• Xavier de La Porte : “La littérature porte sur le monde un regard qui permet de comprendre la complexité du numérique” - Radio - Télérama.fr
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    En quoi les nouvelles technologies changent-elles quelque chose à nos vies ? C’est la question que se posent le journaliste de France Culture et ses invités dans “Le code a changé”, un podcast en vingt épisodes qui analyse l’impact du numérique dans des domaines aussi divers que la mode, le journalisme ou le trading.

    Comprendre en quoi les technologies changent quelque chose à nos vies : telle est l’intention de Xavier de La Porte, aux manettes du nouveau podcast natif de France Inter, série de vingt épisodes intitulée Le code a changé. À chaque nouvel opus, un invité spécialiste ou acteur d’un domaine plus ou moins dynamité par les nouvelles technologies (la mode, le trading, le journalisme…) répond durant trente à quarante minutes aux questions du journaliste, familier des sujets de société liés au numérique sur France Culture (Place de la Toile, Ce qui nous arrive sur la Toile). Au micro, il n’hésite pas à faire part de ses propres questionnements et sentiments, voire au montage à commenter ses propres questions. Il explique à Télérama le pourquoi de sa démarche.

    Ce podcast, vous le détaillez dans le prologue, est né de votre envie de comprendre en quoi les technologies changent quelque chose à nos vies. A priori c’est une mission que vous poursuivez depuis longtemps à travers vos chroniques et vos émissions. En quoi ce format est-il différent ?
    Sur France Inter je ne m’adresse pas exactement au même public que sur Culture. Et puis le podcast est une forme nouvelle qu’il s’agit d’incarner, à la fois à travers des gens qui racontent des histoires, mais aussi par ma parole – j’avais envie de parler, et pas seulement de poser des questions. Je ne suis pas un geek, je ne m’intéresse pas à la technique en elle-même, mais à ce qui est autour : l’approche par d’autres disciplines, les questions numériques vues depuis les sciences humaines, les mathématiques, la littérature.

    Vous optez pour une mise en scène forte de la rencontre avec vos invités, y compris en vous moquant de vos questions après coup. Cette volonté de transparence est-elle juste un style, ou une adaptation à une caractéristique du monde numérique ?
    Pour moi, c’est plus un petit jeu, comme remettre en scène une question foireuse... Ce n’est pas un truc de transparence, mais davantage d’incarnation. Ma référence est moins YouTube que le genre podcast. Ce que je trouve intéressant dans ce médium, c’est qu’il induit une situation d’écoute particulière, assez solitaire. On est dans une adresse à l’auditeur beaucoup plus interpersonnelle que via la radio de flux. Ce qui m’amusait, c’est de jouer là-dessus, et de le faire se refléter dans le rapport avec l’invité. Certains peuvent trouver le sujet numérique très froid, mais je pense qu’il est au contraire très humain.
    “Le podcast est un espace dans lequel on est encore relativement libres, qui permer des formes d’écriture un peu différentes.”

    Dans votre prologue, vous citez Annie Ernaux et son rapport aux nouvelles technologies, tandis que votre choix d’invités se porte beaucoup sur des auteurs et autrices. Réincarner le numérique doit-il passer par l’écriture et la littérature ?
    Le point d’appui d’un invité peut être un livre, mais le livre peut être un prétexte. Ce n’est pas forcément une volonté de mettre en valeur la nécessité d’un passage à l’écriture pour en parler. Je cherche des manières de regarder le numérique qui tranchent avec la philosophie, la sociologie et les sciences de la communication. Mais il y a aussi une croyance, liée à mon tropisme littéraire, que la littérature porte sur le monde un regard permettant de comprendre, de rendre la complexité du mille-feuille de la question numérique. Internet peut être hyper enchanteur et affreux à la fois. On peut en dire des choses très contradictoires, parce que c’est exactement comme ça qu’on les vit. La littérature est ce qui rend au mieux cette simultanéité.

    Pourquoi avoir décidé de traiter ce sujet en podcast, et non via une émission de flux ?L’idée vient de moi, ce n’était pas à défaut d’autre chose. J’ai fait beaucoup d’émissions sur le numérique, beaucoup de chroniques, et j’avais envie d’essayer une autre manière. C’est un espace dans lequel on est encore relativement libres, qui permet des formes d’écriture un peu différentes. Le fait de faire des interviews, de les remonter beaucoup, est plus compliqué en radio d’antenne.

    Votre premier invité a été David Dufresne, le journaliste à l’origine du recensement des violences policières sur Twitter pendant les manifestations. Que dit ce choix sur la coloration, l’orientation du podcast ?
    Avec David Dufresne, il y avait un entremêlement de quelque chose de très évident, la violence policière, son aspect politique, tragique, médiatique, avec une réflexion personnelle et profonde sur ce que sont la technologie et les réseaux sociaux aujourd’hui. Après, l’ordre des épisodes est davantage dicté par l’idée de montrer que la diversité des questions est gigantesque, et celle de ne pas être univoque dans le ton.

    on aime beaucoup Le code a changé, sur franceinter.fr, un épisode tous les quinze jours, 35 mn.

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