• Rester à la campagne, en partir ou y revenir
    https://metropolitiques.eu/Rester-a-la-campagne-en-partir-ou-y-revenir.html

    L’enquête ethnographique de Benoît Coquard montre ce que signifie, pour des #jeunes de milieux populaires, partir ou rester dans les #campagnes en #déclin de l’est de la #France. Pierre Pistre précise ici, par des analyses #statistiques, l’ampleur et les caractéristiques des problématiques migratoires qui touchent ces territoires. L’enquête ethnographique de Benoît Coquard montre ce que signifie, pour des jeunes de milieux populaires, partir ou rester dans les campagnes en déclin de l’est de la France. #Commentaires

    / #genre, campagnes, #rural, ruralité, #Grand_Est, France, #France_de_l'Est, #migrations, déclin, jeunes, #gilets_jaunes, #ethnographie, statistiques, classes (...)

    #ruralité #classes_populaires
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met-pistre.pdf

  • Basculements
    Mondes émergents, possibles désirables

    Ernest London

    https://lavoiedujaguar.net/Basculements-Mondes-emergents-possibles-desirables

    Dénonçant la notion d’effondrement, qui dépolitise les enjeux en postulant une trajectoire unique et comme jouée d’avance, Jérôme Baschet, qui a enseigné à l’Universidad Autonoma de Chiapas, à San Cristóbal de Las Casas, propose celle de « basculements » qui fait place, au contraire, à l’imprévisibilité croissante de notre temps et au rôle central de la mobilisation politique. Alors qu’« un microscopique fragment de l’à peine-vivant » a provoqué « la paralysie d’une machinerie aussi ample et ramifiée que l’économie mondiale », supposant la reproduction d’autres crises systémiques du capitalisme, il esquisse plusieurs scénarios, dont celui d’une ouverture des possibles qui nous engagerait vers des manières de vivre échappant aux logiques du système-monde capitaliste.

    Il tente, tout d’abord, de cerner les tendances principales que la crise du coronavirus a pu induire, amplifier ou affecter significativement : accélération de la numérisation généralisée ; modification des équilibres géostratégiques, confirmant l’effritement de l’hégémonie états-unienne et la montée en puissance de la Chine ; reconfiguration des circuits de la globalisation, notamment avec un mouvement de relocalisations productives dans un souci de souveraineté plutôt que dans une perspective écologique ; interventionnisme accru de l’État dont on attend une réponse face à la pandémie, que l’on critique ses manquements ou l’excès des mesures d’exception. Toutefois, ce serait une erreur de postuler une « opposition diamétrale » entre néolibéralisme et État, puisque le premier a toujours eu besoin du second pour assurer sa bonne régulation, l’État étant appelé à la rescousse pour socialiser les pertes et se désengageant à nouveau pour permettre la privatisation des bénéfices. (...)

    #Jérôme_Baschet #capitalisme #économie #globalisation #néolibéralisme #État #pandémie #crise #effondrement #modèle_chinois #Frédéric_Lordon #Murray_Bookchin #Erik_Olin_Wright #expérience_zapatiste #Gilets_jaunes #stratégies #rupture

  • Paradoxes et apories de la pandémie

    Louis de Colmar

    https://lavoiedujaguar.net/Paradoxes-et-apories-de-la-pandemie

    La société moderne, aujourd’hui, se caractérise par un double échec : elle a détruit la dimension collective, « holiste », du vivre-ensemble qui a marqué l’ensemble des civilisations précédentes, et elle a rendu patent l’échec de l’individualisme asocial qui avait marqué l’utopie de son développement jusqu’à la fin du XXe siècle.

    Le cœur de la conscience sociétale repose en grande partie sur une sorte de consensus informulé, sur des concepts et des notions largement en deçà de la conscience, sur une résonance sans mots, sans mots véritablement adéquats… Il y a des périodes de la vie des sociétés où cette conscience sociétale, mouvante, dynamique, trouve des expressions et des formulations plus ou moins largement et explicitement partagées ; il en est d’autres, comme la nôtre, où les mots peinent à rendre compte de la réalité ressentie. Il est des périodes où les mots et les discours tournent littéralement à vide et donnent seulement l’impression de brasser du vent.

    Dans le contexte de l’idéologie dominante, la solitude, la pauvreté relationnelle sont pour l’essentiel la résultante de l’exclusion des circuits économiques. Un des rares « mérites » de la crise sanitaire est sans doute de permettre de préciser ce mécanisme (...)

    #pandémie #société #conscience #solitude #crise #économie #politique #désocialisation #Covid #Gilets_jaunes #distanciation #confinement #syndémie

  • Laurent Bigot, sous préfet : « le bilan humain de la répression des gilets jaunes est effroyable »
    https://www.youtube.com/watch?v=armihZH0jI0

    “Le Sous-Préfet Gilet Jaune.

    Pour le premier numéro de “J’aimerais comprendre”, Guillaume Quintin s’entretient avec Laurent Bigot diplomate, directeur de cabinet de plusieurs prefets, aujourd’hui en disponibilité de l’administration.
    En charge du maintien de l’ordre dans plusieurs de ses affectations, il connait particulièrement bien, et “de l’intérieur”, ce sujet qui fait le devant de l’actualité alternative depuis les lois ElKhomri, avec la répression des manifs contre la Loi Sécurité Globale, celles contre la réforme des retraites, et surtout le mouvement des GIlets Jaunes auquel il participe depuis l’origine et qu’il a choisi de documenter caméra au poing alors qu’il y a lui même subit la violence verbale et physique de ceux qu’il dirigeait il n’y a pas si longtemps.
    Il nous raconte sa vision des dérives des méthodes de maintien de l’ordre, terrifiante et terrifiée, de Sous-Prefet Gilet Jaune."

  • Un genre littéraire, la catastrophe - Chronique 2
    https://lundi.am/Un-genre-litteraire-la-catastrophe

    Quadruppani à propos de Péage Sud de Sébastien Navarro :

    Pour mieux comprendre la catastrophe en cours aux USA depuis le 6 janvier 2021, on peut s’aider d’un extrait de Péage Sud , de Sébastien Navarro, déjà apparu dans la chronique précédente. Ici, nous retrouvons le narrateur le 23 décembre 2018 en train de boire son jus matinal au Café des Sports. Lisant dans le journal que Macron est en crise existentielle à cause des Gilets Jaunes, le narrateur pouffe et un buveur de Ricard au look hard-rocker lui demande ce qui le fait rire.

    « — C’est Macron, je réponds. Il ne va pas fort et ça me fait marrer.
    -- Peut crever.
    -- On n’en est pas là, même si ça en prend le chemin. Ecoutez ça. C’est un député de la majorité qui balance : « Il ne sort plus sans se maquiller tellement il est marqué. Il se maquille même les mains. »
    Mon acolyte de bar avale une gorgée de Ricard. Son cerveau a besoin de temps pour traiter et analyser l’information. Il ferme son œil valide, la paupière de l’autre s’abaissant à mi-parcours. Puis il croise ses gros doigts noueux devant sa bouche et dit :
    -- J’hésite entre la pute et le spectre.
    -- La pute a droit à notre respect, j’objecte.
    -- T’as raison. C’est un spectre. Un truc sans consistance qu’on nous fout devant les yeux pour nous endormir.
    -- Une marionnette, quoi.
    -- Non, un spectre. Une marionnette, c’est encore du solide. Tu peux la guillotiner ou faire fondre le plastique. Tu peux rien contre les spectres. C’est comme l’autre avec son hologramme.
    -- Mélenchon ?
    -- Ouais. On est dirigés par des spectres. Des halos de lumière sans consistance. Des faisceaux.
    -- Faisceaux/fascistes, c’est la même racine, j’analyse.
    -- On s’en fout, des fascistes.
    L’œil désaxé vire globuleux, la pupille se coince dans un arcane supérieur avant de redescendre. Il poursuite :
    -- Ils sont morts, les fascistes. On a changé d’époque. Aujourd’hui, c’est les faisceaux. Juste eux. La matrice. La lumière.
    -- Et comment on en vient à bout des faisceaux et des spectres ?
    -- Faut couper le jus.
    -- Et tu sais toi comment couper le jus ?
    -- Tu crois que je serais là à picoler si je le savais ? J’en sais rien et personne sait. »

    La direction indiquée par l’ivrogne matutinal de Navarro semble bien plus prometteuse que les reconstructions à posteriori sur le complot trumpiste qui visait une proclamation de la loi martiale : comme on l’a déjà dit, en coupant le jus de Trump, les seigneurs des Gafam ont montré où étaient la matrice et la lumière animant les spectres qui nous gouvernent. Et les morts-vivants fascistes qu’ils sauront, le moment venu, déchaîner contre nous.

