et la France est devenue depuis quelques années le pays de l’UE où on compte le plus grand nombre de personnes tuées ou blessées par des tirs réalisés par des agents des forces de police. »

    Il en a déduit cette question de bon sens : « est-ce que l’État partie [la France] serait disponible pour réviser le #cadre_légal concernant l’usage des armes et amender l’#article_L435-1 du #Code_de_la_sécurité_intérieure en limitant le recours aux armes à feu aux situations de #légitime_défense ? » Côté délégation française, ce fut silence radio. Ni la cheffe de la délégation, ni personne de la représentation permanente, ni aucun de la dizaine de membres du ministère de l’Intérieur présents à Genève ne piperont mot sur le sujet.

    Alors M. Santos Pais est revenu à la charge : s’inquiétant de « l’accroissement énorme du nombre personnes tuées et de personnes blessées au cours de manifestations ou d’interventions des forces de l’ordre », il a aussi remarqué ne pas avoir « entendu de réponse au sujet que j’ai présenté de réduire les utilisations d’armes seulement aux situations de légitime défense où il y a un danger [imminent] qui pourrait mettre en cause la vie du gendarme ou du policier ».

    Peine perdue. Durant les six heures de tirs courtois entre diplomates, aucune réponse ne sera exprimée par la représentation française à l’ONU sur la volonté ou non de revenir sur le cadre d’emploi des armes policières. Dans les prochains jours, le Comité des droits de l’homme rendra public son rapport sur la France. Si l’ONU identifie dans ses observations conclusives le problème du permis de tuer comme particulièrement prioritaire, la France aura un an pour agir.

    https://paris-luttes.info/permis-de-tuer-mise-en-cause-18824
    #police #violences_policières

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  • Le sport, instrument de « #soft_power » pour les forces de l’ordre
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/08/10/le-sport-instrument-de-soft-power-pour-les-forces-de-l-ordre_6275113_3224.ht

    Avec ses cinq médaillés aux Jeux olympiques – l’or pour Kauli Vaast en surf ; l’argent pour Anastasiia Kirpichnikova (1 500 m nage libre) et Camille Jedrzejewski (tir au pistolet à 25 m) ; le bronze pour Sébastien Patrice et Maxime Pianfetti (sabre par équipe) – et un espoir, Gabriel Tual, qualifié, vendredi 9 août, pour la finale du 800 m, la #police nationale tire les bénéfices d’une politique récente, motivée à la fois par la promotion de la pratique sportive en son sein et d’évidentes considérations de #communication.

    Longtemps contraints de suivre une scolarité à l’école de gardiens de la paix, les #sportifs de haut niveau de la police ne bénéficiaient que d’aménagements très limités au long de leur carrière pour espérer s’entraîner au niveau requis pour briller dans les compétitions internationales, gage de cohésion interne, d’émulation mais aussi de retombées en matière d’image pour l’institution. Les #athlètes paralympiques, eux, étaient tout bonnement exclus du système, les critères d’aptitude physique au concours de gardien de la paix ne leur permettant pas de postuler. Fin 2022, la mission sport de l’institution met en place un nouveau dispositif en collaboration avec l’Agence nationale du sport. Désormais, les athlètes peuvent être recrutés comme contractuels après avoir reçu une simple formation de policiers réservistes, maniement de l’arme de service compris – sans doute une formalité pour Camille Jedrzejewski, médaille d’argent au tir au pistolet à 25 m et bénéficiaire du dispositif.

    « Nous souhaitons donner à nos champions les meilleures conditions possibles pour éviter la précarité financière qui touche beaucoup de sportifs de haut niveau et leur permettre de s’entraîner pour performer et offrir des médailles à la France », explique la commissaire divisionnaire Rachel Costard, cheffe de la mission sports de la police nationale et ancienne compétitrice d’athlétisme et de volley-ball. Son adjoint, le commandant Jean-François Briand, n’a pas bénéficié des mêmes conditions que les soixante-six athlètes de l’équipe police nationale (et huit pour les Jeux paralympiques) engagée en 2024 dans vingt-quatre disciplines : après avoir participé aux épreuves de kayak à l’occasion des #JO de Barcelone, en 1992, il a passé le concours de gardien de la paix tout en continuant à s’entraîner, sans dispositif d’aide spécifique.

    Au-delà des « médailles offertes » au pays, aligner des sportifs de haut niveau constitue un puissant vecteur de communication pour l’institution, à grand renfort de tweets, de vidéos postées sur les réseaux sociaux, d’interviews. Ce n’est pas un hasard si les « policiers » athlètes consacrent quasi exclusivement leurs périodes de réserve obligatoires, une trentaine de jours par an, à assurer la promotion de la police dans des salons. Pas un seul, du reste, qui n’oublie de mentionner son « appartenance » à la police nationale.

    La #gendarmerie l’a bien compris. Elle a envoyé onze athlètes à ces Jeux olympiques ou plutôt des « sportifs de haut niveau de la défense-gendarmerie », leur dénomination officielle dans l’institution. Dès la première semaine, cette équipe a pu revendiquer cinq médailles, dont deux en or, remportées par la maréchale des logis Manon Apithy-Brunet, en sabre individuel, et l’adjudante Clarisse Agbégnénou, en judo par équipe. Mais aucun de ces sportifs n’est gendarme d’active. Ils appartiennent à un corps de soutien, le mythique #bataillon_de_Joinville.

    Avant la disparition du service militaire, environ 21 000 sportifs appelés sont passés par cette unité, dont les plus grands noms du sport français : Yannick Noah, Zinédine Zidane, Jacques Anquetil… Disparu en 2002 avec la conscription, le bataillon renaît en 2014 pour constituer « l’armée des champions ». C’est d’ailleurs l’armée qui, de longue date, accapare les places sur les podiums. Avec son réservoir de deux cent trente « sportifs de haut niveau de la défense », y compris les gendarmes, l’institution peut aligner cent six athlètes pour les Jeux de Paris, parmi lesquels vingt-huit pour les épreuves paralympiques, dans vingt disciplines. « Terriens », marins et aviateurs totalisent ainsi 35 % des titres remportés par la France, soit dix-neuf médailles dont trois en or : en canoë monoplace slalom pour l’aviateur Nicolas Gestin, en judo et en escrime pour les gendarmes Clarisse Agbégnénou et Manon Apithy-Brunet.

    Tout comme les autres corps d’#armée, la gendarmerie propose des contrats à des athlètes de haut niveau pour une durée initiale de deux ans, renouvelable. Elle leur assure un salaire et leur permet de se concentrer pleinement sur leur sport. En contrepartie, ces sportifs s’engagent à valoriser l’image de leur armée de rattachement, en participant à différents événements, parfois à des compétitions militaires. « Les athlètes partagent avec nous certaines valeurs, l’esprit d’équipe, le courage, le dévouement, ce qui correspond totalement à ce que l’on souhaite mettre en avant », explique-t-on du côté de la gendarmerie. Des « stages d’aguerrissement » permettent également d’acculturer les athlètes au fonctionnement militaire. Dans certains cas, des échanges de compétences plus précis peuvent se mettre en place. Le tireur Jean Quiquampoix, médaillé d’or aux Jeux olympiques de Tokyo, a, par exemple, travaillé avec des tireurs du #GIGN.

    En plus d’un accompagnement au fil de leur carrière sportive, les athlètes peuvent aussi trouver une potentielle suite à leur #carrière. Un dispositif de reconversion est accessible après quatre années de contrat. Le nageur Hugues Duboscq, double médaillé de bronze en 100 m et 200 m brasse, a pris sa retraite sportive en 2012, avant de rejoindre la gendarmerie. Il a pu intégrer une unité de plongeurs au Havre (Seine-Maritime).

    L’archère Lisa Barbelin, 24 ans, médaillée de bronze du tir à l’arc individuel, a rejoint la gendarmerie en septembre 2020. « C’est assez simple, si je n’avais pas intégré la gendarmerie, je n’aurais pas pu poursuivre la carrière sportive que j’ai eue, encore moins en continuant mes études, estime-t-elle. On ne s’en rend pas compte, mais le sport de haut niveau est extrêmement précaire. Vous pouvez gagner une récompense puis plus rien pendant quatre ans. Il n’y a pas de sécurité financière possible. » Mais son salaire, indexé sur la solde de son grade de maréchale des logis, aux alentours de 2 000 euros, exige des contreparties. « Je dois m’assurer d’offrir une juste visibilité à la gendarmerie, ce que je fais facilement puisque je suis très fière et reconnaissante d’en faire partie. Ils comprennent très bien ma situation, mes besoins, et font preuve d’une grande flexibilité pour m’accompagner », assure-t-elle.

  • La #police en #hélicoptère, ou la #surveillance militaire des citoyens.

    Depuis plusieurs années, les hélicoptères de la #gendarmerie sont régulièrement déployés pour des missions de surveillance de l’#espace_public, et ce en toute #illégalité. Dotés d’un matériel d’abord développé dans un contexte militaire, la police se vante de leur capacité d’#espionnage bien supérieure à celles des #drones : #caméras_thermiques avec #zoom ultra-puissant, suivi automatisé des suspects, transmission en temps-réel des images à des postes de commandement…

    Leur usage n’a pourtant jamais été sanctionné – ni par le juge ni par la Cnil. Le gouvernement veut maintenant les légaliser dans la PPL « #Sécurité_Globale » – dont les débats ont repris début mars au Sénat.

