• Lithium dans le #Finistère : en bord de mer gronde la #colère

    À #Tréguennec, un article sur un gigantesque #gisement et une visite ministérielle ont mobilisé les citoyens contre tout projet de #mine.

    L’affaire commence le 24 janvier 2022. « Sous le sol de Tréguennec, des milliers de tonnes de lithium, nouvel or blanc », titre ce matin-là Le Télégramme. Dans la minuscule bourgade du sud du Finistère – 320 habitants –, certains en recrachent leur café. Pourtant, le rapport du Bureau de recherches géologiques et minières qui mentionne le #gisement de 66 000 tonnes date de 2018, les sondages sur lesquels il s’appuie ont eu lieu entre 1977 et 2010. Mais jusqu’à peu, le lithium n’intéressait pas grand monde. C’était avant que ce métal ne devienne un composant essentiel des #batteries électriques et de la #transition_énergétique, et qu’il attise de plus en plus les appétits des industriels et des politiques (lire l’épisode 1, « Le lithium, de l’or blanc en barre » : https://lesjours.fr/obsessions/lithium-france/ep1-lithium-sous-sol-france).

    « C’est un collègue, rédacteur en chef adjoint, qui avait vaguement entendu parler de ça et m’a suggéré de creuser », raconte Didier Deniel, l’auteur de l’article. Qui n’imaginait pas susciter un tel effarement. Le maire Stéphane Morel lui-même n’était pas au courant. « Quand je suis allé le voir la première fois, il en est presque tombé de sa chaise, sourit le journaliste. Et sur le moment, il a pris les choses avec humour, disant qu’ils pourraient s’acheter les meilleurs joueurs de foot et concurrencer le PSG. » Sauf que dans la région, la nouvelle n’a pas suscité le même enthousiasme. Dans la semaine suivant la parution de l’article, une figure de la vie associative locale, Stéphane Le Garrec, monte le groupe Facebook « Lithium à Tréguennec, Non merci ! », qui rassemble très vite plus de 8 000 personnes. Le 26 février, une manifestation a lieu dans le village. Le maire ne plaisante plus. « Tréguennec et le pays bigouden ne sont pas à vendre, même pour tout l’#or_blanc du monde », écrit-il au Télégramme. C’est que ledit gisement ne se situe pas n’importe où.

    À quelques kilomètres du bourg, les vagues se fracassent sur la plage, fine bande de sable blanc séparée des terres par un cordon dunaire. À l’horizon, les bleus du ciel et de l’océan se confondent. Au lieu-dit #Prat-ar-C’Hastel, un tumulus abritant un cimetière préhistorique voisine une ancienne carrière de feldspath engloutie sous les eaux d’un étang. Le gisement de lithium, parmi les plus importants de l’Hexagone, est là, dans une zone à l’équilibre infiniment précaire, que les exploitations passées n’ont cessé de fragiliser. « Il y a un siècle, la #baie_d’Audierne était protégée par un mur naturel de galets de près de 20 kilomètres, formé il y a des dizaines de milliers d’années, lors de la dernière glaciation », raconte Benjamin Buisson, responsable du pôle littoral et biodiversité de la Communauté de communes du Pays Bigouden Sud. L’#Ero_Vili, le « sillon de galets » en breton.

    Mais dans les années 1940, ces galets sont une ressource précieuse pour l’armée allemande occupante, qui bâtit des bunkers tout le long de la côte ouest pour prévenir toute attaque maritime alliée – le mur de l’Atlantique. Fin 1941, les nazis installent une usine de concassage de #galets à Prat-ar-C’Hastel. En à peine plus de deux ans, quelque 400 000 m3 sont retirés du cordon protégeant la baie. Au cours des décennies suivantes, de nombreux autres prélèvements privés viendront le fragiliser encore davantage. Jusqu’à ce jour de février 1966 où l’Ero Vili se rompt sous les assauts de l’océan. L’eau envahit les terres, façonnant un nouveau paysage.

    Aujourd’hui, le squelette de l’immense usine de concassage se dresse toujours, dominant le fragile cordon dunaire qui protège désormais les terres. Au loin, sur la plage, on aperçoit encore deux blockhaus à demi engloutis. Et de l’autre côté de la dune, la flore et la faune fourmillent. Quand on l’interroge sur les possibles impacts d’une #extraction_minière sur la zone, le responsable de la communauté de communes reste prudent : « Je suppose que beaucoup dépend de la technique d’#extraction. Mais le bruit, les poussières, le passage des camions, la gestion de l’eau, l’érosion, le risque que la mer s’engouffre dans les terres si l’on est trop près du trait de côte… Dans une zone sensible comme celle-ci, les #risques_environnementaux d’une extraction ne sont pas négligeables. »

    Et pour preuve, la prairie dunaire et son #écosystème sont aujourd’hui triplement protégés. Depuis 1982, les 650 hectares des rives de la baie appartiennent au Conservatoire du littoral. « Ces terres sont quasi inaliénables », souligne Benjamin Buisson. Selon le Code de l’environnement, le Conservatoire ne pourrait s’en séparer qu’à l’autorisation expresse du Conseil d’État. La prairie dunaire est encore une zone #Natura_2000 et, à l’automne 2021, elle a reçu le #label_Ramsar (de la convention internationale du même nom). « Certes, il s’agit d’une protection essentiellement symbolique, reconnaît Benjamin Buisson, Mais il n’existe qu’une cinquantaine de #zones_humides labellisées Ramsar en France, c’est dire leur importance et la valeur morale qui s’y attache. » Depuis deux ans, les élus locaux préparent même la transformation en parc naturel régional. Extraire du lithium à Tréguennec impliquerait donc de surmonter tous ces obstacles administratifs, symboliques… et sociaux.

    Car les gens d’ici sont férocement attachés à leur terre. Le 26 février 2022, quelque 600 personnes ont ainsi convergé vers Tréguennec. Dans la cour de l’ancienne école publique, on croise alors des pancartes « Pas touche à nos dunes » ou « Tréguennec n’est pas à vendre » et, dans la foule rassemblée, on ressort les mythiques anecdotes de la #résistance de Plogoff, à la fin des années 1970. À l’époque, l’État français prévoit de construire une centrale nucléaire dans cette commune à une trentaine de kilomètres de Tréguennec (dont les terres avaient été un temps considérées par EDF). Mais en juin 1978, les Plogoffites bloquent l’accès au site. Deux ans plus tard, ce sont des dizaines de milliers de manifestants qui déferlent et affrontent la police. En 1981, le projet est finalement abandonné. La résistance de Plogoff devient mythique. La documentariste Nicole Le Garrec (sans lien avec Stéphane Le Garrec) se souvient : « Il y avait une détermination sans faille, qui a rassemblé toutes les classes sociales – des agriculteurs, des marins, des anciens militaires, pourtant peu prompts à la rébellion… Les femmes surtout ont formé le cœur de cette cette résistance. »

    Le 26 février 2022, Nicole Le Garrec et son mari Félix sont allés manifester sans hésiter. Respectivement âgés de 80 et 90 ans, les deux documentaristes n’imaginaient pas se relancer dans la #lutte. « Mais quand nous avons appris qu’il y avait du lithium à Tréguennec, la question ne s’est pas posée », déclare Nicole. Elle raconte d’une voix douce et grave cette baie d’Audierne où ils ont vécu toute leur vie. « Je me rappelle encore l’époque où les vagues se brisaient sur l’Ero Vili. On entendait le roulement des galets à des kilomètres, comme un énorme grondement ! » Aujourd’hui, on ne l’entend plus, mais la beauté reste. « Nous pensions ce lieu magique à l’abri des appétits de l’industrie. Alors d’imaginer que l’on puisse le ravager, mon cœur s’est soulevé. »

    Pourtant, d’appétit de l’industrie… il n’y a pas pour l’heure : la mobilisation citoyenne a eu lieu avant même qu’un hypothétique projet de mine de lithium n’ait été évoqué – à ce jour, il n’y en a toujours aucun. Mais la secrétaire d’État à la Biodiversité, #Bérangère_Abba, a elle-même attisé les craintes le 9 février 2022, quand elle est venue contempler le paysage qui avait reçu quelques mois plus tôt le label Ramsar. « C’est un site exceptionnel mais les besoins sont importants, la pression géostratégique est forte sur ce type de #métaux. Il faut mesurer plus précisément avec des scientifiques l’ampleur de ce gisement. » La course à l’or blanc est mondiale et la France est sur la ligne de départ dans l’Allier. Pourquoi pas dans le Finistère ?

    « Le lithium n’est pas véritablement un métal “rare”, explique Guillaume Pitron, journaliste et chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). D’un point de vue strictement théorique, les ressources en lithium ne manquent pas. Mais la question ne se pose pas uniquement en termes de réserves disponibles mais également de réserves exploitables. Du lithium, il y en a au fond des océans ou dans d’autres zones écologiquement sensibles. Mais l’impact de son extraction serait tel que celle-ci en devient écologiquement inacceptable. Une telle extraction a donc un coût – social, politique – auquel entreprises et gouvernants ne veulent pas se confronter. »

    « Il y a des choses auxquelles il ne faut pas toucher », assène Nicole Le Garrec, en écho. Mais le monde fait alors face à un dilemme. Car les prévisions de croissance des besoins en lithium sont telles que les ressources actuellement exploitées pourraient bien ne pas suffire. Si la production mondiale a dépassé les 100 000 tonnes en 2021, elle devrait être multipliée par huit en 2040 pour répondre aux besoins annuels des seuls véhicules électriques, selon l’Agence internationale de l’#énergie. 800 000 tonnes par an, extraites de réserves mondiales prouvées de 22 millions de tonnes. La ruée vers l’or blanc prend des allures de course vers l’abîme.

    « Les prévisions de consommation annuelle de lithium ne sont pas tenables », tranche Judith Pigneur. Pour la docteure en génie industriel et spécialiste de l’extraction minière de l’association #négaWatt, une telle augmentation de la production mondiale est un danger. « Dans l’industrie, plus on va vite, plus les risques sanitaires et environnementaux sont importants », dit-elle (lire l’épisode 2, « Lithium dans l’Allier : les dés sont-ils pipés ? » : https://lesjours.fr/obsessions/lithium-france/ep2-mines-pollution). Mais au-delà, se pose la question de ce que nous sommes prêts à sacrifier pour accéder à cette précieuse ressource. Car à l’heure actuelle, le #recyclage du lithium n’est pas encore déployé : « La production massive n’en est qu’au début et nous ne pourrions pas recycler assez vite pour répondre aux besoins mondiaux tels qu’ils sont anticipés. » Reste donc la tentation d’extraire toujours plus, dans des zones potentiellement sensibles. « En comptabilisant les projets passés, actuels et futurs, 6,7 millions de km2 de la surface terrestre sont impactés par l’industrie minière, dont 8 % dans des aires protégées. L’accélération de la consommation annuelle de ressources comme le lithium constitue un péril majeur, dont les impacts sur la biodiversité pourraient dépasser ceux évités par l’atténuation du changement climatique », assure Judith Pigneur, s’appuyant sur une étude parue dans la revue Nature en 2020.

    « Il ne s’agit pas pour autant de remettre en question la transition énergétique et de continuer comme avant, mais il faut fixer des lignes rouges à ne pas dépasser, comme le respect des zones protégées », poursuit l’experte. Et pour cela, freiner l’augmentation de la consommation du précieux métal : « Nous ne pouvons penser la transition énergétique sans questionner nos usages et penser des mesures de #sobriété. Penser un futur parc automobile électrique réduit, en autopartage, construire de petites voitures avec des batteries moins importantes… » Dans le cas français, de telles mesures permettraient de limiter cette consommation exponentielle de lithium à 128 000 tonnes entre 2020 et 2050 au lieu de 340 000 tonnes, d’après les études de négaWatt.

    Guillaume Pitron, lui, cite volontiers Albert Einstein : « On ne résout pas un problème avec le mode de pensée qui l’a engendré. » Pour le journaliste, la transition énergétique n’aura de sens « que si elle nous invite à profondément changer la façon dont nous consommons le monde ». « Mais cela implique des changements organisationnels, politiques et des bouleversements intimes immenses, soupire-t-il. Je voudrais croire que si les mines se trouvaient sous nos fenêtres nous aurions tout à coup conscience de l’impact réel de nos modes de consommation. Mais c’est un vœu pieux. »

    À Tréguennec, un an après l’article du Télégramme, le lithium est toujours à 130 mètres sous terre, il n’occupe plus les conversations. Mais la méfiance demeure. Sur les bords de la carrière de Prat-ar-C’Hastel, les habitants ont planté un arbre à la mémoire de Stéphane Le Garrec, décédé dans un accident de voiture l’hiver dernier. À son pied, quelqu’un a déposé une ardoise, avec ce message : « Restons vigilants ».

    https://lesjours.fr/obsessions/lithium-france/ep3-treguennec-bretagne
    #lithium #extractivisme #Bretagne #voitures_électriques

  • « Confusion des genres », « souci d’indépendance » : pourquoi les nouveaux pôles « France asile » pour les demandeurs d’asile inquiètent les associations ? - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/64959/confusion-des-genres-souci-dindependance--pourquoi-les-nouveaux-poles-

    « Confusion des genres », « souci d’indépendance » : pourquoi les nouveaux pôles « France asile » pour les demandeurs d’asile inquiètent les associations ?
    Par Leslie Carretero Publié le : 04/06/2025
    Depuis le 19 mai, une nouvelle procédure d’asile attend les étrangers en quête de protection, dans le Val-d’Oise. Ils doivent se rendre dans un pôle « France asile », où ils ont le même jour un premier rendez vous avec la préfecture et un autre avec l’Ofpra, l’agence chargée d’instruire la demande d’asile. Les associations et les syndicats sont vent debout. InfoMigrants vous explique.
    Depuis le 19 mai, les demandeurs d’asile primo-arrivants qui résident dans le Val-d’Oise, en région parisienne, doivent se présenter dans une toute nouvelle structure : un pôle « France asile » installé à la préfecture de Cergy-Pontoise. Ce projet pilote, prévu dans la loi immigration de 2024 (dite loi Darmanin), devrait déboucher sur trois lieux similaires à Metz et Toulouse.
    Dans le pôle « France asile » de Cergy, les exilés sont reçus successivement par trois services : ceux de la préfecture, de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) et de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra).
    Concrètement, ils déposent d’abord leurs empreintes auprès d’un membre de la préfecture, puis se voient attribuer les conditions matérielles d’accueil (hébergement, aides financières) par l’Offi et enfin, introduisent leur demande d’asile auprès d’un représentant de l’Ofpra. Un entretien dans les locaux de l’Office est ensuite organisé ultérieurement.
    Qu’est-ce qui change ? Dans les autres départements français, la procédure est différente. L’Ofpra est indépendante de la préfecture, les deux structures ne se rencontrent jamais. Les demandeurs d’asile doivent en premier lieu se rendre à la préfecture - via un bureau spécifique appelé Guda (guichet unique pour demandeur d’asile). Le Guda réunit les services de la préfecture et de l’Ofii. À l’issue de ces entretiens, les agents ne demandent pas à la personne concernée de se présenter à un agent de l’Ofpra - aucun représentant de l’Office n’est présent dans la préfecture. Ils lui remettent un dossier d’asile que l’étranger pourra remplir sous 21 jours avant de le transmettre à l’Ofpra.
    Et c’est dans ces 21 jours de répit que se concentre toute la nuance. Durant ces trois semaines, ils ont le temps d’écrire leur récit d’exil (d’introduire leur demande) et d’en expliquer le motif. Ils peuvent être épaulés par des assistants sociaux et des interprètes dans les centres d’hébergement pour les aider à écrire en langue française.
    Cette étape est très importante, car lors de leur convocation dans les bureaux de l’Ofpra, l’officier de protection reviendra sur toutes les déclarations retranscrites dans ce formulaire de demande d’asile.
    Dans le nouveau pôle « France asile », tout sera plus rapide. Juste après son passage devant un agent de la préfecture, l’étranger rencontrera le même jour un membre de l’Ofpra. Sa demande sera enregistrée directement par cet agent - sans le délai de 21 jours. « L’agent de l’Ofpra recueillera les éléments d’état civil du demandeur ainsi que les éléments essentiels de son récit », indique à InfoMigrants l’agence. En clair, les demandeurs doivent livrer leur récit immédiatement – avec l’aide si besoin d’un interprète par téléphone.
    Qu’est-ce qui choque ? Cette nouvelle organisation « soulève déjà de nombreuses inquiétudes », indiquent plusieurs associations, dont La Cimade et le Gisti, dans un communiqué publié fin mai. Les militants craignent que la suppression du délai de 21 jours ne soit préjudiciable pour les exilés. Lors de l’entretien avec un agent de l’Ofpra dans le pôle « France asile », « la personne peut, à ce stade, avoir des difficultés à répondre à des questions de manière structurée et précise sans y avoir été préparée », estiment les associations. Un avis partagé par les syndicats de l’Ofpra, qui s’étaient soulevés contre cette disposition lors de mouvements de grève début 2024. « Ce n’est pas le moment de délivrer un récit. Comment formaliser un récit traumatisant dans ces conditions ? Les personnes sont dans une position de stress, et se retrouvent face à un personnel qui n’a pas l’habitude de recueillir ce type de témoignages car il n’a pas été formé, contrairement aux officiers de protection », dénonce Jean-Charles Lallemand, co-secrétaire général de la CGT Ofpra, joint par InfoMigrants. Pour l’Ofpra, cette critique est infondée. L’agence indique que les demandeurs d’asile peuvent compléter leur récit pendant 21 jours en envoyant un mail à cette adresse : recit@ofpra.com
    Demande d’asile : comment se déroule un entretien à l’Ofpra ?
    Le représentant syndical insiste cependant pour que les premiers éléments délivrés dans le pôle « France asile » ne soient pas définitifs et puissent être modifiables au moment de l’entretien dans les locaux de l’Ofpra. « On a peur que les ajouts ne soient pas pris en compte ou que le demandeur d’asile doive se justifier de ne pas avoir évoqué un aspect au départ », affirme Jean-Charles Lallemand. « Ce qui prévaut, c’est l’oralité. C’est déjà le cas aujourd’hui et ça le restera », rétorque à InfoMigrants l’Ofpra. Autrement dit, l’agence soutient que toute modification indiquée lors du deuxième entretien sera prise en compte.
    Autre grief des associations : elles estiment que la présence de l’Ofpra dans les locaux de la préfecture fait peser un risque de « confusion des genres » et interroge sur son indépendance. « Ce lieu intégré dans la préfecture [peut] légitimement [être] perçu comme un espace insécurisant ou maltraitant par les personnes étrangères », signalent les associations dans leur communiqué. « Pour son indépendance, l’Ofpra a besoin d’être isolé, dans ses murs », renchérit Gérard Sadik, responsable national asile de La Cimade, joint par InfoMigrants. « On a déjà vu en Outre-mer que lorsqu’il y a une proximité physique entre l’Office et la préfecture, les officiers de protection de l’Ofpra craignent d’être sous influence du préfet ».