    cf. https://seenthis.net/messages/886310

    #Sébastien_Navarro #Chien_rouge #CQFD #Gilets_jaunes

  • GÉOGRAPHIES DE LA #COLÈRE. #Ronds-points et prés carrés

    Ce numéro de Géographie et cultures ambitionne de questionner les traductions spatiales de ces colères. À la faveur d’un mouvement inédit en France difficile à comprendre et à décrypter avec des grilles classiques des sciences humaines et sociales, les différents articles analysant les logiques spatiales des #Gilets_jaunes traduisent un besoin de renouvellement des cadres de compréhension : les ronds-points périphériques deviennent des pôles de #luttes et parfois de #violences_policières, la #cartographie devient participative en demeurant un outil de combat, le #périurbain n’est (toujours) pas une #périphérie homogène. Des échos sont clairement identifiables dans d’autres colères issues de l’injustice de traitement : l’accès aux services publics, la violence faite aux femmes, aux Noirs (aux États-Unis).

    https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=numero&no=67957&no_revue=17&razSqlC
    #revue #géographie #France #émotions #géographie_des_émotions

  • Lettre à Piero… d’ici et d’ailleurs

    Jacques Philipponneau

    https://lavoiedujaguar.net/Lettre-a-Piero-d-ici-et-d-ailleurs

    Mon cher Piero, je reprends cette lettre abandonnée depuis plus de deux mois car le naufrage a pris une tournure grandiose après ce torpillage viral inattendu, loin de la légèreté de mes derniers propos. On s’abstiendra du « je vous l’avais bien dit » si courant, puisque tant de voix l’avaient clamé de diverses manières et depuis si longtemps. Et l’on s’évitera ainsi l’odieux de la vanité prémonitoire devant les immenses souffrances qui ne font que commencer.

    Laissons aussi de côté ce que tout le monde croit savoir maintenant sur la responsabilité systémique d’un mode de production invasif dans l’origine et la diffusion fulgurante de ce virus ou sur l’incapacité générale des États à faire face à leurs Frankenstein, échappés d’une forêt ou d’un laboratoire : si vous avez aimé les virus tropicaux, vous adorerez ceux de la fonte du permafrost.

    Et c’est désormais tout un chacun sur cette planète qui vit ou meurt au croisement d’insondables mystères. Les insinuations simultanées des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France au début avril sur la dissimulation chinoise quant à l’origine du virus peuvent très bien être un leurre servant à les dédouaner de leur propre gestion catastrophique de l’épidémie. (...)

    #Syrie #Rojava #PKK #Öcalan #Bachar_el-Assad #Italie #terrorisme #Gilets_jaunes #Macron #Warren_Buffet #aliénation #Australie #effondrement #Alexandre_Grothendieck #collapsologie #État #catastrophe #pandémie #capitalisme #bureaucratie #surveillance_numérique #police #Agamben #économie #Byung-Chul_Han

  • #Allo_Place_Beauvau - c’est pour un signalement final
    http://www.davduf.net/allo-place-beauvau-c-est-pour-un-signalement

    Après deux années, 992 signalements, des jours et des nuits, #Allo_Place_Beauvau s’arrête. Place à de nouvelles initiatives ! Quelques explications dans la vidéo ci-dessous et mille mercis chaleureux à tous ceux qui ont œuvré dans l’ombre, victimes, témoins et vidéastes. Source : Violences policières : « Evidemment qu’il y a un problème systémique » (Mediapart) Allo Place Beauvau

    / Une, Allo Place Beauvau, #Gilets_Jaunes, #Maintien_de_l'ordre

    https://www.mediapart.fr/journal/france/120121/violences-policieres-evidemment-qu-il-y-un-probleme-systemique

  • Covid-19 : le prolétariat dévoilé
    http://www.regards.fr/politique/article/covid-19-le-proletariat-devoile

    En valorisant subitement les travailleurs les plus précarisés, en les exposant plus que les autres au risque sanitaire, la pandémie a provoqué l’implacable retour du réel social et dévoilé la structure de classe de notre société.

    Comme pour toutes les perturbations durables du fonctionnement de l’activité économique et sociale (catastrophes naturelles, crises, guerres, etc.), la pandémie s’est traduite par la visibilisation de l’invisibilisé. Ce que l’idéologie dominante parvient habituellement à masquer s’impose par le simple spectacle du réel. Ce que les médias dominants parviennent classiquement à voiler surgit au premier plan. Le mécanisme de crédibilisation par des « débats écrans » (sur le « communautarisme », le « danger islamisme », les « assistés sociaux parasites », etc.) perd son efficace. Bref, la pandémie fait fonction de révélateur du réel social.


    L’ampleur de la polarisation sociale
    Un premier dévoilement, déjà enclenché avec le mouvement des « Gilets jaunes », a été celui de l’ampleur de la polarisation sociale, que deux images résument : celle des départs vers les résidences secondaires à l’annonce du confinement et celle des travailleurs restés au « front » (caissières, personnels hospitaliers, éboueurs, etc.). Le retour de la faim dans les quartiers populaires a été une autre illustration de cette polarisation qui s’est installée dans la société française du fait des politiques néolibérales de ces quatre dernières décennies.

    Loin du roman d’une société subissant de manière identique un fléau, ce qui est apparu de manière évidente pour une partie majoritaire de notre société est l’inégalité devant le risque de contamination, la vulnérabilité à géométrie variable selon l’appartenance sociale, l’existence de deux pôles sociaux vivant des quotidiennetés matérielles aux antipodes les unes des autres. Le bilan humain de la pandémie sera à cet égard parlant, à la condition qu’il soit établi en prenant en compte les critères du niveau de revenu et du territoire d’habitation. L’exigence d’un tel bilan doit, pour cette raison, être intégrée dans les luttes sociales à venir.

    Sans jamais avoir lu Marx, chacun a pu se rendre compte que l’ « accumulation des richesses à un pôle (…), c’est égale accumulation de pauvreté (…) au pôle opposé » (Le Capital, livre premier). Tous ceux qui ne sont pas entièrement déconnectés des quartiers populaires peuvent constater l’ampleur de la colère sociale qui s’exprime – non pas du fait de la misère et de la précarité (qui étaient antérieures à la pandémie), mais en raison de la conscientisation de la polarisation sociale. Le spectacle médiatique de ceux qui trouvaient des vertus au confinement (par réinvestissement de la sphère familiale, retour sur soi, pratique du sport, de la cuisine ou du jardinage, etc.) et les tentatives idéologiques des grands médias visant à l’« esthétiser » ont encore plus accentué cette conscience d’une société polarisée. Les habitants des HLM surpeuplés et plus largement des logements populaires urbains, pour qui le confinement était invivable, se sont trouvés devant l’image indéniable d’une profonde dualité sociale.

    L’utilité sociale des emplois négligés
    Le second dévoilement, inédit cette fois depuis plusieurs décennies, fut l’inversion de l’ordre de valorisation des différents types d’emploi dans notre société. Contrainte de répondre à l’urgence sur le plan sanitaire et soucieuse de faire fonctionner l’économie pour préserver le plus possible ses profits, la classe dominante ne pouvait pas ne pas modifier son discours de légitimation. Infirmières, éboueurs ou travailleurs de l’industrie furent ainsi pragmatiquement mis à l’honneur. Alors que, depuis le tournant néolibéral de la décennie 80, le sommet de l’échelle de la valorisation sociale s’exprimait par les termes de « gagnant », de « start-uppeur », de « premier de cordée », d’« entrepreneurs », etc., ce furent les emplois habituellement négligés qui démontrèrent par les faits leur utilité sociale, leur caractère économiquement incontournable et vital pour l’ensemble du fonctionnement social. Ce qui se dévoile ainsi, c’est la base matérielle de la structure sociale. Ce qui devient indéniable, c’est l’existence contemporaine d’un « prolétariat » que des décennies de luttes idéologiques ont tenté d’occulter au prétexte des mutations réelles des différentes classes sociales.

    Sans jamais avoir lu Karl Marx, chacun a pu constater l’existence d’un prolétariat, c’est-à-dire d’une « classe des travailleurs salariés modernes qui, ne possédant pas en propre leurs moyens de production, sont réduits à vendre leur force de travail pour vivre » (Friedrich Engels, note du Manifeste du parti communiste, 1888). Les salariés qui ont été contraints de continuer à travailler et à prendre les transports en commun – y compris ceux des secteurs « non vitaux » ou sans que les conditions de protection ne soient réunies – n’avaient pas moins peur que les autres. Ceux qui étaient confinés et espéraient, du fait de la dégradation brusque de leur revenu, une reprise rapide du travail – même avec des protections insuffisantes – n’étaient pas des inconscients et des irresponsables. Ils étaient simplement contraints de « vendre leur force de travail pour vivre ». Seule la réduction idéologique de la notion de « prolétariat » aux travailleurs de l’industrie ou aux travailleurs surexploités avait pu banaliser l’idée d’une disparition du « prolétariat ». L’expérience de la pandémie contribue à déchirer ce voile déformant.