    Difficile de remonter aux premières utilisations d’hélicoptères par la police à des fins de surveillance de l’espace public. En octobre 2000, une question écrite au Sénat laisse déjà deviner une utilisation régulière d’hélicoptères équipés de « caméras vidéo thermiques embarquées » par la police et la gendarmerie.

    Aujourd’hui en tous cas, la police et la gendarmerie sont fières de leurs capacités de surveillance. Pendant le #confinement, elles vantaient ainsi que l’hélicoptère « ne peut être ni vu ni entendu par les personnes au sol » et est doté de caméras « capables de deviner à des centaines de mètres la présence d’êtres humains ou d’animaux ». En 2018, il était précisé que la caméra pouvait même « identifier un individu à 1,5 km de distance » avec retransmission « en direct et suivi depuis le centre interministériel de crise du ministère de l’Intérieur ».

    En 2017, le commandant des « forces aériennes de la gendarmerie nationale » parle d’un « énorme zoom qui permet de lire à 300 mètres d’altitude une plaque d’immatriculation située à un kilomètre, d’identifier une personne à 2 km et un véhicule à 4 km », précisant qu’il peut « demander à la caméra de suivre automatiquement un objectif, quelle que soit la position ou la trajectoire de l’hélicoptère ».

    Un matériel militaire pour de la #surveillance_interne

    Plus que le type d’hélicoptère utilisé (apparemment, des « #EC-135 » que la gendarmerie prête à la police quand celle-ci en a besoin), c’est le type de caméra qui importe.

    Depuis au moins 2010, la gendarmerie utilise un dispositif nommé « #Wescam_MX-15 » – qui n’est même plus qualifié de « simple caméra » mais de « #boule_optronique ». C’est cet objet, avec sa caméra thermique et son zoom surpuissant, qui permet à la police de filmer, traquer, identifier (de jour comme de nuit) et de retransmettre en direct le flux vidéo, avec une « qualité d’image comparable à celle que le public connaît pour le Tour de France ».

    C’est un appareil clairement militaire, utilisé dans des zones de guerre et répertorié en tant que tel sur des sites d’armement. Il est pourtant déployé depuis plusieurs années au-dessus des #villes en France. Comme pour d’autres outils de la #Technopolice (drones, #vidéosurveillance automatisée…), il y a encore ici cette porosité entre les technologies militaires utilisées dans les pays en guerre, celles expérimentées aux #frontières et celles déployées pour la surveillance des villes – soit une #militarisation progressive de nos espaces publics.

    Pour le futur, les hélicoptères devraient être équipés chez #Safran, avec une « boule optronique » dite « #Euroflir_410 » : un zoom encore plus puissant, des détecteurs de mouvement, un ordinateur intégré… Bref, un ensemble de #technologies que la police ne manquera pas d’utiliser pour nous espionner au plus près. Comme pour les drones, ce type de technologies couplé à de l’#analyse_logicielle des #images concrétise la société fantasmée par le ministère de l’Intérieur dans son livre blanc publié en novembre dernier : celui d’une #surveillance_automatisée et totale. L’objectif est que ce nouveau dispositif soit « opérationnel avant les #JO de Paris 2024 ».

    Surveillance des #manifestations et #identification des « #suspects »

    Les utilisations des hélicoptères semblent encore plus larges que celles des drones : surveillance du confinement et des #manifestations, surtout pendant celles des #gilets_jaunes. En mars 2019, la gendarmerie annonce d’ailleurs avoir effectué 717 heures de vol au-dessus des manifestations, pour un coût total de 1 million d’euros.

    En 2010, déjà, la gendarmerie se vantait de sa surveillance des manifestations, car les hélicoptères sont, selon elle, « les mieux placés pour détecter les débordements, incidents ou intrusions dans les cortèges » avec des « images transmises en direct dans les salles de commandement (…) permettant aux responsables de faire intervenir immédiatement les effectifs au sol ».

    Au-delà de le surveillance des machines, c’est aussi sur leur capacité d’intimidation que mise la police quand elle dit « faire du bruit » au dessus des manifestations ou qu’elle multiplie les survols menaçants et continus au-dessus des #ZAD.

    Illégalité et #impunité de la surveillance

    Tout ce pouvoir de surveillance n’a jamais été, et n’est toujours pas, encadré par le moindre texte de #loi. Il n’existe aucune limite à ce qu’a pu faire et ce que peut faire aujourd’hui la police en termes de surveillance de la voie publique par hélicoptères : durée de conservation des données, types de lieux pouvant être filmés, accès aux images, information sur la captation…

    C’est exactement la même illégalité que nous avions soulevé concernant les drones et qui a conduit à leur interdiction en France, par le Conseil d’Etat d’abord, par la Cnil ensuite : l’absence de texte législatif ou réglementaire permettant à la police de capter des données personnelles. Rien de tel malheureusement pour les hélicoptères : malgré leur utilisation régulière, aucune autorité n’est venue rappeler le droit à la police.

    Le gouvernement, les parlementaires et la police en sont bien conscients. Ils veulent donc profiter de la proposition de loi « Sécurité globale » pour légaliser le dispositif – plusieurs dizaines d’années plus tard.

    La proposition de loi « Sécurité globale » revient en ce moment devant le Sénat. En plus d’intensifier la vidéosurveillance fixe, elle veut légitimer la vidéosurveillance mouvante : les drones, les caméras-piétons, les caméras embarquées et donc, les hélicoptères. Les parlementaires doivent refuser la militarisation de la surveillance de l’espace public.

    https://technopolice.fr/blog/la-police-en-helicoptere-ou-la-surveillance-militaire-des-citoyens
    #surveillance_militaire #France #armée

  • Les #forces_mobiles

    Historiquement créées pour gérer les troubles à l’ordre public résultant de manifestations ou de mouvements de foule, les 64 #compagnies_républicaines_de_sécurité (#CRS) et les 116 escadrons de #gendarmes_mobiles (#EGM) constituent une réserve nationale employable sur l’ensemble du territoire pour des missions de maintien de l’ordre ou de sécurisation. Ces unités sont fortement polyvalentes, et très mobiles, afin de répondre aux besoins exprimés sur l’ensemble du territoire métropolitain, ainsi qu’en Outre-mer. En 2022, les effectifs de CRS étaient de 11 164 agents et ceux de gendarmes mobiles de 12 502, stables au cours des dix dernières années. Dans une insertion au rapport public annuel de 2017, la Cour des comptes faisait le constat d’un emploi croissant de ces forces. Cette hausse des missions était associée à une baisse des effectifs des unités de forces mobiles au début des années 2010. Ils ont depuis connu un rebond, sans pour autant permettre de recompléter toutes les unités. Les constats effectués à l’époque sont pour la plupart réitérés dans ce rapport, et les pistes d’amélioration explorées en 2017 ont souvent été mises à mal par la succession de crises sur la période couverte 2017-2023. Ce rapport vise donc à confronter les constats et recommandations de 2017 à un contexte évolutif, notamment concernant l’emploi de ces unités.

    https://www.ccomptes.fr/fr/publications/les-forces-mobiles
    #gendarmerie_mobile #France #maintien_de_l'ordre #cour_des_comptes #rapport #forces_de_l'ordre

  • Appel à mobilisation suite à l’arrestation de membres de la communauté #Emmaus_Roya

    On partage cet appel venant d’#Emmaüs Roya

    Appel à mobilisation pour aujourd’hui 18h devant toutes les préfectures, de la part d’Emmaüs Roya :

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    APPEL A MOBILISATION

    Hier, mercredi 20 mars 2024, un véhicule de #gendarmes_mobiles commence à suivre le véhicule de notre association Emmaüs Roya sur la route nationale entre Breil et Saorge, Alpes Maritimes. La camionnette transportait 3 compagnons Emmaüs, un des salariés (Cédric Herrou), 2 bénévoles et leur chien. L’équipe se rendait sur l’un des terrains agricoles de la communauté pour préparer la saison de maraîchage.

    Les gendarmes ont arrêté le véhicule et procédé à un #contrôle_d’identité. Ce contrôle d’identité semble n’avoir aucun autre fondement juridique que le contrôle au faciès et la volonté d’intimidation : la Préfecture du 06 s’emmêle dans sa communication officielle, clamant tantôt un simple contrôle routier, tantôt la lutte contre l’immigration clandestine.

    D’autres véhicules de gendarmes mobiles rejoignent le contrôle, à la fin il y a 4 véhicules de #gendarmerie pour 6 personnes interpellées. Après plus de 30mn d’immobilisation, les gendarmes reçoivent l’ordre de menotter tout le monde et de les embarquer à la caserne d’Auvarre à Nice.

    Cet épisode a lieu 10 jours après que nous ayons dénoncé des contrôles d’identité opérés illégalement par des Sentinelles. Un référé suspension contre ces pratiques irrégulières allait être déposé hier au Tribunal Administratif.

    Jusqu’à 17h nous ne savions pas quelle procédure était en cours. Nous apprenons enfin que #Cédric_Herrou a été placé en garde à vue pour « aide à la circulation irrégulière d’étrangers en France » d’après la police.