    #Covid-19#migrant#migration#france#OFPRA#asile#prefecture#politiquemigratoire#cimade#gisti#sante#droit

  • #Leaflet 2.0 Alpha released - Leaflet - a JavaScript library for interactive maps
    https://leafletjs.com/2025/05/18/leaflet-2.0.0-alpha.html

    Ha ben mince, moi qui me disait qu’il était temps de basculer le plugin #GIS pour #SPIP https://plugins.spip.net/gis vers #maplibre https://maplibre.org/maplibre-gl-js/docs il va falloir faire un choix...

    After two and a half years of hard work, we’re thrilled to announce the first alpha release of Leaflet 2.0!

    This release marks a major modernization of the Leaflet codebase. We’ve dropped support for Internet Explorer, removed legacy methods and polyfills, adopted modern standards like Pointer Events, and now publish Leaflet as an ESM module. The global L is no longer part of the core package (though it’s still available in the bundled version leaflet-global.js for backward compatibility).

    #map

  • France : le Conseil d’État enjoint le gouvernement à prendre en charge les frais de transport de tous les demandeurs d’asile - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/64473/france--le-conseil-detat-enjoint-le-gouvernement-a-prendre-en-charge-l

    France : le Conseil d’État enjoint le gouvernement à prendre en charge les frais de transport de tous les demandeurs d’asile
    Par Leslie Carretero Publié le : 09/05/2025
    Dans une décision du 6 mai, le Conseil d’État a enjoint le Premier ministre d’assurer la prise en charge des frais de transports pour les convocations à l’Ofpra et à la CNDA des demandeurs d’asile non hébergés par les autorités. Actuellement, 25% de personnes ne sont pas prises en charge dans le dispositif national d’accueil et doivent donc payer à leur frais pour leurs rendez-vous administratifs. Une mesure jugée contraire au principe d’égalité de traitement.
    Les associations le dénoncent depuis plusieurs années. Le Conseil d’État vient de leur donner raison. Il avait été saisi par plusieurs associations, dont La Cimade et le Gisti (Groupe d’information et de soutien aux immigrés), au sujet du financement des frais de transports pour se rendre aux rendez-vous de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) et de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA).
    Dans les faits, les personnes accueillies en centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA) et dans les hébergements d’urgence pour demandeurs d’asile (HUDA) - gérés par opérateurs mandatés par l’État - bénéficient d’une prise en charge de leurs frais de déplacements pour leurs convocations liées à leur dossier de protection.
    Ce qui n’est pas le cas des personnes hébergées dans des structures de premier accueil des demandeurs d’asile (SPADA) – gérées par l’Office français de l’intégration ou de l’immigration (Ofii) – ou celles vivant chez des proches, voire à la rue. Selon Didier Leschi, directeur de l’Ofii, 25% des demandeurs d’asile ne sont pas logés par l’État.
    Ces exilés doivent alors payer à leur frais leurs titres de transport, le plus souvent grâce à l’allocation pour demandeurs d’asile - pour rappel, les demandeurs ne sont pas autorisés à travailler pendant les six premiers mois de leur arrivée en France.
    Et le montant de l’ADA, qui peut aller de 190 euros/mois pour une personne seule à 660 euros/mois pour une famille de six personnes, couvre tout juste leurs frais quotidiens. « Ce n’est pas normal que les plus précarisés soient pénalisés et payent plus que les autres », souligne Claire Rodier du Gisti. Dans sa décision du 6 mai, le Conseil d’État estime que « le fait de réserver (…) la prise en charge des frais de déplacement liés aux convocations à l’Ofpra et à la CNDA aux seuls demandeurs d’asile hébergés en CADA et en HUDA constitue une différence de traitement (…) et porte une atteinte illégale au principe d’égalité ». Et ce alors que le fait de ne pas être hébergé dans ces structures « ne dépend pas de la situation ou du choix des intéressés mais procède du nombre de places disponibles dans un contexte de saturation du dispositif national d’accueil », assure la juridiction.
    Ainsi, le Conseil d’État « enjoint au Premier ministre, dans un délai de neuf mois (…), de prendre toutes mesures utiles afin de remédier aux différences de traitement constatées et d’assurer une prise en charge des frais de transport des demandeurs d’asile en vue de réaliser les déplacements nécessaires à l’examen de leur demande d’asile dans le respect des principes d’égalité et d’effectivité du droit d’asile ». Une décision non contraignante.

    #COvid-19#migrant#migration#france#OFII#CNDA#GISTI#CADA#asile#OFPRA#SPADA#droit#sante#egalite

  • Brahim Bouarram et Ibrahim Ali, 30 ans après : l’urgence de se souvenir et d’agir contre le racisme et le fascisme ! #GISTI
    https://www.gisti.org/article7507

    Le 1er mai 1995, Brahim Bouarram, 29 ans, est assassiné par des militants d’extrême droite issus du défilé du Front national (FN), jeté dans la Seine depuis le pont du Carrousel. Le 21 février de la même année, Ibrahim Ali est tué par des colleurs d’affiches du FN au carrefour des Quatre-Chemins-des Aygalades à Marseille. Tous deux sont victimes de #crimes_racistes symptomatiques d’une haine entretenue par des discours de stigmatisation et d’exclusion. Ces drames ont marqué une génération et demeurent un rappel cinglant des dangers de l’idéologie xénophobe.

    Trente ans plus tard, alors que nous commémorons leur assassinat, force est de constater que les idées qui les ont rendu possible n’ont pas disparu. Pire encore, elles se sont banalisées et infiltrées dans les sphères du pouvoir, donnant lieu à une convergence alarmante entre les discours de l’extrême droite et certaines politiques publiques, en France comme à l’international.

  • White House Proposal Could Gut Climate Modeling the World Depends On
    https://www.propublica.org/article/trump-noaa-budget-cuts-climate-change-modeling-princeton-gfdl

    According to the document, NOAA’s overall funding would be slashed by 27%, eliminating “functions of the Department that are misaligned with the President’s agenda and the expressed will of the American people” including almost all of those related to the study of #climate change. The proposal would break up and significantly defund the agency across programs, curtailing everything from ocean research to coastal management while shifting one of #NOAA’s robust satellite programs out of the agency and putting another up for commercial bidding. But its most significant target is the office of Oceanic and Atmospheric Research ⎯ a nerve center of global climate science, data collection and modeling, including the Geophysical Fluid Dynamics Laboratory [#GFDL]⎯ which would be cut by 74%. “At this funding level, OAR is eliminated as a line office,” the memo stated.

    The total loss of OAR and its crown jewel in #Princeton represents a setback for climate preparedness that experts warn the nation may never recover from.

    If we don’t understand what’s happening and why it’s happening, you can’t be adapting, you can’t be resilient. You’re just going to suffer,” Don Wuebbles, an atmospheric scientist who sits on NOAA’s scientific advisory board, told ProPublica. “We’re going to see huge impacts on infrastructure and lives lost in the U.S.

    There are other national climate #models, but they also appear to be in jeopardy of losing funding. The National Science Foundation supports the National Center for Atmospheric Research [#NCAR], but the foundation announced it was freezing all research grants on April 18. NASA’s Goddard Institute for Space Studies [#GISS] has a model, but the institute could see cuts of up to 47%. And the Department of Energy, home to a fourth climate modeling system, is also under budget pressure.

    Without the models, and all the sensor networks and supporting NOAA research programs that feed them, “We’ll go back to the technical and proficiency levels we had in the 1950s,” said Craig McLean, a 40-year veteran of NOAA who, until 2022, was the agency’s top administrator for research and its acting chief scientist. “We won’t have the tools we have today because we can’t populate them by people or by data.”

    #recherche

  • NASA Cancels #Columbia University Lease for Climate Science Unit | Bloomberg
    https://archive.ph/CQeni

    The Goddard Institute for Space Studies is recognized as a globally important hub for climate science, maintaining one of the five independent global temperature records. The agency must move out of the building by May 31.

    #NASA leadership told #GISS staff that it will conduct its work virtually.

    Le GISS a été dirigé par James Hansen de 1981 à 2013. Ses simulations #climatiques ont été utilisées pour le rapport Charney de 1979 et tous les rapports du GIEC. Ses données globales sur la température de surface depuis la fin du 19e sont également essentielles.

  • « La liberté de circulation est un impératif d’égalité » - CQFD, mensuel de critique et d’expérimentation sociales
    https://cqfd-journal.org/La-liberte-de-circulation-est-un

    À l’heure où la droite repart à l’assaut du #droit_du_sol, il est urgent de rappeler que les droits de chacun·e ne devraient pas être corrélés à la #nationalité. On en parle avec deux juristes du #Gisti, le Groupe d’information et de soutien des immigré·es.

  • Et si votre carte d’identité et votre passeport ne vous étaient pas renouvelés après leur date d’expiration ? Pendant 6 mois, un an ou plus ?

    Chaque semaine, à l’abri des regards, des milliers d’étrangers en situation régulière en France, parfois depuis des dizaines d’années, se voient empêcher de renouveler leurs titres de séjours. Employés, artisans, chefs d’entreprises, ouvriers, retraité•e•s, étudiantes et étudiants, mères de famille, personnes handicapées en soins, réfugiés, artistes…Les procédures de renouvellement de leurs titres de séjour doivent se faire obligatoirement en ligne sur le site internet de l’ANEF, l’administration numérique des étrangers en France.

    La GISTI TV a mené une véritable enquête auprès des personnes concernées, des associations, des avocats, du collectif bouge ta pref composé de nombreuses organisations sur le terrain, d’ingénieurs informatiques et de la Défenseure des Droits.
    Alors, Bug informatique ? Pas vraiment tant ce système de fabrique de sans papiers semble aussi implacable que méconnu du grand public.

    https://www.youtube.com/watch?v=TqxH-7wJvXs

    #Anef_fabrique_sans_papiers
    #droits_bafoués

  • Affaire Pélicot : les #zones_d’ombre du #procès

    Le #verdict est tombé jeudi 19 décembre après trois mois et 17 jours d’un procès aussi médiatisé qu’insoutenable. L’ensemble des 51 prévenus de l’affaire tentaculaire des viols de Mazan a été reconnu coupable. Les peines de prison vont de 3 à 20 ans, la plus lourde étant pour #Dominique_Pélicot, qui avait commis et supervisé tous les viols de #Gisèle_Pélicot, sous l’#emprise de #produits_chimiques qui plongeaient la victime dans un #état_comateux. Pourtant, il reste de nombreuses zones d’ombre dans cette affaire, qui sont loin d’être résolues. Des questions auxquelles le procès n’a pas donné de réponse.

    Dominique Pélicot, prédateur depuis les années 1990

    Dominique Pélicot s’est présenté durant toute l’#audience comme un paisible retraité qui aurait « dérapé » sur ses vieux jours. L’homme est pourtant mis en cause pour le #viol et l’#assassinat d’une femme, et dans plusieurs autres affaires de viols et d’#agressions_sexuelles depuis les années 1990. Dans ces affaires, qui ne sont pas toutes formellement attribuées à Pélicot, le mode opératoire est identique : l’agresseur a pris rendez-vous auprès d’#agences_immobilières sous un #faux_nom et il est passé à l’acte dans l’agence ou dans un appartement.

    Dès 1991, #Sophie_Narme, âgée de 23 ans, est retrouvée nue, tuée après avoir été violée dans l’appartement qu’elle devait faire visiter à un client. Autre affaire en février 1994 à Vannes : Danielle H., 28 ans, agente immobilière, est bâillonnée, ligotée et violée. Quelques jours plus tard à Valenciennes, Céline L. âgée de 26 ans et agente immobilière est violée par un client.

    En septembre 1995, Céline D. est violée à Rambouillet, dans les Yvelines. Puis, c’est à Berre-l’Etang, dans les Bouches-du-Rhône, que Christine G. est retrouvée morte, dans son agence, en mai 2000. Enfin, en mars 2004, l’agression de Françoise L., également dans son agence, est interrompue par un témoin.

    En 1999, E. B., agente immobilière de 19 ans subit une tentative de viol très violente de la part de Dominique Pélicot, qui l’a droguée avec de l’#éther et menacée avec une arme. La victime parvient à s’échapper. Un ADN a été relevé dans le cadre de cette affaire. Il matche en 2010 : Dominique Pélicot !

    L’information est alors transmise au tribunal judiciaire de Meaux, où rien ne se passe. Plus aucun juge n’est saisi de cette enquête, un #non-lieu avait été rendu en 2001. Malgré la concordance de l’ADN, l’enquête n’est pas relancée, alors qu’elle aurait pu mettre un terme aux agissement de Pélicot.

    Le dossier sera finalement rouvert après l’affaire de Mazan. Lors d’une confrontation réalisée plus de 20 ans après les faits, Pélicot évoque une « chamaillerie » avec la victime. Il euphémise, mais reconnaît tout de même les faits. Il aura fallu attendre deux décennies et la médiatisation de Mazan pour que la justice enquête sérieusement…

    Le 30 juillet 2010, Pélicot est interpellé dans un centre commercial de Seine-et-Marne

    Il a été surpris en train de filmer sous les jupes des clientes, avec une caméra miniature cachée dans un stylo. C’est exactement pour les mêmes faits qu’il tombera en septembre 2020. Pourtant, en 2010, l’enquête n’est pas poussée plus loin. Il écope seulement d’une amende de 100 € dans le cadre d’une composition pénale. Une sanction légère et discrète, qui lui permet de tout cacher à son épouse. « Si j’avais été au courant, peut-être que j’aurais gagné 10 ans de ma vie », a regretté Gisèle Pelicot.

    Pendant le procès des viols de Mazan, le juge a refusé catégoriquement que ces différentes affaires passées et que les enquêtes toujours en cours soient évoquées, alors qu’elles sont cruciales pour aborder la personnalité de Pélicot, qui a donné à la Cour l’image d’un retraité sans antécédents.