    La visibilisation soudaine de ce prolétariat fait apparaître au grand jour son statut social, c’est-à-dire ses niveaux de revenu et ses conditions de travail. C’est ainsi la dégradation ininterrompue de ce statut depuis le tournant néolibéral – en d’autres termes, l’accélération des processus de précarisation, de paupérisation et de flexibilisation de la condition salariale subalterne – qui surgit sur le devant de la scène. La centration sur les personnels de santé liée à l’urgence sanitaire a mis en exergue qu’aucun secteur n’était épargné par cette dégradation continue. Non seulement le prolétariat s’est imposé comme réalité incontestable, mais la tendance à sa transformation en précariat généralisé également. La réapparition de la faim dans les quartiers populaires situe le pôle extrême de ce précariat constitué par tous ceux contraints au travail informel (celui couramment mal nommé « travail au noir »), à l’intérim ou aux CDD à répétition. Pour eux, la baisse de revenu fut immédiate et sans filet. Pour eux, la pandémie fut synonyme de restrictions alimentaires.

    Les travailleurs pour ce qu’ils sont
    Le troisième dévoilement réalisé par l’épreuve de la pandémie et du confinement fut la mise en évidence du caractère coloré et sexué de ce prolétariat en voie de précarisation généralisée. Tout en étant peu mis en exergue par les commentaires journalistiques, la féminisation des emplois les plus précaires a ainsi été exposée quotidiennement. #Caissières, #aides-soignantes, #infirmières, etc. : ces emplois avaient tendance à être idéologiquement construits comme naturellement « féminins », alors qu’ils ne le sont que par assignation discriminante.

    Le même dévoilement s’est opéré à propos de la « race » visibilisant l’assignation des immigrés et de leurs héritiers français dans ces secteurs brusquement considérés comme absolument vitaux et qui sont, comme pour les « emplois féminins », caractérisés par la précarité, les faibles salaires et les mauvaises conditions de travail. Alors que ces salariés étaient absents des écrans et des discours, les reportages sur les éboueurs, les chauffeurs ou les ouvriers du bâtiment les ont fait apparaître pour ce qu’ils sont : des travailleurs assignés aux segments les plus surexploités du marché du travail.

    Ceux qui n’apparaissaient médiatiquement que sous des figures stigmatisantes (à l’occasion de reportages sur « la crise des banlieues », sur le « communautarisme », sur « l’islamisme », etc.) ont pour une fois eu un autre visage. Même les sans-papiers ont vu – certes de manière marginale et peu relayée médiatiquement – leur image se transformer par les demandes émanant de grosses exploitations agricoles en faveur d’une autorisation exceptionnelle pour les employer. Ce que rend ainsi visible la pandémie est l’ampleur de la segmentation sexiste et raciste du marché du travail. Le sexe et la « race » apparaissent comme des modes de gestion du rapport de classes.

    Une conscience plus aiguë
    Le quatrième dévoilement porte sur l’autre extrémité de la polarisation sociale, celle de la classe dominante. Les premières mesures économiques du gouvernement ont été prises en sa faveur. Alors que se succédaient les plans d’aide sectoriels, aucune mesure significative d’allégement n’a été prise pour les salariés. Le gel des loyers et des charges n’a jamais été envisagé, alors même que le confinement faisait baisser drastiquement les revenus des plus précaires. Le « plan d’urgence économique » voté le 23 avril prévoit 900 millions d’euros pour les ménages touchant le RSA, 4 milliards pour les primes des personnels soignants et 20 milliards pour la recapitalisation des grandes entreprises publiques. Aucune contrepartie à ces nouvelles aides aux entreprises n’est prévue : ni le gel de la distribution des dividendes, ni la fixation de conditions de maintien de l’emploi. En somme, la logique qui s’exprime reste la logique néolibérale résumée dans la formule « socialisation des pertes et privatisation des bénéfices ». L’État assure bien une fonction de redistribution, mais du bas vers le haut. Un ruissellement à l’envers, en quelque sorte.

    Les quatre dévoilements rapidement décrits ci-dessus dessinent le visage de la société française contemporaine : une société fortement polarisée socialement ; segmentée selon, entre autres, des critères sexistes et racistes ; comprenant un pôle marqué par le précariat absolu ; inscrite dans une tendance au déclassement généralisé ; et gérant les impacts économiques de la pandémie par une redistribution vers le haut. Les classes populaires, tous segments confondus, sortent également de cette expérience douloureuse avec une conscience plus aiguë de ces réalités habituellement déformées par l’idéologie dominante. Plus que jamais, la lutte des classes – dans les formes multiples qu’elle peut prendre – est une réalité prégnante. L’issue de l’étape actuelle de cette lutte, c’est-à-dire celle de la question « Qui paiera l’impact économique de la pandémie ? », sera fonction de notre capacité collective à forger un « nous » incluant les différents segments des classes populaires et prenant comme centralité les plus paupérisés, les plus précaires, les plus discriminés.

    Saïd Bouamama

     #saïd_bouamama à propos des #déplorables #Social #pauvreté #précarisation #médias #ruissellement #Gilets_jaunes #travail #pandémie #invisibles

  • « Plutôt Hitler que le Front Populaire, illustration :
    Ce que prouve l’invasion du Capitole, c’est qu’on a détourné l’attention des vrais problèmes en occultant le danger de l’extrême droite en accusant « l’ultra gauche » de tous les maux. »
    Devinez ce que fait #LREM ?

    Au lieu de dénoncer l’extrême droite, LREM attaque Mélenchon qui la dénonce.
    Voilà où on en est...
    #Capitol #Melenchon #complaisance #extrême-droite
    https://linsoumission.fr/2021/01/07/attaque-du-capitole-comment-les-macronistes-protegent-lextreme-droite

    • Sinon faudrait faire le tour des trous de balle français qui importent le trumpisme et soutiennent les néo-nazis qui entrent dans le Capitole parce que le résultat des élections ne leur plaît pas.

      André Bercoff :
      https://twitter.com/andrebercoff/status/1346908997270573063

      Ce qui se passe aujourd’hui à #WashingtonDC , qu’on s’en réjouisse ou qu’on le déplore, c’est le début d’un printemps américain. Il y eut une fraude massive, il y a un peuple qui ne l’accepte pas. La lobotomie n’a pas complètement réussie. Amen.

      Thierry Mariani ne veut pas qu’on caricature les gentils américains QAnon, avec un t-shirt Auschwitz et le drapeau confédéré :
      https://twitter.com/ThierryMARIANI/status/1347065874361053185

      Ce matin nos médias,nous répètent que des miliciens d’extrême droite suréquipés ont pris d’assaut le #Capitole
      TOUT EN DÉSAVOUANT CELA,ai-je le droit de dire qu’ils ressemblent plus à des américains désespérés et perdus qu’à de dangereux miliciens ?
      Stop à la caricature !

      (Ce matin il a un autre angle à la con, mais c’est même pas la peine.)

    • Il y a aussi E.Z le clône batracien de Trump

      « ceux qui ont déconstruit, et finalement désagrégé l’Amérique, ce n’est pas Trump, ce sont les mouvements des années 60 d’extrême-gauche, qui naissent dans les campus américains contre la guerre du Vietnam ». « En vérité, cette classe populaire américaine [celle qui a voté Trump, NDLR] attendait son champion, aucun n’osait lever l’étendard et affronter ces mouvements de gauche qui tenaient les médias, la finance, les GAFA après. Et Trump s’est levé, et il s’est battu »

    • Gilets jaunes et Capitole : une déraisonnable exploitation politique
      https://www.mediapart.fr/journal/france/070121/gilets-jaunes-et-capitole-une-deraisonnable-exploitation-politique

      Emmanuel Macron a surgi sur les réseaux sociaux en plein milieu de la nuit. Dans une courte vidéo solennellement enregistrée derrière un pupitre de l’Élysée, le président de la République a condamné l’intrusion violente des manifestants pro-Donald Trump dans l’enceinte du Congrès américain, mercredi 6 janvier à Washington (États-Unis). « Nous ne céderons rien à la violence de quelques-uns qui veulent remettre en cause » la démocratie, a-t-il déclaré, ajoutant : « C’est notre choix, depuis plusieurs siècles, de mettre la dignité humaine, la paix, le respect de l’autre, la reconnaissance de la liberté au-dessus de tout, qui est aujourd’hui menacé dans nos démocraties. »

      Sitôt les premières images du Capitole diffusées, la quasi-totalité des élus La République en marche (LREM) y est allée de son propre commentaire sur les événements, en utilisant un prisme politique très franco-français. « #Trump n’invente rien. @JLMelenchon et @Francois_Ruffin ont en leur temps tenté le coup de force institutionnel #FranceUnie #Macron2022 », a par exemple tweeté le député de la majorité Bruno Questel, avant d’interpeller directement le chef de file de La France insoumise (LFI) : « En France, le danger est connu ; c’est vous, prêt à tout, même au pire… » Plusieurs militants marcheurs lui ont emboîté le pas.