    Nous rappelons que le Conseil Constitutionnel a affirmé le 6 juillet 2018 que la fraternité avait une valeur Constitutionnelle et à ce titre, supprimait le délit d’aide à la circulation.

    Le compagnon français et les 2 bénévoles belges ont été relâché vers 19h.

    A l’heure actuelle 2 compagnons étrangers sont encore en rétenue administrative. Ils ont été emmenés au LRA (local de #rétention_administrative) de l’aéroport de Nice. A 14h20, cela fera 24h qu’ils auront été arrêtés : la Préfecture devra alors décider entre les libérer ou les placer en rétention administrative.

    Si à 14h les compagnons n’ont pas été libérés, nous appelons tous les groupes Emmaüs et autres structures qui voudraient nous soutenir à manifester physiquement leur soutien devant leur Préfecture de département, ce soir jeudi 21 mars à 18h. Camions, banderoles, casseroles, tout est bon pour hausser le ton.

    Ce contrôle aurait pu se passer n’importe où, frontière ou non, situation irrégulière ou non. Tous les jours des compagnons, et non compagnons, des simples gens sont contrôlés et arrêtés, seulement car ils ne possèdent pas les bons papiers. Tous les jours des associations connaissent des #intimidations ou des #pressions. Et plus grave encore. Les Préfectures ont de plus en plus tendance à confondre militance et délinquance.

    Et la situation ne risque pas de s’améliorer. On veut nous écraser, nous faire taire. La défense des sans-voix, des laissés-pour-compte sera toujours notre priorité.

    Toucher un compagnon c’est toucher à tous les compagnons. C’est toucher à tous les précaires, les rebuts de la société, ceux qu’on ne veut surtout pas voir et encore moins entendre.

    Réveillons nous, ne nous laissons pas marcher dessus. 10cm de liberté perdus, des années de lutte pour les retrouver. Comme disait l’abbé Pierre notre devoir est d‘ »empêcher les puissants de dormir« , bien que les puissants deviennent de plus en plus puissants et les sans-voix de plus en plus invisibles.

    Merci de votre soutien, et de faire tourner

    L’équipe d’Emmaüs Roya

    https://voieslibresdrome.wordpress.com/2024/03/21/appel-a-mobilisation-suite-a-larrestation-de-membres-de-

    #frontière_sud-alpine #arrestations #Roya #Vallée_de_la_Roya #Alpes_Maritimes #détention_administrative #rétention #garde_à_vue #sans-papiers #opération_Sentinelles

    via @karine4

    • Cédric Herrou : « Je viens de faire 22 heures de garde à vue parce que je suis un opposant politique »

      Le militant a été placé en garde à vue mercredi 20 mars, et deux compagnons d’Emmaüs-Roya en retenue administrative, après un contrôle routier. Tous trois ont été relâchés jeudi midi. La préfecture des Alpes-Maritimes assume, le ministère de l’intérieur garde le silence.

      IlIl a d’abord signalé un nouveau « petit contrôle au faciès » dans une vidéo postée sur le réseau social X. Cédric Herrou n’imaginait sans doute pas qu’il serait interpellé, en plus des hommes qui l’accompagnaient en voiture pour se rendre sur leur lieu de travail, mercredi 20 mars, en début d’après-midi. Les gendarmes mobiles ont profité d’un contrôle routier pour constater que certains des compagnons, membres de la communauté Emmaüs-Roya, étaient en situation irrégulière.

      Ces derniers, l’un de nationalité gambienne, l’autre mauritanienne, ont été placés en retenue administrative, tandis que l’agriculteur, déjà connu pour son combat pour le principe de fraternité consacré par le Conseil constitutionnel, a été placé en garde à vue, pour « aide à la circulation d’étrangers en France ». « J’ai senti les policiers un peu embêtés, et c’est normal puisque ce n’est plus un délit à partir du moment où il n’y a pas de contrepartie financière », souligne Cédric Herrou. Tous trois ont été relâchés jeudi 21 mars, à midi.

      Au moment de l’interpellation, raconte Cédric Herrou, les gendarmes lui « ont mis les menottes ». « Je leur ai demandé le motif de l’interpellation, et si j’étais placé en garde à vue. Mais on m’a notifié mes droits 3 h 30 après ma privation de liberté. » Le préfet des Alpes-Maritimes a affirmé que Cédric Herrou aurait refusé de présenter les documents du véhicule. « C’est faux, rétorque l’agriculteur. Les gendarmes nous ont suivis, et c’est parce qu’il y avait des Noirs dans la voiture. Je viens de faire 22 heures de garde à vue parce que je suis un opposant politique. Et dans un pays comme la France, cela interroge la notion d’État de droit. »

      À l’été 2023, Mediapart était allé à la rencontre d’Emmaüs-Roya et avait raconté la genèse de ce projet mêlant agriculture et social – une première en France. La communauté permet depuis sa création d’approvisionner toute la vallée de la Roya en produits locaux et bio, et a convaincu, à force de travail acharné et de pédagogie, les plus réfractaires à la présence de personnes étrangères. C’est la première fois que les forces de l’ordre et les autorités s’en prennent ainsi à la communauté Emmaüs.

      Dans la soirée de mercredi, le préfet des Alpes-Maritimes a choisi de communiquer sur X, confirmant l’interpellation de Cédric Herrou par des gendarmes mobiles dans le cadre d’un contrôle routier. « L’infraction routière retenue à son encontre et le refus de fournir les documents afférents à la conduite du véhicule ont entraîné l’immobilisation du véhicule. La présence à bord de passagers en situation irrégulière a conduit au placement en garde à vue de M. Cédric Herrou et au placement en retenue administrative des passagers », a-t-il poursuvi.

      Sollicité à plusieurs reprises, le ministère de l’intérieur a préféré garder le silence.
      « L’épine dans le pied de la préfecture »

      « On a l’impression que c’est lié aux dénonciations qu’on a faites il y a dix jours », explique Marion Gachet, cofondatrice de la communauté, en référence à une vidéo publiée sur les réseaux sociaux montrant des militaires de l’opération Sentinelle effectuer un contrôle d’identité sur l’un des compagnons de la communauté, un contrôle « illégal » (ces derniers ne sont pas habilités à contrôler l’identité des citoyen·nes) et « au faciès » (la personne était noire), comme l’a souligné Cédric Herrou au moment des faits.

      Filmée, la scène a suscité l’indignation et a été reprise dans de nombreux médias. Cédric Herrou avait constaté ces pratiques illégales des mois plus tôt, notamment dans les trains circulant à la frontière franco-italienne ou dans les gares. Il avait déjà publié une vidéo, devenue virale, en novembre 2023 ; et un communiqué interassociatif était venu condamner ce type de pratique.

      « Des policiers m’ont dit que j’étais l’épine dans le pied de la préfecture. Je sais que tout ça fait suite au référé-suspension que j’ai déposé en justice pour mettre fin au contrôles d’identité effectués par les [soldats de] Sentinelle dans la région », confie Cédric Herrou.

      Mercredi 20 mars, les forces de l’ordre suivaient la voiture depuis quelques minutes, rapporte Marion Gachet, « comme [si elles] l’avaient repérée et attendaient de pouvoir intervenir ». « Dans le PV d’interpellation, il est écrit que les gendarmes ont suivi le véhicule de l’association depuis la gare, et l’ont contrôlé parce que l’un des feux arrière était cassé. »

      Par la suite, les motifs du contrôle et de l’interpellation ont évolué : d’abord présentée comme un simple contrôle routier, l’action s’est vite inscrite dans le cadre d’une « mission de lutte contre l’immigration clandestine », comme l’a affirmé le cabinet du préfet lui-même à France 3-Côte d’Azur.

      Deux bénévoles et un membre de la communauté de nationalité française, également présents dans le véhicule, ont d’ailleurs été relâchés en fin de journée, mercredi. Se voulant rassurant, Cédric Herrou affirme ne pas se décourager. « Au contraire, ça me rebooste. Pour les compagnons, c’est plus embêtant. Mais ils vont bien, ils appartiennent à une lutte, on est un peu une famille et ils savent qu’on sera toujours là. »

      Cédric Herrou et Marion Gachet invitent le préfet des Alpes-Maritimes à venir les rencontrer : « On dénonce des irrégularités parce qu’on est pour le respect du droit. Mais on est aussi dans une volonté de discussion et d’apaisement, on n’est pas là pour faire la guerre au préfet et il n’y a aucun intérêt à avoir de telles tensions, ni pour Emmaüs-Roya, ni pour la commune de Breil-sur-Roya, ni pour les autorités. »
      « Préfet bulldozer »

      Jusque-là, poursuit Marion Gachet, les membres de la communauté entretenaient « de très bonnes relations » avec la préfecture des Alpes-Maritimes. Mais, depuis l’arrivée du préfet Hugues Moutouh en septembre 2023, cette bonne entente s’est étiolée, regrette-t-elle. « Là, on a vraiment le sentiment qu’il se venge. » Le préfet est connu pour ses prises de position et de parole prônant la discrimination, comme lorsqu’il a déclaré, alors préfet de l’Hérault, que « les SDF étrangers n’étaient pas les bienvenus ».