    De nombreux auteurs de viols filmés restent dans la nature

    Les vidéos et écrits retrouvés par les enquêteurs indiquent que, au minimum, entre 70 et 80 hommes ont abusé de Gisèle Pelicot. Seuls 50 ont été jugés et condamnés. Pire, des éléments laissent à penser que tout n’a pas été filmé et que d’autres viols auraient pu être commis ailleurs, en-dehors du domicile conjugal, comme sur des aires d’autoroute. Cela veut dire que plus de 30 suspects n’ont pas été identifiés, et ont donc échappé à la justice. Qui sont-ils ? Pourquoi n’ont-ils pas été retrouvés ?

    Le #site_internet cité dans le dossier est crucial

    Il a servi de vivier de recrutement, et se nommait #Coco.gg. C’est sur ce site qu’un forum entier baptisé « #À_son_insu » comportait des propositions de viols sous #sédation, de la part de Pélicot mais pas uniquement.

    Ce site a été créé en 2003, et la justice le considère comme un repaire pour les pédophiles et les prédateurs sexuels sur internet. Les accusés, qui prétendaient au procès avoir été piégés par Pélicot, ont menti : personne n’arrivait sur Coco.gg par hasard.

    Le site d’informations judiciaires « Le club des juristes » lie le site à des faits de « pédocriminalité, de proxénétisme, de prostitution, de viols, de vente de stupéfiants, de guet-apens, voire d’homicides » et évoque de très nombreuses plaintes liées à ce site, concernant au total plus de 23.000 faits, au préjudice de 480 victimes entre le 1er janvier 2021 et le 7 mai 2024. En trois ans seulement.

    Une enquête internationale a finalement abouti à la fermeture de Coco.gg le 25 juin 2024, à la demande de la juridiction nationale en charge de la lutte contre la criminalité organisée du parquet de Paris. Juste avant le procès de Dominique Pélicot. Ce site était une mine d’information, et il est aujourd’hui clôturé. Les administrateurs du site n’ont pas répondu aux demandes de la juge dans l’affaire de Mazan. Des données sont-elles conservées quelque part ? Pourquoi la justice ne va-t-elle pas les chercher ?

    Des complicités médicales ?

    Pélicot n’a jamais expliqué comment il s’était procuré une telle quantité de #somnifères très puissants, sur une durée aussi longue, pour droguer son épouse. Il fallait pourtant des #ordonnances régulières pendant une décennie et hors normes en terme de quantité. Le #médecin du mis en cause a refusé d’être entendu par la juge, et n’a pas été poursuivi.

    Par ailleurs, pendant 10 ans, Gisèle Pélicot a fait état de pertes de mémoire, d’angoisses, d’inflammations gynécologiques… Ses proches la trouvaient perdue et épuisée, elle avait maigri de 10 kilos. Elle a passé de nombreux examens, sans que personne, jamais, ne soupçonne son calvaire. Comment est-ce possible ? S’agit-il d’une #négligence totale ou de #complicités dans le #corps_médical ? Au moins un des condamnés exerçait comme infirmier, et les enquêteurs ont retrouvé dans ses recherches en ligne les mots clés : « inceste », « soumission » et « young ».

    Des victimes non identifiées

    Non seulement tous les auteurs n’ont pas été retrouvés, mais toutes les victimes non plus. Parmi les 20.000 photos exhumées, d’autres femmes apparaissent, inconscientes et droguées. « Faute de moyens et de temps », l’enquête s’est arrêtée là selon la justice. Pourtant, Dominique Pélicot a pu se vanter d’avoir violé d’autres femmes auprès de ses coaccusés.

    Parmi les victimes identifiées, la fille de l’accusé Caroline, qui apparaît endormie dans des sous-vêtements inconnus, parties intimes apparentes, lumière allumée. A-t-elle été sédatée, violée ? Dominique Pélicot a nié durant le procès, alors qu’il avait par le passé demandé à ses petites-filles de soulever leur robe contre des bonbons, et que son petit-fils a depuis déposé plainte pour agressions sexuelles. Dans le cas de Caroline comme pour d’autres, la justice n’est pas allée chercher plus loin.

    Un réseau ?

    La plupart des accusés ont prétendu avoir rencontré Pélicot par hasard, en surfant sur le site #Coco, et ne pas le connaître, ni se connaître entre eux. La vraie nature des liens entre accusés n’a pas été réellement interrogée. Pourtant, plusieurs condamnés ont échangé par téléphone. Pourquoi ? Une chose est sûre, pendant le procès, plusieurs accusés se retrouvaient, discutaient et mangeaient ensemble pendant les pauses.

    Dans les années 1980 dans l’Yonne, l’affaire Dunand, concernant un vaste réseau de criminels séquestrant et torturant des jeunes filles de l’aide sociale à l’enfance, avait été clôturé de façon troublante par la justice. Le principal responsable, Claude Dunand, avait purgé une peine relativement clémente et était mort en 2021, emportant tous ses secrets dans sa tombe. Le procureur d’Auxerre avait déclaré que l’affaire avait « été sabotée ».

    https://contre-attaque.net/2024/12/28/affaire-pelicot-les-zones-dombre-du-proces
    #justice
    #procès_de_Mazan

  • #Gisèle_Pelicot, Medical Misogyny and How Disabled People Face Increased Risk of Abuse

    Most of us have heard Gisele’s story. It’s a reminder that even men you trust can harm you. Did you know that she went to her doctors for help? A look at how medical misogyny contributed to her abuse.

    First things first - I want to put a trigger warning on this article as it will deal with issues of rape, assault, abuse and medical neglect. Please feel free to skip if these topics will be difficult for you - or read in small chunks when you feel comfortable.

    There’s absolutely no pressure here - come and go as you please. My goal with this article is not to trigger or frighten people - but to look at the case involving Gisele Pelicot and what the rising tide of misogyny could mean for disabled individuals.

    The verdicts in her case are due in tomorrow - so let’s dive in and learn about this incredible woman, what happened to her and the unique role medical misogyny played in her abuse.
    Who’s Gisele Pelicot?

    If you aren’t familiar with Gisele - she’s making headline news in France for changing the traditional face of a rape victim. Her husband spent a decade drugging her and soliciting men on the internet to rape and assault her while she was unconscious.

    She found out about these atrocities by accident when he was caught filming up women’s skirts in a supermarket. The police checked his computer and found a folder filled with photos and videos of the egregious attacks on his wife.

    Over eighty men participated in these assaults - with many more declining to participate but not alerting Gisele or the authorities to her husband’s actions. Fifty one men have been identified and are now facing trial for rape - and Gisele waived her right to privacy so that they would be identified and have to face what they did to her. As she’s said many times - shame must change sides.

    Her case has sent shockwaves through women across the world - in large part because of just how many men participated in these horrific acts. She was married to her husband for FIFTY years. She believed him to be a good and safe man. Yet he wasn’t just hurting her - he was actively soliciting strangers to hurt her as well.

    The men who are charged with assaulting her range in age from 26 to 74 and come from all walks of life. Some were married, many had children of their own. They came from surrounding French towns after connecting with her husband on a website called Coco which has a history of overlooking dangerous and illegal behaviour. These men were invited to Gisele’s home for the express purpose of having intercourse with an unconscious woman.

    The list of men involved includes truck drivers, nurses, prison guards, firefighters, journalists, students, pensioners and municipal councillors. It’s frightening how most of the men seemed like ‘good men.’ There was no reason to suspect them of being capable of these crimes. They didn’t have a criminal record and they were active members of their communities.

    These men saw a post online about an opportunity to assault an unconscious woman with her husband’s permission - and they saw nothing wrong with taking that opportunity. Or if they DID see something wrong with it - they didn’t care.

    Either way - they harmed an innocent woman who wasn’t capable of consenting or fighting back. Many of them had sexually transmitted infections - Gisele caught four. Some men came back to the Pelicot home to assault her more than once.

    Can you even imagine the pain she’s feeling right now? To believe you’re in a loving marriage and then have the police show up at your door one day and shatter your entire world?

    To find out that not only was your husband drugging and assaulting you - he was actively encouraging others to do the same. Your marriage was a lie - and you’ve been put in danger for a decade.

    I consider myself an empathetic person who’s generally capable of putting myself in someone else’s shoes - but I genuinely can’t fathom the pain and betrayal she’s having to deal with.

    “Not All Men” and Why It Rings Hollow

    We NEED men to condemn this behaviour. To hold their fellow men responsible. Too many men participated in these atrocities and what’s galling is of the men who declined … no one sought help. They knew it was wrong - which is why they didn’t assault her - but they also didn’t warn her or go to police.

    How many men could have protected her? How many opportunities were there over a ten year period to stop this abuse? Why did no one even TRY?

    Not one of them went to the police - or even to Gisele herself - to let them know a woman was being repeatedly drugged, raped and assaulted and her husband was arranging it.

    They did nothing. They declined to actively participate and then patted themselves on the back for being “good men”.

    Newsflash: “Good men” would have sounded the alarm. They wouldn’t have expected a gold star for simply NOT raping an unconscious woman. I’m horrified whenever I read about it - but I keep talking about it so men realize WHY we’re angry. WHY we’re demanding they speak out.

    Now is not the time to shout “not all men” and demand we give you props for not being abusive. Now’s the time to say LOUDLY that you condemn this behaviour and that you will hold the men in your lives to a higher standard.

    Whenever I talk about this case - women share horrifying stories of their own rapes and abuse. Some share things they’ve never shared before. Gisele’s courage is helping other women speak out and find their voice.

    The response from men has been less encouraging. Some are appalled and quick to condemn these actions. But too many will immediately insert themselves in the conversation to ‘demand’ I clarify that it’s ‘not all men.’ They will tell me that it’s not necessary to condemn these actions as ‘they’re obviously wrong.’

    Men - it’s not obvious. Perhaps it should be - but too many women are raped and assaulted every single day for us to possibly believe that you know this behaviour is wrong. We need you to say it. We need you to be allies.

    When you insert yourself into the conversation and talk over the women - when you make demands and expect us to acknowledge that you are ‘one of the good ones’ - you’re inadvertently proving our point. You’re showing us that our voices don’t matter. That our safety means less to you than making sure you’re seen as a ‘good guy.’ That you are more interested in appearing to be a good man than actually learning what it takes to become a good man and ally.

    I promise you - we know it’s ‘not all men.’ The issue is - how can we know which men are the dangerous ones? How can we tell? Gisele had been married for fifty years and obviously thought her husband was a ‘good man.’ Most rapes are not carried out by strangers - but by men the women know and trust.

    We don’t know you’re a ‘bad man’ until it’s too late. Which means for our own safety - we must move through the world with a degree of caution towards ALL men. This isn’t because of misandry. We don’t hate men. We hate being harmed. We hate being raped. We hate not knowing who we can trust. We hate having to watch our drinks, where we walk, what we wear and who we are alone with. We’re exhausted, afraid and tired of being in danger.

    How Did Medical Misogyny Play a Role?

    I’ve noticed that there isn’t much discussion of the role medical misogyny played in what happened to Gisele. Some people don’t even realize how many times she sought medical help - because she KNEW something was wrong.

    We know our bodies and when something isn’t right with us - we notice. We can’t always determine what the problem is - we rely on doctors to do that. They’re the experts.

    Gisele went to her doctors looking for help - and they failed her. They had an opportunity to figure out what was happening to her - or at least involve the right people who COULD have figured it out. Imagine if she had been able to find out about her husband’s betrayal from a healthcare worker she knew and trusted - versus from police who randomly showed up at her door?

    How you receive a devastating diagnosis or traumatic news matters. She should have found out sooner and from someone she had a trusted relationship with.

    Why Did She Seek Medical Care?

    According to reports - Gisele sought medical care for a variety of symptoms including confusion, memory loss, vaginal and anal bruising and pain. She didn’t know WHAT was wrong - but she knew enough to try and get help.

    I think this is something we often overlook - our bodies are incredibly intuitive. They know when something isn’t right - even if our brain is unaware and/or unable to accept it. That little voice in your head will niggle at you that you’re missing something, your gut will send out repeated warning signs begging you to pay attention.

    Gisele went to her doctors and explained her symptoms - and her husband went with her. He informed them that she was forgetful and perhaps experiencing signs of early onset dementia.

    Rather than speaking to Gisele on her own - the doctors allowed her husband to drive the conversation - and Gisele ended up convinced that she was suffering from Alzheimers. In an article in The Telegraph - Gisele recalls asking her husband if he was drugging her:

    I didn’t understand why I had moments like this, I have an excellent memory,” said Ms Pelicot, adding that when she jokingly asked her husband, if he was drugging her, he “broke down in tears” and said: ‘You actually think I could do that?’.

    Remember what I said about how intuitive our bodies are? She may have asked jokingly - but I suspect her gut was trying to tell her something. Imagine abusing your wife repeatedly in such a barbaric manner - and then allowing her to suffer the horror and devastation of believing she had a terminal illness that was going to rob her of her mental faculties?

    The depths of her husband’s depravity clearly knew no limits - but why didn’t the doctors do more?

    I’m not suggesting they should have realized exactly what he was doing to her - I don’t think many people could conceive of such heinous acts being a possibility. But there were other clues that should have alerted them to the possibility of a bigger problem.

    When her STIs were discovered - he accused HER of cheating. She was convinced she was losing her mind, which gave him the opportunity to gaslight her into believing that maybe she was stepping out of their marriage and then forgetting what happened.

    She had no memory of having any affairs - and yet the doctors clearly took the word of her husband over her own. They didn’t investigate further. They deferred to HIM.
    This Is Medical Misogyny

    Giving more weight to the word of a man than your patient. Not speaking to your patient one on one without the man present. Assuming your patient is at fault when there’s no evidence to suggest that’s the case.

    What could they have done differently? They could have spoken to her without her husband present. They could have believed her that something was dreadfully wrong that went beyond ‘aging’. They could have involved social work to speak with her and perhaps they would have encountered more red flags. They could have called the police to investigate.

    There were ways they could have helped - and they failed her. As they fail so many women, marginalized people and those with disabilities.

    We are treated as invisible. Less than. Incapable of being the experts in our own bodies. We are frequently dismissed, talked down to and psychologized.

    Serious medical conditions are brushed off as anxiety, menopause, hormones, having a ‘delicate constitution’… the list goes on and on.

    Women’s pain is repeatedly under treated compared to men. The average time to a diagnosis of many serious illnesses are longer for us than our male counterparts. The ‘health gap’ is very real - and can destroy lives.

    If you’re tempted to dismiss this phenomenon - let me share some personal examples:

    - My Mom’s pancreatic cancer was initially brushed off as ‘anxiety’. She had intense itching and severe bruising which they said was due to stress from starting a new school year (she was a teacher). A few weeks later she turned yellow and received a terminal diagnosis

    - After my hysterectomy - I developed a severe post operative infection due to internal bleeding from a medical error. I went to the ER for help three times - and all three times was dismissed as ‘attention seeking.’ I had to bring a man with me to get testing done - and was immediately rushed for emergency surgery where I was only given 50/50 odds of survival

    – My POTS and various cardiac issues were dismissed for years as anxiety. Doctors missed the classic signs of postural tachycardia and repeatedly told me that I was fine and just needed to learn to relax more

    - My vEDS was missed for decades. Chalked up to growing pains and being a ‘sensitive’ child

    - When I need healthcare workers to wear a mask for me - I have considerably more success if I bring a man with me to the appointment

    - I’m frequently talked over, ignored and/or not trusted to know my own body. When I needed a hysterectomy - it was delayed for three years despite causing me enormous health issues. The reason? “You might meet a man who wants kids.” Not YOU might want kids (I didn’t) … you might meet a man who does.

    - In many medical situations over the course of my life - what a hypothetical man might want from me has come before what I want for myself. If I bring a man to the appointment - healthcare workers have deferred to him even if it’s clear I know far more about my condition

    Why Do I Say Disabled People Are at Increased Risk?

    The problems that exist within our medical system run deep. Misogyny, patriarchy, bias, discrimination - these are not things that can or will change overnight. Any inequality in the medical system is likely to disproportionately impact disabled people because of the deep rooted ableism that is pervasive in society.

    We interact with the medical system more than our non-disabled counterparts, which gives it more opportunities to let us down. We are treated as invisible, ‘useless eaters’, or unimportant nuisances.

    Our concerns are frequently brushed off as ‘nothing’ even when we present with very serious issues. One need not look further than the global response to the Covid pandemic - which has been to say repeatedly that ‘only the vulnerable are at risk.’ We ARE the vulnerable - and in the last five years the vast majority of people - healthcare workers included - have decided we’re expendable. A worthwhile sacrifice so they can go ‘back to normal’.