      Les partisans de Trump forcent les barrages policiers devant le Capitole, le 6 janvier. © Roberto Schmidt/AFP Les partisans de Trump forcent les barrages policiers devant le Capitole, le 6 janvier. © Roberto Schmidt/AFP

      C’est notamment le cas d’Ambroise Méjean, délégué général des Jeunes avec Macron, qui a écrit à l’attention de Jean-Luc Mélenchon : « Le danger pour la démocratie c’est tous ceux qui encouragent les séditieux et la violence. Qu’ils se nomment gilets jaunes, qu’ils soient supporters de Trump, d’extrême droite ou anarchistes. Vous les nourrissez et vous devriez avoir honte. » Dans les rangs de LREM, l’analogie avec le mouvement citoyen qui a bousculé la France à l’hiver 2018 a aussi été reprise par la députée Aurore Bergé, présidente déléguée du groupe majoritaire à l’Assemblée nationale qui a retweeté le message suivant : « Factieux trumpistes aujourd’hui / gilets jaunes hier. »

      À l’époque déjà, Emmanuel Macron s’était élevé contre ce qu’il qualifiait de « démocratie de l’émeute ». « Il faut maintenant dire que lorsqu’on va dans des manifestations violentes, on est complice du pire », avait-il déclaré en février 2019, en saluant « le travail remarquable » des forces de l’ordre mobilisées durant les « samedis de violence ». « Les #GiletsJaunes seraient arrivés au même résultat à l’Élysée ou à l’@AssembleeNat sans l’action de la #Police. Les extrémistes qui les ont encouragés espéraient aussi obtenir par la rue ce que les urnes leur refusent. D’où la nécessité d’endiguer une insurrection. #Capitol », a d’ailleurs réagi le syndicat policier Synergie-Officiers.

      Confronté à un mouvement hors cadre qui ne lui offrait aucune prise, le pouvoir avait très tôt tenté de le délégitimer. Le ministre de l’intérieur de l’époque, Christophe Castaner, avait ainsi réduit les manifestants parisiens du 24 novembre 2018 à des « séditieux d’ultradroite », tandis que son successeur à Beauvau, Gérald Darmanin, qui était alors ministre de l’action et des comptes publics, avait parlé de « peste brune ». À l’occasion de ses vœux pour l’année 2019, le président de la République avait quant à lui fustigé les « porte-voix d’une foule haineuse » qui s’en prennent à certaines personnes au prétexte de « parler au nom du peuple ».

      Cette analogie entre les gilets jaunes et les événements du Capitole s’inscrit dans une stratégie politique mise en place par les macronistes depuis le début du quinquennat, autour d’une ligne de partage trop simpliste pour être pertinente – « progressistes » contre « nationalistes » ou « populistes ». Profitant de l’affaiblissement des partis d’opposition et se présentant comme le seul rempart face au « chaos », Emmanuel Macron a placé l’extrême droite au centre du jeu, au risque de l’installer comme unique alternative. C’est dans cette même logique que certains élus du Rassemblement national (RN) ont eux aussi cherché des passerelles entre les États-Unis et la France.

      « Compliqué effectivement pour la France des #GiletsJaunes de donner des leçons de démocratie aux États-Unis. Les démocraties occidentales sont malades des élites mondialisées qui ont trahi les peuples. En France comme aux États-Unis », a ainsi tweeté l’eurodéputé du RN Jérôme Rivière. « Les grandes leçons de Macron, président de la répression contre les manifestations des Gilets Jaunes et sous lequel les libertés ne cessent de reculer. Les peuples n’en peuvent plus de ces élites moralisatrices et de leur Système qui les piétinent depuis de longues années… », a également commenté son collègue de banc au Parlement européen, Jean-Lin Lacapelle.

      À quel point cette analogie avec le mouvement français tient-elle ? Et de quoi parle-t-on exactement ? Des gilets jaunes sous leur forme organisée, dynamique, ou d’un individu gilet jaune archétypal, qui n’existe pas, une sorte de parfait « Jojo le gilet jaune », pour reprendre l’expression d’Emmanuel Macron ? Quoi qu’il en soit, les caractéristiques des mouvements américains et français ont fort peu en commun. La foule qui a pris d’assaut le Capitole en passant par ses fenêtres est un agglomérat d’Américains patiemment fanatisés par Donald Trump, arborant sur leurs casquettes rouges les lettres « MAGA », du fameux slogan « Make America great again », celui de sa campagne en 2016.

      Tatouages nazis sur le corps, drapeaux confédérés à la main, l’affiliation de ces manifestants à l’extrême droite ainsi qu’à diverses idéologies racistes est patente, de même que leur ultra-conspirationnisme, symbolisé par les nombreuses références au mouvement des QAnon. Il s’agit d’un mouvement pourvu d’un leader, qu’une partie de la classe politique américaine soutenait jusqu’à récemment, disposant d’argent et de relais médiatiques. S’ils ont envahi le Capitole, sous les yeux médusés du monde, c’est pour répondre à la suggestion d’un milliardaire devenu président des États-Unis, qui, dans le cadre d’une manifestation qu’il avait lui-même organisée à Washington, clamait ceci : « Nous ne concéderons jamais la défaite. »
      Les gilets jaunes, des citoyens d’horizons très divers

      Donald Trump s’est finalement retrouvé obligé de siffler la fin de partie pour que ses « proud guys » rebroussent chemin, tout en les assurant de son soutien et de son « amour » – à la suite de ces messages, Facebook et Twitter ont un temps suspendu ses comptes. Les militants, électrisés par ses soins, les mêmes qui avaient tenté d’intimider les agents des bureaux de vote en novembre dernier, ne remettent pas en cause les règles du jeu électoral américain. Ils contestent seulement l’échec de leur chef, privé par les urnes d’un deuxième mandat. Si certains brandissaient la Constitution, s’en seraient-ils seulement souciés si leur candidat avait remporté la mise face à Joe Biden ?

      Les gilets jaunes ont, eux, démarré leur mouvement sur une revendication de pouvoir d’achat, et de contestation d’une nouvelle « taxe carbone », avant de squatter les ronds-points de leurs villes. Cet appel de novembre 2018 a effectivement réuni des citoyens d’horizons très divers, politiquement, socialement, économiquement, dans un mouvement bien plus composite que les mobilisations sociales françaises ordinaires. Leur dépolitisation partisane initiale fut également un marqueur bien plus fort que leur affiliation à un camp en particulier.

      Le mouvement s’est bel et bien fortement politisé au fil des mois, mais en penchant vers les notions de justice sociale et fiscale, voire climatique, et une remise en cause de la démocratie représentative, avec notamment cette revendication phare du référendum d’initiative citoyenne (RIC), basée, il est vrai, sur une profonde méfiance, pour ne pas dire une franche détestation, de la « classe politique » nationale. Des sujets plus sociétaux comme l’immigration – qu’Emmanuel Macron avait d’ailleurs tenté d’imposer dans son « grand débat national » – ou d’autres relatifs à la famille ont souvent été quasiment bannis des discussions collectives organisées, car considérés comme « hors champ », et potentiellement destructeurs pour les groupes locaux.

      Le racisme, la xénophobie, la lutte contre l’avortement ou la défense des valeurs familiales traditionnelles, l’anti-étatisme et le conspirationnisme n’ont jamais constitué le carburant des gilets jaunes. La prise des institutions par la violence n’a jamais figuré non plus dans les feuilles de route définies lors des nombreuses tentatives de consolidation programmatique menées à l’occasion des assemblées populaires locales, des AG régionales ou nationales (racontées ici, ici, ou là).

      Il y a bien eu des slogans ou des pancartes racistes, homophobes, antisémites, dans les cortèges ou sur les ronds-points, comme Mediapart l’a d’ailleurs relaté dans différents articles. Mais cela s’est déroulé à la marge du mouvement, et fut le plus souvent canalisé par les gilets jaunes eux-mêmes. Il y a aussi eu des électeurs de l’extrême droite dans les groupes éparpillés à travers la France, tout comme des militants de la France insoumise ou du NPA, des syndicalistes, tout le spectre des militants de gauche.

      Les effets de bulles, alimentées par une consommation effrénée des réseaux sociaux, nourrissent sans doute le complotisme d’une partie de la population française, et parmi elles les plus réfractaires aux discours officiels, dont bien sûr des gilets jaunes, mais rien ne dit, là encore, que se revendiquer de ce mouvement rende davantage perméable à de telles dérives. Le mouvement des QAnon, par exemple, va pêcher très large, des gourous du bien-être aux jeunes youtubeurs branchés.