      Surnommé « préfet bulldozer », il avait aussi réservé une interpellation surprise à plusieurs sans-papiers venus de Paris, dès la sortie du train, alors qu’ils devaient manifester à l’occasion du sommet France-Afrique organisé à Montpellier en octobre 2021 – manifestation déclarée aux autorités en amont. Plusieurs d’entre eux avaient fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), doublée d’une interdiction de retour sur le territoire français (IRTF).

      Ces dernières années, la militarisation de la frontière lancée par les autorités, avec pour seul objectif de la rendre hermétique – sans toutefois y parvenir –, a contribué à un renforcement des contrôles sans précédent, dans les cols de montagne, sur les routes, dans les gares… Mais ces contrôles mènent surtout à des refoulements en cascade (soit des renvois côté italien), sans empêcher concrètement les personnes exilées d’entrer en France au bout de plusieurs tentatives infructueuses, comme ont pu le documenter les associations présentes dans la région.

      Les associations d’aide aux exilé·es n’ont cessé d’alerter sur les effets de la militarisation de la frontière, qui conduit par ailleurs à l’enfermement de femmes, hommes et enfants dans des lieux sans véritable statut juridique (comme des préfabriqués) et pousse les personnes en migration à prendre toujours plus de risques pour éviter les contrôles. L’histoire de Blessing Matthew, une jeune Nigériane retrouvée morte dans la Durance, après avoir franchi la frontière avec deux camarades et avoir été poursuivie par les gendarmes, en est l’illustration.

      Dans une décision rendue le 2 février 2024, le Conseil d’État a annulé l’article du Ceseda (Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile) « qui permettait d’opposer des refus d’entrée en toutes circonstances et sans aucune distinction dans le cadre du rétablissement des contrôles aux frontières intérieures » et a enjoint à la France de respecter le droit d’asile, comme l’explique l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers, qui a suivi le dossier de près.

      Le 16 mars, l’association Tous migrants organisait une « grande maraude solidaire » pour dénoncer les « politiques d’invisibilisation » du sort réservé aux exilé·es et la « militarisation des frontières françaises dans le contexte de durcissement des politiques migratoires et de la loi Darmanin ».

      https://www.mediapart.fr/journal/france/210324/cedric-herrou-je-viens-de-faire-22-heures-de-garde-vue-parce-que-je-suis-u

  • Lutte contre l’immigration irrégulière : 93 candidats de nationalités étrangères interpellés
    https://www.dakaractu.com/Lutte-contre-l-immigration-irreguliere-93-candidats-de-nationalites-etran

    Lutte contre l’immigration irrégulière : 93 candidats de nationalités étrangères interpellés
    Dans le cadre de la lutte contre l’émigration irrégulière, la Gendarmerie nationale a mené une série d’opérations dans différentes localités du pays, dans la période du 15 au 16 Décembre 2023. En effet 93 candidats tous de nationalités étrangères, sont interpellés entre Thiés (toglou) et Saint-Louis (Gandiol). Parmi les 93 candidats on compte 83 maliens, 07 gambiens et 03 mauritaniens
    Ils ont été respectivement appréhendés par la brigade de proximité de Diass et la SR de Saint-Louis.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#migrationirreguliere#mali#gambie#mauritanie#gendarmerie

  • [après la terrible leçon de Sainte Soline] Manifestation contre le projet d’autoroute A69 : le cortège principal défile dans le calme, plusieurs sites privés envahis par des manifestants
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/10/21/manifestation-contre-l-a69-dans-le-tarn-les-opposants-au-projet-d-autoroute-

    La manifestation a mobilisé plus de 10 000 personnes, selon les organisateurs. La préfecture du Tarn a fait état de 2 400 personnes dans le cortège principal, et de 2 500 « individus radicaux et violents en dehors ».

    .... La manifestation s’est scindée en plusieurs cortèges au fil de l’après-midi.

    Les organisateurs (...) avaient pris soin de brouiller les pistes. Six cortèges sont partis du camp de base, non loin de Saïx, dont cinq sur des parcours qui n’avaient pas été déposés.

    L’objectif du cortège le plus « déterminé » était une #cimenterie de la société Carayon, un site qui n’était pas protégé par les forces de l’ordre. C’est le cortège « rouge », au nom de code « économie locale », composé de quelque 2 000 personnes – chaque cortège était différencié par des drapeaux de couleur et répondait à des appellations diverses comme « utilité publique », « décarbonation » ou encore « désenclavement » –, qui était chargé de pénétrer sur le site du cimentier. Après une marche sportive sur chemins et routes, les manifestants ont forcé le portail de la cimenterie pour y taguer des slogans hostiles à l’#A69, et déployer une grande banderole « No Macadam » sur une centrale à #béton, une grande cuve en métal.

    Trois camions toupies ont été incendiés. Selon les organisateurs, cela n’était pas prévu. La préfecture, dans son communiqué de fin de journée, explique que « des individus hostiles ont dégradé une cimenterie, y déclenchant un incendie ». « Après avoir été entravés par les manifestants, qui ont été repoussés par les forces de l’ordre, les sapeurs-pompiers sont intervenus sur le lieu de l’incendie », avancent ensuite les autorités. Selon le journaliste du Monde présent sur place, aucun contact n’a cependant eu lieu avec les forces de l’ordre ou avec les pompiers, les #manifestants ayant quitté les lieux bien avant que les véhicules de secours ou de gendarmes ne s’approchent du site.

    Bardou, une autre entreprise tarnaise du #BTP, à Cambounet-sur-le-Sor, qui intervient sur le #chantier de l’A69, a aussi été prise pour cible par des opposants, selon une porte-parole d’Atosca. Des individus se sont « introduits par effraction sur le site », a confirmé la préfecture, ajoutant qu’ils avaient « pris son vigile à partie, degradé le bâtiment et arraché ses clotûres, avant d’être repoussés par les forces de l’ordre ». Selon la préfecture, les gendarmes ont tiré soixante-quatorze grenades pour « repousser la menace, sans donner lieu à une confrontation directe ». Deux policiers ont par ailleurs été légèrement blessés, selon la préfecture, qui fait aussi état d’un manifestant pris en charge par les secours pour une entorse au genou.

    Dans le cortège principal, des milliers de personnes – 2 400 selon la préfecture du Tarn – ont défilé sur le parcours autorisé, une boucle d’environ 5 kilomètres, dans une atmosphère joyeuse et paisible, et devant des commerces au rideau baissé. Fanfares, batucada, perruques et déguisements multicolores, tracteurs qui klaxonnent et pancartes plus ou moins inventives (« Stop A69 », « Plus de moisson, moins de béton », « Aux arbres citoyens », « Le 69 oui, l’A69 non ») ont constitué le décor d’une marche à laquelle ont participé beaucoup d’enfants, comme la fille d’Elvia, 10 ans, ou celles de Sandrine, 7 et 10 ans.

    Les fillettes « voient qu’on abat des arbres tous les trois jours, et elles ont compris qu’une usine à bitume allait être implantée à 1 kilomètre de leur école, expliquent ces deux quadragénaires venues du village de Saint-Germain-des-Prés, que la future A69 doit couper en deux. Alors ce sont presque nos enfants qui veulent venir manifester et nous qui les suivons ». L’éventualité de débordements – finalement presque inexistants – ne les a jamais dissuadées de venir : « On sait qu’il y a des gens très en colère, et on est en colère nous aussi, mais on voulait que nos enfants voient ça, et on savait qu’il y aurait un cortège fait pour nous. » A 16 h 30, le cortège avait regagné le camp de base d’où il était parti en début d’après-midi, et où la mobilisation doit se poursuivre jusqu’à dimanche soir.

    Mille six cents policiers et gendarmes déployés

    « On est plus déterminés que jamais, on ne veut pas du futur auquel ils nous condamnent, notre mot d’ordre, c’est “Amour et rage, no macadam !” », déclarait plus tôt lors d’un point presse Amalia, d’Extinction Rébellion Toulouse, l’un des collectifs qui appelaient à la mobilisation contre l’A69 ce week-end. S’appuyant sur un sondage IFOP réalisé il y a quelques jours auprès de la population du Tarn et de la Haute-Garonne, Gilles Garric, du collectif La Voie est libre, soulignait que 61 % des sondés étaient favorables à l’abandon du projet d’autoroute et qu’ils étaient 82 % à se prononcer pour un référendum local.

    edit

    La préfecture fait état de 2 400 manifestants dans le cortège principal de la #manifestation et estime à 2 500 le « nombre d’individus radicaux et violents en dehors du cortège » principal. Le collectif La Voie est libre, qui organise la manifestation, affirme que « 9 500 personnes » ont participé à ce rassemblement.
    https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/crise-climatique/manifestation-contre-l-a69-entre-toulouse-et-castres-un-groupe-de-400-p

    #luttes #A69 #Atosca #Pierre_Fabre #écologie #articialisation_des_sols #autoroute #bitume #bagneule #police #gendarmerie

  • Confessions d’un (ex) gendarme

    Il était gendarme, il a démissionné. Avec ces mots, publiés sur un blog de Mediapart : « Nous, policiers et gendarmes, participons à la criminalisation des classes populaires. Les collègues ne cachent pas leur xénophobie. Je pense toujours qu’il ne faut pas laisser ces métiers à des gens de droite. Mais j’ai envie de rejoindre la lutte face à ce système profondément injuste. Passer de l’autre côté de la barricade, comme diraient certains. » (https://blogs.mediapart.fr/gendarmedemissionnaire/blog/240323/la-demission-dun-gendarme)
    Ce matin, le dit gendarme était avec nous. Pour nous parler de son geste, de son expérience, de ses déconvenues, de sa colère, de l’esprit de caserne qui règne, et de l’omerta qui plombe. Du regard des gendarmes sur leurs “ennemis” et leurs administrés, du “racisme latent”, de la voie hiérarchique, des démissions en cascade et en catimini.