    We are far more likely to suffer from medical abuse and/or have significant medical PTSD - which means many of us don’t feel safe in healthcare situations. In fact - disabled people often say they would rather die than go to the hospital.

    We are also more likely to be in abusive relationships. We are often forced to rely on people who treat us poorly - because we can’t take care of ourselves and social supports are not sufficient to allow us to maintain our independence and autonomy.

    Some sobering statistics on disability violence (trigger warning - these numbers are shocking). All statistics taken from The Center for Disability Rights and quoted below:

    In 2015, disabled people were 2.5 times more likely than nondisabled people to experience violence

    Serious violent crimes like sexual assault, aggravated assault and robbery were more than three times as likely to impact disabled people

    Institutional violence is a serious issue - and disabled people constitute a significant portion of those who are institutionalized

    82% of violence against developmentally disabled adults was carried out in institutions (and in case you doubt how little the system cares for people in these situations - remember that in the UK those who were disabled and institutionalized had DNRs placed in their files without their consent during the early days of the Covid pandemic)

    Sexual assault is 7 times more likely to impact intellectually disabled people and 12 times more likely to impact intellectually disabled women

    More than 90% of people with developmental disabilities will experience sexual abuse in their lives, 49% will experience this abuse at least ten times

    Violence from intimate partners - is 40% more likely to affect disabled women than non disabled women

    In the past five years there have been more than 550 reported cases of disabled people - many of whom were children - murdered by their families

    The long and short of it is that disabled people are at far greater risk for abuse, neglect and medical trauma than non disabled individuals - and if they can’t safely confide in their doctor or healthcare worker - who can they turn to?

    We want to believe what happened to Gisele was an anomaly - but it wasn’t. The scope and severity of the abuse she endured may be an anomaly - but intimate partner abuse is not uncommon. The fact that she was dismissed by the medical system is also not surprising.

    Misogyny, rape culture and patriarchal values are alive and well. Medicine is not - and never has been - immune to these issues. When you combine them with rampant ableism and discrimination - you get a very unsafe situation for disabled people.
    Where Do We Go From Here?

    It starts with recognizing there is a problem. We must stop acting like these stories are outliers and start accepting that they are often the norm.

    We have a societal tendency to dismiss the concerns of both women and disabled individuals. To not trust us to know our own bodies. To refuse to believe us when we say something is wrong.

    We are not given autonomy over our bodies. We are regularly stripped of our agency and safety by family members, spouses and medical professionals.

    It must stop. We need to call out medical misogyny whenever it happens. Call out rape, sexual assault and patriarchal values that drive the harmful narrative that women are somehow the property of their male counterparts.

    It can be scary to share your story. It’s terrifying to speak up. But the more we refuse to be shamed into silence - the faster things will change. Gisele could have opted for privacy - she decided to allow her story to be public because ‘shame must change sides.’

    She wanted everyone to know that she did nothing wrong - the blame lies with those who chose to hurt her.

    That’s the most important takeaway - if you’ve been the victim of assault, medical neglect or misogyny - it was NOT your fault. You did nothing wrong. The individual, the system and society failed you.

    Abuse thrives in the dark. It relies upon victims being too scared to speak up. So let’s collectively support one another in loudly saying that enough is enough. Let’s demand better for ourselves and the generations that come after us.

    Let’s also lift up the good medical professionals that are out there. It’s important we recognize that they exist and need our support. When you find one - thank them. Ensure they know how much you appreciate their genuine willingness to listen, learn and allow patients to participate in their own care.

    We should also demand better from healthcare. We can and should support studies into the gender gap - and support anyone working to close the discrepancies that exist in the way men and women are treated in medicine.

    We can support women like Gisele. Say her name. Thank her for the sacrifice she’s making for the women who will come after her.

    I hope everyone pays attention to the verdict in this case - and if justice is not done I encourage every one of us to raise our voices in opposition. Hold Gisele in your thoughts and support one another wherever possible.

    We are stronger together.

    https://www.disabledginger.com/p/gisele-pelicot-medical-misogyny-and

    –—

    en partie traduit sur Mastodon:

    "Gisèle est allée voir ses médecins pour obtenir de l’aide - et ils l’ont lachée. Ils ont eu l’occasion de comprendre ce qui lui arrivait - ou du moins d’impliquer les bonnes personnes qui auraient pu comprendre la situation. Imaginez si elle avait pu découvrir la trahison de son mari grâce à un·e travailleur·e de santé qu’elle connaissait et en qui elle avait confiance, plutôt qu’à la police qui s’était présentée à sa porte par hasard ?

    "La façon dont vous recevez un diagnostic dévastateur ou des nouvelles traumatisantes est importante. Elle aurait dû l’apprendre plus tôt et de quelqu’un avec qui elle entretenait une relation de confiance.

    "Pourquoi a-t-elle demandé des soins médicaux ?

    "Selon les rapports, Gisèle a consulté un médecin pour divers symptômes, dont la confusion, la perte de mémoire, des ecchymoses vaginales et anales et des douleurs. Elle ne savait pas CE QUI clochait, mais elle en savait suffisamment pour essayer d’obtenir de l’aide.

    "Je crois que c’est quelque chose que nous négligeons souvent - notre corps est incroyablement intuitif. Il sait quand quelque chose ne va pas - même si notre cerveau n’en est pas conscient ou incapable de l’accepter. Cette petite voix dans votre tête se plaindra à vous disant que vous ratez quelque chose ; votre instinct vous enverra des signaux d’avertissement répétés vous demandant d’être attentif·ve.

    "Gisèle est allée voir ses médecins et leur a expliqué ses symptômes - et son mari l’a accompagnée. Il les a informés qu’elle était oublieuse et qu’elle avait des signes de démence précoce.

    "Au lieu de parler seule à Gisèle - les médecins ont laissé son mari de conduire la conversation - Gisèle a fini par se convaincre qu’elle souffrait de la maladie d’Alzheimer. Dans un article du Telegraph, Gisèle se souvient avoir demandé à son mari s’il la droguait :

    « Je n’ai pas compris pourquoi j’ai vécu des moments comme celui-ci, j’ai une excellente mémoire », a déclaré Mme Pelicot, ajoutant que lorsqu’elle a demandé à son mari, en plaisantant, s’il la droguait, celui-ci" a fondu en larmes « et a dit : ’Tu penses vraiment que je pourrais faire ça ?’. »

    https://climatejustice.social/@estelle/113681003679198532

    #viols_de_Mazan #médecine #mysogynie #mysogynie_médicale #patriarcat #viols #not_all_men #errance_médicale #corps

  • Procès de #Mazan : tous coupables, #et_maintenant ?

    Le verdict est tombé jeudi 19 décembre après plusieurs semaines de procès insoutenable. L’ensemble des 51 prévenus du procès de Mazan ont été reconnus coupables. Les peines de prison vont de 3 à 20 ans, la plus lourde étant pour #Dominique_Pélicot, qui avait commis et supervisé tous les viols.

    En 3 mois et 17 jours, #Gisèle_Pelicot est devenue, à son corps défendant, une héroïne féministe à travers le monde. Des rassemblements de soutien ont été lancés dans des centaines de villes, des graffitis à l’effigie de Gisèle ont décoré des milliers de murs et des articles écrits dans le monde entier. « Pour que la honte change de camp » est devenu un slogan qui donne des frissons à l’heure d’écrire ces lignes.

    J’ai vu des jeunes militantes aller faire des collages féministes pour la première fois, et j’ai été émue. Gisèle a porté un combat dans lequel tant de femmes se sont reconnues. Des milliers de femmes ont suivi jour après jour le procès, se sont déplacées jusqu’à Avignon pour lui apporter leur soutien, pour dire que même si nos violeurs à nous ne sont pas sur le banc des accusés, au moins pour une fois certains le sont. Jusqu’à aujourd’hui, les seuls procès pour viols médiatisés avaient pour protagonistes des personnes célèbres.

    Difficile de s’identifier à Adèle Haenel ou Judith Godreche. Mais Gisèle est une femme « comme nous ». Son violeur (ses violeurs) ne s’appelai(en)t pas Patrick Poivre d’Arvor, Gérald Darmanin ou Dominique Strauss Kahn. Ici les violeurs s’appellent Jacques, David, Philippe, des types banals. Difficile dans ce procès d’invoquer la calomnie, le complot politique, de dépeindre Gisèle comme une menteuse en quête d’argent ou d’attention, comme c’est toujours le cas lorsque les accusés sont célèbres.

    Cet article n’a pas pour prétention d’être une analyse ou une étude des enseignements à tirer de ce procès. Il n’a pas la prétention de prendre du recul sur ces mois passés. Ce n’est peut-être qu’un exutoire, une manière de comprendre les émotions qui m’ont (comme peut-être d’autres femmes ?) traversée ces 3 derniers mois. D’esquisser quelques pistes de réflexion. Le temps du recul viendra plus tard.

    Lorsque j’ai démarré cet article, j’ai pensé en faire un pamphlet anticarcéral. Parce que je refuse de me réjouir que 51 personnes aillent passer des années en prison. Parce que dans nos milieux militants autonomes, la lutte contre les prisons fait partie de nos combats. Et puis j’ai lu les premiers articles, entendu les premiers cris de joie. J’en ai parlé à des camarades, qui eux aussi m’ont dit que ce n’était pas le moment. Et j’ai changé d’avis. J’ai réalisé que l’enjeu était que dans une société où moins de 1% des viols sont condamnés, ici 100% des inculpés l’ont été.

    L’enjeu était que même si nos violeurs à nous ne seront jamais inquiétés, ceux là le sont. Et cela porte en creux un espoir. Il ne s’agit pas de dire que nous allons mettre tous nos agresseurs en prison, ni que ces #condamnations sont la victoire finale des femmes sur la société patriarcale. Mais un moment où on peut reprendre notre souffle avant de s’engager dans la suite de la bataille.

    Des années après #MeToo, ce procès a permis de parler de viols avec des personnes avec qui on ne l’avait jamais fait. Le procès de Mazan a infiltré les murs des cafés, les déjeuners du dimanche, les pauses clopes des entreprises. J’en ai parlé avec mon père, ce qui était impensable il y a quelques années. Gisèle nous a permis de pouvoir dire : moi aussi.

    Le concept de Rose Lamy, du compte Instagram « Préparez vous pour la bagarre », est à présent rentré dans le langage commun et « les #bons_pères_de_famille » sont tombés de leur piédestal. Il a bien fallu admettre que les violeurs n’étaient pas des monstres en-dehors de la société, mais des #messieurs_tout_le_monde. Ce qu’on se tuait à expliquer depuis des années a enfin pu être entendu. Parce que les chiffres existent depuis des années : 91% des victimes de viol connaissent leur agresseur. Mais les chiffres ne suffisaient pas. Il a fallu Gisèle pour qu’on accepte d’en parler.

    Le procès a également permis de reparler de la notion de #consentement. Parce que la défense s’est souvent basée sur le fait que leurs clients « pensaient sincèrement que la victime était consentante » et qu’ils étaient « tout autant victimes que la victime ». Le tribunal a tranché : cette défense ne tient pas. Il n’existe pas de « droit à l’erreur de violer sans intention, de violer par accident, de violer involontairement, de violer par bêtise, de violer par inculture ».

    La #défense a souvent été d’une #indécence crasse. Certain-es avocat-es n’ont pas hésité à demander à Gisèle si elle n’y avait pas pris un peu de plaisir. L’une d’elle avait publié une vidéo qui avait fait scandale, dansant sur « Wake me up before you go go » – littéralement : « Réveille moi avant de t’en aller ». Leur plaidoyer a été un véritable réquisitoire antiféministe. Les avocat-es se sont déchainé-es contre la prétendue vindicte populaire et les hordes de féministes assoiffées de sang. Ils auraient invoqué la sorcellerie s’ils l’avaient pu.

    Ce procès nous a aussi permis de sortir des milieux militants féministes des questions qu’on se pose depuis des années, et d’en faire des questions sociétales. Pourquoi est-ce que les hommes violent ? Comment faire pour qu’ils ne violent plus ? Lorsqu’on voit l’un des avocats de la défense jeter à la face des femmes devant le tribunal un « merde, mais avec le sourire », on sait que le chemin est encore long.

    L’une des personnes présentes devant le tribunal pose la question qu’il faut poser : « On espérait un avant et un après, mais qui va s’en emparer ? » En effet, comment faire pour s’emparer politiquement des questions soulevées ces trois derniers mois ? Comment en faire un sujet porté par l’ensemble de la société, et pas uniquement par les milieux féministes ? Parce que, ne nous voilons pas la face, les faits sont là : devant le tribunal d’Avignon, dans les rassemblements de soutien, une écrasante majorité de femmes. Et tant que seule la moitié de la population se sentira concernée, la #culture_du_viol n’a aucune chance d’être dépassée.

    Gisèle a voulu que ce procès soit public. Dans une société où la culture du viol est portée comme un art de vivre à la française, elle a osé dire qu’il fallait que la honte change de camp. Gisèle a ouvert une brèche avec son courage hors norme. À nous maintenant d’en être dignes.

    https://contre-attaque.net/2024/12/21/proces-de-mazan-tous-coupables-et-maintenant

    #viols #viols_de_Mazan #procès

  • Le #Kazakhstan se rêve en nouvel eldorado des terres rares

    Le Kazakhstan envisage d’investir massivement dans l’#exploration_géologique, dont celle de #métaux_rares, avec l’aide financière et technique des pays occidentaux, très intéressés par les #ressources du #sous-sol kazakh, explique la presse de la région.

    “On dit que celui qui possède les terres rares possède le monde – or le Kazakhstan ferait partie des pays qui détiennent les plus grandes réserves de terres rares”, se gargarise le site d’information kazakh Tengri News.

    Problème : “Il n’y a pas de production de terres rares au Kazakhstan aujourd’hui, faute de #technologies économiquement viables pour leur traitement”, explique le directeur général du Centre national de traitement des matières premières minérales et académicien kazakh Abdurassol Jarmenov. Bien que “des perspectives de développement de cette industrie existent”, la qualité des #minerais de ces terres rares “laisse à désirer, car elle est dix fois inférieure à celle des minerais chinois”.

    “Nous ne serons jamais les plus grands fournisseurs de terres rares, concède Abdurassol Jarmenov. Leur production pourrait néanmoins donner un sérieux coup de pouce à notre économie.”

    Perspectives alléchantes

    Autre site kazakh, Kursiv est plus optimiste : "Aujourd’hui, notre pays produit 19 des 34 métaux les plus importants pour l’économie mondiale." Le ministère de l’Industrie a récemment "identifié plus de 100 #gisements de métaux rares, notamment de #tungstène, #molybdène [un million de tonnes] et #lithium [227 000 tonnes]", mais aussi de "#tantale, de #niobium et de #béryllium". Et Kursiv d’affirmer :

    "Le jour où les métaux rares dépasseront le pétrole est proche."

    "Certains experts prévoient que la demande mondiale de lithium doublera d’ici deux à trois ans. Et le prix du #cobalt pourrait augmenter de 70 %. Les métaux rares sont désormais considérés comme le pétrole de la nouvelle ère."

    "L’#exploitation des riches gisements de terres rares au Kazakhstan revêt une importance stratégique. La valeur totale de plus de 5 000 gisements non exploités dépasse 46 000 milliards de dollars, ce qui fait de leur développement une priorité pour renflouer le budget de l’État", relate le journal russe Nezavissimaïa Gazeta.

    Le président, Kassym-Jomart Tokaev, a récemment demandé au gouvernement d’"oeuvrer pour élargir, d’ici à 2026, la zone des explorations géologiques de 1,5 à 2,2 millions de kilomètres carrés". Le Premier ministre, Oljas Bektenov, a quant à lui affirmé vouloir "attirer activement les investisseurs étrangers dans l’exploration géologique, et, dès l’année prochaine, des entreprises étrangères [américaine, française, allemande, britannique et finlandaise] prospecteront le sous-sol kazakh".

    Le ministre de l’Industrie et de la Construction, Kanat Charlapaev, a par ailleurs récemment confirmé que le Kazakhstan "a considérablement accéléré l’exploitation de ses réserves de minéraux - #fer, #manganèse, #or, #uranium, #pétrole, #gaz". Le seul gisement de #Kuirektykol, dans la région de #Karaganda dans le centre du pays, "recèlerait 800 000 tonnes de terres rares".