      Sur le mode opératoire, enfin. Des citoyens, peinturlurés et à l’allure baroque, qui se filment et font des selfies dans les couloirs en marbre du Capitole, le tout dans une ambiance de désorganisation évidente, ont contribué, en France, à filer l’analogie. L’Arc de triomphe vandalisé, et cette fameuse statue de plâtre éborgnée, présentée à tort comme la Marianne de la République, les institutions n’étaient-elles pas, chez nous aussi, sur le point de tomber, le 1er décembre 2018 ?

      À ce moment-là, comme l’ont répété les commentateurs politiques, Emmanuel Macron a eu peur pour les institutions et « donc pour lui-même ». Mais il s’agissait, à l’issue d’une manifestation très tendue, d’érafler un symbole inerte du pouvoir, ce qui place l’opération à mille lieues de la charge sur le Congrès américain, haut lieu du pouvoir législatif, avec le soutien d’un président en exercice.

      Il y a bien eu, le 5 janvier 2019, « l’assaut au transpalette », abondamment commenté lui aussi, du secrétariat d’État de Benjamin Griveaux, alors porte-parole du gouvernement. L’histoire nous apprendra qu’il s’agissait de seulement cinq gilets jaunes – deux d’entre eux seront relaxés par la justice dans cette affaire, et trois seront condamnés –, juchés sur un chariot élévateur, qui après avoir défoncé la porte du ministère sont allés s’en prendre à une vitrine voisine. Pas vraiment une attaque coordonnée contre les institutions de la République.

      Quant aux appels réguliers, et un peu bravaches, à « prendre l’Élysée » au cours de ces longs mois de manifestations, ils sont du même acabit : plus proches de la jouissance à s’approcher des lieux de pouvoir, politiques ou financiers, et surtout hautement symboliques.

      Enfin, l’aspect insurrectionnel, parfois émeutier, des « samedis jaunes », où se sont agrégés bien d’autres groupes militants – antiracistes, climatiques, syndicaux –, résulte d’une confrontation assidue et régulière avec les forces de police, aux techniques de maintien de l’ordre répressives dénoncées, jusque sur la scène internationale. À tel point que les violences policières sont venues s’ajouter à l’arc des revendications initiales.

      Croire déceler les gilets jaunes dans l’ombre des factieux du Capitole semble donc aussi étrange que de voir, comme le faisaient les commentateurs russes facétieux hier soir, une réplique des révolutions colorées au Kirghizistan, en Géorgie ou en Ukraine, ces vingt dernières années, dans les événements américains de mercredi. Le trait commun, en revanche, peut être que chaque dirigeant politique y projette ses propres effrois et fantasmes.

  • « Une mère de famille peut faire 70 heures de garde à vue simplement parce qu’elle tient un parapluie. »
    http://www.davduf.net/une-mere-de-famille-peut-faire-70-heures-de-garde

    Travailleuse sociale, gilet jaune d’Amiens, membre des Mutilés pour l’exemple et de la Coordination nationale contre la loi Sécurité globale, Mélanie Ngoye Gaham a passé trois jours et trois nuits en garde à vue. Pour rien. Ou plutôt si : pour avoir manifesté le 12 décembre contre la loi Sécurité globale. Elle est sortie sans aucune charge retenue contre elle. « Bien sûr que oui j’ai peur. J’ai toujours eu peur d’aller manifester, mais bien sûr que non je ne lâcherai pas la rue. Dès janvier je serai de (...) #Allo_Place_Beauvau

    / Une, #Allo_Place_Beauvau, #Gilets_Jaunes, #Police, #Maintien_de_l'ordre

  • Semer le trouble. #Soulèvements, #subversions, #refuges

    On étouffe. La situation n’est pas tenable. Nous courons à la catastrophe. L’effet de sidération paralyse les velléités d’action. Ce contre quoi nous avons des raisons de nous insurger semble se fondre dans un même mouvement global, une lame de fond irrépressible. Quels moyens possédons-nous pour semer le trouble dans la mécanique des rapports de domination ? Ce numéro fait appel à notre expérience collective des techniques de lutte et enquête sur les foyers de résistance qui s’élaborent et opposent aux gouvernementalités de nouvelles priorités, d’autres perspectives. Les collectifs travaillent leurs outils autant que leurs convictions ; ils suspendent le temps, par adaptation ou détournement de choses et de dispositifs. Comment la « mésentente », qui vient troubler l’idylle consensuelle de la politique, se trouve-t-elle instruite et équipée par les gestes et les instruments propres aux mouvements de lutte ?
    Ce numéro est élaboré dans le contexte de la mobilisation contre des réformes qui mettent en danger la vitalité de l’enseignement supérieur et de la recherche. Par cette matérialisation, en revue, d’un désaccord têtu, Techniques&Culture propose un répertoire non exhaustif des actions qui sèment et cultivent le trouble.

    https://journals.openedition.org/tc/14102

    Sommaire :

    Annabel Vallard, Sandrine Ruhlmann et Gil Bartholeyns
    Faire lutte

    Matthieu Duperrex et Mikaëla Le Meur
    Matières à friction et techniques de lutte [Texte intégral]
    –—
    Voies du #soulèvement

    François Jarrige
    #Sabotage, un essai d’archéologie au xixe siècle

    Maxime Boidy
    Qu’est-ce qu’un #bloc en politique ?

    Violaine Chevrier
    Occuper et marquer l’#espace. Des « #cortèges_de_tête » aux #Gilets_jaunes à #Marseille

    –—
    Fragments de lutte

    Başak Ertür
    La #barricade

    Lucille Gallardo
    Simuler et politiser la mort : le #die-in

    Claire Richard
    Les #Young_Lords et l’offensive des #poubelles

    Thomas Billet, Leny Dourado et Agnès Jeanjean
    La #colère des #blouses_blanches

    Sandra Revolon
    #Game_of_Thrones

    Magdalena Inés Pérez Balbi
    « Que le pays soit leur prison ». Les #escraches contre les génocidaires en #Argentine

    Yann Philippe Tastevin
    Le pneu au piquet

    –—

    #Arts de la subversion

    Catherine Flood
    #Disobedient_Objects. Exposition indisciplinée

    Umberto Cao
    « Résistances électriques » Le mouvement “Luz y Fuerza del Pueblo” au #Chiapas (Mexique)

    Lucie Dupré
    Faire lutte de tout arbre

    Thomas Golsenne
    Politiques de la #craftification

    –—

    Fragments de lutte

    Zoé Carle
    Affiche-action ! La longue histoire des luttes contre le #logement_indigne à Marseille

    Élisabeth Lebovici
    « Je suis… Et vous… »

    Jean-Paul Fourmentraux
    La #sous-veillance, Paolo Cirio

    Nicolas Nova et Félicien Goguey
    Le #black_fax et ses dérivés

    Pierre-Olivier Dittmar
    Du mur de post-it à l’ex-voto. Les signes publics des #émotions_politiques

    Mikaëla Le Meur
    À cause de #Macron. La #désobéissance en kit

    Georges Favraud
    Du #conflit public à la force des intériorités. Stratégies taoïstes de la lutte

    –—

    Refuges et pratiques réparatrices

    Perrine Poupin
    Prendre soin des manifestants. Les #street-medics dans le mouvement des Gilets jaunes

    Joanne Clavel et Camille Noûs
    #Planetary_Dance d’#Anna_Halprin. Étoile d’une constellation kinesthésique et écologique

    Madeleine Sallustio
    #Moissons conviviales. Chercher l’#autonomie en #collectif_néo-paysan

    Raphaële Bertho et Jürgen Nefzger
    Jürgen Nefzger, activiste visuel sur le terrain de la tradition paysagère

    –---
    Fragments de lutte
    Sandrine Ruhlmann
    Composer pour résister ou exister en #Mongolie

    Sébastien Galliot
    Plein le dos. Un réseau militant de chair et de papier

    Soheil Hajmirbaba et Le consortium Où Atterrir ?
    S’orienter dans la description de nos terrains de vie

    Irène Hirt et Caroline Desbiens
    Exister sur la mappemonde. Cartographies autochtones

    Edgar Tasia
    Le #Gamarada. Dispositif de #résilience, incubateur de #résistance

    Florent Grouazel
    Les subsistances

    #revue #résistance #lutte #luttes

    ping @karine4 @isskein

    • Techniques & Culture 74. Semer le trouble

      Si la situation n’est pas tenable, et si nous courons à la catastrophe, comment lutter contre la marche des choses ? Quels outils, quels moyens possédons-nous pour semer le trouble dans la mécanique des rapports de domination ? Ce numéro fait appel à notre expérience collective des formes de lutte, enquêtant sur les foyers de résistance, même circonscrits, même temporaires, qui s’élaborent et opposent aux gouvernementalités de nouvelles priorités, d’autres perspectives.

      https://www.youtube.com/watch?v=es7Yxc1KKQI&feature=youtu.be

  • #Mort de #Zineb_Redouane, les #preuves qui accusent la #police

    Disclose et Forensic Architecture ont réalisé une contre-enquête des évènements qui ont coûté la vie à Zineb Redouane, le 2 décembre 2018, à #Marseille. A l’aide de documents inédits et d’une #modélisation 3D des événements, elle démontre que la responsabilité de la police est plus que jamais engagée dans cette affaire.

    https://www.youtube.com/watch?v=bhsbnmci04U


    #violences_policières #gilets_jaunes #décès #grenade_lacrymogène #André_Ribes #vidéo #forensic_architecture #architecture_forensique #expertise_balistique #justice #impunité #armes #rapport_balistique #contre-expertise #CRS #IGPN

  • Ce feu qui nous rassemble
    http://acontretemps.org/spip.php?article815
    à propos de Péage Sud de Sébastien Navarro aux Éditions du Chien rouge, Marseille.