    Avant de le convoquer, on lui a demandé de montrer patte blanche. Fiches de paye, photo de lui en uniformes, il nous a tout montré. Il a quitté la maison pandore après quatre années de service. La causerie fut comme annoncée : passionnante.

    https://video.davduf.net/w/4GXZ49nrC6QPCAN8NstuJm?start=6m14s

    https://www.auposte.fr/confessions-dun-ex-gendarme

    #démission #France #gendarmes #témoignage #travail #métier #forces_de_l'ordre #gendarmerie

    voir aussi :
    https://seenthis.net/messages/1022115

    –—

    ajouté à la #métaliste de #témoignages de #forces_de_l'ordre, #CRS, #gardes-frontière, qui témoignent de leur métier. Pour dénoncer ce qu’ils/elles font et leurs collègues font, ou pas :
    https://seenthis.net/messages/723573

  • [pub] Les extraits du « Côté obscur de la force » : « Pendant la crise des “gilets jaunes”, jamais une surveillance aussi massive n’avait été déployée »

    Dans un livre qui paraît chez Flammarion mercredi 11 octobre, le journaliste Vincent Nouzille propose une enquête très fouillée sur ce qu’il appelle les « dérives du ministère de l’intérieur et de sa #police ». « Le Monde » publie en avant-première des extraits concernant le mouvement social qu’a connu la France en 2018.
    Par Vincent Nouzille

    Bonnes feuilles. C’est un secret d’Etat jusque-là bien préservé que nous dévoilons ici : en pleine crise des « #gilets_jaunes », les services de renseignement français ont mis sur #écoute et géolocalisé des milliers de #manifestants. Jamais une #surveillance aussi massive n’avait été déployée. Jamais autant d’individus en même temps n’avaient été concernés. Jamais de tels moyens techniques n’avaient été combinés pour savoir où des citoyens allaient se rendre, et tenter d’interpeller en amont ceux qui étaient suspectés, à tort ou à raison, de s’apprêter à commettre des violences.

    Selon les témoignages de plusieurs responsables de la police et du #renseignement, si le cadre légal a été formellement respecté, certaines de ces surveillances ont été décidées et avalisées sur la base de critères flous et dans la précipitation. « C’était la panique au sommet du pouvoir et dans les services, explique une source au ministère de l’intérieur. Le mouvement des “gilets jaunes” se transformait chaque samedi en insurrection. Il fallait sauver la République. Nous avons donc ratissé large1. »
    Au lendemain de la journée du 1er décembre 2018, où la violence est montée d’un cran, notamment à Paris avec le saccage de l’Arc de triomphe et au Puy-en-Velay avec l’incendie de la préfecture, le ministre de l’intérieur, #Christophe_Castaner, et son secrétaire d’Etat, #Laurent_Nuñez, décident de changer de stratégie. Ils exigent que le dispositif de sécurité soit plus mobile et demandent davantage d’interpellations en amont. Ils souhaitent surtout une surveillance ciblée de toute personne présumée violente. (…)

    Les services de renseignement ont déjà dans leurs radars des individus classés à l’ultragauche et à l’ultradroite, beaucoup étant « #fichés_S » (pour « sûreté d’Etat »). En revanche, la plupart des « gilets jaunes » sont inconnus. Dans les premiers temps, les services peinent à repérer des « leaders » d’un mouvement aussi éruptif que peu organisé. (…) Le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, s’inquiète des activistes provinciaux que ses équipes ne connaissent pas et qui risquent de « monter » à Paris pour y semer des troubles chaque samedi.
    Face aux risques de désordre qui se propagent, les « gilets jaunes » étant insaisissables et se déplaçant sans arrêt, la donne change. « Nous allons maintenant travailler sur cette nouvelle population », glisse, de manière elliptique, Laurent Nuñez à propos des « gilets jaunes », lors d’une audition au Sénat le 4 décembre. Durant la seule journée du 8 décembre 2018, 724 personnes sont placées en garde à vue dans toute la France, souvent avant même qu’elles ne commencent à manifester. Les samedi 15 et 22 décembre, le même dispositif se reproduit. Les différents services ont commencé leur surveillance de certains manifestants considérés comme potentiellement dangereux. Et cela avec l’aval des plus hautes instances, qui ont donné leur feu vert à l’emploi massif des « techniques de renseignement », les « TR » dans le jargon des initiés. (…)

    L’emploi des #techniques_de_renseignement ne peut être justifié que pour la défense nationale, la protection des intérêts majeurs du pays, la lutte contre l’espionnage économique et scientifique, la prévention du terrorisme, du crime organisé et de la prolifération d’armes de destruction massive. Mais elles sont aussi autorisées pour la prévention des « atteintes à la forme républicaine des institutions », de la « reconstitution de groupements dissous » ou des « violences collectives de nature à porter gravement atteinte à la paix publique ». C’est principalement ce dernier motif – appelé « 5-C » par les spécialistes, et déjà employé lors de l’évacuation de la #ZAD_de_Notre-Dame-des-Landes au printemps 2018 – qui va être utilisé à grande échelle lors de la crise des « gilets jaunes ».

    En décembre 2018, les requêtes de « TR » affluent brutalement (…). Même si les données publiées dans les rapports annuels de la CNCTR [Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement] sont imparfaites, elles donnent un aperçu de cette montée. Les demandes motivées par la « prévention des violences collectives » passent de 6 % de l’ensemble des requêtes en 2017 à 14 % en 2019, ce qui représente une augmentation de 133 % et un cumul de plus de 20 000 demandes en trois ans2 ! Dans le détail, le compteur des « géoloc », déjà en forte croissance les années précédentes, s’affole, passant de 3 751 demandes en 2017 à 5 191 en 2018, puis à 7 601 en 2019, soit un doublement en deux ans et la plus forte progression des techniques de renseignement. Quant aux écoutes, elles se multiplient aussi sur la même période, passant de 8 758 en 2017 à 12 574 en 2019, soit une croissance de 43 % en deux ans. Globalement, cette surveillance a concerné au moins 2 000 personnes entre fin 2018 et fin 2019. (…)

    La pression est telle que le centre d’écoute, basé aux Invalides, doit faire appel à des renforts d’effectifs pour les week-ends. De plus, le nombre de lignes téléphoniques écoutées simultanément a rapidement atteint le maximum autorisé3, ce qui a conduit Matignon à rehausser ce contingent en juin 2019 pour atteindre 3 800 lignes, dont 3 050 réservées au ministère de l’intérieur. Les « grandes oreilles » sont employées à grande échelle.
    Au siège de la CNCTR, un bâtiment sécurisé caché au fond d’un jardin de la rue de Babylone, dans le 7e arrondissement, la tension est maximale chaque fin de semaine à partir de décembre 2018. (…) « C’était l’enfer. Tous les services voulaient un feu vert dans la soirée de vendredi. La Commission n’avait pas forcément le temps de vérifier les motivations indiquées dans les centaines de demandes », précise un de ses membres, qui n’a pas eu son mot à dire sur ces décisions.

    (…) Beaucoup de manifestants ciblés sont ainsi repérés en direct, dans leurs déplacements en voiture, en train, jusqu’à Paris, ou vers d’autres grandes métropoles où se déroulaient des rassemblements importants. Ignorant qu’ils sont géolocalisés grâce à leur téléphone, certains sont interpellés sur les routes, aux péages, dans les gares ou près des lieux de leur résidence. Seize personnes, présentées par la police comme des « black blocs » ou des « ultrajaunes », seront arrêtées à 12 h 30 le samedi 7 décembre 2019, dans une maison louée avenue du Général-Leclerc, au Bouscat, près de Bordeaux, et les locaux perquisitionnés.
    Leur localisation a été rendue possible, affirmeront les enquêteurs, grâce à la découverte faite dans la nuit de tags anti-police peints dans le quartier et sur la foi d’« investigations d’environnement » effectuées le matin même. Mais les détails de ces « investigations d’environnement » ne seront pas versés en procédure, car, selon l’officier de police judiciaire chargé de l’enquête, elles « provenaient d’informations classifiées ». Ce qui correspond à des renseignements de surveillance émanant des services.