    Éviter le scénario de l’#industrie_pétrolière

    Les ressources du Kazakhstan "attirent depuis longtemps l’attention des États-Unis, de l’UE, de la Chine et de la Corée du Sud", poursuit Nezavissimaïa Gazeta. En 2023, l’extraction de minéraux d’importance stratégique a été "l’objet de discussions entre Tokaev et son homologue français Emmanuel Macron, et en février 2024 [le président américain] Joe Biden a entamé un dialogue sur les minéraux critiques entre le Kazakhstan et les États-Unis, puis en juin le développement des gisements de lithium a été discuté à Astana par le président sud-coréen Yoon Suk-yeol". Le service géologique national compte sur l’aide financière de Londres pour créer "une carte géologique numérique du sous-sol kazakh".

    L’expert russe Alexandre Kobrinski, interrogé par Nezavissimaïa Gazeta, met en garde : "La situation avec les terres rares au Kazakhstan risque de reproduire le scénario de l’industrie pétrolière, quand le pays a perdu le contrôle de la production d’hydrocarbures en raison de sa forte dépendance aux investisseurs étrangers, qui détiennent 70,5 % des capacités de production, privilégiant une production rapide et bon marché plutôt que des investissements à long terme. Cela pose la question de savoir si le Kazakhstan maximisera les bénéfices de ses propres ressources." Autrement, le pays se transformerait "en un appendice de fournisseurs de matières premières, ne recevant en échange que des fonds insignifiants".

    https://www.courrierinternational.com/article/asie-centrale-le-kazakhstan-se-reve-en-nouvel-eldorado-des-te

    #terres_rares #extractivisme

  • Relogement de tout⋅es les habitant⋅es du Bathyscaphe ! [Actions collectives] ⋅ #GISTI
    https://www.gisti.org/spip.php?article7405

    Les habitant⋅es du #squat du Bathyscaphe, situé à Aubervilliers, qui existe depuis un an et demi, risquent d’en être expulsés lundi matin sans perspective de relogement pour ces familles avec enfants et ces femmes et hommes isolé⋅es.

    Encore une fois, la préfecture et la mairie ont ignoré l’ensemble de leurs demandes pourtant réitérés à de multiples reprises. Préférant, comme d’habitude, se renvoyer la balle plutôt que d’assumer leurs responsabilités. Pourtant la préfecture a les moyens de trouver des solutions de logement stable pour l’ensemble des habitant⋅es. La mairie d’Aubervilliers peut aussi trouver des solutions, que ce soit dans des logements déjà existants ou en réquisitionnant un des très nombreux bâtiments vides et en bon état qui se trouvent sur la commune.

    La mairie et l’État ont l’indécence de prendre prétexte de l’incendie qui s’est déclaré dans l’un des nombreux bâtiments du lieu pour expulser sans délai l’ensemble des bâtiments sans proposer la moindre solution compatible avec les situations des habitant⋅es. En effet, des enfants sont scolarisé⋅es à Aubervilliers, des personnes travaillent ou étudient en Île-de-France, d’autres sont suivies ans des hôpitaux franciliens. La solution n’est évidemment pas de proposer des hébergements précaires à l’autre bout de la France !

    Nous demandons qu’aucune expulsion n’ait lieu aussi longtemps que des solutions de relogement stable pour l’ensemble des habitant⋅es n’auront pas été proposées.

    https://piaille.fr/@gisti

    Et la trêve hivernale : du 1er novembre 2024 au 31 mars 2025 ?
    https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A14632
    La république française elle s’en tamponne comme d’autres des résolutions de l’ONU. Les habitant⋅es du Bathyscaphe sont des squatteur.euses, des qu’ont même pas de papiers, des surnuméraires quoi !

  • #Lithium dans l’#Allier : la #mine pourrait être exploitée 50 ans

    Changement de programme. La première mine de lithium en France pourrait être exploitée pendant cinquante ans, et non vingt-cinq ans, comme prévu initialement.

    Ce projet, porté par le groupe #Imerys dans l’Allier, est très contesté localement. Appelé #Emili (pour « exploitation de #mica_lithinifère »), il vise à produire, à partir de 2028, de l’#hydroxyde_de_lithium pour équiper 700 000 #batteries de #véhicules_électriques. Il coûterait environ 1 milliard d’euros d’investissement.

    Alors que le projet prévoyait d’exploiter la mine pendant vingt-cinq ans, un avis de l’Autorité environnementale publié le 21 novembre relève qu’« une demande de #concession_minière de cinquante ans sera déposée en 2025 ». La durée d’exploitation pourrait donc être augmentée « compte tenu des résultats des derniers sondages ayant conclu à des capacités plus importantes du #gisement ».

    Dans cet avis, l’autorité environnementale estime également que l’analyse du porteur de projet présente des « #insuffisances » et des « #lacunes » concernant les #nuisances_environnementales et sanitaires potentielles du projet.

    Celui-ci est très contesté localement. Le débat public a duré quatre mois, et a réuni plus de 3 000 participants aux douze réunions publiques. Mais le gouvernement tient à ce projet. Sur demande de plusieurs maires et présidents de communautés de communes de l’Allier, il avait classé le projet « d’#intérêt_national_majeur » par un #décret publié le 7 juillet, jour du second tour des élections législatives anticipées, sans même attendre la fin du débat public le 31 juillet. Ce statut, créé par la #loi_Industrie d’octobre 2023, est synonyme d’#accélération des procédures et de #dérogations administratives.

    https://reporterre.net/Lithium-dans-l-Allier-la-mine-pourrait-etre-exploitee-50-ans
    #France #exploitation

    • Contre le géant minier Imerys, les oppositions veulent unir leurs forces

      L’industriel a le vent en poupe, avec le récent label « stratégique » apposé par l’UE à son projet phare, l’extraction de lithium dans l’Allier. Mais en face, la résistance s’organise. Le week-end dernier, des opposants aux divers projets avaient rendez-vous en Dordogne pour coordonner leurs luttes.

      Pour les opposant·es au projet de mine de lithium Emili, porté par le groupe Imerys dans l’Allier, les mauvaises nouvelles se suivent et se ressemblent. En juillet 2024, en plein débat public sur les enjeux du creusement à Échassières de la deuxième plus grande exploitation de lithium d’Europe, l’État français avait déjà décrété « d’intérêt national majeur » le projet phare du géant minier.

      Le 25 mars, alors que se poursuivait l’enquête publique sur les demandes d’autorisation environnementale et de permis de construire déposées par Imerys pour des usines pilotes, la Commission européenne a inclus Emili dans une liste de quarante-sept chantiers « stratégiques » visant à assurer l’approvisionnement du continent en matières premières « critiques ».

      Autant d’annonces qui font peser sur les débats tout le poids de l’État français et de l’Europe, résolus à ce que le complexe minier voie le jour et soit en mesure de fournir à la politique de transition énergétique la matière pour près de 700 000 batteries de voitures électriques par an, d’ici à 2028, tout en garantissant à l’entreprise une procédure simplifiée pour arriver à ses fins.

      « Notre première réaction, c’est qu’ils se foutent du débat public, de la procédure en cours. Ils y vont au rouleau compresseur », résume Jacques Morisot, président de l’association Préservons la forêt des Colettes, un des collectifs bourbonnais qui s’opposent au projet Emili. Mais le militant a aussi une deuxième lecture de ces annonces tonitruantes. « Il s’agit peut-être d’un signe de faiblesse de leur part, veut-il croire. Ils sentent que ça monte et ils essaient de faire le forcing. »
      Contre le « carnage » des mines

      Car quelque chose est bel et bien en train de « monter », et pas que dans l’Allier. En ce dimanche matin, le hameau de Pierrefiche (Dordogne) bruisse d’une activité inhabituelle pour ce coin reculé du Périgord vert. Dans la vaste salle à manger d’un corps de ferme, puis sur les pelouses attenantes, une trentaine de représentant·es de différentes plateformes débattent des meilleurs moyens d’unir leurs forces pour faire plier leur adversaire commun, Imerys, et au-delà, la logique de l’extractivisme à tout prix.

      Outre la délégation bourbonnaise, il y a les Bretons de Glomel (Côtes-d’Armor), en lutte contre l’extension par Imerys de la plus grande mine à ciel ouvert de France, consacrée à l’extraction de l’andalousite, un minerai prisé par la grande industrie pour ses propriétés réfractaires. Eux ont l’expérience de dizaines d’années d’exploitation d’un site par l’industriel, de la pollution de cours d’eau, attestée en dépit des dénégations de l’entreprise. Enfin, il y a les pressions exercées sur les opposant·es, notamment grâce à l’arme de la propriété foncière, à l’instar de cet ancien maire un peu trop remuant, dont le bail pour des terres agricoles qu’il exploitait a été résilié.

      « Nous sommes ici pour mettre en commun nos cultures de lutte », explique Jules, membre de la délégation armoricaine. « Par exemple ici, en Dordogne, les ruisseaux ne sont pas cartographiés. Ce serait bien de le faire. Pour les histoires d’eau, on peut aider », complète Mélanie Ulliac, guide naturaliste et ancienne salariée de la réserve naturelle régionale des landes et marais de Glomel. « Nous, on connaît le carnage que ça va faire. »

      L’assemblée compte un trio de Cantaliens, défenseurs de la narse de Nouvialle, une zone humide protégée de 400 hectares, point de passage de plusieurs espèces d’oiseaux migrateurs et dans le viseur de l’industriel en raison de son stock prodigieux (le plus grand d’Europe) de diatomite. La roche siliceuse, formée de coquillages microscopiques, est recherchée pour sa capacité de filtrage tant par les groupes pharmaceutiques qu’agroalimentaires.
      Intérêt national contesté

      Les Cantalien·nes peuvent se targuer de constituer le collectif le plus ancien présent à Pierrefiche – il a été créé en 1995, en réponse à un premier projet d’exploitation de la narse –, et le plus puissant, avec quelque 3 200 adhérent·es dans toute la France ainsi que le soutien de nombreux élus locaux.

      Le projet industriel est pourtant, à ce stade, l’un des moins avancés. Si Imerys a obtenu, en décembre 2021, le classement de la zone par le préfet de région en « gisement d’intérêt national » et son inscription au schéma régional des carrières du Cantal, il n’a pas encore déposé de demande d’exploitation.

      Mais la situation devrait rapidement évoluer. L’industriel a en effet racheté en janvier les activités diatomite de son concurrent Chemviron, filiale européenne de l’américain Kuraray. Il se retrouve ainsi à la tête de deux usines de transformation de la diatomite et d’une centaine d’hectares de terres au fond de la narse, alors que la seule carrière en activité, celle de Foufouilloux (Cantal), devrait être épuisée en 2027 ou 2028.

      Dès lors, la demande d’autorisation préfectorale ne devrait plus tarder, estime Chantal Jean, membre du groupe de coordination du collectif de la Nouvialle. « Et après, tout va se précipiter », poursuit la militante, choquée par l’acharnement d’Imerys à vouloir exploiter son produit alors que « la filtration alimentaire est en régression, les entreprises alimentaires parvenant à se passer de la diatomite ». « Ils en sont à créer de nouveaux besoins, de nouveaux débouchés, comme des additifs dans la peinture ou le ciment », déplore-t-elle.

      Le cénacle de Pierrefiche comprend également des scientifiques – naturalistes, archéologues – désireux de mettre leurs connaissances au service des militant·es, des représentant·es d’autres mobilisations, comme celle contre la prospection d’or en Haute-Vienne.
      Luttes locales

      Le gros des effectifs est toutefois constitué d’activistes locaux, rassemblés autour de deux projets d’Imerys : l’extension sur 40 hectares d’une exploitation de quartz à Lempzours, pour lequel l’industriel n’a pas encore déposé de dossier, et la création d’une nouvelle carrière du même minerai – utilisé dans la fabrication de silicium, une des dix-sept matières premières stratégiques listées par la Commission européenne – sur 45 hectares à Razac, un plateau forestier visible depuis le lieu de la réunion.

      Hôte de l’assemblée et président du collectif « Sauvegardons Razac et le bassin de la Côle », Gérard Dufraisse l’affirme avec fermeté : il n’est pas un « NIMB », un « not in my backyard », soit en français un opposant à tout projet industriel pour la seule raison qu’il risque de ruiner son potager ou sa vue. Le médecin retraité était même plutôt favorable à cette nouvelle carrière, quand les représentants d’Imerys lui ont assuré, début 2022, que les machines ne creuseraient pas à plus d’un mètre de profondeur pour extraire du sol les galets de quartz, et uniquement sur le sol plat du plateau.

      « Mais quand j’ai lu le dossier de l’enquête publique, j’ai découvert qu’ils prévoyaient de creuser à 10 mètres de profondeur, et qu’ils allaient descendre dans les pentes. Ce n’est absolument pas réhabilitable », relate-t-il. Sans compter la quarantaine de camions appelés à arpenter chaque jour la départementale « où on n’arrive déjà pas à se croiser en voiture », souligne le retraité.

      Gérard Dufraisse est ainsi devenu militant malgré lui. « Je ne suis dans aucune de ces luttes, mais je découvre des manières de faire et je me réveille avec mon pays natal qui va être livré à des sociétés extractivistes. Parce que des galets, il y en a partout dans la région, explique-t-il. Ils ne s’arrêteront jamais si personne ne s’y met. »

      Et aujourd’hui, l’ancien médecin hospitalier se réjouit de l’afflux des activistes dans son hameau. « Je suis ravi, tous ces gens sont extrêmement intéressants pour nous. On montre qu’il y a une solidarité qui se crée », commente-t-il.

      La veille, les délégations ont arpenté la D77 de Thiviers à Pierrefiche, soit une marche de 6,5 kilomètres, au sein d’un cortège de plus de deux cents manifestant·es, égayé par des fanfares et de nombreux costumes, pour procéder au jugement de « Pelletassou », une marionnette géante accusée d’accaparement des territoires à son seul profit, mensonge et participation à un écocide. L’accusé a été condamné à une assignation à résidence perpétuelle dans l’église de Pierrefiche.

      « C’était un peu trop sur un mode carnavalesque, les gens du coin vont nous prendre pour des saltimbanques », grommelle Gérard Dufraisse, avant de convenir qu’après tout, « les jeunes qui viennent s’installer dans le Périgord vert, ils sont comme ça, et ils ont une conscience écologique bien plus grande que la nôtre ».

      https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/020425/contre-le-geant-minier-imerys-les-oppositions-veulent-unir-leurs-forces
      #résistance

  • Révélations sur les #contaminations de la plus grande mine à ciel ouvert de l’Hexagone

    « La #pollution de l’#eau par la mine ? Il n’y a pas de problème. » Face au discours sur les « #mines_propres », Splann ! révèle les pollutions générées par la mine d’#andalousite de #Glomel, au cœur de la #Bretagne, exploitée par la multinationale #Imerys.

    En Centre Bretagne, la commune de #Glomel, étendue sur près de 80 km2, est un véritable château d’eau. Ses sources, ses ruisseaux et ses marais dominent les bassins versants de l’#Ellé et du #Blavet. On y trouve encore certains habitats naturels emblématiques de la région, landes, tourbières et autres prairies humides. C’est pour protéger cette richesse qu’ont été créés la réserve naturelle régionale des landes et marais de Glomel, ainsi que deux sites Natura 2000 et plusieurs zones naturelles d’intérêt écologique faunistique et floristique.

    Le paradoxe est que Glomel abrite aussi la plus grande mine à ciel ouvert en activité de l’hexagone : sur place, la #multinationale Imerys peut extraire chaque année jusqu’à 1,5 million de tonnes de roches et raffine dans ses deux usines un quart de la production mondiale d’andalousite.

    La « #Damrec » comme on dit ici en référence à l’ancien nom d’Imerys, est longtemps passée inaperçue. Déjà, qui connaît l’andalousite, ce minéral résistant aux très hautes températures ? On le retrouve sous forme d’additif dans les #bétons ou les #peintures, dans les blocs moteurs de camions ou dans les fours de toute l’#industrie, de la #métallurgie au #nucléaire. Mais si l’andalousite est couramment utilisée par la grande industrie pour ses propriétés réfractaires, nous n’avons jamais directement affaire à elle.

    D’immenses cratères au cœur de la Bretagne

    Le site de Glomel est resté d’autant plus discret qu’il n’est, aux yeux de l’administration, qu’une carrière : on imagine un modeste carreau au bord d’une route déserte, quelques camions. Sauf que…

    Sauf qu’il s’agit bel et bien d’une mine avec ses immenses #cratères, ses usines, ses #bassins_de_décantation remplis d’#eau_acide et ses montagnes de #déchets qui avancent dans le paysage, avalant les champs, les fermes et les chemins. Tout ceci inquiète nombre de riverains, qui voient se multiplier les cas de #cancer et se demandent ce qu’il restera des zones humides, des sources et des captages dans cet avenir où rien ne sera plus précieux que l’eau.