    Si ce Péage Sud surpasse bien des ouvrages, même dignes d’intérêt, parus à ce jour sur le mouvement des Gilets jaunes, c’est qu’il nous restitue, de l’intérieur et en fil direct, ce qui fit – et continue de faire – sa singularité dans l’histoire de la « canaille », comme disait Thiers des communards. Cette singularité, c’est l’idée que quiconque veut le rejoindre ou le quitter « s’y agrège et se désagrège sans que des protocoles aient besoin d’être déployés ». La tribu ne sélectionne pas ; elle n’exclut pas non plus. Ce qu’elle construit, c’est un « agir » spontané, une « énergie politique sans leader », une « puissance » désidentifiée, une force insaisissable capable de muter au gré des convergences qui pourraient naître de la fraternité des combats. C’est ainsi que les Gilets jaunes ont trouvé naturellement leur place dans le mouvement contre l’ignoble projet macronien de contre-réforme des retraites et qu’ils sont encore là, au bout de cette sinistre année 2020 où tout nous fut volé de nos patientes impatiences. Ils savent que la police tient l’État dans sa pogne, qu’elle a fait corps séparé et que c’est précisément pour cela que Darmanin leur lâche tout. Et pourtant ils attendent toujours le grand soulèvement, plus convaincus que jamais que leur cause est juste et leurs pratiques méritoires. C’est aussi en cela qu’ils font exception. Ils se refusent, en fait, à n’être réduits qu’au souvenir d’eux-mêmes aux heures du grand feu qui les/nous rassembla. Ils n’en ont pas fini avec Macron et son monde de merde.

    Voir :
    https://seenthis.net/messages/885331
    https://seenthis.net/messages/886310

    #Sébastien_Navarro #livre #CQFD #Chien_Rouge #Gilets_jaunes

  • [portfolio] Gilets jaunes : deux ans debout
    https://www.revue-ballast.fr/gilets-jaunes-deux-ans-debout-portfolio

    Ce mois de novembre marque les deux ans du sou­lè­ve­ment des gilets jaunes. Malgré le reflux du mou­ve­ment, il n’est, aujourd’­hui encore, plus une seule mobi­li­sa­tion sans hommes et femmes vêtus d’un gilet jaune. À l’oc­ca­sion de ces deux ans, nous publions quelques images prises au fil des mois par plu­sieurs de nos pho­to­graphes. Source : Ballast

  • #Police attitude, 60 ans de #maintien_de_l'ordre - Documentaire

    Ce film part d´un moment historique : en 2018-2019, après des affrontements violents entre forces de l´ordre et manifestants, pour la première fois la conception du maintien de l´ordre a fait l´objet de très fortes critiques et d´interrogations insistantes : quelle conception du maintien de l´ordre entraîne des blessures aussi mutilante ? N´y a t-il pas d´autres manières de faire ? Est-ce digne d´un État démocratique ? Et comment font les autres ? Pour répondre à ces questions, nous sommes revenus en arrière, traversant la question du maintien de l´ordre en contexte de manifestation depuis les années 60. Pas seulement en France, mais aussi chez nos voisins allemands et britanniques, qui depuis les années 2000 ont sérieusement repensé leur doctrine du maintien de l´ordre. Pendant ce temps, dans notre pays les autorités politiques et les forces de l´ordre, partageant la même confiance dans l´excellence d´un maintien de l´ordre « à la française » et dans le bien-fondé de l´armement qui lui est lié, ne jugeaient pas nécessaire de repenser la doctrine. Pire, ce faisant c´est la prétendue « doctrine » elle-même qui se voyait de plus en plus contredite par la réalité d´un maintien de l´ordre musclé qui devenait la seule réponse française aux nouveaux contestataires - lesquels certes ne rechignent pas devant la violence, et c´est le défi nouveau qui se pose au maintien de l´ordre. Que nous apprend in fine cette traversée de l´Histoire ? Les approches alternatives du maintien de l´ordre préférées chez nos voisins anglo-saxons ne sont sans doute pas infaillibles, mais elles ont le mérite de dessiner un horizon du maintien de l´ordre centré sur un rapport pacifié aux citoyens quand nous continuons, nous, à privilégier l´ordre et la Loi, quitte à admettre une quantité non négligeable de #violence.

    https://www.dailymotion.com/video/x7xhmcw


    #France #violences_policières
    #film #film_documentaire #Stéphane_Roché #histoire #morts_de_Charonne #Charonne #répression #mai_68 #matraque #contact #blessures #fractures #armes #CRS #haie_d'honneur #sang #fonction_républicaine #Maurice_Grimaud #déontologie #équilibre #fermeté #affrontements #surenchère #désescalade_de_la_violence #retenue #force #ajustement_de_la_force #guerilla_urbaine #CNEFG #Saint-Astier #professionnalisation #contact_direct #doctrine #maintien_de_l'ordre_à_la_française #unités_spécialisées #gendarmes_mobiles #proportionnalité #maintien_à_distance #distance #Allemagne #Royaume-Uni #policing_by_consent #UK #Angleterre #Allemagne #police_militarisée #Irlande_du_Nord #Baton_rounds #armes #armes_à_feu #brigades_anti-émeutes #morts #décès #manifestations #contestation #voltigeurs_motoportés #rapidité #23_mars_1979 #escalade #usage_proportionné_de_la_force #Brokdorf #liberté_de_manifester #innovations_techniques #voltigeurs #soulèvement_de_la_jeunesse #Malik_Oussekine #acharnement #communication #premier_mai_révolutionnaire #Berlin #1er_mai_révolutionnaire #confrontation_violente #doctrine_de_la_désescalade #émeutes #G8 #Gênes #Good_practice_for_dialogue_and_communication (#godiac) #projet_Godiac #renseignement #état_d'urgence #BAC #brigades_anti-criminalité #2005 #émeutes_urbaines #régime_de_l'émeute #banlieue #LBD #flashball #lanceur_de_balles_à_distance #LBD_40 #neutralisation #mutilations #grenades #grenade_offensive #barrage_de_Sivens #Sivens #Rémi_Fraisse #grenade_lacrymogène_instantanée #cortège_de_tête #black_bloc #black_blocs #gilets_jaunes #insurrection #détachement_d'action_rapide (#DAR) #réactivité #mobilité #gestion_de_foule #glissement #Brigades_de_répression_des_actions_violentes_motorisées (#BRAV-M) #foule #contrôle_de_la_foule #respect_de_la_loi #hantise_de_l'insurrection #adaptation #doctrine #guerre_civile #défiance #démocratie #forces_de_l'ordre #crise_politique

  • La #Technopolice, moteur de la « #sécurité_globale »

    L’article 24 de la #loi_Sécurité_Globale ne doit pas devenir l’arbre qui cache la forêt d’une politique de fond, au cœur de ce texte, visant à faire passer la #surveillance et le #contrôle_de_la_population par la police à une nouvelle ère technologique.

    Quelques jours avant le vote de la loi Sécurité Globale à l’Assemblée Nationale, le ministère de l’Intérieur présentait son #Livre_blanc. Ce long #rapport de #prospective révèle la #feuille_de_route du ministère de l’Intérieur pour les années à venir. Comme l’explique Gérard Darmanin devant les députés, la proposition de loi Sécurité Globale n’est que le début de la transposition du Livre dans la législation. Car cette loi, au-delà de l’interdiction de diffusion d’#images de la police (#article_24), vise surtout à renforcer considérablement les pouvoirs de surveillance des #forces_de_l’ordre, notamment à travers la légalisation des #drones (article 22), la diffusion en direct des #caméras_piétons au centre d’opération (article 21), les nouvelles prérogatives de la #police_municipale (article 20), la #vidéosurveillance dans les hall d’immeubles (article 20bis). Cette loi sera la première pierre d’un vaste chantier qui s’étalera sur plusieurs années.