    La #géolocalisation permet également de suivre le parcours des « cibles » durant les manifestations. Les trajets sont visualisés en direct sur des écrans. (…) Chaque cible est alors colorée selon son appartenance présumée : rouge pour des cibles de l’ultragauche, bleu pour l’ultradroite. (…)

    D’autres « gilets jaunes » font l’objet d’un traçage en direct hors des manifestations habituelles du samedi. Le dimanche 14 juillet 2019, juste avant le défilé traditionnel des armées sur les Champs-Elysées, les services reçoivent des alertes sur la présence de « gilets jaunes » dans les parages, alors que le périmètre a été interdit à toute manifestation sur ordre du préfet de police. Plus grave : ils soupçonnent une attaque contre le président de la République, Emmanuel Macron. Au vu du risque de « trouble grave à l’ordre public », des surveillances téléphoniques sont aussitôt autorisées, pour quelques jours, sur plusieurs cibles, avant d’être levées faute de menaces avérées. Coïncidence ? Ce jour-là, parmi les près de 200 personnes interpellées dans Paris en marge du défilé, trois leaders connus des « gilets jaunes », Eric Drouet, Maxime Nicolle et Jérôme Rodrigues, sont arrêtés dès le matin aux alentours des Champs-Elysées et placés en garde à vue, avant d’être relâchés dans l’après-midi, une fois les procédures lancées ou classées sans suite. Les techniques de surveillance sont également utilisées de manière intensive pour repérer les manifestants contre le sommet du G7 qui se tient à Biarritz du 24 au 26 août 2019. (…)

    La fin du mouvement des « gilets jaunes » en 2020, suivie de la longue crise sanitaire, n’a pas stoppé cette surveillance ciblée. Au contraire. Selon les données de la CNCTR, chargée de filtrer les requêtes des services, les demandes d’écoutes et de poses de balises pour tous types de motifs sont restées stables à un niveau élevé depuis 2020. Celles portant sur des intrusions dans des lieux privés ont fortement augmenté, tout comme celles sur la captation de données informatiques. Quant aux demandes de géolocalisation en temps réel , très prisées lors des manifestations, elles ont continué leur irrésistible ascension, de 7 601 en 2019, jusqu’à 10 901 en 2022 , un nouveau record.

    Notes de bas de page :
    1- Entretiens avec l’auteur. La plupart des sources de ce prologue ont requis l’anonymat, vu le caractère sensible des informations livrées ici. Les dates des entretiens ne sont pas précisées.
    2 - Nombre des requêtes de TR motivées par les motifs de prévention des violences collectives : 4 226 en 2017 (soit 6 % du total des 70 432 demandes) ; 6 596 en 2018 (soit 9 % des 73 298 demandes) ; 10 296 en 2019 (soit 14 % du total des 73 543 demandes). Source : rapports annuels de la #CNCTR.
    3 - Le contingent d’écoutes était de 3 040 depuis 2017, déjà passé à 3 600 en juin 2018.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/09/les-extraits-du-cote-obscur-de-la-force-pendant-la-crise-des-gilets-jaunes-j
    les (...) du texte sont du journal

    edit #police_politique #solutionnisme_technologique #écologie_radicale #SLT #extinction_rebellion ...

    #manifestations #livre

    • « Le Côté obscur de la force », enquête sur la part d’ombre des pratiques policières
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/09/le-cote-obscur-de-la-force-enquete-sur-la-part-d-ombre-des-pratiques-policie

      L’enquête de Vincent Nouzille qui paraît le 11 octobre chez Flammarion fait la lumière sur deux tendances de fond aux lourdes conséquences sur les libertés publiques : la multiplication des entraves au droit de manifester et le développement de la surveillance de masse.

      Livre. Depuis P… comme police, d’Alain Hamon et Jean-Charles Marchand (Alain Moreau, 1983), les livres d’enquête sur une institution aussi décriée que propice aux fantasmes n’ont pas fait défaut. Il manquait toutefois, dans ce catalogue, un ouvrage consacré aux plus récentes années, un livre qui serait à la fois une mise en perspective de maux endémiques (comme la difficulté à admettre l’existence de violences policières, fussent-elles répétées et objectivées) et un exercice d’analyse prospective sur des pratiques policières renouvelées, bien souvent inquiétantes. Vincent Nouzille, journaliste rompu aux investigations documentées, comble cette lacune en explorant Le Côté obscur de la force (Flammarion, 512 pages, 23 euros).
      Si elle n’oublie pas les figures imposées et traite notamment de la persistance de réseaux d’influence souterrains au sein du ministère de l’intérieur, son enquête aide avant tout à mettre en lumière deux tendances de fond aux lourdes conséquences sur les #libertés_publiques. La première tient à la multiplication des entraves au #droit_de_manifester grâce à la mobilisation de toutes les ressources judiciaires possibles, parfois au moyen de procédés à la limite du dilatoire. La seconde tendance concerne la mise en œuvre de techniques de surveillance de masse.
      Noyés dans les rapports officiels et les interventions des autorités policières, les chiffres exhumés par l’auteur montrent que des milliers d’individus ont fait l’objet d’une surveillance étroite, une vaste entreprise de « renseignement » décidée au plus haut sommet de l’Etat lors de la crise des « gilets jaunes » et prolongée depuis. La pérennisation de ces techniques fait craindre une extension du domaine panoptique, rendue probable par le test grandeur nature des Jeux olympiques et paralympiques de Paris en 2024. « Il est assez vraisemblable, prévient Vincent Nouzille, que les enseignements qui en seront tirés inciteront ses promoteurs, notamment toute la filière de la sécurité qui piaffe d’impatience, à vouloir en tirer parti pour passer à la vitesse supérieure. » Et accélérer un mouvement, manifestement déjà bien engagé, de surveillance généralisée.

      "Ils ne peuvent plus s’en passer" : un livre révèle une "flambée" des écoutes depuis les "gilets jaunes"
      https://www.radiofrance.fr/franceinter/ils-ne-peuvent-plus-s-en-passer-un-livre-revele-une-flambee-des-ecoutes-

      (...) il y a eu au moins 2.000 personnes écoutées ou géolocalisées pendant la crise des « gilets jaunes ». Jamais on n’avait écouté autant de monde en même temps lors d’une crise sociale. Cela a permis aux services de renseignement et services de police, d’une part d’écouter, mais surtout de suivre les #mouvements de ces manifestants et d’en interpeller certains en amont des manifestations. Cela a été, selon eux, extrêmement efficace. Les [représentants] officiels me disent que tout a été fait dans les règles. Mais vu le nombre de demandes et vu, surtout, l’afflux soudain des demandes, nous pouvons nous poser des questions sur les contrôles qui ont pu être exercés en la matière."

      Vous montrez également que cette surveillance n’a pas pris fin après cet épisode des « gilets jaunes »...

      "On aurait pu croire qu’avec la fin de la crise des « gilets jaunes », début 2020, cette surveillance diminue. Or, ce n’est pas du tout ce qui s’est passé, au contraire. En fait, les responsables du service de renseignement m’ont confié qu’ils y avaient pris goût et ne pouvaient plus se passer des écoutes, et surtout des géolocalisations en temps réel, qui permettent de savoir où sont les personnes que l’on veut surveiller. Le nombre des personnes qui ont été surveillées "au titre des violences collectives", comme on dit dans le jargon, a atteint 3.500 en 2021, c’est à dire trois fois plus qu’en 2017. Nous avons donc bien eu une extension de la surveillance à un nombre beaucoup plus grand de personnes.

      Il y a ensuite eu un léger repli en 2022, mais, début 2023, je révèle qu’il y a eu un nouvel accord de la Commission nationale des techniques de renseignement pour élargir les critères de la surveillance et des possibilités d’écoutes à des personnes qui font partie des mouvements de l’écologie radicale. C’est le cas de certains membres des Soulèvements de la Terre, d’Extinction rébellion et d’autres, notamment toutes les personnes qui ont lutté contre les méga-bassines. Cette commission a décidé fin 2022, début 2023, de changer les critères et d’accepter un certain nombre de demandes des renseignements qu’elle avait jusqu’alors refusées. Par exemple, lorsqu’a eu lieu la première manifestation à Sainte-Soline, en octobre 2022, les services de renseignement avaient fait des demandes d’écoute d’un certain nombre de leaders des mouvements, et cela n’avait pas été accepté par cette commission. Mais vu la violence et les incidents qui ont eu lieu fin octobre, l’intrusion ensuite dans la cimenterie Lafarge, près de Marseille, qui a eu lieu en décembre, et d’autres incidents de ce type, cette Commission de contrôle des techniques de renseignement a décidé d’élargir les critères d’écoute en acceptant désormais des cas de demandes de personnes qui sont susceptibles de commettre des violences non pas physiques, mais des #violences_matérielles, de destruction, de #sabotage."

      #justice #enquêtes_judiciaires #JO #gendarmerie #Service_central_de_renseignement_territorial #RT

  • Les #LRA, zones de non-droit où sont enfermés des #sans-papiers

    Dans les locaux de rétention administrative, les droits des sans-papiers retenus sont réduits. Souvent sans avocats, ni même de téléphones, ils ne peuvent défendre leurs droits. Enquête dans l’angle mort de la rétention française.

    Commissariat de Choisy-le-Roi (94) – « Ce n’est pas le bon jour », répète le major Breny, en costume-cravate malgré la chaleur. Ce lundi 4 septembre 2023, l’atmosphère est glaciale quand la députée Ersilia Soudais (LFI) demande à visiter le local de #rétention_administrative (LRA) annexé au commissariat de Choisy-le-Roi. Méconnus du grand public, ces #lieux_d’enfermement sont destinés aux personnes étrangères et victimes d’une #décision_d’éloignement. Mais à la différence des #centres_de rétention_administrative (#Cra), elles y sont enfermées pour 48 heures au maximum. « Soit le Cra est plein, soit une décision est prise de les positionner temporairement en LRA », introduit le major.