    Mais Imerys compte bien aller au bout de ce #gisement. Après une enquête publique houleuse et d’âpres débats, l’État vient de l’autoriser à poursuivre l’#exploitation jusqu’en 2044 en creusant une quatrième #fosse_d’extraction : un #trou grand comme quinze terrains de football et aussi profond que cinq immeubles parisiens empilés.

    Une étude partiale payée par l’industriel

    Sur le site internet d’Imerys Glomel, on lit qu’« une des priorités du site concerne la gestion des rejets aqueux […] dans les rivières, zones humides et nappes souterraines alentour ». L’enjeu est de taille, puisqu’en aval de la mine se trouve la réserve naturelle régionale de #Magoar_Penvern. Puis, à 6 km du site industriel, un premier captage d’#eau_potable dans l’Ellé alimente les 6000 habitants des communes voisines.

    Dans le #Kergroaz, un minuscule ruisseau qui serpente dans le sous-bois, Imerys rejette chaque année environ 1,5 million de mètres cubes d’#eaux_usées. Ces eaux sont traitées, et les exigences de la préfecture ont conduit l’entreprise à investir récemment dans une unité destinée à limiter la quantité de #manganèse et de #fer dans ses rejets. Mais même après traitement, ils contiennent des quantités très importantes de #contaminants : la préfecture des Côtes-d’Armor autorise le site à rejeter chaque jour dans ses eaux usées jusqu’à 9 kg d’#hydrocarbures et, entre autres, jusqu’à 11 kg par jour au total de #cobalt et de #nickel, des #métaux cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques.

    Pourtant, Imerys assure n’avoir « aucun impact sur les eaux » et a financé une étude sur cinq ans de l’état écologique du #Crazius, où se jette le Kergroaz. Cette étude payée par l’industriel conclut à un « bon état » du cours d’eau pour certains paramètres, mais ce qui frappe, c’est que les métaux les plus toxiques émis par le site ne semblent pas avoir été recherchés dans le cours d’eau.

    Pourquoi s’intéresser à la présence de fer et d’aluminium, et non à des contaminants bien plus redoutables comme l’#arsenic, le #cadmium, le #cobalt ou le #nickel, qui sont par ailleurs présents dans les déchets de cette mine ? Interrogé, Imerys n’a pas souhaité répondre à nos questions. Pour y voir plus clair, Splann ! a décidé de faire analyser les sédiments du Crazius.

    « Les quantités de #contaminants présentent manifestement un danger »

    En juillet puis en septembre, Splann ! a prélevé plusieurs jeux d’échantillons de sédiments dans le lit du ruisseau d’abord en amont du point de rejet de la mine, pour disposer d’un échantillon « témoin » ; puis dans un deuxième temps au niveau où Imerys rejette ses eaux usées ; et finalement à 2 km de là en aval dans le même cours d’eau, dans la réserve naturelle régionale.

    Ces sédiments ont été analysés par un laboratoire accrédité Cofrac. Les résultats de ces analyses ont été interprétés avec l’aide de Frédéric Gimbert, spécialiste des pollutions minières et chercheur en écotoxicologie au CNRS de Besançon.

    Alors que les sédiments du prélèvement témoin, en amont, ne présentent aucune contamination, au niveau du point de rejet d’Imerys, les concentrations en nickel sont jusqu’à 60 fois supérieures à la valeur guide pour un bon état écologique des sédiments d’eau douce. Les concentrations en cobalt sont jusqu’à 20 fois supérieures à cette valeur. Les analyses révèlent aussi la présence de métaux toxiques qu’Imerys n’est pas censé déverser : les sédiments contiennent quatre fois la valeur guide pour l’arsenic et une teneur anormale en cadmium, tous deux également cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques.

    « De telles quantités de contaminants présentent manifestement un danger et un #risque potentiel pour l’environnement, estime Frédéric Gimbert. Il faudrait également rechercher ces mêmes contaminants dans les #sols où se déposent les #poussières issues de l’#activité_minière et conduire plus largement une étude d’évaluation des #risques, pour l’environnement, mais aussi pour la santé publique. »

    Les analyses de Splann ! révèlent également que la contamination s’étend au-delà du périmètre immédiat de la mine. À deux kilomètres en aval du site, au cœur de la réserve naturelle régionale de Magoar Penvern, les concentrations en cobalt et en nickel sont plus de dix fois supérieures aux valeurs guides pour un cours d’eau en bon état écologique.

    Un captage d’eau potable en aval de la mine

    Qu’en est-il à six kilomètres en aval, dans la rivière Ellé où #Eau_du_Morbihan prélève une partie de l’eau qui sera ensuite traitée pour être distribuée aux communes voisines ? Pour le savoir, notre équipe s’est rendue à #Toultreincq [qui signifie trou saumâtre en breton, NDLR], dont l’usine de potabilisation est justement en plein travaux. Une toute nouvelle unité de traitement est en construction pour un coût de six millions d’euros d’argent public.

    « La pollution de l’eau par la mine ? C’est simple : ce n’est pas un sujet. Il n’y a aucun problème », déclare, dès le début de notre visite, Dominique Riguidel, le directeur d’Eau du Morbihan qui s’est déplacé en personne pour nous le dire. L’ouverture de nouveaux captages d’#eau_souterraine permettront de « diversifier les ressources et de limiter les prélèvements dans l’Ellé », explique-t-il. C’est-à-dire précisément à limiter la dépendance au captage de #Pont Saint-Yves, sur l’Ellé, en aval de la mine.

    Mais le directeur d’Eau du Morbihan est formel : tout ceci n’a aucun rapport avec le fait qu’Imerys rejette chaque année 1,5 million de mètres cubes d’eaux usées contenant des #sulfates, des hydrocarbures et des #métaux_lourds en amont de ce captage. « La nouvelle unité permettra de mieux traiter les #pesticides et les #médicaments », justifie-t-il.

    Un ingénieur chimiste, expert en contaminations pour des organismes de #santé_publique, s’interroge : « J’ai du mal à croire que tous ces travaux n’aient aucun rapport avec l’agrandissement de la mine. Vu l’argent que ça coûte de changer une installation, ça ne se fait pas sans raison objective. Et il n’est pas courant d’avoir de tels traitements de l’eau en tête de bassin versant, où elle est normalement moins polluée. »

    Pour connaître la qualité de l’eau sur l’Ellé, en aval de la mine, le plus simple est de s’adresser à l’agence régionale de santé (ARS), qui surveille les captages. Nous lui avons demandé de nous communiquer les analyses de l’eau captée en aval de Glomel.

    « Il n’existe pas de contrôle sanitaire sur la ressource ‘Pont Saint-Yves’ exclusivement », a répondu l’ARS. Le captage d’eau le plus exposé aux pollutions de la mine ne serait donc pas surveillé : l’agence publique ne contrôle la qualité des eaux brutes qu’après qu’elles aient été mélangées à la station de traitement. Une fois dilués dans les eaux prélevées ailleurs, les contaminants d’Imerys passent inaperçus. Ce qui pousse certains riverains désabusés à résumer ainsi la situation : « La mine de Glomel utilise la réserve naturelle régionale comme station d’épuration » pour traiter ses effluents chargés en métaux toxiques. « Mais si la contamination continue d’augmenter, explique l’ingénieur chimiste, l’eau de ce captage risque de ne plus être utilisable pour produire de l’eau potable. »

    Un lac rempli de métaux lourds

    « Quand j’étais ado, par une chaude journée d’été, je m’amusais à repérer les plans d’eau des environs sur les photos satellites. J’ai découvert un lagon bleu à Glomel. J’ai demandé à ma mère : ‘pourquoi on n’est jamais allées s’y baigner ?’ ». Voilà comment Camille a découvert la mine de Glomel : un espoir de baignade. Espoir déçu : le lac de douze hectares dont elle parle, une ancienne fosse d’extraction, recueille en continu des eaux acides et les boues de traitement des usines du site.

    Une autre riveraine se rappelle : « Pendant une réunion en 2022, j’ai demandé ce que contenait cette fosse qu’on appelle ‘la #fosse_2’. Imerys m’a répondu ‘Du #mica et des #oxydes_de_fer’. » Pas de quoi s’inquiéter, donc, Camille aurait pu s’y baigner. Mais dans un tableau perdu dans les 3000 pages du dossier d’enquête publique, on apprend que ces #boues contiennent de fortes concentrations de cadmium, de #chrome, de cobalt, de nickel et de #plomb : des métaux dits « lourds », cancérigènes, neurotoxiques et reprotoxiques.

    Les boues de cette #fosse contiennent aussi les produits chimiques utilisés dans l’usine. Lors d’une réunion publique, les porte-parole de l’entreprise ont assuré que « le procédé d’extraction ne fait pas intervenir de composés chimiques ». Pourtant, les documents de l’enquête publique indiquent que les usines de Glomel utilisent 75 tonnes par an de substances nocives pour l’#environnement et la santé.

    Par exemple, le #méthyl-isobutyl carbinol, un #solvant dangereux pour les #nappes_souterraines, l’#acrylamide, cancérigène, mutagène et reprotoxique, le #sulfonate_de_sodium et l’#amylxanthate, toxiques pour la #vie_aquatique.

    Les #déchets_miniers ont contaminé les #eaux_souterraines

    Chaque année, une trentaine de tonnes de ces produits sont déversées dans le « joli lac ». Imerys affirme que la fosse est « étanche », mais aucune membrane n’empêche ces boues acides de s’infiltrer dans les eaux souterraines. Et il en va de même dans tous les autres espaces du site où sont entreposées ces boues : la « fosse n°1 » (2 millions de m³) et « l’ancienne digue » (900 000 m³).

    Les contaminants de ces déchets toxiques ont commencé à migrer vers les eaux souterraines : c’est ce qu’indiquent certains éléments qu’Imerys a communiqués à l’administration. L’un des appareils de mesure de l’industriel relève que les taux de contaminants ont explosé entre 2012 et 2021.

    Par exemple, les déchets de la mine contiennent des concentrations importantes de nickel, un métal qui provoque des #cancers du poumon et des sinus et des #maladies_cardiovasculaires. Or, sous le site minier, les eaux souterraines contiennent 40 fois la teneur en nickel maximale autorisée pour les eaux brutes destinées à la consommation. Les autres contaminants (cobalt, cadmium, arsenic, produits chimiques…) susceptibles d’avoir migré vers la nappe ne semblent pas surveillés.

    En juin 2024, en prolongeant l’exploitation de vingt ans, les services de l’État ont autorisé l’entreprise à générer au total environ 12 millions de m3 de déchets supplémentaires, autant de déchets qui seront entreposés sur place et qui sont censés ne pas entrer en contact avec les eaux souterraines pour les décennies et les siècles à venir. Alors que jusqu’ici, Imerys n’a pas réussi à empêcher la contamination des eaux souterraines.

    Qui traitera les eaux acides ?

    En 2044, en théorie, l’extraction d’andalousite sera terminée et viendra le temps de la « #remise_en_état », comme on dit. Mais la roche exploitée à Glomel a une particularité : elle contient de la #pyrite, c’est-à-dire du #soufre. Quand la roche mise à nu par l’extraction ou les déchets miniers du site rencontrent de l’eau (la pluie par exemple), cette eau se transforme naturellement en #acide_sulfurique et entraîne vers l’aval les contaminants présents dans la roche. C’est ce qu’on appelle le #drainage_minier_acide, l’une des pollutions les plus redoutables liées à l’activité minière.

    Actuellement, toutes les eaux qui ruissellent sur le site sont collectées et traitées par lmerys pour perdre leur acidité. Mais qui va traiter ces eaux de ruissellement dans un siècle pour empêcher cette marée acide de contaminer le bassin de l’Ellé ? Dans les documents de l’enquête publique, Imerys assure qu’après la remise en état, « les #eaux_pluviales ne seront plus susceptibles de s’acidifier ». Les montagnes de déchets seront « étanchéifiées » avec une couche de résidus miniers très fins puis quelques centimètres de terre. L’entreprise assurera un suivi du site pendant dix ans après la fin de l’activité.

    On sait pourtant que le #drainage_minier_acide est sans limite de temps, comme le rappelle l’association de géologues miniers SystExt. À #Chessy-les-Mines, dans le Rhône, un gisement riche en pyrite a été exploité depuis le Moyen Âge. La mine a fermé après un effondrement dans la galerie principale, survenu en 1877. Un rapport confidentiel du Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM) publié en 2019, que Splann ! s’est procuré, décrit le traitement des eaux acides mis en place à #Chessy.

    L’État a constaté que ces eaux minières, quoique traitées « depuis 130 ans », étaient trop polluantes, si bien qu’il a dû y construire une toute nouvelle station de traitement en 2005. Le drainage minier acide de Chessy dure donc depuis 150 ans sans que, d’après le rapport, l’acidité ou les concentrations de métaux dans les eaux n’aient baissé au cours du temps.

    À Chessy, le problème se pose sur 20 hectares ; à Glomel, il se poserait sur 265 hectares. La création d’une nouvelle fosse et de nouveaux #stockages de déchets augmentent d’autant la quantité d’eaux acides dont auront à s’occuper les six ou sept générations à venir.

    Une extension contestée en #justice

    « Les pollutions minières du passé posent des problèmes insurmontables, et l’État, qui doit les gérer tant bien que mal, le sait très bien, estime Dominique Williams, membre d’Eau et rivières de Bretagne. Pourtant, il reproduit les mêmes erreurs à une échelle dix fois supérieure. Les services de la préfecture ont délivré cette autorisation sans prendre la mesure de l’ampleur de cette pollution. »

    La préfecture des Côtes-d’Armor et la direction régionale de l’environnement ont été alertées de la contamination aux métaux lourds que révèle l’enquête de Splann !, et des problèmes soulevés par l’étendue considérable du drainage minier acide après la fermeture du site. La Région Bretagne a elle aussi « soumis ces informations à l’État afin qu’il puisse répondre aux inquiétudes exprimées » tout en indiquant à Splann ! qu’elle prenait « au sérieux l’alerte émise » sur la pollution de la réserve naturelle régionale.

    Or, malgré nos sollicitations, l’État ne s’est pas exprimé. Quant au groupe Imerys, notre rédaction lui a donné la possibilité de revenir sur ses déclarations concernant l’absence de métaux lourds et d’impact sur les eaux : il n’a pas souhaité nous répondre. Mais l’extension de la mine est d’ores et déjà contestée devant la justice. Fin octobre, l’association Eau et rivières de Bretagne a déposé un recours contre l’ouverture de la nouvelle fosse au tribunal administratif de Rennes.

    https://basta.media/Revelations-contaminations-plus-grande-mine-ciel-ouvert-Glomel-Bretagne-Ime
    #France #extractivisme #mines

  • « Nous assistons à une escalade de la #prédation_minière »

    Une nouvelle #ruée_minière a commencé et touche aussi la #France. Au nom de la lutte contre la crise climatique, il faudrait extraire de plus en plus de #métaux. Celia Izoard dénonce l’impasse de cette « #transition » extractiviste. Entretien.

    Basta/Observatoire des multinationales : Il est beaucoup question aujourd’hui de renouveau minier en raison notamment des besoins de la transition énergétique, avec la perspective d’ouvrir de nouvelles mines en Europe et même en France. Vous défendez dans votre #livre qu’il ne s’agit pas du tout d’un renouveau, mais d’une trajectoire de continuité. Pourquoi ?

    #Celia_Izoard : Les volumes de #métaux extraits dans le monde aujourd’hui augmentent massivement, et n’ont jamais cessé d’augmenter. Ce qui est parfaitement logique puisqu’on ne cesse de produire de nouveaux objets et de nouveaux équipements dans nos pays riches, notamment avec la #numérisation et aujourd’hui l’#intelligence_artificielle, et qu’en plus de cela le reste du monde s’industrialise.

    En conséquence, on consomme de plus en plus de métaux, et des métaux de plus en plus variés – aussi bien des métaux de base comme le #cuivre et l’#aluminium que des métaux de spécialité comme les #terres_rares. Ces derniers sont utilisés en très petite quantité mais dans des objets qui sont partout, comme les #smartphones, et de façon trop dispersive pour permettre le #recyclage.

    Et la production de tous ces métaux devrait continuer à augmenter ?