    Toujours plus de pouvoirs pour la police

    Le Livre blanc du ministère de l’Intérieur envisage d’accroître, à tous les niveaux, les pouvoirs des différentes #forces_de_sécurité (la #Police_nationale, la police municipale, la #gendarmerie et les agents de #sécurité_privée) : ce qu’ils appellent, dans la novlangue officielle, le « #continuum_de_la_sécurité_intérieure ». Souhaitant « renforcer la police et la rendre plus efficace », le livre blanc se concentre sur quatre angles principaux :

    - Il ambitionne de (re)créer une #confiance de la population en ses forces de sécurité, notamment par une #communication_renforcée, pour « contribuer à [leur] légitimité », par un embrigadement de la jeunesse – le #Service_National_Universel, ou encore par la création de « #journées_de_cohésion_nationale » (page 61). Dans la loi Sécurité Globale, cette volonté s’est déjà illustrée par la possibilité pour les policiers de participer à la « #guerre_de_l’image » en publiant les vidéos prises à l’aide de leurs #caméras_portatives (article 21).
    - Il prévoit d’augmenter les compétences des #maires en terme de sécurité, notamment par un élargissement des compétences de la police municipale : un accès simplifié aux #fichiers_de_police, de nouvelles compétences en terme de lutte contre les #incivilités … (page 135). Cette partie-là est déjà en partie présente dans la loi Sécurité Globale (article 20).
    - Il pousse à une #professionnalisation de la sécurité privée qui deviendrait ainsi les petites mains de la police, en vu notamment des #Jeux_olympiques Paris 2024, où le besoin en sécurité privée s’annonce colossal. Et cela passe par l’augmentation de ses #compétences : extension de leur #armement, possibilité d’intervention sur la #voie_publique, pouvoir de visionner les caméras, et même le port d’un #uniforme_spécifique (page 145).
    - Enfin, le dernier grand axe de ce livre concerne l’intégration de #nouvelles_technologies dans l’arsenal policier. Le titre de cette partie est évocateur, il s’agit de « porter le Ministère de l’Intérieur à la #frontière_technologique » (la notion de #frontière évoque la conquête de l’Ouest aux États-Unis, où il fallait coloniser les terres et les premières nations — la reprise de ce vocable relève d’une esthétique coloniale et viriliste).

    Ce livre prévoit une multitude de projets plus délirants et effrayants les uns que les autres. Il propose une #analyse_automatisée des #réseaux_sociaux (page 221), des #gilets_connectés pour les forces de l’ordre (page 227), ou encore des lunettes ou #casques_augmentés (page 227). Enfin, le Livre blanc insiste sur l’importance de la #biométrie pour la police. Entre proposition d’#interconnexion des #fichiers_biométriques (#TAJ, #FNAEG, #FAED…) (page 256), d’utilisation des #empreintes_digitales comme outil d’#identification lors des #contrôles_d’identité et l’équipement des #tablettes des policiers et gendarmes (#NEO et #NEOGEND) de lecteur d’empreinte sans contact (page 258), de faire plus de recherche sur la #reconnaissance_vocale et d’#odeur (!) (page 260) ou enfin de presser le législateur pour pouvoir expérimenter la #reconnaissance_faciale dans l’#espace_public (page 263).

    Le basculement technologique de la #surveillance par drones

    Parmi les nouveaux dispositifs promus par le Livre blanc : les #drones_de_police, ici appelés « #drones_de_sécurité_intérieure ». S’ils étaient autorisés par la loi « Sécurité Globale », ils modifieraient radicalement les pouvoirs de la police en lui donnant une capacité de surveillance totale.

    Il est d’ailleurs particulièrement marquant de voir que les rapporteurs de la loi considèrent cette légalisation comme une simple étape sans conséquence, parlant ainsi en une phrase « d’autoriser les services de l’État concourant à la #sécurité_intérieure et à la #défense_nationale et les forces de sécurité civile à filmer par voie aérienne (…) ». Cela alors que, du côté de la police et des industriels, les drones représentent une révolution dans le domaine de la sécurité, un acteur privé de premier plan évoquant au sujet des drones leur « potentiel quasiment inépuisable », car « rapides, faciles à opérer, discrets » et « tout simplement parfaits pour des missions de surveillance »

    Dans les discours sécuritaires qui font la promotion de ces dispositifs, il est en effet frappant de voir la frustration sur les capacités « limitées » (selon eux) des caméras fixes et combien ils fantasment sur le « potentiel » de ces drones. C’est le cas du maire LR d’Asnières-sur-Seine qui en 2016 se plaignait qu’on ne puisse matériellement pas « doter chaque coin de rue de #vidéoprotection » et que les drones « sont les outils techniques les plus adaptés » pour pallier aux limites de la présence humaine. La police met ainsi elle-même en avant la toute-puissance du #robot par le fait, par exemple pour les #contrôles_routiers, que « la caméra du drone détecte chaque infraction », que « les agents démontrent que plus rien ne leur échappe ». Même chose pour la #discrétion de ces outils qui peuvent, « à un coût nettement moindre » qu’un hélicoptère, « opérer des surveillances plus loin sur l’horizon sans être positionné à la verticale au-dessus des suspects ». Du côté des constructeurs, on vante les « #zooms puissants », les « #caméras_thermiques », leur donnant une « #vision_d’aigle », ainsi que « le #décollage possible pratiquement de n’importe où ».

    Tout cela n’est pas que du fantasme. Selon un rapport de l’Assemblée nationale, la police avait, en 2019, par exemple 30 drones « de type #Phantom_4 » et « #Mavic_Pro » (ou « #Mavic_2_Enterprise » comme nous l’avons appris lors de notre contentieux contre la préfecture de police de Paris). Il suffit d’aller voir les fiches descriptives du constructeur pour être inondé de termes techniques vantant l’omniscience de son produit : « caméra de nacelle à 3 axes », « vidéos 4K », « photos de 12 mégapixels », « caméra thermique infrarouge », « vitesse de vol maximale à 72 km/h » … Tant de termes qui recoupent les descriptions faites par leurs promoteurs : une machine volante, discrète, avec une capacité de surveiller tout (espace public ou non), et de loin.

    Il ne s’agit donc pas d’améliorer le dispositif de la vidéosurveillance déjà existant, mais d’un passage à l’échelle qui transforme sa nature, engageant une surveillance massive et largement invisible de l’espace public. Et cela bien loin du léger cadre qu’on avait réussi à imposer aux caméras fixes, qui imposait notamment que chaque caméra installée puisse faire la preuve de son utilité et de son intérêt, c’est-à-dire de la nécessité et de la #proportionnalité de son installation. Au lieu de cela, la vidéosurveillance demeure une politique publique dispendieuse et pourtant jamais évaluée. Comme le rappelle un récent rapport de la Cour des comptes, « aucune corrélation globale n’a été relevée entre l’existence de dispositifs de vidéoprotection et le niveau de la délinquance commise sur la voie publique, ou encore les taux d’élucidation ». Autre principe fondamental du droit entourant actuellement la vidéosurveillance (et lui aussi déjà largement inappliqué) : chaque personne filmée doit être informée de cette surveillance. Les drones semblent en contradiction avec ces deux principes : leur utilisation s’oppose à toute notion d’information des personnes et de nécessité ou proportionnalité.

    Où serons-nous dans 4 ans ?

    En pratique, c’est un basculement total des #pratiques_policières (et donc de notre quotidien) que préparent ces évolutions technologiques et législatives. Le Livre blanc fixe une échéance importante à cet égard : « les Jeux olympiques et paralympiques de Paris de 2024 seront un événement aux dimensions hors normes posant des enjeux de sécurité majeurs » (p. 159). Or, « les Jeux olympiques ne seront pas un lieu d’expérimentation : ces technologies devront être déjà éprouvées, notamment à l’occasion de la coupe de monde de Rugby de 2023 » (p. 159).

    En juillet 2019, le rapport parlementaire cité plus haut constatait que la Police nationale disposait de 30 drones et de 23 pilotes. En novembre 2020, le Livre blanc (p. 231) décompte 235 drones et 146 pilotes. En 14 mois, le nombre de drones et pilotes aura été multiplié par 7. Dès avril 2020, le ministère de l’Intérieur a publié un appel d’offre pour acquérir 650 drones de plus. Rappelons-le : ces dotations se sont faites en violation de la loi. Qu’en sera-t-il lorsque les drones seront autorisés par la loi « sécurité globale » ? Avec combien de milliers d’appareils volants devra-t-on bientôt partager nos rues ? Faut-il redouter, au cours des #JO de 2024, que des dizaines de drones soient attribués à la surveillance de chaque quartier de la région parisienne, survolant plus ou moins automatiquement chaque rue, sans répit, tout au long de la journée ?