    Le directeur du lieu commence par interdire aux journalistes les photos à l’intérieur. « Ici, nous sommes dans un #commissariat », lance-t-il. À plusieurs reprises, le major Breny nous renvoie vers une « disposition du Ceseda », le code de l’entrée et du séjour des étrangers. Laquelle ? « Regardez sur internet, je ne connais pas le Ceseda par cœur », s’agace-t-il. La disposition a beau être introuvable et l’interdiction illégale, le major n’en démord pas.

    Une #opacité qui concorde avec la situation nationale. En 2022, 27 LRA permanents existaient en France pour 154 places. Mais impossible de savoir combien de personnes y passent chaque année car l’administration ne communique aucun chiffre, au contraire des Cra. Entre ignorance des agents et méconnaissance des retenus au sujet de leurs droits qui y sont réduits, les LRA représentent un angle mort de la rétention. Une situation qui inquiète les associations, d’autant que les placements en LRA sont de plus en plus réguliers.

    Une ignorance du droit

    Le lendemain de la visite au LRA de Choisy-le-Roi, la députée Ersilia Soudais se rend au LRA de Nanterre (92). L’accueil est similaire. Après vingt minutes d’attente, le responsable commence par refuser l’accès aux journalistes. L’élue lui rappelle la procédure, ce qui ne le dissuade pas de vérifier auprès de ses supérieurs. Cinq minutes plus tard, il s’excuse :

    « On n’a jamais reçu de visite. »

    Ce LRA, situé au rez-de-chaussée de la préfecture, a été créé il y a moins d’un an, en novembre 2022. Selon les agents présents, il est principalement dédié à l’enfermement des personnes « dublinées », qui ont déjà demandé l’asile dans un autre pays de l’Union européenne. Il peut accueillir actuellement six personnes.

    À l’intérieur, l’agent tente à nouveau d’encadrer la visite. Il indique à Ersilia Soudais qu’elle ne peut pas discuter avec des retenus. Ce qui est encore une fois illégal. L’élue était en train d’échanger avec le seul prisonnier du LRA, un homme algérien. Débardeur blanc et cigarette à la bouche, il est enfermé depuis deux jours. Il demande un traducteur, mais la discussion est interrompue par la sous-préfète des Hauts-de-Seine, Sophie Guiroy Meunier, descendue de son bureau : « Vous êtes là dans quel cadre ? » À plusieurs reprises, la sous-préfète nous demande à quoi servent nos questions. « Mais vous écrivez un rapport ? » interroge-t-elle. Quarante minutes plus tard, la députée ressort sonnée de ces deux visites. « Ça me donne envie de me rendre dans d’autres LRA d’Île-de-France », déclare-t-elle en partant.

    Un accès juridique restreint en LRA

    À Nanterre, s’ils veulent appeler l’extérieur, les retenus doivent demander un portable aux agents. Or, le décret du 30 mai 2005 stipule qu’un LRA doit fournir une ligne téléphonique fixe en accès libre, parmi d’autres obligations, pour permettre aux retenus de contacter leurs avocats. Un policier balaye :

    « C’est plus simple comme cela. »

    La situation est représentative du #flou entretenu dans ces locaux, où l’accompagnement juridique n’est pas obligatoire, contrairement aux Cra. « Les personnes retenues ont un certain nombre de #droits. Mais, en pratique, elles n’ont pas d’informations suffisantes », affirme maître Berdugo, coprésident de l’Association pour le droit des étrangers (ADDE). À Choisy-le-Roi, les cinq retenus parlent très peu français et personne n’a l’air de connaître l’acronyme LRA.

    Celui de Choisy-le-Roi a rouvert en février 2022, après une fermeture décidée par une ordonnance administrative, « compte tenu du #traitement_inhumain_et_dégradant infligé aux personnes », a noté l’ADDE. Parmi les points noirs à l’époque : l’obligation de demander aux agents l’autorisation de se rendre aux toilettes. Désormais, des travaux ont été effectués. Trois douches et des WC sont en accès libres, « pour huit places contre douze auparavant », détaille le major Breny. Concernant les retenus, le directeur du LRA assure :

    « Ils sont tous contents. Dehors, c’est plus dur. Ici, on s’occupe d’eux. Ils n’ont pas exprimé un mal-être particulier. »

    Un manque d’information qui coûte cher

    « C’est notre première nuit ici, on espère ne pas être envoyés en centre de rétention. On est tranquille », avance Ahmed, originaire d’Algérie. Mais quand on aborde leur situation juridique, les hommes lèvent les yeux de leur téléphone – qu’ils ont ici le droit de conserver – et s’interrogent. Ali (1), torse nu à cause de la chaleur, demande des renseignements à la députée sur les démarches juridiques qu’il doit entreprendre. « Est-ce que vous avez un avocat ? » lui demande-t-elle. Il répond non de la tête. Idem pour ses camarades. Pourtant, le délai de recours d’une #obligation_de_quitter_le_territoire (#OQTF) est de 48 heures devant le tribunal administratif. D’où la nécessité d’agir vite pour tenter de la faire annuler. « Les retenus sont présentés quatre jours après devant le juge des libertés et de la détention (JLD) et il arrive qu’on apprenne qu’ils n’ont pas contesté l’OQTF », souligne maître Florian Bertaux, avocat au barreau du Val-de-Marne. Il renchérit :

    « Il n’y a pas de permanence au tribunal administratif dans notre département, donc pour faire un recours, il faut souvent déjà connaître un avocat. »

    Le recours est d’autant plus difficile à faire qu’aucun moyen de télécommunications n’est mis à leur disposition. Impossible donc d’envoyer un mail à son avocat. « Pour transmettre une décision, c’est très compliqué. Ils sont dépendants des services de police », continue maître Berdugo.

    Les retenus gaspillent parfois un temps précieux en essayant de joindre les mauvais interlocuteurs. Youssef (1), un père de famille défendu par maître Berdugo, a été placé au LRA de Nanterre fin août 2023. « En guise d’informations, on lui a donné une liasse sur laquelle il était indiqué qu’il pouvait être assisté par diverses associations, alors que c’était faux », raconte son conseil. Parmi les numéros écrits, celui de l’association la Cimade, qui n’intervient pourtant pas dans les LRA. En apprenant cela, Paul Chiron, chargé de soutien et des actions juridiques en rétention à la Cimade, s’étrangle :

    « C’est hallucinant. Nous refusons d’être dans les LRA car il n’y a pas de garanties suffisantes afin d’exercer nos missions. »

    Heureusement pour Youssef, il connaissait déjà maître Berdugo et avait une procédure en cours à la préfecture. Mais lors de sa comparution devant le JLD, les autres retenus du LRA altoséquanais n’ont pu faire de recours car les 48h de délais de contestation « étaient expirés ».

    Des LRA qui disparaissent du jour au lendemain

    Les avocats eux-mêmes ont du mal à suivre la situation des LRA. En juillet 2023, maître Berdugo et des confrères avaient tenté de faire fermer le LRA de Nanterre via un référé-liberté. « Lorsqu’on l’a préparé, on nous a indiqué qu’il n’y avait plus personne dans le LRA. Donc on a laissé tomber », raconte-t-il. Maître Berdugo continue :

    « La préfecture avait promis de ne plus saisir le juge, donc on pensait que le LRA ne fonctionnait plus. »

    Pour ne rien arranger, des #LRA_temporaires sont créés – en plus des permanents – par arrêtés préfectoraux lorsque des étrangers ne peuvent être placés tout de suite dans un Cra, en raison de circonstances particulières. « C’est très peu encadré », souffle Paul Chiron de la Cimade. Ces LRA sont hébergés dans des #hôtels, des #cités_administratives ou encore des #gendarmeries. StreetPress a contacté le directeur général de #Contacts_Hôtel, groupe auquel appartient le #Ashley_Hôtel qui a hébergé un LRA au Mans à partir de mars 2023. « L’hôtelier ne communique pas sur le sujet étant donné qu’il est soumis à une clause de confidentialité », a-t-il répondu. Parfois, les LRA ne durent qu’une seule nuit avant de disparaître et d’effacer le sort des personnes enfermées.