    Oui, car rien ne freine cette production, d’autant plus qu’on y ajoute aujourd’hui une nouvelle demande qui est un véritable gouffre : celle de métaux pour le projet très technocratique de la transition. « Transition », dans l’esprit de nos élites, cela signifie le remplacement des #énergies_fossiles par l’#énergie_électrique – donc avec des #énergies_renouvelables et des #batteries – avec un modèle de société inchangé. Mais, par exemple, la batterie d’une #voiture_électrique représente souvent à elle seule 500 kg de métaux (contre moins de 3 kg pour un #vélo_électrique).

    Simon Michaux, professeur à l’Institut géologique de Finlande, a essayé d’évaluer le volume total de métaux à extraire si on voulait vraiment électrifier ne serait-ce que la #mobilité. Pour le #lithium ou le #cobalt, cela représenterait plusieurs décennies de la production métallique actuelle. On est dans un scénario complètement absurde où même pour électrifier la flotte automobile d’un seul pays, par exemple l’Angleterre ou la France, il faut déjà plus que la totalité de la production mondiale. Ce projet n’a aucun sens, même pour lutter contre le #réchauffement_climatique.

    Vous soulignez dans votre livre que l’#industrie_minière devient de plus en plus extrême à la fois dans ses techniques de plus en plus destructrices, et dans les #nouvelles_frontières qu’elle cherche à ouvrir, jusqu’au fond des #océans et dans l’#espace

    Oui, c’est le grand paradoxe. Les élites politiques et industrielles répètent que la mine n’a jamais été aussi propre, qu’elle a surmonté les problèmes qu’elle créait auparavant. Mais si l’on regarde comment fonctionne réellement le #secteur_minier, c’est exactement l’inverse que l’on constate. La mine n’a jamais été aussi énergivore, aussi polluante et aussi radicale dans ses pratiques, qui peuvent consister à décapiter des #montagnes ou à faire disparaître des #vallées sous des #déchets_toxiques.

    C’est lié au fait que les teneurs auxquelles on va chercher les métaux sont de plus en plus basses. Si on doit exploiter du cuivre avec un #filon à 0,4%, cela signifie que 99,6% de la matière extraite est du #déchet. Qui plus est, ce sont des #déchets_dangereux, qui vont le rester pour des siècles : des déchets qui peuvent acidifier les eaux, charrier des contaminants un peu partout.

    Les #résidus_miniers vont s’entasser derrière des #barrages qui peuvent provoquer de très graves #accidents, qui sont sources de #pollution, et qui sont difficilement contrôlables sur le long terme. Nous assistons aujourd’hui à une véritable #escalade_technologique qui est aussi une escalade de la #prédation_minière. La mine est aujourd’hui une des pointes avancées de ce qu’on a pu appeler le #capitalisme_par_dépossession.

    Comment expliquer, au regard de cette puissance destructrice, que les populations occidentales aient presque totalement oublié ce qu’est la mine ?

    Il y a un #déni spectaculaire, qui repose sur deux facteurs. Le premier est la religion de la #technologie, l’une des #idéologies dominantes du monde capitaliste. Nos dirigeants et certains intellectuels ont entretenu l’idée qu’on avait, à partir des années 1970, dépassé le #capitalisme_industriel, qui avait été tellement contesté pendant la décennie précédente, et qu’on était entré dans une nouvelle ère grâce à la technologie. Le #capitalisme_post-industriel était désormais avant tout une affaire de brevets, d’idées, d’innovations et de services.

    Les mines, comme le reste de la production d’ailleurs, avaient disparu de ce paysage idéologique. Le #mythe de l’#économie_immatérielle a permis de réenchanter le #capitalisme après l’ébranlement des mouvements de 1968. Le second facteur est #géopolitique. Aux grandes heures du #néo-libéralisme, le déni de la mine était un pur produit de notre mode de vie impérial. Les puissances occidentales avaient la possibilité de s’approvisionner à bas coût, que ce soit par l’#ingérence_politique, en soutenant des dictatures, ou par le chantage à la dette et les politiques d’#ajustement_structurel. Ce sont ces politiques qui ont permis d’avoir par exemple du cuivre du #Chili, de #Zambie ou d’#Indonésie si bon marché.

    Les besoins en métaux pour la #transition_climatique, si souvent invoqués aujourd’hui, ne sont-ils donc qu’une excuse commode ?

    Invoquer la nécessité de créer des mines « pour la transition » est en effet hypocrite : c’est l’ensemble des industries européennes qui a besoin de sécuriser ses approvisionnements en métaux. La récente loi européenne sur les métaux critiques répond aux besoins des grosses entreprises européennes, que ce soit pour l’#automobile, l’#aéronautique, l’#aérospatiale, les #drones, des #data_centers.

    L’argument d’une ruée minière pour produire des énergies renouvelables permet de verdir instantanément toute mine de cuivre, de cobalt, de lithium, de #nickel ou de terres rares. Il permet de justifier les #coûts_politiques de la #diplomatie des #matières_premières : c’est-à-dire les #conflits liés aux rivalités entre grandes puissances pour accéder aux #gisements. Mais par ailleurs, cette transition fondée sur la technologie et le maintien de la #croissance est bel et bien un gouffre pour la #production_minière.

    Ce discours de réenchantement et de relégitimation de la mine auprès des populations européennes vous semble-t-il efficace ?

    On est en train de créer un #régime_d’exception minier, avec un abaissement des garde-fous réglementaires et des formes d’extractivisme de plus en plus désinhibées, et en parallèle on culpabilise les gens. La #culpabilisation est un ressort psychologique très puissant, on l’a vu durant le Covid. On dit aux gens : « Si vous n’acceptez pas des mines sur notre territoire, alors on va les faire ailleurs, aux dépens d’autres populations, dans des conditions bien pires. » Or c’est faux. D’abord, la #mine_propre n’existe pas.

    Ensuite, la #loi européenne sur les #métaux_critiques elle prévoit qu’au mieux 10% de la production minière soit relocalisée en Europe. Aujourd’hui, on en est à 3%. Ce n’est rien du tout. On va de toute façon continuer à ouvrir des mines ailleurs, dans les pays pauvres, pour répondre aux besoins des industriels européens. Si l’on voulait vraiment relocaliser la production minière en Europe, il faudrait réduire drastiquement nos besoins et prioriser les usages les plus importants des métaux.

    Peut-on imaginer qu’un jour il existe une mine propre ?

    Si l’on considère la réalité des mines aujourd’hui, les procédés utilisés, leur gigantisme, leur pouvoir de destruction, on voit bien qu’une mine est intrinsèquement problématique, intrinsèquement prédatrice : ce n’est pas qu’une question de décisions politiques ou d’#investissements. L’idée de « #mine_responsable » n’est autre qu’une tentative de faire accepter l’industrie minière à des populations en prétendant que « tout a changé.

    Ce qui m’a frappé dans les enquêtes que j’ai menées, c’est que les industriels et parfois les dirigeants politiques ne cessent d’invoquer certains concepts, par exemple la #mine_décarbonée ou le réemploi des #déchets_miniers pour produire du #ciment, comme de choses qui existent et qui sont déjà mises en pratique. À chaque fois que j’ai regardé de plus près, le constat était le même : cela n’existe pas encore. Ce ne sont que des #promesses.

    Sur le site de la nouvelle mine d’#Atalaya à #Rio_Tinto en #Espagne, on voir des panneaux publicitaires alignant des #panneaux_photovoltaïques avec des slogans du type « Rio Tinto, la première mine d’autoconsommation solaire ». Cela donne à penser que la mine est autonome énergétiquement, mais pas du tout. Il y a seulement une centrale photovoltaïque qui alimentera une fraction de ses besoins. Tout est comme ça.

    Le constat n’est-il pas le même en ce qui concerne le recyclage des métaux ?

    Il y a un effet purement incantatoire, qui consiste à se rassurer en se disant qu’un jour tout ira bien parce que l’on pourra simplement recycler les métaux dont on aura besoin. Déjà, il n’en est rien parce que les quantités colossales de métaux dont l’utilisation est planifiée pour les années à venir, ne serait-ce que pour produire des #batteries pour #véhicules_électriques, n’ont même pas encore été extraites.

    On ne peut donc pas les recycler. Il faut d’abord les produire, avec pour conséquence la #destruction de #nouveaux_territoires un peu partout sur la planète. Ensuite, le recyclage des métaux n’est pas une opération du saint-Esprit ; il repose sur la #métallurgie, il implique des usines, des besoins en énergie, et des pollutions assez semblables à celles des mines elles-mêmes.

    L’accent mis sur le besoin de métaux pour la transition ne reflète-t-il pas le fait que les #multinationales ont réussi à s’approprier ce terme même de « transition », pour lui faire signifier en réalité la poursuite du modèle actuel ?

    Le concept de transition n’a rien de nouveau, il était déjà employé au XIXe siècle. À cette époque, la transition sert à freiner les ardeurs révolutionnaires : on accepte qu’il faut des changements, mais on ajoute qu’il ne faut pas aller trop vite. Il y a donc une dimension un peu réactionnaire dans l’idée même de transition.

    Dans son dernier livre, l’historien des sciences #Jean-Baptiste_Fressoz [Sans transition - Une nouvelle histoire de l’énergie, Seuil, 2024] montre que la #transition_énergétique tel qu’on l’entend aujourd’hui est une invention des #pro-nucléaires des États-Unis dans les années 1950 pour justifier des #investissements publics colossaux dans l’#atome. Ils ont tracé des belles courbes qui montraient qu’après l’épuisement des énergies fossiles, il y aurait besoin d’une #solution_énergétique comme le #nucléaire, et qu’il fallait donc investir maintenant pour rendre le passage des unes à l’autre moins brutal.

    La transition aujourd’hui, c’est avant tout du temps gagné pour le capital et pour les grandes entreprises. Les rendez-vous qu’ils nous promettent pour 2050 et leurs promesses de #zéro_carbone sont évidemment intenables. Les technologies et l’#approvisionnement nécessaire en métaux n’existent pas, et s’ils existaient, cela nous maintiendrait sur la même trajectoire de réchauffement climatique.

    Ces promesses ne tiennent pas debout, mais elles permettent de repousser à 2050 l’heure de rendre des comptes. Ce sont plusieurs décennies de gagnées. Par ailleurs, le terme de transition est de plus en plus utilisé comme étendard pour justifier une #croisade, une politique de plus en plus agressive pour avoir accès aux gisements. Les pays européens et nord-américains ont signé un partenariat en ce sens en 2022, en prétendant que certes ils veulent des métaux, mais pour des raisons louables. La transition sert de figure de proue à ces politiques impériales.

    Vous avez mentionné que l’une des industries les plus intéressées par la sécurisation de l’#accès aux métaux est celle de l’#armement. Vous semblez suggérer que c’est l’une des dimensions négligées de la guerre en Ukraine…

    Peu de gens savent qu’en 2021, la Commission européenne a signé avec l’#Ukraine un accord de partenariat visant à faire de ce pays une sorte de paradis minier pour l’Europe. L’Ukraine possède de fait énormément de ressources convoitées par les industriels, qu’ils soient russes, européens et américains. Cela a joué un rôle dans le déclenchement de la #guerre. On voit bien que pour, pour accéder aux gisements, on va engendrer des conflits, militariser encore plus les #relations_internationales, ce qui va nécessiter de produire des #armes de plus en plus sophistiquées, et donc d’extraire de plus en plus de métaux, et donc sécuriser l’accès aux gisements, et ainsi de suite.

    C’est un #cercle_vicieux que l’on peut résumer ainsi : la ruée sur les métaux militarise les rapports entre les nations, alimentant la ruée sur les métaux pour produire des armes afin de disposer des moyens de s’emparer des métaux. Il y a un risque d’escalade dans les années à venir. On évoque trop peu la dimension matérialiste des conflits armés souvent dissimulés derrière des enjeux « ethniques ».

    Faut-il sortir des métaux tout comme il faut sortir des énergies fossiles ?

    On a besoin de sortir de l’extractivisme au sens large. Extraire du pétrole, du charbon, du gaz ou des métaux, c’est le même modèle. D’ailleurs, d’un point de vue administratif, tout ceci correspond strictement à de l’activité minière, encadrée par des #permis_miniers. Il faut cesser de traiter le #sous-sol comme un magasin, de faire primer l’exploitation du sous-sol sur tout le reste, et en particulier sur les territoires et le vivant.

    Concrètement, qu’est ce qu’on peut faire ? Pour commencer, les deux tiers des mines sur la planète devraient fermer – les #mines_métalliques comme les #mines_de_charbon. Ça paraît utopique de dire cela, mais cela répond à un problème urgent et vital : deux tiers des mines sont situées dans des zones menacées de #sécheresse, et on n’aura pas assez d’#eau pour les faire fonctionner à moins d’assoiffer les populations. En plus de cela, elles émettent du #CO2, elles détruisent des territoires, elles déplacent des populations, elles nuisent à la #démocratie. Il faut donc faire avec une quantité de métaux restreinte, et recycler ce que l’on peut recycler.

    Vous soulignez pourtant que nous n’avons pas cessé, ces dernières années, d’ajouter de nouvelles technologies et de nouveaux objets dans notre quotidien, notamment du fait de l’envahissement du numérique. Réduire notre consommation de métaux implique-t-il de renoncer à ces équipements ?

    Oui, mais au préalable, quand on dit que « nous n’avons pas cessé d’ajouter des nouvelles technologies polluantes », il faut analyser un peu ce « nous ». « Nous » n’avons pas choisi de déployer des #caméras_de_vidéosurveillance et des #écrans_publicitaires partout. Nous n’avons pas choisi le déploiement de la #5G, qui a été au contraire contesté à cause de sa consommation d’énergie.

    La plupart d’entre nous subit plutôt qu’elle ne choisit la #numérisation des #services_publics, instrument privilégié de leur démantèlement et de leur privatisation : l’usage de #Pronote à l’école, #Doctissimo et la télémédecine dont la popularité est due à l’absence de médecins, etc. Dans le secteur automobile, la responsabilité des industriels est écrasante. Depuis des décennies, ils ne cessent de bourrer les véhicules d’électronique pour augmenter leur valeur ajoutée.

    Ces dernières années, ils ont massivement vendu d’énormes voitures électriques parce qu’ils savaient que le premier marché de la voiture électrique, c’était d’abord la bourgeoisie, et que les bourgeois achèteraient des #SUV et des grosses berlines. Donc quand je dis que nous devons réduire notre #consommation de métaux, j’entends surtout par-là dénoncer les industries qui inondent le marché de produits insoutenables sur le plan des métaux (entre autres).

    Mais il est vrai que nous – et là c’est un vrai « nous » - devons réfléchir ensemble aux moyens de sortir de l’#emprise_numérique. Du point de vue des métaux, le #smartphone n’est pas viable : sa sophistication et son caractère ultra-mondialisé en font un concentré d’#exploitation et d’#intoxication, des mines aux usines d’assemblage chinoises ou indiennes.

    Et bien sûr il a des impacts socialement désastreux, des addictions à la #surveillance, en passant par la « #surmarchandisation » du quotidien qu’il induit, à chaque instant de la vie. Là-dessus, il faut agir rapidement, collectivement, ne serait-ce que pour se protéger.

    https://basta.media/nous-assistons-a-une-escalade-de-la-predation-miniere
    #extractivisme #minières #électrification #acidification #contamination #hypocrisie #relocalisation #prédation #guerre_en_Ukraine #militarisation #déplacement_de_populations #dématérialisation #industrie_automobile

  • Lancement de Gisti TV : une web TV indépendante ⋅ #GISTI
    http://www.gisti.org/article7379

    Nous avons le plaisir de vous annoncer le lancement de la campagne de communication et de levée de fonds pour notre #GistiTV ! Une web TV indépendante, un autre regard, une #information_audiovisuelle de qualité sur l’immigration, les droits des étrangers, les libertés publiques. Novembre et décembre seront consacrés à la mise en ligne de vidéos de présentation de la #web_TV, avec très vite des premiers reportages, interviews, chroniques...

    Face à une bataille de l’information où les clichés et les discours sécuritaires hostiles aux étrangers, aux migrants, aux associations qui les aident et défendent leurs droits, ont pris presque toute la place, le Gisti a décidé d’investir un nouveau champ médiatique pour diffuser son analyse des politiques migratoires auprès de publics plus larges, et appeler le plus grand nombre à se joindre à ses combats contre le racisme et la xénophobie, en faveur de l’égalité de toutes et tous, et pour la liberté de circulation. Il y a urgence et nous espérons que vous serez nombreuses et nombreux à nous soutenir dans ce beau projet et pour cette belle aventure qui ne fait que commencer.

    https://www.helloasso.com/associations/gisti/collectes/gisti-tv-un-nouveau-media-libre-et-independant
    https://www.youtube.com/watch?v=QlkpOwxoLb0


    La Gisti TV : c’est parti !!! Enfin une information de qualité sur les étrangers et l’immigration !