    Les évolutions en matières de reconnaissance faciale invite à des projections encore plus glaçantes et irréelles. Dès 2016, nous dénoncions que le méga-fichier #TES, destiné à contenir le visage de l’ensemble de la population, servirait surtout, à terme, à généraliser la reconnaissance faciale à l’ensemble des activités policières : enquêtes, maintien de l’ordre, contrôles d’identité. Avec le port d’une caméra mobile par chaque brigade de police et de gendarmerie, tel que promis par Macron pour 2021, et la retransmission en temps réel permise par la loi « sécurité globale », ce rêve policier sera à portée de main : le gouvernement n’aura plus qu’à modifier unilatéralement son #décret_TES pour y joindre un système de reconnaissance faciale (exactement comme il avait fait en 2012 pour permettre la reconnaissance faciale à partir du TAJ qui, à lui seul, contient déjà 8 millions de photos). Aux robots dans le ciel s’ajouteraient des humains mutiques, dont le casque de réalité augmentée évoqué par le Livre Blanc, couplé à l’analyse d’image automatisée et aux tablettes numériques NEO, permettrait des contrôles systématiques et silencieux, rompus uniquement par la violence des interventions dirigées discrètement et à distance à travers la myriade de drones et de #cyborgs.

    En somme, ce Livre Blanc, dont une large partie est déjà transposée dans la proposition de loi sécurité globale, annonce le passage d’un #cap_sécuritaire historique : toujours plus de surveillance, plus de moyens et de pouvoirs pour la police et consorts, dans des proportions et à un rythme jamais égalés. De fait, c’est un #État_autoritaire qui s’affirme et se consolide à grand renfort d’argent public. Le Livre blanc propose ainsi de multiplier par trois le #budget dévolu au ministère de l’Intérieur, avec une augmentation de 6,7 milliards € sur 10 ans et de 3 milliards entre 2020 et 2025. Une provocation insupportable qui invite à réfléchir sérieusement au définancement de la police au profit de services publiques dont le délabrement plonge la population dans une #insécurité bien plus profonde que celle prétendument gérée par la police.

    https://www.laquadrature.net/2020/11/19/la-technopolice-moteur-de-la-securite-globale
    #France #Etat_autoritaire

    ping @isskein @karine4 @simplicissimus @reka @etraces

  • #Crest : Commémoration #Gilets_jaunes et protestation contre la loi liberticide sécurité globale
    https://ricochets.cc/Crest-Commemoration-gilets-jaunes-et-protestation-contre-la-loi-liberticid

    Nous nous sommes rassemblés au rond-point de la croix de romans à crest. Tu sais ces années de lutte et de voir que la situation s’aggrave encore c’est dur. Nous étions 60. Cela n’a pas duré très longtemps, les forces de l’ordre, la gendarmerie est arrivée. ils étaient une petite vingtaine en bleu. le choix annoncé était simple : soit nous partions rapidement soit nous étions tous prunés. Macron ne nous tolère toujours pas. Alors nous sommes partis la mort dans l’âme et la rage au coeur. Une fois sur le (...) #Les_Articles

    / Gilets jaunes, #Médias_et_expressions, #Ras-le-bol, #Procès,_justice,_répression_policière_ou_judiciaire, (...)

  • 17 novembre : #Gilets_jaunes, le feu couve plus que jamais
    https://ricochets.cc/17-novembre-Gilets-jaunes-le-feu-couve-plus-que-jamais.html

    C’est le 17 novembre, après tant de nuits et de jours jaunes : Les Gilets jaunes, deux ans et un feu qui couve - Le 17 novembre 2018 apparaissaient les Gilets jaunes. Après des mois d’occupation des ronds-points, de manifestations et d’invention de formes propres de mobilisation politique, le mouvement a décliné. Pour les deux ans de cette expérience humaine inédite, Reporterre a donné la parole à quatre Gilets jaunes, pour qui le feu de la colère couve encore. Depuis le 17 novembre 2018, des citoyens en (...) #Les_Articles

    / Gilets jaunes

    https://reporterre.net/Les-Gilets-jaunes-deux-ans-et-un-feu-qui-couve
    https://paris-luttes.info/paris-dans-la-rue-1711-14453

  • « Sentir avec son cœur, son nez, ses yeux, sa trouille, ses doutes... »
    https://cqfd-journal.org/Sentir-avec-son-coeur-son-nez-ses

    Ce 13 novembre, l’ami Sébastien Navarro publie Péage Sud aux éditions du Chien Rouge, extension de CQFD dans le monde du livre. Un beau roman en gilet jaune. Après Panchot publié en 2019 chez Alter Ego [1], notre vieux compagnon de route livre un récit intense, basé sur son vécu des ronds-points. Petit entretien entre amis à deux pas du péage. Vroum...

    Dans Péage Sud, le narrateur évoque sa rencontre avec les Gilets jaunes. Tu la déplies en différentes phases : le rejet (« Je n’y vois qu’une urticaire poujadiste, une colère de petits bras facho-compatibles, la beauferie en marche »), la circonspection (« Mon fantasme de jeune militant libertaire – un boycott massif des grandes surfaces – réalisé sous mes yeux par… par quoi au juste ? Ou bien par qui ? Par eux, là. »), l’adhésion (« Il se passe vraiment quelque chose dans ce putain de pays. Quelque chose que je suis en train de rater. Cette idée me devient soudain insupportable. ») et, enfin, la fusion (« La foule comme un corps autonome. Sans discours, ni leader, ni parcours déclaré. Les gens au diapason. Une manif homogène, nerveuse et tactique. C’est stupéfiant. Ce côté animal. Je ne pensais pas ce type d’agencement humain possible. »). Ce que tu décris là est très intéressant car le rejet du mouvement a été commun à une large partie de la gauche radicale, qui y voyait à ses débuts un fascisme en puissance. Qu’est-ce qui s’est joué pour toi ? Comment as-tu, finalement, basculé en jaune ?

    « Très honnêtement, je pense qu’il me faudra des années pour faire le bilan de ce que ces mois de fièvre fluo ont chamboulé dans ma perception du champ politique. Il y a ce piège paradoxal de la pensée militante – dans lequel je suis tombé tout jeune – qui, tout en favorisant l’esprit critique, peut amener le cerveau à fonctionner en ânonnant des slogans. Dans ce genre de schéma simpliste, celui qui n’a pas tes idées est soit un ignorant à conscientiser soit un ennemi à combattre. Je me pensais immunisé contre ce type de réflexes. Or force est de constater que j’ai gobé en vrac la daube déversée à grands seaux médiatiques sur les Gilets jaunes. Beaufs, fachos, poujadistes, pendant les quinze premiers jours du mouvement, les fluos sont pour moi un vrai repoussoir. Quand je me fais violence et décide d’aller fureter du côté du rond-point, j’y vais à reculons, en curieux à la fois rétif et inquiet. Et c’est lors d’une AG tenue sous un réverbère à quelques mètres du péage que je tombe sur le cul. La foule massée cause... démocratie directe. Il y a là des femmes, des hommes, des Blancs, des Maghrébins, des jeunes, des vieux, des handicapés. Un monde de “gens ordinaires” qui exige non seulement d’avoir une vie meilleure mais aussi voix au chapitre démocratique. Un monde qui trouve sa cohérence en reconvoquant la sans-culotterie non pas pour exalter un quelconque patriotisme frelaté mais parce qu’il a pigé que 1789 était ce plus grand dénominateur commun capable de mettre une foule au diapason. Cerise sur le gâteau : les Gilets absorbent avec une fluidité inouïe les concepts de la doxa libertaire. Refus des hiérarchies, rotations des mandats, AG décisionnaires, jusqu’aux reven dications politiques qui vont rapidement gagner en radicalité. Comment ne pas basculer ?

    Moi qui croyais que c’était au prix de lectures politiques sans cesse renouvelées, en pénétrant de plus en plus profondément les plis et replis du capitalisme, que se formait une conscience révolutionnaire, je me rends compte qu’un frigo vide peut suffire à provoquer l’étincelle. Je me souviens être rentré chez moi, avoir regardé ma bibliothèque et m’être dit que pour la première fois de ma vie les bouquins m’avaient empêché. À force de tout vouloir intellectualiser, de vouloir concep tualiser le réel de manière quasiment obsessionnelle, je m’étais amputé de ces instincts essentiels pour comprendre les situations. Sentir avec son cœur, son nez, ses yeux, sa trouille, ses doutes, ses ébahissements, ses fatigues, ses accolades, sa paranoïa. Tout ce fatras organique qui fait que des humains entrent en connivence d’un simple regard. C’est ce dépouillement-là dont je fais d’abord l’expérience au rond-point. »

    #Gilets_jaunes #livre #CQFD