    Hors métropole, les LRA ont par exemple donné lieu à des « aberrations juridiques », d’après maître Flor Tercero, partie au mois d’avril à Mayotte. Elle assure que « les arrêtés de publication des LRA apparaissaient une fois qu’ils étaient fermés » et assène :

    « C’était l’omerta la plus totale. »

    Aucune donnée

    Ainsi, personne ne savait où se trouvaient les locaux de rétention ni combien de personnes y avaient été enfermées. « Dans certains LRA, les règlements intérieurs disaient qu’ils étaient faits pour douze personnes, mais dans les arrêtés de création des LRA, il y avait écrit quarante personnes. Une #surpopulation contestable. » Elle mentionne des familles qui tentaient de joindre leurs proches disparus et placés en LRA :

    « Elles ont appelé les centres de rétention, mais il n’y avait pas de numéro de téléphone dans les LRA. Elles les ont retrouvés ensuite plus tard aux Comores. »

    Ces dérives perdurent car les LRA ne sont que très peu contrôlés. « Nous sommes très peu saisis sur les LRA, et pour ceux qui sont temporaires, c’est souvent trop tard, ils ont fermé. Cette temporalité très brève rend nos visites compliquées », admet Dominique Simonnot, contrôleure générale des lieux de privation de liberté. En sept ans, le CGLPL n’a pu se rendre que dans quatre LRA :

    « Notre dernière visite remonte en 2021 à Tourcoing. »

    De son côté, la Cimade constate une « flambée » des LRA et estime qu’ils étaient auparavant « bien moins utilisés qu’aujourd’hui notamment avec l’usage détourné qui en est fait depuis les instructions de Gérald Darmanin. » En témoigne un extrait de la circulaire du 3 août 2022, qui a demandé que les capacités des LRA soient augmentées « d’au moins un tiers ». De quoi interroger le chargé de soutien de l’asso Paul Chiron :

    « Avec quatre Cra en Ile-de-France, la question des circonstances de temps et de lieu nécessaire à la création d’un LRA, peut difficilement s’entendre. »

    La Cimade craint également que les #locaux_de_rétention ne soient utilisés à l’avenir pour enfermer des familles en toute discrétion. « Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a affirmé qu’il ne voulait plus d’enfants dans les Cra, mais il n’a rien dit sur les LRA », rappelle Paul Chiron. Contacté, le ministère de l’Intérieur n’a pas été en mesure de fournir à StreetPress des données précises sur le nombre de personnes enfermées dans les LRA. Idem du côté de la préfecture de police. Quant à maître Berdugo, il a lancé un nouveau référé-liberté pour faire fermer le LRA de Nanterre. L’affaire passe ce 18 septembre 2023 devant le tribunal administratif de Cergy.

    (1) Les prénoms ont été modifiés.

    https://www.streetpress.com/sujet/1694682108-lra-non-droit-sans-papiers-etrangers-locaux-retention-admini

    #sans-papiers #France #migrations #enfermement

  • Profession gendarme

    À l’origine de son engagement, il y a la foi dans le service public, l’envie de se rendre utile aux autres, d’améliorer le monde à son échelle. La #gendarmerie lui paraît alors le lieu où il pourrait s’épanouir. Bien vite, il déchante. #Témoignage d’un gendarme démissionnaire.

    Ex-syndicaliste, fervent défenseur des valeurs humanistes de gauche, notre futur gendarme entre à l’école la fleur au fusil, enthousiaste à l’idée de se fondre dans un collectif dédié à préserver le #bien_commun. Mais l’exaltation des débuts laisse vite place à l’inquiétude.

    Fréquenter l’intolérable dès la formation

    Les remarques racistes ou sexistes de certains camarades le choquent : “Très rapidement, je me suis senti un peu de côté. On m’a catégorisé comme le le gauchiste de la promotion et fait comprendre que je n’étais pas à ma place.” Outre l’#ambiance_nauséabonde, il faut ajouter les #lacunes d’une #formation qui favorisent toutes sortes d’#abus et de #falsifications dans les procédures : "Faut pas s’étonner de la qualité des #procédures_judiciaires, on nous forme pas. Chacun fait son #micmac”. Pour surmonter les doutes, il faut alors s’accrocher à l’espoir de voir les choses changer à la sortie d’école. Il n’en est rien.

    “J’ai été naïf de croire que je pourrais changer les choses” : de la #désillusion à la #démission

    Sur le terrain, c’est le même refrain. Non seulement les discours et réflexes problématiques prospèrent, pouvant atteindre des sommets : “un jour, [un collègue] a sorti : “Moi, vous me laissez une arme dans un quartier, je tire à vue, y a pas de souci”, mais quiconque ose les dénoncer se voit vite mis au ban de l’équipe : “Quand on essaie d’en parler avec eux, ils s’en foutent et répètent que c’est comme ça et pas autrement”. Ainsi, toute protestation se heurte au #silence d’une institution au sein de laquelle le racisme et la #violence restent des questions taboues.

    Face à cette #inertie, tout ce qu’il restait d’espoir dans la droiture des forces de l’ordre s’épuise. Les positions de notre témoin se radicalisent. Désormais anarchiste, comment rester flic ? “Défendre l’État et en même temps vouloir abolir l’État, c’est un peu compliqué”. Une seule solution : la démission.

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-pieds-sur-terre/gendarme-8281224
    #racisme #sexisme

    –—

    ajouté à la #métaliste de #témoignages de #forces_de_l'ordre, #CRS, #gardes-frontière, qui témoignent de leur métier. Pour dénoncer ce qu’ils/elles font et leurs collègues font, ou pas :
    https://seenthis.net/messages/723573

  • Les épreuves de la frontière
    Cours du 05 avril 2023 : #Rencontres

    Les 3 rencontres, le récit avec une triple voix :

    - un exilé :
    Une famille de #réfugiés_afghans, dont Fassin retrace tout le parcours depuis l’#Afghanistan jusqu’à #Briançon, en passant par la Grèce et les Balkans

    - un policier : (à partir de la min 26’40)
    Fassin raconte l’habitude que les forces de l’ordre ont de demander aux chauffeurs du bus qui fait Oulx-Claviere combien de migrants sont descendus du bus à Claviere. Fassin raconte la militarisation de la frontière (2 escadrons de la #gendarmerie_mobile, 140 militaires + 30 hommes des forces armées sentinelles + 25 réservistes de l’#opération_limes —> presque 200 en plus des policiers). « A quoi sert ce qu’ils font ? » (dès min 29’45) Réponse : « tous les migrants finissent par passer. (...) Ce n’est pas un secret, tout le monde le sait » (min 30’04)... Quel intérêt donc ? (min. 30’28) : « faire du chiffre ». « C’est ce que leur demande le commandant, c’est ce que leur demande la préfète, parce que ce sont des #statistiques qu’on fait remonter au Ministre de l’Intérieur qui peut ensuite s’en féliciter publiquement. C’est beaucoup plus facile d’arrêter des migrants que des passeurs, alors comme son collègue il se satisfait des non-admissions. Quand leur nombre augmente, on les complimente et à la fin de l’année ils ont une meilleure prime ; quand il diminue on les convoque, on les réprimande, on exige de meilleurs résultats ». Fassin observe que pas tout le monde n’est pas satisfait de la situation, il évoque le #suicide d’un brigadier qui commandait une équipe de nuit (min 31’02) : « Un homme gentil, respectueux modeste, correct avec les migrants. La version officielle c’est qu’il avait des problèmes conjugaux, qu’il était séparé de sa femme, qu’il voyait moins ses enfants, qu’il faisait une dépression. C’est surement pas faux, mais il a vu comment son collègue était affecté par la dégradation de l’ambiance au sein de l’institution, les attentes de résultats quantifiés par leur hiérarchie ont généré une compétition entre les équipes à qui ferait le plus d’interpellations. Il avait entendu dire le brigadier que ’plus que la qualité du travail, c’était la quantité qui comptait désormais, quitte à tordre les données. Il n’ignore pas que les performances de l’autre équipe valaient sans cesse à son chef des brimades et des humiliations. D’ailleurs, il a entendu dire qu’avant de se suicider, le brigadier avait laissé une lettre dans laquelle il expliquait les raisons de son geste, évoquant les pressions de sa hiérarchie, qu’il ne supportait plus. Beaucoup le pense, au fond, c’est la #politique_du_chiffre qui l’a tué. La mort de son collègue lui a laissé un goût amer, un vague sentiment de culpabilité, ’n’aurait-il pas fallu se montrer plus solidaires entre eux au lieu d’exacerber la concurrence ?’ (...) N’aurait-il pas fallu comprendre quand il répétait qu’il ne trouvait plus de sens à son travail ? »
    Au poste-frontière de Montgenèvre, la scène d’un médecin (probablement de Médecins du Monde, qui entre pour demander de libérer au de reconduire à la frontière les deux adultes interpellés, car leurs enfants ont été entre temps déjà amenés à Briançon (35’28) : Le policier « accuse le médecin d’organiser comme les autres volontaires des opérations hasardeuses pour aider les migrants à franchir la frontière en les amenant à emprunter des chemins dangereux, ils ne font pas de la mise à l’abri, comme ils le disent, ils les exposent à des risques inconsidérés. Ce sont eux, les policiers et les gendarmes, qui protègent les migrants, déclare-t-il ».
    Min 37’50 : les policiers « pestent contre les maraudeurs » "qui sont en réalité des passeurs" —> la présence de maraudeurs et du refuge comme éléments de l’#appel_d'air

    - le maraudeur (à partir de la min 39’18)

    –—

    Deuxième partie de la conférence (à partir de la min 53’00), Fassin explique comment il a construit la narration avec les trois personnages :

    https://www.youtube.com/watch?v=rkOJJ9jYT8Y


    #conférence #vidéo #Didier_Fassin #frontière_sud-alpine #ethnographie #asile #migrations #réfugiés #parcours_migratoire #Briançonnais #Italie #France #Hautes-Alpes #forces_de_l'ordre #militarisation_des_frontières #opération_sentinelle #pression_des_résultats #refus_d'entrée #PAF #police_aux_frontières #solidarité