  • Pour la première fois, à la barre, Gisèle Pelicot hausse le ton : « J’ai l’impression que la coupable, c’est moi »
    https://www.lefigaro.fr/faits-divers/j-ai-l-impression-que-la-coupable-c-est-moi-et-que-les-50-victimes-c-est-ce

    Gisèle Pelicot arrive, déterminée, à la barre. Pour la première fois, elle hausse le ton. « Depuis que je suis arrivée dans cette salle d’audience, je me sens humiliée. Je serais complice de Monsieur Pelicot ? Je serais alcoolique ? Exhibitionniste ? Je suis une femme pudique. L’échangisme et le triolisme ne font pas partie de ma culture. En tant que femme, l’humiliation est totale. C’est tellement dégradant. Et très éprouvant », déclare-t-elle avec une certaine fermeté. Et ajoute, indignée : « je comprends que les victimes de viol ne portent pas plainte : on doit passer par un déballage humiliant ».

    La septuagénaire, droguée et violée à son insu par 51 hommes, dont son mari Dominique Pelicot, se dit également profondément choquée par toutes les questions concernant l’horodatage des vidéos filmées par son ex-mari. « Est-ce que c’est une question de temps, le viol ? Trois minutes c’est pas un viol, mais une heure c’est un viol ? Si, à cet instant, ces hommes avaient devant eux leurs filles, est-ce qu’on aurait le même débat sur l’horodatage des vidéos ? Aujourd’hui, j’ai l’impression que la coupable, c’est moi, et que les 50 victimes, ce sont ceux qui sont derrière moi. » Tout à coup, Gisèle Pelicot lève la voix, s’emporte : « Je m’interroge : à partir de quel moment on considère qu’un mari décide pour sa femme ? Quand on voit une femme inerte, comme ça, dans son lit, on la viole ? ». Et, désignant les accusés : « Ils n’ont pas de cerveau ? C’est quoi ces hommes, des dégénérés ? »

    • « Vous l’avez dit ou vous ne l’avez pas dit ? »

      Quelques accusés se raclent la gorge, protestent. Mais plus rien n’arrête Madame Pelicot. « Oui ! Je le dis : dégénérés ! Et j’ai le droit de le dire : ce sont des dégénérés ! ». Pas un des mis en cause ne bronche cette fois-ci. L’avocat général, resté jusqu’alors assez silencieux, l’interroge sur les propos tenus la semaine dernière par le bâtonnier Me Guillaume de Palma qui, défendant 6 accusés, avait déclaré : « il y a viol et viol. Sans intention de le commettre, il n’y a pas viol ». Interpellée par la question du ministère public, Gisèle Pelicot, d’habitude si calme, s’emporte et sort de ses gonds : « Je n’ai pas l’habitude de m’énerver, mais là, franchement, ça suffit ! Non, il n’y a pas “viol et viol” ! », martèle la septuagénaire, « ce bâtonnier aurait-il dit cela si c’était sa fille qui se présentait aujourd’hui à la barre ? Non, je le redis : un viol est un viol. Point ». 

      Réagissant aux propos de Gisèle Pelicot, le bâtonnier, Me Guillaume de Palma, s’avance. Et, s’adressant au ministère public : « Vous vous faites le relais de ce que disent les médias ! Je ne veux pas qu’on spécule sur ma mère, ma fille ou autre ». Des voix s’élèvent, des robes noires s’agitent, une confusion s’installe. « Ce n’est pas le moment d’entrer dans un débat périphérique à ce débat », proteste le président de la cour Roger Arata, tentant d’apaiser la salle : « quand nous aurons terminé l’audition de Madame Pelicot, nous nous réunirons, et nous viderons l’abcès » concernant cette polémique. Des avocats s’offusquent. Gisèle Pelicot, imperturbable, reprend le dessus et s’adresse au bâtonnier : « Alors, vous l’avez dit, ou vous ne l’avez pas dit ? ». Peu audible au milieu du brouhaha, elle hausse le ton et réitère, ferme et définitive : « Vous l’avez dit ou vous ne l’avez pas dit, qu’il y a viol et pas viol ? ». 

      « Madame, je voulais dire qu’il y avait viol dans son acceptation journalistique et dans son acceptation juridique », répond le bâtonnier, peu convaincant, « je suis désolée que ces propos vous aient blessée et choquée. Mon intention était de rappeler la règle de droit ». Il marque une pause. Puis : « nous devons tous assurer la sérénité des débats. Il ne s’agit pas de... », sa voix s’élève tout à coup, résonne dans toute la salle, il fulmine, s’égosille, « ...de jeter du sel, encore et encore, sur une polémique ! », tonitrue Me de Palma. Le président lui demande « d’arrêter de hurler ». Alors, le bâtonnier se tourne vers ses confrères : « Cette polémique a été alimentée à tel point que, nous, avocats, nous avons désormais le sentiment d’être devenus des accusés... » La salle se tait. Me de Palma retourne à sa place. L’un de ses confrères prend sa défense : « Madame, les avocats défendent les criminels... Et pas les crimes ».

    • Elle a quelque chose de Dimitrov.
      Je lis les CR de Le Monde par le journaflic maison Henri Seckel, descendu dans le sud pour l’occase. Elle, elle assure grave. Tout le monde doit l’admettre. Avoir choisi la publicité des débats permet de rendre visible la partition usuelle des avocat.es de la défense en matière de viol (accuser celle qui a été violée). Là, ils ont du se modérer car la presse était là, et pourtant.

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/09/19/au-proces-pelicot-l-accusatrice-accusee-je-comprends-que-les-victimes-de-vio

      (...) deux avocats de la défense avaient obtenu que soient diffusées devant la cour criminelle du Vaucluse quelques photos de Gisèle Pelicot extraites d’un disque dur de son époux, estimant qu’elles seraient « utiles à la manifestation de la vérité ». Gisèle Pelicot est donc venue à la barre mercredi après-midi, sa fille Caroline, qui l’épaule chaque jour, avait quitté la salle à la demande de sa mère, et vingt-sept clichés ont défilé dans le silence : Gisèle Pelicot nue et visiblement consciente, des positions lascives, des gros plans sur son entrejambe.
      L’intéressée dit n’avoir aucun souvenir de ces instantanés – pris, selon elle, à son insu ou lorsqu’elle était sédatée par son mari –, mais elle comprend très bien la manœuvre : « On cherche à me piéger avec ces photos, on veut montrer que j’ai appâté ces individus chez moi et que j’étais consentante. »

      « En fait c’est moi la coupable, c’est ça ? »

      « J’observe que Mme Pelicot est éveillée, on la voit sourire, dit en effet Isabelle Crépin-Dehaene, avocate de la défense à l’initiative de cette diffusion. Toutes les femmes n’accepteraient pas ce type de photos. Elles montrent qu’il y a eu une demande de la part du mari parfaitement connue par l’épouse. J’en déduis qu’il y avait au sein du couple Pelicot un jeu sexuel qui leur est propre. »
      Me Crépin-Dehaene suggère que certains clichés aient pu servir à Dominique Pelicot pour attirer chez lui des hommes à qui il offrait, dans leur chambre, sa femme préalablement droguée. « Peut-être ces photos ont-elles pu légitimement faire penser à l’homme recruté sur Internet que madame était désireuse du jeu sexuel et consentante pour un moment à trois. »

      Gisèle Pelicot peine à garder son flegme [déjà légendaire, ndc] : « J’ai appâté, j’ai fait semblant, j’étais ivre, j’étais complice… Il faut un sacré degré de patience pour supporter tout ce que j’ai pu entendre. Maintenant on montre ces photos prises à mon insu. En fait c’est moi la coupable, c’est ça ? » « Je vous rassure, ce n’est absolument pas votre procès », s’est-on senti obligé de lui dire, du côté de la défense. « Un petit peu quand même », a-t-elle répondu.

      [...]

      La réalité est que la publicité des débats choisie contre toute attente par Gisèle Pelicot dérange terriblement les accusés. L’hostilité à son endroit, mercredi, de la part de certains avocats de la défense pourtant bridés par la présence des journalistes, donne une idée du jeu de massacre qu’aurait été ce procès s’il s’était tenu à huis clos.

      (ce sur quoi travaille la police-justice, dans ce cas comme dans d’autres, c’est l’intention. ici c’est la thèse du viol sans en avoir conscience qui est servie par les accusés et leurs avocat.e.s)

      #viol #justice #culture_du_viol #Gisèle_Pelicot #justice

  • « La défense des violeurs de Mazan est un échantillon chimiquement pur de la violence patriarcale », Hélène Devynck
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/09/06/helene-devynck-la-defense-des-violeurs-de-mazan-est-un-echantillon-chimiquem

    Chère #Gisèle_Pélicot, vous êtes entrée dans nos vies comme au tribunal d’Avignon, par la grande porte. Vous ne voulez pas vous dérober. Vous marchez droit, tête haute. Votre mise est soignée, silhouette menue, robe d’été, coiffure impeccable. Votre regard est caché par des lunettes noires que vous allez bientôt retirer. Un peu perdue, un peu flottante au centre d’une attention trop grande pour vous. Autour, c’est un cirque. La meute de journalistes est tenue à distance par vos avocats.

    Vous l’avez défendu, cet homme avec qui vous avez fait votre vie et vos enfants avant d’apprendre qu’il vous droguait et invitait tous ceux qui le voulaient à vous violer. Un bon père, un type bien, un super mec même, disiez-vous. Votre fille Caroline a cessé de l’appeler « papa » comme elle l’a écrit sur la couverture de son livre. Elle raconte l’explosion, les ravages du mensonge sur la famille, l’angoisse qui terrasse, la colère qui brûle, le passé en cendres et la douleur qui tabasse. Elle est là avec ses frères et ses questions sans réponse. Leur amour vous escorte.

    Le jour de l’ouverture du procès de vos violeurs a aussi été celui de l’officialisation de votre divorce. Une autre meute vous attend dans la salle d’audience : celle des 50 hommes qui sont jugés pour viol en réunion. Il y en aurait des dizaines d’autres qu’on n’a pas pu identifier. Vous faites face. Rien ne vous préparait à être dans cette salle d’audience. Un des accusés est arrivé en retard parce que, dit-il, il devait accompagner son fils à l’école pour la rentrée. Je me suis demandé qui avait accompagné vos petits-enfants, qui faisaient, eux aussi, leur rentrée scolaire. Je sais que vous avez pensé à eux à ce moment précis.

    Réalité difficile à accepter

    Vous les voyez tous pour la première fois sauf ce voisin que vous croisiez parfois dans la vie d’avant, celle qui ne reviendra jamais, celle de la maison du Vaucluse et de l’ignorance préservée. Vous les regardez. Ils regardent leurs pieds. Ils n’avaient jamais vu vos yeux, Jean, Didier, Jean-Luc, Romain, Redouan, Cédric, Grégory, Karim, Jean-Marc, Philippe, Quentin, Nicolas, Vincent, Patrick, Paul et les autres… On ploie sous la longueur de la liste et la banalité des profils. Les trois quarts d’entre eux ne reconnaissent pas les viols, comme tous ceux qui font les gros titres de l’actualité, les PPDA, Nicolas Hulot, Salim Berrada, Gérard Miller, Olivier Duhamel, Benoît Jacquot, Jacques Doillon, Gérard Depardieu…

    Leurs arguments sont toujours les mêmes. Ils font tourner l’infect disque rayé du mensonge complaisant. Ils n’ont pas compris ce qu’ils faisaient. Ils sont sûrs d’être, eux aussi, des types bien, pas des monstres, même quand on leur montre les vidéos des crimes. Ils sont pompier, journaliste, étudiant, chauffeur routier, gardien de prison, infirmier, retraité, conseiller municipal, nos amis, nos amants, nos pères, nos frères. Une réalité difficile à accepter.

    Un seul s’est adressé à vous pour vous présenter des excuses. Leur défense est un échantillon chimiquement pur de la #violence_patriarcale et des masques derrière lesquels elle s’abrite pour prospérer. « Le patriarcat est dans la maison ce que le fascisme est dans le monde », écrivait Virginia Woolf dans Trois guinées (1938).

    Certains évoquent le poncif éculé de la pulsion, d’autres la frustration sexuelle due à l’absence prolongée d’une compagne officielle. Il y a celui qui trouve « bizarre » d’avoir fait ça. On trouve aussi des traces de « libertinage incompris ». Il y a celui qui ose l’ahurissant « viol involontaire ».

    « Consentement par délégation »

    Puisque vous étiez comateuse, il est difficile de prétendre que vous étiez partante. Difficile, mais quelques-uns tentent quand même le « j’ai pu croire qu’elle faisait semblant de dormir ». Les plus audacieux essayent le « consentement par délégation » ; le mari était d’accord, « il fait ce qu’il veut avec sa femme ». Une femme est soumise à son compagnon. L’ordre immémorial de la hiérarchie masculine est respecté.

    Ce qui est certain, c’est qu’ils ont tous bandé à l’idée de pénétrer un corps inerte. Le viol et l’ordinaire de la sexualité semblent avoir beaucoup de points communs dans leur esprit. Ils ont bien le droit. Ils ont le pouvoir de le faire. Ils n’allaient pas passer à côté d’un viol gratuit près de chez eux. Ils ont été biberonnés à la haine des femmes, au mépris qui s’excite de l’impuissance de l’autre. Le #sexisme féroce transpire de leur discours. La pornographie violente dont certains collectionnaient les images les plus répugnantes y est sans doute pour quelque chose. La domination absolue les a fait jouir. Ils ne voient pas le problème. Même au tribunal. Même devant vous.

    Ils font ce que font la plupart des hommes accusés : ils se victimisent et rajoutent une couche de mépris sur celle qu’ils ont déjà humiliée. Ils sont tombés dans un traquenard. On les a piégés. Vous êtes restée là, à les écouter sans ciller, droite sur le ring. Vous décrivez désormais votre vie comme un combat de boxe. Le combat est déloyal. L’adversaire a les armes du terrorisme patriarcal. Que vous soyez à terre ou debout, cassée ou le poing levé, votre droiture fait craqueler la carapace d’impunité qui les a longtemps protégés.

    Ce n’est pas seulement vous, Gisèle, qu’ils ont traitée comme une chose. Ils nous disent, à toutes, notre insignifiance. Votre force nous rend la nôtre. Merci pour ce cadeau immense.

    #viol #couple #famille

  • Le techno-contrôle des migrations ⋅ GISTI
    http://www.gisti.org/article7241

    Depuis 2010, l’Union européenne investit massivement dans le développement des technologies du #big_data et de l’intelligence artificielle (#IA), c’est-à-dire de machines entraînées pour intervenir, de façon plus ou moins autonome, dans la #surveillance des frontières et des populations. À toutes les étapes de leur parcours, les individus sont soumis – le plus souvent à leur insu – à une panoplie de dispositifs numériques destinés à tracer leurs déplacements et analyser leurs comportements. Les outils de contrôle s’autonomisent, les services publics se numérisent, les décisions administratives s’« algorithmisent », inscrivant le traitement des étrangers – et des pauvres – dans une logique de police prédictive. Cette nouvelle économie du contrôle des frontières repose sur la captation et l’exploitation exponentielle des traces numériques des personnes.

    Mais de quoi parle-t-on lorsqu’on évoque l’automatisation du contrôle des frontières par le biais de ces technologies ? Quelles transformations génère cet exercice du pouvoir, invisible et de plus en plus automatisé ? Et que prévoit le législateur pour garantir aux personnes étrangères qui y sont assujetties l’accès effectif à leurs droits ? Autant de questions auxquelles ce dossier tente d’apporter des éléments de réponse, pour contribuer à lutter contre l’opacité qui caractérise cette politique au nom de la préservation des intérêts commerciaux de l’industrie du #contrôle_migratoire et de la sécurité nationale.

    L’expansion des outils de l’IA ouvre de toute évidence un nouveau front de luttes pour la défense des droits des personnes étrangères, cobayes du développement de ces nouvelles technologies, qui à n’en pas douter, vont progressivement s’étendre à l’ensemble du corps social…

    #techno_contrôle #algorithmes #europe_sécuritaire #GISTI